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La France a la reputation d'etre tres attachee a la conservation du passe, des traditions, de cultiver certains archulsmes. Chacun seJlatte d'avoir des souvenirs qui Iefont fremir, comme Proust a l'evocation de sa «pe ite madeleine ». .... A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU LA QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES En vertu d'un attachement au passe, toute innovation en matiere d'architec- ture ou d'urbanisme peut susciter des reactions d'hostilite et ranimer le conflit entre les partisans de la tradition et ceux du renouveau. Au XIX' steele, les grands travaux d'amenagement de Paris decides par Haussmann (qui font aujourd'hui l'admiration de tous), ont ete beaucoup critiques. La construction de la tour Eiffel a declenche, a son epoque, une telle campagne de protestations qu'on a failli la demonter. Le style architectural du centre Beaubourg a fait hurler, et fait hurler encore, un grand nombre de gens. [opera Bastille et la Cite des sciences et de l'industrie (La Villette) ont ete l'occasion de violentes pole- miques. On considere souvent, a pliori, que toute construction neuve est force- mem plus laide et plus banale que «l'an- cien ». On restaure beaucoup les cha- teaux, les abbayes, rnais aussi parfois de veritables mines sans grand interet. Dans le quarrier des Hailes a Paris, tout a cote du centre Beaubourg, on a renove de nombreuses maisons ires anciennes pour vendre ou louer lesappartements a prix d'or, merne quand leur interet architectural n'etait pas evident. Pour donner un cote chic a des residences neuves, on leur donne un nom evoca- teur d'un passe prestigieux: Ie Trianon, Versailles,etc. Les observateurs etrangers ironi- sent parfois sur Ie fait que pour beau- coup de Francais « tout ce qui est vieux est beau» et que certains appartements privilegient le cote musee au cote confort. Les Francais raffolent des «vieiUeries», meubles ou objets herites de leur famille ou chines dans les brocantes. lis peuvent avoir de la valeur bien s11r,mais parfois leur seul interet tient au fait qu'ils sont vieux ... Dans la ••••••••••••••••••••• LEs UEUX DE MEMOIRE •5'11 Y a eu, pour la France des annees 80, un probleme de la memolre qui a fait la fortune de la notion de patrl- molne, de I'expresslon meme de "lIeux de memolre", des mus6es, des comme- morations, c'est bien parce qu'etalt en cours un protond changement du rapport des Fran~ais a leur passe. Un change- ment qui mettait en avant tout un ensemble de traces, de slgnes, de paysages, de vestiges, qui paraissaient porter un sens, mals un sens devenu mysterleux, a la tols tres Investl et tres opaque. Tout un heritage dont sponta- nement on ne salt pas bien quoi faire, a la fois tetichlse* et depourvu d'usage. Et depuis lors, Ie terme meme de "lieu de rnemolre" s'est vu accorder une reconnaissance offIclelle: non seule- ment II est entre dans Ie djctionnaire, mals la loj de 1913 .sur la conservation des monuments historlques a ete modI- flee pour pennettre Ie classement comme "lieu de memojre" .• Pierre Nora, Le Monele, 5 fevrier 1993. •••••••••••••••••••

A LA RECHERCHE DUTEMPS PERDU...cette nostalgie du passe, en evoquant Ie bon vieux temps, lavie ala campagne, les produits du terroir. Pour une soupe en sachet, on fait allusion a la

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Page 1: A LA RECHERCHE DUTEMPS PERDU...cette nostalgie du passe, en evoquant Ie bon vieux temps, lavie ala campagne, les produits du terroir. Pour une soupe en sachet, on fait allusion a la

La France a la reputation d'etre tres attachee

a la conservation du passe, des traditions,

de cultiver certains archulsmes.

Chacun seJlatte d'avoir des souvenirs

qui Iefont fremir, comme Proust

a l'evocation de sa «pe ite madeleine » .

....

A LA RECHERCHEDU TEMPS PERDU

LA QUERELLE DES ANCIENSET DES MODERNES

En vertu d'un attachement au passe,toute innovation en matiere d'architec-ture ou d'urbanisme peut susciter desreactions d'hostilite et ranimer le conflitentre les partisans de la tradition et ceuxdu renouveau. Au XIX' steele, les grandstravaux d'amenagement de Paris decidespar Haussmann (qui font aujourd'huil'admiration de tous), ont ete beaucoupcritiques. La construction de la tourEiffel a declenche, a son epoque, unetelle campagne de protestations qu'on afailli la demonter. Le style architecturaldu centre Beaubourg a fait hurler, et faithurler encore, un grand nombre degens. [opera Bastille et la Cite dessciences et de l'industrie (La Villette)ont ete l'occasion de violentes pole-miques. On considere souvent, a pliori,que toute construction neuve est force-mem plus laide et plus banale que «l'an-

cien ». On restaure beaucoup les cha-teaux, les abbayes, rnais aussi parfois deveritables mines sans grand interet.Dans le quarrier des Hailes a Paris, tout acote du centre Beaubourg, on a renovede nombreuses maisons ires anciennespour vendre ou louer les appartements aprix d'or, merne quand leur interetarchitectural n'etait pas evident. Pourdonner un cote chic a des residencesneuves, on leur donne un nom evoca-teur d'un passe prestigieux: Ie Trianon,Versailles,etc.

