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V IGNOBLES INFOS LA REVUE DU CLUB DES PROPRIÉTAIRES DE GRANDS CRUS 41

41 VIGNOBLES INFOS - La Française AM Partenaires · Florence Cathiard, propriétaire du Château Smith-Haut-Lafitte déclarait à l’époque : « Nous sommes sur nos gardes car

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VIGNOBLES INFOSL A R E V U E D U C L U B D E S P R O P R I É T A I R E S D E G R A N D S C R U S

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ÉDITO

DÉBAT2 Les Primeurs

4 ACTUALITÉ

CULTURE5 Sélection de BD sur le vin

PORTFOLIO6 Le nouveau chai de Château de Bellet

L’ŒIL8 ZOOM : la Savoie

FIGURE : Estelle Fuselier : Senior Manager10 chez Altaya Group à Hong Kong

LA MAIN12 MÉTHODE : élevage : barrique ou copeaux ? PATRIMOINE : « Château Petit Beauséjour », propriété à Pomerol13

LES PAPILLES

14 DÉGUSTATION Canon Fronsac : 4 millésimes du GFV Château Vrai Canon Bouché

15 ACCORDS Les rosés dégustés à L’ébauche à Lyon

BALADE 16 Biarritz et Saint-Jean-Pied-de-Port

ABÉCÉDAIRE

SS O M M A I R E

VIGNOBLES INFOSLA REVUE DU CLUB DES PROPRIÉTAIRES DE GRANDS CRUS

Le nouveau chai de Château de Bellet

ÉÉ D I T O

TOUT CHANGE ET RIEN NE

CHANGE !Patrick Ribouton

N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions :

Email : [email protected]

Le Club des Propriétaires de Grands Crus,

173 Bd Haussmann, 75008 Paris

Nous en parlions déjà dans notre précédent édito : le millésime 2014 a tenu ses promesses, c’est un très bon millésime, la critique est unanime dans la presse

généraliste et spécialisée. La campagne des Primeurs a démarré en mai et les prix de vente en première tranche affichent pour certains châteaux emblématiques des hausses confortables. De quoi revenir dans ce numéro sur ce fameux système des Primeurs, va-t-il disparaître ou non  ! Beaucoup d’indicateurs montrent que ce fonctionnement est de plus en plus remis en question tant du côté des professionnels que de celui des consommateurs. Mais Bordeaux connaît ainsi des cycles d’amour et de désaveu. Malgré les apparences, rien n’est joué encore.Rien n’est joué non plus pour les rosés. Qui aurait parié il y a quelques années que ces vins retrouveraient un jour leurs lettres de noblesse et les faveurs du public ? C’est chose faite et

aujourd’hui, le marché des rosés connaît une embellie sans précédent. Un public nouveau, une consommation actuelle et la qualité des vins y sont certainement pour beaucoup. Petite démonstration dans ces pages avec notre sélection et des accords tout en fraîcheur pour cet été.Nous ferons aussi un petit saut à Hong Kong chez un impor-tateur historique de grands vins français. La vente en ligne est pour lui une sérieuse menace mais il n’a pas dit son dernier mot.Et puis, pour se détendre pendant les vacances, nous vous pro-posons une plongée dans la bande dessinée, aujourd’hui proli-fique pour parler de vin. On croyait enterrées les BD de notre enfance, les voici qui reviennent pimpantes et revisitées.L’histoire est un éternel recommencement…

Bel été à vous, fidèles lecteurs !

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DD É B A T

Faut-il encore acheter des vins en primeurs à Bordeaux  ? Cette question revient tel un leitmotiv depuis des années… Mais la mécanique de cette vente serait-elle en train de se gripper pour de bon ? Pour comprendre précisément de quoi il retourne, prenons un exemple simple. Vous souhai-tez acheter une voiture, disons une marque allemande haut de gamme. Vous vous rendez chez le concessionnaire, un endroit plutôt chic où tout est fait pour accueillir le client dans les règles de l’art. Là, un vendeur bien habillé vous dit qu’il n’y a pas de problème, que la voiture n’existe pas encore mais qu’il peut vous montrer un croquis du modèle. En revanche, si vous signez le bon de commande tout de suite, vous ferez une économie de 30 % par rapport au moment où la voiture sortira physiquement de l’usine. Certes, la marque automobile est réputée pour la qualité et la finition de ses voitures, vous l’avez lu dans la presse spécialisée et vous avez des amis qui ont acheté cette marque et qui en sont très contents. Alors que faites-vous ? Vous l’achetez en primeur… ? Le système d’achat de crus classés de Bordeaux fonctionne sur ce principe, acheter des bouteilles sans les avoir goûtées au préalable et sur la seule foi de leurs étiquettes ou des notes distribuées par les experts. Précisons que ces derniers n’ont goûté que des échantillons savamment préparés pour la dégustation des Primeurs, la première semaine d’avril. Les vins sont à peine finis et pas encore élevés. Les châteaux infor-ment alors les négociants par l’intermédiaire des courtiers du nombre d’allocations disponibles. Les négociants transmettent à leurs clients – importateurs, distributeurs – les quantités dis-ponibles après avoir bien sûr pris une marge. Et c’est là que le particulier entre en scène, achetant à un revendeur traditionnel

L A FIN D’UN MONDE ?Le système des Primeurs à Bordeaux est-il à bout de souffle ? Les amateurs de crus classés ont-ils encore intérêt à acheter ces vins deux ans avant leur livraison ? Explications.

