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actu - Travail et sécurité. Le mensuel de la prévention

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12 Travail & Sécurité 01 - 07

Les déplacements à ski constituent la première cause d’accidents du travail

des professionnels de la mon-tagne qui œuvrent dans l’ex-ploitation du domaine skiable. Partant de ce constat, la CRAM Rhône-Alpes a invité des médecins du service inte-rentreprises de santé au tra-vail du Pays du mont-blanc à répondre, sur son stand, aux questions des visiteurs au der-nier Salon de l’aménagement en montagne qui s’est tenu à Grenoble en 2006. Le Dr Patrick

Guichebaron s’est prêté au jeu des questions/réponses.

■ Travail et Sécurité : Le Salon de l’aménagement en monta-gne rassemble chaque année les principaux acteurs de ce secteur. La CRAM Rhône-Alpes a saisi cette occasion pour faire le point sur les risques professionnels encourus par les sauveteurs secouristes, une activité particulièrement exposée. Pourquoi ?

Dr Patrick Guichebaron : Cette initiative s’inscrit dans le prolongement des actions engagées par la CRAM Rhône-

actu santé

Avec ses sept massifs montagneux et ses huit millions de skieurs annuels, la France occupe la première place mondiale dans le secteur des sports d’hiver. Les stations de ski emploient quelque 130 000 personnes, dont environ 16 000 pisteurs et employés des remontées mécaniques. Une population particulièrement exposée aux risques professionnels

Le service interentreprises de santé au travail du Pays du Mont Blanc a réalisé une enquête auprès de 842 salariés, dont 106 pisteurs secouristes. La période de référence comprend l’ensemble de leur carrière professionnelle jusqu’au jour de l’enquête. Le pisteursecouriste a pour mission de veiller à la sécurité des pistes et des installations de remontées mécaniques. Un métier physique, dans le froid : les dorsalgies arrivent en tête des maladies ostéo-articulaires liées à leur travail.

Pistes : les anges gardiens font aussi de mauvaises chutes

Maladies ostéo-articulaires liées au travail

Dorsalgie/lombosciatique 12

Lésion de l'épaule 4

Mononévrite membre sup. 1

Bursite/exostose du pied 8

Lésion interne du genou 7

Tendinite membre inf. 5

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Alpes pour améliorer les équi-pements de travail dans un secteur d’activité à risque pro-fessionnel élevé. Les taux de fréquence et de gravité d’acci-dents du travail de la profession sont importants et se situent à un niveau comparable à ceux du BTP. Or, dans notre secteur géographique de la haute val-lée de l’Arve, le pôle d’activités liées aux entreprises de remon-tées mécaniques se situe au second rang économique, après l’hôtellerie et la restau-ration. Notre service interen-treprises de santé au travail est donc particulièrement concerné par la population des pisteurs et leur devenir profes-sionnel. Le pisteur secouriste est, en eff et, une sorte d’« ange gardien du domaine skiable ». Il veille d’abord au bon état et à la sécurité des pistes et des ins-tallations de remontées méca-niques. Il intervient aussi pour porter secours aux imprudents ou bien aux victimes.

■ Vous avez également présen-té, avec le Dr Francine Bougaud, une étude intitulée « Les anges gardiens : bilan de santé d’une population de pisteurs secou-ristes ». Quelles en sont les principales conclusions ?

Dr P. G. : Notre service interen-treprises dispose de données recueillies par trois méde-cins dans trois entreprises de remontées mécaniques et d’exploitation du domaine skiable représentant près de 850 salariés dont 106 pisteurs secouristes. C’est une popula-tion très largement masculine dont la moyenne d’âge est de

36 ans et relativement stable puisque l’ancienneté au poste tourne autour de dix ans. La plupart des pisteurs ont un statut de saisonniers. Les avalanches constituent l’un des risques majeurs, qu’elles soient spontanées ou déclen-chées à l’explosif notamment. Au cours des dernières années, cette profession a déploré un décès par an en moyenne, la saison 2005-2006 étant catastrophique (3 décès). Une vaste réfl exion sur les équipe-ments de protection collectifs et individuels (sacs airbag) est en cours dans les stations concernées.Autre donnée marquante : mal-gré le perfectionnement des techniques et la mise en place de programmes de formations des pisteurs secouristes validés

par un diplôme professionnel, ceux-ci sont également très exposés aux chutes à ski (voir infographie). Si l’amélioration du matériel (fi xations et chaus-sures) a permis de réduire les lésions classiques telles que les fractures de la jambe, nous assistons à une recrudescence des atteintes articulaires. Près d’un tiers des lésions trauma-tiques professionnelles sont des lésions du genou : la moi-tié sont des entorses graves (rupture du ligament croisé antérieur). Ces lésions sont préoccupantes, car l’avenir pro-fessionnel du pisteur est enga-gé. Comparées aux lésions aiguës accidentelles, les mala-dies ostéo-articulaires sont nettement moins fréquentes. Il s’agit principalement de dor-salgies. Nous voyons également

Circonstances d'accident du travail

29

7

5

2

2

1

Chutes de ski

Chutes de plain-pied

Manipulations d'objets

Objets en mouvement

Manutention

Véhicules

Les accidents du travail des pisteurs secouristes sont en très grande majorité dus aux chutes à ski, malgré le perfectionnement des techniques et les formations mises en place.