Les observateurs etrangers ironi-sent parfois sur Ie fait que pour beau-coup de Francais « tout ce qui est vieuxest beau» et que certains appartementsprivilegient le cote musee au coteconfort. Les Francais raffolent des«vieiUeries », meubles ou objets heritesde leur famille ou chines dans lesbrocantes. lis peuvent avoir de la valeurbien s11r,mais parfois leur seul interettient au fait qu'ils sont vieux ... Dans la

•••••••••••••••••••••LEs UEUX DE MEMOIRE

• 5'11 Y a eu, pour la France desannees 80, un probleme de la memolrequi a fait la fortune de la notion de patrl-molne, de I'expresslon meme de "lIeuxde memolre", des mus6es, des comme-morations, c'est bien parce qu'etalt encours un protond changement du rapportdes Fran~aisa leur passe. Un change-ment qui mettait en avant tout unensemble de traces, de slgnes, depaysages, de vestiges, qui paraissaientporter un sens, mals un sens devenumysterleux, a la tols tres Investl et tresopaque. Tout un heritage dont sponta-nement on ne salt pas bien quoi faire, ala fois tetichlse* et depourvu d'usage.

Et depuis lors, Ie terme meme de"lieu de rnemolre" s'est vu accorder unereconnaissance offIclelle: non seule-ment II est entre dans Ie djctionnaire,mals la loj de 1913 .sur la conservationdes monuments historlques a ete modI-flee pour pennettre Ie classementcomme "lieu de memojre" .•

Pierre Nora, Le Monele, 5 fevrier 1993.

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•••••••••••••••••••••LA PASSION DES FRAN~AIS

POUR LA GENEALOGIE

L'engouement* actuel pour lagenealogle montre Ie souci des Fran4(aisde connaitre leur passe. On evalue aplus de 60 000 Ie nombre de personnesqui se lancent a la recherche de leursancetres. Actlvlte autrefois pratlqueepar les families arlstocratiques, lagenealogle s'est democratlsee. E1leconceme tous les milieux (mals plutOtles classes moyennes) et tous les ages.

Souvent membres d'assoclationsou de clubs, las genealoglstes amateursconsacrent une bonne partie de leursloisirs ill reconstltuer leur arbre genealo-g1queen remontant Ie plus loin possibledans Ie temps, a travers des documentsde toute sorte: cahiers d'etat~ivil,actes notarlaux, cadastres*, registresflscaux, Ilstes electorales, recense-rnents, etc. (toutes ces sources sontconservees dans les depots d'archivesdes communes et des departements, ouelles sont consultables apres un certaindelai). Sont-ils motives par la passion deI'histolre, I'espoir de se trouver unancetre celebre, ou bien sont-ils simple-ment a la recherche de leurs racines, deleur identit8 dans un monde trop stan-.....,

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5A LA RECIERCHEDU TEMPS PERDU

plupart des appartements, et memedans de nombreux locaux profession-nels, coexistent des styles heteroclites:mobilier moderne, meubles anciens etobjets decoratifs de routes sortes, dontcertains viennent souvent de brocantes.

La publicite utilise en permanencecette nostalgie du passe, en evoquant Iebon vieux temps, la vie a la campagne,les produits du terroir. Pour une soupeen sachet, on fait allusion a la soupemijotee que 1'0n servait autrefois dansles chaumieres. Dans les annees 70,pour vanter les mentes d'une marquede machines a laver ultra-modernes,une campagne publicitaire montraitune vieille dame (la mere Denis) entrain de laver du linge dans la riviere.Son grand age, son vieux tablier et sonaccent du terroir ont servi de caution ala qualiie de la marque et om fait d'elleune veritable star de la publicite avec ceslogan: «C'est bien vrai, ca ! II

LE CULTE DU PATRIMOINE

La notion de patrimoine est treslarge. Elle s'etend a la langue, auxmonuments, aux ceuvres artistiques etlitteraires, mais aussi aux personnages,aux evenemenlS el aux grandsmoments de I'Histoire de France, ainsiqu'aux paysages et aux institutions.

De nombreux textes litteraires,charges de romamisme et poneursd'une image idyllique*, om developpe!'idee d'unite, d'harmonie, d'equilibredes paysages franr;ais. Le paysage dansla peinture franr;aise contemporaine estun genre tres secondaire, mais ilperpe-tue une certaine nostalgie du «bonvieux temps». Limpressionnisme, toutparticulieremem, eSl une referencecapitale dans la memoire nationale. Lesreproductions des paysages peints par

Monet ou par Van Gogh ornent lescalendriers des postes ou serveru desupports publicitaires. Les Francais ontplus a l'esprit ces paysages et ceuxdeems et immortalises par des ecrivainscomme George Sand ou Charles Peguyque les paysages actuels, bouleversespar l'urbanisme et les aleas" de lamodernite.

Durant les vingt demieres annees,les pouvoirs publics onr mene desoperations comme « la creation», «lasauvegarde » ou « la protection» depaysages, « la conservation» du littoral,les paysages etaru consideres commedes elements du patrimoine national,Ces initiatives visent a limiter lesconstructions dans certaines zones, apreserver I'impression de grandsespaces. En revanche, dans certainesregions ou dans certaines banlieues, ona continue a construire, de facon to tale-merit anarchique et sans grand souci del'environnernent, des immeubles enbeton, des lotissements ou des villagesde vacances.

