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Nouvel avant-propos d’Albert Bandura à la 3 e édition francophone Auto-efficacité Comment le sentiment d’efficacité personnelle influence notre qualité de vie ALBERT BANDURA 3 e ÉDITION Traduction de Jacques Lecomte Préface de Philippe Carré

A. BANDURA Auto-efficacité

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Nouvel avant-propos d’Albert Bandura

à la 3e édition francophone

Auto-efficacitéComment le sentiment d’efficacité personnelle influence notre qualité de vie

ALBERT BANDURA 3e ÉDITION

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De nouvelles perspectives dans de nombreux domaines grâce à l’auto-efficacité

Albert Bandura est Docteur en psychologie. Il enseigne à l’université de Stanford. Initialement influencé par le courant behavioriste, il se détourne ensuite radicalement de celui-ci en soulignant dans ses recherches l’importance des facteurs cognitifs et sociaux. Il est actuellement l’un des chefs de file du courant socio-cognitiviste en Amérique du Nord.

Jacques Lecomte est Docteur en psychologie et spécialiste de psychologie positive. Il a notamment enseigné à l’université Paris Nanterre et écrit de nombreux ouvrages sur la psychologie positive, la bonté humaine et la résilience. Il est également Président d’honneur de l’Association française de psychologie positive.

Philippe Carré est professeur à l’université Paris Nanterre. Il s’intéresse particulièrement à la psychopédagogie des adultes, à l’ingénierie pédagogique et à la formation des adultes. Responsable de l’équipe Apprenance et formation des adultes au Cref (EA 1589), président de l’association Interface Recherche (Paris), il est aussi directeur de publication de la revue Savoirs.

Fruit de très nombreuses recherches relatives à l’impact du sentiment d’efficacité personnelle sur la vie quotidienne des individus, cet ouvrage constitue, depuis sa 1e édition, la référence incontournable sur les représentations que les hommes ont de

leur capacité d’agir avec efficacité, par l’influence sur eux-mêmes et sur leur environnement.

L’auto-efficacité agit comme un mécanisme autorégulateur central de l’activité humaine. La confiance que la personne place dans ses capacités à produire des effets désirés influence ses aspirations, ses choix, sa vulnérabilité au stress et à la dépression, son niveau d’effort et de persévérance, sa résilience face à l’adversité… On découvre notamment dans cet ouvrage comment le sentiment d’efficacité personnelle peut modifier le fonctionnement immunitaire et la résistance à la douleur chez des patients, réduire voire éliminer des troubles aussi divers que les phobies, la dépression ou les troubles alimentaires, permettre à des élèves issus de milieu défavorisé d’obtenir de bons résultats scolaires, aider à vaincre des difficultés apparemment insurmontables.

Cet ouvrage s’adresse aux étudiants des 2e et 3e cycles en psychologie. Il intéressera également les psychologues cliniciens, les pédagogues et les sociologues, de même que les responsables en management.

Chaque chapitre aborde un aspect important ou un domaine d’application de l’auto-efficacité, de manière détaillée et aisément compréhensible.

En fin d’ouvrage :uUne bibliographie importanteu�Deux index pour mieux

se repérer

ISBN : 978-2-8073-2681-1

Traduction de Jacques LecomtePréface de Philippe Carré

DANS LA MÊMECOLLECTION

9782807307582_CV_BANDURA.indd Toutes les pages 01/10/2019 17:00

Auto-efficacitéComment le sentiment d’efficacité personnelle influence notre qualité de vie

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1 I John B. WATSON (1878-1958). Psychologue américain, il fut professeur à l’Université deChicago et au laboratoire psychologique de l’Université Johns Hopkins. Il a eu un impactmajeur sur le développement de la théorie behavioriste.

2 I Albert BANDURA (1925- ). Psychologue canadien, il enseigne à l’Université de Stanforddepuis 1953. Ses recherches portent sur les différents aspects de la théorie sociale cognitive.

3 I Françoise DOLTO (1908-1988). Médecin et psychanalyste française, elle est une disciple deFreud. Son œuvre est consacrée à ce qu’elle nomme elle-même «��la cause des enfants�».

4 I Carl ROGERS (1902-1987). Psychologue américain, il développa une approche humanistevisant à libérer le potentiel du patient pour qu’il résolve lui-même ses problèmes personnels.

5 I Hermann RORSCHACH (1884-1922). Médecin, psychiatre et psychanalyste suisse, il exerçadans plusieurs asiles. Son œuvre principale est consacrée à la psychologie religieuse.

6 I Sigmund FREUD (1856-1939). Médecin et psychanalyste autrichien, il est considéré commele père de la psychanalyse moderne.

7 I Carl Gustav JUNG (1875-1961). Médecin et psychologue suisse, il a été l’élève de Freud.En désaccord avec celui-ci, il va créer sa propre théorie. Il a créé sa propre théorie et estainsi devenu le fondateur de la psychologie analytique.

8 I Anna FREUD (1895-1982). Fille de Sigmund Freud, elle se consacra dès 1926 à la psy-chanalyse des enfants. Elle a été toute sa vie en opposition avec Mélanie Klein.

9 I Ivan Petrovich PAVLOV (1849-1936). Chimiste russe, il travailla à l’Académie militaire deSaint-Petersbourg. Il a mis en lumière l’existence du réflexe conditionné appeléaujourd’hui «��réflexe pavlovien��».

10 I Jacques LACAN (1901-1981). Médecin et psychanalyste français, il a défendu les théo-ries freudiennes. Il a expliqué la structure de l’inconscient et a défini la structure du sujet.

11 I Mélanie KLEIN (1882-1960). Psychanalyste autrichienne, elle est autodidacte. Elle a éla-boré la technique du jeu comme moyen d’accès à l’inconscient. Elle a été toute sa vie enopposition avec Anna Freud.

12 I Burrhus Frederic SKINNER (1904-1990). Psychologue américain, il a enseigné dans plu-sieurs universités. Il affirme que les comportements humains sont déterminés par l’effetqu’ils produisent dans l’environnement.

COLLECTION OUVERTURES PSYCHOLOGIQUESDes manuels de qualité (originaux en langue française et traductions des plus grandsouvrages anglo-saxons), régulièrement mis à jour avec les données le plus récentes, quiprivilégient une organisation pédagogique progressive et offrent à l’étudiant de nombreuxoutils d’apprentissage.

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Auto-efficacitéComment le sentiment d’efficacité personnelle influence notre qualité de vie

TRADUCTION DE JACQUES LECOMTE

PRÉFACE DE PHILIPPE CARRÉ

3e édition

ALBERT BANDURA

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© De Boeck Supérieur s.a., 2019 3e éditionrue du Bosquet, 7 – B-1348 Louvain-la-Neuve

Tous droits réservés pour tous pays pour la traduction et l’adaptation en langue française.Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment parphotocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans unebanque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelquemanière que ce soit.

Dépôt légal :Bibliothèque nationale, Paris : octobre 2019 ISSN : 2030-420XBibliothèque royale de Belgique,Bruxelles : 2019/13647/129 ISBN 978-2-8073-2681-1

Ouvrage Original :Self Efficacity, 1St Edition, By Albert BanduraCopyright © 1997 W.h. Freeman & Cie. All Rights Reserved.Albert Bandura, Auto-Efficacité, 3e Édition.Copyright © 2019 De Boeck Supérieur. All Rights Reserved.

www.deboecksuperieur.com

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Sommaire

PRÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

AVANT-PROPOS DE LA NOUVELLE ÉDITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

NOTE DU TRADUCTEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

CHAPITRE 1 PERSPECTIVES THÉORIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

CHAPITRE 2 NATURE ET STRUCTURE DE L’EFFICACITÉ PERSONNELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

CHAPITRE 3 SOURCES DE L’EFFICACITÉ PERSONNELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

CHAPITRE 4 PROCESSUS MÉDIATEURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

CHAPITRE 5 ANALYSE DÉVELOPPEMENTALE DE L’EFFICACITÉ PERSONNELLE . . . . . . . . 255

CHAPITRE 6 FONCTIONNEMENT COGNITIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331

CHAPITRE 7 SANTÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 404

CHAPITRE 8 FONCTIONNEMENT CLINIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 487

CHAPITRE 9 FONCTIONNEMENT SPORTIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 559

CHAPITRE 10 FONCTIONNEMENT ORGANISATIONNEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 637

CHAPITRE 11 SENTIMENT D’EFFICACITÉ COLLECTIVE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 717

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 787

POUR EN SAVOIR PLUS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 851

INDEX THÉMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 855

INDEX DES NOMS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 861

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Préface

Quel mélange de hasard, de circonstances favorables et de sentiment d’effica-cité personnelle a-t-il permis à l’un des six enfants d’une famille venued’Europe de l’Est, installée au fin fond de l’Alberta du Nord au début duXXe siècle, de devenir le plus éminent psychologue vivant aujourd’hui, selonl’étude de la très officielle Review of General Psychology (2002) ? 1

En réponse à cette question, Albert Bandura aime à citer Pasteur, pour qui« la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés ». Cette préparation aviséeaux opportunités de la vie et de la carrière, il dit l’avoir retirée de l’interactionde plusieurs circonstances, fortuites ou délibérément inscrites dans son envi-ronnement familial et éducatif. D’abord, sans doute, l’autodétermination d’unpère autodidacte, porteur d’un projet de vie et de promotion sociale,convaincu de l’importance de l’éducation, fortement engagé dans la vie démo-cratique locale. Ensuite, un encadrement scolaire nécessairement distant, vul’époque et le lieu, mais paradoxalement porteur d’initiatives autodirigéeschez les élèves, quotidiennement confrontés aux limites du pouvoir et dusavoir enseignant. Puis la stimulation collective d’une communauté de jeunesqui ont relevé le défi de l’avenir improbable : l’accès à l’université. Et enfin,surtout peut-être, la construction progressive par le jeune Bandura, à force deréussites scolaires, de modélisation et d’encouragements parentaux, d’uneauto-efficacité à toute épreuve…

Le jeune étudiant, que ses origines avaient donc fort peu destiné à cette route,passe ainsi son doctorat à l’Université d’Iowa en 1952, et entre dans la fouléecomme instructeur à Stanford, où il devient professeur de psychologie en1964, et exerce encore aujourd’hui en tant que titulaire de la chaire DavidStarr Jordan. Parmi les multiples responsabilités scientifiques prestigieuses etdistinctions honorifiques rares qui égrènent une carrière académique d’undemi-siècle, notons simplement qu’Albert Bandura a été président de l’Asso-ciation Américaine de Psychologie et est actuellement président honoraire del’Association Canadienne de Psychologie, membre de l’Académie Américainedes Arts et des Sciences et de l’Institut de Médecine de l’Académie Nationaledes Sciences. Son itinéraire, de la petite école de Mundare jusqu’au couronne-ment de son itinéraire scientifique exceptionnel en 2002, évoquera Camus,pour qui « l’homme n’est rien en lui-même. Il n’est qu’une chance infinie. Maisil est le responsable infini de cette chance. »

Cet itinéraire d’exception permet sans doute de mieux comprendre pourquoila théorie sociocognitive de Bandura est à la fois une psychologie de l’opti-misme, de la compétence, et du XXIe siècle.

Selon cette théorie, les sujets sociaux ne sont pas des organismes réactifs, for-matés par des contingences sociopsychologiques ou dominés par des pulsions

1. Haggbloom, S. J. (2002) The 100 most eminent psychologists of the 20th century, Review ofGeneral Psychology, Vol. 6, n° 2, 139-152.

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Préface ■ 7

dissimulées au plus profond de leur psyché. Ils sont disposés à s’auto-organi-ser, à se comporter de façon proactive, et à activer des mécanismes d’autoré-flexion et d’autorégulation. Mais ils ne sont pas pour autant des acteursautosuffisants, tout-puissants et indépendants de leurs environnementssociaux : tout comme Henri Wallon, dont il connaît les travaux, Bandurapourrait dire qu’opposer l’individu à la société, « c’est lui décortiquer lecerveau ». Selon le psychologue canadien, le fonctionnement humain est leproduit d’une interaction dynamique et permanente entre des cognitions, descomportements et des circonstances environnementales. Dans ce modèle de« causalité triadique réciproque », nous sommes à la fois les producteurs et lesproduits de nos conditions d’existence. Voici la dimension résolument opti-miste, « positive » pourrait-on dire, de la philosophie psychologique deBandura : les hommes et les femmes, volontaires et libres de leurs actes autantque déterminés et façonnés par les circonstances de leurs vies, sont « aumoins les architectes partiels de leurs propres destinées ». Selon lui, les sujetssociaux sont plus arbitres de leurs vies que démiurges ou objets de leursmondes sociaux ou psychiques. Face aux philosophies du soupçon, del’absurde ou de la loi sociologique ou inconsciente, la posture de Bandura faitfonction d’antidote au sentiment d’impuissance qui pourrait submerger lesujet contemporain confronté aux complexités du monde.

Psychologie positive, la théorie sociocognitive est également une psychologiede la compétence, quand elle s’arme de son concept organisateur central,l’auto-efficacité, qui fait l’objet de cet ouvrage et lui donne son titre. D’aprèsBandura, le système de croyances qui forme le sentiment d’efficacité person-nelle est le fondement de la motivation et de l’action, et partant, des réalisa-tions et du bien-être humains. Comme il l’indique régulièrement, avec uneclarté et une force de conviction rares, « si les gens ne croient pas qu’ilspeuvent obtenir les résultats qu’ils désirent grâce à leurs actes, ils ont bienpeu de raisons d’agir ou de persévérer face aux difficultés » 2. L’une des qua-lités majeures de l’ouvrage que l’on va lire est sans doute d’étayer la démons-tration de cette hypothèse générale par l’analyse serrée de plus de 1800études et articles, recouvrant la plus grande variété de champs de pratiqueset d’enjeux sociaux. De l’éducation à la santé publique, du management àl’action sociale, de l’orientation professionnelle au vieillissement, une quantitéimpressionnante de preuves empiriques illustre ici l’influence majeure descroyances d’efficacité personnelle dans la quasi-totalité des actions humaines.Elles interviennent dans la nature des projets que nous formons, la force denos décisions, notre persévérance et nos démissions ; les évaluations que nousformons de nos actes avant d’agir encore, ou bien d’abandonner ; nos vulnéra-bilités au stress et à la dépression ; nos engagements et nos enthousiasmes ; lanature de nos choix de vie, affectifs, sociaux, professionnels …

La théorie de l’auto-efficacité est également une théorie authentiquementadaptée à ce début de XXIe siècle, non seulement par la position centrale qu’yoccupe la notion de compétence, ou d’efficacité, mais également parce que lesanalyses ici réunies traversent l’ensemble des thématiques qui dominent ledébat social aujourd’hui. La société de l’information, le rôle central qu’y jouent

2. Bandura, A. (2002) Biographical Sketch, Palo Alto, CA : l’auteur, 3p

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8 ■ Préface

les apprentissages et les savoirs, les conditions de la performance écono-mique, organisationnelle et sociale, la prévention des risques de santé, lesdéséquilibres entre les nations, l’impact démesuré des moyens de communica-tion de masse, sont autant de thèmes traités dans les centaines de recherches,rigoureuses et contrôlées, réalisées pour mettre à l’épreuve différents aspectsde la théorie. Pour Bandura, les avancées foudroyantes de l’informatique etdes télécommunications, liées à l’augmentation exponentielle de la quantité desavoirs disponibles et à l’internationalisation des échanges, donnent aux capa-cités d’autodirection une dimension véritablement stratégique aux niveauxindividuel, organisationnel et collectif. La théorie sociocognitive souligne queles personnes formulent des projets et des buts, en anticipent les résultats,puis les évaluent. Or ces différentes activités de régulation de la motivation etdu comportement deviennent essentielles dans une société de plus en plus ins-table, changeante et imprévisible. L’efficacité dans le « management de soi »est rendue d’autant plus vitale que la vitesse du changement dans l’informa-tion, les technologies et le tissu social, est rapide. Au plan éducatif, nous rap-pelle Bandura 3, « le contenu de la plupart des manuels est périssable, maisles instruments de l’autodirection serviront tout le temps ».

En phase avec les temps nouveaux, l’œuvre de Bandura, et ce livre en parti-culier, traitent des dimensions non seulement individuelles, mais égalementcollectives de l’auto-efficacité. À travers exemples et recherches tirés d’unevariété de pratiques humaines (enseignement, sport, management, action poli-tique collective), l’auteur nous explique à quel point c’est par le partage decroyances sur leur capacité à traiter les défis et les actions ensemble que lesgroupes soudent leur activité collective et, dès lors, déterminent une grandepartie de leurs résultats. La dimension collective de l’auto-efficacité est, deplus, régulièrement abordée dans ce livre à travers les efforts constants del’auteur pour dessiner les pistes d’action que les dispositifs d’intervention(politiques, socio-sanitaires, pédagogiques ou autres) peuvent emprunter pourcontribuer au développement du sentiment d’efficacité personnelle des sujetssociaux. Pour Bandura, « les systèmes sociaux qui entretiennent les compé-tences des gens, leur fournissent des ressources utiles, et laissent beaucoup deplace à leur autodirection, leur donnent plus de chances pour qu’ils concré-tisent ce qu’ils veulent eux-mêmes devenir » (1986).

