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HISTOIRES DU PAYS D’ AIGRE N° 1 - Octobre 1999 Prix : 25 F

Aigre numéro 1

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HISTOIRES

DU

PAYS D’ AIGRE

N° 1 - Octobre 1999 Prix : 25 F

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HISTOIRES DU PAYSD’AIGRE

Section de l’ADAPAIntercommunalité

10, rue du Pont Raymond16140 AIGRE

Association régit par la loi 1901

Membres du bureau

Président de l’ADAPAJean Claude MONTUELLE

ResponsableMichel PERRAIN

SecrétaireStéphane METAYER

TrésorierThierry DUPUISBibliothécaire

Dominique GRANDJAUDComité de lectureJacques AUDOUIN

Jean-Claude BERGEONGuy BERNARD

Aurélie BRISRené FONTROUBADEDominique GAUTIER

Dominique GRANDJAUDMichel PORCHERONPierre Louis RAPIN

Didier RAVION

Les articles sont publiés sous l’entièreresponsabilité de leur auteur .

Afin d’éviter tout litige, ne pas fournirde documents originaux .

Toute reproduction d’un article,même partielle est interdite sansl’accord préalable de l’auteur .

Les statuts et le règlement del’association sont disponibles auprèsdu bureau de la revue.

Cotisation : 50 Francs pour 1 an.Abonnement : 70 Francs pour 1 an .

Responsable de la publicationMichel PERRAIN

Dépôt légal : 4° trimestre 1999

N° ISSN : en cours

Conception et mise en page parDominique GAUTIER

Impression : éditions DU LÉROT16140 TUSSON

SOMMAIRE

Editorial 1

Présentation du « Pays d’Aigre » (J. AUDOUIN) 2-3

Le Pays d’Aigre ? (M. PORCHERON – J. AUDOUIN) 4-6

Aigre, cité commerciale (D. GRANDJAUD) 7-11

Les marchands peillaires du pays d’Aigreau 17° siècle ( A. RAVION) 12-15

Georges QUEUILLE (D. GRANDJAUD) 16-17

Le commerce à Aigre vers 1925-1930 (M.Th. RIMBAULT) 18-21

Concours Agricole du 16/09/1906 (J. AUDOUIN) 22

Fêtes sportives dans le canton d’Aigreen 1925 ( D. RAVION) 23-26

Chanson de l’A.S. Aigrinoise (GOULBENEZE) 27

L’Archiprêtré d’ Ambérac (R. FONTROUBADE) 28-30

Médecin de campagne (J. AUDOUIN) 31

Où il est question de la disparition de lacommune d’Oradour (D. COIRARD) 32-33

Le Monument aux Morts de Ranville Bdet le retour de la guerre (D. GAUTIER) 34-36

Figures locales (J. AUDOUIN) 37-42

Histoire et généalogie (J. C. BERGEON) 43-46

Le chemin de St Jacques de Compostellehier et aujourd’hui (J. FLAUD) 47-48

Bulletin d’abonnement 48

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EDITORIAL

Nouvelle section au sein de l’ A.D.A.P.A. , association bienconnue dans notre canton, aux activités déjà anciennes etmultiples.« HISTOIRES DU PAYS D’AIGRE », revue semestrielle,invite ses lecteurs à une redécouverte en profondeur de notrepetit terroir ; gardienne de la mémoire, elle souhaite vousfaire partager des traditions parfois oubliées, des sitesméconnus des personnages hauts en couleurs ou desévénements insolites, etc… (le pluriel d’histoires ne vous aurapas échappé !)

Pour des raisons évidentes d’ordre historique, il nous a paruindispensable de dépasser le cadre un peu étroit du cantond’Aigre, en associant les communes voisines d’Ambérac, deMarcillac Lanville et de Mons dans une entité nouvelleappelée « Pays d’Aigre » .

Avant de vous souhaiter bonne lecture, le Comité deRédaction de la présente revue tient à rendre hommage et àsaluer la mémoire de M. Robert Simmonaud, ancienConseiller Général, récemment disparu. Nous devons en effetà son initiative la réalisation de l’inventaire des monumentshistoriques et des richesses artistiques de notre canton.

Le Comité de Rédaction

NB : Les articles publiés dans cette revue n’engagent que laresponsabilité de leur auteur. Toutes les personnes désireusesde rejoindre notre section ou souhaitant faire paraître desarticles dans la revue sont particulièrement bienvenues .

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PRÉSENTATION DU PAYS D’AIGRE

Climat :

Comprise entre le 45° et le 47° degrés de longitude et le 2° et le 4° delatitude ouest, placée près de l’océan, la région du Pays d’Aigre jouit, même àsa limite Est, d’un climat marin . Il bénéficie donc pleinement des qualités de ceclimat très favorable à la viticulture . Il est fort rare que le thermomètredescende au-dessous de – 10° . La neige est exceptionnelle et, quand elletombe, elle disparaît presque aussitôt . Les températures élevées sont aussi peufréquentes . Elles atteignent très rarement 40° à l’ombre . L’eau tombe parpetites quantités mais presque constamment en hiver . Le printemps estégalement pluvieux . Les mois d’août et septembre sont les plus secs .En résumé, le pays bénéficie d’un climat tempéré et humide qui permet un bondéveloppement de la végétation .

Terrain :

Le sous-sol du Pays d’Aigre s’est constitué pendant la périodesecondaire. C’est une formation jurassique qui recouvre presque toute la région.

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Le kimméridien forme une bande de 18 km en moyenne de largeur qui se dirigeau Nord-Ouest dans les Deux –Sèvres ( Mansle, Charmé, Souvigné forment salimite Est ) . Il forme la base du terrain sur lequel sont établis la presque totalitédes vignobles de la région .Les marnes, les calcaires tendres succèdent aux calcaires durs et compacts . Lescalcaires lithographiques, quand ils affleurent à la surface, forment des terrespierreuses, des groies, plutôt sèches . Les marnes apparaissent notamment surles flancs des vallées .

Le tertiaire est mal représenté ou, du moins, il ne forme qu’une trèsmince couche surmontant partiellement les terrains précédents . Il ne forme quedes lambeaux situés généralement au sommet des coteaux . Le quaternaire estreprésenté par des alluvions récentes formant le lit des rivières et des marais(vallée de l’Osme et marais environnants ) .Dans le Pays d’Aigre, la série jurassique est, de loin, la plus importante . Quandelle n’affleure pas à la surface, elle constitue toujours le sous sol et c’est là unecaractéristique importante .

Activités

Le sol assez riche, le climat modéré, l’Osme et ses affluents quitraversent la région, favorisent la culture et ses dérivés .L’activité agricole domine . Les cultures sont variées : blé, avoine, orge, colza,maïs . La vigne est cultivée au sud du pays : Mons , Barbezières, Verdille,Marcillac et Oradour .

Les terres sont classées « Fins Bois » et la récolte de vin blanc estdirigée vers les distilleries locales ou celles de Cognac . Les marais sont desterres riches : légumes, maïs . Autrefois, c’étaient des étendues recouvertes deroseaux : les rouches . Depuis, ces terrains ont été assainis par drainage .L’élevage était, autrefois, une ressource importante : chèvres, pour lafabrication du fromage, bovins pour le lait et la viande . Les laiteriesconstituaient l’essentiel de l’activité industrielle de la zone ( Basleville,Charmé, Luxé, Barbezières ) .

Maintenant, le progrès technique et le changement du mode de vie ontbouleversé les traditions anciennes . Les façons culturales ont changé . Onprivilégie le rendement et le paysage s’en trouve tout modifié .Cependant il fait bon vivre au Pays d’Aigre . La meilleure preuve en est que denombreux étrangers viennent simplement pour y passer leurs vacances . Etmieux encore, s’y installer définitivement .

Janine AUDOUINSources : documents personnels

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Le pays d’Aigre ?

oucement vallonné à l’est, proposant des paysages variés au traversd’un pays où la plaine côtoie la forêt et le marais sans jamais se départirde la douceur de ces contrastes géologiques, géographiques à nul autre

pareil, le pays d’Aigre permet de rencontrer des hommes tout en débonnaireté .La douceur d’y vivre fait découvrir que son histoire en fait un secteur dont lepassé si riche ne peut que retenir l’attention et susciter la recherche .

L’histoire des 18 communes que nous allons relater dans les numérossuccessifs de notre revue semestrielle nécessitait de rappeler des généralitéshistoriques sur un secteur souvent fragmenté par les divisions des hommes etdes institutions et d’essayer d’en saisir, autant que faire se peut, la complexité etla dissemblance . Le pays d’Aigre n’a jamais eu, ni aujourd’hui, ni par le passé,d’existence juridique ou religieuse . Le territoire d’études retenu par la revue« Histoires du pays d’Aigre » représente dix-huit communes . Ce territoire a étéchoisi par notre association car le passé de Marcillac-Lanville, Mons etAmbérac dans l’histoire sur ce secteur sont éminents . L’existence du paysd’Aigre repose sur la réalité d’une communauté de commerces et de servicesremontant à plusieurs siècles . Dès 1633, son marché du jeudi était un lieu detransactions importantes pour les grains et les alcools . Aujourd’hui, le secteurest réparti sur trois cantons avec Aigre et ses quinze communes, Ambérac ducanton de Saint-Amant de Boixe, Marcillac et Mons du canton de Rouillac,mais ces 18 communes viennent à Aigre pour les services de la vie quotidiennedepuis la banque, jusqu’au médecin et pharmacien, en passant par le commerce.

Sous l’Ancien Régime, l’entité du pays d’Aigre était encore plusinintelligible . Chaque délimitation de territoire relevait de deux divisions . Il yavait une division religieuse et une division reposant sur les juridictions royaleset seigneuriales . Le pays d’Aigre s’intégrait dans les provinces del’Angoumois, du Poitou et de la Saintonge .

Circonscription judiciaire établie sous le droit féodal

La délimitation féodale révélée dans les recherches de J. H. MICHON,relève de la justice . L’organisation féodale dérivait de la justice de fief en fiefpour remonter jusqu’au comté . Les justices seigneuriales relevaient d’un droithiérarchisé avec haute, moyenne et basse justice . Le témoin de cette puissance

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seigneuriale était la Fuie ( sorte de pigeonnier ), marque du seigneur habilité àrendre la haute justice . Les juridictions royales et seigneuriales étaienthiérarchisées en trois étages : la haute, la moyenne et la basse justice . La hautejustice est rendue par un seigneur Haut Justicier (possédant une fuie) qui a ledroit de juger au civil comme au criminel et de faire exécuter par un procureursénéchal la peine capitale . Le droit de haute justice emporte les droits demoyenne et basse justice . La moyenne justice est un droit de juridiction pourrégler toutes les contestations civiles . Il varie suivant les coutumes . La bassejustice est un droit de juridiction pour régler toutes les actions personnelles etsurtout ce qui touche les profits féodaux . (Ext : Aizecq au fil du temps . G.BERNARD ( 1990 ) .

