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DOSSIER PEDAGOGIQUE ENSEIGNANTS SERIE A LA CROISEE DES CHEMINS ABSOLUMENTAL (Version 1) 10 novembre 2006 - 25 février 2007 Exposition conçue à partir des nouvelles acquisitions et de dépôts du Fonds National d'Art Contemporain

ABSOLUMENTAL - les Abattoirs€¦ · chaotique de l’univers : "Notre monde en devenant une sorte d’immense cerveau, au lieu d’être simplement tridimensionnel, s’élargit

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  • DOSSIER PEDAGOGIQUE ENSEIGNANTS SERIE A LA CROISEE DES CHEMINS

    ABSOLUMENTAL

    (Version 1) 10 novembre 2006 - 25 février 2007

    Exposition conçue à partir des nouvelles acquisitions

    et de dépôts

    du Fonds National d'Art Contemporain

  • SOMMAIRE: ________________________________________________________________________________

    TITRE DE L'EXPOSITION …………………………………………………………………………..……… 1 PREPARATION A LA VISITE DE L'EXPOSITION………………………………………………..………. 2 QUESTIONS POTENTIELLES ………………………………………………………………………..……. 3 NOTICES D'OEUVRES ……………………………………………………………………………….…….. 4 PRESENTATION D'UN ARTISTE: MALAVAL / ART & FICTION ……………………………….…….. 11 PISTES PEDAGOGIQUES

    L'OEUVRE COMME DECLENCHEUR D'ECRITURE …………………………………....……. 17 PARCOURS ………………………………………………………………………………………… 19

    OUVERTURE CULTURELLE / AUTRES CHAMPS DE REFERENCE

    LITTERATURE ……………………………………………………………………………………… 20 ARCHITECTURE ET CINEMA ……………………………………………………………………. 22 PHILOSOPHIE ……………………………………………………………………………….……… 23 SCIENCES ………………………………………………………………………………….……….. 25 REFLEXIONS SUR L'ART CONTEMPORAIN ET A VENIR ………………………….…..…… 27 CHOREGRAPHIE …………………………………………………………….…………………….. 28

    BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………………….….……… 29

    Toutes les œuvres de la Version 2 n’étant pas connues au moment de cette édition,

    l’exposition fera l’objet d’un dossier complémentaire concernant les remaniements apportés

    du 16 mars au 3 juin 2007. E. GOUPY,

    Chargée de mission

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    Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007

    TITRE DE L'EXPOSITION Absolumental: Ce néologisme, composé d’absolu (ce qui est total, sans limite: cosmos, infini, univers, espace / ce qui existe en dehors de toute relation, ≠ relatif) et de mental (activité cérébrale: qui se fait, qui s'exécute dans l'esprit, qui a rapport aux facultés intellectuelles, au fonctionnement psychique), semble interroger la posture de l'homme par rapport au réel, plus spécifiquement, celle du spectateur face à des œuvres contemporaines très récentes (toutes étant postérieures à 2000 –sauf l'Aliment blanc de Malaval, dans la version 1 de l'exposition-). Mais suffit-il, pour situer l'homme, de lui accorder cette « différence spécifique » qui le distingue de tous les autres mammifères: la rationalité ? La fameuse définition que donne de lui Aristote ("l'homme est un animal doué de raison") lui permet-elle d'appréhender le réel dans toute son étendue? Et de quel réel parle t-on au sein d'un musée? A quoi sommes-nous confrontés, spécifiquement, dans ce lieu? Le titre de l'exposition ne serait-il pas paradoxal? Que donnent à voir les œuvres? De quel absolu est-il question? Plus précisément, que donnent à voir les artistes, sinon leurs propres projections, représentations, compréhensions ou interrogations relatives à leur perception du monde, de l'univers? Le spectateur ne serait-il pas alors pris au piège d'une spirale incessante, d'une mise en abyme étourdissante ? Ne côtoyer qu'une image née de l'image d'une image…pour s'en faire une image. Voulant aborder un réel absolu, inaccessible, impensable parfois, l'homme serait-il contraint à ne s'approcher que de représentations mentales engendrées par d'autres? L'absolu -existant en dehors de toute relation- ne pourrait alors être perçu que dans la mise en réseau de pensées, d'évocations, de créations, de mise à distance… S'éloigner pour mieux s'approcher… Des œuvres / des spectateurs: comment aborder les enjeux, donc le sens, si ce n'est par nos sens ? Car, si l'ordre proprement instinctuel, chez l'homme, a progressivement été subverti par la portée expressive et signifiante qu'il prête à divers phénomènes, au corps et même à la vie organique, c'est avant tout par la vue, l'ouie et le toucher qu'il percevra, puis recevra les œuvres ici exposées. Quant à l'absolu, n'omettons pas que sa perception est fatalement réduite car soumise aux potentialités de nos sens…qui parfois nous trompent… "ABSOLUMENTAL", fait écho aux propos du physicien russe Andrei Linde1, théoricien de l’inflation chaotique de l’univers : "Notre monde en devenant une sorte d’immense cerveau, au lieu d’être simplement tridimensionnel, s’élargit considérablement. Le monde réel, la conscience, l’illusion deviennent si intimement entrelacés qu’il devient très difficile de dire qui est qui, qui fait quoi… Comment distinguer ce qui se passe réellement de ce qui est imaginaire, ce qui est conscient de ce qui ne l’est pas ? Peut-être parviendrons-nous à une compréhension profonde de tout cela … ". La visite de l'exposition pourra générer adhésion, complicité, acceptation, émerveillement, agacement, colère, effroi ou rejet. Tenter d'appréhender la raison de ses réactions permettra sûrement au spectateur de pointer ce qui fonde et régit ses émotions face au monde. Les enjeux : « En fait, cet intérêt croissant pour le mental et le fantasmagorique recoupe des enjeux actuels cruciaux relatifs à l’évolution de notre rapport au monde. Car si le monde est bien ce que l’on en fait matériellement et physiquement, il reste au préalable déterminé par nos représentations mentales. Dès lors la conscience et l’expérimentation du mental en vue d’un renouvellement de nos représentations et de nos conceptions du monde apparaissent aujourd’hui comme autant d’urgentes nécessités, aussi bien d’un point de vue artistique que global. La fonction de la représentation mentale, qui est à l’origine de tout acte artistique, serait aussi et avant tout, le moyen d’assurer la coexistence de l’individu et de ses mondes» Pascal Pique, Commissaire de l’exposition 1 Voir aussi : « La conscience doit faire partie de l'image du monde ! Et la science n'a même pas encore commencé à travailler dans cette direction…» Andrei Linde, L'inflation chaotique de l'univers, p.357, in La Complexité, vertiges et promesses : 18 histoires de sciences d'aujourd'hui, entretiens avec Benkirane, Le Pommier/Poche, 2006

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    PREPARATION A LA VISITE DE L'EXPOSITION LE THEME Le cerveau est sans doute le système le plus complexe et le plus évolué que la nature ait créé. Siège de nos émotions, de nos réflexions, de notre identité etc. ... Il nous permet de percevoir et de découvrir le monde qui nous entoure. C’est le quartier général du système nerveux central. Plus de 100 milliards de cellules nerveuses transmettent et reçoivent des messages des différentes parties de l'organisme. Il contrôle toutes nos pensées et la plupart de nos mouvements2. Si bien qu'il est souvent comparé à l'espace -dont il offrirait un modèle réduit. Cerveau et espace recèlent, en effet, la même part de mystère et de découvertes à venir. Les œuvres récemment acquises par le musée permettent de découvrir de jeunes artistes travaillant sur la frontière entre réel et imaginaire. Elles proposent une réflexion sur l'humanité, sur sa place et son rôle dans l'univers. LA VISITE : FAVORISER LE QUALITATIF OU LE QUANTITATIF? Tout le problème, lorsqu'on organise une visite au musée avec des élèves, est d'éviter de les placer en situation de "lèche-vitrines"; c'est à dire de se contenter de les faire circuler devant les œuvres au risque d'atteindre une évidente saturation -saturation à laquelle ils parviendront d'autant plus rapidement si ne leur est assigné qu'un rôle de "récepteurs passifs" d'un discours. Le regard devient rapidement aveugle s'il a trop d'éléments à appréhender, le cerveau totalement embrumé si quantité de noms ou d'images le submerge d'un coup. Se posent alors pour l'enseignant le problème du choix d'un parcours et celui du moment réservé à la visite. Par rapport au projet mis en œuvre au sein de la classe, quelle place occupe cette confrontation directe avec l'art? Vient-elle introduire un questionnement? Est-elle réservée à un approfondissement des questions traitées en classe? Favorise t-elle la reconnaissance d'œuvres entrevues préalablement grâce à des reprographies? Constitue t-elle le moment privilégié d'une ouverture vers d'autres questions? Que vise t-on? Quelles connaissances ou compétences seront sollicitées chez les élèves? Quel travail devront-ils accomplir sur place? Quelles traces de cette expérience conserveront-ils? Il est impossible d'effectuer un choix pertinent au sein de l'exposition si ces interrogations n'ont pas été posées au préalable et si le professeur ne s'est pas lui-même déplacé auparavant. Ces investigations déterminent :

    - l'entrée par laquelle effectuer un parcours - la sélection des œuvres les plus significatives - un dispositif concernant la façon dont celles-ci seront abordées.

