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Guillemin, Alexandre. Le Livre des Psaumes en vers français... avec des notes, par Alexandre Guillemin,.... 1838. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

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Guillemin, Alexandre. Le Livre des Psaumes en vers français... avec des notes, par Alexandre Guillemin,.... 1838.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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LE LIVRE

DES PSAUMES,

EN VEHSFHANÇAIS.

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lamtiMÈttiEi)*Éo.PKOUXET COMPV3,rueNeiivu-dob-Bons-Kiifuiis.

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LE LIVRE

DES PSAUMES,

BN VERS FRANÇAIS,

AVECDESNOTES.

PAR ALEXANDRE G1JILLEHIIN,

AUTEURDESCHANTSSACRÉS.

PsallamDeomeoquamdîusum.Ps. cm.—33.

PARIS.

(iAUME , l'RÈRES, RUEDUPOT-DE-FER-SAINT-SUIPICE, 5 ;HIVERT, QUAIDESGRANDS-AUGUSTINS, 55.

1838.

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Il y a trente siècles que les Cantiques de David

ont retenti pour la première fois dans Jérusalem :

et, depuis que s'est consommée la grande prophétie

qu'ils publioient mille ans à l'avance, l'univers chré-

tien les redit chaque jour, et les redira jusqu'à la fin

des tems. Ils sont compris par tous les coeurs et par

toutes les intelligences : ils parlent des grandeurs de

Dieu, des magnificences du Ciel, du néant des

gloires et des richesses de la terre ; ils annoncent les

espérances du pauvre, les consolations de toutes les

infortunes, le triomphe des Saints, la condamnation

des impies, le règne éternel de la vérité et de la jus-

lice.

Quelle oeuvre humaine rappela jamais la poésie à

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VI

des inspirations aussi pures et à tant de sublimités ?

Hélas! nous savons trop (aujourd'hui surtout)

ce que devient le génie de l'homme, comme on

l'appelle, quand il s'éloigne des sources de la vé-

ritable vie ; et comment se chargent de souillures,

en s'abattant sur la terre, ces ailes de feu qui sem-

bloient d'abord chercher le Ciel.

Que la voix du prophète est terrible contre les

pécheurs endurcis! qu'elle est douce, au contraire,

qu'elle est tendre pour le repentir, quand il est

aussi franc, aussi sincère dans le retour à Dieu, que

l'infirmité a été plus naturelle et la faute moins

préméditée ! Tous les Psaumes sont pleins des misé-

ricordes du Seigneur. Heureuse la langue qui peut

rendre aussi souvent que le texte original ces expres-

sions d'une divine mansuétude !

Mais il n'est pas permis d'adoucir les effrayantes

menaces qui tombent à chaque instant sur la tête

des hommes iniques et corrompus. N'oublions pas

que c'est Dieu lui-même qui parle par ses oracles ;

il n'a point de ménagemens à garder envers sa créa-

ture ou révoltée hautement contre lui, ou insou-

ciante de ses préceptes et dédaigneuse de son ser-

vice. Et plutôt, n'est-ce pas une miséricorde con-

stante sur la terre que celle qui montre en même

tems et les foudres de l'anathême, et le flambeau de

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vu

la vérité? Malheur donc à celui qui, même dans les

plus graves questions, prend à peine le tems de de-

mander ce que c'est que la vérité (1 ), et qui, sans atten-

dre la réponse, détourne aussitôt la tête pour se re-

plonger dans les ténèbres. Malheur aussi à quicon-

que blasphème ce qu'il ignore !Enfin, le dernier degré

de la perversité c'est de mentir à l'Esprit Saint ; c'est

l'apostasie ! voilà les coupables qui sont figurés par

les ennemis de David, et contre lesquels sa parole a

jeté tant de fois dans les Psaumes ses redoutables im-

précations. Jusqu'à la mort du pécheur le sein de Dieu

peut se rouvrir aux pieuses larmes, mais il n'y a plus

d'espoir possible au jour du jugement, et tout est

fini pour l'éternité. Aussi, le prophète qui chante la

miséricorde de Dieu et celle des hommes, ne se mon-

tre implacable que contre les pervers dont ses inspi-

rations lui révèlent l'endurcissement final. Il est

nécessaire de se bien pénétrer de cette vérité pour

entendre sainement la plupart des hymnes sacrés.

Sous un autre rapport, et conformément à la pensée de

l'Eglise, qui met les Psaumes dans la bouche de tous

ses enfans, nos vrais ennemis sont nos péchés : c'est

donc contre nous-mêmes qu'il faut implorer le se-

cours de Dieu.

(1) Quid est veritas? Joaim. xvm.—38.

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YJU

JÉSUS-CHRIST a donné un éclatant témoignage aux '

prophéties du Psalmiste ; il en a rappelé plusieurs

textes dans ses paroles divines (1), et il a dit à ses

apôtres : « Il est nécessaire que soient accomplies

» toutes les choses qui ont été écrites sur moi, dans

» la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les

» Psaumes. » Luc. xxiv, — ZjZj..Il leur répète en

même tems ce qu'il avoit expliqué aux disciples

d'Emmaus : « Ne falloit-il pas que le Christ souffrît

» tout ce qu'il a souffert pour entrer ainsi dans sa

» gloire? » {Ibid. 26.)

Cette explication relative aux humiliations et aux

souffrances de l'Homme-Dieu, étoit pareillement

essentielle pour l'intelligence des Psaumes, et elle

nous est venue de sa bouche sacrée ! On voit ici l'en-

chaînement des livres saints ; l'Évangile et les Psaumes,

comme toute l'Écriture, sont liés ensemble par la

parole même du Verbe Éternel.

Déjà, par un admirable dessein de la Providence,

l'authenticité des livres de l'Ancien-Testament, in-

contestable pour les Juifs qui en étoient les scrupu-

leux dépositaires, avoit été solennellement attestée

à tout l'univers païen, par la célèbre version dite

(1) Ainsi le Christ a réduit au silence les Pharisiens, en les

interrogeant sur le psaume Dixit Dominas Domino meo. Matth.

XXII,—43.

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IX

des Septante, ou version grecque. Ptolémée Phila-

delphe avoit fait faire cette traduction à Alexandrie,

deux cent soixante-dix-sept ans avant JÉSUS-CHRIST,

par soixante-douze vieillards Israélites que le souve-

rain pontife Eléazar avoit choisis, à la prière de ce

prince, dans chaque tribu, parmi les savans les plus

habiles en hébreu et en grec.

Une autre traduction avoit été faite très an-

ciennement en latin, mais seulement sur la version

des Septante, dont elle est en effet la reproduction fi-

dèle (1). Vers la fin du quatrième siècle, saint Jérôme,

d'après le voeu du pape Damase, entreprit une

révision de la version latine sur l'hébreu, et sa tra-

duction est ce qu'on appelle la Vulgate, sauf les

Psaumes qui, chantés depuis long-tems et appris par

coeur, ne parurent pas pouvoir être retouchés sans

inconvénient pour les fidèles (2).

Quant au texte hébreu, après avoir été fixé par

Esdras au retour de la captivité, près de cinq cents

ans avant NOTRE SEIGNEUR, il nous a été conservé par

une disposition non moins providentielle entre les

mains des Israélites eux-mêmes; et, parmi lesnom-

(1) C'est l'ancienne Italique, dont les apôtres se sont servis.

(2) Mais cette partie do la traduction de saint Jérôme n'en est

pas moins précieuse pour la religion et pour la science.

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X

breuses éditions publiées depuis l'invention de l'im-

primerie, jamais aucune altération notable n'a

été signalée; les variantes même, toutes recueil-

lies, n'ont sera qu'à confirmer les interprétations

universellement adoptées.

Aujourd'hui tous les interprètes, de quelque nation

et de quelque religion qu'ils soient, sont d'accord

avec les catholiques sur L'ensemble textuel comme

sur la substance de la Bible.

Ainsi, point d'obstacles sous ce rapport pour les

traditions de la foi chrétienne, qui n'a en effet de

véritables ennemis que dans les coeurs impurs dont

les passions redoutent sa morale, et dans les esprits

orgueilleux dont les vaines lumières ou la profonde

ignorance ne peuvent se résoudre à s'humilier devant

ses dogmes.

Dans la conférence des textes, comme dans tout

ce qui ne touche en rien aux bases de la sainte

croyance, il étoit permis de consulter, parmi les sa-

vans philologues, ceux-là même qui sont le moins

disposés au sens prophétique et spirituel fixé par l'E-

glise. L'un d'eux (Rosenmtiller), aussi exact dans

ses investigations grammaticales que concentré dans

son rationalisme, sera toujours un des meilleurs auxi-

liaires pour l'interprétation du texte hébreu, et son

nom se retrouvera souvent dans les annotations.

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XI

On a beaucoup exagéré les variantes des Septante

et de la Vulgate ; mais il faut reconnoître que, même

dans celles qui donnent un sens différent de la lettre

de l'hébreu, l'esprit divin a toujours inspiré les suf-

frages de l'Eglise universelle.

Le désir d'être aussi fidèle au texte qu'à l'autorité

des interprétations ainsi consacrées, a dirigé cette

oeuvre : puisse-t-elle n'être pas inutile à la consola-

tion des âmes pieuses et à l'édification de celles

qui cherchent la lumière.

Le premier essai a été encouragé par un Bref de Sa

Sainteté GRÉGOIREXVI.

Un si auguste accueil permet à l'auteur des Chants

Sacrés de déposer ici le sentiment de sa reconnois-

sance et de sa vénération pour le Père commun des

fidèles.

Heureux aussi de la bienveillance de l'illustre Pré-

lat dont les vertus héroïques ont, dans ces derniers

tems, consolé l'Eglise de France et édifié l'univers

catholique, il réitère à ses pieds les protestations

d'un coeur invariablement attaché à l'orthodoxie et

qui, dans cette publication comme dans la pre-

mière , a toujours tremblé de loucher à l'Arche

sainte.

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«Quodest quodnon tibioccuxatPsalmosle-genti? in hislegocanticumprodilecto,et sacra;desideriocharitatisînflammor: in historculariudivinimysteriirecognosco; in bis revelationumgratiam, résurrectionisrecenseotestimonia, rc-promissionismunera; in his discovitarepecca-tum , dedlscoerubescerepsenitentiamdelicto-rum, Tantus Re$, tanlus Propheta suo meprovocavitexemplo, ut autcommissionsludeamextcnuarepcccatum, aut non commissumca-vere.» (Saint Ambroise.)

Partout ils sont chantés, et par toutes les voix :

Et par celle du pauvre, et par celle des rois.

Ils disent à la terre et la mort et la vie,Et l'enfer et le Ciel : l'ame, émue et ravie,Recueille avec transport ou les chants de bonheur,Ou les chants d'espérance, ou les chants de terreur.

Elle écoute : aussitôt une force inconnue

La saisit ! c'est l'éclair qui soudain fend la nue !

Nos temples, héritiers du temple de Sion,De ces grands souvenirs gardent l'émotion.

Sans cesse répété, l'hymne jamais ne s'use ;Jamais des coeurs pieux l'écho ne s'y refuse ;

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XIT

Souvent même l'Impie, étonné de sa foi,

Soupire en écoutant les soupirs du saint Roi...

Il n'est pas de secrets pour ta harpe divine,O David ! et toujours dans l'homme elle devine

Et la honte et la gloire, et l'opprobre et l'orgueil,Et l'espoir et la crainte, et la joie et le deuil.

Ah ! je comprends pourquoi ton grand Dieu t'a fait naître

Simple berger; pourquoid'unpeupleilt'afaitmaître ;

Pourquoi ta jeune fronde a brisé le géant,Et ta main des grandeurs a pesé lé néant,Ta main qui manioit et l'arme glorieuse,

Et, sous ses doigts vainqueurs, la harpe harmonieuse.

Ah ! je comprends pourquoi le tendre Jonathas

T'a si souvent ouvert et son coeur et ses bras ;

Pourquoi la trahison, et la haine et l'envie,

Jusque dans ta famille, ont désolé ta vie,Abîmant sous le poids d'un désastre inoui

Ce bonheur qui d'abord sur ton règne avoit lui ;

Pourquoi le livre saint qui nous a dit tes larmes,De ta noble beauté raconte aussi les charmes,Et pourquoi Dieu permit que l'ange de vertu

Sous le joug du péché fût lui-même abattu,Pour que, le repentir ressuscitant sa gloire,Il sût pleurer sa chute et chanter sa victoire !

Oui, David, par la grâce atteint et réparé,Devient pour tous les rangs un modèle sacré.

Sa voix a pénétré le coeur de tous les hommes ;En disant ce qu'il fut, il dit ce que nous sommes :

Tous de foibles mortels dispersés au milieu

De la miséricorde et des bienfaits de Dieu.

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XV

Même du Rédempteur, David était l'image.

Delà ce chant divin répété d'âge en âge,

Et dans tout l'univers : monument solennel,

Destiné pour jamais à bénir l'Eternel ;

De là cette grandeur unie à la misère,

Ce coeur qui porte au Ciel tous les coeurs de la terre,

Et ce foyer de gloire, où l'immuable amour

Des mortels égarés appelle le retour.

(PIÉTI; FILIALE. )

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NOM INEFFABLE DE DIEU,

DANSLES PSAUMES.

iT, mîT- JEHOVAII, JOVAH, IAH. L'Éternel,

l'Être des êtres, le Dieu vivant, la vie, Tl, par es-

sence : Ego sum qui sum.

bii. El. Le (Dieu) fort.

D^nbX- ELOHIM. Pluriel d'excellence, consacré

ainsi pour Dieu seul.

\yby> b$- AL, ELEÏON, le TRÈS-HAUT.

121X- ADONA, ADONAÏ. Maître, mon Maître.

Tous ces noms sacrés se rendent aussi, dans notre

langue, par SEIGNEUR {Senior), qui indique l'é-

ternelle majesté.

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LES PSAUMES.

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PSAUME I.

I. ENFANTDE DIKU.

Heureux l'homme qui fuit la trace

De fous les prévaricateurs,

Qui n'est point allé prendre placeAu conseil des blasphémateurs,Et n'a point assis son audace

Dans la chaire des imposteurs ! *

La loi sainte est sa nourriture,

Il la médite jour et nuit :

Tel, près des bords d'une onde pureArrosé du flot qui s'enfuit,

Un jeune arbre sous sa verdure,En son tems va donner son fruit.

Toujours de leur saison première

Ses feuilles auront la fraîcheur...

Ainsi, dans toute sa carrière,

Est béni l'enfant du Seigneur ;

Mais les médians sont la poussière

Que disperse un souffle vengeur.

Q'Ï7 des railleurs (blasphémateurs). Nulla enim est pes-tilentiel major quam deridere lei/em Vei et eos qui juste ne pieviiere studeut. Bellannin.

1

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Non, non! à leur coupable vie

Les Cieux ne seront pas ouverts. *

Dans son sein Jéhovah convie

Tous les justes; mais les perversEt la route qu'ils ont suivie

Vont, se perdre au fond des enfers.

" La Vulgate dit : Ideo non résurgent impii in judicio ;dans le même sens que le texte hébreu : IQp' N> Ne seront

pas debout.

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PSAUME II

LE VE11BEETERNEL.

Qui fait rugir dans le blasphèmeTous les peuples ? pourquoi rêvent-ils le néant? *

Les rois s'arment contre Dieu même

Et son Christ!... les voilà debout comme un géant !

« Brisons, disent-ils, nos entraves ;

«Rompons tous nos liens, jetons-les loin de nous,»Et sachons n'être plus esclaves !... »

Mais Dieu, du haut du Ciel, se rit de leur courroux.

Et, sous sa redoutable étreinte,Il les renversera dans l'épouvante !... Moi

J'habite sa montagne sainte;Au sommet de Sion c'est lui qui m'a fait roi.

Il m'investit de sa puissance ;

J'annonce de sa loi le précepte sacré...

« Dans une éternelle naissance,**

» O mon fils! m'a-t-il dit, en moi je t'engendrai.

*pH le rien.

**QVrï aujourd'hui. Pour Dieu, c'est l'Éternité.

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—1\ —

» Prends les peuples pour ton partage :

» Sous un sceptre de fer qu'ils soient humiliés,» Et que ta main brise leur rage

» Comme un vase d'argile est brisé sous les pieds. »

Et maintenant, rois de la terre,

Instruisez-vous ! venez, arbitres des mortels,

Dans une terreur salutaire,

Venez chercher la joie et la paix des autels.

Adorez le fils ! *oui, vous-mêmes

Embrassez son joug saint, ou bientôt sous vos pas

Il lancera ses anathêmes...

Heureux, heureux les coeurs qui dorment dans ses bras !

*n3~1pï?3 embrassez le fils.

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PSAUME 111.

LA CONFIANCEDU JUSTE PERSECUTE.

Seigneur ! pourquoi ce nombre immense

D'ennemis acharnés sur moi?

Quelle est leur superbe démence ?

Ils me disent : «Le Ciel n'a plus de Dieu pour toi! »

Mais l'Éternel, contre leur glaive,

Est mon bouclier! oui! mon front,

Dans la gloire avec lui s'élève ;

De sa montagne sainte à mes cris il répond.

Je dormois dans la solitude,

Et je m'éveille entre ses bras !

Je ne crains plus leur multitude...

Lève-toi, Dieu puissant! tu me délivreras.

Brise dans leur bouche perfide

Les dents de mes persécuteurs...En toi seul le salut réside,

Jéhovah ! tu bénis tous tes adorateurs.

Page 30: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME IV.

LE FRUITDELAPRIERE.

Tu m'entends, Dieu de ma justice!

Ta main élargit le sentier

Où je traînois mon sacrifice ;

Soutiens mon coeur, il va prier.

Jusques à quand, enfans des hommes.

Couvrant ma gloire de mépris,*

Et poursuivant de vains fantômes,

Du néant serez-vous épris?

Sachez donc que le Seigneur veille

Sur son Christ ! il va l'exalter !

Du haut des Cieux prêtant l'oreille,

Il se penche pour l'écouter.

Tremblez tous! **abjurez vos crimes ;

La nuit pleurez-en les secrets,

Interrogez-en les abimes,Et de douleur restez muets. ***

*rïD7J7 H133 Ï1D IV '• jusques à quand ma gloire en

ignominie?

1T3Ttremblez.

TOT gardez le silence.

Page 31: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 7 —

Immolez une pure offrande,

Et confiez-vous au Seigneur...

Une voix nombreuse demande :

Par qui nous viendra le bonheur?

Réponds, Jéhovah ! la prière

Appelle ta grâce sur nous ;

Verse à nos âmes ta lumière,

Ta lumière aux rayons si doux !

Déjà, fils de ta Providence,

Les peuples se sont réjouis,

Multipliés dans l'abondance

De leurs moissons et de leurs fruits. *

Pour moi, le seul voeu que je forme,

C'est de me coucher dans la paix,Et que ton serviteur s'endorme,

Seigneur, au bruit de tes bienfaits.

131 OWPVJTI DWÎ leur froment et leur vin abondent.

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PSAUME V.

L AMIETLESENNEMISDU CIEL.

A mes accens, Seigneur, abaisse ton oreille!

Vers ton trône, ô mou Roi! le cri de mes douleurs

S'élève dès l'aurore, il monte, il te réveille,

Et tu viens visiter mes pleurs.

Jéhovah! tu n'es point un Dieu fauteur du crime;

Ton sein par le méchant ne peut être habité ;

Tu chasses, loin de toi, l'insensé qui s'abimc

Dans l'oeuvre de la vanité.

Et la langue menteuse, et la main sanguinaire,

Et le coeur frauduleux, tu sauras les punir;Mais ta miséricorde ouvre ton sanctuaire,

Et c'est pour moi qu'il va s'ouvrir !

J'irai m'y prosterner inondé de ta joie...

Que ta justice enfin perde mes ennemis !

Donne-moi ta sagesse, et dans ta sainte voie

Que tous mes pas soient affermis !

Leur bouche est un sépulcre entr'ouvert et fétide ;Sur leurs lèvres jamais un seul mot innocent!

Ils caressent leur proie, et leur langue perfideRévèle ainsi la soif du sang.

Page 33: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

_ y —

Que ton glaive, ô mon Dieu ! les frappe et les refoule

Dans le rapide flot de leurs iniquités ;

Que ce torrent impur les emporte , les roule

Et brise leurs fronts révoltés !

Éternité, bonheur et gloire à tes fidèles !

Ils chérissent ton nom, et tu remplis leur coeur,

Et sous le bouclier de tes divines ailes

Tu les couronneras, Seigneur!

Page 34: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME VI.

L AFFLICTIONCONSOLllE.

Ah ! n'interroge pas mon aine

Dans ton courroux, Seigneur !

Ne la scrute point par la flamme

De ta juste fureur.

Viens me guérir, car je succombe

A mes infirmités,

Et le mal pousse vers la tombe

Mes os épouvantés.

Mon ame se trouble et chancelle :

Toi,le Dieu qu'elle attend,

Jusques à quand t'attendra-t-elle,

Seigneur, jusques à quand ?

Viens ! que sur ton aile propiceMon coeur soit enlevé ;

Que ta pitié soit ta justice,

Et je serai sauvé !

Jamais la mort dans sa poussièreN'inscrit ton souvenir :

Le sépulcre par la prièrePeut-il donc te bénir?

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— 11 —

Pour mol, je fatigue ma bouche

Par lç cri des douleurs :

Chaque nuit j'inonde ma couche

Du torrent de mes pleurs.

Mes yeux se sont éteints dans l'ombre

Et le trouble des sens ;

Mes ennemis passent le nombre

De mes jours vieillissans...

O vous tous, qui trouvez des charmes

Aux oeuvres du péché,

Fuyez au loin ! car de mes larmes

Le Seigneur est touché.

Devant lui j'ai versé ma plainteDans des soupirs de feu,

Et j'obtiens de sa bonté sainte

La réponse d'un Dieu.

Mais pour les artisans du crime ,

Honte ! honte et remords !

Qu'ils tremblent tous ! voici l'abîme !

Qu'ils tremblent sur ses bords !

Page 36: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME VII.

LE JUOE PATIENTMAISTEIUUIILE.

Je m'élance vers toi,

Mon Dieu! mes ennemis me poursuivent encore...

Contre eux je suis seul ; sauve-moi !

De peur que des lions la dent ne me dévore.

Ah! si j'ai fait le mal,

Si j'ai trahi mon frère, ou l'homme qui m'accuse,

Si ma main encensa Baal,

Mon ame à mes bourreaux doit se livrer confuse.

Qu'il leur soit libre alors

De réduire en poussière et mes jours et ma gloire,

De briser la chair de mon corps,

Et de flétrir aussi ma vie et ma mémoire...

Lève-toi donc, Seigneur !

Jette à mes ennemis les flots de ta vengeance :

Au bruit de ta juste fureur,

Les peuples rassemblés apprendront ta puissance.

Sur la cime des cieux

Redescends, pour juger les crimes de la terre ;

Juge aussi mes désirs pieux :

Puisse mon innocence apaiser ta colère !

Page 37: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 13 —

Au moment où la mort

Charge tous les médians du poids de leur malice,Le Dieu scrutateur, le Dieu fort,

Se fait mon bouclier et couvre ma justice.

Ce Dieu de l'équitéEst un Dieu patient, comme il est juste juge ;

Chaque jour il est irrité ,*

Mais il nous tend les bras... Malheur donc au transfuge !

Son glaive est suspendu...Il le prend, il l'aiguise, il frappe les impies :

Voici que son arc est tendu !

Les tombes de l'enfer s'ouvrent et sont remplies.

Ainsi, l'impiétéN'enfante que la mort dans le travail du crime;

Le coupable est précipitéDans la fosse où lui-même il creusoit un abime.

Les oeuvres des méchants,

Comme des feux vengeurs, retombent sur leur tête...

Et moi, j'offrirai dans mes chants

Au saint nom du Très-Haut une éternelle fête !

*01' 733 01>T7N Dieu irrité {indignans) tout le jour.

Ce sens affirmatif montre encore plus la longanimité qui retient

l'indignation. V. la Vulgate, v. 12.

Page 38: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME VIII.

L HOMME,IMAGEDE DIEU.

Jéhovah, dans la terre entière,Oh ! que ton nom est glorieux !

Tu répands ta splendeur, comme un flot de lumière,

Par delà les cimes des cieux.

Tu mets ta louange à la bouche

Des enfans encore allaités... *

Mais ton souffle puissant brise le coeur farouche

De tes ennemis révoltés.

Moi j'irai, de près et sans voiles,

Voir tes cieux par ta main construits ;

Et dans l'immensité contempler les étoiles

Et la lune, soleil des nuits.

Qu'est-ce que l'homme, ô Dieu suprême!

Que tu daignes t'en souvenir ?

Qu'est-il ce fils d'Adam, que tu viennes toi-même

Le visiter et le bénir ?

Tu l'as fait à ta ressemblance,

Presque Dieu comme toi, Seigneur ! **

*Matth., xxi —16.

**£J>I17ND Î3ya imonn vous l'avez façonné presque

Page 39: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 15 —

Il marche couronné de force et de puissance,Et paré de gloire et d'honneur.

Pour lui tu formas la nature ;Tu veux qu'il tienne sous sa loi

Le boeuf et la brebis, et toute créature :

Il en est le maître et le roi.

A lui les habitans de l'onde;A lui les habitans des airs...

Jéhovah, que ton nom est grand dans tout le monde,

Jéhovah, Dieu de l'univers !

comme Elohim. Ou mot à mot : Vous l'avez fait un peu inférieurà Elohim.

La Vulgale a dit : Paulo minus àb angelis, comme les Sep-tante H>.aTTMo-ajauTov fyv-yy TL~ao uyyù.o\i;. —Saint Paula répété ce verset dans le même sens. Hebr. 7.—Saint Jérôme atraduit :Paulo minus a Deo.

L'orthodoxie admet donc les deux versions ; mais cette grandeparole de la Genèse, Dieu fit l'homme à son image, doit tou-

jours régler l'une et l'autre interprétation. — La merveille de la

loi de grûce , l'Eucharistie, jette encore ici toute sa lumière ; et

enfin l'application de ce verset du psaume à I'Homme-Dieu jus-tifie le sens le plus hardi.

Toutefois, voici la variante delà Vulgate :

«Presqueégalauxanges, Soigneur! »

Page 40: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME IX.

LA l'HOPIIETIEDESJUSTICES.

Pour te louer, Dieu de mon ame,

Je veux rallumer mon ardeur ;Je veux graver en traits de flamme

Les merveilles de ta grandeur.

Oui, lu seras pour moi le Dieu de l'allégresse;Je chanterai ton nom : c'est le nom du Très-Haut !

Mes ennemis, chassés par ta main vengeresse,Ne savent plus où fuir... ils périront bientôt.

Tu daignes prendre ma défense ;

Tu fais resplendir l'équitéSur le trône de ta puissance,Pour juger ma fidélité...

Et tous les peuples sont gourmandes par ta foudre,Et leurs noms sont éteints et perdus dans ses feux,Et le désert succède à leurs cités en poudre,Et le bruit qu'ils ont fait est oublié comme eux.

Mais dans les cieux, toujours la même,La justice de l'Éternel

Cite à son tribunal suprême

L'Univers, ce grand criminel !

Alors sont exaltés les pauvres ; leurs couronnes

Brillent dans les splendeurs où Dieu les fait asseoir...

Consolateur divin ! jamais tu n'abandonnes

Le coeur qui sur ton nom a fondé son espoir.

Page 41: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

Chantez donc la magnificenceDu Dieu qui règne dans Sion ;

Des secrets de sa providenceInstruisez toute nation...

Toujours le cri du sang reste dans sa mémoire...

Seigneur ! sous ta pitié daigne abriter mon sort ;Pour bénir ta sagesse et célébrer ta gloire,Viens arracher mon âme aux portes de la mort !

Bientôt, vers les sacrés portiquesÉlevant mes pas triomphans,Je redirai les saints cantiquesParmi les choeurs de tes enfans;

Les peuples tomberont engloutis dans leurs crimes ;Le réseau qui les couvre est l'oeuvre de leurs mains ;Ils trébuchent ensemble au milieu des abîmes,Et connoissent trop tard le Maître des humains.

Que ces nations criminelles

Se dispersent dans les enfers !

Mais que l'espoir des coeurs fidèles

Trouve toujours les cieux ouverts!

De l'humble foi c'est là que les vertus arrivent...

Lève-toi donc, grand Dieu! pour venger tes autels;

Donne, donne ta crainte * aux peuples, et qu'ils vivent,

Mais qu'ils apprennent tous que tous ils sont mortels !

*OitS min mn» iUVlt?»Impose, ôJéhovah! ta crainte

sur eux. Aussi saint Jérôme a traduit : Pone eis timorem.

•2

Page 42: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 18 —

Pourquoi, dans les jours de détresse,*

Restes-tu,donc caché, Seigneur,

Quand l'homme superbe se dresse

Contre les larmes du malheur?

Il mourra dans le crime où son orgueil s'égare ;Il dédaigne le Dieu du ciel, le Dieu jaloux !

Il applaudit l'impie! il couronne l'avare! **

Il provoque le feu du céleste courroux !

Il a versé sur son passage

Le flot des désolations ;

Il dit dans son aveugle rage :

« Toutes ces générations» Ne m'ébranleront pas... » Sa bouche sacrilège

Se remplit de parjure et se promet du sang ;Dans l'ombre de la nuit ses mains dressent le piège

Où sa fureur espère immoler l'innocent.

Et, tel que le lion farouche

Qui dort d'un sommeil irrité,

Au fond de son antre il se couche

En méditant l'iniquité...S'il aperçoit le pauvre, aussitôt sur sa proie

Tl s'élance ! il le tue! et, dans son coeur pervers,

Il se dit : « Ne crains pas que jamais Dieu te voie,i>Car jamais sur la terre il n'a les yeux ouverts. »

* Ici commence le x« psaume dans l'hébreu.

**yv3-

Page 43: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 19 —

Viens donc, Seigneur, dans ta puissance !

Des humbles sois toujours le Dieu !

Pourquoi de ta juste vengeance

L'impie a-t-il bravé le feu ?

C'est qu'il a dit : « Le ciel ne sait rien de la terre. »

Mais toi, loi qui connois nos deuils et nos douleurs ,Étends sur les méchans les flots de ta colère,Et des infortunés viens essuyer les pleurs !

Viens briser les coupables races ;Jette au néant tous leurs forfaits,

Que l'on n'en trouve plus les traces,Et que Dieu seul règne à jamais !

Nations, vous mourrez!... Jéhovah se réveille:

Justice enfin, justice au pauvre, à l'orphelin!O mon Dieu! que leur cri parvienne à ton oreille,Et sache l'oppresseur que son règne a pris fin !

Page 44: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME X.

I. («IL DE UIF.U.

Dans Jéhovah je me retire ;

Son sein est mon refuge, à moi !

