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Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 35
A- Structure et richesses des paysages naturels
1° Le réseau hydrographique
Un chevelu ramifié de cours d’eau joue un rôle structurant majeur dans les paysages du territoire.
La Moselle en constitue l’axe principal. D’abord simple ruisseau à sa source au pied du Col de
Bussang, elle devient rapidement une rivière aux eaux abondantes en aval du bourg, alimentée par
de multiples affluents. Son tracé opère un virage à 90° lorsqu’il se heurte à l’imposant massif
granitique des Ballons et sa couronne de Granite des Crêtes. La rivière contourne alors le Tertre à
Saint-Maurice, lui conférant ainsi une position de « pivot » dans l’axe de plusieurs vallées, cerné
par la Moselle sur les ¾ de son périmètre et par des ruisseaux sur le reste.
La Moselle développe des méandres de plus en plus amples vers l’aval, passant d’un versant de la
vallée à l’autre. Une boucle importante est observable au sud du Tertre ; elle a été propice à
l’implantation d’une usine et de sa dérivation pour un moulin hydraulique.
Au niveau de Hardoye, elle longe le coteau abrupt en rive droite. Il semblerait que l’ancienne voie
romaine, en rive droite de la Moselle, soit passé par le col du Lait, plus en amont dans la
montagne, pour éviter ce passage difficile, qui n’a été aménagé qu’à partir du 18ème siècle.
Le réseau hydrographique donne lieu à de multiples richesses paysagères :
- l’eau calme ou bondissante, en large rivière ou en simple filet, qui est toujours un attrait majeur
dans le paysage, généralement uniquement visible à partir des ponts ;
- les affleurements de roches moutonnées dans le lit mineur, les atterrissements de galets ou de
sable fin, les berges douces ou encaissées et enrochées ;
- les forêts rivulaires (ripisylves) et leur végétation spécifique de milieux humides, fin cordon
forestier qui souligne le tracé du cours d’eau et en révèle la présence ;
- les lits majeurs tapissés d’alluvions fines, inondables, traditionnellement utilisés en prés de
fauche ce qui met en valeur la forêt rivulaire ;
- les sources aménagées de façon monumentale comme la source de la Moselle, ou dans un style
rural (ex : réception de l’eau dans un tronc évidé) ;
- les cascades, petites ou grandes (ex : cascade de l’Ours près de la Tête de la Bouloie à Bussang) ;
- les étangs naturels sur les anciennes tourbières de cirques glaciaires (ex : étang Jean, étang du
Drumont ou du Chaillon), et les nombreux étangs de pêches à l’aspect plus ou moins artificialisé.
Problématique de gestionL’abandon et le manque d’entretien de certaines berges, ou leur boisement, ferment la vue vers
l’eau ou vers les ripisylves qui en marquait la présence et structurait le paysage. Lorsque les
berges sont exemptes de boisement, la renouée du Japon, difficile à éradiquer, s’y répand.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 36
Réseau hydrographique,
sources mentionnées sur la carte de 1905,
étangs et mardelles, naturels ou artificiels
Moselle
Affluents de la Moselle
Etangs
Source de la Moselle Autres sources
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
2° Les ouvrages hérités de divers usages de l’eau, et notamment les
ouvrages hydrauliques utilisant la force motrice de l’eau
Les paysages naturels des cours d’eau ont été remaniés de longue date pour divers usages : la
circulation avec les lieux de franchissement, l’irrigation des prés par un maillage de rigoles, les
lavoirs, les aménagements pour favoriser le développement des populations piscicoles, et
surtout l’utilisation de la force motrice de l’eau pour les besoins pré-industriels puis industriels.
Cette dernière marque de façon importante les paysages liés à l’eau.
Ainsi, divers aménagements renforcent les attraits des paysages naturels des
rivières :
- les ponts à partir desquels les paysages aquatiques des cours d’eau se découvrent ;
- les ponceaux de pierre très pittoresques le long des chemins agraires et forestiers ;
- les multiples ouvrages hydrauliques aménagés pour les anciennes usines utilisant la force
motrice de l’eau, avec prises d’eau, retenues d’eau, canaux de dérivation, chutes,
empierrements, passerelles, petits barrages, …
Ces ouvrages ont laissé des traces intéressantes dans le paysage, alors même que les anciens
moulins, ou tout simplement d’anciennes roues hydrauliques, par exemple pour le traitement du
minerai, peuvent avoir disparu. Actuellement, seules de rares canaux et chutes sont utilisées
pour une petite production hydroélectrique. La plupart des ouvrages est à l’abandon.
Certains étangs sont hérités de ces aménagements et réutilisés pour les loisirs de pêche.
D’autres ont été créés pour les loisirs de pêche uniquement. Ils donnent lieu à de plaisants
paysages de loisirs (enchaînement de bassins ombragés, secteurs renaturés avec nénuphars,
sentiers limitrophes pour la pêche et la promenades, animations,…).