    "Chaque travail est l’occasion de mettre l’élève en relation avec le champ artistique en lui faisant découvrir des œuvres et des démarches d’artistes contemporains et d’époques passées. Il peut donner lieu à des rencontres avec des artistes ou à des visites d’expositions, de musées, d’ateliers ou de collections. Cette articulation permanente de la pratique avec les œuvres fait progressivement acquérir à chaque élève une culture artistique. Parmi les documents utilisés pour donner sens aux travaux des élèves, se trouvent introduites un certain nombre de références artistiques considérées comme des repères culturels. Il s’agit d’œuvres significatives, reconnues du point de vue de leur valeur artistique, de l’intérêt et du sens qu’elles présentent dans les transformations de la pensée et de la société. […] Le professeur s’attache à privilégier le contact direct avec les œuvres."3

    2 Voir notamment l'exposition Planète-Cerveau, présentée au Musée de l'Homme (Paris) de septembre 2005 à janvier 2006, lien Internet: http://www.planete-cerveau.fr/interface.htm 3 Extrait des programmes d'Arts plastiques en classe de 6e

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    QUESTIONS POTENTIELLES (liste non exhaustive): Dans cette exposition s’entrecroisent des sujets récurrents :

    Transdisciplinarité : art / philosophie / sciences / éducation musicale / littérature… Hybridation des catégories artistiques : dessin, peinture, sculpture, architecture, vidéo,

    photographie, image de synthèse, environnement sonore… Frontière réel/imaginaire : utopie, mythe, fantasmagorie, fiction, rêve Image mentale : le cerveau humain comme espace de représentation (conscient /

    inconscient, constructions idéologiques, objectif / subjectif, déterminé / indéterminé, savoir / connaissance, connu / méconnu …)

    Double/gémellité Espace : intérieur / extérieur, vivable / invivable Lieu à investir / lieu représenté, présentation / représentation, place et rôle du

    spectateur Cosmos : les limites de la représentation de l’infini et de l’absolu. Organique

    Ces multiples entrées peuvent engendrer ou prolonger un travail concernant:

    Les contrastes Le motif spiralaire, la rotation Le fixe/l'animé L'onirique/le féerique/le spectral Le naturel/l'artificiel L'architecture: ses fonctions, ses occupants La mise en abyme La muséographie, la mise en scène La sensation, la perception, la réception La confrontation dialectique du voir et du savoir L'absurde…

    Certaines œuvres constituent, quant à elles, d'excellents déclencheurs d'écriture. "Une situation d'apprentissage constitue un contexte d’action, un temps de participation et d’engagement proposé à l’enfant selon des contraintes précises, qu’elles soient spatiales, temporelles ou matérielles, pour répondre à une question, atteindre un but ou mener un projet individuel ou collectif.Une situation peut être un temps de travail individuel sur table, un temps de regroupement collectif autour des productions, un moment de découverte d’une œuvre dans un musée, un temps d’expérimentation d’un procédé en petit groupe, etc. Dans leur adéquation et leur complémentarité, ces différents moments forment le dispositif d’apprentissage."4 "À tous les niveaux de l’école, l’enseignement des arts plastiques se fonde sur la pratique dans une relation à la création artistique (œuvres et démarches, connaissances et références). S’appuyant sur un nombre réduit de notions (espace, lumière, couleur, matière, corps, supports), il sollicite les capacités d’invention, incite à l’expression personnelle par des approches diversifiées. Il mobilise, chez l’élève, perception et action, dans une relation étroite à la réflexion."5 "En classe de 3ème, le professeur doit faire comprendre à l’élève que l’oeuvre ne peut se réduire à l’image de l’oeuvre. Qu’il s’agisse d’un dessin, d’une estampe, d’une sculpture, d’une peinture, d’une installation, d’une photographie, de vidéo-art ou d’architecture, l’analyse dépasse le stade de l’identification des données formelles et iconographiques et n’est pas conduite comme une traduction verbale de l’oeuvre. Sur un arrière-plan associant les dimensions esthétiques, sociologiques et historiques, le professeur s’attache à faire comprendre ce qu’est l’analyse plastique d’une oeuvre."6

    4 Extrait des documents d'accompagnement aux programmes d'Arts Visuels du Primaire 5 Extrait des programmes d'Arts plastiques en classe de 6e 6 Extrait des programmes d'Arts plastiques en classe de 3e

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    NOTICES D'ŒUVRES: ABSOLUMENTAL Version 1 (10 novembre - 25 février 2007)

    Franz West Né en 1947 à Vienne Vit à Vienne Agoraphobia, 2005 Oeuvre présentée aux Abattoirs durant le Printemps de septembre 2005, cette sculpture monumentale montre une sorte d’anneau de Möbius irrégulier dans son dessin et sa surface, à l'image d'une racine ou d'une ronce géante qui aurait poussé dans l'espace. L'agoraphobie étant une forme d'étourdissement, Franz West donne

    ainsi une réalité concrète à la sensation de vertige par une étonnante excroissance mentale. Placée sur le parvis, à l'extérieur du bâtiment, elle fait office de signal, d'appel. Symbolisant

    les méandres, les paradoxes, les excroissances de la pensée, elle annonce le thème de l'exposition. Son côté organique évoque autant les circonvolutions du cerveau que celles d'un intestin géant –qui, fermé sur lui-même ne pourrait rien évacuer. Transit, passage, recyclage: rien ne se perd, tout se transforme…dans le processus d'un incessant cheminement intérieur.

    Stéphane Calais Né en 1967 à Arras Vit et travaille à Paris L’or, le chien, et les oiseaux, 2004-2005 S'il revendique le dessin comme étant à l'origine de tout, de l'œuvre, de l'image, de l'organisation du monde comme de sa propre pratique, Stéphane Calais fait feu de tout bois: peinture, sculpture, installation, à l'exclusion cependant de la vidéo. Dans le paysage artistique, il fait figure de touche-à-tout atypique et fantasque qui surgit là

    où on ne l'attend pas. Pour lui, le monde est une "banque", un désordre de signes et d'objets dont il n'a de cesse d'user et d'abuser. Ses œuvres cristallisent le passage du cerveau à l’image et à l’objet.

    Ici, deux chiens chinois semblent garder "le" temple. En effet, l'exposition ne s'offre pas de suite au regard du visiteur. A l'entrée, un panneau annonçant l'événement soustrait à notre vue le contenu de la nef centrale. Gardiens? Protecteurs? Un seuil doit être franchi par celui qui veut avoir accès à la connaissance…

    Philippe Decrauzat Né en 1974 Vit et travaille à Lausanne (Suisse) Komakino, 2005 Philippe Decrauzat est un jeune artiste qui s’intéresse comme ses

    aînés de l’Op’Art des années 60, à l’art optique et à la perception visuelle. Les structures géométriques sont récurrentes dans ses œuvres que ce soit à travers dessins, peintures ou sculptures. Fasciné par les formes optiques, il met à mal les repères spatiaux, accentuant les vibrations jusqu’au vertige. "Komakino" fait référence à une danse japonaise qui provoque un effet d’hypnose chez le spectateur, et à Dream Machine7, l’œuvre mythique de William Burroughs et de la Beat Generation

    "Pièce froide, abstraite… Circulez, y a rien à voir!" NON, surtout pas! Restez, imprégnez-vous, laissez-vous gagner par cette incongruité qui fait que très vite, on ne sait plus discerner la forme du fond…Ce qui avance de ce qui recule, ce qui est présent de ce qui n'existe que par rémanence rétinienne. Posez-vous la question de l'emplacement de l'œuvre, de la lumière qui la baigne…Asseyez-vous, là, sur le banc, juste en face… Passez-y dix minutes: Rythme? Pleins? Vides? Reliefs? Aplats? Arc de cercles et variations? Champ et hors-champ…. Voyez-vous? Sentez-vous? N'êtes-vous pas un peu "déstabilisés"?

    7 Voir http://membres.lycos.fr/transition/pages/dreammachine1.htm

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    Bertrand Lamarche Né en 1964. Enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse. Vit et travaille à Paris. The weather House, 2003 Le travail de Bertrand Lamarche consiste en des projets relatifs au paysage, à l’urbanisme et à l’architecture. Il est basé sur une attention

    sensible et critique portée sur certains sites et leur évolution. En découlent des projets qui prennent la forme d’installations, de maquettes ou de vidéos.

    Dans "Weather house", le système est conçu pour créer des ambiances météorologiques diverses, laissées au choix de pseudo occupants. Son installation simule des phénomènes atmosphériques: nuages, vent, tornade…l'œil du cyclone est visible sur la vidéo installée à proximité de la maquette. Architecture utopique ou comble de l'horreur? Quand les humains pourront décider de tout, y compris de la météo, à quoi pourront-ils encore rêver? Le film "Le terrain ombelliférique" consiste en la déambulation d’une caméra à travers un jardin virtuel d’ombellifères géantes. Traité sur un mode fantasmagorique, ce projet induit néanmoins un regard sur les concepts de jardin public, de parc de loisir, d’espace extérieur et intérieur

    Elizabeth Creseveur Né en 1967 à Paris Vit et travaille à Paris Ensemble de 21 maquettes, 1997-2002 Croisant sculpture, vidéo et performance, le travail d’Elizabeth Creseveur conduit le spectateur à occuper un espace physique différent où les référents sociaux sont bousculés pour être très vite amenés à retrouver des repères intérieurs et à réinvestir notre "espace mental". "Mon travail entretient un rapport étroit avec

    l’espace, l’architecture, sur laquelle il s’appuie, par la complémentarité, la modification, la prolongation, l’extension ou la réduction. Aussi, mes installations donnent naissance à des espaces tangents créant un lien singulier avec le corps " (E. C).

    Habitats inhabitables, ou, en cas d'occupation humaine, conduisant irrémédiablement à la maladie mentale. Dans quelle mesure l'architecture a t-elle des incidences sur notre psychisme? Dans quelle mesure conditionne t-elle notre corps et notre esprit? C'est ce que tentent de démontrer ces bricolages. Le manque de "qualités plastiques" souvent reproché à cette œuvre est porteur de sens; il renvoie à cette question incontournable: en quoi l'architecture qui nous environne n'est-elle pas elle-même du "bricolage"?

    Jan Fabre Né en 1958 à Anvers (Belgique) Vit à Anvers Nature morte à Jan Fabre, 2004 Jan Fabre est l’un des artistes belges les plus reconnus

    internationalement. Outre ses multiples activités comme metteur en scène, chorégraphe, auteur et scénographe, Jan Fabre crée en tant qu'artiste plasticien des dessins et des sculptures fantasmatiques souvent inspirés par le monde des insectes8. Prolifique et inclassable, Jan Fabre considère l’activité artistique comme régénératrice, à la croisée de l’organique et du mental, du mort et du vivant. Sous la forme d’un catafalque volant, Nature morte à Jan Fabre, 2004, il "métaphorise", à travers les symboles immémoriaux du temps et de l’éternité (scarabée, paon), la résurrection de l’image dans la jonction du genre humain et de l’absolu. Cette œuvre peut rappeler Le Petit Prince de Saint-Exupéry: Cela pourrait se traduire par "Fabrique-moi un paon qui aurait avalé…. une bière". Mais trêve de plaisanterie: On ne peut ne rester insensible à la splendeur du chatoiement constant sur le plumage du paon et sur les élytres des insectes, pas plus qu'aux variations colorées perceptibles au moindre déplacement du spectateur. Reliquaire, préciosité, écrin … Cet autoportrait déguisé (voir le titre) se complait dans la croyance vaniteuse que l'œuvre peut survivre à l'homme -dont le scarabée est une métaphore.