Pourquoi donc à mon âme êtes-vous venus dire :

« Vers les montagnes, fuis, passereau, sauve-toi? »

Oui, nos ennemis nous poursuivent;

Déjà le fer de leur carquois

Est posé sur leur arc, et dans l'ombre ils arrivent ;Ils aiguisent leurs traits pour percer les coeurs droits.

Us ont renversé dans leur rageL'éclat des monumens pieux...

*

Et que fait l'homme juste ? et que dit l'homme sage ?..

Jéhovah sur son trône est assis dans les Cieux.

Ses regards tombent sur la terre ;Ils interrogent les mortels,

Les bons et les méchans ;** et bientôt sa colère

Sur les dévastateurs vengera ses autels.

JlDTfV jnj"lï?n- Les fondcmens seront détruits. SaintJérôme a pris le verbe D1H dans une autre acception : legesdissipâtes sunt ; interprétation qui se concilie aussi avec cellede la Vulgatc.

"Impium aulem et diligentem iniquilatem odit anima ejus.Ibid.

Page 45: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 21 -

Puissant zélateur des justices,Sur eux il versera le feu

El le soufre... Ils boiront la mort dans leurs calices!

Car il est toujours juste et sera toujours Dieu.

Page 46: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XI.

LA PAROLEDE DIEU.

Sois le Dieu du salut ! car le juste s'afflige,

Il languit au pied des autels :

A peine de la foi quelque dernier vestige

Luit encor parmi les mortels.

Le mensonge est au bord de la langue flatteuse ;Il va du coeur double au coeur vain,

Et puis il est brisé dans la bouche orgueilleuse,

Au seul bruit du souffle divin.

<cLa pensée est mon droit : elle est libre, et doit l'être !

» Ma langue, c'est ma royauté ! »

Disoit l'homme superbe : «Avons-nous donc un maître ?

» Et qui donc l'a jamais été ? »

Mais Dieu, des affligés contemplant la misère,A dit : « Mon bras va se lever,

» Et je veux maintenant le poser sur la terre,» Pour la bénir et la sauver ! »

Jéhovah l'a promis, et sa parole est sure,

Elle est vraie ; elle est comme l'or

Qui sept fois au creuset se confie et s'épure :

Elle est bien plus intègre encor !

Page 47: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 23 —

La race impie en vain lève une tête altière...

Tu nous sauveras, Dieu puissant!Car la grandeur de l'homme est comme la poussière

Qui s'élève et qui redescend. *

*DIX >337 J117T 0n3- Mot à mot : Tandis que (ou sui-

vant que) être exalté, humiliations aux enfans d'Adam.

Page 48: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XII.

LA TENTATIONVAINCUE.

Seigneur, à mon ame tremblante

Jusques à quand te caches-tu?

Et, dans une orageuse attente,

Quels conseils prendra ma vertu ?

Quoi ! toujours du deuil qui m'oppresseItfon ennemi, dans son orgueil,

Se rira-t-il?... Sur ma détresse

Daigne donc abaisser ton oeil!

Que ta lumière me ranime,De peur qu'endormi dans la mort,Je n'entende l'ange du crime

S'écrier : « Je suis le plus fort ! »

Si l'espoir de ma défaillance

Réjouit mon persécuteur,

Mieux que lui j'ai mon espérance,Ta miséricorde, Seigneur.

Par le salut qu'elle m'annonce

Mon coeur est déjà consolé ;Et mes chants seront ma réponseAux bienfaits dont tu m'as comblé.

Page 49: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XIII.

I. IMPIETE.

«Non, Dieu n'existe pas ! »dit dans son coeur l'impie...Et tous ils se sont corrompus ;

Leur ame est dans la fange ; elle y reste accroupie ;

Elle y reste ; elle ne vit plus !

Et nul ne fait le bien... Dieu, du haut de sa gloire,Sur la terre a jeté les yeux,

Pour voir s'il en est un, un seul qui sache croire

Et qui soit occupé des cieux.

Tous ils sont pervertis et chargés de souillure,

Et pas un seul ne fait le bien !

Sans fraude ou sans poison, sans meurtre ou sans parjure,Ils n'exécutent jamais rien.

Comme un sépulcre ouvert leur bouche menaçante

S'emplit d'amertume et de fiel ;

Ignorant du Seigneur la crainte consolante,

Ils ignorent la paix du Ciel.

Us affligent mon peuple, et leurs dents le dévorent

Comme elles dévorent le pain...Ennemis du Très-Haut, jamais ils ne l'implorent ;

Ils tremblent pourtant sous sa main.

Page 50: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 26 —

Oui, de mille terreurs leur ame est poursuivie...Ce Dieu qui vous remplit d'effroi,

Du juste il est l'ami, du pauvre il est la vie,Et vous osiez railler leur foi !...

Quand viendra de Sion le salut de la terre ?

Quand Dieu voudra briser nos fers ?...

Que Jacob se réveille et qu'Israël espère !

Ce jour luira sur l'univers. *

* Ce psaume est presque le même dans l'hébreu que le LII°.

La Vulgate a intercalé ici, après le verset 3, quelques traits quise trouvent dans l'Épîlre aux Romains, chap. 3, et qui sont tirésdespsaumes v, x et xxxv, du chap. 59 d'Isaïe, et du chap. 1 des

proverbes.

Page 51: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XIV.

LESSAINTSTABERNACLES.

Pour qui, Seigneur, tes tabernacles

Seront-ils ouverts dans les Cieux ?

De la montagne sainte où tu rends tes oracles,

Quel sera l'hôte glorieux ?

C'est l'homme intègre et sans souillure,

Qui marche au sein de l'équité,

Dont le coeur toujours droit, la langue toujours pure,

Sont unis pour la vérité.

C'est l'homme doux, qui de son frère

Jamais ne se fait l'ennemi,

Et, par le trait brûlant d'une parole amère,

Jamais n'a blessé son ami.

Ses regards confondent le crime ;

Il rend gloire aux enfans de Dieu ;

Même envers les médians il sait être victime

De son serment et de son voeu. *

*jniT7 J731M»

— Xanclès-Pagnin traduit ainsi : Juravitin malum. Saint Jérôme a vu un verbe dans le mot jnfl et il adit : Jurât ut se affligat. Mais le fond de la pensée du psalmislese retrouve toujours.

Page 52: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 28 —

Son or n'est point souillé d'usure ;

Contre le juste infortuné

Il n'a point accepté les présens du parjure...

Voilà l'homme au Ciel couronné !

Page 53: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XV.

I. HERITAGEDU CIEL.

O Jéhovah ! sois mon gardien !

Dans ton sein je cherche un asile ;Je suis pauvre, ai-je dit à l'Auteur de tout bien,

Pauvre et serviteur inutile.

Et cependant je veux m'unir

Aux saints de la terre sacrée ;Et je chante leur gloire, et d'un pieux désir

Mon ame est comme dévorée.

En vain toutes les nations

Ont multiplié leurs idoles;*

Ah ! loin de moi le sang de leurs libations !

Loin de moi leurs noms, leurs paroles !

* Voici le commencement du 4e verset, d'après saint Jérôme :

Multiplicabuntur idola eorumpost tergum sequentium. Xanc-

lès-Pagnin dit : Multiplicabuntur dolores eorum (qui post)alienum (Beum) festinant. Et voici le mot à mot qui laisseaussi de l'obscurité : « Seront multipliées leurs idoles. Pour

l'étranger ils se sont empressés. » Les mêmes interprètes sontd'accord quant au surplus du verset : A'orelibabo libamina eo-rum de sanguine, etc.

Page 54: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 30 —

Mon héritage , c'est mon Dieu !

Il est la part de mon calice ;

Les cordeaux du partage, au plus auguste lieu,

M'adjugent un lieu de délice !

Là je bénirai le Seigneur ;

Il conduit mon intelligence,

Et, dans l'ombre des nuits, il éclaire mon coeur;

Mes reins ont compris sa présence.*

Je le possède près de moi,Mon grand Dieu ! sa droite me guide.

Par lui mon espérance est ferme dans la foi,

Et ma gloire se consolide.

Ma chair aura le même sort,

Et ma tombe restera pure ;

Car tu ne voudras pas que ton Saint, dans la mort,

Soit visité par la souillure.

Viens, mon Dieu, m'ouvrir le chemin

De ton impérissable vie ;

Puis, découvrant ta face et me donnant la main,

Accepte mon ame ravie!

TIV73 OTID* erudiuntme renés met. x. p.

Page 55: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XVI.

LE COEURDROIT.

Entends le juste qui soupire,Exauce mes larmes, Seigneur !

Écoute, et, sans détour, mes lèvres vont redire

Tout ce que dit mon coeur.

Ma cause est donc devant ta face ;

Pour la scruter ton oeil est sur ;

Et la nuit ni le jour, au creuset où je passe,Il ne voit rien d'impur.

*

Fidèle écho de ma pensée,Ma bouche ne le trahit pas...

Mais la voie où je marche est d'écueils hérissée ;

Soutiens, soutiens mes pas !

Sois mon guide ! que je te suive;

Que mon pied ne puisse broncher ;

Que ta miséricorde, à mes pleurs attentive,Se laisse enfin toucher !

*NVDJT73 tu n'as pas trouvé. Les Septante n'ont pas fait

difficulté d'entendre ainsi l'ellipse, ou^ zvpsBriEVepoi aSixiaet la version latine a suivi ce sens : Non est inventa in me ini-quitas. Mais saint Jérôme a réuni les deux versets pour donnerune autre interprétation : Et non invenisti cogitationes meastransire os meum.

Page 56: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 32 —

Fais triompher l'humble prière;Mais de l'impie abats l'orgueil;

Et garde-moi, mon Dieu, comme sous la paupière,La prunelle de l'oeil.

Tu me couvriras de ton ombre

Contre ces ennemis hautains

Qui poursuivent mon ame, et croient, fiers de leur nombre,La tenir dans leurs mains.

J'entends leur menace orgueilleuse...Comme le lion rugissant,

Us rôdent sur la terre, et leur rage est heureuse

De s'abreuver de sang.

Lève-toi ! préviens leur furie,

Viens les humilier, Seigneur,Et que mon âme échappe au glaive de l'impie,

Fléau d'mi ciel vengeur ! *

Viens briser ces hommes funestes,

Qui, détestant l'éternité,Abusent de tes dons, et puis jettent leurs restes

A leur postérité,**

*"pin V~\D de l'impie ton glaive. Qui est gladius tuus.

Hieron.

**L'interprétation grammaticale du verset 14 est extrêmement

ardue ; mais le véritable sens ne peut pas être douteux. Le pro-phète demande à Dieu de le délivrer des hommes qui placent lebonheur dans les jouissancespérissables.

Page 57: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 33 —

Moi, j'entrerai dans tes justices !

A la terre je dis adieu....

Oui ! je m'enivrerai d'un torrent de délices

Quand je verrai mon Dieu !

Page 58: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XVII.

1.1 «LOIREDEL'AMIDEKIEV.

Je t'aimerai sans partage,

Toi, ma force, mon tuteur,

Ma gloire, mon héritage,

Le bouclier protecteur,Le rempart de mon courage,

Mon rocher dans le naufrage,

Mon Dieu, mon libérateur!

Je vais chanter tes louanges...

Et le voilà confondu

L'ennemi dont tu me venges !

Un piège m'était tendu *

Dans la mort! les mauvais anges,

Bélial et ses phalangesBrisoient mon coeur éperdu.

Dans une dernière étreinte

Mon ame était aux abois...

J'implorai la bonté sainte

De Jéhovah, roi des rois :

Soudain le cri de ma plainte

Des Cieux a percé l'enceinte,

Sa voix répond à ma voix !

Dans l'hébreu : les torrcnsde Belinl.(Oculcr. ch. xm, y. 13.)

Page 59: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

-- 35 —

Au souffle de ses narines

Tout l'univers est troublé,

Et, jusque dans leurs racines,

Les montagnes ont tremblé ;

De ses vengeances divines,

Des fléaux et des ruines,Le cortège est rassemblé.

Les charbons de feu ! la grêle !...

Jéhovah, courbant les cieux,

Descend, et vole sur l'aile

Des vents ; un Chroub *glorieux

Le porte ; à ses pieds ruisselé

Le nuage qui ré cèle

Les élémens furieux.

Eu s'approchant de la terre,

Ce grand Dieu s'est enfermé

Dans un sombre sanctuaire

Par les ténèbres formé :

Tout à coup il les éclaire ;

Au brasier de sa colère

Le tonnerre est allumé !

La voix de Jéhovah gronde

Dans la splendeur des éclairs ;

Une secousse profonde

Entr'ouvre le sein des mers,

Et, sous les gouffres de l'onde

*Singulier de Cherubim, les Chérubins.

Page 60: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 3(i —

Tous les fondemens du monde

Sont un moment découverts.

Comme des flèches rapidesLa foudre a lancé ses traits ;

Mais leurs invisibles guides,

Seigneur, ce sont tes décrets.

De mes ennemis perfidesBrisant les mains homicides,

Ton souffle éteint leurs forfaits..

Dieu bénit mon sacrifice !

Dieu me sauve du trépas !

Loin des bords du précipiceSon amour, guidant mes pas,

Multiplie à son service

Tous les fruits de ma justice,Et me reçoit dans ses bras.

J'ai gardé mon ame pure,

Seigneur, en suivant ta loi ;

Une route toujours sure

S'est ouverte devant moi;

Et jamais par l'imposture,Par la fraude, ou le parjure,Je ne trahirai ma foi.

Tu seras ma récompense,Dieu saint pour la sainteté,

Innocent pour l'innocence,Pieux pour la piété;Dieu clément pour la clémence.

Page 61: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 37 —

Dieu vengeur pour la vengeanceEt pour la perversité ! *

Ton sein au peuple en prièreOuvre un paternel accueil ;

Mais tu réduis en poussièreLe front hautain de l'orgueil...Lumière de ma lumière,Ah ! dans toute ma carrière

Sois toujours l'oeil de mon oeil!

Déjà, tout plein de ta joie,

J'apprends à franchir le mur,**A n'être jamais la proieDe l'ennemi : j'en suis sur !

Ta parole qui m'envoie

Dans une si chaste voie,

Vaut mieux que l'or le plus pur.

Aimons le Dieu qui nous aime

Et qui commande l'espoir !

L'impie en vain le blasphème,Ce Dieu qu'il ne veut pas voir ;

Et quel autre Dieu suprême,

Quel autre Dieu que Dieu même

Le Ciel voudroit-il avoir ?

* Le mot à mot des versets 28 et 20 dans l'hébreu est : Avecle miséricordieux vous serez miséricordieux, parfait avecl'homme parfait, innocent avec l'innocent ; mais avec le per-vers vous vous rendrez pervers. Rosenmûllcr dit : Cum perversotorluosum sive perversum teprtvbes.

**"llï? 371N 'n7N3 dans mon Dieu je franchirai le mur.

Page 62: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 38 —

Par lui ma force est virile,

Mes bras sont mes boucliers ;

Il conduit mon pied docile

Dans les plus étroits sentiers ;

Et, comme le cerf agile,

Je prends un élan facile

Jusque sur les monts altiers.

Là, pour la guerre il me dresse ;

Il a placé dans ma main

L'armure de la sagesse ;

Il a courbé l'arc d'airain

Sous mes doigts; dans l'allégresse

Il répare ma foiblesse,

Et mon triomphe est certain.

Je poursuivrai ma victoire

Sur tous ceux qui se sont faits

Les ennemis de ma gloire ;Us tomberont sous mes traits ;J'abolirai leur mémoire ;A peine pourra-t-on croire

Qu'ils aient existé jamais.

Contre eux ta force me donne

La science des combats ;Ta fureur les environne,A mes pieds tu les abats...

Oubliant Dieu qui pardonne,Us invoquent Dieu qui tonne,Mais la foudre n'entend pas.

Page 63: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 39 —

Mou bras vengeur les accable

Et les refoule au tombeau,

Comme la pierre et le sable

Sont précipités dans l'eau...

Pour que d'un peuple coupableSon Roi ne soit plus la fable,Il faut un peuple nouveau.

Oui, le peuple que j'ignore

Sous ma loi vient se ranger,

Il m'obéit, il m'adore;

Celui qui sut m'outrager,

Celui que j'aimois encore,

Suit des sentiers que j'abhorre

Et me devient étranger.

Gloire au Dieu qui me délivre !

Il est le Dieu des vertus :

Gloire à la main qui me livre

Mes ennemis abattus !

Déjà leur coeur étoit ivre

Du bonheur de me survivre ;

Et voilà qu'ils ne sont plus !

Seigneur, je vais donc apprendre

Ton nom à tout l'univers;

David, ton Christ, va reprendre

La harpe des saints concerts ;

Sur son fils tu fais descendre

Le salut qu'il doit répandre :

Il vient!... les Cieux sont ouverts!

Page 64: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XV11I.

LESCIEUX.

Les Cieux, par leur magnificence,Racontent la gloire de Dieu,

Et tout le firmament, oeuvre de sa puissance,La proclame en lettres de feu.

L'aurore l'a dit à l'aurore,Et la nuit l'annonce à la nuit :

Leur langage n'est point un langage sonore

Et dispersé comme un vain bruit.

Mais cette pompeuse paroleInstruit tous les peuples divers ;

Entendue à la fois de l'un à l'autre pôle,Elle est la voix de l'univers.

Jéhovah déroule sa tente

Autour des splendeurs du soleil,*

Et l'astre sort joyeux de sa couche éclatante

Comme un époux à son réveil.

*0i13 7HN Oï? VDiah- Au soleil il a posé une tente

dans eux (les Cieux)

Page 65: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— Zil —

Et le géant, flambeau du monde,

Chaque jour de la terre aux cieux

S'élance ! et rien n'échappe à la chaleur féconde

Qui remplit son cours glorieux.

La loi du Seigneur est sans tache :

Par des témoignages puissans

Elle convertit l'ame ; à son joug elle attache

La candeur des coeurs innocens.

Sa promesse est fidèle et sainte,

Et sa justice est vérité,

Son précepte, lumière, et les fruits de sa crainte

Restent purs dans l'éternité.

Ses jugemens sont admirables

Plus que les diamans et l'or ;

Au plus doux miel des fleurs ses grâces préférables

Sont pour l'ame un riche trésor.

Aussi, mon Dieu, dans ton service,

Il reçoit la gloire et l'honneur,

Ton esclave ! et pour prix d'un foible sacrifice,

Un poids immense de bonheur.

Mais qui peut scruter les abimes

Et les mystères du péché ?

Viens donc déraciner mes erreurs et mes crimes

Dans leur germe le plus caché !

Page 66: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 42 —

Que ta miséricorde efface

Les scandales, fléaux du coeur,*

Et ma sainte prière ira devant ta face,Jéhovah ! mon Dieu ! mon Sauveur !

' L'Hébreu porte : préservez votre serviteur des hommes

impudens, afin qu'ils ne puissent pas prévaloir contre moi;et je serai puriGé et exempt des prévarications. Ce qui peuts'entendre du fléau des scandales.

Page 67: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XIX.

I, OINTDU SEIGNEUR.

Que Jéhovah t'exauce au jour de la souffrance !

Qu'il console tes pleurs !

Que du Dieu de Jacob le nom plein d'espérance

Couronne tes douleurs !

Qu'il t'ouvre dans Sion les sources de la grâce !

Qu'il vole à ton secours !

Et que ton holocauste, au soleil dep face,

Se consume toujours ! *j

Que de ton coeur sa droite accepte les prières !

Heureux de ton bonheur,

Nous, nous triompherons, sous nos saintes bannières,Dans le nom du Seigneur.

Qu'il comblé tes désirs !... sen Christ, vainqueur du inonde,

Je le vois triomphant :

Il l'exauce des Cieux, et le salut se fonde

Sur un bras tout-puissant.

" Un auteur distingué, M. Nolhac, a traduit ainsi ce ver-set : « Que l'Eternel agrée vos holocaustes et fasse descendre sur'» eux le feu qui les consume. » Eludes sur le texte des Psau-

mes, tom 1.—Déjà les Chants Sacrés avoient cité , à l'appui dela même interprétation, le v. 3§, chap. 18, liv. 3 des Rois : Ceci-dit aulem ignis Domini cl voravil holocauslum.

Page 68: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 4/1 —

Ceux-là vantaient leurs chars, et ceux-ci la vitesse

De leurs coursiers nombreux ;

Mais le nom du Très-Haut fut seul dans la détresse

Invoqué par nos voeux.

Ces hommes qui levoient une tête si fière

Sont abaissés partout ;

Nous, nous ressuscitons, Seigneur, à ta lumière,Et nous sommes debout.

Toi qui sauves les rois que ta grâce couronne,

Grand Dieu ! sauve le Roi !

Et que toujours aussi ta clémence pardonne

Aux coeurs tournés vers toi !

Page 69: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XX.

LACOURONNEDE BENEDICTION.

Le Roi se réjouit, Seigneur, dans ta puissance...Oh ! qu'ils sont dilatés par la reconnoissance

Ses sublimes transports !

Tes faveurs de son ame ont rempli l'étendue,

Et sa prière aussi ne s'est jamais perdueEn stériles efforts.

De bénédictions ta bonté l'environne,

Et ta main sur son front apporte une couronne

De saphirs précieux ;

Il imploroit ta grâce, et toi lu renouvelles

Sa gloire et ses splendeurs, qui seront éternelles

Comme celles des Cieux.

Tu veux d'un même éclat orner toute sa vie ;

Tu veux qu'elle s'avance entourée et suivie

De tes divins bienfaits ;

Tu feras succéder la joie à sa souffrance ;

C'est en toi qu'il espère, et la sainte espérance

Ne faillira jamais.

Malheur aux ennemis de ta face adorable !

Ils vont être saisis par ton bras redoutable

Au jour de ton courroux,

Page 70: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 46 —

lit tu les jetteras dans l'ardente fournaise

Où ton souffle rassemble une immortelle braise

Pour les dévorer tous. *

Tu détruiras leur oeuvre et leur coupable race...

Us osoient contre toi remuer leur audace !

Leurs coups sont avortés ;

Le seul bruit de tes pas les refoule en arrière...

Parois dans ta grandeur !... Nos chants dans ta lumière

Déjà sont transportés.

* L'hébreu dit : Vous les poserez comme une'foumaise ar-

dente dans le tems de votre colère, ou, mot à mot : dans le

tems de votre visage (irrité).

Page 71: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXT.

LA CHOIXET SESTIUOSUIIE.S.

Mon Dieu ! mon Dieu ! toi que j'implore,Ali ! pourquoi m'abandonnes-tu ? *

J'ai crié, j'ai rugi, le jour, la nuit encore,

Et tu ne réponds pas ! et ton amour s'est lu !

Dieu saint, qui fais ta résidence

Dans les louanges d'Israël,**

Nos pères pleins de foi prioient ta providenceEt trouvoient le salut dans ton sein paternel.

Pour moi, comme le ver de terre,

Je suis l'opprobre des humains,

Et le peuple insensé se rit de ma misère ;

En face de mon deuil il vient battre des mains.

Il dit, en secouant la tête :

« Son espoir est dans le Seigneur ;» Que le Seigneur le sauve ! et, s'il est son prophète,» Jéhovah,sans tarder en sera le vengeur. » ***

* Matth. xvii.—46.

**7N11D»mSnn 3OT habitant les louanges d'Israël. —

Sessor laudis Israël. Roscnmuller.

"" Marc, xv.—34.

Page 72: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 48 —

Oui, mon Dieu ! j'étois sous ton aile

Quand un sein mortel m'a conçu ;

Même avant que ma langue eût sucé la mamelle,

Dans ses embrassemens ta bonté m'a reçu.

Aujourd'hui, dans mon épouvante,Ne t'éloigne donc plus de moi !

Des taureaux de Basan la fureur mugissante

M'assiège : Je n'ai plus d'espérance qu'en toi.

La dent qui tue et qui déchire,La dent des lions me poursuit !

Mon corps fond comme l'eau, mon coeur comme la cire,

Et de mes os brisés l'édifice est détruit.

Ma chair, argile desséchée,

N'a plus ni force ni vertu ;

A mon palais en feu ma langue est attachée ;

Dans l'ombre de la mort mon front reste abattu.

Us se sont rués sur ma vie,Semblables aux chiens ameutés ;

Us ont percé mes mains et mes pieds : * leur furie

A découvert mes os ; ils les ont tous comptés !

* Une grande controverse s'est élevée sur un mot de ce verset113 (ils ont percé), auquel on auroit voulu substituer ceux-ciHX 3 [comme un lion) qui sont loin de présenter un sens aussiclair et aussi bien lié avec les autres parties du texte. La

question graphique a été pleinement éclaircie. Au surplus, les

Juifs, gardiens des écritures de l'Ancien Testament, nous onteux-mêmes conservé le texte entier de ce psaume prophétique ,

Page 73: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 49 —

Mes vètemens, ils les partagent ;Ma robe, ils l'ont jetée au sort... *

Ah! n'abandonne pas tan Christ quand ils l'outragent!Viens arracher mon ame au glaive de la mort !

Du monstre à la corne cruelle

Préserve mon dernier soupir!...O mon Dieu ! tu réponds à mon coeur qui t'appelle !

Dans l'église des Saints j'irai donc te bénir.

J'irai raconter à mes frères

Le nom sacré de l'Eternel :

Adorez Jéhovah, le grand Dieu de nos pères,

Vous, enfansde Jacob ! vous tous, fils d'Israël !

De l'affligé qui dit sa plainte

Il n'a pas détourné ses yeux...

Je le bénirai donc devant la tribu sainte :

Mon chant retentira jusqu'au plus haut des Cieux.

A sa table puisant la vie,

Le pauvre alors n'aura plus faim ;

Toutes les nations de la terre ravie

Viendront, en l'adorant, manger le même pain.

où sont annoncées les principales circonstances de la mort et de la

résurrection de Jésus-Christ ! —V. aussi les psaumes xxxv,XLet Lxviii, etc.

"Joan., xix.—24.

Page 74: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 50 —

A lui seul la toute puissance !

Les rois sont courbés devant lui.

De la froide poussière et de son lourd silence

Nul ne peut soulever le poids, sans son appui...

Une race de Saints va naître

Pour annoncer la sainte loi ;

Tous enfans du Seigneur, ils le feront connaître

Au peuple que sa grâce engendre dans la foi.

Page 75: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXII.

LE UONPASTEUR.

Jéhovah se fait mon pasteur :

Tout abonde à ses pâturages,Et l'aliment réparateur,

EW'eau vive, et les frais ombrages.

C'est lui^Hii convertit mes pas

Aux puri* sentiers de la justice ;

Et la nuit, là nuit du trépas,N'a plus d'ombre où mon coeur frémisse.

Avec toi, non je ne crains rien !

Ton sceptre sera ma puissance,Et ta houlette mon soutien,

Seigneur, dans la sainte espérance.

Déjà, contre mes ennemis,

Par tes mains mon banquet s'apprête ;

Pour les vaincre tu me nourris,

Et tes parfums ornent ma tête.

Oh ! qu'il est plein de ton amour

Le calice où ton coeur m'appelle !

Oui, j'irai me plonger un jour

Au sein de ta gloire éternelle !

Page 76: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXIII.

tE ROI DE GLOIRE.

A Dieu seul appartient le monde,Le monde et tout ce qu'il contient ;Au milieu des masses de l'onde

Il a posé la terre, et son bras l'y soutient.

Montagne que sa face éclaire,

Quel mortel verra ta splendeur ?

Quel mortel de ton sanctuaire

Osera pénétrer l'auguste profondeur ?

C'est l'homme dont les mains sont pures,

Qui n'a pas plié son doeur droit

Aux enseignemens des parjures,Et qui nourrit pour Dieu l'ame qu'il en reçoit.

Ce grand Dieu lui donne la grâce,

Et la justice, et le bonheur ;

Il bénira toute sa race,

Tous ces fils de Jacob qui cherchent le Seigneur.*

* L'hébreu porte : cherchant votre face, et ensuite : Jacob.C'est-à-dire les filsde Jacob, ou, comme l'observe Rosenmullcr,Isra'èlitoe vert.

Page 77: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 53 —

Ouvrez-vous, découvrez vos cimes,

Ouvrez-vous, portiques des Cieux !

Élevez vos arches sublimes,Et que le Roi de gloire entre victorieux !

Quel est ce Roi, ce Roi de gloire P

C'est Jéhovah ! c'est le Dieu fort !

Dans les combats, Dieu de victoire,C'est le Dieu de la vie et le Dieu de la mort !

Ouvrez-vous, découvrez vos cimes !

Ouvrez-vous, portiques des Cieux!

Élevez vos arches sublimes,Et que le Roi de gloire entre victorieux !

Quel est ce Roi, ce Roi de gloire P

C'est Jéhovah ! c'est le Dieu fort !

Dans les combats, Dieu de victoire,

C'est le Dieu de la vie et le Dieu de la mort !

Page 78: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXIV.

LA FOI.

En toi seul, Jéhovah, j'ai mis mon espérance ;

Je ne rougis point de ma foi ;

En vain mes ennemis riront de ma constance ;

Rien ne sauroit troubler le coeur qui vit pour toi,

Us seront confondus tous ces hommes iniques

Qui travaillent pour le néant...

Dis-moi donc les chemins des célestes portiques,Et que ta vérité brille en les enseignant.

Seul Dieu de mon salut ! révèle-moi ta face :

Je t'ai désiré tout le jour...Ah! que ton souvenir, pitié, douceur et grâce,N'ait rien de mon péché, mais tout de ton amour !

Toujours bon, le Seigneur est aussi toujours juste ;Aux coeurs doux il donne ses lois ;

H conduit les pécheurs avec un frein auguste,Et l'humble repentir est docile à sa voix.

Tous tes sentiers sont pleins de tes miséricordes ;Et les dons de ta vérité,

Dans leur éclat divin, Seigneur, tu les accordesAux fidèles amis de ton éternité.

Page 79: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

Que ton nom soit béni, Jéhovah ! tu pardonnesMes péchés, mes péchés nombreux !...

Quel est le vrai fidèle ?... ô mon Dieu, tu lui donnes

Ta lumière ; il choisit les sentiers vertueux.

Il sait garder le bien dont son ame est remplie ;

Il le transmet à ses enfans ;Et d'un mystère saint la promesse accomplie,Aux siècles éternels les porte triomphans.

Mes yeux se sont fixés sur le Dieu que j'adore;

C'est lui qui brisera mes fers...

Regarde, ô Jéhovah! le pauvre qui t'implore,Vois ses pleurs, prends pitié des maux qu'il a soufferts !

Efface mes péchés, Dieu de mon espérance :

De mes ennemis sauve-moi!

Protège ma droiture et ma persévérance ;*

Sauve tout Israël, Seigneur, il est à toi !

'Perfectio et reclitudo custodianl me. Xanctès P.

Page 80: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXV.

LA PURETÉ.

Juge-moi, Jéhovah ! je vis dans l'innocence :

Avec toi, du péché je resterai vainqueur ;

Viens donc, par un rayon de ta sainte présence,

Éprouver mes reins et mon coeur !

Oui, ta miséricorde est toujours ma lumière :

Je marche dans ta voie et dans ta vérité,

Et mes pas, droits et sûrs, ignorent la carrière

Des artisans d'iniquité.

