24
A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1 er Trimestre 2008 Page - 1 - Revue Technique Trimestrielle Gratuite Dépôt légal : Décembre 2007 ISSN : en cours EDITORIAL : Nous tenons tout d’abord à remercier les généreux donateurs qui nous ont permis de faire paraître ce premier numéro de l’Echo des Abattis. Notre combat pour faire vivre cette revue n’est pourtant pas terminé. L’impression des futurs numéro n’est toujours pas financée. Il était toutefois important que ce projet voit le jour car il matérialise notre volonté de re-dynamiser l’agriculture locale à travers l’apport de nouvelles techniques. Nous espérons que vous ne nous tiendrez pas rigueur des erreurs qui se seront glissées parmi les articles, elles seront à mettre sur le compte de notre inéxpérience dans le domaine de la presse. Les articles présentés dans ce premier numéro sont vélateurs des préoccupations de notre association. Celles-ci ont pour ligne directrice une meilleure intégration de notre agriculture dans un contexte guyano-amazonien. Nous vous saurions gré de nous faire parvenir vos remarques . Nous en tiendrons compte dans les futurs numéros. Bonne lecture et à bientôt. P.J. Directeur de publication : P. JACOLOT Comité de Rédaction : M. RODRIQUES T. MATEO L’ECHO DES ABATTIS N°1 1 er Trimestre 2008 SOMMAIRE : PAGES LA « 4AG » : UNE NOUVELLE FORCE DE PROPOSITION POUR LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE DANS L’OUEST GUYANAIS 2 AMELIORER LA PRODUCTION DE CUPUACU GRÂCE A QUATRE NOUVEAUX CLONES 3-4 LA BALLE DE RIZ CARBONISEE 5-6 UNE CLÔTURE ECOLOGIQUE ET ECONOMIQUE A BASE DE GLIRICIDIA 7-8 ; 13-14 LE BOROJO OU PURUI GRANDE 9-12 LES SYMPTOMES DE CARENCES NUTRITIONNELLES CHEZ LE COROSSOLIER 15-16 RAMBOUTANS : RECOLTE ET POST-RECOLTE 17-18 L’INTEGRATION DU RAMBOUTAN DANS DES SYSTEMES AGROFORESTIERS 19-20 ALERTE AU PETIT FOREUR DE LA TOMATE 20 LA DIRECTIVE EUROPEENNE 258/97 : UN FREIN AU COMMERCE DE CERTAINS PRODUITS AMAZONIENS 20 GLOSSAIRE A.A.A.A.G. – 06 rue E. Nonnon – 97320 SAINT LAURENT DU MARONI ([email protected] ) Ne pas jeter sur la voie publique Agriculture Agroforesterie Agrotransformation Amazonie Guyane

Agriculture A Guyane L’ECHO DES ABATTIS - AAAAG · Oriental (Brésil) a isolé quatre clones dans une collection de 49 cultivars identifiés et récoltés au cours de missions botaniques

  • Upload
    vodan

  • View
    229

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 1 -

Revue Technique Trimestrielle Gratuite Dépôt légal : Décembre 2007 ISSN : en cours

EDITORIAL : Nous tenons tout d’abord à remercier les généreux donateurs qui nous ont permis de faire paraître ce premier numéro de l’Echo des Abattis. Notre combat pour faire vivre cette revue n’est pourtant pas terminé. L’impression des futurs numéro n’est toujours pas financée. Il était toutefois important que ce projet voit le jour car il matérialise notre volonté de re-dynamiser l’agriculture locale à travers l’apport de nouvelles techniques. Nous espérons que vous ne nous tiendrez pas rigueur des erreurs qui se seront glissées parmi les articles, elles seront à mettre sur le compte de notre inéxpérience dans le domaine de la presse. Les articles présentés dans ce premier numéro sont révélateurs des préoccupations de notre association. Celles-ci ont pour ligne directrice une meilleure intégration de notre agriculture dans un contexte guyano-amazonien. Nous vous saurions gré de nous faire parvenir vos remarques . Nous en tiendrons compte dans les futurs numéros. Bonne lecture et à bientôt. P.J. Directeur de publication : P. JACOLOT Comité de Rédaction : M. RODRIQUES T. MATEO

L’ECHO DES ABATTIS

N°1 1er Trimestre 2008

SOMMAIRE : PAGES LA « 4AG » : UNE NOUVELLE FORCE DE PROPOSITION POUR LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE DANS L’OUEST GUYANAIS 2 AMELIORER LA PRODUCTION DE CUPUACU GRÂCE A QUATRE NOUVEAUX CLONES 3-4 LA BALLE DE RIZ CARBONISEE 5-6 UNE CLÔTURE ECOLOGIQUE ET ECONOMIQUE A BASE DE GLIRICIDIA 7-8 ; 13-14 LE BOROJO OU PURUI GRANDE 9-12 LES SYMPTOMES DE CARENCES NUTRITIONNELLES CHEZ LE COROSSOLIER 15-16 RAMBOUTANS : RECOLTE ET POST-RECOLTE 17-18 L’INTEGRATION DU RAMBOUTAN DANS DES SYSTEMES AGROFORESTIERS 19-20 ALERTE AU PETIT FOREUR DE LA TOMATE 20 LA DIRECTIVE EUROPEENNE 258/97 : UN FREIN AU COMMERCE DE CERTAINS PRODUITS AMAZONIENS 20 GLOSSAIRE A.A.A.A.G. – 06 rue E. Nonnon – 97320 SAINT LAURENT DU MARONI

([email protected])

Ne pas jeter sur la voie publique

Agriculture

Agroforesterie

Agrotransformation

Amazonie

Guyane

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 2 -

LA « 4AG » : UNE NOUVELLE FORCE DE PROPOSITION POUR LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE DANS L’OUEST GUYANAIS

Si la production agricole guyanaise s’exhibe de manière florissante aux étals des marchés, l’envers du décor n’est pas aussi étincelant. Produire et vendre est un véritable calvaire, particulièrement dans l’Ouest où l’importance des structures de soutien n’est pas à la hauteur du nombre de familles vivant de l’agriculture dans cette région. L’éloignement des gros centres de consommation constitue un frein à la production (perte de temps pour ceux qui vont vendre sur les marchés, perte d’argent pour ceux qui n’ont pas de moyen de transport et qui doivent donc revendre à un prix plus faible leur production « au bord du champ »). Les effets de la concurrence déloyale des produits introduits en fraude des pays voisins s’y fait aussi durement ressentir. Les unités de transformations sont rares et aucun marché de gros ou structure de vente en commun n’existent. L’accès au foncier est un dur combat. De cette situation résulte une production mal régulée, de qualité moyenne et pas aussi diversifiée que l’on penserait, ainsi qu’une sous utilisation des terres à vocation agricole (au regard des terres attribuées ou squattées, comparées aux volumes de production). Refusant de baisser les bras devant la morosité de la filière agricole dans l’ouest, un noyau de professionnel du secteur a jugé opportun de mettre en place une plate forme indépendante voulant jouer un rôle de moteur dans la re-dynamisation de l’agriculture, principalement dans la région du Maroni. Ainsi est née l’A.A.A.A.G. dont les projets d’action ciblent à la fois les agriculteurs et les agents de développement (informations techniques) ainsi que, comme force de proposition, les instances publics .

Atelier d’extraction de la pulpe de wassaï

Au sein de l’AAAAG nous avons la certitude que le potentiel agricole de notre région ne sera pas valorisé sans formation des acteurs de cette filière. La situation actuelle est d’autant plus frustrante qu’il existe sur place des atouts pour que l’agriculture devienne une activité économique de poids dans un cadre de développement durable. Reposant sur un nombre important d’exploitations de type familiale, sur une diversité de productions encore peu exploitée, sur une typicité des produits et sur des itinéraires techniques déjà bien aboutis dans les pays voisins, la mise en place de nouvelles filières structurées ou l’amélioration de celles déjà en place nous paraît la seule alternative au marasme actuel. Pour ce faire nous cherchons a mettre sur pied un réseau d’information constitué de différents outils. Nous avons déjà créé une base de donnée (environs 7000 articles techniques, revues, livres ou autres types de document stockés, dont 4000 triés et classés à ce jour) qui s’étoffe de jour en jour. Pour restituer les informations récoltées nous avons mis en route « L’Echo des Abattis » dont vous avez entre les mains le premier numéro, mais

Système agroforestier Parepou-Manioc-Cupuaçu nous avons aussi la volonté de constituer des référentiels techniques pour chaque production (Celui sur le Cupuaçu est déjà bien avancé) où seront décrites, sous forme de fiche, chaque étapes de la filière. D’autres outils seront aussi utilisés (multi-média) pour diffuser le plus largement possible les informations techniques disponibles. Le tout devra servir à sensibiliser à la fois les agriculteurs et les décideurs du potentiel de chaque filière et d’en acquérir le soutien pour les voir se réaliser. « L’Echo des abattis » sera donc notre support de prédilection pour diffuser les informations que nous jugeons essentielles. Il permettra aussi de répondre à vos interrogations techniques, dans la mesure de nos capacités. Si nous avons voulu que cette revue soit distribuée gratuitement c’est avant tout pour mettre l’accent sur l’activité purement bénévole des membres de l’AAAAG, parce que nous voulons aussi qu’elle soit accessible à tout le monde agricole de l’Ouest, fleuve compris, mais surtout du fait que nous ne revendiquons pas la paternité des articles diffusés qui ne sont que la compilation de différents articles, traitant d’un même sujet, et pour lesquels nous respectons les droits des auteurs. Nous avons bien conscience que l’aspect pluri-linguistique de la population visée et la rédaction très technique des articles ne sont pas des facteurs favorables à une utilisation aisée de cette revue, malgré le glossaire qui les accompagne. Il faut donc la concevoir comme un support de discussion. Son principal rôle sera dans ce cas de provoquer une réaction du lecteur. Celui ci pourra alors soit se retourner vers ses conseillers agricoles habituels, soit participer aux Forums que nous pensons mettre en place de façon régulière sur les lieux de marché afin de répondre aux questions des lecteurs et de les stimuler à mettre en place des filières de production structurées. Autre moyen envisagé pour dynamiser la mise en place de nouvelles filières, des sites pilotes de production, installés chez des agriculteurs soutenant les activités de l’AAAAG. Ceux-ci permettront de tester in situ le potentiel de ces filières et d’adapter leurs techniques de cultures aux pratiques locales. Les producteurs intéressés pourront ainsi visualiser chacune d’entre elles. Beaucoup de défis restent donc à relever, votre soutien nous sera donc précieux pour mener à bien nos projets. A très bientôt et bonne lecture. Le président de L’AAAAG : Thierry MATEO

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 3 -

AMELIORER LA PRODUCTION DE CUPUACU GRÂCE A QUATRE NOUVEAUX CLONES

La faible productivité des vergers de cupuaçu est essentiellement due à l’utilisation de plants non sélectionnés. Dans les années 80 la recherche agronomique brésilienne (EMBRAPA – Belém) a lancé un programme d’amélioration génétique sur cette production, aboutissant en 2002 à la mise sur le marché de quatre clones qui ont permis une augmentation d’environ 35% du rendement en pulpe. Ces clones présentent aussi la caractéristique d’être résistants à la maladie du « balai de sorcière », principal facteur limitant au développement de cette culture.

l’Amazonas. Ces clones ont été nommés Coari, Codajas, Manacapuru et Belém, noms des différentes communes où ils ont été repérés. Ces nouveaux cultivars ont été obtenus par des méthodes conventionnelles de clonage et de greffage, sans utilisation de procédés trans-géniques. Ces quatre clones se différencient des autres cultivars par leur tolérance à la maladie du « balai de sorcière », (ce qui permet une exploitation totale des fruits produits), par des fruits plus grands et par une productivité moyenne de 14 fruits/plant/récolte (tableau 1), (soit 21 kg de fruits/arbre, ou un rendement de 6 800 kg par hectare pour un verger d’une densité classique de 400 pieds/ha). En plantation traditionnelle, la production moyenne est de 10 fruits/arbre/récolte. Les cultivars Coari, Codajas et Manacapuru produisent des grands fruits de forme allongée, alors que ceux de Belém sont petits et arrondis. L’intérêt de ce dernier vient de son pollen qui présente une bonne compatibilité avec les fleurs des trois autres clones assurant, dans les plantations les associant, une augmentation de la production de fruit. De plus l’origine génétique de sa tolérance à la maladie semble différente de celle des trois autres, ce qui garantie une plus grande sécurité biologique au verger. Les clones manacapuru et Coari présentent des poids moyens de fruits similaires, alors que ceux de Codajas pèsent en moyenne 11% de moins et ceux de Belém 50% de moins.