Dans la province de l’Angoumois :

La Haute justice de Marcillac couvrait les communes d’Aigre,Barbezières, Ebréon, Fouqueure, Oradour, Villejésus et Verdille . Verdille avaitdroit de basse justice sur la moitié du village, alors que le Breuil aux Loups(village du Breuil aujourd’hui) avait le droit de moyenne justice . Ranvilledépendait de la haute justice de Marcillac mais Breuillot dépendait de la hautejustice du comté de Fontaine-Chalendray . Ebréon avec un juge particulier,Bessé et Gragonne ( hameau de Bessé ) qui étaient une enclave ( territoirecomplètement entouré par le territoire des grands fiefs voisins ) du mêmeressort dépendaient de la Prévôté royale de l’Angoumois . On trouvaitégalement des juridictions particulières ressortissantes à Angoulême pour lescommunes de Ligné et Bessé . Charmé ( Chermé à cette époque ) dépendait dela haute justice du Marquisat de Ruffec . Tusson est un cas particulier dans lesecteur judiciaire . Les religieuses de Tusson dépendaient, pour la haute justice,de la châtellenie de Nanteuil pour la possession du Fief de Puybonnet ( entréesud de Charmé ) . Par contre, elles avaient droit de haute justice sur le bourg .Le juge sénéchal et le procureur étaient nommés par les religieuses . Si lesdivisions civiles sont compliquées, les divisions religieuses ne sont pas unmodèle de simplicité .

Répartition des localités du pays d’Aigre dans le diocèse en 1597

La répartition des diocèses se faisait par bénéfice . Le Bénéfice était soitune terre possédée en propre, soit une redevance attachée à un fond possédé parautrui, donné au prêtre à la charge d’une fonction sacerdotale . Les bénéficesavaient différents noms : évêché, archipréveré, abbaye ou couvent, prieuré,

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cure, aumônerie; etc . Le diocèse de l’Angoumois était divisé en treizearchipréverés ou archiprêtrés . L’archiprêtré du secteur le plus important étaitAmbérac . L’archiprêtré pouvait avoir un nombre illimité de petitescirconscriptions appelées paroisses . L’archiprêtré d’Ambérac comptait 3prieurés, à savoir Saint-Michel de Marcillac, Lanville et Oradour . Il comptaitégalement 4 cures : La Chapelle, Lanville ( 2 cures ), Mons et Aigre ( 1 seulecure pour les deux ) . Il existait également une aumônerie à Lanville . Unegrande partie du pays d’Aigre appartenait au diocèse de Poitiers, inséré dansdeux archiprêtrés différents . L’archiprêtré de Bouin ( Deux-Sèvres ) comptaitun prieuré à Saint-Fraigne, plus trois cures : Saint-Fraigne, Notre-Dame desGours et Lupsault . L’archiprêtré de Ruffec comptait 2 prieurés : Tusson etLigné et 5 cures : Ligné ( 2 cures ), Charmé, Bessé et Ebréon .

La partie occidentale du pays d’Aigre appartenait au diocèse de Saintes .C’est l’archiprêtré de Matha qui comptait la cure de Barbezières . Ranvilleappartenait également au diocèse de Saintes ( A. Favraud ) .Verdille appartenait au diocèse de Saintes jusqu’en 1117, avant de dépendre del’abbaye de Saint-Cybard .

Villejésus, qui abritait une commanderie de l’ordre de Malte, avec uneaumônerie au Redour ( hameau de Villejésus ), était une paroisse du Poitou,dépendant de l’archiprêtré d’Ambérac ( diocèse de l’Angoumois ) . Fouqueureabritait une cure de l’ordre de Malte .

Que de divisions, de coutumes, de traditions et de lois pour un si petitterritoire, n’est-ce pas ? et pourtant les gens vivent toujours ensemble, même siquelques difficultés ou rancoeurs remontent peut-être à la nuit des temps !

Michel PORCHERON Jacques AUDOUIN

Bibliographie :J. H. Michon : « Statistique monumentale de la Charente » 1844 Derache LibraireG. Bernard : « Aizecq au fil du temps » 1990 Edition La PéruseA. Favraud : « Notes historiques sur les communes de l’ancien arrondissement de Ruffec » Edition BrunoSepulchre

N.B. : Les communes du pays d’Aigre non citées dans certains passages del’article en sont absentes par manque de documents incontestables lesconcernant .

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Aigre : cité commercialeAu cœur d’une vallée

Au carrefour de trois provinces …

l’aurore du XIIIème siècle naissait aux confins du Poitou, de laSaintonge et de l’Angoumois, dans une vallée fertile arrosée par larivière de Boin dénommée Osme, Houme ou Aume, un petit village du

nom d’Acriâ (1229).

A l’opposé de nombreux villages qui se développèrent autour de leurchâteau, ou de leur abbaye, les premières habitations d’Aigre furent construitesà proximité d’un gué. Passage obligé entre le Nord et le Sud, ce gué, au fil dutemps s’est entouré de relais, d’auberges, d’échoppes.

Au Moyen-Age, la vicairie perpétuelle d’Aigre ne possédait qu’unemodeste chapelle de dévotion et était unie au prieuré de Mons ; c’est seulementà partir de 1616 qu’elle fut érigée en paroisse.

Sur le plan spirituel, Aigre dépendait du prieuré conventuel de Lanville,de l’archiprêtré d’Ambérac et du Diocèse d’Angoulême, sur le plan temporel dela châtellenie de Marcillac, de l’Election de Cognac, de la Généralité de LaRochelle et de la Province du Poitou.

Au XVIè siècle, de nombreux aigrinois adoptèrent les idées de laRéforme et Aigre devint une paroisse protestante qui fut comprise dans laprovince synodale du Poitou.

L’événement majeur qui contribua à l’essor économique de la citéaigrinoise, fut, sans conteste la création en 1480 par Louis XI des routes royalesde Poste.

Aigre, de par sa situation au carrefour de trois provinces et sur la granderoute royale d’Espagne, était considérée en 1725 par l’historien angoumoisinJean Gervais comme l’entrepôt naturel des vins et eau-de-vie qui étaientacheminés vers Orléans, Paris, la Flandre et le port de La Rochelle. Cecommerce était fort ancien puisqu’un acte daté du 24 Janvier 1641 fait étatd’une transaction entre « Jean Faure sieur de Rancureau et Jehan Caillot sieurdu Cheval Blanc ».

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De 1850 à 1880, ce sera l’âge d’or du commerce des eaux de vie àAigre. La riche architecture de certaines demeures et l’édification d’une églisede style néo-gothique seront le reflet de la vitalité de ce négoce.

Autour du monde de la viticulture et des négociants vont se développerdes entreprises de chaudronnerie, de serrurerie, de mécanique, de zinguerie,d’ébénisterie. Parallèlement à ces entreprises va apparaître un artisanat de luxe :fabriques de bijoux, libraire-éditeur, peintre-décorateur.

Les fertiles marais d’Aigre furent la seconde richesse de ce pays ; lesagriculteurs y produisaient, jusqu’à la fin du XIXème siècle une grande quantitéde lin et de chanvre qui, écrivait l’Ingénieur Munier en 1779 « sont très estiméset prennent un fort beau blanc, on les vend à des marchands de Paris, à desPicards et à des Normands ». Les produits maraîchers (en particulier lesharicots et les oignons) fournissaient aux marchés de Rouillac, Jarnac,Beauvais, Ruffec et Angoulême un appoint très estimé, leur réputation dépassaitla région de l’Ouest.

De nombreusespersonnalités sont néesou ont vécu à Aigre.Certaines d’entre ellesont fréquenté le célèbrepensionnat Ingrand,établissement laïcd’instruction primaireet secondaire qui futprospère vers lesannées 1860 ; citonsparmi les plusillustres :

Aigre, l’église et les chais . ( Collection P. Rossard )

La dynastie des Gautier vieille famille de négociants et d’hommespolitiques ; le commandant Philippe Deschamps et le colonel Pierre Dereix quise distinguèrent pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire ; Jean-Michel, chirurgien-major du 56ème équipage de haut-bord et de la frégate « LaJhade » ; François Faure-Labouharderie, arrière-grand-père de FrançoisMitterand ; Charles Boisnier de Saint-Maixent, directeur comptable de la Posted’Angoulême ; Albert Allenet, rédacteur en chef d’une revue littéraire ; MarcMouclier, artiste-peintre grand ami de Vuillard, de Bonnard, fondateur d’une

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revue artistique ; Etienne-Anatole Ducompex, peintre-décorateur, auteur detraités sur la peinture en bâtiment et du décor ; Georges Queuille, pharmacien àNiort, passionné de photographie, constitua une exceptionnelle collection declichés ; Paul Flamand, co-fondateur en 1936 des Editions du Seuil avec HenriSjöberg et Jean Bardet ; Elie Pailloux, antiquaire de renommée nationale publiaun ouvrage sur les poinçons d’orfèvrerie du Poitou, de la Saintonge et del’Angoumois.

Dominique GRANDJAUD

Bibliographie :« Mémoire sur l’Angoumois » par Jean Gervais (1725) publié par G. Babinet de Rancogne« Recueil d’observations » par M. Munier (1779)« Pouillé Historique du diocèse d’Angoulême » par M. l’Abbé Nanglard – Tome 2 (1897)« La Charente sous Louis XIII » par G. Tesseron – Editins Coquemard – Angoulême ( 1955 )- Archives privées

La Halle aux Grains ( Collection P. Rossard )

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En-têtes de factures montrant l’activité économique d’AIGRE .

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En-têtes de factures : Collection Dominique GRANDJAUD .

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Les marchands peillaires du Pays d’AigreAu 17ème Siècle

a peille était la matière première utilisée dans la fabrication des papiersd’Angoumois par les moulins établis sur les rivières, principalementautour d’Angoulême. C’était en fait tous les chiffons de toiles de lin ou

de chanvre, ne devant contenir aucun corps étranger ou partie teinte.La peille était collectée chez les paysans par des marchands spécialisés

qu’on appelait marchands de peille ou marchands peillaires. En plus duramassage autour de leurs villages, certains marchands peillaires recevaient leschiffons en provenance de Saintonge et du Poitou servant ainsi de relais entreles provinces éloignées et le moulin destinataire.Le commerce de la peille se faisait par charge de 300 livres valant environ 6Livres au début du siècle jusqu’à 20 Livres à la fin ; la charge était la quantitéportable par monture, généralement mulet ou cheval, sur deux bâts fixés àl’animal.

Les muletiers étaient appelés les coutauds ; ils venaient prendre lescharges de peille chez le marchand et les menaient à destination. Cetteopération donnait lieu à des contrats passés devant notaires, ce qui nous permetde retrouver un certain nombre de marchands peillaires. En principe lemarchand nourrissait les coutauds et leurs montures, et parfois, devait aussicoucher les hommes et mettre les mulets dans la grange pour la nuit.