Je n'irai point m'asseoir au sein de leurs souillures,

Ni de leurs vils sentiers respirer l'air mortel ;

Je laverai mes mains avec les âmes pures,

Et j'embrasserai ton autel.

La prophétique voix charmera mes oreilles ;

Mes chants s'enflammeront à toutes ses ardeurs ;

Car j'aime, 0 Jéhovah! ton temple et ses merveilles,

Et ses pompes, et ses splendeurs.

Ah ! ne perds point mon ame en perdant les impies;A ces hommes de sang ne la livre jamais :

De leurs funestes dons leurs mains souvent rempliesSont pleines aussi de forfaits.

Page 81: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 57 —

Moi, je m'avancerai toujours dans ma justice ;

Jéhovah, sauve-moi! viens payer ma rançon;

Car mon coeur est resté fidèle à ton service,

Et je vais publier ton nom.

Page 82: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXVI.

L HUMBLEADORATEUR.

Le Seigneur est ma lumière,

Il est mon salut ! c'est lui

Qui protège ma carrière :

Devant qui tremblerai-je avec un tel appui ?

Un flot d'ennemis m'assiège ;

Ils ont soif de mon trépas...Les voilà pris dans leur piège !

Vienne un camp plus nombreux, mon coeur ne le craint pas!

Gloire à Dieu ! ma seule envie

Cest d'habiter sa maison,

Et, tous les jours de ma vie,

D'y voir ses voluptés et de bénir son nom.

Dans un ravissant mystère,Il me tiendra sous son oeil,Au fond de son sanctuaire,

Quand reviendra le temps de l'angoisse et du deuil.

Il exaltera ma tête,

Sur la pierre du rocher ;

Le triomphe qu'il m'apprêteConfondra les pervers qui votidroientin'approclier.

Page 83: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 59 —

Et moi, par un chant sublime ,J'envahirai le saint lieu;

Mon coeur, joyeuse victime ,S'immolera lui-même à l'amour de son Dieu.

Aujourd'hui ma voix soupire :

Roi du Ciel, exauce-moi !

A mes pleurs daigne sourire !

Mon ame te l'a dit : je ne cherche que toi.

Ne détourne point ta face

Des yeux de ton serviteur ;Mais que ta colère passe

Et laisse à ma souffrance un Dieu consolateur.

Tandis qu'un père, une mère,M'abandonnoient orphelin,Le Seigneur à ma misère

Ouvroit un sûr .abri dans son amour divin.

Grand Dieu, soutiens donc mon âme

Contre ceux qui de leur foi

Ont fait un trafic infâme !

L'iniquité menteuse a menti même à soi ! *

*DOH rlS'- Loquens iniquitatem. X. P.— La Vulgate

complète le sens d'après les Septante. D'autres interprètes li-

sent loquens rapinam. Et quelques-uns font observer que H3'venant de nifl' (afflavit ) ne peut pas se traduire par loquens;mais toutes ces difficultés grammaticales ne touchent pas essen-^

('tellement au sens du verset.

Page 84: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 60 —

Je crois voir le Ciel qui s'ouvre...

Salut, terre des vivans !

Le coeur d'un Dieu se découvre...

Courage et force à nous qui sommes ses enfans !

Page 85: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXVII.

LES PIEUX GÉMISSEMENS.

Mes cris montent vers toi, que ton coeur les entende !

Ne-xeste pas sourd à mes pleurs ;Ne permets pas que je descende,

Dieu de ma force, au gouffre où tombent les pécheurs !

Que mes gémissemens ouvrent ton sanctuaire !

Dans mon deuil, j'y lève les mains...

Ah ! ne me rends pas solidaire

De la damnation des coupables humains!

Entr'eux ils ont parlé de paix et de justiceEn méditant l'iniquité ;

Mesure donc sur leur malice

Le salaire du crime : ils l'ont tous mérité.

Ils ont du Créateur méconnu la puissance,Les miracles et les bienfaits...

O Jéhovah, dans ta vengeance,

Viens démolir leur oeuvre et briser leurs forfaits.

Gloire, gloire à Dieu seul ! il reçoit ma prière :

Il s'étend comme un bouclier

Sur mon coeur ; et de sa lumière *

L'hymne de mon espoir s'est nourri tout entier.

' Les mots : et refloruit caro mea, ne sont pas dans l'hébreu-

Page 86: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 62 —

A ses élus sa force est donnée en partage,

A son Christ sa divinité...

Bénis, Seigneur, ton héritage !

Porte ton peuple au sein de ton éternité !

Page 87: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXVI11.

LA VOIX DE DIEU.

De vos agneaux offrez le sacrifice

Au puissant Jéhovah... que son nom soit chanté !

Rendez gloire à sa force, adorez sa justice...La voix de ce grand Dieu tonne avec majesté

Et sur la terre, et sur les ondes,Et jusqu'au sein des mers profondes ;

La voix de Dieu se joue avec l'immensité.

La voix de Dieu, fille de sa puissance,Des cèdres du Liban brise le front altier;Et le Liban lui-même, ébranlé, se balance,Et l'Hermon a bondi comme un jeune bélier...

La voix de Dieu coupe la flamme ;

Elle fait gémir, comme une ame,

Le désert de Cadès, le désert tout entier.

La voix de Dieu donne aux cerfs leurs alarmes

Et perce des forêts la sombre profondeur...La voix de Dieu, dans l'homme insinuant ses charmes,

Aux mille voix du temple inspire son ardeur...

Assis au dessus des orages,*

L'Éternel est le Roi des âges,Et son peuple reçoit sa paix et sa splendeur.

713D7 sur les eaux du déluge.

Page 88: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXIX.

LE CL0RIEUXSACRIFICE.

Oui, je veux t'exalter, toi, le Dieu de ma gloire!

Qui de mes ennemis brises le front moqueur,

Et, touché des cris de mon coeur,

Du milieu des enfers et de la tombe noire

Me fais sortir vainqueur.

Chantez donc Jéhovah, vous enfans de sa grâce !

Tous, de sa sainteté gardez le souvenir :

Sa foudre un moment veut punir,Mais sa miséricorde est constante, elle embrasse

L'éternel avenir.

Le soir est pour les pleurs, le matin pour les joies...

Moi, Seigneur, sous la tente où je suis abrité,

Au sein de ta divinité,

Je t'ai dit : «Rien ne peut m'ébranler dans tes voie?,

» Jusqu'à l'éternité. »

Sur la montagne sainte où tu portes ma vie,

Ta force est descendue, et tu restes voilé;

Et toute mon ame a tremblé !

Et j'ai crié vers toi, car elle est poursuivie...L'abîme est révélé !

*12X3 jm '3- Quoniam ad momenlum est ira ejus

S. J.

Page 89: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 65 —

Quelle vertu mon sang pourra-t-il donc répandre,

Si je vais dans la fosse où la foule s'endort,

Sur la poussière de la mort ?

Comment ta vérité se fera-t-elle entendre ?...

Prends pitié de mon sort !

Convertis mon angoisse en des pleurs d'allégresse -,

Et le sac de mon deuil en un royal manteau...

Oui, dans un cantique nouveau

Je vais chanter ta gloire et la dire sans cesse

Au-delà du tombeau.

Page 90: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXX.

LA VICTIMERÉSIGNÉEET TRIOMPHANTE.

J'ai mis en toi mon espérance,

Et, quand l'éternité s'avance,Je ne serai point confondu...

Dieu, sauve-moi!... que ta justice

Me prête une oreille propice,Et que mon coeur soit entendu !

Dieu tout puissant ! pour ma foiblesse

Sois toujours une forteresse !

Sois ma pierre, sois mon rocher!

Par ton nom sacré tu me guides,Et j'échappe aux pièges perfides

Que l'enfer vouloit me cacher.

Reçois le souffle de ma vie,

Entre tes mains je le confie;Car c'est toi qui m'as racheté...

Aussi, les oeuvres du mensonge,Je les déteste, et je me plongeDans le sein de ta vérité.

Je me réjouis dans ta joie :

Ta miséricorde m'envoie

Le salut qu'elle m'a promis ;

Page 91: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 67 —

Tu voyois mon ame affligée,Ton bras puissant l'a dégagéeDes serres de ses ennemis.

Et tu dilates ma carrière ;Mais toujours mon humble prièreRéclame ta pitié, mon Dieu !

L'ardeur des souffrances m'enflamme ;Mes entrailles, mes yeux, mon ame,Sont brûlés comme dans le feu.

Mon coeur reste en proie aux alarmes ;Mes jours sont noyés dans les larmes,

Et, sous le poids de mes péchés,Ma fragile force succombe :

Je suis incliné vers la tombe,Et tous mes os sont desséchés.

Mes nombreux ennemis m'outragent ;

Mes proches mêmes m'envisagentAvec le regard du mépris ;Comme un être vil, inutile,

Et semblable au vase d'argile

Dont leur pied pousse les débris.

Tous ils m'ont prodigué leur blâme;Dans l'espoir de perdre mon âme,

Us se sont concertés ; et moi,

Sur Jéhovah je me repose,Je lui dis : « Prends en main ma cause,» Je n'ai pas d'autre Dieu que toi ! »

Page 92: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 68 —

Toi, le seul gardien de mes vies,

Sauve-les du fer des impiesEt de leur cri persécuteur ;

Puis, pour confondre leur audace,

Fais luire l'éclat de ta face

Sur le front de ton serviteur !

Non, je ne boirai point la honte,

Car vers toi ma prière monte...

Que les médians, tous confondus,

Restent muets dans les abimes

Où les mensonges et les crimes

Rugissent, mais ne parlent plus.

Trop long-temps leur langue superbeA lancé sa parole acerbe

Et sur le juste, et sur sa foi...

O Jéhovah ! comme elle est belle

La grâce que ton sein recèle

Pour les esclaves de ta loi !

Ces vrais amis de ta mémoire,Tu les cacheras dans ta gloire,A l'abri de tous les orgueils,Loin de la coupable disputeOù la fureur des hommes lutte

Et se brise sur les écueils.

Béni soit donc le Dieu fidèle

Qui m'a donné pour citadelle

Son sein miséricordieux !...

Page 93: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 69 —

Et moi j'ai dit, dans mon ivresse :

« Son oeil me voit, sa main me presse,» Et son oreille entend mes voeux. »

Oui, tu réponds à ma prière,

Seigneur !... Vous, enfans de lumière,

Que votre amour se livre à lui !...

Contre l'orgueil Dieu de vengeance,Pour l'humble coeur Dieu de clémence,

Il est votre plus ferme appui.

Page 94: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXI.

LA CONFESSION.

Heureux l'homme dont les péchésSous le divin pardon sont couverts et cachés ! *

L'homme à qui Dieu jamais n'imputa leur malice,Et dont le simple coeur ignore l'artifice.

Et moi, Seigneur, je me suis tu ;Et mes os ont vieilli dans mon corps abattu ;

Et mon ame était sombre et comme rugissante ;Et jour et nuit sur moi ta main étoit pesante.

Et tout mon sang s'est desséché

Aux ardeurs du midi... ** Mais j'ai dit mon péché,

J'ai dit à Jéhovah : « Je t'avoûrai mes fautes ! »

Et, comme avec la main, de mon coeur tu les ôtes.

" « Dieu se sert de ces expressions, cacher le péché, ne pas» Vimputer, pour montrer l'étendue de sa miséricorde et pour» animer la confiance des pénitens, en les assurant que leurs pé-» chés seront si parfaitement effacés et si sincèrement oubliés,.. que ce sera la même chose que s'ils n'avoient point été com-» mis. » V. la note de la Bible de Vence sur ce verset. Tout le

psaume est une prophétie de la confession sacramentelle, même

pour les justes : pro hac orabit ad te omnis sanclus.

**p*p >33"irt3 >T07 "|3i"U- Mot à mot comme l'a tra-

duit Bossuet : Vertus est succus meus in siccitates oestivas, ouaislatis..

Page 95: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 71 —

Ainsi le juste, plein de foi,Dans le tems opportun ira pleurer vers toi;Et les invasions des ondes désastreuses

Ne l'atteindront jamais sous leurs vagues nombreuses.

A mon angoisse ouvrant tes bras,Des terreurs de la mort tu me délivreras !

Déjà ta voix me dit : « Je te ferai comprendre» Et je te montrerai quels sentiers tu dois prendre.

» Ne sois point comme le coursier,» Le cheval, le mulet, qu'au joug il faut plier ;» Le mors et le frein seuls, en comprimant sa bouche,» Le forcent d'obéir à la main qui le touche. »

L'impie est accablé de maux :

Mais des saints Dieu bénit l'espoir et les travaux...

Vous tous qui vers les Cieux suivez la droite voie,

Venez donc et goûtez le Seigneur et sa joie !

Page 96: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXII.

LECHANTDESJUSTES.

Justes, bénissez Dieu ! car elle est magnifiqueLa louange dans les coeurs droits ;Pour lui, par un nouveau cantique,

Aux doux sons du kinnor unissez donc vos voix ;Chantez-le sur les tons de la lyre à dix cordes :

Sa parole est la vérité ;Son oeuvre la sincérité ;

Tout l'univers est plein de ses miséricordes ;Il est le Dieu de l'équité.

Du souffle de sa bouche il fabriqua le monde,Les cieux et les célestes corps ;Il creusa les gouffres de l'onde,

Et le bassin des mers qu'il remplit de trésors.

Que devant lui la terre et se prosterne et tremble !

Jéhovah parle, et tout est fait ;Il ordonne, et tout apparaît ;

Les conseils que formoient tous les peuples ensemble,D'un seul regard il les défait.

Ses décrets sont fondés sur les lois éternelles ;Il réchauffe les nations

Dans ses entrailles paternelles,De générations en générations ;

Page 97: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 73 —

Il se choisit un peuple, un heureux héritage ;Il contemple, assis dans les Cieux,Et tous les temps et tous les lieux ;

Il juge tous les coeurs, et tout sexe, et tout âge :

Rien n'est caché devant ses yeux.

Non ! le salut des rois n'est pas dans leur puissanceIl n'est pas aux mains du guerrier :

La force trompe l'espérance ;Point de salut non plus dans l'aile du coursier,Ni dans le bras de l'homme et de la multitude !...

Mais voici le regard de Dieu

Qui, fidèle au plus humble voeu,Descend sur les amis de sa mansuétude

Et les embrase de son feu.

Jéhovah les conduit de la mort à la vie :

Il veut rassasier leur faim ;A son banquet il les convie...

Ah ! votre ame sur lui n'est pas fondée en vain !

Il est son bouclier, il la défend lui-même ;Et nos transports ont adoré

La grandeur de son nom sacré.

Viens donc, ô Jéhovah ! dans ta bonté suprême xToi que nos coeurs ont espéré !

Page 98: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXIII.

LES SAINTSSOUSLA GARDEDU SEIGNEUR.

Toujours je bénirai mon Dieu ;

En tout temps aux coeurs purs je dirai sa louange ;

Mes chants avec leurs chants, tous pleins du même feu,

Formeront un joyeux échange.

Ensemble exaltons Jéhova !

Gloire à Dieu seul! déjà, dans une affreuse étreinte,

Mes cris l'ont imploré ! c'est lui qui me sauva

Et m'affranchit de toute crainte.

Us ne seront point confondus

Ceux qui lèvent les yeux vers l'éclat de sa face.

Un affligé pleuroit : ses pleurs sont entendus,

Jéhovah l'exauce et l'embrasse !

Heureux les amis de son nom !

Ses anges autour d'eux, augustes sentinelles,Établissent leur camp !... *

Que le Seigneur est bon!

Goûtez et voyez, coeurs fidèles!

nsn- Castrametans faisant un camp.

Page 99: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 75 —

Vous ses élus, vous ses enfans,

Que sa crainte soit douce à votre ame ravie !

La faim peut tourmenter les lions dévorans :

Mais les saints nagent dans la vie.

Venez mes fils, écoutez-moi :

Je veux vous enseigner à craindre un divin maître,

Et je vous montrerai l'homme ouvrant, par la foi,

L'éternité qu'il veut connaître. **

Soumettez votre langue au frein,

Ne proférez jamais de parole trompeuse,

Toujours fuyez le mal, toujours faites le bien,

Cherchez la paix, la paix heureuse !

L'oeil du Seigneur fixe les saints ;

Son oreille se penche au cri de leur prière ;

Mais les médians, pressés dans ses puissantes mains,

S'en retourneront en poussière.

Aux âmes qui vivent de pleurs,Lui-même il s'unira pour délier leurs chaînes ;

Il voudra demeurer avec les humbles coeurs

Et consoler toutes leurs peines.

DH'33 les lionceaux.

**0**11 */ânn ltJ'Nn mot a mot : l'homme désirant

les vies. Le texte ajoute : aimant les jours pour voir le bien.

Page 100: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 76 —

Sur les os du juste expirantIl veille ; pas un seul n'est brisé : mais le crime

Par ses propres fureurs fait périr le méchant...

Aux saints le Ciel ! à lui l'abime !

Page 101: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXIV.

LE DIEULIBERATEUR.

Ceux qui m'attaquent, viens les attaquer toi-même,

Seigneur, viens combattre pour moi !

Voici l'heure suprême !

Prends ton bouclier, lève-toi,Saisis ta lance, cours, et ferme le passageAux monstres qui voudroient m'immoler dans leur rage ;Dis-moi : « Je suis ton Dieu! » fais triompher ma foi.

Qu'ils rougissent enfin et de peur et de honte,Mes implacables ennemis !

Que leur fuite soit prompte,Et que, dans l'opprobre avilis,

Comme le vent emporte une paille légère,Us soient tous dispersés par l'ange de colère ;Dans le gouffre béant qu'ils soient ensevelis !

Leur piège étoit tendu sur les bords de l'abîme :

Il est trahi par leur fureur ;

Qu'ils subissent leur crime

Dans les désastres de l'erreur !

Que leur propre filet les prenne dans sa trame !

Que la calamité les accable ! Et mon ame

Au sein d'Adonaï chantera son bonheur.

Page 102: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 78 —

Mon salut fait ma joie, et tous mes os s'écrient :

« Jéhovah ! quel Dieu plus puissant ! »

Les pauvres qui te prient,

Des dents du lion ravissant

Tu les sauves!... Hélas! ma vie est assiégée,Et par de faux témoins elle est interrogée :

Pour prix de mes bienfaits ils demandent mon sang !

Je vois leur sort funeste ! * et mon ame est flétrie ;

Et, d'un sac de deuil revêtu,

Dans le jeûne je prie ;

Mais ma prière sans vertu

Retombe sur mon coeur, et toujours plus amère,

Comme si je pleurois ou mon frère, ou ma mère,

Ou mon ami !... Je tremble et je reste abattu.

A l'aspect de mes maux leur rage est réjouie ;

Contre moi d'un peuple irrité .

Us rassemblent la lie ;

Un mystère de cruauté

Se consomme ; et leur ligue, hypocrite et menteuse,

Aux grincemens de dents unit sa voix moqueuse...

Jouiront-ils long-temps de leur impunité ?

Seigneur ! à mes bourreaux ne livre pas mon ame!

Qu'elle s'échappe de leurs mains !

Que mon coeur te proclameA l'immense peuple des saints !...

*DJll7n3- Quum wgrotarentipsi. X. P.—Cumipsiinfir-

marentur. Bossuct. —Et d'autres interprètes : m wgrotandoipsos.

Page 103: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 79 —

Oui, je te bénirai dans leur vaste assemblée !

Ma paix par les médians ne sera plus troublée ;Je ne subirai plus leurs insultans dédains.

Us ont calomnié les âmes pacifiques ;

Et, dans un coupable transport,Leurs paroles iniques

Ont murmuré des cris de mort.

« Marchons, s'écrioient-ils, marchons ! voici sa trace ! »

Tu les vois, ô mon Dieu ! Lève-toi ! viens, de grâce,Et qu'ils ne disent plus que Jéhovah s'endort.

Viens donc et juge-moi, Seigneur, dans ta justice ;

Démasque mes persécuteurs,Renverse leur malice,

Étouffe leurs cris destructeurs ;

Qu'ils soient couverts d'opprobre ! et que le choeur des justes

Consacre, avec les miens, ses cantiques augustesAu Dieu qui fait la paix de ses adorateurs.

Page 104: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXV.

LE PÉCHEURENDURCI,ET LA BONTEDE DIEU.

Le péché dit à l'impie,*Dans le secret de son coeur :

« Sans crainte poursuis ta vie.,» Il n'est pas de Dieu vengeur ! »

Ainsi, sous sa main flatteuse

Cachant sa forme hideuse,

Le crime endort le pécheur.

Et le coupable se couche

Sur un lit d'iniquité,Et la fraude dans sa bouche

S'unit à l'impiété ;

Jamais il ne veut entendre,

Jamais il ne veut comprendreLa voix de la vérité.

O Jéhovah ! ta clémence

Est répandue en tous lieux,Et ta justice, astre immense,

S'élève au-dessus des Cieux.

De l'insecte qui bourdonne

Jusqu'à l'ame qui raisonne,

Tout est conduit par tes yeux.

* Oraculum impielatis improbo est in corde suo. Rosen-niiiller.

Page 105: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 81 —

Miséricorde éternelle,

Inépuisable trésor,

Que l'homme est bien sous ton aile !

C'est là qu'il se plonge encor

Dans un torrent de délices,Et l'éclat de tes justices ,

Seigneur, guide son essor.

Que ta lumière et ta grâce

Descendent dans les coeurs vrais ;

Que l'orgueil qui nous menace

N'achève pas ses forfaits ;

Que les artisans du crime

Retombent tous dans l'abîme

Et qu'ils n'en sortent jamais !

Page 106: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXVI.

LE JUSTEET L IMPIE.

Garde-toi de porter envie

Au triomphe du mal, au bonheur des médians !

Bientôt leur vie

Sera moissonnée et flétrie

Comme l'herbe des champs.

Aime Dieu, si tu veux la terre,La terre des vivans ! et fais toujours le bien :

Son coeur de pèreAux voeux d'un fils qui le révère.

Ne refusera rien.

Il fera briller ta justiceEt tous tes jugemens, comme l'astre du jour...

Qu'il te bénisse !

Attends-le dans un sacrifice

De silence et d'amour.

Ne bouleverse pas ton ame

Quand tu vois prospérer, dans un chemin de fleurs,Le vice infâme ;

Mais crains la colère : sa flamme

Allume les douleurs.

Page 107: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 83 —

Peu de temps, peu de temps encore,Et tandis que la vie inonde les élus,

Le feu dévore

L'impie et le dieu qu'il adore...

Cherchez : ils ne sont plus!...

Le coeur humble obtient en partageEt la paix sur la terre, et la paix dans les Cieux.

Contre le sage

Us ont grincé les dents de rage,

Les pécheurs envieux !

Dieu, voyant leur temps qui s'achève,

Se rit de leur démence... en vain sur l'affligé

Leur fer se lève ;

Dans leur gorge leur propre glaive

Est tout à coup plongé.

Le juste pauvre a la main pleine

Plus que le riche impie entouré de trésors...

L'ame hautaine

Se brise, et Jéhovah l'enchaîne

Dans l'abîme des morts.

Mais l'ame qu'il a bien connue,

Et dont la vie entière a passé sous son oeil,

Elle est élue,

Elle ne sera point confondue

Après les jours de deuil.

Page 108: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 84 -

Du bonheur des Cieux affamée,

Elle y monte ! celui des ennemis de Dieu

N'est que fumée,

Et leur puissance est consumée

Comme la paille au feu.

Us empruntaient pour ne pas rendre,

Les pécheurs ! ils s'en vont ! mais le juste jamais

Ne fait attendre

Les dons que sa main veut répandre :

C'est un flot de bienfaits.

Dieu bénit ceux qui le bénissent ;

Il réserve la mort aux prévaricateurs

Qui le maudissent,

Et la vie aux coeurs qui s'unissent

A ses adorateurs.

Tendre gardien de l'ame pure,

Au milieu des périls il lui trace un chemin

Dans la droiture :

Quand elle glisse, il la rassure

En lui donnant la main.

Déjà bien loin de ma jeunesse,

Je n'ai pas vu le juste en proie à l'abandon

Dans la vieillesse,Ni ses fils d'un pain de détresse

Solliciter le don.

Page 109: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 85 —

Il fut compatissant ; sa race

Est bénie... Ah! fuyez les jours d'iniquité.Suivez sa trace,

Faites le bien, et votre placeEst dans l'éternité.

Le Dieu qui chérit l'innocence

Ne voudra point chasser les coeurs humbles ot doux

De sa présence ;Mais l'impie, au jour de vengeance,

Tombera sous ses coups.

Les héritiers de la promesse,Les justes sur la terre avec lui goûteront

La sainte ivresse ;Us méditeront la sagesse ;

Leurs voix la chanteront.

Sur la loi leur ame affermie

Aux célestes clartés réglera tous ses pas..L'oeil de l'impie

En vain pour la tuer l'épie ,Dieu ne le permet pas !

Coeur fidèle au souverain Juge,Il t'a promis le Ciel, il l'ouvrira pour toi

Comme un refuge ;

Mais il punira le transfugeDe sa divine loi.

Page 110: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 86 —

J'ai vu l'impie et son audace :

Altier rival du cèdre, il planoit au-dessus ;

Soudain il passe,*

Et soudain j'ai cherché sa trace :

Il n'était déjà plus !

Marchez donc dans la droite voie :

Elle conduit au sein de la félicité

Et de la joie,

Tandis que le pécheur se noie

Dans son iniquité.

Jamais Jéhovah n'abandonne

Un coeur qui, dans le deuil, invoque son appui ;

Il lui pardonne,Il le délivre, il le couronne,

Il l'emporte avec lui.

*13JJ*1- Et d a passé. Transivit, et non pas iransivi.

Page 111: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXVII.

LA SOUFFRANCECOURAGEUSE.

Ah ! ne viens pas m'interroger ;

Mon Dieu, ne viens pas me juger

Dans ta colère !

Par tes flèches je suis atteint ;

Ton doigt redoutable est empreintSur ma misère.

Mes douleurs n'ont plus de reposNi dans ma chair, ni dans mes os,

En ta présence.Mes crimes devant moi rangés,

Montent sur ma tête, chargésDe ta vengeance.

Dans le trouble de ma raison,

Le péché répand son poison

Sur mes blessures ;

Vers la terre il courbe mes reins ;

Ma chair et mon sang ne sont pleins

Que de souillures.

Brisé, mais toujours palpitant,Mon coeur pousse un cri rugissant,

Cri de prière!

Page 112: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 88 —

Ses pleurs ne te sont point cachés,

Et tu vois mes yeux desséchés

Et sans lumière.

Mes proches s'éloignent de moi,

Et mes amis, amis sans foi,Comme eux s'enfuient;

Les méchans me croyant perduDans le piège qu'ils m'ont tendu,

Me calomnient.

Et je reste muet et sourd,Carie poids du silence est lourd

Quand il accuse.

Mon espoir est en toi, Seigneur!

Toi mon Dieu, toi mon seul vengeur,Contre leur ruse.

Tandis qu'un triomphe orgueilleux

Promet de réjouir leurs yeuxPar mon supplice,

Moi, dans un aveu solennel,

Je me dénonce criminel

A ta justice.

Les voilà donc fortifiés !

Leurs forfaits sont multipliésSur leurs victimes ;

Us rendent le mal pour le bien :

Mais de leurs coups je ne crains rien ,Ni de leurs crimes.

Page 113: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 89 —

Seigneur, ne m'abandonne pas,Car si j'ai l'appui de ton bras,

J'ai la victoire :

Viens, Jéhovah ! par ton secours

Sauve le reste de mes jours,Dieu de ma gloire!

Page 114: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXVIII.

LE NEANTDE L HOMME.

J'ai dit : « Je veux, dans l'innocence,» A ma bouche imposant un frein,» La garder intacte d'offense. »

Je crains l'impie : en sa présenceMon deuil se condamne au silence,

Et toute ma douleur s'enferme dans mon sein.

Et mon coeur s'enflamme et s'épureDans le bien qu'il a médité...

Jéhovah ! dis-moi la mesure

Des jours que ta bonté m'assure?...

Hélas ! devant toi rien ne dure :

L'homme n'est que néant, et tout est vanité.

En vain donc le mortel qui passe

De mille rêves s'est bercé ;

Soudain, sur les biens qu'il amasse

Un inconnu prendra sa place.

Moi, mon Dieu, j'implore ta grâce,

Dérobe ma foiblesse aux yeux de l'insensé !

Ma bouche ne peut plus rien dire

Devant tes oeuvres, Dieu puissant !

D'un ver qui sous tes pieds expire,

Page 115: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 91 —

Ah ! que ton fléau se retire !

Le péché que tu viens maudire,Je le confesse aussi.... l'homme n'est que néant.

O Jéhovah ! que ma prière,

Que mes cris montent jusqu'à toi !

Des fils d'Adam la race entière

Ne fait que passer sur la terre...

Prends donc pitié de ma misère,

Et, partant pour le Ciel, je ne serai plus moi. *

*>33>N1mot à mot, et non moi. Ce qui veut dire : Je ne

serai plus homme pécheur, mais homme sanctifié pour l'éternité;ou, comme dit Bellarmin : Amplius non ero, advena videlicetet peregrinus, sed civis sanctorum et domesticus Dei.

Page 116: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XXXIX.

LA REVELATION.

J'attendois l'Eternel dans une vive attente,

Et de son coeur mon cri fut entendu ,

Et jusqu'à moi son bras est descendu ;

Et j'ai franchi, porté sur son aile puissante,La citerne retentissante

Et le gouffre où j'étais perdu.

Il établit mon pied sur la solide pierre ;

Puis il me dicte un cantique pieux,

Nouveau cantique au nom du Roi des Cieux.

Beaucoup verront, beaucoup béniront la lumière..

Heureux ceux dont la vie entière

N'emprunte rien des orgueilleux !

Le nombre est infini, grand Dieu ! de tes merveilles,

Et cependant tu n'y fais rien pour toi ;

Tout est pour nous ! * Ah ! je les dirai, moi !

13'7K envers nous. Ces mots ne se retrouvent ni dans la

version grecque ni dans la version latine.

Page 117: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

—• 93 —

Pour me les enseigner tu creuses mes oreilles :

A peine mes jours et mes veilles

Suffiraient aux chants de la foi.

Ta justice auxpécheurs, pour les temps qui vont suivre,

N'impose plus, holocaustes anciens,Les dons sanglans : alors, j'ai dit : « Je viens, »

Moi dont il est écrit, à la tête du livre ,

Qu'à tes volontés je me livre

Et que tes désirs sont les miens.

Jusqu'au fond de mon coeur ta loi s'est révélée,

Et je l'annonce au sein des nations,Et tu reçois leurs bénédictions !

.l'ai porté ta lumière à leur foule assemblée,

Je ne l'ai pas dissimulée,Et leurs yeux ont vu ses rayons.

Et ta mansuétude aussi, je la publie,Et ton salut, ma bouche l'a chanté ;

Que mon repos soit dans ta vérité !