Dispositifs recommandés pour obtenir les meilleurs résultats possibles dans une

plantation mélangeant les quatre clones

Système efficace mais dépendant du passage des

insectes pollinisateurs d’un clone à un autre

Système optimal

En Guyane comme au Brésil, la majorité des plants utilisés lors de l’installation de cultures de cupuaçu sont issus de graines prélevées sur des fruits trouvés dans un environnement proche de l’exploitation concernée, sans critères de sélection. Il en résulte des vergers hétérogènes et susceptibles aux attaques de la maladie du « balai de sorcière », causée par le champignon Crinipellis perniciosa. Dans les vergers traditionnels seuls trois cultivars sont utilisés, caractérisés par le format de leurs fruits :

• Le Cupuaçu rond, dont les fruits ont des bouts arrondis, une écorce d’une épaisseur de 6 à 7 mm et présentent un poids moyen de 1,5 kg. C’est le cultivar le plus utilisé dans les régions amazoniennes.

• Le Cupuaçu ‘mamorana’, dont les fruits ont des extrémités allongées, une écorce de 6 à 7 mm d’épaisseur et des fruits d’un poids moyen de 2,5 kg.

• Le Cupuaçu sans graines, au fruit arrondi, dont la principale caractéristique est de ne pas contenir de graines. Il pèse de 2,5 à 4 kg et présente un rendement en pulpe de 70%, soit le double de celui des nouveaux clones. Sa sensibilité au « balai de sorcière » et son faible rendement en fruit (5 fruit/arbre/récolte) limitent malheureusement son intérêt.

En Novembre 2002, après un travail de tri et de sélection entamé dans les années 80, l’EMBRAPA Amazonia Oriental (Brésil) a isolé quatre clones dans une collection de 49 cultivars identifiés et récoltés au cours de missions botaniques effectuées au Brésil dans les Etats du Para, de l’Amapa et de

Tableau 1 : Productivité et caractéristiques des fruits Clones Fruits/plant/

an Poids (g)

longueur (mm)

Diamètre (mm)

Coari Codajas

Manacapuru Belém

13,4 16,8 13,1 13,4

1491 1297 1420 742

221 233 227 158

121 116 116 104

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 4 -

La proportion de graines dans les fruits étant de l’ordre de 15%, leur rendement avoisine les 1 000 kg /ha, ce qui représente un source additionnelle de revenus non négligeable pour les producteurs.. Le rendement moyen en pulpe de ces cultivars est d’environ 35% du poids total des fruits (tableau 2), soit près de 2 380 kg /ha. Dans l’Etat du Para, la récolte du cupuaçu débute en septembre et peu durer 8 à 10 mois. La principale période de fructification (26 à 36% des fruits) varie d’un clone à l’autre, ainsi elle a lieu en novembre pour Codajas et Belém, en janvier pour Manacapuru et en février pour Coari. Leur association au sein d’un même verger permet donc d’étaler la période de production.

• La production étant plus propre et plus organisée, les portes du marché international, où il existe une forte demande pour ce produit, lui sont grandes ouvertes.

• L’utilisation de ces clones garantie aux producteurs des revenus tout au long du cycle de la culture, ce qui n’est pas possible avec des plants traditionnels car la maladie du « balai de sorcière » limite la vie de la plantation aux alentours de la septième année.

• Réduction importante du coût de la main d’œuvre car les tailles phytosanitaires ne sont plus nécessaires

Tableau 2 : Valeurs moyennes de rendement en fruits Clones Pulpe (%) Cabosse

(%) Fibre (%) Graine (%)

Coari Codajas

Manacapuru Belém

33,5 35,7 36,2 32,6

53,0 48,4 44,5 48,7

1,6 1,6 2,0 2,0

11,9 14,3 17,3 16,7

Les valeurs du pH et de l’acidité de la pulpe obtenue à partir de ces cultivars (tableau 3) se situent dans les moyennes des normes instaurées par le Ministère de l’Agriculture brésilien, alors que le °Brix est de 50% supérieur à la norme, ce qui confère à cette pulpe des caractéristiques de saveur plus délicates que celles des cultivars traditionnels. Ci dessous sont exposées les caractéristiques agronomiques offertes par ces 4 nouveaux cultivars:

• Leur utilisation est le moyen le plus efficace pour lutter préventivement contre le maladie dite du « balai de sorcière » qui provoque dans l’Etat du Para, au Brésil, des pertes de production estimées à 70%. Le contrôle de cette maladie permet de sécuriser la production et donc l’implantation de filières organisées, permettant le stockage de la pulpe qui sera exploitée tout au long de l’année, générant et stabilisant des emplois dans ce secteur.

• Ces clones étant tolérant au « balai de sorcière », l’utilisation intensive de fongicides pour lutter contre cette maladie n’est plus nécessaire, résultant en une production plus propre pour l’homme et la nature.

Dans l’Etat du Para, il est recommandé de planter les pieds de cupuaçu âgés d’un an de janvier à mars. La densité la mieux adaptée est de 400 arbres/ha. Les quatre clones présentant une grande auto-incompatibilité, il est donc fortement conseillé de les planter tous les quatre en association et particulièrement de les mélanger sur la ligne de plantation de façon à ce que deux plants d’un même clone ne soient pas voisins, tout en évitant dans la mesure du possible de faire avoisiner les clones Coari et Codajas qui sont incompatibles (pollinisation et formation de fruits) entre eux. Le travail de sélection n’est pas terminé pour autant, actuellement d’autres cultivars aux caractéristiques intéressantes issus de la région de Tomé-Açu, (Para) sont en phase de test avant mise à disposition. Seules deux pépinières brésiliennes produisent ces clones, celle d’AMAZONFLORA (située BR-316 Km-15, Marituba, PA), au prix de 4,0 R$, et celle de l’EMBRAPA Amazonia oriental qui les vend dans ses stations de Belém (4R$) et de Tome-Açu, (Estrada da Jamic, Km-06, Quatro

Bocas à 3,50 R$) dans l’Etat du Para. L’importation légale de ces clones en Guyane est donc une filière à étudier.

Fruits des quatre nouveaux clônes

(Photos Revista Tropico Umido n°43)

Tableau 3 : caractéristiques bromatologiques de la pulpe des fruits Clones °Brix pH Acidité Coari

Codajas Manacapuru

Belém

13,2 13,5 14,7 14,8

3,5 3,5 3,5 3,4

1,5 1,6 2,2 2,4

Article adapté de « Clones de cupuaçuzaeiro tolerantes a vassoura-de-bruxa » - (O LIBERAL du 25/04/05) et « Recomendações Tecnicas » - EMBRAPA Amazonia Oriental – Belém – PA – 2004 et du Jornal do Tropico umido, P.3 – 2002.

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 5 -

LA BALLE DE RIZ CARBONISEE : un substrat recyclant les résidus de l’industrie rizicole

L’industrie rizicole mananaise rejette chaque année environ 5000 tonnes de balle de riz essentiellement réduites en cendre afin de diviser par 20 le volume occupé par ce déchet agricole. Cette matière est pourtant recyclable, comme source d’énergie (500 kg de balle = 1 baril de pétrole), comme litière pour animaux ou encore comme substrat pour plante après sa transformation par processus de carbonisation. Ce dernier présente l’avantage d’être à la portée de tout agriculteur pour peu qu’il en suive rigoureusement les différentes étapes de fabrication. La généralisation de cette technique permettrait de réduire de 20 à 30% les importations de substrat organique en Guyane.

Le processus d’usinage du riz paddy en riz blanc génère des résidus équivalant à 30-40% du poids initial. Une bonne partie est commercialisée sous forme de sous-produits (brisures, farines) le reste, environ 20%, constitué essentiellement par la balle de riz, est tout simplement brûlé, à perte. En Guyane sa valorisation par carbonisation doit permettre

aux producteurs de plants et aux agriculteurs ayant des productions de type hydroponique d’obtenir un substrat à moindre coût. Si à l’état naturel, la balle de riz est sujette à une biodégradation très lente et présente donc peu d’intérêt au niveau agronomique, sa transformation par carbonisation permet d’améliorer ses qualités physiques et chimiques et d’en faire un substrat intéressant particulièrement pour la germination des graines et le développement de boutures. Ce substrat peut être utilisé pur ou en mélange, à différentes concentrations, (avec de la terre, du terreau, du sable, etc…), en fonction du mode de culture. A l’état pur il présente le défaut de ne pas pouvoir maintenir une hygrométrie stable du milieu de culture, il faut donc réserver cette utilisation aux techniques d’hydroponie où il a fait preuve de bonnes performances agronomiques. En pépinière il est régulièrement utilisé à des doses allant de 33 à 50 % du susbstrat. Déroulement du Processus de carbonisation :

Etape n°2 (B) :

• percer de nombreux trous sur chaque cotés de la boite de conserve avec le burin, et le marteau.

• Ouvrir un trou d’un diamètre égal à celui de la cheminée sur la partie supérieure de la boite

• Remplir la boite de charbon de bois

Etape n°3 C : • positionner la cheminée sur la partie

supérieure de la boite • fixer et la stabiliser la cheminée à

l’aide de trois bout de fil de fer fixé au niveau de la moitié de la hauteur de la cheminée et au sol à l’aide des piquets

Etape n°1 (A): Réunir le matériel :

• récipient métallique (boite de conserve) d’environ 20 L.

• cheminée en aluminium ou autre métal, d’environ 15 cm de diamètre et de 2 à 2,5 m de haut

• burin ou couteau, fil de fer, pinces coupantes et marteau

• piquets en bois ou en fer pour fixer le fil de fer au sol

• Charbon de bois • 1 m3 de balle de riz si possible

fraîchement usinée • alcool ou autre combustible • allumettes ou briquet • Pelle pour remuer la balle • Tuyau d’arrosage branché

Principales caractéristiques de la balle de riz carbonisée :

• matériel très léger (150 g/l) • manipulation facile • grande capacité de drainage • pH légèrement alcalin • Riche en minéraux, principale-

ment en calcium et potassium

• Capacité de rétention d’humidité faible

• Matériel stérile • Rapport C/N de 39/1 • Matière première facile à obtenir et

de faible coût • Composant pour substrat de très

bonne qualité

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 6 -

Etape n°4 (D) : • allumer le charbon à travers les

trous percés sur les cotés, à l’aide de l’alcool ou de papier journal, jusqu’à l’obtention de braises

• Faire bien attention à refermer la bouteille d’alcool et à l’éloigner, ainsi que tout autre combustible, de la zone de carbonisation avant d’allumer le feu

Etape n°5 (E) : • transvaser la balle de riz sur la

boite métallique afin de former un tas en forme de cône renversé dont le sommet atteindra la moitié de la hauteur de la cheminée

• Au cours de la carbonisation, remuer le tas de balle pour éviter qu’elle entre en combustion jusqu’à ce que l’ensemble prenne une couleur très sombre, presque noire

Etape n°6 (F) : • quand le tas de balle a pris une

couleur très sombre, presque noire, il faut arrêter la carbonisation en l’arrosant abondamment au jet afin qu’il refroidisse

• Mettre en sac la balle carbonisée et l’entreposée dans un endroit sec en évitant toute contamination par des insectes nuisibles

Au cours de l’étape n°5 il faut faire particulièrement attention à ne pas laisser se former des flammes à la surface du tas en ramenant régulièrement de la balle prélevée à la base du tas avec la pelle sur les cotés, là où les flammes apparaissent. Quand le tas est carbonisé, soit on rajoute de la balle fraîche, pour en carboniser plus, soit on ouvre le tas et l’on passe à l’étape n°6. Il faut pratiquement 5 heures pour carboniser un m3 de balle, le volume du tas initial étant réduit de moitié au cours de cette opération. D’autres types de matériel peuvent être utilisés pour former le four de carbonisation, tel que celui présenté sur la photo de gauche. Dans ce cas, étaler une couche épaisse de sciure autour de la cheminée, la mettre en combustion et la recouvrir de la balle de riz. Il est conseillé de pratiquer cette technique sur une chape dure, soit en terre, soit en ciment. Il existe aussi des fours à charbon adaptés à la production industrielle, permettant de carboniser en continu la balle rejetée lors de la phase de décorticage. La balle de riz carbonisée peut être aussi utilisée comme amendement, en l’incorporant au sol sur la ligne de plantation ou de semis, à raison de 10 à 20 tonnes par hectare. Elle permet d’améliorer les rendements en augmentant le pH du sol (ce qui favorise l’assimilation du phosphore), en améliorant l’aération de la zone racinaire, la capacité de rétention d’eau du sol, et le niveau d’échange en potasse et magnésium. Toutefois, le niveau des résultats dépend aussi de la nature du sol et de la culture (recommandé entre autre pour le soja, les haricots, le maïs et le sorgho).

