[Agriculture][Bio] Pourquoi l'agriculture biodynamique plutôt que la culture transgénique - R. Steiner - 27p

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    Pourquoi l'agriculture biodynamique

    plutt que la culture transgnique ?L'appellation biodynamie provient des mots grecs ''Bios'' (Vie) et ''Dunamis'' (Force.)Rudolf Steiner, philosophe, naturaliste, spiritualiste, crivain, confrencier et scientifiqueautrichien, fonda le mouvement biodynamique en 1924. Quelques agriculteurs qui ctoyaient

    M.Steiner, lui avaient demands s'il ne voyait pas une solution pour contrer la baisse de la qualit desaliments et des semences. Selon lui, le problme tait entre autre que '' les substances de synthsechimiques puisaient les sols et dtruisaient la vie microbiotique ncessaire la transmission auxplantes des lments fertilisants contenus dans l'air et la terre.'' C'est aprs mres rflexions queRudolf Steiner, le pre de l'anthroposophie (science de l'esprit), donna lors d'une srie de huitconfrences (1924), les fondements de ''l'agriculture astrologique'' biodynamique. Certains qualifientcette agriculture de ''mdecine pour la terre'' ou '' d'agriculture cosmique''.

    La certification Biodynamique

    Pour pratiquer la biodynamie, on a besoin de deux outils essentiels ; des prparations

    homopathiques pour la terre cultiver et un calendrier astronomique biodynamique. Tout d'abord,nous allons faire un bref survol de ce calendrier ''astro-biologique'' assez complexe que lescultivateurs biodynamiques doivent suivre la lettre ou plutt, la date et heure. Les vgtaux sontinfluencs par les rythmes et les positions plantaires. Par exemple, de la mme faon qu'elle influenceles mares, la lune exerce une force qui influence l'eau et la sve que contiennent les vgtaux,dpendamment si elle est ascendante ou descendante, croissante ou dcroissante, pleine ou non etc. Sic'est la pleine lune par exemple, les vgtaux contiendront une plus grande proportion deau, unemeilleure absorption de l'eau, ainsi qu'une augmentation de la germination et de la croissance. Lecalendrier biodynamique suggre donc de semer 2 jours avant la pleine Lune.

    Les douze constellations de notre zodiaque sont divises selon les quatre lments ; Air (Verseau,

    Gmeaux ou Balance), Terre (Taureau, Vierge ou Capricorne), Eau (Poissons, Cancer ou Scorpion) etFeu (Blier, Lion ou Sagittaire). Bref, les tudes biodynamiques dmontrent que quand la lune estdans une constellation ''air'' c'est une priode de floraison, dans une constellation ''terre'', c'est lesracines qui poussent principalement, dans la constellation ''eau'' la force vitale est concentre dans latige et le feuillage et finalement, quand l'astre lunaire est dans une constellation ''Feu'' il y afructification, les fruits de la plante sont nergiss ou apparaissent. Selon la culture biodynamique, ily a donc des moments prcis pour rcolter des fruits (feu, tomates), d'autres pour semer, planter, s'ils'agit d'une salade, elle doit tre rcolte dans la priode ''feuillage'' (eau), les carottes sont plusvolumineuses si elles ont ts plantes dans une journe ''terre'' (racines). Un lgume dont on mangeque la fleur (brocoli) est plus savoureux et volumineux si ce dernier a t plant et rcolt dans unepriode ''air'' etc. Les agriculteurs qui pratiquent la biodynamie ne poinonnent pas en arrivant et en

    quittant le boulot, ils ne se limitent pas un quart de travail de 8h-4h comme la plupart desmanufactures agricoles. Le ciel, les lments et le calendrier biodynamique sont les seuls patrons quidcident de leurs horaires. Il y a plusieurs autres complexits, principes et prcisions en rapport avecle calendrier biodynamique, ceci n'tait qu'un survol. Voir les liens au bas de la page pourcommander ou consulter des exemples de ces calendriers.

    L'autre outil indispensable des agriculteurs biodynamiques est la panoplie de prparations d'herbesmdicinales et de mdicaments homopathiques pour que le sol soit quilibr, durable et nergis. Onmlange ces prparations au compost avant de l'tendre sur les champs. Chaque type de sol a uneprparation homopathique qui lui convient. Les agriculteurs biodynamiques pratiquent parfoismme des rituels naturels ''quasi-magiques''. La prparation 500 par exemple, on l'obtient en

    remplissant des cornes de vaches qui ont dj eu un veau avec de la ''bouse de vache'', et on lesenterre l'automne. Au printemps, quand on les dterre, on mlange la ''terre noire'' des cornes 12litres d'eau de pluie, (en tournant 1 heure l'aide d'un bton dans le sens horaire, puis anti-horaire),pour ensuite arroser les champs avec l'eau devenu biodynamique. Rudolf Steiner expliqua que cette

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    prparation ramena la vie la terre au printemps et crait un humus fertile et vivifiant pour lapriode des semences, puisque la corne tait reste en contact avec l'nergie subtil du sol pendant toutl'hiver. Les autres prparations sont des plantes mdicinales que l'on mlange au compost. Quelquesexemples; Achille millefeuille (prparation 502) joue un rle particulier dans la mobilit du soufre etde la potasse. Camomille (503) lie au mtabolisme du calcium, elle rgularise les processus de l'azote.Ortie (504) en rapport avec l'azote et le fer, elle renforce l'influence des deux premires prparations,donne au compost et au sol une sensibilit, une sorte de "raison" et favorise une bonne humification.corce de chne (505) elle a un rapport avec le calcium et rgularise les maladies des plantes dues ades phnomnes de prolifration et d'exubrance. Pissenlit (506) joue, un rle important au niveaude l'acide silicique. Valriane (prparation 507) aide la mobilit du phosphore dans les sols et formeune sorte de manteau de chaleur protecteur autour du compost. Voir les liens au bas de la page pourcommander ces prparations (Europe), ou au Qubec, contactez Diane Gauthier ou Maude Morin,co-propritaires de la ferme biodynamique ''la Butte magique'' situe St-Faustin. Plusieurs autrestechniques composent l'agriculture biodynamique tel l'introduction volontaire mais contrled'organismes et insectes spcifiques dans les champs, ces derniers ayant le rle naturel de matriserles ravageurs nuisibles. Les autres techniques ressemblent ceux utilises en agriculture''biologique''. (nonces plus bas.)

    La biodynamie ne s'arrte pas ces outils, il faudrait lire le livre '' Agriculture Fondements spirituelsde la mthode Bio-dynamique'' (Cours aux agriculteurs) par Rudolf Steiner, 320 pages, 7 planches encouleurs. ditions Anthroposophiques Romandes. Ce livre cl, qui regroupe les huit confrences deSteiner dont je parlais au dbut de l'article, est malheureusement difficile trouver. Dans plus de 50pays maintenant, des groupes d'agriculteurs biodynamiques ont adhrs aux rgles et principesstricts de la ''mthode Steiner.'' Ces rgles permettent aux agriculteurs qui pratiquent biodynamie devoir leurs rcoltes ''certifis'', avant qu'elles puissent tre commercialises sous forme de produitsauthentiques biodynamiques. Ces rgles de certification sont rgies par la certification biodynamique''DEMETER''. Le mot DEMETER est le nom de la desse grecque de l'agriculture et a t empruntvers la fin des annes 20 par un groupe d'agriculteurs biodynamiques europens pour reprsenterleurs produits au march. La mythologie de DEMETER remonte l'ancienne gypte. La racine du

    mot DEMETER est "Da Meter" (La Mre, Terre, GAIA.) L'Association de biodynamie du Qubec,compte prs de 300 membres actuellement, mais seulement qu'une vingtaine d'entre eux sont desagriculteurs certifis DEMETER. Les agriculteurs biodynamiques optent pour la qualit et non laquantit. La plupart ont dj vendus leurs rcoltes avant de les rcolter des amis et des particuliers,ou ils exportent de petites quantits dans le nord des tats-Unis, l ou plusieurs amateurs d'alimentsbiodynamiques paient de bons prix.

    La certification Biologique

    Les aliments ''Bio'' ne sont pas une nouvelle tendance, ils existent depuis les dbuts de l'agriculture,soit il y a quelques 10 000 ans. En fait, les termes ''agriculture biologique'' ou ''manger Bio'' sontapparus avec l're industrielle, l'poque o l'agriculture a pris un virage en faveur de l'utilisation deproduits synthtiques (engrais et pesticides chimiques.) Selon des statistiques de l'OCIA (OrganicCrop Improvement Association), l'une des plus importantes agences de certification biologique aumonde; ''Depuis une dizaine d'annes le bio connat un essor spectaculaire, soit une croissance de lademande d'environ 20% par anne.'' Quelques chiffres pour quelques pays (Source: ProNaturaMagazine) :

    -Ventes mondiales d'aliments bio (approximatif) : tats-Unis : 8 milliards$, Allemagne : 2,1milliards$, Royaume-Uni : 1 milliard$, Italie : 1 milliard$, France : 850 millions$ et la Suisse : 450millions$.

    -Nombres d'hectares bio cultivs (approximatif) : Turquie : 18 000, Russie : 9 860, Chine : 8 500,

    Tunisie : 8 000, Ouganda : 5250, Japon : 5 100, Isral : 4 200, gypte : 2 700, Inde : 1 700 et leCameroun : 700.

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    La culture biologique, malheureusement plus pratique et consomme que la biodynamique, restenanmoins une mthode de culture conforme au dveloppement durable qui a beaucoup de points encommun avec lagriculture biodynamique ; Absence totale d'OGM, dengrais ou de pesticideschimiques, le contrle des parasites nuisible par l'ajout de prdateurs naturels dans les champs, larotation des cultures, le recours des tracteurs lgers ou des chevaux pour ne pas tasser la terre etl'utilisation de composts de fumier et de purins vgtaux. Les aliments bio sont aussi trs concentrsen nutriments. Au Qubec, la plupart des vritables agriculteurs bio sont certifis par soit OCIA ouQubec Vrai, exigez ces tiquettes!

    ''OGM'' ; l'antonyme de ''BIO''

    Cet article fait suite l'article sur Upperworld ''La mafia mdicale et son ''assurance maladie'' nenous assure pas la sant mais la maladie.'' Une mdecine efficace est une mdecine de prvention etl'un des meilleurs moyens de rester en sant parfaite, de prvenir la maladie, est une bonne nutrition.videmment, la nutrition vgtalienne est fondamentale mais cela ne suffit plus aujourd'hui. Ceuxqui ont adopts une dite base de vgtal, doivent faire face au problme contemporain des OGM(Organismes Gntiquement Modifis.) Monsanto et Novartis, les auteurs de la semencetransgnique, ont crs celle-ci pour ''remdier'' aux dommages qu'ont causs les pesticides, lesinsecticides et les engrais chimiques, la sant et l'environnement, enrayant du mme coup

    l'invasion des insectes nuisibles dans les cultures. Et ce, sans savoir (ou en sachant) que ses ''supersemences'' gntiquement croises avec des gnes de poissons, scorpions, grenouilles, mduses etc,engendrerait :

    -L'apparition de super mauvaises herbes qui vont ncessiter l'utilisation de produits chimiques encoreplus toxiques pour les matriser.