La France, c'est aussi le contrasteentre la tradition des «jardins a la fran-caise » (ordre, harmonie et equilibre,comme Ie montrent les jardins duchateau de Versailles) et l'amonceLle-mem* de blocs de beton, des banlieuesou des cites donoirs ...

La France a peut-etre plus encoreque d'autres pays la manie des comme-morations, des ceremonies du souvenir,des celebrations en tout genre. Lelinguiste Jacques Cellard fait une inter-pretation assez drole de la fonctionqu'eUes remplissent: «Jules Cesar noteque les Gaulois ne sont bons qu'a sequereller. Cest bien vu. Le rite de lacommemoration est un espace dereconciliation. Devant les morts, on secalme.»

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5it LA RECIERCIEDU TEMPS PERDU

II n'est pas un village francais quin'ait son monument aux morts, enhommage aux morts des guerres de 14-18 et de 39-40. Dans les pays conquispar La France, la volonte d'imposer Laculture francaise et d'unifier l'ernpire

colonial passait par l'edificauon demonuments aux morts, au meme titreque la presence d'instituteurs francaisou la fabrication de baguettes de pain!

Dans chaque ville et chaque village, Ie

•••••••••••••••••••••Y A PLUS DE SA/SON ...

La galette des Rolsavant Noel'

• Heureux nos lointains ancetresqui pouvaient se fler (presque) Ies yeuxfermes a l'Almanach ou "Pronostication

des laboureurs" du trop meconnuAntholne Maglnus. Car sl lubie* leurprenait de revenlr falre un tour sur notrevleille terre, entre les deux reveillons, lisen seralent tout chamboules*, lespauvres. Car tous les eommercants enfont la preuve: y a plus de salson IEncore une chance que Noel arrive, bonan, mal an, Ie 25 du douzleme mois.Pour Ie reste, c'est une autre paire demanches* ...

La preuve? Les Rols. Ceux que I'ontire d'ordlnaire Ie premier dlmanche deI'an neuf venu. En partageant la galetteet en couronnant Ie crane du decouvreurde fave pour celebrer I'Epiphanle. Or,cette annea, les premieres galettes ontfait leur apparition sur les IIneaires desgrandes surfaces deux bonnes sernaines

avant Noel! [ ... JII est vrai qu'en cette fin de slecle

oil Ie glgot n'est plus "pascal*" mals deNouvelle-Zelande, oilla saison du blanc *est celie de la couleur et oil II ne nelgemame plus a Noel, iIseralt bien presomp-

tueux de se fIer aux dates du calenclrier.On pourrait d'ailleurs fort bien imaglnerde tater I'an neuf au 14 juillet avec dubeaujolais nouveau, la Saint-Jean aI'equlnoxe d'automne et les marnans Ie

Jour de la Toussaint I [ ... J.Mais que devlendraient aiors Ies

proverbes et adages attaches au calM-drier? Qui oserait encore affirrner: "II tautqu'a la Salnte-Eugenle, toute sernaillesoit finle"? Qu'a Ia Salnt-Hllalre (14janvier) Ie jour augmente "d'une heure debergere" et a Ia Saint-Antoine (17 janvier)wdu repas d'un moine"? Si Ie progres a dubon, II seralt ridicule de tout chamboulerau nom des seules exlgences de la saero-sainte 8c0n0m1e~ Car, pour elle aussI,"avant I'heure, c'est pas I'heurel" .•

Philippe CaramanianLe Bien public, 28 decembre 1992 .

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•••••••••••••••••••••PARIS, MODE D'EMPLOI

• Les Parisiens demeurent unmystere etemel -pour la province. Leshabitants de la Seine-Marltlme, de LoIr-et-Cher ou de MeuJthe.et-Moselle s'interl'O-gent sur Ie mot lukneme. Est~ unmetier, une connivance particuHere, unetres vIeIlle habitude que d'etre parisien?L80n-PaulFarguedisalt que beaucoup degens ne merlteralent jamals "ee titre",bien qu'lls fussent n8s rue Lepic ou placed'ltalie. Car lis n'avalent pas "attrape Iamanlere" ...

C'etalt, peut-itre d'abord, une~on de respirer. Avolr "Ia sensation dularge*" lorsqu'on descendait lesChamps-Elysees vers la place de laConcorde, et s'y promener "comme surun pont de paquebot". Ensulte, Leon-Paul Fargue parlalt de "cette legeretequi permettalt a quelques centalnes demlUlers d'etres humalns de ne rienprendre au traglque" et "d'exercer uneaorte de supritmatle aupres desesp8ces molns promptes ii la replique,molns Insouclantes et molns almables".En 1993, cette manlere de vivre, depenser ou de se moquer est (helas!)tres menacee, car elle reslste mal auxtracas de notre epoque.

