4
A M. L'ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE Author(s): Vallet de Viriville Source: Revue Archéologique, 7e Année, No. 1 (15 AVRIL AU 15 SEPTEMBRE 1850), pp. 354-356 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41745937 . Accessed: 22/05/2014 00:23 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.91 on Thu, 22 May 2014 00:23:12 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

A M. L'ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: A M. L'ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE

A M. L'ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUEAuthor(s): Vallet de VirivilleSource: Revue Archéologique, 7e Année, No. 1 (15 AVRIL AU 15 SEPTEMBRE 1850), pp. 354-356Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41745937 .

Accessed: 22/05/2014 00:23

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to RevueArchéologique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 194.29.185.91 on Thu, 22 May 2014 00:23:12 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: A M. L'ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE

A M. L'ÉDITEUR DE LA REVIJE ARCHÉOLOGIQUE.

Paris, 25 Juin 1850.

Monsieor le Directeur ,

Le dernier numéro de votre intéressant recueil contient un article de mon savant confrère M. Douët d'Arcq, sur la bibliothèque de Jean, duc de Berry, qui abonde en renseignements instructifs et curieux, relatifs à l'archéologie des livres au moyen âge. Permettez- moi de joindre ici sur un point spécial quelques observations et développements aux remarques judicieuses qui appartiennent à l'au- teur de cet article.

Il est souvent question dans cet inventaire bibliographique d'un ornement ou appendice de la reliure qui figure sous le nom de pipe, et dont M. d'Arcq a parfaitement exposé la définition et l'usage. L'auteur allègue, pour rendre plus sensible sa démonstration, l'ana-

logie d'une statue de Clovis (1), monument bien éloigné pour la date (quelque moderne qu'elle soit), et pour les lieux, du sujet prin- cipal. Je prendrai la liberté d'en indiquer un autre beaucoup plus direct. On voit encore aujourd'hui, je suppose, et j'ai visité l'année dernière, dans l'une des chapelles de la cathédrale de Bourges , une statue peinte de Jean, duc de Berry lui-même, autrefois placée dans la Sainte-Chapelle, qu'il avait construite et qui décorait, avec la statue de la duchesse, sa femme, l'autel de N. D. la Blanche. Le duc est agenouillé devant un prie-Dieu; sur ce dernier meuble est placé un livre d'heures ouvert, à demi enveloppé d'une riche chemise et garni de sa pipe , d'où pendent les seignaux (2).

Ce même appendice appelé ici du non de pipe réparait plusieurs fois dans l'inventaire des livres rédigé en 1423, après le décès de Marguerite de Bavière, veuve de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, publié en 1 830 par M. Peignot, de Dijon ; mais là, il porte le nom de « tayaco à tourner les feuillets. » Je me bornerai à rapporter le texte de l'un des articles où il en est question : « Item les belles « heures de inadicto dame, à deux fermaux d'or armoyez aux armes « de monseigneur de Berry, à tixu de soye, semé de feuilles de

(1) P. 160, note 1. (2) Voy. Haze , Antiquités du Berry, 1834, in-4. Planche 59.

This content downloaded from 194.29.185.91 on Thu, 22 May 2014 00:23:12 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: A M. L'ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE

LETTISH A M. L'EDITEUR DE LA REVUE. 355 « trefflç item ès dictes heures à ung tuyau d'or à tourner les a feuillez, garni de deux perles et ung petit rubis ou milieu, les « quelles heures sont couvertes d'une chemise de satin noir, (l) »

