Aiguille de la Glière, 2852mIndex (2595m), Face E, Arête SE ∗

Le massif des Aiguilles Rouges est formé des très nombreux sommets qui bordent lenord de la vallée de Chamonix, avec un alignement orienté SW-NE. Le versant sud-estde ces sommets est abrupt et principalement rocheux en été, offrant ainsi de multiplespossibilités d’escalade, dont beaucoup sont de difficulté moyenne (niveau 5 ou 6). Avec sonaltitude modeste, la relativement bonne qualité de son rocher (du gneiss), son équipementsouvent abondant, l’orientation ensoleillée de ses faces intéressantes, les remontées mé-caniques qui déposent le grimpeur au pied de beaucoup voies et la vue éblouissante quel’on a par beau temps sur le massif du Mont Blanc, les Aiguilles Rouges sont devenuesun lieu d’entraînement à l’escalade, vaste et de premier choix, fournissant des objectifs degrimpe à la journée qui font rêver. Les alpinistes y passent aussi du bon temps lorsque lahaute montagne n’est pas en conditions.

Télésiègede l’Index

Index2595

2685

2610Lacs Noirs

Col del’Index2549

2389

Contrefort E∼2620

2846

Épaule2669

Aiguille dela Glière

2852

Aiguilledu Pouce

2874

N

La Glière donne son nom à un ensem-ble complexe de pointes et d’arêtes du mas-sif des Aiguilles Rouges, regroupées autourde l’Aiguille de la Glière (2852m) qui luidonne son point le plus haut, situé pile au Nde Chamonix. Pas loin, au NW de ce pointculminant, on trouve l’Aiguille du Pouce(2874m), un peu plus élevée et sauvage,au niveau d’entrée nettement plus sélectif(TD inf). Du point de vue de l’escalade, ondistingue principalement dans le massif deLa Glière et dans le sens des aiguilles d’unemontre, le Contrefort E à l’E de l’Aiguillebien sûr, l’Index (2595m) à son ESE et l’É-paule (2669m) à son SSE, le long de la-quelle se trouvent la Chapelle et le Clocher(2663m). Le Contrefort E est séparé de l’Index par le Col de l’Index (2549m). Du haut duContrefort E, on peut rejoindre l’Aiguille de la Glière en suivant une longue arête déchi-quetée [6]. La Glière est devenue une montagne très fréquentée, grâce aux nombreuses voiesintéressantes qui y ont été tracées et au télésiège de l’Index qui dépose ses passagers à sonpied, à 2389m.

Par son accès aisé, par sa difficulté modérée, par l’intérêt, la diversité et la brièvetéde son parcours, par la fière allure de l’aiguille qu’elle remonte lorsqu’on la regarde depuisles Praz de Chamonix, la voie de l’Arête SE de l’Index est devenue une grande classiquedes Aiguilles Rouges, une voie d’initiation que tous les topos-guides d’escalade de la régionque nous avons pu consulter décrivent [7, 8, 6, 4, 2]. Elle est bien plus intéressante quene le laisse penser le niveau global de la voie classique (AD inf), en particulier grâce auxvariantes équipées (ou pas) de ses deux premières longueurs, qui ajoutent de la diversité.Celles-ci ont sans doute été introduites pour délester l’itinéraire principal, très fréquenté,patiné par endroits, mais peuvent aussi être source de confusion (mauvais choix de l’attaquedans notre cas) ou d’égarement. Il est souvent dit, en effet, que c’est un des itinéraires lesplus parcourus des Aiguilles Rouges [6, 2]. Mais, même sans ses variantes, la voie méritela visite. L’altitude modérée de ce belvédère et l’orientation SE de son arête convoitée

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permettent d’y grimper tôt (avec l’équipement adéquat pour bien négocier les névés dursdu printemps) et tard en saison [2]. Le sommet de l’Index est malheureusement exigu,pointu1, peu confortable et l’on y envie les grimpeurs arrivés au terme de leur escaladeau Contrefort E tout proche, qui grignotent et papotent, à demi étendus sur une jolieterrasse herbeuse et qui n’auront pas besoin de faire de rappels pour rejoindre la descentemécanique.

En cas d’affluence excessive, on peut trouver des voies de rechange dans le contrefort Ede la Glière voisin, mieux équipées, mais un peu plus difficiles ; ce sont Modern Time(D inf [4c, 5b]), Nez Rouge (D inf [5bA0, 5b]) ou Mani Puliti (D [5a, 5b]), toutes lestrois magnifiques sur de l’excellent gneiss, mais aussi très courues. Il n’est pas rare quel’on allonge cette courte course de l’Arête SE en accédant à la vire herbeuse (voir ladescription de l’approche pour sa définition) par les deux premières longueurs de la voieBrunat-Perroux (5b, 4c).