Problématique de gestion paysagère
L’abandon de certains ouvrages hydrauliques et de divers aménagements, conduisent à leur
délabrement et parfois à l’envahissement par les broussailles. Les paysages plaisants auxquels
ils donnaient lieu disparaissent. Les retenues d’eau s’ensablent et ne remplissent plus leur
fonction secondaire de retenue des eaux d’orages. Les petits barrages se dégradent.
Bon nombre de prés ne sont plus ni drainés, ni irrigués, avec l’avantage de l’extension d’une
zone humide, et l’inconvénient de la perte de prés utilisables pour l’agriculture de montagne.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 37
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Ouvrages hydrauliques
Canaux encore existants
Industrie de 1905 où les traces d ’anciens ouvrages
hydrauliques sont généralement encore visibles
(retenue d’eau, vannes, petits canaux, chutes, roue
ou lieu de fixation de la roue, …)
Moselle
Chevelu des affluents de la Moselle
3° Les sources minérales de Bussang
Un patrimoine naturel autrefois renommé
Les eaux minérales de Bussang ont été collectées dans 4 sources au pied du Mont Charat : la grande et
la petite Salmade, les Demoiselles et la source Marie.
Elles produisaient une eau dite reconstituante, préconisée pour soigner l’anémie. Fraipont, dans sa
description des Vosges au 19ème siècle, précise qu’elle sont « froides, ferrugineuses, bicarbonatées,
manganésifères, arsenicales et gazeuses ». Dom Calmet, quant à lui dit de Bussang « célèbre par ses
eaux aigrelettes, que les habitants du lieu appellent Salmade, et où poisson n’y peut vivre… mais
excellentes à boire et aux propriétés curatives très remarquables ». Au 18ème siècle selon le
minéralogiste voyageur Monnet, les eaux de Bussang sont dites « gazeuses, chargées de matière saline
et terreuse, aptes à purger, peu abondantes et moyennement renommées, prescrites pour la
médecine ».
Le fait est que tout le monde en parle. Au 17ème siècle, elles étaient appréciées des Ducs de Lorraine.
Au 18ème et 19ème siècles, l’activité thermale s’est développée dans deux bâtiments au sein d’un vaste
parc. Un remarquable pavillon, la buvette Salmade, avait été bâti au début du 20ème siècle dans le style
art déco.
La majeure partie de l’ancienne station thermale est aujourd’hui abandonnée
L’agrément de station thermale a été retiré en 1958, en raison d’un trop faible débit d’eau et d’une
pollution bactérienne de 3 sources sur les 4. La source Marie est la seule qui subsiste aujourd’hui. En
propriété communale, elle est ouverte au public. Ses abords ont fait l’objet d’aménagements plaisants,
très fréquentés par les touristes. En 1971, une limonaderie a remplacé l’ancienne usine
d’embouteillage, mais elle périclita en 1980. Les propriétaires privés de l’ancien hôtel thermal ont
malheureusement démolit ce patrimoine identitaire pour Bussang, tandis qu’actuellement, la buvette
art déco de la source Salmade est bien délabré (mais sont identité architecturale reste toutefois encore
bien identifiable).
En 1997, des investisseurs privés ont racheté une partie du site. Un nouveau projet d’embouteillage
d’eau de source est à l’étude, à partir d’un nouveau captage sur le Mont Charat.
Problématique de gestion paysagère
L’ancienne activité thermale est importante pour l’image de marque de Bussang. La mise en valeur de
tous les éléments paysagers rappelant cette ancienne activité comporte des enjeux importants.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 38
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
L’ancien domaine des sources
à Bussang,
dans son environnement de sources
mentionnées sur la carte de 1905
Ancien domaine des sources
Source de la Moselle
Sources mentionnées sur la carte de
1905, essentiellement autour du vallon
de la Hutte
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 39
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Illustration d’une
problématique de gestion
des bords de rivières
Moselle
Affluents
Berges de rivières occupées par une
ripisylve nette, bien entretenue, qui
structure les paysages et contribue à sa
beauté
Berges de rivières occupées par des
boisements et des broussailles, rendant la
perception du tracé peu lisible et les
paysages environnants confus
Berges de rivière occupées par la
Renouée du Japon, plante invasive
exclusive dont l’éradication est difficile
Rivère en milieu forestier
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 40
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Zoom sur BussangTracé des rivières et paysages de leurs berges.
Sources mentionnées sur la carte de 1905, étangs et
mardelles, naturels ou artificiels, en 2013.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 41
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Zoom sur St-Maurice Tracé des rivières et paysages de leurs berges.
Sources mentionnées sur la carte de 1905, étangs et
mardelles, naturels ou artificiels, en 2013.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 42
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Zoom sur FresseTracé des rivières et paysages de leurs berges.
