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sommaire pp. 2-5 : Les rencontres franco- portugaises autour du livre d’art, du livre de jeunesse et de BD pp. 6-7 : Le dialogue franco- roumain lors de la Foire de Gaudeamus à Bucarest pp. 8-16 : Regards sur les manifestations : Séoul, Le Cap, Tokyo, Hong Kong, Pékin, Belgrade, Guadalajara, Alger pp. 11-12 : Entretien avec Paul Garapon, conseiller éditorial aux PUF, sur les échanges franco-chinois en sciences humaines et sociales pp. 17-19 : Formations à Alger, Antananarivo, Yaoundé et Niamey pp. 20-21 : Le billet de New York p. 22-23 : Les rendez-vous et les catalogues p. 24 : BIEF-info Dans le précédent numéro de La Lettre, l’éditorial était titré « la saga des foires », insistant par là sur l’importance du nombre de foires internationales du livre auxquelles le BIEF a parti- cipé au cours du premier semestre 2007. La présence du BIEF dans les foires est restée naturel- lement soutenue au cours de ce second semestre. Ce dynamisme est dû, pour une grande part,à l’implication des éditeurs français, mais également à l’appui des structures professionnelles, en France comme à l’étranger et, faut-il le rappeler, du ministère français de la Culture et de la Communication et de celui des Affaires étrangères et européennes. Par ailleurs le BIEF continue de développer son activité en matière d’études sur les marchés du livre à l’étranger, de formation et d’échanges professionnels – que ce soit dans la francophonie du Sud ou dans des zones non francophones – mais aussi en réalisant des catalogues collectifs d’ouvrages s’inscrivant dans un domaine éditorial donné. Nous essayons, de plus en plus, de mailler notre présence dans un pays, dans une zone géographique, en asso- ciant différents types d’actions : édition et diffusion de catalogues, tenue de rencontres professionnelles et expositions d’ouvrages. Comme ce fut le cas à Pékin autour des sciences humaines, à Lisbonne autour de l’art et de la jeunesse ou encore en Espagne autour de l’art de vivre… L’expérience, récente, nous montre que cet axe d’intervention est très bénéfique – et cela d’autant plus à l’heure des échanges « numériques », qui ne peuvent se substituer à des contacts directs et à une information approfondie sur les marchés du livre. Notre programme 2008 s’inscrit dans cette démarche, notamment par la mise en œuvre de trois opérations du BIEF dans le cadre de l’accueil des professionnels israéliens du livre en mars prochain au Salon de Paris, dont ils sont les invités d’honneur : une étude sur l’économie de l’édition israélienne, disponible début mars prochain, un numéro spécial de La Lettre au même moment sur l’édition et les échanges franco-israéliens, et un séminaire les 11 et 12 mars à Paris réunissant une vingtaine de professionnels israéliens et plusieurs dizaines de leurs confrères français. Au nom de toute l’équipe du BIEF, je voudrais vous adresser nos vœux les plus chaleureux pour cette nouvelle année qui, je l’espère, vous apportera aussi nombre de satisfactions pour votre présence à l’international. Jean-Guy Boin lettre En 2008 le BIEF a inscrit dix catalogues à son programme. Ci-contre les catalogues français-espagnol de livres d’art et d’art de vivre réalisés en 2007. La www.bief.org 74 numéro décembre 2007 - janvier 2008 Des opérations concertées

74 La lettre - BIEFrachats et de fortes concentrations modifiant la structure des L’économie portugaise a connu en 2006 un ralentissement qui a été également observé sur le

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Page 1: 74 La lettre - BIEFrachats et de fortes concentrations modifiant la structure des L’économie portugaise a connu en 2006 un ralentissement qui a été également observé sur le

sommairepp. 2-5 : Les rencontres franco-portugaises autour du livre d’art,du livre de jeunesse et de BD

pp. 6-7 : Le dialogue franco-roumain lors de la Foire deGaudeamus à Bucarest

pp. 8-16 : Regards sur lesmanifestations : Séoul, Le Cap,Tokyo, Hong Kong, Pékin,Belgrade, Guadalajara, Alger

pp. 11-12 : Entretien avec Paul Garapon, conseiller éditorial aux PUF, sur les échanges franco-chinois en sciences humaines et sociales

pp. 17-19 : Formations à Alger, Antananarivo, Yaoundéet Niamey

pp. 20-21 : Le billet de New York

p. 22-23 : Les rendez-vous etles catalogues

p. 24 : BIEF-info

Dans le précédent numéro de La Lettre, l’éditorial était titré « la saga des foires », insistantpar là sur l’importance du nombre de foires internationales du livre auxquelles le BIEF a parti-cipé au cours du premier semestre 2007. La présence du BIEF dans les foires est restée naturel-lement soutenue au cours de ce second semestre. Ce dynamisme est dû, pour une grande part,àl’implication des éditeurs français, mais également à l’appui des structures professionnelles,en France comme à l’étranger et, faut-il le rappeler, du ministère français de la Culture et de laCommunication et de celui des Affaires étrangères et européennes.

Par ailleurs le BIEF continue de développer son activité en matièred’études sur les marchés du livre à l’étranger, de formation et d’échangesprofessionnels – que ce soit dans la francophonie du Sud ou dans des

zones non francophones – mais aussien réalisant des catalogues collectifsd’ouvrages s’inscrivant dans undomaine éditorial donné.

Nous essayons, de plus en plus, demailler notre présence dans un pays,dans une zone géographique, en asso-ciant différents types d’actions : édition

et diffusion de catalogues, tenue de rencontres professionnelles et expositions d’ouvrages.Comme ce fut le cas à Pékin autour des sciences humaines, à Lisbonne autour de l’art et de lajeunesse ou encore en Espagne autour de l’art de vivre…

L’expérience, récente, nous montre que cet axe d’intervention est très bénéfique – et celad’autant plus à l’heure des échanges « numériques », qui ne peuvent se substituer à des contactsdirects et à une information approfondie sur les marchés du livre.

Notre programme 2008 s’inscrit dans cette démarche, notamment par la mise en œuvre detrois opérations du BIEF dans le cadre de l’accueil des professionnels israéliens du livre en marsprochain au Salon de Paris, dont ils sont les invités d’honneur : une étude sur l’économie de l’éditionisraélienne, disponible début mars prochain, un numéro spécial de La Lettre au même moment surl’édition et les échanges franco-israéliens, et un séminaire les 11 et 12 mars à Paris réunissant unevingtaine de professionnels israéliens et plusieurs dizaines de leurs confrères français.

Au nom de toute l’équipe du BIEF, je voudrais vous adresser nos vœux les plus chaleureuxpour cette nouvelle année qui, je l’espère, vous apportera aussi nombre de satisfactions pourvotre présence à l’international.

Jean-Guy Boin

lettre

En 2008 le BIEF a inscrit dix catalogues à son programme.Ci-contre les cataloguesfrançais-espagnol de livres d’art et d’art de vivre réalisés en 2007.

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décembre 2007 - janvier 2008

Desopérationsconcertées

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au portugal

C’était la quatrième fois que le BIEF, avec l’appui du service culturel de l’ambassade de France sur place, organisait des jour-nées professionnelles entre éditeurs d’art français et européens.Après Amsterdam, Madrid et Munich, c’était au tour deLisbonne de les accueillir les 7 et 8 septembre derniers, dans leslocaux de l’Institut franco-portugais.

Plus qu’un simple séminaire pour approfondir la connais-sance du marché du livre d’art et de ses acteurs dans les deuxpays, ce type de rencontres peut aboutir à des échanges com-merciaux et à la création de collaborations. Elles contribuentdonc à la mise en place d’un réseau dynamique qui, à plus longterme, pourrait constituer un « réseau européen des éditeursd’art ».

Pour ce qui est des relations économiques et culturelles, laFrance se situe environ au troisième rang des partenaires portu-gais. La langue française occupe encore une place de choix auPortugal (les rencontres se sont d’ailleurs tenues en français),bien que l’on observe depuis quelques années déjà le déclin deson enseignement au profit de l’anglais. Dans les librairies, lesrayons d’art proposent en majorité des livres importés, particu-lièrement d’Espagne, d’Allemagne (titres édités en langueanglaise), de Grande-Bretagne et de France.

Outre le principal enjeu de ces rencontres de rendre les colla-borations plus fréquentes dans ce secteur du livre d’art, se posaitla question d’une ouverture vers le marché brésilien.

Les sept éditeurs français qui avaient fait le déplacementreprésentaient la variété des éditeurs de livres d’art de l’Hexagone :éditeurs institutionnels (RMN, éditions de la Villette, éditions du

Centre Georges Pompidou), éditeurs privés indépendants(éditions Molière, La Renaissance du Livre/Les Cahiers ducinéma) et ceux appartenant à des groupes d’édition et de dis-tribution (Groupe Vilo, Goupe le Moniteur). Même répartitiondu coté portugais : représentations institutionnelles, avec laFondation Gulbenkian et l’Institut des arts, les acteurs privés,avec les éditions Chaves Ferreira, Caleidoscopio Editora 90 etArgumentum, et les grands groupes comme Dina Livro etEdicoes 70 (qui appartient au groupe Almedina).

Les éditeurs français présents avaient jusqu’ici assez peu tra-vaillé avec le Portugal et ne connaissaient pas personnellementleurs interlocuteurs portugais ; cela d’autant plus que le secteurde l’édition portugaise connaît actuellement un mouvement derachats et de fortes concentrations modifiant la structure des

L’économie portugaise a connu en 2006 un ralentissement qui a étéégalement observé sur le marché national du livre. Sur les dernièresannées, le taux de croissance du marché est resté légèrement positifet les tendances concernant le secteur au Portugal pour les trois ansqui viennent sont, au dire des professionnels locaux, favorables. L’enviede développer les traductions de livres français est notable sur place.Les deux études thématiques lancées par le BIEF, l’édition d’art auPortugal et celle de jeunesse (à paraître en février 2008) permettent de compléter le travail des professionnels français réalisé lors des deuxrencontres professionnelles à Lisbonne au cours de cet automne.

Jean-Guy Boin

Éditeurs français et portugaisréunis autour du livre d’art à Lisbonneà la recherche d’un terrain commun

le livre

En parallèle à cette rencontre entre éditeurs français et éditeurs portugais organisée par la section Art en septembre 2007, le BIEFa réalisé une enquête sur le marché du livre d’art au Portugal.

Cette enquête présente les principaux acteurs du secteur – éditeurs généralistes, spécialisés, institutionnels –, les grandestendances de la production éditoriale, ainsi que les possibilités de partenariats et de coéditions. Elle recense également les diverscanaux de distribution de ces ouvrages et propose un annuairedétaillé des maisons d’édition et des librairies d’art portugaises.

Conçue pour faciliter les prises de contact avec les éditeurs et les libraires de ce pays, elle est disponible au BIEF pour les éditeursadhérents auprès de Karen Politis, [email protected].

Enquête sur le marché du livre d’art au Portugal

lettreLa2 • décembre 2007 - janvier 2008

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Cette rencontre sera l’un des trois volets du Forum européen de l’essai sur l’art, organisé du 20 au 23 novembre 2008, durantla « Saison de l’Europe en France» (2008/2009). Elle réunira desauteurs, des éditeurs, des directeurs de collection et des rédacteursen chef de revues qui accordent une place privilégiée à l’essai surl’art, qu’il soit le fait de philosophes, de sociologues ou de critiques.Durant trois ou quatre jours, les responsables de maisons d’éditioneuropéennes qui accordent une place privilégiée à l’essai sur l’art– arts plastiques, architecture, théâtre, image, musique et danse –,ainsi que les principales revues de réflexion sur l’art, seront invitésà présenter leurs publications.La programmation de cet événement, dont l’objectif est de faciliterl’émergence de projets de traduction, de diffusion et de coédition,se fera avec le concours des services culturels français à l’étrangeret des services culturels étrangers à Paris et plusieurs dizaines de librairies et bibliothèques en Ile-de-France seront associées à cet événement.Durant ce forum sera lancé aussi un concours européen de l’essai sur l’art sur le thème « Repenser les conditions sociales et économiques de l’art », ouvert à des auteurs originaires de 27 pays européens.Et, troisième volet de ce forum,un colloque auquel participerontd’éminents spécialistes, traitera duthème de « l’Europe, l’invention dela modernite et l’art ».

Les rencontres professionnelles

Une rencontre européenne d’éditeurs d’art en novembre 2008 à Paris

d’art

Association Forum de l’Essai sur l’ArtPrésidente Françoise [email protected]

Les participants portugais• Rosa Maria dos Santos et Paula Amaro, Dinalivro• Dr. Fernando Duval Chaves Ferreira, Chaves Ferreira Publicações• Valérie Suire, 90º Editora • Maria José Verissimo, Instituto das Artes • Joao Dias Carvalho, Centre culturel Gulbenkian • Jorge Ferreira, Caleidoscopio• Monsieur Filipe Jorge, Argumentum • José Pinho, Associaçao Portuguesa de Editores e Livreiros• Joao Paulo Dias Pinheiro et Margarida Dias Pinheiro, Livraria Ferin• Karin Sousa Ferreira, Livraria Buchholz• Pedro Bernardo, Edicoes 70

Les participants français• Sophie Prieto, Réunion des Musées Nationaux • Marc Bédarida, Éditions de la Villette • Frédérique Boutmy et Jean-Philippe Boutmy, Éditions Molière • Christian Voges, Éditions Vilo – Édigroup • Montse Porta, Garzon DIffusion Internationale• Iulian Miron, La Renaissance du Livre / Les Cahiers du Cinéma • Valérie Thouard, Groupe Moniteur • Annie Pérez, Éditions du Centre Pompidou

lettreLa 3décembre 2007 - janvier 2008 •

maisons d’édition et leurs orientations éditoriales. Les éditeursportugais connaissent une période de grand doute pour certainsou, au contraire, de pleine expansion pour d’autres. Ceschangements sont d’autant plus nets que le secteur local del’édition est petit.

La question de savoir si le Portugal peut servir de porte d’en-trée sur le marché brésilien a été rapidement levée. Les éditeursportugais ont clairement exprimé l’ambivalence de leurs rapportsavec leurs homologues brésiliens. En effet, si la langue portugaiseest un moyen de communication orale entre les deux pays, elle sedistingue sur le plan de l’écrit par des différences grammaticaleset des expressions idiomatiques. Ce constat implique la néces-sité de recourir à des contrats de cession de droits distincts.Au-delà de cette divergence purement linguistique, ressort unevolonté de se démarquer culturellement.

La présence, à ce séminaire, de libraires portugais (Bibliothèquede la Fondation Gulbenkian, librairie Ferin, Nouvelle librairie fran-çaise, librairie Buchholz, Dina Livro) a permis de rappeler l’écueilmajeur du livre en français dans le pays : son prix public déjàélevé, augmenté de la tabelle. Autre point plus surprenant, celuiévoqué par Margarida Dias Pinheiro de la librairie Ferin : lacoexistence réussie avec la FNAC. Plutôt perçue par la libraireau départ comme une menace, il s’avère finalement que lalibrairie profite de la clientèle drainée par l’enseigne dans lequartier. Les deux magasins se redirigent même mutuellementles clients lorsqu’ils ne peuvent répondre à une demande.

Les rencontres se sont conclues par des rendez-vous indivi-duels entre éditeurs. « [Ils] étaient fructueux et vont certaine-ment un jour ou l’autre déboucher sur une collaboration »,déclare Christian Voges, du groupe Vilo.