    -La disparition des abeilles, coccinelles, papillons monarques, oiseaux, amphibiens et autres insecteset micro-organismes utiles qui ont le rle de matriser les ravageurs tout en rduisant le recours auxproduits chimiques.

    -L'apparition de nouvelles espces nuisibles.

    -La contamination des cultures biologiques par la pollenisation croise avec les plantes transgniquescompromettant la certification des produits biologiques, voir mme leurs survies.

    -La monoculture et la perte de la biodiversit.

    -Risque pour notre sant (Les effets secondaires ne sont pas encore connus.)

    -De nouvelles allergies (incident du mas Starlink.)

    -La rsistance des maladies aux antibiotiques. (Il y a des gnes rsistants aux antibiotiques dans lessemences transgniques.) Donc patients encore plus dpendants de la ''mafia mdicale''.

    -Une alimentation ''vide'' et faible en nutriments.

    -Etcetera?

    Voir les liens au bas de la page pour valuer plus en dtail les dangers des OGM pour la sant etl'environnement. Vous pouvez aussi consulter un guide des produits avec ou sans OGM via ces liens.Jusqu' aujourd'hui, les quelques tests ''lgaux'' concernant les dangers des OGM pour la santhumaine ont ts effectus sur des animaux en laboratoires, mme s'il est prouv que la plupart desrsultats provenant de la vivisection ne veulent rien dire pour les humains. Mme pour ceux quicroient en la barbare exprimentation animale, les rsultats ne sont pas plus en votre faveur.

    Rappelez-vous la controverse du 14 Aot 1998, jour o le biochimiste hongrois Arpad Pusztai a tcongdi par l'institut Rowett. En 1995, Arpad Pusztai obtint une subvention de 1.6 millions de livrespour conduire l'Institut Rowett en Ecosse , une recherche sur les dangers des OGM pour la santhumaine. Quelques annes plus tard il a not que 125 rats nourris avec des pommes de terres

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    transgniques avaient une dizaine de jours aprs l'ingestion, une stimulation anormale du pancras,de la prostate, des testicules, des troubles intestinaux, une atrophie du foie et un retard dans ledveloppement du cerveau, Il a aussi observ un affaiblissement du systme immunitaire et deplusieurs organes internes. Le jour suivant l'entrevue tlvise dans laquelle Arpad Pusztai divulguales informations compromettantes pour la scurit des gants du transgnique (Novartis etMonsanto), l'institut Rowett congdia le Dr. Pusztai. Ils lui interdire de divulguer quelconquesrsultats provenant des recherches de Rowett. Ils ont dtruits tout le matriel de laboratoire et lesdonnes informatiques en lien avec ses recherches. Mme le Prince Charles avait fait une dclarationqui condamnait les OGM suite cet incident.

    La mga-industrie de la manipulation gntique a tout fait depuis 1985, anne de la dcouverte desOGM , et continue dployer toutes leurs ressources pour non seulement garder les documents etrsultats de recherches secrets , mais aussi pour empcher les recherches scientifiques sur les effetsnfastes court ou long termes des OGM sur la sant et l'environnement. En 2001 seulement, plus de50 millions d'hectares de plants transgniques ont ts cultivs. Plus de 50 vgtaux sont djhomologus. Le tour s'est jou en secret, sous nos yeux, et en une quinzaine d'annes seulement. Ontente actuellement de privatiser les fermes biologiques pour en faire eux aussi des ''champsindustriels'', mais jamais on ne russira privatiser la culture biodynamique. ''L'agricultureindustrielle a t base sur une science matrialiste qui s'est soucie d'une sphre trs minced'activit, il est impossible d'aborder adquatement le monde des organismes en interdpendance partir d'une perspective si troite'' Rudolf Steiner.

    De la Thosophie l'Anthroposophie

    La profession de foi que fut cette Thosophie telle que Rudolf Steiner voulait qu'elle futconue, ne dtruisit d'aucune faon les rapports qu'il avait avec les diffrents cercles berlinois au seindesquels il avait exerc son activit. Si certaines personnes entraient en rapport avec lui, avec unerserve accrue, il tait cependant trs souvent convi faire des confrences et mme des sries de

    confrences. Dans le cercle de Ceux qui viennent ( Die Kommenden ), il fit jusqu'en avril 1903,vingt-sept confrences sur le thme : De Zarathoustra Nietzsche Histoire de l'volution del'humanit Les conceptions du monde depuis les premires poques orientales, jusqu' prsent oul'Anthroposophie . C'est l que, pour la premire fois, il employa le mot qui, plus tard, rsuma toutesles connaissances spirituelles qu'il enseigna : Anthroposophie.

    Emmanuel Hermann Fichte, fils de Jean Fichte, avait dj employ ce mot et dcrit son contenu.Robert Zimmermann, le svre et systmatique thoricien de la beaut. le professeur de RudolfSteiner l'Universit de Vienne, avait choisi le mot anthroposophie comme titre de son uvrefondamentale sur l'esthtique. Mais il appartenait Rudolf Steiner de donner ce mot sa vritablesignification. Cependant, Rudolf Steiner passa tout d'abord par la Socit thosophique. Son chemin

    spirituel avait commenc dans le silence peu de temps auparavant. Aprs la parution du Magazine deLittrature et celle de son livre sur Nietzsche, il reut une invitation se rendre en septembre 1900 la Bibliothque thosophique du comte et de la comtesse Brockdorff, pour prendre la parole deuxdes soires hebdomadaires rserves aux confrences. Quelques semaines auparavant, le 25 aot,Frdric Nietzsche avait t dlivr de ses souffrances. La premire confrence lui fut ddie; huit

    jours plus tard, il traita de la rvlation secrte de Gthe. Ces deux confrences le firent pntrerau cur du cercle d'auditeurs qui, pour la plupart, taient des thosophes. Rudolf Steiner avaittrouv un forum o, dans sa ligne personnelle, il pouvait construire les bases de son uvre future.Pendant l'hiver 1900-1901, il fit vingt-sept confrences qui, finalement, aboutirent l'impression dulivre La Mystique l'aurore des temps nouveaux et son rapport avec la conception moderne du monde (dition franaise sous le titre : Mystique et esprit moderne. (Fischbacher, d.) Au mme endroit,

    devant les mme auditeurs, pendant l'hiver 1901-1902, il fait vingt-cinq confrences qui furent ditessous le titre Le christianisme et les mystres de l'Antiquit . Ces deux uvres appartiennentaujourd'hui encore ce que l'on peut appeler l'introduction l'anthroposophie , mais ellesmontrent galement quel point Rudolf Steiner s'appliqua placer son tude l'oppos de la

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    thosophie orientale, et bien dans la ligne de la vie spirituelle de l' Europe en mettant en reliefl'apport de l' Occident, savoir : le christianisme.

    Personne ne pouvait douter que ce que j'apportais la Socit thosophique faisait partie de mesexpriences de recherche clairvoyante personnelle. Car je le disais tous en toute occasion. Et lorsque,

    Berlin, aux cts d' Annie Besant, la section allemande de la Socit thosophique fut fonde, et que jefus choisi comme secrtaire gnral, je dus quitter les runions de fondation, parce que j'avais faire desconfrences devant un public non thosophe, auquel je parlais du devenir spirituel de l'humanit, sous le

    titre Une anthroposophie . Annie Besant elle-mme, savait que ce que j'avais dire sur le mondespirituel porterait ce titre. Lorsque j'allai Londres pour assister un Congrs thosophique, l'une despersonnalits dirigeantes me dit que dans mon livre Mystique et esprit moderne , la vraie thosophietait exprime. Cela me fit plaisir. Je n'avais, en effet, donn que les rsultats de ma vision spirituelle.Ces rsultats furent admis par la Socit thosophique. A partir de cet instant, il n'y avait plus de raison

    pour qu' rna manire je n'apporte au public thosophique qui tait alors le seul accepter laconnaissance spirituelle cette connaissance elle-mme. Je ne me soumis aucun dogmatisme de secte. Jedemeurai un homme qui expliquait ce qu'il croyait pouvoir expliquer d'aprs ce qu'il exprimentait lui-mme du monde de l'esprit.Un jour, lors d'une confrence, une auditrice se fit connatre. C'tait Marie de Sivers. Le destin voulutqu'elle prit en main, peu de temps aprs le dbut de mes confrences, la direction de la section allemande

    de la Socit thosophique .

    Ds le premier jour de cette activit, il exista une diffrence de principe entre la thosophie reprsente par Helena Petrovna Blavatsky et Annie Besant, et les enseignements de Rudolf Steiner,tenant tant la mthode qu'au contenu mme de l'enseignement. Rudolf Steiner ne faisait rien valoir,absolument rien, de ce qui provenait de la seule tradition occulte et qui n'ait t redcouvert par sapropre recherche. Dans cette investigation, il ne laissa pas la place la moindre inexactitude. Il exigeaau contraire, la mme svre discipline que celle qui tait de mise dans tous les autres domaines de lascience occidentale. Pour se faire comprendre, Steiner se servit cependant, au cours des annespostrieures 1902, bien qu'avec retenue, de la terminologie thosophique orientale, tout encherchant par la suite la remplacer par les mots plus expressifs, plus reprsentatifs de la consciencemoderne. La diffrence essentielle qui, en 1912-1913, conduisit sa sparation dfinitive d'avec laSocit thosophique indo-anglo-saxonne, tait due la position de Steiner par rapport auchristianisme. Malgr son refus, parfois radical, des formes historiques et dogmatiques de l' glise(souvenons-nous des entretiens de Vienne avec le professeur. Pre Guillaume Neumann, en 1886), il a,tout au long de sa vie, considr Jsus-Christ et l'vnement du Golgotha comme le centre du devenirde la Terre et de l'histoire de l'humanit. Cet aspect tait totalement tranger des thosophescomme Helena Petrovna Blavatsky, Annie Besant et H.S. Olscott. Ils voyaient, dans une synthsegnrale de toutes les religions avec leurs vrits justifies, un idal suprme qu'ils espraientatteindre par une tolrante comprhension. Le caractre unique de l'apparition sur Terre du Fils deDieu, du Christ, en l'homme Jsus de Nazareth, ne signifiait rien pour eux et ils ne le reconnurent pas.

    Au contraire, Annie Besant proclama que le jeune Krishnamurti tait le Christ rincarn. Depuis 1906, des manifestations se produisirent au sein de la Socit, la direction de laquelle je

    n'avais pas la moindre influence, qui rappelaient les aberrations du spiritisme, et m'obligrent insistertoujours plus sur le fait que la section de cette Socit, qui tait sous ma direction, n'avait strictementrien voir avec ces choses. Ces manifestations atteignirent leur point culminant, lorsqu'on prtenditqu'un jeune garon hindou tait la personnalit en laquelle le Christ tait redescendu vivre sur Terre.Une socit spciale fut mme cre au sein de la Socit thosophique, pour rpandre cette absurdit.

