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Regardez la diffusion d’ Hep Taxi ! avec Alain Souchon le 11 août sur la Deux Alain Souchon dans le taxi de Jérôme Colin : L’interview intégrale Une émission rediffusée le dimanche 11 août à 22h45 sur la Deux La vie passe vite, c’est étonnant ! ALAIN SOUCHON : Bonjour. JÉRÔME COLIN : Bonjour. ALAIN SOUCHON : Je voudrais aller à l’Hôtel Métropole. JÉRÔME COLIN : Très bien. Je suis votre homme. La vie est belle Monsieur Souchon ? ALAIN SOUCHON : Ecoutez, la vie n’est pas laide. Un Français à Bruxelles est toujours un petit peu heureux. Vous savez que les Français adorent venir à Bruxelles. Donc moi je suis Français, je suis à Bruxelles, donc il y a tout un côté de moi qui est charmé. Mais votre ceinture, parce que vous savez que c’est obligé de mettre une ceinture… JÉRÔME COLIN : Pas dans les taxis. Ça fonctionne ? ALAIN SOUCHON : Non. JÉRÔME COLIN : Didjou ! ALAIN SOUCHON : Didjou… voilà c’est ça. JÉRÔME COLIN : Je vais vous la mettre si vous voulez. Je vous aide… Concentration. ALAIN SOUCHON : Concentration.

Alain Souchon dans le taxi de Jérôme Colin : L’interview

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Regardez la diffusion d’ Hep Taxi ! avec Alain Souchon le 11 août sur la Deux

Alain Souchon dans le taxi de Jérôme Colin : L’interview intégrale

Une émission rediffusée le dimanche 11 août à 22h45 sur la Deux

La vie passe vite, c’est étonnant !

ALAIN SOUCHON : Bonjour.

JÉRÔME COLIN : Bonjour.

ALAIN SOUCHON : Je voudrais aller à l’Hôtel Métropole.

JÉRÔME COLIN : Très bien. Je suis votre homme. La vie est belle Monsieur Souchon ?

ALAIN SOUCHON : Ecoutez, la vie n’est pas laide. Un Français à Bruxelles est toujours un petit peu heureux. Vous

savez que les Français adorent venir à Bruxelles. Donc moi je suis Français, je suis à Bruxelles, donc il y a tout un

côté de moi qui est charmé. Mais votre ceinture, parce que vous savez que c’est obligé de mettre une ceinture…

JÉRÔME COLIN : Pas dans les taxis. Ça fonctionne ?

ALAIN SOUCHON : Non.

JÉRÔME COLIN : Didjou !

ALAIN SOUCHON : Didjou… voilà c’est ça.

JÉRÔME COLIN : Je vais vous la mettre si vous voulez. Je vous aide… Concentration.

ALAIN SOUCHON : Concentration.

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JÉRÔME COLIN : On tire sur la ceinture…

ALAIN SOUCHON : Voilà mais alors là vous voyez…

JÉRÔME COLIN : Non, celui-là. Vous vous êtes trompé de trou.

ALAIN SOUCHON : Excusez-moi.

JÉRÔME COLIN : Y’a pas de mal. Vous êtes un peu gauche.

ALAIN SOUCHON : Voilà.

JÉRÔME COLIN : Vous êtes bien bricoleur.

ALAIN SOUCHON : Pas bien bricoleur non. Pas très fort en bricole. Là je suis serré, peu importe.

JÉRÔME COLIN : Vous pouvez la retirer, c’est tout à fait autorisé dans les taxis que le passager ne porte pas de

ceinture.

ALAIN SOUCHON : Non mais… C’est loin l’Hôtel Métropole d’ici ?

JÉRÔME COLIN : 34 min.

JÉRÔME COLIN : Je suis content de vous avoir là. Je vous aime beaucoup.

ALAIN SOUCHON : Vous connaissez mes chansons ?

JÉRÔME COLIN : Oui. Pas toutes.

ALAIN SOUCHON : Ça me fait plaisir. J’imagine bien.

JÉRÔME COLIN : Mais beaucoup.

ALAIN SOUCHON : Moi-même je ne connais pas tout mais ça me fait plaisir. Vous êtes chauffeur de taxi depuis

combien de temps ?

JÉRÔME COLIN : 5 ans. Vous êtes chanteur depuis combien de temps ?

ALAIN SOUCHON : Pareil, plus de 30.

JÉRÔME COLIN : Ah oui quand même.

ALAIN SOUCHON : Ça finit par faire ce qu’on appelle un bail.

JÉRÔME COLIN : Ça finit par faire ce qu’on appelle une carrière.

ALAIN SOUCHON : Voilà. Non mais c’est vrai que ça fait longtemps, le temps a passé vite.

JÉRÔME COLIN : La vie a passé vite ?

ALAIN SOUCHON : C’est-à-dire oui, ça passe vite. C’est peut-être une bêtise à dire mais c’est tellement extravagant

de voir la vitesse, mes fils qui ont 30 ans… C’est marrant.

JÉRÔME COLIN : C’est ?

ALAIN SOUCHON : C’est marrant.

JÉRÔME COLIN : Vous trouvez ça marrant le fait que ça a été vite.

ALAIN SOUCHON : Enfin comme on dit c’est marrant, ça veut dire ah c’est marrant… C’est étonnant.

Moi je ne crache pas sur Francis Cabrel !

JÉRÔME COLIN : Ça va, vous avez une belle vie.

ALAIN SOUCHON : Oui, beaucoup de chance. Une belle vie oui. Une belle vie parce que faire des chansons, les

chanter, c’est franchement un des boulots les moins emmerdants qu’il peut y avoir. On est obligé pour gagner sa vie

de passer bien des heures à s’empoisonner l’existence et moi j’ai été gâté parce que faire des chansons, aller en

studio les enregistrer, ensuite aller les chanter sur scène et que des jolies filles applaudissent, m’envoient leur

soutien-gorge à travers la figure, c’est pas trop désagréable.

JÉRÔME COLIN : Ça va. Et le fait de s’exprimer, d’écrire, est-ce que c’était une nécessité dans ce chemin-là ?

ALAIN SOUCHON : Une nécessité… Non mais moi j’étais assez timide, assez réservé et rien ne m’intéressait

vraiment. Et en même temps j’étais attiré par les autres, par discuter avec des gens, avec des garçons, tirer les

oreilles des filles, tout ça m’attirait beaucoup et j’étais timide. Très timide. Et le fait d’avoir fait des chansons ça m’a

relié aux gens. Ça m’a enlevé de la timidité, ça m’a fait faire un pas vers les gens et les gens sont venus aussi vers

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moi. Donc ça nous a unis et c’est bien agréable pour moi. A cause de la timidité vous voyez. Maintenant bien sûr je

suis beaucoup moins timide et voilà j’ai pu discuter avec plein de gens, j’ai pu m’approcher du monde, pincer des

filles.

JÉRÔME COLIN : C’est assez fou parce que faire l’unanimité c’est toujours assez suspect pour un artiste…

ALAIN SOUCHON : Tout à fait suspect. Je ne fais certainement pas l’unanimité.