(Texte élaboré à partir des articles « O PREPARO DA CASCA DE ARROZ CARBONIZADA » Boletim Tecnico de Hortalizas No 012 UFLA et « Produção comercial de Plantas Ornamentais » Guaíba:Agropecuária, 2000. p.64-65. )

Presse pour balle de riz

Pressez, emballez c’est enlevé : La technique de compaction de la balle de riz en botte offre de nouveaux horizons à sa valorisation. Elle permet en effet de faciliter la manipulation, le transport et le stockage de ce matériau tout en le rendant moins vulnérable au feu. On peut ainsi approvisionner des fermes d’élevage de porcs, chevaux, poules ou bovins en balle de riz où elle servira de litière pour les animaux. Elle peut aussi être acheminée vers une unité de transformation de la

biomasse en énergie.

Manipulation et transport facilité

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 7 -

UNE CLÔTURE ECOLOGIQUE ET ECONOMIQUE A BASE DE GLIRICIDIA

Clôture Vivante en Gliricidia : en formation (2 ans) et adulte (12 ans)

La mise au point de systèmes agricoles durables a rendu nécessaire la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles afin de diminuer l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Le prélèvement de bois de clôture en forêt est ainsi remis en question par les chercheurs. Ceux-ci ont aussi essayé de rendre productif un poste économique qui ne l’était pas. Cela a été rendu possible par l’installation de clôtures vivantes composées de légumineuses arborées tel que le Gliricidia (Gliricidia sepium). La majorité des clôtures installées sur les exploitations agricoles guyanaises sont constituées de poteaux en bois, le plus souvent du wapa (Epurea falcata), et de fils de fer barbelés. Ce sont des clôtures mortes ayant soit un rôle défensif soit un rôle de séparation. La forte demande en bois de wapa et le recule du front forestier rendent de plus en plus difficile et coûteuse l’utilisation de cette essence pour clôturer les parcelles. L’usage de nouvelles techniques devient donc nécessaire et parmi celles ci les clôtures vivantes construites avec du Gliricidia constituent une alternative très intéressante. Les bénéfices et avantages que l’on peut en retirer sont nombreux :

• un coût d’implantation de 2 à 5 fois moindre que celui de la technique utilisant du wapa, et ceci pour une durée de vie de la clôture d’environ 25 ans

• production de fourrage (200 Kg par 100 m linéaires de matière sèche comestible) ayant une teneur de 15 à 30% en protéines

• redistribution au sol de l’azote de l’air fixée par les arbres en incorporant au sol les résidus de taille et les feuilles et branches tombées naturellement

• apport de matière organique au sol • de l’ombre pour les animaux, ce

qui améliore le rendement en viande ou en lait

• une protection du sol et donc une limitation de l’érosion

• limitation de l’incidence des vents • une production de bois pour la

construction ou le chauffage (20 à 40 m3/ha).

• Des principes médicinaux reconnus • Des fleurs source importante de

pollen et de nectar pour les abeilles • En taillant le Gliricidia d’une

certaine manière on peut obtenir de beaux effets esthétiques

Le seul frein à une plus large diffusion de cette technique est la difficulté de trouver des boutures en quantité suffisante pour la réalisation d’une clôture. Les arbres ne produisent des branches suffisamment épaisses que trois ans après semis. Un hectare de Gliricidia âgé de 20 ans plantés à une densité de 2500 pieds peut produire jusqu’à 11 200 boutures tous les 24 mois, soit 18 km de clôture si elles sont disposées tous les 2 m . Des recherches sont actuellement en cours pour trouver des techniques de production plus performantes

Branches de Gliricidia avant bouturage Gliricidia sepium (Jacq.) Steud : Le nom de genre Gliricidia signifie en latin « tueur de rats » et le nom d’espèce sepium signifie « clôture vivante » indiquant l’usage le plus populaire qui est fait de cette espèce. Le Gliricidia est un arbre de la famille des légumineuses. Il peut atteindre 12 à 15 m de haut, avec un tronc court d’un diamètre allant jusqu’à 30 cm. Il n’est pas épineux. Les inflorescences sont en racèmes et portent des pétales de couleur rose-lilas à blanc. Le fruit est une gousse de 10 à 17 cm de long pour 1,5 cm de large qui ne peut être obtenue que par fécondation croisée. Elle contient 3 à 8 graines. Celles ci ne présentent pas

Quelques précautions essentielles pour obtenir une plantation saine

Lors de la taille, une coupe horizontale forme une plateforme qui retiendra l’eau de pluie entraînant la pourriture du centre de l’arbre. Pour éviter cela, une coupe ayant un angle de 30-45% est recommandée.

Du fait de ne pas avoir eu l’écorce scarifiée sur les 30 à 40 premiers cm, cette bouture n’a pu raciner qu’à l’extrémité basale. Les racines latérales n’ont pas pu sortir pour renforcer l’assise du poteau vivant qui a été abattu par la première forte rafale de vent.

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 8 -

Inflorescences de Gliricidia sepium

plantations uniquement destinées à cet effet. Ces banques peuvent être mises en place à partir de graines ou de boutures. Les plants issus de graines présentent un système racinaire plus profond et plus étendu, ils sont de ce fait plus résistants à la sécheresse, mais leur ramification débute plus près du sol ce qui ne facilite pas la formation de branches à bouture. La production de ce type de plant doit ce faire en pépinière ombragée à 50%. Un kilogramme de graines en contient entre 4 700 et 11 000. Si elle sont semées juste après leur récolte elles ne nécessitent aucun traitement, par contre pour celles qui ont été entreposées en chambre froide quelques mois, il est recommandé de les scarifier à l’eau chaude (80°c) ou à l’acide sulfurique concentrée, pendant 4 minutes. Il est préférable d’inoculer les graines avec du rhizobium (souche BR 8801 et BR 8803) à raison de 6,5 g d’inoculant pour 500 g de semences. Pour cela il faut préparer un pâte en mélangeant 25O g de rhizobium à 200-300 ml d’eau, pâte

que l’on mélange à la quantité de semences correspondant. On laisse ensuite sécher les graines inoculées à l’ombre puis on les sème dans les 24 heures suivant l’inoculation. Il est aussi possible d’inoculer des champignons à mycorhize qui permettront au plant de mieux absorber les éléments nutritifs. Dans des régions ayant + de 600 mm de précipitations annuelles et au début de la saison des pluies on peut semer directement au champ, après préparation d’un lit de semence En pépinière, il est recommandé d’utiliser un substrat composé de 30% de sable, 30% de terre et de 40% de fumier bien décomposé ou autre compost organique. Les graines doivent être enterrées à une profondeur de 1-2 cm. Le semis doit être arrosé 1 à 2 fois/jour. Les graines fraîches germent en 3-4 jours à 80-90%. Si nécessaire, un premier repiquage peut être fait au bout de 7-8 jours. Avant d’envoyer les jeunes plants au champ il est recommandé de les acclimater en les sortant 2 semaines avant de la pépinière et en réduisant l’arrosage. (A suivre page 13)

Gliricidia en période de floraison

de dormance et perdent leur pouvoir germinatif en 3-4 mois. La période allant de la floraison à la maturation des fruits est courte (40 à 55 jours). Le feuillage présente une odeur douceâtre due à la présence de coumarine, substance aromatique que l’on trouve dans certains condiments. Les feuilles sont normalement imparipennées (foliole terminal impaire). Elles mesurent 15 à 25 cm de long et sont constituées de 3 à 17 folioles opposés. Les folioles sont de forme oblong-ovalisée, coniformes à la base, aigus au sommet et mesurent 4 à 6 cm de long. Le Gliricidia est originaire d’une zone allant du nord de l’Amérique du sud jusqu’au Méxique. Il a été ensuite introduit en Afrique tropicale, dans le sud- est asiatique, en Amérique du sud et dans les Caraïbes. Quand les Espagnols ont conquis l’Amérique centrale il était déjà utilisé comme clôture vivante. Le Gliricidia est une espèce caractéristique des régions tropicales et s’adapte à des hauteurs allant du niveau de la mer jusqu’à 1 500 m d’altitude. La meilleure croissance est pourtant obtenue en zone de climat chaud recevant entre 1 500 et 2 300 mm de précipitation/an. Des températures comprises entre 22 et 28°c sont optimum. Cette espèce est tolérante à la sécheresse.

G. sepium pousse dans une diversité de sols allant des sols sableux aux vertisols profonds de couleurs sombres. Il peut s’établir sur de fortes pentes et résiste bien à la compétition des mauvaises herbes. Il pousse moins bien en sols pauvre en matière organique, en sols drainant mal ou trop compactés. Il tolère des sols acides (pH 4,3 à 5) mais ne supporte pas les sols très alcalins. Formation de ‘banques’ de pied-mères ou de matrices : La manière la fiable et la plus recommandée pour obtenir des poteaux vivants est la formation de ‘banques’ de production de boutures. Ce sont des

(a) plant de 3 mois et 10 jours ; (b) plant de 16 mois dont le tronc (c) présente déjà un

diamètre de 3 à 5 cm

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 9 -

FRUITIERS D’AMAZONIE – FICHE N°1 : LE BOROJO OU PURUI GRANDE

Sous le nom de borojo (Espagnol) ou de purui grande (Portugais) se cachent en réalité deux espèces très voisines ayant pour noms scientifiques Borojoa patinoi Cuatrec. et Borojoa sorbilis (Ducke) Cuatrec.. Ces deux arbustes fruitiers appartiennent à la famille des Rubiaceae (comme le café). Leurs régions d’origine sont différentes, Colombie (Zone du Choco, sur la côte Pacifique), Costa Rica, Venezuela et Panama pour B. patinoi et sud-ouest du bassin amazonien (Brésil, Bolivie et Pérou) pour B. sorbilis. Ce sont des espèces propres aux sous-bois des forêts tropicales humides aux sols acides à dominance argileuse. Elles sont donc particulièrement adaptées aux cultures en association de type système agroforestier, mais sont relativement difficiles à cultiver en monoculture. Dans leur milieu naturel, leur production oscille entre 12 et 30 fruits/arbre/an, mais, en améliorant les conditions agronomiques, elle peut atteindre en culture 50 fruits/an/arbre, sur une durée d’exploitation variant de 30 à 50 ans. Le fruit mûr, du fait de ses qualités physiques, chimiques et gustatives, présente un potentiel extrêmement intéressant pour des usages alimentaires, médicinaux et industriels. En Europe son développement commercial est malheureusement freiné par la directive 258/ 97/CEE sur les nouveaux aliments.

Description botanique : Borojoa patinoi Cuatrec. Arbuste de 3-5 m de haut, aux branches érigées, aux feuilles décussées avec une stipule bien définie et coriace. C’est une plante dioïque. Les fleurs mâles sont en capitules. Leur calice est court , de forme prismatique ou conique. Elles sont dépourvues d’ovaire ou si celui ci existe il est rudimentaire et non fonctionnel. Les fleurs femelles sont solitaires et terminales, elles portent deux paires de stipules bractéiforme et six stigmates plus larges. L’ovaire est infère, avec un calice ombiliqué à la base, six cavités et beaucoup d’ovules. La corolle est constituée de six à neuf pétales. Les étamines sont vides ou stériles. Le fruit est une baie charnue de 7 à 12 cm de long pour un diamètre similaire. Il peut être pyriforme et généralement aplati au sommet. Il est de couleur verte mais vire au brun à maturité. La pulpe est constituée par le mésocarpe et l’ endocarpe, sans séparation apparente avec l’écorce. Elle contient en moyenne 330 graines

Borojoa sorbilis (Ducke) Cuatr. Arbuste de 4-6 m de haut au tronc droit et fin (10 cm de diamètre max.). Les branches sont opposées et portent une écorce ferrugineuse qui se détache en lamelles. Les feuilles sont grandes, coriaces, opposées, de 25 à 45 cm de long pour une largeur de 15 à 20 cm. Elles sont de taille plus grande sur les branches stériles. Leur forme est oblongue, plus ou moins ovalisée, avec une base courte et obtuse et un sommet plus ou moins acuminé. Les fleurs sont unisexuées, situées au bout des ramilles. Les inflorescences mâles sont multiflores, de couleur blanche, tubuleuses, et font 2,5 à 3 cm de haut, alors que les fleurs femelles sont solitaires et ont une corolle de 2,5 cm de haut. Le fruit est globuleux, de 6 à 8 cm de diamètre, et possède un péricarpe consistant avec une pulpe brunâtre contenant de nombreuses graines de forme presque triangulaire et de 8 à 10 mm de long. Son poids oscille de 300 à 1000 g avec une moyenne de 600 g. A maturité l’exocarpe (peau) est de couleur marron foncé.