Que ta miséricorde environne ma vie !

Ma vie ! elle est comme envahie

Par un torrent d'iniquité.

Plus nombreux mille fois que mes cheveux, mes crimes

Viennent troubler ma vue et m'assaillir ;

Et, sous leur poids, je me sens défaillir...

Elance à mon secours tes colères sublimes ;

Et, dans la peur, près des abîmes,

Mes ennemis vont tressaillir.

Page 118: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 94 —

Que la confusion soit leur juste salaire !

Opprobre à ceux qui m'ont crié : « Malheur ! »

Mais tes amis diront : « Gloire au Seigneur ! »

Us goûteront la joie ; et moi, pauvre, j'espère !

Tu visiteras ma misère :

Ne tarde pas, ô Dieu sauveur !

Page 119: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XL.

LA CHARITÉTUAIIIE PAR L'iNGRATITUDE.

Heureux l'homme qui sait consoler la souffrance !

Il sera préservé du deuil des jours mauvais :

Que Jéhovah le garde au sein de l'abondance,

Et de la vie, et de la paix.

Qu'il ne le livre pas au souffle des impies ;

Qu'il lui serve d'appui sur le lit de douleur...

Oui! tu l'as retournée, avec tes mains amies,

Sa couche, toi-même, Seigneur !

Moi, j'ai dit à mon Dieu : « Prends pitié de mon ame ;» Guéris-la, j'ai péché... » Mes ennemis d'accord

S'écrioient : « De ses jours coupez, coupez la trame ;» Que son nom tombe dans la mort! »

Et l'un d'eux vient à moi, le coeur plein de parjureEt plein de fraude ; il sort, il médite avec eux,

Et ma perte est jurée. Un sinistre murmure

A déjà proclamé leurs voeux.

Page 120: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 96 —

Et leur iniquité disoit : * « Il est coupable,» Qu'il meure ! De la tombe il ne peut revenir. » **

L'ami que j'ai nourri de mon pain, à ma table ,

Lui-même aussi vient me trahir.

Mais toi, dans ta bonté, ressuscite ma gloire,

Et je serai vengé, grand Dieu ! tu l'as promis ;

Us n'insulteront pas plus long-temps ma mémoire,

Ces implacables ennemis.

Ton bras m'a soutenu dans le sein de ta grâce,Et pour l'éternité me voici dans ta main...

Dieu d'Israël, sois donc béni de race en race,De siècles en siècles ! AMEN.

*13 plï' SvS3 "131- La parole de Bélial est répandue

en lui. Xanctès-Pagnin traduit : res impietatis adhoeret ei.

**Dlp7 Î|»DV N7 3310 1VH- Celui qui dort ( qui est

couché) ne pourra pas se relever. Le sens indique le sommeil de

la mort, et le texte ne présente pas ici la forme interrogativcdes Septante et de la Vulgatc.

Page 121: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLI.

LES SOUPIRSDE LA FOI.

Comme un cerf altéré soupire après l'eau vive,

Ainsi, mon Dieu, vers toi de mon ame plaintiveJ'élance les ardeurs : oui j'ai soif de te voir,

Dieu vivant, quand irai-je à la céleste rive

Assouvir mon espoir ?

Je me nourris de pleurs au bruit de leur blasphème...« Où donc est, disent-ils, le Dieu que ton coeur aime ? »

Et mon ame s'enferme et se replie en soi,

Sûre d'atteindre un jour la demeure suprêmeDe son Dieu, de son Roi.

Au milieu des transports et des chants d'allégresse,

Avec le peuple élu j'irai, dans mon ivresse,

Habiter d'Élohim les tabernacles saints !

Pourquoi donc, ô mon ame ! es-tu dans la tristesse ?

Tu souffres ! tu te plains !

Sache espérer ton Dieu !.. Moi, dans mes chants sublimes,Jéhovah ! je parcours les monts à doubles cimes;

Je raconte ta gloire au Jourdain, à l'Hermon ;

Les abîmes tremblans appellent les abîmes

^=—--Ejnnurmurant ton nom.

Page 122: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 98 -

Les flots de ta colère ont passé sur ma tête ;

Mais ta miséricorde, au jour marqué, s'apprête ;Et la nuit même aussi tu veux des chants joyeux.

Comment, Dieu de ma vie, es-tu dans la tempêteResté silencieux ?

Jusqu'au fond de mes os quand l'ennemi me presse,« Où donc est, me dit-il, le Dieu qui te délaisse? »

Je le chante toujours ! il est mon seul appui...O mon ame ! pourquoi gardes-tu ta tristesse ?

Espère, espère en lui !

Page 123: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLII.

I. ENTREEDU TEMPLE.

Sois mon juge et mon défenseur,Contre la nation qui ne fut jamais sainte :

Prends en main ma cause, Seigneur !

Et de l'homme de fraude épargne-moi l'atteinte.

O Dieu de ma force ! pourquoiM'as-tu donc délaissé?... Pourquoi, Dieu redoutable,

Me repousses-tu loin de toi

Quand mon persécuteur me saisit et m'accable?

- >Montre à mes yeux ta vérité,Elohim ! montre-moi l'éclat de ta lumière :

Par elles je serai porté

Jusque sur ta montagne et dans ton sanctuaire.

Oui! je vais monter aux autels

Du Dieu de mon bonheur et du Dieu de ma vie,

Et, dans mes hymmes immortels,Je chanterai son nom sur ma harpe ravie.

O mon ame! que trembles-tu?

Espère en Elohim ! Je veux chanter encore

L'immensité de sa vertu ;Car il est tout puissant le Maître que j'adore.

Page 124: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLIII.

LE PEUPLE DE DIEU.

Nos pères, Elohim, témoins de tes merveilles,

En ont fait retentir l'éclat à nos oreilles;

Elles ont étonné leurs yeux aux anciens jours...Ton bras, en dispersant les peuples delà terre,

Les a semés partout, au gré de ta colère,

Et leurs armes pour eux n'étaient d'aucun secours ;

Mais ils ont vu ta droite, ils ont vu ta lumière ;Tu les aimois toujours !

Elohim, ô mon Roi ! viens ordonner toi-même

Les gloires de Jacob !... C'est par ton nom suprême

Que bientôt l'ennemi tombera sous nos coups ;

C'est par toi que nos pieds fouleront les rebelles...

Les flèches de mon arc sont vaines, et sur elles

Je n'établirai pointmon espoir : Dieu jaloux,

A ton nom, à toi seul, louanges éternelles !

Tu veux nous sauver tous !...

Mais tu nourris de pleurs nos âmes alarmées ;Tu cesses de paroître au sein de nos armées ,Et tu nous laisses fuir devant nos ennemis ;

Et de notre dépouille ils engraissent leurs crimes ;

Page 125: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— •101 —

lit ton peuple, à l'instar d'un troupeau de victimes,Est livré ! tu le vends, tu le vends à vil prix !

Ses coupables voisins, par des cris unanimes,

Le couvrent de mépris.

Les nations sur nous jetant leur oeil superbe,Ont fait de notre honte un insultant proverbe...La rougeur, tout le jour, humilioit mon front;

Et des diffamateurs la moqueuse vengeance,En secouant la tête , outrageoit ta puissance !

Oui, tout cela s'est fait !.. mais, plus forts que l'affront,

Nos coeurs en embrassant, grand Dieu, ton alliance,

Jamais ne l'oublîront.

Sans aller en arrière attendre d'autres joies,Nos pieds sont demeurés fidèles dans tes voies :

Pourtant tu les heurtais sur le lieu du danger,Sur le lieu du dragon, dans les nuits ténébreuses !...

Si de torç nom sacré nos âmes oublieuses

Eussent osé servir le Dieu de l'étranger,N'aurois-tu pas connu leurs voix mystérieuses

Sans les interroger ?

Nous sommes devant toi supportant nos supplices,Comme un troupeau conduit à tous les sacrifices.

Tu dors, Adonaï ! Réveille-toi ! Tu dors !

Ah ! ne t'éloigne plus ! ne cache plus ta face

A ce peuple affligé dont la plainte sciasse!...

Dans la poussière aussi notre ame avec nos corps

^Efiypmbée ! elle pleure ! ouvre-lui de la grâce

&QÏ -•'/L'ESs immenses trésors !

Page 126: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XL1V.

I. EPOUXDIVIN.

Ma voix s'allume !

Mon coeur chante son hymne au Roi mon souverain

Ma langue m'obéit, comme obéit la plume

Aux doigts d'un rapide écrivain.

Des fils des hommes

O le plus beau ! ta bouche a distillé le miel,

Et l'éclat de ta gloire, avant que tu te nommes,

Annonce l'envoyé du Ciel.

Saisis ton glaive !

Marche comme un géant dans ta prospérité :

Assis sur la justice et sur la paix , élève

Le flambeau de ta vérité.

Par sa puissance,Ta droite a fait courber les peuples devant toi ;

Terrible, elle a percé du fer de la vengeance

Le front des ennemis du Roi.

Oh ! qu'elle est belle

Ta couronne! ton sceptre est le sceptre des coeurs;Tu chéris l'innocence et tu combats pour elle

Contre ses lâches oppresseurs.

Page 127: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 103 —

Ton Dieu lui-même

De l'huile de sa joie a versé l'onctiou

Sur ton front glorieux et sur ton diadème,

Pour marquer ton élection.

Des mains royales

De myrrhe et d'aloës ont parfumé ton sein ;

lit la Reine, au milieu des pompes virginales.

A son trône à côté du tien.

Auguste fille,

licoutez et voyez!... aux marches de l'autel

Inclinez-vous !... quittez peuple, père, famille:

Voici votre époux immortel !

Ses yeux pudiquesVous ont choisie : Il est votre Roi, votre Dieu...

La jeunesse de Tyr, par des dons magnifiques,

Déjà lui vient offrir son voeu.

Comme la flamme,

L'or brille aux vêtemens de la fille des Rois...

Mais sa plus belle gloire habite dans son ame :

Des Cieux elle a fixé le choix.

A son exemple,

Les vierges vers le trône approchent tour à tour.

Et leurs joyeux transports font retentir le teùiplcDes hymnes sacrés de l'amour.

Page 128: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 104 —

De tes ancêtres,Chaste époux ! à tes fils les sceptres sont donnés

La terre avec bonheur les recevra pour maîtres,

Quand tu les auras couronnés.

Avec ta gloireJe transmettrai ton nom à leur postérité,Et les peuples élus béniront ta mémoire

Pendant toute l'éternité.

Page 129: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLV.

LA CITE DE DIEU.

Elohim est un Dieu de force et d'espérance,Il ouvre sur notre souffrance

La source des divins secours :

Aussi, quand la terre éperdueAu fond des mers est descendue,A la crainte nous restons sourds...

Les ondes se troublant font retentir l'abîme,Les montagnes en pleurs poussent leur cri sublime,Leurs flancs sont déchirés, je vois tremblerleur cime ;

Mais dans nos coeurs la paix règne toujours.

Dans la cité de Dieu le fleuve épand sa joie ;

Au-dessus d'elle se déploieLe tabernacle du saint lieu ;

Rien ne la trouble... un oeil fidèle

Dès le matin veille sur elle :

Elohim réside au milieu...

Il tonne ! et l'univers pleure ses funérailles ;Et la terre se fond jusques dans ses entrailles...

Il est donc avec nous, le grand Dieu des batailles,

Et d'Israël il est toujours le Dieu.

Venez , voyez son oeuvre, et sa grandeur féconde,

Même dans les déserts du monde...

Page 130: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 106 —

Attendez : il étend son bras

Aux extrémités de la terre ;

Et, pour exterminer la guerre,

Il brise l'arme des combats...

« Moi, je suis votre Dieu, nations abîmées,

» Exaltez ma puissance et soyez ranimées ! »

Il est donc avec nous, le grand Dieu des armées,

Et de Jacob il dirige les pas.

Page 131: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLVI.

LE CONCERTDES PEUPLES.

Peuples, battez des mains! que l'allégresse abonde !

Entourez Elohim par des chants de bonheur...

11 est le Dieu terrible, et, seul sur tout le monde,Il règne, le Très-Haut, il règne, le Seigneur !

Il mettra sous nos pieds les nations meurtries...

Il a choisi pour nous nos célestes patries,Pour nous, fils d'Abraham, qu'il nourrit dans son coeur.

Elohim est porté par les cris de victoire...

Qu'il soit intelligent,* ce concert solennel !

Sonnez pour Elohim la trompette de gloire !

Chantez le Roi des Rois ! célébrez l'Eternel !

Chantez ! il a son trône au fond du sanctuaire ;Il est le bouclier des princes de la terre ;Sa grandeur les unit aux peuples d'Israël.

*T31WD- Un cantique (un psaume) intelligent.

Page 132: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLV11.

LA MONTAGNESAINTE.

11 est grand, Jehovah ! la louange infinie

Appartient à sa majesté,Au sein de la cité bénie,Sur le mont de sa sainteté :

Montagne de Sion, suave par son site,

Consacrée à jamais par le Dieu qui l'habite ;

Elle s'étend vers l'aquilonEt soutient du grand Roi l'auguste pavillon.

Elohim est connu dans ce palais sublime...

A sa vue, ils se sont troublés,

Dans une épouvante unanime,

Les rois contre lui rassemblés !

En fuyant ils disoient leur douleur déchirante :

Tels les cris entendus quand une mère enfante

Tels des navires de Tharsis

Les vents de la tempête arrachent les débris.

domine l'avoient ouï nos oreilles charmées,

Nos regards ont vu l'Eternel ;

Ils ont vu le Dieu des armées,

Ils ont vu le Dieu d'Israël !...

Page 133: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 109 —

De la cité sacrée il affermit la base...

Elohim ! tes enfans contemploient dans l'extase

Ton bras miséricordieux ;Du temple de la terre il nous élève aux Cieux !

La gloire suit ton nom du couchant à l'aurore ;

Ta droite est pleine d'équité ;

La fille de Juda t'adore

Dans Sion... heureuse cité !

Fortifiez encor ses tours et son enceinte ;

Placez-y votre coeur ! Puis, à la race sainte

Proclamez ce grand souvenir :

Dieu nous fait sur la mort un immense avenir ! *

*m0~7j? IJJÎI^ Nlit- Lui-même il nous conduira au-

dessus de la mort (ou sur la mort). —Ainsi, après avoir dit,comme l'ont traduit les Septante, que le Seigneur est notre Dieu

pour l'éternité, le psalmiste ajoute qu'il nous Tait franchir la

mort, ou passer victorieux par le tombeau.

Page 134: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLVIII.

LATOMBEDES VANITES.

Ecoutez tous, Peuples de l'univers,

Entendez-moi tous, habitans du globe !

Parmi vous, fils d'Adam, que nul ne se dérobe,

Le riche, ni le pauvre, au bruit de mes concerts.

Ma bouche dira les sagesses,Et mon coeur, les saintes ivresses ;

J'aurai l'oeil et l'oreille aussi toujours ouverts

Aux mystérieuses paroles,Et ma harpe rendra le sens des paraboles.

*

Que dois-je craindre aux jours d'iniquité ?

Le péché seul peut me tendre ses pièges...**

Mais je sais le néant des gloires sacrilèges,Et de leur opulence et de leur vanité.

Si l'homme est impuissant lui-même

Pour sauver un frère qu'il aime,

Qui le pourra?.... pourtant, ivre d'éternité,

JTVn TUD3 finSK- J'ouvrirai sur le kinnor monénigme.

*>33D' Opy pj?- L'iniquité de ma voie (mot à mot de

mes talons ) m'environnera.— Iniquitas perseverans usque adextremum vitoe, dit Bcllarmin.

Page 135: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 111 —

Le pécheur ici-bas sommeille !

Il ne voit pas la fosse où l'ame se réveille ! *

Ils périront les sages et, comme eux,Les insensés ! puis, leurs richesses vaines

Bientôt des étrangers grossiront les domaines...

Du fond de leur pensée et de leurs derniers voeux,

Ils comptoient fixer à leur placeLeurs successeurs de race en' race :

Leurs terres, leurs palais, de leurs noms fastueux

Dévoient rappeler la mémoire :

Mais, hélas ! nul mortel ne reste dans sa gloire.

Comme un troupeau destiné pour la mort,

Ils sortiront de leur coupable vie ;

La même route encore après eux est suivie

Par tous les héritiers de leur funeste sort :

Oui, comme un troupeau de victimes,

* Ce verset est suceptible de diverses interprétations ; les

plus habiles hébraïsans ne sont pas d'accord ; mais on peut tirerde l'ensemble des expressions, ce sens d'une grande vérité :l'homme oublie la mort, même sur le bord de la tombe , parceque le sentiment intime de l'immortalité de son ame, le dis-trait presque incessamment du regret de la destruction de son

corps. Admirable providence ! qui laisse au libre arbitre touteson énergie , à la vertu tous ses mérites , à la méditation des vé-rités saintes toute sa franchise, et au commerce de la vie mor-telle tout le charme de l'espérance ; mais ce bienfait de Dieuretombe comme un châtiment sur les insensés qui en abusent,et qui oublient le Ciel pour ne penser qu'à la terre. Ainsisejustifie trop bien celte expression : ivre d'éternité.

Page 136: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 112 —

La mort, seul pasteur des abîmes,Las conduit ! mais le juste est entré dans le port !

Leur ame a vécu pour la terre ;La mienne pour le Ciel, pour le Dieu qu'elle espère.

Que votre coeur ne tremble point d'effroi,En voyant l'homme enrichir sa demeure :

Il ne lui reste rien ; rien à sa dernière heure,Et nul n'emportera sa richesse avec soi...

Tu t'applaudis dans ta carrière,De ses flatteurs ta vie est fière,

*

Insensé ! tes aïeux ont vieilli plus que toi...

Loin de la lumière éternelle,Il vit comme la brute, et meurt aussi comme elle !

* L'hébreu porte : Us le loueront lorsque tu savoureras lesbiens.—Puis, après cette apostrophe directe au riche impie , leprophète reprend sa méditation.

Page 137: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XLIX.

L'ORACLEDE DIEU.

Le Dieu des Dieux s'annonce, il appelle la terre...

De l'aurore au couchant sa voix a retenti,

Et de Sion il est sorti

Dans l'éclat du tonnerre :

Le voici, notre Dieu, qui ne peut plus se taire,

Sa gloire ne le permet pas !

Le feu dévorant suit ses pas,Et la tempête gronde...

Il appelle les deux, et, sous les cieux, le monde :

Il va juger son peuple et les peuples ingrats.

Rassemblez-moi* d'abord mes Saints! que j'accomplisseMon pacte : ils l'ont suivi constamment devant moi ;

Leur esprit embrassoit la foi,Leur coeur le sacrifice...

Aux Cieux il appartient d'annoncer ma justice :

Seul je suis le Juge éternel...

Écoute, peuple d'Israël,Ce que je vais te dire :

0 mon peuple ! à ma voix reconnois mon empire,Reconnois Elohim, ton Dieu, le Dieu du Ciel.

>7. A moi.

8

Page 138: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 114 —

Je ne réclame point de votre obéissance

Des holocaustes vains de boucs et de taureaux ;

Gardez le sang de vos troupeaux :

Je liens sous ma puissance,

Et dans les champs del'air, et dans le globe immense,

Tous les animaux des guérets,

Des montagnes et des forêts.

Si j'en ai quelque envie,

Faut-il pour en user qu'un mortel m'y convie ?

Partout, à m'obéir, tous, ils sont toujours prêts.

A moi seul l'univers, sa richesse et sa gloire !...

Des boucs et des taureaux immolés par le fer

Veux-je donc, moi, manger la chair?

Leur sang, veux-je le boire ?...

Adorez Elohim, célébrez sa mémoire,

Et, du sein des jours malheureux,

Vers son trône portez vos voeux,

Et je serai moi-même

Ton salut, ômonpeuple!... A mon pouvoir suprêmeRends hommage!... Pécheurs, écoutez mes adieux :

Eh quoi ! tu te permets de dire mes paroles,

Toi, déserteur ! ta bouche ose chanter mes lois !

Toi que j'ai vu, toi que je vois

Du voleur que tu voles

Et de l'homme adultère encenser les idoles !

Toi, dont le langage infernal

N'a jamais parlé que le mal !

Ennemi de ton frère,

Oui de ton propre sang, oui du fils de ta mère,

Tu répandois sur lui le fiel de Reliai !

Page 139: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 115 —

Voilà ton oeuvre ! et moi, je gardois le silence !

Tu me croyois alors complice de ton coeur :

Reçois la leçon du malheur !

Et qu'enfin ma vengeance.Aux mortels égarés rende l'intelligence...

Si je veux les faire périr,Nul ne pourra les secourir ;

Mais, celui qui m'adore,Dans ses heureux sentiers je l'affermis encore,Et comme un Dieu sauveur à lui je viens m'offrir.

Page 140: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME L.

LA GLOIRE DU REPENTIR.

Prends pitié de mes maux, grand Dieu, dans ta clémence !

Le péché les a faits ;

Mais ta miséricorde aussi doit être immense

Pour d'immenses forfaits.

Daigne laver ma plaie ! elle a creusé l'abîme

Dont mes yeux pleins d'effroi

Sondent les profondeurs, et sans cesse mon crime

Est présent devant moi.

Toi seul, toi seul,* mon Dieu, tu sais de mes offenses

Toute l'énormité,

Et tu triompheras dans les justes vengeances

De ta sainte équité.

Engendré dans le mal qui dévore la terre,

Je l'ai sucé d'abord,

Eft-ptri«mt-àJa-feJsalans le sein de ma mère

Et la vie et la mort.

''ilNDfl "pn 1?"|V Vers toi, vers toi seul j'ai péehé.

Page 141: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 117 —

Mais, jusque dans mes reins, ta vérité révèle

Le fond de tes décrets ;Ta sagesse ine parle et m'apporte avec elle

De sublimes secrets.

Bénis-moi par l'hysope, et mon ame arrosée

Redeviendra soudain

Plus blanche que la neige, en prenant ta rosée

Comme un céleste bain.

Ta voix réjouira mon oreille ravie !

Et le Dieu des vertus

Viendra ressusciter une seconde vie

Dans mes os abattus.

Détourne tes regards de mes tristes blessures ;De ton sein paternel

Un souffle suffira pour ôter les souillures

De mon coeur criminel.

Rends-lui d'un coeur nouveau qui pour toi veut renaître,Toute la pureté,

Et renouvelle aussi dans le fond de mon être

L'esprit d'intégrité.

Ah ! ne me bannis pas loin de ta providence

Qui veille sur mes jours,fit ne me reprends pas la pieuse abondance

De tes divins secours !

Page 142: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 118 —

Que vers toi du salut la féconde allégresse

Dirige mes élans ;

Donne, donne, mon Dieu, ta force à la foiblesse

De mes pas chancelans !

De tes préceptes saints, sous les yeux de l'impie,

J'ouvrirai les trésors,

Et je réveillerai dans son ame assoupie

De consolans remords.

Viens donc me délivrer des oeuvres ténébreuses

Et des oeuvres de sang !

Puis je célébrerai, par des larmes heureuses,

Le nom du Tout-Puissant.

Tu mettras dans ma bouche une voix inspirée ;

Et toute son ardeur

Par des chants immortels restera consacrée

A bénir ta grandeur.

Si l'antique tribut des victimes sanglantesT'eût semblé précieux,

Je te l'aurois offert, mais des chairs palpitantesNe charment point tes yeux.

Le sacrifice pur qui jusqu'à toi s'élève,

Celui d'un coeur brisé,

Celui qui n'a besoin ni de sang, ni de glaive,

N'est jamais refusé.

Page 143: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 119 —

Montre à Jérusalem,* sur ta montagne sainte,

De propices regards;

Et la Sion nouvelle agrandira l'enceinte.

De ses sacrés remparts.

Alors tu recevras des dons de la justiceL'holocauste immortel,

Et les jeunes taureaux offerts en sacrifice

Chargeront ton autel.

*oVttMT main itMn- Vous bâtirez les murs de Jéru-

salem. — Il s'agit donc de la Jérusalem nouvelle.

Page 144: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LI.

LA PUISSANCECOUPABLE.

Pourquoi t'enorgueillir dans ton iniquité,Homme puissant?... le Dieu suprême

Te montre chaque jour sa longanimité ;Ta langue s'exerce au blasphème ;

C'est l'acier du rasoir vivement irrité :

Oui, plus que la vertu ton coeur aime le vice,Et le mensonge aussi plus que la vérité,

Et le dol plus que la justice.

Dans la perdition tu fixes ton amour,Et tu te complais à maudire :

Aussi, dans sa fureur, brisant ton dernier jour,La main de Dieu va te détruire !

Du fond de ce palais choisi pour ton séjour,Elle arrache ta vie, elle te déracine...

Les justes qui trembloient sont joyeux à leur tour ;Ils vont contempler ta ruine.

« Le voilà, diront-ils, cet ennemi des Cieux !

» Il en dédaignoit l'espérance :

» L'or,l'argent et le crime ontseuls été ses dieux... »

Pour moi, nourri dès mon enfance,

Page 145: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 121 —

Comme un plant d'olivier, Elohim, sous tes yeux.

J'invoque avec ton nom ta bonté paternelle :

Tu l'as promise aux coeurs miséricordieux...

Gloire au Seigneur ! Gloire éternelle !

Page 146: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LU.

I. IMPIETEET SESFRAYEURS.

« Non, Dieu n'existe pas !» dit dans son coeur l'impie ;Et tous ils se sont corrompus ;

Leur ame est dans la fange, elle y reste accroupie ;

Elle y reste, elle ne vit plus.

Et nul ne fait le bien... Dieu, du haut de sa gloire,

Sur la terre a jeté les yeux,Pour voir s'il en est un, un seul qui sache croire,

Et qui soit occupé des Cieux...

Tous ils sont pervertis et souillés par le crime,

Et pas un seul ne fait le bien ;

Et tous ils font le mal ! mon peuple est leur victime :

Ne comprendront-ils jamais rien ?

Ils l'accablent, mon peuple, et leurs dents le dévorent

Comme elles dévorent le pain :

Ennemis d'Elohim, jamais ils ne l'implorent...

Ils tremblent pourtant sous sa main.

Ils tremblent, mais leur crainte est sans intelligence;

Elohim, brisant leur vigueur,

Page 147: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 123 —

Fait monter sur leur front, au gré de sa vengeance,Une accusatrice rougeur.

*

Quand viendra de Slon le salut de la terre ?

Quand Dieu détachera nos fers...

Que Jacob se réveille et qu'Israël espère !

Ce jour luira sur l'univers.

" « En comparant ce psaume avec le psaume xm (dit la Bible» de Vence), il y a lieu de conjecturer qu'originairement on au-« îoit lu dans l'un et dans l'autre : car Dieu est au milieu des» justes. Dieu dissipera les forces de ceux qui vous assiègent. »

Page 148: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LUI.

L ASSISTANCEDIVINE.

Elohim, sauve-moi par ton nom glorieux !

Viens me juger dans ta puissance ;

Ecoute ma prière, entends, du haut des Cieux,

Les soupirs de mon espérance !

L'étranger contre moi s'est levé furieux;

Un essaim de bourreaux sur mon ame s'élance !

Jamais vers l'Eternel ils n'ont porté leurs yeux ;

Ils ont redouté sa présence.

Elohim me délivre : Adonaï vers moi

Etend sa droite protectrice ;

De mes persécuteurs, en l'honneur de sa loi,

Il déconcerte l'injustice.Grand Dieu, tranche leurs jours! Jéhovah, c'est à toi,

C'est à ton nom sacré que j'offre un sacrifice ;

Divin libérateur !.. au flambeau de la foi

Mon oeil a scruté leur malice.

Page 149: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LIV.

LA PLAINTEDU JUSTETRAni.

Ecoute, Elohim ! ma prière,Et ne me ferme pas ton sein consolateur ;

Epanche sur moi ta lumière :

Je médite, abîmé sous la main meurtrière

De l'impie et de l'imposteur.

Et mon coeur sous leurs coups succombe...

Les ombres de la mort épouvantent mes yeux.

J'ai dit sur le bord de la tombe :

Ah ! qui me donnera l'aile de la colombe,

Et je volerai vers les Cieux !

J'étendrai mes courses lointaines ;

J'habiterai, la nuit, de sublimes déserts :

Pour jamais, libre de mes chaînes,Je fuirai la tempête en traversant les plaines

Et les immensités des airs.

Confonds leur crime et leur langage,Adonaï !... Je vois dans l'affreuse cité

Et la rapine et le carnage ;Au dehors, jour et nuit ils promènent leur rage 5

Au dedans, leur iniquité.

Page 150: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 126 —

Jamais au fond de leur repaireLa fraude ni le dol * ne disent : « C'est assez... »

Attaqué par un adversaire,

J'aurois pu prévenir ou braver sa colère,En voyant mes jours menacés.

Mais toi, le confident intime,**

Le compagnon, le frère et l'ami de mon choix,

Toi, dont la pensée unanime

Avec moi de mon Dieu pressoit l'autel sublime !...

Est-ce un ennemi que je vois ?...

Que la race coupable meure !

Qu'ils descendent vivans jusqu'au fond du tombeau,

Que le mal ronge leur demeure !...

Moi, le matin, le soir, et vers la sixième heure,***

Je chante un cantique nouveau.

J'appelle Elohim, je l'implore,Et le Seigneur m'exauce ! Il nous rendra la paix...

Tout un peuple avec moi l'adore :

En les humiliant il les protège encore ;

Car l'Eternel règne à jamais.

*nOlûl "|n- Larraudeetlcdol.-LaVulgalcditrMS!<rc

**"I1D p'HDJ TIIT- Ensemble goûtions de doux se-

crcls.

***"1D2131J7- Le soir et le matin. Le jour des Hébreux

commençoit le soir.

Page 151: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 127 —

Malheur donc à l'homme frivole !

Malheur à l'ennemi des brebis d'Israël !

Le pacte saint, il le viole !...

Dans le miel et dans l'huile il trempe sa parole ,*Sa parole, glaive cruel !

Dans Jéhovah, comme à sa source,l'ose ta vie ; il est le protecteur des Saints.

Et toi, grand Dieu, perds sans ressource

L'impie ! il n'atteint pas la moitié de sa course...Vers mon Dieu je lève les mains !

*VJ3 nNnrtO IpSfl- Mot à mot : ils ont adouci leurs

bouchesplus que le beurre.

Page 152: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LV.

I.E DIEU CONSOLATEUR.

Prends pitié de moi, mon Dieu !

Car tout le jour il m'opprime,

Le bras de chair ! en tout lieu

Il me poursuit, il m'abîme.

Nombreux et forts, mes tyrans,

Tous déchaînés par l'envie

Et comme de noirs torrens

Se sont jetés sur ma vie.

DéUvré de ma terreur,

Dans tes bras je me console ;

Je retrouve le bonheur

Et je chante ta parole.

Dans ton sein, Dieu des vertus,

J'ai fondé mon espérance;

Désormais je ne crains plus

Les mortels ni leur puissance*

Mais je déplore toujours

Les voeux secrets de l'impie ;

La haine a maudit mes jours

Et la fraude les épie.