Sources mentionnées sur la carte de 1905, étangs et
mardelles, naturels ou artificiels, en 2013.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 43
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Les cascades et les chutes
diversifient les paysages de rivières.
Le milieu aquatique est visible depuis les ponts
avec leurs bancs de sables, atterrissements de
sable ou de galets, berges douces ou enrochées,
végétation aquatique et rivulaire, …
Exemples de richesses
paysagères liées aux rivières
Les cascades
petites ou
grandes
Rivières et ponts
Bussang entre Voie Verte et RN66
Bussang
St-Maurice Goutte des Forges
Les milieux
aquatiques de rivières
Fresse : Pont Jean
Les rivières ne
sont que
rarement
visibles depuis
les routes et la
Voie Verte.
La qualité des
ponts contribue
à l’attrait des
paysages
aquatiques.
La ripsylve qui révèle
le tracé de la rivière
Bussang, vallée de la Hutte, Corodie
Bussang, Pont Séchenat
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 44
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
De grands étangs ont été aménagés pour les loisirs.
L’étang dans l’ancien marais du vallon de Presle
avait été rehaussé par une petite digue pour la
fourniture d’énergie hydraulique.
Exemples de richesses paysagères liées à l’eau,
lorsqu’elle est visible : étangs et sources Les étangs +ou -
artificialisés
Saint-Maurice Presle
Bussang
St-Maurice Presle
Fresse
FresseBussang
8 sources importantes sont mentionnées anciennement sur
les hauteurs de la source de la Moselle autour du vallon de la
Hutte. Une valorisation plus importante pourrait être
envisagée sur cette thématique.
Les sources
renommées … … ou modestes
Source Marie
à Bussang
Etang de pêche
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 45
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Bussang le long de la voie verte et de la RN66
La vue vers
l’eau :
un atout à
utiliser pour
valoriser les
paysages le long
des voies
routières,
pédestres ou de
la Voie Verte
Etang / Voie Verte :
une covisibilité à
renforcer ?
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 46
St-Maurice : le vallon de Presles, un paysage
glaciaire, agraire et hydraulique typique,
mais quelque peu à l’abandon.
Retenue d’eau
et bas-marais, cours
d’eau caillouteux,
vannes et déversoir,
canal empierré, …
Le petit patrimoine pittoresque, qu’il soit naturel
ou aménagé, pourrait être davantage mis en valeur.
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 47
Exemple de richesses de perspectives
Fresse
La vue vers l’eau :
un atout à utiliser pour valoriser les paysages urbains
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Le canal et l’étang,
à flanc de coteau
face au cœur de village de Fresse
et à son hôtel,
contribuent à la valorisation
du paysage urbain.
La Moselle bien
dégagée
contribue à la
valorisation du
paysage
industriel. Mais
l’envahissement
par la renouée du
Japon pose
problème.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 48
La covisibilité entre plusieurs richesses paysagères
renforce l’intérêt d’un paysage
Fresse depuis Hangy
Par exemple, la covisibilité entre la ferme typique du Hangy
sur des pâturages encore ouverts, et les étangs en contrebas,
le tout situé en entrée d’un vallon pittoresque (le vallon de Presle).
A- Structure et richesses des paysages naturels
- III - Les paysages associés à l’eau
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 49
A- Structure et richesses des paysages naturels
1° Les biotopes remarquables se situent principalement
sur les parties sommitalesIls concernent plusieurs zones Natura 2000 avec des Zones Spéciales
de Conservation des oiseaux et des Zones de Protection Spéciales des
habitats, pour lesquelles un document d’objectifs de gestion a été
établi (le Docup). La Réserve Naturelle des Ballons comtois s’étend
au-delà de la Haute Saône, sur les hauteurs au sud du vallon de
Presle. Les Espaces Naturels Sensibles du Département concernent
bon nombre de zones Natura 2000, et les étendent quelque peu à des
fonds de vallon, notamment au remarquable vallon glaciaire de
Presle, ainsi qu’à la vallée de la Moselle. Des ZNIEFF s’étendent
jusqu’aux bas de versants au sud-ouest du territoire d’étude.
2° Les paysages de montagne comportent, dans leur
globalité, une biodiversité qui participe à leur identitéLes pics rocheux et les falaises, les milieux aquatiques et humides, les
espaces forestiers et les broussailles, mais aussi les pâturages et les
zones urbanisées, comportent à des degrés divers une richesse
biologique spécifique : hêtraie d’altitude, pelouses à bruyère et à
sorbier, faune et flore spécifiques aux vieux vergers, circulation
abondante de la faune dans les milieux urbanisés et les jardins, etc.