JÉRÔME COLIN : Non ? Vous allez dire… Et vous on a l’impression un peu que tout le monde vous aime.

ALAIN SOUCHON : Non. Vous savez… Bien sûr que non. Y’a rien à dire à ça. C’est impossible…

JÉRÔME COLIN : Une espèce de respect, d’aura. Non ?

ALAIN SOUCHON : Non. Bien sûr qu’il y a plein de gens qui aiment bien mes chansons et que la nouvelle génération,

des jeunes qui font des chansons souvent il y en beaucoup qui m’aiment bien, c’est vrai mais y’a plein de gens qui

n’aiment que le rock ou la musique d’avant-garde…

JÉRÔME COLIN : Et bien oui, ils ne crachent pas sur Souchon.

ALAIN SOUCHON : Oh !

JÉRÔME COLIN : Comme ils vont cracher sur Cabrel ou Bruel.

ALAIN SOUCHON : C’est vrai ?

JÉRÔME COLIN : Oui. Vous le savez.

ALAIN SOUCHON : Non. Moi je ne crache pas sur Francis Cabrel.

JÉRÔME COLIN : Non.

ALAIN SOUCHON : Je l’adore.

JÉRÔME COLIN : Moi non plus, vous voyez ce que je veux dire.

ALAIN SOUCHON : Je comprends ce que vous voulez dire. J’ai de la chance. Décidemment j’ai beaucoup de chance.

JÉRÔME COLIN : D’accord.

Dans la vie peu de choses m’intéressaient… à part les oreilles des filles !

JÉRÔME COLIN : Pourquoi vous avez commencé à faire de la musique ?

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ALAIN SOUCHON : Alors…

JÉRÔME COLIN : Parce que vous ne vous êtes pas dit : je suis timide donc je vais faire des chansons…

ALAIN SOUCHON : Rien ne m’intéressait vraiment mais j’aimais beaucoup les chansons en général. Les chansons de

Jerry Lee Lewis, d’Elvis Presley, et j’ai été fasciné quand j’ai entendu les chansons en français, les premières chansons

de Brassens… enfin pas les premières de Brassens, mais la première fois que j’ai entendu les chansons de Brassens,

de Jacques Brel et tout ça, j’ai trouvé que c’était ça qui me plaisait le plus. Quand il y avait une résonnance, un tout

petit peu d’émotion par rapport à ce que ça racontait, d’émotion… Les chanteurs ce n’est pas des penseurs, mais

d’émotion avec un petit peu, comment on pourrait dire, de pensées, d’intelligence. Dans les chansons de Jacques

Brel, qui disait les bourgeois c’est comme des cochons… Tout ça, ça résonnait en moi. Les chansons de Brasse Alain

Souchon : Ça m’a beaucoup plu. Le côté musical et tout, c’est-à-dire, j’aimais bien la poésie mais la poésie dite c’est

tout de suite ridicule. Dès qu’il y avait de la musique, et tout, les poèmes d’Aragon mis en musique justement par

Jean Ferrat qui vient de mourir, et bien tout ça me plaisait énormément, m’emballait même, alors que dans la vie

peu de choses m’intéressaient, on peut le dire. A part les oreilles des filles, pas grand-chose.

JÉRÔME COLIN : Qu’est-ce qu’elles vous ont fait les oreilles des filles ?

ALAIN SOUCHON : Elles bougent quand elles marchent, tout ça, ça fait de l’effet.

JÉRÔME COLIN : Alors vous c’est votre endroit pour les filles.

ALAIN SOUCHON : Pardon ?

JÉRÔME COLIN : Les oreilles.

ALAIN SOUCHON : Enfin c’est une façon de… y’a pas que les oreilles.

JÉRÔME COLIN : C’est une façon de dire les seins. Les oreilles des filles.

ALAIN SOUCHON : Si vous voulez.

JÉRÔME COLIN : Plus élégante.

ALAIN SOUCHON : Vous êtes tellement direct. Disons… mais vous avez raison. Disons le tout, c’est un tout, les filles.

On ne peut pas en prendre qu’un bout.

JÉRÔME COLIN : Non, c’est vrai.

ALAIN SOUCHON : On ne peut pas prendre que les oreilles et pas vous faire attraper quand vous fumez trop, des

trucs comme ça, vous êtes obligé d’avoir les oreilles mais vous vous faites engueuler quand vous fumez trop, c’est

comme ça. C’est un tout.

Jacques Brel, c’est un acteur de ses chansons !

JÉRÔME COLIN : Jacques Brel il est né là-bas.

ALAIN SOUCHON : Où ?

JÉRÔME COLIN : Juste ici. Vous savez, quand on était sur la place, quelques maisons plus loin.

ALAIN SOUCHON : Et bien moi ça m’avait beaucoup plu, j’avais 14 ans, c’était un peu mon chanteur préféré. Alors il

fallait le voir de loin, ce que je n’aime pas c’est quand on le voit filmé de trop près, on ne voit plus que des films

maintenant, il n’était pas fait pour être vu de près, c’est comme les chanteurs d’opéra, il ne faut pas les voir de près,

la bouche en grand, il faut les voir de loin dans la magie du théâtre. Ça c’est beau. Et Jacques Brel il était comme ça,

j’ai été le voir 3 fois.

JÉRÔME COLIN : Ah vous l’avez vu !

ALAIN SOUCHON : Oui.

JÉRÔME COLIN : Vous en gardez un souvenir fort ?

ALAIN SOUCHON : Oui très fort. Une énergie… sur scène, qui était chez Johnny Hallyday, chez… mais il y avait une

poésie, un truc en plus des chansons rock traditionnelles et là il y avait un truc qui me bouleversait. Et puis bon

c’était un acteur, un acteur de ses chansons. Il balançait, c’était fort, Les Vieux ne parlent plus…

JÉRÔME COLIN : Seulement parfois du bout des yeux… Même riches ils sont pauvres.

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ALAIN SOUCHON : Voilà. Ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux… Tout ça me plaisait énormément

et j’ai certainement orienté ma vie par rapport à ce que j’ai entendu. Après j’ai été dans les petits cabarets de la Rive

Gauche, me balader et j’entendais plein de gens qui chantaient des chansons inédites, des chansons d’eux… et puis

des chansons de Barbara, des chansons… d’autres chanteurs qui chantaient des chansons de Brassens, des chansons

de Jacques Brel, c’était joli, c’était les cabarets de la Rive Gauche avec plein de créateurs, de gens farfelus ou très

poétiques, des trucs ennuyeux aussi mais ça me plaisait parce que c’était comme… c’était pas tout le monde. C’était

un truc un peu secret, un peu armoire, il y avait 10 personnes là, 25 spectateurs là, et je me disais…. J’adore, j’y allais

souvent. Après mon rêve a été de chanter dans ces endroits-là. J’y suis allé mais je n’étais pas très fort. J’ai fait un

peu mais pas beaucoup. Je ne plaisais pas beaucoup. Mes chansons du début étaient… mais navrantes… je ne sais

pas si vous êtes au courant de l’affaire mais… mais avant toutes celles qui sont connues à peu près, ça va à peu près

mais… même s’il y en a des beaucoup moins bien.

