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Sujet proposé par W. HAYET CONCOURS D'ADMISSION - FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Lyon EPREUVE DE CULTURE GENERALE Mai 2014 Durée : 3 heures A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. Sujet n°1 - RESUME DE TEXTE ET DISSERTATION. Choisir un des extraits au choix, donné ci-après. 1-A - TEYSSOT, George (2008) : L'architecture comme membrane, in Explorations in architecture, Editions Birkhauser, BERLIN. 1-B - ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps , in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR. 1-C - CLEMENT, Gilles (2004) : Manifeste du tiers paysage. 1.1- Résumé de texte : Résumer l'extrait choisi, en 200 mots environ (équivalent de 20 à 25 lignes manuscrites). 1.2- Dissertation : A partir du texte choisi, développez une position critique personnelle sur les thèmes abordés par l'auteur. Sujet n°2 - CULTURE GENERALE ET CULTURE ARCHITECTURALE. Mettre en place de manière synthétique une histoire de l’architecture occidentale de la Renaissance à nos jours en 4-6 périodes temporelles. Pour se faire : Vous identifierez les idées clefs des grandes périodes, avec une description courte (2 phrases) pour chacune sur ces caractérisations, Pour chaque période mettre en avant trois/quatre œuvres architecturales pertinentes, Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres littéraire(s) clef(s), Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres d’art clefs (peinture, sculpture, média, …), Pour chaque période mettre en avant quatre/cinq mots clefs, Pour chaque période mettre en avant deux/cinq évènements historiques. La présentation se fera donc avec les entrées suivantes à compléter : Période 01 : « Renaissance italienne » Date : « 1800-1840 » Description : « kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. » Architecture 01 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Architecture 02 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Littérature 01 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Littérature 02 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Œuvre d’art 01 : « khdfjkhkjgrh » Œuvre d’art 02 : « khdfjkhkjgrh » Mots clefs : « industrialisation, émergence de l’état moderne, fonctionnalisme, ….. » Evènements historiques de la période : « Révolution industrielle, Guerres d’Italie, Contre-Réforme, … Mondialisation des marchés, Internet, …. » B- EVALUATION L'évaluation de ces épreuves se fera suivant le barème indicatif suivant: Sujet n°1 : 12 points. Sujet n°2: 8 points. C- CONSEIL(S) Le sujet n°1 s'effectue en 2 h environ. Le choix du texte qui vous intéresse doit être très rapide. Pour le sujet 1-1, il ne s'agit de rien d'autre que d'un résumé qui doit rendre compte du contenu du texte donné ci-après, sans aucun commentaire personnel. Cette épreuve demande environ 1 heure, et en effectuant le résumé vous pourrez préparer par vos notes l'épreuve suivante, la dissertation. Pour le sujet 1-2, il s'agit d'une dissertation d'ouverture, vous demandant une posture critique personnelle sur le/les sujet(s) qui vous auront inspiré une réflexion particulière, un avis, une mise en perspective de ce texte par rapport à d'autres lectures que vous auriez pu faire ou contextes différents, un positionnement ... Il s'agit donc de développer une réflexion personnelle, précise, argumentée, hiérarchisée, sans paraphraser le texte que vous avez résumé. Le sujet n°2 s'effectue en 0h45 maximum. Il ne s'agit pas de donner ici un long développement; il s'agit de ne donner qu'un aperçu rapide et très synthétique de vos connaissances; tout débordement dans la rédaction sera pénalisé.

A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. - lyon.archi.fr · est une autre machine connectée à celle-ci3.Pour Deleuze et Guattari, le corps est une surface multiple, pliée comme une peau, omme

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Sujet proposé par W. HAYET

CONCOURS D'ADMISSION - FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Lyon

EPREUVE DE CULTURE GENERALE

Mai 2014 Durée : 3 heures

A- DEUX SUJETS OBLIGATOIRES. Sujet n°1 - RESUME DE TEXTE ET DISSERTATION. Choisir un des extraits au choix, donné ci-après.

1-A - TEYSSOT, George (2008) : L'architecture comme membrane, in Explorations in architecture, Editions Birkhauser, BERLIN. 1-B - ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps , in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR. 1-C - CLEMENT, Gilles (2004) : Manifeste du tiers paysage.

1.1- Résumé de texte : Résumer l'extrait choisi, en 200 mots environ (équivalent de 20 à 25 lignes manuscrites). 1.2- Dissertation : A partir du texte choisi, développez une position critique personnelle sur les thèmes abordés par l'auteur. Sujet n°2 - CULTURE GENERALE ET CULTURE ARCHITECTURALE. Mettre en place de manière synthétique une histoire de l’architecture occidentale de la Renaissance à nos jours en 4-6 périodes temporelles. Pour se faire :

Vous identifierez les idées clefs des grandes périodes, avec une description courte (2 phrases) pour chacune sur ces caractérisations,

Pour chaque période mettre en avant trois/quatre œuvres architecturales pertinentes,

Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres littéraire(s) clef(s),

Pour chaque période mettre en avant une/deux œuvres d’art clefs (peinture, sculpture, média, …),

Pour chaque période mettre en avant quatre/cinq mots clefs,

Pour chaque période mettre en avant deux/cinq évènements historiques. La présentation se fera donc avec les entrées suivantes à compléter : Période 01 : « Renaissance italienne » Date : « 1800-1840 » Description : « kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. kjjkhjkhsdfkjhj vkjhkjhjkh kjhkjh kjhkj hkj hkj hj h kjh kjhkj hjk kljhkj hjk hkj. » Architecture 01 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Architecture 02 : « Pantheon, ROME, 320, arch. Le Corbusier » Littérature 01 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Littérature 02 : « COLONA, Francesco (1501) : Le songe de Poliphile » Œuvre d’art 01 : « khdfjkhkjgrh » Œuvre d’art 02 : « khdfjkhkjgrh » Mots clefs : « industrialisation, émergence de l’état moderne, fonctionnalisme, ….. » Evènements historiques de la période : « Révolution industrielle, Guerres d’Italie, Contre-Réforme, … Mondialisation des marchés, Internet, …. »

B- EVALUATION L'évaluation de ces épreuves se fera suivant le barème indicatif suivant: Sujet n°1 : 12 points. Sujet n°2: 8 points.

C- CONSEIL(S) Le sujet n°1 s'effectue en 2 h environ. Le choix du texte qui vous intéresse doit être très rapide. Pour le sujet 1-1, il ne s'agit de rien d'autre que d'un résumé qui doit rendre compte du contenu du texte donné ci-après, sans aucun commentaire personnel. Cette épreuve demande environ 1 heure, et en effectuant le résumé vous pourrez préparer par vos notes l'épreuve suivante, la dissertation. Pour le sujet 1-2, il s'agit d'une dissertation d'ouverture, vous demandant une posture critique personnelle sur le/les sujet(s) qui vous auront inspiré une réflexion particulière, un avis, une mise en perspective de ce texte par rapport à d'autres lectures que vous auriez pu faire ou contextes différents, un positionnement ... Il s'agit donc de développer une réflexion personnelle, précise, argumentée, hiérarchisée, sans paraphraser le texte que vous avez résumé. Le sujet n°2 s'effectue en 0h45 maximum. Il ne s'agit pas de donner ici un long développement; il s'agit de ne donner qu'un aperçu rapide et très synthétique de vos connaissances; tout débordement dans la rédaction sera pénalisé.

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SUJET n°1-A - TEYSSOT, George (2008) : L'architecture comme membrane, in Explorations in architecture, Editions Birkhauser, BERLIN. (20000 signes) Dans la Logique du Sens (1969), Gilles Deleuze se référait aux

