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Accessibilité L orsqu’on parle d’ « accessibilité » au sein de la thématique du handicap, cela signifie pouvoir accéder aux services et aux informations de la vie quotidienne dont tout le monde peut bénéficier. Parmi ceux-ci, nous citerons : aller à l’école, pouvoir se faire soigner, pouvoir travailler, faire du sport, voir un film, voter, traverser la rue, surfer sur Internet… Dans la plupart des pays du Sud, les personnes handicapées sont confrontées à des obstacles importants pour exercer ces activités. En effet, seulement 2% des personnes handicapées sont scolarisés 1 , 80% sont sans emploi 2 , et seulement 2% également ont accès aux soins de santé de base 3 . Améliorer l’« accessibilité » des personnes handicapées dans les pays du Sud est un élément essentiel pour réduire la pauvreté à laquelle ces personnes sont confrontées. 1 Chiffres de l’UNICEF, www.unicef.org/french 2 Chiffres de l’OIT, www.oit.org 3 Chiffres de l’UNESCO, www.unesco.org THEMA 8

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Accessibilité

Lorsqu’on parle d’ « accessibilité » au sein de la thématique

du handicap, cela signifie pouvoir accéder aux services et aux

informations de la vie quotidienne dont tout le monde peut

bénéficier. Parmi ceux-ci, nous citerons : aller à l’école,

pouvoir se faire soigner, pouvoir travailler, faire du sport, voir

un film, voter, traverser la rue, surfer sur Internet… Dans la

plupart des pays du Sud, les personnes handicapées sont

confrontées à des obstacles importants pour exercer ces

activités. En effet, seulement 2% des personnes handicapées

sont scolarisés1, 80% sont sans emploi2, et seulement 2%

également ont accès aux soins de santé de base3. Améliorer

l’« accessibilité » des personnes handicapées dans les pays du

Sud est un élément essentiel pour réduire la pauvreté à

laquelle ces personnes sont confrontées.

1Chiffres de l’UNICEF, www.unicef.org/french

2 Chiffres de l’OIT, www.oit.org

3Chiffres de l’UNESCO, www.unesco.org

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PAS D’ACCESSIBILITE, PAS DE DROITS !

L’article 9 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handica-

pées stipule que chaque Etat partie s’engage à assurer l ’accès à l ’environnement phy-

sique, aux transports, à l ’information et à la communication (y compris aux systèmes

et technologies de l ’information et de la communication), et aux autres équipements

et services ouverts ou fournis au public, tant dans les zones urbaines que rurales. La

Convention identifie également les obstacles et les barrières à l ’accessibilité, parmi

ceux-ci, les bâtiments, la voirie, les transports, les écoles, les logements, les installa-

tions médicales et les lieux de travail4.

La thématique de l ’accessibilité

est également essentielle pour les

programmes de développement

dans le cadre de la réalisation des

« Objectifs du Millénaire ».

Le premier objectif de ce

programme vise à réduire l’extrême

pauvreté. Parmi les personnes les

plus pauvres de la planète, une

personne sur cinq est handicapée5.

Les causes de cette pauvreté sont

principalement le manque d’accès

au travail, à l’éducation et aux

ressources. L’éducation primaire pour

tous est également un objectif qui ne

peut être réalisé sans prendre en

compte le problème de l’accessibilité

des bâtiments scolaires. L’accès aux

soins de santé pour les personnes

handicapées est aussi important si

l’on veut diminuer la mortalité infan-

tile, améliorer la santé maternelle et

combattre l’expansion des maladies

mortelles ou invalidantes.

L’accessibilité représente un gain réel

d’autonomie pour les personnes

handicapées. Plus les services et les

informations sont accessibles,

moins les personnes handicapées

doivent demander de l’aide. Cette

facilité rend aussi la dignité aux

personnes handicapées.