JÉRÔME COLIN : « Je suis un voyageur ».

ALAIN SOUCHON : Je l’aime plutôt bien celle-là. Mais avant.

JÉRÔME COLIN : « Un coin de solitude ».

ALAIN SOUCHON : « Un coin de solitude », voilà.

JÉRÔME COLIN : Ou encore avant ?

ALAIN SOUCHON : Encore avant. C’était consternant.

Je ne croyais pas du tout en ma voix, je trouvais que je chantais comme une tatane !

JÉRÔME COLIN : C’était quoi votre première chanson ?

ALAIN SOUCHON : Je ne sais plus.

JÉRÔME COLIN : Vous l’avez carrément virée de votre mémoire.

ALAIN SOUCHON : Peut-être exprès. Au fond vous me dites ça, j’y pense maintenant, parce que là je me disais :

qu’est-ce que je vais citer ? Je ne saurais pas parce qu’elles sont sans doute virées de ma mémoire tellement je ne

les aime pas. Enfin, je ne les aime pas, elles étaient tellement insignifiantes, ce n’était pas intéressant non.

JÉRÔME COLIN : Et la première chanson intéressante que vous ayez faite. Vous vous êtes dit voilà, j’ai écrit quelque

chose.

ALAIN SOUCHON : Peut-être « Un coin de solitude » parce qu’il y avait un air sympa. J’aimais bien, il y avait quelque

chose de guilleret.

JÉRÔME COLIN : Et la première chanson que vous avez écrite où vous vous êtes dit voilà, là j’ai…

ALAIN SOUCHON : Non « Je suis un voyageur » je l’aimais mieux. J’aimais bien ça. La musique était simple. Je suis

un musicien simple. Un simple d’esprit de musique. Mais j’aime bien.

JÉRÔME COLIN : Et la première chanson où vous vous êtes dit là voilà, j’ai quelque chose, c’est émouvant, ça parle de

quelque chose, voilà une chanson, la mélodie est belle, il y a quelque chose.

ALAIN SOUCHON : Je crois que je me suis mis à faire « Je suis un voyageur », « Un coin de solitude » et puis après je

me suis dit je n’y arriverai jamais. Alors je me suis dit je vais essayer de gagner de l’argent en faisant des chansons

pour les autres. J’ai essayé de faire une chanson pour Frédéric François qui était un bon vendeur de disque et pas un

musicien très élaboré comme moi, je me disais pour lui je peux faire une musique, je sens que je pourrais parce que

c’est des musiques simples, et je trouvais la chanson, je me disais, c’était « L’amour 1830 », je trouvais l’air pas mal,

enfin simple, efficace et les musiciens avec qui j’avais fait la maquette me disaient elle est forte ta chanson et tout

ça, et les paroles pas trop, enfin un peu cucul la praline mais pas trop, et je me disais ça va être bien pour Frédéric

François, donc j’ai été voir un éditeur, j’ai dit voilà j’ai fait une chanson pour Frédéric François, il me dit voyons voir,

alors je l’ai chantée et il m’a dit mais vous savez ce qu’il y a ? C’est que vous avez une voix qui a un peu de charme.

Moi je ne croyais pas du tout en ma voix, franchement, je trouvais que je chantais comme une tatane. Puis il m’a dit

ça, ça m’a flatté, il m’a dit : ça vous dirait, je connais une maison de disque qui cherche quelqu’un pour faire La Rose

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d’Or d’Antibes, en 73, est-ce que ça vous dit ? J’ai dit : allons-y. Je suis allé voir, j’ai chanté ma chanson devant les

gens de la maison de disque, ils ont dit ah oui c’est bien. C’était Bob Socquet. Ils ont dit oui, il a du charme, ça va, et

puis voilà, alors j’ai fait un disque accompagné par Jean Daniel Mercier, je me souviens très bien, en 73, puis j’ai été

faire La Rose d’Or d’Antibes, je me suis aperçu que le showbiz c’était vraiment marrant. Tout était trafiqué à

l’avance, ils savaient à l’avance qui serait le premier, c’était un concours, La Rose d’Or d’Antibes, avec du suspens sur

Radio Monte Carlo, attention, qui va être premier, en fait tout était trafiqué à l’avance, on savait qui serait le

premier…

JÉRÔME COLIN : Ah, carrément !

ALAIN SOUCHON : Il y avait Barclay, il y avait tout ça, avec un autobus qui se promenait dans la ville avec la chanson

qui passait, enfin bon, c’était le showbiz, sur la plage il y avait tous les gens connus, des chanteurs, des compositeurs,

ça m’amusait. Je me disais c’est marrant. En même temps il fallait que je chante le soir à la Rose d’Or, j’étais

terrorisé. Et figurez-vous que les journalistes qui étaient quand même convoqués là pour parler de l’affaire, ils ont

dit mais lui il a du succès et il n’est pas prévu dans les prix trafiqués à l’avance, et nous on voudrait que ce soit lui.

Mais ils ont dit ça au dernier moment. Et donc ça a fait un peu de ramdam. C’était marrant, les journalistes disaient

dites donc, nous on l’aime bien lui. Votre premier il est très bien, je me souviens très bien qui c’était, c’était David

Christie, il était très bien, il avait une très belle voix…

JÉRÔME COLIN : Il a fait une belle carrière d’ailleurs, on ne s’en souvient plus.

ALAIN SOUCHON : Non. Ben oui, vous savez c’est difficile ces métiers-là. Donc… je suis long ? Je parle trop ?

JÉRÔME COLIN : Non. C’est très bien.

ALAIN SOUCHON : Il faut me le dire hein. Alors j’ai fait cette Rose d’Or. J’étais absolument terrorisé, j’ai pas dormi

les deux nuits d’avant, je suis arrivé sur scène, il y avait plein de monde, en plein air, c’était le soir, je suis arrivé, je

me suis mis de dos. Instinctivement je me suis mis de dos, j’ai tourné le dos au public et je me suis dit je suis en train

de faire un truc extraordinaire, c’est un jeu de scène formidable que je viens d’inventer là, je suis de dos, et je me

tourne d’un seul coup au moment où je vais chanter. Formidable, une pirouette.

JÉRÔME COLIN : Jim Morrison n’a rien inventé.

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ALAIN SOUCHON : Pauvre Jim. Regarde, les gens me disent bonjour.

JÉRÔME COLIN : Oui. Il fait comme ça. J’ai dit que vous plaisez. Vous ne me croyez pas.

ALAIN SOUCHON : C’est gentil. Donc voilà. Voilà comment ça s’est passé. Là-dessus la maison de disque qui m’a fait

signer, m’a fait rencontrer Laurent Voulzy. Avec Laurent Voulzy on a fait « J’ai 10 ans », t’ar ta gueule à la récré puis

on a fait notre vie ensemble.

J’ai trouvé Laurent Voulzy, la pièce du puzzle !

JÉRÔME COLIN : Le premier tube avec Voulzy c’est « J’ai 10 ans ». Ça fait du bien un premier tube quand on a un

peu galéré ?