On ne reflète qu’improprement la substance d’un tel livre dans le cadre néces-sairement limité d’une préface. Il faudrait, par exemple, évoquer la portée« opératoire » de la théorie sociocognitive quand elle permet de traiter desphobies sévères en deux heures, par l’action combinée du modelage, del’entraînement progressif et de la construction du sentiment d’efficacité per-sonnelle. Ou encore souligner son « empan » théorique, quand elle peut abor-der comme dans les recherches les plus récentes de l’auteur de ce livre, desthèmes qui vont de l’autorégulation dans le traitement de l’hypercholestéro-lémie jusqu’à l’étude du désengagement moral après les attentats du 11 sep-tembre 2001…

3. Stokes, D. (1986) Chance can play key role in life, psychologist says, Campus Report, June4, p. 5-6.

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Préface ■ 9

On me pardonnera donc, je l’espère, de n’avoir fait qu’effleurer l’intérêt de cetouvrage, de même que de livrer pour conclure une double réflexion plus per-sonnelle.

D’abord pour saluer le travail linguistique titanesque entrepris par JacquesLecomte grâce à qui les nombreux professionnels, chercheurs et étudiantsjusqu’ici peu enclins à aborder un ouvrage aussi riche et dense que celui-cidans une langue étrangère disposent aujourd’hui d’une traduction prudente,méticuleuse et donc scrupuleusement fidèle de cet ouvrage majeur.

Ensuite pour évoquer, à côté et au-delà de l’admiration que j’ai pu ressentirpour Bandura, l’auteur, depuis la lecture de ce livre il y a quelques années, lerespect que m’inspira la rencontre récente avec Bandura, la personne. Àl’heure où ces lignes sont écrites, le souvenir me reste vif d’une semaine pas-sée auprès de lui, au début de ce mois, alternant entretiens de travail dans sonbureau de Stanford et conversations informelles dans les restaurants de PaloAlto. Un personnage d’une telle dimension scientifique et professionnelleaurait eu quelque légitimité à accorder son temps avec parcimonie, à ne trai-ter que les questions les plus conformes à ses intérêts actuels, à évacuer lesplus triviales à ses yeux… Il n’en fut rien. À l’élégance subtile de sa pensée atoujours répondu l’amicale discrétion de son comportement, l’ensembleimmergé dans l’environnement prestigieux qui sied si bien à une personnalitéd’exception. Pour cette autre forme de causalité triadique, thank you, Al.

Philippe CARRÉ

Professeur à l’Université Paris XCentre de Recherche Éducation — Formation (EA 1589)

Secteur Savoirs et Rapport au Savoir

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Avant-propos

Les sociétés contemporaines sont soumises à d’extraordinaires transforma-tions informationnelles, sociales et technologiques. Les changements sociauxne sont certes pas une nouveauté dans l’histoire, mais la nouveauté concerneleur importance et leur rythme accéléré. Des cycles rapides de profonds chan-gements imposent des renouvellements personnels et sociaux permanents.Cette situation fournit au sentiment d’efficacité un rôle important pour façon-ner le futur. De nombreuses théories actuelles décrivent les gens comme desobservateurs passifs de mécanismes internes orchestrés par les phénomènesenvironnementaux ; ils sont dépouillés de tout sentiment d’agentivité. En réa-lité, les individus sont des agents proactifs, des organismes ayant des buts, quifaçonnent leur existence et les systèmes qui organisent, guident et régulent lefonctionnement de la société.

Ce livre étudie l’exercice de l’agentivité humaine par l’intermédiaire descroyances qu’ont les individus de pouvoir produire des effets souhaités grâceà leurs actions. Il décrit en détail les origines des croyances d’efficacité, leurstructure, les processus par lesquels elles modifient le bien-être et les réalisa-tions des personnes, ainsi que la façon dont ces processus peuvent être déve-loppés et utilisés pour améliorer la vie humaine. L’efficacité personnelleperçue joue un rôle essentiel dans la théorie sociocognitive à multiplesfacettes, mais n’est pas l’unique déterminant de l’action. Cet ouvrage présenteles nombreux moyens par lesquels les croyances d’efficacité agissent avecd’autres facteurs sociocognitifs dans la gestion de l’adaptation et du change-ment humains.

Les profondes transformations actuelles créent de nouveaux paradoxes. D’uncôté, les gens ont plus de connaissances, de moyens et de pouvoir social pourexercer un contrôle accru, individuellement ou socialement, sur leur propredéveloppement et sur les conditions qui affectent leur existence. D’un autrecôté, avec les interdépendances internationales croissantes, la vie écono-mique et sociale dans les sociétés contemporaines est largement façonnée pardes événements se produisant dans des lieux éloignés. La globalisation del’interconnexion humaine génère de nouveaux défis pour l’exercice d’un cer-tain contrôle sur le destin personnel des individus et sur la vie nationale. Cesréalités transnationales créent une nouvelle culture mondiale qui impose desexigences croissantes à l’efficacité collective pour façonner la qualité de la vieet l’avenir collectif.

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Avant-propos ■ 11

Selon la conception de l’agentivité humaine présentée dans ce livre, l’efficacitépersonnelle perçue agit au sein d’un vaste réseau d’influences sociostructu-relles. Cependant, cette analyse va au-delà de l’approche contextualiste selonlaquelle les individus accordent leurs actions aux différents contextessociaux dans lesquels ils peuvent se trouver. Les gens sont des producteursautant que des produits de l’environnement social. En bref, ils sélectionnentet façonnent leur environnement. Cette causalité réciproque des caractéris-tiques personnelles et environnementales est mieux prise en compte par uneperspective transactionnaliste que contextualiste. Selon cette approche, lesinfluences sociostructurelles agissent par les systèmes de soi (self-systems)bien plus qu’elles ne constituent des conceptions rivales du comportementhumain. L’influence opérant de manière bidirectionnelle, la théorie socioco-gnitive rejette une vision dualiste de la relation entre le soi et la société, etentre la structure sociale et l’agentivité personnelle.

Les humains sont fortement interdépendants. Leurs actions modifient le bien-être des autres, et inversement les actions des autres influent sur leur proprebien-être. Ils doivent de plus en plus travailler ensemble pour obtenir une viemeilleure. La théorie sociocognitive élargit donc l’analyse de l’agentivitéhumaine à l’exercice de l’agentivité collective. Cette dernière opère par l’inter-médiaire de croyances d’efficacité et d’espoirs partagés par des familles, descommunautés, des organisations, des institutions sociales et même desnations, de telle façon que les gens puissent résoudre leurs problèmes et amé-liorer leur existence par un effort commun. Cet ouvrage examine les condi-tions d’existence actuelles qui empêchent le développement de l’efficacitécollective et les dispositions nouvelles par lesquelles les individus tentent deregagner un certain contrôle sur leur existence.

Les théories sont jugées à l’aune de leur pouvoir explicatif et prédictif. Maisdans l’analyse finale, la valeur d’une théorie psychologique doit aussi être jugéeen fonction de son pouvoir d’améliorer la vie humaine. La théorie de l’efficacitépersonnelle fournit un vaste ensemble de connaissances autorisant des appli-cations sociales dans de multiples domaines de l’existence. La large portée et ladiversité d’applications possibles attestent la généralité explicative et opéra-toire de cette approche. Je souhaite qu’une meilleure compréhension des apti-tudes individuelles et collectives puisse aider à décrire un processus optimistedu développement et du changement humains.

L’augmentation des connaissances et les technologies qu’elle engendre ontconsidérablement accru le pouvoir humain de transformer l’environnement.Les gens adaptent de plus en plus l’environnement à eux-mêmes plutôt qu’ilsne s’adaptent à lui. Par leurs actions transformatrices, ils exercent une actionplus importante dans ce processus d’évolution bidirectionnelle. L’impact del’efficacité accrue sur la nature et sur la qualité de la vie dépend des butsqu’elle sert. Le public se demande de plus en plus si les systèmes de résultatsanticipés et certaines technologies que nous créons ne finissent pas par nousdiriger. Si nous continuons à détruire les écosystèmes interdépendants quipréservent la vie, par des modes de fonctionnement basés sur une perspectiveà courte vue, c’est une théorie de la « sélection culturelle contre nature » quidevrait retenir notre attention. La domination croissante de l’espèce humainesur l’environnement crée des effets paradoxaux. Les technologies que les gens

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12 ■ Avant-propos

créent pour modifier et contrôler leur environnement peuvent paradoxale-ment se transformer en une force contraignante qui contrôle à son tour leurmanière de penser et d’agir. Le dernier chapitre de ce livre aborde ces pro-blèmes plus généraux ainsi que des approches basées sur l’efficacité pour yrépondre.

Certains matériaux de cet ouvrage ont déjà été publiés dans divers chapitreset articles sous les titres suivants : « Le mécanisme d’efficacité personnelledans l’agentivité humaine », American Psychologist, 1982 ; « L’efficacité per-sonnelle perçue dans l’exercice de l’agentivité personnelle », The Psychologist :Bulletin of the British Psychological Society, 1989 ; « L’autorégulation de lamotivation et de l’action par les systèmes d’objectif », Kluwer Academic Publi-shers, 1988 ; « Le mécanisme d’efficacité personnelle dans l’activation physio-logique et le comportement favorisant la santé », Raven, 1991 ; « L’efficacitépersonnelle perçue dans le développement et le fonctionnement cognitifs »,Educational Psychologist, 1993. Ces matériaux ont été substantiellementrevus, augmentés et mis à jour.

C’est avec plaisir que je saisis l’occasion de reconnaître ma considérable dettede gratitude envers les nombreuses personnes qui m’ont aidé d’une manièreou d’une autre dans cette entreprise. Je suis toujours reconnaissant envers laFondation Spencer et la Fondation Johann Jacobs pour leur généreux soutiende mes programmes de recherche et pour la préparation du manuscrit. Celivre porte le nom d’un seul auteur, mais est le produit des efforts conjuguésde nombreux collègues et anciens étudiants. Leurs contributions créativessont reconnues dans les nombreuses citations présentes dans l’ouvrage. Je lesremercie d’avoir enrichi mon savoir et de m’avoir accordé leur chaleureuseamitié. Je souhaite également exprimer ma reconnaissance à l’égard des nom-breux chercheurs qui ont apporté de nouvelles confirmations et des aperçusoriginaux sur le système des croyances d’efficacité. La largeur et la profon-deur du champ d’application de ce livre n’auraient pu se manifester sans cesriches contributions.

La théorie de l’efficacité personnelle s’applique à de multiples domaines dufonctionnement humain. Faire un bilan de cette diversité a constitué unvoyage long et difficile au sein de multiples disciplines. Je suis très reconnais-sant à David Atkins pour les innombrables heures qu’il a passées dans lessombres catacombes d’immenses bibliothèques, dans une quête résiliente 1 depériodiques trop souvent absents et inconnus. J’ai une dette de gratitude touteparticulière envers Lisa Hellrich, qui a non seulement rendu ma vie profes-sionnelle supportable, mais l’a améliorée par son aide inestimable. Nous avonsvécu ce travail en conservant intact notre sens de l’humour.

Écrire un livre prend possession non seulement de son auteur, mais égale-ment de son entourage. J’adresse donc ma profonde gratitude envers lesmembres de ma famille pour leur patience, particulièrement lorsque ce longvoyage semblait ne pas pouvoir prendre fin. C’est à eux que je dédie ce livre.

1. La résilience désigne la capacité d’une personne de mener une vie équilibrée, malgré untraumatisme. L’auteur lui donne ici – et dans de nombreux autres passages du livre – le sensélargi de persévérance malgré les difficultés (Ndt).

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Avant-propos de la nouvelle édition

Avancement de la théorie de l’auto-efficacité

Ce bref rapport documente les progrès récents de la théorie de l’auto-efficacité.Avec la publication de Auto-efficacité, le concept s’est rapidement diffusé ausein des spécialités psychologiques et des domaines interdisciplinaires. L’inté-rêt généralisé pour l’auto-efficacité se reflète également dans les taux de cita-tion. Wilson (2018) rapporte qu’il est rare qu’un article scientifique soit citéplus de 100 fois et qu’un article cité plus de 1000 fois est considéré comme vrai-ment exceptionnel. Le livre Auto-efficacité a été cité 74 938 fois et l’article de larevue Psychological Review qui a introduit l’auto-efficacité a été cité 64 264 fois.

De plus, un certain nombre d’ouvrages édités ont été publiés, faisant état du rôleinfluent de l’auto-efficacité dans diverses sphères du fonctionnement psychoso-cial (Bandura, 1995 ; Feltz, Short et Sullivan, 2008 ; Maddux, 1995 ; Pajares etUrdan, 2006 ; Schwartzer, 1992). Je continue de recevoir régulièrement des com-mentaires de personnes qui me disent qu’en appliquant les principes de l’auto-effi-cacité, elles ont amélioré leur propre vie et celle de nombreuses autres personnes.

Au départ, l’auto-efficacité était considérée comme une variable autonome.Elle est maintenant intégrée comme un facteur central de la théorie sociocogni-tive. Cette théorie, qui est fondée sur une perspective agentique, repose surquatre facteurs fondamentaux (Bandura, 2008). L’un des facteurs est l’inten-tionnalité. Les gens forment des intentions qui comprennent des plans d’actionet des stratégies pour les réaliser. Le deuxième facteur concerne l’extensiontemporelle de l’action par l'anticipation. Cela comprend plus que des plansorientés vers l’avenir. Les gens se fixent des objectifs et anticipent les résultatsprobables de leurs actions pour guider et motiver leurs efforts. Le troisièmefacteur est l’autorégulation. Les gens adoptent des normes personnelles et sur-veillent et régulent leurs actions par une influence autoréactive. Ils font deschoses qui leur donnent satisfaction et un sentiment d’estime de soi, et s’abs-tiennent de poser des gestes qui amènent l’auto-censure. Le quatrième facteurest l’auto-efficacité. Les gens réfléchissent et évaluent leur efficacité. L’auto-efficacité joue un rôle particulier parce qu’elle contribue au fonctionnementdes autres facteurs agentiques. L’autorégulation par l’établissement d’objectifsen est un bon exemple. La croyance des gens en leur efficacité influe sur le typeet le niveau des objectifs qu’ils se fixent et sur la force de leur engagementenvers eux face aux obstacles et aux reculs. L’auto-efficacité influe égalementsur les attentes de résultats. Ceux qui sont très efficaces visualisent des scéna-rios de réussite qui fournissent des guides positifs pour la performance. Parcontre, ceux qui ont une faible efficacité visualisent des scénarios d’échec ets’attardent sur les nombreuses choses qui peuvent mal tourner. Cet étatd’esprit négatif nuit à leur motivation et à leur performance.

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14 ■ Avant-propos de la nouvelle édition

La majeure partie de la recherche a été menée avec une seule modalité d’auto-efficacité. La théorie a été étendue à trois modes d’auto-efficacité : individuel, parprocuration et collectif (Bandura, 2008). Dans l’action exercée individuellement,les personnes exercent leur influence sur leur fonctionnement et sur les événe-ments environnementaux qui sont sous leur contrôle. Dans de nombreusessphères de la vie, les gens n’ont pas de contrôle direct sur les conditions socialeset les pratiques institutionnelles qui affectent leur vie quotidienne. Dans ces cir-constances, ils recherchent leur bien-être, leur sécurité et les résultats qu'ils valo-risent par l’exercice de l’efficacité par procuration. Dans ce mode d’efficacité àmédiation sociale, les gens essaient d’amener ceux qui ont accès aux ressourceset à l’expertise ou qui exercent une influence et un pouvoir à agir à leur demandepour obtenir les résultats qu’ils souhaitent. Un contrôle par procuration efficaceexige un sens élevé de l’efficacité interpersonnelle pour influencer les intermé-diaires qui, à leur tour, agissent comme les agents des avantages souhaités.

Beaucoup de choses que les gens recherchent ne sont réalisables que grâce àdes efforts socialement interdépendants. Par conséquent, ils doivent travail-ler en coordination avec les autres pour obtenir ce qu’ils ne peuvent pas réa-liser par eux-mêmes. La croyance commune des gens en leur pouvoir collectifde produire les résultats souhaités est un ingrédient clé de l’auto-efficacité col-lective. Les réalisations du groupe sont le produit non seulement des objectifscommuns, des connaissances et des compétences de ses membres, mais ausside la dynamique interactive et synergique de leurs transactions. Les résultatsmontrent que plus l’efficacité collective perçue est forte, plus les aspirationset l’investissement motivationnel des groupes dans leurs entreprises sont éle-vés, plus leur résistance face aux obstacles et aux revers est forte, plus leurmoral et leur résilience face aux facteurs de stress sont élevés et plus leursperformances sont élevées (Bandura, 2000).