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ou sur un site de vente en ligne. Depuis leur création, peu après le classement de 1855, les Primeurs profitent à tout le monde. Le propriétaire et le négociant engrangent de la trésorerie, le courtier touche un pourcentage sur chaque transaction (autour de 2 %), l’acheteur bénéficie d’un tarif préférentiel. Il est assuré aussi d’obtenir des vins demandés et donc rares. Il lui faudra attendre encore deux ans avant de recevoir les belles caisses en bois. Une logique imparable et qui semblait inamovible. C’était sans compter la folie spéculative sur certains crus classés, notamment de 1996 à 2000, des années carrément « folles ». En 2001 et 2002, les prix chutent de 30, 40, voire 50 % par rapport au millésime 2000. Le 2001, pourtant excellent, a eu pour seul défaut de venir après le millésime 2000 très «  marketing  ». Pour le 2002, de qualité correcte, à la fin d’une très courte campagne, seuls 10 à 15 % des vins avaient trouvé pre-neurs et pourtant il y avait moins de vins et les prix étaient de 15 à 20  % moins chers. Après quelques années d’accalmie, les prix sont repartis à la hausse, à la faveur notamment de la demande exponentielle des marchés émergents aux moyens sans limite, la Chine tout particulièrement. En 2005, millésime exceptionnel, les prix flambent à nouveau. Puis c’est de nouveau un frein avec la crise boursière de 2008. Les prix repartent à la hausse avec le 2010 et patatras, retour de la chute avec le 2011  : des vins comme Château Pontet-Canet enre-gistrent une décote de - 40 % ou de - 50 % pour Château Cos d’Estournel. Florence Cathiard, propriétaire du Château Smith-Haut-Lafitte déclarait à l’époque : « Nous sommes sur nos gardes car sur la trentaine de vins déjà sortis, seuls 10 % font leurs affaires.  » Le médiocre millésime 2013 s’est mal vendu. Les clients ont dans leurs caves de beaux millésimes à boire et les revendeurs des stocks à écouler. Et coup de Trafal-gar, Château Latour annonce avec ce millésime qu’il se retire du marché des Primeurs. La mort des Primeurs est-elle pro-grammée  ? C’est ce que pense le célèbre magazine spécialisé anglais Decanter : si les plus grands châteaux ont fait appel aux plus grands architectes pour construire de nouveaux chais, ce serait dans une perspective de stockage des vins jusqu’à leur maturité pour une mise en marché à ce moment-là… Certes, le millésime 2014 est bien supérieur aux 2011, 2012 et 2013, mais les hausses fin mai en disent long encore : + 20 % pour Châ-

teau Cheval Blanc, + 21,5 % pour Château Léoville La Cases, + 13,3  % pour Vieux Château Certan. Les enseignes de la grande distribution marquent le pas cette année, il est loin le temps des 10 ou 20 millions d’euros d’achats en primeurs. Des caves de luxe sont passées de 20 000 bouteilles à 2 000 !

Dans ce contexte de l’offre et de la demande d’un marché deve-nu très spéculatif, l’amateur français lambda est privé depuis longtemps de ces crus classés qu’il aimait tant. Avec d’autres, il a largement contribué au «  Bordeaux bashing  » qui ternit

la réputation de ce vignoble et péna-lise nombre de petits châteaux aux vins pourtant très qualitatifs. Un courtier qui tient à garder l’anonymat déclare en avril dernier pour la sortie des Pri-meurs 2014  : «  Notre métier a été un peu défaillant ces dernières années car nous n’avons pas suffisamment joué notre rôle de modérateur face à l’aug-mentation des prix. Nous n’avons pas su expliquer aux propriétaires des crus classés que des hausses trop brutales sur le marché risquaient d’avoir à court terme de très mauvais effets ».

Ajoutons à cela le déclin de Robert Parker, le très influent critique Américain qui fait la pluie et le beau temps sur le marché des Primeurs. Pour le 2011, il avait tweeté juste avant la campagne des Primeurs : « Ce millésime est sans aucun intérêt, si mon intuition est bonne ». Certes il est revenu ensuite sur ce jugement lapidaire mais le mal était fait. Pour le millésime 2014, Parker ne s’est même pas déplacé à Bordeaux ; en 2012, il a revendu très cher une partie de sa marque Wine Advocate à des investisseurs de Singapour et la publicité fait son entrée dans le titre, lui qui l’avait toujours refusée. Et pas de nouveau Parker à l’horizon…

Alors oui, faut-il encore acheter des vins en Primeurs, question qui marche forcément avec celle-ci  : le système des Primeurs est-il obsolète  ? La réponse est fort bien résumée dans cette remarque de Jean-Michel Deluc, Maître Sommelier, ancien Chef Sommelier du Ritz, aujourd’hui consultant internatio-nal : « Payer dix fois plus cher un vin qui n’est pas dix fois meil-leur peut être considéré comme abusif  ». Question à laquelle on peut répondre par cette autre  : Bordeaux serait-il toujours Bordeaux sans cette « folie » ? ■

DD É B A T

«  En 2001 et 2002,

les prix chutent de 30, 40, voire 50 % par rapport au millésime

2000. »

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AA C T U A L I T É

Promotion de Bordeaux, victoire par koIl aura fallu 10 années de procédures pour que l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et en Addictologie (ANPAA)

soit déboutée dans son second pourvoi à la Cour de cassation, à l’encontre de la campagne publicitaire « Portraits de Vignerons »

du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB). Affichés en mai 2005, ces portraits ont donc été définitivement reconnus

conformes à la loi Evin et ce pour la quatrième fois consécutive ! Le CIVB salue « une décision positive pour l’ensemble des acteurs

de la vigne et du vin ». L’ANPAA, sous prétexte de veiller « à l’amélioration et à l’application de la législation en matière de publicité

sur l’alcool », a toujours affirmé violemment « que ces mises en scène sont incitatives et vont au-delà des références autorisées ». Le

jugement impose à l’ANPAA le remboursement de tous les frais de procédure engagés par le CIVB.

Vinexpo 2015, enfin du renouveau ?48 500 visiteurs, plus de 1 000 rendez-vous sur les stands,

151 nationalités ont fréquenté les allées du salon avec une

hausse sensible des visiteurs hors Union Européenne :

+ 14 % de Chinois

+5 % de Japonais

+15 % d’Américains

+18 % d’Africains.

En revanche, la crise sur les marchés européens a entraîné une

baisse du nombre de visiteurs européens :

-2 % de Français

-8 % d’Allemands

-12 % des pays Benelux

-2 % d’Anglais.

