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4S64 82 e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T. 75 Résultats des prothèses d’épaule dans l’arthrose primitive avec glène biconcave Juan CASTELLANOS ROSAS *, John LUNN, Arnaud GODENÈCHE, Gilles WALCH INTRODUCTION. La subluxation postérieure statique de la tête humérale dans les arthroses gléno-humérales primitives peut être responsable d’une usure asymétrique de la glène (glène biconcave de type B2). La mise en place et la survie d’une pro- thèse d’épaule non contrainte peuvent en être compromises. Le but de cette étude était d’analyser les résultats des prothèses d’épaule dans cette population. MATÉRIEL ET MÉTHODES. Entre 1993 et 2004, 94 pro- thèses ont été implantées pour arthrose primitive avec glène de type B2 biconcave. Il y avait 54 femmes, 32 hommes et 8 cas bilatéraux. L’âge moyen à l’opération était de 72 ans (54-87). L’épaule dominante était concernée dans 59 % des cas. 88 épau- les ont eu une prothèse totale et 6 épaules une prothèse humé- rale. Toutes les glènes ont été implantées après un fraisage asymétrique ; 10 greffes osseuses glénoïdiennes et 13 plicatures de la capsule postérieure ont été associées. Tous les patients ont été revus en consultation avec un recul moyen de 5 ans (2-11). Les résultats ont été analysés sous l’angle clinique (score de Constant, amplitudes articulaires), radiologique (liseré ou des- cellement glénoïdien) et scannographique. Tous les patients avaient eu un arthroscanner préopératoire et 53 patients ont eu un scanner de contrôle postopératoire. Les scanners permettaient l’analyse de la subluxation postérieure de la tête, l’usure et la rétroversion glénoïdienne. RÉSULTATS. Le score de Constant est passé de 45 à 94 % (p < 0,001), l’élévation antérieure active de 105 à 138° (p < 0,001). Il y a eu 10 complications ayant nécessité 6 ré-opéra- tions. Un liseré glénoïdien complet était présent dans 22 % des cas et un descellement radiologique dans 15 %. Sur le plan sub- jectif, 90 % des patients se déclaraient très contents ou contents. La subluxation postérieure s’était reproduite sur 30 des 53 épau- les avec scanner postopératoire. La récurrence de la subluxation postérieure était corrélée de manière significative avec le côté dominant, la limitation de la rotation interne postopératoire et un moins bon score de Constant. En revanche, le degré d’usure et de rétroversion glénoïdienne préopératoire n’étaient pas corrélés à la subluxation postopératoire. DISCUSSION ET CONCLUSION. Le résultat des prothèses dans l’omarthrose primitive avec glène biconcave de type B2 est satisfaisant sur le plan clinique mais les résultats radiographi- ques et scanner sont préoccupants à moyen terme. La subluxa- tion postérieure de la tête humérale a tendance à se reproduire quels que soient les gestes associés et paraît plus importante à prendre en compte que l’usure et la rétroversion glénoïdienne. 76 Arthroplastie de l’épaule dans les séquelles arthrosiques des instabi- lités Pierre MANSAT *, Anne-Sophie COUTIÉ, Nicolas BONNEVIALLE, Yves BELLUMORE, Michel MANSAT, Paul BONNEVIALLE L’évolution arthrosique des instabilités de l’épaule est une notion connue. Elle survient chez des personnes souvent jeunes et actives. Le traitement se limite le plus souvent à la mise en place d’une prothèse de l’épaule. Nous rapportons les résultats d’une série monocentrique de prothèses d’épaule dans cette indi- cation. 14 patients (10 hommes et 4 femmes) d’âge moyen 57 ans au moment de l’intervention ont bénéficié d’une prothèse totale d’épaule dans 9 cas, et d’une prothèse humérale dans 5. L’âge au moment du premier épisode d’instabilité était de 30 ans en moyenne. L’instabilité était antérieure dans 13 cas et postérieure dans un. Le traitement initial était chirurgical par butée dans 7 cas et non chirurgical dans 7. Une arthrose secondaire est apparue avec un délai de 26 ans. Selon Samilson, il s’agissait d’un stade 2 dans un cas, 3 dans 8, et 4 dans 5. L’usure de la glène était concentrique dans 10 cas, et excentrique dans 4. Il existait une rupture de la coiffe dans 6 cas. L’évaluation clinique reposait sur le score de Constant et la cotation de Neer. Avec un recul moyen de 84.5 mois (48-180), les résultats selon Neer étaient excellents dans 6 cas, satisfaisants dans 3, et non satisfaisants dans 5. Le score moyen de Constant était de 61,5 points. 72 % des patients ne présentaient aucune douleur ou minime. L’élévation antérieure progressait de 82 à 120° ; la rota- tion externe de -8 à 40° ; la rotation interne du sacrum à L2. Dans 7 cas, il existait une translation supérieure de l’implant huméral avec un espace acromio-huméral moyen de 6 mm. Dans 7 cas, il existait une médialisation de la tête humérale avec usure de la glène dans 3 cas. Sur 9 implants glénoïdiens, un liseré non évolutif était retrouvé dans 7 cas. Le taux de complications était de 21 % et comprenait 3 ruptures de la coiffe dont une a néces- sité une reprise chirurgicale. Aucune récidive de l’instabilité n’a été observée. L’âge au moment du premier épisode d’instabilité, le délai entre le premier épisode et la mise en place de la pro- thèse, le degré d’arthrose, et l’existence d’une lésion de la coiffe, ont influencé de manière statistiquement significative le résultat final. Les résultats rapportés dans cette série sont en accord avec la littérature en soulignant, à 7 ans de recul moyen, l’obtention de résultats satisfaisants dans 65 % des cas, dans ce type d’arthrose post-traumatique. * Juan Castellanos Rosas, Centre Orthopédique Santy, 24, avenue Paul-Santy, 69008 Lyon. * Pierre Mansat, Centre Hospitalier Universitaire Toulouse-PURPAN, place du Docteur-Baylac, 31059 Toulouse.