    8 Jan Fabre est le descendant de Jean-Henri Fabre, célèbre entomologiste http://www.e-fabre.com/e-texts/souvenirs_entomologiques/scarabee_sacre.htm

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    Difficile de ne pas penser à une inversion du contenant et du contenu: des cadavres recouvrent un cercueil, l'intérieur (la mort) semble donc avoir été placé à l'extérieur. Une résonance s'établit avec les architectures impossibles d'E. Creseveur, exposées dans la salle voisine ou avec le projet "corps en transit, container"" de Didier Faustino, 20009. Tout cela serait exclusivement morbide? Non, pas forcément: Les transformations et vibrations colorées vivifient l'assemblage. De plus, l'envoûtement peut nous ravir, du fil du Styx aux embarcations funéraires de l'Antiquité égyptienne… sans oublier le final du film Deadman avec Johnny Depp Et puis, il faut bien le reconnaître, cet objet, né de l'association, de l'hybridation de divers matériaux revêt une allure bien singulière: ce paon possède des pattes et des ailes drôlement fichées…qui risquent de ne pas conduire l'embarcation bien loin…L'aviez-vous remarqué? Par ailleurs, les tréteaux sur lesquels l'ensemble est ancré posent question: ils sont en total décalage avec la préciosité de ce qu'ils soutiennent.

    Angela Bulloch Née en 1966 à Fort Frances (Canada) Vit et travaille à Londres Möbius Night, Sky Model : Mark II, 2003 La sculpture Möbius Night, Sky Model : Mark II, conçue pour l’exposition Utopia Station (Biennale de Venise 2003), met l’accent sur l’aspect physique, astronomique et fictionnel des utopies. Angela Bulloch y évoque, à travers une anomalie géométrique, l’obscurité et le ciel la nuit. Le "ruban de Möbius", noué en ellipse, symbolise l’infini et

    exprime l’idée de l’univers réorganisé ou mis dans un certain ordre. Des diodes lumineuses scintillent donnant l’apparence des étoiles. Angela Bulloch oriente sa démarche artistique tant vers la perception sensorielle que mentale des images. La matière ordinaire du socle sur lequel est installée l'œuvre ne fait que magnifier l'ensemble…Un tout petit espace pour une image de l'infini: on retrouve là un des questionnements chers à Yves Klein…

    Siobhan Hapaska Née en 1963 à Belfast (Irlande) Vit et travaille à Londres When there’s no soil gust underpants, 2004 Montrée pour la première fois en France aux Abattoirs durant le Printemps de septembre 2004, Siobhan Hapaska a représenté l’Irlande en 2001 à la Biennale de Venise. Ses sculptures et installations montrent des objets immaculés aux formes mutantes réalisées en fibre de verre. Le

    son et l'image accompagnent souvent ces éléments hybrides, qui suggèrent des sortes d'îles fantasmagoriques émergeant du désir impatient pour un ailleurs indéterminé. Ses réalisations récentes jouent de l'opposition entre l'artificiel et le naturel, le réel et l'imitation La résine lisse et la forme générale de la sculpture rappellent un vaisseau spatial…assez spécial. Le contraste entre une matière réfléchissante et du tissu (plus précisément des sous-vêtements en coton) ne signifierait-il pas qu'une enveloppe pure peut cacher des réalités bien moins reluisantes? Ce fait semble confirmé par le reflet déformé que cette "coque" renvoie du visage du spectateur… L'art ne façonnerait-il pas lui-même un reflet déformé?

    Jérôme Basserode Né en 1958 à Nice Vit et travaille à Lyon Hubble, 2005 Depuis de nombreuses années, Basserode concentre son intérêt sur la mémoire et le vivant. Il développe actuellement des œuvres tournant autour de la question de "l’espace nomade", cherchant à retrouver certains mécanismes moteurs de la

    9 Cf. http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-ARTS-ET-DESIGN/ENS-arts-et-design.htm#faustino

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    pensée humaine à travers le temps. L’espace d’aujourd’hui ne peut être appréhendé qu’à l’échelle du cosmos. Mais cette révolution des idées doit faire appel à l’empirisme et à l’imaginaire pour de nouvelles constructions mentales. Les œuvres de Basserode sont, de fait, des métaphores d’un autre espace mental.

    Hubble est le nom du célèbre télescope envoyé dans l'espace en 1990 pour étudier l'univers. . Quand l'infiniment grand devient, comme l'infiniment petit, objet d'étude, parcellisé, mis sous lamelles de micro/macroscope … On en voit des tranches, à l'instar des côtes du géant autour duquel nous nous mouvons. A la fois squelette de baleine, spirale, trou noir ou architecture, cette installation exhibe des images du cosmos. Elle établit une passerelle entre temps et espace: la suspension des "œufs/planètes" nous immerge dans un arrêt sur image… Avec cette œuvre, le spectateur ne peut que jouer et être joué: question des proportions, de l'échelle, du symbolisme de l'animal (pensez à Jonas ou à Pinocchio) des questions gigognes posées par les enfants ("et plus grand que l'appartement, c'est quoi? c'est l'immeuble… Et après, y a quoi? Le quartier"…et ainsi de suite jusqu'à épuisement des ressources savantes de l'adulte!)… Rappel des abris préhistoriques et des arcs-diaphragmes soutenant la halle centrale du musée, une fois de plus, nos repères sont mis à mal: dedans/dehors, immensité/miniaturisation, mobilité/immobilité…

    Grout/Mazéas Sylvain Grout et Yann Mazéas Nés en 1971 à Bordeaux et en 1969 à Casablanca Vivent à Montpellier Sans titre (mobilier baveux), 2001 Sylvain Grout et Yann Mazéas travaillent en duo depuis leur sortie de l’Ecole des Beaux-Arts de Montpellier. Leur travail a été présenté au Centre d’art Cimaise &

    Portique à Albi, à Fiac (Tarn), au BBB (Toulouse) et au Château de Taurines (Aveyron) en 2005. Derrière les apparences factices de décor et le rapport manifeste au Cinéma (David Cronenberg, Stanley Kubrick, Ridley Scott…,The fly, Shining, Alien…), Grout/Mazéas réaffirment que l’art est aussi question de point de vue et de position critique. Leurs œuvres se développent autour des relations ambiguës entre le réel, l’imaginaire, le fantasme. Leurs installations sont "une entreprise de contamination, d’hybridation de la réalité et de la fiction", révélant "un aspect du processus de l’image: la cristallisation fluide du mental et du monde" (P.Pique) Ici aussi, tout est fait pour surprendre: les inversions dessus/dessous, sol/plafond, les contrastes pesanteur/apesanteur… Son évolution ininterrompue place cette installation dans la catégorie qu'Umberto Eco nomme "l'œuvre ouverte": au fil du temps, l'œuvre évolue: le sirop de glucose s'écoulant au ralenti forme des fils, agglomérations, tas, reflets, transparences, opacités, translucidités qui recouvrent progressivement l'ensemble… Jamais un spectateur revenant au fil des jours ne pourra tout à fait voir la même chose. Issue d'un univers fantastique qui lie l'animé à l'inanimé, cette œuvre ne manquera pas de susciter moult rêveries et récits fictionnels.

    Fabien Verschaere Né en 1975 à Vincennes Vit et travaille à Paris Black clown and mystery, 2004 Un univers peuplé, coloré, mi-peinture, mi-sculpture, conjuguant à la fois le ludique et le macabre, des figures archétypales (clowns, diables…), des machines à "machiner", à copuler, à enfanter. Les installations de Fabien Verschaere grouillent comme la création humaine, dans une imagerie toute médiévale, convoquant la bande dessinée, l’inconscient et finalement la psychanalyse. Cette sculpture rassemble deux archétypes: le clown/le diable. Comme dans

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    les photographies de Cindy Sherman10, le clown prend ici figure inquiétante, étrange. Mutant, entre l'homme et le végétal, le vif et l'obscur, le grotesque et le sévère, il semble surveiller tous les cerveaux exposés à ses pieds, y compris le nôtre…

    Myriam Méchita Née en 1974 à Strasbourg Vit et travaille à Paris et Kertzfeld La symétrie du savoir ou l’œuvre révélée, 2005 De prime abord, nous sommes séduits par le scintillement des sculptures de Myriam Mechita, paillettes, perles, matière polie, brillante, enchantent notre première vision. L’œuvre est esthétique. Dans un temps second, nous découvrons ce que cache cette

    attirance plastique : des animaux décapités, pendus, figés dans la mort, ici des chevreuils. Visions moyen-âgeuses de trophées, de gibier exposé au regard des chalands ! L’angoisse sourd, profonde, maintenant le spectateur sur une frontière fluctuante, entre séduction et répulsion. L’œuvre de Myriam Mechita est profondément métaphysique.

    Elle prend sa place tout naturellement au regard de l'histoire du bâtiment: la halle, du temps des abattoirs municipaux, était le lieu où les carcasses des animaux se trouvaient suspendues… Cette double pendaison fait écho aux "deux gardiens" de Stéphane Calais installés à l'opposé: les chiens chinois nous conviaient à entrer…Les deux chevreuils seraient-ils les gardiens d'un nouveau seuil à franchir?

    Delphine Gigoux-Martin Née en 1972 à Vit et travaille à Durtol (63) Don’t believe in Christmas, 2002 Delphine Gigoux-Martin a, par deux fois, été invitée à présenter ses installations en Midi-Pyrénées, en 2005 à Fiac dans le Tarn (exposition + si affinité) et durant l’été 2006 au Château de Taurines dans l’Aveyron. Le dessin est un élément primordial

    dans les installations de D. Gigoux-Martin, animé, en mouvement, il est projeté directement sur les murs. L’acteur principal en est l’animal, qu’il soit tracé ou bien réel, à travers la naturalisation, le déchet et la cuisine. Les sensations visuelles, odoriférantes, gustatives y forment un tout revendiqué par l’artiste. L’univers de l’artiste est poétique, sensoriel, il est profondément mental, nous renvoyant à des questions fondamentales : le plaisir, la vie, la mort. Le travail de Delphine Gigoux-Martin joue à la fois de l’étrange et du familier. Il met en scène les paradoxes et les tensions produites par le rapport ambigu que nous entretenons à l’idée de nature.

