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[email protected] BOURLIERE Estelle 30/04/2018 Insertion et Addiction Sous la direction de : Sylvie GIPULO, directrice du pôle insertion Association Joseph Sauvy, CAARUD Ascode Ousmane NDIAYE, chargé d’enseignement UPVD/IRTS-LR Licence professionnelle Intervention Sociale : Accompagnement à l’Insertion Socioprofessionnelle

Addiction et Insertion - Prospectsaso

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Page 1: Addiction et Insertion - Prospectsaso

[email protected]

BOURLIERE Estelle

30/04/2018

Insertion et Addiction

Sous la direction de :

Sylvie GIPULO, directrice du pôle insertion

Association Joseph Sauvy, CAARUD

Ascode

Ousmane NDIAYE, chargé d’enseignement

UPVD/IRTS-LR

Licence professionnelle Intervention Sociale :

Accompagnement à l’Insertion Socioprofessionnelle

Page 2: Addiction et Insertion - Prospectsaso

Remerciements

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce à l’aide de plusieurs personnes à qui

je souhaiterais témoigner ma gratitude.

Je voudrais, tout d’abord, témoigner ma reconnaissance à mes directeurs de mémoire,

Ousmane NDIAYE et Sylvie GIPULO, pour leur disponibilité, leur patience et leurs conseils,

qui m’ont permis de nourrir ma réflexion.

Je souhaiterais également remercier les employés permanents qui, par leur accueil,

m’ont permis de réaliser cette expérience enrichissante qu’a été ce stage de huit semaines au

sein des différents chantiers d’insertion. J’aimerais remercier plus particulièrement Martine

GINESTE pour sa grande disponibilité et le soutien qu’elle m’a apporté au cours de ces deux

derniers mois.

Un grand merci aux salariés en CDDI sans qui ce travail n’aurait pas été possible, et qui

se sont portés volontaires pour répondre à mes questions.

Je voudrais, enfin, adresser ma reconnaissance à ma famille, mes amis et collègues qui

m’ont apporté leur soutien tout au long de cette démarche.

Page 3: Addiction et Insertion - Prospectsaso

Table des matières

Remerciements ........................................................................................................................... 0

Introduction ................................................................................................................................ 1

I. Rappels ............................................................................................................................... 2

A. Histoire de l’apparition des drogues .................................................................................. 2

B. Création du CAARUD en France ...................................................................................... 3

C. Prise en charge des addictions en Espagne ........................................................................ 6

II. Cadre de référence ................................................................................................................. 7

A. Cadre réglementaire .......................................................................................................... 8

B. Cadre conceptuel ............................................................................................................... 9

1. Addiction ........................................................................................................................ 9

2. Insertion ........................................................................................................................ 10

3. Empowerment .............................................................................................................. 12

4. Besoins ......................................................................................................................... 12

III. Enquête exploratoire .......................................................................................................... 13

A. Méthodologie ................................................................................................................... 14

B. Résultats ........................................................................................................................... 15

1. Entretiens avec les usagers ........................................................................................... 15

2. Questionnaire des permanents ...................................................................................... 19

C. Discussion ........................................................................................................................ 23

Conclusion ................................................................................................................................ 28

Glossaire ................................................................................................................................... 29

Table des illustrations ............................................................................................................... 31

Bibliographie ............................................................................................................................ 32

Ouvrages ............................................................................................................................... 32

Revues scientifiques et PDF ................................................................................................. 32

Sites internet ......................................................................................................................... 34

Annexes ...................................................................................................................................... 0

Annexe 1 ................................................................................................................................ 0

Annexe 2 ................................................................................................................................ 4

Annexe 3 ................................................................................................................................ 5

Annexe 4 ................................................................................................................................ 6

Annexe 5 .............................................................................................................................. 13

Page 4: Addiction et Insertion - Prospectsaso

1

Introduction

L’Association Joseph Sauvy est gestionnaire d’établissements sanitaires, sociaux et médico-

sociaux. Elle a été créée en 1963 par la Mutualité Sociale Agricole ainsi que la fédération des

caisses locales des Assurances Mutuelles Agricoles des Pyrénées-Orientales.

Depuis sa création, l’association s’est développée afin d’offrir des services et une prise en

charge adaptés à tous les publics et à tous les stades de la vie. Elle gère ainsi de nombreux

établissements et est divisée en pôles, dont le pôle insertion qui comprend le Centre Accueil et

Accompagnement à la Réduction des risques des Usagers de Drogues (CAARUD) Ascode.

L’association Joseph Sauvy administre également des groupements, dont le groupement de

coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) Sauvy Insertion avec son chantier d’insertion

« Ecole de la Terre ». C’est une exploitation agricole de maraîchage biologique qui propose, à

des personnes éloignées de l’emploi, un parcours d’insertion socio-professionnelle et leur

assure un accompagnement et un encadrement technique adaptés.

Les Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE) se trouvent actuellement de plus

en plus démunies face à des problématiques concernant les addictions des publics accueillis.

Dans ce contexte, la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la

Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE) des Pyrénées-Orientales (PO), en

partenariat avec le CAARUD Ascode, souhaite porter une action visant la prise en compte des

addictions dans les SIAE. En effet, bien souvent les professionnels ne savent pas comment

réagir face à des personnes alcoolisées ou sous l’emprise de substances psychoactives. Ainsi,

comment aborder l’addiction dans un projet d’insertion socio-professionnelle ?

Ce travail est composé de trois parties. Dans la première, je présente un rappel de l’histoire de

l’apparition des drogues et de la création des structures d’accompagnement en France et en

Espagne. Dans la seconde partie, je détaille le cadre réglementaire relatif à la consommation de

substances psychoactives, ainsi que les principales notions clés. Pour finir, la troisième partie

est constituée par l’analyse de mon enquête exploratoire.

Page 5: Addiction et Insertion - Prospectsaso

2

I. Rappels

Il m’apparait intéressant, pour commencer, de faire un bref retour historique sur l’apparition

des drogues et des addictions au sens de toxicomanies. Dans ce travail, ce terme est utilisé au

sens large et regroupe les addictions aux drogues licites comme illicites et autres substances

psychoactives (café, traitements psychotropes, …).

A. Histoire de l’apparition des drogues

Les drogues existent depuis la nuit des temps et sont indissociables de l’histoire des Hommes.

Elles étaient utilisées par les guérisseurs comme traitement ou par les religieux lors de rites. Les

premières traces remontent à environ 4000 ans avant Jésus-Christ en Mésopotamie. En effet, la

coca ou les graines de pavot sont cultivées depuis plusieurs milliers d’années pour leurs vertus

médicinales et pour la réalisation de certains rites chamaniques. Ce n’est que plus tard que la

coca sera utilisée dans un contexte festif, voire pour augmenter les performances des esclaves

indiens dans les mines des Andes. Le cannabis a, quant à lui, été mentionné pour la première

fois en 2700 avant J-C dans un Traité des plantes médicinales de l’empereur chinois, Shen

Nung. Le cannabis, issu du chanvre, a longtemps été cultivé pour des usages culturels,

médicinaux ou religieux en Asie, en Inde et en Afrique du Nord.

Ainsi, les drogues ont rempli des fonctions rituelles, religieuses et sociales, des fonctions

thérapeutiques ainsi que des fonctions festives1.

Au début du XIXème siècle, et plus précisément en 1804, les progrès de la chimie amènent à la

découverte de la morphine par Freidrich Wilhelm Sertürner. Il la nomme ainsi pour ses

puissants effets narcotiques. Elle est utilisée par les médecins pour soigner les soldats blessés

lors de la guerre de Sécession aux Etats-Unis et lors du conflit franco-prussien en 1870.

Cependant, ses propriétés antalgiques entrainent, dans les années 1850-1860, sa sur prescription

et surconsommation. En 1870, en Allemagne, en France ou aux Etats-Unis, les médecins

constatent tous une accoutumance voire une dépendance des patients à la morphine, « il

apparait [alors] nécessaire de nommer et de caractériser au plus vite ce syndrome clinique

inattendu afin de pouvoir définir un traitement efficace »2.

1 Alain Morel, Jean-Pierre Couteron, Patrick Fouilland, Aide-mémoire d’addictologie, Ed. Dunod, 2ème édition,

2015, PDF, URL : https://www.dunod.com/sites/default/files/atoms/files/9782100721429/Feuilletage.pdf

Consulté le 22/02/2018 2 Dominique Vuillaume, « La construction des pensées française et américaine sur la question des drogues, du

parallélisme des origines au tournant des années trente », in Médecine/Sciences, n°10, vol 31, octobre 2015,

p921-928

Page 6: Addiction et Insertion - Prospectsaso

3

En 1894, l’héroïne fait son apparition, elle est synthétisée à partir de la morphine mais elle est

encore plus puissante. Dans les années qui suivent, morphine, héroïne et autres dérivés, sont

utilisés en médecine mais font également l’objet d’utilisations détournées.