De son côté, João Carvalho Dias (musée Calouste Gulbenkian)constate que « les contacts avec les éditeurs français sont prati-quement inexistants. Je pense que ces rencontres ont commefonction et pour mérite “de nettoyer” le terrain. Toutefois, leurimpact ne peut être mesuré que par les résultats obtenus auniveau de la coopération entre les éditeurs portugais et français, cequi dépendra des propositions concrètes qui vont suivre».

À suivre donc.Laurence Risson

le programme détaillé des interventions peut être consulté sur www.bief.org

Claire Dupuy -Bureau du livre de l’Ambassade

de France - et Sophie Priéto -cession de droits

de la Réunion desMusées nationaux

(RMN)

Annie Pérez des éditions duCentre Pompidou,en discussion avec Valérie Suire,co-fondatrice des éditions 90°à Lisbonne

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bande deslettreLa4 • décembre 2007 - janvier 2008

Deux mois après les rencontres professionnelles « art » à Lisbonne, le BIEF et le Bureau du livre de l’ambassade de France à Lisbonne ont organisé les Journées franco-portugaises du livre de jeunesse et de bande dessinée.

Pour les éditeurs français, dont certains travaillent peuavec ou connaissent mal le Portugal, les rencontres étaientl’occasion de mieux appréhender ce marché et d’étudierles possibilités de collaboration avec leurs homologuesportugais. Sept éditeurs et responsables de droits étrangersfrançais et dix portugais ont participé aux rencontres*.Une sélection d’environ 200 titres d’une quinzaine d’éditeursfrançais était exposée à la Librairie française, située dans leslocaux de l’Institut franco-portugais.

Lors de la matinée de vendredi, les éditeurs portugaisont écouté avec attention les intervenants françaisprésenter la richesse des éditions de jeunesse et debande dessinée françaises. Puis, ils ont présenté leur production et les difficultés qu’ils rencontrent.

En quelques années, le secteur de l’édition jeunesse s’esttrès fortement développé et des maisons d’édition indépendan-tes jeunesse sont nées, comme Kalandraka, dont la maisonmère est espagnole. José Oliveira (Caminho) a rappelé que desrayons jeunesse, qui n’existaient pas il y a vingt ans, ont vu lejour dans les librairies, tandis que la vente de livres dans lessupermarchés s’étaient fortement accrue, soutenant ainsi l’essordu livre de jeunesse. José de Freitas (Devir) indique, quant àlui, que « malheureusement, il n’existe pas de données statis-tiques officielles » mais estime, comme les autres éditeursprésents, à 25 % les livres vendus dans les hyper et supermarchés,à environ 20 % les ventes dans les Fnac et à 20-25 % les venteseffectuées par la chaîne de librairies Bertrand (qui appartient à

Bertelsmann). Il a ajouté qu’au moment où la production afortement augmenté, les tirages ont eux baissé, deux indica-teurs révélateurs d’un marché qui reste malgré tout « étroit ».

Depuis quelques années, le secteur de l’édition au Portugalconnaît une forte concentration. Plusieurs maisons d’éditionont été rachetées par un groupe financier, Media Capital, quien possède également au Mozambique et en Angola. Explora,un autre groupe financier, est également sur les rangs… JoséOliveira, dont la maison d’édition Caminho a été rachetée,indique ne pas savoir « ce qui va se passer pour cette maison »et ajoute que « cette concentration devrait s’accompagnerd’une concentration de la distribution et que les rachats demaisons d’édition ne vont certainement pas s’arrêter là… »

Les éditeurs ont ajouté que, malgré ce fort développement dusecteur jeunesse, il n’existe pas de presse jeunesse au Portugal,même si un petit noyau de critiques voit progressivement le jour.Les auteurs les plus vendus le sont depuis une vingtaine d’annéeset, actuellement, il y a malheureusement peu de nouveauxauteurs. Le renouvellement se fait davantage dans le secteur del’illustration. Depuis 2003, la biennale « Ilustrarte » met d’ailleursà l’honneur l’illustration (www.illustrarte.net).

Au niveau national, la politique d’incitation à la lecture pro-longe les efforts des éditeurs pour que le livre de jeunesse por-tugais continue de se développer. Un plan de lecture (Planonacional de leitura) – une initiative de plusieurs ministères – aété créé il y a plus d’un an et vise à encourager la lecture,notamment au niveau des écoles et des bibliothèques. Des sub-ventions leur sont distribuées pour l’achat de livres « recom-mandés ». José Oliveira (Caminho), José de Freitas (Devir) ouencore Isabelle Buratti (Kalandraka) estiment que ce plan delecture est une bonne initiative pour le Portugal.

À l’inverse, le secteur de la bande dessinée – tous genresconfondus – connaît une crise importante depuis quelques années.

José de Freitas (Devir) a expliqué que dans les années 1980,un seul éditeur, Meriberica, publiait l’ensemble de la productionBD. Deux revues présentaient la production BD : argentine,

Journées franco-portugaises du livre de jeunesse et de bande dessinée

Le secteur jeunesse au Portugal :un marché étroit en évolution

La bande dessinée,les raisons d’un déclin

Les rencontres professionnelles

le

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jeunesse

ssinée

anglo-saxonne, espagnole, etc., dans l’une ; tandis quela BD franco-belge occupait l’intégralité de la seconde,c’est dire le poids du secteur BD ces années-là ! Cesrevues vendues dans les kiosques boostaient la vented’albums dans ceux-ci, mais aussi dans les librairies etles supermarchés. Au début des années 2000, la dis-parition de cet éditeur a permis la création de plu-sieurs maisons d’édition et le développement dusecteur. Les années 2003 et 2004 ont ainsi vu la pro-duction de quelque 300 BD, tirées en moyenne à4 000 exemplaires et vendues dans les kiosques, lessupermarchés et les librairies.

Le marché s’est ensuite effondré, et les éditeursestiment à une petite centaine le nombre de bandesdessinées produites en 2007 (tirées à 1 000-1 500exemplaires). Cette baisse de la production s’estaccompagnée d’une chute significative des ventes,notamment pour la bande dessinée franco-belge.José de Feritas (Devir), PedroSilva (Vitamina BD) et NunoGuedes (Verbo) ont donnéplusieurs raisons à cettecrise : cherté du produit (lelecteur portugais ne voulantpas payer 13 € pour 48 oumême 64 pages) ; disparitionprogressive du lectorat (lelectorat BD a aujourd’hui 50ans, il n’a pas le goût pour lesnouvelles séries et peine à serenouveler) ; genre BD peureconnu, voire mal perçu,autant par les parents que parles enseignants et bibliothé-caires. Lorsque le premiertitre d’une série traduit dufrançais sort, la politique desFnac – consistant à mettreen place de grosses quantitésdes tomes suivants, mais enlangue française – semble éga-lement avoir cassé ce marché.

La visite de librairies lisboètes le samedi – Fnac,Ferin et Bertrand – a largement confirmé les propos dela veille : belle production jeunesse dans des rayonsbien fournis et petite production BD dans des rayonsaux livres abîmés d’être restés trop longtemps sansacheteur…

Anne Riottot

* Éditeurs français : Isabelle Péhourticq (Actes Sud Junior), Amélie Louat(Autrement), Hélène Wadowski (Flammarion Jeunesse), Sylvain Coissard(Gallimard BD / Palette / Paquet), Anne Risaliti (Hatier / Didier Jeunesse),Elsa Giroux (Naïve) et Françoise Mateu (Seuil Jeunesse).Éditeurs portugais : José Oliveira (Caminho), António Bento Vintém(Europress), Ana Paula & Maria José (Gatafunho), José de Freitas (Devir),Isabelle Buratti (Kalandraka), Luís Filipe Cristóvão (Livrododia Editores),José Tavares (Nova Gaia), Rui Brito (Polvo), Nuno Guedes (Verbo),Pedro Silva (Vitamina BD).

ASA II, LisbonneCarlos Araújo, éditeur jeunesse non fiction ([email protected])Maria José Pereira, éditrice BD ([email protected]) - www.asa.pt

Cette maison d’édition (contrainte finalement d’annuler sa participation), rachetée il y a quelques mois par ungroupe financier, Media Capital, connaît des restructurations et une redéfinition de ses politiques éditoriales.Éditeur de bandes dessinées (Astérix, Lucky Luke, Vieux fou (Delcourt), Gipsy, Rapaces, 7 vies de l’épervier…)et de livres de jeunesse pour tous les âges : du livre bain aux coloriages, albums, documentaires…).

BOOKTREE, LisbonneYashmin Gonçalves ([email protected]) - www.booktree.pt

Petit éditeur qui publie des ouvrages pour la jeunesse et quelques BD, surtout d’humour, telles queGarfield ou Agent 212, mais aussi Peter Pan, Golden City, Dexter London, Aldebaran. (Voir encadré)

CAMINHO, CacémJosé Oliveira ([email protected]) - [email protected] - www.editorial-caminho.pt/Rachetée récemment par Media Capital, la politique éditoriale de cette maison d’édition est en pleineredéfinition. Bel éditeur jeunesse, albums et non fiction, avec une politique qualitative plutôt progressiste.

LIVRODODIA, Torre VedrasLuis Filipe Cristovao ([email protected]) - [email protected] - www.livrododia.com.ptÀ l’origine petit groupement de librairies, Livrododia débute une activité éditoriale. Centré au départ surdes thèmes régionaux, son catalogue s’ouvre dorénavant sur l’adulte et la jeunesse (Livrododia vientd’acheter un titre de Delerm).

KALANDRAKA, LisbonneIsabelle Buratti ([email protected])www.kalandraka.pt

C’est un très bon éditeur jeunesse publiant des albums de qualité.Filiale de Kalandraka (Espagne), dont ils diffusent certains titres engalicien (langue proche du portugais), cette maison est distribuéepar Bertrand, qui effectue, selon Isabelle Buratti, 30 % des ventesde la maison, le reste étant vendu en direct par une petite équipede trois ou quatre vendeurs qui assure la distribution directe auxlibraires, aux écoles et aux bibliothèques.

VITAMINA BD / BD MANIA,LisbonnePedro Silva ([email protected])

www.bdmania.pt/vitaminabd.htmVitamina BD a une activité d’édition en BD et jeunesse, ainsi qu’uneactivité de libraire depuis treize ans, avec BD Mania.Depuis 2000, cette maison d’édition a publié une centaine de titres,dont 80 % de BD françaises. La distribution, jusqu’ici assurée endirect par Vitamina, le sera bientôt par Bertrand, notamment pourle réseau des librairies généralistes. Cet éditeur achète peu de droitset fonctionne presque exclusivement en coproduction.À noter : Pédro Silva aimerait pouvoir créer un magazine de BDavec l’aide des éditeurs français, afin de remettre la BD françaiseau goût du jour.

EDIÇOES POLVO, LisbonneRui Brito ([email protected])La maison d’édition Polvo est née en 1998 et a notamment publiéPersépolis, Tardi, Isaac le Pirate… Rui Brito, à la fois éditeur et biblio-thécaire, souhaiterait relancer des projets de BD française de qualitéen 2008, avec l’apport de José de Freitas, qui quittera prochainementDevir pour de nouveaux horizons…

DEVIRJosé de Freitas ([email protected])Éditeur de jeux à l’origine, Devir a démarré depuis 1999 une activité d’éditeur de BD. Il dresse un tableautrès pessimiste de l’avenir de la bande dessinée au Portugal, en recul, surtout la BD française, car les lecteurstraditionnels, liés à la francophilie, ne sont pas du tout renouvelés. Les expériences de nouvelles séries BDtraduites du français se sont toutes révélées infructueuses. En revanche, il estime que le roman graphiquepourrait sans doute attirer un nouveau lectorat.

VERBO, LisbonneNuno Guedes ([email protected])Cet éditeur jeunesse et BD a publié de « gros » titres comme Tintin ou Martine. Pour Nuno Guedes, la BDn’a pas bonne presse auprès des enseignants portugais, et n’est donc pas présente du tout au niveau desécoles. Par ailleurs, aussi bien en BD qu’en jeunesse, il existe deux freins par rapport aux œuvres françaises :la télévision portugaise ne diffuse pratiquement que des programmes sous licences japonaises et anglo-saxonnes et l’école favorise, de son côté, uniquement les auteurs portugais.

EUROPRESS, Lisbonnewww.europress.pt / [email protected] - [email protected]

Les responsables de cette maison d’édition étudient actuellement la possibilité de créer ce département.

Anne Riottot et Sylvain Coissard

Sur un marché si vaste – nous sommes quoti-diennement «bombardés» par de nouvellespropositions, de nouveaux auteurs – ce genre

de rencontre personnalisée permet une vision plusattentive et une période de réflexion plus fine, dansune ambiance de travail parfaitement décontractée,qui nous fait prendre en considération de nouvellespossibilités, de futurs projets.Projets qui passeraient inaperçus dans « l’océan »de catalogues et d’interminables listes de titresauxquels nous avons accès lors des foires interna-tionales habituelles (Francfort, Bologne, etc.). En cequi concerne notre maison d’édition – Booktree –,la presque totalité du catalogue est composée detitres d’auteurs étrangers traduits. D’où l’impor-tance pour nous, en ce qui concerne l’acquisitiondes droits de nouveaux titres, de maintenir uncontact avec les éditeurs étrangers, toujours à larecherche de nouveautés éditoriales de qualité,bien pensées et bien conçues, que nous puissionsprésenter sur notre marché national, autant pourun public jeunesse que pour d’autres catégoriesde lecteurs.

Yashmin Gonçalves»

«

Portraits des éditeursportugais présents

le programme détaillé des interventions peut être consulté sur www.bief.org

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lettreLa6 • décembre 2007 - janvier 2008

Le dialoguefranco-roumain

Les représentants de six maisons d’édition françaises – Gallimard, Actes Sud,Denoël, Le Seuil, Fayard, Stock – et la traductrice Laure Hinckel étaient venuséchanger avec leurs homologues roumains de Polirom, Humanitas, Est, Trei,Art. C’était une bonne occasion pour que se rencontrent en direct des personnesqui travaillent parfois ensemble depuis quelques années, sans se connaître.

La rencontre a débuté par une présentation de l’édition en France, effec-tuée par Jean-Guy Boin, directeur général du BIEF, qui a rappelé que le livreest la première industrie culturelle du pays, devant le cinéma et le disque, etqu’en dix ans les ventes du secteur ont augmenté de 45 %, tandis que lespublications connaissaient une hausse de 83 %. Alexandru Calinsecu, pro-fesseur à l’université de Iasi et journaliste, a dressé lui un panorama del’édition en Roumanie, en l’absence actuelle d’outils statistiques et de donnéesfiables. En complément, le service culturel de l’ambassade de France avaitréalisé un long travail de prospections, d’analyses et d’entretiens sur le sujet,qui a pu être distribué aux éditeurs présents (voir encadré page suivante).

Record d’affluence

pour la 14e éditionde la Foire de

Gaudeamus

Organisée conjointement par l’Institut culturel roumain et l’ambassade de France en Roumanie, une rencontre entre éditeurs roumains et français s’est déroulée les 19 et 20 novembre 2007 parallèlement à la Foire de Gaudeamus.