L’ACCESSIBILITE EST DIFFERENTE EN FONCTION DU TYPE DE DEFICIENCE

Souvent, quand on parle d’accessibilité, on parle uniquement des personnes handi-

capées motrices. De manière plus large, l ’accessibilité concerne toutes les personnes

handicapées, qu’elles soient handicapées motrices, sensorielles ou déficientes intel-

lectuelles. Comme il existe de nombreuses formes différentes de handicaps, il existe

également différentes façons de rendre accessibles les services et les informations pour

une personne handicapée, adaptées à sa déficience.

Accessibilité et déficience motrice

Outre les traitements et les dispositifs d’aide, une personne handicapée motrice se

sentira moins en situation de handicap si l’environnement dans lequel elle vit est

adapté. Pour les personnes handicapées motrices, l’accessibilité concerne

l’amélioration de leurs déplacements dans la ville, à l’intérieur d’un bâtiment et pour y

accéder. Par exemple, pour une personne en chaise roulante, la différence de niveau

entre un trottoir et une entrée ne peut dépasser 2cm. Au-delà de cette hauteur, la

personne en chaise roulante a besoin d’aide pour incliner la chaise.

Exemples

Rampes d’accès aux bâtiments (pente de 5% maximum)

Ascenseurs dans les bâtiments

WC adaptés

Poste de travail adapté

Emplacements de parking réservés

Elargissement des endroits de passage (90cm minimum)

Des bus publics avec une place réservée aux personnes handicapées et un

accès facile au bus en chaise roulante

Pour les élections, une cabine de vote assez grande et dont la tablette est à

hauteur d’une personne assise

Des espaces suffisamment grands pour permettre le déplacement facile en

chaise roulante

Des éléments placés à hauteur d’une personne assise, etc.

Etc.

© Handicap International

4Disponible en intégralité sur le site : www.un.org/french/disabilities/convention

5P. RESTOUX, Le handicap et la solidarité internationale, Milan, Toulouse, p. 12

Cambodge, accessibilité limitée en milieu rural

© Bernard Franck - Handicap International

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Accessibilité et déficience visuelle

Avec le temps, les dispositifs pour permettre aux personnes malvoyantes de lire sur un

écran d’ordinateur, de lire des imprimés ou pour se déplacer, se sont considérablement

développés.

Pour les personnes malvoyantes, la lecture sera facilitée par :

Des grands caractères

Des contrastes entre les lettres et le fond

Une loupe

Pour les personnes pour qui les aides ci-dessus ne suffisent pas, il existe également

d’autres dispositifs, comme :

L’écriture Braille6. I l s’agit d’une écriture en relief comprenant des lettres représen-

tées par six points placés dans un rectangle dans un ordre particulier. Plus de 60

combinaisons des points sont possibles, ce qui permet également d’intégrer des

accents, des signes de ponctuation ou mathématiques et des notes de musique à

l’écriture Braille. Pour lire, il suffit de toucher les points qui forment des phrases. Il

existe 200 langues Braille à travers le monde (arabe, chinois, etc.). En 1878, l’écriture

Braille est reconnue officiellement.

Les ordinateurs avec synthèse vocale

Les surfaces podotactiles : surface au sol dont le relief est différent des surfaces

environnantes, permettant grâce au toucher avec les pieds de percevoir la limite

entre 2 zones (devant un passage pour piétons par exemple)

Les signaux sonores qui se déclenchent lorsque le feu est vert pour traverser

Ces personnes se déplacent souvent à l’aide d’une canne blanche (aveugle) ou jaune

(malvoyante) ou d’un chien guide.

Des aides techniques pour utiliser un ordinateur et accéder à Internet :

Les systèmes d’agrandissement (grand écran, vidéo-loupe, logiciel d’agrandissement)

Les autres systèmes de lecture (synthèse vocale, barrette Braille, preneur de

notes, etc.)

Accessibilité et déficience auditive

Pour les personnes présentant une déficience auditive, l’accessibilité passe entre autres

par :

Divers moyens de communication

Plusieurs moyens permettent aux personnes malentendantes et sourdes de com-

muniquer entre elles ou avec des personnes non déficientes.