    "Ne croyez pas au Père Noël" nous intime le titre…Pourtant, le dispositif mis en place nous confronte à un univers apparemment magique, enfantin, poétique, jouant d'ombre et de lumière, d'absence et de présence, avec chute de neige intermittente…. Cependant, à y regarder de plus prêt, les pattes du cheval constituent un signal mettant notre esprit en alerte: que font-elles là, isolées du corps de l'animal? Pourquoi sont-elle positionnées dans l'attitude de la marche? Et quand la neige "fond", n'est-il pas quelque peu répugnant le spectacle auquel l'artiste nous confronte?

    "J'avais accoutumé de mordre à même les victuailles, les portant à ma bouche avec mes doigts, et ces légères fourchettes de métal ou d'os ciselé, ces couteaux dont ils usaient pour hacher les viandes, m'étaient à manier plus lourds que les plus pesantes armes de combat". A.Gide, Thésée

    Robert Malaval Né en 1937 à Nice, décédé à Créteil en 1980 L’aliment blanc (le siège écartelé), 1963 Créateur d'une véritable version française du pop art, Robert Malaval est l'un des rares artistes des années 1960-1970 à avoir intégré la culture rock dans son travail. La science-fiction, qui le fascine, traverse tout son oeuvre, des premiers Aliments Blancs de 1961 jusqu'aux Pastels Vortex

    10 Cf. Exposition de Cindy Sherman, automne 2000, Galerie du Château d'Eau (Toulouse)

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    de 1978. « Dans les titres que Malaval donne à ses reliefs et sculptures-objets, il y a, assez souvent, des indications qui peuvent venir orienter les bribes de récits que nous nous racontons. L'Aliment blanc parfois habite quelque part. Il se fabrique un "nid". Il a diverses "façons d'être" et Malaval est en quelque sorte le zoologue de l'aliment blanc, peut-être son psychologue ou son ethnologue. » Gilbert Lascault, Malaval, Art Press & Flammarion, Paris, 1984.

    Yazid Oulab Né en 1958 en Algérie Vit et travaille à Marseille Percussion graphique, 2004 Yazid Oulab travaille la question de l’écriture et du sens de sa représentation dans un dessin qui rejoint à la fois l’écriture automatique des surréalistes mais aussi la violence de la griffure. Dans la vidéo "percussion graphique", l’exaspération du geste est

    appuyée par une incantation sacrée qui rythme et souligne le mouvement jusqu’à l’affolement et à la déchirure du support. " Lorsque l'on crée une oeuvre sans y mettre l'aspect vibratoire, musical, elle est éteinte, elle n'a aucune vie. Le souffle, la vibration, c'est la vie. "dit-il.

    Recherche du souffle vital, de la vibration, celle par laquelle tout être, toute chose existe, grandit, puis se fond. Répéter un geste à l'infini…jusqu'à la destruction… Annuler en ayant visé son contraire: tel n'est-il pas le parcours de toute vie –vouée à l'éphémère?

    Daniel Schlier Né en 1960 à Dannemarie, France Vit à Strasbourg Présentée au Réfectoire des Jacobins durant le Printemps de septembre 2005, la peinture de Daniel Schlier est sans doute l'une des plus étonnantes qu'il soit donné de voir en ce moment. Jouant du réel et de l'imaginaire, de l'outrance et de la bizarrerie, de la séduction et de

    l'étrange, mais aussi de la répulsion et de l'angoisse, cet artiste produit de pures images mentales, des visions composites issues d'une mise en scène de fantasmes

    Tout d'abord, il s'agit de peinture sur verre: c'est dire si le processus lié à l'acte de peindre est totalement inversé puisque les premières couches ne constitueront pas le fond, mais le premier plan de l'image…Ensuite, la figure humaine, omniprésente, est systématiquement confrontée à un élément perturbateur: la composition des tableaux de Daniel Schlier présente souvent un personnage central et un objet sur un fond uni. La source iconographique de ses oeuvres pourrait bien se situer dans les peintures et gravures des maîtres rhénans du Moyen-Age tels que Holbein, Grünewald, Baldung Grien qui associèrent si intensément le sensuel et le macabre.

    Mounir Fatmi Né en 1970 à Tanger Vit et travaille entre Paris et Tanger Tête dure, 2005 Jeune artiste marocain, vivant entre Paris et Tanger, Mounir Fatmir a participé en 2004 à l’exposition Africa remix à Paris (Centre Georges Pompidou) Londres …, de même qu’à plusieurs expositions en Midi-Pyrénées (AFIAC 2001, Centre d’art de

    Castres, Centre d’art le Parvis. Investi dans différents médias (dessin, peinture, sculpture, vidéo, installation), il écrit aussi des "manifestes", des phrases-slogans : "la seule opération gratuite, c’est le lavage de cerveau" ou "de l’exil, j’ai fabriqué des lunettes pour voir". Ses œuvres sont travaillées par la politique, elles sont critiques et radicales tout en étant ironiques, décalées et esthétiques. Le dessin Tête dure, jouant de symboles communs, met en avant un regard critique sur les rapports entre culture orientale et occidentale, les idéologies qui les constituent, les liens et les ruptures.

    C'est aussi une représentation paradoxale, présentant un crâne (tête de mort) muni de son cerveau… Est-ce à dire que les activités intellectuelles engendrées par un cerveau survivent? Ne commence t-on pas, ici, à pénétrer dans l'univers des croyances? N'est-il pas fondé de constater que les œuvres –de quelque nature qu'elles soient- survivent à leur auteur?

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    Bruno Peinado Né en 1970 à Montpellier Vit et travaille à Douarnenez et à New York Sans titre, 2003 Bruno Peinado fait subir aux signes, aux objets, aux images des altérations imperceptibles, les détournant ainsi de leur signification ou de leur fonction première. Peinado brouille les pistes, adjoint d’autres niveaux

    de lecture. Son travail reste en perpétuel mouvement, relevant du bric-à-brac, de la "poétique de chaos", de la démesure et aussi du métissage qu’il revendique, à son image. La sculpture - cerveau qui devient un casque reflète parfaitement l’état d’esprit de l’artiste et les multiples références qu’il met en œuvre. Elle est aussi symptomatique des difficultés à cerner notre univers mental prolifique

    Cette sculpture en céramique, présentée sous verre, où le cerveau devient le casque qui devrait le protéger, peut se lire comme une métaphore des pouvoirs de l'intelligence. Il s'agit d'une vision fantaisiste, inversant les rôles, utilisant la figure du contre-emploi et posant le problème du "prêt à porter /prêt à penser".

    John Isaacs Né en 1968 à Lancaster (GB) Vit et travaille en Angleterre Utopia, 2001 Jeune artiste britannique, John Isaacs propose une œuvre éclectique incluant sculptures, photographies, vidéos… A travers des expériences surprenantes : évaluation du nouveau millénaire sur le règne animal, expériences anatomiques violentes, John Isaacs met en scène l’absurde, le grotesque, l’humour noir, il fait appel à l’émotionnel, à la répulsion. Il porte une réflexion sur la globalisation du

    monde, en nous en dévoilant sa vision, son refus de ce qu’il nomme le "fondamentalisme intellectuel". Voici un cerveau bien étrange. Installé sur un tabouret, vu de derrière, il ressemble à un

    cochon ! Mais ce n'est pas tout: il fait des bulles! Un cerveau "qui bulle"? Depuis quand cela est-il permis? Quel fainéant! Il faut dire que la matière dont il est constitué semble lui avoir donné bien du souci: tous ces médias ingurgités ont conduit à un bourrage de crâne provoquant bouillonnement et débordement de matière…rosâtre (tiens, comme la sculpture de Franz West!)… Et puis, le côté "cerveau désincarné" qui continuerait ses activités en dehors de toute enveloppe charnelle, ça véhicule un petit côté science fiction terrifiant: un super méta cerveau qui régirait tout (y compris la vie des humains qui ne pourraient plus lutter contre son impérialisme) à l'instar de l'histoire contenue dans Solaris (Stanislas Lem, roman poche). … Les bulles seraient-elles la métaphore d'une pensée enfin libérée?

    Peter Kogler Né en 1959 à Innsbruck, Autriche Vit et travaille à Vienne, Autriche Depuis le début des années 1990, Peter Kogler déploie ses motifs modulaires et en forme de rhizomes sur des ensembles architecturaux à l’extérieur comme à l’intérieur, sous forme de peinture, de papiers sérigraphiés ou de projections. Fourmis, tuyaux ou cerveaux font partie de son vocabulaire. Produits par des ordinateurs, ils s’entrelacent et se

    répètent à l’infini à l’image d’un réseau organique ou électronique. Invité dans le cadre du Printemps de septembre 2006, Peter Kogler est intervenu sur le tablier du Pont Neuf au dessus de la Garonne

    Initialement présenté dans une gare, cette œuvre nous parle de réseaux, de mutation, de parcours. Baignant la grande salle du sous-sol d'une lumière rouge, elle semble occuper l'espace, bien que n'étant qu'une projection sur cinq plans. Très peu osent entrer dans ce vide ainsi saturé de lumière. Est-ce la monumentalité qui nous soustrait au jeu habituel des ombres portées? Est-ce la taille des fourmis (à échelle humaine) qui se déplacent de plus en plus nombreuses dans ce maillage organique?

    L'artiste interroge les rapports son/image, le contexte de la diffusion (durée, lieu) et le rapport à "l'audio spectateur". A l'idée de la prolifération, succède celle de l'événement sonore s'emparant de l'espace pour le remodeler.