75 Résultats des prothèses d’épaule dans l’arthrose primitive avec glène biconcave

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Page 1: 75 Résultats des prothèses d’épaule dans l’arthrose primitive avec glène biconcave

4S64 82e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T.

75 Résultats des prothèses d’épauledans l’arthrose primitive avec glènebiconcave

Juan CASTELLANOS ROSAS *, John LUNN,Arnaud GODENÈCHE, Gilles WALCH

INTRODUCTION. La subluxation postérieure statique de latête humérale dans les arthroses gléno-humérales primitives peutêtre responsable d’une usure asymétrique de la glène (glènebiconcave de type B2). La mise en place et la survie d’une pro-thèse d’épaule non contrainte peuvent en être compromises. Lebut de cette étude était d’analyser les résultats des prothèsesd’épaule dans cette population.

MATÉRIEL ET MÉTHODES. Entre 1993 et 2004, 94 pro-thèses ont été implantées pour arthrose primitive avec glène detype B2 biconcave. Il y avait 54 femmes, 32 hommes et 8 casbilatéraux. L’âge moyen à l’opération était de 72 ans (54-87).L’épaule dominante était concernée dans 59 % des cas. 88 épau-les ont eu une prothèse totale et 6 épaules une prothèse humé-rale. Toutes les glènes ont été implantées après un fraisageasymétrique ; 10 greffes osseuses glénoïdiennes et 13 plicaturesde la capsule postérieure ont été associées. Tous les patients ontété revus en consultation avec un recul moyen de 5 ans (2-11).Les résultats ont été analysés sous l’angle clinique (score deConstant, amplitudes articulaires), radiologique (liseré ou des-cellement glénoïdien) et scannographique. Tous les patientsavaient eu un arthroscanner préopératoire et 53 patients ont euun scanner de contrôle postopératoire. Les scanners permettaientl’analyse de la subluxation postérieure de la tête, l’usure et larétroversion glénoïdienne.