paroles prononcées par Antonin Artaud à sa sortie de l’hôpital

psychiatrique de Rodez: «Pas de bouche. Pas de langue.. Pas de

dents.. Pas de larynx. Pas d’oesophage. Pas d’estomac. Pas de

ventre. Pas d’anus. Je reconstruirai l’homme que je suis1.» Cet

appel invoquait un corps continu et fluide, fait d’os et de sang, qui

ne fut pas réduit à chacun de ses organes. Plus tard, dans l’Anti-

OEdipe (1972), Deleuze et Félix Guattari formuleront l’hypothèse

d’un corps conçu comme une machine libidinale, une «machine

désirante» conduisant à la possibilité théorique d’un «corps sans

organes». De nos jours, nous sommes confrontés à deux

hypothèses qui semblent presque mutuellement s’exclurent: d’un

coté, le «corps sans organes», c’està- dire une notion du corps qui

ne s’appuie pas sur la singularité et l’autonomie de chaque organe,

mais où les organes seraient indéterminés; de l’autre, une notion

basée sur l’organisation organique des organes, appelée

«organisme », qui correspond à la notion conventionnelle du corps,

celui-ci fonctionnant selon la logique interne et les hiérarchies qui

ont longtemps dominé la physiologie et le discours clinique. Ces

deux approches dans l’explication du corporel semblent clairement

opposées, bien que l’une n’exclue pas vraiment l’autre. L’une

favorise un «corps sans organe», un rêve (fécond) de schizophrène,

qui considère le corps purement dans son extériorité, en relation à

d’autres corps, perçus à travers des relations de surface, de

différences, d’affects, de désir; le corps fonctionne ici «comme un

espace virtuel et lisse, indissociable des flux qui le parcourent et s’y

interceptent2». L’autre approche souligne la réalité, ou la

normalité, celle de l’organisme, concevant le corps exclusivement

dans son intériorité, dans son régime de distribution interne, où les

organes autonomes décomposent le tout en de multiples parties et

en morcellent l’intégrité. Ce type de logique fonctionnelle se

reflète d’ailleurs dans ce qui sous-tend toute l’architecture soi-

disant «moderne», et qui n’est rien d’autre qu’une application de

l’organicisme. L’analyse de Deleuze et Guattari adoptait une

attitude critique par rapport à certains courants de la

psychanalyse, influencés par le structuralisme linguistique, leur

reprochant de concevoir le corps comme une tabula rasa, une

sorte de feuille vierge sur laquelle pourront s’inscrire les

événements tracés par le langage et où le pouvoir pourra écrire le

texte de la loi. Cette conception du corps (lacanienne, au sens

large) semblait impliquer une ponctuation du désir vidé par le

Signifiant, créant un ordre phallique, celui de la famille, et par

conséquent celui de l’Etat. La conception de Deleuze et Guattari

insiste au contraire sur le fait que le désir ne manque de rien et ne

manque pas son objet, que le désir et son objet sont un – une et

même chose, que le désir est une machine et que l’objet du désir

est une autre machine connectée à celle-ci3.Pour Deleuze et

Guattari, le corps est une surface multiple, pliée comme une peau,

comme ils écrivent dans Milles Plateaux (1980): «C’est la peau

comme enveloppe ou anneau, la chaussette comme surface

réversible. Ce peut être une maison, une pièce de maison, tant de

choses encore, n’importe quoi. Un corps sans organes n’est pas un

corps vide et dénué d’organes, mais un corps sur lequel ce qui sert

d’organes [...] se distribue [...] sous forme de multiplicités

moléculaires4».Dans cette topologie, les maisons se présentent

comme quelque chose de réversible, comme la peau d’un animal

ou comme la forme d’une chaussette. Fabriquant une nouvelle

variété d’organicisme, le dedans devient un extérieur, tandis que

l’extérieur se replie en surfaces lisses ou striées, pliées et dépliées,

invaginées ou repliées vers l’extérieur. De nos jours, le «corps-sans-

organes» est confronté à la perspective troublante d’un organe

sans corps – il s’agit des transplants, conservés dans les banques

d’organes, au nom bien choisi. Hybride inquiétant, la greffe est une

nouvelle espèce, faite de chair et d’appareil. Isolé de l’organisme

«donneur », le transplant est un organe «libre» – il est, en d’autres

termes, disponible sur le marché comme n’importe quelle

marchandise. Ici, la demande dépasse l’offre, créant un marché de

contrebande mondiale. Un greffon est sans corps, orphelin et

célibataire, piégé entre la vie et la mort. Il provient de l’intervalle

créé entre la mort relationnelle et fonctionnelle. La chirurgie de

transplantation introduit une césure entre l’organe et le corps,

l’organe restant «autre» dans son nouveau corps. L’organe

transplanté devient «[un] autre» puisqu’il remplace une partie

déficiente à l’intérieur de l’organisme «hôte» et définit une

normalité différente qui conduit à d’autres pathologies, comme en

témoignent les greffés. La description de la machinerie libidinale

entreprise par Deleuze et Guattari évoque aussi la fragmentation,

comme le révèle le passage de L’Anti- OEdipe: «Tout fonctionne

soudain, mais par hiatus et ruptures, par à-coup et court-circuit, à

travers distances et dés-agrégations.» Pour les machines désirantes

de Deleuze et Guattari, les coupures sont productives et

deviennent elles-mêmes des articulations . Incapable de

rassembler les morceaux du «corps en morceaux» à travers la

réflexion ou la représentation, le miroir lacanien ne peut plus

assembler les phantasmes morcelés d’un corps au stade pré-

narcissique. Pour Deleuze et Guattari, le stade du miroir devient la

répression de la fragmentation, qui conduit simplement de la

fétichisation de l’objet perdu du désir. L’Anti-OEdipe, par contre,

célèbre les morcellements, les coupures, les objets partiels, les

conjonctions et les disjonctions, les branchements et les

enregistrements. Emergent alors deux hypothèses sur la

fragmentation du corps qui, bien que distinctes, sont reliées entre

elles. La première est celle définie par la formulation de l’organe-

sans-corps. Cet organe, libéré du corps, peut être tout aussi bien

vendu comme un produit que «greffé sur» un autre corps, un autre

organisme, qu’il soit vivant ou non, qu’il soit mécanique,

biologique, ou informatique. Dans la mesure où le terme de greffe

dérive étymologiquement de graphein – signifiant «écrire» en grec

–, toute greffe devient une écriture ou un code, et toute écriture,

tout graphe, devient une greffe. La seconde hypothèse définit le

corps-sans-organes. Le corps est libéré, il devient libidinal, désirant,

tout en surface. Constamment entrecroisé de greffes, de

branchements, et de codes, il est sans cesse traversé par des

expériences éphémères donnant lieu à des effets vitaux

artificiellement induits: tact et contact, sensation et vibration,

effleurement et frôlement, caresse et frottement, jouissance

fugace et satisfaction brève, flux et écoulement. M ême si Deleuze

et Guattari ne se réfèrent pas explicitement à la cybernétique, leur

discussion des flux de réseaux se réfère à la théorie des systèmes

homéostatiques. L’étude de l’interface homme/machine a conduit

à une application élargie de la cybernétique. Du contrôle de la

machine par des dispositifs autorégulateurs aux généralisations sur

la configuration du corps comme système d’information, nous

somme passés à des environnements stimulés sensoriellement,

capables de récréer le monde5. Entre 1960 et aujourd’hui, les deux

figures du robot et du cyborg ont fusionné et subi de multiples

Sujet proposé par W. HAYET

mutations par des implants prothétiques, le clonage et des

dispositifs de rétroaction biologique. Dans la culture du cyborg, les

corps ne naissent plus, mais sont fabriqués. Les organismes sont

des constructions, modelés par des processus comme l’encodage

immunologique. Notre être ne peut aucunement être défini par

chacun de nos organes, puisque nous pouvons en transformer

certains, même en remplacer d’autres (bien que cela ne soit pas

simple). Toutefois, raisonner sur une partie n’est pas la même

chose qu’argumenter sur le tout, et c’est cette disjonction

théorique entre le corps et chacun de ses organes qui permet les

distinctions ontologiques subtiles entre «avoir» et «être» un corps.

Le sujet n’est pas un esprit habitant un corps; nous n’avons pas de

corps, nous sommes un corps – un corps dont toutes les parties

«pensent». Jean-Luc Nancy va plus loin, affirmant qu’«il n’y a rien

qui ressemble à un corps. Il n’y a pas de corps. Il n’y a que les

récitations persévérantes et brûlantes de divers corpus, tels que

côtes, squelettes, pelvis, irritations, carapaces…6». En outre, Nancy

relève que tout corps est «multiplié, multisexué, multifiguré,

multizoné, [...] organisé, inorganique7». Les corps sont créés et

cette «création» conduit à une technique du corps qui détermine

presque exclusivement la vérité du monde: «Notre monde est le

monde de la ‹technique›, le monde dont le cosmos, la nature, les

dieux, le système complet dans sa jointure intime s’expose comme

‹technique›: le monde d’une écotechnie8». Cette oikos [Oikos]

technologique agit comme une machine et en même temps

comme un organe. Les éco-technies fonctionnent, car elles tirent

leur force d’appareils techniques auxquels chaque organe est

branché, de part en part. «Ce que [l’écotechnie] fait, ce sont nos

corps, qu’elle met au monde et branche à ce système, nos corps

qu’elle crée ainsi plus visibles, plus proliférants, plus polymorphes,

plus pressés, plus en ‹masses› et ‹zones› que jamais ils ne furent».

Comme un cyborg, mais sans l’excitation de la science-fiction, le

corps est d’abord créé, puis branché de toutes parts et peut

finalement être reconfiguré. Exactement à l’époque où Jean-

Francois Lyotard préparait sa grande exposition sur Les

Immatériaux (1985) à Paris, Neuromancer, le cyber-roman de

William Gibson (1984) évoquait un espace non matériel de

représentation, dont les données immédiates étaient celles de la

simulation numérique, permettant au lecteur d’explorer le clivage

entre présence physique et conscience – un «esprit», capable de

naviguer dans le cyber-espace. Avec leur installation vidéo

METACITY/DATATOWN datant de 1998, les architectes hollandais

du groupe MVRDV voulaient évoquer un paysage où les banques

de données statistiques ordonnent les formes d’une nouvelle ville.

Concevoir une architecture qui, par graphes et par greffes, se

trouverait en perpétuelle mutation, c’est ce que divers architectes

comme Toyo Ito, NOX (Lars Spuybroek), Mark Goulthorpe (dECOI),

Instant Architects (Dirk Hebel & Jörg Stollmann) et beaucoup

d’autres ont envisagé. Après des années de courbes et de

paramètres, issues de logiciels de modélisation tels que formZ,

ayant porté à des formes extrêmes, il semble que les concepteurs

comme Jürgen Mayer H., Didier Faustino ou encore Xefirotarch

(Hernan Diaz Alonso) soient sur le point de trouver des moyens

innovateurs pour fusionner les espaces imaginés à l’écran avec leur

réalisation structurelle. On a en particulier l’impression que dans

les travaux de Gramazio & Kohler, la numérisation de la conception

architecturale ne concerne pas uniquement les problèmes de

représentation et de conception, mais aussi de fabrication . D’un

point de vue théorique, il semble qu’on aborde ici un thème

important qui mène à une série de questions intéressantes: ces

expériences vont-elles nous permettre de surmonter

l’«hylémorphisme» aristotélicien? Cette idée de la conception

comme imposition d’une forme active (morphè) sur une matière

passive (hulè) est à l’origine de plusieurs oppositions établies,

comme celle entre structure et ornement. Ces expériences de

prototypage en grandeur nature pourront-elles déplacer les limites

entre construction et équipement? En d’autres termes, ces

expériences, en effaçant ces distinctions, vont-elles conduire au

vaste champ de l’interactivité? On peut se demander à juste titre si

tout ce que testent ces multiples projets architecturaux n’avait pas

déjà été prévu dans les écrits de Marshall McLuhan. À l’instar de la

peau, des outils et des médias, l’architecture serait une extension

de l’être humain. L’environnement est en voie d’être dessiné et

conçu en termes de superposition de différentes sphères: peau et

enveloppe épithéliale; choses, objets, outils, équipement et

machine; terre, air, feu et eau; lumière, nuages, astres, climat et

météorologie; et interfaces médias. Une telle architecture peut

être considérée comme «atmo-sphérique », un état qu’illustre le

Blur Building (2002) de Diller & Scofidio, qui a pu rappeler à

certains lecteurs la célébration des sphères et des bulles de Peter

Sloterdijk dans sa sphérologie : Sphères: I, Bulles (1998) et de

Sphères. III, Écumes (2004) 9. Comme Sloterdijk l’a montré dans La

Domestication de l’être (2000), l’idée d’habitation est avant tout

liée à l’occupation du sol, plus spécialement au défrichage d’un

espace qui doit être équipé10. La notion de défrichage dérive de

celle de clairière employée par Heidegger dans sa Lettre sur

l’humanisme (1947). Comme Jacques Derrida l’a montré en 1993,

cette idée dérive aussi de la khôra platonicienne, la matrice de

toutes les dimensions et le réceptacle de tous les devenirs. La

notion de sphère se rapporte en ce sens à la réception primale

quasi «utérine» des dimensions et des directions.