ALAIN SOUCHON : Non mais vous rigolez. On était chacun des chanteurs qui ne marchaient pas donc… on a fait « J’ai

10 ans »… j’avais fait des chansons en vitesse, des chansons pas bien, en vitesse, « non, non, pas les oiseaux, il ne

faut pas tuer les oiseaux… ». Arrêtez de vous foutre de ma gueule…

JÉRÔME COLIN : C’est du Pascal Obispo.

ALAIN SOUCHON : Alors donc j’avais fait ça et plein de chansons et c’était Laurent qu’on avait choisi pour faire les

arrangements parce que c’est un bon musicien et il avait besoin de gagner sa croute, il était content, on s’est

rencontré, et on a eu l’envie de faire une chanson ensemble. Je suis arrivé avec mon petit début « j’ai 10 ans et je

sais que c’est pas vrai, j’ai 10 ans… » et là-dessus on a continué, Laurent a pris un annuaire, avec des baguettes, il a

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tapé sur l’annuaire avec des baguettes, il faisait son petit picking merveilleux comme il sait faire, un charme, je me

suis dit mais voilà, c’est humain, parce que je n’étais pas fait pour le rock’n’roll, trop rock’n’roll, trop électrique, cette

petite guitare, picking avec cette batterie qui bottait, je me disais voilà, c’est ça que je veux, mais pour ça il fallait

que je capture Laurent Voulzy.

JÉRÔME COLIN : Vous avez trouvé quelqu’un.

ALAIN SOUCHON : Voilà.

JÉRÔME COLIN : Vous avez trouvé…

ALAIN SOUCHON : Laurent Voulzy.

JÉRÔME COLIN : La pièce du puzzle.

ALAIN SOUCHON : Laurent Voulzy. La pièce du puzzle. Et donc voilà, j’étais content, on a fait cette chanson et on

était dans le hit-parade.

JÉRÔME COLIN : Et ça représente quoi ?

ALAIN SOUCHON : Radio Monte Carlo. RTL.

JÉRÔME COLIN : Ça représente quoi ?

ALAIN SOUCHON : On les a affichés au mur de l’endroit où on travaillait. Ça représente, pour vous c’est de la

gnognotte mais pour nous qui étions un peu aux aguets de tout ce qui se passait dans le monde musical, d’être au

hit-parade c’était de faire partie de la bande de gens qui vivent, qui vivent avec la musique et qui vivent de la

musique. Qui gagnent leur vie avec la musique. C’était, d’un seul coup on était professionnel, on avait fait une

chanson, … regardez, on est 19ème, vous voyez, quand même, je suis désolé hein.

JÉRÔME COLIN : Est-ce que c’est une magie qui disparait ? L’excitation du succès.

ALAIN SOUCHON : A partir du moment où RTL… où Canal+ a inventé que c’est celui qui vend le plus de disques qui

est le premier, le top 50, après ça a été un truc de pognon parce que celui qui vend le plus de disques… là il y avait

une espèce, il y avait quelque chose d’un peu humain dans les hit-parades dans la mesure où c’était les gens de la

radio qui disaient ah mais cette chanson elle est vraiment super… allez, on la fait monter, les gens téléphonent, ils la

poussaient la chanson, tandis que là, bon les résultats des ventes, ben ce sera le premier… Je sais, c’est la méthode

américaine mais moi ça ne m’a toujours pas plu. Pourtant c’est des gens que j’aime beaucoup, Gildas qui a inventé

tout ça, c’est des gens que je respecte beaucoup mais le top 50 je n’ai jamais aimé.

J’ai vendu beaucoup de disques mais pas en même temps !

JÉRÔME COLIN : Vous avez eu des N° 1 vous ?

ALAIN SOUCHON : J’ai dû en avoir.

JÉRÔME COLIN : Vous avez dû… vous ne savez pas.

ALAIN SOUCHON : Oui je ne sais plus. Par exemple, « Jamais content », la chanson, carrément méchant… ça a dû

être N° 1. « J’suis bidon » a été N° 1.

JÉRÔME COLIN : «J’suis bidon » !

ALAIN SOUCHON : Je crois. « Y’a d’la rumba dans l’air », « La balade de Jim »… non, peut-être pas N°1.

JÉRÔME COLIN : « Les jupes des filles » ?

ALAIN SOUCHON : Non.

JÉRÔME COLIN : Non ?

ALAIN SOUCHON : Ah, au top 50 ? Si j’ai été N°1 au top 50 ? Je ne crois pas.

JÉRÔME COLIN : « Ultra moderne solitude ». « Foule sentimentale ».

ALAIN SOUCHON : Je n’ai jamais été N° 1 de rien.

JÉRÔME COLIN : Vous avez été N°1 de rien vous.

ALAIN SOUCHON : Non, ça a beaucoup marché, j’ai vendu beaucoup de disques, du temps de… évidemment tout au

long de ma vie j’ai eu de la chance de ce côté-là, j’ai toujours vendu beaucoup de disques mais pas en même temps

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pas tant que les gros vendeurs de disques mais quand même c’était tout le temps 700.000, 800.000, c’était super,

jamais 2.000.000. Une fois 1.500.000, des trucs comme ça mais bon, j’ai eu toujours beaucoup de chance parce que

ça a duré pendant 35 ans. Parce que même mon dernier album, ça ne se vend plus les disques, j’en ai quand même

vendu pas mal. Alors…

JÉRÔME COLIN : Oui, c’est ça.

ALAIN SOUCHON : Je suis quand même content. Oh la la !

JÉRÔME COLIN : Regardez comme c’est beau Bruxelles.

ALAIN SOUCHON : Ah oui mais ça ce n’est pas normal.

JÉRÔME COLIN : Pourquoi ?

ALAIN SOUCHON : Parce que c’est orange.

JÉRÔME COLIN : Et alors ?

ALAIN SOUCHON : Vous voyez bien que c’est pas normal. On dirait un crabe.

JÉRÔME COLIN : Comment ça on dirait un crabe.

ALAIN SOUCHON : On dirait un crabe.

JÉRÔME COLIN : C’est un pont.

ALAIN SOUCHON : Et bien c’est un pont crabe alors. Enfin c’est très joli bien sûr mais ce n’est pas normal.

JÉRÔME COLIN : Comment ça ce n’est pas normal ! Est-ce que c’est normal de chanter, d’en faire son métier ?

ALAIN SOUCHON : Mais enfin bien sûr.

JÉRÔME COLIN : Mais non.

ALAIN SOUCHON : Tandis que mettre des crabes comme ça énormes, là les gens ne peuvent pas le voir, mais il y a un

grand crabe au-dessus de nous et en plus le monsieur, le chauffeur dit que c’est un pont. C’est un crabe.

JÉRÔME COLIN : C’est une œuvre d’un artiste qui s’appelle Arne Quinze.

ALAIN SOUCHON : C’est bien, non, c’est sympa. Ça c’est la Belgique. C’est-à-dire, c’est énorme, c’est dans la rue,

c’est considérable et c’est audacieux. Et c’est bien. C’est la Belgique quoi. Les Belges sont audacieux et un peu fous.

ALAIN SOUCHON : Là j’ai la voix qui tremble.

JÉRÔME COLIN : Allez tout près.

ALAIN SOUCHON : J’adore sa voix.

JÉRÔME COLIN : Allez-y.

ALAIN SOUCHON : Je ne peux pas, vous m’avez attaché.

SORTIE DU TAXI

Au début j’ai cru que mon père est monsieur Machin mais c’était monsieur Truc !

JÉRÔME COLIN : Vous avez vu les Bruxelloises quand même ?

ALAIN SOUCHON : Merci. Adorable. Elle est gentille. C’est gentil. Si je ne mets pas ma ceinture vous ne le direz pas

aux flics, ni au Roi, ni à personne.

JÉRÔME COLIN : Non, je vous le promets. J’ai bu du petit lait, c’est chouette.

ALAIN SOUCHON : J’aime bien comme elle chante. Elle a des beaux yeux et elle chante en faisant un petit vibrato.

C’était mon rêve d’avoir un vibrato.

JÉRÔME COLIN : Vous êtes né où ?

ALAIN SOUCHON : Michel Jonasz il avait un vibrato que j’adorais. Je suis né à Casablanca, au Maroc. Mon père était

professeur là-bas, il avait été nommé à Casablanca, ce n’était pas des Arabes, ce n’était pas des Marocains, des vrais,

c’était l’occupation française de l’époque. Il avait été nommé là-bas. Ils ont gardé un souvenir… mes parents, j’ai

toujours entendu parler du Maroc comme d’un paradis, de gens adorables, d’une nourriture suave, exquise…

JÉRÔME COLIN : Vous y retournez souvent ?

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ALAIN SOUCHON : Un climat merveilleux. Jamais.

JÉRÔME COLIN : Pourquoi ?

ALAIN SOUCHON : J’y vais jamais. Je n’ai pas l’occasion mais vous me donnez l’envie d’y aller. On ne peut pas y

aller là en taxi ?

JÉRÔME COLIN : C’est Laëtitia qui va râler. On a rendez-vous. Sauf si vous me donnez la permission.

ALAIN SOUCHON : Ce serait pas mal qu’on aille au Maroc en auto. On va à Aljazeera, on traverse toute l’Espagne,

Aljazeera, Tanger, hop on y est.

JÉRÔME COLIN : Quand vous voulez, vous nous appelez.

ALAIN SOUCHON : D’accord.

JÉRÔME COLIN : Hep Taxi il faut dire et on apparaît.

ALAIN SOUCHON: D ’accord, Hep Taxi ! J’adore être à Bruxelles

JÉRÔME COLIN : Vous êtes né dans un imbroglio familial vous, Alain.

ALAIN SOUCHON : Oui. C’est qui ce type qui a un pigeon sur la tête. Non, c’est une coiffure.

JÉRÔME COLIN : Je ne sais pas qui c’est.

ALAIN SOUCHON : Une espèce de Richard Wagner belge. Alors, je suis né dans un petit imbroglio familial oui,

comme beaucoup de gens, avec plein de grands-parents, sympas, il y a des côtés avantageux quand on a plusieurs

grands-parents.

JÉRÔME COLIN : Vous avez rencontré votre vrai père à quel âge ? Votre père biologique à quel âge ?

ALAIN SOUCHON : Heu… 6 ans.

JÉRÔME COLIN : Ca marque la vie d’un homme ça, par rapport à ses relations futures ou pas du tout, ça ne compte

pas ?

ALAIN SOUCHON : Si ça compte.

JÉRÔME COLIN : En quoi ?

ALAIN SOUCHON : Ça compte parce qu’il y a tromperie. Au début je croyais que mon père c’était monsieur Machin

puis ce n’était pas monsieur Machin, c’était monsieur Machin. Alors pfffff, c’était monsieur Truc, bon, ah bon c’est

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mon père. Alors les choses vraies ne sont pas les choses vraies, le Père Noël n’existe pas et ainsi de suite, donc ça

m’a certainement marqué.

JÉRÔME COLIN : Ca a fait de vous un homme fidèle ?

ALAIN SOUCHON : Je trouve que je n’aime pas me plaindre de ça parce qu’en fait il y a une telle, j’ai été entouré

quand même d’amour, d’amitié, enfin oui d’amour de mes grands-parents, après ces complications de la vie. J’en ai

fait des chansons je crois que j’ai eu une belle vie parce que j’ai mal commencé. J’ai eu une belle vie en tant que

chanteur. C’est sympa d’être chanteur, c’est un métier super. C’est merveilleux. C’est du boulot, mais c’est quand

même très bien, on est récompensé. On est récompensé de manière très forte. Les applaudissements, les clins

d’œil dans les rues, on est très fort récompensé, ça c’est extra.

JÉRÔME COLIN : Vous pensez que c’est parce que ça avait mal commencé ?

ALAIN SOUCHON : Ca a mal commencé oui, mais il y a des gens qui ont eu des vies tellement plus difficiles que moi,

j’ai pas grand-chose à dire, donc voilà je n’ai pas bien commencé mais ça a bien continué. - Pourquoi il crie le

monsieur ? On ne sait pas.

JÉRÔME COLIN : Il y a des gens qui crient comme ça. Vous êtes colérique vous ?

ALAIN SOUCHON : Non.

JÉRÔME COLIN : Pas du tout ?

ALAIN SOUCHON : Non.

JÉRÔME COLIN : Vous êtes un vrai cool.

ALAIN SOUCHON : Je suis souvent stressé, colérique non. Mais je peux m’énerver oui. Je peux être nerveux. – Ah,

l’Hôtel Royal n’est pas là ?

JÉRÔME COLIN : Il est là-bas oui.

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ALAIN SOUCHON : J’ai vécu un mois-là.

JÉRÔME COLIN : Un mois !

ALAIN SOUCHON : Un mois entier, pour faire un album, au Studio ICP.

JÉRÔME COLIN : Ah d’accord.

ALAIN SOUCHON : J’étais logé là, ça me plaisait.

JÉRÔME COLIN : Ah oui c’est bien, très joli.

ALAIN SOUCHON : J’aimais bien être à Bruxelles. Je venais marcher jusque-là, je me souviens, il y avait une belle

vue-là.

JÉRÔME COLIN : La Colonne du Congrès et la vue. Très joli.

ALAIN SOUCHON : J’avais fait l’album où dessus il y avait « Quand j’serai KO », il y avait « Ultra moderne solitude ».

J’ai enregistré ça ici.

JÉRÔME COLIN : C’est l’album où il y a « Ultra moderne solitude ».

ALAIN SOUCHON : Oui.

JÉRÔME COLIN : 1988.

ALAIN SOUCHON : Heu… voilà.

JÉRÔME COLIN : Je vous le dis.

ALAIN SOUCHON : Oui, vous avez raison. Vous le savez mieux que moi, vous vous souvenez mieux que moi.

« Sous la jupe des filles » était étouffée par « Foule sentimentale » !

JÉRÔME COLIN : Moi ma préférée de toutes vos chansons, c’est « Les jupes des filles ». Je suis plutôt un pessimiste

de nature, anxieux, un peu pas bien et cette chanson est pleine de soleil.

ALAIN SOUCHON : Laquelle ?

JÉRÔME COLIN : « Les jupes des filles ».