En 1875, le Docteur Edouard Levinstein est le premier à parler de « morphiumsucht »

(Dominique Vuillaume, m/s, 2015) ou morphinomanie. Il s’agit pour lui de prendre en compte,

non seulement les symptômes associés à l’intoxication par la morphine, mais aussi la

« dimension passionnelle de l’attirance pour cette drogue » (Dominique Vuillaume, m/s,

2015). Dans les années qui suivent, des chercheurs français effectuent de nombreuses

recherches sur le pouvoir addictif de la morphine qui sont à l’origine de la loi du 12 juillet 1916

prohibant la production, la commercialisation, la distribution et l’usage de l’opium et de ses

dérivés. Le terme de toxicomanie apparait en 1909, dans un article du Docteur Louis Viel « La

toxicomanie », dans lequel il indique que « le mot toxicomanie désigne d’une façon aussi

commode qu’exacte, toute cette catégorie de gens qui, par habitude, s’intoxique avec des

produits divers, dans le but de se procurer des sensations agréables dont la forme et l’intensité

varient suivant la nature et la quantité du toxique employé. » (Dominique Vuillaume, m/s,

2015). Le terme de toxicomanie est un terme plus général venant prendre la suite de celui de

morphinomanie. Cela sous-tend également le paradigme selon lequel ce sont les produits en

eux-mêmes qui sont porteurs de dangerosité. Or, il est remis en cause, dans les années 1990,

avec la progression du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) chez les toxicomanes. Cette

décennie marque réellement le début de l’histoire de la toxicomanie avec notamment la création

de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) et l’apparition des

traitements de substitution.

Aujourd’hui, les drogues sont interdites en France, mais certaines sont utilisées à faible dose

dans certains traitements médicamenteux.

B. Création du CAARUD en France

Dans les années 1990, Simone Veil permet l’ouverture de « boutiques », qui sont une réponse

à la montée des risques liés aux consommations de drogues. Ces « boutiques » sont les ancêtres

des CAARUD. En 2004, après un combat de 10 ans, les associations parviennent à leurs fins :

la réduction des risques (RdR) entre dans la loi du 9 Août 2004 relative à la politique de Santé

Publique. Les CAARUD sont créés à cette occasion et sont financés par la Sécurité Sociale. La

loi du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé vient redéfinir la réduction des

risques qui devient la réduction des risques et dommages (RdRD) avec notamment

l’expérimentation de salles de consommation à moindre risque (SCMR). La politique de RdRD

Page 7: Addiction et Insertion - Prospectsaso

4

vise à prévenir les dommages sanitaires, psychologiques et sociaux, à réduire la transmission

des infections et la mortalité par surdosage des substances psychoactives3. En France, la

prévalence du VIH ainsi que celle du VHC ont nettement diminué grâce à la politique de

réduction des risques et des dommages.

Les CAARUD ont ainsi pour missions :

- d’accueillir, informer et conseiller,

- de soutenir les usagers dans l’accès aux soins, aux droits, au logement et à l’insertion

professionnelle,

- de mettre à disposition du matériel de prévention des infections

- de mettre en place une intervention de proximité dans le but d’établir un contact avec

les usagers

- de développer des actions de médiation sociale

- de participer au dispositif de veille en matière de drogues et de toxicomanies

- de participer à la recherche, à la prévention et à la formation sur les pratiques des

usagers4.

Le CAARUD Ascode de Perpignan est positionné, par l’Agence Régionale de Santé (ARS),

comme référent en matière de RdRD sur le département des Pyrénées-Orientales. Depuis le 13

mars 2017, il s’est doté d’une équipe mobile, financée par l’ARS. Ainsi, deux travailleurs

sociaux assurent une maraude de rue afin de favoriser une prise de contact direct avec les

individus et les groupes ainsi que de rencontrer les acteurs du champ médical et du champ

social.

L’association Joseph Sauvy, dont le CAARUD Ascode fait partie, administre également des

groupements, dont le GCSMS Sauvy Insertion avec son chantier d’insertion « Ecole de la

Terre ». Il existe depuis 2011 et a accueilli sa première équipe de travail en 2012. C’est une

exploitation agricole de maraîchage biologique proposant à des personnes éloignées de l’emploi

un parcours d’insertion socio-professionnelle, leur assurant ainsi un accompagnement et un

encadrement technique adaptés. Les Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI) sont des structures

de l’insertion par l’activité économique (IAE). L’IAE a pour objectif de faciliter la réinsertion

3 Martin Lacoste, Histoire de l’histoire de la RdR, PDF en ligne, URL : http://www.caarud-

10ans.fr/0_Histoires_de_l_histoire_de_la_RDR.pdf Consulté le 23/02/2018 4 ANESM, Inclusion sociale, Recommandations de bonnes pratiques professionnelles, « La réduction des risques

et des dommages dans les centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues

(CAARUD) », juin 2017, PDF

Page 8: Addiction et Insertion - Prospectsaso

5

de personnes sans emploi et rencontrant des difficultés socio-professionnelles en leur faisant

bénéficier de contrats de travail. Elle représente ainsi une passerelle vers l’emploi durable et

s’inscrit dans les principes de l’économie sociale et solidaire. Il existe plusieurs types de

structures de l’IAE (ACI, EI ou Entreprise d’Insertion, ETTI ou Entreprise de Travail

Temporaire d’Insertion et les AI ou Associations Intermédiaires) mais je ne m’intéresserai dans

ce travail qu’aux ACI. Ce sont des dispositifs portés par des associations ou des collectivités

locales qui peuvent être permanents ou ponctuels. Ils s’appuient sur des activités d’utilité

sociale afin de permettre aux salariés d’accéder au marché du travail dans des conditions

ordinaires. Les ateliers et chantiers d’insertion offrent aux salariés en Contrat à Durée

Déterminée d’Insertion (CDDI) un encadrement technique mais aussi un accompagnement

socio-professionnel personnalisé5.

Les publics accueillis dans les SIAE sont des personnes très éloignées de l’emploi telles que les

jeunes de moins de 26 ans sans expérience ou qualification, les bénéficiaires de minima sociaux

(RSA ou Revenu de Solidarité Active, AAH ou Allocation aux Adultes Handicapés, ASS ou

Allocation de Solidarité Spécifique, …), les chômeurs de longue durée et les travailleurs

reconnus handicapés6. L’entrée dans une structure de l’IAE se fait en trois étapes :

- Première étape : l’orientation vers un prescripteur (Pôle Emploi, Mission Locale Jeune

(MLJ), Conseil Départemental, Cap Emploi, Centre d’Information sur les Droits de la

Femme et des Familles (CIDFF) et autres prescripteurs habilités par le préfet).

- Deuxième étape : la réalisation d’un entretien d’éligibilité avec la personne concernée.

- Troisième étape : un agrément Pôle Emploi lui est délivré si la candidature de celle-ci

est retenue.7

Les contrats de travail de l’IAE sont spécifiques et doivent être signés avec une structure

spécialisée en insertion sociale. Ils doivent couvrir une période minimum de quatre mois,

renouvelable jusqu’à vingt-quatre mois. Dans certains cas particuliers, comme la poursuite

d’une formation, ceux-ci peuvent être renouvelés au-delà de la limite des vingt-quatre mois.

5 FNARS Occitanie, Portes ouvertes – ADESOL, Perpignan, 21 septembre, PDF 6 Direction de l’information légale et administrative, En quoi consiste l’insertion par l’activité économique (IAE) ?,

mise à jour le 9 mars 2017, en ligne, URL : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2284 consulté le

11/04/2018 7 DIRECCTE, Insertion par l’activité économique (IAE), un emploi de transition pour une insertion durable,

novembre 2011, PDF en ligne

http://idf.direccte.gouv.fr/sites/idf.direccte.gouv.fr/IMG/pdf/Plaquette_IAE_prescripteur_V4.pdf consulté le

11/04/2018

Page 9: Addiction et Insertion - Prospectsaso

6

Dans chacune de ces structures, il doit y avoir au moins un accompagnateur socioprofessionnel

et un encadrant technique pour favoriser l’accompagnement des salariés de l’IAE.

C. Prise en charge des addictions en Espagne

En Espagne, ce sont les éducateurs qui sont spécialisés dans les problématiques d’alcoolisme

et qui réalisent les accompagnements. Les travailleurs sociaux signalent la présence d’un

problème d’alcoolisme et accompagnent la personne à l’hôpital.

A Gérone, il existe deux Communautés Thérapeutiques (CT), les autres centres d’accueil étant

des centres religieux.

Figure 1 : Système de prise en charge des addictions en Espagne

Il faut dans un premier temps faire un travail de désintoxication (DTX) avant de pouvoir

entamer la prise en charge. Il y a ainsi 15 jours de désintoxication puis de 6 à 8 mois de prise

en charge. Après le passage en CT, il est très important de poursuivre la prise en charge au CAS

(centre de prise en charge ambulatoire) pour éviter les rechutes. En CT, l’accompagnement est

progressif, les premiers mois la prise en charge est plus régulée et les sorties sont contrôlées car

il faut redonner une structuration de la vie quotidienne et changer le regard sur l’organisation

quotidienne de l’usager. La prise en charge doit être totalement volontaire, si la personne veut

partir, elle est libre de le faire mais doit en faire la demande 24 heures avant son départ pour

que les professionnels puissent mesurer le degré de manque dans laquelle elle se trouve.

Il existe une obligation de prise en charge lorsque la personne a commis un délit ou un crime.