Indépendamment de toute métaphore, cette sphère peut être

imaginée comme une serre ou une bulle, dans la mesure où elle

instaure des conditions climatiques particulières. L’environnement

– cette garantie de la vie organique, cette région ou ce pays qui

nous entoure – est avant tout une cage, une bulle, un anneau. Il

prend la forme d’un monde médian, situé entre la projection de la

vie animale et de celle des hominidés – par le biais de la clairière –

dans le monde. La sphère est, d’un point de vue topologique,

intermédiaire. D’un côté, il y a un être (animal) entouré d’un

anneau, d’une enceinte, d’une frontière; de l’autre, un être

(humain) capable d’un acte d’ek-stasis, de surpassement de lui-

même en s’ouvrant – par une clairière – sur un monde

indéterminé. La sphère, en tant qu’intermédiaire, joue aussi le rôle

d’intermédialité. Définissant les conditions de la domestication, les

sphères deviennent des enveloppes, des membranes ontologiques

entre l’intérieur et l’extérieur. En 1926 déjà, un étudiant du

Bauhaus, Siegfried Ebeling, publiait un essai intitulé «L’espace

comme membrane» (Der Raum als Membrane), dans lequel il

anticipait une architecture biologique adaptant les processus du

métabolisme cellulaire. Les sphères déterminent (et sont

déterminées par) l’intervalle entre ici et là. Situées entre le fini et

l’infini et entre le symbolique et le diabolique, les sphères sont

définies précisément par leur inter-médialité , du latin inter que

l’on trouve dans intérieur, intermédiaire et même intermédialité.

Comme l’explique Sloterdijk, les sphères sont des médias, ceux qui

ont précédés les médias contemporains. Dans leur rôle

d’intermédiaire entre l’encerclement (corporel et animal) et le

symbole (corporel et humain), les sphères créent une situation

d’intermédialité. Au coeur de cette problématique, il y a la

question urgente de l’interaction entre cadre et prothèse: le cadre

comme extension et projection de l’instrumentalité, la prothèse

comme nouvelle forme d’hospitalité. À partir de là, nous devons

travailler sur des concepts comme l’hostilité, l’insolite, l’inconfort,

Sujet proposé par W. HAYET

l’aliénation et l’étrangeté. En effet, une prothèse, à l’instar d’un

greffon ou d’un transplant, peut être à la fois hospitalière et

hostile. Elle oscille entre les deux pôles, hospes et hostis, hôte et

ennemi11, comme on le sait déjà dans le domaine de la chirurgie.

Les spécialistes des arbres, par exemple, savent comment greffer

un scion d’un arbre sur un autre. Dans un contexte gastronomique,

le clivage hospes/hostis défie l’acceptation usuelle de table d’hôte

(placer un convive indiscret et parasitaire à la table à manger). À un

niveau politique, l’ambivalence entre les termes hospitalité et

hostilité est contradictoire à première vue seulement. Elle provient

du fait que la fondation d’un Etat quelconque (communauté, polis,

organisme) est en fin de compte déterminée par l’identification

d’un ennemi (étranger, envahisseur, colon, parasite12) contre

lequel l’«Etat» doit résister. Des artistes comme l’Atelier van

Lieshout, Lucy Orta, Michael Rakowitz et Santiago Cirugeda

travaillent sur les catégories de greffon et de parasite. Dans un

contexte de manque ou d’absence – cela peut être un interstice ou

un besoin particulier –, un transplant est en effet quelque chose

qui agit comme un substitut et qui mène à une logique de

substitution dans la sphère architecturale. Le domaine de la greffe

offre alors des possibilités de placement, de déplacement et de

replacement, renouvelant ainsi définition du terme «place». Cela

ne veut pas dire qu’il faille débattre de l’absurdité d’une

architecture «virtuelle», ni d’ailleurs que l’on doive rejeter l’usage

des outils numériques en architecture. Il est cependant urgent de

concevoir le corps (humain) en relation avec ces nouveaux moyens

– ces nouveaux médias, numériques, virtuels, etc. – devenus

inévitables. Peut-être sera-t-on alors à même de les conceptualiser

comme un nouveau moyen (du latin medium) de transformer notre

manière de voir et de concevoir le monde, comme ce fut le cas

pour la perspective (du latin perspicere) au Moyen Âge et à la

Renaissance. Aussi faut-il se méfier de certains raccourcis.

Aujourd’hui, l’opposition ne réside pas entre le réel et le virtuel,

mais entre l’actuel (au sens de qui est donné, la réalité qui existe

actuellement) et le virtuel (du latin virtus, force). Le virtuel n’est

pas actuellement présent, mais il se pose lui-même comme une

force potentielle13. Cela a plusieurs conséquences. Premièrement,

le virtuel existe depuis longtemps, il a précédé l’arrivée du

numérique. Le virtuel nous accompagne au moins depuis la

Renaissance, puisque la perspective artificielle est virtuelle. «La

Dioptrique» de Descartes était aussi virtuelle, comme l’était le

miroir d’Athanasius Kircher et la camera obscura du XVIIIe siècle. Il

est utile de souligner également que l’actuel et le virtuel sont tout

aussi réels l’un et l’autre. Ces deux catégories ne s’opposent pas, ni

ne s’excluent mutuellement, mais expriment une différentiation

qui peut s’articuler conceptuellement à travers la configuration du

pli, comme l’a montré Deleuze14. L’environnement des cyborgs est

configuré comme un organisme hybride, une sorte de corps sans

organes, imprégné d’informations (messages), mais aussi de bruits

(parasites). La théorie de l’information enseigne d’ailleurs que le

message et le bruit sont à la fois contradictoires et mutuellement

nécessaires. Il se peut qu’on ne puisse pas intégrer la technologie

en «imaginant» un nouvel environnement, mais peut-être en

reconfigurant le corps lui-même, en le (re)poussant vers l’extérieur,

là où ses extrémités artificielles rencontrent le «monde». Il s’agit

moins de mettre au point des nouvelles habitations pour les

cyborgs. Ces entités semi-humaines, semi-synthétisées, en

permanente mutation, sont déjà des environnements, des surfaces

sur lesquelles les relations entre le monde et le moi entrent en jeu.

Ce dont nous avons besoin, c’est de reconsidérer le corps, de

véritablement le (re)créer comme un organisme amélioré, équipé

d’instruments, pour qu’il puisse «habiter» le monde et négocier les

transactions avec les multiples sphères du confort physique et

mental, des médias et de l’information. Du fait des technologies

des implants, de l’autoplastie et de l’amplification, les catégories

de bien-être, de médias et d’informations peuvent devenir

multiples et cette multiplicité conduit à la multiplication des

registres. L’intérieur de l’habitation pourrait finalement être

redéfini comme le mouvement du corps vers l’extérieur, dans un

état d’ek-stasis (action d’être hors de soi), à travers les différents

filtres qui délimitent notre entourage (places, voisinages, portes,

seuils, cadres, corniches, fenêtres, ouvertures, vues, frontières,

limites, percées, brèches, écrans, interfaces, câbles, réseaux sans

fil). Il serait possible de traverser, de l’intérieur vers l’extérieur, les

nombreuses surfaces qui encadrent notre «place d’étant»: pores et

fentes, cicatrices et points de sutures, coupures et collages, peau à

la fois en tant qu’enveloppe et anneau (pliée, repliée, dépliée,

multipliée), enflures et entailles, turgescence et invagination, cosse

et coquillage, noyau et décor, trame et tissage, toiles et réseaux,

sans parler des ports vers le cyber-espace directement relié aux

neurones, bandes de matériaux réversibles, et transplants

topologiques. En fait, il est concevable que cet intérieur puisse de

façon logique et topologique se retourner en un extérieur, comme

la bouteille de Klein ou comme une chaussette ordinaire.

L’architecture devient dès lors un moyen participant à

l’organisation de l’«extase». Dans cette nouvelle situation, une

conception architecturale ne conduit pas simplement à quelque

chose que l’on peut regarder (un objet ou un édifice par exemple),

mais devient plutôt un dispositif capable d’offrir à l’observateur,

c’est-à-dire à l’usager, plus que la chose elle-même.

1 G. Deleuze, Logique du sens, Paris, Éditions de Minuit, 1969

(1994). 2 Le Vocabulaire de Gilles Deleuze, sous la dir. de

Robert Sasso et Arnaud Villani (éds.), Les Cahiers de Noesis n° 3,

printemps 2003, p. 62. 3 G. Deleuze, Félix Guattari, L’Anti-

OEdipe. Capitalisme et schizophrénie, Paris, Minuit, 1972, p. 34.

4 G. Deleuze, F. Guattari, Milles Plateaux. Capitalisme et

schizophrénie. 2, Paris, Minuit, 1980; 1989, pp. 42-43. 5

Katherine N. Hayles, How We Became Posthuman: Virtual

Bodies in Cybernetics, Literature, and Informatics, Chicago, Ill.,

University of Chicago Press, 1999, pp. 50 à 80 ; pp. 84 à 112. 6

Jean-Luc Nancy, «Corpus», 1992, in Thinking Bodies, Juliet

Flower MacCannell, Laura Zakarin, eds., Stanford, CA, Stanford

University Press, 1994, p. 31. 7 Jean-Luc Nancy, Corpus, Paris,

Métailié, 1992, 2ème édition, 2000, p. 77. 8 Ibid., p. 78. 9 Peter

Sloterdijk, Sphères: I, Bulles, Paris, Fayard, 2003; Id., Sphères. III,

Écumes : sphérologie plurielle, traduit de l'allemand par Olivier

Mannoni, [traduction de : Sphären. III, Schäume], Paris :

Hachette littératures, 2006 10 Peter Sloterdijk, La

domestication de l’être: pour un éclaircissement de la clairière,

Paris, Éditions des mille et une nuits, 2000,, 37-40. 11 Jacques

Derrida, « Faxitexture, » in : Noise 18/19, Maeght éditeur, Paris,

1994. 12 M ichel Serres, Le Parasite, Paris, Grasset, 1980. 13

Gilles Deleuze, «L’actuel et le virtuel », in : Gilles Deleuze et

Claire Parnet, Dialogues, Paris, Champs Flammarion, 1996. 14

Gilles Deleuze, Le Pli, Leibniz et le Baroque, Paris, Éditions de

Minuit, 1988.