L’ajout de l’efficacité collective rend la théorie cognitive sociale pertinentepour les sociétés fondées sur une éthique collectiviste (Bandura, 2002). Lessociétés ne sont pas des entités monolithiques statiques, comme les représen-tations stéréotypées nous le feraient croire. Les classifications culturellesmondiales masquent la diversité intraculturelle ainsi que les nombreuxpoints communs entre personnes d’origines culturelles différentes. Dans leurvie quotidienne, les gens doivent exercer une efficacité individuelle, par pro-curation et collective, quel que soit leur milieu culturel.

La portée des applications de la théorie de l’auto-efficacité au changementindividuel et social a également été considérablement élargie. Des recherchesantérieures ont porté sur l’élaboration de processus de maîtrise guidée et lavérification de l’auto-efficacité en tant que déterminant causal des change-ments psychosociaux. Les applications actuelles, qui construisent l’auto-effi-cacité par la modélisation sociale, impliquent des changements sociaux àgrande échelle. Les applications les plus ambitieuses s’attaquent à certains desproblèmes environnementaux mondiaux les plus urgents (Bandura, 2006a).

Les séries dramatiques de longue durée sont des vecteurs de changement indi-viduel et social. Ces productions médiatiques ne sont pas que des histoiresfantaisistes. Les intrigues décrivent la vie quotidienne des gens et les obstaclesauxquels ils sont confrontés. Ils aident les gens à voir une vie meilleure et les

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Avant-propos de la nouvelle édition ■ 15

informent, les habilitent et les motivent à prendre des mesures pour réaliserleurs espoirs. Des centaines d’épisodes, sur plusieurs années, permettent auxtéléspectateurs de nouer des liens émotionnels avec les modèles. Les téléspec-tateurs sont inspirés et habilités par les émissions pour améliorer leur vie. Demultiples intrigues entrecroisées peuvent aborder différents aspects de la viedes gens, tant au niveau individuel que social.

Ce modèle très flexible se caractérise par sa généralisabilité, sa polyvalence etsa puissance.

Ces applications globales de cette théorie touchent des millions de personnesdans le monde (Bandura, 2006a ; 2019). Par exemple, en Afrique, en Asie et enAmérique latine, les applications améliorent les niveaux d’alphabétisation,améliorent la condition des femmes dans les sociétés où elles sont marginaliséeset privées de leur liberté et de leur dignité, encouragent la planification des nais-sances pour briser le cycle de la pauvreté et enrayer la croissance démogra-phique galopante, et favorisent des pratiques de protection de l'environnement.

Enfin, pour promouvoir une recherche solide, j’ai créé un manuel pour laconstruction d’échelles d’auto-efficacité (Bandura, 2006b). Il fournit des ins-tructions détaillées pour construire des échelles d’auto-efficacité ainsi que denombreux exemples d’échelles pour divers domaines d’activité. Un site Webélaboré comprend une grande partie de la recherche effectuée sur la théoriede l’auto-efficacité hier et aujourd'hui : albertbandura.com.

ALBERT BANDURAJuillet 2019

RéférencesBandura, A, ed. 1995. Self-Efficacy in Changing Societies. New York: Cambridge Univ. Press. Bandura, A. (1997). Self-efficacy: The exercise of control. New York, NY: Freeman.Bandura, A. (2000). Exercise of human agency through collective efficacy. CurrentDirections in Psychological Science, 9, 75–78. doi:10.1111/1467-8721.00064Bandura, A. (2002). Social cognitive theory in cultural context. Journal of AppliedPsychology: An International Review, 51, 269–290.Bandura, A. (2006a). Going global with social cognitive theory: From prospect to paydirt.In S.I. Donaldson, D. E. Berger & K. Pezdek (Eds.), Applied psychology: New frontiersand rewarding careers (pp. 53–79). Mahwah, NJ: Erlbaum.Bandura, A. (2006b). Guide to construction of self-efficacy scales. In F. Pajares & T.Urdan (Eds.), Self-efficacy beliefs of adolescents (Vol. 5, pp. 307-357). Greenwich, CT:Information Age.Bandura, A. (2008). The reconstrual of “free will” from the agentic perspective ofsocial cognitive theory. In J. Baer, J.C. Kaufman, & R.F. Baumeister (Eds.), Are we free?Psychology and free will : 86-127. Oxford, UK: Oxford University Press.Bandura, A. (2019). Applying theory for human betterment. Perspectives on Psycho-logical Science, 12-15.Feltz, D. L., Short, S. E., & Sullivan, P. J. (2008). Self-efficacy in sport. Champaign, IL:Human Kinetics Publishers.Maddux, J. E. (Ed.). (1995). Self-efficacy, adaptation, and adjustment: Theory, research,and application. New York, NY: Plenum.Pajares, F., & Urdan, T. (Eds.). (2006). Self-efficacy beliefs of adolescents (Vol. 5),Greenwich, CT: Information Age.Schwarzer, R. (Ed.). (1992). Self-efficacy: Thought control of action. Washington, DC:Hemisphere.Wilson, D.K. (2018). Presentation at society for health psychology, American PsychologicalAssociation.

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Note du traducteurTraduire l’œuvre majeure de l’un des plus éminents psychologues contemporainsconstitue un honneur, mais aussi et surtout une lourde responsabilité. Il s’agit derester le plus fidèle possible au texte, sans toutefois imposer au lecteur d’excessiveslourdeurs dues à un souci extrême de précision. Pour faciliter la lecture, j’ai réduitau strict minimum les commentaires en bas de page, préférant rédiger ce texted’ouverture, utile au lecteur pour aborder l’ouvrage dans les meilleures conditions.

La difficulté à laquelle j’ai été le plus fréquemment confronté est la polysémie decertains termes américains, intraduisibles directement en français. Elle se mani-feste avant même d’ouvrir l’ouvrage, à propos du titre : Self-efficacy. La premièreréaction est évidemment de le traduire par « Auto-efficacité ». Mais il ne s’agitque d’un choix possible parmi d’autres. En effet, lorsque self est accolé à un autremot, il peut être traduit de diverses manières, comme le montrent ces exemples :

Self-regulation : autorégulationSelf-esteem : estime de soiSelf-doubts : doutes sur soi-mêmeSelf-deception : mensonge à soi-même.

Toutefois, les divers exemples ci-dessus ont l’autoréférence comme caracté-ristique. Par contre, le terme self-efficacy est d’une portée plus vaste, puisqu’ilréfère parfois à l’action de la personne sur elle-même (traduction pertinente :« auto-efficacité ») et parfois à l’action sur l’environnement (traductionpertinente : « efficacité personnelle »). Ceci est manifeste notamment dans lesdéfinitions (p. 12, 24, 64 et 568) qu’Albert Bandura donne du concept ainsique dans les précisions qu’il m’a personnellement transmises. Voici parexemple la définition de la page 64 : « L’efficacité personnelle perçue n’est pasune mesure des aptitudes d’une personne mais une croyance relative à cequ’elle peut faire dans diverses situations, quelles que soient ses aptitudes. »

Par ailleurs, A. Bandura utilise plusieurs expressions de façon synonyme :self-efficacy, personal efficacy, sense of personal efficacy, perceived efficacy, per-sonal perceived efficacy, beliefs in efficacy.

Pour ces raisons, j’ai pris l’option suivante, en accord avec l’éditeur de cette tra-duction francophone. Le titre et le sous-titre sont : Auto-efficacité, le sentimentd’efficacité personnelle (alors que la version originale porte : Self-efficacy, Theexercise of control). Dans le corps de l’ouvrage lui-même, j’ai traduit self-efficacypar « efficacité personnelle », mais en conservant à chaque fois le type de syno-nyme utilisé par A. Bandura. Ainsi, self-efficacy et personal efficacy deviennent« efficacité personnelle », perceived efficacy devient « efficacité perçue », etc.

Notons au passage que cette polysémie du terme anglo-saxon self conduit par-fois à des situations inextricables. Ainsi, comment traduire self-system, quisignifie tout à la fois :

– auto-système (action sur soi)– système personnel (action sur l’extérieur)– système de soi (qui met en action des processus internes) ?

J’ai opté pour la traduction « système de soi ».

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Note du traducteur ■ 17

D’autres termes, fréquemment employés dans l’ouvrage, nécessitent égale-ment un éclairage du lecteur. Voici les principaux, accompagnés de l’explica-tion de mes choix de traduction :

– Affective ; affectBandura utilise très souvent le terme affective, systématiquement dans lesens d’émotionnel, parfois en lien avec les réactions physiologiques liées àl’émotion. Les sections 3.4 et 4.3 sont de bons exemples à cet égard. J’ai donctraduit affective par « émotionnel ». Par ailleurs, il arrive parfois à A. Ban-dura d’utiliser le terme affect, dans le sens d’humeur (surtout humeurdépressive ou heureuse). Dans ce cas, c’est ce mot « humeur » que j’ai retenu.

– AgencyCe terme désigne le fait d’exercer une influence personnelle sur sonpropre fonctionnement et sur son environnement. Le philosophe PaulRicœur en donne la traduction suivante : puissance personnelled’agir 1. Ceci est tout à fait pertinent, mais j’ai évité cette traduction quiaurait présenté un risque de lourdeur, en raison du grand nombred’occurrences de ce terme dans le livre d’A. Bandura. J’ai donc préféréutiliser le néologisme « agentivité ». Logiquement, j’ai traduit agenticpar agentique et agentive par agentif (ve).À noter que dans le chapitre 11, le sens habituel d’agency (bureaux etservices administratifs ou associatifs) se superpose à plusieurs reprisesà celui utilisé dans le reste de son livre, ces institutions pouvant servirde moyen d’action.

– Develop ; developmentIl n’y a évidemment aucune difficulté de traduction lorsque ces termesconcernent le développement de l’enfant. En revanche, la situation secomplique lorsqu’il est par exemple question de skills development, oùdevelopment signifie parfois « acquisition », parfois « développement »,parfois les deux à la fois. J’ai opté pour l’une ou l’autre de ces traduc-tions en fonction du contexte.

– GenerativeLa générativité signifie généralement le fait de s’investir en faveur desgénérations futures, mais A. Bandura l’utilise ici dans le sens d’aptitudehumaine pour une action productive. J’ai donc généralement traduitgenerative par productif (voir surtout la section 2.1).

– GuidanceJ’ai traduit ce terme par guidage car d’autres termes plus familiers(aide, orientation, soutien, conseils) ne rendaient pas suffisammentcompte de sa richesse. Dans de rares cas, je l’ai traduit par « conduite »(under the guidance), « pédagogique » (guidance counselors) ou encoreorientation (career guidance).

– IncentiveFace à ce mot très utilisé par A. Bandura, mon dilemme a parfois été intense.En effet, il ne s’agit plus d’un terme qui signifie ceci ou cela (polysémie), maisceci et cela. Il comprend en effet deux facettes complémentaires qui nepeuvent être rendues simultanément en français, à moins d’opter pour la

1. Ricœur P. (2000), La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Seuil, p. 597 et 638.

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18 ■ Note du traducteur

rédaction de phrases lourdes et pénibles à lire. Il désigne en effet des résul-tats anticipés qui servent de motivateurs. Selon le contexte, j’ai choisi de letraduire soit par résultat anticipé, soit par incitation, incitateur ou stimulant(réservant le terme « motivateur » à motivator). Dans quelques cas, je l’ai tra-duit par « récompense », en particulier si ce résultat anticipé était obtenu.

Je n’ai généralement pas introduit le préfixe « auto » pour traduire self-incentive, le contexte permettant généralement de constater que c’est lapersonne qui se fixe des résultats anticipés.

Enfin, j’ai systématiquement traduit disincentive par « désincitateur ».Le sens le plus adéquat est « résultats anticipés non souhaités ».

– InherentA. Bandura utilise parfois ce terme avec le sens d’inhérent, tel qu’on le trouveen français, mais parfois aussi dans un sens quasiment identique à inné. Pouréviter tout risque de fausse traduction et afin de laisser le lecteur juger lui-même, j’ai préféré maintenir systématiquement la traduction « inhérent(e) ».

– NormativeCe terme peut avoir le sens de normatif ou de normal. J’ai opté pourl’une ou l’autre de ces traductions en fonction du contexte.

Exemple pour normatif : « … mettre au point des modèles descriptifs ounormatifs de la prise de décision… » (p. 182).

Exemple pour normal : « Les individus chevronnés dans le domainethéâtral ou sportif interprètent leur crainte anticipatoire comme uneréaction situationnelle normale plutôt que comme un indicateur d’inca-pacité personnelle. » (p. 230).

– Self-monitoringCe terme désigne généralement un vaste courant de recherche anglo-saxon initié par M. Snyder, concernant le fait d’adopter un comportementsupposé être apprécié par l’entourage. A. Bandura l’utilisant visiblementdans un sens très différent, je lui ai demandé de m’éclaircir à ce sujet. Il m’adonc précisé que M. Snyder utilise ce terme self-monitoring comme un traitde personnalité, alors que lui-même l’utilise en tant que processus d’auto-observation par le sujet, afin que celui-ci puisse garder la trace de ses acti-vités. J’ai donc choisi de traduire cette expression par auto-observation.

– To weightCe terme peut avoir le sens de pondérer ou de peser (= évaluer) et il m’aété parfois difficile de choisir entre l’un de ces deux termes.

Exemple pour pondérer : « Combiner des scores à partir de mesures àdomaines multiples, pondérées par leur importance relative,… » (p. 80).

Exemple pour peser, évaluer : « Ces tendances peuvent conduire lesindividus à ignorer ou à mal évaluer l’information pertinente. » (p. 176).

Par ailleurs,

– j’ai traduit le terme goal par « objectif » ou par « but » selon les cas ;– j’ai conservé les termes burnout, coping, locus of control, puisqu’ils sont

présents aujourd’hui sous cette forme dans la littérature francophonede psychologie scientifique.

Jacques LECOMTE

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CHAPITRE 1

Perspectives théoriques

S O M M A I R E

1. La nature de l’agentivité humaine . . . . . . . . . 23

2. L’agentivité humaine au sein d’une causalité triadique réciproque . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

3. Le déterminisme et l’exercice de l’influence sur soi-même . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

4. Les conceptions apparentées à l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

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20 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

Les hommes se sont toujours efforcés de contrôler les événe-

ments affectant leur existence. En exerçant un certain

contrôle dans certains domaines, ils sont plus aptes à concré-

tiser un avenir qu’ils souhaitent et à prévenir un futur qu’ils

ne désirent pas.

Autrefois, quand les hommes ne disposaient que d’une compréhension limitéedu monde environnant et de peu de moyens pour modifier son fonctionne-ment, ils faisaient appel à des forces surnaturelles censées contrôler leur exis-tence. Ils utilisaient des rituels et des codes de conduite élaborés afin degagner la faveur des puissances surnaturelles ou de s’en protéger. De nosjours encore, lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes importants et dontl’issue est incertaine, beaucoup d’individus font usage de rituels superstitieuxpour que le résultat tourne à leur avantage. Les rares fois où un rituel inap-proprié est accompagné par un résultat heureux peuvent aisément les ame-ner à croire que c’est bien le rituel qui a entraîné le résultat.

L’augmentation des connaissances au cours de l’histoire humaine a beaucoupamélioré l’aptitude à prévoir les événements et à les contrôler. La croyance endes systèmes de contrôle surnaturels a ainsi laissé place à des conceptions quitiennent compte du fait que les hommes ont le pouvoir de façonner leurpropre destinée. Ce changement de conception que l’être humain a de lui-même a entraîné une modification majeure du raisonnement causal, ce qui arapidement élargi l’exercice du pouvoir humain vers des domaines de plus enplus nombreux. L’ingéniosité et les efforts humains ont supplanté les rituelsde conciliation envers les divinités comme moyen de changer les conditionsde vie. À partir de leurs connaissances, les hommes ont fabriqué des techno-logies physiques qui ont radicalement modifié leur vie quotidienne, développédes technologies biologiques afin de modifier la structure génétique des ani-maux et des plantes, créé des technologies médicales et psycho-sociales afind’améliorer la qualité de leur vie physique et émotionnelle, imaginé des sys-tèmes sociaux qui ont imposé des limites aux types de croyances et de com-portements, sous peine de sanction. Ces législations et protectionsinstitutionnelles ont étendu la liberté de croyance et de comportement.

Les efforts visant à contrôler les circonstances de la vie se manifestent danspresque chaque acte de l’existence car ils procurent d’innombrables bénéficespersonnels et sociaux. L’incertitude face à des domaines importants est forte-ment perturbante. Or, le fait que les hommes puissent faciliter l’apparition derésultats significatifs rend ceux-ci plus prédictibles, ce qui incite à une atti-tude adaptative de préparation. Inversement, l’impossibilité d’influer sur leséléments qui affectent négativement la vie personnelle conduit à la peur, à

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CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques ■ 21

l’apathie ou au désespoir. Pouvoir obtenir des résultats désirés et prévenirceux non souhaités constitue donc un puissant stimulant pour le développe-ment et l’exercice du contrôle personnel. Plus les individus utilisent leurinfluence pour agir sur les événements de leur existence, plus ils peuventfaçonner ceux-ci à leur goût. En sélectionnant et en créant des soutiens envi-ronnementaux pour ce qu’ils souhaitent voir advenir, ils contribuent à ladirection que prend leur vie. Le fonctionnement humain est, bien entendu,inséré dans des conditions sociales. Les soutiens environnementaux qui faci-litent la réalisation de l’itinéraire personnel souhaité par une personne sontdonc créés à la fois individuellement et en relation avec les autres individus.À travers l’action collective, les personnes peuvent améliorer leur existenceen modifiant les caractéristiques et les pratiques de leur société.