Il arrive également souvent que la demande de prise en charge vienne de la famille. Dans les

CT, la question du volontariat est travaillée en groupe et la personne reste libre d’arrêter si elle

DTX 15j CAS

Ambulatory care

Therapy

communauties

CT 6-8 mois

Appartements

thérapeutiques

(si PEC infructueuse)

(

Non-payant

-dans 99% des cas, l’usager vient du

CAS = la participation financière se

fait en fonction des revenus

-jusqu’à 4000€/mois si l’usager va

directement au CT

Page 10: Addiction et Insertion - Prospectsaso

7

le souhaite. Si les professionnels constatent qu’une personne accueillie a consommé des

substances psychoactives lors de sa prise en charge, elle peut être exclue ou invitée à retourner

en désintoxication. La participation financière permet de responsabiliser et de fidéliser les

usagers.

Par ailleurs, les personnes sont progressivement mises dans des situations de stress pour

mesurer jusqu’à quel point elles vont pouvoir résister à l’envie de consommer. Cela permet aux

professionnels de mesurer la désaccoutumance. Pour gérer ce stress, les CT proposent de

nombreuses activités : sportives, culturelles, manuelles, … (Propos recueillis lors d’un

séminaire à la facultat de Educacio i Psicologia de Girona).

Il existe comme en France des entreprises d’insertion (EI) permettant à ces personnes de

retrouver un emploi et d’être suivies, comme la Foresterra. C’est une EI ainsi qu’une

coopérative de travail qui fait partie de la Fédération d’Entreprises d’Insertion de Catalogne

(FEICAT) notamment. Font partie de la FEICAT, toutes les entreprises qui favorisent

l’insertion sociale et professionnelle. La Foresterra agit dans les domaines agricole, forestier et

dans la bio-construction8.

II. Cadre de référence

Les SIAE se trouvant de plus en plus démunies face à des problématiques concernant les

addictions des publics accueillis, la DIRECCTE et le CAARUD souhaitent porter une action

visant la prise en compte des addictions dans ces structures. Pour cela, le CAARUD propose de

mener une action de formation/information auprès des SIAE demandeuses. De plus, dans le

cadre d’un programme de recherche européen, Prospectsaso, visant à la construction d’un

réseau transfrontalier sur un axe Perpignan-Barcelone autour de la thématique de la réduction

des risques dans les conduites addictives liées à la consommation de substances psychoactives,

les acteurs de l’insertion socio-professionnelle catalans seront également ciblés par cette action.

Des questionnements découlent de la problématique de l’addiction dans le milieu de l’insertion

tels que :

- Comment prendre en compte l’addiction dans un projet d’insertion ?

8 FEICAT, Les empreses d’insercio, « Que son ? », en ligne, URL : http://www.feicat.cat/qui-som-2/ consulté le

24/02/2018

Page 11: Addiction et Insertion - Prospectsaso

8

- Comment le monde du travail intègre-t-il les usagers de substances

psychoactives (SPA) ?

- Usage de SPA, comment en parler ?

- Quels sont les besoins des professionnels mais aussi des personnes accueillies sur la

problématique des addictions ?

- Quelles actions mettre en place pour la prise en charge et le maintien de l’empowerment

(c’est-à-dire le pouvoir d’agir) des personnes sous addiction ?

On peut ainsi émettre la problématique suivante : en fonction des besoins de chacun,

professionnels et usagers, quelles actions peut-on mettre en place afin de prendre en

charge/accompagner les personnes sous addiction et de préserver leur pouvoir d’agir ?

A. Cadre réglementaire

La gestion des addictions est réglementée par un cadre légal vaste car elle concerne la santé

publique, la sécurité mais aussi le travail. De plus, les employeurs ont une obligation de sécurité

et de responsabilité envers leurs salariés, prévue dans le Code du Travail. En effet, les articles

R4228-20 et 21 interdisent d’introduire ou de distribuer des boissons alcoolisées sur le lieu de

travail ou de laisser entrer et séjourner une personne en état d’ivresse. Les stupéfiants ne sont

pas mentionnés dans ce code car ils sont interdits par la loi. Il peut également s’appuyer sur le

Code de la route, qui sanctionne pénalement la conduite sous l’emprise de substance

psychoactive, ou encore le Code de santé publique qui interdit, notamment, la consommation

de tabac dans les lieux publics.

Cependant, lorsqu’un salarié se présente sur son lieu de travail en état d’ébriété ou en ayant

consommé des substances psychoactives, aucune disposition réglementaire n’existe sur la

démarche à suivre mais selon le Code pénal, ne pas porter secours à une personne hors d’état

de se protéger constitue un délit9.

Par ailleurs, les politiques françaises ont mis en place des plans gouvernementaux depuis le

début des années 2000 afin de réduire les risques liés aux addictions. Le 19 septembre 2013, le

plan 2013-2017 de lutte contre les drogues et les conduites addictives a été adopté. Il repose sur

trois grands principes :

- Fonder l’action publique sur l’observation, l’évaluation et la recherche

9 Commission Santé au Travail de Solidaires, Union syndicale, Outils pour l’action syndicale, « Addictions : un

risque professionnel, comment prendre en charge syndicalement les addictions au travail ? », n°19, novembre

2015, PDF extrait du site www.solidaires.org

Page 12: Addiction et Insertion - Prospectsaso

9

- Prendre en compte les populations les plus exposées pour réduire les risques et les

dommages sanitaires et sociaux

- Renforcer la sécurité en luttant contre le trafic et la délinquance liés à la consommation

de substances psychoactives10.

B. Cadre conceptuel

Avant de continuer, il est nécessaire de définir quelques notions afin de mieux comprendre

l’environnement dans lequel je travaille et de pouvoir mettre en place une méthodologie

adaptée.

1. Addiction

Selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), l’addiction se définit par la

dépendance ou encore l’impossibilité de contrôler un comportement et sa répétition en dépit de

la connaissance des conséquences néfastes. Il existe des addictions avec ou sans produit11.

Lorsque l’on parle d’addiction, il faut distinguer plusieurs notions telles que :

- L’usage simple : il n’entraine pas de conséquence néfaste sur les plans physique,

psychologique et social. Cet usage est le plus souvent soit expérimental soit occasionnel.

La consommation est ainsi perçue comme satisfaisante et ce ressenti est supérieur à la

souffrance et aux effets indésirables.

- L’usage à risque : des complications potentielles peuvent survenir sur les plans

physique, psychologique et social. Ce qui différencie l’usage à risque de l’usage simple,

ce sont les motivations de la personne et ses prédispositions mais aussi le contexte ou

les pratiques de consommation.

- L’usage nocif : usage dangereux pour la santé ayant des conséquences néfastes sur les

plans physique, psychologique et social. Les personnes ayant ce type de comportement

ne sont pas nécessairement dépendantes mais peuvent avoir recours à un dispositif

d’accompagnement. Cet usage s’appuie sur des critères de régularité, de répétition et de

difficulté à se passer du produit. Il peut y avoir une incapacité à remplir les obligations

de la vie quotidienne (familiales, professionnelles, …).

- La dépendance caractérise un état dans lequel la substance psychoactive prend une place

centrale dans la vie quotidienne du consommateur. La substance modifie alors le rapport

10 MILDECA, Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017, publié le

9 août 2015, URL http://www.drogues.gouv.fr/la-mildeca/le-plan-gouvernemental/priorite-2013-2017 , Consulté

le 07/03/2018 11 INRS, Addictions et travail, mise à jour le 23/08/2008, PDF extrait du site www.inrs.fr

Page 13: Addiction et Insertion - Prospectsaso

10

des individus à eux-mêmes mais aussi aux autres et à l’environnement. La dépendance

peut être mesurée par des signes cliniques tels que le manque ou la tolérance12.

Selon le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-5), une personne est

considérée comme dépendante lorsqu’elle présente au moins deux des critères suivants, et ce

pendant une période d’un an minimum :

- « Incapacité de remplir des obligations importantes

- Usage même lorsqu’il y a un risque physique

- Problèmes interpersonnels ou sociaux

- Augmentation de la tolérance au produit addictif

- Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes

provoqués par l’arrêt brutal de la consommation

- Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance

- Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité

- Activités réduites au profit de la consommation

- Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques

- Le craving, nouveauté introduite par le DSM-5, qui peut se traduire par un « besoin

impérieux et irrépressible ». ».13

Par ailleurs, une substance psychoactive (SPA) est une substance ayant un effet sur le système

nerveux central et pouvant ainsi altérer le comportement. Elle peut être licite (alcool, tabac,

médicaments psychotropes, café, solvants, …) ou illicite (cannabis, amphétamines, cocaïne,

héroïne, kétamine, ecstasy, …).

La consommation de substances psychoactives, en particulier l’alcool et les drogues illicites,

étant interdite par les différents codes sur le lieu de travail, l’addiction peut représenter un frein

à l’insertion professionnelle.