M. d'Arcq mentionne aussi à la fin de ce premier article (p, 167) un livre contrefait et rapproche, fort à propos, de cet exemple, deux autres objets analogues empruntés à l'inventaire de Marguerite d'Autriche, également publié par cette revue. La lecture des comptes domestiques de princes au XVe siècle, et M. d'Arcq connaît ces do- cuments mieux que personne, permettrait de multiplier beaucoup ces citations de curiosite's qui étaient fort en vogue auprès des grands et qui attestent un goût moins délicat que naïf ou bizarre. Pour rester sur le chapitre des faux livres ou des livres de bois, c'étaient encore ces mêmes simulacres qui au XVIIe siècle excitaient la verve railleuse de Sauvai (2) et de La Bruyère (3) : je pourrais citer au- jourd'hui même , de certains meubles peu rares, qui sous le masque trompeur d'étiquettes bibliographiques et sous l'apparence d'in-folios superbes, sont destinés à un tout autre usage, que je ne désignerai pas plus clairement au lecteur, de peur d'offenser son goût d'une manière plus sensible que n'aurait pu le faire l'odeur de ces tanneries dont parle La Bruyère. Mais je veux revenir pour terminer à un exemple plus gracieux et plus instructif. Parmi les riches manuscrits légués au roi vers le commencement du XVIII siècle par un célèbre amateur de cette époque, Roger deGaignières, il s'en trouvait un qui se conserve aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale sous le r° 1190 de l'ancien fonds latin et sous le titre vague de Liber precuvn, Ce ma- nuscrit contient en eilet huit ou dix feuillets de l'évangile selon saint Jean et notamment la Passion. Mais le texte de ce volume n'en est certainement que l'accessoire, et sa partie matérielle offre un aliment beaucoup plus précieux à la curiosité. Elle consiste en deux ais de bois dont chacun est plug épais que les quelques feuillets qu'ils ren- ferment. A l'extérieur, ces ais sont couverts d'une sorte de tissu ou de tapisserie de soie faite à la main, et représentant un calvaire et autres sujets religieux accompagnés d'inscriptions queje crois brodés à l'aiguille; sur le plat de gauche, un personnage placé vers la droite, est vêtu d'un blason qui peut-être mettrait sur la trace de

l'origine de ce volume, au sujet de laquelle les catalogues anciens et

(l) Catalogue d'une partie des livres composant l'ancienne bibliothèque des ducs de Bourgogne , etc., in-8°, p. 36 et 37.

(2) Antiq. de Fans , nz*t 1. 1, i. i, p. i ». (3) Caracteres, au cbapitre ae ta moae.

This content downloaded from 194.29.185.91 on Thu, 22 May 2014 00:23:12 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: A M. L'ÉDITEUR DE LA REVUE ARCHÉOLOGIQUE

356 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. modernes ont gardé le silence. A l'intérieur, le plat de gauche est recouvert d'un feuillet écrit et collé, comme le sont les gardes; la tranche de cet ais forme un léger ressaut qui a été doré ainsi que les

quelques feuillets de véritable texte, de manière à en continuer pour l'œil l'épaisseur, lorsque le livre est fermé et vu par l'une des tran- ches. Si maintenant ce même ais au plat gauche du livre, étant 'ou- vert, vous exercez une légère pression du haut en bas en appuyant sur le feuillet de texte collé, le panneau cède, une planche à cou- lisse descend par des rainures et vous voyez apparaître un gracieux portrait de femme, en grande toilette de la 6n du XVe siècle et âgée d'environ vingt ans. Le plat de droite offre exactement la même dis-

position, et le portrait qu'on découvre par le même procédé est celui d'un riche seigneur de la même époque et qui paraît âgé de trente à quarante ans. Je tiens d'un ancien serviteur de la bibliothèque, qu'autrefois il y avait dans l'une de ces cachettes mystérieuses une hostie consacrée ; cette hostie (peut-être recueillie à part, ou pulvé- risée par le temps, ) ne s'y trouve plus aujourd'hui. Le catalogue manuscrit de Gaignières se borne à nous apprendre que ces portraits passaient pour être ceux de deux époux. En reproduisant ici ces indications sommaires, mon but principal a été de provoquer de la

part de nos confrères, les bibliophiles archéologues, une étude plus approfondie et surtout une reproduction graphique et pittoresque & l'aide des moyens multipliés que possèdent aujourd'hui les arts de

représentation, et dont ce curieux monument me paraît digne à tous égards.

Agréez, etc.

Vallet de Viriville, Professeur à l'École des Chartes.

This content downloaded from 194.29.185.91 on Thu, 22 May 2014 00:23:12 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions