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http://histoiregeographie.acdijon.fr www.referencementtourisme.fr Dossier thématique – Septembre 2012 ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN BOURGOGNE & URBANISME Crédit photo : Jean-Luc PETIT AdCC & Urbanisme – Dossier thématique Page 1

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Dossier thématique – Septembre 2012

ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN BOURGOGNE

& URBANISME

Crédit photo : Jean-Luc PETIT

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Table des matières Avant - propos......................................................................................Erreur ! Signet non défini. I. L’urbanisme en Bourgogne .............................................................................................. 4

1. Une région rurale entre deux pôles d’activité .................................................................. 4 2. Des problématiques émergentes de consommation d’espace mais aussi de désertification ........................................................................................................................... 4 3. Un déficit en documents d’urbanisme ............................................................................. 6

II. Les impacts observés et pressentis ................................................................................ 8

1. L’amplification du retrait-gonflement des argiles entrainant la destruction du bâti.......... 8 2. Un confort d’été qui risque de se dégrader ..................................................................... 8 3. Une possible augmentation du risque d’inondation....................................................... 10 4. Des flux migratoires reposant la question du dimensionnement des logements et des infrastructures......................................................................................................................... 11

III. Pistes d’adaptation .....................................................................Erreur ! Signet non défini.

1. Se protéger du retrait-gonflement des argiles ............................................................... 12 2. Améliorer le confort thermique....................................................................................... 12 3. Lutte contre les inondations........................................................................................... 16 4. Accompagner les dynamiques démographiques........................................................... 17

Liste des Experts ...................................................................................................................... 20 Bibliographie ............................................................................................................................. 21

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Avant-propos Cette synthèse, réalisée à partir d’enquêtes auprès d’experts régionaux (passages en italique) et de données bibliographiques (passages en caractères normaux), est par essence non exhaustive. Elle a pour but d’esquisser les principaux impacts du changement climatique sur l’urbanisme et l’aménagement en Bourgogne et des pistes d’adaptation à travers divers exemples parfois régionaux, parfois nationaux, voire internationaux. Pour cela, elle est structurée en trois grandes parties, traitant respectivement :

- des caractéristiques de la biodiversité en Bourgogne ; - des impacts observés et pressentis du changement climatique sur la biodiversité

bourguignonne1, - des pistes d’adaptation des modes de gestion de la biodiversité aux impacts présentés.

Pour des informations complémentaires, vous pouvez consulter les ouvrages recensés dans la bibliographie (cf. page 21), contacter Alterre Bourgogne (www.alterre-bourgogne.fr) ou des experts régionaux (cf. page 20). Vous pouvez également télécharger les fiches et dossiers sur les thématiques suivantes : la biodiversité, la forêt, la vigne, l’élevage, la santé, les risques naturels, l’urbanisme et l’aménagement sur www.bourgogne.ademe.fr et www.alterre-bourgogne.org. Dossier rédigé dans le cadre du Projet régional 2010–1012, copiloté par l’ADEME et Alterre, intitulé « Adaptation au changement climatique en Bourgogne : contribution à l’élaboration des stratégies régionales et territoriales » et financé par le Programme Énergie Climat Bourgogne.

1 Les impacts sur des milieux qui ne sont pas présents dans la région ne seront donc pas étudiés (milieux marin, montagnard…)

I. L’urbanisme en Bourgogne

1. Une région rurale entre deux pôles d’activités La région Bourgogne, plutôt rurale, est assez hétérogène en termes d’urbanisme avec des zones urbaines et rurales parfois denses, parfois dispersées comme dans les zones d’élevage (Groupe de travail). C’est une région de faible densité (notamment sur le territoire du Parc naturel régional du Morvan ou les plateaux du Châtillonnais) avec 51 habitants par km², soit deux fois moins que la moyenne nationale (DRE, 2007). Il s’agit historiquement d’une zone de passage où les réseaux routiers, ferrés et fluviaux se sont développés. On peut distinguer quatre types de populations (Groupe de travail) :

- les « autochtones » qui vivent et travaillent en Bourgogne, - les habitants « intermittents » qui ont leur résidence principale hors de Bourgogne, - les personnes qui habitent en Bourgogne (notamment dans l’Yonne) mais travaillent en

région parisienne, - les personnes qui habitent en Bourgogne (notamment en Saône-et-Loire) mais

travaillent en région lyonnaise. A titre d’exemple, 25 % de la population du Pays de Puisaye Forterre (Yonne) y réside de manière intermittente : il s’agit surtout de Parisiens qui viennent y passer certains de leurs week-ends (PPF). Selon les projections tendancielles de l’INSEE (INSEE, 2010), la Bourgogne serait parmi les quatre régions françaises les moins dynamiques en termes de population, juste devant la Champagne-Ardenne, la Lorraine et le Nord-Pas-de-Calais. En 2040, elle devrait tout de même compter près de 90 000 habitants de plus qu’en 2007, essentiellement du fait des migrations en provenance de l’Ile-de-France et de Rhône-Alpes, venant contrebalancer la baisse du nombre de naissances et l’augmentation de la mortalité (du fait de l’arrivée en grand âge des générations baby-boom). Cette hausse devrait être davantage marquée en Côte-d’Or et dans l’Yonne.

Figure 1 : Evolution projetée du solde migratoire de la Bourgogne

avec ses principales régions d'échange (INSEE, 2010)

L’excédent migratoire (cf. Figure 1) pourrait s’accroître du fait d’une bonne attractivité de la région, notamment pour les retraités d‘Ile-de-France, et d’une baisse des départs d’actifs (moins nombreux du fait de l’évolution de la pyramide des âges).

2. Des problématiques émergentes de consommation d’espace mais aussi de désertification

En France, à l’heure actuelle, le nombre de citadins étant en croissance, la demande en logements l’est aussi. Mais celle-ci croît plus vite que le nombre de citadins : depuis plusieurs décennies, on assiste en effet à une réduction du nombre de personnes par ménages. S’ils se poursuivent, ces phénomènes sont de nature à amplifier la péri-urbanisation et l’étalement urbain. La persistance de cette tendance et ses conséquences sur la structure urbaine restent toutefois à confirmer, et dépendront notamment de l’évolution des réseaux de transport, mais aussi de celle des modes de vie (télétravail notamment), de l’économie (développement de l’e-commerce par exemple), et des interactions avec les zones rurales (agricoles et naturelles) (ONERC, 2011).

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En Bourgogne, cette tendance est aussi vraie : il n’y a pas de maillage urbain serré (DRE, 2006) et les logements individuels libres représentent environ les ¾ de l’espace utilisé (cf. Figure 2), pour moins de la moitié des logements construits. Par comparaison, la forme lotissement, en général assimilée au phénomène d’étalement urbain, reste beaucoup moins consommatrice de sol (DRE, 2007). Dans les communes fortement urbanisées, une bonne partie des constructions nouvelles est située dans des zones déjà artificialisées, et ainsi ne constitue pas à proprement parler un étalement urbain, la ville se reconstruisant sur elle-même. Il convient donc de ne considérer que

la part de la surface de la commune non urbanisée (cf. Figure 3). L’importance de l’étalement urbain dans les communes-centres est alors minimisée et les communes périphériques apparaissent à juste titre comme les plus concernées par le phénomène, et ce, sans prendre en compte les autres surfaces artificialisées (voiries, bâtiments industriels et commerciaux) (DRE, 2007).

Ainsi, si la problématique de l’étalement urbain avec la construction de lotissements (en pourtour de villes et de villages) existe en Bourgogne, elle est moins forte que dans d’autres régions de France. Ceci est dû à une pression démographique faible, conséquence du caractère rural de la Bourgogne. Cependant, il faut être vigilant face à cette thématique, car il est important de préserver les espaces agricoles et naturels, sources d’aménités et d’attractivité (touristique et résidentielle). En parallèle, il existe des zones rurales qui se désertifient de façon drastique. Pour densifier l’habitat, il faut alors reconquérir le bâti à la fois rural et urbain. Si de nouveaux quartiers sont à construire, ce n’est pas la densité des habitations entre elles qui est importante mais leur organisation et leur localisation par rapport au reste de la ville (ou du village), de ses commerces et de ses services (Groupe de travail).

Figure 2 : Répartition de la consommation

d’espace par type de logement en Bourgogne et en France (en rouge)

(DRE, 2007)

Figure 3 : Surface consommée pour la

construction de logements en 1996, 2002 et 2006 (DRE, 2007)

3. Un déficit en documents d’urbanisme Les documents d’urbanisme ont un rôle important à jouer, notamment dans le contrôle de la consommation d’espace. Par exemple, un plan local d’urbanisme (PLU) va être prochainement adopté à la Communauté Urbaine Creusot-Montceau avec un objectif annoncé de contrôler l’étalement urbain et de reconquérir les centres-villes. Certaines zones urbanisables devraient alors redevenir des zones naturelles et agricoles. Cependant, de manière générale, la région compte assez peu de documents d’urbanisme permettant d’organiser le territoire (PLU, schéma de cohérence territoriale…) en comparaison à d’autres régions comme l’Alsace (Groupe de travail). On dénombre en 2006 seulement 5 schémas directeurs valant schéma de cohérence territoriale (SCoT), 2 SCoT en cours d’élaboration et 4 SCoT prescrits (cf. Figure 4). Seulement 17 % des communes sont concernées (347 sur un total de 2045), mais elles regroupent plus de 750 000 habitants, soit près de la moitié de la population bourguignonne. En effet, le SCoT de l’agglomération dijonnaise représente à lui seul près de la moitié de ces statistiques (300 000 habitants) (DRE, 2006).

Figure 4 : Répartition de la population (1999) et périmètres des SCoT (2006) de

Bourgogne (DRE, 2006)

Figure 54 : Etat d'avancement des schémas de cohérence territoriale en Bourgogne en

décembre 2010 (DREAL, 2010)

En 2010, on observe que certains périmètres de SCoT se sont étendus notamment en Saône-et-Loire mais un seulement s’est créé (autour de Mâcon) (cf. Figure 5). Les trois autres départements restent peu couverts (2 SCoT chacun) ; et dans l’Yonne, les secteurs urbains de Sens et d’Auxerre ne sont toujours pas couverts.

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Enfin, il est intéressant de signaler que les territoires couverts par les SCoT disposent souvent aussi de documents communaux applicables, de type PLU comme on le voit sur la Figure 6 (DRE, 2006). En ce qui concerne les autres communes, les plans d’occupation des sols (POS) ont souvent de nombreuses zones « NB » qui sont relativement faciles à urbaniser. Le passage au PLU sera sans doute plus restrictif, ce qui peut expliquer une certaine réticence de la part des municipalités. Cependant, du fait de la faible pression démographique, les agriculteurs spéculent peu : il n’y a donc pas d’envol du prix du foncier (souvent accompagné de lotissements de qualité médiocre) (Groupe de travail).

Figure 5 : Documents d'urbanisme vectorisés

en Bourgogne (DREAL, 2011)

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II. Les impacts observés et pressentis Peu d’impacts du changement climatique sont spécifiquement urbains, et la plupart seront également ressentis dans les zones rurales. Cependant, le GIEC indique les villes comme des pôles de vulnérabilité particulièrement marqués au sein des territoires. Ceci s’explique par la forte concentration de population et par le regroupement d’infrastructures et de biens matériels sur leur territoire : elles concentrent les « enjeux ». La gestion d’une combinaison d’impacts simultanés touchant de multiples secteurs, en parallèle à d’autres défis urbains, pourrait s’avérer difficile à mettre en œuvre, et buter sur les limites des capacités des collectivités (ONERC, 2011). Le principal impact observé est l’augmentation des températures estivales avec l’augmentation de risque de canicule posant la question du confort d’été en ville (II.2). D’autres impacts sont pressentis notamment sur les risques : augmentation des inondations (II.3) et du phénomène de retrait-gonflement des argiles (II.1). Enfin les mouvements de population pourraient être modifiés à la fois au niveau du tourisme mais aussi des lieux de résidence (II.4).

1. L’amplification du retrait-gonflement des argiles entraînant la destruction du bâti

Certains sols argileux peuvent gonfler et se tasser du fait de variations de teneur en eau : un tassement non uniforme peut occasionner d’importants dégâts aux bâtiments et infrastructures surtout si ceux-ci ont des fondations superficielles. Les dommages aux biens sont souvent considérables et irréversibles, ce qui nécessite de démolir les constructions. Depuis 1989, ce sont ainsi près de 15 000 communes françaises réparties dans 89 départements qui ont été reconnues en état de catastrophe naturelle vis-à-vis de ce phénomène (ONERC, 2011). L’augmentation de l’intensité et de la fréquence des sécheresses, la hausse des températures, et les précipitations intenses favorisent le retrait-gonflement des argiles, et le changement climatique annoncé pourrait provoquer la conjonction de ces phénomènes (ONERC, 2011 ; Groupe de travail). Cela s’est largement manifesté lors de la canicule de 2003, notamment sur le bâti relativement récent (des années 1960 à 1990, voire à 2010) de mauvaise qualité (Groupe de travail). Le problème se pose surtout en termes de bâti existant : comment le renforcer si ses fondations ne sont pas suffisamment profondes (PPF) ?

VULNÉRABILITÉSSuivant la nature des sols, certaines zones géographiques seront évidemment davantage affectées que d’autres. Les maisons individuelles sont particulièrement vulnérables à ce phénomène notamment si les normes de construction ne sont pas respectées.

NB : De plus amples informations sur ce phénomène sont disponibles dans la synthèse spécifique aux risques naturels.

2. Un confort d’été qui risque de se dégrader L’augmentation des températures hivernales pourra avoir des impacts positifs sur la consommation d’énergie (chauffage) ainsi que sur la santé (baisse du risque de mortalité due au froid). A l’inverse, l’augmentation des températures estivales peut poser problème, notamment à travers les vagues de chaleur, accentuées par le phénomène d’Ilot de Chaleur Urbain (ICU) (ONERC, 2011).

a. Qu’est-ce qu’un ICU ? Les villes sont le lieu de microclimats, notamment en raison de l’existence d’« îlots de chaleur urbain » (ICU), c’est à dire d’excès des températures de l'air dans les zones urbaines en comparaison avec les zones rurales qui les entourent. Les maxima d'intensité de cet îlot de chaleur peuvent aller de 2°C pour une ville de 1000 habitants jusqu’à 12°C pour une ville de plusieurs millions d’habitants (IAU, 2010). L’effet « îlot de chaleur » amplifie les vagues de chaleur et limite le rafraîchissement nocturne (Groupe de travail). Par exemple, à Paris, les différences de température ont atteint 8 °C entre le centre et certaines zones rurales. En

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pratique, l'écart de température entre le centre-ville et les zones rurales dépend (IAU, 2010 ; ONERC, 2011) :

- du moment de la journée : l'ICU a une variabilité journalière récurrente, son intensité est en général plus forte la nuit que le jour. Dans la majorité des cas, le maximum d'ICU semble se situer quelques heures après le coucher du soleil puis l'ICU diminue rapidement après le lever du soleil.

- de la vitesse du vent : l'ICU disparaît pour des vents supérieurs à 11 m/s. En présence d'un vent modéré (3 à 6 m/s), le champ de température prend la forme d'un panache étiré selon l'axe du vent. Plus le temps est calme et dégagé (anticyclone), plus l’îlot de chaleur urbain est intense.

- de la nébulosité : il diminue lorsqu’elle augmente. Les nuages interviennent en modifiant le refroidissement radiatif nocturne pendant lequel se forme l'ICU.

- de la saison : les ICU sont plus fréquents en été, et plus faibles et moins fréquents en période pluvieuse. Cependant, l'intensité maximale des ICU est la même pendant toutes les saisons.

- des caractéristiques architecturales de la ville. La forme urbaine joue sur le régime des vents : une rue étroite et encaissée, formant un canyon, empêche les vents de circuler et fait alors stagner les masses d’air, mais elle permet de créer des zones d’ombre. Le bâti absorbe ou réfléchi l’énergie solaire : plus il en absorbe dans la journée, plus il la restitue la nuit sous forme de chaleur. La minéralité des villes est donc un élément fondamental dans la formation des îlots de chaleur. A l’inverse, l’eau et la végétation constituent des facteurs de rafraîchissement puisqu’elles emmagasinent peu d’énergie et, par évaporation ou évapotranspiration, elles rafraîchissent l’air dans la journée.

- des caractéristiques de l'espace rural pris comme référence. - de la chaleur anthropique : chauffage, climatisation, industries, circulation automobile

etc. sont autant de facteurs qui font augmenter les températures et la pollution et donc favorisent l’apparition d’un îlot de chaleur.

Les îlots de chaleur sont à leur tour à l’origine de transformations de phénomènes météorologiques (IAU, 2010 ; ONERC, 2011) :

- Ils font diminuer l’humidité relative, les brouillards et le nombre de jours de gel. - Ils modifient le régime des pluies en réduisant les précipitations en hiver lorsque le

temps est stable. Cependant, lorsque le temps est instable, l’ICU provoque une augmentation de l’intensité des précipitations provoquant parfois de violents orages (journées d’orage peuvent augmenter de 20 à 30 %).

- Les différences de chaleur entre centre et périphérie sont à l’origine de « brises de campagne » (des vents thermiques de faible intensité engendrés par les différences de température), qui vont des zones froides aux zones plus chaudes, favorisant ainsi la concentration de polluants dans les secteurs les plus urbanisés et les plus denses.

Les ICU ne sont ni une cause, ni une conséquence du changement climatique, les effets de l’un sur l’autre aggravent les impacts de chacun. Ainsi, le changement climatique qui devrait s’accompagner d’une augmentation des températures générales rendra l’ICU encore plus intense. De même, dans une bien moindre mesure toutefois, les dynamiques qui président à la formation des ICU et leurs conséquences (pollutions, consommations d’énergie pour le chauffage ou la climatisation…) sont d’autant plus de facteurs du changement climatique (IAU, 2010).

b. Conséquences sur la santé et la société

La canicule du mois d’août 2003, expression du changement climatique avait entraîné une surmortalité de près de 60 %, soit près de 14 800 personnes en France entre le 1er et le 20 août. Ces conséquences font passer les ICU du domaine de la nuisance au domaine du risque. L’ICU n’est plus seulement une question d’inconfort lors des fortes chaleurs estivales, mais un risque pour la santé publique et pour les populations vivant en ville (IAU, 2010).

VULNÉRABILITÉSSi les vieux bâtiments en pierre ont une inertie thermique suffisante, le bâti de l’après-guerre est particulièrement vulnérable. Les personnes fragiles vivant dans des zones de fort ICU sont les plus touchées.

La canicule de 2003 a démontré que le type d’habitat a un impact sur le confort thermique d’été et les problèmes de santé : il y a eu relativement peu de surmortalité en zone rurale par rapport aux zones urbaines où le bilan a été catastrophique (notamment dans

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les zones les plus denses) (Groupe de travail). Les températures et les taux d’humidité à Paris étaient très proches de ceux observés en moyenne estivale à Séville où ces conditions climatiques n’ont pas de conséquences aussi graves. Ceci est notamment dû à un cadre bâti plus adapté aux fortes températures à Séville, et aux habitudes de la population (ONERC, 2011). Une autre conséquence des ICU est l’augmentation de la pollution atmosphérique en ville, notamment à l’ozone (Groupe de travail). Tout le monde est touché par cette question, car, au-delà de l’aspect « santé », c’est la productivité du travail de la plupart des personnes qui est altérée, phénomène amplifié pour les professions où l’on travaille dehors où dans des environnements déjà chauds (pressings par exemple) (PPF). NB : De plus amples informations sur les impacts de ce phénomène (et de la chaleur en général) sur la santé sont disponibles dans une synthèse spécifique à la santé.

c. Une modification de la demande énergétique

En raison des modifications de température engendrées par le changement climatique, les demandes en chauffage hivernal sont susceptibles de baisser et les demandes en air conditionné d’augmenter l’été. Or la production d’électricité peut être qualifiée de saisonnière, car très dépendante de la ressource en eau (ONERC, 2011) :

- Une augmentation de la température des cours d’eau et des lacs pourrait affecter la source froide des centrales nucléaires et thermiques classiques ;

- En été la quantité d’eau des réservoirs baisse naturellement. Cette diminution de la réserve en eau des barrages pourrait s’amplifier et avoir des conséquences sur la production hydraulique.

L’évolution des demandes estivales en eau, en dehors du secteur énergétique, est susceptible d’aggraver ce phénomène en multipliant les conflits d’usage, notamment avec l’agriculture et le tourisme.

d. Un impact sur la durée de vie des infrastructures Le bitume absorbant la chaleur, les routes et les trottoirs pourraient se dégrader lors d’épisodes particulièrement chauds et secs, ce qui entraînerait un surcoût économique non négligeable (Groupe de travail).

3. Une possible augmentation du risque d’inondation Le changement climatique aura un impact marqué sur le débit des cours d’eau. A ce risque naturel de crues s’ajoute celui des inondations dues au ruissellement excessif quand les réseaux de drainage des eaux de pluie sont saturés du fait de l’intensité des précipitations (ONERC, 2011). Les problèmes d’inondation sont donc susceptibles d’augmenter du fait de l’évolution des précipitations, sans doute plus erratiques et orageuses (Groupe de travail). Avec l’extension de l’urbanisation dans des zones à risques, ce problème peut se poser avec plus d’acuité. En effet, si les quartiers urbains les plus anciens sont en général situés hors des zones à risque, l’extension récente des villes a créé une forte pression foncière sur les zones à risque. Une proportion grandissante de la population est concernée.

VULNÉRABILITÉSCertains territoires sont plus vulnérables du fait de l’imperméabilisation excessive des sols qui réduit leur capacité d’infiltration ou de la présence d’aménagements favorisant le ruissellement. Par exemple, en Bourgogne, dans la côte viticole, il y a eu, par endroits, une extension telle du vignoble que cela a engendré des coulées de boue (Groupe de travail).

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Figure 6 : Part des logements individuels

exposés aux risques d'inondation par bassin versant en 2006

Ce mécanisme d’urbanisation progressive de zones de plus en plus risquées est amplifié par la baisse de densité de l’habitat, liée à l’augmentation de l’habitat en maison individuelle : chaque ménage occupant plus de surface qu’auparavant, le foncier devient plus vite rare et cher, poussant ainsi les arrivants suivants à s’installer dans des zones moins sûres. C’est ce qui explique en partie que l’habitat en zone inondable ait explosé en France au cours des cinquante dernières années : entre 1999 et 2006, il a ainsi été mesuré une hausse de 7 % du nombre de logements situés en zone inondable sur un panel de 424 communes de plus de 10 000 habitants soumises à un risque majeur d’inondation (ONERC, 2011). En Bourgogne, on voit sur la Figure 7 que 5 à 10 % des logements étaient exposés au risque inondation en 2006.

me le fait de ne pas abiter le rez-de-chaussée dans les zones inondables) (ONERC, 2011).

ons sur ce phénomène sont disponibles dans la synthèse pécifique aux risques naturels.

humides et forêts), notamment pour les Parisiens, du fait de proximité de la capitale (PPF).

ur n’est pas tténué, rendant la vie au centre-ville difficilement supportable (Groupe de travail).

tions sur les besoins d’investissement dans s infrastructures et le bâtiment (ONERC, 2011).

Les tendances de l’urbanisation actuelle conduisent donc aujourd’hui à une augmentation des risques naturels d’inondations du fait de l’imperméabilisation, de la capacité limitée des réseaux de drainage et de l’augmentation de l’exposition au risque (habitations en zones inondables). De plus, on observe une perte de réflexe de limitation des risques (comh NB : De plus amples informatis

4. Des flux migratoires reposant la question du dimensionnement des logements et des infrastructures

Le Sud de la France est aujourd’hui globalement plus attractif que le Nord. Cependant, cette tendance peut être modifiée, notamment en ce qui concerne les personnes âgées, du fait de l’inconfort thermique des fortes chaleurs du Sud que le changement climatique est susceptible d’amplifier (ONERC, 2011). Le changement climatique peut rendre la Bourgogne plus attractive pour les touristes, notamment du fait de sa ruralité et de la présence de nombreux points d’eau. Il s’agit là d’une opportunité à développer (Groupe de travail). Par exemple, le Pays de Puisaye-Forterre, déjà relativement touristique, pourrait devenir de plus en plus attractif par sa « fraîcheur » (points d’eau, zones la En parallèle, au sein même de la région, il pourrait y avoir des mouvements entre ville et campagne ou tout du moins entre centre-ville et périphérie si l’effet d’îlot de chalea La modification des migrations due au changement climatique (temporaires pour les touristes, permanentes pour les habitants) aura des implicale

III. Pistes d’adaptation L’adaptation au changement climatique est un sujet récent en France, et les villes n’échappent pas à la règle. Des initiatives se développent dans le cadre de plans climat énergie territoriaux (PCET) et/ou d’Agendas 21 locaux (ONERC, 2011). Les politiques urbaines d’adaptation peuvent s’organiser en quatre grandes catégories (ONERC, 2011) :

- les modifications de l’occupation des sols et la planification urbaine (par exemple pour éviter les développements nouveaux dans les zones inondables) ;

- les investissements directs dans les ouvrages de protection et les infrastructures de gestion de l’eau;

- l’adaptation du cadre bâti, par action directe (investissement) ou indirecte (incitation fiscale et réglementaire) ;

- l’augmentation de la résilience de la zone (par la diversification économique ou des outils d’aide aux ménages et aux entreprises en cas d’impacts).

De manière générale, les mesures réglementaires, légales et financières ne doivent pas être négligées, l’adaptation ne se faisant pas uniquement par des investissements directs (ONERC, 2011). Dans le cadre de l’adaptation au changement climatique, la construction de bâtiments relève de deux logiques :

- Soit ces constructions sont adaptées à une gamme étroite de climats. Elles sont alors moins chères, mais leur durée de vie opérationnelle risque d’être réduite (il pourrait par exemple s’avérer nécessaire de détruire et de reconstruire en 2050 alors que les bâtiments sont toujours en bon état) ;

- Soit ces constructions sont réfléchies pour faire face à des climats variés. La durée de vie opérationnelle est alors potentiellement plus longue (De Perthuis et al., 2010).

En ce qui concerne les risques naturels (inondations et retrait-gonflement des argiles), il existe des politiques qui concourent déjà à l’adaptation : Plans de prévention des risques naturels (PPR), information de la population sur des risques plausibles à travers le dossier départemental des risques majeurs (DDRM) et le document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM). De plus, les communes soumises à un risque ont l'obligation de réaliser un plan communal de sauvegarde (PCS) qui intègre notamment le DICRIM, et qui prépare la gestion de crise (ONERC, 2011). Enfin, il serait bénéfique de regarder ce qu’il se fait ailleurs, notamment dans les régions analogues à la situation dans laquelle sera la Bourgogne en 2100 (Groupe de travail).

1. Se protéger du retrait-gonflement des argiles La diminution de la vulnérabilité face à ce phénomène passe par l’application plus stricte des règles de construction actuelles (en particulier de profondeur minimale de fondation) pour les bâtiments neufs, et le développement d’outils d’évaluation de la vulnérabilité des bâtiments existants (ONERC, 2011). Dans les zones à risques, il faut privilégier les fondations profondes. Il existe une cartographie de l’aléa réalisée par le BRGM : il est important de l’utiliser et de bien respecter les règles de construction (Groupe de travail). Par ailleurs, il faut faire attention à ne pas trop se reposer dessus : on peut parfois trouver localement des sols argileux alors qu’ils ne figurent pas sur la carte (PPF).

2. Améliorer le confort thermique Adapter l’habitat et l’urbanisme signifie d’une part, favoriser un meilleur confort thermique dans les bâtiments et, d’autre part, lutter contre la présence d’un îlot de chaleur urbain (Colombert, 2008). Pour ce dernier, on peut jouer à la fois sur la conception urbaine au sens le plus large du terme et sur les comportements humains (cf. Figure 8). A quel niveau spatial ? L’adaptation se fera à différentes échelles spatiales (Bertrand et Simonet, 2011) :

- Celle du bâtiment avec des solutions architecturales : isolation, type et position des surfaces vitrées, toits réfléchissant le rayonnement solaire…

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- Celle de la rue ou du quartier avec grâce à l’urbanisme : largeur et orientation des rues, mise en place de revêtements réfléchissants, surface des parcs et jardins…

- Celle de la ville ou de la zone rurale à travers l’aménagement : trames vertes et bleues…

Figure 7 : Variables contrôlables et

incontrôlables de formation de l'ICU (Colombert, 2008)

Avec quels instruments ? Il faut noter que l’architecture et l’urbanisme étant très encadrés réglementairement, on ne peut attendre une adaptation spontanée des acteurs économiques et des ménages, et des modifications des normes et des règlements seront nécessaires (ONERC, 2011). La question du confort d’été est une préoccupation nouvelle qui a été intégrée dans les règlementations thermiques RT 2000 et RT 2005 s’appliquant aux bâtiments neufs pour limiter les températures intérieures (ONERC, 2006) et restera dans la RT 2012. Les incitations fiscales sont aussi possibles, comme des crédits d’impôt, pour les aménagements contribuant à améliorer le confort thermique d’été des logements et des locaux professionnels et commerciaux. Il conviendrait d’examiner également les incitations à effet pervers comme l’application d’un taux réduit de TVA sur la climatisation (ONERC, 2006).

a. Echelle du bâtiment – Architecture L’effet bénéfique des modes d’habitat traditionnels dans la lutte contre les risques associés aux canicules a été mis en évidence. L’augmentation observée des risques peut pousser à utiliser ces savoir-faire, et à les exporter dans d’autres régions du Monde : ainsi, les pratiques traditionnelles que l’on trouve en Espagne ou en Afrique du Nord pourraient se révéler utiles pour la France à l’horizon de la fin de ce siècle. De même l’habitat ancien, notamment en zone rurale, répond souvent bien aux contraintes climatiques et mériterait attention en termes de réhabilitation (ONERC, 2006). Or ce type d’habitat est en général en régression, remplacé par un habitat moderne plus homogène sur l’ensemble de la France (ONERC, 2011). L’Homme veut s’affranchir des contraintes naturelles grâce aux progrès techniques. Le modernisme a volontairement oublié certaines pratiques architecturales qui pouvaient être bénéfiques et de nombreux mouvements qu’il inspire par la suite et toujours aujourd’hui, vont créer des constructions qui sont des aberrations climatiques (IAU, 2010). Les ventilateurs et climatiseurs sont les premiers instruments utilisés dans les logements, les centres commerciaux, les transports… Cependant, cette solution n’est pas durable, tant du point de vue énergétique et de l’atténuation que du point de vue sanitaire (filtres rarement changés à temps…) (Groupe de travail). Il est clair que le bâti de demain devra prendre en compte l’impact du changement climatique sur le confort d’été et la règlementation thermique 2012 (RT 2012) va dans ce sens. Notons que la problématique énergétique qui prime largement aujourd’hui pourrait entrer en conflit avec l’amélioration du confort d’été avec, par exemple, une isolation trop importante. Il faudra alors faire attention à ce que les opérations de réhabilitation du vieux bâti ne génèrent pas de nouveaux problèmes de confort d’été. Cela pose la question des savoir-faire et de la formation des professionnels (Groupe de travail). Il ne faut pas non plus trop se reposer sur la RT 2012 : elle n’entrera en vigueur qu’en 2013 et la règlementation actuelle ne serait déjà pas respectée

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partout… Il est nécessaire que les professionnels soient accompagnés pour mettre en œuvre de telles mesures réglementaires et que le respect de ces dernières soit contrôlé (PPF). Sur les modes d’habitat modernes, on peut agir sur différents leviers d’action durables afin d’améliorer le confort thermique et de diminuer l’ICU (IAU, 2010) :

- les matériaux des bâtiments qui, selon leurs propriétés, emmagasinent plus ou moins de chaleur et la restitue plus ou moins longtemps après la période d’échauffement ;

- l’isolation, particulièrement sur les toitures ; - la ventilation et l’aération des logements et des parties communes des immeubles ; - les toits et murs végétaux : ils peuvent apporter un complément significatif dans les

quartiers où il n’y a plus de sol disponible pour des plantations en pleine terre. Les murs végétaux créent un microclimat abaissant substantiellement la température de l’enveloppe du bâtiment et améliorant le comportement énergétique de celle-ci (Giguere, 2009) ;

- les puits provençaux, la ventilation mécanique… Dans le cas où les mesures précédentes ne seraient pas mises en place, on peut également s’orienter vers une réflexion sur la situation du logement, par exemple, ne pas installer une personne âgée au dernier étage d’un immeuble, là où la chaleur est la plus importante (IAU, 2010). Cependant, c’est le bâti d’hier (1950 à 1990, voire à aujourd’hui) qui est le plus sensible (Groupe de travail, PPF). Des principes de bioclimatisme seraient à développer (PPF). Des techniques existent mais peuvent être coûteuses et poser des problèmes architecturaux notamment en centre-ville (comme, par exemple, l’isolation extérieure) (Groupe de travail). Il faudra donc faire attention, sur à l’éventuel antagonisme entre adaptation au changement climatique et protection du patrimoine. Aujourd’hui, l’adaptation du cadre bâti pose des questions inédites en raison du coût de cette adaptation et du temps nécessaire pour qu’une transformation soit significative et ait un impact visible. Il faut donc s’interroger sur le choix entre modifier les normes pour les nouveaux bâtiments seulement ou imposer une rénovation aux bâtiments existants. En cas de rénovation, le rythme de rénovation est essentiel : plus l’adaptation est faite rapidement, plus elle est coûteuse. Il faut donc sans doute commencer le plus tôt possible, pour pouvoir faire cette transformation à un rythme suffisamment lent pour être faisable économiquement. Si cette adaptation est faite correctement, elle produirait également des co-bénéfices intéressants : rénovation accélérée de l’habitat en mauvais état, réduction des consommations d’énergie liées au chauffage, amélioration de la qualité de vie des habitants (ONERC, 2011). L’adaptation ne doit pas se faire uniquement au niveau des logements mais aussi dans les zones de vie et de travail (centres commerciaux, zones d’activité…). Par exemple, dans la ville d’Annecy, les centres commerciaux augmentent la température des climatisations afin de limiter la différence entre la température extérieure et intérieure. Si des initiatives naissent (en France, un centre commercial BBC vient d’être construit), elles restent trop ponctuelles (Groupe de travail).

b. Echelle du quartier – urbanisme Les différentes modélisations montrent que c’est principalement sur une augmentation de l’albédo et des surfaces végétalisées qu’il faut agir pour réduire de la façon la plus significative possible les ICU, particulièrement dans les villes anciennes sur lesquelles les marges de manœuvre sont limitées, notamment en matière de forme urbaine (IAU, 2010). Les arbres sont un outil efficace de lutte contre les îlots de chaleur, notamment grâce à leur effet d’ombrage et au phénomène d’évapotranspiration qui, en consommant de l’énergie, abaisse la température alentour et crée des« zones fraîches » pour les habitants. Selon sa conception, elle peut venir en réponse à différentes problématiques connexes : stockage et épuration des eaux de pluie et de ruissellement, recharge des nappes, sans oublier les fonctions sociales (Groupe de travail). La végétalisation des espaces urbains est également utile dans la réduction des polluants et des gaz à effet de serre (IAU, 2010). Pour entretenir ces espaces verts, on peut envisager de stocker l’eau de pluie dans des chaussées-réservoirs d’eau par exemple (ONERC, 2010). La principale difficulté pour réintroduire le végétal dans le minéral urbain est le peu de foncier disponible pour créer des espaces verts (IAU, 2010). Enfin, il ne faudra pas oublier de planter des espèces végétales adaptées au futur climat (ONERC,

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2011) et d’éviter les espèces émettrices de composés organiques volatils ainsi que les espèces à fort pouvoir allergisant comme le bouleau ou le chêne. Le choix d’espèces indigènes, tolérantes aux variations climatiques de la ville et à la pollution urbaine est à privilégier (Giguere, 2009). D’autres zones de végétalisation peuvent se situer au niveau des aires de stationnement. Habituellement construits en bitume, matériau à faible albédo, elles contribuent à la formation des îlots de chaleur urbains. Aménager de la végétation sur le pourtour et à l’intérieur des espaces de stationnement permettrait de diminuer la chaleur qu’emmagasinent ces surfaces asphaltées et les voitures qui s’y garent. De plus, ceci prolongera la durée de vie des premières et limitera les besoins en climatisation des secondes. Il est également possible de végétaliser l’entièreté des surfaces au moyen de divers revêtements modulaires installés sur des sols filtrants, permettant la croissance de végétaux (Giguere, 2009). Une autre entrée est le facteur du vue du ciel, directement lié à la forme urbaine : il est important de limiter l’effet canyon des rues et donc le « piégeage » des rayonnements dans les espaces urbains qui font que la ville surchauffe (IAU, 2010).

c. Echelle de la ville ou de la zone rurale – Aménagement et planification Une première approche, adoptée par le Grand Lyon, peut tout simplement consister en la cartographie des ICU et la modélisation des quartiers qui risquent d’en souffrir (ONERC, 2011). A partir de ces derniers, il est possible de réaliser un maillage entre les cheminements piétons ombragés déjà en place et les îlots de chaleur urbains identifiés (ONERC, 2010). On peut aussi penser au remplacement progressif des matériaux des routes et des voies ferrées par des matériaux plus perméables et adaptés à la chaleur (ONERC, 2011). D’une manière générale, il faut éviter l’imperméabilisation : cela limitera non seulement les problèmes de dégradation, mais aussi ceux de ruissellement. Pour les routes, il est difficile de trouver un revêtement alternatif car, d’une part cela est très couteux, et d’autre part un revêtement réfléchissant la chaleur (blanc par exemple), donc moins sensible à la dégradation par de hautes températures, risquerait d’éblouir les automobilistes (Groupe de travail). Des mesures de densification urbaine induisant des économies d’énergies au niveau des bâtiments et une diminution des déplacements et donc de la chaleur produite par les automobiles peuvent être un moyen de lutte contre les ICU. Cependant, il faut souligner une possible contradiction avec la nécessité une meilleure « aération » des villes et de faire de la place au végétal à travers les trames vertes et bleues par exemple. Les deux ne sont pas nécessairement incompatibles, mais cela demande une réelle réflexion en amont pour que les bénéfices de l’une n’engendrent pas une baisse d’efficacité de l’autre (IAU, 2010). L’intégration de la thématique dans les SCoT et les PLU serait un moyen d’ancrer l’adaptation dans l’aménagement et la planification (ONERC, 2011).

Modification des comportements Les dégagements anthropiques de chaleur, dus à la circulation automobile, aux activités industrielles, au chauffage et à la climatisation des bâtiments, peuvent être réduits par des politiques de transports alternatifs à la voiture individuelle (IAU, 2010). La limitation de la circulation en centre-ville est une piste déjà testée dans plusieurs villes dont Annecy. Cependant, il serait intéressant de connaître les retombées économiques pour les commerçants du centre-ville : la question de la déstabilisation commerciale fait débat, les commerçants étant souvent les premiers à s’opposer à ce type de projet (Groupe de travail). En France, la règlementation du travail interdit le travail lorsque la température dépasse les 36 °C. Dans le même ordre d’idée, on pourrait imaginer de décaler les horaires de travail en été, comme cela s’est produit à certains endroits (exemple de la DDT 71) lors de la canicule de 2003 (Groupe de travail). S’il faut repenser les rythmes de travail, on peut aussi y associer l’organisation de certains services (PPF). Par ailleurs, parmi les personnes fragiles, les plus touchées par la surmortalité ont été les personnes isolées : il est alors important de (re)créer des liens sociaux (Groupe de travail).

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Enfin, s’il faut prévenir les risques, il faut aussi préparer la gestion de crise : le Plan Canicule est un outil qui a prouvé sa pertinence en 2005.

3. Lutte contre les inondations

a. Limiter le ruissellement Il convient, avant tout, de limiter l’imperméabilisation des sols. Par ailleurs, 40 à 45 % des surfaces artificialisées sont à destination des transports : il faut donc intégrer cette problématique lors de la construction des nouveaux logements : leur organisation et leur localisation déterminent les voies de transports à mettre en place (Groupe de travail). La mise en place d’aménagements de rétention peut être une solution de compensation de l’imperméabilisation lorsque celle-ci est nécessaire. Par exemple, dans la région Languedoc-Roussillon, la mission inter-services de l’eau (MISE) a rendu obligatoire, pour tout projet urbain de plus d’un hectare, la mise en place d’aménagements retenant 100 litres d’eau par m² imperméabilisé. Des aménagements comme des noues, des fossés ou encore des haies peuvent être remis au goût du jour à la fois en ville et en zone rurale. Des solutions techniques plus récentes comme les chaussées- réservoirs peuvent aussi être appliquées. Les SAGE seraient de bonnes occasions de favoriser de tels aménagements (Groupe de travail). Les documents d’urbanisme peuvent aussi jouer un rôle. Par exemple, à Saints, un maire a donné l’impulsion : dans le POS, il est inscrit que toute haie arrachée doit être remplacée par une (en Puysaye où le bocage est relativement préservé) ou deux autres (en Forterre où la grande culture se développe) (PPF).

b. Encadrer l’urbanisation des zones à risques

L’une des premières dimensions d’un plan d’adaptation est de maîtriser l’occupation du sol, pour limiter les développements dans les zones où le risque d’inondation est trop élevé. Il est toutefois impossible d’interdire toute nouvelle construction en zone inondable, et le risque zéro n’existe pas. De plus, l’impact de restrictions trop importantes sur la construction aurait comme conséquence une augmentation des prix du foncier (ONERC, 2011). Il faut donc trouver des solutions intermédiaires pour les zones où une inondation est possible mais exceptionnelle. Dans ces zones, des constructions respectant certaines contraintes permettent de limiter les risques : éviter les maisons de plein pied qui ne permettent pas de se réfugier à l’étage en cas de crue rapide, disposer les réseaux de la maison en hauteur, prévoir des matériaux plus résistants à l’eau, voire forcer la construction sur pilotis ou rendre l’évacuation obligatoire en cas d’alerte (ONERC, 2011). Une piste d’adaptation serait alors de favoriser la mise en place de plans de prévention des inondations (PPRI) en accompagnant les communes, et de vérifier s’ils sont bien respectés (PPF). En règle générale, favoriser une densité plus importante permet de concentrer les développements dans les zones les plus sûres, et donc d’éviter des constructions en zones à risques. Les règles d’urbanisme en zones sûres ont donc un impact sur le risque d’inondation, montrant ainsi l’intérêt d’une approche systémique de la gestion des risques et de l’aménagement du territoire (ONERC, 2011).

c. Réaliser des infrastructures de protection

Les infrastructures de protection sont importantes dans la prévention des risques, et donc dans l’adaptation au changement climatique. En particulier, des digues sont indispensables pour protéger, à un coût relativement faible, les zones déjà densément peuplées et urbanisées. Cependant, la mise en place d’une digue implique (ONERC, 2011) :

- une maintenance régulière, en l’absence de laquelle une digue peut augmenter la vulnérabilité et conduire à des pertes humaines dramatiques ;

- un plan d’aménagement qui délimite clairement les zones protégées, pour éviter que la digue n’attire des investissements et des populations en zones à risques ;

- un système d’alerte et d’évacuation, car une digue peut toujours se rompre ou être dépassée par l’intensité d’un évènement naturel.

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L’approche par la protection n’est pas forcément la plus adaptée, et il est crucial de tenir compte de ses impacts négatifs notamment l’artificialisation qu’elle provoque et ses conséquences sur les paysages et la biodiversité. Aussi, l’attractivité des zones artificialisées peut être largement réduite, avec un effet sur les activités récréatives et touristiques. Finalement, la protection d’une zone peut augmenter les risques sur une autre portion de côte, ou en aval d’une rivière. Il faut donc prendre garde à ne pas simplement transférer le risque, et travailler à une échelle spatiale suffisante pour prendre en compte tous les effets de la protection (ONERC, 2011). D’autres infrastructures peuvent demander des investissements directs : rehaussement de routes ou autres infrastructures de transport, déplacement et/ou enfouissement de lignes électrique, etc. (ONERC, 2011).

d. Repenser les réseaux

Dans les zones urbaines, le dimensionnement des systèmes d’assainissement et de drainage doit pouvoir faire face aux précipitations les plus intenses. Il faudra éventuellement augmenter leur capacité (ONERC, 2011 ; Groupe de travail). Cette adaptation peut être coûteuse et très complexe du fait des incertitudes liées à l’évolution du climat (Groupe de travail). Les villes étant très vulnérables à l’interruption des services en réseau (transport, communication, énergie), travailler sur la redondance de ces réseaux peut être intéressant avec, par exemple, la création d’itinéraires bis pour les transports. La protection, l’adaptation ou le déplacement des infrastructures de transport particulièrement vulnérables (tunnels, ponts, entrées de souterrain…) devront être envisagés. De même, il faudra sans doute repenser la gestion de la demande en énergie pendant les pics liés aux périodes de forte chaleur (ONERC, 2011).

4. Accompagner les dynamiques démographiques Des initiatives locales naissent ça et là pour promouvoir le tourisme : il est important de le favoriser afin de tirer profit de l’opportunité qui se présente (Groupe de travail). L’adaptation de l’aménagement au changement de l’attractivité touristique dépendra de cette modification (séjours plus longs, plus de visiteurs, quelle localisation ?). Elle pourra concerner : l’offre en hébergements, en services ou encore les voies de communication (PPF). Conclusion La question de l’adaptation au changement climatique doit être prise en main par tous mais il semble que les collectivités territoriales aient une position particulièrement importante notamment à travers les SRCAE, les PCET ou encore les documents et projets d’urbanisme. Les assurances ont aussi un rôle à jouer dans l’adaptation aux risques (argiles gonflantes et ruissellement). (Groupe de travail). Il ne faut pas croire qu’il suffirait de planter des arbres n’importe où, de peindre les murs en blanc ou de faire un « copier-coller » d’expériences qui ont fonctionné, il n’existe pas de « solutions miracles ». Il est nécessaire de voir au cas par cas, selon les situations et les contextes urbains comment adapter les territoires. Il est primordial d’étudier précisément les spécificités de la ville, climatiques mais aussi architecturales, géographiques, historiques, et les volontés des citadins. Par exemple, il est important de savoir quels types d’arbres conviennent le mieux selon le climat général, la pollution, la disponibilité en eau et la nature des sols (naturels et artificiels) (IAU, 2010). Aucune stratégie d’adaptation n’a encore fait ses preuves, que ce soit dans sa forme ou dans les actions qu’elle propose, et il est risqué de limiter les possibles par des cadres trop contraignants. Un équilibre doit donc être trouvé entre le souci d’aider les villes, en leur fournissant des outils, et le besoin de favoriser l’expérimentation, en faisant en sorte que ces outils ne conditionnent pas de façon excessive les choix des villes en matière d’adaptation (ONERC, 2011).