Page 153: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 129 —

Hâte-toi d'anéantir,

Elohim ! dans ta colère,

Les pécheurs sans repentir : *

Ils sont l'effroi de la terre !

Ta providence a compté

Mes angoisses, mes alarmes ;

Dans l'urne de ta bonté **

Daigne recueillir mes larmes !

Et ne m'as-tu pas promis

De les graver sur ton livre ?...

Ils fuiront, mes ennemis !

Que leur fuite me délivre.

Seigneur ! j'ai crié vers toi,

Et tout le jour je t'implore ;

Car je sais qu'il est à moi

Le Dieu que mon coeur adore.

* La traduction littérale de ces mots, 1D7 1373 pX-l7yseroit : Sur l'iniquité, évasion pour eux. S. Jérôme a dit:Nullus est salvus in eis ; et les Septante : Yickp TOÛpjSsvô?<7Ùtjc'.;«ùroùç : ou, comme la Vulgate a traduit : pro nihilosaivos faciès illos. Mais il semble que le mot-à-mot du texte,tel qu'il est donné d'après Xanctès-Pagnin et d'autres inter-prètes ( pK iniquitas et non pas nihilum ), admet ce sens : queles hommes iniques voudroient échapper par l'oubli à leursremords.

**tN33 >nym nO»©- Pose mes larmes dans ton

outre.

9

Page 154: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 130 —

J'embrasserai tes autels

Par les voeux d'un coeur sincère ;

Je ne crains rien des mortels,

Car c'est en toi que j'espère.

Grand Dieu ! tu bénis mon sort ;

Et moi, je chante ta gloire :

Tu m'as tiré de la mort,

J'exalterai ta mémoire !

Mes pas ne sont plus tremblans ;

Ils marchent dans la carrière

Où le soleil des vivans

A répandu sa lumière.

Page 155: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LVI.

L AMESAUVEE.

Prends pitié de mon ame, Elohim ! c'est sur toi

Que se fonde à jamais le repos de ma foi.

A l'ombre de ton nom, plein d'un espoir sublime

J'attends le dernier jour du crime.

Et j'invoque mon Dieu, mon tout puissant Sauveur,

Le Très-Haut, qui du Ciel m'enverra le bonheur...

Il me délivrera des contempteurs perfidesEt du glaive des homicides.

Elohim répandra la divine clarté

De sa miséricorde et de sa vérité...

Mais, comme des lions que la fureur enflamme,Les méchans assiègent mon ame.

Tous, à l'instar du glaive ils aiguisent leurs dents ;

Leur bouche, comme un arc, lance des traits ardents.

Sur la cime des Cieux, monte, Elohim ! éclaire,

Par ta gloire, toute la terre.

Ils avoient préparé leurs pièges sous mes pas ;Dans mon abattement je ne les voyois pas ;

Us creusoient une fosse à mon ame abîmée :

La fosse sur eux s'est fermée !

Page 156: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 132 —

Le voilà prêt, mon coeur, le voilà prêt, grand Dieu !

A la terre qui passe il a dit son adieu.

Ma gloire, lève-toi! ma lyre et ma cithare,

Chantons ! mon salut se déclare.

J'irai dès le matin célébrer Adona,

Et dire au monde entier tout ce qu'il lui donna,

Grâce, amour, vérité !... que ta splendeur inonde,

Elohim, les Cieux et le Monde !

Page 157: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LY1I.

LA MALICEDE L HOMME.

Parlez-vous dans la vérité,*

Peuples qui parlez de justice ?

Fils des hommes ! l'iniquitéN'a-t-elle pas en vous consommé sa malice?

La balance en vos mains n'est jamais sans caprice,Jamais non plus sans artifice.

Il sort d'un germe criminel,Il s'égare le peuple impie,Menteur dès le sein maternel!...

Du venin des serpens ils ont l'ame remplie ;

Sourde comme l'aspic, leur oreille assoupieA répudié l'harmonie.

Elohim ! de ces lionceaux

Brise donc la dent meurtrière ;

Qu'ils s'écpulent comme les eaux :

Périsse de leur arc l'espérance dernière !

Insectes avortés,** rampant dans la poussière,Ils ne verront pas la lumière.

D3DKÎ1- Est-ce que vraiment?

" Dans la version latine, le mot 733 (fruit avorté) a étéconfondu avec le verbe Ss3 [cecidit), puis le mot JT0N

(femme) avec VU (feu).

Page 158: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 134 —

Tout vivans ils auront périDans les tourbillons de l'orage,

Avant que l'épine ait fleuri...*

Et le juste triomphe, et dans leur sang il nage,Et la terre s'écrie : « Heureux, heureux le sage ! »

Et Dieu les juge d'âge en âge.

' S. Jérôme traduit ainsi : Antequam crescant spinoe ves-troe in rhamnum. Le père Houbigant donne le même sens.

Page 159: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LVI1L

LE CHATIMENTDES CRIMES.

De tous mes ennemis délivre-moi, Seigneur !

De leur iniquité brise le règne infâme,

Et des hommes de sang renverse la fureur;

Voici qu'ils ont tendu des pièges à mon âme.

Ils viennent m'assiéger, tous ces hommes puissans ;

Plus je suis saint et pur, plus leur rage s'irrite...

Considère, Elohim, leurs efforts menaçans,

Prête-moi ton secours, et viens à leur poursuite !

Et dans ta majesté, contre les nations,

Parois, Dieu d'Israël, parois, Dieu des années !

Laisse-là ta pitié, vois leurs corruptions,

Vois leurs iniquités : ils les ont consommées !

Que leur clameur, semblable au hurlement des chiens,

Autour de la cité vers le soir se répande.

Le sang coule déjà dans tous leurs entretiens :

« Est-il donc, disent-ils, un Dieu qui nous entende? »

Toi, tu les nargueras, tu te moqueras d'eux,

Seigneur, tu te riras du peuple qui blasphème...Mon ame, il est ton Roi, ta force, et tous mes voeux

Il les a prévenus par sa bonté suprême.

Page 160: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 136 —

Sur tous mes ennemis il réjouit mon oeil...

Ah ! de peur que mon peuple en perde la mémoire,Ne les fais pas périr, mais, brisant leur orgueil,

Toi, notre bouclier, viens étouffer leur gloire.

Leur bouche lance encor le venin des péchés...

Qu'ils tombent éperdus du haut de leur superbe !

Aux malédictions, au parjure attachés,

Que devant ta fureur ils sèchent comme l'herbe !

Consume-les, Seigneur ! qu'ils sachent leur néant ;

Qu'ils sachent qu'Elohim règne aux bornes du monde l'¬

Autour de la cité, le soir en aboyant,

Que leur faim soit trompée et toujours vagabonde.

J'irai, dès le matin, célébrer ta grandeurEt ta miséricorde, ô Dieu ! toi, ma couronne,

Ma gloire et mon refuge au jour de la douleur,

Toij le Dieu qui châtie et le Dieu qui pardonne !

Page 161: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME L1X.

L ETENDARDDE DIEU.

Tu nous chasses, tu nous écrases,

Elohim ! et, dans ton courroux,

Tu t'éloignes !... Reviens à nous !

De la terre ébranlant les bases,Tu l'as fendue ! Elle est tremblante sous tes coups.

Viens donc réparer ses brisures...

Ton peuple a marché dans la mort ;

Le vin de ta fureur l'endort ;

Tu l'endurcis aux choses dures :

Mais tu donnes aux Saints l'étendart du Dieu fort.N

Ton salut parle au sanctuaire...

Que ta droite brille, et bientôt

Sichem entrera dans mon lot,Et mon ame, joyeuse et frère,

Ir.a poser sa tente au vallon de Succoth.

Galaad est en ma puissance ;*

Manassé m'appartient, à moi!

* Le pays de Galaad étoil occupe par la demi-tribu de,..Manassé.

Page 162: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 1S8 —

Ephralm exalte avec soi

Ma force unie à sa vaillance;Juda sera sur nous législateur et roi.

Que Moab soit mon aiguière,Et mes mains voudront s'y laver !

Et, déjà prêt à se lever,

Mon pied jettera sa poussièreSur Edom !.. Philistins, osez-vous me braver ?

Vers Edom, vers sa citadelle,

Quel guide éclairera mes pas?

Elohim, n'est-ce point ton bras,

N'est-ce point toi, toi, Dieu fidèle,Toi qui ne voulois plus nous conduire aux combats ?

Au sein du fléau qui nous ronge,

Daigne, Elohim, nous secourir!

En vain l'homme viendrait s'offrir,

Tout son espoir n'est que mensonge;

Dieu seul est notre force : il fait vivre et mourir. *

• V. le psaume cvn, qui répète celui-ci à partir du verset 5.

L'auteur des Etudes sur le texte des Psaumes, M. Nolhac,a fait ici comme dans tout le cours de son oeuvre, de lumi-

neuses observations, particulièrement sur les points historiques.

Page 163: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LX.

LES AMES COURONNEES.

Elohim ! écoute mes pleurs,Incline ton oreille au cri de ma prière !

Les limites du monde entendront mes douleurs,

Et mon coeur abattu grandira sur la pierre,Et tu seras mon guide, et tes bras protecteurs

Seront ma force et ma barrière

Contre tous mes persécuteurs :

C'est sous ton aile que j'espèreUne immortelle vie au fond du sanctuaire.

Elohim ! tu combles mes voeux !

Les âmes de tes Saints par toi sont couronnées...

Tu veux aux jours du Roi nouer des jours nombreux,

Tu veux de race en race étendre ses années ;

Par ta miséricorde et ta lumière heureux,

Il remplira ses destinées ;

Et, dans mes cantiques joyeux,Je dirai ses saintes journées

Au grand nom de mon Dieu pour jamais enchaînées.,

Page 164: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXI.

LA PAIX DE L AME.

Devant son Créateur, oui, mon ame est en paix,*

Car il est mon rocher, mon salut et ma vie,Et je ne tremble plus... Voulez-vous à jamais,

Médians,, vous dévorer par la haine et l'envie ?

Vous jetez sur les Saints et l'outrage et la mort !

Pareils aux flancs courbés des branlantes murailles,

Quand un langage ami de votre bouche sort,La malédiction rugit dans vos entrailles.

Dans le sein d'Elohim restons silencieux,

Mon ame ! il est ma force, il est ma délivrance,

Il est ma gloire!... 0 vous, Peuples, devant ses yeux

Répandez votre coeur dans la douce espérance.

Que sont les fils d'Adam?... Mensonge et vanité.

Entre l'homme et le rien, la balance est égale :

O mortel, prends donc soin de fuir l'iniquité,De peur que ton néant dans le néant s'exhale !

* L'hébreu exprime un sens affirmalif : Mon ame en si-

Içnce, etc.

Page 165: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 141 —

Si la richesse abonde, éloignes-en ton coeur....

Par un seul nom du Ciel, deux choses me sont dites :

« Force et miséricorde!... » Adona, Dieu vengeur,

Des oeuvres et des coeurs tu pèses les mérites.

Page 166: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LX1I.

LA VOIX DU COEUR.

Mon coeur t'appelle dès l'aurore,

Elohim ! il a soif de toi.

Mon ame du Dieu (rue j'adore

A faim, et sa faim la dévore,

Et, comme un sol brûlant, ma chair sèche sur moi.

Prosterné devant ta présence,

Je contemple ta sainteté,

Ta force, ta magnificence,

Et ta miséricorde immense,

Plus belle que l'éclat de ton éternité.

Je veux donc te louer sans cesse

Et, chaque jour levant les mains,

Bénir ton nom dans l'allégresse,

Tandis que mon ame s'engraisse

De ta vie, en chantant le chant sacré des Saints.

Sur ma couche, durant mes veilles,

Je médite ton souvenir

Et la grandeur de tes merveilles ;

Tu m'endors et tu me réveilles

Sous ton aile, et ton souffle au mien daigne s'unir!

Page 167: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 143 —

Ils vont descendre dans l'abîme,

Jusqu'aux profondeurs de l'enfer,

Ceux qui, m'assiégeant par le crime,

Déjà me croyoient leur victime...

Tous mes persécuteurs périront par le fer.

Des renards ils seront la proie...Mais tous les vrais adorateurs,

En marchant dans la droite voie,

Du Roi saint partagent la joie,

Et le Ciel va fermer la bouche des menteurs.

Page 168: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXÏII.

LA MANIFESTATIONDIVINECONTRELES IMPIES.

Mon Dieu ! prête l'oreille à ma voix qui te prie,

Délivre-moi de la furie

De mes persécuteurs ;

Aux complots des médians dérobe aussi ma vie,

Sauve-moi de la foule impieDes prévaricateurs.

Ils ont fait de leur langue une arme de colère ;

Ils l'aiguisent, parole amère,

Comme on aiguise Un trait ;

Et le juste est visé d'abord dans le mystère,

Et nuUe crainte sur la terre

N'arrête leur forfait.

Ils ont fortifié leur voix sombre et cruelle,

Et, quand l'un à l'autre révèle

Ses desseins ténébreux,

Ils s'empressent d'ourdir leur trame criminelle...

« Qui donc peut ouvrir l'oeil sur elle ? »

Se disent-ils entre eux.

Page 169: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 145 —

Leur art est consommé dans le scrutin des.crimes.

Aux profondeurs les plus intimes

Ils ont fouillé les coeurs;

Tout-à-coup Jéhovah de ses foudres sublimes

Les frappe, et les voilà victimes

De leurs propres fureurs.

Dans ses pièges leur langue est enfin confondue !

Tandis que la foule éperdueS'enfuit en les voyant,

Les peuples rassemblés ont compris les merveilles

Qu'ils racontent à nos oreilles,Au nom du Dieu vivant.

Ils ont vu sa grandeur, ils ont vu la puissance,L'éclat et la magnificence

Des oeuvres de ses mains...

Dans Jéhovah, le juste a mis son espérance,Et la gloire est la récompense

Qui couronne les Saints.

*JlSlJ? WSIT- Us scruteront les iniquités. 1,3)3/1

103110 IfSn- Us ont perfectionné le scrutin d'investigation :Scrutiniutn perscrutatum; pDy 371 Ï7>K 31pl et lefond intime de l'homme et l'abîme de son ccèur. (Ils l'ont fouillé.)

10

Page 170: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LX1V.

LA CHAINEDES MIRACLES.

Dans Sion ta louange est toujours palpitante,Et le silence encor *

T'offre nos voeux, Seigneur ! toute chair dans l'attente,

Vers toi voudroit prendre l'essor.

Hélas ! l'iniquité déploya son empire

Dans mes affections !

Mais ta miséricorde éclate, et nous retire

De nos prévarications.

Heureux tous les élus que tu daignes toi-même

Introduira au saint lieu !

Là nous serons nourris de ton bonheur suprêmeAu sein de tes parvis, mon Dieu !

Ta justice pour nous prodigue ses miracles

Aux yeux de l'univers....

Oui ! Dieu fera surgir du fond des tabernacles

L'espoir de la terre et des mers.

rniXTI Î1*OT "p- Pour toi, silence, louange. C'est lemot à mot. Cum nihil de te digne dicipossit, remarque Bos-suet. Ne peut-on pas dire aussi que le silence même est louange,adoration?

Page 171: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 147 —

Sa force et sa puissance, éternelles compagnesDe tous ses mandemens,

Dans un juste équilibre ont jeté les montagnesSur de solides fondemens.

Maître des océans, maître de la tempête,11 enchaîne les flots ;

Maître des nations, d'un souffle il les arrête,

Il déconcerte leurs complots.

L'univers tremble : il voit, du couchant à l'aurore,Tes prodiges nouveaux,

Seigneur ! et chaque jour il voit reluire encore

Dans le Ciel tes brillans flambeaux.

Sur les peuples aussi ta limpide rosée

Epanche ses trésors ;

La cité d'Elohim en est tout arrosée,

Et son fleuve coule à pleins bords.

Pour nous donner le pain, tu fécondes la terre,

Et, pour la préparer,Tu remplis ses sillons de l'onde salutaire

Qui doit d'abord les enivrer.

Et tu bénis ses fruits dans leur germe : l'année,

Heureuse en ses liens,

Du flot de tes bienfaits s'avance couronnée ;

Tes sentiers regorgent de biens.

Page 172: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 148 —

Jusqu'au fond des déserts ton souffle, dans ses voies,Fait bondir les coteaux,

Et le riant vallon parle et chante ses joies,

Couvert de fruits et de troupeaux.

Page 173: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXV.

L ENTHOUSIASMESAINT.

Avec la terre entière,Chantez Elohim en tout lieu,

Dans les cris de louange, éternelle prière,Portez la gloire de mon Dieu.

Qu'elles sont formidables,Tes oeuvres, ô Dieu tout puissant !

Aussi tes ennemis cachent leurs voeux coupables :

L'ingrat se dit reconnoissant.

Les habitans du monde

Viendront se courber sous ta loi ;En bénédictions leur voix sera féconde ;

Tous leurs concerts seront pour toi.

Venez voir les prodiges

Que Dieu répand à pleines mains ;Une terreur profonde en marque les vestiges.

Sur le front de tous les humains.

Il ouvrit une voie

A son peuple au milieu des mers

Et dans le fleuve : aussi nos cantiques de joieChantent le Dieu de l'univers.

Page 174: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 150 —

11 tient sous sa puissance

Le cours des siècles, et son oeil

Sur toute nation étend sa vigilance ;

Sa foudre renverse l'orgueil.

Peuples, dans vos louanges,

Bénissez le nom du Seigneur,

Et, dans l'hymne d'amour répété par les anges,

Rendez-lui la gloire et l'honneur.

Sa vie est dans notre ame !...

Sur le roc ton bras nous posoit;

Tu nous éprouvois tous, Elohim, par ta flamme,

Comme l'argent dans le creuset.

Toujours d'écueils remplie

Et couverte de ton réseau,

Notre route étoit sombre, et tu jetois l'impie

Sur nos têtes, comme un fardeau.

Tantôt du sein de l'onde,

Tantôt du sein de mille feux,Tu nous conduis enfin vers la terre féconde,

Vers la terre, objet de nos voeux !

Dans ta demeure sainte

J'irai, je t'offrirai, Seigneur,Les holocaustes purs et les voeux que la crainte

Dictoit d'abord à ma douleur.

Page 175: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 151 —

Et dans mes sacrifices,

Interprètes des coeurs ardens,

J'immolerai des boucs, des béliers, des génisses,Et les dons les plus abondans.

Adorateur fidèle,

Viens près de moi, viens m'écouter ;

Car les immenses biens que Dieu répand sur elle,

Mon ame veut les raconter.

Le cri de mes cantiquesExalte mon Dieu mille fois....

Mais si j'eusse marché dans des sentiers iniques

Il aurait dédaigné ma voix.

Il permet que j'aborde

Jusqu'aux Cieux, jusques près de lui...

Béni soit donc le Dieu dont la miséricorde

Ne m'a point ôté son appui !

Page 176: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXVI.

LE FRTJITDE LA TERREBENIE.

Que Dieu, dans sa pitié, nous bénisse! A notre ame

Des splendeurs de son front qu'il jette quelque flamme,

Et bientôt les peuples divers

Dans ton salut, Seigneur, conduiront l'univers.

Ils te célébreront, ils publieront ta gloire ;

Joyeux, ils chanteront les chants de la victoire;

Car tu jugeras les humains,Toi qui daignes du Ciel leur tracer les chemins.

Ils te glorifîront, tous les peuples du monde ;

La terre donnera son fruit : terre féconde !...

Qu'il nous bénisse, notre Dieu !

Et que sa crainte soit répandue en tout lieu !

Page 177: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUML LXV1I.

1.."AVENEMENTDU FILS DE DIEV.

Que Dieu se lève ! et que devant sa face

Ses ennemis soient confondus !

Qu'il les disperse ! qu'il les chasse !

Que tous ils tombent, répandusComme les flots brûlans de la cire enflammée !

Et que ces hommes vains, vains comme la fumée,

Aussi comme elle à jamais soient perdus !

Près d'Elohim, nourris clans l'allégresse,Les Saints diront leurs chants joyeux :

Chantez donc et chantez sans cesse

Celui qui s'assied sur les Cieux.

Chantez son nom, IOVAH... De la veuve il est juge

Et de l'orphelin père : il leur ouvre un refuge

Entre ses bras miséricordieux.

Elohim règne en la demeure sainte

Dont nul ne sait la profondeur ;11 unit dans la même enceinte

Tous ceux qui n'ont qu'un même coeur :

Sa main brise les fers des captifs qu'il délivre ;

Mais les médians, au vent du désert il les livre!..,0 mon Dieu ! voici ta splendeur !

Page 178: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

' — 15/4 —

La terre tremble, et du sommet des nues,

Au seul aspect d'Adonaï,

Les eaux du ciel sont descendues...

Il est le Dieu du Sinaï

Et le Dieu d'Israël !... Seigneur, rends l'espérance

A ton peuple : il étoit meurtri dans la souffrance,

En te voyant son coeur s'est réjoui.

La foule sainte * accourt aux tabernacles :

Nul pauvre n'y craint l'abandon ;

Ta parole y rend ses oracles ;

Les voix qui célèbrent ton nom,**

Comme une armée immense ont inondé la terre... ***

Ils ont tous fui, les rois qui te faisoient la guerre ,

Et leur dépouille orne enfin ta maison.****

Si votre coeur au doux sommeil succombe ,

Près des autels chargés d'espoir,*****Vous êtes comme la colombe ;

Les rayons du soleil du soir

"]JVn- Caterva tua, cwtus tuus ; poetice pro usitatiore

-|0>? populus tuus, dit Rosenmiiller.

3T N3Ï HlTi£?30rt' Armée nombreuse de voix

qui annoncent.***

p-|-p p-n> /nfcoy 'sSn- Les rois des arméesont fui ! ils ont fui !

*JY3 J112- Habitatrix ou habitatio domus, p7l"in

7iV3 partage la dépouille. — Pulehritudo Dormis. Ilieron.

*****D'nSïî î»3- Enlre les trépieds. X. P. (Lesautels.»

Page 179: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

- 155 —

Jettent l'éclat de l'or sur votre aile argentée ;C'est la neige au Selmon ; et votre ame est portée

Loin des tyrans qu'Elohim a fait cheoir. *

Mont de Basan ! ta cime sourcilleuse,

Quel souffle la fait tressaillir ?

Une autre montagne est joyeuse !

Jéhovah vient de la choisir.

Et là retentiront d'immortelles louanges,Là son char est porté par des millions d'anges ;

Au milieu d'eux son front va resplendir.

Comme à Sina, dans sa force elle arrive

Sur les hauteurs, ta sainteté;

Elohim ! tu conduis captiveUne heureuse captivité...

**

Tout l'univers t'adore, et le peuple rebelle

S'est jeté dans ton sein ! A toi gloire éternelle !

Ton joug promet la sainte liberté.

Il est à nous, IOVAH , Dieu de la vie !

Dans la mort, il est Dieu Sauveur...

« Le front d'une race ennemie

» Sera percé ! » dit le Seigneur.Des sommets de Basan et du fond de l'abîme

Qu'ils comparoissent tous les zélateurs du crime,

Et dans leur sang pose ton pied vengeur !

*DoSo 'Tù' ïïn23« Quum dissipavit omnipotent

reges. X. P.

**>3ïï? Jl»3ï>. Capticam duxisli raplintatem- Ilicron

Page 180: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 156 —

Oui ! que leur sang versé dans la poussière,

Rougisse la langue des chiens !...

Elohim ! voici ta lumière !

Le peuple, comblé de tes biens,

Mon Dieu, mon Roi! toujours il bénit la mémoire;

Il les voit, tes sentiers ! il la connoît, ta gloire,

Plus vive encor que dans les jours anciens !

Les instrumens précèdent les cantiques ;

Là résonne le tambourin

Sous les doigts des vierges pudiques...

Joignez-vous au concert divin,

O vous, fils d'Israël ! Là tous les chefs de race,

Nepthali, Zabulon, Juda sont à leur place :

Là règne, ému, le jeune Benjamin. •

Dieu tout puissant ! que ta force commande,

Affermis ton oeuvre sur nous !...

Les rois chargés de leur offrande

Dans Sion se prosternent tous.

Mais les hommes de sang, d'usure et de rapines,Taureaux dévastateurs au milieu des ruines,

Qu'il soient brisés, Jéhovah, sous tes coups.

De ces tyrans détruis la race impie !

Ta gloire est portée en tout lieu,

Et l'Egypte et l'Ethiopie

Elèvent leurs mains vers mon Dieu...

Chantez Adonaï, royaumes de la terre !

C'est lui qui, dans les Cieux, porté par le tonnerre,

Y reste assis sur un trône de feu.

Page 181: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 157 —

Vous entendez la voix de sa puissance !

Offrez-lui, Peuples, vos tributs :

A lui seul la magnificenceEt les éternels attributs !

Dieu terrible, du fond de l'arche redoutable *

Il verse en Israël sa force inépuisable...

Qu'il soit béni ! gloire au Dieu des vertus !

*fïnpDD D'it^N N113- Dieu terrible du fond de

vos sanctuaires !

Page 182: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXT11I.

LAVICTOIREDE L HOMMEDE DOULEUR.

Dieu, sauve-moi! car sur ma vie (1)Un torrent s'est précipité,

Et jusqu'au fond des eaux mon ame est poursuivie !

Mon coeur est dévasté !

Tandis que mes accens rugissentEt que ma bouche est tout en feu,

Mes yeux sont abattus, ils sèchent, ils languissent,

En attendant mon Dieu.

Plus que les cheveux de ma tête

Ils sont nombreux, mes ennemis !

En déchargeant sur moi leur rage satisfaite,Ils se sont affermis.

{i) « Il faut regarder ce Psaume, dit le père Berthier, comme« un morceau précieux du Testament de Jésus-Christ, suspendu» entre le Ciel et la terre, et achevant le sacrifice qu'il ofl'roit» pour la réconciliation des hommes. »

Page 183: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 159 —

La dette qui n'est pas la mienne,*

Je la paye, et de mon péchéJe livre la folie à ta trop juste haine : **

Il ne t'est point caché. ***

Ali ! que les âmes enflammées

D'un amour°qui ne veut que toi,Ne rougissent jamais, Seigneur, Dieu des armées,

De s'unir avec moi !

Dieu d'Israël, c'est pour toi-même

Que je me soumis à l'affront,A l'outrage, à l'opprobre, et que sous l'anathême

J'humiliai mon front.

Le zèle de ton sanctuaire

Me dévore ; pour s'en venger

Mes frères me traitoient ( oui les fils de ma mère ! ]Comme un vil étranger!

****

*3'Ï?N TN >,flSu S1? 1W- Quod non rapui, tamen

restituam. Rosenmuller fait cette remarque : Proverbium vide-

tur fuisse Hebroeis de innocente.

**>rnlX7. «ypotrùvjjv [xov, insipientiam mcam , signi-

fie aussi delictum. et Rosenmuller en indique un exemple au

Ps. XXXVII, v. 7.

".'*Ces paroles de David pénitent s'appliquent, comme les pré-cédentes , au Sauveur, qui s'est chargé des péchés du monde,

obsque peccato.

"" Joann., ir. —17.

Page 184: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

-- 160 —

Quand des pécheurs la foule infâme

Sur ton nom verse le mépris,Je pleure dans le jeûne, et j'afflige mon âme,

Et je répands des cris.

Couvert du sac de la détresse,Et comme un proverbe aux passans,

Je suis en butte aux traits de leur langue ; l'ivresse

M'insulte dans ses chants.

Mais tu m'exauces ! tu m'accordes

Les jours promis par ta bonté :

Assure mon salut dans tes miséricordes

Et dans ta vérité !

Du sol fangeux où mes pieds glissent

Et de la profondeur des eaux,

Viens m'arracher ! Combats tous ceux qui me haïssent

Et se font mes bourreaux.

Que l'immensité des abimes

N'environne point mon trépas,Et que sur moi le puits où vont tomber les crimes

Ne se referme pas.

Que ta pitié s'ouvre à mes larmes :

Elle est si tendre, ta douceur !

El ta miséricorde est si pleine de charmes !

Verse-la sur mon coeur.

Page 185: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 161 —

Que le doux éclat de ta face

Sur mon deuil vienne s'épancher ;

Daigne aux ardens soupirs d'une ame qui t'embrasse

Ne jamais te cacher !

Mais tu vois mon ignominie,Ma honte, ma confusion,

Et de mes ennemis la foule réunie

Dans l'exaltation.

De l'opprobre et de la souffrance

Rien à mon coeur n'est inconnu...

Quand d'un consolateur il avoit l'espérance,Il n'en est point venu !

A ma soif ils offraient l'absynthe,A ma faim ils offraient le fiel !... *

Fais donc asseoir près d'eux, dans le deuil et la crainte,Tous les fléaux du Ciel !

Que leurs yeux restent sans lumière,

Et que leurs reins tremblent toujours ;

Que ta juste fureur assiège leur carrière

Jusqu'à leurs derniers jours.

Par la ruine et le silence

Que leur palais soit occupé...

*Math., xxvii.—48. — Joan.,xix.— 29.

11

Page 186: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 162 —

Ils ont osé poursuivre, au nom de ta vengeance,Celui qu'elle a frappé.

Laisse-les donc loin de ta grâce

Amasser leur iniquité ;Du livre des vivans et des élus efface

Leur immortalité.

Pour moi, je m'afflige, je pleure :

Ta droite me relèvera,

Elohim, au sommet de ta sainte demeure

Elle m'établira.

Je chanterai des chants sublimes

Au nom sacré du Tout-Puissant :

Jéhovah les préfère à l'odeur des victimes,

A leur chair, à leur sang.

Et tous les humbles, dans la joie,En me voyant s'élèveront :

Vous, amis d'Elohim, vous qui cherchez sa voie,

Vos coeurs aussi vivront.

Il ne ferme pas ses oreilles

Au pauvre qui vient l'implorer.Le Ciel, la terre et l'onde uniront leurs merveilles

Pour mieux le célébrer.

Elohim gardera les portesEt tous les remparts de Sion.

Page 187: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 163 —

C'est à Juda qu'il donne, au sein des cités fortes,

Une habitation.

Elles deviendront l'héritage

De son peuple et de ses enfans ;

Et tout coeur qui l'adore aura droit au partage

Avec leurs habitans.

Page 188: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXIX.

LA PRIERE PERSEVERANTE.

Elohim ! pour me délivrer

Prête-moi ton secours, daigne l'accélérer !

Confonds les ennemis acharnés à ma perte ;

Que la honte les déconcerte !

Par des cris de fureur ils venoient m'entourer...

Que leur face, enfuyant, d'opprobre soit couverte!

Sur ceux qui te cherchent, Seigneur,Fais tomber de ton sein la joie et le bonheur.

Qu'il dise : Gloire à Dieu ! le mortel qui t'adore ;

Pauvre et souffrant, moi, je t'implore ;

Accours donc à mes cris, Jéhovah, mon Sauveur ;

Daigne ne plus tarder ! viens me sauver encore !

Page 189: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXX.