2. Insertion

Les salariés recrutés sur les chantiers d’insertions sont des personnes souvent très éloignées de

l’emploi qui peuvent être dans des situations d’exclusion voire de disqualification sociale. En

effet, elle se traduit selon Serge Paugam par « une pauvreté relationnelle, des problèmes de

12 Christine Caldéron, Philippe Lagomanzini, Olivier Maguet, Frédéric Menneret, Insertion sociale et par l’emploi

des usagers de drogues, « Recommandations pour un accompagnement individuel et collectif », PDF 13 Damien Coulomb, « Grand angle : Jeux vidéo, jeux d’argent, sexe, travail… Des addictions comme les

autres ? », Science et Santé, magazine de l’INSERM, n°19, Mars-Avril 2014

Page 14: Addiction et Insertion - Prospectsaso

11

santé, des difficultés d’accès au logement »14, c’est « le discrédit de ceux dont on peut dire […]

qu’ils ne participent pas pleinement à la vie économique et sociale »15. Ainsi, un faible niveau

d’intégration professionnelle peut conduire à un faible niveau d’intégration sociale. La

disqualification sociale est un phénomène de réduction ou de rupture des liens sociaux. Un

individu disqualifié a perdu la protection et la reconnaissance de la société, il est ainsi

« vulnérable face à l’avenir et accablé par le poids du regard négatif qu’autrui porte sur lui »16.

Selon Marc Loriol, l’insertion est une stratégie adoptée par la collectivité afin de lutter contre

l’exclusion17. Il fait un lien historique entre la constitution de la notion de handicap et celle

d’insertion afin de pouvoir introduire les réflexions de Talcott Parsons sur le rôle de malade et

la régulation sociale de la maladie. Il développe ainsi l’idée que la thérapie peut être interprétée

comme une pratique d’insertion centrée sur l’individu. En effet, selon Parsons, la médecine

représente un facteur de stabilité sociale en tentant de canaliser la déviance que constitue la

maladie et en définissant un statut spécifique au malade. Ainsi, celui qui est reconnu comme

malade bénéficie de droits mais doit en retour reconnaitre que son état est indésirable et chercher

à l’améliorer. Selon M. Loriol, l’intérêt du modèle de Parsons est de proposer une sorte de

fiction de la gestion des comportements déviants, la réinsertion devient une sorte de

psychothérapie. En effet, selon lui, tous les bénéficiaires des dispositifs d’insertion ne

présentent pas systématiquement une pathologie mais la fatigue, l’usure psychologique et le

stress des individus prédominent. Marc Loriol conclut sur le fait que le rôle de malade offre un

cadre pertinent pour l’analyse sociologique de l’insertion mais que cette tentative de définition

doit être complétée par d’autres études. Ainsi, l’article de Laurent Remondi vient appuyer les

propos de Marc Loriol. En effet, Remondi constate également qu’une idéologie médico-

psychologique persiste, les problèmes sociaux seraient perçus comme des problèmes

individuels qu’il serait nécessaire de traiter. L’intérêt de son étude est d’apporter une dimension

historique et de mettre en valeur les représentations du travail à l’œuvre dans le dispositif RMI

(Revenu Minimum d’Insertion). Il en conclut que le travail ne doit pas nécessairement être utile

14 Serge Paugam, Nicolas Duvoux, La régulation des pauvres, éd. Puf, 2ème édition 2013, p35 15 Serge Paugam, La disqualification sociale, essai sur la nouvelle pauvreté, éd. Puf, 1991, p17 16 Serge Paugam, "Les formes contemporaines de la disqualification sociale", CERISCOPE Pauvreté, 2012, [en

ligne], URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part5/les-formes-contemporaines-de-la-

disqualification-sociale , consulté le 02/03/2018 17 Marc Loriol (Dir.), Qu’est-ce que l’insertion ? Entre pratiques institutionnelles et représentations sociales, éd.

L’Harmattan 1999, réimprimé en août 2017, coll. « Sciences humaines et sociales »

Page 15: Addiction et Insertion - Prospectsaso

12

mais que c’est l’individu qui a besoin de se sentir utile car ce sentiment est « considéré comme

l’un des éléments qu’offre naturellement le statut social de travailleur » (L.Remondi, p53)18.

3. Empowerment

Selon Yann Le Bossé, la mondialisation a eu pour effet d’augmenter et de dégrader les

situations dans lesquelles les travailleurs sociaux sont amenés à intervenir, en exerçant une

pression sur les individus peu préparés à une telle compétitivité et aux exigences qui en

résultent. Les professionnels ont dû adapter leurs pratiques afin de répondre aux conditions de

travail. En effet, selon Ricœur, « la souffrance n’est pas uniquement définie par la douleur

physique, ni même par la douleur mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la

capacité d’agir, du pouvoir-faire, ressenties comme une atteinte à l’intégrité du soi »19. C’est

ainsi qu’est née la notion d’empowerment ou développement du pouvoir d’agir car avec cette

conception de la souffrance, on peut attendre des professionnels qu’ils incluent le

développement du pouvoir d’agir dans leurs accompagnements. Yann Le Bossé décrit

l’empowerment ainsi : c’est « la possibilité concrète pour des personnes ou des collectivités

d’exercer un plus grand contrôle sur ce qui est important pour elles, leurs proches ou la

collectivité à laquelle ils s’identifient ». Les personnes accompagnées accomplissent alors un

changement grâce à des compétences qu’elles possèdent déjà et elles visent non plus

l’adaptation mais l’affranchissement de la situation20.

4. Besoins

Il me semble important de définir ce que sont les besoins car selon Maslow (1916-1972),

psychologue, une anomalie à chaque étage de la pyramide peut entrainer un effondrement de

celle-ci, de même qu’une faille étendue et profonde peut avoir un effet destructeur. Cet

agencement permet d’avoir une première approche de l’interdépendance des besoins de l’être

humain. Or, je me trouve face à des publics en difficultés psycho-sociales. Il me parait donc

important de veiller à mettre en œuvre les actions nécessaires au maintien de cette pyramide.

Selon Maslow, on peut organiser les besoins humains selon une hiérarchie avec à la base de la

pyramide : les besoins physiologiques élémentaires et à son sommet : les besoins

psychologiques et affectifs d’ordre supérieur. Pour que cette pyramide tienne droit, il est

nécessaire que sa base soit solide afin qu’il n’y ait pas d’affaiblissement des étages supérieurs.

18 Marc Loriol (Dir.), Qu’est-ce que l’insertion ? Entre pratiques institutionnelles et représentations sociales, éd.

L’Harmattan 1999, réimprimé en août 2017, coll. « Sciences humaines et sociales » 19 Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, éd. Du seuil, 1990 20 Yann Le Bossé, Le développement du pouvoir d’agir personnel et collectif, une alternative crédible ?,

Novembre 2008, PDF

Page 16: Addiction et Insertion - Prospectsaso

13

On constate ainsi que les besoins physiologiques sont prioritaires car une personne cherche

principalement à les satisfaire avant les autres.

Figure 2 : Pyramide des besoins selon Maslow

Le lien avec les quatorze besoins fondamentaux de Virginia Henderson (1897-1996), infirmière

américaine, peut être fait car ils sont classés de la même manière21. Ainsi, un besoin ne peut

être atteint que si les besoins précédents ont été satisfaits en amont. Ces quatorze besoins

fondamentaux sont utilisés par les professionnels de santé lors des soins d’une personne malade

ou en bonne santé. Ils définissent l’autonomie des individus sur les plans physique,

psychologique et social22.

Enfin, nous pouvons noter que le dictionnaire Larousse définit un besoin comme une exigence

née d’un manque ou d’une privation d’une chose nécessaire à la vie organique (besoin de boire

et manger, besoin de dormir, …)23.

III. Enquête exploratoire

Avant de débuter l’enquête, il est nécessaire d’établir une méthodologie. Cette partie est

importante pour la compréhension des différentes étapes du plan d’actions mis en œuvre.

21 Dr MIAS Lucien, Maslow – Henderson – Soins, Janvier 2001, URL : http://papidoc.chic-

cm.fr/573MaslowBesoins.pdf, consulté le 28/02/2018 22 Infirmiers.com, Cours - Soins Infirmiers - Virginia Henderson, 02.02.15 Mise à jour le 28.09.15, URL :

https://www.infirmiers.com/etudiants-en-ifsi/cours/cours-soins-infirmiers-virginia-henderson.html, consulté le

28/02/2018 23 Dictionnaire Larousse, Définition de besoin, URL : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/besoin/8907,

Consulté le 28/02/2018

Page 17: Addiction et Insertion - Prospectsaso

14

A. Méthodologie

Dans un premier temps, j’ai eu l’opportunité de me rendre sur trois sites différents : les ACI

« Ecole de la Terre », « Tremplin pour l’Emploi » et « Restauration des Vieilles Pierres » où

j’ai pu rencontrer deux des trois équipes de salariés en CDDI afin de me présenter et expliquer

le but de ma venue. Cela m’a permis d’établir un premier contact avec eux avant d’entamer la

phase exploratoire de mon travail et ainsi de permettre l’instauration d’une certaine relation de

confiance, notamment à l’ « Ecole de la Terre » où je me suis rendue à plusieurs reprises. De

plus, l’un des salariés étant bien informé sur la thématique de l’addiction, il a été pour moi une

personne ressource qui m’a permis d’établir une méthodologie d’enquête. En effet, pour

certaines communautés, le sujet de l’addiction est un tabou que l’on peut difficilement aborder

de manière directe. Par ailleurs, après quelques matinées passées à observer les salariés, je me

suis rendue compte que l’élaboration d’un questionnaire n’était pas envisageable car certains

ne savent pas ou peu lire et écrire. De ce fait, après accord de la directrice du CAARUD Ascode,

j’ai décidé de réaliser un photo-langage afin d’introduire de manière ludique la question de

l’addiction pour ensuite pouvoir mener un entretien à l’aide d’un guide composé principalement

de questions fermées.