L’aptitude humaine au contrôle est un bienfait mitigé car son impact sur laqualité de vie dépend de l’objectif visé. Par exemple, la vie des innovateurset des réformateurs sociaux, dirigée par une volonté inébranlable, n’est passimple. Ils sont souvent un objet de dérision, de condamnation et de persé-cution, même si la société bénéficie de leurs efforts persévérants. Beaucoupd’individus célèbres et appréciés façonnent leur existence en venant à boutd’obstacles apparemment insurmontables, et se trouvent ensuite projetésdans de nouvelles réalités sociales sur lesquelles ils ont moins de contrôleet qu’ils maîtrisent mal. C’est ainsi que les annales des célèbres perdants 1

sont jonchées d’individus qui étaient à la fois architectes et victimes de leuritinéraire personnel.

L’aptitude humaine à transformer l’environnement peut avoir un impact nonseulement sur la vie présente, mais également sur les générations futures.Nombreuses sont les technologies qui, bien que procurant des bénéficesactuels, entraînent des effets susceptibles de causer de graves dommages àl’environnement. Notre capacité technique à détruire ou à rendre inhabitableune grande partie de la planète atteste bien le pouvoir croissant de l’êtrehumain. L’opinion publique est particulièrement sensible à l’avenir que nouspréparent les technologies que nous créons. À long terme, la poursuite insa-tiable de l’intérêt personnel produit des effets qui peuvent être néfastes à lasociété. L’attitude qui consiste à placer l’intérêt individuel au-dessus du biencommun paralyse les efforts destinés à résoudre les problèmes plus larges dela société. Sans une implication visant des objectifs communs qui trans-cendent les intérêts personnels limités, l’exercice du contrôle peut dégénéreren conflits de pouvoir personnels et catégoriels. Les gens doivent travaillerensemble s’ils veulent accomplir la destinée commune qu’ils souhaitent et pré-server un environnement habitable pour les générations futures. En bref, lacapacité humaine de contrôle peut être utilisée en bien ou en mal.

Puisque le contrôle est un élément central de la vie humaine, de nombreusesthéories ont été proposées sur ce thème, au fil des ans. Le niveau de motiva-tion des individus, leurs états émotionnels et leurs comportements dépendentplus de ce qu’ils croient que de ce qui est objectivement vrai. En conséquence,les recherches réalisées dans ce domaine ont pour thème majeur la croyancedes individus en leur capacité d’être à l’origine de causalités. La plupart des

1. Jeu de mot intraduisible en français : « famous and infamous » (Ndt).

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22 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

théories sont formulées en termes de tendance innée au contrôle. Toute apti-tude fortement bénéfique — et donc largement répandue — est rapidementinterprétée comme une tendance innée à l’autodétermination et à la maîtrise.Mais ces théories, qui postulent que les efforts visant au contrôle personnelsont l’expression d’une tendance innée, empêchent de s’intéresser à lamanière dont l’efficacité humaine se développe, puisque les individus sontcensés naître pleinement équipés. Elles ont en fait peu à dire sur la manièredont cette tendance est contrecarrée et affaiblie par les influences sociales. Lefait que toute personne essaie d’exercer au moins quelque influence sur lesévénements qui l’affectent n’indique pas nécessairement la présence d’un fac-teur inné de motivation ; ni que le contrôle soit recherché comme une fin ensoi. L’exercice du contrôle, qui procure des résultats désirés et évite ceux nonsouhaités, présente une valeur fonctionnelle immense et fournit une puis-sante source de motivation. J’accorderai plus loin une attention particulièreau fait de savoir si l’exercice du contrôle est poussé par une tendance innéeou tiré par des bénéfices attendus.

Les individus contribuent causalement à leur fonctionnement psychosocialpar des mécanismes d’agentivité personnelle, dont le plus important et leplus répandu est la croyance d’efficacité personnelle. Les hommes sont peuincités à agir s’ils ne croient pas que leurs actes peuvent produire les effetsqu’ils souhaitent. La croyance d’efficacité est donc un fondement majeur ducomportement. Les individus guident leur existence en se basant sur lacroyance en leur efficacité personnelle. L’efficacité personnelle perçueconcerne la croyance de l’individu en sa capacité d’organiser et d’exécuter laligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités. Les élémentssur lesquels s’exerce l’influence de l’individu sont très divers : il peut s’agirde la motivation personnelle, des processus de pensée, des états émotionnelset des actes, ou encore de la modification des conditions environnementales,selon ce que l’on cherche à maîtriser.

La croyance des individus en leur efficacité a plusieurs conséquences. Elleinfluence leur ligne de conduite, la quantité d’énergie qu’ils investissent dansl’effort, leur niveau de persévérance devant les difficultés et les échecs, leurrésilience face à l’adversité, le caractère facilitant ou handicapant de leurmode de pensée, le niveau de stress et de dépression consécutif auxcontraintes environnementales, et leur degré de réussite. Ce chapitre exa-mine la nature de l’agentivité humaine et les diverses conceptions de soneffet causal.

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1. La nature de l’agentivité humaine ■ 23

La nature de l’agentivité humaineLes individus peuvent exercer de l’influence sur ce qu’ils font. Bien

entendu, la plupart des comportements humains sont déterminés par de nom-breux facteurs en interaction, ce qui fait que les gens contribuent à ce qui leurarrive, mais n’en sont pas les seuls instigateurs. Il faut établir une distinctionentre le pouvoir de faire en sorte que des événements surviennent et le méca-nisme de leur survenue. Par exemple, en adoptant une certaine stratégie aucours d’une compétition d’athlétisme, les sportifs ne disent pas à leurs neu-rones moteurs de faire mouvoir la musculature de manière précise. Se basantsur leur compréhension du pouvoir d’agir que possède l’être humain et sur lacroyance en leurs propres aptitudes, les individus essaient de se fixer uneorientation afin de s’adapter à des buts, sans avoir la moindre idée de lamanière dont leurs choix orchestrent les processus neurophysiologiquesutiles à l’effort.

En évaluant le rôle de l’intentionnalité dans l’agentivité humaine, il faut éta-blir une distinction entre l’activité personnelle mise en œuvre pour un résul-tat voulu et les effets réels de cette activité. L’agentivité concerne les actesréalisés intentionnellement. Ainsi, une personne qui, après avoir été bouscu-lée par un autre client, brise un service de vaisselle chinois présenté sans pré-caution dans un magasin ne sera pas considérée comme agent de l’événement.Davidson (1971) nous rappelle cependant que même les actes destinés à ser-vir un but précis peuvent aboutir à divers types de résultats. Il cite l’exempledu mélancolique Hamlet, qui a intentionnellement poignardé l’homme cachéderrière une tapisserie, croyant qu’il s’agissait du roi, et qui découvre finale-ment avec horreur qu’il a tué par erreur Polonius. Le meurtre de la personnecachée était intentionnel, mais la victime a été assassinée par erreur. Les effetsne sont pas les caractéristiques des actes agentifs, mais sont les conséquencesde celles-ci. De nombreux actes, effectués en croyant qu’ils amèneront telrésultat désiré, en produisent en fait d’autres qui ne sont attendus ni souhai-tés. Par exemple, il n’est pas rare que les gens contribuent à leur propre mal-heur par le biais d’actes accomplis à la suite de grossières erreurs d’évaluationdes conséquences. Certaines politiques et pratiques sociales dommageablesont été initialement mises en place avec les meilleures intentions ; leurs effetsnéfastes n’étaient pas prévus. En bref, le pouvoir d’être à l’origine d’actesvisant des objectifs définis est la caractéristique clé de l’agentivité person-nelle. Le fait que cette agentivité ait des effets bénéfiques ou néfastes ouqu’elle produise des effets pervers est un autre sujet.

Les croyances d’efficacité personnelle constituent le facteur clé de l’agentivitéhumaine. Si une personne estime ne pas pouvoir produire de résultats, ellen’essaiera pas de les provoquer. Selon l’approche sociocognitive, le sentimentd’efficacité personnelle s’exprime sous forme de croyances propositionnelles.Nous verrons plus loin que ces croyances sont insérées dans un réseau derelations fonctionnelles, agissant en association avec d’autres facteurs dans lagestion de diverses réalités. Le fait que les croyances soient décrites en faisantréférence au langage de l’esprit soulève le problème philosophique du réduc-tionnisme ontologique et de la pluralité des systèmes de régulation. Les évé-nements mentaux sont des activités cérébrales, non des entités immatérielles

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existant quelque part en dehors du système nerveux. Si quelqu’un parvenaità réaliser une greffe de cerveau, imaginée par Bunge (1980), la vie psychiquedu donneur accompagnerait sans aucun doute le cerveau du nouvel hôte, plu-tôt qu’elle ne resterait avec le donneur comme une entité mentale dans unroyaume séparé. L’importance des facteurs physiques n’implique cependantpas le réductionnisme. Les processus de pensée sont des activités cérébralesémergentes qui ne sont pas ontologiquement réductibles. Dans son traité surle changement paradigmatique vers le cognitivisme, Sperry (1993) met en évi-dence certaines caractéristiques d’un mentalisme non dualiste. Les états men-taux sont des propriétés émergentes des processus cérébraux, qui diffèrentdes éléments ayant servi à les produire, plutôt qu’elles ne représentent sim-plement qu’une complexité accrue des mêmes propriétés. Pour utiliser l’ana-logie de Bunge (1977), les propriétés émergentes de l’eau, telle que la fluidité,la viscosité et la transparence, ne sont pas seulement les propriétés agrégéesde ses microcomposants, l’oxygène et l’hydrogène.

Les processus de pensée ne sont pas seulement des activités cérébrales émer-gentes, mais exercent également une influence déterminante. De nombreuxsystèmes nerveux concourent au fonctionnement humain. Ils agissent demanière interactive à différents sites et niveaux pour produire des expé-riences cohérentes à partir de la multitude des processus d’information.Concernant cette pluralité ontologique, certaines structures cérébrales sontspécialisées dans l’activité mentale. Les processus de pensée générés par lesystème cérébral supérieur sont impliqués dans la régulation des sous-sys-tèmes viscéral, moteur et d’autres niveaux inférieurs. Par exemple, une fouled’activités microsensorielles, perceptives et de traitement de l’informationfont émerger le sentiment d’efficacité personnelle. Cependant, une fois for-mées, les croyances d’efficacité personnelle régulent les aspirations, les choixde comportement, la mobilisation et la poursuite de l’effort ainsi que les réac-tions émotionnelles. Le lien entre microévénements et macroévénementsémergents s’exprime à la fois de manière ascendante et descendante. Ainsi,une agentivité émergente interactive prend à son compte un nonréduction-nisme ontologique des événements simples et complexes ainsi que la pluralitédes sous-sytèmes physiques de régulation, lesquels fonctionnent en inter-connexion dans un système hiérarchiquement structuré, où les centres ner-veux supérieurs contrôlent les niveaux inférieurs.

Le fait que la cognition soit une manifestation cérébrale ne signifie pas que leslois exprimant des relations fonctionnelles dans l’approche psychologiquesoient réductibles à celles présentes dans l’approche neurophysiologique. Il fautétablir une distinction entre la façon dont les systèmes cérébraux fonctionnentet les moyens individuels et sociaux par lesquels ils peuvent être orchestréspour produire des lignes de conduite servant différents buts. Une grande partiede la psychologie tente de découvrir des principes concernant la façon de struc-turer les influences environnementales et d’utiliser des activités cognitives afinde promouvoir l’adaptation humaine et le changement. La plupart des thèmesimportants de l’approche psychologique relatifs aux facteurs psychosociauxn’ont pas de contrepartie dans l’approche neurobiologique et ne peuvent doncpas être dérivés de celle-ci. Ces facteurs n’apparaissent pas dans l’approcheneurophysiologique car beaucoup d’entre eux exigent la construction et

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l’organisation d’événements externes à l’organisme. Par exemple, la connais-sance du circuit électrique cérébral impliqué dans l’apprentissage ne nous ditpas grand-chose sur la manière d’imaginer les meilleures conditions d’appren-tissage en termes de niveaux d’abstraction, d’originalité et de défi ; ni sur lafaçon de fournir des résultats anticipés afin d’inciter les personnes à se servirde l’information pertinente, en traitant et organisant celle-ci ; ni encore sur lamanière de présenter l’information ; et pas plus sur le fait de savoir si l’individuapprend mieux en étant seul, ou lorsqu’il se trouve dans un contexte coopératifou compétitif. Ce sont des principes psychologiques qui permettent de préciserles conditions optimales. De même, la compréhension du fonctionnement céré-bral ne nous fournit pas de règles sur la façon de produire des parents, desenseignants ou des hommes politiques efficaces. Bien que les principes psycho-logiques ne puissent aller à l’encontre des aptitudes neurophysiologiques dessystèmes qui les rendent possibles, ils doivent être pris en compte pour eux-mêmes. Si quelqu’un s’engage sur la voie du réductionnisme, son itinéraire tra-versera la biologie et la chimie et finira peut-être dans les particules atomiques,mais ne passera pas par les sites intermédiaires et n’aboutira pas au pointd’arrivée, qui fournit les lois psychologiques du comportement humain.

Un défi majeur pour une approche physicaliste de l’esprit est de préciser lesmécanismes par lesquels le cerveau crée des événements mentaux et d’expli-quer comment ces événements exercent une influence déterminante. L’esprithumain n’est pas seulement réactif, mais également producteur, créateur, etproactif. Par conséquent, un défi encore plus important est d’expliquer com-ment les individus deviennent producteurs d’idées originales, novatrices ouqui se détournent totalement de la réalité, lorsque l’imagination prend sonenvol. On peut susciter volontairement des pensées originales cohérentes ;par exemple, imaginer des hippopotames en smoking pilotant avec dextéritédes planeurs au-dessus de cratères lunaires. On peut aussi imaginer plusieurscomportements originaux et choisir d’exécuter l’un d’eux. Les gens réalisentdes productions cognitives par l’usage intentionnel de l’agentivité person-nelle. L’intentionnalité et l’agentivité soulèvent la question fondamentale de lafaçon dont les gens commandent les processus cérébraux qui caractérisentl’exercice de l’agentivité et qui conduisent à la réalisation de projets spéci-fiques. Cette question ne concerne pas seulement les liaisons cérébrales entrela perception sensorielle et l’action motrice, mais également la productionintentionnelle d’événements cérébraux dans la perspective qu’a l’individu deses comportements futurs, en évaluant leur utilité fonctionnelle probableselon les circonstances, et en organisant et guidant l’exécution des optionschoisies. La production cognitive, avec ses propriétés prospectives, créativeset évaluatives, résiste à l’explication des pensées originales en termesd’expression extériorisée de cognitions préformées. Et à côté de cette ques-tion concernant la manière dont les individus produisent des pensées et desactions se surajoute l’interrogation relative à la façon dont ils génèrent desactivités d’autoperception, d’autoréflexion et d’autocorrection.

Rottschaefer (1985) présente une analyse pertinente de l’agentivité humaineopérant au travers de cognitions intentionnelles lorsqu’il s’intéresse auxconceptions non-intentionnalistes du comportement humain soutenues pardes matérialistes éliminateurs. Les individus sont des opérateurs agentiques et

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pas uniquement les hôtes inactifs de mécanismes cérébraux orchestrés pardes événements environnementaux. Les systèmes sensoriel, moteur et céré-bral sont des outils que les individus utilisent pour accomplir les tâches et lesbuts qui donnent sens et direction à leur existence (Harré & Gillet, 1994). Àtravers leurs actes intentionnels, ils façonnent la structure fonctionnelle deleur système neurobiologique. En régulant leur propre motivation et les acti-vités qu’ils poursuivent, ils produisent les expériences qui constituent le subs-trat neurobiologique de leurs compétences symboliques, psychomotrices etautres. S’ils subissent une perte ou un déclin de l’un de leurs systèmes corpo-rels, ils envisagent des moyens alternatifs de s’engager et de gérer le mondeenvironnant.

La dualité du soi comme agent et comme objet est très répandue dans lesréflexions théoriques relatives à la personnalité. Cette double nature du soifusionne dans le cas de l’influence sur soi-même. Dans leurs transactions quo-tidiennes, les gens analysent les situations auxquelles ils sont confrontés,envisagent des lignes de conduite alternatives, évaluent leur aptitude à lesaccomplir avec succès, et estiment les résultats probables que leur comporte-ment entraînera. Ils agissent en se basant sur leurs jugements, réfléchissentensuite à la façon dont leurs pensées les ont servis pour gérer les événements,et modifient leur mode de pensée et leurs stratégies en fonction de tout cela.Selon cette approche, les individus sont appelés agents quand ils agissent surl’environnement et sont appelés objets quand ils réfléchissent et agissent sureux-mêmes.