Fleurs mâles Fleur femelle Arbre adulte

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 10 -

La plante et sa culture : Méthodes de propagations avant greffage : Le borojo se propage par graine. Celles ci sont prélevées dans des fruits mûrs provenant d’arbres sélectionnés, puis elles sont lavées à l’eau et séchées à l’ombre pendant au moins deux jours. Si elles sont entreposées dans un endroit frais elles peuvent conserver leur viabilité pendant plusieurs mois. On doit faire germer les graines à l’ombre, dans un substrat composé de sciure décomposée, de sable ou de balle de riz carbonisée et de terre végétale. Il faut veiller à ce qu’il reste en permanence humide. Il est recommandé de ne recouvrir les semences que très légèrement. Le poids de 1000 graines est de 220 g. La germination est de type épigée. L’émergence des plantules débute 25 jours après semis et se prolonge jusqu’au 55éme jour. Le pourcentage de germination des graines fraîches est de l’ordre de 80%. Les plantules récemment germées ressemblent à des bâtons d’allumette. A ce stade elles sont transplantées dans des sacs en polyéthylène et mises en pépinière totalement ombragée dans une atmosphère très humide. Au bout de deux semaines, les plantules transplantées ont du raciner, ce qui permet de diminuer au fur et à mesure l’ombrage (jusqu’à 50%). les jeunes plants de borojo ne doivent pas être exposés directement aux radiations solaires. La croissance de la plantule est très lente. Elle devra donc rester en pépinière pour une période d’environ 1 an, jusqu’à ce qu’elle atteigne la taille adéquate (35 cm) pour être transplantée définitivement au champ. L’espèce étant dioïque, les plants mâles (théoriquement 50% des plants) ne produisent pas de fruit, ce qui rend nécessaire la propagation de plants femelles (qui donnent des fruits) par voie asexuée. Celle ci peut être faite par bouturage, par greffage ou par marcottage. Les boutures doivent avoir entre 2 et 5 cm de diamètre et au minimum 30 cm de long, et bien sur provenir de plants femelles. Les substrats utilisés pour le bouturage sont composés soit de sable, de mousse et de matière organique dans la proportion de 2:1 :1, soit de balle de riz carbonisée et de terre végétale du commerce dans la proportion de 1 :1, soit de la sciure décomposée. Les boutures doivent être placées dans un milieu ou l’humidité relative de l’air est supérieure à 85% et complètement ombragé. On peut effectuer cette opération de bouturage directement sur le lieu de plantation définitive, en plein sol, mais dans ce cas le pourcentage de réussite est très

Greffe anglaise terminale

variable. Les systèmes de greffes les mieux adaptées au borojo sont la greffe anglaise et la greffe en fente. Le marcottage, pour lequel on utilise la terre se trouvant au pied de l’arbre marcotté, ne réussit que dans 55% des cas, ou 77% si on applique de l’acide naphtaleno-acétique (ANA) à une concentration de 500 ppm. Pour obtenir le nombre de pieds femelle désiré, la méthode la plus sûre , la plus facile à réaliser et la plus productive reste le greffage, d’autant plus qu’il est possible de greffer sur des pieds d’un à trois ans. Il faut prendre la précaution de conserver 5% de pieds mâles pour assurer une bonne pollinisation. Pratiques culturales et productions : La densité de plantation recommandée est de 625 pieds/ha, avec un espacement de 4x4m. B. patinoi commence à produire au bout de trois ans, parfois plus tôt pour les plants multipliés par voie asexuée. Pour la densité indiquée, le rendement espéré est de 15 à 20 tonnes/ha, soit 30 000 fruits. La production peu varier d’une année à l’autre car l’espèce présente des alternances de ‘bonnes’ et de ‘mauvaises’

années. Pour B. sorbilis l’espacement utilisé est plus grand, soit en 5x5 ou en 6x6 m. La fructification débute plus tard, vers la cinquième ou la sixième année, et le rendement annuel est de 5 à 6 kg de fruits/arbre/an. Le borojo requière de l’ombre, comme le café, il est donc impératif de le planter en association avec d’autres plantes qui vont fournir de l’ombre de façon temporaire ou définitive. Afin d’assurer un bon entretien de la plantation et faciliter la récolte les pieds de borojo doivent un être maintenus à une hauteur de 3 m, un étêtage est donc nécessaire. Une taille d’entretien est aussi pratiquée. Ces tailles sont effectuées juste après la récolte principale. En Colombie on distingue deux période de récolte, une principale (60 à 80% de la production), de novembre à mars, donc pendant la période de moindre précipitations, et entre avril et octobre, là où les pluies augmentent. A Belém, dans l’Etat du Para au Brésil, la période de récolte se concentre sur les mois de février et mars. En Colombie il est recommandé de fertiliser les arbres en production avec un engrais de formulation 15.15 .15, à raison de 250 à 500 g/arbre. Principaux ravageurs et maladies : Sur borojo il n’a jamais été détecté de ravageurs ou de maladies, à l’exception des fourmis maniocs qui peuvent défolier rapidement des plants entiers si elles ne sont pas contrôlées. Occasionnellement il a été trouvé un petite papillon dont les chenilles minent les feuilles. S’il n’y a pas de maladies répertoriées sur borojo, il existe certains problèmes physiologiques liés aux carences en fer et en bore sur des sols calcaires, résultant en l’apparition de taches noires sur la peau du fruit. L’apparition de crevasses sur sa partie postérieure, qui résultent de l’action directe des rayons de soleil, sont à craindre en période de fort ensoleillement.

Vente de fruits mûrs de borojo

Technique de récolte et post-récolte : Les fruits de B. sorbilis sont récoltés au sol, après leur chute naturelle quand ils ont achevé leur développement. Dans cette situation les fruits sont très périssables car ils ont atteint la maturité adéquate pour être

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 11 -

ECHO DES ABATTIS N°1 : GLOSSAIRE DES TERMES TECHNIQUES

Document A DETACHER pour une utilisation facilitée – Ne pas jeter sur la voie publique

AMELIORER LA PRODUCTION DE CUPUACU GRÂCE A QUATRE NOUVEAUX CLONES

Clone : Un clone végétal est un individu ou un ensemble d'individus issus d'un unique individu ("pied mère") par voie de multiplication végétative, donc pas par voie sexuée : les procédés de bouturage, marcottage, éclat de touffe, greffage, multiplication cellulaire in vitro produisent des clones. Cultivar : Un cultivar est une variété de plante obtenue en culture, et obtenue généralement par sélection. Pollen (2) : élément fécondant mâle de la fleur : ce sont de minuscules grains de forme plus ou moins ovoïde de quelques dizaines de micromètres de diamètre, initialement contenus dans l'anthère à l'extrémité des étamines [Etamine = anthère (1) + filet (3)]

pH : Abréviation du terme potentiel hydrogène (H), le pH est un paramètre qui permet de définir si un milieu est acide ou basique. Le pH de l’eau pure à 25°C est égal à 7, c’est cette valeur qui a été choisie comme référence d’un milieu neutre. °Brix : Le degré Brix (°B) sert à mesurer la fraction de sucre dans un liquide (en d'autres termes pourcentage de matière sèche soluble). L'appareil utilisé est un réfractomètre (ou aréomètre). fongicide : Un fongicide est un produit phytosanitaire conçu exclusivement pour tuer ou limiter le développement des champignons parasites des végétaux. auto-incompatibilité : Les fleurs d’un plant ne peuvent se féconder entre elle, voir dans le cas du cupuaçu, les fleurs de plants d’un même cultivar.

LA BALLE DE RIZ CARBONISEE : un substrat recyclant les résidus de l’industrie rizicole balle de riz : Enveloppe enfermant le grain de riz

substrat : ou support de culture. Le substrat est l'élément dans lequel un végétal vit et puise les minéraux dont il a besoin, en général on appelle cela "de la terre". carbonisation : transformation en charbon. biodégradation : est la décomposition/dégradation de matières organiques par des micro-organismes (bactéries, champignons et algues). Les matériaux sont convertis en dioxyde de carbone (gaz carbonique), eau et en biomasse (cellules des micro-organismes qui utilisent le matériel comme une source de carbone pour se développer). Le procédé de biodégradation est souvent utilisé pour le traitement des déchets. Hydroponie : L'hydroponie ou culture hydroponique (ou agriculture hors-sol) est la culture de plantes réalisée sur substrat neutre et inerte (de type sable, pouzzolane, boulettes d'argile, mousse de polyuréthane, fibres, laine de roche, etc.). Ce substrat est régulièrement irrigué d'un courant de solution nutritive. Alcalin : synonyme du mot basique. Dans le concept chimique Acide/Base il qualifie les produits (appelés bases) dont le pH est supérieur à 7, alors que ceux dont le pH est inférieur à 7 sont appelés acides. Rapport C/N II permet d'avoir une idée moyenne de l'état de dégradation de la matière organique d'un sol : optimal de 9 à 10. • Un C/N élevé indique un excès de carbone, signe d'une mauvaise dégradation des matières organiques, sauf dans le cas d'anciennes forêts ou de landes. Votre sol peut manquer d'oxygène, soit à la suite de tassements, soit à cause d'excès d'eau (hydromorphie). Un pH faible peut également être responsable d'un C/N élevé.

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 12 -

• Un rapport C/N faible est un signe de consommation rapide des matières organiques. Ces sols donnent souvent de bons résultats agronomiques, mais ils s'appauvrissent, ce qui entraîne des risques de déstructuration et de blocage de la nutrition des plantes. Pour les sols destinés aux cultures il permet d’estimer les risques de carence en azote : - C/N < 15 : production d'azote,- 15 < C/N < 30 : besoin en azote couvert, - C/N > 30 : consommation d'azote prélevé dans les réserves du sol. UNE CLÔTURE ECOLOGIQUE ET ECONOMIQUE A BASE DE GLIRICIDIA Dormance : C’est une période de repos naturel au cours duquel la graine attend que les conditions soient adéquates pour germer. Lors de la dormance, la germination de la graine est inhibée par des substances chimiques présentes dans le fruit qui entoure la graine, ou dans la graine elle-même. Tant qu'elle est présente en quantité suffisante, cette substance retarde la germination. Pour lever la dormance, des réactions chimiques doivent se produire. Humidité, température et/ ou luminosité déterminées agissent sur la production des hormones végétales, et donc sur la durée de dormance. Imparipennées : feuille composée d'un nombre impair de folioles Foliole : est chacune des petites feuilles qui forme au final une seule feuille Rhizobium : Bactérie aérobie qui fixe l'azote et vit en symbiose avec les racines des légumineuses, provoquant des nodosités (sortes de grosses verrues fixées sur les racines) . Mycorhize : Association symbiotique entre le mycélium d'un champignon et les racines d'une plante. En général cette association résulte en une meilleure alimentation des plantes dont les racines sont mycorhizées

FRUITIERS D’AMAZONIE – FICHE N°1 : LE BOROJO OU PURUI GRANDE

Description botanique : Décussée : Se dit d'organes placés perpendiculairement l'un par rapport à l'autre. Stipule : Appendice foliacé ou épineux situé par deux à la base du pétiole d'une feuille.

Coriace : Rigide, ayant la consistance du cuir Dioïque : Se dit des espèces de plantes à fleurs unisexuées, qui possèdent des individus portant uniquement des fleurs mâles (fleurs staminées) et d'autres individus uniquement des fleurs femelles. Capitule : Inflorescence formée de fleurs sessiles insérées côte à côte (en spirale) sur un support commun, une des caractéristiques de la famille des composées

Calice : L'enveloppe la plus externe de la fleur, formée des sépales protecteurs, libres ou soudés, généralement de couleur verte.

Bractéiforme : Se dit d'un organe de petite taille ressemblant à une bractée (Petite feuille qui accompagne la fleur, donc situé juste sous la fleur, là où le pédoncule est rattaché à la tige, et qui diffère des autres feuilles par sa forme ou sa couleur).