Renseignements diversr Auteurs : Alice Agussol2 (1894-1974), Henri Bonin3, Maurice Damesme4, Jacques deLépiney (1896-1942) et Tom de Lépiney, le 16 août 1913. [6, 2]r Difficulté :◦ AD [IV], selon Gaston Rébuffat [7 ; 1973],◦ [4b, 4c], selon Jürg von Känel [8 ; 2004],◦ AD [4b, 4c], selon Michel Piola [6 ; 2008],◦ AD inf [4b, 5a], selon Jean-Louis Laroche et Florence Lelong [4 ; 2009],◦ AD inf [4aA0, 4c], selon C2C [2 ; 2021].r Il est difficile de dire ce qu’est une longueur dans cette voie car, sur l’arête, on peut faire

relais sur beaucoup de becquets et leurs emplacements pourra dépendre de la longueurde la corde utilisée. Nous avons retenu 4 longueurs, en accord avec la description faiteci-dessous (la longueur-clé est en rouge) :

L1 : 4c L2 : 4a L3 : 4a+ L4 : 4a+

Les difficultés retenues ci-dessus sont médianes parmi celles indiquées dans [8, 6, 4, 2].Dans notre cas, avec une corde de 2× 50m, en prenant involontairement des variantesL1’ et L2’, de L1 et L2, les longueurs et leur cotation se distribuaient plutôt commesuit :

L1’ : 5b ? L2’ : 5c L3 : 4a+ L4 : 4a+

avec R2 sur becquet sur le premier tronçon horizontal de l’arête, R3 sur becquet enhaut du pilier qui suit, R4 sur becquet au sommet S.r Engagement : faible (I selon [2]).r Orientation : SE selon [2].1On pense inévitablement à Pierre Chapoutot [3].2Une pointe porte son prénom dans le Massif du Mont Blanc entre l’Aiguille Mummery (3700m)

et l’Aiguille de Triolet (3870m), sur l’arête WNW de cette dernière ; voir http://toponymage.free.fr/DChamonix/Htm/MB7AZZMummery.htm.

3Henri Bonnin (avec deux ‘n’) selon [5 ; nbp. 34, p. 17], mais ce texte contient quelques imprécisions.4Une pointe porte son nom dans le Massif du Mont Blanc entre l’Aiguille Mummery (3700m)

et l’Aiguille de Triolet (3870m), sur l’arête WNW de cette dernière ; voir http://toponymage.free.fr/DChamonix/Htm/MB7AZZMummery.htm.

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r Dénivellation : escalade 100m selon [2].

Équipement, matérielr Voie partiellement équipée [6] (P2 selon [2], prendre de quoi compléter l’équipementdans les longueurs et renforcer certains relais)5.r Corde 2 × 40m ou 2 × 50m (c’est mieux pour faire la voie en 4 longueurs au lieude 5 ou 6 et pour la descente en rappel par la face W), sangles, quelques coinceurs oufriends, matériel pour le ou les rappels, piolet (voire crampons) lorsque la neige est encoreprésente dans l’approche (en particulier si la vire herbeuse de sa face E est recouvertede neige, car une glissade n’est alors pas permise) et dans le couloir descendant du Colde l’Index.

Accès routierr Martigny (471m) → Col de la Forclaz (1528m) → Les Praz de Chamonix (1064m) ;40 km, 50min.r Chamonix (1037m) → Les Praz de Chamonix (1064m) ; 3 km, 4min.

Approche

Des Praz de Chamonix (1064m), prendre le téléphérique de La Flégère (1877m) puisle télésiège de l’Index (2389m) ou gagner celui-ci à pied sur 1300m de dénivelé.

Depuis l’arrivée du télésiège, se diriger vers l’ouest et remonter le pierrier qui descenddu Col de l’Index (situé entre l’Index et le contrefort E) en direction de la grande vireherbeuse qui coupe la face E de l’Index. Quelques pas d’escalade facile permettent deprendre pied sur la vire. Suivre celle-ci jusqu’à son extrémité S. L’attaque se trouve unpeu avant l’arête SE au pied d’un dièdre-cheminée rouge, après avoir contourner un blocdécollé caractéristique. [6, 2]

Cheminement

L’estimation des difficultés des longueurs est indiquée par (d1/d2/d3/d4), où d1 estl’estimation de Jürg von Känel [8 ; 2004], d2 est celle de Michel Piola [6 ; 2008], d3 estcelle de Jean-Louis Laroche et Florence Lelong [4 ; 2009] et d4 est celle de C2C [2 ; 2021].Piola [6] et Laroche-Lelong [4 ; 2009] divisent la voie en 4 longueurs, tandis que C2C [2] encompte 6 ; nous avons suivi les premiers auteurs.