•Lieu : le Pavillon central du Parc des expositions Romexpo.• Superficie de la foire : 10 000 m2

• 450 exposants dont 170 roumains, représentantquelques-uns des segments les plus importants du secteurde l’édition et de l’éducation• Le programme des manifestations incluait plus de 450événements, organisées dans plusieurs espaces aménagésdans l’enceinte du pavillon ou sur les stands des éditeurs.• 96 000 visiteurs ont franchi la porte de la Foire du LivreGaudeamus

La participation del’Ambassade de FranceL’Ambassade de France, aidée par le Bureau internationalde l’Édition française et la librairie NOI, proposait aupublic une sélection de plus de 800 titres francophones :romans, documentaires, bandes dessinées, livres pour lajeunesse et beaux livres. L’engouement du public pourles livres pour enfants et les bandes dessinées s’est faitressentir dès les premiers jours de la Foire. Le standexposait vingt planches originales extraites de Travesti ,l’adaptation graphique d’Edmond Baudoin du roman deMircea Cartarescu récemment publiée par l’Association.Deux autres espaces étaient organisés : l’un, permettantde mettre en avant les activités de l’Institut Français deBucarest et l’autre, contenant les romans des auteursfrançais invités par l’ambassade : Régis Jauffret,Laurent Graff et Philippe Claudel, dont les romans traduitsen roumain ont été lancés à cette occasion. En collaborationavec leurs éditeurs roumains respectifs : RAO, Humanitaset Polirom, le poste a établi pour chacun d’entre eux uncycle de rencontres et d’interventions à Bucarest ainsi quedans d’autres villes du pays.

Les ventes effectuées et la forte fréquentation des visiteurssur l’espace livres de l’Ambassade de France font de laFoire du livre Gaudeamus un événement important auquell’ambassade de France entend participer de nouveau en2008. Pour la 15e édition de cette foire, cette Ambassade,grâce à une collaboration accrue avec le BIEF, doublerala surface de son stand et offrira en conséquence unesélection d’ouvrages plus grande et plus variée.

14e Foire du livreGaudeamus21-25 novembre 2007

Une édition très dynamique

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lettreLa 7décembre 2007 - janvier 2008 •

Odile Serre, directrice éditoriale au Seuil (l’éditeur deNorman Manea), a évoqué la présence des auteurs roumainstraduits en France, à un rythme constant mais faible de six àsept publications par an : Cartarescu (Denoël), Mihail Sebastian(Stock), Gabriela Adamesteanu (Gallimard), Dan Lungu(Chambon), Florin Lazarescu (Éditions des Syrtes)… Laprésence du livre français traduit en roumain est plus forte eten croissance : environ 300 titres sur un total de 11 000 publi-cations annuelles. La Roumanie apparaît ainsi comme le pre-mier pays d’Europe centrale en termes d’achats de droitsfrançais en 2006 (source : Centrale de l’Édition).

Faire entendre les nouvellesvoix littéraires roumaines

L’après-midi du 19 novembre fut consacré à une rencontreentre écrivains roumains : Ana Maria Sandu, Ion Manolescu etAnnie Bentoiu étaient censés faire entendre des voix littérairesroumaines encore méconnues en France. Mais la forme choisie– faire parler des écrivains de leurs propres écrits à de potentielséditeurs étrangers, plutôt que des critiques littéraires, par exemple– a rendu l’exercice incertain car, on le sait, les créateurs nesont pas toujours les mieux placés pour décrire leur ton et leurunivers. L’éditeur Samuel Tastet (éditions Est) et AncaBaicoianu, éditrice chez Polirom, les ont relayés pour exprimerque « ce sont des voix qui osent, qui travaillent sur l’identitécomme sur la langue et, même si elles utilisent le « je » commenarrateur, elles ne sauraient être réduites à l’autofiction, un genrequi ne s’exporte pas très bien. Face à ces écueils, une lecturefinale d’extraits aurait pu livrer aux auditeurs un peu de l’essencedes livres de ces trois écrivains. Gageons que le professionna-lisme et la curiosité des éditeurs français donneront certainementlieu à des contacts ultérieurs plus constructifs dans les prochainsmois. D’autant plus qu’un catalogue présentant une vingtained’auteurs roumains (dont Ana Maria Sandu et Ion Manolescu) etdes fragments traduits a été réalisé et remis à chacun des invités àl’occasion de ces rencontres.

Le modérateur a ensuite abordé le sujet des prix littéraires,synonymes en France des meilleures ventes, dont on pourraitregretter l’absence en Roumanie. Olivier Rubinstein, directeurdes éditons Denoël, a relativisé le mythe d’une France où les

auteurs vivraient riches et heureux : 80 % des premiers romansen France se vendent à moins de 1 000 exemplaires, seulement20 000 personnes (sur une population de 66 millions d’habi-tants) constituent le noyau dur des lecteurs. Les très grossesventes occasionnées par certains titres – L’Élégance du hérissonde Muriel Barbery ou Les Bienveillantes de Jonathan Littell, parexemple – ne représentant qu’une part infime de la productionlittéraire française, a-t-il rappelé.

Les tables rondes du mardi 20 novembreont été consacrées aux programmes d’aide dela France et de la Roumanie, mis en place parl’Institut culturel roumain et l’ambassade deFrance. Les modules de l’ICR, présentés par laresponsable du Centre du livre de l’ICR (crééil y a six mois), développent deux program-mes d’aide à la traduction : TPS et « 20auteurs ». L’ICR vient de lancer le programme« Publishing Romania », qui offre un finan-cement aux revues européennes souhaitantpublier des articles sur la culture roumaine.

Parallèlement, l’ICR organise à Mogosoia des sessionsde cours destinées aux traducteurs étrangers. Laure Hinckel,traductrice française, a souligné l’importance des résidences detraducteurs, en France comme en Roumanie, qui permettent desuivre au plus près les évolutions constantes de la langue. Lesdifférentes formes de soutien français, exposées par le Bureaudu livre de l’ambassade de France, comprennent, quant à elles,un programme d’aide à la publication qui finance chaque annéeune partie de la traduction et de la publication d’une cinquan-taine de titres d’auteurs français, ainsi que des bourses de séjourà la traduction et des invitations d’auteurs français.

La rencontre s’est clôturée par une table ronde thématiqueconsacrée à la traduction des jeunes auteurs français et roumains,dont la représentativité dans les deux pays n’est pas égale. LaRoumanie souffre d’un manque cruel de traducteurs français.Laure Hinckel, traductrice de Cecilia Stefanescu et de Dan Lungu,est l’une des rares personnes à s’atteler à cette délicate tâche. Satraduction du succès de Mircea Cartarescu, De ce iubim femeile,est très attendue (parution chez Denoël en 2008).

Fanny Chartres Responsable du Bureau du livre

Étude sur le marché du livre en RoumanieRéalisée par le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Bucarest, cette étude a pour projetd’offrir des éléments d’éclairage et d’analyse sur le secteur de l’édition en Roumanie. Elle s’appuie sur un travail documentaireet des entretiens avec quelques-uns des principaux professionnels.

Quelques données extraites de cette étude :• 990 éditeurs considérés comme actifs, dont 200 publient plus de 10 livres par an.• Chiffre d’affaires global du secteur : 50 millions d’euros en 2006• 5 grands éditeurs dont le CA est supérieur à 2 millions d’euros : Polirom, Corint, Humanitas, Rao et All• 14 000 titres publiés en 2006, avec un tirage moyen de 12 000 exemplaires et une augmentation importante du nombre de

titres de littérature• le livre pour la jeunesse constitue avec le livre pratique (auto-formation développement personnel) le secteur le plus porteur• les livres scolaires et parascolaires représentent 41% des ventes devant les sciences humaines et sociales(15%) et la

littérature (12%)

Les rencontres professionnelles

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Regards surles manifestations

lettreLa8 • décembre 2007 - janvier 2008

Foire du livre de Séoul 1er – 6 juin 2007

Les éditeurs coréens toujours demandeurs

Organisée par l’Association des éditeurscoréens, la Foire a accueilli plus de 300éditeurs locaux ainsi que des représen-tations de 24 pays étrangers.

La sélection du BIEF et le cataloguejeunesse 2007 étaient présentés sur lestand français, idéalement situé à l’entréede la foire. Par ailleurs, cinq maisons

les titres de jeunesse et de BD ainsi queles livres scolaires et de référence sontfortement appréciés. Les traductionsreprésentent un tiers des titres publiéschaque année, et la France bénéficie d’unstatut privilégié avec plus de 700 titrestraduits par an, d’après les informationsrecueillies par l’ambassade.

En ce qui concerne les cessions desdroits, la place des agents semble essentielle,comme le signale Évelyne Le Bourse, deséditions Larousse (voir encadré ci-contre) :

Avec plus de 260 000 visiteurs et deséditeurs toujours demandeurs et curieuxde la production française, la Foire du livrede Séoul est un rendez-vous incon-tournable pour les éditeurs français quis’intéressent à l’Asie. De plus, en 2008,l’Association internationale des éditeurs(IPA) tiendra son assemblée générale àSéoul entre les 12 et 15 mai, au mêmemoment que la foire.

Heber Ostroviesky

d’édition françaises avaient fait le dépla-cement : Larousse, Nathan, Autrement,Seuil jeunesse et Viviane Hamy.

Des rencontres professionnelles avec leséditeurs coréens, organisées en partenariatavec les services culturels de l’ambassadede France à Séoul, ont suscité un grandintérêt. En effet, une soixantaine de profes-sionnels coréens ont assisté au séminairequi portait sur l’édition en France et enCorée et réunissait, les maisons localesDolbegae, Chanbi et Maumsanchaek etfrançaises Autrement, Seuil jeunesse etViviane Hamy. Fortement mobilisés, lesservices culturels de l’ambassade de Franceà Séoul avaient également invité lesauteurs Jean-Noël Pancrazi et DominiqueSylvain à participer à des tables rondes.

La bonne situation du stand du BIEF,tenu en partenariat avec la librairie Kyobo,a permis de toucher le public francophoneet francophile, venu nombreux consulteret acheter les ouvrages exposés. En Corée,

■ Le BIEF : Pouvez-vous expliquer l’intérêtpour vous et pour Larousse, bien sûr, d’êtreprésente à cette foire depuis plusieurs années? ■ Évelyne Le Bourse : Les éditeurs coréensapprécient d’une façon générale les ouvragesLarousse, que ce soit des ouvrages de jeunesseou des ouvrages de référence pour adultes grandpublic.Les éditeurs coréens cherchent toujours ungrand nombre de titres de jeunesse et, engénéral, ils suivent leurs partenaires dans leurscollections.

■ Quelle part représente la traductiond’ouvrages vers le coréen dans votre cata-logue de droits ?■ É. L. B. : En 2006, sur plus de trois centscessions conclues, quinze titres ont été vendusen Corée, dont onze titres en jeunesse, un titred’art, un titre d’histoire, un titre de psychologieet un titre d’activités.

En 2007, sur plus de trois cents cessions, trentetitres vendus en Corée, dont onze titres de réfé-rence pour adultes, dix-huit titres jeunesse et untitre d’activités.

■ Les projets se concrétisent-ils lors de laFoire de Séoul ou lors d’une grande foire dedroits comme Francfort, par exemple ? ■ É. L. B. : La concrétisation ne se passe pasobligatoirement dans une foire du livre. La Foirede Francfort est davantage dédiée à la présen-tation des nouveautés et des projets. Les négo-ciations se déroulent entre les foires.

■ Quel est le rôle des agents ?■ É. L. B. : Les agents prennent connaissancede nos catalogues, de nos ouvrages parus et denos projets, puis les présentent à leur tour auxéditeurs coréens. Ils participent à la discussion età la négociation des droits et perçoivent, pour cefaire, une commission. Ils sont très nombreux etla concurrence entre eux est rude. Ils sont de cefait plutôt très réactifs.

■ Comment pourrait-on définir le marchécoréen par rapport aux autres marchésd’Asie (similitudes et différences) ?

Évelyne Le Bourse, responsable des droitsétrangers chez Larousse,est une fidèle de la foire coréenne.

■ É. L. B. : Un marché toujours demandeur ettrès ouvert. La relation avec les agents est plusoccidentale dans la façon de travailler qu’avecles éditeurs des autres pays d’Asie. Les éditeurscoréens sont plutôt rapides à prendre des déci-sions, qu’elles soient positives ou négatives. Ilest probable que le travail très actif des agentscontribue à cette rapidité de prise de décision.

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Foire du livre du Cap

La Foire dulivre de Tokyo

lettreLa 9décembre 2007 - janvier 2008 •

Regards sur les manifestations

16 - 19 juin 2007

5 - 8 juillet 2007

16 000 visiteursdès le premier jour

«Peu tournée versl’international»

Plus d’espace,plusde participants

Pour sa deuxième édition, la Foire dulivre du Cap a confirmé son succès de l’anpassé. Dès le premier jour, ce sont plus de16 000 visiteurs qui ont investi les halls et,à la clôture de ce salon, c’est plus de 49 000visiteurs (contre 26 000 en 2006) qui sontvenus à cette manifestation, se voulant à lafois un évènement littéraire grand publicmais aussi un lieu de rencontres entreprofessionnels de l’édition. À noter qu’unpourcentage important de ces visiteursvient du monde de l’éducation et quel’entrée était gratuite pour les étudiants etles enfants.

Organisée par l’Association des édi-teurs sud-africains (PASA), en partenariatavec la Foire du livre de Francfort et avecle soutien de l’événement par le SundayTimes, la foire sud-africaine a accueilli lesprofessionnels venus de 33 pays (dont 18d’Afrique) en doublant sa superficied’exposition. «Nous avons beaucoup plusde participants de pays d’Afrique que l’anpassé et notre volonté est de faire croîtrecette participation», indiquent les organisa-teurs. Cet espace supplémentaire a permisaussi d’organiser davantage d’évènementspour le grand public (470 animations autotal), notamment autour de la littératurede jeunesse. Un focus particulier sur la« Nelson Mandela Foundation » a mis enavant tous les ouvrages sur le et du premierprésident noir d’Afrique du Sud, à traversl’organisation d’une série de conférencessur le thème «Dialogue and Memory».

244 auteurs ont participé à 373 sémi-naires. « Les interventions de l’avocat sud-africain des droits de l’homme GeorgeBizos, parlant de sa biographie, du célèbre

écrivain pour la jeunesse britanniqueAnthony Horowitz, sur sa façon d’écrire,ou encore de l’écrivain irlandais à succèsMarion Keyes ont fait salle comble etn’ont pu accueillir l’ensemble du publicintéressé », déclare la directrice de la foire,Vanessa Badroodien.

Une très bonne fréquentation sur lestand France (20 m2 de plus qu’en 2006),où était exposée la sélection 2007 de plusde 1 500 ouvrages. La vente des livres aupublic sud-africain, assurée par la librairieallemande Ulrich Naumann, s’est effectuéeles deux derniers jours de la foire. Les livresnon vendus ont été donnés à l’Alliancefrançaise du Cap et à une association,Biblionef South Africa, spécialisée dans lesdons de livres pour enfants vivant dans lestownships mais aussi pour les réfugiésd’autres pays d’Afrique francophone.

La Foire du livre du Cap continue sondéveloppement et envisage de s’agrandirencore pour 2008. À l’écoute des profes-sionnels présents, Vanessa Badroodiena déclaré que « pour l’édition 2008, lapremière journée leur sera exclusive-ment réservée ». Le BIEF reconduit saparticipation pour 2008.

Christine Karavias

Profil des visiteurs : 42 % personnes venant du monde de l’éducation,16 % bibliothécaires, 12 % libraires et éditeurs, 2 % traducteurs.

Cela fait quatre ans que le BIEF estprésent sans interruption à la Foireinternationale du livre de Tokyo (TIBF).Les rencontres professionnelles en scienceshumaines et sociales organisées en 2003avaient montré combien les profes-sionnels japonais s’intéressent à la produc-tion éditoriale française. Néanmoins, notreprésence au Salon depuis 2004 n’a fait queconfirmer l’importance mais également lesdifficultés d’un marché japonais difficile àpénétrer et, sauf exceptions, peu tournévers l’international. Le BIEF envisage pour

l’année 2008 des actions plus ciblées,dans les domaines de l’art de vivre, de laBD et du livre de jeunesse.