Arrivée au moulin à papier la peille était triée par catégorie et couleur,on lui enlevait ses impuretés et était mise en charpie avant de la laisser pourrirpendant deux semaines avec arrosage d’eau, dans des grands bacs en pierre.

Placée ensuite dans des piles en bois, elle était déchiquetée par des grosmaillets en bois également, munis de marteaux. La pâte ainsi obtenue étaitblanchie avec du chlore, avant d’être encollée par une gélatine composée depieds de moutons, d’oreilles de vaches et d’os de lapins.Cette pâte encollée est ensuite transformée en feuilles de papier par l’utilisationde cuve à ouvrer et d’un tamis fixé sur un cadre généralement rectangulaire.

Les feuilles sont alors empilées et séparées par des feutres avant d’êtrepressées et mises en paquets.

Séchées sur des cordes dans le grenier du moulin et pressées unenouvelle fois, elles sont finalement rassemblées en mains de 25 feuilles, puis enrames de 20 mains.

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(La fabrication du papierd’après l’EncyclopédieDiderot-D’Alembert)

Monsieur Gabriel DELAGE dans son livre « Les moulins à papierd’Angoumois, Périgord et Limousin » a établi la carte des paroissescharentaises où l’on trouvait les marchands de peille : pour notre région Aigre,Barbezières, Tusson, Villejésus et Saint-Fraigne ( Merlageau ), ce dernierservant de relais. Dans les environs on en trouvait aussi à Auge et à Beauvaissur Matha qui servaient également de relais.

AIGRE

• «Le 20 septembre 1641 Bertrand Chauveau, marchand peillaire du villagede Saint-Mexant, paroisse d’Aigre, vend 12 charges de peille sans aucunetoile teinte ni couty »

• «Le 11 septembre 1649 Pierre Clochard, marchand de Saint Mexant d’Aigrevend à Pierre Gautier 30 charges de peille sans aucune toile teinte ni couty »

• « Le 6 mai 1656 Pierre Bonnaud marchand du bourg d’Aigre, vend pour lemoulin Girard à La Couronne 40 charges de peille. Il promet de défrayeraudit bourg d’Aigre les coutauds et chevaux que Girard enverra pourcharger ladite peille »

• « Le 25 août 1662 Pierre Bauld marchand du lieu d’Aigre en Poitou, vendau moulin à papier du Got à La Couronne 20 charges de peille. »

• « Le 19 août 1662 Pierre Joffrion marchand demeurant au bourg d’Aigre enPoitou, vend à Adam Mazure marchand et Maître papetier, demeurant aumoulin de Fissac, paroisse de Ruelle, 60 charges de peille à 22 Livres lacharge et sur chaque charge de peille sera déduits 20 sols. Ledit Mazure seratenu d’aller quérir ladite peille dans la maison dudit Geoffrion de temps entemps en par lui nourrissant lui Mazure ou ceux qui iront quérir la peille etchevaux de foin et avoine, à commencer ce jour pour finir dans huit mois et

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part ces présentes Joffrion vend à Mazure trois milliers de colle laquellesera bonne, pure et marchande et à l’agré dudit Mazure et sera tenu de lepayer par chacun cent à proportion que les autres papetiers l’achèteront eticelui Mazure sera tenu de l’envoyer quérir ou d’aller quérir lui-même enpar ledit Joffrion nourrissant comme dessus ceux qui l’auront quérie. »(Micheau notaire à Angoulême)

• « Le 21 décembre 1664 Mathieu Robert marchand peillaire du bourgd’Aigre, vend 20 charges de peille à Claude Boullet du moulin du Got quisera tenu d’envoyer quérir la peille à Aigre de temps en temps.»

Référence Archives Départementales 2 E 2625

( Marchand de peille en tournée )

BARBEZIERES

• « En 1656 Jean Beltifon dit Deslouis,marchand peillaire à Barbezières, vend sapeille aux moulins à papier du Got et deLussaud (La Couronne)« Le 14 avril 1658 Dallidet achète 50charges de peille à Jean Beltifon dit

Deslouis, marchand à Barbezières .» (2 E 2622)

SAINT-FRAIGNE

• « Le 9 mars 1652 François Michellet demeurant au bourg de Chef-Boutonne en Poitou, vend à Pierre Denat, maître papetier au bourg de StMichel d’Entreaigues 24 charges de peille qu’il a promis de rendre, meneret conduire, savoir la moitié dans la maison dudit Denat et l’autre moitié auvillage de Merlageau, paroisse de Saint-Fraigne, qu’il sera tenu d’envoyerquérir audit lieu de Merlageau.

Prix 18 £ 10 Sols la charge revenant en tout à 444 LivresAvance 24 £. Livraison terminée à St Jean Baptiste. » (2 E 583)

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TUSSON

• « Le 29 août 1657 Mathieu Daudet marchand demeurant au bourg deTusson en Poitou, vend à David Debord du moulin à papier de Chantoizeau30 charges de peille qu’il a promis de délivrer dans sa maison de Tussondans la fête de Pâques prochaine, à commencer dans huit jours en ce qu’ilsera tenu de nourrir les montures et personnes qui iront quérir la peille sansnéanmoins donner d’avoine aux dites montures.Prix 22 £ la charge. Avance de 60£, le reste payable à proportion qu’il laprendra.Et afin que le dit Debord ne puisse envoyer ses montures à néant, Daudetsera tenu de l’avertir de semaine en semaine combien il pourra en avoir decharges. » (2 E 789 Huget notaire à Angoulême)

VILLEJESUS

• « Le 18 janvier 1653 Gabriel Jourdin marchand de la paroisse de Clussay enPoitou, vend à David Debors du moulin de Cottier 20 charges de peillelaquelle Jourdin sera tenu de la rendre au lieu de Villejésus en la maison dusieur Latouche ou Debors ira l’y quérir à ses dépens, en par Jourdinl’avertissant.» (2 E 1016)

• « Le 12 mars 1662 Jean Loste marchand du village des Granges paroisse deVillejésus, vend aux frères Roullet du moulin du Got 20 charges de peillemoitié de laquelle ledit Loste a promis rendre au moulin du Got ; l’autremoitié les frères Roullet seront tenus d’envoyer quérir au domicile de Lostepar leurs coutauds et chevaux. » (2 E 2624)

Les marchands peillaires disparurent peu à peu en même temps que lesmoulins à papier ; pourtant leur souvenir est resté vivace dans nos campagnescar je me souviens que dans les années 1930 en voyant arriver le marchand dechiffons on disait toujours : « Tiens ! Voilà le marchand de peille. »

André RAVION

Sources :Minutes notariales conservées aux Archives DépartementalesRevue « Le vieux papier »Bibliographie :« Les moulins à papier d’Angoumois, Périgord et Limousin » de G. DELAGE« Métiers anciens – Marchands » de G. DELAGE (Association Généalogique de la Charente )

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Georges QUEUILLE(Aigre 1857 — Niort 1932)

Pharmacien, inventeur, Photographe…

eorges QUEUILLE est né à Aigre le 14 juin 1857 . Il était le fils d’unefamille de négociant en tissus établie dans la Grand’Rue àl’emplacement du magasin « Clin d’œil » .

Dès son jeune âge Georges QUEUILLE fréquente le pensionnatIngrand. Cette institution aigrinoise, fort célèbre au XIX° siècle, lui apporte desolides bases pour prolonger ses études . Dans cet établissement il a pourcondisciples : Joseph MOUCLIER, célèbre médecin des Gours, GustaveCHAUVEAU, professeur au Muséum d’Histoires Naturelles de Paris, AdolpheVIAUD, professeur à Bordeaux, Camille AUDOUIN .

Quelques années plus tard, onle retrouve à la Faculté de Pharmacieet de Médecine de Poitiers où ilobtient en 1881 la première médaillede vermeil .

L’année suivante il estpremier au concours d’internat enmédecine . A partir de 1883, ilpoursuit ses études universitaires àBordeaux qui sont couronnées parune médaille d’or . En récompense leMinistère de l’Instruction Publiquelui accorde en 1884 leremboursement de ses fraisd’examen.

Georges QUEUILLE( collection D. GRANDJAUD)

En juin 1886, Georges QUEUILLE s’installe comme pharmacien de 1°classe au 19, rue de la gare à Niort et en 1887 il épouse une niortaise Elise,Clothilde DRIEU, fille d’un propriétaire de Saint Florent .

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« Au travers des documents de l’époque, Georges QUEUILLE apparaîtcomme un homme doté d’une très grande curiosité, portant un intérêt marquépour les nouveautés techniques et scientifiques de son temps » .

Il complète en 1898 son officine par des installations de radiographie, unlaboratoire de bactériologie, d’asepsie et de stérilisation . Il invente un fortifiantqu’il dénomme « Vin de Gloria » et qui « demeure sa plus grande réussitecommerciale » .

« Conjuguant l’amorce des grands voyages et le goût pour laphotographie, il réalise plus de 6000 clichés .Georges QUEUILLE participa à la vie locale comme membre du conseilmunicipal de la ville de Niort . Attiré par les idées nouvelles, il fut un ardentdéfenseur de l’espéranto, hébergeant dans sa pharmacie le siège du consulatespérantiste ».

Les Archives Départementales des Deux Sèvres qui conservent depuis1960 les 6500 plaques photographiques de Georges QUEUILLE, réalisèrent en1998 une exposition retraçant la vie et l’œuvre du célèbre pharmacien niortais .

Cette exposition, enrichie d’une dizaine de clichés inédits prise auxalentours de 1898 à Aigre et provenant du fond QUEUILLE, sera trèsprochainement présentée au siège de l’Intercommunalité du Pays d’Aigre .

Dominique GRANDJAUD

Sources :Pour la rédaction de cet article nous avons emprunté de larges extraits du catalogue « Voici l’Orientautrefois » réalisé par les Archives Départementales des Deux Sèvres en 1998 .La Charente : Dictionnaire Biographique et Album . Paris librairie E.Flammarion .La Font Brisson Romazières et leurs environs . Tome 1 par Joseph MOUCLIER. Ruffec, imprimeriePissard – 1904 .Archives privées .

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Le commerce à aigre vers 1925 / 1930

ans les années 1925 – 1930 et même plus tard dans nos petits villages,Aigre avait beaucoup de prestige . C’était la ville où il y avait lesmagasins emplis de belles choses introuvables chez nous . Y aller était

déjà tout un voyage . On attelait un cheval à une légère petite charrette anglaiseou à un char à bancs plus rustique mais où on pouvait s’asseoir plus nombreux .Arrivés à destination, on allait dételer chez Mr MARTIN ou Mr MOISON .Comme c’était généralement un jeudi, jour de marché et de congé scolaire, il yavait dans l’écurie de nombreux chevaux qui hennissaient tout étonnés de setrouver dans ce logement inhabituel et en si nombreuse compagnie . On faisaitboire l’animal, on le dételait d’abord puis on l’attachait solidement dans unecase entre deux bat-flanc et on payait 10 sous, c’est à dire 50 centimes, mais enanciens francs . Je renonce à convertir en francs actuels, c’est tout à faitinfinitésimal .