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    PRESENTATION D'UN ARTISTE: MALAVAL / ART & FICTION

    Ouvrir ce visuel à partir du site de la collection : http://navigart.lesabattoirs.org/mediaToulouse/plein/3K/01/3K01593.JPG

    Robert Malaval Nice (Alpes-Maritimes), 1937 - Paris, 1980

    L'aliment blanc (le siège écartelé) 1963

    2 éléments Sculpture-objet

    Aliment blanc, fauteuil 98,5 x 108 x 70 cm

    Appendice : 29 x 70 x 26 cm S.D.T.R.(revers du dossier du fauteuil) : malaval 1963 l'aliment Blanc (le siège écartelé)

    Achat à Dado (Chaumont-en-Vexin) en 2003

    les Abattoirs, Toulouse Inv. : 2003.1.6

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    Présentée au palais de Tokyo (à Paris, en 2005/06), la série l'Aliment Blanc se prête à de multiples interprétations:

    matérialisation des angoisses profondes de l'artiste, expression de son inquiétude concernant la maladie qui l'atteint, mise en forme de l'envahissement qu'il ressent physiquement, concrétisation de ses fantasmes hallucinatoires, germination organique issue des univers mutants de la science-fiction métaphore plastique inventée pour donner forme à sa conception du monde contemporain…

    Pour Malaval, cette matière exprime parfaitement le bouillonnement intérieur de ses sentiments et représente le meilleur moyen de le rendre visible, d'en faire partager le poids et de tenter de s'en libérer. Un immense travail va l'occuper cinq années durant. Issu d'un croisement d'expériences allant de l'observation du comportement des vers à soie -qu'il élève lui-même, à l'utilisation des techniques des carnavaliers niçois, l'Aliment Blanc va donner forme à une vaste série d'œuvres qui brassent les nombreuses problématiques animant l'artiste à cette période de sa vie. Commence alors une grande période d'appropriation du monde et d'expression du désir de le modifier à sa guise, en directe affinité avec ses fantasmes et ses craintes. Création d'objets énigmatiques dévorés par cette nouvelle matière vivante qui touche ou recouvre à cette période toutes les œuvres de l'artiste. L'Aliment Blanc devient "cultivable" lorsqu'il utilise la cire de bougie, dévorant lorsqu'il ronge les corps, enflé quand il déforme démesurément un canapé, organique quand il vit sous une forme larvaire, mécanique quand il s'immisce dans les engrenages d'une machine. On observe parfois (cette fois en chimiste) une "cristallisation" d'aliment blanc et l'on note son "développement exceptionnel". Ce qui semble indiquer qu'il y a un développement normal, une croissance ordinaire de l'aliment blanc. Il arrive à Malaval de désigner quelque chose comme "le véritable aliment blanc". Cela laisserait supposer qu'il existe aussi des aliments blancs factices et trompeurs, des simulacres d'aliments blancs. Certains aliments blancs (la plupart sans doute) ne conviennent qu'à des sédentaires et parasitent leurs meubles et immeubles. Mais il existe des "aliments blancs de voyage"…Tous les aliments blancs ne sont pas de même nature. On rencontre parfois des "spécimens rarissimes". Ils sont souvent calmes, presque immobiles en apparence, d'une tranquillité trompeuse. Mais ils peuvent aussi montrer une "agitation patibulaire". Ils peuvent prendre diverses formes, parfois celle d'une fleur et s'épanouir. Ils s'attaquent au temps pour le perturber, pour le rendre "déliquescent". Ils gargouillent. Ils "boubouillent". "Hiératique et filandreux", l'aliment blanc parfois est simultanément du côté du sacré et de celui des mauvaises nourritures. Il se transforme, être d'une autre planète, peut-être "mutant". Étrange instrument de torture, il écartèle les sièges. Fétichiste peut-être, il aime les chaussures et s'y installe. Etre religieux, il occupe parfois les "prie-Dieu"... Les dessins le montrent en pleine expansion monumentale dans les projets d'aménagement du parc de Saint-Cloud, dans les rues envahies de mousse d'un hypothétique Carnaval de Nice ou sur les croquis en coupe d'encéphales mutants imaginés par l'artiste. L'exposition du Palais de Tokyo donnait une large place à un ensemble exceptionnel d'Aliments Blancs réunis pour l'occasion. Plus de quarante ans après sa toute première exposition, l'Aliment Blanc retrouvait une actualité et engendrait un nouveau regard pour tracer le portait d'un Malaval inventeur. Artiste météore, Robert Malaval a fait de sa vie un cocktail mouvementé et intempestif. Toujours en recherche, refusant d’être figé dans une posture et curieux de tout, Malaval luttait contre l’ennui à grands coups d’élans créateurs. La chronologie ci-après11 retrace les étapes majeures de cette destinée.

    11 Extraits du site: http://palaisdetokyo.com/robertmalaval/

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    Ponctuée des commentaires a posteriori de l’artiste, elle révèle un parcours sans balise, tourné vers le futur le plus extrême et se refusant à tout compromis. 29 juillet 1937 : Naissance à Nice. 1953 : Premières pratiques artistiques au contact d’un ami amateur. 1958-1960 : Vit à la campagne dans les Basses-Alpes non pour des raisons idéologiques (« le retour à la terre, […] je n’avais aucune théorie là-dessus » ) mais parce qu’il avait « besoin d’espace », «envie de soleil » et n’avait « pas assez de fric pour vivre à Paris ». Robert Malaval reçoit la visite de Louis Pons, artiste et d’André Labarthe, critique de cinéma. 1961-1965 : Recherches sur l’Aliment Blanc à Vence, invité et rémunéré par le marchand Alphonse Chave et, à Paris, à la galerie Raymond Cordier. 1962-1966 : Expositions l'Aliment Blanc, sculptures & dessins, Vence. Exposition de 15 dessins pour la remise à jour du Parc de Saint-Cloud, galerie Yvon Lambert, Paris. « Mon obsession était le grouillement, l’envahissement. […] Ce qui m’a rendu moins névrosé, c’est justement d’avoir fait l’Aliment Blanc, c’était pour moi une cure. » 1967-1969 : Série Rose-Blanc-Mauve (moulages de corps ; acryliques sur toile). 1967 : Exposition Tableaux (rose et mauve), galerie Yvon Lambert, Paris. 1969 : Cent demi-heures de dessin quotidien. « Et puis à un moment, j’en ai eu marre de faire de la peinture, j’ai décidé que je ne serai plus peintre et je me suis arrêté de peindre pendant trois-quatre ans. » 1970-1973 : Réalise un livre sur les Rolling Stones mais ne trouve pas d’éditeur. 1971 : Exposition Transat-Marine-Campagne Rock'n'roll & 100 demi-heures de dessin quotidien, Centre national d'art contemporain, Paris. 1971 : Exposition Robert Malaval, l'Aliment Blanc, galerie Daniel Gervis, Paris. 1972 : Exposition Été pourri peinture fraîche, galerie Daniel Gervis, Paris. Participation avec l’architecte Claude Bernard au concours Evry 2 ville nouvelle. 1973 : Exposition Multicolor, galerie Daniel Gervis, Paris. « Dans mon exposition Multicolor, j’ai commencé à utiliser des paillettes […] le matériau me fascinait.» 1974 : Exposition Poussière d'étoiles, galerie Sapone, Nice. « J’en avais assez de peindre comme un guitariste qui joue de la guitare sèche ; à un moment, on en a assez du son qui est toujours le même, on a envie de faire mousser un petit peu tout ça et c’est ce qui s’est produit un peu avec la paillette. […] Tout à coup c’est comme la photo qui se révèle, c’est un acte d’agression et de violence totale, c’est un coup de poing. » Exposition Rolling Stones Rock Prints, (sérigraphies), galerie Shandar, Paris. « Toute ma vie se passe à suivre mes fascinations. » Projet d’environnement visuel et sonore pour le parvis de la Défense. 1975-1977 : Série Kamikaze fin du monde à partir d’une édition de sérigraphie sur tee-shirt et de tableaux. 1976 : Intensification de l’activité d’écriture. 1977 : Exposition De Multicolor à Kamikaze, galerie Beaubourg, Paris.

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    1978-1979 : Vit à Carrières sur Seine avec des amis musiciens. Réalise la série Pastel Vortex. « Pastel Vortex était un véritable tourbillon [qui traitait] du passage d’une dimension à une autre. […] Toute ma vie j’ai été obsédé par cette idée de science-fiction, de passer d’une réalité à une autre. Je crois que la réalité est une trame qu’on peut, d’une certaine manière, transgresser, trafiquer. » 1979 : Continue ses expériences sur le son et l’environnement à travers Environnement : Salle Marine pour l’inauguration du Forum des Halles, Light-Show au Claridge, enregistrement de groupes de rock. 1980 : Exposition Attention à la peinture, exposition-performance à la Maison des arts et de la culture de Créteil. « Ici, je veux que mon travail ait un aspect très rapide, le public pour moi n’est pas indispensable mais il ne me gêne pas. Mais puisque mon travail est rapide et spectaculaire aussi, autant le donner à voir.» 8 ou 9 août 1980 : Plonge dans le gouffre de la mort volontaire sur la musique de Richard Hell. « Quitte à finir, au moins finir en beauté » de 1981à nos jours : Expositions diverses Pistes: Prolifération / Expansion Organique Objets inutilisables / Détournement Ressemblance, écart, expression Mise en scène Fiction Association/confrontation de matériaux Utiliser un matériau, une couleur, un processus germinatoire exponentiel au travers duquel tout est réinterprété et qui risque de nous engloutir.

