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    Avril mAi juin 2012 n 96 5,5

    P O i T O u - C H A r E n T E S

    la chimievertepoitou-charentes / vietnamle baudet et le dragon

    attila et les hunsla hantise de lautre

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    LAcual scenue, echnue, cnmue Pu-Charenes es de par lEspace Mends France aecle suen du Cnsel Rgnal de Pu-Charenes e

    aec le cncurs du CNRS, de lENSMA, de lUners

    de Pers, du Grand Pers, du CHU de Pers.1, pace de a Catdrae 86000 Pitiers T. 05 49 50 33 00iteet : http://actate-poto-chaetes.fo

    E.mai : [email protected] Disin : 05 49 51 56 00 Abnnements : virp. 50 Directer de a pbicatin : mao CottoDirecter dg :Dde moeaRdacter en ce :jea-lc TeadosFondateurs : Christian Brochet, ClaudeFouchier, Jean-Pierre MichelCPPAP 1114 G 89186 ISSN 1761-9971 Dpt ga 2etrimestre 2012Cnceptin Raisatin : Agece de pesse AvCocato - Cade Foche

    Graphiste : Fred Briand - Poitiers Imprimerie Sopan-Vieira - Angoulme.

    poitou-charentes

    dMettre les choses lpreuve du temps, celapoat passe po obstace o e teps

    peut savrer un rvlateur. Cette dition ledmontre travers ses dossiers. Quand leschercheurs de Poitiers ont commenc dans lesannes 1980 travailler sur la chimie verte,qui ntait mme pas nomme comme telle lpoque, ils faisaient gure de pionniers dansun domaine quasi inexistant pour la socit. Letemps a fait son uvre. Il permet la dmarchescientique de mrir mais aussi de sinscriredans un enjeu de socit qui devient patent.

    Depuis bientt vingt ans, la Rgion Poitou-Chaetes etetet des eatos ctees et

    universitaires avec le Vietnam. Cest la constancequi a permis dinstaurer des relations de travailet damiti trs solides. Condition indispensablepo coste des poets dabes o

    chacun y trouve son compte. Ce dossier estaussi loccasion de mettre en vedette le projetphotographique de Sbastien Laval sur lesminorits ethniques du Vietnam.

    Le temps fait aussi voluer les regards. Cestvident lorsque lon mesure limpact du festivalFilmer le travail qui, cette anne grce lapportdes crivains, a fait du travail un objet littraire.Au-del des strotypes, il est ncessairede renouveler notre faon de questionner les

    problmes, an de parvenir des propositionscollectives en profondeur.

    Les vnements passent, les crits restent.

    Didier Moreau

    En cuerure : phgraphe de Marc Deneer.

    4 RECHERCHE, CULtURE, RoUtES, SAvEURS

    12 SARAH GLiDEN, LARt ENGAGEMENt

    Angoulme, la Maison des auteurs accueille Sarah Glidden, adepte dela bande dessine de tmoignage et de reportage.

    14 AttiLA, LA HANtiSE DE LAUtREEdina Bozky, mdiviste de lUniversit de Poitiers, met en lumire lavrit historique et la lgende dans la reprsentation du roi des Huns.

    16 une chimiedoublement verteSi les Amricains ont cr trs tt un Institut international de la chimieverte, les chercheurs de lUniversit de Poitiers ont t des pionniers ence domaine, comme le raconte Jol Barrault.

    22LE tRAvAiL, objEt LittRAiRELe 3e festival Filmer le travail na pas uniquement mis les images lhonneur. Les mots aussi. Pour comprendre comment les auteurscrivent, dcrivent, romancent leur travail et/ou celui des autres.

    24 lpre got du monde

    Croquis-Dmolition de Patricia Cottron-Daubign est un texte encadences mcaniques, un texte de combat, dlicat et sonore. Par MyriamMarrache-Gourraud.

    26 le baudetet le dragon

    Depuislandesannes1990,laRgionPoiou-ChareneseleVienam

    entretiennent de fcondes relations culturelles.32 dans le dialogue des civilisations

    PaulFromoneil,ancienvice-prsidendelaRgionPoiou-Charenes,eslundesprincipauxarisansdesrelaionsavecleVienam.

    33 passeurs de savoir

    LesUniversisdePoiierseLaRochelleconduisendesprogrammesdecoopraionavecleVienam,delaformaiondesingrieursau dveloppement de lcotourisme.

    35 viNGt ANS DE CooPRAtioN AvEC LE viEtNAM Depuis1992,FranoiseLapierre,neurochirurgienneauCHUdePoiiers,

    effecuedeuxroismissionsparanauVienam.

    36 les ethnies minoritaires du vietnam

    Sbastien Laval a entrepris de photographier les cinquante-trois ethniesminoriairesduVienam.Rcidunedcouvere.

    42 DoUARD ANDR, jARDiNS PoUR PoitiERS Reour surlacraion,en1893-1894,dujardinbapissquaredela

    Rpubliquelannesuivane.Derenommeinernaionale,sonarchiecepaysagiseavaidjdonnunprojepourlejardinanglaisdeBlossac.

    45 UN jARDiN CENtENAiREPoiiers,danslejardindelhypogedesDunesunesouscripionapermisdrigeren1912unmonumenlammoireduPredelaCroix,grand archologue.

    46 LE PAtRiMoiNE REDESSiN Le Conseil gnral de la Charente a fait appel la crativit des auteurs

    de bande dessine pour voquer le sites archologiques et historiques.

    48 CULtURE SCiENtiFiqUE

    smmare

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    recherche

    lcle de la dmcraee du prgrs

    enre 1831 e 1991, 160 promo-tions dhommes, souvent doriginemodeste, ont acquis lcole normaledelaVienneconnaissancesesensdeladcouvere.AuldulivredAndrSapinqui en fait lhistoire, lcole normalesafrmefaceuneadminisraiondaou aux notables. Lintrt de ce livre estde montrer comment le progrs sestmanifest au sein dactivits nouvellesdans la formation des instituteurs reliantainsi la socit paysanne au monde enmergence.

    1792-1831 : NAiSSANCE DUN SyS-

    tME UNiFi DiNStRUCtioN. laveilledelaRvoluion,lediocseavaimis en place des coles gratuites pour lesgaronsPoiiers.Condorce1, lors dundiscours lAssemble nationale en avril1792,fonde lesysme moderne : unecole gratuite, tage en apprentissagessuccessifs.Lenjeu,ceslaransformaionrpublicaine. Napolon se dcharge delcole primaire sur les communes maisdveloppe lide dun corps denseigne-men.Laquesiondeviencelledela.LaResauraionmeenplacedescom-missions locales qui dterminent si lesenseignants ont le brevet de capacit.Elles seront dcisives pour le succs descoles normales. Car le comportement leplus apprci chez un matre dcole, nousindique Andr Sapin, cest son attitudesoumise aux autorits. Lvque de laViennedemandeainsisescursdeseren-

    seigner sur les candidats instituteurs. Lesauoriscivilespensendelammefaon.Lespouvoirsonbienvulinuencesurlesvaleurs et les opinions que lcole recle.AvanlaloiGuizode1833quignraliseles coles normales, un tablissement avaitdjvulejourdanslaVienne.Lepremierdirecteur, dconsidr auprs du prfet,esremplacparuninsiueurexeranMelledepuis1807,JeanBapiseMaynard.parirdu12dcembre1832,celui-cienseignelcolecommunalelejourefait, le soir, son premier cours normal

    aux lves instituteurs. La formation decette promotion na dur que quatre mois !

    LA FoRMAtioN LENtE DUN GRoUPE

    PRoFESSioNNEL.Trs vite, elle passedeuxansesefaienjourne,enpen-sionnat. Lducation est faite denseigne-ments nouveaux enracins dans la viecourante. On distribue des rudimentsde notions darpentage, dagriculture enplus des cours dcriture et de sciences.Mais la seule libert du directeur cest deconstruire programmes et contenus. Pourle reste, il expertise aussi des documentspour ladministration, conseille sur lachatde matriel et de fournitures, participe desjurysderecruemenadminisraifouencore fait copier par ses lves matresdes documents dupliquer pour les ter-ritoires ou administrations concernes.Ils sont mme recruts par la communepourlorganisaiondeslecionsde1848.Lcole normale se fond ainsi dans le tra-

    vailquoidiendunaenconsrucion.Lencadrement est aussi celui des notables,des curs ou de lvque. Lcole doitobtenir la validation de sa formation parlescommissionsdenoablesdniessouslaResauraion,quidisensileslvesmatres correspondent lide quils sefont dun ducateur. Les locaux, le mat-riel restent un problme central, dans uneadministration qui limite les dpensesnotamment les investissements. La lutte,difcile, pour les souiens nanciersimplique une forte conformit sociale.

    1884 : LCoLE NoRMALE AU CUR

    DE LA NAtioN.Jules Ferry parachvele systme ducatif en rendant lcoleobligatoire et gratuite, et lacise le per-sonnel des coles primaires, retirant soninuencelglise. Un tournant que laprparaionlaguerrevaconrmer.Lenouveau manuel dhistoire de Lavissesouligne lhistoire militaire, tandis quegymnastique et exercice de tir apportentune nouvelle couleur aux enseignements.Aprs1918,denombreuxclubsdesporse dvelopperont dans les communes la suite de cet apprentissage. Depuis1912,leslvesmaresparicipenaussi lencadrement dactivits priscolaires.Limplication continue des instituteursdans la vie rurale en fait des relais essen-tiels de ladministrat ion, notamment pourle fonctionnement des mairies, dont ilssont souvent les secrtaires, du fait de leuraptitude lcriture, aux mathmatiquesou lagriculture.Cette histoire, Andr Sapin lillustre en-core au travers dune analyse des originessociales des diffrentes promotions. Ildcrit les emplois du temps et les activitsdiverses,Pre100ene,quiryhmaien

    la vie de lcole. Le tableau terriblementvivant quil nous livre de ces mutationsest compos dune suite de rcits simpleset faciles suivre. On comprendra lanostalgie un peu dsute qui anime noshussards noirs face ces temps hardis etclairs, o le progrs sincarnait si bien dansces animateurs, dont la plupart venaientdu peuple lui-mme. Une dmocratie enace, don nous cherchons aujourdhuidifcilemenlanouvellerecee.

    Pierre Prot

    lves et matres. Lcole normale

    dinstituteurs de Poitiers (1831-1991),dAndr Sapin, Arcives de vie,Geste ditins, 388 p., 27 J.-

    L.

    T.

    1. Condorcet,deE. et R. Badinter(Fayard, 1989) ;Histoire de

    lducation

    populaire, deBenigno Cacrs(Seuil, 1992) ;Profession :

    instituteurs, deBertrand Geay(Seuil, 1999).

    Le denn

    San-Hlare,

    cle nrmale

    dnsueurs

    de Pers.