Alors on se dirigeait vers le magasinTOURNADRE . Mr TOURNADRE était unhomme plutôt petit très agréable, sa femme,grande, maigre, très affable, une vraiecommerçante . Elle commençait par demanderdes nouvelles de toute la famille, oncles ettantes compris, des voisines qu’elle n’avait pasvues depuis longtemps . Il y avait pratiquementde tout chez eux, sauf de l’alimentationévidemment . Ma mère venait renouveler sonstock de mercerie . on y trouvait du fil de toutessortes, du coton à repriser, à broder (DMC 5ou 8), des boutons de toutes tailles, toutesformes, toutes matières et tout cela dans destons extrêmement variés . Et la laine à tricoter ,des pelotes de tous les coloris possibles àimaginer . Ma mère examinait, réfléchissait se

Famille TOURNADRE (Collection : P.Rossard)

laissait tenter, revenait à son premier choix . Il fallait que tout s ‘harmonise !Quel casse tête . La marchande était toujours là avec son éternel sourire à fairel’article . Nous nous lassions très vite et nous glissions dans le rayon jouets .C’était un couloir assez sombre . Le magasin d’ailleurs manquait un peu delumière, mais que de trésors ne contenait-il pas ! Les poupées ! Les unes en

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carton bouilli aux joues enluminées, aux yeux d’un bleu agressif, sur le crânedes cheveux peints très noirs ou d’un magnifique blond vénitien . D’autresétaient en tissu bourré de son, plus douces au toucher, mais les plus bellesavaient des visages de porcelaine, la bouche légèrement entrouverte laissantentrevoir de petites dents semblables à des perles . Certaines, lorsqu’ellesétaient à l’horizontale, fermaient les yeux . Il y avait aussi des dînettes en ferblanc peint ou en faïence décorée, des petites cuisinières ( très sommaires ) Quesais- je encore ? Il ne faut pas oublier les inévitables ours en peluche et autresanimaux du même genre . Pour les garçons, on trouvait des chevaux surroulettes toujours en carton bouilli, des boîtes de soldats en terre cuite quiavaient conservé l’uniforme de 1913 ! Vestes bleues et pantalons garance.J’arrête mon énumération, mais tout semblait magnifique .

Puis nous allions à la pâtisserie . Mr DEVILLAIRE en blouse blanche ettoque assortie nous accueillait avec un large sourire . Là c’était la profusion degâteaux qui nous éblouissait . Je me rappelle surtout les tartelettes et les choux àla crème que le pâtissier saupoudrait largement de sucre glace, puis lesenveloppait soigneusement dans un fin papier de soie . Ensuite on allait dans unbureau de tabac qui avaitun petit rayon de librairie .Ma mère prenait le dernierlivre de la collectionStella, pour nous unalbum à colorier, unjournal enfantin . Il y avaitle magasin de chaussurespour les galoches à tigesmontantes de l’hiver, etles souliers vernis et lessandalettes de cuir del’été.

( Collection P. Rossard)Chez les marchands de tissus, on passait un long moment . Je me

rappelle la maison PELTON qui est partie ensuite à Angoulême pour prendreun magasin de cycles. Presque en face se trouvait le magasin de Mr et MmeSECOUET, très gentils eux aussi . On venait acheter du tissu pour desmanteaux par exemple . Du tissu à pleines mains ! touchez plutôt , madame etgarantie pure laine . Ma mère, tâtait, soupesait et enfin se décidait . Lecommerçant ou sa femme évaluait le métrage nécessaire, mesurait prestementavec son mètre de bois et les longs ciseaux crissaient rapidement dans le beautissu . Pour l’été, on venait chercher des cotonnades pour des robes

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etc…(inusable, chère madame !). Je sais qu’il y avait deux tailleurs pourhommes mais je ne les connaissais pas . Que serai- je aller faire chez eux ?

Mais n’oublions pas les modiste ! Très importantes les modistes ! Lefeutre de la Toussaint, le chapeau de paille de Pâques, l’inévitable béret pouraller en classe . Il fallait toujours un couvre-chef pour l’une ou l’autre . A Aigre,il y avait deux modistes : Madame LEDOUX et le magasin GATEAU-ROUSSEL . Je ne me rappelle plus très bien la grand’mère . Par contre, j’aigardé un souvenir merveilleux de Mme Fanny GATEAU . Fanny GATEAU !quel beau nom ! et qui lui allait si bien ! Toute en rondeur, les cheveux châtainfoncé, comme un gâteau bien doré et si chaleureuse . Sa fille, mademoiselleLucette ROUSSEL était très différente, très mince, très belle et un si beausourire . Elle était affligée d’une légère claudication et portait des bottines,peut-être des chaussures orthopédiques, je n’ai jamais su . Quand elle est restéeseule, elle est partie à Angoulême dans un beau magasin . J’y suis alléequelquefois et nous parlions d’Aigre .

Carte écrite par MrF.SECOUET, beau-père de MrDUCOURET ( marchand detissus), en août 1904 . A droite,se tiennent Mr et MmeDEVILAIRE, pâtissier devantleur jardin . (Collection Jacques AUDOUIN)

Nous allions aussi dans l’une ou l’autre des deux pharmacies . Il fallaitbien renouveler la provision de sirop Rami et de pastilles Valda . Là aussic’était un spectacle fascinant . Le pharmacien déposait sur une feuille de papierun peu d’une certaine poudre, puis d’une autre, quelquefois une troisième,pesait soigneusement, puis les mélangeait dans une coupelle, les délayait avecje ne sais quel liquide, faisait chauffer le tout sur une lampe à alcool et puisversait dans un petit flacon . Il nous apparaissait comme un magicien qui avecses potions mystérieuses allait guérir tous les malades . Il y avait des cafés, maisc’était réservé à la clientèle masculine . Il y avait des coiffeurs, quelquescoiffeurs pour dames mais nous n’étions pas concernées avec nos longuesnattes bien sages . Il y avait des marchands de graines qui puisaient dans degrands sacs avec une grande cuillère, les semences de pois, fèves ou betteraves .Il y avait un marchand réparateur de parapluies . Je n’y suis jamais allée . Il yavait, il y avait bien d’autres commerçants que j’ai oubliés et je le regrette . Je

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ne parlerai pas du boucher . Il venait à domicile . Je ne parlerai pas non plus desépiciers . Nous en avions au moins deux dans chaque village . On n’allait pas àAigre pour acheter du sucre ou du café . On y allait pour ce dont on n’avait pasbesoin tous les jours . C’était un peu la fête même pour les adultes je crois .Tout le monde prenait le temps, parlait, se connaissait . C’était comme unegrande famille de gens qui ne se voyaient pas tellement souvent et qui étaientcontents de se rencontrer . C’est peut-être tout simplement cela que l’on appelle« la douceur de vivre » !

M. Th. RIMBAULT

Aigre, boucherieBRAQUET

( Collection P. Rossard )

Aigre, HorlogerieMORPAIN( Collection AndréRAVION )

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CONCOURS AGRICOLE DU 16 SEPTEMBRE 1906

e Concours Agricole du 16 septembre 1906 a été l’objet de plusieurscartes postales très intéressantes qui reflètent l’animation d’Aigre à cetteoccasion. Les gens n’étaient pas alors gênés par la circulation automobile

et pouvaient déambuler et discuter tout à loisir, dans les rues.

Cette vue a uncaractère particulier.Dans le coin inférieurdroit, on reconnaîtquatre commerçantsde l’époque :Mr et Mme LouisAudouin, ancêtres dele famille Audouin,Mr et Mme Braquet,grands - parents de lafamille Baudet.

Aigre, défilé dans la Grand’ rue lors du Concours Agricole( Collection J.AUDOUIN )

Jacques AUDOUIN

Aigre, ConcoursAgricole du 16septembre 1906 .( Collection : AndréRAVION )

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FÊTES SPORTIVES DANS LECANTON D’AIGRE en 1925

27 septembre – 4 octobre 1925

e « comité permanent des fêtes » d’Aigre a mis sur pied des animationsde grande envergure pour animer tout le canton qui comptait alors Luxéen plus des 15 communes actuelles .

Voici la composition de cette association :

Président : M. Jacques GAUTIER, maireVice –Présidents : M. Henri FLAMAND, adjoint

M. Raymond CARRÉ, vétérinaireSecrétaire trésorier : M. Roger JEAN, négociantSecrétaire adjoint : M. André DAMIT, quincaillierCommissaire général : M. Marius JOUBERT, menuisier

Le 27, un relais pédestre a fait le tour du canton . Les compétiteurs, 4par commune, formaient 4 équipes de 4 communes :

1° Groupe Dossards 1

AIGREGay Jean, Fièvre, Gracie, Ferrouillat

FOUQUEUREMilet, Prabonnaud

ORADOURGodet, Plissonneau, Talbot, Peinturaud

VILLEJÉSUSSoupé, H. Wélitz, Petit, Fétis

2° Groupe Dossards 2

BARBEZIERESMarot, Bertrand, Morisset, X….

LUPSAULTChopin, Flaget, A. Garreau, I. Garreau

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RANVILLEFeniou, Olivier, Gaboriaud, Fayot

VERDILLEGaston Félix, Chaillou, Carré, Bergeon

3° groupe Dossards 3

EBRÉONMassiot, Laville, Marcu, Mathiéri

LES GOURSBouinot, Robert, Boujut, Baudouin

SAINT-FRAIGNEMironneau, F. Lémerige, A. Lémerige, A. Lémerige

TUSSONBlanchon, Cartron, Chalufour, Chassereau

4° Groupe Dossards 4

BESSÉRobert, Choisy, Vérineau, Raud

LIGNÉDenis Robert, Meunier, Chauveau, Guidet

LUXÉBeau, Musseau , Gavalet , Deschamps

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Un circuit cycliste, doté de nombreux prix, s’est aussi couru en relais . Chaquecommune possédait une équipe de 4 coureurs .

1 – AIGREDempuré, Durepayre, Berland, A.

2 – BARBEZIERESSaupin, Rip, Martin, X.

3 – BESSÉPortejoie, Bastier, R. Brigot, Lisot

4 – CHARMÉBaillet, Guillet, Lainé , Lelache

5 – EBRÉONTarnaud, Kléber, Boulot

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6 – FOUQUEUREThuillier, Serre, Vivien, Babin

7 – LES GOURSMarie, Bouinot,X…, X…,

8 – LIGNÉ

9 – LUPSAULT

10 – LUXÉOllier, O. Delaroy, J. Delaroy, Chadoin

11 – ORADOURMénard, Bancière, Talbot, Magnant

12 – RANVILLERaymond Olivier, Servan, Tesseron, X…

13 – SAINT-FRAIGNEMironneau, Ignace, Delafosse, Papillaud

14 – TUSSONMaumont, Mangeau, Prébonneau,Bouzique

15 – VERDILLEHilaire, Trainaud, Gauvin, Hilaire

16 – VILLEJÉSUSWélitz, Bourboton, Biais, Desmasson

A droite Maurice RIPPE, mais qui sont lesdeux autres ?