«Ce Vinexpo 2015 n’est qu’une étape et nous allons intensifier

nos démarches pour séduire les professionnels de ces marchés,

y compris les Français, que nous devons rendre fiers d’accueillir

dans leur pays ce rendez-vous planétaire» a déclaré Guillaume

Deglise, Directeur général de Vinexpo.

Sérieusement remis en question par les professionnels face à son

principal concurrent allemand Prowein, Vinexpo a inauguré de

nouvelles idées plus en phase avec les marchés. Par exemple,

la conférence « Inside the US Market » en partenariat avec le

magazine Wine Spectator, a donné des clés pour mieux appré-

hender le marché américain. Ou encore la conférence « Africa,

the future destination for wines and spirits » a permis de décryp-

ter les opportunités de ce continent à fort potentiel. La sommel-

lerie était à l’honneur également avec notamment l’organisa-

tion de la compétition finale du Meilleur jeune sommelier de

France. Autre nouveauté : la DigiZone a accueilli les blogueurs

et influenceurs web pour échanger autour de technologies, de

nouveaux moyens de communication et de cépages insolites.

En 2017 enfin, Vinexpo se présentera sous un format raccourci

de 4 jours, répondant ainsi aux professionnels qui souhai-

taient optimiser leur participation sur un format plus resserré.

La Bourgogne, un vignoble qui monte côté prix Les appellations régionales et de Côte d’Or sont attractives à en juger le prix moyen de 545 600 € l’hectare soit +6 %, et jusqu’à

4,35 M€ en Grand Cru. En Saône-et-Loire, la hausse moyenne atteint + 4 % à plus de 69 000 € l’hectare avec + 10 % en

Pouilly-Fuissé et Saint-Véran : ces vins blancs de plus en plus qualitatifs offrent une alternative à leurs concurrents plus au Nord devenus

inabordables. Dans l’Yonne, le Chablis reste stable entre 80 000 € pour l’AOP Petit Chablis et 320 000 € pour l’AOP Premier Cru.

Vinocamp et les start-up secouent la traditionVinocamp, événement communautaire saisonnier et itinérant organise Vinofunds, un concours de start-up. Le dernier en date s’est

déroulé à Bordeaux, animé par 33 entrepreneurs du web. En moins de trois minutes, sept start-up présentaient sur scène leur concept.

La première Monvino a ainsi développé les « bagnums » qui placés dans une sorte de Nespresso du vin permettent de servir le vin au

verre et se conservent à bonne température plusieurs semaines. La seconde Tagawine est le « shazam du vin », elle permet d’identifier

immédiatement un vin quel que soit l’endroit, à la maison ou au restaurant. Enfin la troisième Neurokiff propose une expérience

unique grâce à un casque neuronal qui analyse les émotions ressenties à la dégustation d’un verre de vin.

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CC U L T U R E

DOCUMENTAIRE Yves Camdeborde, le cuisinier de la «  bistronomie  », s’est associé au dessinateur Jacques Ferrandez pour raconter ses visites avec ses fournisseurs de produits locaux et authentiques  : truffes, éleveurs et bien sûr vignerons. Ce premier tome couvre les saisons

d’hiver et du printemps.Frères de Terrroirs, Carnet de croqueurs, Jacques Ferrandez, Yves Camdeborde, Rue de Sèvres, 22 €.

ANTI-GUIDE ALTERNATIFGros succès en librairie. Écrit par un collectif de blogueurs impertinents et indépendants, les deux volumes livrent des portraits de vignerons tous engagés dans une viticulture responsable, du bio

à la biodynamie en passant par les vins dits « natures ».Tronches de vin, volumes 1 & 2, les Éditions de l’Épure, 22 €

HUMOUR CAUSTIQUEPublié en 1985, c’est un incontournable. L’auteur prend les expressions autour du vin à la lettre ou plutôt au crayon. Tour à tour tendre, drôle et féroce.Parler en vin, Ronald Searle, Albin Michel, 4,74 € en livre d’occasion.

CLASSIQUEComme son titre l’indique, Les Fondus du Vin sont des fous de vin qui vous emmènent dans les vignobles. L’occasion pour apprendre le vocabulaire du vin, découvrir les appellations, les localiser sur des cartes, le tout sur fond de gags et d’humour. Déjà parus  : la Bourgogne, le Bordelais, Côtes-du-Rhône. Classique et efficace.Les Fondus du Vin, Tomes 1 à 3, Bamboo, 10,60 €.

POLARAubert de Villaine, le co-propriétaire du prestigieux domaine de la Romanée Conti a disparu lors d’un chapitre du Clos Vougeot. Arsène Pinot mène l’enquête. Ou comment parler de vin à travers une vaste épopée bachique. À lire d’autres volumes dont Robert Parker et Les caves du CAC 40.

La Romanée Contée, pinot noir contre dragon, Vents d’Ouest, 12,50 €.

TOUS LES GOÛTS DU VIN SONT DANS L A BD La bande dessinée est devenue en l ’espace de deux décennies un genre littéraire à part entière. Traditionnellement réservée à l ’humour et à la jeunesse, la BD a peu à peu conquis ses lettres de noblesses dans le monde du dessin et de l ’écriture. Au point qu’on parle désormais de « romans graphiques » révélant des expressions artistiques et narratives d ’une grande originalité. Aucun domaine n’échappe au crayon des « dessinateurs-écrivains ». Tout comme les mangas ont beaucoup fait pour la notoriété du vin au Japon, la BD contribue aujourd’hui en France à faire connaître tout un pan de patrimoine culturel. Petite sélection par style.