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    recherche

    que donne comprendre les suicidesqui ont eu lieu sur le lieu de travail ?Queveulennousdirecesacesmajeurssur les personnes qui ont pouss de telscris?PourChrisopheDejours,iulairede la chaire psychanalyse, sant, travailau Conservatoire national des arts etmiers,quiaiChauvignyle24mars,ils mettent en vidence une aggravationdes problmes de sant mentale de nosconcitoyens. Apparus dans le courant desannes1990,cesacesnonreprspar personnes. Ces suicides sur le lieu de

    ravailse sonainsimuliplisen2005,puisen2009,aveclavaguechezFrancetlcom. Cest du ct de lorganisation duravailqueChrisopheDejoursrouvelesraisons de cette aggravation. Plus prci-sment dans lvaluation individuelle desperformances qui isole les salaris et trans-forme cette technique en menace directe

    JEAN-PIERRE BoDIN / ChRISToPhE DEJouRS

    Le raal rend-l malade ?sur le salari, dans notre socit de faibleemploi. Elle installe la concurrence directeentre collgues, et nous pousse des actesque nous dsapprouvons. Les plus touchscesonceuxqui,nalemen,aienlesplus impliqus dans leur emploi !

    tRAGiqUE tRAvAiL. La venue deChrisopheDejours Chauvigny, cesJean-Pierre Bodin qui la suscit. Onconnat le travail de ce metteur en scne etcomdien sur ces questions. Il rcidive, silon peut dire, avec son nouveau spectacle

    Trs nombreux, chacun seul.Un spectacle qui donne comprendre cequesonlesnouvellesconguraionsderavaildaujourdhui, o les employeursaniment eux-mmes les salaris enmuliplian les jeux souven idiospourfairelambiance:Amnelaphoodeafemme tu gagneras un porte-cls ! Seulen scne, Jean-Pierre Bodin nous racontela vie de ces salaris qui, Chtellerault, Chauvigny, ou ailleurs, aprs une vierythme par les sirnes de lusine, perdentpieds face aux restructurations engagesdepuis dix ans. Ce fut le cas de PhilippeWiddershoven, dlgu CGT et directeurinformatique des tablissements Deshou-lires de Chauvigny. La lettre trouve aulocalsyndicaldisai:CyrilleeGrardmont tuer [les prnoms du PDG et dudirecteur gnral engags par le nouveaupropritaire pour couper dans les effectifs].CommelesouligneChrisopheDejoursdanslespecacle:Riennavaijusque-l

    laiss penser que cet homme tait fragile,bien au contraire. Entrecoup de vidosdAlexandrine Brisson, dont celles o loncoute le spcialiste du travail, citant aussiSonyaFaure,journaliseLibration, lespectacle nous alerte sur cette solitudequi nous ronge et ses rpercussions dansnos vies. Il rend compte avec mesure maisobstination de la dsorganisation qui nousaeinebraqueleprojeceursurlinsiu-tion totale quest devenue lentreprise quandnous nous y soumettons si intensment quenous navons plus aucune libert pour nous

    pensernous-mmes,pourdevenirdessujesau travail avant mme dtre des citoyens.Un spectacle tranchant, mais pas triste,saisissant mais mobilisateur. P. P.

    le16janvier2012,MireilleBarriees

    venue, comme souvent, au pot de lan-cement deLActual it Poitou-Charentesandeparageravecnouscemomenchaleureux. Personne nimaginait quectait sa dernire sortie publique. Aprsavoir lutt quelques semaines contre uneterrible maladie, elle steignait danslanuidu17fvrierlgede61ans.Sous le mandat de Jacques Santrot, unegrande partie de la politique culturellede Poitiers a t porte par MireilleBarriet. Ancienne du PSU passe au PS,elle a t lue conseillre municipaleen1983,daborddlguelajeunesse

    puisadjoinelaculurede19952008.Elle sest battue pour la cration du TAP,pour la consolidation de lEspace Mends

    France et du Centre dramatique Poitou-

    Charentes, et pour des structures plusmodestes comme les ateliers dartistes etlagalerieLouise-Michel,dernierprojede son mandat pour lequel elle manifestaitrgulirement son attachement. Sans lesavoir, cette latiniste apporta une contri-bution lhistoire de nos origines. Eneffe,cesMireilleBarriequiapeaunle nom lain dAbel :Australopitecusbahrelghazali, lhomme de la rivireaux gazelles. Elle dcouvrira plus tard,aprs la publication dansNature, que cethominid dcouvert au Tchad par MichelBrunet venait tout chambouler

    Nous lui ddions cette dition o sestglisse au moins une expression latineet notre vivante reconnaissance. J.-L. T.

    tribunal hessel

    LInstitut international de recherchepolitique de civilisation a lanc, le6 fvrier 2012 Poitiers, lide decrer un tribunal Hessel contre labarbarie de lconomie, un tribunaldopinion sur le mode du tribunalRussell cr pendant la guerre duVietnam. a suft ! sexclameChristovam Buarque, snateur duBrsil. Des crimes contre lhumanitsont commis par la voracit et lacupidit des nanciers.Internet permet de mettre en uvre lchelle plantaire ce projetdordre thique, cest--dire delancer un dbat citoyen mondial.

    iSAbELLE PoUEy-SANCHoUin memoriam

    Aprs des mois de lutte contre lecace, isabee Poey-Sacho est

    dcde le 17 mars 2012 Sainte-

    Soulle, lge de 54 ans. Journaliste Sud-Ouest, ee exceat das es

    faits divers comme le souligne soncollgue de La Rochelle, ThomasBrosset : En soccupant delactualit chaude et douloureuse,elle avait choisi le plus dur du mtier.le ps exatat as e ps d. Et

    elle-mme ne sortait jamais intactedes sujets quelle traitait. Sonempathie pour les victimes la rendaitlourde de la souffrance des autres.Isabelle tait lpouse de JeanRoquecave, dle collaborateur

    de LActualit, la mre de deuxefats, maae et de Pa, ee

    photographe (voir p. 7).

    Mrelle barre

    D 7 a 28jiet a Ttredes haes,a estiva dAvignn.

    VincentArbelet

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    culture

    comparer lattitude des esclava-gistes notre propre attitudeenvers le ptrole est la fois lgitime etutile. Aussi audacieuse quelle puisseparatre, telle est la thse, dlibrmentprovocatrice, qutaye lhistorien Jean-FranoisMouhodanssondernierouvrage,Des esclaves nergtiques, rexions sur

    le changement climatique.Partant du postulat que notre socitcontemporaine entretient une relation deservitude avec les machines, ces escla-vagesnergiquesquifonaujourdhui

    notre lessive, cuisinent notre place, noustransportent lautre bout du monde, nousdiverissen,efonpournouslamajeure

    partie des travaux pnibles ncessaires notre survie ou notre confort, Jean-FranoisMouhoabli,avecbeaucoupde prcautions, un parallle trs docu-ment entre limmoralit des socitsesclavagistes et le manque dthique denossocisconemporaines:alorsqueles premires ont caus la souffrancedunepariedeshommesauprodunepartie des autres, les secondes provoquentgalemenaujourdhui,ceresdemanirecollatrale, et non directement commectait le cas lors de lesclavage, de

    nombreux dgts humains, politiques etcologiques. Car, comme il le rappelleet le souligne, notre systme nergtique

    engendre des pollutions, un rchauffe-ment climatique et aussi des agressions(notamment dans le cas des politiquesdapprovisionnement en ptrole, dansdes pays comme lIrak, la Birmanie oulAngola) dont les principales victimesvivent dans les pays du Sud, de la mmemanire que les victimes de lesclavagetaient de lointains inconnus pour laplupart des esclavagistes.

    DCARboNER NoS SoCitS.Troublante, sa dmonstration a le mr ite

    de mettre en lumire notre attiranceprofondment humaine pour le confortet la facilit.Attitudequi a entran (etcontinue dentraner) lusage desclaves(rels ou virtuels) et permet dexpli-quer en partie notre lthargie collectiveenvers le changement climatique ainsi quenotre rsistance aux politiques visant rduire notre dpendance lnergie bonmarch. Voyan dans le changemenclimatique une occasion extraordinaire defaire voluer nos modes de vie vers plusdhumanit plutt quun problme inso-luble,Jean-FranoisMouhoenappellenoreconscience:Ilesprobablequela prochaine gnration nous maudissepour les dgts irrparables que nousaurons causs la plante. Sans aucundoute, diront-ils, ctait l un peuple debarbares. Aussi faut-il au plus vite trouverles solutions collectives pour dcarbo-ner nos socits de la mme manire quenos anctres ont su abolir lesclavage. Car,si, comme le disait le Ngre de Surinamdans le conte philosophique, Candide,deVolaire,Cesceprix-lquevousmangezdusucreenEurope,aujourdhuiencore notre aveuglement moral porte delourdes consquences.

    Aline Chambras

    Des esclaves nergtiques, rexionssur le changement climatique, deJean-Franis Mt, Camp-Van,2011, 154 p., 17

    Jean-Franis Mt est cargde recerce universit deGergetwn (Wasingtn) et EhESS Paris.I a pbi cez Septentrin en 2009Les Rugis acadiens en France 1758-1785(entretien pbi dans LActualit

    n 87, janvier 2010), en crs derditin par es Presses niversitairesde Rennes.

    JEAN-FRANoIS MouhoT

    Saffranchr

    positive rio tv

    En 1992, Benot Thau participaita soet de a Tee, ro. vgt

    ans aprs, il y retourne en juinavec un nouveau projet, Positive-Rio, que lon peut suivre grce internet. Lobjectif est de montrerdes expriences russies dedveloppement durable et humainqui mergent un peu partout danse ode, e patce e Face,

    au Brsil, Djibouti, en Inde, au

    ma, a maoc. Des docetaesde 3 5 minutes sont en accs libres e potat teet et, dat e

    sommet, un journal vido doit trediffus chaque jour.le poet obse ass des

    jeunes dune douzaine de pays,comme force dinterpellation faceax esposabes potqes et

    conomiques.Dautre part, en septembre 2012,luniversit internationale delInstitut international de recherchepolitique de civilisation prsentera

    Niort un bilan et des perspectivesde ro + 20.

    www.positive-rio.tv

    trsor global,

    ph de therr

    Fnane.

    Epsn

    mulse Pers duran

    l 2012.

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    culture

    DENIS MoNTEBEllo

    La r en cmeng iulio Montebello est au cur de cerci de son pei-ls, Denis, quiva chercher les mots et les saveurs delenfancedanslafordesVosgesoilsmarchaient tous les deux comme troisfrres. Un grand-pre cimentier-carre-leur, venu du Pimont, qui troqua sonprnom italien pour celui de Jules.

    LAcual. Es-ce une archlge

    de la famlle, aec pur dps sd -

    menares des ms ?

    Dens Mneell. Archologie, cest le

    mot, une trace parmi dautres, par exemplelescyclamensdeNaplesquieurissen lore de lautomne et au dbut de celivre.Jenelescueillepas,jelesregardecommeauandesympmes;jeleslis,cequiesuneaurefaondecueillir;jaccueillelamerveille.Maiscesaussimettre ses pas dans des vestiges, ses mots.Inventer, comme on dit de larchologuequi dcouvre (par hasard, par le truche-ment de lagriculteur qui retournait aummemomenlaerre)lecraredeVix.Moiaussijinvente :jedcouvre,nonpasdes secrets de famille (ils sont trop biencachs), mais que la mmoire travaille.Que cest elle qui crit cette belle page deterre, pour citer un archologue de mesamis citant Bernard Nol. Je dcouvreaussi ce que les archologues appellentmatire noire, par quoi ils dsignent cesges obscurs davant lhistoire ; et toutce qui chappe lhistoire. La matirenoire, pour moi, cest la mlancolie, celle

    de mon grand-pre Giulio. Jen cherchela cause. E la seule ceriude que jeretire de cette enqute o les indicessonellemenrares,ellemendifciles interprter, cest que cette mlancoliefait partie de mon hritage, que cest ceque cet homme des bois, ce que lours(comme on le surnommait gentimentdans la famille) ma transmis.

    Les ees pen sur des epres -

    sns ppulares u enan daures

    langues. Es-ce parce ue a snne

    en ?Jenesaispassiasonnebien,maisarsonne. Longtemps aprs. Cest commeune rumeur qui nous parvient de cesges,commesilefranaisairavaillpar dautres langues, par la langue delaure, cellequon na jamais appriseequonnennipasderaduire.Ceelangue, cest moins litalien que le pie-montis, ce bel parlque Dante excluaitjusemendela famille,parceque ropproche de celles doltralpe. Litalien,mon grand-pre lavait appris lcole,eilneleparlaijamais.QusamrequandilluicrivaideFrance.Voillelac dOrta, lle de San Giulio, le paradisdonlimagemepoursuivaijusquedansmafor.Onousallionsluiemoi:ouslesdeuxcommeroisfrres.Ojedevenais (une sorte dadoubement) soncamarade sandicaire. Cela fait notrefranaisrange,maiscesgalemenle mot comme lenfant lentend la pre-

    mirefois.Illereoicommeilreoisonnom :commeunsignevide.Il leremotive. Ce mot quil entend et quilnentend pas. Il lui donne un sens quinest pas le sien. Et cest trs bon pourla littrature. Le paradis, cest aussi bienla fort, la grande fort o lenfant estcommedanssonjardin.Unjardinolemot ressemble la chose. Aprs, il fautapprendre parler, apprendre lexil. Leslinguistes appellent cela larbitraire dusigne.Celanousloigneunpeudusuje.