    Extraits des programmes d'Arts visuels (primaire) et d'Arts plastiques (secondaire) Maternelle

    Le regard et le geste Objectifs "L'école maternelle installe et développe chez l'enfant une pratique créative à partir de situations qui sollicitent son imagination, l'amènent à exercer sa capacité d'invention, à enrichir ses formes d'expression. Dans les activités proposées, l'enfant explore et exerce différents langages plastiques (dessin, peinture, collage, fabrication d'objets et d'images...). Le plaisir de la découverte constitue quelquefois la seule motivation et conduit à la possibilité de tracer, de dessiner, de jouer avec des matières, d'en découvrir les caractéristiques et les qualités et d'en tirer parti. Les situations mises en place visent à faire acquérir des compétences fondamentales : ajuster ses gestes en fonction d'une intention, percevoir et reconnaître les effets plastiques obtenus, modifier et affiner son action. Ainsi l'enfant acquiert progressivement une palette de savoirs et de savoir-faire élaborée dans le va-et-vient dynamique entre jeu et effort, liberté et contrainte." Cycle 2:

    Compositions plastiques "Si l'école maternelle a donné à l'enfant l'occasion de jouer avec des objets et des formes et lui a permis de découvrir qu'on pouvait les détourner, les activités du cycle 2 l'incitent à transformer avec une intention de plus en plus explicite une chose en une autre : déstructurer des objets, reprendre des formes connues et les agencer, isoler un fragment et associer des éléments d'origines différentes en

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    variant les moyens d'assemblage. Les ressources et les objets de l'environnement sont reconnus comme des réservoirs de matières et de formes sur lesquelles l'élève peut intervenir (réemploi, recyclage, montage, collage, assemblage, agencement, installation...)" Cycle 3:

    Des caractéristiques d'un volume à son organisation spatiale "Les activités d'assemblage, de sculpture, de maquette invitent l'élève à transformer, juxtaposer et associer des matériaux divers dont les qualités plastiques et expressives sont mises au service de la recherche d'effets progressivement maîtrisés. […]. Il s'agit principalement, pour l'élève, de manipuler, de fabriquer, de construire. Des relations plastiques s'instaurent entre les parties de matérialité différentes : jeux de superposition, contrastes de matières, répartition de pleins et de vides, etc. Ces relations internes à la composition génèrent des effets, ménagent des apparences qui produisent du sens. L'élève est conduit à mieux évaluer ces effets en fonction de ses intentions initiales, à reprendre éventuellement son projet ou à réinvestir dans d'autres réalisations ce qu'il a observé et compris. Les travaux réalisés conduisent l'élève à dégager progressivement la notion de structure par opposition à celle d'habillage. La présentation de son travail, sa valorisation, sa mise en scène et son inscription dans un lieu sont également des aspects de la production qui sont abordés. Il prend en charge l'installation ou l'accrochage de son travail dans le cadre d'expositions organisées par la classe, à l'école ou dans un autre lieu." Sixième:

    Programme "Les élèves de sixième marquent un réel intérêt pour la représentation et la narration, ainsi que pour les petites fabrications qui sont pour eux des moyens d'appréhension et de compréhension du monde, en même temps que des sources de satisfaction. En s'appuyant sur cette motivation, le professeur, attentif aux cheminements de chacun, apporte progressivement les connaissances propres à introduire les questions spécifiques relevant de ces modalités d'expression. Ainsi il prévient le caractère répétitif des réponses et des productions des élèves et évite leur fixation en stéréotypes. L'enseignement des arts plastiques s'inscrit dans une perspective de progression par approfondissement. Ce travail se fait dans une relation permanente avec les oeuvres et les références artistiques" Cycle central

    Les acquis en fin de cycle Au cours des deux années de cinquième et quatrième : l’élève a pratiqué en deux dimensions et en trois dimensions, il a eu recours à des matériaux différents, il a pratiqué dans des formats et sur des supports variés ;

    il a développé ses compétences dans l’observation et l’analyse du réel et des oeuvres : il s’y intéresse, sait exprimer oralement les grandes caractéristiques de ce qu’il voit et regarde ;

    il a affiné son attitude de questionnement et il commence à savoir situer ce qu’il voit et amorcer une critique ;

    il a acquis des références artistiques et connaît des oeuvres et des artistes significatifs dont il sait l’intérêt dans l’histoire de l’évolution de la pensée et de la société ;

    Troisième: Savoir-faire, gestes, opérations techniques

    Au cours de la classe de 3ème, il s’agit pour lui, dans l’élaboration et la conduite de son projet, d’en choisir les moyens en fonction de ses intentions Il s’agit de savoir reconnaître et utiliser des opérations dans le travail en volume : emboîtement, évidement, liaison, juxtaposition, assemblage, façonnage, modelage savoir intervenir sur la surface d’un volume, savoir installer un volume dans un lieu."

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    Quelques références artistiques en relation:

    Surréalisme Michel BLAZY, Post Patman, exposition Non-M, nouvelles du monde renversé, au Palais

    de Tokyo (février/mai 2007) Bruno PELLASSY CESAR, les expansions Beate HONSELL-WEISS «Univers et lieux» installations in situ aux Ecuries du Palais des

    Evêques et au cloître de Saint-Lizier (8 juillet au 30 septembre 2006)

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    PISTES PEDAGOGIQUES:

    L'OEUVRE COMME DECLENCHEUR D'ECRITURE: Imaginons que personne n'a encore vu les œuvres exposées… Imaginons qu'un jour, en classe, une image (reproduisant un détail) sera distribuée aux élèves: Quel parti en tirer? Dire ce qu'on voit, ce qu'on sent, ce qu'on pense… Décrire donc…mais, la chose ne sera pas forcément aisée… Formuler des hypothèses peut s'avérer beaucoup plus excitant… Inventer une histoire, écrire un texte à partir de cette incitation visuelle…Mettre en place des jeux de rôles: le témoin, le journaliste. "Imaginer ce qui a bien pu se passer…"

    © Evelyne GOUPY, 2006

    L'expérience –très brève-, menée sur des adultes, donne des résultats suffisamment convaincants pour ôter toute inquiétude quant à l'éveil de l'imaginaire d'élèves de primaire ou de collège: "Besoin d'une éponge pour essuyer la soupe chinoise renversée sur la nappe? …" Françoise D. "Il est grand temps de faire installer le chauffage chez toi. !!!....Sinon achète des patins à glace !" Christian C. "Je ne sais vraiment pas à quoi cela ressemble sinon à une grosse méduse étalée sur le tapis ancien de Tante Hortense. Cette dernière va encore râler –évidemment! - sur les enfants qui ne savent pas se tenir !!! Quelle idée d'amener son animal domestique en visite chez sa grand- tante quand on vient souhaiter ses vœux !!!" Après une nuit de réflexion: "A la vue du mobilier nous sommes bien chez Tante Hortense, là pas de doute... Maintenant plusieurs autres hypothèses : - Soit de rage, LA Tante s'est liquéfiée et répandue dans son salon... - Soit nous sommes en présence de "choses" venues d'une autre planète, mais avec des idées

    pareilles, je dois arrêter de regarder des films de Science-fiction avec mes enfants !

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    - Soit la tentative d'utilisation de l'extincteur par la tante Hortense s'est soldée par une catastrophe. Et Félix –l'un de mes fils- en rit encore (il n'y a que lui pour provoquer de telles réactions).

    - Soit nous sommes en face d'un(e) "génial(e)" créateur(trice) de déco, de design ou autre... qui a été traumatisé(e) dans son enfance par des vacances forcées à la mer et… on en revient aux méduses étalées... " Fabienne D.

    Le fantastique, l'absurde, le burlesque sont aussitôt convoqués: il convient d'en profiter… On peut, bien évidemment, prévoir des prolongements en arts plastiques: montage photographique/infographique, recherche sur la qualité des matériaux, reconstitution du lieu, travail sur le champ et le hors-champ, introduction de l'élément perturbateur.. D'autant que l'installation d'où est issu ce fragment ne sera révélée qu'au moment de la visite. Quand l'exposition devient une expédition policière… Mission: identifier le lieu authentique de la scène imaginée par chacun. L'inspecteur Santini et ses acolytes sont déjà sur une piste. Mais pour "coincer" le cerveau qui a provoqué cela, il convient de retrouver des témoins et de leur poser cette question: "l'absolu ment-il…aux investigateurs?" Quoiqu'il en soit, comment ne pas rester époustouflé devant cette réalité à laquelle rien ne nous préparait?

    © Evelyne GOUPY, 2006

    Sylvain Grout et Yann Mazéas

    Sans titre (mobilier baveux), 2001

    Les élèves ne seront pas déçus: leurs hypothèses, à moitié confirmées ou infirmées, pourront se nourrir de nouveaux rebondissements …

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    PARCOURS (non exhaustifs) DE LA MATERNELLE … A L'UNIVERSITE Autour de la sculpture de Franz West: Recherche sur les points de vue, investigation photographique (de loin, de près, plongée, contre-plongée, net, flou…) Dans l'exposition: - Histoires d'environnement: déambulation architecturale (West, Lamarche, Creseveur, Grout et

    Mazéas, Basserode, Kogler) - La place de l'homme dans la nature, constitution d'équipes de "critiques d'art en herbe" (Le terrain

    ombelliférique et Weather House de Lamarche, Jan Fabre, les chiens de Calais, "les cerveaux", Hubble de Basserode, Gigoux-Martin…)

    - Enquêtes autour de motifs récurrents: courbe et spirale -reconnaissance et signification-

    (Decrauzat, Lamarche, Fatmi, John Isaacs, Jan Fabre, Basserode, Hapaska, projections de Kogler)

    - Muséographie: sensation, perception et réception des dispositifs lumineux et sonores mis en

    œuvre au fil des salles - Des œuvres contrastées: équipes de reporters en quête d'oppositions remarquables

    (unique/double, mort/vivant, réel/imaginaire, immense/minuscule, animé/fixe…) Collecte de notes, croquis et références

    - Des espaces familiers aux espaces imaginaires: où sommes-nous? - Le rôle dévolu au spectateur: de la contemplation à l'action… - L'anatomie à contre-emploi (West, Basserode Hubble, Isaacs Utopia, Peinado, Gigoux-Martin, Jan

    Fabre) - Œuvres en mouvement: Art et Animation (Isaacs, Lamarche, Grout/Mazéas, Hyper Tore de

    Lamarche, Kogler, Oulab) - L'espace-temps (sensible chez Grout/mazéas, Fabre et Hubble de Basserode) - Ce que je vois ou non, ce que j'en imagine… (Creseveur, Hyper tore et Weather house de

    Lamarche…) Il paraît opportun, lorsque la visite doit s'effectuer avec de jeunes enfants, de ne pas oublier de se mettre à leur niveau (physique). En effet, certaines œuvres peuvent partiellement être soustraites à leur vue (car trop petits). Au lieu de vivre cela comme une frustration, cet empêchement peut constituer un bon point de départ pour un dispositif ouvrant sur l'imaginaire (Cf. dernière piste ci-dessus): questions de points de vue (selon les deux significations, cf. viewpoint / point of view) Il n'est pas question ici de donner des modèles à suivre avec sa classe: tous les thèmes sont possibles à aborder, quel que soit le niveau scolaire des élèves. Il revient donc à chacun de mettre des stratégies en œuvre concernant une ou plusieurs de ces pistes La visite partielle de l'exposition peut donner lieu à une collecte (photos en extérieur, croquis, notes, questionnaires, débats d'idées…); reste à savoir, de retour dans l'établissement, comment ces éléments peuvent être exploités…