LE CANTIQUEDU SALUT.

En Jéhovah j'ai mis mon espérance ;L'éternité ne me confondra pas.Dans ta justice écoute ma souffrance,

Viens, Elohim, hâte ma délivrance

Et soutiens tous mes pas !

Deviens pour moi comme une forteresse ;Sois mon rocher, et contre les enfers,O Dieu puissant ! protège ma foiblesse :

Sauve-moi donc de la main qui me presse,De la main des pervers !

J'attends ta gloire, objet de sainte envie!

Dès le berceau j'ai senti ton amour,Et dès le sein de ma mère, ta vie,

Quand tu l'aidas, éplorée et ravie,A me donner le jour.

Mes chants sacrés publîront ta louange...Et cependant pour un peuple nombreux

Je suis, hélas ! comme un prodige étrange ;

Mais sous tes lois mon heureux coeur se rangeA toi seul tous mes voeux !

Page 190: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 166 —

Sois mon appui, quand, sous le poids de l'âge,

Déjà je sens ma force qui s'en va ;

Quand de mon ame épiant le passage,Mes ennemis lui prodiguent l'outrage,

Sauve-moi, Jéhova !

Ils ont dit : Dieu l'abandonne et le livre :

Courez ! il fuit, seul et sans protecteur ;Pour le saisir il ne faut que le suivre...

Viens donc à moi, mon Dieu, fais-moi revivre,Sois mon libérateur !

Tous dispersés, qu'ils tremblent, qu'ils rougissent,Ces ennemis qui vouloient mon malheur !

Que dans l'opprobre ils tombent ! qu'ils périssent !

Et jusqu'au Ciel que mes chants retentissent

A ta gloire, Seigneur!

Oui, chaque jour, je veux redire encore

Et ta justice et ta divine loi :

Immensités que mon esprit ignore,*

Il me suffit que mon coeur vous adore,Pour assurer ma foi.

Et j'entrerai, Seigneur, dans tes puissances;Ton équité, je veux m'en souvenir,Fut le flambeau de mes adolescences;

*mQD 'njn' N7 >3- Car je ne connois pas les nom-

bres, c'est-à-dire l'immensité des bienfaits de Dieu.

Page 191: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 167 —

Mon coeur parloit de tes magnificences,

Joyeux de les bénir!

Aussi, mon Dieu, moi, foible créature,

Quand je vieillis ne m'abandonne pas,Car je veux dire à la race future

Cette justice immense que mesure

La force de ton bras.

O Jéhovah ! grandes sont tes merveilles !

Quel autre Dieu peut s'égaler à toi?....

As-tu permis jamais douleurs pareillesA mes douleurs?.... Mais soudain tu réveilles

Toute ma vie en moi !

De cette terre, et du fond de l'abîme,

Ta main me fait remonter jusqu'aux Cieux;

Tu me nourris d'une gloire sublime,

Et tu reviens, consolant ta victime

Dans ton sein glorieux.

C'est donc pour toi que mes sacrés cantiquesFeront vibrer les cordes du nébel ;

Sur ma cithare aux accens prophétiquesTes vérités jailliront magnifiques,

Saint Pasteur d'Israël !

Et tout le jour ma langue à ta justice

Consacrera des chants prédestinés ;

Car, tous perdus par leur propre malice,

Mes ennemis porteront leur supplice

Sur leurs fronts consternés.

Page 192: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXX1.

LE ROI DE JUSTICE.

Elohim ! donne au Roi tes jugemens augustes,

Et ta justice au fils du Roi ;Ils jugeront ton peuple, ils seront toujours justes ;

Dans la cause du foible ils garderont ta loi.

Qu'aux montagnes la paix règne dans l'innocence ;*

Aux collines, dans l'équité !

Brisant la tyrannie, adoptant l'indigence,Ils jugeront le pauvre et sa postérité.

Grand Dieu ! tant que le jour éclairera le monde,De race en race ils te craindront ;

Et, comme l'eau du ciel sur la terre féconde,

Les flots de tes bienfaits sur eux se répandront.

Le juste fleurira plein d'une heureuse vie,Plus que l'astre de l'univers;

Il tiendra toute gloire à son joug asservie,

Jusqu'aux extrémités de la terre et des mers.

OuV D'in "\bWy- Les montagnes apporteront la paix,ou (à l'optatif présent) que lesmontagnes apportent, etc.

Page 193: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 169 —

Les déserts, devant lui, frappés de sa lumière,Prosterneront leurs habitans,

Et tous ses ennemis, jetés dans la poussière,

Appliqueront leur bouche à ses pas triomphans.

Les princes de Tharsis et des îles lointaines

Lui décerneront leurs tributs ;L'Arabie et Saba,

*par des mains souveraines,

Verseront leur offrande au pied de ses vertus.

Toutes les nations, tous leurs chefs en silence,

Abaissant leur front devant lui,Le serviront : toujours il prendra la défense

De tous les malheureux qui restent sans appui.

Et pour celui qui souffre et pour celui qui pleureSa bonté se révélera.

Le pauvre et l'indigent vivront dans sa demeure ;A l'ombre de son sceptre il les abritera.

Qu'elle est grande à ses yeux la valeur de leur âme !

Et que leur sang est précieux !

Aux mains de l'injustice et de la fraude infâme

Il les arrachera pour les porter aux Cieux.

* Le texte porte : Schéba et Séba. Sur quoi le P. Berthier faitcette remarque : «On croit que Schéba étoit l'Arabie-Heureuse,» et Séba le pays de Madian, d'Epha, et le pays des Sabéens. »

Page 194: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 170 —

Il vivra ! l'univers à ses pieds va répandreL'or et l'encens, et, chaque jour,

Les peuples à l'envi s'uniront pour lui rendre

Des voeux pleins de prière et de gloire et d'amour.

Quelque peu de froment, par un germe prospère,S'élevant aux cimes des monts,*

A l'instar du Liban fait tressaillir la terre

Et promet aux cités les plus riches moissons.

Aussi le nom du juste étendra sa durée

Comme le soleil sa splendeur,

Et des hommes en lui la race réparéeLe dira bienheureux au sein de sa grandeur.

Gloire au Dieu d'Israël, qui seul de ses merveilles

A rempli tout le genre humain !

Que de la terre aux Cieux, à toutes les oreilles ,

Sa louange et son nom retentissent ! AMEN.

*wyy- Frémira.

Ici se termine l'un des recueils des hymnes de David, fils de Jessé.

*V. -M.(jciiondccl M. Nollui.

Page 195: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXX1I.

LA LUMIERECONTRELE SCANDALE.

Que le Dieu d'Israël est bon pour les coeurs purs !

Et moi, mes pas n'étoient pas surs,Et j'ai presque failli, j'ai glissé dans mes voies,

Quand j'ai vu les pécheurs tranquilles dans leurs joies.

Des regards de la mort et des peurs du tombeau

Ils ne sentent point le fardeau ;Seuls ils semblent doués d'une force durable,

Quand le peuple est meurtri sous le poids qui l'accable.

Ils se font un coUier d'orgueil ; un vêtement

De terreur et d'emportement;Leur oeil semble vouloir sortir de son orbite,Et leur coeur s'entretient de désirs sans limite. *

Tous ils sont dissolus et calomniateurs ;Leur voix s'élance des hauteurs,

Leur front touche la nue, et, toujours vagabonde,Leur langue se complaît à parcourir le monde.**

337 nV3tt>D 113J?- Us ont dépassé les imaginations ducoeur.

**"]Snn- l'erambulal. X. P. (Se promène.)

Page 196: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 172 —

Et le peuple qui voit ce bonheur des pervers,

Se répand en discours amers :

« Les colères de Dieu sont-elles assoupies ? »

Dit-il ; « ont-elles donc ignoré les impies ?

» Les voilà dans la paix tous amoureux de l'or,

» Et chacun grossit son trésor...

» Et moi, j'ai donc en vain expié mes souillures ,» En vain j'ai donc lavé mes mains dans les eauxpures:

» En vain j'ai supporté mon deuil de tous les jours ! »

0 mon Dieu, par de tels discours,

Si j'eusse à tes élus ouvert cette pensée,

Ils m'auraient dit: «Par vous la loi sainte est blessée ! *»

Aussi, pour pénétrer les mystères pieux,

Souvent j'ai fatigué mes yeux,

Jusqu'au jour où mon coeur, admis au sanctuaire,

A de tes vérités saisi la chaîne entière.

J'ai vu ton bras vengeur laissant cheoir les pervers

Sur le bord gUssant des enfers ;

Et tous ils sont tombés au fond du sombre abîme..

C'est ainsi que la mort a dévoré le crime !

JT133- J'ai prévariqué. — Xanctès - Pagnin traduit

ainsi : Dicent quod proevaricalus sutn.

Page 197: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 173 —

Et leur grandeur d'un jour, vain songe du sommeil,Tu l'as dissipée au réveil...

Hélas ! en les voyant mon ame s'est émue,.Et jusque dans mes reins la tristesse est venue !

Insensé ! je restois ignorant de ta loi,Comme la brute devant loi ;

Et pourtant je marchois toujours en ta présence,Tu guidois par la main ma foible intelligence.

Doucement j'arrivai, par tes leçons conduit,Au grand jour où la gloire luit...

Est-il un autre Dieu dans le Ciel que toi-même ?

Sur la terre, hormis toi, qu'est-ce que mon coeur aime ?

Oui, je sens défaillir et mon coeur et ma chair,

Pour le seul bien qui me soit cher,

Pour toi, mon Dieu, pour toi mon éternel partage !

Mais bonté aux déserteurs de ton saint héritage !

Ils périront ! tu perds tous les mortels ingrats...

Que l'homme est bien entre tes bras !

Dans les mains du Seigneur j'ai donc remis mon ame,

Et tes oeuvres, grand Dieu, c'est moi qui les proclame !

Page 198: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXIII.

LE PASSAGEDES PROFANATEURS.

Pourquoi, mon Dieu, ta voix sévère

Nous a-t-elle chassés comme le vil bétail ?

Répandras-tu long-temps le feu de ta colère

Sur les brebis de ton bercail ?

C'est toi qui l'as conquise et qui l'as rachetée ,

La sainte nation : *

Daigne t'en souvenir, pour qu'elle soit portée

Jusque dans ta demeure, au sommet de Sion !

Grand Dieu ! fais pleuvoir tes vengeances

Sur les profanateurs de tes sacrés parvis....

Ces ennemis impurs, j'entends leurs violences,

Leurs rugissemens et leurs cris :

Ils posent l'étendart, l'étendart des rebelles,Au faîte du saint lieu !

Comme dans les forêts, des haches criminelles

S'enfoncent dans le bois de la maison de Dieu ! **

* L'hébreu dit : Ta Congrégation." Le sens de l'hébreu n'est pas contesté. Une seule observa-

tion suffit : les Septante ont dit : oùx fy/uirav, et la Vulgatcrépète non cognoverunt ; mais le mot JHV signifie aucontraire,cognoscitur.

Page 199: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 175 —

Ils ont brisé le sanctuaire

Sous le marteau ! Voici que leurs coupables mains

Y promènent encor la torche incendiaire !

Ils ont souillé le Saint des Saints ! !

Ils ont dit : « Renversons partout les tabernacles. » *

Ils les ont renversés!

Nul prophète ne vient, par de nouveaux miracles,

Ressusciter l'éclat des prodiges passés.

Seigneur, au zèle du blasphème

Jusques à quand veux-tu laisser un libre essor ?

Et ta droite, au moment de frapper l'anathême,

Qui peut la retenir encor?...

Eh bien ! retiens-la donc. Moi, je sais la puissanceDe mon Dieu, de mon Roi;

Elle a fait mon salut presque dès ma naissance ;

Au milieu de la terre elle a fixé ta loi.

Oui, c'est ta main toute puissante

Qui sut briser les flots et les monstres des mers,

Et de Léviathan jeter la chair sanglante

A ton peuple, hôte des déserts...**

Tu frappes le rocher, il en sort des eaux vives

Et des torrens fougueux :

A ta voix, tout à coup refoulé sur ses rives,

Le fleuve a suspendu son cours majestueux.

*hii HJ71Q Ss- Toutes les assemblées de Dieu.

"* Dans l'hébreu : Au peuple du désert.

Page 200: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 176 —

A toi l'éclat de la lumière,

A toi l'obscurité des ombres de la nuit ;

C'est toi qui du soleil inondes la carrière

Des splendeurs dont elle reluit.

A la terre ton bras a posé des limites,

Comme atout l'univers ;Il a distribué dans des bornes prescrites,Et le feu des étés, et le froid des hivers.

Les outrages faits à ta gloire,Et par tes ennemis, et par un peuple vain,

O Jéhovah ! tu dois en garder la mémoire ;

Ne livre jamais dans leur main

L'ame de tes élus, l'ame de ta colombe ! *

Ne mets pas en oubli

Tes pauvres, ou vivans, ou couchés dans la tombe;

Rappelle-toi ton pacte avec eux établi.

Tous les lieux sombres de la terre **

S'emplissent de trésors, trésors d'iniquité...

Que du moins le fidèle, heureux dans sa misère,

Ne revienne pas contristé ;

Mais que toujours sa bouche entonne ta louange...

Lève-toi, Dieu puissant !

Juge ta cause : il faut que ta gloire se venge,

Car le cri de l'impie est toujours menaçant !

" C'est le mot du texte.

DïMIO- Les lieux ténébreux.

Page 201: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXIV.

LE JUGEMENTDE DIEU.

Nous voulons te bénir et te bénir encore,Elohim ! car ton nom est descendu sur nous;

*

Et tes oeuvres, grand Dieu, le peuple qui t'adore

Les proclame à genoux.

Jeveux, au jour marqué, rétablir la justice...

La terre est abîmée avec ses habitans ;

Sur la pierre, je veux relever l'édifice

Et triompher des tems.

Aux insensés j'ai dit : « Abjurez vos folies ! »

Aux pervers : « Abjurez vos conseils orgueilleux !

» Ne portez pas si haut vos têtes avilies

» Et vos discours pompeux. »

Ce n'est pas du levant que vient jamais la gloire,

Ni du couchant non plus, ni du fond des déserts ;

Dieu seul est juge ! Aux uns il jette la victoire,

Aux autres les revers.

*"JOï? 3inp- Votre nom est prpcbc.

12

Page 202: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 178 —

Le calice fumant du vin de sa colère,

Dans sa main Jéhovah le tient, il le répand ;Il en extrait la lie, il la présente amère

Au pécheur, au méchant.

Et tous ils la boiront jusqu'aux dernières gouttes...J'annonce d'Elohim le règne glorieux!...Les grandeurs de l'impie aux enfers s'en vont toutes;

Celles du juste aux Cieux.

Page 203: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXV.

LE DIEU FORT.

Dans Juda Dieu s'est fait connaître ;Dans Israël grand est son nom !

Et de Salem souverain Maître,Il y pose son pavillon ;Ses gloires habitent Sion.

Là, fermant la source des larmes,Il brise la guerre et les armes,Les arcs et les dards meurtriers,

Les glaives et les boucliers.

Ta force brille plus puissante ,

Elohim, que ceUe des forts :

Ils sont trompés dans leur attente ;

Épuisés par de vains efforts,Ils dorment le sommeil des morts ;

Chevaux et cavaliers, ta foudre

En a fait une même poudre...

Qui peut subsister sans effroi,

O Dieu de Jacob, devant toi ?

Elohim, tu juges ta cause,

Assis sur les dômes du Ciel;

Page 204: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 180 —

La terre tremble et se reposeDevant toi, vengeur éternel

De tous les humbles d'Israël,

Toi, qui tiens sous tes anathêmes *

Les peuples et les rois eux-mêmes...

O vous qui marchez sous ses yeux,Tous rendez gloire au Dieu des dieux !

"ljnn flOfl JV1NÏ?' Vous préparerez le reste des indi-

gnations. Rosenmuller, après avoir fait remarquer que les Sep-tante et la Vulgate s'éloignent ici de l'hébreu, rapporte cetteversion d'une paraphrase chaldaïquc : Quod tibi rcliquem mansilex ira qua commotus eras, ar.cinxisli ad perdendum gentes.

Page 205: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXVI.

LES PIEUSESANGOISSES.

Devant mon Dieu je pleure, et vers lui ma voix crie :

Ce cri de mes émotions

Il l'entend ; mon ame le prieDans le feu des afflictions,

Et, semblable à la fleur flétrie,

Elle n'a point voulu de consolations.

Du sein de la nuit sombre, à ce Dieu de lumière

J'offrais un pieux souvenir;

Dans l'angoisse de ma prière

Son bras venoit me soutenir ;

Mais bientôt, fragile poussière,

Je retombe, et j'attends qu'il daigne revenir.

Mes yeux toutes les nuits veilloient, tristes comme elles,

Et je restois muet toujours,

Mais mon coeur retrouvoit ses ailes ;

Il méditoit les anciens jours

Et les profondeurs éternelles

Où le fleuve des tems va terminer son cours.

Page 206: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

—- 182 —

De mes cantiques saints je retournois les pages ;

Mon esprit restoit agité

Au milieu de sombres nuages.« Pour jamais Dieu m'a-t-il quitté ? »

Disois-je : « Où donc seront les gages» De sa miséricorde et de sa vérité ? »

Est-ce que sa parole avec les siècles passeComme les flots du genre humain ?

Son courroux, oubliant sa grâce,

En a-t-il fermé le chemin?

Hélas ! c'est la mort que j'embrasse ,

Ai-je dit, et Dieu seul tient mes jours dans sa main.*

Jusques aux premiers tems rappelant tes miracles,

Ta gloire s'unprimoit en moi,

Dieu saint, Dieu des saints tabernacles !

Quel Dieu peut s'égaler à toi?

A tous les peuples tes oracles

Ont annoncé ta force, et ton oeuvre, et ta loi.

De Jacob, de Joseph, les souvenirs sublimes

Peuvent toujours en déposer;Les eaux ont vu sur leurs abîmes,Les eaux ont vu Dieu reposer !

Les Cieux ont secoué leurs cimes,Et les Enfers sembloient encore se creuser.

*p'Sy pn> ma© N>rr 'niSn IONV Et j'ai dit à

moi l'infirmité (la mort), et (quant aux) années (dans) lamain du Très-Haut.

Page 207: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 183 —

Des feux et des torrens s'élançoient de la nue ;Ta foudre éclairait l'univers,

Grand Dieu ! la terre s'est émue,

Et tes pieds suivoient sur les mers

Une trace à toi seul connue

Et que nul oeil ne voit non plus que dans les airs.

De ton peuple, Elohim, tu fus toujours le pèreEt le pasteur : gloire à ton nom !

Oui, c'est en toi seul qu'il espère :

Que craindroit-il d'un Pharaon ?

Tu l'as sauvé de sa colère

Par la main de Moïse et par celle d'Aaron.

Page 208: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXV1I.

LA GRANDEPARAUOLK.

Viens écouter ma loi, recueille mes paroles,O mon peuple ! je vais parler en paraboles...

Sur les antiques vérités

Je ferai resplendir de nouvelles clartés;Jadis nous les avons connues,Nos pères les ont entendues,

Et, ces grands souvenirs, ils les ont racontés.

A nos fils, du Dieu saint rappelons les merveilles ;

Qu'ils redisent sa force et sa gloire aux oreilles

Des autres générations :

Sur Jacob il versa ses bénédictions ;Il établit sa loi sacrée

En Israël; il l'a livrée

A nos pères chargés de révélations.

* Math., xiii.—35. — Tout ce psaume est en effet une figuretrop fidèle du coeur de l'homme, tant qu'il ne rentre pas sous lahoulette du bon pasteur, figuré aussi par David, versets 70 etsuivans.

Page 209: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 185 —

Ainsi, de race en race, elles seront transmisesLes divines leçons par tout un peuple apprises...

Sur Jéhovah, sur ses bienfaits,Ils fondent leur espoir : ils n'oublîronl jamais

Ni ses oeuvres, ni sa puissance ;Ils garderont l'obéissance

Aux commandemens saints que son amour a faits.

Ils n'imiteront pas leurs pères infidèles,Si souvent contre Dieu murmurateurs rebelles,

Hélas ! et si souvent ingrats ;Tel que fut Ëphraîm dans le jour des combats,

Tournant le dos, jetant les armes

Et se livrant à ses alarmes ;Car la loi du Seigneur ne giùdoit point ses pas !

Ils oublioient son pacte, ils oublioient sa gloire ;Du salut d'Israël ils oublioient l'histoire,

Comment de l'Egypte il s'enfuit,Et comment de Tanis Jéhovah l'a conduit,

Coupant la mer, formant deux rives

Avec les eaux qu'il tient captives,Et guidant au milieu le peuple qui le suit.

Devant eux sa colonne, et rayonnante, et sombre,

La nuit étoit lumière, et le jour étoit ombre...

Ilbrisoit le roc du désert;Il y faisoit jaillir de l'abîme entr'ouvert

Des eaux grandes comme des fleuves...

Contre tant de gloire et de preuvesUs ont péché ! le fond des coeurs s'est découvert.

Page 210: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 186 —

Ils tentoient Jéhovah par un ingrat murmure ;Ils ont dit : « D'où viendra pour nous la nourriture

» Dans les solitudes ? et Dieu

» Lui-même pourroit-il la trouver en ce lieu ?

» Voici qu'il a frappé la pierre,» Il l'a transformée en rivière.

» Mais le pain ?mais le vin ? mais la chair ? mais le feu ?»

Leurs cris de Jéhovah provoquoient la colère ;Les enfans de Jacob trembloient sous son tonnerre ;

L'éclair visitoit Israël...

Ouvrant alors la nue et les portes du Ciel,Dieu leur jette avec abondance

La manne, pain de providence,Et ce froment des forts nourrit l'homme mortel.

Jéhovah donne aux vents sa puissance infinie,Et soudain les oiseaux, nombreux comme une pluie

Ou comme le sable des mers,Tombent de toutes parts; les camps en sont couverts :

Voilà leur nourriture prête,Et bientôt leur faim satisfaite

Ne désire plus rien au milieu des déserts.

Cette chair dans leur bouche étoit encore humide,

Que leur coeur contre Dieu se relevoit perfide ;Alors le céleste courroux

Des plus fiers d'Israël abaissoit les genoux...Aux bienfaits comme à la vengeanceIls répondoient par l'inconstance ;

Les miracles passés, ils les oublioient tous.

Page 211: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 187 —

Aussi la vanité de leur terrestre vie,Avec leur fol espoir, leur fut bientôt ravie :

Sous les menaces de la mort,Ils réclamoient leur Dieu, le nommoient le Dieu fort !

Dieu de salut, Dieu de victoire !

Mais pour flatter ainsi sa gloire*Leur coeur avec leur voix n'étoit jamais d'accord.

Ils ont tous violé son pacte et sa loi sainte :

Cependant sa pitié ne s'est jamais éteinte ;

Souvent il les a ramenés,Et loin d'eux ses fléaux ont été détournés...

La chair, hélas! n'est que foiblesse,

Et l'esprit s'égare sans cesse : **

Dieu s'en est souvenu, Dieu les a pardonnes.

Que de fois du désert les vastes solitudes

Ont été les témoins de leurs ingratitudes !

Et que de fois ils l'ont tenté,

Ce Dieu dont le pouvoir étoit comme heurté

Par leurs mépris et leurs blasphèmes :

Ils osoient oublier eux-mêmes

Comment tout Israël par lui fut racheté !

Sur les fils de l'Egypte il posa sa bannière,'

Il jeta dans Tanis des torrens de lumière ;

*îmna*!- Et ils le flattèrent.

"Mallli., xxvi.—M.

Page 212: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 188 —

Pour les punir, son bras puissant

De leur fleuve du Nil fit un fleuve de sang ;

D'insectes divers mille armées

A sa voix couraient affamées ;

Ensuite il envoyoit un fléau croassant.

Livrant leurs fruits au ver, l'herbe à la sauterelle,

Sur leur vigne féconde il appeloit la grêle

Qui déchirait tous ses rameaux,

Brisoit le sycomore et tuoit les troupeaux;

Bientôt des flammes vengeresses

Dévoraient toutes leurs richesses :

Le courroux d'Elohim combloit ainsi leurs maux.

Il avoit aplani ses sentiers redoutables

Sous les pieds des démons, pour frapper les coupables.

Des Egyptiens condamnés,Ni les jours, ni le sang ne sont point épargnés ;

La peste, féconde en supplices,

Dévore à la fois les prémices

Et la force de Cham, dans tous les premiers nés.

Elohim conduisit son peuple eu sa retraite,

Comme un troupeau marchant au gré de la houlette ;

Il le rangea dans le désert,Et contre toute crainte il le mit à couvert.

Tandis que l'ennemi succombe

Et dans la mer trouve sa tombe,Pour le vaincre Israël n'avoit donc rien soufferl.

Page 213: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 189 —

Elohim l'introduit, Elohim l'accompagne

Jusqu'au sommet sacré de la sainte montagne,

Conquête de son bras nerveux ;Les nations fuyoient ou tomboient devant eux ;

Il leur en donne l'héritage,Et chaque tribu le partage ;

Ils habitent la terre, objet de tous ieurs voeux!

Et pourtant ce grand Dieu toujours ils l'irritèrent:

Ses lois, ses mandemens, ils les abandonnèrent ;De leurs pères imitateurs,

Ils devinrent comme eux tous prévaricateurs,Tous pareils à l'arme trompeuse

Qui trahit la main courageuse ;Ils bravoient Jéhovah par leurs folles hauteurs.

Prodiguant à l'idole un encens ridicule,

Ils sembloient dire à Dieu : «Tiens, voilà ton émule ! »

Sa terrible indignationNe veut plus habiter avec eux dans Sion,

Et l'arche de son alliance,Il la livre avec sa puissance

A l'ennemi chargé de leur punition.

Ce peuple qu'il vouloit réserver pour lui-même ,

Son glaive le poursuit, glaive de l'anathême!

La flamme dévore leurs fils ;

Pour leurs vierges nuls chants ! pour leurs veuves nuls cris !

Et les prêtres du sanctuaire

Tombent massacrés sur la pierre...Las de leur pardonner, Dieu les a tous punis !

Page 214: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 190 —

Tel un guerrier, sortant du sommeil de l'ivresse,

Frappe ses ennemis et les poursuit sans cesse ,Telle la main de Jéhova

Se venge des tribus que d'abord il sauva...

De Joseph trompant les attentes,Et d'Ephraïm narguant les tentes,

Il a choisi Sion, il a choisi Juda.

C'est là qu'il établit sa demeure éternelle...

Il a choisi David, son serviteur fidèle,

Des troupeaux humble et doux pasteur,Pour être de Jacob aussi le conducteur :

David a donc reçu l'empire

Sur son peuple, et, pour le conduire,Prudente étoit sa main et simple étoit son coeur.

Page 215: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXV1II.

LE CRI DES MARTYRS.

Elohim, dans ton héritage

Elles viennent, les nations,

Et ton temple est en proie aux profanations,Et ta Jérusalem, sous les coups de leur rage,N'offre plus qu'un amas de dévastations !

Délaissant comme une pâtureAux voracités des oiseaux

Les cadavres sacrés, livrant aux animaux

Tous les corps de tes Saints restés sans sépulture,Ils ont versé leur sang comme l'eau des ruisseaux !

Nous sommes devenus scandale

Aux peuples voisins d'Israël ;

Ils nous lançoient l'insulte et le dédain cruel!...

Jusques à quand faut-il que ton courroux s'exhale ?

Et son feu dévorant doit-il être éternel ?

Sur les nations qui t'ignorent,

Sur les ennemis de ton nom,

Lève-toi! Ce sont eux qui pillent ta maison,

Qui dévastent Jacob, eux seuls qui le dévorent...

A ton peuple, Elohim, apporte le pardon !

Page 216: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 192 —

O mon Dieu, de nos anciens crimes

Daigne ne pas te souvenir !

Que ta miséricorde, ardente à prévenir.Nous sauve ! nous voici sur le bord des abîmes !

Pour ton nom, pour ta gloire, ah ! viens nous secourir.

Que nul mortel n'ose plus dire :

« Où donc est-il, leur Dieu puissant ? »

Sache enfin l'univers que tu venges le sang,Le sang de tes amis... Tout ton peuple soupire ;Fais monter jusqu'à toi ce concert gémissant.

Et que ton glaive enfin délivre

Les captifs à la mort promis !

Qu'il nous venge sept fois de tous nos ennemis,

Nous, ton troupeau, ton peuple ; oui, tu nous fais revivre :

Que nos cris de louange aux siècles soient transmis !

Page 217: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXIX.

LAVIGNEDUSEIGNEUR.

0 pasteur d'Israël ! écoute:

Toi qui conduis Joseph, en lui montrant sa route

Comme aux brebis : Dieu saint, sur les anges porté,

Viens, dans tes splendeurs éternelles)Ranimer les races fidèles,

Manassé, Benjamin, Ephraïm ! Ta clarté

Sera notre salut : sois donc manifesté !

Dieu clément, convertis notre ame :

Jette dans tous les coeurs un rayon de ta flamme,Et nous serons sauvés ! Quoi ! toujours ton courroux,

O Jéhovah ! Dieu des armées,Exhalera-t-il ses fumées

Sur les pieux soupirs de ton peuple à genoux ?...

Oui, du pain de douleur tu nous as nourris tous !

Tu nous versois le vin des larmes,El de nos ennemis lu réveillois les armes,El tu nous livrais tous à leurs dérisions !

Convertis-nous à ta lumière,

Toi qui tiras ta vigne entière

De l'Egypte, et, chassant toutes les nations,L'as transplantée au sein de leurs possessions !

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Page 218: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 194 —

Tu purgeas la terre féconde,D'où sa racine un jour devoit remplir le monde ;

Comme le cèdre, aux monts elle offrait ses abris ;

Sa tige, au fleuve suspendue,

Jusqu'aux mers s'étoit étendue...

Pourquoi donc par tes mains ses murs sont-ils détruits ?

Mon Dieu ! tous les passans ont emporté ses fruits !

Le sanglier l'a dévorée ;

Les monstres des forêts l'ont tous déshonorée !

Reviens la visiter ! reviens, Dieu des vertus !

C'est toi qui la plantas toi-même !

Du sein de ta grandeur suprême,Ah ! regarde du moins ses rameaux abattus,

Brûlés par ta colère, et qui ne vivent plus.

Visite l'homme de ta droite,

Le fils de l'homme aussi que ta grâce convoite !...

De tout égarement nous serons préservés ;

Tu nous donneras la victoire ;

De ton nom nous dirons la gloire:

Que nos pieds, Dieu puissant, par ta main relevés,

Marchent à ta lumière : et nous sommes sauvés !

Page 219: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXX.

I, INVITATIONDIVINE.

Pour le Dieu de Jacob, Dieu de notre puissance,Entonnez les concerts de la réjouissance :

Que le doux tambourin, l'harmonieux nébel,

Que le kinnor et la trompetteS'unissent à la voix des cantiques de fête :

Célébrons le jour solennel,Le jour saint qu'Elohim ordonne en Israël !

