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Le collecteur des triangles de l’aven Souchon Mercredi 28 aout 2013 Texte et photos de Jacques Sanna Avec : Daniel Brillant & Jacques Sanna. TPST : 6h00 La découverte d’une cavité dans son entièreté par des personnes autres que les découvreurs a tendance à s’allonger dans le temps. C’est le cas avec l’aven Souchon. Lors de la dernière visite avec Maurice, nous avions été stoppés dans le puits du Perchoir faute de corde pour assurer sa descente. Je savais que Daniel arrivait pour une dernière semaine de vacances avec Margot et leur fille Cloé et aussi qu’il s’était arrêté aussi à cet endroit. Il n’en fallait pas + pour que nous décidions d’y retourner et aller voir cette partie terminale de la cavité. J’ai laissé la topographie de l’aven pour donner des repères à mon récit. Coupe de la cavité tirée de Spéléomag n°71 2010 – Article de Michel Chabaud – Topo : Laurent Boulard, Michel Chabaud, Régis Charavel, Jean-Louis Galera, Jean-Claude Girard, Jean-Louis Souchon. Bien sûr, je ne cache pas que je souhaitais retrouvé ce fameux objet fabriqué (la barre du bloqueur) pour + d’aisance à la remontée. Et bien, pas de trace de ce dernier malgré une recherche au-dessus de la salle du Marcassin !! Je laisse donc tomber et le considère perdu pour de bon. Nous filons directement au puits du Perchoir qui porte bien son nom, car c’est bien au niveau d’une espèce de plancher rocheux où les blocs ont été soudés par la calcite déposée au fil d’1 temps incalculable que notre avancée passée a été stoppée. J’avais pris en charge l’équipement et il nous restait une petite longueur d’une douzaine de mètres en corde de 8mm dynamique, assez de sangles, dynema et mousquetons pour faire face à cet obstacle psychologiquement impressionnant, puisque objectivement le passage se résumait à 5 voire 6 mètres de vide… Je trouve les amarrages naturels nécessaires à la pose de la corde et je franchis ce ressaut ponctuel. Daniel en passant rajoute 1 fractionnement car le frottement sur les parties arrondies de la roche ne lui donnait pas assez de sécurité. Ce dernier point nous occasionnât pas mal de dépense d’énergie. En spéléologie, il est important de se sentir à l’aise et d’avoir l’assurance de cheminer de manière sûre, et ce ressenti peut être différent pour chacun/e. Je respecte ce paramètre personnel qui participe à une entente et à 1 fonctionnement harmonieux de groupe, même si le groupe se résume à 2 individus.

Le collecteur des triangles de aven Souchon

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Page 1: Le collecteur des triangles de aven Souchon

Le collecteur des triangles de l’aven Souchon Mercredi 28 aout 2013

Texte et photos de Jacques Sanna

Avec : Daniel Brillant & Jacques Sanna. TPST : 6h00

La découverte d’une cavité dans son entièreté par des personnes autres que les découvreurs a tendance à s’allonger dans le temps.

C’est le cas avec l’aven Souchon. Lors de la dernière visite avec Maurice, nous avions été stoppés dans le puits du Perchoir faute de corde pour assurer sa descente.

Je savais que Daniel arrivait pour une dernière semaine de vacances avec Margot et leur fille Cloé et aussi qu’il s’était arrêté aussi à cet endroit. Il n’en fallait pas + pour que nous décidions d’y retourner et aller voir cette partie terminale

de la cavité. J’ai laissé la topographie de l’aven pour donner des repères à mon récit.

Coupe de la cavité tirée de Spéléomag n°71 2010 – Article de Michel Chabaud – Topo : Laurent Boulard, Michel Chabaud, Régis

Charavel, Jean-Louis Galera, Jean-Claude Girard, Jean-Louis Souchon.

Bien sûr, je ne cache pas que je souhaitais retrouvé ce fameux objet fabriqué (la barre du

bloqueur) pour + d’aisance à la remontée. Et bien, pas de trace de ce dernier malgré une recherche au-dessus de la salle du Marcassin !! Je laisse donc tomber et le considère perdu

pour de bon. Nous filons directement au puits du Perchoir qui porte bien son nom, car c’est bien au niveau d’une espèce de plancher rocheux où les blocs ont été soudés par la calcite déposée au fil d’1

temps incalculable que notre avancée passée a été stoppée. J’avais pris en charge l’équipement et il nous restait une petite longueur d’une douzaine de

mètres en corde de 8mm dynamique, assez de sangles, dynema et mousquetons pour faire face à cet obstacle psychologiquement impressionnant, puisque objectivement le passage se résumait à 5 voire 6 mètres de vide…

Je trouve les amarrages naturels nécessaires à la pose de la corde et je franchis ce ressaut ponctuel. Daniel en passant rajoute 1 fractionnement car le frottement sur les parties

arrondies de la roche ne lui donnait pas assez de sécurité. Ce dernier point nous occasionnât pas mal de dépense d’énergie. En spéléologie, il est important de se sentir à l’aise et d’avoir l’assurance de cheminer de

manière sûre, et ce ressenti peut être différent pour chacun/e. Je respecte ce paramètre personnel qui participe à une entente et à 1 fonctionnement harmonieux de groupe, même si

le groupe se résume à 2 individus.