ALAIN SOUCHON : Ah…

JÉRÔME COLIN : Et ça me fait un bien fou d’entendre cette chanson.

ALAIN SOUCHON : Alors ça me plait parce que quand j’ai fait « Sous les jupes des filles », je me disais je suis vraiment

génial, je suis vraiment génial je me disais. J’étais à la campagne, je m’en souviens très bien, j’ai fait « Sous les jupes

des filles » et je me suis dit je suis vraiment génial. Et en fait cette chanson n’a pas eu un succès fou, sur la longueur

les gens ont fini pas la connaître et par bien l’aimer mais sur le coup elle est sortie un peu inaperçue parce qu’elle

était un peu étouffée par « Foule sentimentale ». Elle était sur le même album. Donc moi j’étais content parce que

quand on fait les chansons on ne se rend pas compte que « Foule sentimentale » elle va s’envoler alors que « Sous

les jupes des filles » elle va rester par terre. On ne se rend pas compte. J’avais fait aussi « C’est déjà ça », sur le

même disque, je me disais c’est vachement bien, « C’est déjà ça », ça parle d’un poème touchant et tout, donc ça

va s’envoler, vous voyez, on ne sait pas et puis finalement c’est « Foule sentimentale » et les autres restent là, mais

en même temps elles sont aussi connues quand même. Elles sont quand même connues. Puisque vous me dites que

c’est votre préférée.

JÉRÔME COLIN : Un héros national monsieur.

ALAIN SOUCHON : Gaston ! C’est Gaston Lagaffe.

JÉRÔME COLIN : Oui.

ALAIN SOUCHON : Ah, vous voyez, c’est ça, parce que nous on est bien trop sérieux à Paris pour mettre Gaston

Lagaffe dans la rue.

JÉRÔME COLIN : Parce qu’il n’est pas Français.

ALAIN SOUCHON : Nous on va mettre des gens très importants, Mendes France, Winston Churchill, you know ? Mais

pas des héros de BD. Ça c’est la fantaisie belge. La folie belge. Des statues dans la rue, des statues vertes…

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JÉRÔME COLIN : Winston Churchill, un jour Lady Hashton lui a dit : si vous étiez mon mari je vous donnerais du

poison. Il lui a répondu : si vous étiez ma femme je le Boirais.

ALAIN SOUCHON : Il était fort hein. Ça c’est vraiment drôle.

JÉRÔME COLIN : J’aime beaucoup.

ALAIN SOUCON : Les gens plein d’esprit comme ça. De Gaulle avait de l’esprit aussi.

JÉRÔME COLIN : Vous pensez que c’est un enfant blessé qui fait un artiste complet ?

ALAIN SOUCHON : Je ne saurais pas le dire. Je ne sais pas ça. Je pense… on a plutôt l’impression que les artistes se

plaignent de quelque chose plutôt que de dire que la vie est belle, youpie, allez je vais vous faire une toile, je vais

vous faire une symphonie, je vais faire des chansons. Je ne sais pas si c’est youpie youpie tralala, ou si c’est plutôt

des plaintes au départ, un mal être qui passe là-dedans. Il me semble que c’est plutôt un mal être. Qu’est-ce que

vous en pensez-vous ?

JÉRÔME COLIN : Il me semble que c’est plutôt un mal être Alain.

ALAIN SOUCHON : C’est un mélange, l’envie que les autres vous aiment. Van Gogh il faisait quand même des

tableaux pour que les autres les regardent. Ce n’était pas que pour lui, même s’il disait le contraire. Mais les

chansons, votre Jacques Brel il avait bien envie qu’on les entende et même si certaines dépendaient d’une enfance

un peu étouffante, et Georges Brassens dans son côté ours il le disait lui-même, il disait : on dit que je suis un ours,

que je reste chez moi et que je ne fais aucune concession mais enfin, je vais quand même sur scène, me montrer,

devant plein de gens, c’est que j’ai envie de dire quelque chose, j’ai envie qu’on me regarde. On est tous comme ça.

S’il y a un Dieu … ou une puissance supérieure, elle doit bien se marrer de voir nos bagarres !

JÉRÔME COLIN : Là c’est la Cathédrale St Michel et Gudule. Vous connaissez ça ? Très beau.

ALAIN SOUCHON : Pas du tout. Où ?

JÉRÔME COLIN : Là !

ALAIN SOUCHON : La vieille cathédrale.

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JÉRÔME COLIN : Ici, là.

ALAIN SOUCHON : Ah oui. Le nom c’est St Michel et Gudule.

JÉRÔME COLIN : Et Gudule.

ALAIN SOUCHON : J’aime bien.

JÉRÔME COLIN : C’est beau, St Michel et Gudule. Ce serait un beau titre de chanson d’Alain Souchon. St Michel et

Gudule.

ALAIN SOUCHON : Absolument, j’adorerais, St Michel et Gudule. …On avait rendez-vous… Ah oui.

JÉRÔME COLIN : Vous avez rendez-vous quoi ?

ALAIN SOUCHON : Ben devant St Michel et Gudule.

JÉRÔME COLIN : Pour faire quoi ?

ALAIN SOUCHON : Ben l’amour. C’est seulement après que t’as pris la pilule. Donc c’est tout ça… On était jeune, il

faut nous comprendre.

JÉRÔME COLIN : Ah j’adore. … On avait rendez-vous devant St Michel et Gudule…

ALAIN SOUCHON : St Michel et Gudule, ça me plait.

JÉRÔME COLIN : C’est beau hein.

JÉRÔME COLIN : Vous aimez les églises ?

ALAIN SOUCHON : Beaucoup.

JÉRÔME COLIN : C’est vrai ?

ALAIN SOUCHON : Je vais beaucoup dans les églises, j’adore l’ambiance des églises, le calme, d’un seul coup on

quitte le monde, on se retrouve dans une odeur d’encens, dans des tableaux démodés, dans des atmosphères de

statues. Cette présence magique. De cette lumière rouge qui est là. Le Seigneur Jésus qui serait là. Tout ça me plait

beaucoup.

JÉRÔME COLIN : Vous y croyez au Seigneur Jésus

ALAIN SOUCHON : Je n’arrive pas bien. Mais je l’aime bien et je respecte tout ça infiniment et j’en aime

l’atmosphère.

JÉRÔME COLIN : Oui mais est-ce que vous croyez au Seigneur Jésus ?

ALAIN SOUCHON : Je crois qu’il a existé.

JÉRÔME COLIN : Oui, au Seigneur, à Dieu ?

ALAIN SOUCHON : Mais en son éternité, sa divinité je ne sais pas.

JÉRÔME COLIN : Il vous a fait des croche-pieds aussi à vous. Il a été injuste.

ALAIN SOUCHON : Je ne sais pas, je n’accuse pas Jésus de ça.

JÉRÔME COLIN : Vous accusez qui de l’injustice de la vie ? Le hasard.

ALAIN SOUCHON : Le hasard. La providence. Regardez… Les gens voient qu’il a toute l’installation de la caméra et

tout, c’est ça. Ça les amuse. Ils vous voient, vous êtes très célèbre ici.

JÉRÔME COLIN : Pas autant que vous.