Cela m’a également permis de faire la rencontre d’une partie des employés permanents de ces

chantiers d’insertion. Après avoir réalisé un questionnaire (voir Annexe 1) et l’avoir fait valider

par la directrice, j’ai ainsi pu le tester avec deux d’entre eux et le réajuster.

Par la suite, afin de recenser les besoins des professionnels du secteur social et des usagers en

termes d’addictions dans le domaine de l’insertion, il a été établi, avec la directrice du

CAARUD Ascode, que mon questionnaire devait être envoyé à toutes les SIAE du département.

Pour ce faire, la responsable du service « Accès au Marché du Travail et Insertion » de la

DIRECCTE nous a fait parvenir une liste détaillée des SIAE avec leurs coordonnées. Nous lui

avons ensuite transmis un mail afin qu’elle se charge de prévenir les SIAE de notre démarche.

A cet effet, nous avons créé une boite mail dédiée à la réception des questionnaires remplis. De

plus, dans le cadre du programme de recherche transfrontalier, le questionnaire a été transmis à

la Foresterra, une entreprise d’insertion catalane, par l’intermédiaire d’une collègue étudiante

en stage dans cette structure.

Par ailleurs, en première intention, il avait été établi que je devais me concentrer sur les ACI

pour réaliser mon enquête. Or, le questionnaire a été envoyé à toutes les structures de l‘insertion

par l’activité économique du département afin d’obtenir un panel de réponses plus large et

mettre en place un plan d’action qui pourra être transposable à toutes ces structures. Les

Page 18: Addiction et Insertion - Prospectsaso

15

personnes concernées par ce questionnaire sont tous les employés permanents des SIAE, c’est-

à-dire, les dirigeants, les secrétaires, les encadrants techniques, les accompagnateurs socio-

professionnels, etc…

Pour des raisons de faisabilité, les salariés en CDDI n’ont pas à répondre à un questionnaire car

certaines personnes accueillies dans les SIAE ne savent pas ou peu lire et écrire. Un guide

d’entretien a donc été réalisé. Après une première phase d’immersion dans l’ACI « Ecole de la

Terre » et une première rencontre des salariés de l’ACI « Restauration des Vieilles Pierres »,

j’ai débuté les entretiens (voir guide en Annexe 2) sur la base du volontariat et en donnant le

choix de répondre en petits groupes de trois/quatre personnes maximum ou en individuel afin

de permettre à chacun de se sentir à l’aise pour aborder la question de l’addiction.

L’une des difficultés liées à la réalisation de ce travail a été de réunir toutes les réponses en

temps et en heure : je m’étais fixée comme date limite le 23 mars mais quelques questionnaires

me sont parvenus bien plus tard. En effet, ne pas avoir de contact direct avec les structures de

l’insertion par l’activité économique du département a sans doute été un frein car certains

professionnels n’ont soit pas compris la démarche, soit n’y ont pas vu d’intérêt ou encore

certains n’ont pas eu la possibilité de me répondre à temps. De plus, aux questions ouvertes, il

y a un fort taux de non-réponses (voir tableaux en Annexe 5) pouvant certainement s’expliquer

par un manque d’information.

B. Résultats

1. Entretiens avec les usagers

Un total de vingt-huit entretiens a été réalisé avec les salariés de trois chantiers d’insertion du

département.

Les entretiens des onze (sur douze) salariés de l’ACI « Ecole de la Terre » ont été menés en

petits groupes de deux ou trois personnes sauf le premier qui a été fait en individuel et qui a

servi de test. Ils se sont déroulés dans la salle de repos des salariés. La moyenne d’âge sur ce

chantier d’insertion est d’environ 30 ans, deux femmes et neuf hommes ont répondu.

Pour introduire la question de l’addiction et permettre aux salariés en CDDI de la définir, j’ai

réalisé un photo-langage (voir Annexe 3) montrant des consommations problématiques et

d’autres qui s’apparentent plus au plaisir/festif. La majorité des personnes interrogées a décrit

l’addiction comme une dépendance à un produit ou « quelque chose » dont on ne peut se passer,

qui est consommé quotidiennement et qui peut entrainer un manque en cas de non-

consommation. Ils ont ainsi pu choisir des images qui selon eux représentent l’addiction et des

Page 19: Addiction et Insertion - Prospectsaso

16

images représentant la consommation « plaisir ». J’ai constaté que dans la plupart des cas, les

salariés ont choisi une photo de consommation « plaisir » caractérisant leur consommation

actuelle. A deux reprises, des personnes ont choisi une photo représentant une addiction pour

décrire leur situation actuelle et dans les deux cas il s’agissait de l’usage de tabac.

Aucun salarié n’a été licencié dans le passé à cause d’une consommation de substances

psychoactives. L’un d’eux pense que sa consommation a été un prétexte au licenciement car il

a travaillé plusieurs années sans que cela ne pose problème. Un autre a expliqué qu’il avait

préféré démissionner avant d’être licencié car il se sentait moins performant et moins assidu à

cause du produit qu’il consommait à ce moment-là. Cela a ainsi résonné comme un signal

d’alarme qui l’a poussé à se diriger vers une structure de prise en charge de l’addiction. De

même, aucun des salariés ayant répondu à l’enquête ne dit avoir de problème actuellement sur

le chantier d’insertion concernant sa consommation de produits. Ils expliquent que cela reste

dans la sphère du privé et n’interfère pas dans leur travail.

A la question concernant la compatibilité d’une consommation avec la poursuite d’un projet

professionnel, la majorité des salariés pense que cela dépend du produit consommé et du

comportement du consommateur mais aussi de ses conditions de vie. Au contraire, certains

estiment qu’une personne qui utilise des drogues n’est pas aussi sérieuse et a plus de difficulté

à se contrôler, ce qui rend la consommation de substance psychoactive incompatible avec la

tenue d’un travail. D’autres encore pensent que l’addiction étant mal vue, elle représente un

problème pour l’insertion.

Cependant, ils s’accordent tous sur le fait qu’entre le « laisser-faire » et la sanction, des actions

peuvent être mises en place. En effet, tous disent qu’avant de sanctionner, il est possible de

donner un premier avertissement. Certains précisent qu’il serait intéressant qu’il y ait plus de

personnel sur les chantiers, comme des éducateurs spécialisés, pour un encadrement plus

régulier des salariés en CDDI, un suivi psychologique extérieur, la mise en place de groupes de

paroles ou des entretiens individuels et peut-être réaliser un protocole de suivi de consommation

permettant la consommation sur le lieu de travail dans un temps et un espace définis.

Par ailleurs, très peu d’entre eux sont informés sur les structures de prise en charge des

addictions et leurs missions mais si certains ne se sentent pas concernés, d’autres aimeraient

recevoir plus d’informations pour l’avenir, et pouvoir y rediriger des proches si le besoin se

manifeste.

Page 20: Addiction et Insertion - Prospectsaso

17

De plus, pour la majorité des salariés de l’ « Ecole de la Terre », l’arrêt de la consommation de

substances psychoactives n’est pas la seule solution pour permettre la mise en place d’un projet

socio-professionnel. Il faudrait, selon eux, qu’il y ait un suivi des professionnels de l’ACI mais

aussi un suivi psychologique extérieur. Il faudrait également trouver une alternative à la

consommation d’une substance pour la remplacer si l’arrêt est envisagé.

Enfin, mises à part les personnes qui ne se sentent pas concernées par l’addiction et la

consommation de substances psychoactives, nombre d’entre elles ont dit ne pas être

suffisamment informées et ont exprimé le souhait de l’être davantage.

Les entretiens des onze salariés de « Tremplin pour l’Emploi » se sont déroulés dans les bureaux

d’une salle commune où nous étions tous réunis. Pour que les réponses soient plus faciles à

analyser, nous avons formé des petits groupes de trois ou quatre personnes.

Chacun des salariés en CDDI de l’ACI définit l’addiction comme étant une dépendance à une

substance dont la consommation n’est pas contrôlée et dont on ne peut pas se passer. Comme à

l’ACI « Ecole de la Terre », les salariés ont à plusieurs reprises choisi des images de cigarettes

pour représenter tantôt une addiction, car eux-mêmes consomment sans en éprouver du plaisir

et affirment ne pas réussir à arrêter, tantôt une consommation plaisir. Les photographies

choisies représentent l’usage de substance psychoactive actuel des salariés.

Comme à l’ « Ecole de la Terre », l’image d’un pilulier a été choisie pour représenter une

addiction et ce choix a été expliqué par le fait que l’on ne consomme pas de traitement par

plaisir mais parce que cela est « imposé ».

Tous les salariés de « Tremplin pour l’Emploi » pensent que la consommation de substances

psychoactives n’est pas systématiquement incompatible avec un projet d’insertion

professionnelle. En effet, ils estiment que cela dépend de la fréquence de consommation et du

produit utilisé. De plus, ils expliquent qu’avant de sanctionner une personne qui a un problème

d’addiction, un premier avertissement peut être donné. Certains ont fait part d’expériences

passées avec des collègues et pensent qu’avant de les licencier, leurs supérieurs auraient pu

essayer le dialogue pour comprendre leur situation ou encore proposer une cure de

désintoxication en promettant une reprise de l’emploi par la suite. Pour quelques salariés, il

serait également intéressant qu’il y ait un suivi et un contrôle médical des personnes souffrant

d’addiction dans les SIAE ainsi que des stages de sensibilisation aux méfaits de ses substances.