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PP O R T F O L I O

UNE CHAPELLE POUR CHAIL’architecture rencontre le vin. La chapelle du Château de Bellet devient aujourd’hui un écrin de modernité au service de la tradition du vin. Un espace à trois cents mètres d’altitude, ouvert sur la nature exceptionnelle du lieu avec d’un côté les Alpes et de l’autre la baie de Nice. Le vin prendra désormais naissance sous la chapelle et reposera en paix le temps de son élevage. L’esplanade aménagée comme une scène de théâtre accueillera des fêtes gourmandes ou des dégustations silencieuses. Au Château de Bellet, l’architecture a fait le pari réussi de la spiritualité et de l’art de vivre. ■

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PP O R T F O L I O

8

pauvres. Voilà pourquoi ses vins, rouges comme blancs, sont aussi droits que les pentes sont rudes. Des vins magiques, sans concession, aussi prestes que les ombles-chevaliers des lacs tout proches avec lesquels ils s’accordent à merveille. On dit que la vigne doit souffrir pour donner des bons vins  : cette viti-culture de montagne répond parfaitement à cette exigence. Le domaine des Ardoisières, conduit par Brice Omont, illustre parfaitement cette idée « d’alpinisme viticole » indispensable à la qualité et à la typicité des vins : « Mon but n’est pas de faire des vins qui plaisent à tout le monde mais d’exprimer réelle-

Morne plaine et montagne magiqueVictimes du syndrome station, les skieurs ont pris l’habitude d’avaler les vins savoyards comme ils dévalent les pentes : tout schuss. Comme il fallait bien désaltérer les touristes entre fon-due et raclette, la Savoie a produit beaucoup de vins pâteux aussi ennuyeux que les mornes plaines d’où ils sont issus. « Les vignes, c’est à flancs de coteaux et à mi-coteaux qu’elles doivent être. » Jacques Maillet en sait quelque chose : les siennes sont quasiment toutes plantées sur des coteaux à 45 %  ! Pour ce «  vigneron-escaladeur  », tout se joue sur ces sols pierreux et

ŒL’ Œ I L

zoom LES VINS DE SAVOIE, UNE VALEUR REFUGEVins de Savoie égale vins de skieurs et vins sans noblesse ? Il est temps d ’en finir avec ces images de carte postale et d ’user du superlatif. Jamais un vignoble n’a été aussi authentique et ses vins aussi bons.

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ment le terroir et les cépages dans mes bouteilles ». Petits ren-dements, sols travaillés à la main, parcelles fragmentées, gestes vignerons empruntés aux grimpeurs… Certes, ces efforts ne sont pas forcément récompensés par le gros du marché mais les connaisseurs et les défenseurs d’une certaine idée du patri-moine ne s’y trompent pas, eux. Les jeunes restaurateurs les premiers. Alain Perrillat, chef étoilé du restaurant Atmopshères au Bourget-du-Lac, a un respect total pour ces vignerons de l’extrême : «  Ils nous emmènent très loin avec leurs vins faits de passion et de sueur. Leur pureté accompagne très bien celle de nos produits ».

Une collection rare de cépagesSi la montagne est la première vertu des vins de Savoie, les cépages qui les composent en sont incontestablement la deuxième. L’histoire du vignoble montre que la vigne se plaît en Savoie depuis cinq siècles avant J.C. Les sols, éboulis ou cônes d’alluvions, ont toujours bien convenu à la vigne. Si l’on ajoute des faibles précipita-tions et un ensoleillement généreux, rien de surprenant à ce que la vigne ait trouvé terroir à son pied, à côté des amandiers et des figuiers de la Combe de Savoie, des cluses de Chambéry et du lac du Bourget. On ne répètera jamais assez que la Savoie possède un fonds de cépages ines-timable et unique en France. Martine Petit, qui dirige avec son mari Laurent Le Clos des Sens, restaurant étoilé à Annecy, les défend avec ténacité : « La richesse de nos vins, elle est toute entière dans nos cépages. La mondeuse, le ber-geron, l’altesse… on ne les trouve qu’ici. Ils sont tellement liés au savoir-faire des vignerons  ! Au Clos des Sens, ils sont en première ligne à notre carte, avec plus de 50 références en blanc comme en rouge. Avec des morceaux de cochon préparés à notre manière ou des écrevisses du lac, ils arrivent comme une évidence sur la table ! ». Martine Petit salue aussi ces vignerons qui remettent au goût du jour les cépages oubliés de la Savoie qui faisait qu’autrefois déjà, ces vins ne ressem-blaient à aucun autre. Les frères Grisard, Jean-Pierre et Phi-lippe, sont de ceux-là : « Il faut savoir retrouver les choses du passé et les protéger pour que nos enfants ne nous reprochent pas un jour de les avoir abandonnées ou pire, détruites. » Tous deux produisent environ vingt cuvées issues de neuf cépages dont le persan, la malvoisie et la mondeuse blanche, des variétés

autochtones délaissées après les deux guerres mondiales. « Les cépages oubliés restent marginaux dans notre production mais ils sont très importants pour nous. Réservés à une clientèle de connaisseurs, ils permettent de montrer une autre facette des vins de Savoie, bien loin de la cuvée du skieur ! »

La montée des insoumisEn Savoie, la géographie des bons vins s’apprend avec celle des hommes. Depuis une dizaine d’année, un groupe resserré

montre que la Savoie vaut bien un mea culpa. Jacques Maillet, Michel Grisard, les frères Trosset, Gilles Berlioz et son neveu Adrien, les frères Giachino, Louis Magnin, Brice Ormont, Noël Dupasquier, Dominique Bel-luard – impossible de tous les nommer ! – sont des vignerons-jardiniers, des vignerons-escala-deurs dont la seule soumission est de respecter le paysage, la typicité des terroirs et l’expression des cépages. Pour la plupart d’entre eux, « le vin se fait presque tout seul ». Pourquoi intervenir à la cave quand tout vient de la terre et du rai-sin ? Il n’y a donc pas grand-chose à dire côté vinification : levures indigènes, refus de chap-taliser, fermentations lentes, élevage en fûts… Michel Grisard fut l’un des premiers à montrer la voie : « J’avais envie de labourer mes sols, de faire des longues cuvaisons, mes vins étaient régulièrement ajournés à l’agrément mais moi je répondais que mon ambition, c’était de faire des grands vins, point  !  » Jacques Maillet est allé voir les anciens pour apprendre à faire le vin « autrement, comme avant », Gilles Berlioz est « prêt à renoncer à l’appellation qui formate les vins plus qu’elle ne les type ». Louis Trosset ne cessera jamais de labourer ses vignes car elles participent à la beauté du paysage. Ces gardiens