3° Problématique de gestion paysagèreLes actions du Plan de Paysage porteront surtout sur les lieux de vie
en fonds de vallées, moins concernés par les grandes protections
environnementales. Les enjeux paysagers et environnementaux se
conjuguent généralement harmonieusement. Toutefois, il peut arriver,
en cas d’ouverture d’un point de vue ou de création d’un itinéraire de
découverte, par exemple, que des compromis soient à trouver.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 50
Les parties sommitales ont fait l’objet de multiples inventaires
et protections environnementales
A- Structure et richesses des paysages naturels
- IV – Les biotopes remarquables
Zone Spéciale de Conservation
Zone de Protection Spéciale
Habitat Tétras
Réserve Naturelle
Espace Naturel Sensible le long de
la Moselle
Espace Naturel
Sensible des Vosges
ZNIEFF 1 (Zone
Naturelle d’Intérêt
Ecologique,
Faunistique et
Floristique)
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B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
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B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 54
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
1°Aux temps préhistoriques : des observations très partielles
Sources : Carte Archéologique de la Gaule. Bulletin de la Hte Moselle n° 30 M. Decombis et groupe archéologique du Collège du Thillot.
Les ramassages de surface ponctuels dans la haute vallée de la Moselle et diverses observations de
terrain mettent en évidence une présence plus forte que prévue des derniers cueilleurs-chasseurs
au Mézolithique (-12000 à -5500), avec des sites par exemple à Maxonchamp et à Lepange. Les
prospections à Ramonchamp et au Thillot ont montré, de plus, une occupation néolithique, de l’âge
du Bronze et gallo-romaine. Les secteurs amonts n’ont guère été prospectés faute de labours qui
permettent de collecter des artefacts en surface. Une lame néolithique a toutefois été trouvée dans la
vallée des Charbonniers.
L’aire d’étude est située entre deux grands sites d’extraction de roches pour la fabrication de
haches polies au néolithique, dans les pélites-quartz et les aphanites. Elles étaient exploitées de
façon très organisée de - 4600 à - 3700 à Plancher-les-Mines en Haute-Saône sous forme d’un front
de taille (classé monument historique) ; et d’environ -5000 à -2900 à Saint-Amarin en Alsace, selon
les observations de M. Pétrequin, archéologue de l’université de Besançon. On peut se demander si
des circulations, par les sommets vosgiens, existaient entre ces deux sites, et si d’autres minières
existaient dans le secteur d’étude, vues des similitudes ponctuelles de substrat rocheux (roches
cornéennes dure résultant du contact entre les roches métamorphiques des grauwakes et les
intrusions granitiques, pélites-quartz, aphanites, roche magmatique microgrenue et parfois verrières
dont quelques gîtes existent aux environs du Couard et du Tertre).
Les analyses de sol des hautes chaumes nous révèlent par ailleurs qu’elles pouvaient être occupées
très précocement dès l’âge du Bronze. Il est possible d’envisager que l’estive était pratiquée dès cette
époque (entre – 1800 et – 700) comme cela est avéré dans les Hautes Alpes. Mais en l’état actuel des
connaissances, rien ne permet de considérer une occupation aussi ancienne sur les hautes chaumes du
secteur d’étude.
Le nom même de Moselle révèle également une occupation ancienne de la vallée. Il dérive du mot
Mosa en latin, le même nom que celui qui désignait la Meuse. Les Romains ont repris le nom
celtique, lui-même résultant, selon certains chercheurs, d’une dénomination pré-celtique. Moselle
signifierait ainsi « petite Meuse ». Certains toponymes y font référence, tel que Meuselotte ou
Meusefoux (de fons, la source).
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 55
2° Les traces gallo-romaines confèrent de la profondeur historique aux
paysages
La voie romaine reliant Trêves (une des capitales de l’empire romain au 3ème siècle), Metz et
Bâle (chefs lieux de cités), par le col de Bussang, appelée Via Strata ou Augusta Rauracorum,
passerait par les lieux-dits suivants :
- par l’Estraye (ancien nom du col de Bussang), Taye, Champs Colnot, à Bussang ;
- par le col du Lait à Saint-Maurice (où un pavement ancien a été remplacé en 1634) ;
- par la Hardoye (qui pourrait dériver de « ardua via », c’est-à-dire la « voie pentue » ; en effet,
la « Roche du Larron » surplombant directement la Moselle à cet endroit, a nécessité un
passage en altitude avant sa destruction pour le tracé de la route actuelle au 18ème siècle) ;
- par l’ancien village de Fresse (en amont de l’actuelle cité du Plain), où un ancien nom de rue
évoque son passage.