Page 21: Addiction et Insertion - Prospectsaso

18

En outre, ils s’accordent tous pour dire que l’arrêt de la consommation d’une substance

psychoactive n’est pas forcément la seule solution pour envisager la mise en place d’un projet

d’insertion socio-professionnelle. En effet, selon eux, tout dépend du produit utilisé : les

drogues « dures » devraient être arrêtées pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions de

sécurité alors que les drogues « douces » (tabac, cannabis) ne sont pas concernées par un arrêt

systématique. Cependant, ils pensent que pour la santé, c’est la seule solution, toutes substances

psychoactives confondues.

Enfin, une partie des salariés estime être suffisamment informée sur les addictions et les modes

de prise en charge et ne se sent pas réellement concernée par l’enquête. L’autre partie pense

que l’on n’est jamais assez informé et qu’il serait intéressant qu’une personne vienne sur le

chantier pour en parler et donner des pistes afin de les aider à arrêter leur consommation. Ils

aimeraient également connaitre davantage les structures d’accompagnement car cela pourrait

leur permettre d’aider autrui.

Les entretiens avec les sept salariés de l’ACI « Restauration des vieilles pierres » se sont

déroulés dans les mêmes conditions que ceux des salariés de « Tremplin pour l’Emploi ».

Pour eux, l’addiction est une dépendance à une chose dont on ne peut pas se passer et qu’on est

obligé de faire au risque d’en ressentir un manque.

Pour eux aussi le choix des images a souvent été en rapport avec leur consommation actuelle

qu’ils considèrent plutôt comme une consommation plaisir sauf en ce qui concerne le tabac. En

effet, ils sont nombreux à dire qu’ils ont une addiction au tabac et que leur consommation ne

leur procure plus forcément de plaisir. Cependant, aucun d’entre eux n’a eu de problème à cause

de sa prise de substances psychoactives.

Par ailleurs, deux des sept salariés pensent que la consommation de substances n’est pas

compatible avec un projet d’insertion car ils expliquent que sur un chantier d’insertion comme

« Restauration des Vieilles Pierres » cela supposent trop de risques pour la sécurité de chacun.

Ils ont donné l’exemple d’un collègue qui avait une addiction à l’alcool et qui a été renvoyé.

Pour les cinq autres, cela dépend de la personne, de son état d’esprit mais aussi du produit

consommé. Cependant, ils pensent tous qu’avant de sanctionner une personne ayant un

problème d’addiction, il faudrait donner un avertissement et essayer de comprendre la raison

pour laquelle cette personne consomme. Pour eux, l’arrêt de la consommation de substance

psychoactive n’est pas la seule solution pour mettre en place un projet d’insertion socio-

professionnelle mais ils n’arrivent pas à expliquer ce qui pourrait être accompli.

Page 22: Addiction et Insertion - Prospectsaso

19

Pour finir, seuls deux ou trois d’entre eux savent qu’il y a un service d’addictologie à l’hôpital

de Perpignan (l’un d’eux y à accompagner un proche) et très peu souhaiteraient être plus

informés sur les addictions et les modes d’accompagnement car ils ne se sentent pas concernés.

En effet, ceux qui aimeraient recevoir de l’information pensent aux personnes qu’ils pourraient

aider avec. Ils sont une majorité à trouver qu’il est plus intéressant de faire de la prévention

auprès des enfants et/ou adolescents.

2. Questionnaire des permanents

Vingt-trois professionnels de vingt établissements (sur cinquante) ont répondu à l’enquête

« Insertion et addiction » (cf tableaux en Annexe 4) qui a été transmise à toutes les structures

d’insertion par l’activité économique du département ainsi qu’à une structure espagnole. Avec

les réponses obtenues, la carte des Pyrénées-Orientales peut être divisée en trois zones : la côte

Vermeille, Perpignan et la Cerdagne.

De plus, je constate que les structures ayant répondu massivement à l’enquête, sont les ateliers

et chantiers d’insertion. En effet, 82,6% des réponses proviennent des ACI. Cependant, moins

de la moitié d’entre eux a participé puisque sur un total de trente-cinq, seulement seize ont

retournés leur questionnaire rempli. D’après le tableau ci-dessous, nous pouvons constater que

deux associations intermédiaires, un chantier école et une entreprise d’insertion ont également

participé.

ACI 16 82,6%

AI 2 8,7%

Chantier école - service Berger et Rivierès 1 4,3%

EI Foresterra SCCL 1 4,3%

Tableau 1 : Identification de la structure

Par ailleurs, les professionnels ayant répondu sont des accompagnateurs socio-professionnels

(ASP) à 60,9%, des encadrants techniques (13%), des secrétaires (13%), deux directeurs (8,7%)

et une coordinatrice (4,3%). Parmi les ASP, 34,4% pensent savoir ce que sont les substances

psychoactives. Or, ils sont 30,1% à répondre, à la question suivante, que toutes les substances

psychoactives sont des drogues. On peut ainsi constater un décalage entre la perception qu’en

ont les professionnels et la définition exacte du terme. Ce constat est général puisque sur la

totalité des réponses obtenues, 56,5% sont positives. Cependant, ils émettent majoritairement

Page 23: Addiction et Insertion - Prospectsaso

20

plus de réserve concernant les effets négatifs des substances psychoactives puisque 43,5%

d’entre eux ont répondu « peut-être ». On remarque également que « agissent sur le cerveau »

et « altèrent le comportement » sont les réponses les plus citées lorsque l’on demande pourquoi

les professionnels pensent que les SPA sont des drogues et ont des effets négatifs sur le

consommateur.

Tableau 2 : Substances psychoactives = drogues ?

Ces idées, d’altération du comportement et d’action négative sur le cerveau, se retrouvent

massivement à la question douze à laquelle il y a eu 91,3% des choix des modalités de réponses

« perte de contrôle », « besoin impérieux et irrépressible de consommer » et « poursuite de la

consommation malgré les dégâts physiques ou physiologiques » ainsi que 87% de « problèmes

interpersonnels ou sociaux ». A cette question, la fonction des professionnels n’est pas

représentative des réponses. Néanmoins, j’ai constaté que seulement 17,2% des personnes ayant

participé au questionnaire ont choisi toutes les modalités de réponses alors qu’à la question

précédente 91,3% ont répondu savoir ce qu’est une addiction. En effet, si l’on reprend la

définition d’une addiction selon le DSM-5, citée en page 10 de ce document, toutes les

modalités étaient à cocher.

Page 24: Addiction et Insertion - Prospectsaso

21

Tableau 3 : Addiction

A la question suivante, consistant à savoir si les professionnels interrogés rencontrent, dans leur

pratique, un public consommateur de substances psychoactives, 87% d’entre eux ont répondu

positivement. Cependant, il s’est avéré que, même si 81% pensent rencontrer des difficultés

dans leur accompagnement, seulement 43,5% savent comment réagir. En effet, pour 20,8% des

employés permanents, la première chose à faire est d’écarter le salarié du groupe de travail puis

de prévenir un médecin (16,7%). Les deux directeurs, l’un d’une structure espagnole et l’autre

d’une structure française, ont des réponses à peu près similaires dans le sens où ils refusent le

salarié sur le lieu de travail et proposent un suivi médical voire un cure de désintoxication

(Foresterra). La majorité des actions mises en place lorsqu’une personne se présente sur un

chantier d’insertion en étant sous l’emprise de substances psychoactives est sécuritaire. Seules

deux personnes (8,3%) ont proposé de réaliser un entretien individuel et de dialoguer avec le

salarié.

Il apparait également que l’usage de substances psychoactives représente « très souvent »

(73,9%) un frein à l’insertion professionnelle selon les employés permanents. Il existe ainsi une

corrélation entre la question quatorze, à laquelle 81% des personnes disent rencontrer des

difficultés dans l’accompagnement de consommateurs de SPA, et la question dix-sept (voir

tableau ci-dessous). En effet, sur dix-sept employés ayant répondu positivement, quinze ont

ensuite coché « très souvent ». Parmi les six réponses « assez souvent », il ne semble pas y avoir

de rapprochements ou de points communs, les professionnels exerçant des fonctions différentes,

dans des zones géographiques diverses. Leur connaissance des addictions ne semble pas non

plus être un facteur en faveur d’une plus grande souplesse concernant l’insertion professionnelle

des publics faisant face à cette problématique.

Page 25: Addiction et Insertion - Prospectsaso

22

Tableau 4 : Tableau croisé, difficultés et frein à l'insertion

De plus, ils expliquent à 24,3% que l’addiction est « très souvent » un frein à l’insertion car elle

engendre des « problèmes de comportement » ou encore une « [instabilité] dans les idées et

projets » (21,6%). Ils sont également quelques-uns à dire que le consommateur a une

« présentation négligée » (8,1%) et que sa consommation entraine une « réduction des chances

de se réinsérer » (10,8%).