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 13 -

Stigmate : Partie supérieure gluante du pistil sur laquelle se fixent les grains de pollen au moment de la pollinisation. Ovaire infère : Se dit d'un ovaire placé au-dessous du calice et des autres parties de la fleur, contraire de supère.

ovaire infère ovaire supère Ombiliqué : Offrant au centre une dépression en forme de nombril (ombilic). Opposée : Se dit de feuilles ou bourgeons disposés par deux de chaque côté d'un noeud, donc à la même hauteur sur la tige, l'une en face de l'autre. Quand plusieurs feuilles (>2) partent d’un même point on dit qu’elles sont verticillées. Quand elles partent de nœuds différents de la tige on dit qu’elles sont alternes.

feuilles opposées feuilles verticillées feuilles alternes Obtuse : À sommet arrondi, non aigu Acuminée : Organe dont le sommet est terminé progressivement en pointe allongée et effilée

Acuminée

Corolle : Enveloppe intérieure, formée par l'ensemble des pétales. Généralement de couleur différente du calice. Les pétales peuvent être soudés aux sépales ou entre eux sur une longueur plus ou moins grande et donne une fleur en cloche ou en tube..

Mésocarpe : Couche médiane d'un péricarpe (Enveloppe du fruit, provenant du développement des parois de l'ovaire; il est simple (noisette), à deux couches (baie) ou à trois couches (drupe).) Endocarpe : Partie interne du péricarpe Oblongue : plus longue que large et à bords + ou – parallèles

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 14 -

Exocarpe : couche externe du péricarpe du fruit Epigée : qui pousse au dessus du sol

LES SYMPTOMES DE CARENCES NUTRITIONNELLES CHEZ LE COROSSOLIER Limbe : Partie élargie de la feuille qui contient les cellules chlorophylliennes responsables de la photosynthèse. Pétiole : structure semblable à une tige qui réunit la feuille à la tige de la plante ; une feuille sans pétiole est dite sessile

Chlorophylle : Un des deux pigments responsables de la couleur verte de la majorité des plantes. C'est un composant essentiel de la machinerie photosynthétique pour absorber l'énergie solaire. Chlorose : Apparition de couleurs jaunes chez les plantes due au manque de synthèse ou à la décomposition de la chlorophylle. C'est généralement un symptôme d'une mauvaise nutrition ou d'une infection par un pathogène. Marginale : qui caractérise le bord des feuilles. Tissus meristématique : Tissu végétal indifférencié (cellule souche) mais déterminé (spécialisé pour produire un certain type de tissu), dont les cellules sont capables de se diviser activement et se différencier en tissus spécialisés comme les racines et les pousses .

L’INTEGRATION DU RAMBOUTAN DANS DES SYSTEMES AGROFORESTIERS

Pérenne : une plante pérenne, ou plante vivace , est une plante vivant plus de deux ans, contrairement aux plantes dites bisannuelles. système agroforestier sequentiel : les différentes composantes du système ne sont pas présentes simultanément sur la parcelle mais se suivent, par exemple une jachère arborée en alternance avec une utilisation agricole classique de la terre, ou se recouvrent partiellement dans le temps, par exemple plantation d'arbres pour jachère améliorée avant la fin du cycle agricole. Système agroforestier simultané : les différentes composantes sont présentes simultanément sur la même parcelle. Exemples: arbres dans un pâturage, association d'arbres et de cultures pérennes (fruitières ou autres). Ce type de disposition peut aussi être appelé coïncident.

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 15 -

consommés. De ce fait il est conseillé de les collecter quotidiennement afin d’éviter que les fruits ne s’abîmes au sol, ou qu’ils soient consommés par des animaux. Après leur récolte les fruits doivent être lavés à l’eau courante et entreposés dans un endroit ombragé et bien ventilé. Des études effectuées sur B. patinoi indiquent que le fruit n’arrive pas à maturité si il est cueilli vert. De ce fait le fruit doit être aussi récolté dès qu’il est tombé au sol ou au stade « mûr ». on arrive à déterminer ce stade en repérant le moment où la branche portant le ou les fruits perd toutes ses feuilles, ou quand le fruit prend une couleur vert obscure et/ou quand les stipules des fruits pourrissent. Récolté à ce stade le fruit peut être transporté sur de grandes distances dans des emballages courants, contrairement à ceux récoltés sur le sol qui doivent être transporté rapidement et dans des emballages spécifiques, ce qui augmente les coûts de commercialisation. La maturation peut s’induire en chambre humide (près de 100%)et à une température supérieure à 20°c. La plus petite perte de poids est obtenue à un degrés d’humidité relative de 100% et à une température de 30°c. Les fruits récoltés au sol atteignent en 24 h leur maturité dans cette chambre, et les fruits récoltés au stade « mûr » peuvent demander jusqu’à 20 jours pour mûrir.

Coupe d’un fruit de borojo

.Perspectives d’amélioration de la culture Diversité génétique : Il a été observé une certaine diversité génétique dans la forme des fruits (globuleux à pyriformes) mais elle n’a pas fait l’objet d’études. Les deux espèces de borojos sont si ressemblantes qu’il est permis de penser que ce sont

peut être deux variétés d’une même espèce. La diversité chez B. patinoi est un peu plus grande, puisqu’en plus de la forme des fruits, on trouve aussi des fleurs présentant des différences dans leur nombre de lobules sur leurs corolles (5 à 9), pour un même nombre d’étamines, et des fruits ayant de 5 à 8 compartiments carpellaires. Disponibilité en ressources génétiques : A l’INIAP, en Equateur, et à l’ICA en Colombie, il a été semés quelques écotypes de B. patinoi pour tester leur adaptation en région amazonienne. L’INPA, au Brésil, cultive en collection trois écotypes sylvestres de B. sorbilis Utilisation et commercialisa-tion : Formes d’utilisation : La pulpe, de consistance pâteuse, de saveur aigre-douce, sert à préparer des jus, des marmelades, des confitures, des compotes, des glaces et le vin de borojo. Elle peut se conserver six mois à l’air ambiant et au réfrigérateur dans un bocal fermé hermétiquement, sans besoin d’additifs. On peut la déshydrater pour fabriquer des jus plus tard en la réhydratant. Composition chimique et valeur nutritionnelle : Les fruits de B. patinoi pèsent en moyenne 740 g (250 à 1 000 g). Ils sont composés à 88% par la pulpe et à 12% par les graines et la peau. Ils contiennent environ 65% d’eau. Leur pH est de 2,8 à 3, et leur valeur énergétique approximative de 93 calories pour 100 g de pulpe. Celle ci à une teneur élevée en phosphore (4 à 160 mg/100 g soit 20% des besoins journaliers chez l’adulte)) et en aminoacides (>6 mg/100 g) et un bon niveau en carbohydrates (24,7 g/100 g), en fer (1,5 mg/100 g) et en calcium (25 mg/100 g). Le contenu d’1 kg de pulpe de borojo équivaut à celui de 3 kg de viande. Propriétés médicinales : Les populations natives des régions d’origine du borojo l’utilisent pour soigner les reins et les poumons (sous forme d’emplâtres), ainsi que pour combattre la malnutrition, ou pour augmenter leur potentiel sexuel. Commercialisation : Actuellement Le borojo est essentiellement commercialisé en Colombie, au Pérou et au Brésil (Amazonie). Ce fruit fait partie des productions émergentes dont l’arôme, la saveur et les caractéristiques alimentaires offrent des possibilités pour le développement d’un marché vers les pays de zone tempérée. Son exportation vers les pays européens reste néanmoins freinée par la Directive sur les nouveaux aliments (voir page 20).

Processus de fabrication du vin de Borojo :

� Sélection des fruits (degrés de maturité >90%, bon aspect , bonne odeur, belle couleur, absence de pourritures, …)

� 3 phases de lavage ( 1er à l’eau potable, 2éme dans une solution d’hypochlorite de calcium à 5%, 3éme à l’eau potable pour éliminer toute trace de désinfectant)

� inactivation enzymatique par échaudage à la vapeur (110°c)

� Dépulpage avec adjonction d’eau à raison de 90 litres pour 22 Kg de fruits. Ce jus atteint les 85°Brix dans 70% des cas.

� Formation du mout par ajout de sucre et d’eau, le mélange étant porté à 75°c et devant atteindre les 19°Brix.

� Fermentation : on l’inocule avec des enzymes biologiques (levures) et on le laisse fermenter une trentaine de jour. La fermentation produit de l’éthanol et du dioxyde de carbone.

� Maturation : La maturation dure trois mois, la perte de mout est de l’ordre de 24% (pour un mélange de départ de 6500 l on obtient au bout de 3 mois 5000l°

� Clarification : filtrage, soutirage, et/ou collage

� Contrôle de la qualité � Mise en bouteille

Ensachage des fruits pour les protéger contre les ravagerurs

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 16 -

Un exemple de module agroforestier intégrant le Borojo : Ce système est composé de trois espèces végétales, une principale, le borojo (Borojoa patinoi), une associée, le papayer (Carica papaya) et une de soutien agro-écologique, le Leucaena (Leucaena leucocephala). Le papayer est planté pour fournir de l’ombre aux jeunes plants de borojo et pour récupérer rapidement une partie des investissements mis en œuvre dans ce système. Le Leucaena, en tant que légumineuse, fourni de la matière organique et enrichi en azote le sol. Le borojo peut produire au moins sur 20 ans, le papayer pendant 2 ans et le Leucaena est pérenne. La seule contrainte du système est la fragilité des fruits qui sont produits, ils doivent donc atteindre rapidement les lieux de vente. La main d’œuvre familiale, sur une base de 3 membres, est suffisante pour gérer ce type de plantation au moins jusqu’à 4 ha. Il est impératif qu’au moins un des membres ait des connaissances sur la plantation, le greffage et la taille du borojo, et sur la récolte et les techniques de post-récolte pour le borojo et la papaye. Le schéma d’installation de la plantation est de type « culture en couloirs ». Entre deux bandes de Leucaena, plantés à une densité de 949 pieds/ha en double file et espacées de 13,5 m, on trouvera deux lignes de borojos plantés à une densité de 370 pieds/ha (4x4 m) à 4 m des Leucaena, et 3 lignes de papayers plantés à une densité de 556 pieds/ha (4x4 m) à 2m des lignes de borojo et de Leucaena (voir schéma n°1). Les conditions requises pour mettre en place ce système sont :

• Précipitations annuelles de 2 000 à 4 000 mm • Températures comprises entre 20 et 35°c • Humidité relative moyenne annuelle de 75 à 90% • Altitude de 0 à 6OO m au dessus du niveau de la mer • Nappe phréatique à 1,2 m sous la surface du sol

Les trois espèces végétales sont multipliées par semence, en pépinière, dans des sacs en polyéthylène perforés (15x8 cm). Pour obtenir un bon taux de germination des graines de Leucaena, il est recommandé de les laisser tremper pendant au moins 24 heures dans de l’eau froide et de les semer en sac. Les plants sont laissés en pépinière jusqu’à ce qu’ils atteignent 30 à 40 cm, puis ils sont plantés au champ. Pour les papayers, le semis en sac doit se faire dans un substrat composé à 50% de terre et 50% de matière organique. Les graines sont implantées à une profondeur de 1,5 à 2 cm. Avant leur plantation au champ, ce dernier doit être débarrassé de toute végétation. Ensuite le positionnement des différents plants est balisé. Pour les terrains plats les lignes de plantation doivent être dirigées d’est en ouest pour permettre aux papayers et aux bandes de Leucaena d’assurer l’ombrage partiel permanent requis par le borojo. Pour les terrains en pentes elles doivent suivre les courbes de niveau. Les trous de plantation doivent avoir 20 cm de coté et 30 cm de fond. Conduite des pieds de borojo : (voir article ci-dessus) Conduite des papayers : La conduite de cette culture est classique. A la première floraison, un démariage des plants mâles est effectué, il faut veiller à en laisser un nombre suffisant (10% du nombre total de pieds) pour assurer une bonne pollinisation. Conduite des bandes de Leucaena : La croissance initiale du Leucaena est rapide, les plants peuvent atteindre une hauteur de 80 à 120 cm en 6 mois, moment à partir duquel