Restes auditifs

Pour les personnes malentendantes, le recours aux restes auditifs peut s’avérer

utile en complément d’autres moyens.

Lecture labiale ou lecture sur les lèvres

La lecture labiale est une technique fréquemment utilisée par les personnes

malentendantes et sourdes. Elle consiste à reconnaître le phonème que le sujet

est en train de prononcer en fonction de la forme de la bouche et du visage que

prend celui-ci lorsqu’il articule. Il est donc impératif de bien articuler et de se

placer en face de la personne malentendante.

Langage des signes

La langue des signes peut être la langue maternelle d’une personne sourde, c’est

une langue gestuelle produite par les mouvements des mains, des bras, du

visage et du corps dans son ensemble. Même s’il existe des signes communs,

elle n’est pas universelle, on en compte plusieurs centaines à travers le monde :

chaque langue des signes possède sa propre structure et sa propre syntaxe (par

exemple, il y a de petites différences entre la langue des signes francophone de

France et celle du Canada). En Belgique, il aura fallu attendre 2006 pour que les

langues des signes française et néerlandaise soient reconnues comme langues

officielles. Depuis, elles sont donc reconnues comme langue d’enseignement.

Dans de nombreux autres pays, la langue des signes n’est pas reconnue, même

si elle fort utilisée.

L’alphabet des kinèmes assistés (AKA)

L’AKA est un système gestuel qui traduit chacun des mouvements de la bouche et

du visage en une série de gestes facilement reconnaissables, mais qui de plus

traduisent en même temps les mouvements de la phrase et de l’intonation. L'AKA

accompagne donc la langue orale mais ne la remplace pas. L’apprentissage est

assez complexe.

Suède, métro accessible aux personnes à mobilité réduite

© Jérôme Deya

Cambodge, habitats sur pilotis non accessibles

© Bernard Franck - Handicap International

6Inventé par Louis Braille en 1827

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Le langage parlé complété (LPC)

Le code LPC permet de visualiser la totalité du message oral et de lever ainsi les

ambiguïtés dues à la lecture labiale. Il facilite l’acquisition de la langue orale par

l’enfant sourd et également la maîtrise de la langue écrite.

La langue signée

C’est un autre mode de com-

munication gestuel, inter-

médiaire entre la langue des

signes et les aides à la

lecture labiale. Il s’agit d’un

système dans lequel chaque

signe correspond à un mot.

C’est un outil pédagogique

pour faciliter l’apprentissage

de la lecture et de l’expression

des sourds.

Le recours à l’écrit

Le recours à l’écrit peut

s’avérer bien utile pour la

communication entre une personne déficiente et une autre personne. La popu-

lation ne présentant pas de déficience connaît rarement les langues expliquées

ci-dessus. Avec le téléphone portable et l’apparition des SMS, la communica-

tion avec et entre les personnes malentendantes ou sourdes a véritablement

été améliorée.

L’accès à l’information parlée visible

Pour accéder à l’information filmée (télévision, vidéos sur Internet,

cinéma, etc.), il est nécessaire que toutes les paroles soient soit

traduites en langue des signes, soit sous-titrées par écrit.

En Europe, plusieurs chaînes télévisées publiques prévoient dans

leur programme quotidien le journal télévisé traduit en langues

des signes. Mais ailleurs, bien souvent cette traduction n’existe pas.

La vélotypie, elle, est un procédé qui permet de faire de la transmission en temps

réel de paroles en texte, grâce à un « clavier intelligent » et des programmes infor-

matiques. La vélotypie met en œuvre les principes de l'écriture syllabique. On

produit la syllabe en frappant simultanément plusieurs touches, en un accord, tout

comme le ferait un pianiste. Le clavier présente 37 touches réparties en trois

groupes : consonnes initiales, voyelles et consonnes finales.

L’accès au téléphone

Jusqu’il y a peu, les personnes sourdes ne faisaient pas usage du téléphone.

