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A22 NPG Neurologie – Psychiatrie – Gériatrie (2008) Hors-série 2 de non-compétence (« je n’ai pas été formé pour cela »), de non-reconnaissance par les patients, les familles, la hiérarchie et, plus globalement, appropriation du sentiment d’exclusion qui stigmatise le sujet âgé, voire le dément ; épuisement lié aussi à la charge de travail, au manque de moyens, à la répéti- tion de tâches ingrates, stéréotypées, orientées vers la sécurité et l’hygiène au détriment du lien (perte du sens de l’accomplis- sement de soi au travail) ; plainte également d’un manque de communication, de compréhension. Le risque est grand d’une démotivation et d’un recours à des mécanismes de défense, une déshumanisation du lien, une perte de respect de l’autre et de soi, aux effets délétères pour le soignant mais aussi pour la per- sonne âgée ; la probabilité de maltraitance n’est pas nulle. Si l’on se préoccupe à juste titre de réaliser un accompagne- ment de qualité des sujets âgés en les reconnaissant dans leur humanité et dans la spécificité de leurs besoins, cela ne peut s’entendre sans y intégrer la recherche de la qualité de travail et de vie des soignants. Quelles questions doit-on se poser pour revaloriser le sens du travail en gériatrie ? Les clés de la motivation ne sont pas uni- voques ; elles se situent autant au niveau organisationnel, interrelationnel mais aussi personnel. Nous soulignerons surtout l’intérêt d’un changement de repré- sentation de l’objet du soin et l’adoption et la mise en valeur d’un modèle différent du soin qui nous éloignent du cure pour nous orienter vers le care et la sollicitude dans le « prendre- soin » : prendre soin de l’autre tout en prenant soin de soi. Car, « il n’existe pas d’autre voie vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de la dignité individuelle », Lecomte de Nouy (L’homme et sa destinée). FORUM : ÉTHIQUE ET DÉCISION DE L’ÉQUIPE CONFRONTÉE AUX DÉSIRS DU PATIENT VENDREDI 19, 11 H 34 Les droits des personnes en fin de vie dans le contexte européen Texte non parvenu 35 Réflexions à partir d’un cas clinique Texte non parvenu 36 Les intermittences du soin : ruptures et reprises dans le travail d’équipe P.-M. Charazac Pôle intersectoriel de gérontopsychiatrie, Centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu, 290, route de Vienne, 69373 Lyon cedex 08. Adresse e-mail : [email protected] Comme le soin, le travail d’équipe connaît des variations qui peuvent l’amener à disparaître et à renaître. Alors qu’il est relativement facile d’assurer ce qu’en termes administratifs on appelle la continuité des soins, la valeur soignante des inter- actions qu’elle encadre est irrégulière et incertaine. Toute équipe connaît des moments où elle dénie le sens d’un acte, voire même la vie psychique d’un patient ou d’un de ses mem- bres. Parce qu’elles sont sans cesse confrontées au grand âge et à la mort, les équipes gériatriques et gérontopsychiatriques courent plus que les autres le risque de se cliver ou de suppri- mer symboliquement l’un de ses membres, en supprimant du même coup le travail d’intégration sans lequel elle disparaît. À partir d’une clinique de ces moments de déliaison et de cli- vage, se présentant souvent comme des accidents du cadre, l’auteur se propose de réfléchir aux modes d’intégration possi- bles des intermittences du soin à la recherche du vrai, du juste et du bon qui constitue l’objet du débat éthique. 37 Mise en place d’une démarche éthique dans une équipe gériatrique pluridisciplinaire Texte non parvenu 38 Demande d’euthanasie, désir de vie et acceptation de la mort : comment situer et respecter les désirs chez le sujet vieillissant ? M. Charazac-Brunel Psychothérapeute, 32 bis, rue Chazière, 69004 Lyon. Les demandes d’euthanasie chez la personne vieillissante peu- vent surgir dans un contexte de grande douleur ou de lassitude physique et/ou psychique. Elles sont l’expression d’un déses- poir qui peut submerger celui qui l’entend, qu’il soit soignant ou aidant. Si cette question est l’aveu d’une détresse qui sem- ble ne plus avoir d’issue, il est toujours nécessaire d’entendre cette demande dans une dimension transférentielle et contre- transférentielle, afin de ne pas se coller à une expression qui a toujours sa part de provocation et d’appel à l’aide. Si cette dimension n’est pas rétablie, l’entourage soignant et aidant risque de coller à cette demande qui induit un désinvestisse- ment parfois inconscient de celui qui écoute dans un phéno- mène de résonance devant l’angoisse d’effondrement. Le désir de vivre et d’être aidé, entendu dans ses désirs de vivre bien plus profonds chez les patients, n’émerge que dans l’écoute de son monde intérieur, dans ses mouvements de révolte et de déni face à la mort, quand celle-ci ne peut pas être représentée. Les différentes expressions, d’attirance vers la mort en même temps que son refus, de son attirance vers les plaisirs de la vie, bien différents de ceux de son entourage, et leurs refus violents assénés parfois à l’entourage avec vio-