Les acteurs majeurs de l’édition asia-tique, libraires et importateurs japonaiset ceux des pays voisins, assistent auTIBF en grand nombre chaque année.Néanmoins, la foire laisse peu de placeaux représentations internationales. En2007 les organisateurs du TIBF ont misl’accent sur la création d’un « rights club»,afin de motiver les éditeurs étrangers àfaire le déplacement. Malheureusement,les éditeurs japonais ne se sont pas prêtésau jeu, car ils préfèrent avoir des contactsdans leur maison d’édition, en étantaccompagnés de leurs agents. Onze agen-ces se partagent les négociations des droitsétrangers. En ce qui concerne le livre fran-çais, le Bureau des copyrights français(BCF) occupe évidemment une placeessentielle, mais d’autres comme Tuttle-Mori ou même The English Agency s’inté-ressent occasionnellement à des ouvragesprovenant de la France.

En revanche, la présence des profes-sionnels du reste de l’Asie, en particulierde Corée, de Chine et de Taïwan, estsignificative, et ils étaient nombreux surnotre stand à la recherche de nouveauxtitres pour leurs catalogues. Par ailleurs,55 000 visiteurs ont arpenté les allées duTIBF et les visiteurs du stand françaisétaient principalement des Japonais fran-cophiles, très attirés par les titres d’art devivre, de jeunesse et de BD. Nous avonségalement accueilli des enseignants etdes universitaires japonais francophonesà la recherche d’ouvrages de philosophieet de littérature française contemporaine.

En espérant renforcer notre collabo-ration avec nos partenaires sur place,nous envisageons pour l’année prochaineune mission de prospection dans ledomaine de l’art de vivre. Par ailleurs,les services culturels de l’ambassade deFrance à Tokyo cherchent à développerdes actions mettant en valeur le livre dejeunesse et la BD.

Heber Ostroviesky

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Le Salon du livre de Hong Kong a drainé, cette année encore, un large public et confirmé l’intérêt que lui portent les Hong-Kongais. Du 18 au 24 juillet,760 000 visiteurs (+8,5 % par rapport à l’an dernier) ont parcouru les 5 hallsrésolument destinés à la vente des livres.

La France présentait dans le hall international un stand de 36m2, organisé conjoin-tement par le Consulat de France, la librairie française Parenthèse et le BIEF. Cetteannée, les auteurs-illustrateurs d’univers graphiques très variés animaient chaque jourle stand par des séances de dédicaces.

Charles Berbérian (Les Humanoïdes associés, Naïve Livres), Fabienne Burckel(Seuil), Philippe Franck (Dupuis), Viravong et Bandini (deux jeunes bédéistesCasterman préparant actuellement un ouvrage sur la Chine et Hong Kong) ont par-tagé les secrets de leur travail et de leur passion, lors d’une activité avec les élèves del’Alliance Française d’abord, puis lors de la journée France, dont l’après-midi étaitconsacrée aux auteurs français. La matinée de ce French Day portait sur les échangeset informations aux professionnels. Après une présentation du BIEF et de ses activitésen Chine, Edmund Lee (Les Humanoïdes associés) est intervenu sur les échanges dedroits entre la France et la Chine dans le domaine de la bande dessinée. Enfin, NadiaGibert et Nicolas Finet des éditions Casterman ont illustré un exemple de « regardcroisé» franco-chinois avec un ouvrage collectif de BD actuellement en préparation.

Les éditeurs français de jeunesse présents à Hong Kong l’an passé l’avaient déjàexprimé : la production hong-kongaise dans le secteur éditorial de la jeunesse diffèrefortement de la nôtre, et ces différences handicapent les échanges. Le public étantencore fort attaché à un développement personnel par une éducation académique(cours de langues et divers apprentissages dès le plus jeune âge), les livres pourenfants ont un caractère très didactique et laissent peu de place à l’imagination ou àl’esthétique comme le font les ouvrages français.

En termes d’export, à la barrière culturelle s’ajoute une barrière financière : en effet,l’attention apportée par les Hong-Kongais à la qualité des ouvrages pour enfants étantmoindre, les prix le sont dans la même mesure. Le Salon du livre est un événement oùl’on peut acheter à prix réduit et que la population perçoit comme tel. Il n’est donc pasun moment à privilégier pour une sélection de titres français dont le prix détonne dela moyenne. Malgré la variété des ouvrages présentés sur le stand et la collection delivres jeunesse qui accompagnait le catalogue BIEF franco-anglais, le public est doncpeu sorti des grands classiques comme Tintin, Le Petit Prince, le Petit Nicolas, ou desouvrages de FLE.

Le bilan après quatre ans de participation au Salon est donc relatif. C’est pour-quoi le BIEF et ses partenaires sur place organiseront en 2008 une intervention sousune autre forme: une exposition-vente d’ouvrages d’art et d’art de vivre dont les thé-matiques et les spécificités sont plus en accord avec le marché local. Celui-ci demeureintéressant en termes de pouvoir d’achat et de population (très internationale) et faitfortement écho à ces thématiques, d’ailleurs très françaises. Ainsi, pendant le FrenchMay, cette exposition-vente aura pour but de présenter la production éditorialefrançaise autour des thèmes comme la gastronomie, l’œnologie, le design, l’art de latable ou le patrimoine. Elle aura lieu entre le 20 mai et le 2 juin 2008.

Créé en 1993 à l’initiative du Consulat Général de France, le French May, qui durepourtant quelque six semaines, est un festival qui présente la culture française. Il a sus’imposer parmi les grands rendez-vous de l’année à Hong Kong. Laurence Risson

Le dialogue en ligne entre l’édition française et chinoise

Le site FULEI estconstitué d’une basede données biblio-graphiques, qui apour ambition derecenser les livres

traduits du français vers le chinois et publiéspar des éditeurs chinois de Chine continen-tale depuis la fin du xixe siècle (environ4 000 titres). Cette base recense égalementles traducteurs chinois par discipline et lesmaisons d’édition françaises et chinoises pardomaine de spécialité.C’est aussi une plate-forme visant à informerla chaîne des acteurs concernés – éditeurs,auteurs, traducteurs français et chinois – desaides proposées par l’ambassade de Franceen Chine et le Centre national du livre.Elle renseigne aussi sur les événementslittéraires organisés par les services de l’am-bassade en Chine et sur les nouveautés enfiction.Par ailleurs, le Plan d’aide à la publication(PAP) FULEI est un outil destiné aux éditionschinoises publiant des œuvres traduitesde la langue française, coordonné par leservice Livre de l’ambassade de France, quipropose aussi deux formations annuellesdes traducteurs chinois, dont les appelsd’offres sont mis à jour sur le site FULEI. Ànoter que le CNL offre aussi, de son côté,une aide aux traducteurs chinois.

L’accroissement de la fréquentation du sitemontre qu’il est déjà devenu un outil privi-légié de communication entre professionnelsdu livre français et chinois.Il est amené à se développer avec, entreautres, l’inscription en ligne de titres paruslors des six derniers mois dans différentsdomaines, aussi bien chez les éditeursfrançais* que chinois, et la mention desaides proposées pour la traduction en chinoisd’œuvres françaises.

D’après des informations fournies par Christine Cornet,

attachée culturelle, Service de coopération et d’action culturelle

de l’ambassade de France en Chine – qui coordonne l’ensemble du programme et du site FULEI.

* Les éditeurs français intéressés peuvent écrire à l’adresse e-mail suivante : [email protected]

lettreLa10 • décembre 2007 - janvier 2008

www.fulei.org

Foire internationale du livre de Hong Kong

18-23 juillet Un French Day très animé

Une différence culturelle qui limiteles perspectives d’échanges

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Regards sur les manifestations

■ Le BIEF : Quels changements ou quellesconstances avez-vous notés d’emblée ?■Paul Garapon : Mon second séjour a confirmémes impressions premières. C’est un pays en muta-tion (depuis les effets engrangés par l’évolution deDeng vers l’« économie socialiste de marché » ettrente années d’industrie pour le monde entier à prixcassés), qui évolue vite mais dont l’accès reste diffi-cile. Nous sommes loin d’avoir toutes les clés decompréhension de cet empire, même si j’ai sentil’effervescence engendrée par l’imminence des JO,plus de décontraction de la part des éditeurschinois et une certaine liberté de parole qui ne serévèle toutefois que dans un contexte off. On atoujours l’impression que nous sommes face àdeux mondes : l’officiel et les coulisses. Mais lesévolutions sont notables.

■ Lors du séminaire, vous avez présenté unesynthèse des courants français en scienceshumaines et sociales et de leurs évolutions .Quels sont les domaines qui suscitent le plusd’intérêt auprès des Chinois ?■ P. G. : Je distinguerai tout d’abord et très nette-ment la philosophie : non seulement tous les auteursfrançais du structuralisme et du postmodernisme,regroupés par les Américains sous l’étiquette deFrench Theory – la Chine n’échappe pas à la noto-riété mondiale de penseurs comme Foucault,Derrida, Deleuze –, mais aussi des classiques des XIXe

et XXe siècles comme Bergson ou Bachelard. Autresdomaines qui les intéressent, la sociologie(Durkheim, Mauss…) et l’histoire ; nous leur avonscédé cette année les droits de Qu’est-ce quel’Occident ?, de Philippe Nemo, l’un de nos inédits«Quadrige» qui connaît de très nombreuses traduc-tions. Cet exemple est représentatif d’un phéno-mène propre à la Chine : la formation d’une écolehistorique exigeante, laquelle entraîne une politiqued’acquisition de livres de référence et de livres criti-ques. Une telle tendance suit celle qu’ont connue leJapon et la Corée du Sud, et je crois que tous les édi-teurs l’ont enregistrée commercialement en droitsétrangers. Il ne faut cependant pas omettre lessciences politiques, dont les thèmes privilégiés res-tent ceux des théories marxistes ou postmarxiennes(encore assez peu altermondialistes, pourtant) –mais le marché chinois réserve des surprises…Toutefois, reste encore méconnu aujourd’hui tout un

pan de notre catalogue qui mériterait d’êtreexploité : les Chinois s’intéressent de près à l’histoireoccidentale ancienne et à notre philosophie dessciences contemporaines (de Gaston Bachelardjusqu’à Dominique Lecourt en passant par GeorgesCanguilhem). Ce que l’on a appelé, non sans raison,l’« école épistémologique française » gagnerait àavoir plus de lisibilité en Chine.

■ Selon vous, quels ont été les points fortsdu séminaire ?■ P. G. : Au-delà de l’occasion de retrouver nosconfrères chinois rencontrés en 2005, la grandeopportunité de ce séminaire a tout d’abord été,assez curieusement, d’aller à la rencontre des cher-cheurs français in situ, notamment ceux du CEFC(Centre d’études français sur la Chine contempo-raine), qui publient l’excellente revue Perspectiveschinoises, et de l’antenne de la FNSP (Fondationnationale des sciences politiques)… Avec eux, on apu examiner de manière très précise l’état de leursrecherches en Chine et de celles des intellectuelschinois, bien entendu. Étaient aussi présents lesprescripteurs chinois des livres de SHS : ainsi, unprofesseur de philosophie traducteur de Sartre ouun professeur d’histoire contemporaine spécialisésur la France depuis 1945, tous deux de l’universitéde Béda (Pékin). Ce sont ces professeurs qui vontsouligner pour les éditeurs chinois l’importance detraduire tel ou tel titre.Autre aspect essentiel de cette rencontre : la confir-mation que la fascination des Chinois pour lesÉtats-Unis a des limites, pour eux qui sont mêmeallés jusqu’à connaître la pensée française par destraductions depuis la langue anglaise. Aujourd’hui,les Chinois sentent qu’en SHS il est sans doutebon de retourner aux sources européennes et, ence sens, la France est un pays « politiquementproche » de par son passé révolutionnaire. LesChinois souhaitent éviter un face-à-face intellec-tuel (il est déjà industriel et commercial…)avec les Américains, qui tout à la fois les fascinentet les effraient. L’Europe – la France, mais aussil’Allemagne, très présente en Chine, et, dans unemoindre part, l’Italie – apparaît, à l’international,comme une troisième voie souhaitable : les idéeseuropéennes sont multiples et non hégémoniques(nous avons à peu près tout connu), à la différencede l’Amérique, qui n’offre de choix qu’entre un

libéralisme, qui leur est idéologiquement pénible,et un gauchisme de pays avancé, qui leur reste lar-gement étranger. D’autant que leur souhait le pluscher est de reconstituer l’empire du Milieu (c’est-à-dire le Centre, voire le Monde), après quelquecent cinquante petites années de faiblesse ayantprofité aux colons occidentaux.Pour en profiter en SHS, il faudrait sans doute quenous abandonnions cette tendance à l’opportu-nisme que pratiquent chacun pour soi lesEuropéens, et donc sans les bénéfices communsd’une possible mutualisation des efforts. LesAllemands ont en Chine la capacité de mettre enplace de lourdes stratégies tournées vers le grandpublic, dans la foulée desquelles ils réussissent àvendre les SHS. Du côté français, nos grands grou-pes n’ont pas encore franchi le pas… Nous comp-tons donc sur les échanges universitaires pourfavoriser des échanges intellectuels équitables,mais sans en avoir les moyens. Forts de ce constat,il serait à mon sens positif d’envisager un systèmede représentation et de présence de l’édition intel-lectuelle de haut niveau à l’échelle européenne,qui concerne pour beaucoup l’édition indépen-dante – je pense aux PUF, bien sûr, mais égale-ment à de nombreuses autres maisons, petites,moyennes ou plus grandes. Encore faudrait-il unevolonté politique avec la mise en place, à l’échelleeuropéenne, de programmes d’échanges, de bour-ses de traduction/perfectionnement en SHS (le sys-tème des bourses Fuleï doit être approfondi),d’incitation pour les études de langues et de civili-sations… Dans un pays aussi institutionnalisé quela Chine sur le plan des échanges intellectuels, onne peut se passer d’une coopération politiquedans le secteur universitaire. C’est d’ailleurs cequ’a rappelé Jean-Louis Rocca (CERI [Centred’études et de recherches internationales]/FNSP)dans son intervention au séminaire. À mon sens,c’est le bon moment aujourd’hui pour hausser leniveau des coopérations universitaires. Les Chinoissont demandeurs, nous aussi.

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Paul Garapon est conseiller éditorial aux Presses Universitaires de France encharge des essais depuis 2003.Il s’est rendu à la foire de Pékin à deux reprises. La première fois fin août 2005,lorsque la France était le pays invité d’honneur de la BIBF et que plusieursséminaires professionnels y étaient organisés, notamment en sciences humaineset sociales. Et cette année, où il intervenait dans le cadre de deux journéesd’échanges, là encore autour des sciences humaines. Cette rencontre était organiséeconjointement par les services culturels de l’ambassade de France à Pékin, le BIEFet Présence du livre français (PLF), à l’initiative de la nouvelle attachée culturelle,Christine Cornet, qui a très à cœur de développer les échanges franco-chinoisdans ce domaine.

« Aujourd’hui, les Chinois sentent qu’en scienceshumaines et sociales il est sans doute bon de retourner aux sources européennes »

Paul Garapon

lettreLa 11décembre 2007 - janvier 2008 •

Un des titres de la collection Que sais-je ? traduit en chinoisL’Existentialismede Jacques Colette

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Regards sur les manifestations

lettreLa12 • décembre 2007 - janvier 2008

■ Les PUF ont-elles des échanges plus intensesdepuis 2005?■ P. G. : Sur un terrain comme la Chine, il fautprendre en compte une période de latence due aufossé de la langue et au temps de lecture des pro-positions. Les bons traducteurs sont d’un niveauexceptionnel (nous les avons rencontrés), mais secomptent sur les doigts de la main. En 2006 toutcomme en 2005, les PUF ont cédé une dizaine detitres. En 2007, la belle opportunité qu’offrait l’invi-tation d’honneur faite à la France en 2005 a produitses effets : une vingtaine de contrats ont étésignés. Mais attention, le marché reste largementimprévisible : notre présence à la BIBF a provoquéde nombreuses demandes sans qu’elles passentnécessairement par un agent, parfois même sansqu’elles aient été provoquées par contact direct.Les demandes spontanées de la part de nos homo-logues chinois sont d’ailleurs une réalité nouvelle.