    La nurrure es rs prsene, desgncch la ne de uf. y a-

    -l un glssemen enre la rurue

    saeurs de lactuite ce rc ?

    La nourriture y est en effet comme dansla rubrique saveurs. Une trace. La traceprsente du pass. Dun pass qui nepasse pas plus que la ttine de bufqui tait la spcialit de la maman. Maiscesaussi,aveclesgnocchidujeudiqueme prparai mon grand-pre, obje,ou, pour parler comme Francis Ponge,objeu, objoie. Et cest, dans ce livre oil est question de transmission, de ladifculderansmereedesrendez-vous manqus avec lItalie, une part demon hritage. Lautre tant la mlancolie.

    quelle es la par de cn ?

    Cest ce qui travaille la langue. Ce qui larend trange et quon observe aussi dansle rve. Cest encore la mmoire luvre,comment le souvenir travaille. Commentle Pre Meuchmeuch a pu devenir, demarchand ambulant quil tait, prome-nant son tonneau, un tyran terrorisant levillage et que mon grand-pre avec sabande de garnements aurait fait mourirde peur. Comment de petits voleurs de

    sardines, danchois, peuvent apparatre,desannesaprs,habillsenjusiciers,et de quelle nuit i ls surgissent.

    Recueilli parJean-Luc Terradillos

    Tous les deux comme trois rres, deDenis Mntebe, le temps qi ait,2012, 120 p., 15 e. Cez e mmediter, es receis de a rbriqesavers de LActualit:Fouaces et autres viandes clestes,2004 ; Le diable, lassaisonnement,2007. Cez pbie.net : Immobilier-

    services, 2008 ; Calatayud, 2008 ;Le cactus car il capte, 2008 ;Lachambre voyage, 2009.Pa

    ulRoque

    cave

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    culture

    alexandre tharaud

    EN CHEMiNS DE MUSiqUEAu festival 2012 de labbaye deLigug, Jean-Guihen Queyrasinterprtera lintgrale de suitespour violoncelle seul de Bach le28 juin labbatiale de Fontaine-e-Cote. Aexade Thaad y

    donnera le 29 un rcital hommage Rameau, avant de jouer dessoates de Scaatt, sae des Pas

    Perdus Poitiers le 30, pour nirpa des stes de Haede et des

    partitas de Bach au concert decte, e 1e et.

    http://www.chesdesqe.f

    un an aprs sa premire apparitiondansLIngratitude des fils,lejeuneet attachant inspecteur Maurice Clavaultreprend du service dans Le Choix desdsordres, le dernier ouvrage de PierreDOvidio, qui vient de paratre dans lacollecionGrandsdeciveschez10/18.Pour cette seconde enqute, qui se droulecomme la premire aux lendemains de laLibration, le policier parisien entrane,cette fois, le lecteur dans les mandresde lhistoire de la dcolonisation, et, plusprcisment, au cur du Madagascar

    insurrecionnelde1947.Fascin depuis lenfance par celle quelon surnomme parfois lle rouge enraison de la couleur de la roche, la latrite,qui forme ses plateaux, et o il russit, pourson plus grand bonheur, se rendre dansle cadre dune bourse de mission Stendhal1en2006,PierreDOvidiovoulai,unefoisencore, rendre hommage cette anciennecoloniefranaise,quiaccdalindpen -dancele26juin1960,edonlhisoirereste bien mal connue en mtropole.AvecLe Choix des dsordres, cest, toutdabord, un Paris libr, mais en proieaux difculs de raviaillemen e delogement, dans lequel Maurice Clavault apour mission de surveiller de prs lactivitpolitique de militants malgaches, quePierre DOvidio nous dpeint avec unejusesse e une fracheur savoureuses.Aux cs de lagure de linspeceur

    Maurice Clavault, toute une galerie depersonnages, finement brosss, ou linverse subtilement esquisss, permet,en effet, de donner vie cette poqueempreinedeconradicions.Dlenainsilcrivain Paul Lautaud, ractionnaire,misogyne, mais sympathique avec qui pure cion le jeune policier se liedamiti, et dont la prsence ser t, commelexplique Pierre DOvidio, mettre enlumire la ralit dune partie de lopi-nionenFrance.MaisaussiMaxRudy,linspecteur du ravitaillement vreux ou

    encore le cousin Antoine, dont seul lesouvenir est voqu puisquil nest pasrapparu depuis son arrestation pendantlaguerreedonlejeunepolicieraenddsesprment des nouvelles.Dans la seconde partie du livre, cest Madagascar mme, o lassassinat dunriche et puissant colon alimente de vivesspculations, que Maurice Clavault conti-nue ses investigations. L encore, le polarsejoueranquillemen,laissanlaparbelle la description dune poque trouble oleshriiersdelaRsisanceserouvaienconfronts aux premires luttes indpen-dantistes. Lauteur met ainsi en scne desVazaha,cescolonsapparenanlahauesocit insulaire, mais aussi des mtropo-litains venus chercher Madagascar unpeu de douceur de vivre et, bien sr, desMalgaches, pauvres et dmunis, soumisau travail forc et qui, pour la plupart,

    aspirensedfairedujougdelamropole.Dans ce climat dltre, Maurice Clavaultdevra apprendre ne pas succomber laparessedeshabiudesdepenseandemener bien son enqute.Loin des romans policiers suspense,LeChoix des dsordres est au fond un polardans lequel cest lHistoire part entirequi se fait personnage.

    Aline Chambras

    Le Choix des dsordres, de PierreDovidi, Grands dtectives 10/18,

    286 p., 7,50e

    PIERRE DoVIDIo

    Plar ruge

    1. Il en a tirNationale 7.

    Carnet de voyage

    Madagascar, livrepubli aux ditionsLe temps quil aiten 2009.

    Poitiers, la galer ie associative LArt-

    cuerie prsene jusquau 12 avrildes peintures et gravures de Gildas LeRese.Lexposiionesaccompagnedunepetite publication o lon peut lire un textedAlberto Manguel, Art de labsence.Exrai:Noussommesdesresnarraifset tout ce que nous voyons est une part iedune fable de longue haleine. Les gra-vuresdeGildasLeResehonorenceeimpulsion. Peu (apparemment peu) estncessaire pour les accomplir, parce quelil du spectateur fait le reste. Quelqueslignes horizontales reprsentent un arbre,quelques coups convergents, une tulipe,

    quelques zones brises des tnbres, unerose. Ils existent tous dans ce qui nest pasl, dans la mise en vidence de labsence.

    Loti, toUjoURSLes deux grands spcialistes dePee lot sot fatgabes. is

    publient aux Indes savantes levolume III du Journal de Pierre Loti1887-1895(852 p., 42 e). De sonct, Alain Quella-Villger proposeune nouvelle dition chez Omnibusde 64 nouvelles de Loti, sous le titreRcits dici ou dailleurs(864 p.,26 e), tandis que Bruno Vercier livreun essai trs touchant o, pour lapremire fois, il emploie le je ,chez Bleu autour : Pierre Loti,denfance et dailleurs(194 p., 15 e).Des ouvrages sur lesquels nousreviendrons.

    GIlDAS lE RESTE

    Ar de lasence

    PierreDOvidio

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    LActuALit Poitou-chArentes n 96 99

    Laconure

    devieuxgaron

    saveurs

    Par Denis Montebello Photo Marc Deneyer

    de cette conture, je le crains, onne connatrait gure que le pot.Ft-il un grand bocal, rempli de

    tout ce quon a pu cueillir au jardin ouacheter au march de fraises, abricots,framboises, cerises, poires, pches, nec-tarines, groseilles, reines-claudes, raisins,mirabelles, etc., cela ne sufrait pas gayer les longues soires dhiver. Ou cesdimanches qui, malgr les fruits que lt adposs, couche aprs couche et sous leur

    poids de sucre, dans leau-de-vie, ou causedeux, de cette appellation vieillotte sous

    laquelle Nol on les dguste, ressemblentau cimetire de Verrines-sous-Celles orepose celui qui nest plus Pierre Terrire,mais le Clibataire. Trois mois peinese sont couls, et on dirait des sicles. Ona beau laisser les fruits pour boire de cetteliqueur, comme on veut en poilu et entredeux obus la nommer, ce vieux garonnous fait inluctablement retomber surcette tombe, revenir celui dont ce futlunique fait darme, dont ctait la qualit.Pierre Terrire tait le seul exercer ici et cette poque la profession de clibataire(cest tout un mtier en effet), et cest vitedevenu un surnom, et qui lui est rest.

    Aussi le village qui est sa vraie famillecontinue-t-il lappeler ainsi, par-del lamort. Il dit adieu celui qui est et sera

    jamais le Clibataire. Mme si la pierreseffrite, parce que glive ou sous lactionrpte du roundup.Il ne faut pas tenter le diable avec desfruits qui ne sont pas de saison. Ou, si lonsy risque, cest la manire de NathalieBcle. Comme elle la raconte.

    CELA A DbUt iL y A ENviRoN Dix

    ANS.En feuilletant un livre de recettes, elle

    a dcouvert la confture de vieux garon.Lide dagrger durant huit mois dans unpot en terre (je le verrais plutt en verre, cause de Verrines et de son cimetire,mais aussi parce que chez moi, en Lorraine,on ne met pas en pots mais dans des ver-rines ses contures, de mirabelles ou degroseilles ppines la plume doie) desfruits macrant dans de lalcool (pour sa

    part, elle na pas choisi leau-de-vie, maisdu rhum) et du sucre, avec une dgustat ion

    juste avant Nol.Elle commence gnralement son mlangeau mois de mai avec les fraises, les cerises.Certains ne veulent, pour leurconfture,que des fruits rouges ; elle, elle met des

    prunes, des pches, des groseilles, desframboises, et, en n de saison, pommes,

    poires et raisins. Au fur et mesure, ellerajoute du rhum (duMontebello, pourquoi

    pas, entre 2 et 3 litres) et du sucre, mais pastrop, car elle se dguste le fameux jour, enguise dapritif et gnralement il en reste

    peu. Autour de cette ide, sest mis en placeune sorte de rituel avec diffrentes rglesqui permettent que lalchimie opre.Premire rgle : le nombre dinvits.A t invit au dpart un nombre restreintde personnes, une douzaine : 4 couples et4 clibataires. Ne peuvent se rajouter cegroupe que les nouveaux compagnons ou

    compagnes des 4 clibataires, qui sont desfemmes. Une fois que celles-ci ne le serontplus, la confture de vieux garon sarr-tera. Ce nombre varie selon les fortunesamoureuses des invits.Il y a maintenant 5couples, 3 clibataires, et un moment danscette recette qui na pas, quoi quil dise,chapp au chef. La participation cettesoire suscitant quelques convoitises, uneamie, qui avait bien intgr le processus,envoya par courriel une proposition de

    pacs une des clibataires qui fut un peudboussole par la demande : lexpditricestait-elle trompe de destinataire ? Ilsensuivit un change, un vrai mli-mlo.Mais son audace a pay, elle assiste main-tenant ofciellement la confture.Deuxime rgle : le lieu. Une pice pastrop grande, un salon, pas la salle mangero tout le monde est install autour dunegrande table comme pour un repas nor-mal.Dans le salon, tout le monde sassoitautour dune grande table basse, coude coude, sur fauteuils, canap, chaises.Troisime rgle : la date.Juste avant la nde lanne, au dbut des vacances dhiver,toutes les tensions se relchent, cela donneune certaine euphorie.Quatrime rgle : linvitation. Nouvelle

    cration, chaque anne, envoye en no-vembre. Laconfturede lanne est dgusteen apritif, et le repas qui suit, normal, sedroule dans une ambiance trs chaleureuse.Les lles ne sont pas en reste, elles mnentla danse. Est-ce d au nom de la confture ?