du patrimoine paysager et viticole de la Savoie sont considérés par leurs notables pairs comme des dissidents. Paradoxalement, ce sont eux qui ressuscitent le vignoble à coups de pioche et de convictions inaltérables. Les sommeliers se déplacent dans leurs caves : « Ce sont ces vins-là qui m’ont fait plonger dans ce vignoble » confie Landry Tissot. Les chefs emblématiques de Savoie et d’ailleurs ne se trompent pas en les choisissant eux. Ils le savent bien : la technique ne fait pas le plat. Le produit, l’émotion et l’audace oui. Même combat côté vin. Place à la terre, au cépage et au vigneron ! ■

zoom

ŒL’ Œ I L

Genève

Ayse

Crépy

Frangy

Seyssel

Morestel

Crus

ThononRipaille

Annecy

AOP VINS DE SAVOIE

AOP ROUSSETTE DE SAVOIE

AOP CRÉPY

AOP SEYSSEL

Aix-les-Bains

Chambéry

ArveRhône

Lac Léman

Isère

Grenoble

ApremontAbymes

Chignin

10

ŒL’ Œ I L

figure

ESTELLE FUSELIER est Senior Marketing Manager chez ALTAYA GROUP, à Hong Kong, importateur historique de grands vins français. Interview.

L’essentiel

Diplômée de l’École Supérieure de Commerce

de Dijon, Estelle Fuselier est membre du Club

Œnologique de l’école. Dans le cadre d’un

échange universitaire de fin d’études, elle

part à Cheng Du en Chine puis va travailler

dans le secteur du vin à Pékin. Elle démarre

dans la vente et ensuite tout s’enchaîne : un

premier poste de commercial à Hong Kong

pour un importateur français spécialisé dans

la restauration, puis toujours à Hong Kong un

second poste plus important pour un groupe

international de vins et spiritueux. Là, elle fait

ses preuves dans le marketing et s’occupe

du portefeuille européen. Trois ans plus tard,

elle entre chez Altaya Group, l’un des trois

plus importants importateurs de vins haut de

gamme à Hong Kong et Macao, avec, entre

autres, cent noms prestigieux en exclusivité.

Aujourd’hui, Estelle Fuselier occupe le poste-clé

de Senior Marketing Manager.

« LES SITES DE VENTE EN LIGNE SONT UNE MENACE BIEN RÉELLE. »

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Vignobles in fos : Quel est le point fort d’Altaya Wines ?

Estelle Fuselier  : J’en vois plutôt deux. Le premier, c’est bien sûr notre portefeuille de références, environ une centaine de domaines positionnés sur un marché de domaines fami-liaux super premium et luxe. Même si nous travaillons avec des domaines du monde entier, l’essentiel est constitué de vins français, nous détenons la distribution exclusive de plus de cinquante d’entre eux. Le second point fort, c’est la jeu-nesse de l’équipe. Paulo Pong, le fondateur et dirigeant, a 37 ans. Diplômé du MIT aux États-Unis, il est passionné de vin depuis toujours. Il a décidé très vite d’en faire son métier en sachant exactement ce qu’il voulait être : un spécialiste recon-nu pour la qualité de la sélection des vins. Paulo Pong a travaillé un temps à Bordeaux puis il a démarré seul en allant voir un a un les producteurs qu’il aimait. Aujourd’hui, le groupe compte 70 salariés dont la plupart sont tren-tenaires. Nous avons sept boutiques à Hong Kong et une distribution bien en place à Macao.

Altaya Group s’intéresse à toutes les régions de France ?Oui mais depuis deux ans, nous déve-loppons particulièrement la Bour-gogne, nous voulons clairement appa-raître comme incontournable à Hong Kong pour cette région. Nous avons plus de trente références en distri-bution exclusive et aussi beaucoup d’allocations importantes de domaines premium et haut de gamme.

Qu’en est-il de Bordeaux ?Pour nous, c’est toujours la première région en terme de valeur, mais elle a beaucoup chuté, au profit de la bourgogne notam-ment, depuis la hausse des prix et la crise de confiance après les millésimes 2009 et 2010. Le changement de gouverne-ment chinois et la chasse à la corruption sont aussi des élé-ments clés de la baisse des achats. Le mouvement Occupy a, entre autres, ralenti considérablement l’économie en octobre

et en novembre, traditionnellement les mois les plus beaux de l’année. Tous les restaurants et les hôtels ont été affectés. Comme Altaya Wines a quatorze années d’ancienneté, ce qui est beaucoup pour ce type d’activité, nous avons mieux résisté que d’autres.

Comment se présente le marché du vin à Hong Kong ?Le marché ici est plutôt mature. C’est le deuxième marché d’Asie après le Japon qui lui, est très différent. Hong Kong compte aujourd’hui beaucoup de collectionneurs et de vrais amateurs. Le vin est devenu un produit de consommation ren-tré dans les moeurs. Le marché en Chine continentale est en revanche très différent et très varié selon les régions. Il évolue

très rapidement et de plus en plus de sociétés ont des bureaux en Chine. De notre côté, nous ne sommes pas prêts a nous attaquer à ce marche et préférons consolider nos bases plutôt que de nous éparpiller.

Qu’est-ce qui pourrait menacer aujour-d’hui votre activité à Hong Kong ?En 2009, l’abolition des taxes d’im-portation sur le vin a eu pour consé-quence l’émergence de sociétés qui se sont auto-proclamées spécialistes en vin sans rien y connaître. Aujourd’hui, la plupart d’entre elles ont disparu du paysage. En 2014, le gouvernement recensait plus de 3 500 importateurs enregis-trés mais moins de 200 sont réel-lement actifs et c’est déjà énorme

pour une ville de 7 millions d’habitants. La menace la plus importante pour nous est la nouvelle concurrence que représentent les sites de vente en ligne. Les prix sont litté-ralement bradés en «  sourçant  » les vins n’importe où et au moins cher évidemment. On voit par exemple apparaître à Hong Kong des vins dont nous avons l’exclusivité mais qui sont quand même importés par d’autres qui les ont achetés moins cher en Hollande ou en Angleterre avec des marges à minima. C’est une concurrence très agressive qui chamboule le marché. ■

ŒL’ Œ I L

figure

«  En 2009,

l’abolition des taxes d’importation sur le vin à Honk Kong a eu pour

conséquence l’émergence de sociétés qui se sont

auto-proclamées spécialistes en vin sans

rien y connaître. »

12

ML A M A I N

méthode

Le bois et le vin, c’est une histoire vieille comme le monde. Le tandem existe depuis les Romains avec plus ou moins de succès. Le tonneau était robuste et léger pour le transport, idéal pour la conservation du vin. Le couple bois-vin a tenu bon pendant très longtemps. Mais le xxe siècle moderne a mis fin au mariage  : béton, acier et citerne offraient leurs services à moindre coût.