L’approche sociocognitive rejette cette conception dualiste du soi. Réfléchirsur son propre fonctionnement entraîne un glissement de perspective dumême agent plutôt qu’une transformation du soi depuis le statut d’agent àcelui d’objet ou encore une réification des différents agents ou sois internesqui se régulent réciproquement. C’est la même personne qui use de penséestratégique sur la manière de gérer son environnement et qui évalue ultérieu-rement la pertinence de ses connaissances, de ses aptitudes cognitives et deses stratégies comportementales. Le changement de perspective ne trans-forme pas la personne d’agent à objet, comme une vision dualiste du soi nousinciterait à le croire. Une personne est agent quand elle réfléchit sur sespropres expériences et exerce une influence sur elle-même aussi bien quequand elle exécute un comportement. Dans l’approche sociocognitive, le soin’est pas divisé entre objet et agent ; il faut plutôt considérer que l’individu estsimultanément agent et objet, par la réflexion sur soi et l’influence sur soi.

L’agentivité humaine au sein d’une causalité triadique réciproque

Le terme causalité est utilisé ici pour désigner la dépendance fonctionnelleentre des événements. Dans la théorie sociocognitive, l’agentivité humaineopère au sein d’une structure causale interdépendante impliquant une causa-lité triadique réciproque (Bandura, 1986 a). Selon cette conception transac-tionnelle du soi et de la société, les facteurs personnels internes – sous formed’événements cognitifs, émotionnels et biologiques –, les comportements et

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2. L’agentivité humaine au sein d’une causalité triadique réciproque ■ 27

Figure 1.1Les relations entre les trois principales catégories de facteurs dans une causalité triadique réciproque. C représente le comportement, P les facteurs personnels internes sous forme d’événements cognitifs, émotionnels et biologiques, et E l’environnement. (Bandura, 1986a).

P

EC

l’environnement opèrent tous comme des facteurs en interaction quis’influencent réciproquement (Fig. 1.1).

Le fait qu’il y ait réciprocité ne signifie pas que ces trois groupes de facteursaient le même impact. Leur influence relative peut varier selon les activités etles circonstances. Cela ne signifie pas non plus que leurs effets réciproques semanifestent simultanément comme une entité globale. Un facteur causal abesoin d’un certain temps pour exercer son influence. Le décalage temporeldans la manifestation des trois catégories de facteurs permet de comprendrecomment les divers segments de la causalité réciproque opèrent sans qu’il soitnécessaire de fournir un effort herculéen pour évaluer chaque interactantpossible au même instant.

L’adaptation et le changement humains sont enracinés dans des systèmessociaux. L’agentivité personnelle opère donc au sein d’un vaste réseaud’influences sociostructurelles. Dans les transactions agentiques, les indivi-dus sont à la fois producteurs et produits de leur société. Les structuressociales conçues pour organiser, guider et réguler les affaires humaines selondes règles et des sanctions ne surviennent pas par le biais d’une immaculéeconception, mais sont créées par l’activité humaine. Elles imposent à leur tourdes contraintes et fournissent des ressources pour le développement person-nel et le fonctionnement quotidien. Mais ni les contraintes structurelles, ni lesressources ne prédéterminent ce que les individus font et deviennent dansune situation donnée. La majeure partie des structures sociales représententdes pratiques sociales licites mises en œuvre par des êtres humains occupantdes rôles désignés (Giddens, 1984). En tant que telles, elles ne contraignentpas à des actes uniformes. Il y a de fortes variations personnelles dans l’inter-prétation des règles, leur application, leur adoption, leur violation, ou l’oppo-sition active à leur égard (Burns & Dietz, in press). Les gens efficaces saventrapidement se servir des structures leur fournissant des occasions d’agir etimaginent des moyens de contourner ou de modifier les contraintes institu-tionnelles par l’action collective. Inversement, les personnes inefficaces sontmoins aptes à saisir les occasions fournies par la société et sont facilementdécouragées par les obstacles institutionnels. Il ne s’agit pas là d’une dichoto-mie entre une structure sociale désincarnée et une agentivité personnelledécontextualisée, mais d’une interaction dynamique entre des individus etdes responsables qui régissent les opérations institutionnalisées. Cette inte-raction implique des transactions agentiques entre les acteurs institutionnelset les personnes qui cherchent à s’accommoder de leurs pratiques ou à lesmodifier. L’agentivité fait partie intégrante du fonctionnement des acteursinstitutionnels comme des individus indépendants. La théorie sociocognitiveévite ainsi le dualisme entre les individus et la société et entre la structuresociale et l’agentivité personnelle.

Les théories sociostructurelles et les théories psychologiques sont souventperçues comme des conceptions concurrentes du comportement humain oucomme représentant différents niveaux de causalité. Cette perspective estdonc dualiste. Mais le comportement humain ne peut être vraiment comprisuniquement en termes de facteurs sociostructurels ou de facteurs psycholo-giques. Une pleine compréhension requiert une perspective causale intégréedans laquelle les influences sociales opèrent à travers des autoprocessus qui

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produisent les actes. Le système de soi n’est pas simplement un canal pour lesinfluences extérieures, comme les réductionnistes structurels l’affirment.Certes, le soi est socialement constitué mais, en exerçant une influence sureux-mêmes, les individus contribuent partiellement à ce qu’ils font et à cequ’ils deviennent. De plus, l’agentivité humaine opère de manière productiveet proactive plutôt que seulement réactive. Ainsi, selon la théorie de la causa-lité triadique réciproque, les facteurs sociostructurels et personnels sont descofacteurs interagissant au sein d’une structure causale unifiée.

Les conceptions relatives à la causalité de l’agent ont été associées à l’agenti-vité individuelle. La théorie sociocognitive adopte une vision plus large del’agentivité. Les gens ne vivent pas de façon isolée et agissent ensemble pourproduire les effets qu’ils souhaitent. L’interdépendance grandissante de la viesociale et économique souligne le besoin d’élargir le thème des recherches au-delà de l’influence individuelle, vers l’action collective destinée à façonner lecours des événements. La théorie sociocognitive étend donc l’analyse desmécanismes de l’agentivité humaine à l’agentivité collective. La croyancequ’ont les gens de pouvoir produire collectivement des effets est une compo-sante essentielle de l’agentivité collective. L’efficacité collective n’est pas sim-plement la somme des croyances des individus en leur efficacité, mais il s’agitplutôt d’une caractéristique émergente du groupe, produite par des dyna-miques coordonnées et interactives. Les chapitres qui suivent analysent com-ment les croyances d’efficacité individuelle et collective contribuent ensembleà l’adaptation humaine et au changement. Les changements personnels etsociaux constituent des approches complémentaires plutôt que concurrentesdestinées à améliorer la qualité de la vie.

Le déterminisme et l’exercice de l’influence sur soi-même

Le débat sur la causalité de l’agent soulève la question essentielle du déter-minisme et de la liberté lorsqu’il s’agit d’exercer un certain contrôle sur sa viepersonnelle. Le terme déterminisme est utilisé ici pour désigner la productiond’effets par des événements, plutôt que dans le sens doctrinal selon lequel lesactions sont complètement déterminées par une séquence antérieure decauses indépendantes de l’individu. Puisque la plupart des comportementssont codéterminés par de nombreux facteurs opérant en interaction, les évé-nements produisent des effets de façon probabiliste plutôt qu’inéluctabledans un système réciproquement déterministe.

La liberté est souvent considérée comme contraire au déterminisme. Maisselon la perspective sociocognitive, il n’y a pas d’incompatibilité entre cesdeux concepts. La liberté n’est pas perçue négativement comme l’affranchis-sement des influences sociales ou des contraintes situationnelles. Elle est plu-tôt définie positivement comme l’exercice de l’influence sur soi-même dans lebut d’obtenir des résultats souhaités. Cette causalité agentique dépend forte-ment de l’autorégulation cognitive. Elle est réalisée par la pensée réflexive,par l’usage productif des connaissances et des compétences à la demande del’individu, et par d’autres outils d’influence sur soi exigés par le choix de

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3. Le déterminisme et l’exercice de l’influence sur soi-même ■ 29

l’action et son exécution. L’influence sur soi opère de manière déterministesur le comportement, de la même manière que le font les influences exté-rieures. Placées dans un environnement identique, les personnes qui sontcapables de faire de multiples choix et d’ajuster leur motivation et leur com-portement auront une plus grande liberté de faire survenir les événementssouhaités que celles qui ont des moyens limités d’agentivité personnelle. C’estparce que l’influence sur soi opère de façon déterministe sur l’activité qu’unecertaine marge de liberté est possible.

Le choix d’une activité parmi diverses possibilités n’est pas complètement etinvolontairement déterminé par l’environnement. Les choix sont plutôt faci-lités par la pensée réflexive, par laquelle l’influence sur soi est largement exer-cée. Les gens exercent une certaine influence sur ce qu’ils font en fonction desalternatives qu’ils prennent en considération, de la façon dont ils prévoient etévaluent les résultats – en incluant leurs propres réactions auto-évaluatives –, et enfin de l’évaluation de leur aptitude à accomplir les choixqu’ils font. Affirmer que la pensée guide l’action est une formule rapide etcommode plutôt qu’une façon de conférer de l’agentivité à la pensée. Ce n’estpas parce que les individus génèrent des pensées qu’ils deviennent des agentsde l’action. Les activités cognitives sont les processus d’influence sur soiapportés en cours d’activité. Par exemple, un individu se comportera diffé-remment dans un cadre de pensée efficace et dans un cadre inefficace ; maisil reste l’agent de ses pensées, de ses efforts et de ses actes. Une expressionsuccincte ne devrait pas être interprétée à tort comme un transfert d’agenti-vité, de la personne vers la pensée.

La causalité de l’agent implique l’aptitude à se comporter différemment desexigences environnementales. Dans des situations séduisantes ou contrai-gnantes, l’agentivité personnelle s’exprime par le pouvoir de s’abstenir. Lesgens établissent des critères personnels qu’ils utilisent ensuite pour initier,guider et ajuster leur comportement (Bandura, 1986 a, 1991 b). Le respect desoi anticipatoire, vis-à-vis des actes correspondant aux critères personnels, etl’autocensure pour les actes qui les violent servent d’influences régulatrices.Les individus posent des actes qui leur procurent de l’autosatisfaction et unsentiment de valeur personnelle, et ils évitent de se comporter d’une manièrequi viole leurs critères personnels parce que cela les conduirait à l’autocen-sure. Une fois que les capacités autoréactives sont acquises, le comportementproduit habituellement deux types de conséquences, des résultats externes etdes réactions auto-évaluatives, qui peuvent influencer le comportement defaçon complémentaire ou opposée. Il n’est pas rare que des individus engagentsi fortement leur valeur personnelle dans certaines convictions qu’ils pré-fèrent subir des mauvais traitements prolongés que de faire quelque chosequ’ils considèrent injuste ou immoral. Thomas More, qui a été décapité pouravoir refusé de transiger avec ses convictions, est un exemple historiquenotable. Dans leur vie quotidienne, les gens sont régulièrement confrontés àdes situations difficiles dans lesquelles ils renoncent à des facilités et à desavantages matériels par respect d’eux-mêmes.

L’influence sur soi-même n’affecte pas seulement les choix d’activitésmais aussi la réussite de ces dernières. Les analyses psychologiques des méca-nismes de l’agentivité personnelle montrent que les personnes contribuent à

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30 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

la réalisation d’un avenir souhaité en faisant appel à des guides cognitifs et àdes résulats anticipés, et en sélectionnant et modelant leur environnementd’une manière qui corresponde à leurs projets (Bandura, 1986 a). Plus vastessont leurs prévisions, aptitudes et moyens d’influence sur soi (compétencesqu’ils peuvent acquérir), plus ils obtiennent ce qu’ils cherchent. En raison dela capacité d’influence sur soi, les gens sont partiellement les architectes deleur propre destin. Ce n’est pas le principe du déterminisme qui est en débat,mais le fait que le déterminisme soit un processus comportant une ou deuxfacettes. Étant donné l’interaction entre les gens et leur environnement, ledéterminisme n’implique pas la vision fataliste selon laquelle les individussont otages de forces extérieures. La causalité réciproque leur fournit desoccasions d’exercer un certain contrôle sur leur destin tout autant que pourposer des limites à l’autodirection.

Les arguments contre l’efficacité causale de la pensée et d’autres moyensd’influence sur soi font habituellement appel à une régression sélective descauses. Selon le point de vue du conditionnement opérant (Skinner, 1974), lesêtres humains sont de simples dépositaires d’entrées de stimuli passés et descanaux pour des stimulations extérieures ; ils ne peuvent rien ajouter à leurperformance. Par un tour de passe-passe conceptuel, les causes de l’activitéhumaine sont régressées vers une « cause initiante » située dans l’environne-ment, rendant ainsi la pensée humaine implantée entièrement à l’extérieur,acausale et complètement redondante. Une critique détaillée de cet ensembleconceptuel a été présentée ailleurs (Bandura, 1996). La pensée est évidem-ment partiellement influencée par l’expérience, mais elle n’est pas complète-ment modelée par les stimuli du passé. Le behaviorisme souligne la manièredont les jugements et les actes des personnes sont déterminés par leur envi-ronnement, mais ne tient pas compte du fait que l’environnement lui-mêmeest partiellement déterminé par les actes des personnes. En effet, de mêmeque les actes, les environnements ont des causes. Les personnes créent, modi-fient et détruisent l’environnements par leurs actes. L’analyse sociocognitivede la causalité réciproque n’invite pas à une régression infinie des causes,parce que les individus tirent l’origine de leurs actes de leurs expériences etde la pensée réflexive plutôt qu’ils ne subissent simplement les actes commedes implants du passé. Les créations émergentes ne sont pas réductibles auxstimuli environnementaux. Par exemple, les œuvres magnifiques de Bach, quiemplissent soixante volumes d’originalité prolifique, ne sont pas réductibles àl’enseignement qu’il a reçu sur les mécanismes de la composition instrumen-tale, aux travaux musicaux de ses prédécesseurs et aux événements de sonenvironnement quotidien. Puisque Bach n’était pas pourvu des ConcertosBrandebourgeois entièrement orchestrés et de centaines de cantates, à partirde quel dépositaire les renforçateurs environnementaux ont-ils sélectionnéces créations artistiques ? Le renforcement ne peut pas sélectionner ce quin’existe pas dans un catalogue. On peut, bien entendu, créer des réponses nou-velles simples en attendant que les variations aléatoires produisent cer-tains éléments permettant la récompense. Mais étant donné la productionprolifique de Bach, on devrait attendre durant d’infinies vies humainespour réaliser de telles créations artistiques par le renforcement sélectif devariations aléatoires, si tant est que cela puisse être réalisé par ce processus

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3. Le déterminisme et l’exercice de l’influence sur soi-même ■ 31

lent et laborieux. Quoique l’ingéniosité humaine incorpore certains aspects del’expérience passée, elle transforme celle-ci, lui ajoute de nouvelles caractéris-tiques, et crée ainsi quelque chose qui n’est pas seulement un conglomérat oula réplique du passé. En résumé, le comportement humain est déterminé, maisil est partiellement déterminé par l’individu plutôt que par l’environnementseul. On ne peut pas expliquer une composition musicale unique en l’attri-buant aux causes environnementales passées. La composition est une créa-tion émergente.

Le débat récurrent relatif à la liberté a été réactivé par l’affirmation de Skin-ner (1971) selon laquelle, hormis les contributions génétiques, le comporte-ment humain est modelé et contrôlé par les contingences environnementales.Un problème majeur avec ce type d’analyse est qu’elle décrit une causalitéréciproque entre les individus et leur environnement comme s’il s’agissaitd’un contrôle à sens unique par un environnement autonome. Selon Skinner,la liberté est une illusion. Ce n’est pas que l’interdépendance des influencespersonnelles et environnementales n’est jamais reconnue par les partisans dece point de vue. En effet, Skinner (1971) a souvent parlé de l’aptitude des gensau contre-contrôle. Cette notion de contre-contrôle décrit cependant l’envi-ronnement comme l’initiateur vis-à-vis duquel les individus peuvent réagir.En fait, les gens sont pré-actifs, pas seulement contre-actifs. Les affirmationséquivoques émises par les unidirectionnalistes créent d’autres ambiguïtésconceptuelles. Bien qu’ayant reconnu la réalité de l’influence bidirectionnelle,Skinner (1971) l’a niée en réaffirmant le contrôle prééminent du comporte-ment par l’environnement : « Une personne n’agit pas sur le monde, le mondeagit sur elle. » Ainsi, l’environnement réapparaît comme une force autonomequi sélectionne, façonne et contrôle automatiquement le comportement.Quelles que soient les allusions faites à des influences à double sens, la règleenvironnementale émerge clairement comme la métaphore régnante dans laperception de la réalité.