    Nathalie nous laisse interprter.Le rituel se perptuera, tant que cliba-taire il y aura.Depuis deux ans, le nom dela soire est inscrit en lettres colles surun mur du salon et, cette anne, chaqueinvit avait un verre grav ses initiales.Moi, si javais t invit, jaurais lev monverre. Comme tout le monde. Mon verre

    grav mes initiales. Jaurais mang decette confture. Bu de cette liqueur. votre sant. Et aux Dieux Mnes.

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    quinajamaislulaposiede Jean-Franois Mah peu commencerpar ouvrir ce dernier recueil, paru commeouslesaureschezRougerie,carlaueurydessinesoniinrairedepuis1987.Eneffe,lensemble de nouveaux textes qui donneson titre au livre, Chemin qui me suit, estprcd dun choix de pomes publis entre1987e2007,noammendansdeuxirespuiss:Le Ciel passant(prix KowalskidevilledeLyon2002)eLe Temps parmoments (prix du livre en Poitou-Cha-renes1999).Lombreesomniprsene,la

    sienne et celles des autres qui appellent. Lecheminesdeplusenplusroi.Rienquelessentiel pour avancer, mais vers o ? enligne droite, rebours ? On voit aussi laneige, autre image rcurrente, changer denaure:audbu,lumireblouissaneavecun degr de chaleur qui vient assouplir lapage, puis elle se mue en blancheur froide,segeesedurciaupoindaeindreladuret de la pierre.Larbre, trait dunion du ciel et de la terre,jalonnelecheminemendupoe:Lart du dtachement

    il a fallu longtemps

    pour le sculpter dans le cur et dans le

    corps

    limage dun arbre

    qui na gard que le vent pour feuillage.

    Mais dans cet arbre, dsormais,

    il ny a plus qu grimper

    en saidant du ciel

    et atteindre comme en rvant

    la cime de la n.

    AurefaceedeJean-FranoisMah:

    le dessin dhumour, activit des annes19701980.Laussileraiesne.Desdessins sur le livre et ses lecteurs sontillustrs dans Bibliographismes par Jandau Melhau, auteur et diteur occitan duLimousin, en de courts textes bilingues.Voicicequildidudessinpublici-des -sus:Leome3essousleome2.Leome1eslecommenairedeluvre,ilfut fait par un universitaire bien connu.Auome2sonlesnoescriesparunprofesseur de lyce. Le tome 3, luvredonc, le texte original, lauteur en est unobscur instituteur de classe rurale unique.

    Jean-Luc Terradillos

    Chemin qui me suit, de Jean-FranisMat, Rgerie, 112 p. 14 e ;Bibliographismes, Bibliocencenadis,de J.-F. Mat et Jan da Mea, lasedicins d camin de sent jame,48 p., 19 e. Srtis fn 2011 des pressesde Pein cant, Bassac en Carente.

    pas le temps de sennuyer dans ledernier livre de Jean-Paul Chabrier,les rene-deux nouvelles len viveallure, en changeant de registre, de tonet de tempo. Comme des variations surles thmes rcurrents de lauteur que lonimagine camp dans sa dignit de hrosbalzacien. La vraie noblesse est celle deslettres car tout est possible avec la litt-rature. Un cuisant ratage avec une damedonneunrcinemencisel.Lcrivainenpannerouveoujoursmairefairele rcit de la panne, avec cette pointe

    dhumour qui rend la chose supportable.Le rel cest lcrit parce que lcrivaina le pouvoir, avec les mots, dordonner

    le monde, de le tenir dans une phraseparfaie.Lecombledelagrossire:unephrase bancale !Ces nouvelles sont aussi truffes dunhumour tantt froce et clatant, tantten sourdine, car il y a aussi un hritagekafkaen chez lauteur angoumoisin.Suprme lgance du rcit court, tout ununivers sy dploie en quelques minutes,comme dans une chanson. Et on revient.Tout Chabrier est l !

    J.-L. T.

    Avril en octobre, de Jean-PaCabrier, lEscampette ditins,192 p., 17 e

    NAUFRAG DE LA MMoiREQuelle heureuse surprise dedcouvrir grce aux ditions deLEscampette ce roman de DavidCo, Les Cercles mmoriaux.

    Ds le prambule, il nous tientet nous entrane dans un grandroman daventure, au cur delhumain, comme on nen voit plusque rarement. Immdiatement,nous sommes avec ce naufrag,retrouv en plein dsert de Gobi,dot a sbstace est e ta de

    disparatre dans un trou noir. Deuxchamanes essaient de le tirer dunemort certaine tandis quun vieuxmoine lettr tente de le ramener la surface avant la mmoire nesefface totalement. Mais quefaisait-il seul dans ce dsert ? Quevenait-il chercher ? Revenu la vie,il retrouvera peu peu son nom, desbribes de son pass. Mais pour quoifaire avec ?Ce roman, travers par une nergieteqe, foe ce q est efo

    physqeet et psychqeet.

    As e eta est paysage, et

    le monde souterrain celui desarchologues et du psychisme nest accessible quauxrveurs somnambules Albertomage sae ce podge e

    4e de couverture : Les Cerclesmmoriauxprouve que les destinslittraires sont mystrieux : cesten France, et non en Amrique duSud, que les grands crateurs BioyCasares, Cortazar et Borges onttrouv leur talentueux disciple.

    J.-L. T.

    Les Cercles mmoriaux, de David

    Collin, LEscampette ditions,212 p., 17 e

    anne perrier

    lescampette

    Le grand prix national de posie2012 a t attribu AnnePerrier qui est publie par lesditions de LEscampette, sises Chauvigny dans la Vienne.Une premire dition de luvrecomplte de cette grande voixde la posie suisse romandea t publie en 1996, une

    seconde en 2008 sous le titreLa Voie nomade et autres

    pomes(1952-2008).

    JEAN-FRANoIS MATh

    Lar dudachemen

    culture

    JEAN-PAul ChABRIER

    Nuelles de llgance

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    routes

    Un rve passe

    Pierre Dovidi a pbi en 2012Le Choix des dsordres,

    c. Grands dtectives 10/18.Dj par dans a mme cectin :LIngratitude des fls.

    Par Pierre DOvidio Photo Claude Pauquet

    aprs un crochet par LIsle-Jour-dain pour retrouver notre guide,Jean-Marie Sillard, nous garons

    nos voitures le long dune ancienne voieferre.Depuisledbudelajourne,leciel mche sans discontinuer des nuagesgris de toutes nuances. I l a plu, pleuvra ou menacera de pleuvoir. Temps propice la mlancolie, aux souvenirs, aux regrets.La nostalgie

    un chemin descend vers le lac

    DE CHARDES,born par des pylnes de

    bton plants l sans raison apparente,incongrus. Il nous manque une cl de lec-ure.Lexplicaion:Ilssupporaienlesafchesannonanlesprogrammes,despanneaux expliquant le plan du site auxvisiteurs. En dpit du crachin du momentqui nous a fait brandir nos parapluiesouvers,on imaginelafuencepasse.Jean-Marie ouvre la marche. La vgtationa envahi la descente. Les ronces surtout.Elles vivent, elles seules font le spectacleaujourdhui

    Pourtant le Thtre de verdure tait bienpari.En1988Le Pointannonaisousle titre Le songe dt dun btisseur lamobilisation de tout un bourg, LIsle-Jour-dain, et de plusieurs centaines de bnvolespour crer un spectacle ambitieux. LeSonge dune nuit dt de Shakespeare,mont dans une carrire de granit, surla rive du lac que la scne tutoie senmouiller les pieds. Ambitieux !Les annes qui suivront ne le seront pasmoins:Tristan et Iseulten1989,oujoursdans le Thtre de verdure, puis, dans un

    lieu nouveau, situ en aplomb de la scne,au Caf-thtre du lac, un dcor offertpar le thtre Hbertot de Paris et trans-plant en pleine nature,Les sept pchscapitaux,en1991,LOdysse au thtredeverdure,elesannessuivanes:Enrvenant dlexpo, Romo et Juliette

    Sans compter dautres spectacles et acti-vits, peut-tre plus modestes, tels quela danse, des expositions, des stages desculpture, des concerts, etc.

    EN 1994, jEAN-MARiE SiLLARD, souf-frant de graves problmes cardiaques,est dans lobligation de se mnager. Jenarrivais plus grimper trois gradins sansavoirreprendremonsoufe!Lemareduvre sur la touche, selon la formule bien

    connue, le spectacle continue pendant lesravauxjusquceaprs-mididu25dcembre1995o,noreravail,norerve sont partis en fume.Je reois un appel lphonique : lehredeverdureesenfeu!Jesuisjusesoridelhpial,jereoiscemessageavec fatalit et interrogation ! Un feu at allum sous les gradins qui abritent lesdcors et praticables en bois et un immenseparquet de scne. En cet aprs-midi froidde Nol, le brasier se voit de trs loin.

    LE CAF-tHtRE ESt SqUAtt,vandalis, nen subsiste, intact ou presque,

    quun escalier magnifique, colonnevertbrale dun squelette dmantibul,abandonn aux vents et aux pluies. CommeaujourdhuiLes pavs de la scne ont disparu, recou-verts par des mousses glissantes surlesquellesnousprogressonsavecleneur:des arbustes, des ronces encore, ont reprispossession de la falaise de granit que desheures deffort avaient dgage, livrant laroche aux clairages.Les gradins en bton, construits gra-tuitement par des stagiaires du CFPA,equipouvaienaccueillirjusqu400spectateurs, sont maintenant en partiecouverts de feuilles mortes. Ils t iennentoujours le coup, malgr ce supideincendie dun aprs-midi de Nol et dedsuvremen provoqu par un jeunedfavoris qui sennuyait.Alors que nous prenons le chemin deretour, nouvelle averse. Jean-Marie Sillardconesesregres: Cesuneblessure,ejeressenslimpressiondunimmensegchis Je ne peux me dfaire dunsentiment de culpabilit face tous cesgens dici et dailleurs qui ont uvr en

    rvant, dun voyage plus long ! Les gensviennent encore, comme autrefois sassoirsur les gradins, mditer, penser, ou selaisser aller la rverieLes rves passent.

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    Sarah Glidden

    Lar engagemen

    bande dessine

    elle va, curieuse, la rencontre des autres.Observe,sinerrogeerelae.Rsidepourquelques mois cratifs la Maison des auteurs

    dAngoulme. Sarah Glidden, artiste de bande dessine,pouse le bouillonnement du monde.LAmricainede31ansarcemmenpubliunelonguechroniqueaquarelleauireexplicie: Comment

    comprendre Isral en 60 jours (ou moins). Un premierouvragersremarququiadiauxas-Unisen2010puisraduienFrance,enEspagne,enIalie,en Hollande, en Allemagne...Comme ses pairs pris de rel, Joe Sacco (Gaza 1956),Alfonso Zapico (Caf Budapest) ou encore Guy Delisle

    (Chroniques de Jrusalem,meilleuralbum2012Angoulme), Sarah Glidden livre un regard personnelet sensible sur la complexit moyen-orientale.