Une carte de 1707 mentionne un tracé qui pourrait s’en rapprocher, sous le vocable Voie
Militaire. Le rôle également militaire de l’ancienne voie romaine semblerait confirmé par
l’écartement d’1,10 m des ornières de la voie à Urbès et à St-Amarin dans le Haut-Rhin, qui
appartiennent à la même voie, écartement typique des voies militaires de montagne à la fin de
l’Empire romain. Le terme Strata Via apparaît sur la carte de 1707, au lieu-dit actuel Estray à
Ramonchamp, ce qui pourrait confirmer la correspondance entre ces deux termes. Sur cette
carte, son tracé résolument situé en rive droite de la Moselle dans le secteur d’étude passe par
les hauteurs dominant la vallée, mais son tracé ne peut pour l’instant être précisé avec certitude.
Lors de la réfection de la Croix de la Voye à Fresse, un ossarium de la fin du 2ème début
du 3ème siècle a été découvert au lieu-dit Louvière (bloc de grès carré avec orifice pour les
cendres du défunt). L’étymologie de Louvière semble se rapporter à une origine gallo-romaine,
comme l’a démontré M. Franville de Verdun dans un article publié sur le site internet de la
Société d’Etude Diverses de Louviers et de sa Région. Il signifierait Locus Ver, c’est-à-dire
« alluvionnement entouré d’eau ».
L’origine gallo-romaine d’une autre voie semble être attestée par une découverte archéologique.
Il s’agit de la voie pavée du Col du Page, qui prolonge le chemin des Vaudés (en lien avec le
lieu dit Champ Vaudez à Fresse ?), qui est datable grâce à un dé à coudre romain trouvé sur les
lieux. (cf. Bulletin de la Haute Moselle n° 30)
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 56
3° D’autres paysages portent de façon particulière l’histoire locale
Certains espaces donnent lieu à des hypothèses d’occupation historiques spécifiques, plus ou
moins étayées de preuves. Il s’agit soit de voies, soit de sommets au positionnement
stratégique. Une attention particulière doit être portée à ces paysages, de façon à recueillir
d’éventuels éléments d’information ou de façon à les intégrer dans des projets de
valorisation. Car même les paysages légendaires méritent d’être valorisés.
Diverses voies anciennes parsèment le secteur. La date de leur création est souvent difficile à
déterminer : le « chemin gaulois » pavé sur 750m sous Morteville en direction du Col des
Charbonniers ; la voie pavée sur 750 m entre la ferme du Cadet et le Col du Stalon ; la voie du
Gresson par le Col des Charbonniers et la chapelle Botiotte, pavée du côté Alsacien certainement au
16ème siècle. Certaines voies, constituées de pavés sur poutrages en bois, pourraient être fort
anciennes.
La Tête du Seux en surplomb de l’église de Fresse
Le lieu-dit intrigue : fait-il référence à Uxello = hauteur en celte ? Sa morphologie a-t-elle donné lieu à
l’implantation d’un petit oppidum, habitat fortifié de hauteur sur une butte aux flancs raides, séparée
du reste de la montagne par une dépression qui aurait pu être accentuée en un fossé défensif, comblé
ultérieurement ? Le fait est qu’il domine la confluence de la Moselle et du ruisseau de la Colline par
un dénivelé d’une quarantaine de mètres.
Dans les proches environs, deux autres toponymes similaires sur une sitologie identique, sont à noter :
le Haut de Seu sur les hauteurs ouest du Thillot, à la jonction de la vallée de la Moselle et de la vallée
du Ménil, formant également un éperon détaché de la montagne par une petit dépression ; la Tête du
Seu dans la vallée du Ménil, à la confluence du ruisseau du Ménil et du ruisseau des
Granges/Kinsmuss, formant une butte au milieu de la vallée, bordée en amont et en aval de toponymes
en référence à une voie ancienne (ex : Charrière, Pont Charreau, …).
La Tête du Tertre au coude de la Moselle
Contournée par la Moselle, cette hauteur est entourée sur les ¾ de son périmètre par le cours d’eau, et
séparée du reste de la montagne par un petit col, dans lequel une ancienne voie pavée est mentionnée
dès 1634, au moment de son remplacement. Il comporte une levée de terre de 78m / 27 m, autrefois
sur 34.5m avant l’élargissement de la route, donnant lieu à l’hypothèse d’un ancien « camp romain ».
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 57
Le Col de Bussang est mentionné pour la première fois en 1246 sous le nom d’Estée. Il disposait
d’un péage mentionné en 1276 sous le nom Pertuis d’Estaye. Le « Château d’Estaye » est mentionné
et dessiné sur la carte des Hautes Chaumes que Thierry Alix a réalisé pour le « Dénombrement des
Duchés de Lorraine » en 1594. Il semble apparaître en amont des sources de la Moselle. Le n° 30 du
Bulletin de la Haute Moselle mentionne qu’en 1610 apparaît la mention de la réutilisation des pierres
du château pour la construction des bâtiments des Sources Minérales par le Duc de Lorraine. En
1779, les ruines du château, donc encore existantes, sont appelées Mosello, ou Mossello en l’An IX.