1. (4c/4c/5a/4b) Partir à droite du bloc, passer derrière puis remonter le dièdre-cheminéerouge évident (IV, patiné, de nombreux pitons). Un pas au milieu du dièdre est lepassage-clé de toute la voie. [2]Variante (5b ?). Probablement plus proche de l’arête que l’itinéraire classique, ontrouve une ligne de spits qui suit une fissure entourée de blocs, que l’on remonte. Onaboutit à une arête à angle droit, dont on remonte le pan gauche compact et difficilegrâce à de fins grattons. Relais plus loin, proche de l’arête.

5À notre avis, la voie est peu équipée, mais ce n’est pas nécessaire d’avoir plus d’ancrages lorsquel’itinéraire parcourt l’arête (il est aisé de placer des protections avec des sangles). Il y a des variantes quisont tantôt très bien (variante de L1) ou très peu (variante de L2) équipées.

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2. (4a/4a/4a/3b) Traverser à droite sur une petite vire, puis remonter un mur fissurépour rejoindre le fil de l’arête (III). [2]Variante (5c). Poursuivre tout droit en allant chercher un dièdre suspendu avec unpan gauche devenant surplombant (1 ancrage non visible du bas), dont on sort parun grand pas à droite sur un fin gratton dans une dalle lisse. Poursuivre tout droitpour rejoindre l’arête.

3. (4b/4b/4a/3b) Suivre une petite vire sur la droite puis rejoindre le fil (II). Suivrel’arête jusqu’à un pilier raide. Remonter ce pilier directement (III). On peut fairerelais sur becquet au-dessus.

4. (4b/4b/4a/3b) Quelques pas de désescalade puis suivre le fil de l’arête pour rejoindre àdroite une dalle peu inclinée (III). Remonter une cheminée plus loin, dans la charnièred’un dièdre, puis passer sur le versant gauche pour finir facilement au sommet S (II). [2]

On peut choisir de rejoindre le sommet N, qui est en-dehors du chemin de descente et doncplus tranquille pour faire une pause.

Descente

Du sommet S partir vers le NW en traversant l’arête sommitale. Désescalader quelquesmètres à gauche (NE) le long d’une fissure (3a, 1 piton au-dessus de celle-ci et 1 autredans celle-ci) pour atteindre une vire 10m plus bas. Suivre celle-ci vers le NW sur 10mpour trouver plusieurs relais de rappel (4 semble t-il, goujons et chaînes). C’est le goulotd’étranglement de la descente, souvent encombré. De là, il y a plusieurs options.r Rappel de 40m (45..50m c’est mieux, sinon la partie manquante se fait en désescalade)

dans la paroi verticale à l’W, puis atteindre le Col de l’Index par un peu de désescaladefacile toujours côté W, une traversée de 20..30m vers le N et une remontée vers l’E. Delà deux options.

◦ Descendre sans difficulté majeure le couloir E caillouteux (attention aux chutes depierres en cas d’affluence) jusqu’à atteindre la sente qui ramène au télésiège (enprenant à gauche).◦ Remonter l’éperon suivant sur une vingtaine de mètres et rejoindre la descente du

Contrfort E (sente + désescalade ou rappel) [1]. Cette option permet d’éviter le hautdu couloir (on le rejoint plus bas ou on l’évite par un rappel) lorsqu’il est enneigé etque l’on n’a pas l’équipement adéquat, mais c’est un long détour. [non réalisé]r Rejoindre le couloir E directement par un rappel de 65m (ou 50m + désescalade facile)

pour éviter la partie raide sous le Col de l’Index. Des rappels plus courts sont aussipossibles (il y a quelques relais intermédiaires en place). [1] [non réalisé]