Equipe cycliste de Barbezières(Collection Maurice RIPPE)

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Pour compléter cette première journée, l’Union Sportive Ruffecoise a exécutédes mouvements de gymnastique d’ensemble, suivis d’un défilé de tambours etclairons .

Le 4 octobre s’est déroulé le raid hippique aigrinois . C’était une coursede chevaux attelés sur 50 km, à une allure libre, en deux étapes :

Le matin : Aigre, Verdille, Ranville, Barbezières, Lupsault, Chillé, Aigre .

L’après-midi : Aigre, Ebréon, Tusson, Fouqueure, Villejésus, Aigre .

Quant au « challenge de la ville d’Aigre », il a mis aux prises lescoureurs des quatre communes ayant remporté le relais du dimanche précédent .Sur 8 km, entre Aigre et Tusson, les quatre équipes en ont décousu, mais cettefois chaque village portait ses propres couleurs .Les récompenses ont été remises après le concert de l’Harmonie Sainte-Céciled’Aigre .

Afin de compléterl’historique de cetévénement, DidierRAVION, qui relateces manifestions, àl’aide du programmede ces journées, espèrerecueillir destémoignages depersonnes ayant vécuou ayant connaissancede ces animationssportives .

Aigre, défilé de la fête sportive .( Collection : André RAVION )

Didier RAVION

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Chanson de l’ a.s. AIGRINOISE

Parole :Goulbenèze

RefrainC’est nous les gâs de l’AigrinoiseL’A.S.A. des bons bitons,Nous les as du ballon rond ;Dans notre cité angoumoisePour le sport on est tous làOn n’s’en fait pas !Si nous avons l’humeur gauloiseC’est au vieux Cougnat qu’on doit ça,C’est nous les gâs de l’aigrinoiseA bloc nous menons le trainEn amour comm’sur le terrain !

1Parmi les sociétésDu pays CharentaisAmis, c’est l’AigrinoiseQue nous allons chanter !Au pays des oignonsOn trouve des bitons :Equipe « à la Françoise »M’sieur Chauveaud donn’le ton !Le petit blond BaudetEn est le trésorierC’qui n’ l’empêch’pas, Messieurs,De fournir la daub’de bœuf !( Au refrain )

2Favreau toujours correctEst un joueur très select ;Ledoux quoique « vicomte »Comm’ cap’tain n’est pas sec ;Les frèr’ Gay sont des gâsQui n’se ressemblent pas :Si pour l’un l’ordre compte,L’autr’ foutrait tout à bas !Si Gay a un’ bell’ voixJean Faur’ chant’ du patois,Quant à Baudet RémondIl aim’ bien tout c’ qui est bon !(Au refrain)

3Bineau qui s’pouss’ du colEst très fier de jouer goal ;Bertrand l’ Roi d’ la mongetteEst pêcheur et bricol’ ;Victor est bon à toutEt l’écolier BattoueSitôt qu’ sa classe est faiteArrive en mettre un coup !Mais le râleur c’est BiardQu’a mis ses ch’veux quéq’partEt qui partag’ ses joursEntre le Sport et l’Amour !( Au refrain )

Sur l’air de : Les gâs de la marine

GOULBENEZE5 février 1942 à minuit.

(Collection : Jacques AUDOUIN)

Portrait de Goulbenèze(Collection Michel PERRAIN)

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L’ARCHIPRÊTRÉ D’AMBÉRAC

imité au Nord et au Nord-Ouest par les diocèses de Poitiers et de Saintes,cet archiprêtré touchait ceux de Saint-Ciers, Jauldes, Vars et Rouillac.

La Charente l’arrosait du Nord au Sud recevant le Biet à Luxé, l’Houmesous Ambérac, l’Auge sous La Chapelle. Il est mentionnécomme archiprêtré vers 1035 ; la paroisse Saint-Etienne d’Ambérac (Ambéraco1080-1117 – Ambariaco 1274-1297), vicairie perpétuelle, fût donné par lescomtes d’Angoulême à l’Abbaye de Saint-Amand de Boixe peu après lafondation de celle-ci qui y eut une obédience en 1080.

L’Evêque Girard II confirma ce don en 1117, mais en s’attribuant uneredevance annuelle de 5 sols, payable en la fête de Saint-Hilaire. En 1146, leprieur de Lanville, qui y possède déjà quelques droits, la réclame et l’obtientmoyennant rente de 10 sols par an, au profit de l’abbaye.

Depuis lors, elle est restée constamment dépendante du prieuréconventuel Augustin de Lanville. Au XV e siècle, l’archiprêtré comprenaitAmbérac, Aigre, Villejésus, Fouqueure, Oradour, Mons, Lanville, Saint-Michelde Marcillac, Gourville, Ambelle, La Chapelle, Coulonges, Vervant, Xambes,La Macarie, Vouharte, Villejoubert, Saint-Amant de Boixe, La Fichère, Notre-Dame et Saint-Etienne de Montignac, Vars, Vindelle, Balzac, Brie,Champniers, Vénat et Ruelle.

L’ordonnance du 24 Janvier 1761 lui enlève Saint-Amant de Boixe,Balzac, Champniers, Montignac et Vars cédés à celui de Vars, Gourville cédé àSaint-Genis, Brie et Villejoubert cédés à Jauldes. En contrepartie, il prend surcelui de Saint-Ciers, Cellettes, Fontenille, Luxé et Villognon.

Le prieur de Lanville nomme les archiprêtres, l’évêque confère etinstitue.

Les titulaires connus sont : Aymerie (vers 1080) ; Itier (1140-1150) ;Arnauld Gombaud (1362) ; Aimon de Crampor (1589) ; Guillaume Biard (1599- 1617) ; Chaulme, assassiné en 1623 ; Charles de Chambre, Sieur de laMichenie (1628 – 1631) ; François Voisin (1631 – 1635) ; Jean Testre (1636 –1663) ; François Souply (Avril 1663) ; Antoine de Marcillac (Août 1663 –1664) ; Jean Mignot (Août 1664 – Mai 1666) ; Guillaume Mesnage ( 1668 –1692) ; François Fauvel, neveu du précédent (1693 – 1715). François Sauvage

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Carte géographique de l’Archiprêtré d’Ambérac, extraite du manuscrit « Mémoire surle diocèse d’Angoulême » de Jean COLLAIN rédigé vers 1761 et conservé aux

Archives diocésaines

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(1718 – 1739) enterré sous le lutrin. Jacques Sauvage (Avril 1743 – Février1776) ; Joseph Vigneron, Sieur de La Vallade (Février 1776 – Mai 1776) ;Pierre-Prosper Dumerguey (Mai 1776) insermenté et déporté. Réapparaît en1800 et est fait curé de Barbezieux en 1803.Marc Simon Robert, intrus en Octobre 1779, réitère le serment le 30 Septembre1792, sécularisé le 26 .

Les bâtiments de l’archiprêtré étaient attenants à l’église etcommuniquaient directement avec celle-ci par la sacristie. Le logement étaitimportant et comprenait :

• au rez-de-chaussée : un vestibule, une salle à manger, un salon decompagnie ; une chambre à coucher, un lieu d’aisance, un cabinet detoilette, un bûcher, un puits (à l’intérieur), une cuisine, une grandesalle de réunion.

• Au premier étage : une chambre au-dessus de la cuisine, unechambre à coucher au-dessus du puits, une chambre au-dessus de lasacristie et du bûcher, un petit grenier allant dans l’église.

• Au sous-sol : deux pièces et une grande cave.

Au Nord-Est, une terrasse dominait un grand jardin aboutissant à la Charente.A la Révolution, ils furent vendus comme biens nationaux à la famille

Gestraud. La commune les rachètera en 1839 pour y abriter le presbytère et uneécole de garçons (loi Guizot).

En 1945, il n’y avait plus de presbytère mais les locaux étaient occupéspar la Mairie (attenante à la sacristie), le bureau de poste avec logement dureceveur, le logement de l’instituteur. Deux classes et un préau avaient étéaménagés dans les bâtiments de servitudes (actuellement salle des fêtes). Aprèsla construction d’un nouvel ensemble administratif (Mairie, école, bureau deposte) en 1952, le logement de l’archiprêtré (avec cour, jardin et île dans laCharente) fut vendu par la commune au propriétaire actuel, Monsieur Delouche.

René FONTROUBADE.

Bibliographie : « Pouillé historique du Diocèse d’Angoulême » par l’Abbé J. Nanglard - 1897« Mémoires sur l’Angoumois » de Jean GervaisArchives de la Mairie d’Ambérac

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MÉDECIN DE CAMPAGNE

e docteur Joseph MOUCLIER est né le 29 septembre 1860 à Aigre . Il vaà l’école au pensionnat Ingrand puis entre, en octobre 1869, au lycéed’Angoulême . En 1876, il s’inscrit au lycée de Poitiers . Bachelier en

1878, il commence ses études de médecine à Poitiers, les poursuit à Paris puis àBordeaux . En 1887, reçumédecin, il revient à Aigre .Son père y avait été notairede 1856 à 1876 et auraitvoulu qu’il y exerce sonsacerdoce . Il acceptependant quelques semainespuis s’en alla s’installerdans leur propriété de laFont-Brisson, près desGours . Son père meurt le 6octobre 1890, à 61 ans .

« La Font-Brisson » avec dans le bas à gauche, le Docteur MOUCLIER »

(Collection Jacques AUDOUIN)

Le docteur quitte alors la Font-Brisson pour s’installer à Romazières .En 1897, il revient définitivement à la Font-Brisson . Il y découvre denombreux vestiges archéologiques et y écrit ses mémoires et des chroniques surles communes environnantes . Il décède le 18 décembre 1929 à la Font-Brisson.

Jacques AUDOUIN

Sources : « Chroniques de la Font- Brisson » par Joseph MOUCLIERDocuments personnels .

Une autre vue de la « Font-Brisson »(Collection Jacques AUDOUIN)

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Où il est question de laDisparition de la commune d’oradour

u milieu du 19° siècle, à la suite du procès qui opposa Germeville et Chillé,le démembrement de la commune d’Oradour fut proposé ainsi, à savoir :Coudret et Germeville seraient rattachés à la commune d’Aigre, et Chillé à

la commune de Barbezières .Auprès du préfet, les habitants protestent ainsi :

Mr Jacques AMIAUD électeur d’arrondissement et membre du conseilmunicipal d’Oradour demeurant à Chillé, lequel a dit protester contre la dissolutionet le partage proposés de la commune d’Oradour attendu :

1- que cette mesure serait contraire aux vœux, aux habitudes et auxintérêts de cette commune .

