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Agronomes, agroforestiers et agriculteurs : renforçons les synergies ! COMPTE RENDU DE L'ATELIER DE TERRAIN DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE D'AGRONOMIE Jeudi 16 mai 2013 à Villarceaux (95) Ce compte rendu a pour but de faire ressortir les points saillants des échanges qui ont eu lieu lors de l'atelier de terrain de l'Afa du 16 mai 2013. Cet atelier s'est tenu à la bergerie de Villarceaux (95) sur le thème de l'agroforesterie. Intitulé "Agronomes, agroforestiers et agriculteurs : renforçons les synergies !", l'atelier avait pour principal objectif d'échanger sur les savoirs scientifiques et les pratiques que mobilise l'agroforesterie. L'arbre champêtre y a été abordé sous ses différentes formes 1 , tant d'agroforesterie bocagère que d'agroforesterie intraparcellaire, à partir d'observations de terrain au sein de la ferme de la Bergerie. Nous remercions Danielle Lanquetuit qui a assuré la prise d'images et de vidéos de cette journée. Ces supports peuvent être consultés sur le site de l'Afa dans la rubrique "carrefour interprofessionnel". L'atelier du 16 mai a rassemblé une trentaine de participants d'horizons divers : chercheurs, conseillers, bureau d'étude, enseignants, forestiers, centre de gestion, agriculteurs. On soulignera aussi la participation à cet atelier de participants venant des 1 agroforesterie intraparcellaire qualifiée de "moderne" mais aussi haies périphériques aux parcelles, pré-bois, alignements d'arbres tétards... professions de l'aménagement (paysagistes, architectes). Leur présence témoigne de l'intérêt que suscite l'agroforesterie pour ces disciplines. On relèvera aussi la bonne mobilisation des enseignants (lycée agricole, école d'ingénieur en agriculture) : la mutualisation de documents pédagogiques en vue d'élaborer un module de formation commun sur l'agroforesterie a été proposée comme une piste de prolongement de l'atelier. Du côté des points faibles de l'atelier, on notera qu'il a peu mobilisé d'agriculteurs. Cet atelier de terrain était organisé en partenariat avec l'Afac-Agroforesteries – Association Française Arbres Champêtres et Agroforesteries. www.afac- agroforesteries.fr

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Agronomes, agroforestiers et agriculteurs : renforçons les synergies !

COMPTE RENDU DE L'ATELIER DE TERRAIN DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE D'AGRONOMIE

Jeudi 16 mai 2013 à Villarceaux (95)

Ce compte rendu a pour but de faire ressortir les points saillants des échanges qui ont eu lieu lors de l'atelier de terrain de l'Afa du 16 mai 2013. Cet atelier s'est tenu à la bergerie de Villarceaux (95) sur le thème de l'agroforesterie.

Intitulé "Agronomes, agroforestiers et agriculteurs : renforçons les synergies !", l'atelier avait pour principal objectif d'échanger sur les savoirs scientifiques et les pratiques que mobilise l'agroforesterie. L'arbre champêtre y a été abordé sous ses différentes formes1, tant d'agroforesterie bocagère que d'agroforesterie intraparcellaire, à partir d'observations de terrain au sein de la ferme de la Bergerie.

Nous remercions Danielle Lanquetuit qui a assuré la prise d'images et de vidéos de cette journée. Ces supports peuvent être consultés sur le site de l'Afa dans la rubrique "carrefour interprofessionnel".

L'atelier du 16 mai a rassemblé une trentaine de participants d'horizons divers : chercheurs, conseillers, bureau d'étude, enseignants, forestiers, centre de gestion, agriculteurs. On soulignera aussi la participation à cet atelier de participants venant des

1 agroforesterie intraparcellaire qualifiée de "moderne" mais aussi haies périphériques aux parcelles, pré-bois, alignements d'arbres tétards...

professions de l'aménagement (paysagistes, architectes). Leur présence témoigne de l'intérêt que suscite l'agroforesterie pour ces disciplines. On relèvera aussi la bonne mobilisation des enseignants (lycée agricole, école d'ingénieur en agriculture) : la mutualisation de documents pédagogiques en vue d'élaborer un module de formation commun sur l'agroforesterie a été proposée comme une piste de prolongement de l'atelier. Du côté des points faibles de l'atelier, on notera qu'il a peu mobilisé d'agriculteurs.