■ Existe-t-il encore des sujets sensibles quine sont pas abordables en Chine (politiques,historiques, économiques…) ?■ P. G. : Malgré l’ouverture représentée par l’«éco-nomie socialiste de marché » et une « détente »intellectuelle du milieu universitaire chinois,certaines barrières demeurent infranchissables :les études autour du libéralisme restent peuvendables, certains livres étant aujourd’huiencore achetés, certes, mais censurés. Par ailleurs,on décèle l’émergence d’une école psychana-lytique en Chine, mais qui n’entraîne aucun fré-missement du côté des ventes, contrairementau marché taïwanais, très preneur depuis uncertain temps. Enfin, la sexualité (homosexualité,sida, etc.) reste l’un des tabous majeurs.

■ Quels sont les réseaux incontournablespour les échanges en sciences humaines ?■ P. G. : Sans lectorat, on n’échange pas. Le nôtrese trouve dans les milieux universitaires, et souventen prescription professorale de lecture. Aussifaudrait-il imaginer de favoriser les échangesuniversitaires. Sans une connaissance précise desenseignements de nos matières dans la dizaine degrandes universités de province, nous aurons tou-jours des difficultés à proposer nos manuels. C’estle principal travail qu’il reste à faire. C’est pourquoinous avons besoin de relais très actifs comme ceuxde l’ambassade de France à Pékin. Les servicespublics sont en effet aux avant-postes de tousnos échanges, ce qui est encore plus vrai sur desterrains comme la Chine, où à la distance géogra-phique s’ajoute l’écart culturel.

Propos recueillis par Sophie Bertrand

14e Foire internationale du livre de Pékinl’heure des premiers bilans

Après les annéescroisées France-Chine d’il y adeux ans, cette

14e édition de la Foire de Pékin pouvaitêtre l’occasion de dresser un premierbilan de l’état des échanges éditoriauxentre les deux pays.

Pour le CNPIEC, organisme qui gère lafoire, « les échanges continuent en littéra-ture, en fiction pour enfants, en scienceshumaines et sociales.» Une nouvelle réu-nion des principaux acteurs franco-chinoisde la production en sciences humaines,ainsi que de chercheurs, a permis demieux identifier la nature des intérêts etdes échanges dans cette discipline.

Les directeurs du CEFC d’Hong Konget de l’antenne de sciences humaines àPékin (Jean-François Huchet et Jean-Louis Rocca) sont intervenus pourobserver que les autorités chinoises sou-tiennent les travaux en histoire, sociologieet anthropologie, qu’ils identifient commedes domaines très « français », avec desauteurs comme Bourdieu ou Braudel,l’économie restant le terrain réservé auxAnglo-Saxons et aux Américains.

Le contexte sociopolitique de la Chineconduit les chercheurs du pays à analyserles questions touchant à l’urbanisme, lapauvreté, l’intégration des minorités et,dans une moindre part, les mouvementssociaux. Toutefois, ces sujets ne font pasl’objet des financements de l’État chinois,ce qui crée une grande disparité et deslacunes. Hong Kong apparaît comme uneplate-forme intéressante car il existe unecertaine liberté d’informations et depublications et des universités de trèsbonne qualité.

Des pays comme le Japon, la Corée duSud et les États-Unis imposent leursrecherches – et leurs modes de recherches– en soutenant financièrement certainsprogrammes.

Autres acteurs présents à ce séminaire,les éditeurs chinois Guanxi Press etCommercial Press ont fait part de leur

intérêt constant pour la production fran-çaise, mais aussi de la difficulté déjà évo-quée en 2005 de trouver des traducteurscompétents et un réseau de ventes effi-cace. Quelquefois, sept ou huit ans nesuffisent pas à amortir un titre acheté…

Du côté français, Paul Garapon(PUF), Marie-José d’Hoop (Belles Lettres)et Éric de Clermont-Tonnerre (Cerf) ontprésenté leurs points de vue et leursexpériences chinoises (voir entretien pagesprécédentes). Si le pays se développe àgrande vitesse, le rythme des échangeséditoriaux est plus lent. « Il est nécessaired’instaurer des rapports réguliers avec noshomologues chinois, de les informer dela diversité de nos publications»

Comme un de ces éléments d’informa-tion, le BIEF présentait, pour la deuxièmefois consécutive, un catalogue bilingue detitres en sciences humaines accompagnéde la première édition en chinois d’un« Carnet de plumes françaises », intro-duisant une trentaine de jeunes auteursde littérature auprès de responsables édi-toriaux chinois. Ont été édités aussi uncatalogue sur support multimédia, présen-

Les catalogues bilingues :des outils bien accueillis

Séminaire en sciences humaines 29 – 30 août 2007

Le Possible et leNécessairede Piajet traduit en chinois

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Regards sur les manifestations

« Nous faisons tellement pour la diffusion de la pensée française,alors que nous avons si peu de moyens de faire diffuser nospropres auteurs hors du pays… »

Ce constat, à la fois amer et encoura-geant, du directeur de Geopoetika, évoqueavec justesse le déséquilibre de la relationéditoriale entre la France et la Serbie.

En effet, on ne peut que se réjouir dela constance avec laquelle des maisonsd’édition comme Clio, Rad, Paideia tra-duisent des écrivains français, et pas seu-lement ceux qui figurent dans la liste desmeilleures ventes.

La sélection est plus délicate et affinée :c’est par les liens avec leurs homologuesfrançais, le dialogue constant avec unepoignée de traducteurs et de professeurs,sans omettre bien sûr le relais incontour-nable des institutions françaises sur place,que les catalogues de littérature françaisese développent. Un professionnalisme etune curiosité qui ne se démentent pas,même si le contexte ne s’y prête guère :problèmes de distribution, structuresministérielles fragiles, association collectiveprofessionnelle impossible à maintenir.

Seule la Foire du livre de Belgradepermet d’offrir une fois par an une photo-graphie relativement complète du secteuréditorial serbe. Ainsi, par la présencetoujours croissante de stands locaux, lavolonté de favoriser le maintien du hallinternational – cette année, un standUNIK, qui réunissait les instituts alle-mand, français, anglais et italien, a étéinauguré en grande pompe –, on peut enquelques jours rencontrer les principaux

acteurs du livre serbe (auteurs, éditeurs,traducteurs, libraires, ministre).

De nouvelles maisons d’édition, souventtenues par d’anciens dissidents venus de laRadio (B92), fleurissent, dont notammentune spécialisée en bande dessinée : Beliput.Entreprise courageuse que de se lancerdans ce domaine, sachant que le ministèrede la Culture serbe estime que la BD n’a pasencore sa place dans les bibliothèquespubliques…

Un vrai travail promotionnel est doncà mener pour mieux faire comprendre ànos homologues serbes, à travers ladiversité de la production franco-belge etl’émergence du roman graphique, quebande dessinée peut rimer avec culture.En effet, la jeunesse de Belgrade est unlectorat curieux qui inscrit naturellementle livre à son quotidien. Les éditeurs desciences humaines et de littérature entémoignent, en exploitant des domainesnouveaux comme les essais théoriquessur le cinéma.

Voilà donc quatre ans que le BIEF, enlien avec le dynamique Centre culturelfrançais, assure une présence française à laFoire internationale du livre de Belgrade,estimant que ce micromarché permet deséchanges éditoriaux constants et cibléssur des ouvrages exigeants ou des livresaux univers atypiques. Mais pour assurerce dialogue, il est plus que nécessaire,chaque année, que des éditeurs serendent sur place et prennent le tempsde dialoguer avec les acteurs locaux. Cestemps de paroles débouchent souvent surdes projets passionnants.

Sophie Bertrand

22 – 28 octobre 2007

lettreLa 13décembre 2007 - janvier 2008 •

52e Foireinternationaledu livre de BelgradeL’édition serbe, un vecteurfidèle de la productionfrançaise tant les titres exposés et l’adaptation en

chinois simplifié du catalogue diffusé lorsde la Foire du livre de Taipei, distribuéaux importateurs, agents et traducteursEn effet, il était intéressant de tester sur lemarché chinois encore émergent les titresproposés aux professionnels taïwanais.Les éditeurs de la Chine continentalepassent parfois par les productionsfrançaises traduites en chinois complexepour constituer les bases d’une poli-

tique d’acquisition qui ne s’ap-puie pas seulement sur leslivres anglo-saxons. Créer desoutils actualisés et pérenniserle dialogue amorcé sont lesdeux voies nécessaires audéveloppement des échangesfranco-chinois, tant sur le planintellectuel que commercial.

Ces initiatives seront doncreconduites en 2008.

«La Foire du livre de Pékin aun stand français.» C’est sur ceconstat heureux que les visi-teurs chinois – étudiants fran-

cophones, auteurs traduits en français(Bi Feiyu) et professionnels – visitentl’espace du BIEF. Cette année, le stand –décoré avec des illustrations de l’adapta-tion de Stéphane Heuet en bande dessinéed’À la recherche du temps perdu, œuvrerécemment traduite en chinois, prêtées parles éditions Delcourt – accueillait unedizaine d’éditeurs français (en fiction,bande dessinée, jeunesse, beaux livres) etprésentaient huit cents titres sur 140 m2.

Sophie Bertrand

Le stand français

•Un salon conséquent34 000 m2, soit 8 000 m2 de plus qu’en 20061 463 stands dont 863 stands chinois530 maisons d’édition chinoises représentéesPlus de 150 000 titres exposés230 000 visiteurs

•Un salon international et professionnel600 stands de 58 pays étrangersSelon les organisateurs, plus de 2 000 contrats sont signés à l’issue de la foire80 séminaires et rencontres germano-chinois

•Invitation d’honneur en 2008 :La Grèce

•Séminaire professionnel « Art de vivre » en 2008 :L’édition en bien-être, santé, développement personnel, sports

Quelques chiffres

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Créée à l’initiative de l’université deGuadalajara, la 21e Foire internationaledu livre de Guadalajara est, outre lemeilleur marché mondial de publicationsen espagnol, la porte qui facilite l’accèsau commerce éditorial avec le reste des pays du continent américain,y compris les États-Unis. Cet évènementreste une opportunité unique pour créerou resserrer les liens entre le Mexique,l’Amérique latine et les autres culturesdans le monde.La fréquentation de ce salon, aussi bienpar les professionnels de l’édition quepar le public, est encore cette année en forte augmentation. Le président de la Foire, Raul Padilla Lopez, annoncepour 2008 une extension de la surfacede 14 000 m2 supplémentaires.

Le discours prononcépar le président du Mexique

Felipe Calderon, venu inaugurer le salon,a permis de mettre à nouveau sur ledevant de la scène la discussion sur lapromotion de la lecture et du livre, dontl’un des enjeux serait une loi compor-tant un volet spécifique sur le prix unique

du livre. Ce que souhaitent de nombreuxprofessionnels qui arboraient le macaron«Si a la ley del libro» (oui à la loi pour leprix du livre). L’expertise des profes-sionnels, français sur ce sujet sera ànouveau sollicitée par le gouvernementmexicain d’ici la fin de l’année 2008.

Avec une délégation de plus de 300 per-sonnes (artistes, écrivains, cinéastes etmusiciens), la culture colombienne sedécouvrait par le biais de spectacles etexpositions, en complément d’un pro-gramme montrant les différentes facettesde l’édition colombienne (littéraire, aca-démique, beaux-arts, sans oublier lajeunesse). La Colombie occupait unespace de 1 000 m2 à l’entrée de la foire,sur lequel étaient présentés 4 000 titrespubliés récemment. Le président de laChambre colombienne du livre, MoisésMelo, a précisé qu’«outre le grand intérêtdu public pour l’édition colombienne,notamment pour la littérature et les livresde jeunesse, cette invitation a ouvert debonnes perspectives de collaborationavec les importateurs et distributeursmexicains, mais aussi avec les éditeursdans le domaine des coéditions. »

Le stand du BIEF présentait près de1 300 titres, dont la commercialisationétait assurée par la Librairie Gandhi. Cestand communiquait avec celui de l’am-bassade de France, qui partageait le sienavec l’Alliance française de Guadalajara.Depuis 2006, la langue française a le venten poupe, avec une augmentation de plus25 % d’apprenants du français enregistréspar les Alliances françaises. L’anglais étantde plus en plus maîtrisé par les étudiants,on se tourne à nouveau vers le français.

lettreLa14 • décembre 2007 - janvier 2008

Regards sur les manifestations

Foire internationale du livrede Guadalajara 24 novembre – 2 décembre 2007

Une foire où les responsables de droits peuvent rencontrer la quasi-totalité de leurs partenaires latino-américains

La Colombie, invitée d’honneur

Chiffres clefs 2007•Maisons d’édition : 1 674 (1 608 en 2006)•Pays représentés : 40 (39 en 2006)•Professionnels : 17 240 (contre 16 740 en 2006)•Agents littéraires : 125 (110 en 2006)•Public : 559 271 (525 000 en 2006)

Si a la ley del libro

Christian Moire,attaché culturel et Claire Lapeyre (ministèredes Affaires étrangères) sur le stand du BIEF

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Les éditeurs français, venus nombreuxet parfois pour la première fois, ont étéagréablement surpris du professionna-lisme de cette foire et comptent y revenirtous les deux ou trois ans. D’autrespensent qu’il est indispensable d’y allerchaque année, comme Martine Heissat,responsable des droits étrangers au Seuil :« C’est une excellente foire qui me permetde rencontrer la quasi-totalité de mespartenaires latino-américains. L’an passé,j’ai vendu cinq titres du catalogue, notam-ment le Dictionnaire des philosophies deCassin à Siglo XXI Mexique. L’année 2007est tout aussi prometteuse. »

Chaque année, des représentantsd’institutions des États-Unis viennentvisiter le stand français. Cette année,une bibliothécaire basée à Houston(Texas) est venue acheter une trentained’ouvrages, notamment des romans.

La première personne à avoir reçu cettedistinction, instaurée à partir de 1993,pour distinguer le travail d’un éditeur,fut Arnaldo Orfila Reynal, directeur duFondo de Cultura Economica et fon-dateur de la maison d’édition Siglo XXI.Après Antoine Gallimard en 2000, c’est à

nouveau un éditeur français, ChristianBourgois, qui a été distingué pour avoirété l’un des pionniers dans la publicationd’auteurs espagnols en France, mais aussipour sa contribution dans la découvertede nombreux autres auteurs étrangers.

La librairie française la Bouquinerie afermé ses portes en juillet dernier JulietaSalgado et Bertha Juarez, qui travaillaientdepuis plusieurs années, ont décidé derouvrir une librairie française « paramour du livre » mais aussi, soulignent-elles, « parce qu’il y a un potentiel ».Située dans un centre commercial nonloin de l’ancienne adresse de laBouquinerie, le Temps de Lire a ouvertses portes il y a tout juste un mois.

Christine Karavias

Regards sur les manifestations

lettreLa 15décembre 2007 - janvier 2008 •

La Chambre nationale de l’Industrie éditoriale mexicaine vient de publierles principales données statistiques sur le secteur pour l’année 2006.319,2 millions d’exemplaires ont été publiés dont 44 % pour l’édition privée.Les 56% d’exemplaires publiés par l’édition publique (soit 178,6 millionsd’exemplaires) ont été, pour l’essentiel, donnés gratuitement (97 %).