On atteint le sommet de l’ironie quand des personnes qui exercent les libertésgaranties par les institutions dénigrent la liberté comme illusion. Au cours del’histoire, d’innombrables personnes ont sacrifié leur vie pour créer et préser-ver des institutions de liberté qui interdisent aux dirigeants d’imposer l’obéis-sance à des ordres illicites. Les combats pour la liberté visent à créer desgaranties institutionnelles qui exemptent certaines formes de comportementd’un contrôle coercitif et punitif. Moins il y a de juridiction sociale sur dessphères d’activité, plus grande est la contribution causale d’influence sur soipour choisir une activité dans ces domaines. Après avoir mis en place des loisprotectrices, une société doit s’interdire de faire certaines choses aux indivi-dus qui choisissent de défier des valeurs conventionnelles ou des intérêtsacquis, quel que soit son désir de le faire. Les interdictions légales contre lescontrôles sociaux illicites créent des libertés personnelles qui sont des réali-tés, non des abstractions illusoires. Les sociétés diffèrent dans leurs institu-tions de liberté et dans le nombre et le type d’activités qui sont officiellementdispensées de contrôle punitif. Par exemple, les sociétés qui protègent desanctions pénales les journalistes ayant critiqué les responsables gouverne-mentaux et leurs pratiques sont plus libres que celles qui permettent l’usaged’un pouvoir autoritaire afin de réduire au silence les individus critiques ou

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32 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

leurs moyens d’expression. De même, les sociétés qui possèdent un systèmejudiciaire indépendant des autres institutions procurent une plus grandeliberté sociale que celles qui ne le font pas.

Quand on aborde le thème du changement social, les déterministes environ-nementaux absolus deviennent de fervents partisans du pouvoir qu’ont lesgens d’améliorer leur existence, en appliquant la psychotechnologie compor-tementale. Par exemple, à la fin de sa carrière, Skinner a passé beaucoup detemps à promouvoir, avec une ferveur missionnaire, la technologie opérantecomme remède aux maladies de ce monde. Or, mêmes les modestes applica-tions du conditionnement opérant se situent bien en deçà de ses déclarations,le laissant seul pour fournir la panacée pour les problèmes mondiaux crois-sants. Un fervent déterministe environnemental incitant les gens à modifierleur environnement est autonégateur de manière amusante, puisqu’il contre-dit la prémisse de base de la doctrine environnementaliste. En fait, si leshumains étaient incapables d’agir comme des agents causaux, ils décriraientles changements qu’ils subissent en réponse aux ordres de leur environne-ment, mais ils ne sélectionneraient pas des activités basées sur des plans rai-sonnés et sur la prévision de conséquences, ni ne feraient advenirintentionnellement des événements désirés. Ils pourraient être les canaux deforces environnementales, mais ils ne pourraient pas être eux-mêmes les créa-teurs de programmes pour un changement de l’environnement. Boring (1957)a présenté une analyse pertinente de la « situation égocentrique difficile »dans laquelle les déterministes environnementaux s’empêtrent en s’estimantêtre des agents capables de diriger leur existence mais en considérant que lesautres personnes sont déterminées de l’extérieur. Les partisans s’exemptentainsi eux-mêmes du contrôle environnemental prépondérant qui semble gui-der le reste de la population. Sinon, les propres vues des partisans deviennentsimplement des paroles façonnées par leur environnement et n’ont donc passpécialement valeur de vérité. Cependant, si les membres de la populationadoptaient la technologie de leurs partisans, ils seraient soudain convertis enagents intentionnels capables d’améliorer leur vie et de façonner leur avenir.

Les conceptions apparentées à l’efficacité personnelle

La pensée autoréférente joue un rôle essentiel dans la plupart des théoriescontemporaines du comportement humain. Les conceptions de soi, bienentendu, ont de nombreuses facettes différentes. Quoiqu’elles soient toutesautoréférentes, toutes les facettes ne sont pas concernées par l’efficacité per-sonnelle, et ceci a été la source d’une certaine confusion dans la littérature.Même les théories qui parlent explicitement du thème de l’efficacité person-nelle diffèrent sur leur conception des croyances d’efficacité, l’origine de celles-ci, leurs effets, leur capacité de se modifier, et les processus par lesquels ellesmodifient le fonctionnement psychosocial. Les théories du soi ne diffèrent passeulement dans l’orientation conceptuelle, mais également en étendue. Lesdiverses perspectives théoriques intègrent rarement tous les aspects impor-tants des croyances d’efficacité. La majeure partie des recherches générées

4.

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4. Les conceptions apparentées à l’efficacité personnelle ■ 33

par les diverses théories sont liées à une mesure globale de contrôle perçu etsont consacrées à la recherche de ses corrélats. Une pleine compréhension dela causalité personnelle requiert une vaste théorie qui explique, dans un cadreconceptuel unifié, les origines des croyances d’efficacité, leur structure et leurfonction, les processus par lesquels elles produisent divers effets, et leurmodifiabilité. La théorie de l’efficacité personnelle tient compte de tous cessous-processus tant au niveau individuel que collectif.

La théorie sociocognitive de l’origine et de la fonction de l’efficacité person-nelle perçue offre des avantages analytiques et opératoires supplémentaires.Elle précise d’autres aspects de ce système composite de soi, notamment lesaspirations personnelles, les attentes de résultat, les possibilités perçuesqu’offre la société et ses contraintes, et les conceptions de l’efficacité person-nelle. Analyser la façon dont ces facteurs constitutifs travaillent ensembleainsi que leur contribution relative à l’adaptation et au changement fournitune vue intégrée du soi (Bandura, 1986 a). Ces facteurs sociocognitifs sontbasés sur un vaste corpus de preuves empiriques relatives aux mécanismespar lesquels ils initient et ajustent le comportement. Les liens conceptuels etempiriques entre l’efficacité personnelle perçue et d’autres facteurs augmen-tent la compréhension de la manière dont les individus dirigent et façonnentleur propre destin. En situant le système de croyance d’efficacité personnelledans un cadre sociocognitif unifié, la théorie peut intégrer divers corpus derésultats dans des sphères de fonctionnement variées.

La qualité d’une théorie est en définitive évaluée d’après sa capacité d’effec-tuer des changements. La théorie de l’efficacité personnelle fournit desconseils explicites pour permettre aux personnes d’exercer une certaineinfluence sur leur manière de vivre. Une théorie qui peut être facilement uti-lisée pour améliorer l’efficacité humaine a beaucoup plus d’utilité sociale quecelles qui fournissent des corrélats du contrôle perçu mais qui ont peu à diresur la façon d’obtenir des changements souhaités. Les sections suivantes de cechapitre présentent des conceptions alternatives de l’efficacité personnelleperçue parfois regroupées par erreur avec celle-ci, alors qu’elles concernentdes phénomènes distincts.

Le concept de soi

L’auto-évaluation a souvent été analysée en termes de concept de soi(Rogers, 1959 ; Wylie, 1974). Le concept de soi est une vision composite desoi qui est censée être formée par l’expérience directe de l’individu et par lesévaluations formulées par des personnes importantes pour lui. Il est mesuréen demandant aux sujets d’évaluer à quel niveau certaines descriptionsd’attributs divers s’appliquent à eux. Leur rôle dans le fonctionnement per-sonnel est évalué en mettant en corrélation les concepts de soi composites, oules disparités entre les sois idéaux et réels, avec divers indices d’ajustement,d’attitudes et de comportement.

Analyser les processus autoréférents en termes de concept de soi permet demieux comprendre les attitudes des individus envers eux-mêmes et lamanière dont elles peuvent modifier leur conception générale de l’existence.

4.1.

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34 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

Cependant, plusieurs caractéristiques de ces théories limitent leur pouvoirexplicatif et prédictif du comportement humain. Ainsi, elles s’intéressent sur-tout à des images de soi globales. Or, réunir diverses attitudes en un seulindice crée une certaine confusion sur ce qui est réellement mesuré et sur lepoids accordé à des caractéristiques spécifiques. Même si la conception glo-bale de soi est liée à certains domaines de fonctionnement, cela ne rend pasjustice de la complexité des croyances d’efficacité, qui varient selon lesdomaines d’activité, les niveaux de difficulté dans un même domaine, et lescirconstances. Une image de soi composite peut fournir de faibles corréla-tions, mais ce n’est pas suffisant pour prédire, avec un certain degré d’exacti-tude, les grandes variations de comportement qui surviennent dans undomaine d’activités sous diverses conditions. Ces théories n’expliquent pascomment des concepts de soi identiques peuvent produire des comporte-ments différents. Dans les tests comparatifs de pouvoir prédictif, lescroyances d’efficacité sont hautement prédictives du comportement, alorsque l’effet du concept de soi est plus faible et équivoque (Pajares & Kranzler,1995 ; Pajares & Miller, 1994 a, 1995). Le concept de soi perd la plus grandepartie de sa capacité prédictive, voire toute celle-ci, quand l’influence de l’effi-cacité perçue est éliminée. Ces résultats suggèrent que le concept de soi reflètelargement les croyances des individus dans leur efficacité personnelle.

Différencier l’efficacité personnelle et l’estime de soi

Les concepts d’estime de soi et d’efficacité personnelle perçue sont sou-vent utilisés de manière interchangeable comme s’ils représentaient le mêmephénomène alors qu’ils renvoient à des données totalement différentes. L’effi-cacité personnelle perçue concerne les évaluations par l’individu de ses apti-tudes personnelles, tandis que l’estime de soi concerne les évaluations de savaleur personnelle. Or, il n’y a pas de relation systématique entre ces deuxgroupes de données. Des personnes peuvent se considérer totalement ineffi-caces dans une activité donnée sans pour autant perdre leur estime de soi,parce qu’elles n’engagent pas leur valeur personnelle dans cette activité.Reconnaître que je suis un très mauvais danseur ne me conduit pas à descrises récurrentes d’autodévalorisation. Inversement, des individus peuvents’estimer très efficaces dans une activité et ne pas en tirer de fierté. Il est parexemple peu probable qu’un huissier compétent se sente fier de déloger desfamilles en difficulté financière. Il est cependant exact que les gens ont ten-dance à cultiver leurs aptitudes dans des activités qui leur donnent un senti-ment de valeur personnelle. Si les études empiriques se limitent aux activitésdans lesquelles les personnes engagent leur sentiment de valeur personnelle,elles gonfleront les corrélations entre l’efficacité personnelle et l’estime de soi,parce qu’elles négligent les domaines de fonctionnement où les individuss’estiment inefficaces mais ne s’en soucient pas et ceux où ils se sentent trèsefficaces mais n’en tirent pas de fierté en raison de conséquences néfastes.

Les individus ont besoin de beaucoup plus qu’une estime de soi élevée pouragir conformément à leurs objectifs. Beaucoup de personnes performantes

4.2.

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4. Les conceptions apparentées à l’efficacité personnelle ■ 35

sont dures envers elles-mêmes parce qu’elles se fixent des standards difficilesà atteindre, tandis que d’autres peuvent ressentir une estime de soi élevéeparce qu’elles n’exigent pas beaucoup d’elles-mêmes ou qu’elles tirent leurestime de soi d’autres sources que les réussites personnelles. Une bonneestime de soi ne conduit donc pas toujours à de bonnes performances. Celles-ci sont le produit d’un effort discipliné. Les gens ont besoin d’une solideconfiance en leur efficacité pour commencer et poursuivre l’effort requis pourréussir. Ainsi, l’efficacité personnelle perçue prédit les buts que les gens sefixent et les performances qu’ils obtiennent, tandis que l’estime de soi n’affecteni les buts personnels ni la performance (Mone, Baker & Jeffries, 1995).

L’assimilation inappropriée de l’estime de soi et de l’efficacité personnelle per-çue a des origines méthodologiques et conceptuelles. Certains des instru-ments conçus pour mesurer l’estime de soi incluent des auto-évaluations à lafois d’efficacité et de valeur personnelles, confondant ainsi des facteurs quidevraient être dissociés (Coopersmith, 1967). Certains auteurs considèrent àtort l’estime de soi comme la forme généralisée de l’efficacité personnelle per-çue. Par exemple, Harter (1990) présente les évaluations de la valeur et de lacompétence personnelles comme des niveaux de généralité au sein du mêmephénomène. Il affirme que la valeur personnelle est globale et que la compé-tence perçue est spécifique à tel ou tel domaine. Il considère que la valeur per-sonnelle globale est une propriété supraordonnée émergente qui représenteplus que la somme des compétences spécifiques. L’évaluation de la valeur desoi globale est isolée des domaines particuliers de fonctionnement contri-buant à divers degrés au sentiment de fierté ou de rejet de soi. On demandeainsi aux sujets à quel point ils s’apprécient ou non sans tenir compte de cequ’ils aiment ou non. Mesurer hors contexte la valeur personnelle et la com-pétence perçue associe des perspectives unidimensionnelles et multidimen-sionnelles dans un modèle hiérarchique d’auto-évaluation.

Les évaluations de la valeur et de l’efficacité personnelles constituent doncdes phénomènes distincts, et non des relations à part entière au sein du mêmephénomène. De plus, l’estime de soi n’est pas moins multidimensionnelle quel’efficacité personnelle. Les individus ont des niveaux différents d’estime desoi selon qu’il s’agit de leur travail, de leur vie de famille ou de leur vie sociale.Les dirigeants durs à la tâche peuvent estimer avoir une haute valeur profes-sionnelle mais se dénigrer en tant que parents. Relier les mesures de valeurpersonnelle au champ d’application révèle les domaines qui favorisentl’estime de soi d’une personne et ceux qui sont susceptibles d’entraîner ladévalorisation. Il n’y a pas de justification conceptuelle ou empirique au faitd’interpréter globalement la valeur personnelle, et l’estime de soi n’est pas lamanifestation généralisée de croyances d’efficacité spécifiques.

Il y a plusieurs sources d’estime de soi et de valeur personnelle (Bandura,1986 a). L’estime de soi peut provenir d’auto-évaluations basées sur la compé-tence personnelle ou sur la possession de caractéristiques personnelles inves-ties de valeurs positives ou négatives selon la culture. Lorsque l’estime de soiprovient de la compétence personnelle, les gens tirent fierté du fait qu’ilsrépondent aux exigences de leurs critères de mérite. Ils éprouvent de l’auto-satisfaction pour un travail bien fait mais sont déçus d’eux-mêmes quand ilsn’atteignent pas leurs critères de mérite. Les compétences personnelles qui

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36 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

donnent les moyens d’accomplir des réalisations appréciées fournissent un véri-table fondement de l’estime de soi. Cette source d’auto-évaluation permet auxindividus d’influer sur leur propre estime de soi en développant des potentia-lités qui procurent de l’autosatisfaction à partir des réalisations personnelles.

Les jugements que les gens portent sur autrui concernent plus fréquemmentles caractéristiques personnelles, appréciées ou non, que les réalisations. Lesévaluations sociales sont donc plus liées aux caractéristiques personnelles etau statut social qu’aux compétences. Par exemple, les individus relégués à unstatut inférieur peuvent être dévalorisés. Dans les familles conflictuelles, unparent peut dénigrer l’enfant qui possède des caractéristiques qui res-semblent à celles de son (sa) partenaire. Les évaluations sociales ont tendanceà influencer la manière dont les destinataires évaluent leur propre valeur per-sonnelle. De plus, les gens sont souvent critiqués ou dénigrés quand ils ne semontrent pas à la hauteur des standards idéaux que leur imposent les autres.Dans la mesure où ils adoptent des standards erronés qu’ils ne parviennentpas à atteindre, la plupart de leurs réalisations ne leur apporteront riend’autre que de l’autodévalorisation. Le rôle joué par la compétence person-nelle et par l’évaluation sociale dans le développement de l’estime de soi estconfirmé par les études de Coopersmith (1967). Il a constaté que les enfantsdont l’estime de soi est élevée ont des parents ouverts, qui formulent des cri-tères explicites et accessibles et qui procurent à leurs enfants un importantsoutien et une grande liberté pour acquérir des compétences utiles à la réali-sation de leurs objectifs.

Les stéréotypes culturels constituent un autre moyen par lequel les juge-ments sociaux modifient le sentiment de la valeur personnelle. Les personnessont souvent placées dans des groupes valorisés ou dévalorisés sur la base deleur appartenance ethnique, de leur sexe ou de caractéristiques physiques.Elles sont ensuite traitées sur la base du stéréotype social plutôt que de leurindividualité. Dans les situations qui donnent du relief au stéréotype, les per-sonnes ainsi stigmatisées souffrent de perte d’estime de soi (Steele, 1996). Lespratiques sociales dévalorisantes sont habituellement habillées de justifica-tions qui rendent les personnes défavorisées responsables des mauvais trai-tements qu’elles subissent. Or, la dévalorisation « justifiée » peut avoir deseffets plus dévastateurs sur les évaluations de la valeur personnelle quel’antipathie avouée. Quand la faute est attribuée sur un ton convaincu augroupe dévalorisé, nombre de ses membres peuvent finir par croire à cettedescription dégradante d’eux-mêmes (Hallie, 1971). Les pratiques sociales dis-criminatoires favorisent les échecs réels qui servent de justification à la déva-lorisation. L’inhumanité justifiée risque donc plus de générer del’autodévalorisation dans les groupes dénigrés que l’inhumanité qui ne tentepas de se justifier. Les personnes qui possèdent des caractéristiques discrédi-tées socialement et qui acceptent les évaluations stéréotypées négativesd’autrui se tiendront en piètre estime quels que soient leurs talents.