Cet atelier de terrain était organisé en partenariat avec l'Afac-Agroforesteries – Association Française Arbres Champêtres et Agroforesteries. www.afac-agroforesteries.fr

SYNTHESE DES DISCUSSIONS : POINTS MARQUANTS

NB : ce compte-rendu n'offre pas une synthèse exhaustive des échanges, sont développés les points de discussion qui ont fait l'objet de débat ou qui soulèvent des perspectives.

Introduction de l'atelier : agroforesterie et aménagement foncier agroécologique

En introduction, Baptiste Sanson rappelle les objectifs qui ont conduit à réintégrer l'arbre au sein de l'exploitation de la bergerie en 2000 et 2001 lors de la conversion à l'agriculture biologique de la ferme (400ha) : 10 km de haies ont été plantées à raison de deux arbres par m2 pour former une trame d'agroforesterie bocagère relativement homogène au sein de l'exploitation. Les plantations se sont faites en parallèle d'un redécoupage parcellaire qui a abouti à un parcellaire laniéré (des parcelles de 800 mètres de long sur 120 mètres de larges, soit 8 ha en moyenne). Des haies ou des bandes enherbées de 4 mètres de large ont été implantées en bordure de parcelle sur les conseils d'experts de l'écologie du paysage pour servir de zones refuges pour les auxiliaires des cultures. L'état des connaissances scientifiques au moment où sont implantées ces haies (2000-2001) tend à montrer que certains de ces auxiliaires (syrphes, carabes notamment) ont un rayon d'action de 60 mètres au sein des parcelles depuis une haie ou une bande enherbée. Ce principe conduit l'équipe d'agronomes en charge de conduire l'aménagement foncier agroécologique de la bergerie de Villarceaux à proposer un découpage des parcelles d'une largeur de 120 mètres (2 * 60 mètres) pour que toute la surface des parcelles bénéficient de l'influence – théorique - des auxiliaires depuis les haies et bandes enherbées périphériques.

Question soulevée : ces principes d'écologie du paysage, qui ont conduit à recomposer spatialement à grande échelle l'exploitation de la bergerie, se vérifient-ils ?

Point de discussion : On observe une pression faible des maladies et ravageurs au sein de l'exploitation. Quelle part de cet état sanitaire peut être attribué au rôle des auxiliaires (et donc des arbres et des bandes enherbées) et quelle part est la conséquence d'autres facteurs (allongement des rotations, choix variétaux, densité de semis, facteurs climatiques) ? Comme il est difficile de faire la part entre ces différents critères qui interagissent, il pourrait être intéressant d'imaginer des protocoles de piégeage pour étudier plus précisemment le rôle des haies dans l'état sanitaire des cultures. Une partie des haies devant être recépée à partir de 2014 afin de produire du bois énergie (bois déchiqueté en plaquettes), il pourrait être judicieux de profiter de cette perturbation pour conduire une expérimentation qui consisterait à poser des pièges à équidistance des haies, qui pour certaines seraient recépées et pour d'autres laissées en l'état.

Séquence 1 (en salle) : quel appui de la recherche pour l'agroforesterie ? enjeux d'une recherche participative

Fabien Liagre expose les résultats du bilan provisoire du tour de france des premières parcelles expérimentales agroforestières2. Au cours de cette démarche portée et initiée par Agroof, les enquêtes ont montré que bon nombre des agriculteurs qui ont fait partie de ces expérimentations regrettent le manque de retour dont ils ont bénéficié sur ces parcelles. Le terme de recherche participative n'est pas forcément connu de ces agriculteurs, certains en ont entendu parler par le biais de l'observatoire agricole de la biodiversité; la plupart sont plutôt ouverts à ces approches.

2 une centaine de parcelles au total : parcelles CEMAGREF-INRA de 1980, parcelles d'agriculteurs ne faisant pas partie de dispositif et parcelles récentes des projets CASDAR.

LES ENJEUX D'UNE RECHERCHE PARTICIPATIVE Il ne s'agit pas de remettre en cause le travail ou les protocoles faits par la recherche mais de voir comment l'objet d'étude (les interactions entre les arbres et les cultures) appelle à un cadre de recherche renouvelé. Fabien Liagre donne un exemple de questions que posent l'agroforesterie à la recherche :

– est que les arbres peuvent contribuer à la fertilité du milieu ? Est-ce qu'un jour les agriculteurs pourront réduire leurs apports d'amendements ou de fertilisants grâce aux arbres ? Quel est l'impact des arbres sur le carbone fixé dans le sol et sur la matière organique ?