C'est lui qui sur Joseph posa son témoignage...De la terre étrangère, au barbare langage,Je t'ai tiré, dit-il; mon bras de lourds fardeaux

A débarrassé ta foiblesse;Tu me priois, et moi, j'entendois ta détresse,

Dans la tempête aux grandes eaux;Je t'éprouvois au bruit du brisement des flots.

Ecoute-moi, mon peuple, et si tu veux comprendre.Si des dieux étrangers ton coeur sait se défendre,Et si jamais ton front ne tombe devant eux,

Je m'enchaîne à ton espérance,

Moi, Jéhovah, ton Dieu, Dieu de ta délivrance !

Demande-moi ce que tu veux,Et mon amour saura répondre à tous tes voeux.

Page 220: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 196 —

Cependant Israël fut sourd à ma prière !

Il m'a dédaigné ! mais, dans sa folle carrière,

Je l'ai laissé courir au gré de son orgueil...

Ah! quelle aurait été ma joie

Si de tous mes sentiers il eût suivi la voie,

Et s'il eût marché sous mon oeil !

Non, jamais sur sa route il n'eût trouvé d'écueil.

En peu d'instans *j'aurois humilié la tête

De fous ses ennemis livrés à ma conquête :

Alors se prosternant sous les pieds d'Israël,

Pour feindre de lui rendre gloire,**Ils auroient eu le temps de pleurer sa victoire ;

Et moi, dans un fleuve de miel,Je t'aurais, ô mon peuple, offert le pain du Ciel !

tOJ.'Q> Dans peu, brevù**

>h Wr13». Mentiront à lui.

Page 221: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXI.

LESDIEUXMORTELS.

Dieu paraît au conseil des dieux !

Il vient pour vous juger vous-mêmes,

Juges mortels ! baissez les yeux,Ecoutez ses arrêts suprêmes :

Jusques à quand l'iniquitéSera-t-elle yotre justice ?

Quoi ! toujours de l'impiétéVotre coeur sera-t-il complice ?..

Des pauvres et des orphelins-

Que la cause vous soit sacrée !

Aux oppresseurs, aux assassins,

Arrachez leur ame éplorée !

Mais tous ces juges corrompusNe veulent voir que les ténèbres ;

*

La terre tremble et n'en peut plus,

Elle a poussé des cris funèbres.

" Volunlaria cmcitas, dit Bellarmin.

Page 222: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 198 —

Je disois : « Vous êtes des dieux,» Fils du vrai Dieu par qui nous sommes :

» Mais vous n'êtes pas dans les Cieux,r>Et vous mourrez comme les hommes ! »

Lève-toi donc pour les juger,O Jéhovah ! prends ton tonnerre !

Il est juste de te venger :

A toi seul appartient la terre !

Page 223: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXII.

LA LIGUEDESIMPIES.

Ne t'endors pas, mon Dieu, dans un plus long silence,*

Car de tes ennemis les fureurs vont s'unir ;

Tous ils lèvent la tête, ils veulent en finir ;Ils ont contre tes Saints concerté leur vengeance :

« C'en est fait d'Israël ! retranchons cette engeance !

» Qu'il n'en reste nul souvenir ! »

Voilà, Seigneur, leur pacte, oeuvre de leur furie !

Et déjà tous les camps d'Ismaël et d'Édom,De Moab et d'Hagar, de Ghébal et d'Ammon,

De Peleseth, de Tyr, de toute l'Assyrie,

Avec les fils de Loth ne font qu'une patrie,

Pour se liguer contre ton nom.

Viens rappeler en eux, et par leur destinée,

Madian, Sisara, Jabin dans lestorrens,Tous livrés, près d'Endor, à des chiens dévorans ;

De leur armée impie avec eux condamnée,

Comme Oreb et Zéeb, Zébach et Salmanée,

Que la mort disperse les rangs !

*"]h >0"t hfr Ne gardez pas le silence. Vltin SN- Ke

voustaisez pas.

Page 224: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 200 —

« A nous, avoient-ils dit, à nous le sanctuaire ! »

Roule-les donc, Seigneur, dans le noir tourbillon,

Comme la paille aride au gré de l'Aquilon,Et qu'ils soient consumés par le feu du tonnerre

Qui brûle les forêts, qui calcine la pierre,Et qui dévore la moisson !

Imprime sur leur face un sceau d'ignominie...

Qu'ils connoissent enfin ton nom, ton nom sacré !

Qu'ils prosternent, confus, leur front déshonoré;

Qu'ils sachent dans la mort ta grandeur infinie,Et ce nom d'ÉLOHm, pour la race bénie,

Seul triomphant, seul adoré.

Page 225: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXIII.

LES AUTELSDUSEIGNEUR.

Que tes saints parvis me sont chers,Et qu'ils sont beaux, Dieu des armées!

Là, ma vie et toutes mes chairs

Dans ton amour sont consumées.

La colombe a trouvé son nid,L'hirondelle son domicile ;Moi tes autels, Dieu de David,Mon Dieu, mon Roi, mon seul asile !

Heureux l'hôte de ta maison !

A jamais il te glorifie,Son coeur s'attache au tien, Dieu bon !Par ta force il se fortifie.

Il choisit les fermes sentiers *

Et l'ombrage frais des vallées,

Où, s'échappant des monts altiers,Les eaux vives sont rassemblées.

*ni7DQ- Les sentiers solides, ou, dans Je sens spirituel,

l.essentiers du Seigneur.

Page 226: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 202 —

Le Ciel bénit tous les élus,

Et les disciples, et le maître ;*

Ils vont de vertus en vertus;

Dans Sion leur Dieu va paraître.

Exauce-moi donc, Dieu des dieux ;

Dieu de Jacob, prête l'oreille !

Sur ton Christ abaisse les yeux ;

Que pour lui ta bonté s'éveille !

Mieux vaut un seul jour au saint lieu

Que mille jours près de l'impie ;

Je préfère au palais, grand Dieu,

L'humble pierre où mon coeur te prie.

Le Seigneur est mon bouclier,

Il est le soleil de ma gloire ;

Aux âmes qui vont le prier

Sa force donne la victoire.

Jamais il n'ôte le bonheur

A ceux qui gardent l'innocence.

Dieu des vertus, heureux le coeur

Qui se fie à ta providence !

min ÎTDï?* J11313 03> Aussi de bénédictions seracouvert celui qui enseigne. — Ce verset a donné lieu à plusieursversions différentes, mais qui rentrent dans la même interpréta-tion , pour le fond des pensées.

Page 227: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXX1V.

LAMISERICORDE,LA VERITE, LAPAIX ET LAJUSTICE.

Tu deviens propice à la terre,Tu ramènes Jacob de sa captivité,

0 Jéhovah ! Dieu toujours père!De ton peuple oubliant toute l'iniquité,Tu l'arraches toi-même au feu de ta colère ,

Au feu justement irrité.

Dieu sauveur ! dévoile ta face ;

Convertis-nous ; retire enfin tous tes fléaux.

Voudrois-tu donc, de race en race,

Les étendre, et toujours perpétuer nos maux ?

Ah ! reviens à ton peuple ! il vivra de ta grâce ;

Il dira des hymnes nouveaux.

Dans ta miséricorde immense,

Apporte le salut ! qu'il daigne s'approcher !

Je vais écouter en silence

Ce mystère où monDieu descend pour nous chercher

C'est la paix qu'il annonce ! une sainte science

Nous apprend à ne plus pécher.

' C'est le développement du sens prophétique.

Page 228: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 204 —

Oui, du Seigneur le tems propiceS'avance pour les coeurs dont la fidélité

Ne déserte pas son service :

Oui, la miséricorde avec la vérité

Se rencontrent : la paix embrasse la justice !

Par le Ciel l'homme est visité.

Et la vérité s'est couchée

Sur la terre ; elle y germe, et voilà que des Cieux

La justice aussi s'est penchée...Jéhovah nous promet des biens délicieux;La terre donnera son fruit, manne cachée.

Et lumière des coeurs pieux.

Page 229: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXV.

LE SERVITEURDE DIEU.

Incline à ma voix ton oreille,

Jéhovah ! Je suis pauvre : ah ! que toujours sur moi,

Sur l'affligé, ta bonté veille !

Je veux, esclave de ta loi,Être saint, car j'ai mis mon espérance en toi.

Seigneur ! prends pitié de mon ame,

Daigne aussi consoler ses pleurs de chaque jour ;

Souvent, dans l'ardeur qui l'enflamme,

Elle te demande en retour,

Dieu de miséricorde ' un peu de ton amour.

Exauce la voix de mes larmes,

Car tu sais compatir aux tribulations ;

Tu t'émeus au cri des alarmes !

Que sont les dieux des nations ?

Nul n'est dieu comme toi dans les afflictions.

Aussi, reconnoissant un père,Tous les peuples viendront tomber à les genoux ;

Et leurs chants à toute la terre

Diront le nom du Dieu jaloux,

Seul grand, seul tout puissant, seul souverain sur nous.

Page 230: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 206 —

Fais-moi donc marcher dans ta voie,Jéhovah ! que ta crainte asservisse mon coeur ;

Alors inondé de ta joie,Et par ta vérité vainqueur,

Il bénira ton nom dans les siècles, Seigneur !

Que ta miséricorde est grande !

Elle arrache mon ame au gouffre des enfers :

Un cri de mort la redemande,Cri des superbes, des pervers,

Qui tous ont blasphémé le Dieu de l'univers !

O Jéhovah ! Dieu de clémence,

Dieu de miséricorde et Dieu de vérité,Dieu de si longue patience !

A ton serviteur attristé

Donne ta force ! donne un signe de bonté !

Garde le fils de ta servante !

Confonds mes ennemis et leur règne imposteur ;

Qu'ils apprennent dans l'épouvante,

Que Jéhovah, mon rédempteur,

M'ouvre toujours contre eux son sein consolateur.

Page 231: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXVI.

LES PORTESDESIONOUVERTESATOUSLESPEUPLES.

Dieu pose aux fondemens des montagnes sacrées

Les portes de Sion ; il les a préféréesA toutes les splendeurs des tentes d'Israël...

Que de gloires en toi sont déjà célébrées,Cité de l'Eternel !

Je reçois et l'Egypte et Babel dans mon temple ;Le Philistin arrive, et Tyr, à son exemple,Avec l'Ethiopie: ils sont transplantés là.

On dira de Sion à l'oeil qui la contemple :

Leur pays, le voilà !

Sainte cité de Dieu ! c'est son bras qui la fonde ;Il enregistrera tous les peuples du monde

Comme nés dans son sein, et comme ses enfans...

En poètes sacrés elle sera féconde,*Elle inspire mes chants! **

77(13 Hï/'l- Et les chanteurs comme lesjoueurs de

flûte, aussi nombreux , disent plusieurs interprètes; ou, suivant

d'autres, formant des choeurs ensemble.

**13 '3»yo 73- Toutes mes sources (toutes mes inspira-

lions) en toi.

Page 232: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXYH.

LA PLAINTEDE L AMEOUBLIEE.

O Jéhovah, Dieu de ma vie !

Vers toi toute la nuit et tout le jour je crie :

Reçois donc ma prière, écoute ma clameur !...

De terreurs mon ame remplie,

Dans le sépulcre ensevelie,

Paraît être des morts la compagne et la soeur.

Je suis sans force et sans haleine,

Cadavre dégagé d'une mortelle chaîne

Et dormant dans l'oubli comme ceux des tombeaux :

Comme eux aussi ton bras m'entraîne,

Et dans l'abîme il me promène,

Et sur moi ton courroux verse tous ses fléaux !

Tu retiens loin de mes misères,

Comme loin d'un maudit, mes proches ! tes colères

Ont desséché mes yeux : et sans cesse mes mains

Elèvent vers toi mes prières :

Mais des morts les tristes poussières

Pourront-elles chanter les cantiques des Saints?*

"|HV laip* OW9T DN* Si les morts se lèveront pour

Page 233: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 209 —

Les ténèbres rediront-elles

Et ta miséricorde et tes lois éternelles ?

Tes miracles jamais vivront-ils dans la mort?

Et se peut-il que tu révèles

Ta justice aux tombes cruelles?

Pour moi, dès le matin, je t'invoque d'abord. *

Pourquoi fermer ton coeur de pèreA ma souffrance ? hélas ! les feux de ton tonnerre

Dès mes plus jeunes ans m'environnoient d'effroi,Comme les flots de l'onde amère...

Épouvantés par ma misère,Mes proches, mes amis ont tous fui loin de moi!

vouslouer. Le sens spirituel est manifeste : Tous ceux qui abu-sent de la vie sont déjà morts, dit le P. Berthier ; et il cite ces

paroles de saint Augustin : «Que je vois de morts marcher en-» corc ! Us paroissent vivre, parce qu'ils conversent avec les» hommes ; mais ils sont morts, parce que Dieu, qui est la vie,» s'est séparé de leur ame. »

* La foi du prophète le fait répondre aussitôt : 'Jl/QH *lp33"|OTpn- Dès le matin ma prière vous préviendra.

Page 234: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXVIII.

LE PACTEETERNEL.

Je dirai les miséricordes

Et les gloires de Dieu, pendant l'éternité ;Sur la terre déjà, plein de ta vérité,

Durant les jours que tu m'accordes,

Seigneur! j'instruis le siècle et la postérité.

Voici donc la parole sainte :

« A la miséricorde un trône glorieux

Par la vérité même est fondé dans les Cieux,

Cieux éternels ! dans leur enceinte,

Mon pacte avec David est présent à mes yeux;

» Il est mon serviteur fidèle

Et mon élu ! Je veux de son élection,

De génération en génération,Affermir la base éternelle,

Et qu'il règne à jamais sur toute nation. »

Les Cieux célèbrent tes merveilles ;

Ta vérité reluit dans l'église des Saints ;

Grand Dieu ! qui fut jamais ton égal ? Quelles mains

Firent jamais oeuvres pareillesA tes oeuvres ? Que sont les dieux nés des humains ?

Page 235: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 211 —

Dieu terrible, au milieu des anges,Au sein des purs esprits brillant de tes clartés :

Comme une armée autour de tes immensités,Dieu formidable, tu les ranges,

Jovah, Dieu des vertus et Dieu des majestés !

Des Océans que tu domines

Ta main pousse et réprime à son gré les élans ;Et sous tes rudes coups, blessés et chancelans,

Les fils de l'Egypte en ruines

Ont été dispersés dans ses débris sanglans.*

A toi le Ciel, à toi la terre,

A toi le monde entier ! Tu créas l'AquilonEt le Midi ; je vois, au seul bruit de ton nom ,

Tressaillir, comme un coeur de mère,

Et le brillant Thabor, et le riant Hermon.

A toi seul la toute puissance,Et ta robuste main en porte l'étendart ;

La justice à ton trône est un triple rempart;

La vérité, puis la clémence,

Marchent devant ta face et suivent ton regard.

Heureux les peuples dans ta joie!

Ta lumière sera le flambeau de leurs yeux,

Et ton nom soutiendra leurs bras victorieux :

* C'est le sens de l'hébreu.

Page 236: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 212 —

Déjà ta force se déploieEt jette son éclat sur nos fronts radieux.

Le Roi, bouclier de notre ame,

Il nous vient du Seigneur et du Saint d'Israël ;*

Car le prophète a dit au nom de l'Eternel :

« Je l'exalte, je le proclame,L'élu que j'ai marqué d'un signe solennel.

» C'est David ! et je viens de l'oindre

Avec l'huile sacrée; il est mon serviteur;

Ma droite est avec lui, je suis son protecteur ;

Il n'aura jamais rien à craindre,

Ni d'un ennemi fort, ni d'un lâche imposteur.

» Je briserai son adversaire

Sous les terribles coups de mon glaive irrité ;

Mais ma miséricorde avec ma vérité

Accompagneront sa carrière,

Et toujours par ma gloire il sera visité.

» J'étendrai son heureux empire

Jusqu'aux mers ; je mettrai les fleuves dans sa main ;

Des mortels couronnés je le fais souverain.

Dans son amour, il vient me dire :

« Mon Dieu ! mon Roi ! mon Père ! » Et ce n'est pas en vain.

*ÎM^O 7N-IE» PipSl ÎDJO mn>7- A Jéhovah,

notre bouclier, et au Saint d'Israël, notre Roi.

Page 237: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 213 —

» Il est mon premier né ; ma grâceDe ses flots éternels sur lui suivra le cours ;Mon pacte dans son coeur s'affermit pour toujours,

Et je retendrai sur sa race ;

Enfin, aux jours du Ciel j'égalerai ses jours.

Si ses fils violent ce pacte,S'ils osent transgresser ma justice et ma loi,Si de mon alliance ils désertent la foi,

Ou ne la gardent pas intacte,

Je les visiterai par le deuil et l'effroi.

Pourtant ma parole sacrée

Ne leur reprendra point ce qu'elle a garanti ;

Nul mensonge jamais de mon sein n'est sorti :

David le sait ! elle est juréePar mon nom, ma promesse : elle n'a point menti !

Sa race vivra d'âge en âge ;

Son trône est devant moi, beau comme te soleil;

Et l'astre de la nuit, dont le règne est pareil,

Doit rendre aussi son témoignage ,

Quand les Cieux s'ouvriront au jour du grand réveil...

D'où vient ton courroux, Dieu suprême,Et pourquoi donc jeter dans l'opprobre ton Christ?

Pourquoi rompre le pacte où son nom est inscrit?

Pourquoi flétrir son diadème

El le fouler aux pieds comme un objet proscrit ?

Page 238: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 214 —

Brisant les murs qui le protègent,

Tu fais de ses appuis des fléaux menaçans;

Tu livres sa souffrance au mépris des passans ;

Puis des ennemis qui l'assiègent

Tu rends le coeur joyeux et les efforts pulssans.

Tu jettes dans l'ignominie

Et son trône, et ses jours que tu veux abréger ;

Tu l'abandonnes seul au plus fort du danger,

Sans défense dans l'agonie,

En émoussant le fer qui pouvoit le venger.

O Jéhovah ! long-tems encore

Veux-tu cacher ta face et garder ton courroux?

Que suis-je ? Est-ce pour rien que tu les créas tous,

Les hommes que le tems dévore?

La mort épargne-t-elle un seul, un seul de nous ?

Tes miséricordes jurées

A David, par ton nom, l'étoient-elles en vain?

Vois ton Christ profané dans tout le genre humain !

Que ses gloires soient réparées!...

Béni soit Jéhovah dans les siècles ! AMEN.

Page 239: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME LXXXIX.

LESJOURSDE L HOMME.

Ton sein s'ouvre pour nous comme celui d'un père,De générations en générations;

Ton éternité solitaire

Bien long-tems précéda les montagnes, la terre,Et toutes tes créations.

Aux âmes des mortels loin de toi détournées,Tu dis : « Enfans d'Adam, revenez tous à moi ! »

Aussi, Jéhovah ! mille années,Comme les jours finis ou les heures sonnées,

Ne comptent pour rien devant toi.

La vie, hélas ! toujours ou noyée, ou meurtrie

Dans ta main, n'est qu'un songe, une fragile fleur ;Le matin, la voilà fleurie ;

Mais le soir elle tombe, et la voilà flétrie

Au souffle ardent de ta fureur !

Tu places nos péchés, et leur noire évidence,Et toutes nos erreurs,* sous l'éclat de tes yeux.

1307J7- Notre mystère.— Errores nostros, dit Xanctès-Pagnin.—Occultumnoslrum, scilicet delictum, dit Rosenmuller.

Page 240: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 216 —

Nos jours poussés par ta vengeance,

Pareils aux vains discours,* sont destinés d'avance

A l'abîme silencieux!

Douze lustres bien courts forment la longue vie,

Et seize, la plus longue, aux mortels les plus forts;

Tout entière elle est assouvie

De douleurs et de deuils; et puis, soudain ravie,**

Elle tombe au gouffre des morts.

Qui peut juger, grand Dieu! le poids de ta colère?

Celui-là seul qui sait craindre tes jugemens.

Que ta sagesse nous éclaire

Et par la vanité de nos jours sur la terre,

Et par tes saints commandemens !

Reviens ! n'est-il pas tems ? au peuple qui t'implore.

Que ta miséricorde offre à tes serviteurs

La joie et la paix dès l'aurore !

Que ton soleil nous guide ! et nous dirons encore

Le chant de tes adorateurs.

* La version grecque a traduit ruil par àpùys/i, ( la Vul-

gate : Aranea); mais le mot hébreu signifie méditation, pensée,et, dans un sens plus large, parole. Aussi Xanctès-Pagnin et

plusieurs autres interprètes ont adopté celui-ci : tanquam ser-monem.

ilflyjl Vn U »3- Car elle passe vite, et nous

partons. — Et avolamus.'X.-V.

Page 241: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XC.

LES ANGESGARDIENS.

Celui qui cherche un asile

Dans le temple du Seigneur,Sous ses yeux s'endort tranquille.Et moi, j'ai dit dans mon coeur :

Sois confiant, sois docile

Au Dieu qui fait ton bonheur.

11 te couvre de ses ailes,Il te nourrit dans la paix.

Toujours ses mains paternellesSauront détourner les traits

De l'homme aux flèches cruelles,Et briser tous ses filets.

Sa lumière est ton armure;Marche donc d'un pied hardi,Soit durant la nuit obscure,Soit dans les feux du midi,Ou dans la vapeur impure

Que souffle l'ange maudit.

Quand le châtiment des crimes

Fera tomber près de toi

Page 242: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 218 —

Mille et dix mille victimes,

Contemple-les sans effroi :

Le juste voit les abîmes,

Mais le Ciel soutient sa foi.

Dieu l'a dit : de ta demeure

Le mal n'approchera pas,Et ses anges à toute heure

Te porteront dans leurs bras,

De peur que ton pied n'effleure

Quelque piège sous tes pas.

Et, dans ta marche rapide,

Tu briseras le bon,

Et le reptile perfide,Et le terrible dragon;

Car de ton céleste guide

Voici la prédiction :

« A mon serviteur fidèle

Mon coeur s'attache toujours ;

Je l'entends quand il m'appelle.

Et je vole à son secours ;

Ma gloire à lui se révèle

Et je bénis ses longs jours. »

Page 243: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCI.

LA GLOIREVAINEET LA VRAIEGLOIRE.

Qu'il est bon de chanter pour Dieu de saints cantiques,De célébrer ton nom en concerts magnifiques,

O Dieu de majesté !

D'unir, dès le matin, pour tes miséricordes,

Dès la nuit, pour ta vérité,La harpe, le nébel et la lyre à dix cordes,Aux inspirations de mon coeur exalté !

De joie et de bonheur ta lumière l'inonde...

Que ta pensée est vaste, et sublime et profonde,Dans l'oeuvre de tes mains !

Mais l'insensé l'ignore : ignorance superbe !

Il croit aux grandeurs des humains...

Ah! s'il fleurit, l'impie, il fleurit comme l'herbe:

L'éternité surprend ses jours vides et vains.

A toi seul, pour jamais, la grandeur infinie!

Tes ennemis mourront : comme eux sera punieLeur gloire ; ils sont perdus !

Page 244: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 220 —

Je serai couronné : les flots de l'huile sainte

Sur mon front seront répandus,*

Et j'entendrai les cris et la dernière plainte

De mes persécuteurs brisés et confondus.

Le juste fleurira comme un palmier ; sa race

Croîtra comme le cèdre : ils auront tous leur place

Aux parvis du saint lieu.

Ils donneront des fruits, à la fin de leur âge,Aussi beaux que dans le milieu.

Aux splendeurs d'Elohim ils rendront témoignage...Jamais l'iniquité n'entre au sein de mon Dieu.

•Xanctès-Pagnin traduit ainsi : Canspergar oleo viridi.

Page 245: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCII.

LE ROI DE L ETERNITE.

Jéhovah règne : il se révèle

Dans sa gloire et sa force, immortels vêtemens !

Il pose l'univers, de peur qu'il ne chancelle,

Sur d'immobiles fondemens.

Sur le temps qui fuit et s'écoule,

Roi de l'éternité, tes pieds sont étendus :

Les fleuves ont poussé des cris comme la foule ;

Leurs flots s'élancent éperdus !

Le bras du Très-Haut les arrête ;

Il enchaîne et les mers et les fleuves... * Grand Dieu !

Gloire à tous tes décrets dans l'éternelle fête

Qui réj ouira le saint lieu !

' C'est le sens de l'hébreu.

Page 246: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCIII.

LE DIEU DES VENGEANCES.

0 Jéhovah ! Dieu des vengeances,

Dieu des vengeances, lève-toi ! *

Des superbes esprits viens punir les offenses ;

Contre eux, Juge éternel, exécute ta loi.

Jusques à quand de ces impies

Le règne sera-t-il joyeux ?

De fiel et de venin leurs bouches sont remplies,

Et tout l'orgueil du crime est écrit dans leurs yeux.

Ils affligent ton héritage,

Ton peuple est broyé dans leur main ;

A leur hôte, à la veuve, à l'orphelin, leur rage

N'épargne pas les coups de son glaive inhumain.

« Non ! Dieu ne voit rien sur la terre, »

Disent-ils ! « Non ! Dieu n'entend rien. »

La lumière du jour devient-elle un mystère

Pour vous seuls, insensés ? ah ! comprenez-moi bien :

N'Wn- Apparoissez!

Page 247: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 223 —

Quoi ! celui qui planta l'oreille

N'entendrait rien du haut des Cieux ?

Quoi ! celui qui de l'oeil a construit la merveille,Pour l'oeuvre de ses mains serait aussi sans yeux ?

Quoi ! celui dont la foudre grondeSur les peuples seroit sans voix ?

Sans voix qui parle au coeur, sans voix qui lui réponde ?

Pour guider les mortels il n'auroit pas de loix ?

Il connoît bien, ce Dieu suprême,Et leur folie et leur orgueil!...

Heureux, ô Jéhovah ! l'homme instruit par toi-même <

Et que ton pacte saint dirige sous ton oeil.

Tu donnes la paix à sa vie,Même au milieu des jours mauvais...

Les enfers sont creusés sous les pieds de l'impie ,

Et les Cieux aux élus sont ouverts pour jamais.

Ainsi, Dieu restera fidèle

A son peuple : au gré des coeurs droits,

Triomphante bientôt, sa justice éternelle

Dans tous les jugemens reprendra tous ses droits.

Contre l'ennemi qui m'assiège

Et contre l'artisan du mal

Quel sera mon vengeur ? le Dieu qui me protège ;

Sans lui j'entrais au fond de l'abîme infernal.

Page 248: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 224 —

Sitôt que j'ai dit : « Mon pied glisse ! »

Ta miséricorde, Seigneur,Soudain me retirant des bords du précipice,A ramené la joie au milieu de mon coeur. •

Près de ton tribunal auguste,Auront-ils accès, Dieu puissant,

Tous ces hommes pervers*

qui condamnent le juste,Se souillent de parjure et de sang innocent ?

Pour moi, Dieu s'est fait mon refuge ;Son bras me dérobe à leurs coups...

De leurs iniquités inévitable juge,Dans l'oeuvre de leurs mains il va les briser tous.

"!¥*• Fingens: Hicron. Ce qui s'applique à l'impiété.(Y. 20.)

Page 249: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCIV.

LESBREBISFIDELES.

Venez, chantons les chants de la reconnoissance

A Jéhovah, Dieu de puissanceEt de salut ! Venez, célébrons nos concerts

En sa présence :

Plus grand que tous les dieux, il créa l'univers,Et sa main balança, dans leur orbite immense,Les hauteurs de la terre et l'abîme des mers.

Venez, prosternons-nous ! que tout genou fléchisse,

Que tout orgueil s'anéantisse

Devant la majesté de notre Créateur

Et sa justice!Nous sommes les brebis dont il est le pasteur ;

Que de nul d'entre vous le coeur ne s'endurcisse

En écoutant la voix d'un Dieu consolateur.

Au désert, à Massah, dans les jours de murmure ,*

Quand vos pères m'ont fait injure,Ils ont connu mon oeuvre ; et moi, je leur disais :

« Race parjure !

L'hébreu porte : Comme au jour de iMassah.

15

Page 250: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 226 —

Contre toi, quarante ans toujours tu m'irritais ;

Ton coeur s'égare encore ; ah ! ma fureur le jure :

Nul, nul de ces ingrats n'eirtrera dans ma paix !

Page 251: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCV.

LES PIEUX TRIBUTS.

Consacrez un nouveau cantiqueAux louanges d.e l'Eternel,

Et que du Monde entier le concert magnifique

Répète ce chant solennel.

Chantez son nom et sa mémoire,Et que vos acclamations

Annoncent son salut, ses prodiges, sa gloire,Aux oreilles des nations.

Il est seul grand, seul adorable !

Vaines idoles, les faux dieux

Ne peuvent soutenir son regard formidable...

Jéhovah seul a fait les Cieux.

Il unit dans son sanctuaire,Et la puissance et la splendeur...

Portez-lui vos tributs, Nations de la terre,

Tributs de force et de grandeur :

A son nom, tributs d'harmonie !

Dans son temple, prosternez-vous,Coeurs purs ! et qu'avec vous toute la terre unie

Tremble devant le Dieu jaloux.

Page 252: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 228 —

Dites tous aux peuples du Monde :

Dieu règne ! son trône adoré

Ne chancellera pas ; sa justice le fonde :

Il est votre Juge sacré.

Joie aux Cieux ! à la terre joie !

Joie aux tonnerres de la mer ! *

Joie aux champs ! joie aux fruits ! que la forêt déploieSon riant feuillage dans l'air !

Il apparoît, ce Dieu suprême !

Il vient assis sur l'équité,Il va juger la terre et les peuples, lui-même,

Lui-même dans sa vérité.

Q'H OJ/T- La nier tonnera

Page 253: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCVI.

I.AMAJESTEDIVINE.

Jéhovali règne : que la terre,

Que les îles aussi tressaillent de bonheur !

Autour de lui la nue étale son mystère...La justice soutient le trône du Seigneur.

A sa parole,La foudre vole

Dans les éclairs :

Elle dévore

Tous les pervers,Et jette encore

Un vaste éclat sur l'univers.

La terre a vu ! la terre tremble !

Toutes les montagnes ensemble,

Contemplant Jéhovah, Jéhovah le grand Dieu,

Fondent comme la cire au feu.

Les Cieux annoncent sa justice,Et sa gloire triomphe aux yeux des nations...

Que les adorateurs des idoles du vice

Succombent sous le poids de leurs confusions !

Mais que les anges

A nos louanges

S'unissent tous!...

Page 254: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 230 —

Prêtant l'oreille

Au Dieu jaloux,

Sion s'éveille !

Joyeuse, elle tombe à genoux :

Les filles de Juda comme elle

Chantent ta sagesse éternelle,

O Jéhovah ! plus grand que la terre et les Cieux,

Plus grand aussi que tous les dieux.

Vous, amis'd'un Maître suprême,

Fuyez, fuyez le mal! ce Dieu vengeur des saints,

Sur le front des méchans*

imprime l'anathême ;

Il arrache le juste à leurs cruelles mains...