Schéma n°1 : Module agroforestier composé de Borojo,

Papayer et Leucaena est effectuée la première taille. Tous les résidus de taille sont positionnés autour des pieds de borojo comme mulch, apportant ainsi, en se décomposant, une bonne partie des éléments nutritifs qui leurs sont nécessaires. Ils permettent aussi de freiner la croissance des mauvaises herbes. Les tailles doivent être renouvelées de façon cyclique environ tous les 100 jours, à partir du moment où les pousses apparues après la dernière taille se mettent à fleurir. Fertilisation des papayers et des borojos : La majorité des éléments sont apportés par le mulch de Leucaena déposé au pied des plants. Il est possible d’améliorer l’assimilation du phosphore et de la potasse par un apport conséquent de balle de riz carbonisée. Le fonctionnement du système dépend du sol sur lequel il a été implanté, la croissance des plants doit donc être régulièrement contrôlée afin d’apporter les éléments manquant au moyen d’engrais adaptés. Entretien de la parcelle : Un désherbage manuel (sabre ou rotofil) est nécessaire au moins quatre fois par an jusqu’à la troisième année. Il faut éviter de blesser les pieds des fruitiers. Il est recommandé d’arracher les adventices les plus agressives afin d’éviter qu’elles ne repoussent, tout en laissant se développer les plants de légumineuses rampantes naturellement présentes dans la parcelle. A partir de la quatrième année, le nombre de désherbage diminue, le développement des arbres freinant la pousse des adventices. L’implantation de légumineuse de couverture (Arachis pintoi, …) est conseillée, tout en évitant qu’elles ne concurrencent les fruitiers. Les points forts de ce système sont d’ordre économique (baisse de la quantité d’intrants, retour sur investissement rapide,…) et écologique (recyclage de nutriment, diminution des intrants chimiques…) (D’après CODESO – Module O3 Finca Integral – 1999)

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 17 -

(suite de la page 8) La production de plants par bouturage est la technique la plus utilisée, car elle permet d’obtenir des pieds mères productifs plus rapidement. Le bouturage peut se faire directement au champ (saison des pluies) ou en sac dans une pépinière. Les pieds mères obtenus par bouturage commencent à produire des branche à bouture au bout de 2 ans alors que ceux propagés par semence ne commence à produire qu’au bout de 3-5 ans. Les boutures sont prélevées de façon traditionnelle à la fin de la saison sèche (quand les feuilles tombent et les fruits sont mûrs), à lune montante. Des études (EMBRAPA) ont cependant montré que la meilleure reprise des boutures a lieu sur celles prélevées avent floraison, en début de saison sèche. Elles doivent mesurer au moins 1 m de long et avoir au minimum 4-5 cm de diamètre. Là aussi des études ont montré que le taux de réussite est plus élevé avec la partie basale des branches prélevées (donc celle la plus proche du pied mère), sachant que bien souvent on retire 2 à 3 boutures de chaque branche coupée. Il en est de même pour des boutures ayant 6 à 12 cm de diamètre par rapport à celles à section inférieure. Les boutures doivent être mis en pépinière le plus tôt possible, dans un intervalle inférieur à dix jours après leur coupe. Cette phase de pépinière permet de s’assurer du bon enracinement des boutures avant leur plantation, sachant que le taux de réussite est de l’ordre de 92%. Elles peuvent être mises à raciner dans des sacs en polyéthylène de 9 litres ou en bouteille PET utiliser pour les sodas, d’une contenance de 2 L et ayant été étêtées. La base est taillée en coin,

Production en pépinière de plants à partir de boutures

alors que le sommet est taillé en biseau. Le substrat utilisé est le même que celui pour les semis. La plantation des boutures enracinées se fait au début de la saison des pluies. Pour cela on ouvre des trous de 30x30x30 cm tous les 2x2 m ou 3x2 m. En sol peu fertile, on mélanger à la terre de plantation un peu de fumure de fond phosphatée. Les premières pousses apparaissent au bout de 40 à 70 jours, et atteignent 64 cm de long au bout de 160 jours. A ce stade on obtient en général 3 à 4 pousses par bouture. Pour les plants issus de semis il est conseillé de mettre en place un tuteurage leur de leur plantation car leur houppier offre une prise au vent qui peut les faire pencher. Quand les matrices issues de boutures atteignent la deuxième année post- plantation, on effectue une taille drastique, en retirant toutes les pousses afin de les préparer à la production de boutures de taille adéquate pour former des poteaux vivants, un an et demi plus tard. Les premiers poteaux sont donc produits au bout de 3,5 ans.

Production de boutures sur pieds de

plus de 20 ans On limitera le nombre de pousses à bouture au maximum à six par pied, la moyenne d’une plantation étant de 4,48 boutures/matrice. On ébourgeonnera les pousses supplémentaires, ainsi que celles apparaissant le long des futures boutures (ramifications).

Ebourgeonnage des futures boutures

On peut noter qu’il est aussi possible d’obtenir des boutures à partir de clôtures vivantes déjà installées, mais leur manutention est plus difficile du fait de la hauteur d’implantation (près de 2 m). première année. Elles se comportent en suite comme plante dominante.

Quelques insectes peuvent causer des dommages et poser problème lors de la formation des boutures, tels que Orthezia praelonga Douglas et quelques pucerons qui peuvent freiner le développement des pousses particulièrement au cours de la saison des pluies. Constitution d’une clôture : Le plus grande difficulté dans la constitution de clôture avec des poteaux vivant est d’en obtenir suffisamment possédant les dimensions recommandées : 2,5 m de long et 4cm de diamètre minimum. Dans les parcelles clôturées ne devant pas contenir de bétail ou juste des veaux, on peut réduire la taille des poteaux à 1,8 m., dans le cas contraire, avec 2,5 m de long, on a l’assurance que le bétail ne viendra pas brouter les jeunes pousses ce qui compromettrait la survie du gliricidia. Il faudra aussi évidemment choisir des boutures rectilignes, et vérifier qu’elles n’aient pas subi de blessures mécaniques car elles risqueraient de se ramifier à ces endroits. A l’inverse, il est recommandé d’entailler l’écorce de la base afin de favoriser l’enracinement au niveau de la partie qui sera enterrée. Pour être certains que les boutures s’enracineront bien , il est préférable de passer par une étape de pré-enracinement, en pépinière. Par ce procédé on est assuré d’un taux de reprise des boutures de 80 à 100%, alors qu’en plantant directement les boutures à leur emplacement définitif le taux est de 60 à 80%. Comme les boutures ont une hauteur relativement élevée, un système de support devra être installé soit en pépinière, soit à l’ombre d’un grand arbre.

Boutures en cours de pré-enracinement Cette phase de pré-enracinement va durer de 3 à 4 mois. Les boutures sont ensuite transplantées en sol humide, mais non saturé d’eau, propice au bon développement du gliricidia (sols drainant, non compactés). Le trou de plantation doit avoir 30 à 50 cm de profondeur. Veillez à ce que la bouture soit bien en contact avec le sol pour une bonne prise .Il est conseillé de tuteurer les

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 18 -

boutures avec des piquets a l’aide de bout de chambre à air, afin de conserver le plus possible un alignement rectiligne des boutures composant la clôture. En général on espace les poteaux vivants d’une distance de 2 m. La période de plantation doit correspondre au début d’une saison des pluies pour obtenir le meilleure résultat possible. Un engrais de fond et de la matière organique doivent être mélangés à la terre servant à reboucher le trou de plantation afin de « booster » le départ en végétation des poteaux vivants. Une seule personne peut planter de 50 à 100 boutures par jour. Toutes les techniques utilisées pour la formation de boutures destinées à former les banques sont utilisables pour celles destinées à former les clôtures.

Début d’enracinement d’une bouture En conditions favorables, il sera possible de fixer le fil de fer barbelé définitivement sur les plants bouturés au bout de deux ans après leur plantation. Au départ il sera donc nécessaire de positionner le fil de fer et de l’attacher au moyen des bouts de chambre à air utilisés pour accoupler les boutures et leur tuteur.

Fixation du fil de fer à l’aide d’un

crampillon, avec ou sans protection

La fixation définitive du fil de fer sur les plants de gliricidia se fait au moyen de crampillons, soit directement insérés dans le végétal, soit insérés en intercalant un morceau de chambre à air qui permettra de limiter la corrosion du fil de fer et de moins blesser les plants. Comme la croissance des plants bouturés ne se fait qu’à partir des bourgeons terminaux, il n’y a pas de risque de voir monter les rangées de fil de fer fixées au tronc, la seule croissance à ce niveau étant radiale (augmentation du diamètre). Conduite et entretien de la clôture vivante : Le gliricidia demande peu d’entretien. Hormis la première année où le nettoyage des mauvaises herbes pouvant entraver le bon développement des jeunes plants est conseillé. Les opérations d’entretien consistent en des tailles successives. Une seule personne peut tailler entre 80 et 150 poteaux de clôture par jour.

Etêtage des poteaux vivant avec détail

de la coupe (cercle) 2-3 mois après la plantation on ébourgeonne les poteaux, ne laissant que les pousses du sommet. Cette opération est reconduite 6 et 12 mois après, ceci afin de favoriser le développement du système racinaire. Après la troisième année, les plants peuvent être utilisés pour produire des boutures, pour cela ils sont étêtés au plus près de la zone apicale de croissance (Photo ci-dessus). Le gliricidia rejetant facilement, les coupes sévères comme les incendies ne l’empêchent pas de repartir du moment que l’aubier ne soit pas trop affecté. La taille des plants adultes (+ de 3 ans) se fait en fonction de l’utilisation secondaire réservée par l’agriculteur au poteaux vivants. Les usages possibles vont de la fourniture de fourrage aux animaux, la production de bouture, d’engrais verts, de bois de chauffe, d’ombrage pour les animaux, de coupe-vent ou une utilisation purement paysagiste. Un plant de gliricidia peut produire en condition tropicale au moins 7O kg de matière verte par plante et par an. On

estime qu’un kilomètre de clôture de gliricidia âgée d’au moins 5 ans peut produire 8 tonnes/an de matière sèche d’une teneur élevée en protéine (23%), en fibre (45%) et en calcium (1,7%). Ces caractéristiques en font un bon fourrage alternatif particulièrement au cours de la saison sèche .

Bovins à l’ombre des gliricidias Autres espèces de légumineuses pouvant servir de poteaux vivants : D’autres espèces peuvent être utilisées pour la construction de clôtures écologiques, particulièrement certaines du genre Erythrina (E. berteroana, E. poeppigiana, E. variegata, E. verna, E. velutina, E. falcata…) qui présentent comme le Gliricidia l’avantage de pouvoir être multipliées par bouturage. A l’inverse d’autres espèces présentent des difficultés d’enracinement par bouturage, mais restent intéressantes pour la construction de clôtures à condition de les multiplier par semis (Leucaena leucocephala, Calycophyllum spruceanum, Acacia pollyphylla, A. mangium,…). Considérations finales : L’installation de clôtures écologiques présente un coût égal ou inférieur à celui d’une clôture traditionnelle, en fonction de l’origine des boutures (auto-produites ou achetées). Mais leur utilisation rapporte de façon générale beaucoup plus d’avantages qui sont difficilement chiffrables (bénéfices écologiques, durabilité, création de produits,….). Leur intégration dans des systèmes d’utilisation rationnelle des surfaces agricoles (Agroforesterie, agro-sylvo-pastoralisme, récupération de zones dégradées) en font une composante à usage multiple de l’agriculture durable, même si à l’heure actuelle de nombreuses améliorations peuvent y être apportées par le biais de programmes de recherches. (D’après « Plantio de leguminosas arboreas para produção de moirões vivos e construção de cercas ecologicas » EMBRAPA Agrobiologia – Sistemas de produção 3. Dez. 2005)

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 19 -

LES SYMPTOMES DE CARENCES NUTRITIONNELLES CHEZ LE COROSSOLIER Les structures présentent dans le département n’offrent pas encore aux agriculteurs guyanais la possibilité d’effectuer les analyses de sol et foliaires nécessaires à une bonne gestion nutritionnelle de leurs cultures. L’observation des symptômes de carences reste donc un moyen relativement efficace pour déterminer les corrections de fumure à apporter aux plantations. Voici ceux que l’on peut observer sur corossolier : Phosphore (voir photo à droite : à gauche plant normal, à droite plant carencé) : Les symptômes de carence en Phosphore sont d’abord observés sur les feuilles les plus hautes. Elles présentent une largeur plus étroite et une taille réduite. Leurs bords et leurs sommets sont recourbés vers le bas. Les feuilles les plus basses retombent en parallèle à la tige et présentent une couleur vert-clair. En fonction de la sévérité de la carence, ces symptômes évoluent des feuilles inférieures vers celles du haut Les plants victimes de cette carence ont leur développement retardé, et au stade adulte présenteront un port réduit.