Face à ces questions complexes, Fabien Liagre cite des résultats très récents qui montrent que nous avons encore beaucoup à apprendre : exemple d'une thèse en cours à Restinclière (dans le cadre du projet PIRAT, soutenu par l'ADEME) qui montre et mesure le fait que les arbres continuent de pousser en hiver au niveau racinaire alors qu'ils n'ont plus de feuille (thèse en cours, ces accroissements racinaires sont importants. Il est prévu de marquer le carbone fixé par les arbres avec du carbone 13 pour voir sa dynamique dans l'arbre puis dans le sol).

MANQUE DE MOYENS ET DIFFICULTÉ DE CONDUIRE UNE RECHERCHE SUR LE LONG TERMEOn a encore très peu d'expérimentations en agroforesterie (que ce soit par rapport au thème de la fertilité, par rapport au rôle des arbres sur la biodiversité fonctionnelle). Les personnes qui travaillent sur ce sujet sont peu nombreuses (une seule équipe INRA) et les moyens accordés à l'agroforesterie insuffisants. Le pas de temps des financements est le plus souvent de l'ordre de 3 ans alors que les résultats en agroforesterie ne peuvent s'acquérir que sur le long terme. Cette question rejoint celle de l'évaluation des chercheurs qui sont soumis à des rythmes courts de publication alors que les mécanismes étudiés en agroforesterie (plus largement en agroécologie) s'inscrivent dans le temps long.

CONSÉQUENCE "Il n'y a pas de spécialistes de l'agroforesterie", chaque année on a des surprises sur le fonctionnement des arbres. Face à ce besoin d'étayer le développement de l'agroforesterie par des connaissances scientifiques solides, il va falloir travailler davantage en réseau avec les agriculteurs et sortir d'un modèle prescripteur de la recherche à l'encontre des agriculteurs. Les agriculteurs ne deviendront pas pour autant des chercheurs, mais réciproquement les chercheurs ont intérêt à s'appuyer sur le suivi et les observations de terrain que font les agriculteurs. Il faut donc considérer les agriculteurs comme des partenaires de la recherche.

Séquence 2 (terrain) : visite du dispositif d'agroforesterie intraparcellaire de la bergerie

Baptiste Sanson expose les traits caractéristiques du dispositif en place :

CONTEXTE DU PROJET AGROFORESTERIELe projet agroforesterie de la Bergerie s'inscrit dans la continuité des actions de recherche agronomique menées en lien avec les Instituts Techniques Agricoles (ITAB, Arvalis- Institut du Végétal, INRA), puisqu'on y étudie déjà un système en polyculture-élevage et un système en grandes cultures sans élevage (dispositif de la Motte). L'agroforesterie intra-parcellaire introduit une troisième modalité.

Les parcelles plantées sont incluses dans une rotation de huit ans (4 ans de cultures et 4 ans de prairie). La rotation polyculture / élevage que suivent ces parcelles en agriculture biologique ainsi que son échelle (24 ha) n'ont encore que peu été expérimentées en France..

OBJECTIFS DU PROJETLe principal objectif est d'étudier si l'agroforesterie peut contribuer à améliorer la durabilité d'un agrosystème, à travers l'impact des arbres sur la fertilité du milieu (sol notamment) et sur la

biodiversité fonctionnelle. Par ailleurs, ce dispositif constitue un site régional de démonstration pratique et de recherche en agroforesterie.

AXES DE RECHERCHESuite aux objectifs généraux du projet, trois axes de recherche ont été retenus :

• Étude de l'apport des arbres légumineux sur la fertilité du milieu.• Etude de l’impact de la densité des arbres sur les cultures : quelle densité optimale dans le

Nord de la France en agriculture biologique ? • Compréhension du déplacement des insectes auxiliaires de culture dans un maillage

agroforestier.

PLAN DE PLANTATIONTrois parcelles ont été retenues comme site de plantation : elles présentent une bonne orientation Nord-Sud avec une faible pente, un sol limoneux semi-profond de bonne qualité, et surtout un découpage rectangulaire qui en simplifie le travail. Ces parcelles représentent une surface totale de 24 ha (chacune un peu plus de 7 ha), et elles accueillent chacune deux modalités agroforestières différentes. 652 arbres ont été plantés, de 11 essences différentes. Le choix a été effectué en fonction de leur adaptation au contexte pédoclimatique local et de la valorisation potentielle du bois.