Concernant la seule édition privée (ont répondu à cette enquête 227 éditeursprivés), elle a publié, pour la même année 2006, 19.583 titres (dont 7830nouveautés) soit une progression de 7 % en un an.

Le chiffre d’affaires s’est élevé à 504 millions d’euros, avec une progressionde 4,2 % en un an et de 28,7 % en 4 ans, signe du dynamisme réel queconnaît actuellement le marché du livre au Mexique.

Les exportations, dont une grande part en direction de la communautéhispanophone des États-Unis, représentent 12 % du total des ventes.La baisse significative des parts de marché de la librairie (41,7 % en 2001 et 26,3 % en 2006), au profit des ventes institutionnelles qui ne transitentpratiquement pas par les librairies, inquiète les professionnels du livremexicains. Après plusieurs années de travail interprofessionnel, et particu-lièrement intéressés par l’expérience française tant en matière de fixationdu prix du livre que d’évolutions législatives du droit d’auteur, ils ont obtenudes pouvoirs publics mexicains le principe d’une loi sur le livre qui pourraitintégrer un descriptif de prix fixe du livre.

Autant de sujets qui pourront être développés entre éditeurs français etmexicains à l’occasion de l’invitation d’honneur du Mexique au Salon du livrede Paris en mars 2009.

Jean-Guy Boin

Mérite éditorial 2007 «La Bouquinerie» n’est plus… Vive « le Temps de Lire» !

Prochaines dates :29 novembre – 7 décembre 2008

Invitée d’honneur : l’Italie

Données sur l’édition de livres au Mexique

Evelyne Mathiaud(Éditions Nathan) en rendez-voussur le stand

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La volonté d’une meilleure présentation

lettreLa16 • décembre 2007 - janvier 2008

12e édition du SILA d’Alger

Des nouveautés et des constancesLa version en arabe du slogan de ce 12e Salon internationaldu livre d’Alger était d’actualité.«Le constant et le variable dans la culture arabe» ne portaitpas, a priori, sur l’organisation du Salon, mais lui a pourtantfait écho, en illustrant les deux facettes du SILA 2007 :des nouveautés et des constances.

La principale nouveauté était certainement le mélange,dans des halls communs, d’exposants européens et proche et

moyen-orientaux. Ainsi, le stand du BIEF, pour la première foisdans le pavillon central, avoisinait le stand d’un éditeur saoudien,des stands égyptiens et algériens. Outre le fait que ce pavillon étaitplus grand et plus clair que celui habituellement réservé auxexposants francophones – où les stands belge, suisse, celuid’Interforum, de Gallimard ou d’Éditeurs Sans Frontières étaientencore installés –, ce changement a permis de désenclaverl’édition francophone. De plus, selon les habitués du Salon,auquel on reprochait son aspect bazar les années précédentes, cemélange culturel aura plutôt suscité une amélioration de laprésentation des stands, dont les organisateurs avaient fait unepriorité. Ajoutons encore une surface augmentée des deux tiers(9 000 m2 en 2006 et 15 000 m2 en 2007), qui a probablementcontribué à ce que l’allure générale du Salon ait été plus soignée.

Pourtant, malgré la volonté des organisateurs de faire taire desvieilles rumeurs sur le SILA, la journée d’ouverture n’a pas révéléle professionnalisme qu’elle aurait dû : beaucoup d’étagères videsou, à l’inverse, des livres entassés…

Plusieurs facteurs ont participé à ce désordre. Un facteurlogistique d’abord, puisqu’il avait été prévu trop peu de transi-taires pour assurer le transport des livres vers les stands. Un facteurpolitique ensuite, puisque l’inauguration par le présidentAbdelaziz Bouteflika a entraîné un redoublement des mesures desécurité, empêchant l’accès des halls d’exposition aux mar-chandises pendant les douze heures qui ont précédé l’ouvertureofficielle. Un facteur climatique enfin, avec de très fortes pluiesqui ont bloqué certaines routes.

Conséquence : certains stands n’ont été approvisionnés enlivres que 48 heures après l’ouverture du Salon… Handicapimportant, quand sur les stands afflue un public pour qui le Salondu livre est perçu comme un événement palliatif des lacunesd’offre et de distribution dans le pays. Les particuliers achètent parpile des livres qu’ils liront tout au long de l’année et les librairesen profitent pour étoffer leurs rayonnages. Si le prix français est

un obstacle pour les ouvrages de littérature (en moyenne, unroman d’éditeur algérien se vend à 3,50 euros) ou de jeunesse, ill’est moins pour les ouvrages de STM (particulièrement demédecine, d’agronomie et d’informatique).

Du constant donc dans cette 12e édition du SILA, mais égale-ment des nouveautés, dont un nouveau dispositif qui pourraitpermettre de fluidifier le marché algérien, concernant la loi d’im-portation. Jusqu’à présent, une mesure contraignait les sociétésd’import-export de produits destinés à la revente en l’état, de dis-poser d’un capital minimum de 20 millions de dinars (200 000euros). Par cette loi, petits et moyens libraires étaient fortementtributaires des importateurs et de leurs choix d’achalandage. Àpartir de 2008, cette mesure sera abrogée, et remplacée parl’obligation pour importer d’avoir un capital minimum de100 000 dinars (1 000 euros). Cela permettra, à certains librairesdésireux de diversifier leur fonds, de s’affranchir de cette dépen-dance qui les bridait, eux et les lecteurs. Laurence Risson

31 octobre – 9 novembre 2007

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Interrogez des libraires en Algérie. La plupart vous dirontqu’ils mettent au cœur de leur métier la passion des livres.

Transmise de père en fils pour les uns ou venue au hasard d’unchangement de carrière pour les autres, cette passion est aussilà pour justifier bien des sacrifices consentis. Sentiment par-tagé par de nombreux libraires, il est de plus en plus difficilede faire vivre cette passion et plus encore d’en vivre. C’est toutela question de l’image de la librairie et de sa reconnaissanceauprès du public algérien ; et, en corollaire, la question deséquilibres économiques avec, au centre, l’enjeu de la rentabilitéd’une entreprise culturelle, qui est aussi un commerce.

Ces problématiques sont, depuis 2005, au centre d’uneréflexion engagée par une vingtaine de ces libraires algériens,dans le cadre d’un cycle de séminaires dont la sixième et dernièreétape s’est déroulée du 2 au 4 juillet dernier.

À l’origine de ce projet, la volonté de plusieurs acteurs, direc-tement impliqués dans la professionnalisation de la chaîne dulivre en Algérie. L’ASLIA (l’Association des libraires algériens),qui mène de multiples actions pour défendre la place et le rôlede la librairie a, dès sa création, en 2001, donné une importanceparticulière à l’enjeu de la formation. Pour ce faire, elle a nouéavec deux partenaires français – le Bureau international de l’édi-tion française (BIEF) et l’Association internationale des librairesfrancophones (AILF) – une relation privilégiée qui a, entreautres, permis ce cycle de séminaires, portant sur les différentsaspects du métier de libraire. L’ambassade de France et sonbureau du livre ont de leur côté accompagné techniquement etfinancièrement ce projet.

Ce dernier séminaire était donc l’occasion de revenir sur l’en-semble du parcours réalisé depuis deux ans par les participants.

Dès la première étape, en février 2005, Michèle Capdequi – quidirige la librairie La Préface à Colomiers, dans la proximitéde Toulouse, et intervenait également en tant que représen-tante de l’AILF – avait offert son « regard extérieur » en allantà la rencontre d’une quinzaine de libraires installés sur toutle territoire algérien. Son témoignage devait ainsi servir debase pour engager la réflexion autour de la notion de « projetde librairie ».

« Qu’en est-il de l’adéquation entre ce que dit (ou souhaite) lelibraire et la réalité de sa librairie ? Un environnement extérieur,une porte d’entrée accueillante ou non, une vitrine animée oudélaissée, un aménagement plus ou moins adapté, des sourires,un assortiment correspondant au projet de la librairie. »Autant d’éléments qui ont constitué les thèmes de chacun desséminaires, qui se sont tous déroulés à Alger, sauf un à Annaba.L’aménagement de la librairie (juin 2005) ; l’accueil et l’ani-mation (novembre 2005) ; les clientèles de la librairie (juin 2006,à Annaba) ; l’assortiment et la gestion des stocks (février 2007) ;et, enfin, le rôle du libraire en tant que chef d’entreprise (juillet2007), clé de voute de ce parcours de formation, puisque, en défi-nitive, c’est au dirigeant que revient la responsabilité de « fairebouger les choses ».

Tout au long de ce cycle, un message a été répété avec insis-tance : quel que soit le modèle ou le projet de librairie, il faut uneexigence de rigueur. « Il y a une image fantasmée de la librairieauprès du public, ce qui est vrai en France comme en Algérie.Mais cette image et ce rêve ont un coût. » Faisant écho à cecommentaire de Michèle Capdequi, la présidente de l’ASLIA,Fatiha Soal, affirmait de son côté « qu’en tant qu’acteur culturel,nous avions presque honte d’être rigoureux. Nous avons prisconscience que nous ne sommes pas seulement une entrepriseculturelle mais aussi une entreprise commerciale ». Pour sa part,Abdellah Benadouda, de la librairie Chihab, a pu souligner,qu’aujourd’hui encore, « les libraires ne sont pas reconnuscomme des acteurs économiques par les éditeurs ».

Au terme de ce cycle de séminaires, les choses pourraientchanger. Dès à présent, de nouveaux aménagements témoignentde cette volonté de changement du côté des libraires.Après l’ouverture de la nouvelle Librairie du tiers-monde en

Le libraire entre passionet réalité

« Un regard extérieur surla librairie algérienne »

Cycle de séminairesdes libraires algériens

Les formations

2005 – 2007form

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lettreLa 17décembre 2007 - janvier 2008 •

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2006, c’est la librairie Les mots, dirigée par Fatiha Soal, qui aété récemment ouverte avenue Victor Hugo, au cœur d’Alger.Une véritable « librairie école », dont la visite est venue clôturerle dernier séminaire, comme pour illustrer la parfaite synthèsedes thèmes abordés tout au long du cycle. Ont été évoquésaussi le réaménagement de la librairie Flites à Médea, dont ledirecteur, Boubakeur Flites, affirme avoir augmenté son chiffred’affaires de 30 %, simplement en passant de la vente aucomptoir à une surface de vente en libre accès. Progressiondes ventes aussi pour Smaïl Mhand, qui a procédé à l’extensionet au réaménagement de son magasin. Tout au long de cettedernière séance, des témoignages de libraires sont venusdémontrer le bénéfice du cycle de séminaires, mais également

les attentes qu’il avait suscitées. En particulier, la nécessité depoursuivre ce type d’échanges mais sous d’autres formes,comme l’organisation d’une journée portes ouvertes sur lemétier de libraire ou encore la mise en place de courtes sessionsde formation, destinées aux libraires qui n’auraient pas puparticiper à ce premier cycle.

Fatiha Soal, en tant que présidente de l’ASLIA, a souligné enguise de conclusion l’importance du regard extérieur sur lalibrairie algérienne. « Il nous faut parfois ces regards amis quiviennent bousculer, encourager, aider à la remise en question »,avait pu écrire Michèle Capdequi à l’occasion de la premièresession, deux ans plus tôt.

Pierre Myszkowski

10 – 13 septembre 2007

formation

Àl’occasion de ce 5e rendez-vous àMadagascar, douze libraires mal-

gaches de Tananarive et de province(Tamatave, Tuléar) se sont retrouvés dansla capitale. Au programme, une forma-tion qui portait sur l’assortiment enlibrairie. Cette session faisait suite à laformation sous-régionale d’octobre 2006,qui avait largement développé le thèmede l’identité de la librairie.

Les libraires ont tout d’abord prisconnaissance des sources d’informationaujourd’hui disponibles, avec une volontéde rappeler qu’un libraire, surtout à l’autrebout du monde, ne peut plus se passerd’utiliser Internet. Puis les libraires ont tra-vaillé sur la notion d’assortiment, sur

l’équilibre entre fonds et nouveautés, sur leréassort, la promotion de cet assortimentet l’indispensable planning d’approvi-sionnement ; une notion qui prend unedimension toute particulière lorsque lescommandes mettent de 120 à 150 jourspour parvenir à Madagascar. Une attentionspéciale a été apportée à la gestion desstocks et la notion de rotation a été acti-vement commentée par tous les libraires.

Côté pratique, les libraires malgachesse sont penchés sur le cas d’une créationde librairie et ont dû travailler sur laconstitution d’un rayon, à partir d’unecinquantaine de catalogues (tous éditeursconfondus) et de bulletins de nouveautésapportés par les formateurs, ainsi qu’avecun ordinateur équipé de la base Electre etun autre relié à Internet.

Les deux formateurs, Agnès Debiage(libraire en Égypte) et Fabien Corbou(ex-libraire à Madagascar et formateurchez Electre), ont élaboré ce programmedans la continuité des précédentes for-mations, en tenant compte de la réalitédes librairies à Madagascar.

Cette formation a été ponctuée par lavisite de Mme Rakotoanosy, représentantede l’OIF à Madagascar, de M. Rabaté,conseiller culturel adjoint de l’ambassadede France à Tananarive, de Mme Chélot,médiathécaire au CCAC et responsable desprogrammes autour du livre, et de MmeRazafintsalama, présidente de l’ALM.

Agnès Debiage

Antananarivo « Enfin une nouvellelibrairie pour Alger…»

L I B R A I R E SD U M N D E

Ce propos, entendu devant la vitrinede la librairie Les Mots (Kalimat

en arabe), traduit bien l’espoir que nourritauprès de tous les amateurs de livresl’ouverture d’une nouvelle enseigne, aucœur d’Alger.

Sa directrice, FatihaSoal, était jusqu’en2006 associée de lalibrairie Ibn Khaldoun.Après son récentrachat, elle a décidésans attendre d’ouvrirune autre librairie.Situé sur l’avenueVictor Hugo, non loin du boulevardDidouch Mourrad, ce tout nouveau pointde vente est résolument tourné vers lalittérature, les beaux livres et la jeunesse.50 m2 d’un espace moderne et chaleureuxoù les livres s’exposent avec bonheur surles tables comme dans les rayonnages. Etdonnent à voir la richesse de l’assortimentproposé. Car au-delà de toutes les atten-tions dont font l’objet aussi bien l’accueil,les vitrines que le coin jeunesse, c’est surla richesse de son offre que Fatiha Soalcompte bien faire toute la différence.

Librairie Kalimat Les mots,27 boulevard Victor Hugo - 16 000 Alger

E-mail : [email protected]

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Le marché des droits en Inde

lettreLa 19décembre 2007 - janvier 2008 •

24-27 septembre 2007

formation au Cameroun

Pour la quatrième année consécutive,le BIEF et l’AILF ont organisé une

formation au Cameroun, en regroupantdes libraires de quatre pays de la sous-région en Afrique Centrale : Cameroun,Congo, République démocratique duCongo et Rwanda.

Quinze participants ont pris part àcette formation qui se déroulait àYaoundé du 24 au 27 septembre 2007.Après avoir abordé les thèmes de l’« envi-ronnement culturel et socioéconomiquede la librairie » (en 2004), de la « présen-tation interne de la librairie » (en 2005)et du « marketing de la librairie » (en

La Farandole des livres,une toute nouvelle librairie nigérienne spécialisée en jeunesse

Yaoundé

L I B R A I R E S D U M N D E

pas encore vraiment la différence entrelibrairie et bibliothèque. Un jour, un clientm’a demandé ce qu’il devait ferait avec leslivres, une fois que ses enfants les auraientlus ! Un autre m’a proposé de les emprun-ter plutôt que de les acheter.