    Danslalbum,ellefaipariedungroupedejeunesJuifs dAmrique qui senvole pour une pope initia-ique,offere,enreauresmcnes,parlahbreu.Quid de lidentit, de ce lien troublant qui lunit sescousins israliens ? Quen est-il de sa responsabilitfacelinjusice,faceausorfaiauxPalesiniens?Decaseencase,leleceursefauledanslinimequestionnement de lauteure, tente avec elle de dmlerlevraiduprjug,oscilleenreengouemenerserve.Dcouvre. Je suis laque, le fait dtre juive na jamaist important, jai grandi dans une famille de gauche

    du nord-est des tats-Unis, prcise-t-elle.Je raconteune exprience, je ne suis pas une autorit, juste une

    personne curieuse et un peu nave.Le mme dsir de comprendre et de tmoigner sillustredans le mtarcit que Sarah Glidden met en forme Angoulme. Un autre voyage que lartiste a accomplivers la Turquie, la Syrie, le Liban et lIrak, en compa-gniederoisamis,deuxjournaliseseunex-Marine.Unefoisencore,larexionnaraderegardscroiss,davis contradictoires notamment sur linterventionamricaine au pays de feu Saddam Hussein. On voit

    le robinet informations mais pas les tuyaux. Je mesuis intresse aux professionnels, la manire dont

    ils font leur mtier, explique lauteure, dsormaisamoureusedujournalisme.NeBoson,SarahGliddenaoujoursdessin.Ado-lescente, elle lit de la bande dessine avec modration,apprcie davantage le cinma danimation ou les romans.Elleaimeaujourdhuilaprosehumanise,ironiqueecritique de David Foster Wallace ou de George Saunders.La rvlation viendra de la bande dessine alternative etnotamment de limpressionnant Maus, ouvrage dans

    lequel Art Spiegelman recueille la mmoire dun prerescap des camps de la mort. Spiegelman, puis Mar-jane Satrapi(Persepolis), trs populaire aux tats-Unis,

    Angoulme, la Maison des auteurs accueille

    Sarah Glidden, adepte de la bande dessine

    de tmoignage et de reportagePar Astrid Deroost Photo Claude Pauquet

    Dessns eras

    de Commen

    comprendre isral

    en 60 jours (ou

    mons)(Senks,2011) e du

    skechk sur

    sarahgldden.cm

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    ont montr que la bande dessine peut tre srieuse.

    Avec eux, le jeu a chang, les diteurs ont cherch de

    nouveaux talents... Ils nous ont ouvert le chemin.

    Aprs avoir tudi la peinture aux Beaux-Arts de lUni-versideBoson,SarahGliddenrejoinleffervescencenew-yorkaise, exprimente diffrentes disciplines etsengage, convaincue, en bande dessine. Jtais trsintresse par la politique, surtout aprs le 11 sep-

    tembre, et je cherchais une discipline artistique quitouche beaucoup de gens et qui permette de parler de

    ce qui se passe dans le monde. Elle commence unjournal,danslamouvancedescarneswebdeJamesKochalka. Mais prfre trs vite la vie des autres etse lance dans le rcit de son voyage en Isral. Dabordauodisousformedefanzines,sonprojesurprendet sduit... DC Comics, premier diteur mondial decomicsenlangueanglaise,luiouvresonlabelVerigo.Certaine davoir trouv le mdium parfait,lajeunefemme poursuit son uvre, nourrit son blog de picto-

    essais ou de courts reportages BD. Y raconte, loin dela grosse pomme, la quitude inspirante dAngoulme.La bande dessine cre un lien, de lempathie entre

    le lecteur et le sujet, On voit les visages, les lieux... Je

    suis dune gnration qui ne croit pas lobjectivit,

    conelarise. La bande dessine journalistique rendla subjectivit plus vidente.n

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    edina Bozky met en lumire lavrit historique et la lgendedans la reprsentation du roi des

    Huns. Mdiviste dorigine hongroise, elleest matre de confrences lUniversit dePoitiers, membre du Centre dtudes sup-rieuresdecivilisaionmdivale(UMR

    7302),direcricedelacollecionCulureet socit mdivales chez Brepols.

    LAcual. Puru Ala a--l s

    mauase rpuan ?

    Edna bzk. Attila, roi des Huns, aexerc dabord une pression sur lempireromain dOrient en y menant plusieursincursions ; mais sa mauvaise rputationsattache avant tout ses campagnesdOcciden,enGauleen451,eenIalieen

    452.Soulignonsouefoisquauparavan,lesHunsonuilissparlesRomains plusieurs reprises pour empcherlexpansion dautres peuples barbares. Aucours de leurs expditions militaires, ilest certain que les Huns et leurs allis, engrande partie des ethnies germaniques,ont dvast et incendi des villes. Maisce sont les lgendes bien postrieures auxvnements qui ont fabriqu travers lessicles limage dun Attila cruel et froce.

    On laffuble mme de lappellation deaudeDieu,caronconsidrequiltait linstrument que Dieu avait envoypour chtier les peuples pour leurs pchs.Denosjoursencore,Ailaincarnelennemi absolu et la hantise de lAutre.Dans limaginaire collectif, la conversiondesgureshisoriquesenhroslirairesemblmaiquesesunprocessushabiuel:par exemple, Alexandre le Grand repr-sente le conqurant des pays fabuleux ;

    Charlemagne et Arthur deviennent dessouverains fodaux, vers qui converge lemonde des guerriers et chevaliers.

    Cmmen se sse la lgende de ce r

    ue ln d ls de chen ?

    Cest en Italie, au xiv e sicle, que loninvente lune des plus curieuses lgendessur Attila. Il serait n de lunion dune prin-cesse hongroise, enferme dans une tour, etdun lvrier blanc. sa naissance, Attila est

    un tre monstrueux, mi-humain mi-canin.Il est lev par un seigneur hongrois quipouse la princesse, et il hrite le trne deHongrie la mort de son grand-pre. Dslors, il entreprend une guerre sans mercicontre lItalie pour empcher la diffusionduchrisianisme...Ilniparredcapipar le roi de Padoue. Cette lgende, dontlespersonnagessonouscifs,eslabasedune longue pope, compose en languefranco-vnitienne au xive sicle, la Guerra

    dAttila, o Attila est reprsent comme unmahomtan ! La mauvaise image dAttilaenIaliesexpliqueenparieparlaconic-tuosit politique qui opposait lpoqueVeniseeleroyaumedeHongrie.

    quelle es lmage dAla dans la

    lraure germanue ?

    Tout le monde ne sait pas que dans lpo-pe allemande des Nibelungen, Attila souslenomdEzelaunrleesseniel:

    il pouse la princesse burgonde Kriemhildet laide pour venger lassassinat de sonpremiermari,Siegfried.Aila/Ezelgureaussi dans dautres popes allemandes, oilesgurcommeunroignreuxquiaccueille et aide les rfugis politiques. Ilest encore moins connu que dans les sagasislandaises, les Huns et Attila (Atli) sontprsents sous des aspects trs contrasts.Dans quelques uvres, Attila devientextrmement cupide ; pour saccaparer le

    trsor des Nibelungen, il est prt fairesubir les svices les plus atroces auxdtenteurs du secret.

    Entretien Jean-Luc Terradillos

    Dessin Marie Tijou

    AttilaLa hantise de lAutrePuru une elle glrcan dA-

    la en Hngre ?

    Dabord ce sont les Occidentaux quiassimilenlesHunsauxHongrois:cesderniers, dorigine orientale, tablis enPannonie comme les Huns au ve sicle, s-vissent au xe sicle en Europe la manire

    desHuns.Voulanaribuerdesoriginesglorieuses pour le peuple hongrois, lechroniqueur hongrois Simon Kzai (vers1283),esasuielaChronique enlumi-ne(1358)raconenquelesancresdesHuns et des Hongrois taient deux frres,HunoreMagor.Deceefaon,lesHunset les Hongrois constituent une seule na-tion qui sinstalle en deux vagues dans leterritoire de la Pannonie. Ces chroniquesprsentent Attila comme le premier roi

    hongrois et lui attribuent des richesses etdes exploits extraordinaires...

    Auurdhu Ala e les Huns sn-

    ls sues de cnrerse chez les

    hsrens ?

    Lapprciation du rle des Huns et desautres peuples dits barbares qui ont bran-l le monde romain aux iiie -ve sicles abien chang ces dernires annes. Lesdiscussions portent sur leur rle dans la

    chuedelempiredOcciden(476),maisaussisurlesspcicisdeleurculure,les liens complexes entretenus entre euxet avec lempire. Lexposition monumen-ale,organiseVenisesurRome et lesbarbares. La naissance dun nouveau

    monde(2008)amonrlarichesseelacomplexit de ce monde en pleine trans-formation.

    Attila et les Huns, dEdina Bzky, Perrin,310 p. later ddicace sn ivre a

    ibrairie Gibert Pitiers e 12 mai.

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    au sein de lInstitut de chimie des milieuxet matriaux de Poitiers1, lquipe Catalysepar les oxydes travaille sur llaboration de

    molcules issues de plantes et destines remplacerles molcules drives du carbone fossile comme leptrole, recherche dterminante pour une chimie dufutur, respectueuse de lenvironnement. En effet, lecarbone renouvelable et spcialement les molcules

    dorigine vgtale peuvent tre utiliss en substitutionau carbone dorigine fossile/ptrole pour lobtention

    dun grand nombre de produits via des procds

    chimiques connus ou nouveaux. Ils ont alors lavantage

    dtre renouvelables, souvent biodgradables et leur

    production ne contribue pas ou peu laccroissement

    des gaz effet de serre (GES), prcise Jol Barrault,direceurderechercheauCNRS,anciendireceurdela

    fdraiondechimieneedechimiedelenvironne-men,eduGRDCNRS-INRABiomapro.Explicaionsaveclundespionniersfranaisdelachimievere.

    LAcual. quand la nn de chme ere

    merge--elle ?

    jl barraul. Ofciellemendanslesannes1990,avec la parution des principes de la chimie verte puisavec la cration du premier Institut de la chimie verte, Washington, par Paul Anastas et John Warner au dbutdesannes2000.Nanmoinsilfausoulignerque

    leurexprienceadcoulpouruneparsignicaivede leurs visites en Europe. Paul Anastas est venu denombreuses occasions en Europe pour participer des

    Une chmedulemen ereSi les Amricains ont cr trs tt un Institut

    international de la chimie verte, les chercheurs

    de lUniversit de Poitiers ont t des pionniers

    en ce domaine, comme le raconte Jol Barrault.

    Entretien Astrid Deroost Photos Nomie Pinganaud

    1. LIC2MP, dirig parSabine Petit, est uneunit mixte de recherchede lUniversit et duCNRS (UMR 7285) Cetinstitut pludisciplinairecr en 2012 regroupe250 personnes dont 100chercheurs.

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    tables rondes et des congrs organiss par exemple linitiative du programme COST green chemistry, leclusereuropendelachimieveredonjaismembreereprsenanfranais.Ilaainsipuirerlesenseigne -mensdesexpriencesedesrexionsmisesenplacepar exemple en France, en Allemagne, en Italie, enEspagne,auRoyaume-UniIlfausoulignergale -ment que Paul a effectu au cours de la mme priodedes missions quivalentes sur dautres continents.Poiiers,avanlesannes1980,onavaicommenc travailler dans ce domaine, comme sur lutilisationdhuiles vgtales, de sucres, pour obtenir des produitsplusforevaleurajouepourdiversseceursdelachimie. Le LACCO a dailleurs t le premier labo-ratoire organiser un congrs international intitulCaalysehrogneechimiene.ceepoqueeensimplian,lacaalysehrogneaipluddie la ptrochimie et aux grands intermdiaires.Cependant, linitiative du directeur du LACCO,

    RaymondMaurel,lachimievereaidjdacua-lit partir dagroressources et ceci en collaborationavec diffrents groupes industriels pour la synthsede tensioactifs verts, darmes et parfums, la valori-sation du glycrol Nous tions des pionniers, maisnos collgues nord-amricains ont su beaucoup plusrapidement obtenir laval des autorits amricainespour initier un programme gnral portant sur tous lesaspects de la chimie verte et crer un Institut interna-tional du mme nom.

    quels en sn les grands prncpes ?La chimie verte implique de revoir un certain nombrede processus de ractions chimiques pour quils soientplus conomes et moins polluants. Les concepts prin-cipaux(ilyenadouze)sonlessuivans:

    LUtILISAtIONDEMAtIRESPREMIRESRENOUVE-

    LABLES. Quand une raction de synthse dun produitdonn est mise en uvre, par exemple celle dun poly-mre destin de nombreuses applications allant delhabiaauxvemens,elleuiliseencoreaujourdhui

    du carbone fossile (ptrole, gaz...) non renouvelable.Cette ressource est transforme par tapes successivesen un grand intermdiaire qui lui-mme va tre fonc-ionnalis,puisformulpourlobenionduproduinirecherch. Si on part dun gisement de carbone fossile,quel quil soit, il y a donc dstockage de ce carbonequi, en bout de chane, augmentera la formation de gazcarbonique (CO2), lun des principaux gaz effet deserre (il ne faut pas oublier en effet que toute utilisationde carbone fossile autre qunergtique/carburant peutavoir la mme consquence sur laccroissement des

    GES). Par contre, si on utilise une matire premirecarbone renouvelable par exemple issue de plantes,la production globale de gaz carbonique sera moindre.