    Elle s'appela L'toile d'Orient ... Il me fut absolument impossible, ainsi qu' mes amis, d'accepter lesmembres de cette toile d'Orient dans la section allemande, comme ils le dsiraient et comme AnnieBesant surtout, en qualit de prsidente de la Socit thosophique, l'avait envisag. Ce refus nous fit

    rejeter de la Socit thosophique en 1913. Il tait devenu ncessaire de fonder une Socitanthroposophique indpendante

    Nous voyons donc que la sparation d'avec la Socit thosophique est provoque par un certainvnement. Mais en ralit, elle eut lieu ds le premier instant d'activit commune. Cependant, la

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    vritable sparation intervint au moment juste : quand il fallut prendre parti pour ou contre ledevenir de l'vnement christique et sa signification unique pour l'humanit. D'autre part, il faut direque Rudolf Steiner respectait au plus haut point la vrit contenue dans la sagesse originelle de l'Orient. Mais il tait pntr de l'ide que les trsors de la tradition asiatique n'ont pas le pouvoir,aujourd'hui, de vaincre une civilisation o l'esprit du matrialisme scientifique donne le ton, alorsqu'une force panouie en Occident peut y parvenir. La science moderne n'a pas le caractre d'uneaberration de l'volution de l'humanit, ainsi que l'enseigne actuellement le physicien atomisteJordan, mais reprsente le chemin du calvaire pour l'intellect humain, qui doit trouver sarsurrection, vivre sa Pque par la spiritualisation de la pense. Pour atteindre ce but, ni la force ni lasubstance des uvres principales d' Helena Petrovna Blavatsky : Isis dvoile et l' Enseignement

    secret ne suffisent. Pour son poque, elle a dj indiqu certaines choses, et les chercheurs de cesicle matrialiste ont t attirs vers ses voies. Mais dans l'ensemble, la sagesse orientale prsente undanger pour l' Europen, une tentation de ne pas poursuivre jusqu'au but final le chemin qui lui estdvolu. Que l'on songe tous les systmes de Yoga qui dferlent aujourd'hui sur l' Occident. Nous, Occidentaux , nous avons les meilleures raisons de reconnatre et de priser les crits sacrs de l 'Inde, d'une profondeur, d'une lvation indniables, tels que la Bhagavad-Gt, les Upanishads, leVedanta et bien d'autres. Mais ces uvres n'apportent pas davantage de solutions nos problmesque ne le font celles de Confucius, Lao Tseu, Ramakrishna, Sri Aurobindo ou Sarvepalli

    Radhakrishnan. A ce point de vue, il faut bien raliser que le Mouvement Thosophique avait soncentre principal Adyar, prs de Madras (Inde) et que ses sources d'enseignement taientuniquement orientales.Rudolf Steiner respectait l' Orient, mais n'en attendait pas la solution des problmes de l' Occident.

    L' Oriental a, jadis, fait l'exprience en lui du monde, et aujourd'hui, dans sa vie spirituelle, il enperoit l'cho. L' Occidental, lui, est au dbut de son exprience, donc sur la voie de se trouver dans lemonde. Si l' Occidental voulait devenir Yogi, il faudrait qu'il dveloppe un gosme raffin, car la naturelui a dj octroy le sentiment personnel que l' Oriental ne possdait que comme en rve. Si le Yogi avaitvoulu, comme l' Occidental, se chercher dans le monde, il aurait transform sa connaissance de rve en

    sommeil inconscient et se serait ainsi psychiquement enivr. L' Oriental parla du monde sensible comme

    d'une apparence, en laquelle vit l'troit l'esprit qu'il peroit dans sa ralit pleine et entire en son me.L' Occidental parle du monde des ides comme d'une apparence en laquelle vit comme une ombre cequ'il peroit dans sa ralit pleine et entire, par ses sens, dans la nature. Ce qui fut pour l' Oriental la

    Maya sensible, est pour l' Occidental ralit en soi. L'idologie animique formule par l' Occidental estpour l' Oriental vrit cratrice.Si l' Oriental des temps modernes trouve en sa vrit spirituelle la force de donner la Maya (le monde

    des sens) une existence relle, et si l' Occidental trouve la vie en sa nature-vrit, et contemple l'espritactif dans son idologie - alors la comprhension complte natra entre l' Est et l' Ouest. L' Oriental n'apas le sens de la preuve ou de la dmonstration . Il contemple le contenu de ses vrits et par cettecontemplation, les connat. Ce que l'on sait, on ne le prouve pas. L' Occidental exige partout despreuves. Il lutte avec le contenu de ses vrits, pensant partir du reflet extrieur et les expliquant par

    lui. Mais ce que l'on explique , il faut le prouver .Si l' Occidental dlivre la vrit vivante de la ncessit d'une dmonstration , l' Oriental alors lecomprendra. Si l' Oriental trouve, au bout du besoin de dmonstration de l' Occidental, les rves et sesvrits non dmontres, mais qu'il les considre pleinement et rellement veill, l' Occidental alors sera

    oblig de le saluer bien bas, comme membre participant au travail d'laboration des progrs del'humanit. Car l' Oriental pourra alors accomplir des choses qui seraient impossibles l' Occidental .

    L'Anthroposophie

    Il sera difficile par la suite , de sparer le rcit de ma vie, de l'histoire du mouvement anthroposophique.Ce fut en effet le cas, durant les vingt annes qui suivirent, c'est--dire de 1905 jusqu' sa mort, en

    1925. Sans relche, actif spirituellement et physiquement, il labore l'anthroposophie, science del'esprit, impulsion pour l'art et les sciences sociales, et cherche les ancrer dans les mes et lesgroupements humains. Cette activit se dveloppe selon quatre phases successives. L'une prpare lasuivante, elles s'entrecoupent dans le temps, mais il est facile de les discerner :

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    1. laboration de l'anthroposophie (1902-1909).2. L' art (1910-1916).3. Les fondations (1917-1923).4. De la semaine de Nol 1923 sa mort (1924-1925).

    Ds la fondation de la Section allemande de la Socit thosophique, il me parut ncessaire d'avoir unjournal. C'est pourquoi, Marie de Sivers et moi, nous crmes le journal mensuel Lucifer. Ce nom, cette poque, n'avait naturellement aucun lien avec la puissance spirituelle que je dcrivis plus tard sous

    le nom de Lucifer, le ple oppos d' Ahriman. Le titre signifiait tout simplement " porteur de lumire" .

    Ce priodique, dont le nombre d'abonns augmentait rapidement, fut toff par l'adjonction dujournal viennois Gnosis. Le titre fut donc chang en Lucifer-Gnosis. Marie de Sivers tait associe ce travail :

    Tout cela a t possible parce que Marie de Sivers n'a pas seulement fait le sacrifice matriel de sesforces, mais a dirig toute sa puissance de travail vers un seul but : l' Anthroposophie. Au dbut, nous nepouvions travailler que dans les conditions les plus primitives. J'crivais la plus importante partie deLucifer, tandis que Marie de Sivers s'occupait de la correspondance. Lorsqu'un numro tait termin,nous finissions nous-mmes les emballages, les adresses, le collage des timbres et portions tous deux

    ensemble les numros la poste, dans une corbeille linge .Lucifer-Gnosis devint florissant. Le nombre des abonns s'accrut. C'est en 1908 qu'il parut. Le

    surcrot de travail, et surtout l'activit grandissante du confrencier, d'abord en Allemagne, puis danstoute l' Europe, firent qu'il devint impossible Steiner d'assurer rgulirement et en temps voulu lardaction de ce priodique. Et il arriva ce fait curieux, qu'un journal qui chaque numro recrutaitde nouveaux abonns, ne put plus paratre, parce que le rdacteur avait tout simplement trop detravail. Le centre de son activit demeura Berlin. C'est l, 17 Motzstrasse, qu'il rsida jusqu'aprsla Premire Guerre mondiale. C'est de l qu'il entreprit ses innombrables voyages. A Berlin, il fondales ditions Philosophiques-Thosophiques (plus tard Philosophiques-Anthroposophiques). Ladirection des ditions tait entre les mains de Marie de Sivers. En 1918, la maison de Motzstrasse fut

    abandonne pour Dornach. Dans Lucifer et dans Lucifer-Gnosis, comme dans les cycles deconfrences, il expliquait pour la premire fois, ce qui fut ensuite expos dans les uvresanthroposophiques.

    Le premier ouvrage que Rudolf Steiner destina au grand public se rattache Fichte. Cetenseignement suppose un sens intrieur entirement nouveau qui nous rvle un monde inexistant pourles hommes ordinaires. Pensons un monde d'aveugles-ns, pour lesquels n'existent que les objets queleur toucher leur permet de connatre. Allez parmi eux et parlez-leur de couleurs et autres phnomnesqui n'existent que grce la lumire, et que l'on ne connat que par la vue. Vous leur parlez de quelque

    chose qui, pour eux, quivaut au nant, et ce qui peut arriver de mieux, est qu'ils vous en fassent part.Vous prendrez conscience alors de votre faute et puisque vous n'avez pas le pouvoir de leur ouvrir les

    yeux, vous cesserez votre vain discours .Rudolf Steiner sent l'aveuglement spirituel de son poque et croit profondment la possibilit de

    la gurison de l'aveugle . Il n'arrte pas son discours. Par tous les moyens, il cherche ouvrir lesyeux aux hommes de son poque. Sa Thosophie est son premier essai direct, non seulement par lediscours, la confrence, ou l'aide personnelle, mais par le livre, d'veiller chez l'homme moderne lepouvoir de voyance de son esprit. La premire dition est ddie l'esprit de Giordano Bruno que l'glise condamna mort en 1600 cause de sa conception spirituelle du monde, trop avance semblait-il pour son temps. Bien des penses exprimes par Steiner dans son livre, sont dj plus oumoins distinctes dans l'uvre de Bruno, telle l'ide des vies rptes. La Thosophie contient uneexplication de l'homme et du monde d'aprs la cl de la triade. Corps, me et esprit de l'homme sont

    forms partir des trois rgnes fondamentaux du monde. L'homme sain se conoit comme unepersonnalit enferme en elle-mme. Cela ne l'empche pas d'appartenir trois formes d'existence :

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    1. Le corps, au monde des corps ou monde sensible.2. L' me au monde des mes.3. L' esprit au monde des esprits.

    Pour l'aveugle en esprit seul est rel, seul compte le monde des sens. Il ressent le monde desmes comme un monde d'ombres, et le monde des esprits lui parat irrel. C'est pourquoi RudolfSteiner dcrit les trois domaines, chacun avec ses particularits et les activits diffrentes qui lescaractrisent. On ne peut penser le corps de l'homme isolment, sans le monde physique qui l'entoure,

    de mme l'me subjective ne peut tre pense sans un monde animique objectif qui l'entoure, etl'esprit individuel sans un monde spirituel. Les trois mondes sont dans et autour de l'homme,diffrencis et nuancs. Cette Thosophie est crite comme Introduction la connaissance du monde

    suprasensible et la dfinition de l'homme. Sa composition permet un aperu de son contenu :

    L'essence de l'homme . La rincarnation de l'esprit et la destine (rincarnation et karma) . Les trois mondes (le physique, l'animique et le spirituel) . Le chemin de la connaissance .