Rédaction et réalisationr Rédaction : Ch. Gilbert (Jean-Charles.Gilbert@inria.fr) en juillet 2021 à partir debouts de texte de [2] ; première mise en ligne le 27 juillet 2021 ; dernière mise à jour le5 août 2021 à 23 h 37.r Réalisation : avec Nicolas Sirletti, le mercredi 21 juillet 2021 (cordée cousine formée deClémence Gilbert et Charles Poisson). Involontairement, nous n’avons pas fait la L1classique mais sa variante bien équipée L1’ et nous avons probablement fait le pasde V+ dans la variante L2’ de L2 décrite ci-dessus. La corde de rappel dans la face Ws’est bloquée (elle ne coulissait pas) et a requis une remontée le long de la corde pour

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examiner ce qui se passait (pas de coincement pourtant) et l’aide d’une grimpeuse aurelais pour rappeler la corde ; il est donc utile de vérifier si la corde coulisse bien avantque le dernier grimpeur n’ait entamé sa descente et rectifier la position de la corde aubesoin. Sauvetage rapide (20min ?) par hélicoptère d’un grimpeur ayant chuté dans ladernière longueur (6a, expo) de l’An d’Émile (TD) en face W, apparemment due à undécrochage de prise dans un itinéraire erroné et ayant pour conséquence une fracturedu tibia.

Références

[1] Camp to Camp (2016). Index de la Glière : Voie Brunat-Perroux. Internet. 4[2] Camp to Camp (2021). Index de la Glière : Arête SE. Internet. 1, 2, 3, 4[3] Pierre Chapoutot (1996). La Montagne c’est pointu. Michel Guérin Éditions. 2[4] Jean-Louis Laroche, Florence Lelong (2009). Escalades Choisies – Mont-Blanc, Aiguilles

Rouges. Glénat. 1, 2, 3[5] Cécile Ottogalli-Mazzacavallo, Eric Boutroy (2020). Manless rope team: A socio-technical

history of a social innovation. The International Journal of the History of Sport. [doi]. 2[6] Michel Piola (2008). Face au Mont-Blanc – Les Aiguilles Rouges I – Du Brévent aux Dalles de

Chézerys. Michel Piola, Genève, Suisse. 1, 2, 3[7] Gaston Rébuffat (1973). Le Massif du Mont Blanc – Les 100 Plus Belles Courses. Denoël. 1,

2[8] Jürg von Känel (2004). Schweiz – Plaisir West. Édition Filidor, Reichenbach, Suisse. 1, 2, 3

Aiguilles de la Glière(2852m)

Index de la Glière(2595m)

La Glière et son Index vus depuis la station de départ du téléphérique de La Flégère, à son SSEL’arête à droite de l’Index est son arête SE

(Photo prise le 21 juillet 2021)

Index de la Glière – Prendre le téléphérique de La Flégère aux Praz de Chamonix, puis le télésiège de l’Index(ViaMichelin)

Index de la Glière – Prendre le téléphérique de La Flégère aux Praz de Chamonix, puis le télésiège de l’Index(ViaMichelin)

Les Praz de Chamonix – Accès au téléphérique de La Flégère(Google Map)

Index de la Glière – Accès par le téléphérique de La Flégère, puis le télésiège de l’Index (ou à pied)(Capture d’écran de la carte nationale suisse)

Index de la Glière – À la sortie du télésiège de l’Index, se diriger vers l’W(Capture d’écran de la carte nationale suisse)

4b

5c

4b

5b

4c

4a

Col del’Index

Index (2595m)

Index de la Glière – Face E – Approche (jaune) et arête SE (rouge)(Photo prise le 4 septembre 2017)

Index de la Glière – Arête SE – Le dièdre patiné de L1 (4c) vu depuis R1(Photo de roromain sur C2C, prise le 27 mai 2017)

Index de la Glière – Arête SE – Variante de L1 (5b ?), bien équipée de spits(Photo prise le 21 juillet 2021)

Index de la Glière – Arête SE – Le pilier acqueillant de L3 (4a+) vu du bas(Photo prise le 21 juillet 2021)

Index de la Glière – Arête SE – Première partie horizontale de l’arête, parcourue par L3 (4a+)(Photo de lashemale sur C2C, prise le 16 septembre 2018)

Index de la Glière – Arête SE – Seconde partie horizontale de l’arête, parcourue par L4 (4a+)(Photo de lashemale sur C2C, prise le 16 septembre 2018)

Index de la Glière – Descente en rappel – Fissure pour accèder au point de rappel et les deux axes de descente(Photo prise le 27 juillet 2020, depuis le sommet du Contrefort E )

25 m

Contrefort E (2620m env)Col del’IndexIndex (2595m)

La Glière – Face E – Descentes pédestres (avec un éventuel rappel de 25m) du Col del’Index et du sommet du Contrefort E (Photo prise le 4 septembre 2017)