Le libraire à Niamey est surtout perçucomme proposant des livres scolairesavec les incontournables articles depapeterie, matériel scolaire.

La Farandole des livres, quant à elle,ne propose que des livres de loisirs ainsiqu’une gamme d’articles appréciés par lesenfants tels que les articles Diddl parexemple.

Les ouvrages les plus vendus sont lesbandes dessinées, surtout les mangas etles magazines (tels que Mickey, Witch...)

À moyen ou long terme, notre ambi-tion serait d’agrandir la librairie et dediversifier ses activités.

C’est dans le cadre de la formation aumétier de libraire, menée par l’AILF enpartenariat avec le BIEF, qui s’est dérouléeà Niamey sur deux semaines en juindernier, qu’Agnès Adjaho (présidente de

Par le démarrage de l’activité de cettelibrairie en mai 2007 à Niamey, TiniArmand et moi-même voulions pallierl’absence de livres de loisirs pour enfantsdans les librairies du pays, bien que celacommence à se faire par le biais de laCaravane du Livre. Les possibilités d’ac-quérir des livres sont encore quasimentinexistantes sur la place de Niamey.

À court terme : donner le goût de la lec-ture au enfants nigériens, faire connaîtreles grands classiques de la littératurefrançaise, mais aussi la littérature africainepour enfants très riche, mais malheureu-sement méconnue du jeune public. Lesenfants (notamment ceux qui sont scola-risés à l’École française) devraient, à notresens, pouvoir apprécier d’autres livres queles BD, les mangas ou Harry Potter.

Faire mieux connaître aussi le métier delibraire, car certaines personnes ne font

Librairie La Farandole des livresRue de la Cure Salée

Niamey – NIGERCourriel : [email protected]

l’AILF) a découvert cette librairie. Cetteformation « a permis une réelle prise deconscience des participants. Le profes-sionnalisme et le dynamisme d’AgnèsAdjaho ainsi que la présence active dedeux libraires africains (Ibrahima Soro –librairie de France en Côte d’Ivoire – etMarcel Sarr – librairie Clairafrique auSénégal –) aux côtés de leurs collèguesnigériens, sur leurs lieux de travail, repré-sente un plus indéniable dans la mesureoù elle permet de prendre en compte laréalité du terrain sous ses aspects les pluspratiques. Je pense que ces quelques joursd’encadrement et de travaux pratiquesont été plus enrichissants que des annéesd’expérience dans l’environnement étroitet sclérosé où les libraires nigériens sontgénéralement confinés », confirme Jean-Charles Eme, directeur de la médiathèquedu Centre culturel Franco-nigérien deNiamey (CCFN).

Notons par ailleurs que cette année, lalibrairie Farandole participera à laCaravane du livre, « un outil formidable,pour le public comme pour les profes-sionnels. Pour le public nigérien, c’estl’occasion de prendre conscience que lelivre n’est pas forcément un objet inacces-sible. Pour les libraires qui veulent biens’impliquer dans cette démarche, c’estl’occasion de travailler quelque tempsavec d’autres professionnels du livre (desbibliothécaires français). De plus, lasélection de titres proposée par l’AILFparticipe aussi à l’élargissement de leursconnaissances : éditeurs, auteurs, collec-tions… », précisent encore Jean-CharlesEme et Nadine Peiffer, chef de projetlecture publique au Service de Coopérationet d’Action culturelle (SCAC) de l’am-bassade de France à Niamey.

Laurence Hugues

■ Quelles sont vos ambitions pour le futur ?

■ Quelles sont les motivations qui vous ont poussés à ouvrir cettelibrairie ?

2006), la formation 2007 concernait la« gestion financière et informatisée de lalibrairie ». Un programme chargé etassez théorique a été développé autourde sujets comme « les principes comp-tables », « la gestion commerciale » et« la gestion informatisée ».

Des débats très vivants et animés ontmarqué cette formation et ont complétél’usage des documents proposés aux par-ticipants. Parmi les sujets abordés ayanttrait au fonctionnement quotidien dechaque librairie et à sa gestion, l’enjeu del’informatisation a été pointé comme unepriorité pour les libraires de la zone.Cette question de l’informatisation serad’ailleurs l’objet d’une prochaine sessionde formation, programmée en 2008.

Chiel Lijdsman

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Elle a du mal à se vendre si elle n’émane pas d’auteurs connus,est accusée de se replier sur elle-même, d’être un genre démodéet de perdre ses lecteurs. L’édition hardcover, dans laquelle sontpubliés depuis toujours aux États-Unis les romans et autresfictions, commence à peser lourd pour les libraires, qui ne voientpas assez de ventes rapides et trop de résistance au prix moyen dece type de livre, d’environ 24 $.

Les grandes chaînes, Borders et Barnes & Noble, demandenttoutes davantage de littérature en trade paperback, au prixplus proche de 16 $, ce qui définit une édition poche grandformat, avec une couverture reliée et, parfois, pour faire plusélégant et donner de la substance, ce que l’on appelle ici lesfrench flaps (couvertures à rabats).

Au milieu de cette ambiance sombre arrive la fictiond’ailleurs qui essaie de se faire connaître, de combler l’absencetrès remarquée de traductions. Une bonne nouvelle que l’onaime citer pour le livre français est que, sur les 3 % qui repré-sentent par an les traductions au total, un respectable tiers vientdu français, première langue traduite, devant l’espagnol.

Qui publie de la fiction traduite ?Dans l’analyse de nos propres cessions, les titres sont épar-

pillés entre les maisons commerciales, les petites maisons indé-pendantes et les presses universitaires, aussi improbable que cedernier lieu puisse paraître pour de la fiction. Mais il est vraiqu’aux États-Unis la résistance du public à la traduction fait quemaints livres, qui ne seraient pas remarqués par une maisoncommerciale, voient la lumière du jour nord-américain grâce à lamission de préservation d’institutions comme les presses univer-sitaires ou par le modèle de The New Press, la maison fondéepar André Schiffrin.

De quoi parle-t-on quand on parle de fictiontraduite ?

Les éditeurs américains diraient, presque à tous les coups,d’obstacles. L’obstacle de ne pas avoir un auteur sur place oud’en avoir un qui ne parle pas anglais, de ne pas recevoir de

presse en avance faute de temps, du coût élevé que repré-sente une traduction par rapport à un roman anglophone(souvent le double).

Une solution devenue très à la mode est une nouvelle tra-duction par un traducteur célèbre des grandes œuvres littérairesdes siècles derniers d’auteurs connus, appartenant au domainepublic. C’est ainsi que viennent d’être publiées deux nouvellestraductions de Guerre et Paix et une autre d’Anna Karénine,en 2001. Vient de démarrer aussi une nouvelle traductiond’Á la recherche du temps perdu, par Lydia Davis. Kent Carroll,editor in chief chez Europa à New York, maison spécialisée enlittérature européenne, s’en sort comme suit : il partage le coûtde la traduction des œuvres avec des éditeurs anglais, quiparaissent aux États-Unis après l’édition anglaise. Il bénéficieainsi des critiques de la presse anglaise sur ces ouvrages,comme dans The Guardian, The Times et autres journaux quiont la confiance du lectorat américain, qu’ils inscrivent au dosdu livre : ce sont les fameux blurbs. Mais ils doivent attendrepour cela six mois, délai qui indique bien l’importance que l’onaccorde à ce soutien promotionnel. Une bonne presse, c’est cequ’a obtenu La Théorie des Nuages de Stéphane Audeguy(Gallimard, 2005), dans un nombre impressionnant dejournaux pour un ouvrage en traduction : le Washington Post,le Minneapolis Star Tribune, le Baltimore Sun, le South FloridaSun Sentinel…, même si elle est arrivée un peu tard.

Comment cette fiction est-elle perçue en internepar la maison d’édition américaine et que faitcelle-ci pour la promouvoir ?

Si l’auteur n’est pas connu, comme c’est le plus souvent lecas ici, une maison d’édition lâchera le livre comme dans unvide, puis verra comment il est reçu avant d’investir de l’argentdans la promotion. Mais il ne faut pas oublier que cela est vraiaussi pour une œuvre non traduite.

Les jeunes auteurs américains sont tout aussi solitaires pourtrouver leur chemin. Seulement c’est beaucoup plus facile poureux, étant sur place, de se rendre chez leur libraire du coin pourpromouvoir leur livre, de faire jouer leurs contacts personnels,pouvant si nécessaire passer à la radio avec quelques heuresd’alerte, pour ne pas mentionner l’atout de parler l’anglais… etencore, sans accent…

LE BILLET DE NEW YORKpar Lucinda Karter

Comment se porte la fiction en traduction aux États-Unis,et plus précisément la fiction française ?

lettreLa20 • décembre 2007 - janvier 2008

Cessions nord-américaines récentesGrasset •Un Secret (Philippe Grimbert),Simon & Schuster

•Le Piège de Dante (Arnaud Delalande),Penguin Canada

•Le Garçon savoyard (Charles-FerdinandRamuz), Host Publishing

•Le Siècle des Sauterelles (MalikaMokkedem), Nebraska UP

•La Vie de Wiera Gran (A. Tuszynska), Knopf

Actes Sud•Eldorado (Laurent Gaudé), MacAdam Cage•Déloger l’animal (Véronique Ovaldé),MacAdam Cage

•Les Illuminés (Hoda Barakat et François Zabbal), Syracuse U. Press

•Trois rêves au Mont Mérou(François Devenne), Toby Press

•Les Enfants des héros (Lyonel Trouillot),University of Nebraska Press

•La Perfection du tir (Mathias Enard),Toby Press

P.O.L •Un Roman russe (Emmanuel Carrère),The Metropolitan Books/Henry Holt

•Cahiers de la guerre (Marguerite Duras),The New Press

•Deux marchés, de nouveau (RyokoSekiguchi), Post Apollo Press

•Western (C. Montalbetti), Dalkey Archive•Hop là ! un deux trois et Façon d’un roman(Gérard Gavarry), Dalkey Archive

•Yann Andrea Steiner (Marguerite Duras),Archipelago Books

Gallimard•Partir (Tahar Ben Jelloun), Penguin US•Service clientèle (Benoît Duteurtre),Melville House

•Sarinagara (Philippe Forest),Mercury House

•Une gourmandise ( Muriel Barbery),Europa

•Solea (Jean-Claude Izzo), Europa •La case du commandeur (Edouard Glissant),Nebraska University Press

On se doit de commencer par parler de la fictionaméricaine, qui ne semble pas être dans unepériode faste en ce début de siècle.

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Le billet de New York

lettreLa 21décembre 2007 - janvier 2008 •

Récemment, Dan Frank, le rédacteur en chef de Pantheon, adit lors d’une table ronde sur la presse comme outil de promo-tion du livre : « La presse traditionnelle papier est le dernier lieuoù nous mettrions une annonce publicitaire pour un livreaujourd’hui. » En effet, de plus en plus, la publicité pour le livres’effectue par le biais de « chats » sur Internet, de critiques dansles journaux comme Slate, Daily Candy, etc.

Le succès spectaculaire d’une forme de fictionen traduction : le graphic novel et les mangas

Parlons d’un exemple qui pourrait réconforter les éditeurssur le fait que le public a sûrement moins peur qu’eux de la tra-duction. Le succès de la bande dessinée, aussi bien en ce quiconcerne les graphic novels que les mangas, en dit long surl’ouverture et la popularité grandissante d’un genre qui est en

grande partie importé d’autres pays. Il faut dire qu’avec 11 à12 % des ventes en poche grand format réalisées par les graphicnovels, l’avancée est très significative par rapport à l’époque oùArt Spiegelman publia Maus en 1986, chez Pantheon. Il estintéressant de noter que, pour ces œuvres, les lecteurs – de tousles âges – sont même prêts à apprendre les noms étrangers desauteurs, à adopter le mode de lecture de droite à gauche !

Une nouvelle appréciation de la fiction venued’ailleurs

Nous entrons aux États-Unis, je m’aventurerais à dire, dansune nouvelle ère d’appréciation des livres venant d’ailleurs. Cesdernières années, plusieurs initiatives tels le Pen Literary Festival,Words Without Borders et World in Translation Month ont déjàannoncé un plus grand intérêt pour la traduction. En 2007, denouveaux évènements n’ont fait que confirmer cette tendance :BookExpo America, Miami Dade College, Pen American Center,Publishers Weekly, Library Journal, WWB et Críticas ont présentélors de la Miami International Bookfair une journée dédiée ausujet. C’est le signe évident d’un changement : la mise en valeurdes écrivains d’ailleurs et des éditeurs qui les publient.

Le 4 décembre, la French Publishers’ Agency a fêté sa25e année lors d’une soirée dans les locaux des servicesculturels de l’ambassade de France aux États-Unis. Elle avait été précédée, l’après-midi, par une table rondeà la New York University, consacrée à la place de l’éditionfrançaise aux États-Unis, à laquelle participaient, en présence d’éditeurs américains, Olivier Nora, président-directeur général des Éditions Grasset, Éric Vigne, directeur éditorial du secteur sciences humaines et socialesaux Éditions Gallimard, Jennifer Crewe, directrice éditorialeà la Columbia University Press et Lucinda Karter, directricede la French Publishers’ Agency.

Pour sa 24e édition, la Miami International Bookfair aaccueilli des éditeurs, agents, auteurs et représentantsde maisons d’édition internationales.La foire de Floride voudrait à terme devenir la principalefoire du livre internationale aux États-Unis et a organisécette année une table ronde intitulée The Agents’ BuzzForum.

Comme l’an dernier, l’Agence cosponsorise un festival de livres de jeunesse avec le German Book Office,qui aura lieu cette année le 11 décembre à la MaisonFrançaise de New York University.

LA MIAMI INTERNATIONALBOOKFAIR

C’est en effet une centaine d’auditeurs,parmi lesquels des éditeurs, des traduc-teurs et des universitaires, qui ont assistéà cette table ronde sur le thème desrapports éditoriaux parfois tendus entrela France et les États-Unis. Une partie despartenaires habituels de l’édition fran-çaise – les francophones, comme AndréSchiffrin (The New Press) ou Richard etJeannette Seaver (Arcade Publishing),entre autres – étaient présents, mais aussides petits éditeurs indépendants moinsconnus, dont les questions tant au cours

de la rencontre qu’à sa suite montraient bien la motivation. Questions pratiques surles à-valoir, les contrats, les subventions, révélant la volonté de travailler ensemble,d’ouvrir de nouvelles collections, plutôt que l’antienne habituellement au cœur de cegenre de débats : « Qu’y a-t-il en France après Foucault, Deleuze et Derrida ? »

D’après Éric Vigne, dans le domaine dessciences humaines, les éditeurs américains,universitaires comme indépendants,affichent une volonté de privilégier l’ori-ginalité du propos sur la nationalité del’auteur. Ainsi, des auteurs publiés parGallimard (qui cède six à sept titresannuellement aux États-Unis) tels PierreHadot, Vincent Descombes, Jean-MarieSchaeffer sont traduits, comme, suite àl’intervention en Irak, l’ont été certainsouvrages majeurs des études françaisessur le monde musulman.