A gauche, corossolier non carencé (C) et corossolier carencé (-N),

A droite, feuille normale (C) et feuilles présentant divers niveaux de carence (-N)

Azote : Les feuilles les plus vieilles perdent graduellement leur coloration verte, à partir de la base du plant. Elle prennent une teinte vert–pâle uniformément sur le limbe, le pétiole et les nervures. Cette décoloration est associée à une baisse de la production de la chlorophylle. En cas de forte carence les feuilles virent au jaune. Cela aura pour incidence leur chute prématurée, et une réduction de la croissance du plant en hauteur mais aussi celle du diamètre du tronc. Les feuilles et les organes les plus jeunes sont moins touchés car ils monopolisent l’azote présente dans la plante.

Potasse : Les déficiences en potasse se caractérisent initialement par un verdissement intense du feuillage, accompagné d’une légère réduction des feuilles les plus jeunes. Sur les feuilles les plus âgées, à partir de leur sommet, on observera des chloroses marginales qui avanceront au fur et à mesure entre les nervures vers la partie centrale. D’abord de coloration vert-jaunâtre, elles deviendront marron en se nécrosant. La sévérité de la carence entraînera la chute précoce des feuilles et une instabilité de la croissance du plant. A gauche, corossolier non carencé (C) et corossolier carencé (-K),

A droite, feuille normale (C) et feuilles présentant divers niveaux de carence (-K)

A gauche, corossolier non carencé (C) et corossolier carencé (-Ca),

A droite, feuille normale (C) et feuilles présentant divers niveaux de carence (-Ca)

Calcium : Les feuilles les plus jeunes chez les plants carencés présentent des nécroses sur les bords des parties supérieures (sommet). Elles descendent ensuite le long de la nervure centrale. Ces nécroses ressemblent à des brûlures de couleur marron foncé. Les feuilles carencées ont tendance à s’enrouler sur elle-mêmes, les bords se recourbant vers le haut. Les autres feuilles conservent leur couleur d’origine. Les plants atteints présentent une taille plus réduite. Le développement apical est paralysé par la carence qui, de façon générale, induit une réduction de croissance des tissus méristématiques. Les feuilles tombent de façon prématurée.

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 20 -

Magnésium : Les premiers symptômes apparaissent sur les feuilles les plus âgées de la partie médiane des plants, celles ci présentant un léger jaunissement le long de la nervure principale qui reste verte comme le reste de la feuille. Au fur et à mesure que la carence devient plus sévère, le jaunissement gagne toute la feuille et tourne à l’orangé. Les feuilles tombent alors de façon prématurée. La croissance des plants carencés est aussi perturbée, hauteur et diamètre se trouvant réduits. Le magnésium s’accumulant dans les zones de croissance, les jeunes feuilles ne présentent pas de symptômes de carence car elles mobilisent le Mg disponible.

A gauche, corossolier non carencé (C) et corossolier carencé (-Mg) A droite, feuille normale (C) et feuilles présentant divers niveaux de carence (-Mg)

A gauche, corossolier non carencé (C) et corossolier carencé (-S)

A droite, feuille normale (C) et feuilles présentant divers niveaux de carence (-S)

Soufre : Les jeunes feuilles des plants carencés sont de couleur verte, mais d’un vert moins clair que celui des plants normaux. Leurs nervures sont plus pâles que le limbe. Elles sont de taille plus réduite et portées par un tronc plus mince que la normale. Plus la déficience en soufre sera sévère plus les feuilles de la partie supérieure vont se chloroser, tournant au jaune pâle, alors que les feuilles inférieures conservent leur couleur d’origine. La croissance des plants carencés est là aussi réduite.

L’impact de ces carences sur les plants de corossol se traduit automatiquement : par un développement restreint. A titre d’exemple, lors d’une expérience menée par l’EMBRAPA Amazonia Oriental, à Belém, sur jeunes plants fertilisés avec des solutions dans lesquelles un des éléments n’était pas apporté, il a été mesuré la hauteur et le diamètre des plants au moment ou les carences de chacun des éléments manquants furent bien établie. Ces résultats sont très révélateurs ( tableau 1) tout comme ceux des teneurs en macro-éléments relevés dans les feuilles (Tableau 2). La fertilisation du corossolier ne peut être optimisée sans analyse de sol, toute fois, de manière empirique, en fonction de la sévérité des carences observées visuellement, il est possible de se rapproché du tableau ci-dessous qui établie les doses d’engrais à apporter en fonction de la présence des principaux éléments dasn le sol. Les apports doivent se faire en début ou en fin de saison des pluies. Les engrais azotés, potassiques et magnésiens doivent être fractionnés en deux apports sur l’année. Ceux à base de phosphate doivent, particulièrement au cours de la phase de croissance des plants, être apportés en une seule fois, en début de saison des pluies. Les engrais recommandés sont l’urée, le superphosphate triple, le phosphate naturelle et le chlorure de potasse. A partir de la deuxième année il peut être apporté en plus du sulfate de magnésium dosé pour apporter une quantité de Mg égale au tiers de celle du K2O appliqué. Les engrais doivent être distribués et si possible incorporés pour 1/3 sous la végétation des arbres, et le reste à l’extérieur

N P2O5

Teneur du sol en P (mg/dm3) K2O

Teneur du sol en K (mg/dm3) AGE 0-10 11-20 >20 0-40 41-90 >90

-------------------------------g par plant----------------------------- 1 an 2 ans

3-4 ans 5-6 ans

7 ans et +

40 60 80 100 120

50 80 100 120 120

30 40 50 60 60

15 20 25 30 30

70 100 130 160 190

50 60 70 90 100

25 30 35 45 50

Recommandations d’apport d’engrais en culture de corossol en fonction des teneurs en macro-éléments mises en évidence par des analyses de sol

Carence Hauteur

(cm) Diamètre

(cm) Sans N P K Ca Mg S

174 37 58 75 51 70 124

20,85 5,9 8,2 9,74 7,07 8,87

16;67 Tableau 1 : Impact des carences en éléments nutritifs sur la hauteur et le diamètre de jeunes plants de corossol

Sans carence (g/kg)

Carence (g/kg)

N P K Ca Mg S

>14,30 0,8-1,0

11,90-13,10 12,85-15,71 3,23-3,96 3,88-5,96

8,50-9,40 <0,5

2,20-3,20 3,06-3,84 1,01-1,15 1,99-2,45

Tableau 2 : intervalle des teneurs en macro-éléments dans les feuilles sans carence et avec carence. Texte adapté de « Graviola : nutrição, calagem e adubação » Circular Tecnica n° 36 – EMBRAPA Amazonia Oriental et de « Efeito da omissão de macronutrientes no crescimento, nos simptomas de deficiências nutricionais e na composição mineral em gravioleiras » Rev. Fructi. V.25 n°2 2003

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 21 -

RAMBOUTANS : RECOLTE ET POST-RECOLTE

Le ramboutan (Nephelium lappaceum) est un fruit originaire de Malaisie. Sa production est devenue conséquente dans le département de la Guyane, à tel point qu’en 2006 la consommation locale n’a pas pu absorber toute la production. Malgré une baisse substantielle des prix, une partie des fruits produits est restée invendue. Une meilleure durée de vie post-récolte et la mise en conditionnement pour l’exportation sont des éléments incontournables pour pouvoir exploiter toute la production guyanaise en constante augmentation. Pour cela certaines techniques de base sont à respecter. Indices de maturité : Le ramboutan est un fruit non climatérique, et ne continuent donc pas à mûrir après sa cueillette. Pour cette raison il est important de cueillir les fruits quand ils ont atteint les conditions optimales de qualité gustative et d’apparence visuelle. Les producteurs récoltent généralement le ramboutan en se basant sur l’expérience qu’ils ont accumulées aux cours des campagnes et récoltes précédentes et par l’observation du degrés de maturité des fruits au champ. Il existe des paramètres permettant d’aider à définir l’état de maturité des fruits, et parmi ceux-ci le nombre de jour post-floraison (début de floraison) est un des plus fiables bien qu’il reste encore à déterminer avec précision en Guyane. En effet, en fonction des régions de production, il existe de fortes variations : • 90 à 120 jours en Thaïlande • 90 à 100 jours en Indonésie • 100 à 130 jours en Malaisie • 120 à 126 jours au Honduras Un autre paramètre utile est le nombre de jours après le début de changement de couleur du fruit, sachant qu’il peut être récolté entre 16 et 28 jours après ce stade. Un problème subsiste toutefois, la maturation des fruits qui n’est pas uniforme d’un arbre à un autre mais aussi sur le même arbre , ce qui oblige à réaliser plusieurs passages pour récolter la totalité des fruits, augmentant de ce fait les coûts de production. Cependant ce phénomène permet d’étaler la distribution de l’offre évitant ainsi d’avoir de trop gros pics de production. On peut aussi utiliser un réfractomètre manuel (environ 150€) ou électronique (environ 650€) pour déterminer la teneur en solides solubles totaux, exprimée en °Brix. Les fruits mûrs ayant généralement un taux compris entre 17 et 21%. Ces appareils peuvent évidemment servir pour d’autres productions.

Changement de la coloration de la peau et

des « poils » des fruits de la variété « Lebakbulus » 14,15 et 16 semaines après

floraison

Réfractomètre manuel

Réfractomètre électronique

La récolte : La récolte doit se faire aux premières heures du jour ou en fin de journée, aux heures les plus fraîches. Au cours de cette opération il est très important de faire en sorte que les fruits ne touchent à aucun moment le sol. Pour cela beaucoup de producteurs ont accouplé au sécateur à manche télescopique un filet en forme de sac à grande ouverture. D’autres utilisent un matelas en mousse où ils font tomber les grappes de fruits. Les fruits récoltés à l’unité doivent être cueillis avec leur pédoncule afin de na pas casser la bogue et pour limiter les pertes en eau. Si ils sont placés dans des seaux ou des emballages plastiques, il est impératif de ne pas les y laisser trop longtemps car ils risquent de chauffer. Il faut éviter de tasser les fruits, ce qui provoque des dommages aux « poils », accélérant du même coup la perte en eau, diminuant ainsi la qualité de l’apparence des fruits. Les racèmes (grappes) récoltés sont placés en caisses plastiques, maintenues constamment à l’ombre et envoyés au plus vite à l’endroit où ils seront traités. Traitement Post-récolte : La zone de traitement des fruits doit être fraîche, ombragée et relativement humide. Là, les fruits sont séparés de la grappe. Pour l’exportation, il est indispensable de conserver au moins 1cm du pédoncule pour éviter là aussi la perte d’eau, mais aussi l’entrée de champignon et de bactéries dans le fruit. Ils sont ensuite lavés (parfois dans une solution désinfectante), et si besoin brossés manuellement et délicatement pour retirer tout débris adhérent. Ils sont ensuite emballés ou placés en chambre de stockage jusqu’à la vente. Dans les deux cas il est préférable de descendre auparavant la température des fruits par brumisation à l’eau fraîche. Pour l’exportation vers certains pays (USA) les fruits devront subir un traitement insecticide contre les mouches des fruits par immersion (1 minute) des fruits dans une solution insecticide, ou par aspersion sur la ligne de conditionnement après le lavage et le brossage. De même, dans certains pays, on procède à un traitement fongicide visant les maladies de conservation. Normes pour l’exportation Les normes internationales pour l’exportation requièrent des fruits pesant au moins 30 g, soit au moins 33 fruits/kg (voir tableau 1). Ils doivent être indemnes de blessures, de ravageurs et de maladies. Il doivent aussi être fermes et contenir au moins 18% de solides solubles (réfractomètre). En général seules les

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 22 -

variétés dont la chair se sépare facilement du noyau sont utilisées pour l’exportation. Les fruits seront entiers et propres. L’exportation peut aussi se faire sous forme de grappe (voir tableau2). Tableau 1 : norme Codex pour le calibrage des fruits de ramboutan

Code de calibrage

Poids par fruit (g)

Nbre fruits/kg

1 >43 <23 2 38-43 23-26 3 33-37 27-30 4 29-32 31-34 5 25-28 25-40 6 18-24 41-50

Tableau 2 : norme Codex pour le calibrage des grappes de fruits de ramboutan

Code de calibrage Nbre de fruits/kg 1 <29 2 29-34 3 35-40 4 41-45

Pour les fruits conditionnés individuellement le pédoncule doit être séparé de la grappe au premier nœud et ne pas dépasser de plus de 5mm le sommet du fruit. Pour les grappes, elles ne doivent pas porter de feuilles, et doivent être composées de grapillons portant au moins 2 fruits. Leur longueur ne doit pas dépasser 20 cm. Les fruits sont aussi divisés en trois catégories, Extra, I et II, en fonction de leur état et des défauts présents. Pour améliorer la vente sur le marché local, il serait intéressant d’offrir au client différents calibrages (au moins 2) à des prix eux aussi différents, car à ce jour les gros fruits ne sont pas rentabilisés. Emballage : Après refroidissement du fruit, il peut donc être procédé à son emballage. Avant d’être mis en caisse, les fruits peuvent être pré-emballés dans des caissettes en plastique transparent (type emballage pour fraise) ou sur des plaques enveloppées d’un film plastique avec au maximum deux couches de fruits dans les deux cas. Ce pré-emballage permet une mise directe sur l’étalage pour la vente en Libre service.