2- qu’elle compte 861 habitants .3- que l’église, chef lieu, et le cimetière occupent une position centrale à

distance à peu près égale de chaque village, ce qui en facilite lesrapports .

4- que toute la population tient à la conservation de son église par unevénération et des habitudes qui remontent à plusieurs siècles, puisquec’était l’église de l’ancien prieuré d’Oradour et qu’elle tient et doit tenirpar des sentiments non moins respectables à la conservation de soncimetière, lieu de repos des parents qui lui sont chers .

5- que sous le rapport des distances qui séparent les villages et hameaux etle chef-lieu de la commune la mesure proposée n’apporterait aucuneamélioration puisque Chillé et le Péré sont à plus de 4 kms deBarbezières, et que Germeville et Coudret sont l’une à 3 kms et l’autre à6 kms d’Aigre, tandis qu’ Aizet et Villejésus sont aux portes d’Aigre .

6- qu’il y aurait ainsi après comme avant, pour les diverses parties de lacommune au moins les mêmes inconvénients de distance soit pourl’instruction des enfants, soit pour la pratique de culte, soit pour leservice de deux gardes champêtres de Barbezières et d’Aigre, qui neseraient pas suffisant pour veiller exactement à la conservation despropriétés, vu la trop grande étendue des deux communes et mêmedépense pour le salaire vu que le supplément de salaire qu’on seraobligé de lui donner emportera le prix du salaire qu’on donnemaintenant au garde champêtre de la commune d’Oradour soit pour lesrapports communaux et que même la situation du village de Coudret enserait singulièrement aggravée soit pour sa jouisssance de maraiscommun dont il pourrait se trouver privé s’il était réuni à Aigre, soitpour l’éloignement des écoles pour l’instruction des enfants .

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7- que la discussion qui a pu momentanément exister entre les deuxprincipales sections de la commune a complètement cessé avec leprocès qui l’avait causée .

8- que rien ne prouve mieux l’inopportunité et l’iniquité de la mesure quel’opposition qu’elle a soulevée même dans le conseil municipald’Aigre.

9- et attendu enfin qu’aucun motif réel ne justifiant la violence qu’il s’agitde faire aux habitudes, aux traditions, aux sentiments religieux, auxintérêts et aux vœux d’une population de 861 habitants, il y a lieud’espérer que l’administration ne persévérera point dans un acte quiserait à la fois une erreur et une injustice, pour ces motifs est d’avis quela mesure doit être repoussée, attendu que si quelques membresinfluents de ce conseil sont depuis longtemps travaillés par certainesvelléités d’agrandissement, par certains caprices de circonscription, cemotif si puissant qu’il soit, ne peut être suffisant .

Louis REVEILLAUD, électeur d’arrondissement et membre du conseilmunicipal d’Oradour demeurant à Coudret, proteste comme les précédents et pourles motifs ci-dessus déduits et en outre dans l’intérêt spécial du village de Coudretparce que dans cette position où il pourrait se trouver, ne peut être contraire à sesintérêts parce que ce village appartenant jusqu’à ce jour à la section Chillé etjouissant d’un droit dans le marais communal de cette section que si la dissolutionde la commune d’Oradour avait lieu et que le village de Coudret fut réuni à lacommune d’Aigre, il ne pourrait avoir droit dans les marais communaux de lasection de Chillé ( qui se trouvait faire partie de la commune de Barbezières ) cequi portait une perte à chaque habitant du village de Coudret à annuellement unevaleur de 100 francs au moins .

Attendu la distance que Coudret se trouve d’Aigre et de Barbezières etattendu des suites qui pourraient en résulter que les gardes champêtres deBarbezières et d’Aigre ne pourraient veiller exactement à la conservation despropriétés par la trop grande étendue des deux communes et que le supplément desalaire qu’on serait obligé de s’imposer emporterait le prix du salaire qu’on donnemaintenant au garde champêtre d’Oradour .

Pour tous ces motifs est d’avis que la mesure dont il s’agit doit êtrerepoussée .

Jean REVEILLAUD, électeur d’arrondissement et Jean JOUMIERpropriétaire demeurant les deux à Coudret protestent pour les mêmes motifs .

Leurs raisons ont été entendues et Oradour continue d’être avec sesparticularités et sa traditionnelle course aux cagouilles …

Sources :Archives privées . Danielle COIRARD

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Le Monument aux Morts de RANVILLEBREUILLAUD

Ranville comme partout ailleurs en France, quand l’ordre demobilisation du 2 août 1914 arriva à la mairie, tous les hommeslaissèrent leurs travaux et partirent rejoindre leur régiment . Ils partirent

avec l’espoir de revenir bientôt . Mais le conflit s’enlisa dans une guerre detranchée qui s’éternisa , pour aboutir le 11 novembre 1918 à l’armistice, qui futsigné à Rethondes dans un wagon de chemin de fer .

Cette guerre fera un million cinq cent mille morts, des générationsseront décimées . La France tiendra bon, mais à quel prix !

Certains, traumatisés et marqués à jamais par ce qu’ils avaient vécu,rentreront . D’autres ne reviendront pas, laissant des familles dans la douleur .La liste des noms inscrits sur la stèle du Monument aux Morts est là pourtémoigner que cette guerre absurde fut un véritable carnage .

Ce monument a été érigé en 1921, pour la somme de 3000 francs del’époque . Soit 763 francs par souscription auprès des habitants de la communeet 2237 francs de subvention par le Conseil Municipal de l’époque qui avaitpour maire Mr Jean JOUBERT . Il est en pierre de taille et a été construit parMr TRILLAUD entrepreneur à Beauvais sur Matha . Il a d’abord été implantédans l’ancien cimetière qui avait été transformé en place publique, au centre duvillage .En mai 1927, le nouveau Conseil Municipal avec comme maire Mr EdmondAUBIN décide de transférer le monument sur la petite place près de l’église oùil se trouve toujours . Comme argument on invoque les dégradations aumonument provoquées par les animaux . Monsieur le maire prend à sa chargepersonnelle le coût du transfert .

Il est en forme d’obélisque avec en façade, une Croix de Guerre enmédaille surmontée d’une palme . En dessous est gravé :

“1914 - 1918 “.Sur le côté droit on peut voir : “ HONNEUR ET PATRIE “ en dessous “AUXENFANTS DE RANVILLE BREUILLAUD MORTS POUR LAFRANCE“ .Sur le côté gauche :

“ HONNEUR A NOS GLORIEUX MORTS “

Guerre 1914 / 1918ANCELIN Anatole, disparu à MOISLAIN ( Somme ) le 28/08/1914ANCELIN Daniel, décédé à l’hôpital de Bordeaux le 12/02/1916AUGEAU Pierre, décédé à l’hôpital de Lyon le 28/08/1915BIRAULT André ( Pas d’acte en mairie de Ranville )

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BIRAULT Paul, décédé en convalescence au moulin de Ranville le 9/01/1916BOISSINOT Constant, décédé à Régneville ( Meurthe et Moselle ) le 5/04/1915BRUN Octave, décédé à la Gare de Froideterre ( Meuse ) le 30/08/1917CAPITAINE Amédée, décédé à Auberive et Suippes ( Marne ) le 25/02/1915CHARPENTIER Louis ( pas d’acte en mairie de Ranville )DROUHAULT Octave, décédé dans la Somme le 4/09/1916FOREST Alfred, décédé à la bataille de Drosnes ( Marne ) le 30/09/1914GUILLON Ernest, décédé à Gerauvral ( Meuse ) le 30/05/1916JOUBERT Daniel, décédé à Frégicourt ( Somme ) le 27/09/1915JOUBERT Marcel, décédé à Courte Chausse ( Meuse ) le 5/09/1916LAVAUD Eugène ( pas d’acte en mairie de Ranville )NAUD Gustave, décédé a Ranville ( Charente )le 28/09/1916 en position de réformetemporaire.RAINAUX Ernest, décédé à Loubez ( Pas de Calais ) le 31/07/1915ROUSSEAU Gustave ( pas d’acte en mairie de Ranville )SELLIER André, décédé à Raimfaing ( Vosges ) le 24/07/1915VERDON Auguste, disparu à MOISLAIN ( Somme ) le 28 août 1914 .

Guerre 1939 / 1945ROCHETTE Georges COSSÉ PaulFAVRAUD Lucien NAUD Albert

( Note : je serais intéressé par tous renseignements sur les Monuments auxMorts de notre canton ainsi que des cantons limitrophes ) .

Dominique GAUTIERSources : Archives de la mairie de Ranville Breuillaud

Le Monument aux Mortsde RANVILLEBREUILLAUD

( Collection : PierreROSSARD )

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Après le 11 novembre 1918, les hostilités cessent mais les soldats nerentrent que progressivement . En 1919, partout en France, a lieu la fête desAlliés .A Aigre, dans le char du défilé, on reconnaît quelques rescapés :René BENAIS ( fantassin casqué )Mr DUREPAIRE ( chasseur alpin )Maurice AUDOUIN ( marin )En leur compagnie, en Alsacienne : Marthe CORNUT .

Photo ( collection J. AUDOUIN )

Ordre de Mobilisation Générale du samedi 1° août1914 . Cet ordre a été placardé dans toute laFrance cet après-midi là . Il avait effet lelendemain dimanche 2 août . Le tocsin avaitrappelé des milliers de réservistes de tout âge .Le lundi 3 août la France déclarait la guerre àl’Allemagne . On connaît la suite …

Document :« Le Grand livre de l’Histoire de France » Editions Tallandier.

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FIGURES LOCALES

n 1789, la convocation des Etats Générauxva amener un bouleversement de toute lasociété française. Cette même année,la terrede Biarge est acquise par Mme la Marquise

douairière de Vareilles. Elle résida dans lechâteau jusqu’à sa mort. Qui est donc cetteLouise Julie Adélaïde Langlois de Montry,comtesse d’Hust, marquise de la Broue deVareilles ?

Madame de Vareilles ( Collection DominiqueGRANDJAUD)

Le titre de comte d’Hust et du Saint-Empire fut attribué à GeorgesBasta, baron de Silésie, par Rodolphe II avec transmission à toute sa postérité.Il mourut à Vassy le 20 novembre 1607.De son mariage, en 1589, avec Anne de Liedekerke, naquit Ferdinand. Celui-cimourut en 1652, après avoir donné naissance à Nicolas Ferdinand Basta, lequel,veuf en 1665, se remarie en 1668 à N. Lallemand, fille d’un maître de camp,major de Courtray dont il eut Elisabeth Philippine, mariée à N. Langlois, comtede Montry, le 17 mai 1696.

Leur fils, Joseph Ferdinand Langlois de Montry, comte d’Hust épousaMarie Anne Denizet. Ils eurent quatre enfants dont Louise Julie Adélaïde,comtesse d’Hust qui se remaria en 1759 à Marie de la Broue, marquis deVareilles et Elisabeth Philippine Langlois de Montry, comtesse d’Hust, mariéeà Jules François Marotte du Coudray.

