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A Mathieu et tous ses collègues travailleurs handicapés

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« A Mathieu et tous ses collègues travailleurs

handicapés. Moi aussi je vous aime. »

« J’ai écrit ce livre honnêtement, sans masquer,

chercher à égayer ou à amplifier la vérité de mes ressentis. J’y ai livré sans pudeur, mon histoire.

J’invite le lecteur à y pénétrer, à cheminer avec moi et à ressentir tout l’impact que cette maladie du Burn Out a eu sur moi. Toutefois, et il me semble essentiel de le préciser, cela reste « MON HISTOIRE », avec ma personnalité, mes ressources et mon vécu.

Je souhaite qu’aucun mauvais amalgame ne soit fait entre mon histoire personnelle et le travail difficile et formidable que réalisent tous les professionnels des établissements médico-sociaux.

La notion de stress est encore difficilement quantifiable et le Burn Out peut toucher chacun d’entre vous. Ce n’est pas qu’une question de force de caractère ou d’environnement de travail. Il se glisse sournoisement dans votre vie et attend le moment propice pour vous cueillir.

J’espère, par mon témoignage, vous aider à repérer les signes avant coureurs du Burn Out et vous empêcher d’entrer dans son tourbillon infernal.

Christine Thuring »

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Le crâne fracassé ? Non. Mais « La tête en vrac »

Je ne suis pas dans un établissement hospitalier avec le crâne fracassé ! Je ne suis pas non plus en soins intensifs, toutefois, je suis dans un hôpital psychiatrique. Malade !

J’ai la tête en vrac. Une intolérable brûlure fait le vide dans ma tête, se nourrit de mon énergie et m’étouffe.

On me rend visite et je lis sur les visages des regards interrogateurs. Personne ne comprend. J’ai l’impression de devoir sans cesse justifier de ma souffrance. Mais comment l’expliquer ?

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Les plombs ont sauté et je ne maîtrise plus rien. Mon corps ne me répond plus (psychiquement et même quelques fois physiquement). C’est un mal-être indescriptible.

Je me sens abattue et tellement pitoyable de ne pouvoir comprendre et expliquer à quelqu’un que je suis malade, que j’ai la tête en vrac, les neurones explosés. Si j’avais réellement le crâne fracassé, des bandages sur la tête, on ne me poserait pas de questions…

« Récidive de syndrome d’épuisement » avait écrit le médecin sur le certificat d’accident de travail en cette fin de mois d’octobre 2011. Le diagnostic était sans équivoque. Le même qu’en décembre 2008, lors de mon premier Burn Out ! Celui que je n’avais jamais accepté.

J’avais été épuisée, certes, mais pas malade ! Avec un peu de temps et beaucoup de volonté, tout irait à nouveau bien !

Si j’avais admis à l’époque et pendant ces trois longues années, que j’étais « malade d’un Burn Out », que ça arrive à d’autres, que ce n’est pas une maladie de « fainéants », j’aurais peut-être pu engager plus tôt le travail que je fais actuellement.

À partir d’aujourd’hui, et en accord avec mon médecin, on entame une psychothérapie, on réduit les anxiolytiques et on arrête les antidépresseurs pour espérer sortir un jour de cet affreux tunnel.

En attendant, je suis là, dans le réfectoire d’un hôpital psychiatrique. Les infirmières distribuent les médicaments. Elles arrivent à ma table… et je tends la main pour mes cachets…

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Pendant ce séjour à l’hôpital, mon psychiatre m’a dit que si l’écriture me faisait du bien, il fallait que je le fasse. Cela pourrait m’aider à apaiser ce chaos mental, cet esprit fatigué, embrouillé… m’aider à comprendre mon expérience douloureuse, à mettre de l’ordre dans ma tête.

Écrire pour comprendre, espérer guérir et retrouver mon équilibre perdu.

J’ai tant besoin de retrouver la maîtrise de mes émotions, le calme dans ma tête. Je ressens ce besoin incompressible d’écrire.

J’ai un train fou dans ma tête, il ne s’arrête jamais et écrase tout sur son passage.

En général, je n’arrive pas à exprimer spontanément mes états d’âme, parler à un « psy », jamais je n’aurais pris l’initiative de le faire. À l’hôpital pourtant, entourée d’une équipe médicale spécialisée, j’ai commencé à me livrer, à accepter que j’étais « malade » et à m’autoriser à me pencher sur « mon MOI ».

Je suis restée des heures, jour et nuit, à gribouiller dans un cahier tout ce qui encombrait mon esprit. J’écrivais, en vrac, toutes ces pensées qui incessamment me torturaient. C’était une accumulation de phrases, sans lien aucun les unes avec les autres. J’avais un tel capharnaüm dans ma tête que le texte était aussi confus que mon esprit à ce moment-là. Les pensées m’assaillaient et j’essayais de les évacuer aussitôt en les couchant sur le papier.

Ce n’est que bien plus tard, en rentrant chez moi que j’ai essayé de mettre de l’ordre dans cet amoncellement de phrases. J’ai tenté de les classer.

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J’y ai mis une chronologie, des formes (grammaticales) pour en faire un récit qui me permettrait de comprendre ce qui s’était passé, de réaliser l’impact que ça avait eu sur moi, précisément et honnêtement, sans masquer ou chercher à égayer ni à amplifier la vérité de mes ressentis.

De toute façon, je n’avais pas le choix, soit je m’écroulais définitivement soit j’essayais de comprendre pour guérir et ne plus jamais être happée par la vague implacable du Burn Out…

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Je n’ai pas la prétention d’être à l’origine de toutes les phrases de ce récit (voir références en dernière page), mais à mon rythme, selon mes possibilités psychiques et à travers ma sensibilité, j’ai croisé les regards de scientifiques, de médecins et j’y ai ajouté mon vécu.