Sujet proposé par W. HAYET

SUJET n°1-B - ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps, in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR. (10000 signes) " ROMAN SYSTEM, OU LE GÉNÉRIQUE À TOUS LES TEMPS Jean ATTALI 1 MÉTHODE GLOBALE L'urbanisme peut-il s'apprendre comme on apprend la lecture aux enfants, selon la « méthode globale » ? Selon ses partisans, l'enfant, dès l'âge de la maternelle, découvre le lien mot écrit/sens à partir de la physionomie globale du mot (comme un logo), d'après son contexte de présentation, puis éventuellement selon sa composition en lettres . ordre es lettres n'est pas une donnée pertinente. Sans doute, la faiblesse congénitale de la méthode (son dédain de l'articulation) est compensée dès lors qu'elle est, littéralement, mise en jeux. Les process d'acquisition sont alors en mouvement : c'est le couple objet/action des jeux vidéo, et le fascinant pouvoir d'apprentissage qu'excitent leur rapidité et leur interactivité. Pour les concepteurs ou software de « Roman System » (R/OS), la tendance à aller droit au but et le mépris du danger de l'approximation sont comme une seconde nature. La relecture de l'urbanisme romain, à partir de la trame de ses villes (le cardo et le decumanus comme échiquier) et de ses idéogrammes (les types de bâtiments, utilisés comme les pièces du jeu), se fait à la vitesse d'un jeu vidéo ou d'une simulation informatique. Generic City se conjugue à tous les temps passé, présent et futur. Elle commence avec Rome, du moins c'est aux images de Empire qu'elle revient rétrospectivement, comme à la matrice du jeu La combinaison du jeu et du programme informatique consacre le pouvoir heuristique de la simulation : le monde ancien, réinventé à partir d'une série de logos et reconstruit à la vitesse du processeur. 2. GLOBALISATION, HYBRIDATION Chez Saskia SASSEN, « Global » renvoie aux espaces qui gouvernent la mondialisation i e l'économie. Le centre de l'économie-mon e se trouve dans les territoires restreints des capitales financières, avec leur substrat social étendu. Chez Rem KOOLHAAS, « Globalisation » designe un schéma général d'hybridation de la pensée et de action. La diffusion planétaire des modèles urbanistiques a une signification quasi écologique ce qui a fleuri ici germera là-bas, beaucoup plus loin (dans t'espace ou dans le temps), dans un milieu plus propice. Les modèles (génériques) ne deviennent réels que sous les conditions (locales) d'un climat plus favorable et d'une liberté d'action débridée. La fécondité des plus beaux fleurons de la science et de l'art, sans les restrictions de la culture et de l'histoire. Ce découplage a une signification essentiellement pratique comme dans la première métamorphose nietzschéenne, si vous voulez avancer, commencez par vous décharger du fardeau de votre excès de savoir. 3. TABLE DE PEUTINGER Au XVIe siècle, un antiquaire d'AUGSBOURG, Konrad PEUTINGER, reçoit un parchemin représentant les itinéraires reliant toutes les villes de ROME Immense compilation cartographique, aux origines obscures (copiée par un moine au XIIIe siècle ? d'après un original du Ve siècle ? Inspiré lui-même d'une carte préparée par AGRIPPA, gendre d'AUGUSTE ?), de forme démesurément allongée (6,82 x 0,34 m), comprenant quelque 6000 noms propres et 550 vignettes dessinées, réparties elles-mêmes en trois types principaux comme les étoiles d'un guide Michelin ,a Table de Peutinger est à la fois carte, indicateur routier, guide de voyage. C'est la vision synthétique d'un réseau étendu jusqu'aux confins de l'Empire (de Bordeaux jusqu'à l'Inde...). Schématiquement exacte, bien qu'au

prix d'un fourmillement d'erreurs, la Table est un diagramme éblouissant. Elle ne décrit pas une voie, elle ne décrit pas non plus toutes les voies, mais des tronçons successifs et des raccordements à l'intérieur du réseau total. Les flux à l'intérieur de l'Empire ne s'identifient pas à un tracé unique : une route est comme une corde qui vibre, elle se tend lorsque le trafic est intense (avec des rectifications et des raccourcissements), elle se relâche et sinue aux périodes creuses 1. La Table livre la clé de « Roman System » : la ville romaine est un système articulé de mouvements en tous sens, ses édifices répartis sur tout l'univers habité n'en sont que les « vaisseaux » ou les relais. Elle est comme une préfiguration des atlas du cyberespace. 4. « EN L'HONNEUR DE ROME » Tel est le nom d'un discours d'Aetius ARISTIDE, écrit en 144 ap J.-C, « le ras bel éloge littéraire de l'Empire » selon le philologue WILAMOWITZ. Il signe l adhésion du monde grec à la suprématie romaine 2. Aristide, le citoyen de SMYRNE, exprime non sa soumission de colonisé mais son privilège de citoyen de ROME. Selon lui, l'exploit de l'Empire est « d'avoir à la fois pris le dessus sur les barbares pour ce qui est des ressources et des forces, et dépassé les Grecs en sagesse et en modération » (§ 41). Rome a succédé, en les surpassant, aux empires mondiaux des Assyriens, des Mèdes, des Perses, des Macédoniens... En quoi consiste son prestige ? « Vous avez, dit Aristide à l'empereur, tendu le filet sur la totalité du monde habité » (§ 85).. «Vous avez organisé la totalité du monde habité comme une seule maison » (§ 1021. Vertige spatial : tes villes n'ont jamais été si nombreuses, au point que celui qui voyage les compte « d'après te nombre de jours, parfois même en traversant deux ou trois le même jour, comme si c'étaient des rues » (§ 931 Vertige politique : le gouvernement de Rome est « comme un mélange de tous tes régimes », à la fois tyrannie et oligarchie, royauté et aristocratie plus la démocratie, qu'elle soit bien ou mal administrée... (§ 90) Vertige urbanistique : « Tout est plein de gymnases, de fontaines, de propylées, de temples, d'ateliers, d'écoles... » (§ 97). 5. RHÉTORIQUE ANCIENNE ET THÉORIE DES 200 % A peine programmée, une ville de synthèse est destinée à proliférer, à interagir avec toutes tes autres, selon les conditions locales d'application du modèle. Il n'y a donc plus d'original ni de copie, le centre de ROME est partout et son périmètre nulle part. Comme l'écrit ARISTIDE, il faut voyager des mois et des années avant d'en atteindre les remparts (§ 80). il interaction est un principe de variation, elle tend '1 annuler (ou à renverser) le rapport du centre et des colonies. Telle ville devient-elle plus belle, plus richement parée que ROME ? Du moins la compétition de toutes est devenue la règle pour chacune. La rivalité n'est que l'expression d'une tension auto-organisatrice, et le principe qui définit l'émergence d'une qualité double chaque ville est 100 % générique et 100 % spécifique. Elle n'assume ni ne dépasse les contradictions du « global » et du « local », elle intègre en revanche ses propres variations continues (elle est toute la ville, en chaque lieu où elle se bâtit, parce qu'elle naît du rapport de tous les flux qui la traversent avec sa propre « armature générique ») : c'est la ville à 200 %, la ville en fuite... Vous êtes un enfant qui Joue, mais vous n'en êtes pas mo ns un maître d'éloquence. Votre réussite au jeu dépend de votre ardeur persuasive autant que de votre agilité. Les positions et figures dans l'espace sont sous le pouvoir de la rhétorique. Cela est vrai pour le novice comme pour l'expert. Telle est la leçon de Ménandre de

Sujet proposé par W. HAYET

Laodicée, dit le Rhéteur (IIIe siècle ap. J.-C.), dans ses exhortations à prononcer l'éloge des villes 3... 6. RÉPERTOIRE Le texte de « Roman System » (R/OS( est composé comme un Reader d'études urbaines : un manuel, un répertoire, un mode d'emploi, un dictionnaire, un recueil de citations - un compromis entre un traité (voire un manifeste) et un livre de procédures. La séparation volontaire entre production et critique aménage ici un niveau intermédiaire : les patterns de la Ville générique. La Ville générique est facile « Il est possible de la reconstruire à partir de la plus petite entité, à partir d'un ordinateur de bureau, peut-être même d'une simple disquette » (Generic City, § 3.3).

1 Voir R. Chevalier, « Table de Peutinger et recherche de voies antiques », Gaule, Bulletin de la Société d'histoire, d'archéologie et de tradition gauloise, Paris, 1995. 2 Aelius Aristides, Éloges grecs de Rome, traduits et commentés par Laurent Pernot, Paris Les Belles Lettres, 1997 3 Menander Rhetor. « Laus Urbis », Treatise II Oxford, Clarendon Press, 1932. Extrait de: ATTALI, Jean (2001) : Roman System, ou le Générique à tous les temps , in KOOLHAAS, Rem; BOERI, Stefano; ULRICH OBRIST, Hans; TAZI, Nadia & KWINTER, Sanford (2001) : Mutations, Bordeaux, Arc en rêve centre d'architecture, BARCELONA, ACTAR.