    On ne peut lire ce livre la faon dont on lit habituellement notre poque. D'une certaine manire,

    chaque page, oui, mme chaque phrase, doit tre labore par le lecteur (extrait de la Prface). Ladescription de certaines parties du monde suprasensible doit tre faite dans ce livre. Celui qui n'ad'intrt que pour le monde sensible, tiendra cette description pour une fantasmagorie. Celui, aucontraire, qui cherche sortir du monde des sens, comprendra bientt que la vie gagne en valeur et ensignification relles grce au regard jet dans un autre monde .

    Le programme spirituel est rsum en ces phrases : La connaissance du monde et la dfinition del'homme au sens steinerien sont associes. La connaissance du monde vue comme une activit de lacuriosit intellectuelle est sans intrt pour l'acquisition de la notion essentielle de la dfinition del'homme. Hypothse signifie, selon Steiner, qu'il n'est rien indiqu qui ne soit ralit vcue. Un

    ralisme spirituel , c'est ainsi qu'on pourrait appeler le but de cette conception du monde :

    L'auteur de ce livre ne dcrit rien dont il ne puisse fournir une preuve tire de l'exprience, mais decelle que l'on peut faire dans ce domaine. C'est seulement dans ce sens de l'exprience personnelle queles descriptions sont faites .

    Qui a rencontr Steiner de son vivant a eu l'impression que la dclaration suivante taitprofondment et intimement justifie : Je ne parlerai jamais d'un phnomne spirituel que je ne le

    connaisse de la faon la plus directe, et par une exprience spirituelle. Ceci est mon toile polaire (guide)et m'a aid dpasser et me dtourner de toutes les illusions .Le thme central du livre est le chapitre abordant la rincarnation de l'esprit et la destine . Enquelques pages, l'enseignement le plus ancien de l'humanit qui rgne encore largement sur tout l'Orient, est exprim selon les formes de la pense occidentale, et sans faire appel au pass. Mme

    Lessing qui, le premier du monde moderne, dans son ouvrage L' ducation du genre humain, a posle problme sous forme de question, n'est pas cit comme tmoin. Rudolf Steiner dit son expriencepersonnelle, sans s'appuyer sur aucune autorit historique

    L'esprit de l'homme doit toujours et toujours se rincarner; cette loi veut qu'il transporte les fruitsd'une vie prcdente, dans la vie suivante. L'me vit dans l'actualit. Mais cette vie dans le prsent n'estpas indpendante de la vie prcdente. L'esprit qui se rincarne ramne son destin de ses incarnationsprcdentes. Ce destin dtermine la vie. Les impressions de l'me, les dsirs qu'elle aura, les joies, lespeines qu'elle prouvera, tout cela dpend de ce que furent les actions de l'esprit lors de ses prcdentesincarnations... Le corps est soumis la loi de l'hrdit, l'me est soumise au destin qu'elle s'est forge.Ce destin, qui est l' uvre propre de l'homme, c'est le karma. Et l'esprit est ternel la naissance et la

    mort rgnent selon les lois du monde physique, du monde des corps; la vie de l'me, dtermine par ledestin, reprsente le lien entre les deux, pendant le cours d'une vie humaine .

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    Tout au long de son action, Rudolf Steiner a donn, l'appui de cet enseignement, une multituded'exemples. Pendant la seule anne 1924, la dernire o son tat de sant lui permit de faire encoredes confrences, il a plus de soixante fois tenu ses considrations sur le karma . Ces exposscontiennent souvent l'affirmation qu'il ne voulait pas baser les rapports entre les vies successives, surdes subtilits intellectuelles. C'est avec ironie et gravit tout ensemble, qu'il stigmatise les subtilitstrop faciles sur les rapports entre les vies terrestres successives. Il n'accepta que les expriencesspirituelles srieuses pour la recherche de certains aspects de vies terrestres antrieures et mmeceux-l ne furent transposs d'une existence l'autre qu'avec la plus grande circonspection. Mais ilexiste certaines lois fondamentales pour ces expriences : Celui qui ment beaucoup ou a un penchant, une tendance la lgret d'esprit, devient dans une vie

    suivante, tourdi et frivole, car ce que nous pensons, la faon dont nous pensons, donc tout ce qui estintrieur et cach dans notre tre, formera notre comportement extrieur dans une prochaineincarnation .

    Au cours de sa vie, Rudolf Steiner donna beaucoup de ces exemples montrant que ce qui estgerme dans une vie, deviendra ncessairement fruit dans la vie suivante. D'un amour altruiste nat la

    joie, et celle-ci se transforme dans la troisime incarnation, en penchant naturel d'un cur ouvert; l'oppos, de la haine et de l'antipathie, nat la souffrance qui, de son ct, cre une dispositionnaturelle la folie et une vie animique en sommeil dans la troisime incarnation. Dans ce sens, lekarma est soumis des ncessits d'airain. Mais, il est possible par l'ducation et l'ducation de soi-mme, de rgulariser, de soigner. De mme qu'un fleuve a son lit naturel, que l'homme peutrgulariser en prenant les mesures adquates, ainsi, l'homme a la possibilit et la libert dergulariser le torrent des ncessits de son destin. Cet enseignement relatif la rincarnation et aukarma, est en rapport avec la christologie, centre de l'anthroposophie. Rudolf Steiner est convaincuque cette ide peut donner un sens et un but la vie de l' Occidental, donc l'humanit. Une certaine poque a mri suffisamment pour admettre la conception du monde de Copernic, de

    mme notre poque est mre pour apporter la conscience humaine, l'enseignement de la rincarnationet du karma .

    On a retrouv dans un carnet de notes de 1911, appartenant Christian Morgenstern, lve deRudolf Steiner, quelques phrases dont l'cho est le mme : L'enseignement de la rincarnation (...) existe depuis fort longtemps mais a d tre, pendant un certain

    temps, abandonn. Toute la civilisation europenne revient ce laiss-pour-compte . Ce livre amaintenant redonn l'enseignement antique. Il peut donc rentrer dans le cycle volutif de l' Occident, etc'est un bienfait sans gal. Cet enseignement va nouveau fconder l'humanit, l'clairer, la dlivrer.Deux mille ans aprs le Christ, le voici prsent d'une autre manire et avec un sens tout diffrent,acceptable pour la conscience moderne.

    Dans son livre Thosophie, Rudolf Steiner dcrit pour la premire fois, l'entit de l'homme et sesquatre membres, que nous aimerions rsumer ici. Trois degrs conduisent de la nature l'homme :

    minralvgtalanimal

    Ces trois rgnes naturels sont les trois aspects visibles des trois sphres d'existence auxquellesl'homme appartient. Pensons maintenant en mme temps, et en les plaant l'un ct de l'autre, :

    un cristal de rocheune rose panouieun cerf effarouch

    Laissons ces trois tres naturels agir sur nous comme des phnomnes purs. Le cristal reprsentele monde minral et, d'aprs sa substance, c'est un corps mort. II est constitu de parties qui existent les unes ct des autres . Leur substance forme relation entre les lments chimiques de la siliceet de l'oxygne; elle est organise selon les lois de la physique (hexagone six artes). La rose

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    reprsente le rgne vgtal, et possde galement un corps spatial bien que de forme changeante.D'aprs son essence, c'est un tre vivant dans le temps qui se dveloppe selon un processus phases

    successives : germe, tige, fleur, fruit. Le cerf appartient comme tout animal aux trois sphres.Comme le minral, il possde un corps spatial, qui la fin de sa vie est rejet sous forme de cadavre.Comme la plante, il se dveloppe dans le temps : embryon. faon, biche, et sa vie est limite par laconception et la mort. En troisime lieu, il possde une facult trangre la plante et au minral : ledsir, la sensation du plaisir et de la douleur, les instincts.

    Chez l'homme, il existe un quatrime membre, c'est le Moi, qui peut agir en pensant, sentant,voulant. tant donn que l'homme possde un corps qui, la mort, devient cadavre, il appartient aumonde minral. Ce membre, R. Steiner l'appelle le corps physique . tant un tre vivant dans letemps, susceptible de croissance, de reproduction, de digestion, d'assimilation, il ressemble laplante. Ce deuxime membre qui est ce qu' Aristote nomme l'me vgtative , ce systme de forcesformatrices, organisatrices, est appel corps thrique . Comme tre de convoitise, qui ressentplaisir et douleur, l'homme est apparent l'animal. Cette me, plus animale au sens d' Aristote,est le corps astral . Le quatrime membre grce auquel l'homme devient homme, dont la possessionle distingue des autres rgnes naturels et lui permet de se sentir un esprit parmi les esprits , est leMoi.

    On remarque que l'organisation de l'tre de l'homme selon quatre membres ne contredit pas latrinit du corps, de l'me et de l'esprit. C'est une diffrenciation du corps compos d'une partie priseau rgne minral terrestre et qui y retourne par la mort, et d'une partie vivante qui, selon son essencemme, est non sensible, mais suprasensible, c'est--dire thrique. L'expression corps astral est sansdoute inhabituelle pour dsigner l'me, en tout cas, pour qui ignore les uvres d'un Paracelse, oud'un Jacob Boehme, etc. C'est pour tenir compte du rapport qui existe entre la vie animique humaineet animale et les influences astrales (la partie justifie de l'astrologie) que Steiner a maintenu cetteappellation qui vient de la mystique . Car un corps astral, c'est, stricto sensu, un corps soumis auxastres. Dans son livre Thosophie, Rudolf Steiner donne ce sujet une description plus complte desaspects de l'me humaine au sein du corps astral. II propose la gradation suivante :

    Corps astral infrieur (li aux dsirs de nourriture et de reproduction) me de sensation . me d'entendement (ou de raison) . me de conscience .

    Le Moi humain, travaillant purifier les membres infrieurs de sa nature les transforme, et troisnouveaux tats ou degrs sont franchis, sur le chemin des membres suprieurs, qui conduisent au-deldu Moi et nous relient au divin. La dernire partie de Thosophie est intitule Chemin de la

    connaissance . Ce chemin constitue un dbut, un point de dpart sans la connaissance duquel tout lereste s'vapore en fumes... Lorsque l'on veut fonder sa propre conception du monde sur desperceptions spirituelles, il faut tre certain que ces perceptions n'ont pas seulement un caractre

    subjectif. Il faut acqurir la facult de diffrencier de la mme manire les illusions, les hallucinations,les images fallacieuses de toutes sortes issues de la ralit, aussi bien que le ferait un homme qui necroit qu'au monde des sens et n'a besoin que de lui, dans la sphre o se droule son existence, pourrester sain d'esprit. Le savant qui veut arriver avoir, dans son domaine, des expriences objectives,doit dj s'y tre prpar en se soumettant avec discipline aux mthodes de base, mais combien plusencore, un savant au sens ou R. Steiner l'entend, doit-il se plier une discipline et pratiquer unemthode, pour acqurir l'objectivit spirituelle. Penchants aux illusions sur soi-mme, autosuggestion,utopies et rveries extatiques de toutes sortes doivent tre tires au clair et domines. C'est pourquoi,dans toutes les vritables coles occultes du pass, le sentier de la connaissance passait par la

    purification , la transfiguration de l'me humaine, avant qu'il puisse tre question d'une illumination .