La carte de 1707 mentionne « Trou de Taille Pertusa Rupes » , celle de Naudin « Château de Taillé
ruine », celle de Cassini « ruine de Mosellot » nettement situé au sud des sources de la Moselle).
L’hypothèse a été émise d’un site défensif en ce lieu, qui reste pour l’instant difficile à localiser
précisément.
- Sur la butte de 812 mètres au déboucher du vallon de Petit Gazon, Charles Kraemer émet
l’hypothèse d’une tour de bois entre les 10ème et 12ème siècles, dans le cadre de ses recherches sur les
ban et château de l’église de Remiremont.
- Une ferme dénommée « Laula » est située dans la Colline de Fresse, près du petit col de la
Croix de Fresse, qui fait face au col de Bussang. Ce terme est peut-être en lien avec « aula », la
cour de ferme en latin. On peut noter l’alignement du Col des Vès, du Col de la Croix de Fresse et
du sommet de la Tête des Allemands qui domine le col de Bussang.
-La ligne de crête ayant servi de frontière entre l’Alsace et la Lorraine durant des
siècles constitue un autre paysage riche en significations historiques. Ainsi, les bornes frontières du
duché de Lorraine, de l’abbaye de Remiremont, de l’abbaye de Murbach, et des bornes énigmatiques
(points géodésiques des relevés de la carte d’Etat Major ?) jalonnent l’ancienne frontière des
sommets vosgiens.
Problématique de gestion paysagèreLes paysages concernés par les occupations mésolithiques, néolithiques,
protohistoriques, antiques et du Moyen Âge, sont encore trop méconnus. Une vigilance
lors des travaux d’aménagements serait souhaitable, car leurs enjeux culturels sont
importants. Ils offrent des opportunités de valorisation pour les loisirs de découverte et
le tourisme.
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 58
Carte de 1707
La carte de 1707 donne un aperçu d’une
voie militaire en rive droite de la Moselle
(pour la partie située dans l’aire d’étude),
qui pourrait correspondre au moins
partiellement au tracé de l’ancienne voie
romaine.
La présence d’une ancienne voie romaine
confère aux paysages concernés une
notoriété dont les projets de valorisation
pourraient tirer parti.
La voie apparaît résolument en rive droite de la
Moselle de sa source jusqu’au Thillot, s’éloignant
du bourg de Saint-Maurice par les hauteurs (par
l’ancienne voie pavée du Col du Lait ?).
Près du Col de Bussang, le tracé mentionné sur la
carte reste incertain, puisqu’il diffère de la source
de la Moselle et du château de Trou de Taillé
limitrophe. La voie passait-elle par le vallon de la
Hutte, ou bien la source de la Moselle était-elle
située dans le vallon de Séchenat ?
De multiples lieux-dits font référence à l’ancienne
voie romaine, dont Etrée (Estraye), Strata Via à
Ramonchamp.
L’analyse paysagère au travers des cartes anciennes
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 59
L’ancien château
d’Estraye (ancien nom du
Col de Bussang) apparaît
sur la carte de 1594
1246 : première mention du col de Bussang,
sous le nom de Pertuis Estée, probablement
issu d’Estraye et de Via Strata, nom donné à la
voie romaine.
Fayling est l’ancien nom donné à la haute
chaume du Drumont
1276 : Mention du péage d’Estraye
1594 : apparition du château d’Estraye sur la
carte de Thierry Alix
1610 : mention des ruines du château utilisées
pour la construction des sources minérales par
le Duc de Lorraine
Cartes de Cassini fin 18ème siècle : mention du
château en ruine, montrant ainsi que toutes les
pierres du château n’avaient pas été utilisées.
Carte de Thierry Alix de 1594
Sur le site des anciennes sources
minérales
L’aspect d’un mur de soutènement
construit en pierre sèche à partir de boules
de granite fractionnées et stabilisées avec
des éclats, pose question: s’agirait-il d’un
élément de construction réalisé avec les
pierres de l’ancien château au 18ème siècle
?
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
Des possibilités
d’anciennes places
fortes
1. Un habitat de hauteur gaulois au Seu
de Fresse, de type oppidum ?
2. La plate-forme énigmatique sur la Tête
du Tertre de 78 / 34.5m : un « camp
romain » ?
3. Une ancienne tour de bois entre les
10ème et 12ème siècle, sur le verrou
glaciaire du vallon du Petit Gazon (cf.
étude de M. Kraemer sur les bans et
châteaux de l’église de Remiremont)
4. Un château de pierre à proximité du
Col de Bussang, dont le péage est
mentionné en 1276 sous le nom
Pertuis d’Estaye et dont le château
apparaît sur la carte des Hautes
Chaumes que Thierry Alix a réalisé
pour le « Dénombrement des Duchés
de Lorraine » en 1594.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 60
Un possible tracé de la voie romaine sur le Chemin de
Maxeraumont (Haute Hardoye), visible depuis le Seu.Seu de Fresse
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
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La Tête du Tertre sur la limite entre St-Maurice et Fresse était dénudée
autrefois. Aujourd’hui, elle est recouverte de forêt.