Sujet proposé par W. HAYET

SUJET n°1-C – CLEMENT, Gilles (2004) : Manifeste du tiers paysage. (20000 signes) Manifeste du Tiers Paysage Gilles Clément « Fragment indécidé du jardin planétaire, le Tiers paysage est constitué de l'ensemble des lieux délaissés par l'homme. Ces marges assemblent une diversité biologique qui n'est pas à ce jour repertoriée comme richesse. Tiers paysage renvoie à tiers - état (et non à Tiers - monde). Espace n'exprimant ni le pouvoir ni la soumission au pouvoir. Il se réfère au pamphlet de Sieyès en 1789 : « Qu'est - ce que le tiers-état ? - Tout. Qu'a-t-il fait jusqu'à présent ? - Rien. Qu'aspire-t-il à devenir ? - Quelque chose. » DEFINITIONS Refuges pour la diversité, constitués par la somme des délaissés, des réserves et des ensembles primaires. Le délaissé procède de l'abandon d'un terrain anciennement exploité. Son origine est multiple : agricole, industrielle, urbaine, touristique, etc. Délaissé et friche sont synonymes. La réserve est un lieu non exploité1. Son existence tient au hasard ou bien à la difficulté d'accès qui rend l'exploitation impossible ou coûteuse. Elle apparaît par soustraction du territoire anthropisé. Les réserves existent de fait (ensembles primaires) mais aussi par décision administrative. Le caractère indécidé du Tiers paysage correspond à l'évolution laissée à l'ensemble des êtres biologiques qui composent le territoire en l'absence de toute décision humaine2. Le Jardin planétaire représente la planète comme un jardin. Le sentiment de finitude écologique fait apparaître les limites de la biosphère comme l'enclos3 du vivant. Diversité se réfère au nombre d'espèces vivantes distinctes parmi les animaux, les végétaux et les êtres simples (bactéries, virus, etc.), le nombre humain étant compris dans une seule et unique espèce dont la diversité s'exprime par les variétés ethniques et culturelles. I – ORIGINE Le terme de Tiers paysage naît d'un regard porté sur le Limousin L'analyse du paysage de Vassivière, établie dans le courant de l'année 2002 pour le Centre d'art et du paysage, laisse apparaître le caractère artificiel de ce qui semble « naturellement » présent : l'étendue d'eau d'un barrage hydroélectrique, les arbres d'une forêt gérée, l'herbe des élevages bovins... Ensemble organisé selon les facilités du relief, les expositions, les accès. Ce que perçoit l'oiseau – que notre regard embrasse depuis un sommet – est un tapis tissé de formes sombres et bourrues : les forêts ; et de surfaces claires bien délimitées : les pâtures. L'alternance d'arbres et d'herbes creuse le paysage, l'anime de perspectives courbes relancées par un relief doux et profond. La balance des ombres et des lumières répond à un dispositif dont on devine l'économie. L'immensité du territoire atteint par cet équilibre peut tromper le voyageur : s'agit – il d'un projet ? D'un hasard de l'histoire ? Morcellement des parcelles, habitat dispersé, variation du relief : tout cela constitue un appareil ancré dans la géographie et dans la société capable d'affronter durablement la machine à tout remembrer. Vestiges d'une polyculture dont un grand nombre de figures ont disparu pour laisser dominer deux richesses : l'arbre, l'herbe. Purs produits de la PAC – attitude dont le pouvoir réducteur n'est pourtant pas venu à bout de toutes les diversités. Si l'on cesse de regarder le paysage comme l'objet d'une industrie on découvre subitement - est – ce un oubli du cartographe, une négligence du politique ? - une quantité d'espaces indécis, dépourvus de fonction sur lesquels il est difficile de porter un nom. Cet ensemble n'appartient ni au territoire de l'ombre ni à celui de la lumière. Il se situe aux marges. En lisière des bois, le long des routes et des rivières, dans les recoins oubliés de la culture, là où les machines ne passent pas. Il couvre des surfaces de dimensions modestes, dispersées comme les angles perdus d'un champ ;

unitaires et vastes comme les tourbières, les landes et certaines friches issues d'une déprise récente. Entre ces fragments de paysage aucune similitude de forme. Un seul point commun : tous constituent un territoire de refuge à la diversité. Partout ailleurs celle – ci est chassée. Cela justifie de les rassembler sous un terme unique. Je propose Tiers paysage, troisième terme d'une analyse ayant rangé les données principales apparentes sous l'ombre d'un côté, la lumière de l'autre. Tiers paysage renvoie à tiers état (et non à tiers – monde). Espace n'exprimant ni le pouvoir ni la soumission au pouvoir. Il se réfère au pamphlet de Sieyès en 1789 : « Qu'est – ce que le tiers état ? - Tout. Qu'a – t – il fait jusqu'à présent ? - Rien. Qu'aspire – t – il à devenir ? - Quelque chose. » II – ETENDUE 1 – Les ensembles primaires et les réserves concernent les espaces naturels. 2 – Les délaissés concernent tous les espaces. La ville, l'industrie, le tourisme produisent autant de délaissés que l'agriculture, la sylviculture et l'élevage. 3 – Le délaissé est tributaire d'un mode de gestion mais il procède généralement du principe d'aménagement en tant qu'espace abandonné. 4 – Tout aménagement génère un délaissé. 5 – En secteur rural les délaissés occupent les reliefs accidentés, incompatibles avec les machinesd'exploitation, et tous les reliquats directement liés à l'aménagement : bordures de champs, haies, lisières, bords de route, etc. 6 – En secteur urbain ils correspondent à des terrains en attente d'affectation ou en attente d'exécution de projets suspendus aux provisionnements budgétaires, aux décisions politiques. Les délais, souvent longs, permettent aux friches urbaines d'acquérir un couvert forestier (forêt des délaissés4). 7 – La ville produit d'autant plus de délaissés que son tissu est distendu. Les délaissés du coeur des villes sont petits et rares, ceux de la périphérie sont vastes et nombreux. 8 – L'espace rural produit d'autant plus de délaissés – et d'ensembles primaires – que son relief est important. D'autant moins que son relief est faible. 9 – L'importance des territoires refuges à la diversité est directement liée à la possibilité :

. d'exploiter le sol mécaniquement en secteur rural ;

. de couvrir le sol efficacement en secteur urbain. 10 – En toutes circonstances – aménagements ruraux, aménagements urbains – le relief contribue à l'étendue de la diversité, donc du Tiers paysage. 11 – Les frontières du Tiers paysage sont les frontières du Jardin planétaire, limites de la biosphère. III – CARACTERE Par nature le Tiers paysage constitue un territoire pour les multiples espèces ne trouvant place ailleurs. Le reliquat d'espèces ne figurant pas dans le Tiers paysage est représenté par les plantes cultivées, les animaux élevés, et les êtres dont l'existence dépend des cultures et des élevages5. Les espaces de diversité proviennent de trois origines distinctes : les ensembles primaires, les délaissés, les réserves. Les ensembles primaires sont des espaces n'ayant jamais été soumis à l'exploitation. Ils évoluent lentement ou pas du tout. Les espèces qui s'y développent correspondent au niveau optimum de vie pour les conditions du milieu (climax). Quelques forêts primaires existent encore dans le monde, les autres espaces primaires se répartissent en prairies alpines, landes climaciques, toundras (...). Les ensembles primaires sont unitaires d'aspect en dépit d'une diversité généralement forte. Les délaissés résultent de l'abandon d'une activité. Ils évoluent naturellement vers un paysage secondaire.

Sujet proposé par W. HAYET

Une forêt secondaire peut provenir d'un délaissé. Une forte dynamique caractérise les paysages secondaires. Un jeune délaissé accueille rapidement des espèces pionnières qui bientôt disparaissent au profit d'espèces de plus en plus stables jusqu'à l'obtention d'un équilibre. Les paysages secondarisés sont hétérogènes et chaotiques. Les réserves sont des ensembles protégés de l'activité humaine, par décision. Ensembles jugés fragiles ou rares, riches d'une diversité en péril. Ou encore ensembles sacrés (interdits), territoires des dieux, comme le sommet des montagnes indiennes, les espaces «fadys » malgaches, les vallées à « leyaks » de Bali... 1 – Les réserves et les ensembles primaires se ressemblent. Il s'agit de climax, niveaux stables dont l'aspect se modifie peu dans le temps6. 2 – Les ensembles primaires accueillent encore aujourd'hui la plus grande diversité planétaire. 3 – Les délaissés ne bénéficient jamais d'un statut de réserve. Ils accueillent des espèces pionnières à cycles rapides. Chacune d'elles prépare la venue des suivantes dont les cycles s'allongent jusqu'à ce que s'installe une permanence. 4 – L'apparition rapide, puis la disparition des espèces pionnières au profit d'espèces stables est constitutive du délaissé : il faut un terrain nu, dépourvu de concurrence, pour que s'installent les pionniers. 5 – Au fur et à mesure que se « ferme » le terrain, s'atténue la dynamique de conquête. La vie des délaissés est courte. 6 – Chaque accident naturel contribue à réouvrir un terrain fermé. Il peut être considéré comme un recyclage du délaissé sur lui-même, faisant apparaître à nouveau les espèces pionnières8. 7 – La flore des délaissés n'est pas exclusive de son cortège naturel indigène. Elle accueille possiblement toutes les flores exotiques pionnières compatibles avec le milieu (biome). 9 – La flore des ensembles primaires et des réserves est exclusive de toutes les autres. Tant que le milieu maintient sa propre fermeture il interdit l'accès aux êtres exogènes9. 10 – La somme des délaissés constitue, par excellence, le territoire du brassage planétaire. 11 – La somme des milieux primaires constitue le seul territoire de résistance au brassage planétaire. 12 – La fabrique d'un délaissé, comme n'importe quel processus de secondarisation, s'accompagne d'une perte de diversité d'espèces stables. Parfois de façon irréversible. 13 – La résistance des milieux primaires correspond à des situations d'isolement géographique. Le nombre des espèces sur la planète est directement lié au nombre d'isolats. 14 – La variation des situations d'isolats au cours de la vie de la Terre s'accompagne de la variation du nombre des espèces. 15 – Une pangée (continent unique) accueille moins d'espèces que plusieurs continents séparés représentant la même surface. La Terre a connu plusieurs dérives continentales et plusieurs assemblages (au moins cinq). 16 – La forme actuelle de la planète correspond à un pic en terme d'espèces. 17 – L'activité humaine accélère le processus de rencontre menant à la pangée, diminue le nombre d'isolats et, par suite, le nombre d'espèces. 18 – L'anthropisation planétaire toujours croissante entraîne la création de délaissés toujours plus nombreux et d'ensembles primaires toujours plus réduits. 19 – La phase ultime du processus conduit à la disparition totale des milieux primaires, à la généralisation des milieux secondaires. La planète, en cet état, peut être assimilée à un immense délaissé. Fonctionnant à partir d'un nombre d'espèces réduit, en équilibre avec l'activité humaine. 20 – L'inconnue est le nombre et la nature des espèces issues du brassage planétaire supposées pouvoir vivre dans cet équilibre. Equilibre lui – même suspendu à la variation du nombre des humains en action. 21 – Le Tiers paysage, territoire de diversité, est directement lié à la démographie, sujet tabou.