ALAIN SOUCHON : Vous passez à la télévision, vous faites une émission régulièrement.

JÉRÔME COLIN : Oui.

ALAIN SOUCHON : Bon ben alors les jeunes doivent être emballés de vous voir.

JÉRÔME COLIN : Des fois.

ALAIN SOUCHON : Moi j’ai l’impression que c’est moi qu’ils regardent mais en fait c’est vous. Et vous vous ne dites

rien, vous faites comme si…

JÉRÔME COLIN : C’est pour vous faire plaisir Alain.

ALAIN SOUCHON : Je vois bien mais c’est une espèce de piège.

JÉRÔME COLIN : Mais non.

ALAIN SOUCHON : On est tous les deux connus.

JÉRÔME COLIN : Moi je suis fâché avec Dieu.

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ALAIN SOUCHON : Fâché avec ?

JÉRÔME COLIN : Avec Dieu.

ALAIN SOUCHON : Ah ! Il vous agace parce que vous trouvez qu’il fait trop de guerres. Mais ce n’est pas lui qui les

fait, c’est nous.

JÉRÔME COLIN : Non. L’injustice, je mets l’injustice sur son dos. Parce que je ne sais pas…

ALAIN SOUCHON : Vous lui mettez ça.

JÉRÔME COLIN : Oui parce que je ne sais pas sur qui la mettre.

ALAIN SOUCHON : C’est vrai mais en même temps… je ne sais pas si on peut dire qu’on peut s’en remettre comme ça

à… mais en même temps on a envie de quelque chose d’infiniment supérieur.

JÉRÔME COLIN : Et l’Angelus ?

ALAIN SOUCHON : Et l’Angelus. Et alors donc on a envie alors… Ce qui est très amusant, si vraiment il y a un Dieu, ce

qui n’est pas impossible, je ne sais pas, ou une puissance supérieure, et bien forcément c’est une intelligence

supérieure et elle doit bien se marrer de voir nos bagarres.

JÉRÔME COLIN : Pourquoi vous aviez écrit cette chanson ?

ALAIN SOUCHON : Parce que, c’est ce que je viens de vous dire, c’est dément de penser que les religions qui sont

faites pour atténuer les malheurs du monde, parce que c’est difficile de savoir qu’on va mourir, on se raccroche

comme ça à l’éternité, la vie éternelle, les pauvres musulmans qui enfilent les slips les uns sur les autres, les pauvres

catholiques qui sont là, on va revivre, dès que je meure, je revis, c’est pathétique et en même temps c’est beau, en

même temps.

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JÉRÔME COLIN : Dans le même ordre d’idée, vous connaissez une chanson de Tom Waites qui s’appelle « The day

after tomorrow ».

ALAIN SOUCHON : Et tout le monde se bagarre pour savoir comment… c’est fait pour atténuer, tout le monde se

bagarre, excusez-moi je vous ai coupé.

JÉRÔME COLIN : Allez-y.

ALAIN SOUCHON : J’adore Tom Waites.

JÉRÔME COLIN : Fantastique hein. Il a fait une chanson qui s’appelle “The day after tomorrow” où c’est un jeune GI

qui écrit à ses parents pour dire qu’il revient dans deux jours. Et il explique que c’est dur pour lui les champs de

bataille en Irak, et il dit qu’il voit les Irakiens prier, que lui prie aussi, et il dit « Tell me how does God choose ?

Whose pryaers does he refuse ? » (Dites-moi comment Dieu fait pour choisir ? Les prières de qui il va refuser).

Parce qu’il y en a un des deux qui va se faire tuer. Et je trouve ça incroyable.

ALAIN SOUCHON : Elle est belle, c’est bien, une belle idée de chanson. Elle est forte. Ben voilà. C’est extraordinaire

ça. Le monde est infiniment surprenant, étonnant. C’est extraordinaire que les hommes se battent comme ça pour

dire il faut prier comme ça, si tu ne pries pas comme ça ils te tuent. C’est quand même inouï.

JÉRÔME COLIN : Inouï.

ALAIN SOUCHON : Inouï et en même temps c’est ça. Les Palestiniens et les…

JÉRÔME COLIN : Israéliens

ALAIN SOUCHON : Les Juifs…

Je ne savais pas que j’étais à côté de Paul Mc McCartney dans un restaurant et je donc je me suis mis à déconner

avec lui…

JÉRÔME COLIN : Vous voyez, là il y a un cadre. Vous voyez le cadre qui est là ? A côté de vous ? Il y a qui ? Il y en a 2.

ALAIN SOUCHON : Ben il y a Paul Mc McCartney qui fait l’idiot et puis il y a quelqu’un qui serait…

JÉRÔME COLIN : Léopold…

ALAIN SOUCHON : Léopoldine. C’est ça ?

JÉRÔME COLIN : Léopoldine.

ALAIN SOUCHON : La fille de Victor Hugo.

JÉRÔME COLIN : Tout à fait.

ALAIN SOUCHON : Qui s’est noyée.

JÉRÔME COLIN : Vous l’aimez bien elle.

ALAIN SOUCHON : Oh ben écoutez, j’aime surtout bien ce qu’il a écrit quand elle est morte. Les beautés de…

« Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai, j’irai sur sa tombe »… c’est très émouvant.

JÉRÔME COLIN : Et Mc McCartney, vous l’avez rencontré.

ALAIN SOUCHON : Eh oui. Enfin je ne savais pas que j’étais à côté de lui dans un restaurant et donc je me suis mis à

déconner avec lui…

JÉRÔME COLIN : Vous aviez quel âge ?

ALAIN SOUCHON : Je ne sais pas. 20 ans ? Non, plus. Oui, 23 ans. Je ne sais pas. Et je me suis mis à parler avec cet

Anglais, sans vraiment le regarder, comme ça, en mangeant et puis j’étais à table, invité avec des gens du showbiz et

je connaissais personne et ce type faisait semblant de parler français. Et moi je parlais en anglais… et lui il faisait….

Enfin il faisait semblant de parler français avec des mots incompréhensibles. On a rigolé comme ça. Puis après on va

dans un, il y avait un cabaret en-dessous du restaurant, on va dans le cabaret et d’un seul coup ils disent : ce soir

nous avons vraiment le grand privilège d’avoir avec nous monsieur Paul Mc McCartney. Et je m’aperçois que c’était

le type à côté de qui j’étais au restaurant. Il n’était plus à côté de moi à ce moment-là, il était avec des gens. Putain,

c’est Paul Mc McCartney, j’étais sidéré. Voilà.

JÉRÔME COLIN : C’est Jésus Christ.

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ALAIN SOUCHON : Un souvenir. Ben c’est-à-dire que dans ce qu’on appelle la pop music, les gens qui laissent une

trace aussi indélébile que celle de Jean-Sébastien Bach ou de Chopin dans la musique classique, c’est des traces,

parce que ces vies, c’est assez merveilleux de laisser une trace comme ça, comme Chopin qui est mort à 35 ans et qui

a laissé une trace indélébile sur la terre, c’est inouï, et Paul Mc McCartney je pense que ça fera ça un peu. Ses

musiques. Ces musiques des Beatles elles ont le petit chic que n’ont pas les autres.