Avec les nouvelles technologies, la situation a changé : grâce à la vidéophonie

et à la webcam, les personnes sourdes peuvent désormais se parler à distance !

Cependant, ces nouvelles technologies ont fait leur apparition dans quelques

régions du monde, excluant les populations n’ayant pas encore accès aux nou-

velles technologies.

Accessibilité et déficience intellectuelle

Les personnes déficientes intellectuelles bénéficient également

de certaines structures afin de leur permettre un meilleur accès à

l ’information et aux services. En France, par exemple, l ’UNAPEI

(association de parents et d’amis de personnes handicapées men-

tales) et de nombreux partenaires ont développé le pictogramme

« S3A » (symbole d’accueil, d’accompagnement et d’accessibilité).

Ce symbole s’adresse aux personnes déficientes intellectuelles et

plus largement à toutes les personnes qui ont des problèmes de

repérage dans l’espace et dans le temps. Il peut être utilisé par toutes les personnes

souhaitant accueillir dans la plus grande autonomie possible les personnes défi-

cientes intellectuelles et par tous les opérateurs qui veulent faire un effort

d’accessibilité pour ces personnes ou afficher une accessibilité déjà réalisée.

Cette mise en accessibilité peut prendre les formes suivantes :

Mettre en place dans un service administratif un accueil de qualité par des

agents sensibilisés et éventuellement prévoir un accompagnement humain

pour accomplir des formalités

Mettre en place un repérage ou une signalétique dans les transports ou dans

un bâtiment

Créer des prestations spécifiquement adaptées dans les loisirs : visites de

musée, ateliers culturels…

Réaliser des produits adaptés, d’utilisation simple comme les logiciels adaptés

Mettre à disposition des moyens ou des outils d’information simplifiés (plan,

guide, notice…)

Tibet, Lhassa, apprentissage de la langue des signes

© Handicap International

Logo international

symbolisant la surdité

© ICTA

France, Musée du Louvres à Paris, visite adaptée pour des adolescents déficients intellectuels

© Jérome Deya

Pictogramme S3A

© UNAPEI

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En Belgique

I l existe dans le droit belge depuis 1975 une loi relative à l’accès des personnes handica-

pées. Depuis 2003, “Année Européenne de la personne handicapée”, de nombreuses

initiatives ont vu le jour en Belgique tant par des brochures à l’attention des gestion-

naires de bâtiments, des maîtres d’œuvres et futurs architectes, que par des campagnes

d’information et des animations permettant à toute personne de se mettre à la place de

personnes handicapées. Malgré ces efforts, certains problèmes persistent.

Il est donc essentiel de continuer d’informer les professionnels du bâtiment ainsi que

le grand public afin de pouvoir améliorer l’accessibilité pour les personnes handicapées

en Belgique.

Dans les pays du Sud

Si on définit le terme « accessibilité » comme étant l’occasion pour des personnes

d’avoir accès aux services et aux informations de la vie quotidienne, on constate alors

que la situation pour les personnes handicapées dans les pays du Sud est alarmante. En

effet, selon l’Institut de statistique de l’UNESCO, seulement 2% des personnes handica-

pées ont accès aux services de santé de base et selon l’Organisation Internationale du

Travail, 80% sont sans emploi. Quant aux enfants handicapés, d’après l’UNICEF, ils ne

seraient que 2% à aller à l’école.

L’article 9 de la Convention internationale relative aux Droits des Personnes Handica-

pées stipule que chaque Etat partie s’engage à assurer l’accessibilité aux transports, à la

voirie, à l’information, etc. aux personnes handicapées de son pays.

VOIR FICHES THEMATIQUES- 7. Droits des personnes handicapées

- 10. Pauvreté

- 11. Santé

- 12. Education

VOIR ACTIVITES- 1. La ruée vers la richesse et le pouvoir

- 2. Un pas en avant !

- 3. Ne coupons pas les ponts !

- 7. Photo-langage

- 9. Défis-sens

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