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-I- Avant le 17ème siècle : quelques éléments d’information
La Tête du Tertre forme un
promontoire de vision majeur
au coude de la Moselle et face à
la vallée des Charbonniers qui
conduit aux hautes vallées du
Territoire de Belfort, et
notamment vers Plancher-les-
Mines, où s’était développée
une intense activité minière.
Ces vues ne sont plus possibles
aujourd’hui, avec le
développement des friches et
boisements.
C’est sur ce promontoire
qu’avait été implantée la borne
de visée pour le tracé du tunnel
projeté entre Urbès et St-
Maurice au début du 20ème s. Sur le Tertre est visible la plateforme rectangulaire de 78m / 34.5m, encore entière à cette époque.
Jusqu’au 19ème siècle
Actuellement
Plate forme empierrée
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B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
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1° Les paysages au début du 18ème siècle : la carte de Naudin
1728 à 1739 (Cf. carte du Comité d’Histoire Régionale de Lorraine)
La carte des Naudin du début du 18ème siècle montre des vallées largement mises en valeur par
l’activité agricole, avec des prés de fauche le long de tous les cours d’eau, de vastes terres labourées
sur les versants et des forêts sommitales relativement réduites. Seules deux hautes chaumes y sont
dessinées : le Ballon de Servance dit « Ballon Bourguignon » ; et le Drumont dit « Vacherie ». Le
Gustiberg, côté alsacien, est appelé Trimont (en référence aux 3 crêtes du sommet ?).
Les chaumes du Ballon d’Alsace dit « Ballon Lorrain », du Gazon Rouge et des Neuf Bois,
englobées dans le vocable « Hauteur des sources de la Petite Moselle », existent mais
n’apparaissent pas sur la carte (cf. carte des hautes chaumes ducales).
La haute chaume du Drumont, dite Fayling, est mentionnée dans la cession des droits
d’exploitation de l’abbaye de Remiremont au Duc de Lorraine en 1560. La haute chaume du
Neuf Bois, dite Neuveldin, est mentionnée dans son amodiation par le Duc Charles III à la
communauté de Gérardmer en 1580 (80 bovins). La chaume de Rouge Gazon faisait
probablement partie des Neuf Bois. Sa mention spécifique apparaît en 1716 à propos de la
construction d’un bâtiment. En 1787, les hautes chaumes font partie des domaines royaux. Les
fermes de la Jumenterie, du Rouge Gazon et du Ballon de Servance sont reconstruites, avec
murs enduits à la chaux et bardeaux de bois sur les toitures et sur certaines façades afin de
résister aux intempéries. Ces bâtiments n’existent plus aujourd’hui. La marcairerie du Neuf
Bois est la seule marcairie du 18ème siècle encore existant, bien que délabré, d’où son grand intérêt.
Même si les bourgs de Bussang, St-Maurice et Fresse ont périclité après l’essor minier, comme
l’indiquent les commentaires de voyage du minéralogiste Monnet, la carte des Naudin montre
toutefois que leur emprise s’est maintenue (entourée de haies). S’y ajoutent de multiples fermes
dispersées sur les versants, ouvertes sur leur environnement. Un seul moulin est mentionné, celui de
Fresse. Un seul étang y apparaît : celui de Presle à Saint-Maurice.
A noter que la Moselle était appelée Petite Moselle (la Moselotte étant nommée Grande Moselle ! ).
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-II- Les paysages au 18ème siècle
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Le paysage entre 1729 et 1739 au travers de la carte de Naudin
1. Des paysages très
ouverts par l’activité
agricole
Les parties les plus
hautes, à l’Est, sont
boisées, hormis les hautes
chaumes (Drumont, Ballon
« Bourguignon » ; mais
Neuf Bois, Gazon Rouge
et Ballon d’Alsace
n’apparaissent pas
exploités : oublie du
cartographe ou abandon
momentané ?)
2. Un important taux de
fermes dispersées, et
des bourgs entourés
d’une couronne verte
3. Les sources sont un
trait d’identité marquant
des limites Est, nommées
« Hauteurs des sources de
la Petite Moselle .
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-II- Les paysages au 18ème siècle
La dénomination « Basse de Fresse » et « Basse des Charbonnier » précède l’appellation « Colline de Fresse » et « Colline des
Charbonniers » pour ces vallées, comme si une vision à partir des hauteurs avait été privilégiée dans un premier temps, avant la
vision à partir du fond de la vallée. Cette évolution étymologique mériterait d’être analysée pour en interpréter la signification.