Un auteur m’a touché en particulier : M. Thomas Knapp. Il a livré son expérience du Burn Out dans son livre « In den Krallen des Raubvogels ». J’ai lu son récit avec beaucoup d’émotion et j’ai pris de plein fouet toutes les phrases qu’il y écrivait. J’avais la sensation que c’était moi qui avais écrit ce livre, je ressentais tellement fort ce qu’il décrivait, ce mal-être du Burn Out…

L ’objectif que j’avais en commençant à écrire (en décembre 2011) était de coucher mon ressenti sur le papier pour apaiser un peu mon esprit agité, de le livrer à mon entourage, familial et professionnel, qui depuis bien longtemps m’a vu souffrir sans réellement saisir l’ampleur de mon mal-être.

Aujourd ’hui, (septembre 2012) ces lignes m’ont aidée à comprendre comment la machine infernale s’est mise en route pour moi. Je souhaite à présent les éditer pour qu’elles puissent, par leur lecture, empêcher d’autres personnes d’entrer dans le tourbillon infernal du Burn Out.

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Vous trouverez sur les pages suivantes quelques définitions de « Burn Out » et de « Stress ».

Leur lecture me paraît importante, mais si vous trouvez cela trop « rébarbatif » et si vous le souhaitez, vous pouvez passer directement au début de « mon expérience » page 21

Qu’est-ce que le « Burn Out » ?

Le Burn Out : traduction littérale : « Brûlure intérieure qui vous consume » « Syndrome d’épuisement professionnel. »

« Le Burn Out est souvent le résultat d’un processus de longue durée qui mène au dysfonctionnement. Insidieux au début, à peine détectable, le syndrome s’installe et entraîne la victime dans une spirale infernale dont on ne se remet que lentement. »

(C. Maslach et Leiter, 1997).

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« Dans la langue anglaise courante, burn out signifie : s’user, s’épuiser, craquer en raison de demandes excessives, d’énergie, de forces ou de ressources. Le terme qualifie par exemple, l’état d’une bougie qui, après avoir éclairé de longues heures n’offre plus qu’une flamme désuète. Les personnes sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe leurs ressources internes en viennent à se consumer sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte. »

Herbert Freudenberger

« Le syndrome du burn out est une maladie grave, à ne pas banaliser et qui entraîne une grande souffrance morale consécutive au travail. C’est un état de fatigue et d’épuisement émotionnel qui représente l’état final d’un processus graduel de désillusion après un état initial de motivation et d’implication élevées. Pour être consumé, il faut d’abord avoir été enflammé ! »

Ayala Pines

« La charge de travail est loin d’être la seule cause du Burn Out : le manque d’autonomie, de reconnaissance, le sentiment d’injustice et le décalage entre ses valeurs personnelles et celles de l’entreprise sont des facteurs tout aussi importants, voire plus. Le Burn Out est ainsi le résultat de situations où des hommes et des femmes sont sur les genoux, non par

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inexpérience, fragilité ou incompétence, mais par suite d’une rupture d’enthousiasme en face des incohérences des systèmes. »

Christina Maslach

« Le Burn Out est le résultat d’une exposition intense et prolongée à des situations émotionnellement exigeantes et d’une confrontation à des conflits intérieurs portant sur les valeurs personnelles de l’individu. »

Suzanne Peters, Dr Patrick Mesters.

Il se manifeste après les expériences de stress répétées, et l’activation du système de stress, le système devient déréglé, et une activation permanente en est le résultat avec agitation, irritabilité, troubles du sommeil, récupération insuffisante et asthénie (fatigue au réveil) ».

Symptômes : fatigue récurrente, stress, déprime, démotivation, sentiment d’incompétence, culpabilité, repli sur soi, migraine, troubles du sommeil sont autant d’expressions de la maladie liée à l’activité professionnelle et d’une souffrance réelle. Quel que soit le mode d’expression du Burn Out, les batteries sont à plat et les moyens physiques ou psychiques nécessaires pour se recharger font cruellement défaut. Ce feu qui couve durant de longs mois, finit par se propager et consumer la personne jusqu’au moment où elle s’écroule, vaincue. »

Suzanne Peters, Dr Patrick Mesters

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Avant le Burn Out, le candidat est une aubaine pour les entreprises. Il brûle d’un feu céleste et se nourrit de son travail. Il est reconnu pour son savoir-faire et son enthousiasme (souvent plus que pour ses compétences). Mais à force de défier les limites, leur corps leur renvoie soudain un coup de patte salvateur. »

Suzanne Peters, Dr Patrick Mesters

« La grenouille qui ignorait qu’elle était cuite : Le Burn out est une maladie insidieuse. Imaginez

une grenouille plongée dans une eau portée progressivement à ébullition. L’histoire raconte que la température montant progressivement, la grenouille meurt ébouillantée, sans avoir perçu le danger. La prise de conscience survient trop tardivement. Exténuée, elle succombe. Il en serait de même avec les hommes et les femmes. Une détérioration lente, à feu doux, des conditions dans lesquelles le contrat de travail s’exerce passent inaperçues et l’individu s’adapte jusqu’à l’épuisement. En l’absence de réaction et de constatation, le système s’emballe dans la lancée, lamine la future victime absorbée par son métier. Le nez dans le guidon, cette dernière n’oppose aucune résistance par suite d’aveuglement, d’épuisement, d’absence de vigilance ou de courage. »

Suzanne Peters, Dr Patrick Mesters

« Selon une étude réalisée en France, le coût direct et indirect du stress peut être évalué entre 830 000 000 euros et 1 656 000 000 euros par an, ce qui équivaut à 10 à 20 % du budget de la branche