Bordeaux en tête, les années 1980 ont été prospères, ce fut un tour-nant décisif pour l’élevage des crus. La qualité n’étant plus un vain mot, le bois neuf reprend alors sa place de favori. L’aisance revenue dans les châteaux, les propriétaires commandèrent chaque année des dizaines de barriques et surtout prirent goût au bois neuf. Pour le consomma-teur, goût du vin et goût de bois, c’était la même chose, le nec plus ultra. Bordeaux est alors devenu un standard, les prix ont monté, le pourcentage de bois neuf aussi, jusqu’à 100  % pour certaines propriétés. L’Américain Robert Parker aimant les vins boisés, il le montre alors en distribuant des bonnes notes, 90, 93, 95, 100  ! Comme le critique fait la pluie et le beau temps à Bordeaux, la mode passe avant la tradition et la culture. Voilà comment le goût du bois est devenu une faute de goût et comment bien des vins sont devenus imbuvables tellement ils étaient maquillés par le bois. Mais la mode a passé et la raison est revenue. Aujourd’hui, les propriétaires font appel à des tonneliers différents pour trouver exactement le goût qu’ils souhaitent. Selon le tonnelier, une

chauffe moyenne ou forte ne donnera pas le même goût. L’ori-gine des chênes joue aussi beaucoup, le chêne de l’Allier par exemple est réputé pour son grain fin. De plus, l’assemblage de plusieurs tonneliers favorise la complexité du vin. La bar-rique est coûteuse selon l’origine du chêne et du tonnelier. Elle concerne donc les vins premium et super premium.

Pour les autres vins, la technologie a imaginé les copeaux de bois appelés aussi chips. Des éclats de chêne – leur production est très réglementée – sont déposés dans les cuves à la fin de la vinification. Leurs effets sont variés. Ils jouent sur la couleur en intensifiant celle des vins rouges particulièrement. Ils augmentent la rondeur du vin et assouplissent sa structure. Ils jouent aussi sur la palette aromatique avec des notes vanillées, grillées et choco-latées. Ils ont aussi cette « qualité » de masquer la faiblesse ou les défauts d’un vin. Les amateurs crient au scandale et rangent ces vins dans la catégorie des vins « marketing » ou industriels. Le sujet reste tabou, particulièrement en France un peu comme le débat entre bouchon de liège et capsule à vis.

Alors chips ou barriques ? Disons que les premières peuvent être une alter-native intéressante pour les vins légers et bon marché. Disons surtout que le bois et le vin, ce n’est pas une affaire de mariage mais de servitude. Et s’il faut parler une langue du bois, c’est bien celle de Molière : « Bien heureux est le valet qui peut avoir la gloire de

mourir pour son maître ». L’important, c’est donc de remettre les choses dans le bon ordre. Le bois doit se plier au bon vouloir du vin et non le contraire. Ensuite, chips ou barriques… ■

DES CHIPS OU DES BARRIQUES ?L’élevage sous bois d ’un vin peut se faire en barrique ou avec des copeaux dans le vin. Un sujet encore tabou chez nous. Explications.

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L’essentielCommune : Pomerol AOC : Pomerol

Sol : petites graves ocres, graviers, sable

Superficie du vignoble : 70 ares

Cépage : 100 % Merlot

CHÂTEAU PETIT-BEAUSÉJOUR, UN CLOS DE VIGNES EN VILLECette propriété confidentielle est nichée au cœur du village de Pomerol. Reprise récemment par LFP Grands Vignobles de France, elle fait l ’objet d ’un travail cousu main.

Un vignoble urbain dans un closSitué à l’ouest de l’appellation, le vignoble de Château Petit Beauséjour est un véritable petit vignoble urbain niché dans un clos. Le Domaine est agrémenté d’un ravissant châtelet qu’on aperçoit à l’entrée de Libourne et d’un petit chai caractéristique des propriétés de l’appellation.

patrimoine

Un vin très PomerolChâteau Petit Beauséjour produira son tout premier vin avec le millésime 2014. L’esprit du vin sera fidèle à Pomerol avec un fruité tout en finesse, une structure légère et des tanins souples.

Le merlot exclusivementCe cépage roi trouve à Pomerol des conditions d’excellence. L’argile toujours présent en surface ou en sous-sol lui apporte en effet une réserve de fraîcheur. Il peut s’épanouir et atteindre la maturité souhaitée dans de bonnes conditions et malgré les aléas climatiques.

Du sur-mesure pour de l’excellenceRepris début 2014, ce petit vignoble exigeait d’évidence un savoir-faire tout en expertise et en minutie, à l’instar des petites mains dans la haute-couture. La taille a été repensée, tous les travaux en vert sont effectués manuellement. Aucun pesticide n’est utilisé. Le travail du sol a été immédiatement mis en œuvre avec des labours à cheval et six passages réalisés.

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ML A M A I N

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PP A P I L L E S

dégustation

2005Un millésime exceptionnel à Bordeaux. La sécheresse précoce

a permis à la vigne de s’équilibrer naturellement avec moins

de feuillage. Les nuits froides d’août ont favorisé une matura-

tion plus lente du raisin.

Le vin affiche une robe carmin à reflets légèrement tuilée. Le nez s’ouvre sur des notes subtiles de sous-bois et de cuir. La bouche est voluptueuse et chaleureuse à peine marquée par des tanins serrés en finale. Le fruité est pulpeux et gracieux. Un vin élégan-tissime et encore très jeune.

2008Un bon millésime mais hétérogène, avec un printemps très arro-

sé et frais, un mois de juillet sec et ensoleillé, un mois d’août as-

sez froid et avec de la pluie, et un été indien à la mi-septembre.

Le premier nez exprime des arômes légers de moka puis dévoile des notes florales expressives et de fruits à noyau. La structure de la bouche s’affirme autour de petits tanins puissants. La finale s’étire sur une impression saline fraîche. Solide, il a besoin encore de temps.

2010Un grand millésime. Un hiver froid, un printemps très frais, un

été chaud avec fin juillet une sécheresse qui bloque le cycle

végétatif, un superbe automne favorable à une belle maturité.

Des arômes poudrés de chocolat, une pointe vanillée, des par-fums floraux délicats : le nez est puissant et expressif. En bouche, le fruité est gourmand, voluptueux et frais. L’ensemble est par-faitement soutenu par des tanins présents. Un vin charmeur et imposant à garder ou à boire.

2011Un millésime compliqué avec des saisons décalées : l’été au

printemps, l’automne en été, septembre doux avec du soleil

favorable à la maturation des raisins.

Le nez encore fermé dévoile à l’aération des notes florales et végétales fines. La bouche est fluide, stricte et précise. Moins accessible, l’attendre au moins trois ou quatre ans.

LE TE MPS, RÉVÉL ATEUR DES GRANDS VINS DE BORDEAUXChâteau Vrai Canon Bouché est la référence de l ’appellation Canon Fronsac. Son terroir atypique et unique rappelle celui des grands crus classés de Saint-Émilion. Une magie évidente avec ces millésimes anciens.

Le terroir du Château Vrai Canon Bouché est formé d’argiles de décarbonatation issus de calcaires à astéries, soubassement géologique des plus grands terroirs de Saint-Émilion. Tous les vins de cette dégustation portent cette signature crayeuse en bouche qui en fait des vins très droits.

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• Château Puech-Haut, Prestige 2014, Coteaux du LanguedocRose très pâle, presque transparent. Le nez est puissant avec des parfums d’aubépine, de pamplemousse et de litchi. Une acidité franche marque la bouche. Un style frais et tranchant bien assumé.

/ LIEU JAUNE, ARTICHAUT POIVR ADE, PURÉE DE TAMARILLO.Ce vin offensif trouve son équilibre avec la texture du poisson et le moelleux à peine sucré de la purée.

• Miraval, Côtes de Provence, 2014Un style très « cosmétique » pour ce vin rose pâle : très char-meur avec du gras et une finale pointue qui réveille l’ensemble.• Domaine Ott, Château de Selle, Côtes de Provence, 2013Or jaune, ce vin exhale des notes d’abricot mûr, de bergamotte et de chèvrefeuille. Le style est riche et fruité, avec presque de la sucrosité en bouche.

/ BURR ATA, TABOULÉ, PASTÈQUE, CRÈME À L’OSEILLE ET À LA FR AMBOISEUn accord tout en fraîcheur pour ces deux vins. Celle de la mozzarella et de la pastèque ajoutée à l’acidité de l’oseille et de la framboise redonne du tonus à ces deux vins opulents.

• Château de Bellet, AOP Bellet, 2013Belle couleur rouge clair. Le nez est typé avec des notes de figue fraîche et une pointe mentholée. Bouche vineuse et ronde. De la présence et de la finesse.

/ CRÈME DE PISTACHE, FR AISES ET GLACE VANILLEOsons ce rosé avec un dessert. La délicatesse du vin épouse parfaitement celle de la crème et de la glace, la figue s’accorde très bien avec la fraise. Un mariage de douceur et de fraîcheur.

• Château de Bellet, Baron G, AOP Bellet, 2013Un vin atypique dans la catégorie des rosés. On retrouve au nez et en bouche des parfums originaux de fleurs et d’épices, avec une touche de petits fruits rouges acidulés. La bouche est généreuse et structurée. Un rosé a réserver pour la table.

/ POITRINE DE COCHON ROULÉE AUX ÉPICES, AUBERGINES ROMESCO ET JUS DE COCHONAvec ce vin puissant et original, il faut du répondant. Ce plat est goûteux, solide et typé, les épices jouent avec celles du vin. Beaucoup de chair dans l’assiette comme dans le verre.

ROSÉS, DES GOÛTS ET DES COULEURSLes beaux jours sont là, une cuisine plus légère aussi. C’est le temps des rosés et des accords gourmands. Petite variation de styles.

PP A P I L L E S

accords

L’ÉbaucheMelik Debadji, jeune trentenaire,

a fait ses classes à Paris chez Guy Savoy puis à Londres chez Pierre Gagnaire et enfin à Lyon au Brazier Wine Bar de Mathieu Viannay. Il a

ouvert L’Ébauche en janvier dernier.

Sa cuisine à l’ardoise s’accorde aux

produits de saison et du marché. Elle

est créative et toute en légèreté avec

des touches inspirées venues d’Italie,

d’Espagne et du Japon.

L’Ébauche 4 rue de la Martinière, 69002 Lyon, Tél. : 04 78 58 12 58.

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À VOIR : 2 ÉTAPES INCONTOURNABLES

• BIARRITZwww.tourisme.biarritz.fr

Accès : Privilégier l’avion. L’aéroport assure des liaisons avec Paris, Bordeaux, Lyon, Londres et Genève.Aéroport Biarritz Pays Basque7 Esplanade de l’Europe, 64600 Anglet

• SAINT-JEAN-PIED-DE-PORTwww.saintjeanpieddeport-paysbasque-tourisme.com

Accès : Prendre l’avion jusqu’à Biarritz, puis une heure de voiture pour y arriver.