    En effet les plantes sont obtenues par photosynthse parirdegazcarboniquedesorequelerejenepeutre en principe suprieur la consommation initiale.

    LESCONOMIESDAtOMES.Lorsquon met en uvreun procd de transformation dune matire premireenproduini,ondoifaireensorequechaqueapede synthse soit slective. Le ractif doit tre totalementtransform en le produit recherch et cette slectivitrsule majoriairemen de lemploi dun caalyseurappropri. Par exemple, lhuile de tournesol peut treuilisepourobenirunplasianouunpolymrequiseront eux-mmes des composants essentiels pour laformation de matriaux biosourcs. Si on transformelhuile100%(lafoisparleglycrolelesesersgrasqui en rsultent), il ny a pas production de coproduits,donc pas de rsidus. Il y a ainsi une utilisation maximalede la matire premire, donc une conomie datomeset, qui plus est, une conomie dnergie car les tapes

    defracionnemenedepuricaionsonainsivies.

    LA CoMPtENCE CAtALySEde poitiers

    Lessentiel de notre savoir-faireepose s a catayse e che

    ogaqe. la catayse est e effet

    une science dterminante pour lachimie verte et la chimie durable ,

    explique Jol Barrault.Une majorit de procds delindustrie (70 %) font appel aumoins une tape catalytique. Laraction est alors effectue aucontact dun catalyseur qui peuttre homogne (dissous dans lemilieu ractionnel) ou htrogne(solide au contact dune phaseractionnelle gazeuse ou liquide).u catayse est e sbstace

    q agete sesbeet a

    vitesse dune raction chimiqueet qui peut permettre galement

    dorienter la conversion dun ractifvers la formation prfrentielledun produit (slectivit). Elle est

    ajoute au milieu ractionnel etne change pas dtat alors que laraction se produit. Sa dure devie est en principe innie maispour diverses raisons, une certainedsactivation peut avoir lieu, ce quiconduit un cycle priodique de

    rgnration.la catayse chqe o

    enzymatique permet donc derduire trs sensiblement letemps de raction et daugmenterla productivit tout en limitanta foato de copodts,

    lutilisation de solvants et laconsommation dnergie.la catayse est doc doae

    tdscpae q assoce,

    ete ates, des coassaces de

    chimie organique, de cintique, degnie des procds, de sciences

    de matriaux nanomtriqueset danalyse ne de milieuxractionnels .

    recherche

    Dans la csmue

    e la pharmace,

    la chme ere

    perme derare

    des prncpes acfs

    sans ulsan de

    slans.

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    LADIMINUtION DES REJEtS POLLUANtS DANS

    LAtMOSPHRE,LEAUEtDANSLESSOLS. La chimieverte doit mettre en uvre des procds slectifs quelleque soit lorigine des matires premires pour viter lesapesdepuricaion-lavagequiconduisensouvendesrejesaqueuxdonleraiemenesindispensablemaiscoeux,andeprservernoreenvironnemenenparticulier la ressource en eau. Par ailleurs, lutilisation

    dun solvant peut engendrer la formation de coproduitsedoirerecyclepuriennderacion.Ilesdonc ncessaire de rechercher de nouveaux processussans solvant ainsi que des solvants peu toxiques oubiodgradables. Dans certains cas leau elle-mme peutsavrer un bon solvant mais les tapes de fractionnementpeuvent savrer coteuses.Dans certains domaines (industrie de llectronique,centres de nettoyage rapide), il est actuellementdifcilederemplacerdessolvansenraisondeleursproprisrsspciques.Danscescaspariculiers,il

    esimpraifdpurerlesefuensgazeuxenraisondeleur toxicit (fort potentiel GES bien suprieur celui

    ici galement des recherches fondamentales ddies de nouveaux concepts dactivation molculaire danslesquels la catalyse a un rle primordial et dterminant.Ces travaux doivent conduire lever des verrous scien-iquesedessausechnologiquespourenvisagerdesinnovaionssignicaivesparrapporlaranrieur.

    AUtRESDOMAINESDE LACHIMIEVERtE.Si les

    recommandations prcdentes peuvent apparatrecomme prioritaires, dautres secteurs ncessitent uneaenionaussiimporane:lanalysepourunsuivienempsreldesprocdseune optimisation des conditions limitant la formationde coproduits ; pour la dtection de traces dans tousles milieux ;lerecyclagedeproduis,mariauxedchesencoretrop peu dvelopp et qui constitue pourtant un gise-ment important de matires premires ;lacivaioneluilisaiondugazcarboniquecomme

    gisement de carbone, de leau comme source dhydro-gnelanalyseducycledeviedescomposspropossede leur impact sur lenvironnement ;limpacsocialdelachimievere.

    Ces prncpes de chme ere peuen-ls sappl-

    uer us les seceurs de la chme ?

    Ces principes se dclinent de la recherche fondamentaleoueslesapplicaionsimaginables:lesvemens,les peintures, les livres, la pharmacie, les cosmtiques,

    lalimentation, lagriculture, les voitures, les avions,les trains, la sant... Dans tous les secteurs de la vie, lachimie est prsente, elle est au cur de la socit.Les orientations europennes en matire de chimie du-rable se traduisent en France et ailleurs par des feuillesderoue,desrexionsmenesavecouslesseceursdelconomie, dans les grandes et petites entreprises. Untravail important est par exemple effectu par lUniondes industries chimiques pour transfrer les principeset connaissances de la chimie durable tous les stadesde la conception et de la production de produits connus

    ou de nouveaux produits.

    vs raau pren-ls essenellemen sur le

    carne renuelale ?

    Au cours de ce dernier sicle notre conomie sestmajoriairemendveloppeparirducarbonefos-sile:prole,gaz,charbon.Lamajoridenorenergieet de nos molcules essentiellement carbones sontobtenues partir de ces matires premires. Avec ladiminution des ressources fossiles, il est ncessairede changer de matire premire et le gisement le plusimportant de carbone renouvelable est celui constitupar les vgtaux. Les plantes peuvent en effet treutilises pour faire, en chimie, ce quon faisait avec du

    du CO2). La recherche et la conception de nouveauxprocds dpuration de lair pour que la teneur en subs-tances toxiques soit drastiquement diminue sont ga-

    lemendesacionsdelachimievere.Aureexemple:leremplacemendubisphnol(plasianpolluan,uilisdanslesines),desolvans,deplasians,dematriaux destins lhabitat, aux habitacles

    LESCONOMIESDNERGIE.Dans tout procd desynthse dune molcule ou de fabrication dun produit,il existe de nombreux postes de dpense dnergie. Toutdabord la mise en uvre de la raction de synthse nces-site souvent une certaine temprature (parfois une hautepression) et un temps de raction souvent long. Il sera

    donc trs important de rechercher la mise en uvre deractions dans des conditions ambiantes, avec si possibleune productivit plus grande. Cela implique deffectuer

    d

    lagralmenare,

    la chme ere

    sapplue

    ue la lre,

    de llmnan

    des pescdes

    lemallage,

    en passan par

    uans de

    prcess, cmme

    la dcafnan,

    la dhnan ule remplacemen

    daddfs.

    recherche

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    ptrole, condition toutefois de revoir les procds ouden trouver de nouveaux. Comme il y a des diffrencesimportantes de composition entre les deux matirespremires, il est ncessaire dtudier la faisabilit debon nombre de ractions, de faire une chimie partirdu vgtal pour fabriquer les molcules et produitsrecherchs pour certains secteurs de lindustrie. Lesgisements localiss de carbone renouvelable ne sont

    eneffepassufsanspourenvisagerdansunavenirimmdiat un remplacement de tous les procds, mmesileconcepdebiorafnerieesmainenanaccep.

    De uel pe e de uelle uan dagrres-

    surces dspse--n ?

    Si on souhaite remplacer une partie du carbone fossile,il faut savoir de quelle quantit et de quelle qualit decarbone renouvelable on peut disposer pour le secteurnon alimentaire. En effet la priorit des cultures doittre pour les secteurs de lalimentation dautant plus

    que la population mondiale doit augmenter sensible-menaucoursdesouesprochainesdcennies,jusqu9milliardsdhabiansalors quenoreplaneencompeaujourdhui6,5milliards.Ilfaudoncfaireunchoix appropri de gisements de carbone renouvelableen direction de lindustrie non alimentaire. Le cas deshuiles vgtales constitue un exemple tout fait carac-risiquepourlequelilfaurouveruncompromis:ces huiles sont dune part consommables et dautre partutilises pour une bonne partie pour lobtention dagro-carburants. Si une fraction des cultures de colza, de bl,

    de tournesol, de mas, de canne sucre peut tre ddieaupooldescarburanseconribuerladiversicaionnergtique, la disponibilit de terres agricoles nest pas

    sufsanepourunapprovisionnemenmajoriairedusecteur. Par contre il y a un gisement trs important(le plus important au monde) de matires vgtalesrenouvelables encore peu exploit quon appelle leslignocelluloses. Ce sont certains constituants desplaneselsquelesbres,iges,raesdemas,bagassesde canne sucre, dchets forestiers... auxquels on peutajouerlesculuresddies.Cependanlexploiaion

    de ces ressources doit respecter le milieu et devrait sefairepluproximidansdesunis(biorafneries)ddies et de taille humaine, stratgie qui permettraitla cration demplois sur tout un territoire plutt quede les concentrer en certains lieux.

    o en sn les recherches dans ce dmane ?

    Le fractionnement et la conversion de ces lignocellu-loses sont actuellement des axes de recherche priori-taires pour envisager leur utilisation dans de nombreuxsecteurs puisque les molcules constitutives sont trs

    varies et polyfonctionnelles. Dimportants travauxsont actuellement mens en France et dans le monde ;cesiciunechimiedoublemenvere:onuiliseeneffet une matire premire verte (renouvelable) et oncherche mettre en uvre des ractions de chimieverte, des procds de chimie durable pour transformerslectivement cette matire vgtale.Dans cebu, ungroupemende rechercheCNRS-INRA,Biomapro,ravaillesurlehme:quellesagroressources pour quels matriaux et produits dufutur ? Cest un programme de recherche amont trs

    multidisciplinaire qui associe les connaissances dansles mcanismes de croissance des plantes, de frac-tionnement physique ou/et chimique, de ractivit

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    molculaire, de gnie des procds, de catalyses etde conception de matriaux catalytiques, danalyse etde synthse de produits et matriaux. Ce programmeprend galement en compte la variabilit naturelle etsaisonnire des matires premires dans la mise aupoint des ractions et procds.

    Ese--l d des applcans cncres ?