IV – STATUT 1 – Le Tiers paysage se distribue sur des territoires dont les statuts officiels sont variés, répondant à des objectifs et des enjeux différents, parfois contradictoires. 2 – Un territoire déclaré « réserve » d'un point de vue administratif est assorti de protection, surveillance et sanctions. Un bord de route, un délaissé urbain, ne font l'objet d'aucune protection. Lieux que l'on cherche à réduire ou à supprimer. Tous constituent néanmoins des réserves biologiques. 3 – Les enjeux propres du Tiers paysage se placent au – dessus (ou au – delà) des enjeux territoriaux. 4 – La réalité du Tiers paysage est d'ordre mental. Elle fonctionne avec la mobilité même du sujet traité : celui de la vie sur la planète. Elle coïncide avec les découpes administratives à titre temporaire. Elle se positionne dans le champ éthique du citoyen planétaire à titre permanent. 5 – Par son contenu, par les enjeux que porte la diversité, par la nécessité de la préserver – ou d'en entretenir la dynamique – le Tiers paysage acquiert une dimension politique. 6 – Le statut non – écrit mais avéré du Tiers paysage est d'ordre planétaire. Le maintien de son existence ne dépend pas de sages mais d'une conscience collective. 7 – Fragment partagé d'une conscience collective. V – ENJEUX Les enjeux du Tiers paysage sont les enjeux de la diversité 1 – La diversité s'exprime par le nombre des espèces sur la planète et par la variété des comportements. 2 – La variété des comportements dépend de la latitude offerte à chaque espèce (liberté d'action) mais aussi de l'amplitude biologique de chaque espèce (capacité d'adaptation). 3 – Pour les sociétés humaines la variété des comportements se joue au sein d'une seule espèce (Homo sapiens). Elle est tributaire de la culture dans laquelle chaque individu évolue. 4 – En théorie la diversité n'est pas finie. 5 – Le nombre – la quantité d'espèces ou de comportements – augmente ou diminue en fonction des modifications du milieu. 6 – Le cataclysme (météorites, coulées volcaniques, guerres) conduit à des diminutions massives et brutales du nombre. La transformation lente (glaciation, tropicalisation) conduit à des substitutions d'espèces, des diminutions ou des augmentations progressives du nombre. 7 – L'anthropisation planétaire comparée aux phénomènes naturels entraîne une diminution du nombre analogue au cataclysme. 8 – L'uniformisation des pratiques anthropiques entraîne une diminution des variétés de comportement. 9 – Face à l'oscillation du nombre le Tiers paysage se positionne comme un territoire refuge, situation passive, et comme le lieu de l'invention possible, situation active. 10 – En tant que réservoir de toutes les configurations génétiques planétaires, le Tiers paysage représente le futur biologique. 11 – Toute altération létale du Tiers paysage compromet les chances d'inventions biologiques, oriente l'évolution en diminuant d'autant le nombre de voies possibles. 12 – L'amplitude biologique des espèces animales et végétales ne dépasse pas les capacités des biomes auxquels elles appartiennent. 13 – L'espèce humaine ne suit pas les règles d'assignation à un biome qui lui serait favorable (par exemple : une zone climatique tempérée). Elle franchit toutes les zones climatiques. 14 – L'assistance des prothèses (vêtements, maisons, véhicules...) augmente l'amplitude biologique naturelle de l'espèce humaine. Elle lui permet de couvrir la planète sous toutes les conditions de vie. 15 – L'accroissement du nombre humain – la couverture planétaire – ne coïncide pas avec un accroissement du nombre des comportements humains. L'effet du brassage culturel se traduit par une diminution des offres de comportement. 16 – Pour les espèces animales et végétales, le brassage planétaire agit de façon sélective – disparition par mise en concurrence – et

Sujet proposé par W. HAYET

de façon dynamique : nouveaux comportements, hybridation, mutations, voire nouvelles espèces. 17 – La couverture planétaire par le genre humain entraîne une diminution des surfaces offertes au Tiers paysage, donc à la diversité. 18 – Les pertes massives en diversité ne viennent pas seulement des effets induits du brassage planétaire mais aussi de la diminution des surfaces offertes pour son déploiement et des pratiques exercées sur ces milieux. 19 – La diversité – donc l'évolution du vivant – est directement tributaire du nombre humain, de l'activité et des pratiques humaines. 20 – L'accroissement du nombre humain agit sur l'espace réservé au Tiers paysage. 21 – Les pratiques d'exploitation planétaires agissent sur les substrats – eau, air, terre. Elles modifient les capacités biologiques en les altérant. Elles diminuent les performances du « moteur » biologique en proportion de l'énergie contraire12 déployée pour exploiter. 22 – Les pratiques d'exploitation planétaires actuelles répondent massivement à une économie de marché développée sur le mode libéral avec un objectif de profit immédiat. 23 – L'économie de marché développée sur ce mode augmente la quantité des produits de consommation, implique un accroissement toujours plus grand des consommateurs, donc d'habitants. 24 – La pérennité du Tiers paysage – de la diversité, du futur biologique – est liée au nombre humain et surtout aux pratiques mises en oeuvre par ce nombre. VI – MOBILITE Le Tiers paysage, siège de fortes dynamiques, change de figure dans le temps 1 – Par le jeu des échanges internes :

. dynamique naturelle d'accès au climax forestier 2 – Par le jeu des échanges avec le milieu environnant :

. une pression forte du territoire anthropisé environnant (pratiques polluantes) entraîne une perte de diversité dans le Tiers paysage. . une pression faible du territoire anthropisé environnant (pratiques non polluantes) maintient une diversité équilibrée en Tiers paysage qui peut influencer positivement l'environnement général.

3 – Le Tiers paysage change de forme et de proposition par le jeu du marché, jeu politique. VII – EVOLUTION 1 – L'évolution territoriale du Tiers paysage coïncide avec l'évolution territoriale d'aménagement. 2 – L'accroissement des villes et des axes de communication conduit à l'accroissement du nombre des délaissés. 3 – L'augmentation du nombre des délaissés produits par l'aménagement du territoire ne conduit pas toujours à un accroissement de surface globale du Tiers paysage mais à une plus grande fragmentation de celui – ci. 4 – La multiplicité des fragments du Tiers paysage est un facteur sélectif de la diversité. Seules subsistent les espèces dont le territoire biologique est compatible avec la surface du fragment. 5 – Les aménagements consécutifs au développement conduisent à un maillage du territoire, membrane urbaine. 6 – Aux abords des grandes cités l'urbanisation ferme les mailles. Au plus loin des grandes cités les mailles demeurent ouvertes. 7 – Les chances de continuité biologique diminuent avec la fermeture des mailles. La diversité diminue en proportion. 8 – Seule la multiplication des délaissés issus de l'aménagement le long des mailles permet de constituer des refuges à la diversité. 9 – Toute rupture dans le tissu des mailles peut être considérée comme une chance de communication entre les « vacuoles ». 10 – La fermeture d'une maille supprime les échanges naturels entre les vacuoles territoriales, donc les chances d' « inventions » biologiques issues des rencontres.

VIII – ECHELLE 1 – Le Tiers paysage est sans échelle. 2 – Il couvre l'ensemble des écosystèmes capables d'assurer le maintien d'une diversité. 3 – Une forêt constitue un écosystème

Un lichen constitue un écosystème Un rivage... Une écorce... Une montagne... Un rocher... Un nuage...

4 – Les instruments d'appréciation du Tiers paysage vont du satellite au microscope. 5 – L'analyse des informations obtenues à partir des satellites donne, en particulier, l'activité de biomasse pour une région donnée, expression d'une multitude imbriquée d'écosystèmes. 6 – L'analyse à partir des microscopes donne, en particulier, l'énoncé des êtres les plus simples vivant au sein d'un écosystème. 7 – Tous les instruments intermédiaires permettent l'inventaire des habitats, puis des habitants. IX – REPRESENTATION ET LIMITES 1 – La représentation du Tiers paysage dépend des possibilités d'en fixer les limites géographiques. 2 – Les limites apparaissent aux frontières des délaissés et des territoires exploités :

. lisière forêt / agriculture ou ville ;

. limite maquis / agriculture ou ville ;

. limite garrigue / agriculture ou ville ;

. limite landes / agriculture ou ville ;

. limite friche / agriculture ou ville. 3 – Les limites situées entre les délaissés récents et les délaissés anciens (forêts issues de délaissés) demeurent indistinctes. Du point de vue du Tiers paysage elles n'existent pas. 4 – Un délaissé évolue vers la forêt (sauf exception : landes climaciques, prairies de haute montagne, marais, etc.). Ses limites peuvent être confondues avec celles d'une forêt gérée. Du point de vue du Tiers paysage, ces limites existent. 5 – Une forêt issue d'un délaissé comporte toujours une diversité supérieure à une forêt gérée. 6 – Une forêt issue d'un délaissé appartient au Tiers paysage. 7 – La forêt climacique, les ensembles primaires, les délaissés évoluant vers la forêt et les délaissés jeunes peuvent être cartographiés et représentés de la même façon au titre de territoires refuges pour la diversité. 8 – La contiguïté des ensembles primaires et des délaissés offre à la diversité une continuité territoriale. 9 – La continuité territoriale apparaît de façon massive dans le cas des « réserves » bien constituées ou dans le cas de contiguïté des délaissés avec les réserves et les ensembles primaires. Ailleurs, elle apparaît sous forme de linéaments (corridors biologiques) : haies, bordures de champs, bordures de routes, ripisylves, ou encore sous forme d'îles. 10 – La taille du territoire d'accueil à la diversité est un facteur limitant du nombre des espèces. 11 – Les limites – interfaces, canopées, lisières, orées, bordures – constituent en soi des épaisseurs biologiques. Leur richesse est souvent supérieure à celle des milieux qu'elles séparent. 12 – La représentation des limites du Tiers paysage ne peut pas objectivement traduire leur épaisseur biologique mais elle peut l'évoquer. X – RAPPORT AU TEMPS 1 – Le Tiers paysage évolue dans la dépendance biologique. 2 – La dépendance biologique est d'autant plus complexe que les êtres en présence sont nombreux. 3 – Les échéances du programme qui en découlent sont modélisables mais imprévisibles dans le temps. Il est possible d'approcher les termes de l'évolution : friche jeune, friche armée, pré-pelouse, pelouse stable, tourbière ouverte, tourbière fermée,