Page 2: Le collecteur des triangles de aven Souchon

Sur la photo ci-dessous, éclairée avec le montage « BrontoLeds » et pas avec 1 flash : ce ressaut qui

est en fait le bout du puits du Perchoir.

Le sol devient chargé d’argile semi-liquide et, juste qlq mètres après, j’aperçois à mes pieds, mais au retour seulement, la raison de l’appellation donnée à ce « Collecteur », les Triangles.

De près, je trouve ces constructions cristallines absolument finement ciselées de « main de maître », forcément, la nature a toujours servi d’exemple à l’homme pour réaliser ses

créations. C

Voici la vue d’ensemble du gour des Triangles… Et là, en mode macro-led, la partie du haut à droite…

Page 3: Le collecteur des triangles de aven Souchon

… Ici, comme une tentative avortée de formation pyramidale avec peut être de petits ossements de

chauves souris ???...

… et là, la pyramide inversée, creuse et parfaitement terminée avec ses niveaux successifs.

Page 4: Le collecteur des triangles de aven Souchon

Cette composition naturelle incite au respect, pourtant, elle se trouve sur le parcours qui s’offre aux pieds des spéléos et pour éviter de les mettre dedans, soit c’est 1 coup du hasard,

soit ils sont repérés et leur trajectoire déviée. Leur conservation nécessiterait, comme pour le réseau de la Diaclase Blanche, 1 balisage conséquent.

En continuant notre progression, Daniel ne manque pas de sortir son appareil pour prendre la « bulle » où ont pris forme des Sabres stalagmitiques de couleur blanche et aussi teintés d’argile.

J’en profite pour capturer l’image de cette draperie multicolore d’à peu près 20 cm d’ampleur et ce sabre solitaire qui rejoint une stalagmite penchée :

Page 5: Le collecteur des triangles de aven Souchon

Dés que l’observation se pose avec le + de conscience sur les particularités qu’offre ce lieu sensible, les éléments apparaissent de + en + nombreux, l’éblouissement ne s’arrêterait

jamais !! Nous atteignons le bout de ce couloir où les eaux sont collectées et j’avais devancé Daniel

que j’appelle après avoir franchi une étroiture qui demande à se mettre assis dos à la paroi du fond pour passer au-dessus.

La perspicacité des découvreurs a été sans doute à son comble, car il y avait besoin de percer ce socle qui bouchait la continuation. Le courant d’air devait être leur fil d’Ariane ??

En parlant de mouvement d’air, nous constatons qu’il semble jouer à passer d’1 orifice à 1 autre donnant ainsi l’illusion qu’1 autre passage existe ??

Mais, dans cette « bulle » où nous sommes tous 2 réunis, le fond est complètement obstrué par la coulée de calcite et les concrétions !! Pas de petits trous d’où l’air viendrait pour guider la suite !!

Page 6: Le collecteur des triangles de aven Souchon

Je regarde alors en hauteur et sur la gauche, j’aperçois une toute petite ouverture où les blocs sont encastrés et par laquelle l’air s’amuse à passer !!

Je tente de franchir cette étroiture mais mon baudrier bloque le glissement de mon corps. Sans calculer + longtemps, me voilà sans aucun matériel gênant.

J’épouse les parties les + vides de cet orifice et lors de mes inspirs, je sentais mes vertèbres se heurter sur le haut de la paroi. Alors, sans forcer trop mon remplissage en air, je parviens à me hisser dans une partie + large.

Je fais part à Daniel de mes doutes sur le retour et déjà, face à moi, une autre étroiture se présente !! L’air court toujours et encore. Je ne veux pas lâcher ici sans avoir vu la finalité de

son manège. Je me mets donc à m’infiltrer le + calmement possible dans cet espace sûrement vaincu et élargi par mes prédécesseurs du GNES (Groupe Nîmois d’Exploration Souterraine), et voilà que je passe l’épreuve. Des blocs mouvant sont là et la crainte qu’ils

tombent et bouchent le passage m’effleure !! Tout va bien, je bouge comme si j’étais dans 1 lieu rempli d’œufs précieux jusqu’à contempler

la dernière image de ce parcours : 1 sol calcifié que le plafond rejoint en laissant seulement 2 ou 3 cm. Je comprends que l’air n’a aucune difficulté à se faufiler et en fait, s’il pouvait rire de la scène

qui se présente à lui en ce moment, il le ferait bien. Le retour vers Daniel a été + facile étant donné que le poids de mon corps m’entrainait vers

la sortie et sans trop d’efforts, je me laissais glisser vers lui.

Il n’y aura pas de photo de cette fin d’exploration car je ne l’avais pas emporté avec moi et Daniel n’a pas eu envie de me suivre !!! Alors, si le cœur vous en dit et l’envie vous en vient, vous pouvez aller constater par vous-même ou bien encore, vous pouvez me croire sur parole

ou sur ce que j’écris ici … Nous revenons en sens inverse sans encombre, sauf que dans notre périple nous avions

occulté le temps passé sous-terre car partis sans montre. Nos épouses nous attendaient avec Cloé et Erica à la source de Monteil et elles avaient préparé 1 bon feu de bois pour les grillades…

Merci à elles et à toutes les bonnes volontés qui viennent me récupérer chez moi pour partir ensemble dans le monde fascinant souterrain (Henri, Didier, Maurice et Daniel)