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    OUVERTURE CULTURELLE / AUTRES CHAMPS DE REFERENCE Littérature: Regards posés sur l'architecture

    Extraits du Dépeupleur, Samuel Beckett, Les Editions de Minuit, 1970 "C'est l'intérieur d'un cylindre surbaissé ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l'harmonie. Lumière. Sa faiblesse. Son jaune. Son omniprésence comme si les quelques quatre-vingt mille centimètres carrés de surface totale émettait chacun sa lueur. […] Conséquences de cette lumière pour l'œil qui cherche. Conséquences pour l'œil qui ne cherchant plus fixe le sol ou se lève vers le lointain plafond où il ne peut y avoir personne. Température. Une respiration plus lente la fait osciller entre chaud et froid. Elle passe de l'un à l'autre extrême en l'espace de quatre secondes environ. […] Conséquences pour les peaux de ce climat. Elles se parcheminent. […] Sol et mur sont en caoutchouc dur ou similaire. Heurtés avec violence du pied ou du poing ou de la tête ils sonnent à peine. C'est dire le silence des pas. […] Echelles. Ce sont les seuls objets. Très variées quant à la taille elles sont simples sans exception. Les plus petites n'ont pas moins de six mètres. Plusieurs sont à coulisse. Elles s'appuient contre le mur de façon peu harmonieuse. […] Le but des échelles est de porter les chercheurs aux niches. […] Niches ou alvéoles. Ce sont des cavités creusées à même le mur à partir d'une ceinture imaginaire courant à mi-hauteur. Elles n'en intéressent donc que la moitié supérieure. […] Intérieur d'un cylindre ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l'harmonie soit à peu près douze cent cents mètres carrés de surface totale dont huit cents de mur. Sans compter les niches et les tunnels. […] Le fond du cylindre comporte trois zones distinctes aux frontières précises mentales ou imaginaires puisque invisibles à l'œil de chair. D'abord une ceinture extérieure large d'un mètre environ réservée aux grimpeurs et où bizarrement se tiennent aussi la plupart des sédentaires ou vaincus. Ensuite une ceinture intérieure légèrement plus étroite où lentement défilent à l'indienne ceux qui las de chercher au centre se tournent vers la périphérie. Enfin l'arène proprement dite représentant une surface de cent cinquante mètres carrés chiffre rond et chasse d'élection du plus grand nombre." A mettre en relation avec les maquettes d'Elisabeth Creseveur et/ou Weather House de Bertrand Lamarche

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    Le papillon des étoiles (extraits), Bernard Werber, Ed. Albin Michel, 2006

    "Le dernier espoir, c'est la fuite." "Le cylindre serait au décollage de un kilomètre de long et se déploierait grâce à 32 tubes coulissant l'un dans l'autre comme une longue-vue. Le diamètre du cylindre du thorax serait de 500 mètres. La taille de la voile de Mylar serait de 1 million de kilomètres carrés soit l'équivalent d'un grand pays ou d'un petit continent. Le nombre de passager idéal pour garantir une survie au bout de 1000 ans serait de 144000 personnes. […] Il déclencha les néons tubulaires qui allaient servir de soleil artificiel. Les lampes s'allumèrent segment par segment, dévoilant l'intérieur du cylindre jusqu'à perte de vue. Mais ce qui leur apparut n'avait en dehors de la démesure encore rien d'impressionnant. Le décor du premier des 32 cylindres était recouvert de bâches en plastique blanc, elles-mêmes plaquées par des cordages censés retenir la terre et les végétaux lors du décollage. Les autres segments étaient nus, simples cylindres de métal. Adrien déclencha le phénomène de gravité artificielle. Tous les murs se mirent à vibrer comme si une tempête soufflait sur les parois. Il fit bouger ses doigts sur le clavier, et les parois bougèrent, le mouvement circulaire devint clairement identifiable. Les passagers perçurent la gravité qui commençait à naître dans le Papillon des Etoiles. Plus cela tournait plus ils étaient attirés par les parois circulaires. […] Les 144000 avaient très vite "meublé" les 31 autres segments. […]Il y avait maintenant 32 kilomètres de terre artificielle où l'on pouvait se promener en avant, en arrière et de haut en bas." A mettre en relation avec le mobilier baveux de Grout et Mazéas et Lobby (Hyper tore) de Bertrand Lamarche

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    Architecture et cinéma: Un festival "Architecture et Cinéma" s’est tenu dans divers lieux cinématographiques de la région (Organisateur : Maison de l'Architecture de Midi-Pyrénées) du 30 novembre au 11 décembre 2006. Quelques petits trésors de cette programmation... à guetter en cas de rediffusion:

    HUS, Inger Lise Hansen, 1998, 7min. , couleurs. Animation expérimentale tournée en prise directe dans le désert de Californie. On assiste image par image à la destruction d'une maison en bois. Un film sur le temps et les processus.

    NEWS FROM HOME, NEWS FROM HOUSE, Amos Gitaï, 2005, 97 min., Couleurs. Documentaire. Le réalisateur retourne à la maison qui a été le sujet de ses deux précédents films : Baït (1980) puis Une maison à Jérusalem (1998). Le propriétaire d'origine, son cousin, la maîtresse des lieux actuelle, le tailleur de pierres d'il y a 25 ans, l'entrepreneur du chantier d'à coté et le voisinage sont autant de voix qui apportent des nouvelles du pays en échos aux chapitres antérieurs.

    LA NOUVELLE HABITATION, Hans Richter, 1930, 28 min, NB, muet. En 1930, le cinéaste d'avant-garde Hans Richter est engagé par le Werkbund suisse afin de promouvoir un concept d'habitation moderne dans le cadre d'une grande exposition sur le logement... Le tout premier film suisse d'architecture !

    ARCHITECTURE AUJOURD'HUI, Pierre Chenal, 1928, 10 min, NB, muet, Élaboré en étroite collaboration avec Le Corbusier, ce film montre trois villas de l'architecte (Stein, Ville d'Avray, Poissy), le quartier Frugès de Pessac et le plan Voisin pour Paris.

    LE CORBUSIER, ARCHITECTE DU BONHEUR, Pierre Kast, 1957, 21 min, NB, Documentaire. Une interview de l'architecte, un aperçu de ses réalisations en maquettes ou prises de vues réelles. Le Corbusier explique à l'aide de schémas sa théorie de la "ville radieuse", les unités d'habitation de grandeur conforme, le modulor, son projet de réorganisation de la campagne.

    NEW TOWN, John Halas et Joy Batchelor, 1950, 8 min, Couleurs. Un dessin animé plein d'optimisme -et de naïveté- cherche à nous persuader des inconvénients de la ville traditionnelle et de la nécessité de créer des villes nouvelles, fonctionnelles et hygiéniques pour un nouveau mode de vie

    MUR EN 4 HEURES, Edouard Berne, 1958, 14 min, N.B. Crise du logement et pénurie de main d'ouvre dans la France de la Reconstruction président à cet acte de foi dans le progrès technique et l'industrialisation. "Construire beaucoup et vite. Tel est l'impératif". L'accent est mis sur la rationalisation des logements et leur préfabrication : "un mur se livre comme un meuble, il se décharge au port comme une cargaison... Moderne, rationnel, adapté aux mœurs de notre temps !

    LE TEMPS DE L'URBANISME, Philippe Brunet, 1962, 27 min, N.B. Un bilan très partisan de la politique de rénovation urbaine de l'après-guerre aux années 60. Désir d'habitat personnalisé avec petits immeubles collectifs et maisons individuelles...

    Court-métrage de Mario Marret sur Georges CANDILIS (architecte du quartier du MIRAIL à Toulouse, 1962)

    A signaler, pour retrouver les traces d’une ambition sociale, d’une utopie urbanistique majeure des années 60, un petit ouvrage qui vient récemment d'être édité par la DRAC Midi-Pyrénées : "Les quartiers de Toulouse – Le Mirail - Le projet Candilis" (éd. ACCORD, Collection ITINERAIRES DU PATRIMOINE, disponible à la librairie Ombres Blanches). Ce petit opuscule, facile à manipuler -y compris par nos élèves-, peu cher – 8 €-, abondamment illustré, a le don d'expliciter ce que chacun croit connaître mais n'appréhende finalement que fort légèrement dans sa structure profonde comme dans ses enjeux initiaux...

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    Philosophie:

    Extraits de l'article de l'Encyclopédie Universalis

    Homme: la réalité humaine

    L'idée de monde

    Dans la faible mesure où elle se différencie de celle de cosmos, la notion de monde n'a guère de portée philosophique, sauf chez Kant ou, de manière toute différente, dans le domaine de la pensée religieuse - comme cela s'affirme nettement dans la parole du Christ à Pilate : « Ma royauté n'est pas de ce monde » (Jean, XVIII, 36). Ordinairement, « monde » se borne à signifier la totalité de ce qui existe, concept dont les apories latentes ne furent guère élucidées. Comme Heidegger le montre à propos de Descartes, ce sens se confond bientôt avec celui de res extensa, pour devenir, dans la pensée scientifique moderne, celui d'image ou de construction du monde, le terme allemand de Weltbild connotant à la fois l'un et l'autre. Mais, du coup, comme on l'a expliqué plus haut, il se dépouille de toute portée réelle. Cependant, il en va tout autrement dès lors que le sujet, le corps, le langage, l'existence et ce qui s'offre à eux viennent à former une totalité structurellement indissociable. Et, dès lors que cette totalité se conçoit ou se désigne comme être-au-monde, la question du statut ontologique de celui-ci ne peut plus être esquivée. Le monde ne saurait être la somme des choses ou des objets, proposition en rigueur indéfendable déjà par cela seul que tout ce qu'il est censé « contenir » n'est pas réductible à l'être-chose ou à l'être-objet, et par cela encore que la disparité d'être de ces choses ou objets prétendus enlève à l'idée de somme toute portée autre que purement formelle, ce qui, dans pareille perspective, la rend inutilisable. Qu'est-ce qui, par exemple, nous permet de passer d'une chose perçue à une institution ou à une œuvre d'art, de celles-ci à un nombre et de celui-ci à un sujet, etc., en les déclarant unis dans une même réalité ? C'est, précisément, la notion de monde mais non pas en tant qu'elle couvre un total. Au contraire, le monde sera à concevoir comme l'horizon de présence, corrélat du pouvoir instaurateur de sens caractéristique de l'existence humaine, horizon dans lequel tout ce qui peut, de quelque manière, entrer dans cette présence se trouve d'avance lié. Le monde est donc ce en vue de quoi l'homme existe, proposition qui doit être prise à la lettre de sa signification. Plus simplement, mais avec moins de rigueur, on dira que le monde est l'a priori du pouvoir de signifiance de l'homme, étant entendu que ce pouvoir de signifiance n'est pas premièrement (ni même, peut-être, principalement) un pouvoir de connaissance ou de raison, selon la stricte acception de ces deux derniers termes. Illuminatrice du sens, l'existence humaine exerce ce pouvoir de révéler et d'imposer le sens d'abord et avant tout par sa pratique des étants qu'elle découvre dans le domaine et l'enceinte du monde (lequel est sans au-delà), par son commerce avec eux, par sa manière d'habiter et - si l'on ose risquer ce mot qui est à prendre en son sens latin de colere - de coloniser cette enceinte et ce domaine. Inversement, cette rencontre, instauratrice du sens, confère en retour à l'existence qui l'instaure un sens propre, selon ce que, dans les « choses », elle aura révélé. Il est donc également vrai de dire que l'homme existe en vue de signifier le monde (les « choses » du monde) et d'affirmer qu'il trouve sa propre signification dans les sens que, pour le monde, il aura « choisi » de dévoiler. […] On peut donc, poursuivant dans cette voie, soutenir, avec le dernier Merleau-Ponty, que l'homme et les choses du monde sont pétris d'une seule et même chair. Non certes qu'ils soient indistincts, mais en ce sens qu'ils deviennent, l'un et l'autre, dans un constant et inépuisable échange, qu'ils sont « en chiasme ». Il est nécessaire que ce qui voit puisse être-vu, puisqu'on ne voit qu'en se glissant, qu'en prenant corps, dans une chair, qui est la condition de tout visible. Pourtant on ne peut se voir voyant ; le visible et l'invisible ne s'opposent pas, mais s'appellent inlassablement.

    Auteur : Alphonse DE WAELHENS

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    Extrait des Pensées, 72, Blaise PASCAL

    "Disproportion de l'homme". "Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre; elle se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Enfin, c'est le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée. Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est; qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu'il recherche dans ce qu'il connaît les choses les plus délicates. Qu'un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours; il pensera peut-être que c'est là l'extrême petitesse de la nature. Je veux lui faire voir là dedans un abîme nouveau. Je lui veux peindre non seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ce raccourci d'atome. Qu'il y voie une infinité d'univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible; dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons, dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné; et trouvant encore dans les autres la même chose sans fin et sans repos, qu'il se perde dans ses merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse que les autres par leur étendue; car qui n'admirera que notre corps, qui tantôt n'était pas perceptible dans l'univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou plutôt un tout, à l'égard du néant où l'on ne peut arriver ? Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles; et je crois que sa curiosité, se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence qu'à les rechercher avec présomption. Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d'où il est tiré, et l'infini où il est englouti. Que fera-t-il donc, sinon d'apercevoir quelque apparence du milieu des choses, dans un désespoir éternel de connaître ni leur principe ni leur fin ? Toutes choses sont sorties du néant et portées jusqu'à l'infini. Qui suivra ces étonnantes démarches? L'auteur de ces merveilles les comprend. Tout autre ne le peut faire. Manque d'avoir contemplé ces infinis, les hommes se sont portés témérairement à la recherche de la nature, comme s'ils avaient quelque proportion avec elle. C'est une chose étrange qu'ils ont voulu comprendre les principes des choses, et de là arriver jusqu'à connaître tout, par une présomption aussi infinie que leur objet. Car il est sans doute qu'on ne peut former ce dessein sans une présomption ou sans une capacité infinie, comme la nature. Quand on est instruit, on comprend que la nature ayant gravé son image et celle de son auteur dans toutes choses, elles tiennent presque toutes de sa double infinité." Voir aussi sur ce thème les cours de Gilles Deleuze à l'Université de Vincennes: http://www.webdeleuze.com/php/texte.php?cle=37&groupe=Spinoza&langue=1

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    Sciences: Le télescope Hubble12

    Fruit d'une collaboration sans précédent entre l'Agence spatiale européenne et la NASA, le télescope Hubble a eu un formidable impact scientifique. Les images d'une incomparable netteté transmises par l'observatoire spatial ont permis d'explorer les profondeurs de l'espace et ont révélé des phénomènes stupéfiants. Bon voyage...

    Notes : Hubble a été placé sur orbite le 25 avril 1990 par une navette spatiale. Il a été conçu pour répondre aux principales questions qui taraudaient alors les scientifiques. Le télescope est long de 13,3 m pour un diamètre de 4,3 m il pèse plus de 11 tonnes. Son optique a un diamètre de 2,40 m et est équipée de deux chambres photographiques, de deux spectrographes et d'un photomètre. Cet instrument désormais légendaire a jusqu'ici transmis plus de 750.000 photographies de l'Univers, ne négligeant ni planètes, ni étoiles, ni galaxies ou autres objets dont pour nombre d'entre eux, la science ne soupçonnait même pas l'existence. Et la qualité stupéfiante de la plupart de ces images a laissé béat d'admiration plus d'un scientifique, pourtant accoutumés à ces paysages célestes venus d'ailleurs.

    Le programme de la nouvelle mission, la cinquième du genre, est particulièrement ambitieux. C'est en mai 2008 que Discovery devrait s'envoler, avec à son bord un équipage déjà désigné ayant subi un entraînement très spécifique et du matériel de remplacement destiné à remettre en état les dispositifs d'orientation et de stabilisation selon trois axes du prestigieux instrument. Pas moins de cinq sorties seront nécessaires pour mener à bien ce qui est déjà considéré comme la plus complexe et la plus ambitieuse des missions en orbite, bien plus que tout ce qui a été accompli pour l'ISS. Au cours de cette remise en état, la plupart des batteries seront aussi remplacées, et vraisemblablement d'autres instruments dont le détail n'est pas encore déterminé, la liste devant encore s'allonger à la suite des expertises et des séances de diagnostics actuellement en cours à la Nasa. Cette intervention permettra d'en prolonger la durée de vie jusqu'en 2013 au minimum. Sans cela, son service devrait être interrompu vers 2009, soit par défaillance de ses gyroscopes stabilisateurs, soit par épuisement des batteries après un trop long cycle de charges/décharges.

    Les défis du vivant

    Exposition le cerveau a t-il un cœur Cité des Sciences et de l'industrie

    Paris, 2002

    Editorial par Joël de Rosnay, Commissaire général du programme Les découvertes de la science et leurs conséquences portent en elles la possibilité de bouleverser notre vie, notre monde, notre milieu, nos relations. A cet égard, les sciences du vivant constituent un défi majeur pour les sociétés du XXIe siècle. Si la maîtrise du vivant ouvre de vastes horizons pour la santé, la filiation ou l'alimentation, si elle occupe une place croissante dans l'économie mondiale, elle fait naître de nombreuses interrogations, parfois des inquiétudes, qui mettent à l'épreuve la responsabilité individuelle et collective. Pour comprendre, il nous faut des repères. C'est pourquoi le programme "Les défis du vivant" propose, à travers trois grandes expositions, de faire la synthèse de ces sujets et explique de manière claire les enjeux que représentent ces avancées scientifiques et technologiques dans notre vie de tous les jours. L'homme transformé pose la question de l'identité de l'homme face aux avancées scientifiques qui fournissent aujourd'hui une panoplie d'outils permettant de transformer ou de copier le corps humain, voire de recréer des formes de vie. L'homme et les gènes traite de la vie, de son évolution et de la reproduction dans un univers où le génie génétique permet d'amplifier la capacité d'intervention sur le vivant et sur l'homme lui-même. Le cerveau intime aborde la connaissance de notre cerveau et de son rôle dans tous les actes de notre vie intérieure, grâce au développement des neurosciences et des sciences cognitives.

    12 Galerie photos sur http://www.futura-sciences.com/communiquer/g/showgallery.php/cat/566

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    SVT en classe de seconde: « Le monde observable s'étend de l'infiniment petit à l'infiniment grand », tels sont les termes utilisés dans les programmes officiels pour décrire un des points importants à aborder en classe de seconde. Le fullerène, une molécule formée de 60 atomes de carbone, visualisable au microscope à effet tunnel Vers l'infiniment petit s'intéresse en tout premier lieu à l'évolution des méthodes de microscopie, aux observations faites à travers un microscope et à leurs exploitations transdisciplinaires. Les textes officiels mentionnent en effet que le fait d'organiser le programme autour de concepts transversaux - au lieu d'aborder chaque discipline par ses subdivisions habituelles - permet une grande liberté dans le choix des phénomènes physiques ou chimiques propres à en illustrer la généralité. Cette transdisciplinarité s'étend également aux arts plastiques et à l'histoire des arts en classes de première et de terminale, par le biais d'activités réalisables avec des élèves, pour évoquer et exploiter une approche créatrice architecturale s'apparentant à la structure de la molécule de carbone 60 (aujourd'hui visualisable à travers un microscope à effet tunnel). Une partie du programme d'arts plastiques fait appel à l'acquisition de solides notions de construction géométrique tandis qu'une partie du programme d'histoire des arts est centrée sur l'aventure artistique singulière de créateurs, témoins majeurs d'une époque. Voir les trois Thém@doc :

    Vers l'infiniment petit, un dossier à vocation transdisciplinaire (où l'on évitera cependant les fiches d'activité soi-disant en relation avec les programmes d'Arts plastiques du lycée!),

    Le microscope optique Microscopes électroniques, acoustiques et autres.

    Suivre le lien … http://www.cndp.fr/themadoc/micro/Reperes.htm

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    Réflexions sur l'art contemporain et à venir:

    Journées annuelles du Réseau de Sciences Cognitives d'Ile-de-France

    Collège de France, Paris 26 et 27 octobre 2001

    L’Expérience artistique et la réalité virtuelle : du spectateur à l’acteur

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