De l’union de Louise Adélaïde Julie avec Nicolas Marie de la Brouevont naître quatre enfants :• Armand, né en 1766, officier aux gardes françaises• Dorothée• Ferdinand• Achille Camille de la Broue, marquis de Vareilles.

Celui-ci eut de son mariage avec Alexandrine du Coudray quatre filles et unfils, dont Mathilde née en 1818 et décédée en 1892, à Saint-Fraigne sanspostérité.

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Du mariage d’Elisabeth Philippine Langlois de Montry avec Jules FrançoisMarotte du Coudray,capitaine de cavalerie sous Louis XV, est issu FrançoisAlexandre, marié à Marie Marthe Ducormier dont il eut Alexandrine, comtessed’Hust qui a épousé Achille Camille de la Broue de Vareilles, son cousingermain.

Après cette généalogie sommaire de la famille, revenons en 1789, auchâteau de Biarge. La marquise Louise Julie Adélaïde a trois fils :

• Louis Charles Armand• Achille Camille Marie• Ferdinand Maximilien Louis MarieLouis Charles Armand est né le 10 décembre 1766 à Montry, diocèse de

Meaux. Il a les preuves de noblesse exigées pour entrer au collège royal de laFlèche, le 12 septembre 1775.

Elève des écoles royales militaires, il est nommé enseigne surnuméraireaux Gardes Françaises le 15 décembre 1782, enseigne le 9 janvier 1785, souslieutenant en second le 18 mai 1788 puis sous lieutenant de grenadiers le 31 mai1789.

Achille Camille Marie est né au château de Montry le 25 juillet 1770. Ildevient chanoine du chapitre noble de Metz en 1784. Il abandonne l’étatecclésiastique à la Révolution, n’étant pas encore entré dans les ordres.

Ferdinand Maximilien Louis Marie est né à Montry, prés de Meaux, le28 mai 1771.

A Paris, les journées révolutionnaires se succèdent. Les droits deféodalité dominante sont abolis. En 1790, la France est divisée en 83départements. Le 12 juillet est votée la Constitution civile du clergé. Louis XVIl’accepte le 26 décembre. Le 21 février 1791, le Parlement entame la discussiondu décret sur l’émigration. Le 20 juin, le roi s’enfuit et est arrêté à Varennes.Ses deux frères se réfugient auprès du roi de Prusse et vont être rejoints, par lasuite, par de nombreux autres émigrés qui vont former l’armée de Coblence ditedes « Princes », l’armée du Duc de Bourbon et l’armée de Worms dite du princede Condé.

Le premier à s’exiler est Ferdinand Maximilien Louis Marie. Il arrive le15 novembre 1791 au campement de Pfaffendorf et entre dans la compagnie deLuxembourg des Gardes du Corps. Il fait la campagne de 1792, dans l’arméedes Princes. Il passe à Guernesey et débarque en mars 1796 sur les côtes deNormandie puis passe en Bretagne. Nommé Lieutenant Colonel, il prend partaux révoltes de l’Ouest jusqu’à la pacification et fait soumission, à Nantes, le 1thermidor an IV. Il se marie le 27 février 1797, s’établit à Boivre, près de

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Poitiers, fait promesse de fidélité devant le préfet de la Vienne et est amnistié le18 frimaire an XI. Il meurt à Paris le 28 août 1814.

Achille Camille Marie émigre le 1 janvier 1791. Il fait la campagne de1792 dans l’armée des Princes comme officier volontaire, 4ème compagnie, 4ème

brigade du corps des compagnies d’ordonnances à pied ( Gardes Françaises ). Ilrejoint l’armée de Condé le 1 janvier 1796. Il quitte l’armée pour passer enFrance le 21 avril 1797. Il se rend à Orléans puis en Espagne. Il est amnistiécomme rebelle de l’Ouest, à Angers, le 22 pluviose an VIII, placé ensurveillance à Ruffec en messidor an XIII. « Sa conduite est tranquille mais sesopinions politiques ne sont pas assez connues ». Il épouse à Orléans, le 28 mai1809, sa cousine Marie Alexandrine du Coudray.

Le troisième frère, Louis Charles Armand, émigré en 1792, fait lacampagne en qualité de sous aide major du corps des hommes d’armes à pieddes Gardes Françaises ( armée des Princes ). Rentré en France, demeurant àPoitiers, il fait promesse de fidélité devant le préfet de la Vienne le 28 floréal anX. il est amnistié le 5 brumaire an XI. Il épouse le 19 octobre 1801, AdélaïdeLouise Sophie de Revigliase de Parpaglia. Celle-ci demeurait à Biarge et avaitdemandé le 22 janvier 1793 à être exceptée de la loi sur les parents d’émigrés.Ce lui fut refusé. Elle mourut à Poitiers le 7 février 1860, âgée de 96 ans.

Les trois frères avaient pu rencontrer, dans les cantonnements del’Armée des Princes, François Babinet de Rancogne, fils de Pierre, seigneur deRancogne, né à Mons le 18 juin 1758. Demeurant et propriétaire à Ambérac etLanville, il émigra en 1792. Il fut tué le 26 avril 1794. Sa veuve demeurant àAmbérac, donne procuration à sa sœur Radegonde pour faire la déclaration à find’amnistie devant le préfet de la Charente le 23 prairial an X.

Ils seront rejoints, en 1793, par Charles Antoine de Barbezières, né à laTalonnière le 15 octobre 1736 et qui serait mort, en Allemagne en 1793.

La marquise de Vareilles, après le départ de ses fils, assiste auxbouleversements de la société. Le curé Guillaume, usant du droit accordé auxprêtres par la Convention, épouse le 29 juillet 1793, à l’âge de 62 ans, FrançoiseVouillac qui n’en avait que 22. Pierre Vincent, maire et officier public célèbrele mariage dont un témoin fut Mallenfant, curé intrus d’Ebréon.

Après le retour de ses enfants et leur amnistie, elle s’éteint en 1806 ets’enterre à Saint-Fraigne.

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En 1809, Achille Camille Marie vient habiter à Biarge avec sa jeuneépouse. De leur union vont naître cinq enfants : Armand, Camille, Josèphe,Mathilde et Clotilde. Le marquis décède le 1er mars 1836 à Orléans.

Mlle Mathilde de Vareilles et sa mère appellent à Saint-Fraigne lesSœurs de Sainte-Anne en 1845. Deux ans après, Mme de Vareilles règle tousses intérêts avec ses enfants et se retire auprès de sa fille, chez les religieusesqui ouvrent une école pour les filles du pays. Peu de temps après, elle quitte lamaison de Sainte Anne et va habiter une petite maison qu’elle s’est faitconstruire auprès de celle des Sœurs.

En 1860, l’évêque d’Angoulême vient pour donner la confirmation.L’église est petite et en mauvais état. Mmes de Vareilles demandent au Prélats’il est possible de reconstruire l’édifice. Le projet prend corps. Le conseil

municipal et les propriétaires les plus richesvotent des fonds. Une loterie est organisée. Lesdons arrivent de toutes parts. Mais des difficultéss’élèvent. On écrit au Ministre de l’Intérieurpour arrêter le placement des billets.

Avant tout, il fallait un terrain pourconstruire. Mmes de Vareilles firent, encommun, l’acquisition du château dont la courvoisine l’église. Elles cèdent les matériauxprovenant d’une partie de l’ancien prieuré. MaisMme la Marquise ne peut voirl’accomplissement de son vœu : partie chez songendre Mr de Maillard à Montchoisy(Dordogne), elle tombe malade et meurt le 8août 1862. Elle s’enterre au cimetière deBeaussac.

Intérieur de l’église de Saint-Fraigne(Collection : Jacques Audouin)

Après cette date, Mlle Mathilde poursuit le projet de sa mère. En 1863,on adopte le plan en forme de croix latine, agrandissant l’église. Celle-ci estfinalement reconstruite à partir de 1867.

En 1869, Mlle de Vareilles parachève la restauration, en faisant terminerl’alignement des murs jouxtant l’église.

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Par la suite, elle finit ses jours dans la petite maison construite par samère. Elle s’éteint le 25 décembre 1892, le jour de Noël. Elle est inhumée dansle cimetière communal, près de sa grand-mère, la Marquise.

Ecoleprivée de filles,des religieusesde Saint-Anne

en 1894 .(Collection

JacquesAUDOUIN )

Depuis, lesreligieuses de

Sainte-Anneont quitté le

village, les filles vont à l’école communale, les héritiers ont vendu la petitemaison à Mr Pénigaud, le voisin, pour 200 francs, le 8 juin 1893. Mais lesdames de Vareilles seraient, sans doute, heureuses de voir leur église enrichiede superbes fresques peintes par Mr Louis Mazetier après 1944.

Billet de loterie pour la reconstruction del’église de Saint Fraigne .(Reproduction Dominique GRANDJAUDd’après manuscrit A.FAVRAUD)

Sources :« Vie de Madame la Marquise de Vareilles, Comtesse d’Hust »par Mme la Comtesse d’Hust ( sa fille) Paris Adrien Le Clere 1864« L’émigration militaire » par Jean PINASSEAU .« Quid 99 »Archives municipales de Saint Fraigne .Documents personnels Jacques AUDOUIN

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HISTOIRE ET GÉNÉALOGIE

es tribulations d’un jeune conscrit de Verdille, soldat du 1° Empire ( 1805– 1814 ) ou l’Europe à pied et à cheval de la Prusse Orientale à lapéninsule Ibérique .

Pierre-François BERGEON naquit sous l’Ancien régime le 8/09/1785 auvillage de la Folie, paroisse de Bonneville en Angoumois ; issu d’une lignéed’humbles vignerons, son père, Michel BERGEON, lui-même soldat de laConvention mourut « aux Armées » en octobre 1793. Domicilié à Verdille depuisson jeune âge, Pierre François est mobilisé avec ses camarades de la réservecharentaise de l’an XIV . En compagnie de 4 autres conscrits du canton d’Aigre, ilrejoint son point de ralliement, place du Mûrier à Angoulême, et c’est aussitôt ledépart pour la « grande aventure » le 26 brumaire de l’an XIV ( 15/11 /1805 ).Pendant 23 jours, les 115 conscrits charentais, accompliront 580 km à pieds dans laneige et le froid par de mauvais chemins de montagne à travers le Massif Centralpour rejoindre leur caserne à Grenoble via Limoges, Clermont et Lyon . C’est unvéritable calvaire à marches forcées : mal équipés, mal nourris, 21 d’entre euxdéserteront avant l’arrivée à Grenoble où beaucoup d’autres décéderont à l’hôpital.Après quelques semaines d’exercices, c’est à nouveau le départ à travers les Alpesmaintenant pour Alexandrie du Piémont, chef-lieu du nouveau département dit de« Marengo », le 1° avril 1806 .