Sujet proposé par W. HAYET

etc. Mais il n'est pas possible d'en fixer le calendrier avec précision, ni la forme exacte. 4 – L'avenir d'un système sous dépendance biologique est, par nature, imprédictible. 5 – L'évolution d'un système sous dépendance biologique ne répond pas à un programme calendaire établi, mais aux nécessités d'ajustement au milieu. 6 – L'urgence d'un système biologique n'est pas d'obtenir un résultat mais d'organiser pour lui des chances d'existence. 7 – D'un point de vue biologique exister correspond à une performance. 8 – La durée de la performance est la durée de la vie de chaque être. 9 – La durée de vie de chaque être est tributaire du système dans lequel il se trouve mais aussi de sa configuration propre. 10 – Le Tiers paysage n'évolue pas selon des courbes temporelles simples mais selon les modélités biologiques du milieu. 11 – L'inconstance des systèmes biologiques dans le temps correspond à l'ajustement permanent de leurs composants aux fluctuations du milieu. 12 – L'inconstance des systèmes biologiques est un gage de résistance au temps. 13 – Tandis que l'évolution constante présente un risque d'effondrement, l'évolution inconstante se déploie sans hiatus par rétablissements successifs. 14 – Le Tiers paysage est le siège d'une évolution globalement inconstante. 15 – La majorité des espèces d'un système biologique libre (Tiers paysage) répond à une évolution inconstante par adaptations successives (transformisme). Les espèces (ou systèmes) à évolution constante dont la configuration se durcit au fil du temps sont soumises à la pression sélective du milieu changeant. 16 – Le processus évolutif constant menant aux chocs est de type darwinien. Le processus évolutif inconstant accompagné de transformations est de type lamarckien. 17 – Le processus darwinien s'accompagne de changements violents et courts, le processus lamarckien de modifications modulées et lentes. 18 – Le processus général de l'évolution peut – être entendu comme une succession de phénomènes courts et lents (darwiniens et lamarckiens) concernant les systèmes. 19 – Ce processus concerne aussi les espèces prises individuellement. Au sein d'un système en évolution lente il peut y avoir des cas isolés d'évolutions rapides par pression sélective. 20 – La dimension temporelle offerte au processus lamarckien permet aux êtres confrontés aux transformations du milieu de chercher des solutions nouvelles de vie. 21 – Par son dispositif hétérogène, son inconstance et sa démesure temporelle, le Tiers paysage apparaît comme le territoire de l'invention biologique. XI – RAPPORT A LA SOCIETE Du point de vue sociétal, le Tiers paysage est regardé comme :

. un espace de nature (saisissement du Tiers paysage par l'institution) . un espace de loisir . un espace improductif (délaissement du Tiers paysage par l'institution) . un espace sacré

1 – Le saisissement du Tiers paysage par l'institution conduit à : . dresser les critères positifs ; . fixer les limites précises ; . définir les usages ; . établir le statut juridique, les règles de droit, de sécurité et d'assurances.

2 – Un fragment du Tiers paysage sous protection, élevé au rang de patrimoine national ou mondial, voit son territoire :

. mis sous surveillance ;

. présenté en modèle ;

. organisé pour ne pas changer dans le temps.

3 – La fixation du modèle érigé en patrimoine condamne le Tiers paysage à sa propre disparition. 4 – La modification des formes, la succession des espèces, le mécanisme de l'évolution propres au Tiers paysage sont incompatibles avec la notion de patrimoine. 5 – Le délaissement du Tiers paysage par l'institution coïncide avec :

. un point de vue dévalorisant : friche, délaissé, décombre, décharge, terrain vague, etc. . un point de vue moralisant : lieux sacrés, lieux interdits.

6 – Le délaissement du Tiers paysage par l'institution ne modifie pas son devenir, il l'entretient. 7 – Le délaissement du Tiers paysage par l'institution garantit le maintien et le déploiement de la diversité. 8 – Le délaissement du Tiers paysage par l'institution ne signifie pas délaissement absolu. 9 – L'usage non institutionnel du Tiers paysage fait partie des usages les plus anciens de l'espace. 10 – L'usager non institutionnel du Tiers paysage acquiert un statut partagé par tous les êtres composant ce territoire. Il devient partie intégrante du système évolutif. 11 – Les raisons du délaissement tiennent au regard porté par l'institution sur une catégorie de son territoire :

. exploitation impossible ou irrationnelle ;

. exploitation non rentable ;

. espace destructuré, incommode, impraticable ;

. espace de rejet, de déchets, de marge ;

. espace d'insécurité ;

. espace non revendicable, privé d'espérance. 12 – Les raisons du saisissement tiennent au même regard :

. L'espace est – t – il porteur de projet ?

. Le projet est – il rentable ?

. Peut – on espérer une croissance, un développement ? 13 – Le principe d'évolution anime le Tiers paysage. 14 – Les principes d'évolution biologique et d'évolution économique ne sont pas superposables. 15 – Croissance, développement, expriment la dynamique d'un système économique en tant qu'accumulation. 16 – Croissance, développement, expriment la dynamique d'un système biologique en tant que transformation. 17 – Le Tiers paysage, territoire électif de la diversité, donc de l'évolution, favorise l'invention, s'oppose à l'accumulation. XII – RAPPORT A LA CULTURE 1 – Le Tiers paysage peut être considéré comme le fragment partagé d'une conscience collective à condition de situer le partage au sein d'une même culture. 2 – Le Tiers paysage apparaît culturellement en référence au territoire organisé et par opposition à lui. 3 – La figure d'un territoire organisé varie selon les cultures. 4 – En toutes circonstances le Tiers paysage peut être regardé comme la part de notre espace de vie livrée à l'inconscient. Profondeurs où les événements s'engrangent et se manifestent de façon, en apparence, indécidée. 5 – Un espace de vie privé de Tiers paysage serait comme un esprit privé de l'inconscient. Cette situation parfaite, sans démon, n'existe dans aucune culture connue. MANIFESTE (Chacune des phrases qui suit peut être envisagée sur le mode interrogatif) . Instruire l'esprit du non – faire comme on instruit celui du faire. . Elever l'indécision à hauteur politique. La mettre en balance avec le pouvoir. . Imaginer le projet comme un espace comprenant des réserves et des questions posées. . Considérer le non – aménagement comme un principe vital par lequel tout aménagement se voit traversé des éclairs de la vie. . Approcher la diversité avec étonnement.

Sujet proposé par W. HAYET

Sur l'étendue . Considérer l'accroissement des espaces de Tiers paysage issus de l'aménagement comme le contrepoint nécessaire à l'aménagement proprement dit. . Privilégier la création d'espaces de Tiers paysage de grande dimension afin de couvrir l'étendue des espèces capables d'y vivre et de s'y reproduire. . Prévoir le couplage des délaissés aux réserves pour constituer des territoires de continuité biologique. Sur le caractère . Regarder le brassage planétaire – mécanique inhérente au Tiers paysage – comme un moteur de l'évolution. . Enseigner les moteurs de l'évolution comme on enseigne les langues, les sciences, les arts. . Instruire l'usager des précautions nécessaires à la manipulation et à l'exploitation des êtres dont il dépend. La fragilité du système tient à la nature des pratiques et du nombre. Sur le statut . Envisager la dimension planétaire. . Protéger la dérèglementation morale, sociale et politique du Tiers paysage. . Présenter le Tiers paysage, fragment indécidé du Jardin planétaire, non comme un bien patrimonial, mais comme un espace commun du futur. Sur les enjeux . Maintenir ou augmenter la diversité par une pratique consentie du non – aménagement. . Engager un processus de requalification des substrats autorisant la vie – air, sol, eau – en modifiant les pratiques périphériques aux espaces de Tiers paysage afin de ne pas en altérer la dynamique et pour en espérer l'influence. . Etablir une politique territoriale visant à ne pas diminuer les portions existantes de Tiers paysage et même à les augmenter. Sur la mobilité et l'évolution . Favoriser les dynamiques d'échange entre les milieux anthropisés et le Tiers paysage. . Orienter le jeu des échanges fonciers, des réaffectations et des dispositifs de liaisons entre les pôles d'activité. Dessiner un maillage du territoire large et perméable. . Créer autant de portes que nécessaire à la communication entre eux.

Sur l'échelle . Mettre à disposition les outils nécessaires à l'appréhension du Tiers paysage. . Rendre accessibles les images satellites, les images microscopiques. . Favoriser la reconnaissance à l'échelle habituelle du regard. Apprendre à nommer les êtres. Sur la représentation et les limites . Considérer les limites comme une épaisseur et non comme un trait. . Envisager la marge comme un territoire d'investigation des richesses à la rencontre de milieux différents. . Tenter l'imprécision et la profondeur comme mode de représentation du Tiers paysage. Sur le rapport au temps . Effacer les échéances administratives, politiques, gestionnaires du territoire. . Ne pas attendre : constater au jour le jour. . Offrir au Tiers paysage la possibilité de se déployer selon un processus évolutif inconstant, par la réinterprétation quotidienne des conditions changeantes du milieu. Sur le rapport à la société . Hisser l'improductivité à hauteur de politique. . Valoriser la croissance et le développement biologiques par opposition à la croissance et au développement économiques. . Ménager les sites frappés de croyance comme indispensable territoire d'errements de l'esprit. Sur le rapport à la culture . Inverser le regard porté sur le paysage en Occident. . Conférer au Tiers paysage le rôle matriciel d'un paysage global en devenir. . Déclarer le territoire du Tiers paysage lieu privilégié de l'intelligence biologique : aptitude à se réinventer constamment. . Confronter l'hypothèse aux autres cultures planétaires, en particulier celles dont les fondements reposent sur un lien fusionnel entre l'homme et la nature. "le tiers paysage" Copyright © 2004, Gilles Clément Copyleft : cette oeuvre est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la Licence Art Libre que vous trouverez sur le site http://arlibre.org

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon! 2014-15

!Epreuve d’admissibilité à la formation continue professionnelle Test d’évaluation du niveau en mathématiques appliquées à la construction!

2014-15 !coefficient 2 / durée : 2 heures !!!