LE VIN• La valeur sûre : Domaine BranaLa référence du vignoble, connu pour ses vins et aussi ses eaux-de-vie de fruits et liqueurs

3 bis Avenue du Jaï-Alaï64220 Saint Jean Pied de Port☎ 05 59 37 00 44 / www.brana.fr

• Le challenger : Domaine Herri MinaLe célèbre vinificateur du Château Pétrus a ses racines en Irouléguy. Le style des vins tout en finesse et en rondeur a contribué à renouveler l’image rustique des vins de l’appellation.

Châ[email protected]

POUR LES ÉPICURIENS• L’Art dit vin à BiarritzVerrines, bruschettas, bouchées de comptoir chic, plus de 300 références de vins locaux et d’ailleurs.

15, avenue de Verdun☎ 05 59 23 73 74facebook.com/lartditvinbiarritz

• Les Pyrénées à Saint-Jean-Pied- de-Port (* Michelin)

Restaurant doublé d’un hôtel de charme ****.Incontournable en Pays Basque. Cuisine basque raffinée et créative. De 15 € à 90 €.

19, place Charles de Gaulle☎ 05 59 37 01 01www.Châteaux & Hôtels Collectionhotel-les-pyrenees.com/fr/

LE PLUS CÔTÉ SURF• Wallako surf shopBidart touche Biarritz. Les puristes du surf y trouveront leur bonheur. Un lieu de vie inspiré des surf shops californiens. Planches faites sur-mesure, vêtements en pièces originales, combinaisons…

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LE PLUS CÔTÉ CULTURE• La Citadelle à Saint-Jean-Pied-

de-Port Fortification bastionnée d’avant Vauban. Une place stratégique et une architecture innovante pour l’époque.

Office de tourisme14 place Charles de Gaulle64220 Saint-Jean-Pied-de-Port☎ 05.59.37.03.57saint.jean.pied.de.port@orange.frwww.st-jean-pied-de-port.fr

LE V I G N O BLE D ’ I RO U LÉGU Y

AOP Irouléguy : autour de Saint-Étienne de BaÏgorry

et Saint-Jean-Pied-de-Port

• Superficie du vignoble : 230 hectares

• Cépages rouges : Tannat, Cabernet Franc

et Cabernet-Sauvignon

• Cépages blancs : Gros Manseng, Petit Manseng,

Petit Courbu

• Sols : grès rouges du Trias, calcaires, argiles

PP A P I L L E S

balade

Ces deux villes phares du Pays Basque ont de quoi séduire les sportifs, les contemplatifs et les épicuriens.

BIARRITZ ET SAINT-JEAN-PIED -DE-PORT, L A MER ET L A VIGNE

AA B É C É D A I R E

NOUAISON Cette étape du développe-ment de la vigne suit de près celle de la flo-raison au mois de juin. Elle correspond à la fécondation de la fleur de vigne en baie de raisin, qu’on appelle aussi verjus. S’ils sont bien fixés au pédicelle, on dit qu’ils sont

« noués ». La croissance des baies peut alors démarrer. Dans le cas contraire, les petits grains tombent et on parle alors de coulure.

OÏDIUM Cette maladie de la vigne est provoquée par un champignon qui se développe et attaque toutes les parties vertes de la plante : les feuilles, les pousses et les vrilles. En général, elle apparaît au printemps lorsque la végétation redémarre. L’oï-dium trouve un terrain favorable avec des températures supé-rieures à 12° et un fort taux d’humidité. Mais dès que la baie atteint 8 % de taux de sucre, la contamination s’arrête.

OUILL AGE Pendant l’élevage, une partie du vin s’éva-pore, c’est la « part des anges », il y a alors plus d’air dans la bar-rique, ce qui risque de faire tourner le vin en vinaigre. L’ouillage consiste à compléter régulièrement le fût avec du vin identique

afin d’éviter tout contact air-vin. Pendant longtemps dans le Jura, les vignerons n’ont pas ouillé leurs blancs par tradition, pour obtenir ce fameux «  goût de noix  » dû à l’oxydation du vin. C’est le principe du vin jaune. Une nouvelle génération de vignerons a remis au goût du jour l’ouillage des blancs pour redonner aux vins leur typicité originale de chardonnay ou de savagnin, les deux cépages blancs de cette région.

OXYDATION L’oxydation est un défaut pour un vin trop longtemps exposé à l’oxygène. Ce risque existe sitôt le rai-sin récolté et particulièrement pour les blancs, plus fragiles. Le jus prend une teinte brune et un goût métallique ou herbacé. Dans les cas extrêmes, le vin peut tourner au vinaigre. Voilà pourquoi on ajoute généralement des doses faibles de soufre dans le moût, le SO2 étant anti-oxydant et antiseptique. Il existe toutefois des exceptions comme par exemple le vin jaune, le porto tawny, le xérès oloroso ou le madère : c’est l’oxydation recherchée qui donne au vin son caractère original et sa typicité. Le terme madérisé est également utilisé pour un vin qui a subi une exposition à la chaleur, l’impression à la dégustation est celle d’un vin « cuit ». ■

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VIGNOBLES INFOSLA REVUE DU CLUB DES PROPRIÉTAIRES DE GRANDS CRUS

estéditéeparLaFrançaiseRealEstateManagerspourleClubdesPropriétairesdeGrandsCrusLaFrançaiseRealEstateManagersestunesociétédugroupeLaFrançaiseISSN :1952-6725

Dénominationsocialedel’éditeur :LAFRANCAISEREMFormejuridique :SASaucapitalde1220384€Adressedusiègesocial :173,boulevardHaussmann75008ParisReprésentantlégal :XavierLépineDirecteurdelapublication :XavierLépine

Responsabledelarédaction :PatrickRiboutonConceptiongraphique&directionartistique :CulturevinRédaction :ClaireBrossePhotographies :C.Goussard :2,12,13,3edecouv.;P.Mesa :1re,2e,4edecouv.,6,7,10;J.Fotso :14,15;C.Audebert :6;D.R. :8,16

Photogravure:PhilippeMesaImpression :ImprimerieValleyàLyonDatedeparution :juillet2015LaFrançaise,173boulevardHaussmann,75008ParisTél. :0144561000-Fax :0144561100 EV

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