    En France, bon nombre de laboratoires sont impli-qus dans cette thmatique avec toutefois des moyenslimits. Poitiers en particulier, plusieurs actions caractre fondamental et appliqu sont menes depuisde nombreuses annes en collaboration troite aveclindustrie ; dans le domaine des cosmtiques et desensioacifsavecLOrealeARD;dansledomainedesintrants pour lagriculture avec le semencier Jouffray-Drillaud ; pour de nouveaux drivs dhuiles vgtales

    eduglycrolavecArkema,Rhodia,SearinerieDubois,Soproeol,CtI,Fuurama,Valagro;dansledomaine des nergies renouvelables avec Total, lIFP.

    La chme ere prgresse--elle ?

    La chimie verte progresse en France et plusieurs plesont t crs. En Poitou-Charentes, le ple des co-industries dont lun des axes prioritaires porte sur lachimievereacrliniiaivedelaRgionavecleprogrammecroissancevere:nergiesnouvelles,conomies dnergie, biogaz, thanol, matriaux et pro-

    duits agrosourcs, horticulture, bitumes, dilectriques...recyclage des dchets, avec cration dusines pilote etdactivits conomiques. Poitiers, les travaux dans le

    domaine de la chimie verte ont commenc il y a prsde trois dcennies au LACCO. De plus, au dbut desannes1990,liniiaivedequelquesscieniquesdjimpliqusdanscesravaux,avecleconcoursdenan -cemensdelaRgionPoiou-Charenes,del tat et delEurope, une plateforme de recherche et dveloppement

    a t cre pour la valorisation dagroressources, cestValagro,aujourdhuiddieaucarbonerenouvelableeaux coprocds. Le site poitevin possde ainsi toutela chane de valeur allant de la conception de nouvellesractions lapplication relle de ces travaux en passantpar les tudes de transfert et dvaluation de procds.La poursuite et le renforcement de ces activits dans ledomaine de la chimie verte permettront au ple poite-vin de conforter sa renomme internationale. Parmi lespriorisafches,ilfausoulignerlarechercheelaprparation de nouveaux catalyseurs multifonctionnels,

    la comprhension des mcanismes dassemblage et dedsassemblage des structures vgtales, lassociationde divers types de catalyse ou de la catalyse dautrestechniques physiques (micro-ondes, ultra-sons, plas-ma), la recherche de nouveaux solvants respectueuxde lenvironnement (solvants alternatifs), la mise enuvre dcoprocds. n

    2. Le domaine de la p-trochimie qui concerneen premier lieu lessecteurs nergtiques etles grands interm-diaires se distingue dela chimie de spcialitset de la chimie fnepar limportance destonnages mis en jeu.3. Constitu linitiativede Jol Barrault (CNRS)et dAlain Bulon (INRA).

    La chme ere

    cherche

    remplacer cerans

    cmpsans

    cmme le

    sphnl prsens

    nammen dans

    les emallages

    almenares en

    plasue, lesnes de erns,

    lnreur des

    es de cnsere

    e des canees.

    Lexposition de lEspace Mends France sur la chimieverte est visible du 25 avril au 1e et 2012.Lagriculture durable et la chimie verte au servicedune nouvelle conomie, table ronde lEMF le12 avril (20h30) avec Jacques Barbier, prsident

    du ple co-industries du Poitou-Charentes, LucSuret, agriculteur bio, Jol Barrault et Anne-MarieCrtineau, conomiste (Crief).

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    e colabel europen, charte environne-mentale... Le groupe GF Participa-tion1, implant Poitiers et compos deseize personnes, labore et commercialiseles peintures Kerlys destines au btiment, lindustrie ainsi quau secteur marine.Eend,depuissacraionen1997,versdes produits respectueux des personneset de lenvironnement.La fabrication est axe sur la peinturebtiment leau acrylique en phaseaqueuse, des peintures pour les terrainsde sport et une rcente gamme Ecolabel.

    Depuis2009,roispeinuresimpressioneniionenphaseaqueuseafchenltiquette verte europenne et reprsentent

    PEINTuRES

    La cuche c5%delaproducionannuellequislveauoal1200onnes.Une reconnaissance qui impose sescontraintes tout au long du cycle de vie duproduit, depuis lextraction des matirespremires llimination des dchets. Celabelafaivoluernorefaonderavail -ler, explique Michle Watel, responsabletechnique et chimiste de formation. Nousavons appris avoir de la rigueur danslesraabilisedanslesprocess.troispeintures ont t valides par lAfnor etdepuis nous fabriquons tous nos produits

    delammefaon.Faites partir de cabonate de calcium, sansimpacprjudiciablesurlenvironnemen,

    selon Michle Watel, les peintures Kerlyscolabellises ont t au maximum dbar-rasses des substances considres commetoxiques et dangereuses comme les mtauxlourds ou les composs organiques volatils(COV).DanscedomaineeavecunseuildeCOV30g/l,lelabeleuropenobenupar la marque Kerlys savre plus exigeantquelelabelfranaisNFEnvironnemenqui limie la concenraion de COV 100g/l,ejusqu250g/lpourcerainespeinturesLe groupe GF Participation prolonge sa

    dmarche durable par une rduction de laconsommation en eau, lectricit, par letri des dchets ou encore la rationalisationdes transports...Aprs avoir expriment une peinture base de produits naturels (craie, casine,mulsion dhuile de lin) abandonne enraison de problmes de conservation, lapetite entreprise poitevine sallie sesfournisseurs pour concevoir des produitsinnovants. Elle mise, pour lavenir, surlutilisation de composants plus verts issusde lagriculture et sur le dveloppement deson catalogue colabellis. A. D.

    1. Le groupe GF Participation implant Poitiersse compose dune socit de abrication Hexaab,dune socit de distribution Kerlys, dune socitde distribution de peintures marines et dun maga-sin CDP Kerlys, situ Saint-Av dans le Morbiha n.

    industrie

    SyMPoSiUM iNtERNAtioNAL

    la rochelleLan prochain, La Rochelleacceea sypos

    teatoa s e caboe

    renouvelable et les coprocds(21 au 24 mai 2013). Commelexplique Jol Barrault, lobjectifest de rassembler dminentsscientiques des secteurs publicet priv impliqus dans le domainede la chimie verte de faon confronter les points de vue et tablir des actions concertes. Sixgrands domaines seront examins :1. Conversion de la biomassecellulosique (ce thme comprend latasfoato chqe d bos,

    e factoeet de ceose,

    dhmicellulose, de carbohydrates,de lignine).2. Conversion des huiles vgtales,

    drivs et coproduits.3. vaosato de copodts, de

    dchets et recyclage.4. Conception dcoprocds(conomes en atomes, en nergie,respectueux de lenvironnement,diminution de lmission de gaz effet de serre, de rejets aqueux).5. Matriaux catalytiquesspciquement ddis pour cesprocds innovants incluant desmatriaux biosourcs.6. Impact environnemental detoutes les actions mises en uvre.Des spcialistes mondiaux de

    la chimie verte ont annonc leurpatcpato, otaet Pa

    Aastas et joh Wae.

    jl barraul

    es un despnners de

    la chme ere

    en France. NomiePin

    ganaud

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    djchezZola,avec Germinal, la littraturemet en scne les travailleurs et exploite lehmeduravailcommeunsujecionnel

    part entire. Et les auteurs contemporains nchappentpas la tentation de mettre en scne le quotidien pro-fessionnel.Lorsdunejournedudeprogrammedans le cadre du festival Filmer le travail, une dizainedcrivains taient convis changer autour dunequesioncenrale:enque,archive,moignageouroman:quepeu-onaendredelappordelaliraure

    dans les sciences sociales et dans la connaissance dumondeduravail?crivains,chercheurseudianssesont globalement mis daccord autour de la conclusionde Jean-Paul Englibert, professeur de littrature com-parelUniversideBordeaux3:Le tmoignage,la biographie, la ction, lcriture en gnral, parlent

    du travail, mais plus encore du sujet qui travaille.

    tRAvAiL Et StyLE LittRAiRE

    Resesavoirsiceecriureaunequelconquevaleurscieniqueou,dumoins,silaliraurepeufournir

    un savoir sur lequel les sciences sociales, et plus prci-sment la sociologie, pourraient sappuyer. Cest cettequestion que Laurence Ellena, matre de confrences ensociologie lUniversit de Poitiers, a tent de rpondre.Elleaudi28ouvragesde23sociologuesearecens540rfrencesdecionsliesauhmeduravail.Surce panel, seuls deux sociologues ne citent pas de roman.Et parmi les crivains les plus mentionns, elle trouveZola,BalzacouencoreCoureline.Sonconsa:Lessociologues se rfrent aux uvres littraires comme

    un tmoignage sur la ralit, du pur documentaire.

    La ction sur le travail est prise au srieux, commepouvant produire une connaissance sur le social.Pourancrerceerexiondansdesexemples,lajour-

    ne dtude sest poursuivie avec des tables rondes.Ereedelambiancegnralequiallierecherche,tudiants et grand public, cest un tudiant en 3e annede lettres, investi dans un cours intitul Ecrire le tra-vail, qui en a prsent le thme aux cts de StphaneBikialo, matre de confrences en linguistique et lit-trature lUniversit de Poitiers. Autour de la table,trois auteurs, non crivains au dpart, qui ont chacuncrisurleravail:MarineSonne,hisoriennequia publi Atelier 62 (Leempsquilfai,2008),sur

    lhistoire alterne de son pre forgeron et celle delusineRenaulBillancour;thierryBeisingel,cadreDRHdansleslcommunicaions,aueurdedeux romans dont le dernier, Retour aux mots sau-vages(Fayard,2010);eJoachimSn,webmaseret blogueur dont les crits abordent les conditions deravailenopenspace(5livreschezpublie.ne).troisaueursquidonnenunaperudelarichesseli -rairequerenfermelehmeravail:syledsopilan la lecture, par Thierry Beistingel, dun script detloprateur, description minutieuse du travail dun

    forgeronchezRenaulouencoresylersravaill,mme potique, la lecture de Joachim Sn.

    CRiRE LA PERtE DU tRAvAiL

    Des formes et des styles diffrents qui tmoignentoujoursduneensionenreleravailpanouissaneletravail souffrant. Car lun des grands aspects du thmelittraire est le travail qui steint, notamment lcri-ture des luttes sociales. Lutte pour garder son emploi,pour faire vivre lusine dans laquelle les ouvriersfonchaquejour,depuisvingans,lesmmesgeses.

    crireceengagemen,cescequafaiSylvainRos-signol avecNotre usine est un roman (La Dcouverte,2008).Runisenassociaion,lessalarisduCenrede

    Le raal,

    objet littraire

    Le 3e estival Filmer le travail na pas uniquement mis les images lhonneur.

    Les mots aussi. Aprs la photographie en 2009 et le dessin en 2011, cest

    la littrature contemporaine dtre mise en lumire pour comprendre comment

    les auteurs crivent, dcrivent, romancent leur travail et/ou celui des autres.