Partie 1 : calculs - géométrie (total de 20 points)!!Les résultats doivent être arrondis à deux chiffres après la virgule dans l’unité demandée. Les détails des calculs doivent être donnés et les tracés des constructions géométriques doivent être laissés lisibles. !

!!

Exercice 1 - calcul (6 points) pts

Dans un appartement, deux pièces contigües ont une surface totale de 26,95 mètres carré. La pièce A est un carré de deux mètres de coté, et a une hauteur de 272 cm sous plafond. La pièce B rectangulaire a la même hauteur sous plafond et le rapport entre sa longueur et sa largeur est de 4 tiers. Une porte jaune permet de communiquer entre la pièce A et B. Elle mesure tout compris 210 par 93 cm. Une porte rouge permet d’entrer de l’extérieur dans la pièce B. Cette dernière mesure 210 par 103 cm. La pièce B comporte sur un de ses murs les plus longs, trois fenêtres identiques de dimension tout compris 140 par 90 cm.

1.1 Dessiner à l’échelle 1:50 sur une feuille A4 un plan simple des deux pièces. 1,5

1.2 Quelle est la surface du plafond? 0,5

1.3 Quelle est la surface des murs à peindre en blanc? 1

1.4 Quelle est la longueur de plinthes qui ont été peintes avec les murs? 1

1.5 Quel est le volume d’air de la pièce? 1

1.6 La porte rouge et la porte jaune sont interverties. Avec cette nouvelle donnée, quelles sont les résultats aux questions 1.2, 1.3, 1.4, 1.5, 1.6

1

Exercice 2 - calcul (9 points) pts

Nous sommes dans un parc. Une première plateforme horizontale est à 145,56 m d’altitude; une deuxième est à 149,34 m. Toutes les deux sont séparées par mur de soutènement vertical. Les deux doivent être reliées par une rampe de largeur 364 centimètres et de pente 2,4% (elle monte de 2,4 cm pour un déplacement horizontal de 100 cm). La rampe est pleine et sera réalisée entièrement en pierre appareillée. Cet assemblage de pierre calcaire a une densité moyenne de 2,5 tonnes par mètre cube.

2.1 Tracez le profil cette rampe sur un A4 en format paysage, le plus grand possible, en indiquant l’échelle de représentation utilisée qui devra être choisie opportunément parmi les suivantes : 1:2 ; 1:5 , 1:10 , 1:20 , 1:50 , 1:100, 1:200 , 1:250 , 1:400 , 1:500 , 1:750 , 1:1000 , 1:2000 , 1:4000 , 1:5000

2

2.2 Quelle longueur aura le garde-corps coté gauche en montant, en millimètres? 1

rédacteur : Boris RoueffPage � sur �1 6Test mathématiques / admission FPC

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!!!

!

2.3 Combien de kilogramme de pierres faut-il commander au minimum pour réaliser ainsi cette rampe?

2

2.4 L’entrepreneur ne calcule pas la même quantité que vous… Vous l'interrogez et il vous répond que les fondations sous la rampe, sont elles aussi en pierre. Leur assise est à 80 cm sous le niveau du sol. Quelle quantité trouvait l'entrepreneur?

1

2.5 Vu le prix de la pierre de taille, il va falloir faire des économies… L’entrepreneur vous informe qu’il a embauché un compagnon spécialiste de la voûte plein cintre (arc circulaire). Cela vous donne l’idée d’utiliser ses compétences pour minimiser le volume de pierre à utiliser dans la construction de la rampe. L’entrepreneur vous précise que l’épaisseur minimale de tout élément est de 50 cm. Dessinez (tracez le géométral) et calculez l’économie de pierre en tonnes qu’il serait possible de réaliser.

3

Exercice 3 - calcul géométrique (5 points) pts

Le plan schématique d’un bassin naturel est donné sur la page suivante. Son échelle est de 1:35

3.1 Estimez la surface de l’eau en mètre carré. Expliquez par le texte / dessin votre démarche (vous pouvez utiliser la feuille même de l’énoncé).

3

3.2 Estimez le périmètre du bassin en mètre linéaire. Expliquez par le texte / dessin votre démarche (vous pouvez utiliser la feuille même de l’énoncé).

2

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rédacteur : Boris RoueffPage � sur �3 6Test mathématiques / admission FPC

échelle  :  1  :  35

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!!Partie 2 : géométrie - vision dans l’espace (total de 20 points)!

Complétez le tableau ci-dessous avec une vue en axonométrie du volume dont les vues de dessus et de face vous sont données dans la colonne de gauche. Une ligne continue est une arrête vue, une ligne en pointillée est une arrête cachée par le volume. !La question de la ligne “J” nécessite, à priori, d’avoir résolu d’abord les autres lignes. Vous pouvez reporter vos réponses sur des feuilles à part, en indiquant le repère clairement (la lettre) et en respectant l’ordre. !Vue :

de dessus de face perspective cavalière OU axonométrie pts.

Exemple

0

A 1,5

B 2

C 1,5

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D 1,5

E 1,5

F 1,5

G 1,5

H 1,5

I 1,5

rédacteur : Boris RoueffPage � sur �5 6Test mathématiques / admission FPC

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J 1,5

K 1,5

J

Deux des volumes décrits ci-dessus s’imbriquent parfaitement pour former un cube complet. L’un doit pivoter sur deux axes pour s’emboiter à l’autre. Indiquez ci-dessous les repères de ces deux volumes complémentaires (leur lettre repère) : !_______________________

3

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Epreuve d’aptitude au projet d’architecture responsable et correcteur du sujet : David Marcillon enseignant TPCAU

> Durée de l’épreuve individuelle : 8h > Matériel mis à disposition : feuilles de calques A2 + papier A4 > Matériel nécessaire apporté par les candidats : tout matériel de dessin Té / équerres / crayons etc…

Objectifs : Cette épreuve a pour but d’évaluer votre niveau et vos potentialités à la conception architecturale. Á partir de vos savoir-faire professionnels ainsi qu’avec votre créativité, il s’agit de répondre aux 3 demandes décrites dans la partie Sujet. Sujet : Une fondation d’art possède un grand parc dans la ville de Barcelone. Elle veut y construire des installations : une résidence d’artiste invité avec son atelier, une galerie d’exposition pour l’exposition des peintures ou petites sculptures, un bassin fontaine avec une structure type pergola ombrière pour se reposer à l’ombre. Ces 3 lieux ne sont pas en contact. Ils sont essaimés dans le parc et implantés dans des espaces non plantés. Leur accès et les cheminements ne sont pas à concevoir. 1/ la pergola-fontaine : Moment particulier du parc et de la promenade, il s’agit de concevoir un bassin carré, l’eau étant au raz du niveau du sol complètement horizontal dans toute cette partie du parc, à l’ambiance calme, autour duquel on peut s’asseoir à l’ombre. Autour de ce carré d’eau de 5mx5m de côté pour 30cm de profondeur, concevoir le dessin d’une bordure et plage horizontale de largeur et matériau(x) libres et de laquelle émergent des bancs pour s’asseoir ou s’allonger ainsi que des structures verticales supportant une pergola générant de l’ombre qui se situe à 3m de haut.

> La dimension constructive, les principes de dimensionnement de la structure porteuse et de la pergola sont primordiales, le soin apporté au dessin de structure et sa lisibilité, le dimensionnement des bancs également. Représentation en coupe transversale de l’ensemble au 1/20 obligatoire + 1 plan échelle libre + 1 croquis libre. 2/ la résidence d’artiste : Afin de faire vivre ce lieu unique à Barcelone, la fondation invite un artiste en résidence, pour lui offrir un séjour de création dans un lieu pratique et à habiter. Ce lieu n’est pas ouvert au public. La résidence d’artiste se compose des éléments suivants à composer en toute liberté et de manière originale : 1 grand atelier de 8mx16m au sol et de 8m de haut, formant un seul grand volume avec au moins une très grande ouverture sur le parc ; 1 espace de vie salon-salle à manger-cuisine de 50 m2 donnant sur une terrasse ou un patio ; 1 espace chambre avec espace bain-douche WC et dressing. La relation entre les différents espaces est libre.

> La dimension expressive architecturale est recherchée. Ces volumes et espaces vont marquer le paysage et être un lieu d’habitat et de création unique, la dimension créative est primordiale, indiquer les matériaux, indiquer l’orientation nord-sud sur le plan. Les éléments de rendus minimaux sont : 1 plan, 1 coupe, 1 façade, 1 croquis. 3/ la galerie : Afin de pouvoir exposer certaines œuvres, concevoir une galerie qui sera intégrée dans le cheminement du parc. Elle fait entre 35m et 50m de long, sa forme est libre mais simple. Elle offre à minima une section intérieure en tout point d’au moins 3m de large et de 3m de haut. L’accrochage n’est pas à concevoir, ni les plots pour les sculptures. La galerie possède une seule entrée et une seule sortie à indiquer sur le plan fermant par portes ou grilles. L’apport de lumière sera uniquement naturel. Il est demandé de concevoir un éclairage naturel indirect provenant du toit et de bien assurer l’étanchéité à l’eau du lieu. Aucune ouverture sur l’extérieur hormis entrée et sortie.

> la dimension fonctionnelle est primordiale, l’ensemble des éléments doivent être côtés / mesurés en lien avec l’usage notamment pour montrer comment la lumière naturelle entre dans la galerie. Les éléments de rendus minimaux sont : 1 plan, 2 coupes (transversale et longitudinale, indiquer le dispositif pour l’entrée de la lumière naturelle indirecte, les matériaux). Rendu / Evaluation : Utiliser les calques A2 / sens, nombre de pages et mise en page utilisés sont libres / tout document et dessin doit avoir un titre (plan de la capitainerie…) + une échelle / les échelles de rendu sont libres (hormis lorsqu’elles sont imposées) mais privilégier celles du 1/100 et du 1/50 / Les dessins doivent permettre de comprendre et d’exprimer vos idées (croquis / plans / coupe / façade / détail…) / des légendes ou indications écrites doivent être portées sur les documents. Le projet 1 est noté sur 5pts / le projet 2 noté sur 10 pts / le projet 3 noté sur 5 pts / Les critères principaux sont : qualité et soin du rendu / cohérence de la conception avec la demande / qualité et créativité de la proposition.