En outre, on peut constater que parmi les dix-sept réponses positives à la question quatorze,

donc parmi les professionnels rencontrant des difficultés dans l’accompagnement de

consommateurs de SPA, 52,2% disent avoir déjà mis fin à un contrat car l’addiction mettait en

péril le projet d’insertion professionnelle.

Tableau 5 : Corrélation difficultés et fins de contrat

Cependant, 40% de la totalité des professionnels ayant participé et 26,1% des personnes ayant

répondu « oui » à la question précédente pensent qu’il aurait pu y avoir une alternative à l’arrêt

d’un accompagnement. En effet, pour beaucoup d’entre eux, il aurait pu être intéressant de

proposer à la personne concernée par l’addiction de se faire suivre à l’extérieur et de recevoir

des soins (50%). De même, 26,1% des professionnels rencontrant des difficultés avec ce public

pensent qu’il faut nécessairement sanctionner un salarié qui serait sous l’emprise de substances

psychoactives contre 56,5% qui estiment qu’il y a des actions à mettre en place avant d’en

arriver à la sanction. Ainsi, un grand nombre d’entre eux (91,3%) souhaiteraient que des clés

leur soient remises afin qu’ils puissent améliorer leur accompagnement, telles que : la formation

Page 26: Addiction et Insertion - Prospectsaso

23

des employés permanents à la prise en charge des addictions (78,3%), la réalisation d’ateliers

avec un intervenant extérieur (78,3%), la mise en place d’un suivi psychologique extérieur

(78,3%) et l’information des salariés sur les substances psychoactives et leurs effets (73,9%).

Plus de la moitié des permanents aimeraient également qu’il y ait des groupes de paroles

(52,2%). On remarque que ces outils correspondent aux actions que certains employés

souhaiteraient mettre en place pour éviter la sanction d’un salarié présentant une problématique

d’addiction. En effet, 20% pensent qu’un suivi extérieur pourrait être l’une des solutions

intermédiaires avant de sanctionner, le dialogue, l’écoute et l’information (8%) sont aussi des

actions qu’ils souhaiteraient valoriser.

Par ailleurs, alors qu’une majorité de professionnels estiment connaitre les acteurs de

l’addiction sur le département (78,3%), on remarque, à la question trente, que l’ANPAA

(Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie) est très souvent citée

(40,9%), de même que l’hôpital Saint-Jean à Perpignan (18,2%). Or, ces deux acteurs ne sont

pas toujours adaptés aux besoins des consommateurs de substances psychoactives. Ainsi, il y a

une corrélation avec la question suivante (q31) à laquelle près de la moitié des professionnels

(47,8%) ont répondu ne pas savoir ce qu’est la réduction des risques et des dommages.

Pour conclure le questionnaire, 52,2% des employés expliquent que, selon eux, l’arrêt de la

consommation de substances psychoactives n’est pas la seule solution pour élaborer un projet

d’insertion socio-professionnelle. En effet, ils estiment qu’un accompagnement des permanents

(13%), un accompagnement socio-professionnel (17,4%) ou un suivi extérieur (13%) sont des

solutions à envisager. Ces réponses sont en lien avec les actions qu’ils ont proposées à la

question vingt-quatre, avant une sanction.

Enfin, les professionnels évaluent leurs connaissances sur l’addiction et les substances

psychoactives à 5,17/10. Cette moyenne est représentative des réponses apportées à cette

enquête et reflète bien les difficultés auxquelles font face les SIAE actuellement.

C. Discussion

Après une première phase de diagnostic, j’ai repris toutes les données obtenues afin de les

comparer entre elles pour en faire ressortir les similitudes ou les écarts avec la littérature, mais

aussi entre les propos des professionnels et ceux des usagers.

Pour commencer, je constate que le nombre d’employés permanents ou de salariés en CDDI,

dans une SIAE, n’a pas d’incidence sur les difficultés rencontrées lors d’un accompagnement à

l’insertion professionnelle, ni même sur les connaissances des substances psychoactives et des

Page 27: Addiction et Insertion - Prospectsaso

24

addictions. En effet, toutes les structures, excepté une, accueillent un public consommateur de

substances psychoactives et beaucoup de salariés interrogés disent consommer au moins une

SPA quotidiennement. Cependant, contrairement aux permanents, les salariés sont nombreux à

décrire un syndrome de sevrage pour définir l’addiction. Alors que la présence d’un syndrome

de sevrage est une des modalités de réponse à la question douze, ces premiers ne sont que 30,4%

à l’avoir cochée. Ils se rejoignent tout de même sur le fait que l’addiction engendre un besoin

impérieux et irrépressible de consommer, certains expliquant que c’est « quelque chose dont on

ne peut se passer » ou encore, « la consommation n’est pas contrôlée et on ne peut pas se passer

[du produit] » (propos recueillis lors des entretiens collectifs dans les ACI).

Par ailleurs, les salariés en CDDI ont tous honnêtement répondu consommer une substance

psychoactive mais très peu ont admis avoir eu par le passé (ou avoir actuellement) des

problèmes dans le domaine du travail. Ceux qui parlent d’un licenciement expliquent que selon

eux, leur consommation a été un prétexte, ou alors ils évoquent la consommation d’une

connaissance. Ceci traduit un certain malaise face à l’emploi du terme « addiction ». En effet,

dans notre société, la toxicomanie est tabou et elle est perçue comme un acte criminel :

consommer des substances psychoactives, illicites de surcroît, est un « comportement

antisocial » (Morel et al., 1997, p.155), que l’on tend à rejeter24. Cela corrobore la vision de

l’addiction qu’ont les employés permanents qu’ils décrivent de manière négative dans le

questionnaire : les substances psychoactives « dégradent la santé », « agissent sur le cerveau »,

« altèrent le comportement », « altèrent la perception de la réalité » ou encore engendrent des

« conduites à risques ». Aux Pays-Bas, la politique tend vers la normalisation de la drogue,

c’est-à-dire que l’usage de drogue est considéré comme un problème social normal, et que les

consommateurs ne doivent pas être marginalisés ou stigmatisés25. C’est ce que la politique du

CAARUD tend à développer en France. Cependant, le modèle des entreprises de l’économie

capitaliste est le seul modèle sur lequel les SIAE peuvent s’appuyer, par manque de

connaissance de la problématique de l’addiction. Ainsi, face à un salarié sous l’emprise d’une

SPA, le mot d’ordre est la sécurité et comme vu précédemment, la première réaction est de

mettre le salarié à l’écart du groupe de travail, de prévenir un médecin et de le faire

raccompagner. Après cela, vient souvent la sanction qui est la rupture de contrat. Or, certains

employés permanents et une grande partie des salariés ont émis le souhait qu’un dialogue soit

24 Houwayda Matta, May Hazaz, Drogues, santé et société, « L’insertion socioprofessionnelle des personnes ex-

toxicomanes au Liban : perceptions, réalité et défis », vol. 10 n°1, p 197-237, juin 2011 25 Tim Boekhout Van Solinge, Déviance et Société, « La politique de drogue aux Pays-Bas : un essai de

changement », Vol. 22 n°1, p 69-75, 1998

Page 28: Addiction et Insertion - Prospectsaso

25

instauré afin de comprendre les raisons pour lesquelles une addiction s’est installée. En effet,

la toxicomanie peut entrainer une désaffiliation et ainsi une vulnérabilité de l’individu. Selon

Castel, l’insertion représente une stratégie permettant de reconstruire des liens sociaux et

occupationnels (Houwayda Matta, p 206, 2011). Toutefois, ne pas prendre en compte les

besoins d’une personne sous addiction, c’est ébranler un peu plus la pyramide que Maslow a

décrite lors de ses travaux, ceci pouvant avoir un effet destructeur sur l’individu concerné.

Par ailleurs, beaucoup de salariés ainsi que de permanents pensent que l’addiction est un frein

à l’insertion professionnelle. En effet, ils sont nombreux à dire qu’elle est « mal vue », que le

consommateur n’est « pas stable dans ses idées et projets », qu’il a des « problèmes de

comportement » ou une « présentation négligée » (cf. résultats du questionnaire en Annexe 4).

Cependant, ce sont le regard négatif et les préjugés autour de l’addiction qui amènent les

individus à appréhender l’insertion car ils sont vulnérables et ont peur de la réaction d’autrui

(Houwayda Matta, p 216, 2011). Cela est confirmé par une personne ayant répondu, dans le

questionnaire, que « les autres ne savent pas comment réagir face à une personne sous l’emprise

de substances psychoactives ». Ainsi, on peut émettre l’hypothèse que c’est l’absence de

formation des professionnels du domaine de l’intervention sociale, en termes d’addiction, qui

renforce une certaine discrimination sociale de ce public « par la rareté des interventions de

conscientisation adressées à la société d’accueil » (Houwayda Matta, p 217, 2011). Cela se

traduit par le souhait des employés permanents et des salariés en CDDI interrogés de bénéficier

d’une information ainsi qu’une formation spécifique sur les SPA et leurs effets, et sur

l’addiction. En effet, diffuser de l’ « information traitant des dangers de la drogue et véhiculant

une représentation juste de la personne toxicomane » (Houwayda Matta, p 227, 2011)

permettrait de réduire les préjugés.