Et les ParIsIennes? Certaines sefaisalent rernarquer par leur frlvollte,leurs arnants, leurs extravagances,leurs bljoux et leurs "mots", dans lessalons, qui comptalent davantage que"Ies traltes secrets et les comblnalsonseurop{!ennes". Lea autres, plusdlscretes, ne passalent tout de memepas inaper~ues. D'apres L.-P. F., lesauberglstes de province et les dou3-nlers savalent les reconnaitre a leur'"toilette", a leur "accent", a la "vibra-tion" de leur personne. Et puis a despresque rlens, des je-ne-sals-quoi•.•C'est Ie plus bel eloge de la douane etde l'hOtelierle ...

Mals, dans Ies annees 30, Leon-Paul Fargue regrettalt deja de voirdlsparaitre ces femmes qu'" quallflaltde "jolls monstres" et qui avalent long·temps regne "sur toutes les classes dela capltale, manlant Ie mlnlstre ou Iemec avec la meme alsance [ ..• ],

5A LA RECIERCHEDUTEMPS PERDU

nom des rues est charge de memoire, Onevoque l'histoire des batailles, des grandsevenements ou des grands horrunes del'Histoire de France, jusque dans le metroparisien avec ses stations «Gared'Austerlitz », «Bastille», «jaures», etc.Le long des autoroutes, des panneauxsignalent le patrimoine archeologique,artistique, artisanal ou cuLinaire desregions traversees. En ce qui conceme lecinema ou la peinture, les retrospectivessont nombreuses, celebrant les artistesdisparus... et peut-etre pas assez 1esartistes vivants!

Depuis une vingtaine d'annees,sont apparus des musees d'un nouveaugenre, les ecomusees. Leur objectif estde valoriser les activites economiquestraditionnelles de certaines regions, enmontrant leur interet et leur richesseculturelle a travers des temoignages,des expositions de photos, de pein-tures, d'anciennes machines, des docu-ments de toutes sortes. Dans desregions oil l'activite economique est envoie de dec lin ou de disparition, lesanciennes usines sont preservees sousla forme de «friches industrielles» pourtemoigner de l'activite passee.

PARIs-PROVINCE

Depuis longternps, la France est unpays tres centralise. Paris est la capitalepolitique, la capitale culturelle, maisc'est aussi symboliquement le centre dela France geographique, puisque lesreseaux routier et ferroviaire partent deParis er menent a Paris, en depit dequelques tentatives (recentes) de decen-tralisation ou de meilleures connectionsentre les differentes regions francaises.

En raison probablement de lacentralisation politique, on a toujoursoppose Paris et la province. Paris etaitcense inca mer le bon gout er diffuserson esprit sur le reste du pays (voirememe sur Ie reste du monde n. «11mesemble que Paris est la vine du mondeoil l'esprit et Ie gout de 1a conversationsoient les plus repandus », ecrivaitMadame de Stael. Et Victor Hugod'ajouter: «Cherchez quelque choseque Paris n'ait pas ... »

Pour les heros litteraires du XIX'sieele, il fallait s'emparer de la grandeville et s'approcher du ~~grand monde»

lei le tempsreste preeieux.

"._........_ ........s._._ ,_.~_~1_".__,_ _ .............__ ,::.....~._.:.:..,....:c._~=~~~~~'-T~~~...1_._..,...\.r_~I_<r~._ ._ ...... ,...._ ~ .............. ,.... ""l .........._oNt .

L!essentiel est iei.

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pour realiser une glorieuse destinee.Rastignac, heros de Balzac, s'elancait ala conquete de Paris pour assouvir sesambitions. Becassine, heroine d'unebande dessinee tres populaire, faisaitrire parce qu'elle decouvrait natvementla vie a Paris, en debarquant de saBretagne natale.

De nombreux ecrivains - FrancoisMauriac, Herve Bazin - om bien decrit,dans les annees 50, l'ennui et l'etroitessed'esprit des villes de province. On parledes « querelles de clochers » pourevoquer les zizanies entre habitants devillages voisins, les vieilles haines qui seperpetuent entre families, parfois depuisplusieurs generations. II a « l'air un peuprovince», disait-on avec condescen-dance* d'un notable" ou de n'importequel provincial arrivant a Paris. Lesprovinciaux sont souvent presentes dansIa litterature classique comme des gensnalls, peu degourdis*, un peu niais auxyeux des Parisiens bIases. Aujourd'hui,on utilise pour parler de la province uneexpression assez ambigue: ({la Franceprofonde». [expression renvoie au faitque les provinciaux om su conserverleurs valeurs, leur identite, leurs tradi-tions, mais sous-emend aussi qu'Usne seseraiem pas adaptes a Iamodemite.

A l'inverse, les Parisiens sont souventdepeints par les provinciaux comme desetres brillants, mais frivoles et snobs!Meme si deux Parisiens sur dix seule-ment sont nes a Paris, Us cultivent «Ieparisianisme» et manifestent un certainmepris pour cette «France profonde».Un amomobiliste circulant a Paris dansune voiture immatriculee dans un depar-tement de province se fera traiter de«plouc* » ala moindre occasion!