    Par Galle Chiron

    crire le travail

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    recherchedeRomainvilleonluconrelafermeuredulaboraoire,lpoqueeurondelamulinaionalepharmaceuiqueRoussel-Uclaf,maisenvainpuisquecelui-ciafermen2006.Ilsoncherchplusieursapprochesandenarrerceconisocial:scieniqueavec une thse en sociologie du travail soutenue en2008parMlanieGuyonvarch;romanesqueavecluvredeSylvainRossignol;cinmaographiqueavecun scnario dOlivier Gorce et de Dominique Cabrera.Annick Lacour, ex-technicienne de laboratoire, dl-gue CGT et prsidente de lassociation des ancienssalarisdeRoussel-Uclaf,expliquecebesoindcrireleurcomba:Nous avions besoin que lon nousregarde, mais nous-mmes ne pouvions pas lcrire.

    besoin de reconnaissance

    Sociologue, crivain et scnariste, les trois auteurs sesont confronts des rsistances, rsumes par SylvainRossignol:Il sagissait dune commande politique de

    salaris ayant perdu une bataille. Il fallait conjuguermotion des ouvriers et lutte de communication, avec

    des salaris qui prenaient tmoin le public. La perte

    dun emploi est souvent assimile labsence de salaire.Or, les auteurs ont tous fait lexprience qucrire sur laperte dun travail, cest avant tout crire la disparitiondun savoir et dun patrimoine.Lemondeprofessionnel,unobjelirairecom-plexequidemandedelobjecivianilapparien la ralit, alors mme quil est profondment li ausujequiravaille,donclaffecelasubjecivi.Cesuneparicularimajeuredeceecriurequi,selonGrard Mordillat, crivain, scnariste et ralisateur,manquecruellemendereconnaissance:Ds que loncrit sur le travail, les commentateurs ne considrent

    plus notre uvre comme de la littrature. crire sur

    ce sujet, cest tre immdiatement exclu de la littra-

    ture, tre mis dans un rayon B. Comme si lide de

    mettre lhistoire dun charpentier lgal dun roi

    shakespearien tait exclue. Or, moi, mon seul enjeu

    est littraire. Lauteur sagace de lautomaticit aveclaquelle lcriture sur le travail est range du ct de

    lenqute ou du tmoignage. Et lcrivain de conclurelajournesurceeinvocaion:Cessons de parlerdes livres sur le travail, parlons de livres !n

    le palmars 2012

    DE FiLMER LE tRAvAiLle 3e festival Filmer le travail aprsent une cinquantaine de lmsdu 3 au 12 fvrier 2012 Poitiers,dont une vingtaine en comptition.Cest un rendez-vous de rencontreprivilgi entre des ralisateurs,des cheches, des actes d

    monde du travail et des publics.Le grand prix, remis par la RgionPoitou-Charentes, revient audocetae Les Conti, gons

    blocralis par Philippe Clatot.Le prix spcial du public, dcernpa y aate e teat

    compte des votes du public et remispar la Ville de Poitiers, revient audocetae Entre du personnel

    ralis par Manuela Fresil.Le prix Restitution du travailcotepoa, es pa e

    ministre du Travail, de lEmploi

    et de la Sant, revient audocetae tae Scuola Media

    de maco Satae.

    le px vaosato de a echeche,

    remis par lUniversit de Poitiers,revient au documentaire Le jardindes merveillesralis par AnushHamzehian.La mention spciale du jury revient La gueule de lemploiralis parDde Cos.

    images du travail

    Lors de sa premire dition, lefestival Filmer le travail a organis cooqe teatoa et

    pluridisciplinaire sur le thmeImages du travail, travail desimages, avec la collaborationactive du laboratoire de sociologiede lUniversit de Poitiers,le Gresco (EA 3115) et dunecinquantaine dintervenants.Jean-Paul Ghin et HlneStevens, enseignants-chercheursau Gresco, ont dirig la publicationdes actes, avec la participationdmilie Aunis, doctorante ensocooge.

    La codition Presses universitairesde rees /Atatqe a pes

    dinclure 36 pages de photos

    (332 p., 18 e).

    images

    eraes des

    lms Les Con

    (hau),

    Enre du

    personnel

    (as gauche),

    Scuola Meda

    (as dre).

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    il arrive un moment o crire le travail, cest crire ce quinest plus. Deux mots poss cte cte, Croquis-Dmolition.Uniredisjoin,maispasropilreseunoupeirai

    dunion. Pas de prposition, on a perdu le de, le pour, le sans, leavec, le sur, le sous, le dans, le hors La prposition, ce sera cellequon voudra. Lassemblage des deux mots pose des questions, etsans y rpondre il reste un peu bant, visage des visages perdus detravailleurs abandonns rencontrs dans le livre. Qui est croqu ?Comment croquer ? Comment ne pas se laisser croquer ? Commentcroquer ce qui se dmolit ? Est-ce en croquant quon chappera ladmolition ? Comment remplir un petit creux dans la disparition ?

    Mais quest-ce donc que ce texte de Patricia Cottron-Daubign ?Posie, croquis, chronique ? Quel genre dcriture est ici lire ?

    FAiRE MENtiR LiMPUiSSANCE

    Cesunequesionquejemesuispose,lapremirefoisquecestextes vinrent moi. Je les ai entendus gueuls, murmurs par leurauteur, dans un espace forum agrandi par leur prsence, et resserrautour du ton, de la conviction, du rythme et des sons du texte.Un texte en cadences mcaniques, en broyeuse humaine, un textede combat. Dlicat et sonore cependant, mais qui laisse la bouchesche, la peau durcie.

    Larticle de presse rendrait compte de la vrit de ce qui sestpass, tandis que le pome voque, et donne la parole aux muets.Ce volume advient comme un rservoir susceptible de contenirce qui chappe aux regards, tant le pote recueille ce que dautresnont pas ramass, et qui va disparatre, corps et biens. Il lesramasse alors, les prend au creux de ses mains, les regarde et lescaressepourleurredonnerunpeudesoufe,epuisdelavie:l une goutte dhuile et qui gicle, ici des larmes qui ne sont plusretenues, le contact un peu trop fort dune main qui se serre, unpas et son frmissement, son cho qui ne sonnera plus, bientt,dans ces murs, tout est recueilli. Le pote est un conservateur, il

    runicespicesvanescenesdanssonmusedepapier,anquenulnepuisselesoublier,nidirequellesnonjamais.Ilvoilabulle qui crve, lespoir qui samenuise dans un regard, le dcou-

    ragement dans la ligne des paules, le mtal dans une voix. Musesensoriel, muse de sensations nombreuses, portes et dposesdans cet herbier recueilli de mots, avant dtre perdues. Le pomeesleombeaudanslequelonenfermelesobjesdudfun,elatriste musique de la perte dun monde qui accompagne la pertedes gestes ou des lans de ceux qui sont briss. Il donne une voix celles qui spuisent, aux vaines revendications politiques quonncoute plus, il superpose son porte-voix que peu liront, et bienentendu pas ceux qui devraient les entendre, mais ainsi, tout demme, sa manire discrte et comme une vibration il rompt lesilence, il fait mentir limpuissance. Car il sait voir et montrer

    ce qui se trame, ce qui sentend mal, ce qui sbruite et senvole.CommelesroseauxdeMidas,lepoesoufeediffuse,disperseet rpand les ides, les facis, les paroles, les bruits des arrts demachine,lesodeurs,lessoufesrauquesesombres,lessridencesou les cliquetis des langages muets que certains voudraient faireaire:lesmauvaisesnouvelles.

    CHAPPER AU SiLENCE

    Dans le genre du tombeau. Peindre ce qui se meurt, sans penserquecesvani.rigerdesslesdecequifu,clbrerlesdsor -mais fantmes. Tombeau de lusine, oraison funbre de celle qui

    est entendue comme ltre cher que lon perd en la verdeur de songe, en pleine possession de ses moyens, reconnaissance de sesmrites, de lattachement quon avait pour elle. Tombeau crit avantla mort, dsir irrationnel quelque chose survivra.Memento mori,quiconjureladouleurelapeurdelamorenladisan.Lavoixpotique peut-elle toucher encore, si ce nest troubler les puissancesdaujourdhui,onnelesai,maiselleinsaurelide,peu-re,enperanlesilence,encrivanunelombeau,defairerenarelusinedeceenpromise,pomescrisavan,dauresaprs,leones-illemme?Landurveorphiqueesbiendsenchane,ecependanoui,lusinereviiciepouroujoursdunevieauredans

    ces lignes, et par les pleurs qui sy disent, et par la clbration, parun cur gnreux, de lattachement profond pour une si chre chose.Est-ce que cest cela, la posie engage ? Celle qui parle de com-

    Lpre gdu mnde

    Croquis-Dmolitionde Patricia Cottron-Daubign est un texte

    en cadences mcaniques, un texte de combat, dlicat et sonore.

    Par Myriam Marrache-Gouraud Photo Claude Pauquet

    crire le travail

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    bats politiques, de luttes ouvrires, de revendicationsraciales, sociales ? Ce qui se lit ici, cest une posieouvrire, mais ouvrire comme le serait une abeille,une fourmi, de cette sorte dcriture qui creuse desgaleries, qui forme son alvole, qui construit quandtout partout seffrite et menace ruine, perte. De cettecriture qui porte ce qui est plus lourd quelle, non

    pas par courage, mais parce que cest simplement sanature et sa tche, parce quelle sait le faire, et quelleest ne pour, comme la fourmi porte, sans protester,par tropisme naturel, plusieurs fois son poids.Un refuge de mots pour crer un abri, chapper ausilence, partager, un peu, les fardeaux si lourds soient-ils, si insupportables soient-ils, allger la peine, en enprenant une part, en offrant des mots pour ces larmes.Landelapageblanche.Mainsdelouvrier,mainsdupote, qui a les mains les plus propres ? Qui transpire,qui spuise le plus ? Engrenages et rouages, lignes et

    caractres, mains fuligineuses, papier noirci Quandlusine ne sera plus, les mots dans leur mcanique inexo-rable lauront remplace, dans leur huile noircie et dans la

    sueur ou les larmes qui ont accompagn leur apparition,dans leur travail interne au pome autant que dans leurprocessus de cration, les mots resteront prsents, impri-ms,eux,iendronoujoursdebouldicedelaer,la mmoire. Mmoire de quoi ? Pour les anciens acteursde cette production autant que pour les lecteurs qui nyconnaissaienrien,ceendroi,grandijusquluniversel

    par les linaments de lcriture, cest tous les endroits dumonde o de telles choses adviennent, cest dsormais parles profondeurs des tuyaux, des systmes, des liquides,desbruis,delencreennedelavoix,unlieuquenulne peut ignorer, nul ouvrier, nul puissant patron, nulleconscience, ft-elle, comme ltait la mienne, la plusloigne possible de cet univers industriel.n

    Myriam Marrace-Grad estdcter enittratreranaise de aRenaissance,ingnier derecerce CNRSen anayse des

    srces, universitde Pitiers.

    originaire de Srgres en Carente-Maritime, PatriciaCttrn-Dabign vit et travaie ax abrds d MaraisPitevin. Derniers ivres pars : Des paniers de ruits dors,comme(Tarabste, 2006), Une manire daile(Sc et Fc,2008), Scnographies avec vaches(pbie.net, 2008),

    Croquis urbains, hro(Cntre-aes, 2010), adaptatinde Gilgamesh (Fips, Gaimard, 2011), Croquis-Dmolition (la Dirence, 2011, 74 p., 10 e).

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    insallan de Rm Plack

    sur la rue Le L, lrs du

    fesal de Hu 2006.

    Page de dre, la cadelle

    de Hu, c mpraleclasse au parmne

    mndal de lhuman

    par lUnesc.

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    Le audee le dragn

    Depuis la fn des annes 1990, la Rgion Poitou-Charentes et le Vietnam

    entretiennent de condes relations culturelles.Par Anh-Galle Truong Photos Sbastien Laval

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    le premier orchestre symphonique vietnamien,la premire compagnie de danse contempo-raine, le premier spectacle de clowns viet-

    namiens applaudi au festival dAvignon, le premiergrand fesivalde craiondu Vienam,unebandedessinecollecive franco-vienamienneaujourdhuipuise, un court mtrage franco-vietnamien prim aufestival Aux frontires du court de Marseille Denombreuses et fructueuses crations sont mettre aucrdidelacoopraionculurelleabliedepuislan

    desannes1990enrelargionPoiou-ChareneseleVienam.quoiesdueceerussie?Ques-cequecette signature Poitou-Charentes que le producteurnanaisPhilippeBoulervoquepourqualiercesprocessus de cocration ?Il fallait, au pralable, comprendre la culture vietna-mienne:unmlangedesocialralismecommunise prdominant dans laudiovisuel et dexcellence clas-sique apporte par lenseignement russe notammentdans les sphres du cirque, des beaux-arts, de la danseou de la musique. Le relchement de lemprise sovi-

    iqueayanconduideprofondsdcisdeformaiondanscerainesdisciplines.En