Dès l’année suivante, Pierre François et ses camarades vont rejoindre la« Grande Armée » en Prusse, après avoir traversé toujours à pieds, l’Italie du Nord,le Tyrol , la Bavière et la Saxe . A l’arrivée à Breslau, six compagnies sont enfinpourvues de chevaux et vont constituer le X°bataillon du Train d’Artillerie . Le 1° avril 1807,ces unités rejoignent le 6° corps d’armée enPologne sous le commandement du maréchalNey. Les hostilités ont repris avec le tsar et le 14juin 1807 Pierre François et ses camaradesartilleurs participent à la victoire de Friedlandcontre les Russes, en Prusse Orientale, puis c’estle retour en cantonnement en Pologne .

Conducteur et sous verge de devant en tenue de route( Hiver 1811 / 1813 )

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Le 1° octobre 1807, le X° bataillon bis passe au 1° corps d’arméecommandé par le maréchal Victor . La « Grande Armée » part pour l’Espagne etc’est un nouveau trajet de plus de 1300 km à travers la France cette fois, deMayence à Bayonne . Nos charentais reverront leur pays certes, mais sans pouvoirs’y arrêter et retrouver les leurs . Du 12 au 16 octobre 1808, ils traversèrent laCharente par Ruffec, Mansle, Angoulême et Barbezieux . La « Grande Armée »arrive à Bayonne le 27 octobre 1808 et c’est l’entrée en Espagne en direction deMadrid où l’empereur Napoléon souhaite introniser son frère Joseph .

Premières victoires au Pays Basque puis au col de Somosierra et la« Grande Armée » fait son entrée à Madrid . Cependant, nous assistons bien vite àun soulèvement général et à la Guérilla . C’est ensuite une longue série de combatsincertains en Espagne et au Portugal où les Anglais ont débarqué sous lecommandement de Wellesley qui sera bientôt fait Duc de Wellington .

Le 28 juillet 1809 se déroule la bataille de TALAVERA, à l’Ouest deTolède . C’est un combat indécis où de nombreux soldats français sont faitsprisonniers et parmi eux, Pierre François BERGEON, matricule 337 de la 1°compagnie du 10° bataillon du Train d’Artillerie, emmené en captivité au campretranché de Torres Vedras ( Portugal ) .

Il lui faudra attendre 1814 et la chute de l’Empire pour recouvrer sa libertéet regagner sa patrie . C’est le retour en Charente où, dès l’année suivante, ilépouse à Mons la jeune Marie BIAIS le 5 juin 1815, pendant les « Cents Jours » .Ils s’établiront au village de Juif où naîtront leurs enfants . Plus tard, l’aîné Jeanviendra à son tour travailler à Verdille comme métayer et c’est dans cettecommune au « Caillaud » que Pierre François s’éteindra le 17/02/1862 chez sonfils, après 77 années d’une vie remplie d’aventures et de labeur .

A la mémoire de mon quadriaïeul Jean Claude BERGEON

Artillerie Napoléonienne(1812 - 1813)Trompette et conducteurs duTrain d’Artillerie avec unebouche à feu de 4 .Canon de 4 livres (poids duboulet en fonte), portéeefficace, 500 à 900 mètres(encore dangereuse à 1200mètres)

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Généalogie simplifiée ( Sept générations )

Michel BERGEON ( 1764 Genac 16 – 1793 « aux armées » )Marie ARNAUD originaire d’Anville (16)

Pierre, François BERGEON ( 1785 Bonneville – 1862 Verdille )Marie BIAIS originaire de Bonneville (16)

Jean, Pierre BERGEON ( 1818 Mons – 1896 Verdille )Anne GUÉRIN originaire de Bonneville (16)

Pierre, Louis BERGEON ( 1844 Mons – 1922 Verdille )Marie LANDRE-COUILLAUD originaire de Benest (16)

Louis, René BERGEON ( 1876 Verdille – 1968 Verdille )Marie Léonide CHOLLET originaire de Néré (17)

René, Paul BERGEON ( 1915 Verdille )Raymonde BRUYERON originaire de Verdille (16)

Jean-Claude BERGEON ( 1945 Verdille (16)

Conducteur et porteur de devant en grande tenue( 1811 / 1813 )

Note : Les 4 autres conscrits du canton d’Aigre, furent :- Jean BOYER de Ranville décédé en 1806 à Grenoble .- Pierre CHATAIN de Tusson tué en 1809 en Espagne .- Jean TALLON et François BIAIS de Fouqueure, rescapés

Jean Claude BERGEONSources :Archives Départementales de la Charente ( 16 )Archives Communales des communes de GENAC, BONNEVILLE, MONS, VERDILLE.Robert SIMONNAUD « Le calvaire de 115 conscrits de la réserve charentaise de l’An XIV »

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LE CHEMIN VERS SAINT-JACQUES DECOMPOSTELLE

HIER ET AUJOURD’HUI

ntre le 12° et le 18° siècle des millions d’hommes et de femmes quittentleurs domiciles un beau matin pour se rendre en pèlerinage à St Jacquesde Compostelle . Les textes anciens et notamment « Le Guide du

Pèlerin » rédigé par Aymerie Picaud, moine poitevin, nous entretiennent del’existence en France de quatre grands chemins dont la voie de Tours qui reliaitParis ( Tour St Jacques ) à Roncevaux . Il cite les villes de St Jean d’Angély etSaintes .

A côté de ce chemin clairement identifié il existait d’autres cheminssecondaires ou principaux, au gré des événements politiques et de la sécuritéque l’on y trouvait . C’est ainsi qu’un chemin passait par l’abbaye de Charrouxriche en reliques, joignait Angoulême et enfin Aubeterre .

Divers indices plaident pour un passage de ce chemin par le paysd’Aigre . Il est ainsi relaté que Guillaume le Toulousain, duc d’Aquitaine et duPoitou, père d’Aliénor d’Aquitaine, serait parti de Poitiers pour se rendre à St-Jacques de Compostelle . Le prieuré de Tusson l’accueillit ainsi que sa suite .L’église paroissiale de Tusson ( édifiée à partir de 1227 ) a pour patron St-Jacques au même titre que celle d’Aubeterre . Il y a encore une vingtained’années on pouvait découvrir dans le transept sud du prieuré de Lanville unefresque réalisée au XIV° siècle, laquelle représentait un, voire plusieurspèlerins facilement identifiables grâce à leur équipement constitué d’unchapeau à larges bords, une besace, une gourde pèlerine, un bourdon et unecoquille St Jacques . Enfin l’ordre des Templiers s’était donné pour mission laprotection des voies de communication et notamment les routes de pèlerinage .Avec 32 commanderies répertoriées dont celles de Villegats, Ligné, Villejésus,Fouqueure, cet ordre était particulièrement bien implanté dans ce qui constituela Charente contemporaine .

Selon les difficultés du terrain, les étapes du pèlerinage étaient et sontencore comprises entre 20 et 30 km, ce qui supposait et … suppose encore unegrande densité de points d’accueil . Entre le 12° et le 16° siècle seuls lesétablissements ecclésiastiques étaient en mesure de répondre à cette demande .Or ils étaient particulièrement nombreux tant en Haut Poitou qu’en Angoumois.

Après avoir été oublié durant plus de deux siècles, ce pèlerinage s’estréveillé au début des années 60 . Depuis lors, plus nombreux chaque année, deshommes et des femmes de toutes nationalités ; croyants ou athées prennent laroute pour ce qui constitue l’une des dernières aventures accessibles à tous .Seul le chemin du Puy étant balisé, les pèlerins choisissent aujourd’hui en très

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grande majorité ce site pour départ . C’est ainsi qu’entre mars et avril 99,chaque jour, de 75 à 130 pèlerins s’élancent sur les chemins de l’Aubrac pourun périple de 1600 km .

A l’occasion de cette année 1999 – dernière année jacquaire du siècle –le Conseil Régional Poitou-Charentes a souhaité réactualiser les chemins picto-charentais vers St Jacques . Si la tâche était aisée pour la route principale, ladéfinition d’une route charentaise présentait de nombreuses difficultés . Ils’agissait en effet de relier l’abbaye de Charroux ( 86 ) à Angoulême et àAubeterre et de définir un chemin contemporain, doté d’hébergements et delieux de culture .

Outre son aspect touristique la commission technique chargée de cettequestion a souhaité prendre en compte son essence spirituelle . C’est ainsiqu’aujourd’hui la route comprise entre Charroux et Angoulême est doublée parun chemin en cours de signalisation . Ce chemin, bien entendu, s’adresse auxmarcheurs, mais il peut également être utilisé par des cavaliers et des VTTistes .

En Charente, quatre haltes jacquaires ont été agréées : Nanteuil enVallée, Tusson, Lanville et Aubeterre .

A Tusson, la halte jacquaire sera basée dans le logis du Couvent desHommes récemment acquis par la commune de Tusson et, ce, grâce entre autreau partenariat de la Fondation du Patrimoine . Plusieurs communes du Paysd’Aigre sont traversées par le chemin : Charmé, Ligné, Tusson, Villejésus,Aigre . Gageons que cela constituera un atout complémentaire pour ledéveloppement culturel de ce pays . D’ores et déjà, les personnes qui l’onttraversé en cette occasion en ont gardé une forte impression .

Jackie FLAUDSources :« Priez pour nous à Compostelle » par Gurgand« Saint Jacques à Compostelle » par J. CHOCHEYRAS , éditions Ouest France« Chemins de Saint Jacques de Compostelle » par G. COURTES, éditions Sud Ouest

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ADAPA Section « Histoires du Pays d’Aigre »Intercommunalité – 10, rue du Pont Raymond -16140 AIGRE

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Lecteur ! vous venez de terminer de lire le 1° numéro de notre revueHISTOIRES DU PAYS D’AIGRE . Nous aimerions avoir votre avis surcette revue . C’est pourquoi, si vous avez des suggestions ou des critiquesà formuler, vous pouvez nous contacter .De même, si vous souhaitez participer à cette revue en tant qu’auteurd’articles, ou devenir membre de notre association, rejoignez nous .Toutes les bonnes volontés seront les bienvenues .

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Intercommunalité10, rue du Pont Raymond

16140 AIGRE

Carte dite « CARTE de CASSINI »

Le coup d’envoi du levé de cette carte fut donné par Louis XV en 1747 . Quatregénérations de la famille CASSINI se succédèrent de 1750 à 1789 pour réaliserl’ensemble des 154 feuilles entières et des 26 feuilles partielles . La carte présentequelques imperfections, mais elle reste néanmoins une œuvre remarquable pour tousceux qui sont curieux de l’histoire . La feuille concernant l’Angoumois a été réalisée en1769 .

Carte de Cassini N° 69 - Archives de l’Institut Géographique National IGN – Paris 1999

Autorisation n° 209962( Voir extrait de cette carte, concernant le Pays d’Aigre, au dos de la couverture )

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