Points de discussion

SYSTÈME DE PROTECTION DES ARBRES DANS LE CAS D'ARBRES CONDUITS DANS UNE ROTATION POLYCULTURE-ÉLEVAGEPour éviter des difficultés rencontrées à Villarceaux lors des premières années du dispositif où les arbres étaient attaqués par les animaux en dépit des protections installées, il est essentiel de planter les arbres au moment du cassage des prairies si les alignements s'inscrivent dans une parcelle en rotation prairie temporaires / cultures : ainsi les arbres bénéficieront pendant 4 ans du fait d'être associés aux cultures ce qui favorisera leur implantation racinaire et évitera qu'ils souffrent de l'abroutissement. Au bout de ces 4 années de cultures et du retour de la prairie temporaire, on peut imaginer que les arbres seront déjà formés et que leur houppier (partie appétante pour les vaches) sera hors de portée des vaches. Néanmoins, il serait préférable pendant les années de prairies temporaires qui suivront de ne pas faire pâturer ces parcelles et de n'y pratiquer que la fauche afin de préserver les arbres (les animaux ayant également tendance à se frotter aux arbres ce qui peut leur causer des dommages importants). Ces considérations suggèrent néanmoins que l'agroforesterie intraparcellaire est plutôt plus complexe à gérer dans le cadre de rotation prairies temporaires/cultures et qu'il est préférable d'associer les arbres soit exclusivement à des cultures soit exclusivement à des prairies, chacun de ces systèmes déterminant un type bien spécifique de protection, d'entretien et gestion. Le fait d'associer les arbres dans une rotation longue prairies/cultures tient au caractère expérimental du dispositif de Villarceaux.

ARBRE ET FERTILISATION : Fabien Liagre rappelle que l'enjeu est double. Les arbres peuvent avoir un rôle positif sur la réduction du lessivage d'azote (l'appareil racinaire des arbres joue un rôle efficace au bout d'une dizaine d'années).Inversement les arbres peuvent permettre d'améliorer la fertilité du milieu et la qualité des sols : en système tropical ou méditerranéen, l'apport d'azote organique par les arbres légumineuses est connu et bien documenté, en revanche ces mécanismes ont peu ou pas été étudiés dans nos contextes d'agricultures européennes.

TECHNIQUES DE PLANTATION: Yves Gabory explique que l'agroforesterie intraparcellaire n'est pas la seule forme qui peut s'envisager pour réintégrer des arbres dans un système d'exploitation. Selon l'objectif que l'on cherche à atteindre, de multiples formes peuvent être appropriées (haies brises vents, etc). De même la plantation de jeunes plants de 60 à 80 cm n'est pas le seul modèle pour implanter des arbres. D'autres peuvent s'imaginer comme la régénération naturelle assistée (qui s'observe en pied de clôture si l'on ne traite pas les bords de parcelle) ou le test de semis direct forestier (mis en pratique par Agnès Sourisseau au sein du site expérimental agroforestier des Monts gardés).

Séquence 3 (terrain) les outils du conseiller agroforestier et le plan de gestion des haies

Aperçu historique de l'évolution du métier conseiller agroforestier par Laurent Nevoux. Au départ, un manque de connaissance ; les plus avancés étaient les membres de l'équipe de Jacques Baudry à Rennes qui avaient fait l'inventaire du bocage breton. Les replantations historiques de haies se sont d'abord faites avec des résineux (thuyas et cyprès sur l'île d'Oléron par exemple), puis il y a eu un mouvement de plantation avec des essences très horticoles (forsythia). Des erreurs ont été faites (absences de paillage). Progressivement le conseil à la plantation s'est structuré pour mieux prendre en compte l'approche globale de la gestion des haies, par exemple en prenant en compte la spacialisation des plantations (on ne plantera pas de la même façon suivant la pente, l'orientation des parcelles, etc). .

L'enjeu du métier de conseiller agroforestier est de permettre que les agriculteurs – qui vont être les gestionnaires – puissent s'approprier la gestion des arbres avec leurs propres outils. La plantation des arbres aura des conséquences lourdes pour ces agriculteurs car inscrites dans le temps long. Le travail de conseil agroforestier commence inévitablement par du terrain, pour arriver à une bonne compréhension des paramètres du mode d'exploitation de l'agriculteur conseillé. "Pour voir jusqu'où on peut aller dans la plantation" (il ne faut pas vouloir trop planter, ça peut être contreproductif).