RÉSULTATS. Le score de Constant est passé de 45 à 94 %(p < 0,001), l’élévation antérieure active de 105 à 138° (p< 0,001). Il y a eu 10 complications ayant nécessité 6 ré-opéra-tions. Un liseré glénoïdien complet était présent dans 22 % descas et un descellement radiologique dans 15 %. Sur le plan sub-jectif, 90 % des patients se déclaraient très contents ou contents.La subluxation postérieure s’était reproduite sur 30 des 53 épau-les avec scanner postopératoire. La récurrence de la subluxationpostérieure était corrélée de manière significative avec le côtédominant, la limitation de la rotation interne postopératoire et unmoins bon score de Constant. En revanche, le degré d’usure et derétroversion glénoïdienne préopératoire n’étaient pas corrélés àla subluxation postopératoire.

DISCUSSION ET CONCLUSION. Le résultat des prothèsesdans l’omarthrose primitive avec glène biconcave de type B2 estsatisfaisant sur le plan clinique mais les résultats radiographi-ques et scanner sont préoccupants à moyen terme. La subluxa-tion postérieure de la tête humérale a tendance à se reproduirequels que soient les gestes associés et paraît plus importante àprendre en compte que l’usure et la rétroversion glénoïdienne.

76 Arthroplastie de l’épaule dans lesséquelles arthrosiques des instabi-lités

Pierre MANSAT *, Anne-Sophie COUTIÉ,Nicolas BONNEVIALLE, Yves BELLUMORE,Michel MANSAT, Paul BONNEVIALLE

L’évolution arthrosique des instabilités de l’épaule est unenotion connue. Elle survient chez des personnes souvent jeuneset actives. Le traitement se limite le plus souvent à la mise enplace d’une prothèse de l’épaule. Nous rapportons les résultatsd’une série monocentrique de prothèses d’épaule dans cette indi-cation.

14 patients (10 hommes et 4 femmes) d’âge moyen 57 ans aumoment de l’intervention ont bénéficié d’une prothèse totaled’épaule dans 9 cas, et d’une prothèse humérale dans 5. L’âge aumoment du premier épisode d’instabilité était de 30 ans enmoyenne. L’instabilité était antérieure dans 13 cas et postérieuredans un. Le traitement initial était chirurgical par butée dans7 cas et non chirurgical dans 7. Une arthrose secondaire estapparue avec un délai de 26 ans. Selon Samilson, il s’agissaitd’un stade 2 dans un cas, 3 dans 8, et 4 dans 5. L’usure de laglène était concentrique dans 10 cas, et excentrique dans 4. Ilexistait une rupture de la coiffe dans 6 cas. L’évaluation cliniquereposait sur le score de Constant et la cotation de Neer.

Avec un recul moyen de 84.5 mois (48-180), les résultatsselon Neer étaient excellents dans 6 cas, satisfaisants dans 3, etnon satisfaisants dans 5. Le score moyen de Constant était de61,5 points. 72 % des patients ne présentaient aucune douleur ouminime. L’élévation antérieure progressait de 82 à 120° ; la rota-tion externe de -8 à 40° ; la rotation interne du sacrum à L2.Dans 7 cas, il existait une translation supérieure de l’implanthuméral avec un espace acromio-huméral moyen de 6 mm. Dans7 cas, il existait une médialisation de la tête humérale avec usurede la glène dans 3 cas. Sur 9 implants glénoïdiens, un liseré nonévolutif était retrouvé dans 7 cas. Le taux de complications étaitde 21 % et comprenait 3 ruptures de la coiffe dont une a néces-sité une reprise chirurgicale. Aucune récidive de l’instabilité n’aété observée. L’âge au moment du premier épisode d’instabilité,le délai entre le premier épisode et la mise en place de la pro-thèse, le degré d’arthrose, et l’existence d’une lésion de la coiffe,ont influencé de manière statistiquement significative le résultatfinal.

Les résultats rapportés dans cette série sont en accord avec lalittérature en soulignant, à 7 ans de recul moyen, l’obtention derésultats satisfaisants dans 65 % des cas, dans ce type d’arthrosepost-traumatique.

* Juan Castellanos Rosas, Centre Orthopédique Santy,24, avenue Paul-Santy, 69008 Lyon.

* Pierre Mansat, Centre Hospitalier UniversitaireToulouse-PURPAN, place du Docteur-Baylac, 31059 Toulouse.