En cela, ces éditeurs, s’ils persistent dans cette direction, se mettront au tempo dessciences humaines et sociales en France, où les grandes questions l’emportent sur lesgrands auteurs : le plus souvent, une problématique est travaillée par plusieursauteurs, donc à travers plusieurs approches. Et il n’y a plus, comme dans les années1960 à 1980, une question qui soit la propriété d’un auteur qui fasse fructifier ainsison œuvre.La réciproque est vraie pour la France : les éditeurs français acquièrent les droitsd’ouvrages américains selon l’émergence de questions nouvelles dans des domaineslongtemps jugés mineurs en France – philosophie politique ou philosophie morale –voire inexistants comme les sciences cognitives ou la philosophie de l’esprit.Mais la discussion avec les éditeurs américains à propos de la nécessité pour le Centrenational du livre de continuer à subventionner les traductions a montré une inquiétantelimite : le point mort des premières éditions d’un ouvrage traduit aux États-Unis est sem-blable à celui du même ouvrage en France (environ 2000 exemplaires). Il faut y voir lereflet du refus des grandes chaînes de distribution de s’engager sur des titres de savoir,et, qui plus est étrangers, c’est-à-dire sans passage possible de l’auteur à la télévision.L’avenir dira si les conditions matérielles de la distribution auront raison de la volontéintellectuelle de s’ouvrir à nouveau, mais un tout petit peu.

Propos recueillis par Catherine Fel

Alain Mabanckou à la Foire de Miami

Éric Vigne: « Il est rare qu’une réunion de cette natureentre professionnelsattire autant de monde»

De petits éditeurs américainsindépendants prêts à suivre l’évolution de la productionfrançaise

BRÈVE

ÉVÈNEMENT

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Foire internationale de Leipzig �13-16 mars 2008Foire allemande proposant une vision exhaustivede la production allemande, Leipzig reste unsalon important. Grâce à l’Institut français et auBIEF, la production française y est bien représentée face à des professionnels et un public local toujours aussi intéressé.

S. B.

45e Foire du livre de jeunesse de Bologne�31 mars - 3 avril 2008

Comme chaque année, l’ensemble del’édition jeunesse se retrouvera à Bologneà l’occasion de la Fiera del Libro per Ragazzi,qui aura lieu du 31 mars au 3 avril 2008.Le BIEF disposera d’un stand de 280 m2 etaccueillera les éditeurs français ne disposant

pas de stand individuel ou ceux souhaitant bénéficier d’unedouble représentation.

A. R.

Foire du livre de Londres �14 – 16 avril 2008

Dédiée principalement aux échanges de droits,la foire du livre de Londres a pris, depuis un an,ses nouveaux quartiers à Earls Court, non loind’Olympia, afin de répondre à la demande desprofessionnels qui était de recentrer cette mani-

festation au cœur de Londres. L’édition précédente à cet endroita été un succès, la foire du livre de Londres étant devenue unrendez-vous important pour les professionnels du monde entier.Elle réunira une centaine de pays avec plus de 25 000 profes-sionnels de l’édition (éditeurs, responsables des droits, agentslittéraires, libraires, distributeurs…) et 1500 exposants. Le standdu BIEF, comme à l’accoutumée, accueillera de très nombreuxéditeurs français.

C. K.

New York Comic Con�18-20 avril 2008Le BIEF avait participé à la première édition de ce Salon en 2006.Professionnel (le premier jour) et grand public (les jours suivants),cette manifestation connaît depuis sa création des recordsd’affluence. Le BIEF y aura un stand où les éditeurs françaispourront exposer leurs catalogues et prendre leurs rendez-vous.

A. R.

� L E S R E N D E Z -

lettreLa22 • décembre 2007 - janvier 2008

Salon international de l’édition et du livre de CasablancaFrance invitée d’honneur�8-17 février 2008

La France sera l’invitée d’honneur de la 14e édition du Salon international de l’éditionet du livre (SIEL) de Casablanca. L’édition pré-cédente avait confirmé le succès – public etprofessionnel – croissant d’un salon devenuannuel en 2005. Un stand de 200 m2, plusde 2 000 ouvrages exposés et une vingtaine

d’auteurs et d’éditeurs français invités sont venus récom-penser l’important effort de professionnalisation mené parle ministère de la Culture marocain, organisateur du Salon etl’excellente collaboration entre le BIEF, l’ambassade de France,le ministère de la Culture marocain et la librairie DSM, notrepartenaire commercial sur place.

A. R.

Foire internationale du livre de Taipei�13 - 18 février 2008

885 maisons d’édition venues de 41 pays, dont denombreux asiatiques, prennent part à cette manifes-tation. Autant d’occasions pour les éditeurs français

de multiplier ou conforter leurs contacts avec les professionnelsdu livre en Asie. Deux journées sont réservées exclusivement auxéchanges professionnels. Mais c’est également une manifestationgrand public au cours de laquelle de nombreuses animationssont organisées. Cette année, la France est invitée d’honneurd’un forum ayant pour thème « la littérature du voyage » (romansd’auteurs français pas encore traduits, beaux livres sur la France,voyage gastronomique, récits de voyages, carnets de voyages,livres de photos…). À noter qu’en plus du hall principal où exposele BIEF, deux autres halls sont entièrement dédiés, pour l’un à la jeunesse, et, pour l’autre, à la bande dessinée et aux mangas.

C. K.

Journée de l’Art de vivre à Madrid�21 février 2008Suite à l’étude thématique et à la diffusion du catalogue collectiffrançais-espagnol, une journée professionnelle entre éditeurs desdeux pays sera organisée par la section Art de vivre du BIEF.L’institut français de Madrid et les services culturels de l’ambassadede France en Espagne seront les partenaires de cette opération.

S. B.

18e Foire internationale du livre d’Abu Dhabi �11-16 mars 2008Si Abu Dhabi est la capitale des Émirats arabes unis, elle chercheactivement à devenir la capitale culturelle du monde arabemoderne. La 2e édition de ce Salon dans sa forme internationalesera l’occasion pour le BIEF d’évaluer les opportunités et lescaractéristiques de ce marché. L. R.

Vous pouvez retrouver l’ensemble des r

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34e Foire internationale du livre de Buenos Aires �21 avril-12 mai 2008Organisée par la Fundación El Libro qui regroupe des éditeurs,

des auteurs, des libraires et distributeurs,la Foire du livre de Buenos Aires se tiendradu 21 avril au 12 mai 2008. Avec plus de1 000 événements culturels et 36 paysreprésentés, la fréquentation dépasse chaqueannée le million de visiteurs.

H. O.

14e Foire internationale du livre de Prague

�24-28 avril 2008Après une régionalisation des éditeurs espagnols à l’occasion deFrancfort, ils se réunissent à nouveau sous une même bannière,celle de l’Espagne, au Salon du livre de Prague où ils seront lesinvités d’honneur. Cette édition mettra également l’accent surdes thèmes comme « l’amour et la passion » ou « l’art de vivre »,thèmes très français, s’il en est. Evénement très grand public,les organisateurs de ce salon ont résolument à cœur d’en faireégalement une manifestation pour les professionnels.

L. R.

Festival franco-irlandais de Dublin �avril 2008

Moment qui propose un échangelittéraire intense autour de laproduction littéraire irlandaiseet française. Chaque année, un

thème choisi en lien avec des professeurs du Trinity Collegeréunit différents auteurs contemporains. Le BIEF se chargede présenter la production littéraire française qui fait échoau thème retenu.

S. B.

21e Foire internationale du livre de Téhéran�2 -12 mai 2008

Cette année encore le BIEF, en association avec lalibrairie/maison d’édition Farhang Moaser Publishers,présentera un stand au Salon du livre de Téhéran.

L. R.

�Catalogue des titres disponibles pour l’AsiePublié en février 2008 , ce catalogue en langue chinoise est destiné àencourager le fort développement de cessions de droits vers Taïwan,et plus généralement l’Asie, de titres, toutes disciplines, libres de droitsen langue chinoise. C’est la 2e édition de ce catalogue qui rencontreun vif intérêt des éditeurs, importateurs, bibliothécaires et univer-sitaires de la zone. C.K.

�Carnet de plumes françaises en hébreu En 2008, Israël est le pays invité d’honneur au Salon du livre de Paris. Afinde mieux faire connaître aux éditeurs de ce pays la diversité de la litté-rature contemporaine française, un catalogue numérique en versionbilingue français-hébreu sera produit par le BIEF à cette occasion. S.B.

�Catalogue français-anglais en sciences humaines et socialesToujours afin de préparer au mieux cette venue des éditeurs israéliensau Salon du livre de Paris 2008, le BIEF réalise un catalogue collectiffrançais-anglais en sciences humaines et sociales, destiné à favoriser lacession des droits.Il sera envoyé aux éditeurs israéliens et aux Services culturels del’Ambassade de France en Israël et sera également largement diffusépendant le Salon du livre. H.O.

�Catalogue français-anglais de titres de jeunesse etde bandes dessinées Le BIEF réalise pour l’année 2008 un catalogue collectif de titres dejeunesse et de bandes dessinées, en français et en anglais. Imprimé à7 000 exemplaires, ce catalogue sera diffusé sur l’ensemble des salonsgénéralistes et manifestations jeunesse auxquelles le BIEF participeratout au long de l’année. Il sera également envoyé aux ambassades etinstitutions françaises à l’étranger. A.R.

�Catalogue bilingue de livres d’art En 2008, les activités de la section Art du BIEF seront particulièrementtournées vers la Grande-Bretagne (rencontres professionnelles à Londres)et le monde anglo-saxon. Le BIEF éditera un catalogue français-anglaisde livres d’art dont la première diffusion se fera lors du Salon du livred’Abu Dhabi en mars. L.R.

�Catalogue franco-espagnol de livres d’art Afin de promouvoir les livres d’art français dans les pays hispanophones, leBIEF a réalisé un catalogue bilingue français-espagnol, qui a d’abord étédistribué durant la Foire du livre de Guadalajara. En 2008, il sera diffusé àla FIL de Buenos Aires et au Salon Liber en Espagne. La version numériquesera envoyée aux services culturels des ambassades concernées. L.. R.

�La Bibliothèque de l’art de vivre 2008 Cette année, le catalogue collectif de la section Art de vivre du BIEF seradiffusé dans les zones anglophones, et notamment l’ Asie. S. B.

Les catalogues du BIEF

lettreLa 23décembre 2007 - janvier 2008 •

V O U S � Le BIEF publie désormais chaque année des catalogues thématiques collectifsà destination des professionnels étrangers – libraires, bibliothécaires, éditeurs,institutions françaises à l’étranger...Ils sont également distribués sur les foires internationales ou les expositionsthématiques. Des e-catalogues, réalisés pour le domaine des sciences humaines,sont envoyés sous format PDF.D’autres catalogues bilingues sont destinés aux échanges de droits lors decertaines foires internationales.L’ensemble des titres sélectionnés dans ces catalogues se retrouve sous formed’exposition virtuelle sur notre site tout au long de l’année.

PROGRAMME DU 1er SEMESTRE 2008:

s rendez-vous sur www.bief.org

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La Bibliothèque de l’art de vivre : une promotion en trois temps

En 2008, le BIEF publiera la deuxième édition de la« Bibliothèque de l’art de vivre », en langue anglaise.

Rappelons que le catalogue 2007 était destiné à la zonehispanophone.

Cette publication est d’abord une présentation de la pro-duction de livres d’art de vivre en France et regroupetitres et collections touchant aux domaines de la cuisine,des loisirs créatifs, du tourisme et des beaux-livres.Les titres sélectionnés par les éditeurs qui y participentpeuvent être destinés à l’export comme à la cession desdroits. Afin d’assurer la meilleure diffusion possible dece catalogue, sa publication s’inscrit dans un calendrierprécis : avant sa diffusion, une étude sur le marché-cibleest réalisée par notre département Études – pour cetteannée, « le marché du livre d’art de vivre aux États-Unis» –.

Le catalogue fait l’objet d’un mailing personnaliséenvoyé aux professionnels locaux répertoriés dansl’étude, puis d’une diffusion plus large dans les salonsdu livre de la zone linguistique, et par l’intermédiairedes services culturels locaux. Enfin, des journées derencontres professionnelles sont organisées à Madrid le21 et 22 février prochain entre acteurs du livre d’art devivre espagnols et français.

Sophie Bertrand

Bureau International de l’Édition Française115, boulevard Saint-Germain - 75006 Paris.Tél. : 01 44 41 13 13 - Fax : 01 46 34 63 83 Mél. : [email protected]

Directeur de publication : Jean-Guy BoinRédactrice en chef : Catherine FelConception graphique : Evelyne StiveOnt collaboré à ce numéro: Sophie Bertrand, Fanny Chartres,Laurence Hugues, Christine Karavias, Pierre Myszkowski,Heber Ostroviesky, Katja Petrovic, Karen Politis, Laurence Risson.Cette publication bénéficie de l’appui du ministère de la Culture et de la Communication (Direction du livre et de la lecture).

Imprimé par RAS

La Sélection 2008 :Rendez-vous incontournable du BIEF, La Sélection est une

opération qui propose à ses adhérents de présenter unevitrine de leur catalogue sur 10 foires internationales du livre

dans différentes zones géographiques – Europe,Amérique latine, Asie. En 2008, La Sélection

aura un impact particulier puisqu’elle seraexposée cette année dans le cadre de troisinvitations d’honneur faites à la France : àCasablanca, à Taipei et à Thessalonique.Une visibilité accrue donc qui permet demieux cibler les potentialités du livre

français à l’international.La Sélection réunit en moyenne plus de 1500 titres

et regroupe plus de 70 éditeurs. Les stands dévolus à cetteexposition sont organisés par champ thématique.

Où s’exposera la Sélection 2008 ?• TAIPEI (13 - 18 février 2008)• CASABLANCA (8 - 17 février 2008)• BUENOS AIRES (21 avril - 12 mai 2007)• SÉOUL (14 - 19 mai 2008)• VARSOVIE (15 - 18 mai 2008)• THESSALONIQUE (29 mai – 1er juin 2008)• LE CAP (14 – 17 juin 2008)• BELGRADE (octobre 2008)• BUCAREST (novembre 2008)• GUADALAJARA (fin novembre - début décembre 2008)

Contacts : Sophie Bertrand ([email protected])Anne Lacorre ([email protected])

Étude sur le marché du livre en Hongriejanvier 2008

Les changements intervenus en Hongrie depuis 1989 ont profondémentbouleversé le secteur culturel et notamment le livre et l’édition. Dans

ce domaine, la transition fut particulièrement brutale avec l’émergencede nouveaux acteurs – éditeurs locaux privés et étrangers, nouvellesinstitutions publiques – qui ont eu une influence sur le statut et la per-ception même du livre et sur la production littéraire. D’autre part, lalibéralisation de l’économie et les impératifs du marché ont égalemententraîné des changements en profondeur du système de distribution.

Aujourd’hui, le livre reste un produit relativement cher en Hongrie et lepublic de lecteurs réguliers augmente peu. Cependant, avec un chiffred’affaires évalué à 262 millions d’euros pour l’année 2006, l’éditionhongroise est un secteur en croissance. C’est ce dynamisme que le BIEFsouhaite analyser à travers cette étude sur le marché du livre en Hongrie,qui paraîtra en janvier 2008.

Après avoir présenté les principales caractéristiques du marché, cetteétude s’attache à évaluer les axes de coopération franco-hongrois,notamment dans le domaine des achats de droits de traduction, laHongrie s’enrichissant constamment des productions éditoriales étrangères.

Karen Politis

Parutions

20082008

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Échanges franco-allemands :de bonnes perspectives pour les deuxprogrammesLa dernière Foire de Francfort a permis la promotion duprogramme pour jeunes traducteurs littéraires sur leCentre international de la traduction ainsi que sur le standd’Arte. Elle a été aussi l’occasion de sélectionner les candi-dats pour le programme 2008, s’adressant aux jeuneslibraires et éditeurs, auquel, une fois encore, éditeurs etlibraires français apporteront leur soutien.

Katja PetrovicCompte rendu détaillé sur www.bief.org