36 Les intermittences du soin : ruptures et reprises dans le travail d’équipe

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A22 NPG Neurologie – Psychiatrie – Gériatrie (2008) Hors-série 2

de non-compétence (« je n’ai pas été formé pour cela »), denon-reconnaissance par les patients, les familles, la hiérarchieet, plus globalement, appropriation du sentiment d’exclusionqui stigmatise le sujet âgé, voire le dément ; épuisement liéaussi à la charge de travail, au manque de moyens, à la répéti-tion de tâches ingrates, stéréotypées, orientées vers la sécuritéet l’hygiène au détriment du lien (perte du sens de l’accomplis-sement de soi au travail) ; plainte également d’un manque decommunication, de compréhension. Le risque est grand d’unedémotivation et d’un recours à des mécanismes de défense, unedéshumanisation du lien, une perte de respect de l’autre et desoi, aux effets délétères pour le soignant mais aussi pour la per-sonne âgée ; la probabilité de maltraitance n’est pas nulle. Si l’on se préoccupe à juste titre de réaliser un accompagne-ment de qualité des sujets âgés en les reconnaissant dans leurhumanité et dans la spécificité de leurs besoins, cela ne peuts’entendre sans y intégrer la recherche de la qualité de travailet de vie des soignants.Quelles questions doit-on se poser pour revaloriser le sens dutravail en gériatrie ? Les clés de la motivation ne sont pas uni-voques ; elles se situent autant au niveau organisationnel,interrelationnel mais aussi personnel. Nous soulignerons surtout l’intérêt d’un changement de repré-sentation de l’objet du soin et l’adoption et la mise en valeurd’un modèle différent du soin qui nous éloignent du cure pournous orienter vers le care et la sollicitude dans le « prendre-soin » : prendre soin de l’autre tout en prenant soin de soi.Car, « il n’existe pas d’autre voie vers la solidarité humaineque la recherche et le respect de la dignité individuelle »,Lecomte de Nouy (L’homme et sa destinée).

FORUM : ÉTHIQUE ET DÉCISIONDE L’ÉQUIPE CONFRONTÉE

AUX DÉSIRS DU PATIENTVENDREDI 19, 11 H

34 Les droits des personnes en fin de vie dans le contexte européen

Texte non parvenu

35 Réflexions à partir d’un cas clinique

Texte non parvenu

36 Les intermittences du soin : ruptures et reprises dans le travail d’équipe

P.-M. CharazacPôle intersectoriel de gérontopsychiatrie, Centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu, 290, route de Vienne, 69373 Lyon cedex 08. Adresse e-mail : [email protected]

Comme le soin, le travail d’équipe connaît des variations quipeuvent l’amener à disparaître et à renaître. Alors qu’il estrelativement facile d’assurer ce qu’en termes administratifs onappelle la continuité des soins, la valeur soignante des inter-actions qu’elle encadre est irrégulière et incertaine. Touteéquipe connaît des moments où elle dénie le sens d’un acte,voire même la vie psychique d’un patient ou d’un de ses mem-bres. Parce qu’elles sont sans cesse confrontées au grand âgeet à la mort, les équipes gériatriques et gérontopsychiatriquescourent plus que les autres le risque de se cliver ou de suppri-mer symboliquement l’un de ses membres, en supprimant dumême coup le travail d’intégration sans lequel elle disparaît.À partir d’une clinique de ces moments de déliaison et de cli-vage, se présentant souvent comme des accidents du cadre,l’auteur se propose de réfléchir aux modes d’intégration possi-bles des intermittences du soin à la recherche du vrai, du justeet du bon qui constitue l’objet du débat éthique.

37 Mise en place d’une démarche éthique dans une équipe gériatrique pluridisciplinaire

Texte non parvenu

38 Demande d’euthanasie, désir de vie et acceptation de la mort : comment situer et respecter les désirs chez le sujet vieillissant ?

M. Charazac-Brunel Psychothérapeute, 32 bis, rue Chazière, 69004 Lyon.

Les demandes d’euthanasie chez la personne vieillissante peu-vent surgir dans un contexte de grande douleur ou de lassitudephysique et/ou psychique. Elles sont l’expression d’un déses-poir qui peut submerger celui qui l’entend, qu’il soit soignantou aidant. Si cette question est l’aveu d’une détresse qui sem-ble ne plus avoir d’issue, il est toujours nécessaire d’entendrecette demande dans une dimension transférentielle et contre-transférentielle, afin de ne pas se coller à une expression qui atoujours sa part de provocation et d’appel à l’aide. Si cettedimension n’est pas rétablie, l’entourage soignant et aidantrisque de coller à cette demande qui induit un désinvestisse-ment parfois inconscient de celui qui écoute dans un phéno-mène de résonance devant l’angoisse d’effondrement. Le désir de vivre et d’être aidé, entendu dans ses désirs devivre bien plus profonds chez les patients, n’émerge que dansl’écoute de son monde intérieur, dans ses mouvements derévolte et de déni face à la mort, quand celle-ci ne peut pasêtre représentée. Les différentes expressions, d’attirance versla mort en même temps que son refus, de son attirance vers lesplaisirs de la vie, bien différents de ceux de son entourage, etleurs refus violents assénés parfois à l’entourage avec vio-