JÉRÔME COLIN : Tout à fait.

ALAIN SOUCHON : Le petit chic que n’ont pas autres. Et elles resteront comme un modèle de la chanson populaire

et de la pop music. Moi j’aime bien.

« Je suis trop désespéré pour être triste ».

JÉRÔME COLIN : Je vous offre un bonbon.

ALAIN SOUCHON : Je pontifie un peu mais c’est des bonbons qui ne sont pas mangeables. Vous me donnez des

bonbons, qu’est-ce que vous voulez que je mange ça ? Je ne peux pas manger ça.

JÉRÔME COLIN : Ben regardez.

ALAIN SOUCHON : Vous voyez…

JÉRÔME COLIN : Je suis vraiment gauche hein. On dirait vous.

ALAIN SOUCHON : Vous êtes fou !

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JÉRÔME COLIN : Regardez !

ALAIN SOUCHON : Alors, y’a un papier dedans.

JÉRÔME COLIN : Il y a un papier dedans.

ALAIN SOUCHON : Oui. Mais alors attendez, il faut que je le lise.

JÉRÔME COLIN : Oui.

ALAIN SOUCHON : Vous êtes rigolo vous, vraiment. « Je suis trop désespéré pour être triste », Roland Topor.

JÉRÔME COLIN : Je suis trop désespéré pour être triste. C’est beau hein. Vous ne trouvez pas ?

ALAIN SOUCHON : Si.

JÉRÔME COLIN : Il n’y a pas de temps à perdre.

ALAIN SOUCHON : Oui. Je ne sais pas si je suis trop désespéré pour être triste.

JÉRÔME COLIN : Ça ne s’adressait pas à vous, ne soyez pas parano.

ALAIN SOUCHON : Non mais un petit peu. Quand je suis éclairé, que vous me filmez, ça fait comme si j’étais très

important vous comprenez. J’ai l’impression que c’était moi.

JÉRÔME COLIN : Vous n’êtes pas désespéré ?

ALAIN SOUCHON : Justement je réfléchissais à ça. Je ne crois pas. Désespéré ? Un peu mélancolique, un peu

tendance à la tristesse mais désespéré c’est vraiment un mot très fort, je ne crois pas que je sois désespéré.

JÉRÔME COLIN : Elle vient d’où cette tristesse, cette tendance à la tristesse ?

ALAIN SOUCHON : Je ne sais pas.

JÉRÔME COLIN : C’est vrai ? Vaut mieux ne pas savoir.

ALAIN SOUCHON : Alors, bon ça ne vous intéresse pas ce que je vous dis.

J’ai tourné avec Adjani et Gainsbourg !

JÉRÔME COLIN : Autre boule. Mais si.

ALAIN SOUCHON : Pourtant je fais de mon mieux, j’essaie, dès que je suis face caméra on peut dire que je suis face

mais… rien ! Il n’y a rien de marqué, c’est du vol… Ah si.

JÉRÔME COLIN : Vous m’avez fait peur.

ALAIN SOUCHON : « J’ai touché l’ fond de la piscine, dans le p’tit pull marine tout déchiré aux coudes… Je n’ai pas

voulu recoudre. Puis tu m’as raisonnée. Je me sens tellement abandonnée ». Isabelle Adjani. C’est… On a fait 2

films ensemble. C’est une fille assez merveilleuse parce que c’est vraiment une artiste. C’est une artiste parce

qu’elle fait passer toute son émotion d’une manière magistrale dans son métier, et dans la vie, elle est infiniment

compliquée et insatisfaite et un peu folle comme on aime bien.

JÉRÔME COLIN : Et « L’été meurtrier » c’est un bon souvenir pour vous ?

ALAIN SOUCHON : Ah oui. C’est-à-dire que le cinéma n’est pas un souvenir éblouissant pour moi mais j’étais content

de rencontrer Isabelle qui est quelqu’un de merveilleux, de travailler avec Jean Becker qui est quelqu’un de

merveilleux, d’être dans cette équipe et tout ça, ça m’a beaucoup plu, et c’est surtout, ça a eu beaucoup de succès.

Moi je vais vous dire ce que je pense : j’aime bien avoir du succès. Et ça a eu beaucoup de succès, alors c’était très

bien.

JÉRÔME COLIN : Oui, bien sûr. Parce que là c’est Adjani mais c’est aussi Gainsbourg et vous avez aussi tourné avec

Gainsbourg au cinéma.

ALAIN SOUCHON : Oui j’ai tourné dans « Je vous aime » avec Gainsbourg. Gainsbourg, c’était Gainsbourg, c’est-à-

dire qu’il n’aimait pas tellement les jeunes chanteurs… Surtout…

JÉRÔME COLIN : C’est vrai ?

ALAIN SOUCHON : Surtout les garçons qui plaisaient un peu aux filles comme c’était mon cas à cette époque-là. Non

il n’aimait pas ça. Donc il était toujours un petit peu agressif avec moi et emmerdant. Moi je faisais des chansons,

je faisais du cinéma, ça l’agaçait. Puis alors vous m’avez mis des BD.

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JÉRÔME COLIN : Oui, vous avez vu ça ?

ALAIN SOUCHON : Enfin vous m’avez mis, c’est le client précédent qui a oublié non ?

JÉRÔME COLIN : Oui qui les a oubliées. C’était François Cluzet.

ALAIN SOUCHON : Frankin. Frankin, Spirou. Ah François Cluzet je l’aime beaucoup, il était mon frère dans "L’été

meurtrier ».

JÉRÔME COLIN : Tout à fait.

ALAIN SOUCHON : Et alors Mattotti, je ne connais pas.

JÉRÔME COLIN : C’est beau ça.

ALAIN SOUCHON : « Lettres d’un temps éloigné ». Ce qu’il y a c’est que François Cluzet il a oublié ça mais, « Le chat

du Rabbin » j’adore, ils sont vraiment marrants. Michel Yves Kochman me l’a offert, le guitariste avec qui je travaille

et ce qu’il y a, c’est que je vais donc, comme j’ai déjà celui-là et que celui-là je le connais, je vais donc vous voler

Mattotti…

JÉRÔME COLIN : Ah vous faites ça.

ALAIN SOUCHON : « Lettres d’un temps éloigné ».

JÉRÔME COLIN : Vous ne pouvez pas nous voler ça.

ALAIN SOUCHON : Non mais attendez, on peut quand même s’arranger.

JÉRÔME COLIN : Vous avez de l’argent ?

ALAIN SOUCHON : Un petit peu mais pas beaucoup. 5 euros. Ce n’est pas assez par contre. 10 euros.

JÉRÔME COLIN : Bon, vous me chantez une chanson et je vous laisse partir.

ALAIN SOUCHON CHANTE

JÉRÔME COLIN : Ah j’adore. Je vous laisse partir.

ALAIN SOUCHON : Je le vole hein !

JÉRÔME COLIN : Arrangez-vous avec la production. Je vous remercie.

ALAIN SOUCHON : C’est moi qui vous remercie. J’ai fait tomber un peu de la télévision par terre. Excusez-moi. Au

revoir, merci. Je n’ai pas laissé de pourboire.

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