11faut « monter» a Paris pour fairecarriere, que ce soit dans la vie politiqueou administrative, dans Ie domaine

5A LA RECHERCHEDU TEMPS PERDU

culturel, artistique ou dans le milieu dela mode. Les hommes politiques somsouvent originaires de province ou sefont elire dans une circonscription deprovince, mais Us vivent la plupart dutemps a Paris car c'est la OU se trouventles instances du pouvoir et que sontprises les decisions administrativesimportantes. Jusque dans les annees 90,pratiquement toutes les Grandes Ecolesetaient situees en region parisienne. Ladecision prise par le gouvemernent en1991 de « delocaliser » l'une des plusprestigieuses d'enrre elles, l'Ecole natio-nale d'administration (ENA) en l'instal-lant dans une grande ville de province,5trasbourg, a provoque un veritabletolle". Certains Parisiens ne sont pasloin de considerer une mutation enprovince comme un veritable exil !

n est certain que Paris presemetoujours un attrait culturel et touris-tique, sans dome un passage obligepour certains. Mais on evoque aussisouvent les aspects negatifs de la vie aParis - l'isolemem, la solitude dans lagrande ville - en comparaison avec unecertaine quahte de la vie en province,une vie plus proche de la nature, moinsde pollution, un rythme plus lent, destransports moins penibles, des relationsde voisinage plus faciles: « En province,on prend Ie temps de vivre. })

Cest ainsi qu'il y a en France deplus en plus de «neo-ruraux », quivivent a la campagne sans pour autantetre des paysans. En effet, certainespersonnes choisissem de vivre el detravailler a la campagne, un choixrendu possible par Iedeveloppement dela rnicro-informatique, de la telema-tique, des fax, des trains a grandevitesse, qUi permettent de communi-quer facilement avec Paris. Ce s~nt, enquelque sorle, des citadins vivant a lacampagne!

qu'elles fussent de I'avenue de l'Operaou de Montmartre". " en restait heureu-sement quelques-unes dans Ie Paris deI'entre-deux.guerres, pour temperer lesnostalgies de L.-P. F. C'etalt I'epoqueou les demleres marquises delalssaientla capitale et ses vanltes, ses coups deceeur, ses impatlences, pour "allermourir dans les stations thermales" • •

Fran~ois BottLe Monde, 22 octobre 1993.

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VIVE LA PROVINCE

«Au contralre des provinces qu'iIdistingue a leurs coiffes, la province estun ensemble flou aux yeux du Parisien,un tas de bouts de pays jetes en vrac etnumerotes de 1 a 95, ou II a du mal it seretrouver depuls Ie CM 2. Les provincesdansent galement au son du flUteau,mals la province s'ennule, on Ie voltdans tous ces films ou Ie solr descendcom me un couvre-feu sur des paves obl!-gatoirement mouilles. Un Parisien desouche apprenant qu'll est mute, c'esttout de suite Sakharov expedle it Gorki.Ce qui lui glace* Ie sang, c'est la visionterriflante d'une existence enflnpaisible, a prix modlque, avec desbalades en foret, et qu'on appelle enprovince la Quallte de la Vie.

Les Provlnciaux, c'est leur devise*en ce moment, leur orlflamme*. LaQualite de la Vie comprend, pour resu-mer, de I'espace OU jouer aux boules etdu temps pour ctejeuner, des grand-meres en bon etat pour garder lesenfants et des plans d'eau ou s'inltierau windsurf, un nombre appreciable demicrocllmats, de petits poneys et degroupes vocaux, la mer, la nature, lamontagne ou l'Europe "a deux pas" - oumeme Paris a deux heures ("dont onprofite mleux que vous"), des loyers"encore donm~s", des caves creuseesdans Ie rocher, des mares* de pays etI'extravagant privilege de se trouver,tous les solrs, "ailleurs qu'a toumerplace de l'Etolle" • •

Alain SchlfresL'Express, julliet 1991.

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•••••••••••••••••••••BtCASSINE

• Les aventures de B8cassinecommencent '8 paraitre dans • LaSemalne de Suzette· en 1906. [... J Ellea qultte sa Bretagne natale pour sulvreavec passion sa martresse, la marquisede Grand-Air. Eperdue d'admlratlondevant la distinction de la marquise etdu monde qu'elle frequente, Becasslneest plelne de reconnaissance pour cesgens sl convenables et sl bien elevesqui acceptent ses services a etle,pauvre paysanne Idlote. Pour ne pasquitter un tel paradis, etle est prete atous les sacrifices. Ainsl, quand lamarquise, obligee par la guerre a redulreson train de malson, annonce qu'etle nepeut garder que Maria, la culslnlere,B8casslne la supplle-t-etle. E1le se faitreceveuse dans un tramway pour payera sa maitresse son gite et son couvert ISon seul soucl est que sa cheremarquise se fatigue a prendre Ie metro- epulsant de falre des courses dans detetles conditions ... - et elle nage dans Iebonheur Iorsque, gagnante d'un gros lotde 25 000 francs, eUe achete a Mme deGrand-Air la volture qui lui falsalt 51cruetlement defaut .•

Jean-PaUl Aron, Miserableet glorleuse, Is femme au x~ sleele,Fayard, 1980.

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@ Hachene UvrelGauuer·languereau

5A LA RECIERCHEDUTEMPS PERDU

Au demier recensement de la popu-lation francaise, un expert a calcule queles deux millions d'habitants des 8 000communes rurales traditionnelles tien-draient aujourd'hui « a l'interieur duboulevard peripherique parisien» !C'est une situation qui, a terme, tendranecessairement a estomper les vieuxclivages entre la ville et la campagne,entre Paris et la province,

CUISINE AU BEURREau A L' HUILE ?