L’estime de soi ayant de multiples origines, il n’y a pas un remède unique àune faible estime de soi. Les individus qui cumulent des compétences limitées,des critères exigeants d’auto-évaluation et des caractéristiques socialementdévalorisées ont le plus de risques de manifester un sentiment envahissantd’absence de valeur personnelle. Ces multiples origines de l’autodévalorisation

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4. Les conceptions apparentées à l’efficacité personnelle ■ 37

appellent à des mesures correctrices diversifiées. L’autodévalorisation enra-cinée dans l’incompétence requiert de cultiver des talents pour des réalisa-tions personnelles procurant de l’autosatisfaction. Ceux qui souffrentd’autodénigrement parce qu’ils se jugent durement face à des critères excessi-vement élevés parviennent à mieux s’accepter et s’approuver après qu’on lesait aidés à adopter des critères de réussite plus réalistes (Jackson, 1972 ;Rehm, 1982). L’autodévalorisation résultant d’évaluations sociales déprécia-tives nécessite une démarche d’autrui affirmant la valeur de la personne.L’autodévalorisation issue du dénigrement discriminatoire des caractéris-tiques de l’individu requiert de modeler et de récompenser le sentiment defierté relatif à ces caractéristiques. Les efforts des minorités pour susciter dela fierté à propos les caractéristiques raciales (par exemple « Black isbeautiful ») illustrent cette approche. Quand l’autodévalorisation provient demultiples sources, des mesures correctrices multiples sont nécessaires, parexemple non seulement favoriser la fierté relative à ses propres caractéris-tiques, mais aussi cultiver des compétences qui entraînent un sentiment élevéet résilient d’efficacité personnelle pour des réalisations.

La motivation d’effectance 2

En recherchant les motivations du comportement exploratoire, White(1959, 1960) a proposé l’existence d’une motivation d’effectance, besoinintrinsèque de traiter efficacement l’environnement. Produire des effets pardes activités exploratoires construit les compétences et est satisfaisant en soi.La motivation d’effectance se développe probablement par l’acquisitioncumulative de connaissances et d’aptitudes à gérer l’environnement. Whitepropose brillamment un modèle de compétence du développement humainenraciné dans des pulsions non biologiques. Le comportement est réalisé pourle sentiment d’efficacité qu’il procure. Cependant, White ne fournit qu’uncadre conceptuel général, plutôt qu’une théorie précise à partir de laquelle desdéductions testables pourraient être formulées. Ainsi, il ne présente jamaisd’hypothèse sur la manière dont une motivation d’effectance est créée par desrelations efficaces avec l’environnement. L’impact des efforts inopérants,malheureusement trop fréquents, n’est pas mentionné. De même, la nature dela récompense intrinsèque qu’apporte l’acte efficace n’est pas précisée demanière testable. Harter (1981) a affiné la formulation de White en un modèledéveloppemental de la motivation intrinsèque de maîtrise.

Il est difficile de vérifier l’existence d’une motivation d’effectance ou de maî-trise, car elle est déduite du comportement exploratoire qu’elle est censéeprovoquer. Ceci pose un problème de circularité. Sans une mesure indépen-dante de la force de motivation, on ne peut pas affirmer que les gensexplorent ou manipulent les éléments parce qu’ils sont poussés par une moti-vation de compétence pour le faire, ou attirés par les satisfactions qu’ilsretirent ou anticipent de l’activité. Il y a une nette différence entre le faitd’être conduit par une motivation intrinsèque d’effectance et celui d’être

2. Pour éviter toute confusion, j’ai conservé le néologisme effectance plutôt que de le tra-duire par efficacité (Ndt).

4.3.

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38 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

motivé par des résultats anticipés. Nous reviendrons sur ce sujet au chapitresix, qui présente une conceptualisation de la motivation intrinsèque dans lecadre de la théorie sociocognitive.

Au fil des ans, les théoriciens ont débattu du fait que les organismes se lancentdans des activités exploratoires parce qu’ils sont poussés par l’ennui et par lacrainte ou attirés par la nouveauté (Berlyne, 1960 ; Brown, 1953 ; Harlow,1953 ; Mowrer, 1960 b). Les auteurs critiquant le concept de pulsions explo-ratoires ont pu expliquer et modifier certaines formes de comportementexploratoire par les résultats produits sans avoir recours à une pulsion sous-jacente (Fowler, 1971). Cependant, les théories mettant l’accent uniquementsur les récompenses immédiates des comportements doivent pouvoir expli-quer le caractère marqué et la persistence du comportement sur de longuespériodes lorsque des récompenses situationnelles immédiates sont faibles,absentes voire négatives. Cette implication prolongée dans une activitérequiert des aptitudes à l’autorégulation qui agissent de manière anticipatoire.Les croyances d’efficacité jouent un rôle crucial dans l’autorégulation de lamotivation en cours, comme cela sera montré plus loin.

La théorie de la motivation d’effectance n’a pas été formulée de manière suf-fisamment détaillée pour permettre des comparaisons théoriques approfon-dies. Néanmoins, la théorie de l’effectance et la théorie sociocognitivediffèrent clairement sur divers aspects. Selon l’approche sociocognitive, lechoix, l’effort et la persévérance sont fortement régulés par des croyancesd’efficacité personnelle plutôt que par une pulsion d’effectance. Les croyancesd’efficacité étant définies et mesurées indépendamment de la performance,elles permettent de prédire la présence, la généralisation et la persistence ducomportement. Il est par contre difficile d’expliquer la variabilité du compor-tement humain en termes de pulsion globale à la motivation intrinsèque (Ban-dura, 1991 b). Les individus approchent, explorent et tentent de gérer lessituations dans le cadre de leurs capacités perçues, mais, à moins d’êtrecontraints par des forces extérieures, ils évitent de se trouver confrontés auxaspects de leur environnement qu’ils estiment être au-dessus de leurs forces.

Ces conceptions alternatives diffèrent également lorsqu’il s’agit d’expliquerles origines de l’efficacité personnelle. Dans la théorie de l’effectance, la moti-vation d’effectance se développe progressivement par le biais de relationsprolongées avec l’environnement. La théorie met ainsi l’accent presque exclu-sivement sur le comportement exploratoire comme source de l’effectance.Dans la théorie sociocognitive, les croyances d’efficacité sont développées etmodifiées non seulement par les expériences directes de maîtrise, mais aussipar les expériences vicariantes 3, par les appréciations provenant de per-sonnes significatives, et par des changements d’état physiologique. Ces diffé-rences d’approche théorique ont d’importantes implications lorsqu’il s’agit decomprendre comment une personne crée un profond sentiment d’efficacité.

Les croyances d’efficacité personnelle n’agissent pas comme des facteurs dis-positionnels indépendamment de facteurs contextuels. Elles varient en fonc-tion du niveau de compétence autorégulatrice et de performance exigé par la

3. L’apprentissage vicariant résulte de l’observation d’un individu (le modèle) réalisant lecomportement à acquérir (Ndt).

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4. Les conceptions apparentées à l’efficacité personnelle ■ 39

situation. Par exemple, le niveau d’efficacité personnelle nécessaire pour par-ler en public différera selon le thème présenté, selon que le propos est impro-visé ou lu sur des notes, et selon les critères d’évaluation du public, pour neciter que quelques facteurs conditionnels. Les recherches sur la manière dontles croyances d’efficacité affectent les comportements reposent donc sur desmesures microanalytiques plutôt que sur des indices globaux de traits de per-sonnalité ou de motivation d’effectance. Parler d’efficacité personnelle entermes généraux n’est pas plus informatif que de parler de comportementsocial non spécifique.

Selon la théorie de l’effectance, la modification de l’environnement génère dessentiments d’efficacité et de plaisir. Mais bien que ces sentiments puissenteffectivement se manifester à partir de performances obtenues, ces réussitesn’augmentent pas nécessairement l’efficacité personnelle perçue. Les réus-sites peuvent élever, abaisser ou laisser inchangées les croyances d’efficacitépersonnelle, selon l’utilisation qui en est faite. De même, l’usage fructueux del’efficacité personnelle ne procure pas nécessairement du plaisir ou n’aug-mente pas systématiquement l’estime de soi. Tout dépend des critères utiliséspar l’individu pour évaluer son niveau de réussite. Si le niveau d’efficacité réa-lisée se situe en dessous des critères personnels de mérite, la réussite peut fortbien laisser l’individu insatisfait. Les étudiants ayant des critères universi-taires rigoureux ne ressentent pas de fierté particulière d’avoir améliorémodestement des travaux universitaires importants pour eux. Le rythme demaîtrise des activités peut fortement modifier les auto-évaluations (Simon,1979 a). Une personne qui obtient régulièrement des performances supé-rieures aux précédentes en retire un sentiment continu d’autosatisfaction. Parcontre, les gens sont peu satisfaits de réussites moins importantes, ou mêmeles dévaluent, après avoir effectué de notables progrès. Des réussites anté-rieures spectaculaires, reflétant une compétence remarquable, peuvent ainsiconduire à une insatisfaction de soi, même si la personne parvient à des résul-tats personnels continus. De même, une efficacité personnelle élevée dans uneactivité ne stimulera pas l’autosatisfaction si cette activité est dévalorisée. Parexemple, si des compétences sont utilisées pour des buts inhumains, les per-sonnes peuvent éprouver de l’efficacité personnelle dans leurs réussites touten étant mécontentes d’elles-mêmes pour la souffrance qu’elles ont engendrée.

La relation entre les réussites personnelles et l’autosatisfaction est nettementplus complexe que la théorie de l’effectance ne pourrait le faire croire. Unethéorie de l’effectance doit tenir compte du rôle important joué par les cri-tères personnels ainsi que de l’évaluation cognitive que les individus font deleurs réalisations lorsqu’ils réagissent émotionnellement à leurs perfor-mances. Ce sont là quelques-uns des mécanismes qui déterminent si le niveaude performance procure du plaisir ou du déplaisir. La façon dont les critèresinternes et les croyances d’efficacité opèrent en tant que mécanismes interac-tifs d’agentivité personnelle et de réactions émotionnelles sera abordée dansun chapitre ultérieur.

La motivation d’effectance est censée ne s’exprimer que dans certaines condi-tions limitées (White, 1959), élément souvent négligé dans les extensions dela théorie vers de larges sphères de comportement. On pense que la moti-vation d’effectance est activée quand l’organisme est inoccupé ou seulement

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40 ■ CHAPITRE 1 – Perspectives théoriques

faiblement stimulé par des pulsions organiques. Selon White (1960), l’effec-tance facilite le comportement dans les phases de temps libre. Selon la théoriesociocognitive, les croyances d’efficacité entrent dans la régulation de tous lestypes de performances, jusqu’à ce qu’elles deviennent routinières. Quoique lathéorie de la motivation d’effectance manque de détails vérifiables, un corpusconsidérable de recherche remet en cause ses deux prémisses de base : le faitque les gens soient poussés de façon inhérente à contrôler leur environ-nement ; le fait que l’exercice du contrôle procure systématiquement del’autosatisfaction (Bandura, 1986 a ; Rodin, Rennert et Solomon, 1980). Nousdiscuterons ultérieurement plus en détail le thème des motivateurs inhérents.

Yarrow et ses collaborateurs ont reformulé la motivation d’effectance sousune forme plus testable (Yarrow et al., 1983). Ils l’appellent motivation demaîtrise et la décrivent comme un effort vers la compétence, cette dernièreétant elle-même définie comme une activité efficace de gestion de l’environne-ment. La motivation de maîtrise s’exprime dans l’attention, le comportementexploratoire et la persistance dans les activités dirigées vers un but. Les testsdéveloppementaux sur la nature et les corrélats de ce système de motivationont conduit à des résultats mitigés. Les indices comportementaux de la moti-vation de maîtrise sont faiblement liés entre eux et deviennent même de plusen plus hétérogènes au fur et à mesure que les personnes testées sont plusâgées. Une motivation de maîtrise dont les éléments ne s’accordent pas pré-sente de réels problèmes conceptuels. Le même comportement de maîtrisemontre peu de consistance même sur une courte période de temps, ce quidénote une surprenante instabilité. De plus, certains indices de motivation demaîtrise ne sont pas systématiquement liés à la compétence réelle. Lesauteurs de cette théorie proposent cependant une interprétation positive decette importante déconnexion. La motivation de maîtrise ne se charge que dela forme des résultats empiriques. Les partisans de cette approche proposentdonc que la faiblesse des relations entre différents indices de la même motiva-tion montre que la motivation de maîtrise présente de multiples facettes ; unehétérogénéité grandissante avec l’âge indique que cette motivation devientplus différenciée ; l’absence de continuité comportementale indique que lamotivation suit la transformation développementale ; le lien irrégulier entremotivation de maîtrise et compétence réelle montrent qu’elles se créent réci-proquement de façon interactive, quoiqu’on s’attendrait à ce qu’une causalitéréciproque produise une forte relation.

Une conclusion plus plausible peut être tirée de cette importante décon-nexion : l’effort visant la compétence n’est pas dirigé par une motivation glo-bale de maîtrise mais est plutôt motivé par les multiples bénéfices que pro-cure l’activité compétente. Le fonctionnement compétent diffère selon lesmoments, les lieux, les critères sociaux et les domaines d’activité. La compé-tence n’émerge pas spontanément et requiert donc des expériences d’appren-tissage appropriées. Ainsi, les individus acquièrent différentes compétenceset les utilisent sélectivement en fonction de l’adéquation des croyances d’effi-cacité aux exigences de l’environnement et en fonction des résultats escomp-tés. Une analyse fonctionnelle de l’effort visant la compétence explique mieuxles variations dans l’expression des compétences humaines que ne le fait unemotivation globale de maîtrise.

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Table des matières

PRÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

AVANT-PROPOS DE LA NOUVELLE ÉDITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

NOTE DU TRADUCTEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

CHAPITRE 1

PERSPECTIVES THÉORIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

1. La nature de l’agentivité humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

2. L’agentivité humaine au sein d’une causalité triadique réciproque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

3. Le déterminisme et l’exercice de l’influence sur soi-même . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

4. Les conceptions apparentées à l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

4.1. Le concept de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

4.2. Différencier l’efficacité personnelle et l’estime de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

4.3. La motivation d’effectance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

4.4. L’exercice du contrôle personnel : pulsion innée ou résultat anticipé prévalent ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

4.5. Le contrôle par procuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

4.6. L’abandon involontaire du contrôle personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

4.7. Les théories d’attente de résultat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

4.8. L’efficacité personnelle, les attentes de résultats et le contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

4.9. L’autoguidage par des sois possibles imaginés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

4.10. Les croyances de contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

4.11. Contrôle primaire versus contrôle secondaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

4.12. L’efficacité personnelle dans des sociétés individualistes ou collectivistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

4.13. Capacitation versus moralisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

4.14. La composante d’efficacité personnelle de la théorie sociocognitive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

CHAPITRE 2

NATURE ET STRUCTURE DE L’EFFICACITÉ PERSONNELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

1. L’efficacité personnelle perçue en tant qu’aptitude productrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

2. Producteurs actifs versus prédicteurs passifs de performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

3. L’approche d’efficacité personnelle comme fondement de la causalité individuelle . . . . . . . . . . . . . . 77

4. La multidimensionalité des systèmes de croyance d’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

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876 ■ Table des matières

4.1. La structure des échelles d’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

4.2. Les effets de l’auto-évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

4.3. Mesures globales ou spécifiques à un domaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

4.4. La généralisation discriminante de l’évaluation de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

5. La causalité de l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

5.1. Le lien causal double . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

5.2. Divers tests de causalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

6. Sources de discordance entre le jugement d’efficacité et l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

6.1. Évaluation de l’efficacité personnelle portant sur un rayon d’action limité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

6.2. Divergence entre l’efficacité personnelle et les domaines de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

6.3. Évaluations erronées de l’efficacité personnelle ou de la performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

6.4. Ambiguïté des exigences de la tâche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

6.5. Objectifs imprécis et information insuffisante sur la performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

6.6. Disparités temporelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

6.7. Conséquences d’évaluations erronées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

6.8. Désincitateurs et contraintes de performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

6.9. Ordre causal des facteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

6.10. Contrôle statistique excessif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

6.11. Connaissance de soi erronée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

6.12. Exactitude de l’évaluation de soi : aide ou limitation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

6.13. Les bénéfices émotionnels et motivationnels de la croyance optimiste d’efficacité personnelle . . . . . . . . . . 123

6.14. Les fonctions différentielles de l’efficacité préparatoire et de l’efficacité de performance . . . . . . . . . . . . . . . 128

6.15. Affirmation de soi versus mensonge à soi-même . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130

CHAPITRE 3

SOURCES DE L’EFFICACITÉ PERSONNELLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