Il ne faut pas perdre de vue le fait que la haie ou l'arbre sont un des derniers espaces de liberté des agriculteurs (car moins soumise à réglementation). La subtilité consiste à proposer un plan global de gestion des haies qui puisse être approprié par l'agriculteur. Les premiers plans de gestion qui ont été mis en place avaient une approche très environnementale. Dans les régions historiques de bocage, ces inventaires ont été très mal accueillis, ça ne prenait pas. L'appropriation de l'outil plan de gestion s'est fait au travers d'une approche économique de la gestions de l'arbre, il a fallu développer une "sylviculture de la haie". Ces plans de gestion sont donc très orientés vers la production de bois énergie même s'ils prennent en compte d'autres fonctions des haies (rôle antiérosif, paysage, etc).

Les étapes de l'élaboration d'un plan de gestion de haies :

Le conseiller se base sur une typologie des haies qui sert sur l'ensemble d'un territoire en distinguant deux grandes catégories :

– les essences buissonnantes ou arbustives (moins de 7 mètres),

– les essences qui font plus de 7 mètres de haies.

A partir de la typologie des haies on peut estimer pour une exploitation donnée quel est le capital de bois sur pied et la productivité annuelle des haies. Pour gérer durablement la ressource, le prélèvement ne devra pas dépasser la productivité annuelle des haies. Pour connaître ce potentiel de productivité des haies par type de haie, il a fallu construire au préalable un référentiel (en l'occurence, un référentiel Ornais dans le cas de la SCIC Bois Bocage Energie). Ensuite on ajuste ces estimations sur le terrain en prenant en compte l'historique de la haie. Puis vient la phase de préconisation qui consiste à programmer les interventions annuelles et le mode de traitement de chaque haie. Ces recommandations prendront en compte d'autres critères (paysagers, de priorisations des fonctions que l'on assigne à la haie, etc).

Conclusion des échanges : Considérer l'arbre comme un "atelier" de l'exploitation

Les échanges de la journée ont souligné le besoin de penser la mise en place et la gestion des arbres dans le système d'exploitation comme un atelier de production à part entière. L'intégration de cet atelier "arbre" dans le système de production global est essentiel pour assurer sa pérennité sa bonne gestion. On ne peut par exemple pas décider du mode d'intervention sur les haies sans prendre en compte le mode cultural des parcelles adjacentes à ces haies. Il faut arriver à penser le mode de traitement des arbres comme des itinéraires techniques qui vont devoir se combiner avec les itinéraires techniques des cultures. On choisira par exemple de recéper telle haie plutôt que telle autre en fonction de l'assolement (prairie ? cultures d'hiver ou de printemps ?), du besoin de refaire une clotûre, etc.

Cette intégration de l'arbre comme élément structurant de système productifs agroécologiques implique qu'agronomes, agroforestiers (et paysagistes aussi peut-être pour la réflexion spatiale) continuent de travailler ensemble, dans la confrontation de leurs cultures, de leurs méthodes et de leurs outils respectifs.

RAPPEL DU PROGRAMME DE L'ATELIER DE TERRAIN DE L'AFA

À PARTIR DE 9H30 > ACCUEIL, CAFÉ

10H À 12H45 : AGROFORESTERIE ET RECHERCHE AGRONOMIQUE

Apport de références en salle – Intervenant : Fabien Liagre (bureau d'étude AGROOF ) :

- présentation et discussion des protocoles et des résultats d'un programme de recherche particulier: cas du programme PIRAT 2011 (programme intégré de recherche en agroforesterie à Restinclières-34).- bilan des parcelles agroforestières pilotes en france, sous l'angle du rapport entre l'agriculteur et le chercheur. (bilan en cours de réalisation par le bureau d'étude Agroof)- synthèse des questions spécifiques que pose l'agroforesterie à la recherche.

Visite de terrain de l'expérimentation agroforestière de la Bergerie de Villarceaux (O. Ranke et B. Sanson)

14H00 À 17H00 : OUTILS ET DEMARCHES D'ACCOMPAGNEMENT DE L'AGROFORESTERIE

Deux questions seront abordées au cours de cette séquence, l'une concernant le métier de conseiller agroforestier et l'autre concernant les freins et opportunités de développement de l'agroforesterie.

Outils et démarches du conseil agroforestier

Intervenant : Laurent Nevoux, gérant de la SCIC Bois Bocage Energie et administrateur de l'AFAHC

A partir d'un secteur de l'exploitation où ont été plantées 8 km de haies il y a dix ans, Laurent Nevoux présentera l'outil PGH (Plan de Gestion des Haies, équivalent du PSG forestier), outil de diagnostic et de gestion des systèmes agroforestiers, qui a été appliqué à Villarceaux dans une optique de production de plaquettes agroforestières.