La France jacobine a cherche a effa-cer Ie sentiment d'appanenance a uneregion, parce qu'il etait contraire auprojet d'unification republicaine, a l'ideede nation francaise. Elle ya certainernentreussi en grande partie. Ce qui subsistedes particularismes regionaux reievesunout du folklore: des costumes quali-fies de « folkloriques» (la coille bretonneou alsacienne), des danses appeleesegalement «folkloriques» Cia bourreeauvergnate, la sardane catalane) , desspecialites culinaires Cia po tee auver-gnate, la bouillabaisse marseillaise), desproduits locaux Cia moutarde de Dijon, Iecidre de Normandie), des jeux et dessports qui sont plus pratiques dans uneregion que dans une autre (1a petanqueen Provence, Ie rugby dans Ie Sud-Ouest), etc.

Ce qui marque I'esprit des Franc;ais,c'est la division de la France en deuxparties: celle du nord de la Loire et celledu sud de la Loire, ou plus simplement«Ie Nord» et « Ie Midi».

Avant que ne soil impose a toute lanation I'usage du fran~is, chaque regionavait sa langue ou son dialecte. Lesdialectes du nord de la Loire faisaientpartie de la langue d'oll tandis que lesdialectes du sud de la Loire faisait partie

de la langue d'oc. I'Occitanie - l'en-semble des regions oil on parlait lalangue d'oc - couvrait environ un tiersde la France acruelle (le Massif central, laProvence, le Roussillon, l'Aquitaine):elle etait tres riche sur Ie plan de la crea-lion litteraire et artistique. I'uniflcationlinguisuque du pays a presque fait dispa-raitre les langues regionales, y comprisl'occitan. Mais les gens du Midi se distin-guent encore aujourd'hui par leur Iaconde parler le francais. « l'accenr duMidi» est particulier et reconnaissable;il est plus chantant que « l'accentpoinru » des gens du Nord.

[opposition entre le Nord et le Suds'est egalement manifestee a travers la reli-gion. Les grandes dissidences religieuses-la contestation du catholicisme - se sontdeveloppees essentiellement dans le sudde la France: Iheresie cathare du x:rr siecle,puis Ie protestantisme a partir du ~ siecle.Les hommes d'Eglise venus du Nord lesreprimerent dans des bains de sang, et cela alaissedes traces dans lamemoire collective.

Cest dans les regions qui avaientconteste l'autorite religieuse que s'im-planta, a ses debuts en France, Ie socia-lisme comme mouvement d'oppositionau pouvoir etabli. Pendant pres d'unsiecle, Ie midi de la France fut uneregion reputee « rouge» oil Ie partisocialiste, puis Ie parti communiste,obtenaient de nombreuses voix achaque election. Depuis une daterecente, ces regions som devenues desterres de predilection pour l'extreme-droite; parmi les nombreuses analysesavancees pour expJiquer ce pheno-mene, certaines considerent qu'il s'agiten partie d'un phenomene de rejet despartis politiques officiels.

Le Nord et Ie Sud different a l'evi-dence par leur paysage, leur clirnat, leuragriculrure, leur economie en general.

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Le nord du pays a ioujours ete plus richesur Ie plan agricole. Cest dans le Nordque se trouveru les grandes plaines,« greniers a ble de la France» (la Beauce,la Brie), dans Ie Nord aussi que 1'on atoujours pratique l'elevage iruensif desbovins (en Normandie, dans leCharolais). En raison des pluies relative-ment abondarues, les toitures desrnaisons sont en pente. C'est encore dansIe Nord que se sont irnplaruees les activi-tes industrielles et que se som done creesdes emplois. Le Midi a dans l'ensembleun relief plus mouvemerue, un climatchaud et sec. II est semblable, par biendes aspects, aux pays de tout Ie Bassinmediterraneen: on y cultive la vigne etI'olivier, les odeurs des herbes embau-mem l'air, les toits des rnaisons sont plats(ou presque).

Les productions agricoles ont creedes habitudes alimentaires differemes,qui subsistent encore. Dans Ie nord elsurtout I"ouest de la France, on atoujours fait la cuisine au beurre, onconsomme de la creme fraIche, des&omages de vache. Dans Ie midi medi-terraneen, on prefere I'huile d'olive et

les fromages de chevre et de brebis.Puisque l'agriculture, l'industrie,

rnais aussi l'adrninistrauon (centraliseea Paris) creaieru beaucoup plus d'em-plois dans le Nord que dans le sud de laFrance, beau coup de gens du Midietaient - et sont encore - obliges dequitter leur region pour aller chercherdu travail au nord de la Loire. Denombreux villages ont ete plus oumoins abandonnes. Les meridionauxcontinuent en vain de reclarner la possi-bilite de « travailler ei vivre au pays ».Malgre les pro messes et les tentativesd'amenagement du territoire, Ie dese-quilibre economique entre Ie ord el IeSud subsiste tres largement.