1. L’expérience active de maîtrise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

1.1. Les structures préexistantes de la connaissance de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

1.2. La difficulté de l’activité et les facteurs contextuels dans la valeur diagnostiquede l’information de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

1.3. Les efforts fournis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

1.4. L’auto-observation sélective et la reconstruction des expériences actives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

1.5. Les trajectoires de réalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

2. L’expérience vicariante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

2.1. Les processus régissant l’impact du modelage sur l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

2.2. Les modes d’influence modelante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

2.3. La similitude de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

2.4. La similitude de caractéristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

2.5. Multiplicité et diversité du modelage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

2.6. Modelage de coping versus modelage d’expertise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

2.7. La compétence du modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

3. La persuasion verbale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166

3.1. Le cadrage du feed-back de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167

3.2. Possibilité de connaître et crédibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170

3.3. Le degré de disparité d’évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172

4. Les états physiologiques et émotionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

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Table des matières ■ 877

4.1. La source perçue d’activation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

4.2. Le niveau d’activation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

4.3. Les biais d’interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177

4.4. L’impact de l’humeur sur l’évaluation d’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

5. L’intégration de l’information relative à l’efficacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

CHAPITRE 4

PROCESSUS MÉDIATEURS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

1. Processus cognitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

1.1. Les constructions cognitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

1.2. La pensée inférentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

2. Processus motivationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198

2.1. La théorie de l’attribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

2.2. La théorie de l’attente-valeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202

2.3. La théorie du but . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206

2.4. Les influences autoréactives comme médiateurs de la motivation par le but . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207

2.5. L’autorégulation et le modèle du feed-back négatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210

2.6. La divergence négative comme automotivateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212

2.7. Les propriétés du but et l’automotivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2132.7.1 La spécificité du but . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2142.7.2 Le défi lié au but . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2142.7.3 La proximité du but . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216

2.8. La structure hiérarchique des systèmes de but . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217

2.9. L’ordre causal de l’efficacité et des influences du but . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218

3. Processus émotionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219

3.1. La régulation de l’anxiété par des processus attentionnels et interprétatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224

3.2. La régulation de l’anxiété par les actions transformationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226

3.3. Microrelations entre les croyances d’efficacité et l’activation de l’anxiété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228

3.4. La contrôlabilité environnementale et l’activation de l’anxiété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229

3.5. La régulation des états émotionnels par l’efficacité du contrôle de la pensée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230

3.6. L’efficacité du contrôle émotionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239

3.7. Une relation interactive mais asymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240

3.8. L’inefficacité personnelle perçue et la dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242

3.9. L’inefficacité et le traitement cognitif biaisé des expériences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243

3.10. La dépression par inefficacité pour les objectifs non atteints . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245

3.11. La dépression par contrôle inefficace de la pensée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247

3.12. La dépression par inefficacité sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248

4. Processus de sélection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252

CHAPITRE 5

ANALYSE DÉVELOPPEMENTALE DE L’EFFICACITÉ PERSONNELLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255

1. Les origines du sentiment d’agentivité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

1.1. La découverte que les actions produisent des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

1.2. La reconnaissance et la différenciation du soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264

2. Les sources familiales de l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265

2.1. L’impact des expériences précoces de maîtrise sur le développement social et cognitif . . . . . . . . . . . . . . . . . 266

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878 ■ Table des matières

2.2. Le développement des compétences auto-évaluatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268

2.3. Surmonter les adversités de l’enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271

3. Les pairs et l’élargissement et la validation de l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273

4. L’école comme agentivité pour cultiver l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274

5. La croissance de l’efficacité personnelle grâce à des expériences transitionnelles à l’adolescence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278

5.1. La gestion de la sexualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282

5.2. La gestion des activités à haut risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286

6. L’efficacité personnelle à l’âge adulte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

6.1. L’accomplissement des rôles professionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

6.2. Assumer les rôles familiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298

6.3. Les changements liés à la période du milieu de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306

7. Les réévaluations de l’efficacité personnelle lors de l’avancée en âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310

7.1. L’hétérogénéité des changements cognitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310

7.2. Le fonctionnement de la mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315

7.3. Le fonctionnement physique et la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318

7.4. Le vieillissement et l’exercice du contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320

7.5. Les contraintes sociostructurelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324

7.6. Le maintien de l’efficacité personnelle malgré le déclin des capacités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325

CHAPITRE 6

FONCTIONNEMENT COGNITIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331

1. L’efficacité personnelle cognitive des élèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336

1.1. Le développement de l’efficacité personnelle cognitive grâce à des objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339

1.2. Cultiver un intérêt intrinsèque grâce au développement de l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342

1.3. L’efficacité personnelle dans l’utilisation des compétences cognitives et métacognitives . . . . . . . . . . . . . . . . 348

1.4. L’impact du feed-back de performance sur l’efficacité personnelle perçue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351

1.5. L’efficacité personnelle dans le développement cognitif autorégulé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354

1.6. L’influence des pairs dans la construction et la validation sociales de l’efficacité personnelle . . . . . . . . . . . 364

1.7. L’efficacité personnelle perçue et l’anxiété scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366

1.8. L’impact de l’efficacité personnelle cognitive sur les trajectoires développementales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368

1.9. L’efficacité personnelle dans le fonctionnement cognitif supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371

2. L’efficacité perçue des enseignants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373

3. L’efficacité scolaire collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377

3.1. Les caractéristiques des écoles efficaces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 379

3.2. L’efficacité pédagogique collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383

3.3. Modèles pour l’amélioration de l’enseignement des jeunes défavorisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 388

3.4. Modèles de mise en application de réformes visant à l’amélioration de l’école . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 396

CHAPITRE 7

SANTÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401

1. Les effets biologiques de l’efficacité personnelle perçue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 406

1.1. Les effets biochimiques de l’efficacité personnelle perçue à faire face aux stresseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 406

1.2. L’activation du système autonome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 408

1.3. L’activation catécholaminique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 409

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Table des matières ■ 879

1.4. L’activation des endorphines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 411

1.5. ¬Les mécanismes opioïdes et cognitifs de contrôle de la douleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 413

1.6. L’efficacité régulatrice de la douleur dans l’analgésie par placebo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 420

1.7. Associer des remèdes et des traitements psychologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 421

1.8. Efficacité personnelle perçue de coping et immunocompétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4221.8.1 La médiation par le stress . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4221.8.2 La médiation par la dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4261.8.3 La médiation centrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 426

2. L’efficacité personnelle perçue dans le comportement favorable à la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 429

2.1. Amorce du processus de changement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 429

2.2. Modèles conceptuels du comportement de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 433

2.3. La réussite du changement personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 439

2.4. Le maintien du changement personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441

2.5. Prévention et gestion des rechutes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 443

2.6. La perspective écologique concernant l’autorégulation efficace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 450

2.7. La dynamique de l’autorégulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 451

2.8. Modèle autorégulateur de promotion de la santé et de réduction des risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 452

2.9. L’autogestion des maladies chroniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 458

2.10. La diffusion sociale des pratiques favorables à la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4622.10.1Composante informationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4622.10.2Compétences autorégulatrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4642.10.3La promotion de la santé chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4662.10.4Soutien social pour le changement personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 470

2.11. L’amélioration de la santé grâce à une politique de santé et de modification de l’environnement . . . . . . 474

3. Pronostics et efficacité personnelle perçue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 478

3.1. L’étendue des pronostics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 479

3.2. Le mode de transmission du pronostic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 483

3.3. L’impact psychologique des procédures diagnostiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 483

3.4. Le potentiel autovalidant des pronostics . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 485

CHAPITRE 8

FONCTIONNEMENT CLINIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 487

1. L’anxiété et les troubles phobiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 489

1.1. Efficacité personnelle et théories du contrôle de l’anxiété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 494

1.2. Stratégies thérapeutiques : exposition au stimulus versus expériences de maîtrise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 499

1.3. .La maîtrise guidée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502

1.4. Les facettes du changement personnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 507

1.5. Distinction entre les mécanismes et les modes de changement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 509

1.6. Le mécanisme médiateur commun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 510

2. La dépression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 522

2.1. Un mécanisme d’action commun pour des traitements divergents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 527

3. Les troubles du comportement alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 530

3.1. L’obésité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 531

3.2. L’efficacité personnelle dans la régulation des habitudes alimentaires et d’exercice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 534

3.3. La boulimie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 538

3.4. Initiatives socialement orientées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 541

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880 ■ Table des matières

4. L’alcoolisme et la toxicomanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542

4.1. L’efficacité autorégulatrice dans l’alcoolisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 544

4.2. Les mécanismes d’efficacité personnelle dans les effets du traitement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 548

4.3. La toxicomanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 552

4.4. L’étendue et l’utilisation de l’analyse d’efficacité personnelle dans les habitudes addictives . . . . . . . . . . . . 556

CHAPITRE 9

FONCTIONNEMENT SPORTIF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 559

1. L’acquisition des compétences sportives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 561

1.1. L’étape cognitive de l’acquisition de compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 561

1.2. L’étape transformationnelle de l’acquisition de compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 565

1.3. Rendre pédagogiquement observable ce qui ne l’est pas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 566

1.4. La simulation cognitive par l’action imaginée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 569

1.5. Tests comparatifs des modes d’apprentissage moteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 572

1.6. L’impact des caractéristiques du modèle sur l’efficacité personnelle et sur la performance . . . . . . . . . . . . . 574

1.7. La contribution de l’efficacité personnelle à l’acquisition des compétences motrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 576

2. L’autorégulation de la performance sportive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 579

2.1. Aspects cognitifs de l’aptitude sportive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 579

2.2. Les croyances d’efficacité dans la régulation de la performance par des objectifs stimulants . . . . . . . . . . . 583

2.3. L’efficacité perçue dans la gestion du stress compétitif et des risques élevés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 588

2.4. L’efficacité de contrôle de la pensée dans la gestion des stresseurs, des échecs et des contre-performances . 591

2.5. L’autogestion de la douleur et le rétablissement après blessure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 594

2.6. L’amélioration de l’efficacité personnelle des performances sportives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 596

2.7. La croyance d’efficacité en des résultats exceptionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 598

2.8. Les influences formatrices de l’entraînement sur le développement et le maintien de l’efficacité personnelle 600

3. L’efficacité collective d’équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 608

3.1. Efficacité collective et interdépendance du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 609

3.2. Efficacité préparatoire versus efficacité de performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 611

4. Les effets psychobiologiques de l’exercice physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 615

4.1. Obstacles à l’exercice physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 616

4.2. Les facteurs d’efficacité personnelle de l’adoption et du maintien de l’exercice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 618

4.3. Analyses théoriques comparatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 621

4.4. Stratégies de promotion d’un style de vie actif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 626

4.5. L’efficacité de l’exercice dans la prévention secondaire des troubles physiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 630

CHAPITRE 10

FONCTIONNEMENT ORGANISATIONNEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 637

1. L’apprentissage et le parcours professionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 639

1.1. Le choix et l’apprentissage de la profession . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 639

1.2. Tests comparatifs des théories de choix de carrière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643

1.3. Prise de décision exploratoire et accomplissement du rôle professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 645

1.4. L’efficacité perçue dans l’employabilité et la réemployabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 648

1.5. Les différences de genre dans l’efficacité professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 649

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Table des matières ■ 881

1.6. Appartenance ethnique et efficacité professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 658

1.7. L’amélioration de l’efficacité professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 661

2. La maîtrise du rôle professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 663

2.1. L’acquisition de compétences par le modelage de maîtrise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 663

2.2. Le modelage instructif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 665

2.3. Le perfectionnement guidé des compétences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 668

2.4. La formation au transfert de compétences par le succès autodirigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 669

2.5. L’efficacité personnelle dans la socialisation organisationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 672

2.6. Adaptabilité efficace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 675

3. L’efficacité personnelle dans la prise décision organisationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 677

3.1. La prise de décision managériale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 679

3.2. Évaluer les occasions et les risques et gérer les contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 685

3.3. Augmenter la résilience aux stresseurs managériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 687

3.4. L’efficacité personnelle dans la politiqued’entreprise et la réceptivité aux innovations . . . . . . . . . . . . . . . . 689

4. L’efficacité personnelle dans l’accomplissement du rôle professionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .692

4.1. L’efficacité personnelle en gestion par l’établissement d’objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 693

4.2. L’établissement participatif d’objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 695

4.3. La contribution de l’efficacité personnelle à la productivité créative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 698

4.4. Stress et dysfonctionnement professionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 698

5. L’efficacité organisationnelle collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 704

5.1. Efficacité individualiste versus efficacité collectiviste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 706

5.2. L’apprentissage organisationnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 709

5.3. La culture organisationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 712

CHAPITRE 11

SENTIMENT D’EFFICACITÉ COLLECTIVE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 717

1. Évaluer l’efficacité collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 720

2. L’efficacité politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 725

2.1. La structure des croyances d’efficacité politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 729

2.2. Dilemmes participatifs dans l’action collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 732

2.3. L’impact conjoint de l’efficacité et de la confiance dans le système sur le militantisme politique . . . . . . . .735

2.4. Le développement de l’efficacité politique et de la confiance dans le système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737

2.5. Campagnes électroniques et processus politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 739

2.6. Efficacité collective et militantisme social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 746

2.7. Construire l’efficacité d’une large communauté en vue d’un changement social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 750

3. La capacitation par influences médiatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 756

3.1. L’utilisation des médias pour des initiatives politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 756

3.2. Médias de divertissement au service du changement social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 757

4. La capacitation en vue du changement socioculturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 766

4.1. Obstacles au changement social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 766

4.2. Propriétés des modèles efficaces de diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 768

4.3. L’impact social des innovations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 772

4.4. Innovations dans les communications et diffusion sociale des idées et des pratiques sociales . . . . . . . . . . . 774

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5. Les entraves à l’efficacité collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 778

5.1. Efficacité partisane et blocage des initiatives sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 783

5.2. La bidirectionnalité de l’influence sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 784

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 787

POUR EN SAVOIR PLUS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 851

INDEX THÉMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 855

INDEX DES NOMS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 861

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Ouv

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Nouvel avant-propos d’Albert Bandura

à la 3e édition francophone

Auto-efficacitéComment le sentiment d’efficacité personnelle influence notre qualité de vie

ALBERT BANDURA 3e ÉDITION

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De nouvelles perspectives dans de nombreux domaines grâce à l’auto-efficacité

Albert Bandura est Docteur en psychologie. Il enseigne à l’université de Stanford. Initialement influencé par le courant behavioriste, il se détourne ensuite radicalement de celui-ci en soulignant dans ses recherches l’importance des facteurs cognitifs et sociaux. Il est actuellement l’un des chefs de file du courant socio-cognitiviste en Amérique du Nord.

Jacques Lecomte est Docteur en psychologie et spécialiste de psychologie positive. Il a notamment enseigné à l’université Paris Nanterre et écrit de nombreux ouvrages sur la psychologie positive, la bonté humaine et la résilience. Il est également Président d’honneur de l’Association française de psychologie positive.

Philippe Carré est professeur à l’université Paris Nanterre. Il s’intéresse particulièrement à la psychopédagogie des adultes, à l’ingénierie pédagogique et à la formation des adultes. Responsable de l’équipe Apprenance et formation des adultes au Cref (EA 1589), président de l’association Interface Recherche (Paris), il est aussi directeur de publication de la revue Savoirs.

Fruit de très nombreuses recherches relatives à l’impact du sentiment d’efficacité personnelle sur la vie quotidienne des individus, cet ouvrage constitue, depuis sa 1e édition, la référence incontournable sur les représentations que les hommes ont de

leur capacité d’agir avec efficacité, par l’influence sur eux-mêmes et sur leur environnement.

L’auto-efficacité agit comme un mécanisme autorégulateur central de l’activité humaine. La confiance que la personne place dans ses capacités à produire des effets désirés influence ses aspirations, ses choix, sa vulnérabilité au stress et à la dépression, son niveau d’effort et de persévérance, sa résilience face à l’adversité… On découvre notamment dans cet ouvrage comment le sentiment d’efficacité personnelle peut modifier le fonctionnement immunitaire et la résistance à la douleur chez des patients, réduire voire éliminer des troubles aussi divers que les phobies, la dépression ou les troubles alimentaires, permettre à des élèves issus de milieu défavorisé d’obtenir de bons résultats scolaires, aider à vaincre des difficultés apparemment insurmontables.

Cet ouvrage s’adresse aux étudiants des 2e et 3e cycles en psychologie. Il intéressera également les psychologues cliniciens, les pédagogues et les sociologues, de même que les responsables en management.

Chaque chapitre aborde un aspect important ou un domaine d’application de l’auto-efficacité, de manière détaillée et aisément compréhensible.

En fin d’ouvrage :uUne bibliographie importanteu�Deux index pour mieux

se repérer

ISBN : 978-2-8073-2681-1

Traduction de Jacques LecomtePréface de Philippe Carré

DANS LA MÊMECOLLECTION

9782807307582_CV_BANDURA.indd Toutes les pages 01/10/2019 17:00