Dans les stations où s’est déroulée l’enquête, une réfl exion est en cours pour équiper les pisteurs secouristes d’airbags. En eff et, si une personne est emportée dans une avalanche, elle doit actionner son airbag, qui se présente sous la forme d’un sac à dos. Une fois rempli d’air, l’airbag permet à la personne de remonter à la surface de la neige.

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apparaître des maladies dues au vieil lissement, comme les tendinites des membres infé-rieurs et les lésions de l’épaule. La santé des salariés les plus anciens est souvent affectéepar ces blessures à répétition.

Quelles sont les répercussions sociales de ces atteintes à la santé pour les pisteurs secouristes ?

Quelles suites donnez-vous à cette étude ?

Dr P. G. : En 2003, sur les 106 pisteurs admis à la visi-te médicale annuelle, 102 ont été reconnus aptes. Les 4 autres ont fait l’objet de res-trictions : aménagements de postes ou reclassement des professionnels. Il existe manifestement un eff et dit de « travailleur sain ». Les pisteurs victimes de frac-tures ou d’entorses graves ayant, dans la très grande majorité, repris leurs activités, sur 20 salariés victimes d’une entorse grave avec rupture du ligament croisé antérieur du genou, 17 ont été opérés et ont repris leur activité antérieure, 3 ont refusé l’intervention et ont changé de poste de travail. Ce constat doit cependant être nuancé à la lumière des conclusions de l’étude complé-mentaire des accidents surve-nus dans un service des pistes de 29 personnes au cours des cinq dernières années écou-lées. Nous avons constaté un

renouvellement de 50 % de l’effectif en six ans. Ainsi,

le changement d’activité professionnelle constitue d’abord une démarche

individuelle. Elle précède, de surcroît, très souvent l’inter-

vention du médecin du tra-vail. L’ensemble de cette

étude montre l’im-portance d’une

meilleure maîtrise

Jean-Paul RichezInfographies : Idé

actu santé

des risques : adaptation des équipements individuels aux tâches, organisation des dépla-cements et du travail. Elle sou-ligne également la nécessité de bien préparer les pisteurs en prenant en compte les com-portements individuels ainsi que l’hygiène de vie. À ce titre, nous insistons sur la prépara-tion physique d’avant-saison,

mais aussi sur l’alimentation et l’hydratation d’une population particuliè rement exposée au froid et travaillant en altitude.

Pistes : les anges gardiensfont aussi de mauvaises chutes

Les salariés chargés du montage et

de l’exploitation des remontées mécaniques assurent de nombreuses tâches de maintenance sur les installations. Ils sont également formés pour évacuer des passagers de transports téléportés immobilisés. Autant de situations de travail en hauteur qui imposent le recours aux équipements

de protection individuelle. Pour mettre en œuvre ces équipements, l’entreprise doit suivre une démarche cohérente répondant aux principes généraux de prévention. La formation aux EPI s’inscrit dans ce cadre. Afin de réunir les conditions de réussite, la CRAM Rhône-Alpes a défini un référentiel de connaissances pour le processus de formation. Ce document doit permettre aux entreprises exploitantes de constituer une base pour un appel d’offres auprès de différents prestataires.

Référentiel de connaissancespour l’utilisation des EPI. Travaux en hauteur dans les remontées mécaniques. CRAM Rhône-Alpes, SP 1129, 2006.www.cramra.fr

EPI, travaux en hauteur et remontées mécaniques

Lésions traumatiques liées au travailLésions traumatiques (nombre de cas)

Fracture de jambe : 13

Entorse de cheville : 10

Lésion du genou : 39

Fracture de cotes : 7

Entorse doigts : 4

Fracture de poignet : 6

Fracture membre supérieur : 6

Entorse clavicule : 6

Lésion neurologique : 1

Entorse cervicale : 5

Hémopneumothorax : 3

Plaies : 4

Ltic : 6

Fracture cervicale : 3

Fracture du fémur : 2

39 % des lésions traumatiques professionnelles sont des lésions du genou et notamment des ruptures du pivot central. Souvent dues à des fi xations qui ne déchaussent pas.

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