En revanche, Ie Midi beneficie d\matom certain sur Ie plan touristique.Son climat, la beaule de ses paysages,ses villages pittoresques, les plages dulittoral lui donnent un charme tresparliculier, et en fom un lieu propice*aux vacances. Pour les memes raisons,c'est aussi la region d'eleclion des retrai-tes. Le Midi est donc souvent associe aufarniente*, ce qui n'est pas sans exaspe-rer beaucoup de Meridionaux .•

•••••••••••••••••••••••••H,STO,RES OROLES

Les cliches * sur les sokllsant part/cula-rismes legjonauJC ont la vie dure etdonnent lieu a des blagues d'un goUtparfols douteux ..• mals qui font partiedu patrimoine culturel commun a tousles Franfais.

HISTOIRE MARSEILlAISELes Marsel/lals ont la reputation de

toujours «exagerer' dans leurs rec/ts.S'ils sont alles a la peche, la sardinequ'lls ont attrapee etait tel/ement grandequ'elle a bouch61eport ...

Un petit Marseillais va trouver samere et II lui dlt:- Maman IC'est extraordinaire IJe viensde voir une souris {morme! Une sourisgrosse comrne un hlppopotarne!Sa mere hausse Ies epaules :- Ecoute, Titin, c;:afait trente-slx millionsde fois que je te dis de ne pas exagerer.

HISTOIRE CORSELes Corses sont conslderes par Ies

habitants du «commem», en partlcullerles Parislens, comme des gens qui n'a1-ment pas beaucoup travailler ...

- Et ca pousse bien, lei? demande IeParisien au paysan corse.- Non.- La vlgne, c;:ane pousse pas?- Non.- Et les legumes non plus?- Non.- Et merne pas les fruits ?- Non.- C'est incroyable I Vous n'avez jamalsessaye de planter ne seralt-i:e qu'unnoyau d'abricot?- Ah I SI vous plantez, foroement, c'estautre chose!

HISTOIRE DE BOUGNATSLes Auvergnats - que I'on appelfe

souvent -/es Bougnats· - sont reputespour etre plutot avares (/Is sont •presde leurs sous.).

Un paysan auvergnat confie eli sonfils:- Fals comme mol! J'al b8tI ma vie surdeux princlpes: mefiance ... mefiance.

D'apres H. Negre,Dlct/onna/re des hlstolres droles,Fayard, Livre de poche, 1973.

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1ETRE ou NE PAS ETRE

. PARISIEN

2LETTRE DE VACANCES

5ACTMTEs

Voici un extrait de la description du Parisien par un celebre ecrivam.

«Mais qu'entend-on par une personne ou une chose "tres parisienne"? On voitbien qu'il faut etre ne a Marseille pour se vanter d'etre Marseillais, ou a Vienne pourproclarner qo'on est Viennois. Mais il n'est pas necessaire d'avoir vu Ie jour a Paris pouretre Parisien. [ ... ] ttre Parisien confere une sorte de prirnaute a I'heureux tenant de cetitre. En revanche, des qoantites d'originaires de la plaine Monceau ou de la place d'ltaliene seront jarnais Parisiens de leur vie: ils n'ont pas attrape la rnaniere.»

Leon-Paul Fargue, Le Pieron de Paris. Pans. Gallimard, 1932

Tout ce qui est dit dans ce texte pourrait etre valable a l'epoque actuelle ...

Comment peut-on etre Parisien sans etre ne a Paris? Et inversement, pourquoipeut-on etre ne a Paris sans pour autant etre Parisien?

Chere Sylvie,

Je suis actuellement en vacances pour une semaine dans la maison de ma grand-mere, au fin fond du Massif central. La province profonde a beaucoup de charme! Cen'est pas parce qo'on est a Petaouchnok qu'on vit pour autant comme un ours et qu'il nese passe rien. j'ai ete invitee hier soir a un diner quasiment mondain chez Francoise, TuI'as peut-etre deja rencontree, c'est une sorte de cousine a Ja mode de Bretagne.

La soiree a commence dune drole de facon: nous devions etre quatorze et, a lasuite d'une defection de derniere minute, nous etions treize a table, ce qui n'etait pas dugoat de certains invites superstitieux On avait place a ma gauche un jeune homme quej'ai trouve un peu bizarre, II racontait des histoires invraisemblables, de vraies histoiresmarseillaises. Par contre, j'ai apprecie man voisin de droite, Pierre. II habite dans unvillage sur les bords de la Loire et je dais dire que j'etais sous Ie charme lorsqujl meparlait de 10 douceur angevine. Comme j'avais envie de Ie revoir, je I'ai invite a la fete quej'organise pour man anniversaire Ie mois prochain. Je ne suis pas sore qu'iI vienne car ilm'a fait une reponse de Normand. Peut-etre s'etait-il fait des idees sur mes intentions ...En face de moi, un hom me dun certain age a qui je parlais de mes problemes de boulot,a eu l'air tres interesse par ce que je faisais. II s'est engage a faire passer certains de mesarticles dans Ie joumallocal. Nous verrons bien si c'est une prom esse de Gascon au pas.

Nous avons taus fait honneur au diner. Tout Ie monde avait un bon coup de four-chette et personne ne calait devant son verre de vin. Au milieu du repas, on a rnerne faitune pose avec un trou normand, avant de passer au dessert. Inutile de te dire que tout Iemonde etait un peu emeche. A tel point que la fin du repas a ete epiqoe, L'un des invi-tes, a qui je n'avais pas parie pendant Ie repas parce qu'il etait a I'autre bout de la table(c'est Ie maire de la ville voisine, Jenotable du coin!) s'est tout dun coup beaucoup agiteen parlant politique avec sa VOisine. Ca s'est terrnine quasiment en scandale. Ca va fairedu bruft dans Landemau.