Communauté de Communes des Ballons des Hautes Vosges -DAT Conseils - Septembre 2013 Page 66
2° Les paysages à la fin du 18ème siècle au travers de
la carte de Naudin 1756 à 1789
La carte de Cassini représente plus fidèlement la localisation générale des éléments
du paysage, notamment ceux ouvrant droit à des levées d’impôts, mais elle est plus
imprécise quant à l’usage du sol. Les villages y sont mentionnés de façon
symbolique, de même que l’habitat dispersé, dont le relevé semble incomplèt.
La « route de Basle » constitue l’axe structurant de cette carte. Elle apparaît avec le
symbole de route empierrée, bordée d’arbres. La voie principale a été modifiée en
amont de Bussang, de façon à ne plus franchir un méandre de la Moselle. Elle se
cantonne donc à la rive droite de la rivière. Les lieux de franchissement de la
Moselle sont situés en amont de St-Maurice et au niveau de Pont Jean, comme sur la
carte de Naudin, soit de part et d’autre de la Tête du Tertre. Dans la Haute Vallée de
la Moselle, c’est le seul endroit où la voie est en rive gauche de la rivière, où la
rejoint la voie venant du Territoire de Belfort.
En effet, un autre axe important, créé en 1751 par les Pont et Chaussée, en
remplacement d’une voie plus ancienne, relie St-Maurice à Giromagny par le Ballon
d’Alsace, faisant de St-Maurice un carrefour important, où l’hôtellerie semblait
particulièrement appréciée selon les chroniques de voyage du minéralogiste Monnet.
Une voie plus ancienne semblerait être passée par le Col de Stalon, ou par
Morteville, faisant de St-Maurice un carrefour depuis fort longtemps.
Fresse, St-Maurice et Bussang sont mentionnés comme paroisses sur la carte de
Cassini et apparaissent déjà comme des bourgs bien achalandés, ce que nous avait
appris l’histoire minière du secteur. S’y ajoutent cinq hameaux : les Huttes et
Lamery à Bussang, le Village de Fresse (lieu le plus ancien de la commune, face
auquel un pont sur la Moselle est noté), la Hardoye et Pont Jean. Cette armature
urbaine est complétée par quelques grandes fermes dispersées, et de multiples
granges et grangettes notamment dans la « Colline de Fresse » et dans la « Coline
des Charbonniers », nouvelle dénomination de ces vallées.
B- Evolution ancienne des paysages : richesses et identité
-II- Les paysages au 18ème siècle
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2° Les paysages à la fin du 18ème siècle au travers de la carte de Naudin 1756 à 1789
L’activité préindustrielle apparaît fortement implantée à Saint-Maurice, 5 moulins
étant notés dans la vallée des Charbonniers, dont une scierie et une fonderie. Au
16ème/17ème siècles, c’est en effet à Saint-Maurice qu’étaient situées les fonderies
pour traiter le minerai local. Deux moulins sont notés à Fresse, l’un dans le cœur de
village actuel, l’autre au Village de Fresse.
Une galerie de mine est mentionnée sur la carte au cœur de la Colline de Fresse,
probablement vers le lieu-dit « Les Pierres ».
A noter également une mention plus inhabituelle concernant un « Entrepos des sels »
à St-Maurice. Cette mention apparaît sur la Tête du Tertre, mais pourrait désigner un
lieu proche. La vallée de la Moselle était en effet située sur les routes du sel, issu de
longue date du lieu d’extraction des environs de Marsal (Pays des Etangs) en
Lorraine, et dispatcher à longue distance. Le sel était donc entreposé à Saint-
Maurice, lieu de forte activité de traitement du minerai, et au carrefour de la grande
voie Trêve/Bâle, au niveau d’un embranchement vers Belfort.
Quant à Bussang, les « eaux minérales » et sources de la Moselle y sont
mentionnées, ce qui souligne leur importance dès cette époque.
Une curiosité toponymique : les « Basses » deviennent des « Collines »Les vallons sont appelés « Colline » de Fresse à Bussang dans la vallée de la Moselle,
dénomination utilisée également dans les hautes vallées jusqu’à La Bresse en passant par Le
Ménil et Ventron. Cette dénomination n’a pas été notée ailleurs. Le terme « Basse » utilisé
sur la carte de Naudin, plus ancienne, s’est maintenu dans le vallon de Petit Gazon à Bussang
et autour de la Tête des Champs à Le Ménil. Ainsi, ce changement de dénomination pourrait
être interprété comme un changement de lieu à partir duquel le paysage est désigné : désigné
à partir des sommets, les vallons deviennent des « Basses » ; désigné à partir de la vallée de
la Moselle, les vallons deviennent des « Collines ». Pour comprendre la réalité de l’évolution
de cette toponymie, des analyses plus fines seraient nécessaires.
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-II- Les paysages au 18ème siècle