    Immdiatement aprs la parution du livre Thosophie, Rudolf Steiner se tourna vers un autrethme important. Dans des essais, dont le premier parut en 1904, il publie le contenu du livre qui nefut dit sous cette forme qu'en 1909 et porta le titre l 'Initiation.

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    La Philosophie de la Libert

    La Philosophie de la libert contient dj, quant la pense pure, tout ce que Rudolf Steiner a,par la suite, publi et dvelopp sous le nom d' anthroposophie . C'est pourquoi, essayerd'expliquer le contenu de cet ouvrage dpasse, de loin, le cadre d'une monographie.

    Malgr tout, il faut risquer cette entreprise et esquisser les lignes principales de cette thorie de laconnaissance, uvre qui occupa le centre de la vie de Rudolf Steiner. La philosophie de la Libertporte le sous-titre : Rsultats d'une observation de l'me d'aprs une mthode scientifique . Par cetadditif, le premier dsir de Rudolf Steiner est clairement exprim. Il s'agit pour lui, d'difier unescience de l'esprit qui se sert des mthodes strictement scientifiques mais en choisissant comme objetd'tude et de connaissance, d'une part, le monde sensible, et d'autre part, le monde suprasensible, lessoumettant la mme mthode d'observation. Le monde des sens, partie d'un monde, accessible auxsens physiques et leurs prolongements comme le microscope, tlescope et autres appareils,demeure Maya, monde d'apparences, d'illusions aussi longtemps qu'on ne le pntre pas par uneconscience pensante. Le monde sensible n'exprime jamais toute la vrit. L'activit de la pensedlie, indpendante de la perception sensorielle, se dveloppant sous forme d'activit spirituelle, et

    apparaissant comme pense libre des sens a seule le pouvoir d'lever cette moiti du monde dessens, par l'acte de connaissance, jusqu' la totalit de la vrit.

    Par cette pense libre des sens l'homme dpasse en esprit les limites qui, depuis Kant et lathorie de la connaissance du XIX sicle, avaient t dcrtes jamais infranchissables.

    Le premier combat de R. Steiner fut men contre le dogme de la limitation de la connaissancehumaine. Il fit en effet l'exprience en sa propre pense, du dpassement de cette limite que l'intellecta leve lui-mme par son lien volontaire avec tout ce qui est accessible grce la mesure, aunombre et au poids . L'me qui possde la pense libre des sens vit dans l'essence mme du mondeet y dploie son activit. La pense libre des sens, comme phnomne spirituel, est un processusorganique du monde spirituel. Plus cette pense est intense, plus elle est cratrice, plus elle estspirituellement puissante et plus elle se peroit elle-mme consciemment, enracine dans lesprofondeurs spirituelles de l'existence. C'est pourquoi :

    Parler des limites de la connaissance n'avait pas de sens pour moi. Retrouver le contenu de l'esprit dansle monde peru par l'exprience de l'me tait pour moi connaissance. Lorsque quelqu'un parlait deslimites de la connaissance, j'y voyais la confirmation du fait qu'il ne pouvait pas prouver en lui la vrit

    relle, et donc, ne pouvait pas la retrouver dans le monde peru. La rfutation de la thorie de lalimitation de la connaissance par l'expos de mon point de vue personnel fut mon souci primordial.

    Il est concevable que toute individualit, certains moments, dans sa recherche, se heurte deslimites. Les limites de la connaissance, chez un enfant, reculent au cours de sa vie, au fur et mesure

    que sa personnalit se dveloppe. Elles ne sont pas poses une fois pour toutes, mais suiventl'volution de l'individualit. Celle-ci se dveloppe sur deux plans : celui de la perception et celui de lapense. La connaissance rsulte de l'interprtation de ce qui a t peru par l'activit pensanteformatrice de notions et d'ides.

    Le fait que les objets soient donns sans les notions qui les expliquent tient notre organisationspirituelle et non aux objets. Notre entit, en sa totalit, fonctionne de manire que, pour chaque objet,les lments de la vrit viennent des deux cts ncessaires l'observation : perception et pense.

    Rudolf Steiner n'emploie pas le mot perception pour la seule perception sensible. Les expriencesde l'me, du sentiment, de la sensibilit, de la sensation, participent de la perception, servent

    d'organes de perception comme l'il ou l'oreille. Le chercheur doit ragir aux expriences deperception ralises dans le champ de la subjectivit, avec autant d'objectivit que devant les rapportset les rsultats des expriences scientifiques faites grce aux appareils de laboratoire. Donc le progrsde la connaissance est li la discipline, essentiellement, ainsi qu' l'amlioration, l'largissement,

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    l'affinement du pouvoir de perception. Mais cette perception du monde selon toutes les nuances del'existence corporelle animique, spirituelle, n'apporte encore aucune connaissance. Celle-ci n'apparatque si, en mme temps, de l'autre ct, la pense purifie de tous les lments non spirituels vient sarencontre. Comment faut-il comprendre, pense purifie?

    La purification de tous les facteurs ngatifs, impurs, non pragmatiques que sont dsirs,penchants, motions, passions et illusions de toutes sortes. On doit exiger de tout chercheur, et surtoutde l'investigateur suprasensible, qu'il fasse rgner en son me, au cours du processus de connaissance,

    la mme objectivit que celle qui est demande au savant lors de ses expriences

    La perception n'a rien de dfinitif, d'exclusif, mais elle est l'une des faces de la vrit totale. L'autre faceest l'ide. Perception et notion d'un objet font tout l'objet.

    La synthse de la perception et de la notion ne se ralise pas automatiquement, mais est amenepar l'activit pensante de la personnalit en laquelle se joue ce processus de pense. Tant que cettepense n'est pas trouble par les ncessits des voeux, instincts, dsirs, passions, cette synthse se faitdans la libert. Mais, si l'homme agit sous l'action d'impulsions qu'il laisse se glisser en lui, sansdiscerner sa pense, bien que celle-ci soit la base mme de son acte, il n'est pas libre. Non seulementlui, en tant qu'individu n'est pas libre, mais aussi, ce qui provoque en lui certaines motions.

    Il laisse agir le non-spirituel. Ce qui est spirituel en lui n'agit que lorsqu'il trouve l'impulsion de sonaction dans le domaine de la pense libre des sens, sous forme d'intuition morale. C'est alors qu'il agitpar lui-mme, rien d'autre n'agit sa place. C'est alors qu'il est un tre libre, tirant son action et lesmobiles de son action de sa libre entit.

    On voit l le devoir qui incomba Steiner, devoir de vaincre les limites de la connaissance, li dela manire la plus troite avec le problme de la libert humaine.

    Je voulais dmontrer comment celui qui refuse la pense libre des sens, la ralit d'une purespiritualit en l'homme, ne peut d'aucune manire arriver la notion de libert; comment d'autre part,cette mme notion est immdiatement accessible qui admet la ralit de la pense libre des sens.

    Le degr de libert auquel l'homme peut atteindre, dpend par consquent de la qualit de sapense. Celui qui ne peut s'observer lui-mme l'aide de la pense telle que l'a caractrise R.Steiner, et en ressentir l'activit intrieure, ne peut mme pas se reprsenter cette activit intrieuretotalement libre des sens, et il peut encore moins suivre sa philosophie de la libert . Steiner partdu domaine de la pense libre des sens comme donne d'exprience. Par cette pense, l'hommeatteint le domaine moral/idal qui est aussi concret quant aux penses et aux ides, que le mondephysique avec ses tables et ses chaises. L'homme est spirituellement actif lorsqu'il s'animeintrieurement par l'observation dans le royaume de l'esprit dployant ainsi la fantaisie morale qu'ila cre lui-mme.

    tre libre signifie : pouvoir dterminer par soi-mme, grce la fantaisie morale, les reprsentations,bases de l'action. La libert est impossible si quelque chose qui m'est totalement extrieur - soit unprocessus mcanique, soit un dieu extraterrestre exclusif - dtermine mes reprsentations morales. Je nedeviens libre que si je produis moi-mme ces reprsentations, et non si j'accomplis les mouvements, si jesaisis les reprsentations qu'un autre a introduits en mon tre. Un tre libre doit pouvoir vouloir ce quelui-mme tient pour juste.

    Le rang d'un homme est dtermin par l'lvation et la puissance de cette qualit que RudolfSteiner appelle la fantaisie morale .

    C'est la source de toute action de l'esprit libre. C'est pourquoi il n'y a que les hommes qui possdent la

    fantaisie morale, qui sont moralement productifs. Par contre, ceux qui prchent la morale, et ceux quifabriquent des rgles de morale sans pouvoir les renforcer par des reprsentations concrtes, sontmoralement improductifs.

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    En ce qui concerne cette uvre fondamentale, dont nous n'avons pu ici donner que de bieninsuffisantes indications, ne pouvant aucunement remplacer l'tude de ce livre, Rudolf Steiner critdans son autobiographie :

    Ma philosophie de la libert est base sur une exprience rsultant du travail de la conscience humainesur elle-mme. La libert s'exerce dans la Volont. Elle est vcue dans le Sentiment. On la reconnat dansla Pense. Mais pour atteindre ce triple aspect de la libert, il ne faut pas que la vie se perde dans la

    pense.

    On comprendra peut-tre pourquoi, toute sa vie, Rudolf Steiner exigea comme postulat lacomprhension de son anthroposophie , une pense vivante et non une pense morte. Cette priodede la vie de Rudolf Steiner se termina par le livre : Gthe et sa conception du monde. l crivit aumme moment L'Introduction aux uvres de Schopenhauer (1894-1895) et de Jean-Paul (1897) quifurent dites dans La bibliothque de la Littrature mondiale de Cotta . Lorsqu'en 1897, il quittaWeimar, l'annuaire de la Socit Gthe condensa la reconnaissance officielle de son activit auxarchives de Gthe et Schiller, par ces mots :

    Ce qui a t fait ici, par un travail en commun utile et une activit critique positive etproductive, a suscit l'accord de tous les connaisseurs. II faut le remercier de ses efforts dnus

    d'gosme. Il a donn, sous la forme ordonne d'une construction unitive, une foule d'indicationsoriginales, qui assurent Gthe, homme de science, une valeur plus grande et plus universelle.

    Rudolf Steiner, avec ses trente-six ans, aurait d tre satisfait de cet cho bien que sa positionpersonnelle dans le cercle des officiels de Weimar n'ait t ni remarque ni comprise.