Fruits de ramboutan emballés directement en caisses de carton, ou

pré-emballés sur une plaquette enveloppée d’un film plastique

L’emballage le plus classique est la caisse en carton pouvant contenir 2 ou 2,5 Kg de fruits, ayant respectivement les dimensions suivantes : 30 X 20 X 9 cm et 40 X 20 X 9 cm. Cette caisse présente des orifices d’aération sur les 4 faces et le sommet (voir photo). C’est ce type de caisse que l’on trouve en Europe pour les ramboutans en provenance du Honduras. En Australie, pour le marché japonais, on pré-emballe les fruits (> à 40 g) par lot de 7 ou 8, dans des caissettes en plastique de 250 g. Il en est de même au Mexique, mais là les caissettes font 1 kg, et les fruits au moins 30 g. Ces caissettes sont emballées dans des caisses en carton contenant 12 ou 24 caissettes. Chaque variété doit être emballée de façon distincte. Stockage : Les conditions optimales de stockage pour le ramboutan sont des températures de 10-12°c et une humidité relative de l’ordre de 85 à 95%. Les caisses doivent être entreposées de manière à ce que l’air frais puisse circuler par le biais des orifices latéraux. Il est recommandé de stopper le refroidissement des fruits une nuit avant leur départ. Sous ces conditions le ramboutan peut être conservé 6 à 12 jours avant de commencer à présenter des décolorations, en fonction des soins apportés au cours de sa manipulation. Sous atmosphère modifiée (3-5% d’O2 et 7-12% CO2) on peut atteindre 4 semaines de stockage sans décoloration des fruits. Transport : En cas d’exportation vers les Antilles ou la Métropole, il est impératif que les fruits arrivent à destination dans les 24 heures suivant leur récolte. Le transport par voie aérienne s’impose donc et de préférence sous conditions réfrigérées (12°c). Sur le marché international, la préférence des consommateurs va vers des variétés de couleur bien rouge, avec un noyau petit, et une chaire se séparant facilement de ce dernier. En Guyane un gros travail de sélection variétale est donc à entreprendre dans l’optique d’un élargissement des offres de marché sur lesquels il sera possible de mieux valoriser des fruits de qualité.

L’éplucheur de ramboutan

Cet instrument a reçu en 2005 une médaille du mérite au Tan Kah Kee Young Inventors’Award (Prix pour jeunes inventeurs de la fondation Singapourienne Tan Kah Kee Young ouvert aux étudiant asiatiques). Il permet d’ouvrir rapidement la bogue du ramboutan et d’en extraire facilement la partie comestible en toute sécurité.

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 23 -

L’INTEGRATION DU RAMBOUTAN DANS DES SYSTEMES AGROFORESTIERS

moment où les ramboutans fourniront suffisamment d’ombre au cacaoyers. Les bananiers apporteront un revenu non négligeable aux producteurs avant que les cultures pérennes n’entre en production. Le Gliricidia apportera de l’azote et de la matière organique au sol, ainsi que du bois de chauffe et des boutures pour la mise en place de clôtures vivantes (Cf article dans ce numéro). Systeme agroforestier Ramboutan-Ananas : (voir illustration ci-dessous) C’est un système alliant une plante pérenne (Ramboutan) à une plante semi-perenne rustique (Ananas). Il est particulièrement bien adapté aux terrains en pente, les rangées d’ananas, plantées perpendiculairement à la pente réduisant les risques d’érosion du sol.. On peut le mettre en place sur des pentes allant jusqu’à 45%, en formant une petite terrasse individuelle au niveau de chaque pied de ramboutan. Dans ce système, le ramboutan est planté en ligne sur un intervalle de 7 x 7 m, pour une densité de 204 pieds/ha. En terrain pentu, les pieds sont disposés en triangle (235 pieds/ha). Les rangs d’ananas

sont installés dans les couloirs délimités par les rangées de ramboutan. Les plants sont disposés sur un intervalle de 1,6 x 0,4 m, à une distance de 1 m des lignes de ramboutan, à raison de 15 000 pieds/ha. Avec ce système, les premiers revenus sont générés à partir du 18éme mois, par l’ananas, ce qui permet de couvrir une partie du coût de mise en place. Ces revenus, en relation avec le rendement et la qualité obtenue, dépendent avant tout de la qualité des sols, du sérieux de l’entretien de la parcelle, des conditions climatiques et de celles du marché. Plus les sols sont pauvres, moins longtemps cette association doit être conservée. Sur des sols très pauvres les ananas sont éliminés au bout de la quatrième année, certains pieds de ramboutan pouvant commencer à produire à partir de ce stade. En modifiant les intervalles entre plants il est aussi possible d’associer des espèces ligneuses sélectionnées pour la qualité de leur bois. Elles devront avoir un houppier étroit et de petites feuilles, afin de réduire au maximum la compétition inter-espèces pour la lumière. (Suite page 20)………….

Un système agroforestier est une association momentanée ou permanente d’au moins deux espèces végétales. Au sein du système on doit impérativement trouver une espèce ligneuse et une espèce cultivée, l’espèce ligneuse pouvant être une espèce cultivée (arbres fruitiers par exemple). Le ramboutan, du fait de ses exigences climatiques, écologiques et agronomiques est un composant intéressant de systèmes agroforestiers séquentiels et simultanés. Dans le premier cas il sera associé à des cultures annuelles, dans le deuxième, au moins avec une culture pérenne. L’utilisation du ramboutan dans ces systèmes est une bonne alternative pour les petits et moyens agriculteurs qui désirent intensifier l’utilisation de leurs terres et améliorer leurs revenus, particulièrement au cours des premières années suivant la plantation d’arbres fruitiers. En association temporaire, le ramboutan se combine bien avec le manioc, le tayove, l’ananas, le riz, le maïs, les haricots et le bananier. Les pieds de ramboutan sont alors plantés à une densité normale (7x7 m = 196 pieds/ha). En système permanent il sera associé à des arbres de plus petite taille (cupuaçu, cacao, araza, borojo,…) ou avec des espèces forestière, à croissance plus lente, pouvant fournir du bois d’œuvre. Il faudra alors adopter des densités adaptées au développement de chaque composant du système mis en place afin d’éviter toute compétition inter-espèce pour l’espace, la lumière et la nourriture. Système agroforestier Ramboutan-Cacao : (voir illustration) Pour ce système, la densité recommandée est de 139 pieds/ha de ramboutan (plantés en 6 x 12 m) et de 988 pieds/ha de cacao (planté en 3 x 3 m à 3 m des lignes de ramboutan). Les pieds de cacao sont plantés en couloir, entre les rangs de ramboutan, chaque couloir étant composé de 3 rangées de cacaoyers. Pour l’ombrage temporaire nécessaire aux jeunes plants de cacao, on intercale des bananiers entre les cacaoyers avec le même dispositif (3 x3 m, soit 82O pieds/ha) et parfois des plants de Gliricidia sepium (dispositif 9 x 12 m soit 92 pieds ha) qui produiront un ombrage semi-permanent et prendront la relève des bananiers lors de leur élimination (au bout de trois ans). Les pieds de Gliricidia seront aussi éliminés, mais au bout de cinq ans au

A.A.A.G. L’écho des abattis N° 1 – 1er Trimestre 2008 Page - 24 -

(Suite de la page 19) Dans ce cas, il est recommandé d’ecarter les lignes de ramboutan de celles des ligneux d’au moins 6 à 8 m. De la même manière l’association avec d’autres fruitiers pérennes est possible, à condition d’agencer la plantation de manière à ce que les espacements minimaux requis pour chaque espèce soient respectés : Bananier (3x3 m), mombin (9x9 à 12x12 m), carambole (4x4 à 6x6 m), cocotier (8x8 à 9x9 m), cupuaçu (5x4 à 5x6 m), corossolier (5x6 à 6x6 m), Genipape (10x10 m), pomme cannelle (4x4 à 5x5 m), parépou (2x1 m pour la production de cœur, 4x4 m pour la production de fruits), wassaî (5x5 m)

Alerte au Petit Foreur de la Tomate La présence de ce ravageur a été constatée pour la première fois au cours du deuxième trimestre 2006 dans diverses plantations de tomate au Surinam. Les pertes enregistrées sont très importantes (de 40 à 90% en fonction des exploitations). Le Ministère de l’Agriculture de ce pays a du faire appel à des spécialistes brésiliens pour essayer d’enrayer l’invasion. Déjà présent dans l’Etat d’Amapa, à l’est de la Guyane, sa localisation à l’ouest du département présente un danger plus important de le voir débarquer dans nos plantations du fait du trafic illégal (donc sans contrôle phytosanitaire) et de la moindre distance entre les zones de production surinamaises et guyanaises (Mana entre autre). La chenille de ce ravageur s’attaque à la tomate, au poivron, et à l’aubergine. Sa présence se traduit par des trous d’entrée et de sortie et une dégradation de la pulpe des fruits attaqués. En cas d’attaque il est recommandé de détruire les fruits atteints et/ou de prévenir le Service de la Protection des Végétaux de la D.A.F. de la Guyane (Tel : 05 94 34 74 06 à Saint Laurent du Maroni et O5 94 30 01 63 à Cayenne)

Chenilles de Neoleucinodes elegantalis (Lepidoptera : Pyraloidea :Crambidae)

Adulte de Neoleucinodes elegantalis Dégâts du petit foreur sur jeunes tomates

Crédit photo : www.plagas-agricolas.info.ve

La DIRECTIVE EUROPENNE 258/97 : un frein au commerce de certains produits amazoniens Afin de favoriser la libre circulation des denrées alimentaires entre les Etats membres, le Parlement Européen a voulu harmoniser la réglementation relative aux nouveaux aliments et nouveaux ingrédients alimentaires au moyen de la Directive 258/97. Cette dernière concerne particulièrement la mise sur le marché dans la Communauté d’aliments et d’ingrédients dont la consommation humaine est jusqu’à ce jour restée négligeable entre ses frontières. La principale préoccupation du Parlement Européen étant de s’assurer de l’innocuité des produits visés, il est donc demandé aux opérateurs concernés, pour toute nouvelle importation dans la Communauté, de démontrer, au moyen de nombreuses analyses, l’absence de danger à consommer leur produit, (chaque autorisation d’importation délivrée étant nominative). Ce dernier fait risque d’entraîner la constitution de monopoles de commercialisation, tel que celui constaté à l’heure actuelle pour l’importation du jus de noni sur le territoire européen. Cette mesure présente donc un frein à l’exportation de produits d’origine sud-américaine vers l’Europe. Le stevia (édulcorant naturel), le fruit de parépou ou encore le borojo se sont ainsi vu refuser tout droit de commercialisation dans l’Union faute d’études adéquates. Les produits pouvant contenir des principes médicinaux sont particulièrement visés. Devant ces mesures des pays tels que le Brésil et le Pérou ont entamé des démarches diplomatiques afin de faire modifier cette réglementation qu’ils jugent comme étant une mesure de protection du marché européen déguisée. Des dérogations devraient donc être données à certains produits, dont beaucoup de fruits ayant pour origine le bassin amazonien et qui présentent un intérêt très important pour l’agriculture guyanaise présente et future. En parallèle, ces pays sont entrain de faire inscrire dans le « Codex Alimentarius » (Registre des produits et ingrédients alimentaires reconnus au niveau mondial) toute la panoplie des produits agricoles sud américains méconnus et sous-utilisés afin d’en faciliter l’exportation vers les pays dits ‘développés’ et d’éviter les risques de ‘biopiratage’ tel que celui portant sur le nom ‘cupuaçu’ et tenté par la firme japonaise Asahi Foods.

Imprimerie : B.S.P. Imprimerie 23,rue Voltaire 97300 cayenne - Revue tirée à 500 exemplaires