Raconte-moi toi aussi ce que tu deviens. Est-ce que la vie est belle pour toi en cemoment? Je t' embrasse.

Marianne

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3DE TEMPS EN TEMPS

5ACTIVI1is

T rouvez Ie sens des expressions en italique parmi les definitions proposees.

I. au fin fond du Massif central - 2. la province profonde - 3. a Petaouchook - 4.vivre comme un ours. - 5. une cousine a la mode de Bretagne - 6. des histoiresmarseillaises - 7. la douceur angevine. - 8. une reponse de normand. - 9. une promessede gascon - IO. avoir un bon coup de fourchette - I I. faire un trou norm and - I2. Ienotable du coin - 13. 91 va faire du bruit dans Landemau

a ambigue (ni oui, ni non)

b. boire un verre de calvados au milieu du repas pour faire une pause et continuer aavoir de l'appetlt

c. dans un endroit peu connu, difficile d'accesd. la province authentique

e. des recits peu vraisemblables

f. etre peu sociable, vivre en solitaire

g. manger de bon appetit, beau coup

h. on va en parler beaucoup

peu serieuse

j. tres tres loin

k un climat particulierement agreable (tel que Ie decrivait Du Bellay)

un parent extrernernent eloigne, on ne sait rnerne pas s'il est vraiment de la famille

m. une personne importante dans la region

Ces expressions concernent Ie temps.

Classez-Ies selon qu'elies se rapportent, ou non, a une action:

a peu probable, qui risque de ne jamais arriverb. qui a eu lieu autrefoisc. de courte doreed. qui se situe de nos jourse. qui se situera dans Ie futur (proche ou lointain)

I. en moins de deux2. on se voit dimanche en huit3. par les temps qui courent4. il ne va pas faire long feu5. la semaine des quatre jeudis6. ala Saint-Glinglin7. dans la nuit des temps8. il Y a belle lurette9. dans cent sept ansIO. incessamment sous peuI I. a Paques ou a la T riniteI2. ca remonte aux calendes grecques

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4LE CUL TE DES MORTS

5AcnVITES

« Le culte des morts est un des traits essentiels de la spiritualite francaise. Ce culteconserve les formes exterieures de la piete religieuse, rnerne la OU la foi elle-merne adisparu. Cest ce sentiment qu'exprirne Comte lorsqu'il dit que les vivants sont gouver-nes par les morts. Les cirnetieres de Paris laissent au visiteur une impression inoubliable :Ie drnetiere Montpamasse, Ie cimetiere Montmartre, et surtout. Ie Pere Lachaise. C'estla que les morts reposent, non pas sous des tertres verts, mais dans des maisons depierres qui affectent souvent la forme de temples ou de chapelles, ferrnes par des grillesen fer forge. Beaucoup de ces tombes portent I'inscription: «concession a perpetUlte »,Ce dmetiere forme une seconde ville, la ville petrifiee des morts, enclose dans la «villelomiere »des vivants. La reposent cote a cote Moliere et La Fontaine; plus loin on lit lesnoms les plus illustres du XIX" siecle: Musset et Chopin, Balzac et Ingres, Delacroix etComte. Leurs tombes sont toujours fleuries; elles sont visitees par d'innombrablesadmirateurs, venus parfois de lom pour honorer leur memo/reo L'athmosphere de cettecite silenoeuse est si intense que l'on se prend a croire - comme les Anciens - queI'ame des morts habite dans les tombeaux.

Mais bien d'autres monuments, a Paris, sont consacres a ce culte des morts: il yalePantheon, OU la Nation recueille les depouiles de ses grands hommes; il ya la chapelledes Invalides, sous Ie dome de laquelle Napoleon repose solennellement dans son sarco-phage de porphyre; il y a l'Arc de T riomphe, OU dort Ie soldat inconnu. La petite flammequi brule sur sa tombe garde touours vivante la rnernoire des heros de 10 Grande guerre,au milieu du trafic assourdssant de la place, et elle symbolise en me me temps la pieteenvers les morts, ce sentiment si profondernent enracne dans I'arne francaise.»

Emst Robert CurtIUS, Essal sur /0 France, Grasser, 1932

Quel est Ie sens des mots et expressions suivants ?

Trouvez la definition correcte parmi les trois qul vous sont proposees.

I. Une concession a perpetuitea souvenir eternelb. emplacement achete dans un drnetiere

pour une duree illimiteec. personnage tres celebre

2. Honorer la mernoire de quelqu'una. lui rendre hommage, perpetuer son souvenirb. chanter pour quelqu'unc. envoyer une lettre a quelquun

3. La Grande guerrea une guerre mythiqueb. la guerre de 1914-1918c. la guerre de 1939-1945

Verifiez dans un dictionnaire que vous savez bien qui ils etaient et a quelleepoque ils vivaient: Comte, Moliere, La Fontaine, Musset, Chopin, Ingres, Balzac,Delacroix.

Quels sont les cimetleres parisiens OU sont enterres de nombreux personnagescelebres?