    A la fin de l'poque de Weimar, j'avais plus de trente-six ans. Depuis un an dj, un changementprofond avait commenc en moi. Avec mon dpart de Weimar, je sentis que ce changement n'tait pasaffect par la transformation de ma vie extrieure qui, pourtant, fut grande. Il en demeuraitindpendant.

    Tout au long de son enfance, et de son adolescence, aussi bien que pendant le temps pass

    Vienne et Weimar, Steiner prouva toujours la mme difficult faire, dans le monde sensible, desexpriences aussi intenses que celles qu'il pouvait faire dans le monde des ides et dans le mondespirituel; vivre dans le monde de l'esprit lui tait tout fait naturel et il y possdait une conscienceparfaitement veille, mais il avait l'impression d'un rve lorsqu'il pntrait le monde sensible, lemonde des formes, des couleurs, des sons. Ce que possde aujourd'hui un jeune homme moderne qui a grandi dans le mouvement assourdissant d'une grande ville : le contrle des sens, c'est cela

    justement, qui manqua tout d'abord R. Steiner.

    Le contact avec le monde sensible par la perception, me cra les plus grandes difficults. C'tait comme sije n'avais pu insuffler l'exprience psychique assez profondment dans les organes sensibles pourpouvoir tablir une relation entre ce que ceux-ci prouvaient et le contenu de mon me. Mais cela

    commena changer compltement ds le dbut de ma trente-sixime anne. Mon pouvoir d'observationdes choses, des tres et des phnomnes du monde physique s'organisa, devint exact et pntrant... Uneattention pour le sensible/perceptible qui n'existait pas auparavant, s'veilla en moi.

    Il savait que ce revirement se passait de faon naturelle, lentement et organiquement enchaque tre humain pendant l'adolescence. Ce qui fut particulier R. Steiner, c'est que ce phnomnese produisit beaucoup plus tard. Il demeura longtemps en enfance pour ce qui est de ses rapportsavec le monde extrieur. Le fait d'prouver cette profonde transformation beaucoup plus tard qu'iln'est normal, eut un aspect positif dont il fut pleinement conscient : Je compris que les hommes

    passant prcocement d'un certain tat d'me existant pour eux dans le monde spirituel un autre tat devie dans le physique, ne pouvaient parvenir aucune conception, ni du monde spirituel ni du monde

    physique. Ils mlent instinctivement et continuellement, tout ce que les choses disent leurs sens et ceque l'me ressent grce l'esprit dont elle se sert ensuite pour se faire une reprsentation des choses .

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    Il est difficile de s'imaginer cet tat d'me en pleine transformation . Dans un tempsrelativement court, le monde sensible qui se dployait devant R. Steiner, comme un paysage voil debrumes, lui apparut clair et comprhensible comme jamais encore il ne l'avait t. Les voiles sedchirrent et le monde extrieur se rvla avec tous ses contours et ses couleurs enlumines de soleil.

    L'exactitude et la pntration par l'observation de ce qui tombait sous les sens furent, pour moi,exprience aussi nouvelle que de fouler un monde inconnu.

    Le rapport nouveau, que R. Steiner tablissait avec le monde eut bien videmment une

    rpercussion sur son monde intrieur. La vie de son me en fut intensifie et ragit sur les relationsqu'il entretenait avec son prochain.Je me proposais d'observer tout fait objectivement et de concevoir

    purement et librement ce qu'un tre humain pouvait vivre. J'vitais scrupuleusement de critiquer lesactions des hommes ou de les juger selon ma sympathie ou mon antipathie; je voulais simplement laisseragir sur moi l'homme tel qu'il est. Il me sembla bientt que cette manire d'observer le monde conduisaitrellement vers le spirituel.

    II se sent maintenant, et pour la premire fois, impliqu dans l'univers tout entier, sachant qu'ilva et vient avec une libert souveraine entre le monde intrieur et le monde extrieur. La relle

    comprhension de la vie , il la trouve dans l'exprience de la polarit et de l'quilibre de l'intrieur etde l'extrieur conus selon le mme tat de conscience. Il dcrit ainsi ce nouvel tat : L est le monde et

    son nigme. (...) La connaissance voudrait s'en approcher; mais elle veut en gnral donner la solutionde l'nigme un contenu de pense. Mais les nigmes (...) ne se rsolvent pas par des penses. Les pensesamnent l'me sur le chemin de la solution mais elles ne contiennent pas la solution. Je me disais aussi :le monde, en dehors de l'homme, est une nigme, l'nigme cosmique, et l'homme est lui-mme la solution

    de cette nigme.

    L'Agriculture Bio-Dynamique

    Tous ceux qui avaient suivi de loin la vie de Rudolf Steiner, ressentirent un immense tonnementlorsqu'en juin 1924, immdiatement avant le cours qu'il faisait aux pdagogues-soignants, il en fitgalement un aux agriculteurs.

    Un occultiste, un initi, parla devant des paysans et des propritaires terriens, du travail deschamps, de l'levage du btail, de l'amendement des terres, par engrais ou fumage, de l'assolement, del'exploitation forestire et du paysannat. Ce fut vraiment une nouveaut; car rien de comparable nelui tait arriv jusqu'alors. Comme dans tous les autres domaines, Rudolf Steiner ici aussi, s'appliqua ne jamais parler en thoricien . Les auditeurs coutaient un initi qui connaissait beaucoupplus srement les ralits terrestres qu'eux-mmes, qui avaient pass leur vie dans les champs, avecle btail. Les connaissances paysannes de Rudolf Steiner remontent sa premire enfance, alors qu'ilaidait ses parents cultiver leur petit jardin. Il rpondait un jour un auditeur enthousiaste qui, lafin d'une confrence, lui faisait ainsi compliment : Oui, c'est vos profondes connaissances philosophiques que vous devez tout cela, et surtout de

    pouvoir nous faire des rvlations aussi grandioses! Je pense que ce que je peux faire, je le dois davantage, au fait que lorsque j'tais enfant, j'ai appris toujours nettoyer mes chaussures moi-mme...

    Pareil propos tait vraiment caractristique de Rudolf Steiner.

    Ce Steiner rustique sut aussi gagner la confiance des paysans qui sollicitaient ses conseils. Ilsformrent un cercle d'essais pour traduire en actes, les impulsions reues. Ils travaillrentnormment les premires annes. mais le national-socialisme, puis la Deuxime Guerre mondiale etses suites, les contraignirent abandonner de telles recherches, principalement en Allemagne. Biendes proprits et des fermes d' Allemagne de l' Est, qui avaient t entirement transformes et

    adaptes la nouvelle mthode de culture, furent perdues. Aujourd'hui, le mouvement est nouveautrs connu et se nomme Mthode de culture biologique-dynamique et ses produits portent le label

    Demeter . Il ne faudrait pas confondre cet aspect de l'anthroposophie, avec divers essais de rforme,notamment celle qui vise l'agriculture par exemple, et exige l'interdiction des engrais chimiques. Les

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    conseils pratiques de Rudolf Steiner n'ont rien de ngatif. Ils ont en vue le but final : la gurison dusol et de ses fruits. Les aspects spirituels de la nature et les connaissances des rapports entre la Terreet le cosmos reprsentent, pour cette agriculture, les pralables indispensables qui veut soigner etgurir les maladies du sol, des plantes, des animaux, donc galement des hommes. Steiner, grce ungrand nombre d'indications concrtes, conduisit certains horticulteurs et certains paysans sur unevoie qu'ils suivent depuis lors.

    La Mdecine (1920-1924)

    Peu de temps aprs la fondation de l'cole Waldorf, Rudolf Steiner fut pri d'apporter sonconcours pour une amlioration et une extension de la thrapeutique. Cette demande fut motive parla crise de la mdecine, perceptible en tous lieux et sur tous les plans. C'est alors que lesanthroposophes apprirent que Rudolf Steiner avait dj fait un cycle de confrences Prague. en1911, sur la Physiologie occulte. Rudolf Steiner s'leva avec force, ds le premier instant, contre ledanger de dilettantisme qu'un intrt grandissant pour les questions mdicales pouvait faire natrechez les profanes. A de rares exceptions prs, et pour des raisons srieuses, il n'admit ses cours, de1920 1924, que des mdecins et des tudiants en mdecine. L'humanisme qu'il avait labor depuisprs de vingt ans comme professeur d'anthroposophie en constitua la base.

    Dans son livre Les nigmes de l'me (1917), il avait fait un expos fondamental sur le rapportexistant entre les fonctions de l'me et les processus de la vie. Cet expos trouva son application dansle domaine physiologique. Il y tait dit que la dynamique de l'organisme humain en bonne sant doittre comprise par l'tude de l'activit commune des trois systmes organiques plus ou moins

    autonomes :

    1. Le systme neurosensoriel, principal agent des perceptions sensibles et des facults dereprsentation.

    2. Le systme mtabolique (changes nutrition-digestion-assimilation-excrtion...), la gnrationet le systme des membres qui sont la base physiologique de la vie volontaire.

    3. Le systme respiratoire-circulatoire (circulation sang-cur-poumons), entre ces deux plesqu'il quilibre, il est par ailleurs le porteur de la vie des sentiments.

    L'acclration ou la dclration (le fonctionnement plthorique ou le fonctionnement insuffisant)de l'un de ces systmes provoque la maladie. On ne comprend pas le corps humain , ses organes, etleur fonctionnement, si on ne le considre en mme temps comme l'expression de l' homme

    suprasensible. Parler en gnral de l'me et de l'esprit ne mne pas bien loin, mais il faut avoir uneconnaissance nuance de la faon dont les diffrents organes et les systmes organiques participent la vie de l'me et celle de l'esprit. Ces aspects gnraux furent expliqus l'aide de nombreuxexemples et d'indications concrtes. Rudolf Steiner donna aux mdecins qui l'avaient sollicit, lapossibilit d'tablir un diagnostic anthroposophique des maladies et aussi des directives sur les

    mthodes thrapeutiques utiliser. Aprs sa mort, parut son livre Diagnostic et thrapeutiqued'aprs les connaissances de la science spirituelle (1925) qu'il avait crit en collaboration avec ladoctoresse Ita Wegman, premire directrice de la section mdicale au Gtheanum et fondatrice de laclinique d' Arlesheim.

