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toujours occupé, Jamais débordé ÇA SES NT L'EMBROUILLE Vrai voyou quifait vriller le desfilles oupas - après tout, leparfum sertaussià sefaire passer pour un autre-, onzepropositionspourfaire jaillir un doublede vous-mêmequi sentirait le soufre. PAR LIONEL PAILLÉS PHOTOS SERGE PAULET lui 134 Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 142,143,144,145 SURFACE : 389 % PERIODICITE : Bimestriel DIFFUSION : 130385 1 décembre 2016 - N°33 Page 70

ÇA SESNT L'EMBROUILLE · histoires de princes charmants, mais, à la fin, elles s'enfuient toujours avec la teigne, le sale type aux mauvaises fréquentations, la brute plutôt que

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toujours occupé, Jamais débordé

ÇA SESNTL'EMBROUILLE

Vrai voyou quifait vriller le cœurdesfilles oupas- après tout, leparfum sertaussià sefaire passer

pour un autre-, onzepropositionspourfaire jaillirun doublede vous-mêmequi sentirait le soufre.

PAR LIONEL PAILLÉS • PHOTOS SERGE PAULET

lui 134

Tous droits de reproduction réservés

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TROUBLANT. Nectar au goût de boispuissant et suave. « L'Envol », Cartier,

50 ml 74 €. ENGAGÉ. Un bois animalà peine contrasté de notes florales

blanches et de cassis. «Matière noire»,Vuitton, 100 ml, 200 €. DÉCADENT. Ça

commence cool dans l'odeur de savonet ça vire à l'animalité drue. «Sang bleu»,Le Galion, 100 ml, 140 €. PLAYBOY. Unebombe qui crée le trouble par l'ambiguïté

entre épices froides (cardamome) et notesboisées chaudes. «Wanted», Azzaro,

50 ml, 61,50 €. ODEUR DE TROUBLE.Des notes intenses, terreuses, boisées

et brûlées. «Peau de Pierre», StarckParis, 90 ml, 125 €. TRIVIAL. Un boisé

aromatique au cœur rose-géranium,à porter avec un regard bleu désabusé.

«L'Homme ultime», YSL, 60 ml, 74 €.

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TONNERRECRACK DU ROCK. Un cœur viril vanille-

encens remixé au sillage du bois desantal. «This is Him», Zadig et Voltaire,50 ml, 41,50 €. INNOCENCE LOUCHE.

Abrupt et distant, c'est ce qu'exprime soncœur lavande-iris qui finit dans le dark

avec un fond tabac-caviar. «Bad», Diesel,50 ml, 58 €. VÉNÉNEUX. Des bois

précieux horripilés d'une rasade de poivrenoir. «Black Pepper», Comme des garçons,

50 ml, 80 €. STUPÉFIANT. Des odeursde sang et de poudre à canon mixées

à l'eau de mer et au brandy. «1805Tonnerre», BeauFort London, 50 ml,

130 €. REBELLE. Un shot de Stolichnayarefroidi aux épices glacées, cardamome et

coriandre en tête. «Vodka on The Rocks»,By Kilian, ressource de 50 ml, 135 €.

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On va dire que ça fait cliché, mais c'estpourtant vrai : les filles se délectent deshistoires de princes charmants, mais, à lafin, elles s'enfuient toujours avec la teigne,le sale type aux mauvaises fréquentations,la brute plutôt que le bon, le bad boyplutôt que le boy scout, Balotelli plutôtque Griezman. On n'a pas de bol, les gars !Ce qui les fait triper, ce n'est décidémentpas le nice guy lisse et poli, avec ce sourireangélique pendu aux lèvres, à qui il manqueune bonne dose de street credibility, quandbien même il a renoncé depuis longtempsà porter son pull en cashmere surles épaules. La petite frappe aux sourcilsfroncés et au coup de sang facile, façonPete Doherty ou Jeremy Meeks (ex-taularddevenu mannequin), l'enfant terriblesolitaire et insoumis est bel et bien celuiqui emporte la mise sur le marché del'amour. D'ailleurs, SeanCombs, rappeur nabab qui s'y entend plutôten renégats, a bien résumé le fondde l'affaire d'une sentence bien sentie :«Ain't nothing brighter than that bad boy »(Il n'y a rien de plus éblouissant que ce voyou).

Ingrédients âpres et rugueuxReconnaissons quand même qu'on n'estpas forcément tous taillés pour le rôle dubad boy. Question de lignée ou de carrure.La question est : comment changerson sillage pour celui d'un mauvais garçon,à la fois âme damnée et dandy de ladérision, sans avoir à déclencher desbagarres de rue ? Olfactivement parlant,on pourrait croire que ça passenécessairement par des matières premièresbourrées d'intranquillité, des ingrédientsâpres, rugueux, cracra : le cuir bien sombre,la mousse de chêne, le musc animalisé,les odeurs de cendrier froid et on vouspasse les relents de goudron chaudet de pneus brûlés pour l'effet «vieuxperfecto élimé». La tendance est telleque plusieurs marques alternatives surfentdésormais sur cette figure masculineaux contours interlopes. Anguleux,énigmatiques et un brin allumés, comme

Joaquim Phoenix, les parfums de la marqueBeauFort London (créée par Léo Crabtree,batteur du groupe Prodigy) électrisentl'air de leur présence virile et vénéneuse,avec une bonne touche d'excentricité,et nous épargnent du même coup la curede désintoxication et l'assignationà résidence. Idem pour Renagades, projetalternatif à trois têtes (Mark Buxton,Bertrand Duchafour et Geza Schoen)présenté au dernier salon de Milan, quine craint pas de mettre le feu aux poudresavec ses accords déjantés qui aboient plusqu'ils ne caressent dans le sens du poil.

La recette du mauvais garçonA sonder les parfumeurs, il ressort que,pour exprimer dans le sent-bon de garçonle tempérament chaotique du bad boy,il faut rechercher une vraie tension entreles matières premières, jouer sur les contrastestrès marqués des ingrédients.Coïncidence ou pas, les nez fémininstravaillent particulièrement biences brûlots canailles. «J'utilise des épicescomme le poivre noir ou la baie rose,qui claquent en tête et décalent l'effet tropennuyeux, à mon goût, des agrumes. En fond,je joue sur les notes chaudes ambrées, voirefumées-cuirées, qui apportent de l'épaisseuret aussi ce petit côté sexy dark: l'essencede bouleau, l'absolu tonka, l'accord cuirou un absolu vanille légèrement animalisé »,explique Anne-Louise Gautier, parfumeusechez Drom. A chacun(e) sa formule,à chacun(e) sa recette pour changerun ange en démon. Selon le nez du studioFlair, Amélie Bourgeois, il ne faut paschercher bien loin les armes olfactivesdu bad boy : «Ily a les ingrédients de l'accord

fougère (lavande, géranium, vétiver et fèvetonka) et puis la collection des bois ambrés(ambroxan, cedramber et surtout le karanal,ce bois qui pique et son petit effet transpirationdécoiffant).» Bonne nouvelle: cette saison,on n'a que l'embarras du choix pour allerpiocher un jus qui nous fera passer pourun weirdo plutôt qu'un bellâtre, un vaurienmagnifique tellement plus séduisant.

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