Agroforesterie et développement territorial

Intervenant : Yves Gabory, directeur de Mission bocage et président de l'AFAHC.

Yves Gabory reviendra sur le développement de l'agroforesterie sur le territoire du pays des Mauges. Bien que de nombreuses études aillent dans le sens d'une contribution positive des arbres aux systèmes d'exploitation, les freins et les réticences à la plantation sont encore très forts et de nombreuses haies continuent d'être arrachées. Parmi ces freins, il est souvent fait état que les garanties (études, rapports etc...) sur l'agroforesterie ne sont pas encore suffisament solides. Comment planter des arbres pour 50 ans alors qu'il est très difficile d'estimer ce que sera le prix des céréales dans 20 ans ? Comment planter dans le contexte du changement climatique ? Pourquoi l'aversion au risque est-elle plus forte vis-à-vis de l'arbre que de techniques qui ont connu une diffusion très rapide comme le maïs ensilage ou le photovoltaïque sur les toits des hangars agricoles ?

L'EXPÉRIENCE PRÉSENTÉE ET LES ORGANISATEURS DE L'ATELIER

La bergerie de Villarceaux n'est pas un référentiel de conversion à l'agriculture biologique. L'impulsion de la transition agroécologique donnée par la FPH dans les années 1995, en fait davantage un "territoire prototype" sur lequel on aurait simulé une politique publique de transition pour en mesurer les effets et le coût. Dans un objectif d'autonomie et de résilience du système d'exploitation, plusieurs facteurs ont été mobilisés : ré-organisation spatiale de la ferme, réintroduction de l'élevage et des prairies et intégration de l'arbre dans le système sous forme de haies périphériques aux parcelles (plantations en 2000 - 2001) puis sous forme d'alignements intraparcellaires (plantation en 2011). L'existence de ces différentes modalités d'agroforesterie ainsi que le travail mené avec des structures comme l'INRA, Arvalis, le MNHN, la CA 77 en font un territoire propice pour un atelier de terrain sur l'agroforesterie.

Cet atelier a été organisé par l'Association Centre d'Ecodéveloppement de Villarceaux avec la participation des membres du conseil d'administration de l'Afa.

L’Association Centre d’Ecodéveloppement de Villarceaux (CEV) a été créée en 2006 avec l’appui de la Fondation Charles Leopold Mayer pour le Progrès de l'Homme (FPH) pour assurer la coordination de la recherche agronomique à Villarceaux, la valorisation de la transition agroécologique de l'exploitation agricole et le lien avec des réseaux travaillant au développement durable des territoires ruraux. Le CEV organise également des formations et visites à destination d'étudiants, de groupes d'agriculteurs, de chercheurs et d'institutions. CEV est l'un des huit organismes du réseau ITAB. Pour en savoir plus www.bergerie-villarceaux.org

Cet atelier de terrain est une initiative portée par l'Afa (Association Française d'Agronomie) : lieu d'échanges et de débats, pour une agronomie en prise avec les enjeux sociétaux.

L'AFA a été créée en octobre 2008 pour faire en sorte que se constitue en France une véritable communauté scientifique et technique autour de cette discipline, par delà la diversité des métiers et appartenances professionnelles des agronomes ou personnes s'intéressant à l'agronomie. Plus encore qu'une société savante, l'AFA, veut être avant tout un carrefour interprofessionnel, lieu d'échanges et de débats. Pour en savoir plus : www.agronomie.asso.fr

L'Afac-agroforesteries (Association Française Arbres Champêtres et Agroforesteries) est un réseau national qui regroupe depuis 2007 près de 170 structures oeuvrant en faveur des agroforesteries, arbres et haies champêtres. Chaque année, les planteurs du réseau Afahc plantent 3 millions d'arbres en France. Dans le cadre de ses missions, l'Afahc développe des pôles de compétences autour des métiers de l'agroforesterie dans la plupart du territoire

national. Pour en savoir plus http://www.afac-agroforesteries.fr/

Agroof, bureau d'étude spécialisé en agroforesterie

L'expérimentation agroforestière de la bergerie de Villarceaux fait l'objet d'un partenariat avec le bureau d'étude AGROOF pour sa conception et son suivi. Pour en savoir plus www.agroof.net

L'expérimentation agroforestière de Villarceaux a reçu le soutien de la Région Ile-de-France :