    Il ne s'agit pas de s'opposer aux mthodes scientifiques reconnues de la mdecine actuelle. Nousadmettons celle-ci dans ses principes et nous pensons que ce que nous avons donn ne peut tre utilisdans la pratique mdicale que par des hommes possdant toutes les connaissances mdicales et lesdiplmes reconnus. Nous ajoutons seulement ce que l'on peut savoir aujourd'hui sur l'homme par lesmthodes scientifiques, des connaissances plus vastes dcouvertes par d'autres mthodes et c'estpourquoi nous avons le devoir de travailler partir de ce monde et de cette connaissance largis, un

    largissement simultan de l'art de gurir .Les impulsions donnes par ce livre et les cours d'enseignement mdical, se sont tellement

    dvelopps que depuis quarante ans que Rudolf Steiner est mort, plus de mille mdecins appliquent

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    une mdecine anthroposophique et un grand nombre de cliniques et de sanatoriums lui sontrservs. La clinique d' Arlesheim fut la mre de ce mouvement mdical. Depuis quelques annes,la section mdicale du Gtheanum s'est galement transforme. Chaque anne Pques, enAllemagne, un congrs mdical se runit Combourg (Schwbish Hall) o deux cents mdecins serencontrent. Pour les malades mentaux, le Dr Friedrich Huseman fonda une clinique spciale, Wiesneck , Buchenbach, prs de Fribourg-en-Brisgau. Les cours de mdecine contenaientgalement de nombreuses indications sur une nouvelle fabrication et utilisation des remdes. Il fautciter ici le nom du Dr Schmiedel, pharmacien, qui nous devons la cration, d'aprs ces donnes, desfabriques de mdicaments Arlesheim et Schwbish-Gmnd (Weleda), qui ont aujourd'hui unimportant rseau international. Pour des raisons semblables, le Dr Hauschka cra Eckwlden prsde Stuttgart la firme Wala o sont fabriqus partir des sucs vgtaux des produits dittiquesfortifiants.

    Un programme d'tudes mdicales spciales est rgulirement poursuivi par les docteurs Kaelinet Leroi au sein de la Socit de recherche pour le cancer . Le but de la socit, c'est l'tude d'unremde indiqu par Rudolf Steiner contre le cancer et le perfectionnement des mthodes d'utilisationet d'application. Ce mdicament porte le nom d' iscador. Il est fabriqu partir de diffrentes sortesde gui (viscum album). La Socit est dirige par des mdecins qui, comme tous les autres mdecins,ont lutter jour aprs jour, parmi leur clientle, avec le cancer... Rudolf Steiner n'a jamais t un

    gurisseur . Cependant, bien des malades doivent leur gurison son action. Tous ceux qui leconnurent pendant les dernires annes de sa vie, taient tonns de la masse de connaissancesdtailles qu'il possdait dans le domaine mdical.

    Avant de faire des dclarations et d'mettre des affirmations sur ce qui concerne l'esprit,l'anthroposophie cre les mthodes qui le lui permettent .

    La Pdagogie Curative (1924)

    L'augmentation du nombre des enfants psychopathes notre poque est indniable et constitueun fait extrmement grave. Rudolf Steiner cra le mouvement de pdagogie curative . C'est

    nouveau une impulsion extrieure qui lui en donna la possibilit. Trois jeunes tudiants qui soignaientles dficients mentaux demandrent des conseils Rudolf Steiner, qui les leur donna. Ils fondrentpar la suite, prs de Ina, le premier Institut de pdagogie curative, le Lauenstein (1924). Peu detemps aprs, des enfants psychiquement malades furent conduits, par le destin. la clinique d'Arlesheim. De cette exprience naquit, toujours Arlesheim, l'institut Sonnenhof dirig par ladoctoresse Ita Wegman. Qui aurait pu supposer alors, que de ces deux germes, et de faon aussisimple, un mouvement allait prendre naissance dont dpendent aujourd'hui plus de cent instituts quisoignent des milliers d'enfants?

    L'ide fondamentale de ce travail exigeant le plus grand sacrifice personnel, nat directement etnaturellement de l'anthroposophie. Le destin (karma) a conduit les mes de ces enfants vers des corps

    maladifs et malforms. Des incarnations comme celles-l ne sont en aucun cas inutiles. Ellespermettent des expriences et des preuves labores par l'individualit ternelle de l'homme,pendant la vie post mortem; elles le font mrir et lui apportent des forces neuves qu'il utilisera aucours d'une prochaine incarnation. C'est pourquoi il faut s'approcher de ces enfants malades avec unimmense amour et une grande comprhension. En juin 1924, dans l'un de ses cours, Rudolf Steiner,s'adressant au groupe des premiers pdagogues soignants, qui avaient appris dans le dtail tout ce quiconcernait les maladies infantiles, mit en relief la volont de sacrifice que ncessite la profession depdagogue-soignant.

    Qu'est-ce qui est surtout ncessaire l'ducation de ces enfants? Pas une lourdeur de plomb, maisau contraire, un humour lger, un vritable humour, l'humour de la vie! Le travail de pdagogie

    curative, qui va de pair avec l'eurythmie curative, relve ainsi de la section mdicale. Trente-sept ansplus tard, le Pr Jacob Lutz de l' Universit de Zurich (1961), traitant de la pdagogie curativeanthroposophique dans son cours sur la psychiatrie infantile , crivait :

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    J'ai pu examiner, depuis des annes, en relation avec le traitement des enfants profondment dficientset des enfants atteints de traumatisme du cerveau, ce qui tait fait dans les homes dont l'activit est base

    sur l' anthroposophie de Rudolf Steiner. L'aide que les enfants malades reoivent l est si grande et letraitement produit des rsultats si spectaculaires et si significatifs, que vous serez obligs, sous peu, devous y rfrer. (...) Je dois l'tude de l'humanisme, de la pdagogie curative de Rudolf Steiner, des ides

    dcisives et fondamentales sur les problmes poss par ces enfants...

    L' Anthroposophie et les Sciences

    L'esprit de Rudolf Steiner avait une telle ampleur universelle que beaucoup de domaines ont tabords dans ses crits et ses nombreuses confrences et notamment les Sciences. Rudolf Steinerreprochait juste titre aux sciences d'tre matrialistes et d'avoir oublier les impulsions spirituellesqui sont l'origine de tout. La clairvoyance atavique s'tant teinte progressivement, les hommesoubliaient les mondes spirituels et sombraient dans le matrialisme le plus total. Nous voyons l'heure actuelle, les consquences de tout ceci dans tous les domaines de l'existence, non seulement del'existence humaine, mais de celle de tous les tres composant notre monde, sans oublier notre planteelle-mme. Et bien-sr (ceux qui ont les principes de bases de la science spirituelle seront d'accordavec moi) des implications dans l'volution universelle et divine. Pour donner une petite ide du

    rapport de Rudolf Steiner avec les sciences, je citerais des extraits de la premire des confrencesfaites Stuttgart du 1er au 18 janvier 1921 et tirs du livre Science du Ciel - Science de l'Hommeaux ditions Anthroposophique Romandes. Puis d'extraits d'une allocution donne le 8 aot 1921 Dornach et tire du livre Lumire et Matire aux ditions Anthroposophiques Romandes.

    Stuttgart, 1er janvier 1921 :

    .../...La situation est telle que beaucoup de choses auront changer dans un avenir relativementproche au sein de la dite vie scientifique, si celle-ci ne veut pas aboutir une complte dcadence. Etnotamment certaines matires scientifiques que l'on range actuellement sous certaines appellations, etque l'on fait pratiquer sous ces appellations par nos coles habituelles, devront tre sorties de leurstructure et seront rpartir selon d'autres critres afin que, en quelque sorte, se fasse une vaste

    redistribution de nos disciplines scientifiques. Car la rpartition que l'on a maintenant n'estabsolument pas suffisante pour accder une vision du monde qui soit conforme la ralit. Del'autre ct, notre monde actuel adhre de faon si forte cette rpartition que les chairesd'enseignement sont tout simplement pourvues d'aprs cette rpartition traditionnelle. On se limitetout au plus rediviser en spcialits les disciplines scientifiques existantes ainsi dlimites et chercher pour ces spcialits diffrents spcialistes, comme on les nomme. Mais un changementdevra intervenir dans toute cette vie scientifique, dans le sens o de tout autres catgories devrontapparatre, et dans ces catgories on trouvera runies dans une discipline indite des choses diversesqui sont actuellement traites en zoologie, disons aussi en physiologie, et ensuite encore enpistmologie... Par contre les anciennes disciplines scientifiques, qui travaillent beaucoup dans lesabstractions, devront disparatre. II faudra aussi quaient lieu des synthses scientifiques tout faitnouvelles. Cela rencontrera tout d'abord des difficults, dans le sens o les gens sont aujourd'huidresss aux catgories scientifiques en vigueur et qu'ils ne trouvent que trs difficilement le pontdont ils ont besoin pour arriver une organisation de la matire scientifique qui soit conforme laralit.

    Si je devais m'exprimer de faon schmatique, je dirais: aujourd'hui nous avons une astronomie,nous avons une physique, nous avons une chimie, nous avons une philosophie, nous avons unebiologie, disons, nous avons une mathmatique, etc. L-dedans on a cr des spcialits, plutt, dirais-

    je, afin que les spcialistes n'aient pas trop faire pour s'y retrouver, et pour qu'ils n'aient pas nonplus trop faire pour matriser la littrature spcialise qui s'tend l'infini. Mais il s'agira de crerde nouvelles disciplines qui recouvrent quelque chose de tout autre, une discipline qui par exemple

    recouvre quelque chose de l'astronomie, quelque chose de la biologie, etc. Pour cela sera bien srncessaire une transformation de toute notre vie scientifique. C'est l que doit agir, dans cettedirection justement, ce que nous appelons la science de l'esprit, laquelle veut tre quelque chose ayantun caractre d'universalit. Elle doit se donner comme une tche particulire d'agir dans cette

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    direction. Car, avec simplement les anciennes rpartitions, nous n'avanons plus. Nos universits sesituent aujourd'hui face au monde de faon vraiment tout fait trangre la vie. Elles nous formentdes mathmaticiens, des physiologistes, elles nous forment des philosophes, mais en fait tous sont sansaucun rapport avec le monde. Ils ne savent rien faire d'autre que de travailler justement dans leursdisciplines troitement limites. Ils nous rendent le monde sans cesse plus abstrait, sans cesse plusinadapt la ralit. Et je voudrais, dans ces confrences prcisment, prendre en compte ce fait quiest comme une ncessit pour notre poque. Je voudrais vous montrer comment, terme, il seraimpossible d'en rester aux vieilles rpartitions. Et c'est pourquoi je voudrais montrer comment lesdisciplines les plus diverses, qui aujourd'hui ne se soucient pas de l'astronomie, ont en fait certainsrapports avec une connaissance caractre universel, au sens spatial ici, avec l'astronomie, de sorteque, tout simplement, certaines connaissances astronomiques devront apparatre dans d'autresdisciplines pour que l'on apprenne matriser ces autres disciplines d'une manire adapte laralit.