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Par ailleurs, le changement climatique n’étant pas le seul changement auquel les villes doivent se préparer, il faut également tenir compte d’autres facteurs. Ainsi, l’adaptation aux impacts du changement climatique devra se faire en parallèle à l’atténuation, ce qui créera des synergies, mais aussi des conflits. En effet, ces deux ensembles de politiques utilisent a priori les mêmes instruments et doivent donc être définis de manière cohérente. Par exemple, diminuer les besoins en chauffage ou en climatisation des bâtiments, ou améliorer la planification des déplacements sont des mesures d’adaptation efficaces, car elles aident à réduire l’effet d’ICU et la demande énergétique. En revanche, un développement à grande échelle de la climatisation, s’il réduit la vulnérabilité au stress thermique, augmente les consommations d’énergie et va à l’encontre des politiques de réduction des émissions. De la même manière, augmenter le nombre de parcs en ville peut être efficace pour diminuer l’effet d’ICU, mais réduit la densité de la ville, augmentant possiblement les distances à parcourir par les habitants, donc augmentant possiblement les trajets en voiture et la consommation d’énergie. Tandis que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont définis au niveau global de manière indépendante des politiques d’adaptation, au niveau local, il est utile de planifier ces deux types de politiques conjointement (ONERC, 2011). Enfin, l’adaptation du cadre bâti touche également d’autres secteurs comme l’énergie (chauffage, climatisation, …), la santé (canicule, inondation, …), les risques naturels et assurances (ONERC, 2009)…

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Tableau 1 : Récapitulatif des principaux impacts, vulnérabilités et pistes d'adaptation évoqués en groupe de travail

PISTES D’ADAPTATION IMPACTS

FACTEURS DE VULNERABLITE/ D’OPPORTUNITE Limitation des vulnérabilités Adaptations génériques

Sols argileux Utiliser des cartes de risques réalisées par le BRGM et réaliser des études géotechniques Risque accru du phénomène de

retrait-gonflement des argiles menant à la destruction du bâti Bâti de mauvaise qualité des années 1960 à

1990 (voire à 2010) avec des fondations superficielles (maisons de plein pied…)

Respecter les règles de construction et construire avec des fondations profondes dans les zones à risques

Personnes fragiles (personnes âgées, nourrissons…) et isolées

Accompagnement des personnes vulnérables et création de liens sociaux

Zones urbaines avec un fort ICU (très minérales général) en

Cartographier les ICU Végétaliser les villes Limiter les effets « canyon »

Baisse du confort thermique estival menant à :

- des problèmes de santé - des baisses de productivité - un risque accru de

dégradations de routes - une modification de la

demande énergétique (climatisation notamment)

Bâti des années 1960 à 1990 (voire à 2010) Adapter le bâti futur et existant : logements, centres commerciaux et réseaux de transport

Limiter la circulation automobile Changer les rythmes de vie et

de travail Elaborer des plans de gestion

de crise

Fortes pentes

Aménagements favorisant le ruissellement (sols perméabilisés notamment les infrastructures

de transport, suppression de haies…) im

Eviter l’imperméabilisation Créer des aménagements

(perméabilisation, bassins de rétention…)

Risque accru d’inondations et de coulées de boues liées au ruissellement

Constructions en zones inondables Limiter l’urbanisation des zones à risques (PPRI)

Redimensionner les réseaux d’eau S’appuyer sur les exemples de régions analogues à la future situation de la Bourgogne Protéger les zones humides qui peuvent faire tampon

Augmentation du ourisme ? t

Proximité de points d’eau

Privilégier/faciliter les initiatives locales Revoir l’offre d’hébergements, de services, les voies de communication…

Mouvements de population

Migrations villes/campagnes ?

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Liste des Experts

Enquêtés le 06/05/2011 (groupe de travail) : Frédérique BOURGEOIS, Chef de l'unité développement durable et énergies, Direction

Départementale des Territoires de l’Yonne Viviane PERRIER-GRITTI, Chargée de mission Plan Climat-Energie, Communauté urbaine

du Creusot-Montceau Renaud DURAND, Responsable mission Stratégie, énergie, Grenelle, DREAL Bourgogne Antonin MADELINE, Qualité environnementale des bâtiments, Alterre Bourgogne

Enquête complémentaire : Le 12/05/2011 : Gaël PIEDOIE, Chargée de mission Plan énergie climat, Pays de Puisaye

Forterre (PPF)

Bibliographie Bertrand F., Simonet G., 2011. Les trames vertes urbaines et l’adaptation au changement climatique : perspectives pour l’aménagement du territoire. In Boudes P., Colombert M. (eds.), Adaptation aux Changements Climatiques, trames Vertes et Villes ; Collection Indisciplines, édition Quae, Versailles (parution 2011). Colombert M., 2008. Contribution à l’analyse de la prise en compte du climat urbain dans les différents moyens d’intervention sur la ville [en ligne] ; Thèse de doctorat Génie urbain, Université Paris-Est, 2008, [réf. du 28 avril 2011]. URL : <http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00470536/en/> De Perthuis C., Hallegatte C., Lecocq F., 2010. Économie de l’adaptation au changement climatique ; Rapport du Conseil économique pour le développement durable, Février 2010 ; 89p. DRE, 2006. Les documents d’urbanisme en Bourgogne – Regard sur la situation au 1er janvier 2006 [en ligne] ; Direction Régionale de l’Equipement de Bourgogne, 2006, [réf. du 18 mai 2011]. URL : <http://www.bourgogne.developpement-durable.gouv.fr/article.php3?id_article=71 > DRE, 2007. L’étalement urbain en Bourgogne – Regard sur sa localisation entre 1996 et 2006 [en ligne] ; Direction Régionale de l’Equipement de Bourgogne, 2007, [réf. du 18 mai 2011]. URL: <www.bourgogne.developpement-durable.gouv.fr/.../Etalement_Urbain_Bourgogne_cle779517-1_cle5816e6.pdf> Giguere M., 2009. Mesures de lutte aux îlots de chaleur urbains ; Institut national de santé publique du Québec, Direction des risques biologiques, environnementaux et occupationnels, Juillet 2009 ; 95p. IAU, 2010. Les îlots de chaleur urbains – L’adaptation de la ville aux chaleurs urbaines ; Institut d’Aménagement et d’Urbanisme Ile-de-France, Novembre 2010 ; 81p. ISBN : 978.2.7371.1761.9 INSEE, 2010. La population en Bourgogne d’ici 2040 : croissance modérée et vieillissement ; Bourgogne Dimensions, no.163, Décembre 2010 ; 4p. ONERC, 2009. Changement climatique : Coût des impacts et pistes d’adaptation ; La documentation française, 2009 ; 195p. ISBN : 978-2-11-007803-2 ONERC, 2006. Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique ; La documentation française, 2006 ; 93p. ISBN : 978-2-11-006618-0 ONERC, 2010. Le climat change - Agissons ! La lettre aux élus de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique no. 7, Décembre 2010 ; 4p. ONERC, 2011. Villes et adaptation au changement climatique – Rapport au Premier ministre et au Parlement ; La documentation française, 2011 ; 224p. ISBN : 978-2-11-008433-0

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