Toutefois, à travers les entretiens avec les salariés des chantiers d’insertion, il ressort qu’il

persiste un manque de dialogue et que l’addiction est souvent traitée comme la cause des

problèmes qu’un individu peut rencontrer car nombreux sont ceux qui proposent une prise en

charge médicale. Or, pour certains la consommation n’est pas nécessairement incompatible

avec un projet d’insertion professionnelle car il faut prendre en compte le produit consommé

mais surtout les « conditions de vie ». Dans le questionnaire, un professionnel a également

évoqué cette idée : « l’addiction peut provenir de problèmes sociaux ». En effet, selon

Houwayda Matta, il est important de « renforcer l’insertion des personnes à risque, la

désaffiliation aux niveaux social et professionnel s’avérant un important facteur de risque » (p

228, 2011). Cela suppose donc que l’addiction ne serait pas la cause du problème mais un de

Page 29: Addiction et Insertion - Prospectsaso

26

ses symptômes. Or, si l’on traite un symptôme (« suivi extérieur », « soins »,

« accompagnement médical », « sevrage ») et non sa cause, on ne peut pas régler le problème

qui existe, on peut parfois même l’aggraver. Ce n’est qu’à la dernière question que certains

professionnels, de même que de nombreux usagers, ont pensé que plutôt que d’envisager l’arrêt

de la consommation, il était possible de proposer un accompagnement socio-professionnel et

de renforcer le suivi effectué par les permanents. Une étude européenne a également montré

que les entreprises sociales qui offrent des emplois temporaires aux consommateurs de

substances psychoactives encouragent la réinsertion dans les entreprises de l’économie

classique26.

Pour conclure, à travers les entretiens et les questionnaires réalisés on remarque que les

professionnels, comme les usagers, sont souvent très peu informés sur les addictions et les

structures d’accompagnement. Même si certains salariés des trois chantiers visités ne se sentent

pas concernés par l’addiction, il y a, cependant, un réel souhait de chacun d’obtenir des clés

afin d’améliorer l’accompagnement des consommateurs de substances psychoactives, et ce,

sans distinction de type de structure ou de zone géographique. En effet, on constate également

que les réponses diffèrent peu que l’on soit en Espagne ou en France. Il apparait également

qu’un suivi psychologique ainsi que la mise en place d’ateliers tenus par des intervenants

extérieurs pourraient être des outils permettant de réduire les difficultés que rencontrent les

permanents des SIAE dans leur accompagnement à l’insertion socio-professionnelle des publics

concernés par l’addiction.

Ainsi, lors de la mise en place du plan d’action par les professionnels du CAARUD Ascode, les

structures ayant participé à l’enquête pourront être réparties en quatre groupes :

- Deux groupes à Perpignan se composant des SIAE suivantes : ACI « Ecole de la Terre »

(Sainte Marie la Mer), ACI « Restauration des Vieilles Pierres » (Claira), ACI

« Tremplin pour l’Emploi » (Bompas), ACI « Association Intégration Insertion

Logement Emploi » (Millas), ACI « Association Dreceres Qualité » (Perpignan), ACI

« Sivom de Fenouillèdes » (Saint Paul de Fenouillet), ACI « Força réal insertion »

(Montner), ACI « l’atelier de Pierres » (Perpignan), ACI « Roseraie Services »

(Perpignan), AI « Association développement emploi et solidarité » (Perpignan), AI «

Association profession sport 66 » (Perpignan) et ACI « Recyclerie d’Elne » (Elne).

26 Harry Sumnal and Angelina Brotherhood, European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction,

EMCDDA Insights, « Social reintegration and employment : evidence and interventions for drug users in

treatment », 2012, PDF

Page 30: Addiction et Insertion - Prospectsaso

27

- Un groupe en Côte Vermeille avec les chantiers d’insertion « Communauté de

communes des Albères et de la Côte Vermeille et d’Illibéris » (Argelès-sur-Mer),

« Argelès Valorisation Environnement » (Argelès-sur-Mer), « ACI du Vallespir »

(Arles-sur-Tech), « Information, Formation, Emploi Côte Vermeille » (Banyuls sur

Mer), le chantier école « service Berger et Rivierès » (Albères, Côte Vermeille et

Illibéris) et l’EI « Foresterra » à Villajuiga en Espagne.

- Un groupe en Cerdagne avec les chantiers d’insertion « CCAS de Font Romeu » et

« association d’insertion du canton d’Olette ».

Il faudra mettre l’accent sur l’information et la formation des salariés en CDDI et des

permanents car ce sont les principaux souhaits de ceux-ci. Pour cela, il pourrait être intéressant

de débuter par une définition de l’addiction, des substances psychoactives et de leurs effets,

ensuite d’expliquer les conduites à tenir en cas de prise de SPA sur un lieu de travail et de lister

les structures d’accompagnement ainsi que leurs missions, et enfin de définir ce qu’est la

réduction des risques et des dommages.

Page 31: Addiction et Insertion - Prospectsaso

28

Conclusion

Les structures d’insertion par l’activité économique se trouvent actuellement de plus en plus

démunies face à des problématiques concernant les addictions des publics accueillis. Dans ce

contexte, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du

travail et de l’emploi des Pyrénées-Orientales, en partenariat avec le CAARUD, souhaite porter

une action visant la prise en compte des addictions dans les SIAE. C’est à cette fin que cette

enquête a été menée. Elle a permis de poser un diagnostic départemental de la situation actuelle

dans les SIAE en termes d’addiction, en montrant que bien souvent, les professionnels ne savent

pas comment réagir face à des personnes alcoolisées ou sous l’emprise de substances

psychoactives.

Afin de répondre à la problématique suivante : « en fonction des besoins de chacun,

professionnels et usagers, quelles actions peut-on mettre en place afin de prendre en

charge/accompagner les personnes sous addiction et de préserver leur pouvoir d’agir ? », les

professionnels du CAARUD Ascode devront mettre en place un plan d’action en s’appuyant

sur l’étude réalisée. On constate que l’une des raisons pour lesquelles les SIAE se trouvent

actuellement démunies face aux comportements de certains de leurs salariés, est qu’il existe un

manque d’informations et de formation de chaque acteur. Le CAARUD Ascode étant

positionné par l’ARS comme référent de la réduction des risques et des dommages au niveau

départemental, cette approche est sans jugement sur les consommations de substances

psychoactives et a pour seul objectif de pouvoir aborder la problématique de l’addiction

autrement que par la sanction.

Pour finir, cette étude m’a amenée à me poser la question suivante : peut-on envisager de

transposer ces actions dans les entreprises de l’économie classique afin d’éviter la

stigmatisation des consommateurs de substances psychoactives ?

Page 32: Addiction et Insertion - Prospectsaso

29

Glossaire

- AAH : Allocation aux Adultes Handicapés

- ACI : Atelier et Chantier d’Insertion

- AI : Association Intermédiaire

- ANPAA : Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie

- ARS : Agence Régionale de Santé

- ASP : Accompagnateur socio-professionnel

- ASS : Allocation de Solidarité Spécifique

- CAARUD : Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour

les Usagers de Drogues

- CDDI : Contrat à Durée Déterminée d’Insertion

- CT : Communauté Thérapeutique

- DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la

Consommation, du Travail et de l’Emploi

- DSM-5 : Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux

- EI : Entreprise d’Insertion

- ETTI : Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion

- FEICAT : Fédération d’Entreprises d’Insertion Catalanes

- GCSMS : Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale

- IAE : Insertion par l’Activité Economique

- INRS : Institut National de Recherche et de Sécurité

- MILDECA : Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites

Addictives

- MLJ : Mission Locale Jeune

- OFDT : Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies

- PEC : Prise En Charge

- PO : Pyrénées-Orientales

- RdR : Réduction des Risques

- RdRD : Réduction des Risques et des Dommages

- RMI : Revenu Minimum d’Insertion

- RSA : Revenu de Solidarité Active

- SCMR : Salle de Consommation à Moindre Risques

- SIAE : Structure d’Insertion par l’Activité Economique

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30

- SPA : Substance Psychoactive

- VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine

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31

Table des illustrations

Figure 1 : Système de prise en charge des addictions en Espagne ............................................. 6

Figure 2 : Pyramide des besoins selon Maslow ....................................................................... 13

Tableau 1 : Identification de la structure .................................................................................. 19

Tableau 2 : Substances psychoactives = drogues ? .................................................................. 20

Tableau 3 : Addiction ............................................................................................................... 21

Tableau 4 : Tableau croisé, difficultés et frein à l'insertion ..................................................... 22

Tableau 5 : Corrélation difficultés et fins de contrat ................................................................ 22

Page 35: Addiction et Insertion - Prospectsaso

32

Bibliographie

Ouvrages

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Consulté le 22/02/2018

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Revues scientifiques et PDF

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Harry Sumnal and Angelina Brotherhood, European Monitoring Centre for Drugs and Drug

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10ans.fr/0_Histoires_de_l_histoire_de_la_RDR.pdf Consulté le 23/02/2018

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Page 38: Addiction et Insertion - Prospectsaso

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2017, publié le 9 août 2015, URL http://www.drogues.gouv.fr/la-mildeca/le-plan-

gouvernemental/priorite-2013-2017 , Consulté le 07/03/2018

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Annexes

Annexe 1

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Annexe 2

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Annexe 3

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Annexe 4

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Annexe 5

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