    Voyez-vous, ce que nous appelons aujourd'hui astronomie , y compris le domaine del'astrophysique, ce n'est au fond qu'une cration de l'poque moderne. Avant l'poque de Copernic,de Galile, on a pens les choses de l'astronomie vraiment tout autrement qu'on le fait aujourd'hui. Ilest mme extraordinairement difficile aujourd'hui d'indiquer la faon particulire dont on a pens enastronomie, je dirais aux 13, 14 sicles encore, parce que cela est devenu totalement tranger l'homme actuel. Nous vivons seulement plus dans les reprsentations et, d'un certain point de vue,cela est tout fait justifi qui ont t cres depuis le temps des Galile, Kepler, Copernic, et cesont des reprsentations qui fondamentalement traitent des vastes phnomnes de l'espace universeld'une manire mathmatique-mcanique, dans la mesure o ils entrent en considration pourl'astronomie. On pense ces phnomnes de faon mathmatique-mcanique. Dans la considration deces phnomnes, on prend comme base ce qu'on obtient partir d'une science mathmatiqueabstraite ou d'une science abstraite de la mcanique. On calcule avec des distances, des mouvementset des forces, mais la manire qualitative de considrer les choses, laquelle tait tout fait prsenteaux 13, 14 sicles encore, et d'aprs laquelle on distinguait des individualits dans les astres, ondistinguait une individualit de Jupiter, une individualit de Saturne, cette manire, l'humanit

    actuelle en a tout fait perdu la clef. Je ne veux pas maintenant me rpandre en critiques sur ceschoses, mais je veux seulement indiquer que la manire mcanique et mathmatique de traiter de ceschoses est devenue exclusive dans ce que nous appelons le domaine de l'astronomie. Mme si nousnous procurons aujourd'hui des connaissances de vulgarisation sur le ciel et les astres, sanscomprendre les mathmatiques ou la mcanique, cela se fait toutefois, mme si c'est de faon profane,selon des concepts purement spatio-temporels, donc selon des reprsentations mathmatiques-mcaniques. Et il ne fait aucun doute chez nos contemporains, qui croient pouvoir jugerconvenablement de ces choses, que ce n'est qu'ainsi que l'on peut considrer le ciel et les astres, et quetoute autre manire de faire serait du dilettantisme.

    Si l'on se demande maintenant comment en fait il est advenu que cette considration du ciel et des

    astres soit apparue dans l'volution de notre civilisation, alors on recevra certes, auprs de ceux quiconsidrent la faon de penser scientifique actuelle comme quelque chose d'absolu, une autre rponseque celle que nous pouvons donner. Celui qui considre l'volution scientifique telle qu'elle esthabituelle aujourd'hui comme quelque chose de valable de faon absolue dira: voil, dans l'humanitancienne il n'y avait pas encore de reprsentations labores de faon strictement scientifique; on ad d'abord parvenir celles-ci. Et ce quoi on a accd, le mode d'observation mathmatique-mcanique des phnomnes clestes, cela correspond vraiment l'objectivit, cela est fond dans laralit. En d'autres terme, on dira : les gens de jadis introduisaient quelque chose de subjectif dans lesphnomnes de l'universel; l'humanit moderne s'est fray un chemin jusqu' une comprhensionstrictement scientifique de ce qui correspond maintenant vraiment la ralit.

    Nous ne pouvons donner une telle rponse, mais nous devons nous placer du point de vue del'volution de l'humanit, laquelle a fait entrer dans la conscience, au cours de son existence, desforces intrieures diffrentes. Nous devons nous dire: pour la faon de regarder les phnomnesclestes telle qu'elle a exist chez les anciens Babyloniens, chez les gyptiens, peut-tre aussi chez les

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    Indiens, c'est une certaine forme de dveloppement des forces de l'me humaine qui taitdterminante. Ces forces de l'me de l'humanit devaient alors tre dveloppes avec la mmencessit intrieure que celle qui fait qu'un enfant doit dvelopper certaines forces prcises de l'meentre la 10 et la 15 anne, tandis qu' une autre priode il dveloppe d'autres forces de l'me. Defaon analogue, l'humanit aboutit des investigations diffrentes selon les poques. Ensuite est venule systme du monde de Ptolmes. Il provenait son tour d'autres forces de l'me. Ensuite, est venunotre systme copernicien. Il est issu son tour d'autres forces de l'me. Celles-ci ne se sont pasdveloppes du fait que, en tant qu'humanit, nous aurions eu maintenant tellement de chance quenous serions parvenus l'objectivit, alors que les autres auraient tous t des enfants auparavant,mais parce que l'humanit a besoin, depuis le milieu du 15 sicle, du dveloppement des facultsmathmatiques-mcaniques prcisment, lesquelles n'taient pas prsentes auparavant. L'humanit abesoin d'aller puiser ces facults mathmatiques-mcaniques, et c'est pour cela que l'humanitregarde aujourd'hui les phnomnes clestes dans l'image ne des facults mathmatiques-mcaniques. Et elle regardera nouveau diffremment un jour, lorsqu'elle aura puis d'autres forcesaux profondeurs de l'me, pour sa propre volution, pour son propre salut et son bnfice. Celadpend donc de l'humanit, que la vision du monde prenne telle ou telle forme, et il ne s'agit pas deregarder avec orgueil des poques passes o les hommes auraient t dans l'enfance, et de considrerl'poque actuelle comme celle o l'on a enfin atteint l'objectivit, laquelle devrait dsormais demeurer

    telle quelle pour toute l'ternit.../....../...Or, cela a tellement pntr dans la conscience de l'humanit que l'on en est arriv en fait

    considrer tout le reste, tout ce qui ne peut tre trait de cette manire, plus ou moins comme non-scientifique. C'est de cela qu'est issu alors quelque chose comme la dclaration de Kant, qui a dit :chaque discipline scientifique particulire ne contient de science vritable qu' la mesure de lamathmatique qui peut y tre trouve. On devrait donc en fait introduire le calcul, ou bien de lagomtrie, dans toutes les sciences. Mais cela achoppe, du fait que les reprsentations mathmatiquesles plus lmentaires sont trangres aux personnes qui, par exemple, tudient la mdecine. A causede notre rpartition des sciences, on ne peut plus du tout aujourd'hui parler avec eux de notionsmathmatiques lmentaires. Et il arrive aussi que, d'un ct, soit pos comme idal ce que l'on

    nomme connaissance astronomique. Du Bois-Reymond a formul cela dans son discours sur leslimites de la connaissance scientifique, en disant nous ne saisissons dans la nature que ce qui peutdevenir pour nous connaissance astronomique, et nous ne satisfaisons notre besoin de causalitqu'avec cela. Ainsi, nous embrassons les phnomnes du cleste en dessinant les cartes du ciel avec lestoiles, en calculant avec ce qui nous est donn comme matriau. Nous pouvons indiquer de manireprcise : il y a ici un astre, il exerce une force d'attraction sur d'autres astres. Nous nous mettons calculer, nous avons, bien visibles devant nous, les choses particulires que nous introduisons dansnotre calcul. C'est cela que nous avons introduit tout d' abord dans l' astronomie. Maintenant,considrons, disons, la molcule. Nous avons l, dans la molcule, lorsqu'elle est complexe, toutessortes d'atomes qui exercent des forces d'attraction les uns sur les autres, qui se meuvent les unsautour des autres. Nous avons un petit univers. Et nous envisageons cette molcule selon le modle de

    notre observation habituelle du ciel et des astres. Nous appelons cela connaissance astronomique .Nous considrons les atomes comme des petits corps clestes, la molcule comme un petit systmeuniversel et nous sommes satisfaits quand cela russit. Mais voil la grande diffrence : quand nousregardons le ciel et les astres, tous les lments particuliers nous sont donns. Nous pouvons tout auplus nous demander si nous les runissons de faon correcte, ou bien s'il n'y aurait pas quelque chosed'autre que ce que par exemple Newtons a indiqu. Nous tissons l-dessus un filet mathmatique-mcanique. Cela est en fait un ajout. Mais cela satisfait les besoins modernes de l'humanit sur le plande la scientificit. Dans le monde des atomes et des molcules nous introduisons alors le systme quenous avons tout d'abord imagin et nous y ajoutons par la pense les molcules et les atomes. L nousajoutons par la pense ce qui, d'ordinaire, nous est donn. Mais nous satisfaisons notre dit besoin decausalit en disant : lorsque ce que nous pensons en tant que particules se meut de telle et telle faon,

    c'est l le fait objectif pour la lumire, pour le son, pour la chaleur, etc. Nous transposons desconnaissances astronomiques dans tous les phnomnes du monde et satisfaisons ainsi notre besoin decausalit. Du Bois-Reymond l'a exprim de faon particulirement sche : l o on ne peut faire cela,il n'y a absolument pas d'explication scientifique.

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    Voyez-vous, ce qui est mis ici en vidence devrait en fait correspondre, si l'on voulait parexemple aboutir une thrapeutique rationnelle, c'est--dire si l'on voulait comprendre l'efficacitd'un mdicament, le fait que l'on devrait pouvoir suivre les atomes, dans la substance de cemdicament, comme on suit d'ordinaire la Lune, le Soleil, les plantes et les toiles fixes. Il faudraitque tout cela puisse devenir de petits systmes universels. On devrait pouvoir dire, partir du calcul,comment agit tel mdicament. Il n'y a pas si longtemps, cela est mme devenu un idal pourbeaucoup. Maintenant on a renonc de tels idaux. Or, non seulement en ce qui concerne desdomaines aussi spciaux que par exemple la thrapeutique rationnelle, mais dj simplement pourdes choses beaucoup plus videntes, cela ne marche pas que nos sciences soient rparties comme ellesle sont aujourd'hui. Voyez-vous, le mdecin actuel est en fait form de telle manire qu'il ne peutdtenir qu'extrmement peu de vritable mathmatique. Ainsi, pourra-t-on peut-tre parler avec luide la ncessit de connaissances astronomiques, mais on n'aboutit rien avec lui si l'on parle de faireentrer dans son domaine des reprsentations mathmatiques. C'est pourquoi il faudrait donc que ceque nous avons en dehors des mathmatiques, de la mcanique et de l'astronomie soit prsentaujourd'hui comme non scientifique au sens strict du terme. Cela, bien sr, on ne le fait pas. Ondcrit aussi ces autres sciences comme exactes mais, l encore, c'est seulement une inconsquence.I1 est toutefois caractristique du prsent que l'on puisse poser de faon gnrale l'exigence que l'ondevrait tout comprendre selon le modle de l'astronomie.

    Combien il est difficile de parler aujourd'hui avec les gens de faon vraiment approfondie decertaines choses, c'est ce que je voudrais vous montrer travers un exemple. Vous savez que laquestion de la forme des os crniens de l'homme a jou un grand rle dans la biologie moderne. Et

    j'ai parl souvent aussi de cette affaire dans le cadre de mes confrences anthroposophiques. Au sujetde la forme des os crniens de l'homme, Gthe, Oken ont fait de grandioses anticipations. Ensuitel'cole de Gegenbaur a fait des recherches classiques l-dessus. Mais quelque chose qui pourraitsatisfaire un besoin de connaissance plus approfondie dans cette direction ne se trouve finalementnulle part aujourd'hui. On se dispute pour savoir si Gthe avait plus ou moins raison quand il disaitque les os crniens taient des vertbres, des os de la colonne vertbrale mtamorphoss, mais on nepeut pas parvenir aujourd'hui une vision dcisive sur cette question, et cela pour une raison tout

    fait prcise : du fait que, l o l'on parle de ces choses, on ne peut gure tre compris. Et l o l'onpourrait tre compris, eh bien, l, on ne parle pas de ces choses, parce qu'elle