De sa lumière

Le flot éclaire

Tous les coeurs droits ;

Et de sa flamme

La douce voix

Apporte à l'ame

Joie, amour, et paix à la fois !

Vous, qui chérissez sa mémoire,

Réjouissez-vous dans sa gloire !

Des splendeurs de son nom et de sa sainteté

Adorez tous la majesté.

O'JUtn- Les impies.

Page 255: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCV1I.

LE CANTIQUEDES SAINTS.

Chantez au Roi du CjeJ un cantique nouveau

Pour ses prodiges admirables !

Sa droite du salut,élève Je flambeau :

CEuvresde sainteté, ses oeuvres sont durables.

Il montre aux .Nations le Sauveur éternel,

Il leur révèle sa justice,Et de sa vérité, dans le sein:d'Israël,

Sur sa miséricorde 41 asseoit l'édifice.

Tous les peuples du jnqnde ont vu de notre Dieu

La secourable pcavidençe :

Bénissez le Seigneur,,en tout teins, en,tou,t lieu !

Que vos .chants.d'allégresse .exaltent sa pr,é>ence !

Que les sons du kinnor,accompagnentyosyqix,

Que le .clairpp, ;gue la trompette,,

Fasse encor retentix.le.nom.du JAoi des rp,is,

Et qu'un écho .tonnant sur les mers.lejépète !

Aux applaudissemens de l'univers joyeux

Que le cri des fleuves s'unisse !

Jéhovah vient juger et la terre et les Cieux,

Et les peuples dans sa justice..

Page 256: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XCVI1I.

LE TRONEDE DIEU.

Dieu règne dans sa majesté :

Que devant lui tous les peuples frémissent ! *

Il vient à nous, sur les anges porté :

De l'univers tremblant que les cris retentissent ?

C'est un Dieu plus grand dans Sion

Que tous les rois de la terre habitable...

O Jéhovah ! que toute nation

Proclame ton nom saint, auguste, redoutable !

Que la force aime l'équité.**

Toi, Dieu puissant! tu chéris la droiture;

Et ta justice, astre de vérité,

Se fixe dans Jacob, toujours constante et pure.

Exaltez Jéhovah sur vous;

Que votre coeur tombe au pied de son trône,

Et devant lui demeurez à genoux,

Car c'est la Sainteté qui forme sa couronne.

*im». Tremblent.

**3riN UùVO ~]ha ÏJ7- La force du roi chérit la jus-

tice (ou le jugement).

Page 257: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

Ses prêtres, Moïse, Aaron,Et Samuel, imploroient sa lumière ;Ils invoquoient la gloire de son nom,

Et Jéhovah lui-même exauçoit leur prière.

Du sein de la colonne en feu,Il leur parloit ; leur coeur restoit fidèle

Au pacte saint, aux lois de notre Dieu...

Toi, Seigneur, tu montrois ta bonté paternelle.

Toujours miséricordieux,

Tu pardonnois, même en frappant le crime...

Prosternez-vous! exaltez jusqu'aux Cieux

Le grand Dieu de Sion, le Dieu qui nous ranime.

Page 258: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME XC1X.

L HOMMAGEI>E LA CllKATUIU"..

Peuples de toute la terre,

Chantez le nom du Seigneur ;

Entrez dans son sanctuaire,

Servez-le dans le bonheur !

Il est le seul Dieu suprême,Car il l'est par ses bienfaits.

Il nous a créés lui-même ;

C'est pour lui qu'il nous a faits. *

Fils de sa toute-puissance,

Nous, son peuple et ses brebis,

Ivres de reconnoissance,

Entrons dans ses saints parvis.

Que votre coeur les aborde

En exaltant jusqu'aux Cieux

Du Dieu de miséricorde

Le nom toujours glorieux !

Ëi ipsius sumus. Ilieron.

Page 259: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 235 —

Son règne, règne de grâceEt règne de vérité,

Brillera, de race en race,Dans toute l'éternité.

Page 260: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME C.

LE ZELE PUISSANT.

Pour ta miséricorde à ta justice unie,1Seigneur, je dirai mes concerts ;

Mes pas seront guidés par la sainte harmonie

Loin de tous les pervers.

Tu viendras m'affermir, grand Dieu ! par ta présence ;

Je veux parcourir tes sentiers,

Et d'un coeur toujours droit rapporter l'innocence,

Au sein de mes foyers.

Non, jamais mes regards ne chercheront l'impie,Jamais non plus l'impiété !

Je hais leur oeuvre : aussi mon ame est ennemie

De toute iniquité.

Je briserai la voix dont le langage acerbe

Déchire en secret le prochain :

Je ne supporte pas l'homme dont l'oeil superbeRévèle un coeur hautain.

Les fidèles amis que la terre m'assure

Viendront habiter avec moi ;

J'établirai celui dont la carrière est pure,

Ministre de ma loi.

Page 261: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 237 —

Loin, loin de ma maison les âmes frauduleuses !

Jamais devant moi le menteur

Ne pourra soutenir de ses lèvres trompeusesLe langage imposteur.

Chaque jour sur l'impie, au lever de l'aurore,Ma fureur soufflera son feu,

Et j'exterminerai les méchans que j'abhorreDans la cité de Dieu.

Page 262: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME Cl.

I. AVENIRDES ELUS.

Seigneur, entends ma prière,

Qu'elle arrive jusqu'à toi,

Et que ta sainte lumière

Ne s'éloigne pas de moi,

Quand sous ma triste paupière

Tu vois les pleurs de la foi !

Mon ame s'est enflammée

Aux feux dévorans du jour,

Et ma chair s'est consumée ;

Mes os sèchent à leur tour.

Et ma vie est la fumée

Qui disparoît sans retour.

Vers la terre je m'incline,

Et mon coeur s'en va mourir

Comme l'herbe sans racine

Qui ne pourra plus fleurir ;

Car d'une manne divine

J'oubliai de me nourrir.

Dans les déserts de la terre

Tel qu'un passereau je fuis,

Page 263: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 239 —

Errant, pauvre et solitaire,Ou tel que l'oiseau des nuits,

Qui dans l'ombre aime à se taire

Pour endormir ses ennuis.

Mes ennemis font entendre

Leurs menaçantes clameurs,

En me voyant toujours prendreLe breuvage de mes pleurs,Et manger avec la cendre

Le pain seul de mes douleurs.

Sur ta face vengeresse

L'éclair de la foudre a lui ;

Mon Dieu ! ton bras me délaisse,

Ton bras qui fut mon appui !

Et les jours de ma jeunesse

Comme une ombre vaine ont fui !

0 Jéhovah ! ta mémoire

Traverse avec majestéLes siècles, heureux de croire

Au Dieu de la vérité,Et de retrouver sa gloire .

Dans toute l'éternité.

Autour des saintes collines

Israël est revenu ;Il embrasse des ruines !

Mais ton coeur s'est souvenu

Page 264: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 240 —

De tes promesses divines :

Le tems de grâce est venu!

Convertie à son exemple,

Toute la terre à la fois

Au sein de Sion contempleLes nations et les rois,

Et Dieu paroît dans le temple

Qui se relève à sa voix.

A l'humble peuple qu'il crée

Son souffle daigne s'unir!...

Ah ! dans la langue sacrée

Inscrivez ce souvenir;

C'est une hymne préparéePour les siècles à venir.

Du fond des saints tabernacles

Sur nous ses yeux sont ouverts ;

Sa puissance et ses miracles

Des captifs brisent les fers,Et dans Sion ses oracles

Rassemblent tout l'univers.

Nos jours s'en vont en poussière ,*

Grand Dieu ! mais tu les soutiens ;

»a> "IXp >f13 ~\T\2 mj?- Afflixil in via fortiludi-nem menm : abbrevavit (lies meos. Hieron.

Page 265: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 241 —

Au milieu de ma carrière

Ne raccourcis pas les miens,

Car j'adresse ma prièreA l'éternité des tiens.

Ta main fit les corps célestes,Et la terre, et son flambeau :

Et déjà tu vois leurs restes

Vieillissant comme un manteau ;Ils périront : toi, tu restes

Toujours grand, toujours nouveau.

Oui! Dieu seul, toujours le même,

N'aura pas de dernier jour.Il introduit ceux qu'il aime

Dans l'immuable séjourOù de son bonheur suprêmeIl nourrira notre amour.

!G

Page 266: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME Cil.

LA COURONNEDU SAI.UT.

O mon ame, bénis ton Dieu !

Rassemble toute ta puissance

Pour remplir le plus tendre voeu,

Le voeu de ta reconnoissance !

Du poids de tes iniquités

C'est Jéhovah qui te délivre ;

Il guérit tes infirmités ;

Pour le Ciel il te fait revivre.

Oui, de la fosse du trépas

Il te rachète ! il te couronne !

Il verse au devant de tes pas

Le Ilot des grâces qu'il te donne.

Il comble tes désirs pieux

Par une pieuse richesse;

Et, pour le suivre dans les Cieux,

De l'aigle il te rend la jeunesse.

Il fait justice aux opprimés ;

Il ôte leur joug et le brise.

Ses décrets nous sont intimés

Dans la loi donnée à Moïse.

Page 267: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 243 —

O longanimité de Dieu !

O miséricorde suprême !

Quand sa foudre étoit tout en feu .

Il daigna l'éteindre lui-même.

Pour le pécheur qu'il a touché

Il ne sera point implacable ;

Mais, pour se venger du péché,De ses bienfaits il nous accable.

Sur nos âmes sa bonté luit,Il la mesure à nos abimes ;

Comme le jour chasse la nuit,Loin de nous il chasse nos crimes.

Nous sommes l'oeuvre de ses mains,

Il en a pitié comme un père,

Car du coeur des foibles humains

Il connoît la fragile terre.

Il voit nos jours pareils aux fleurs

Qu'un rayon du soleil dévore ;

La tempête dans ses fureurs*

Souvent, hélas! les brise encore !

Mais les bienfaits de l'Eternel

Sont éternels comme sa grâce :

mi- Le vent.

Page 268: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 244 —

Un jour, dans les parvis du Ciel,

Tous ses amis auront leur place.

Comme eux, leurs fidèles enfans

Gardent son pacte et sa mémoire ;

Comme eux, ils iront triomphans

Jusqu'à son trône et dans sa gloire.

Bénissez le Dieu des vertus,

Vous, Chérubins ! et vous, Puissances !

Et vous tous, Anges revêtus

Des célestes magnificences !

Bénissez-le, vous qui portez

Ses splendeurs et ses auréoles,

Ministres de ses volontés,

Vous qui recueillez ses paroles !

Que les oeuvres de ce grand Dieu

Le bénissent toutes !... Mon ame,

Bénis-le toujours, en tout lieu

Où s'étend sa divine flamme.

Page 269: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME cm.

LA CRÉATION.

Bénis ton Dieu, mon ame !... à toi seul, Dieu que j'aime,A toi la majesté des hymnes de l'amour ;A toi qui t'es couvert de ta gloire suprême!...

Jéhovah, sur son front et sur son diadème,

Rassemble tous les feux du jour.

Sa main a déployé les cieux comme une tente ;A la voûte des eaux qu'il suspend dans les airs,Il en a réuni l'invisible charpente ;

Et, sur l'aile des vents, la nue étincelante

Roule son char dans l'univers.

Il a des messagers, pures intelligences;Des ministres de feu, toujours prêts à partir...En face des soleils et des magnificences,Il attache la terre aux orbites immenses

Dont il lui défend de sortir.

Tu la couvrois. d'abord du manteau des abimes,

Seigneur ! et, sur son sein, les ondes s'élançoient ;

Page 270: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 246 —

Et les flots, en fuyant tes colères sublimes,

Des montagnes en deuil tantôt heurtoient les cimes,

Tantôt dans les vallons glissoient.*

Puis tu creusas leur lit ; c'est toi qui les enchaines;

Et pour noyer la terre ils font de vains efforts...

C'est toi qui des rochers épanches les fontaines,

En fleuves, en ruisseaux, qui vont des vastes plaines

Arroser les riches trésors.

Tous les troupeaux des champs y puisent leurs breuvages ;

Là, se baigne joyeux l'onagre du désert ;

Là, les oiseaux du Ciel chantent sous les ombrages ;

L'eau des divins parvis descend dans les nuages ;

Le flanc des monts en est couvert.

De ses dons l'Eternel enrichit la nature;

Il dispense la vie à tous les animaux ;

Il confie aux épis couronnés de verdure

Le pain qui des mortels devient la nourriture

Et le soutien de leurs travaux.

Il verse dans leurs coeurs le vin, baume de joie;Il embellit leurs fronts comme les oliviers ;

Dans les arbres géans, la force qu'il envoie

Exalte encor leur tige, et le cèdre déploie,Au Liban, ses rameaux altiers.

* Dans la version adoptée ici, les eaux sont le sujet dominantdes versets 7, 8 et 9; mais la Vulgate est grammaticalementplus exacte.

Page 271: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 247 —

A leurs branches l'oiseau suspend son nid tranquille ;La cigogne a le sien sur les pins sourcilleux ;Aux pics des monts l'ibis a fixé son asile,Et le creux du rocher, aux peurs du lièvre agile,

Ouvre un gîte silencieux.

Des phases de la lune il a réglé le nombre ;

Chaque jour au soleil il marque un lendemain :

C'est encor Dieu qui donne aux nuits leur voile sombre ;

Les lions des forêts vont aussitôt dans l'ombre

Le prier d'assouvir leur faim.

Et l'astre qui revient chasse dans leur tannière

De ces monstres errans le féroce troupeau,Tandis que les mortels, saluant la lumière,Du travail de leurs champs mesurent la carrière

Sur les rayons de son flambeau.

Tes oeuvres, Jéhovah, sont immenses ! Le monde

Regorge des bonheurs que ta sagesse a faits :

Dans la mer qui s'étend si vaste et si profonde,D'innombrables poissons, riches peuples de l'onde,

Habitent de brillans palais.

C'est là que des vaisseaux la foule se promène,Et que, pour s'y jouer,* tu fis Léviathan.

13. Dans elle (la mer).

Page 272: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 248 —

Tout l'univers, grand Dieu ! de ta main souveraine

Recueille chaque jour les biens dont elle est pleine,

Pleine encor plus que l'Océan,

Quand tu voiles ta face, il se trouble, il soupire ;

Il meurt quand ton esprit sur lui ne descend plus.

Souffle-nous tes ardeurs ; que leur feu nous inspire,

Et le Monde verra surgir sous ton empire

Le nouveau peuple des élus.

Que la gloire de Dieu reste donc éternelle !

Dans l'oeuvre de ses mains que son coeur soit joyeux !

Il regarde la terre, et la terre chancelle ;

Au sein de la montagne il jette une étincelle,

Et le volcan sort furieux.

Moi, je célébrerai mon Dieu toute ma vie;

Mes chants ne s'éteindront qu'avec mes derniers jours ;

Elohim daignera, son amour l'y convie,

Ouvrir ses voluptés à mon ame ravie,

Et l'en rassasier toujours !

Périssent les pécheurs ! que, sur toute la terre,

Ce Dieu, dont la bonté si souvent les sauva,

N'en laisse plus un seul insulter son tonnerre !...

O mon ame ! bénis ton seigneur et ton père,Chante le nom de Jéhova!

Page 273: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CIV.

LES PROMESSES,LES PEINESET LES RECOMPENSES.

A Jéhovah consacrez vos cantiques,Et de son nom célébrez la splendeur ;

Dites aux nations ses oeuvres magnifiques ;

Que des amis de Dieu les accens prophétiques,Comme aux fêtes antiques,

Avec ce nom sacré s'élèvent pleins d'ardeur !

Cherchez toujours et sa force et sa gloire ;

Que sa lumière éclaire tous vos sens;

Des miracles fameux dont vous savez l'histoire,

Conservez à jamais la fidèle mémoire,

Et soyez fiers de croire

Aux divines clartés de tous ses jugemens.

O d'Abraham, vous la race fidèle !

O de Jacob, vous les enfans élus !

C'est Jéhovah, mon Dieu lui-même, qui révèle

A l'univers entier sa justice éternelle ;

C'est lui qui renouvelle

Son pacte jusqu'aux jours qui ne finiront plus.

Pour Abraham il l'a d'abord juréeCette parole : Isaac, Israël,

Page 274: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 250 —

L'ont entendue aussi, pour eux réitérée,

Annonçant de sa loi l'éternelle durée ;

Et sa bouche sacrée

Leur répétait encor ce serment solennel :

« De Chanaan je vous donne la terre

» En héritage asservi sous vos lois.... »

Ils étoient peu nombreux sur la plage étrangère ;

De royaume en royaume ils promenoient la guerre,

Et Dieu, dans sa colère,

Enchaînoit à leurs pieds les peuples et les rois.

« Ne touchez pas mes Christs ni mes Prophètes!

» Et gardez-vous de leur faire du mal ! »

Disoit ce Dieu puissant ; « j'ai consacré leurs têtes ! »

Puis, contre les méchans ses foudres toujours prêtes,

Du milieu des tempêtes,

Répandoient la famine à son premier signal.

Devant son peuple 11envoyoit un sage :

C'étoit Joseph, vendu, chargé de fers,

Jusqu'au jour où le Ciel lui prêta son langage :

Un monarque touché de ce grand témoignage,

Brisant son esclavage,Le fit dominateur de cent peuples divers.

Il l'établit sur toute sa richesse ;

Même des grands il lui remit le sort,

Et voulut qu'aux anciens il dictât la sagesse.

Israël dans l'Egypte apporta sa détresse,

Page 275: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 251 —

Et Jacob sa vieillesse;

Mais Dieu fit de sa race un peuple immense et fort.

Pour surveiller de l'Egypte indécise,

L'inquiétude et le coeur frauduleux,

Il envoyé aussitôt son serviteur Moïse,

Puis Aaron : sa force en leurs mains fut remise;

Et la terre surprise

Fut couverte, à leur voix, de prodiges nombreux.

Du Ciel voilé de ténèbres profondes,

L'ordre par eux étoit exécuté :

Du Nil en flots de sang ils transformoient les ondes,

Tous les poissons mouroient ; et, mille fo>s fécondes,

Les grenouilles immondes

Assiégeojent dans son lit le Prince épouvanté.

Jéhovah parle : et, soudain réunies,

Les nations des insectes impurs

Promènent le fléau de leurs ignominies...

La grêle dans les champs a remplacé les pluies ;

Et, par ses incendies,

Des cités le tonnerre a visité les murs.

La vigne meurt, et le figuier chancelle,

Et des forêts les arbres sont détruits...

Dieu dit : et, tout-à-coup, voici la sauterelle,

Et les vers, peuple immense et dévorant comme elle !

Avec l'herbe nouvelle

Ils rongent de la terre et les fleurs et les fruits.

Page 276: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 252 —

Et Jéhovah, poursuivant sa vengeance,

Donne la mort à tous les premiers nés,

Prémices, mais en vain, de force et de puissance !

Puis, des Hébreux chargés et d'or et d'espérance,

Hâtant la délivrance,

Il les a, sains et saufs, avec lui ramenés.

De la terreur revenant à la joie,

L'Egypte enfin leur chante ses adieux :

Dieu leur fait de la nue un manteau qu'il déploie,

Dont l'éclat dans la nuit doit -éclairer leur voie ;

Ensuite il leur envoie,

Quand ils ont faim, la caille avec le pain des Cieux.

Il fait jaillir, il fait couler sans cesse

L'eau du rocher dont il les abreuva.

Ainsi, pour Abraham il remplit sa promesse...

Enfin, des nations il donne la richesse,

Au milieu des chants d'allégresse,

A son peuple : sa loi triomphe ! ALLÉLUIA !

Page 277: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CV.

I. INGRATITUDE, LE CHATIMENTET LE PARDON.

Célébrez Jéhovah : c'est un Dieu de clémence ;

Et sa miséricorde immense

Des siècles éternels remplit les profondeurs...

Qui peut dire sa force et sa magnificence ?

Qui peut de sa puissance,Par des chants de triomphe égaler les splendeurs ?

Heureux qui, chaque jour, à la sainte justiceConsacre un libre sacrifice !

Daigne, ô mon Dieu, m'entendre et ne m'oublier plus !

Que mon coeur visité par ton regard propice,

Toujours se réjouisseDans le sein de ton peuple et de tous tes élus.

Nous sommes nés pécheurs, à nos pères semblables,Avec eux, et comme eux coupables...

Dans l'Egypte leurs cris insultaient tes bontés,Et ta miséricorde, et les faits admirables

De ces jours mémorables :

Près de la mer de Souph ils se sont révoltés.

Page 278: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 254 —

Mais pour manifester le seul Dieu qu'il faut croire,Son nom, sa force, et sa mémoire,

Il les sauve ! la mer d'épouvante a frémi ;

Elle ouvre entre ses flots un passage de gloire ;

La fuite est leur victoire !

Ainsi Dieu les arrache au fer de l'ennemi.

Tous leurs persécuteurs sont noyés, et l'anime

N'épargne pas une victime !

La foi ressuscitée éclate en Israël ;

Il jette vers les Cieux un cantique sublime ;

Mais bientôt dans son crime

Il retombe ; il oublie, il brave l'Eternel.

Préférant aux conseils de la sainte sagesseLes désirs d'une folle ivresse,

Ils osoient tenter Dieu, même aux fonds des déserts:

Dieu satisfait leur coeur; mais leur ame qu'il blesse

De sa main vengeresse,Se flétrit * sous le poids des maux qu'elle a soufferts.

De Moïse et d'Aaron la glorieuse vie

Avoit irrité leur envie :

La terre dévora dans un gouffre de feu

Abiron et Dathan avec la foule impie,Et la fosse remplie

Se ferma sur le front des ennemis de Dieu.

DÏJflJ3 pî"l n^WV Et il envoie la maigreur dans leurame. C'est le mot à mot.

Page 279: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 255 —

Toujours ingrat, le peuple, aussi toujours frivole,Du veau d'or fabriqua l'idole.

Devant lui dans Horeb il plioit les genoux ;

Au boeuf qui broute l'herbe il prêtait l'auréole

Du Dieu dont la parole,

De l'Egypte et des eaux les avoit sauvés tous !

Ils l'oublioient ce Dieu, qui, par tant de miracles,

Devant eux brisa tant d'obstacles !...

Il jura de les perdre... il les auroit perdus,

Si Moïse n'eût pas conjuré ses oracles :

Mais, dans leurs tabernacles,

Ils murmurent toujours ; ils n'obéissent plus.

Leur incrédule coeur abandonne et méprise

L'espoir de la Terre-Promise.

La main de Jéhovah se lève alors sur eux ;

Elle annonce au désert, par le coup qui les brise,

Que leur race est soumise

Aux peuples suscités pour ces temps désastreux :

Qu'il la dispersera jusqu'aux bornes du Monde,

Et malheureuse et vagabonde...A l'impur Belphégor les voilà donc unis !

Ils ont mangé la chair du sacrifice immonde !

Contre eux la foudre gronde,Et d'une immense plaie ils sont déjà punis.

Alors Phinès s'élève, il les juge; il efface

Du fléau la hideuse trace :

Page 280: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 256 —

Sa justice est bénie, et, ce grand souvenir,

Par la reconnoissance un peuple entier l'embrasse,

Et puis, de race en race,

Le porte glorieux aux siècles à venir.

Mais, contre Jéhovah, leur coupable murmure

Jette encor la plainte et l'injure ;Moïse devant eux demeuroit consterné :

Ils firent à son coeur une telle blessure,

Que de sa foi si pure

Son langage un moment.se trouva détourné.*

A des peuples que Dieu marquoit pour sa vengeance,Ils ont départi l'indulgence :

Ils empruntaient leurs moeurs, et leur langue, et leurs noms.

Des simulacres vains que la folie encense,

Adorant l'impuissance,

Ils ont sacrifié leurs enfans aux démons !

Oui, leur glaive répand, dans sa démence extrême,

Le sang innocent, il le sème !

La terre en est rougie ! et Dieu, dans sa fureur,

Sur ces hommes impurs a lancé l'anathême ;

Et son peuple lui-même

Désormais à ses yeux est un objet d'horreur !

VflSJÏJ3 NI33M- Et il glissa dans ses paroles (ses lèvres).

Page 281: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

Aux pieds des nations, il l'abat, il l'enchaîne :

Et leur victorieuse haine

Humilie et confond les restes d'Israël.

Les ingrats, si souvent par sa main souveraine

Déchargés de leur peine,

Tremblent dans les remords de leur coeur criminel.

Pourtant de leur angoisse écoutant les alarmes,Jéhovah répond à leurs larmes ;

Ses paternels regrets ne sont jamais tardifs ;Dans sa miséricorde il retrouve des charmes ;

Il disperse les armes

De tous les ennemis qui les tenoient captifs.

Grand Dieu, sépare-nous des crimes de la terre !

Que ton nom saint et salutaire

Annonce par nos chants le grand Dieu d'Israël,

Qu'il montre des Elus le Sauveur et le Père !

Que tout peuple sincère

Chante avec nous ta gloire et FAMEN éternel.

Page 282: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CYI.

LA PROVIDENCE.

Chantez Dieu ! chantez le Dieu bon !

Que ceux qu'il a sauvés rendent gloire à son nom,

A sa miséricorde éternelle, infinie !

C'est par lui que la terre en un seul peuple unie,

L'Orient, l'Occident, la Mer et l'Aquilon,

Célèbre la sainte harmonie.

Quand les Hébreux dans le désert

N'avoient pas un seul toit pour se mettre à couvert ;

Quand la soif et la faim abattoient leur courage,

Leurs cris vers Jéhovah se frayoient un passage ;

Le chemin des cités par lui leur fut ouvert ;Il les tira de l'esclavage.

Qu'ils célèbrent donc Jéhova

Et ses merveilles, ceux que sa bonté sauva ! (1)

Qu'ils disent comment l'ame indigente, affamée,

Dans des flots de bonheur soudain s'est abîmée ;

Comment, brisant la mort, sa main les enleva

A la tombe sur eux fermée.

(1) Ces répétitions et celles qui vont suivre indiquent bienChoeurs. V. M. Nolliac.

Page 283: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 259 —

Hélas ! de rebelles espritsAux conseils du Très-Haut ont lancé leurs mépris !

Mais il les humilie, et leur coeur est en proieAux remords dévorans que sa justice envoie !...

Enfin Dieu, tout ému de leur deuil, de leurs cris,

Leur rend le salut et la joie.

Il les délivre des enfers,

Des ombres de la mort, des glaives et des fers...

Qu'ils chantent donc leur Dieu, ce Dieu dont les mains fortes

Brisent l'acier des gonds, brisent l'airain des portes !

Mais, dans l'affliction, sachent les coeurs pervers

Que toutes leurs gloires sont mortes!

De leurs prévarications

Quels ont été les fruits? Les tribulations !

Dans le creux des tombeaux leur ame délaissée,

De toute nourriture abhorroit la pensée :

Alors, dans la ferveur des lamentations,Leur prière fut exaucée.

Dieu leur communique sa voix :

Il les a sauvés tous de la mort mille fois.

Qu'ils chantent donc le Dieu libérateur du Monde !

Rt qu'en hymnes d'amour leur sacrifice abonde.

Puis, sur les vastes mers, dans ses derniers abois.

Que le nautonnier leur réponde !

Dieu parle , et les vents furieux

Lancent en mugissant les vagues jusqu'aux Cieux,lit le flot redescend jusqu'au fond des animes :

Page 284: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 2C0 —

Les mortels tremblent tous, dans ces heures sublimes ;

Ils sont ivres de crainte; ils se font des adieux

Pareils au râle des victimes.

Toute leur sagesse en défaut

S'est éteinte : leurs cris implorent le Très-Haut;

Il les délivre; il donne un ordre à la tempête ;

L'ouragan fait silence ! et la vague s'arrête !

L'espérance en leur ame est rentrée aussitôt,

Riante comme aux jours de fête.

Qu'ils consacrent donc leurs concerts

A toutes les grandeurs du Dieu de l'univers !

Qu'ils disent sa louange au peuple qui se presse

Autour du tribunal de la sainte vieillesse...

Il a changé le fleuve en de brûlans déserts,

Et la fraîcheur en sécheresse.

Au désert il donne des eaux,A la terre de feu, des lacs et des ruisseaux.

De la foule affamée il y fonde l'asile ;

Là, se sème leur champ et s'élève leur ville ;

Ici, la vigne heureuse étale ses rameaux

Et ses fruits sur le sol fertile.

Bénis par la main du Seigneur,ils se multiplioient pleins de gloire et d'honneur,

Et leurs troupeaux croissoient en beauté comme en nombre:

Tout à coup la douleur étend son voile sombre

Sur leur ame; leur mal s'aigrit, et du bonheur

Il leur reste à peine quelqu'ombre.

Page 285: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 261 —

Sur leurs chefs jetant son mépris,Dieu les livre au désert sans route et sans abris.

Mais, comme ses enfans, les pauvres sous son aile

Sont recueillis; leur sort réjouit le fidèle:

L'iniquité s'est tue, et le sage a comprisLa miséricorde éternelle. *

*mrv non •uaiann ÎTVN inion asn 'a- Qmsquis

sapiens est, is observet; et intelligant multiplicem Jovoe beni-

ijnitatem. Rosenmuller.

La divine Providence, soit qu'elle frappe, soit qu'elle guérisse,soit qu'elle manifeste les causes de son action, soit qu'elle les[ienue cachées dans les profondeurs de ses conseils, doit tou-

jours être adorée avec une égale reconnoissanee. L'Eternité

implique dès à présent bien des mystères.

Page 286: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CV1I.

LE CHANTDES PSAUMES.

Mon coeur est prêt, Seigneur! de mes glorieux psaumes.O ma langue, dis les concerts !

O ma lyre ! mesure et la terre et les mers !

O nébel ! lève-toi ! parcours tous les royaumes !

Dès l'aurore chantons le Dieu de l'univers !

Car plus loin que la nue, elle s'étend sublime,

Ta clémence, Dieu des vertus !

Et ta vérité sainte aussi plane au-dessus...

Pose-toi sur les Cieux, et, du haut de leur cime,

Que ta gloire apparoisse et sauve tes élus !

Pour nous exaucer tous, que ta droite s'élance !

Oui ! par son nom Dieu l'a juré :

Dans Sichem, dans Succhoth, en vainqueur j'entrerai ;

Galaad, Manassé, sont mis en ma puissance ;

Ephraïm est à moi ! Juda sera sacré !

Et Moab de mes mains deviendra l'aiguière ;Sur Edom mon pied frappera ;

Sur Peleseth mon ame aussi jubilera...Mais vers la cité forte, en brisant sa barrière,Et jusque dans Edom, quel Dieu me conduira ?

Page 287: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 263 —

N'est-ce pas toi, Seigneur ?... Quand le fléau nous ronge,

Pourquoi nous retirer ton bras?

Pourquoi ne vouloir plus nous guider aux combats ?

Viens à nous ! le secours de l'homme est un mensonge !

Tu seras notre force, et tu nous sauveras. (1)

(1) V. les Psaumes LVIet LIS , dont celui-ci est en partie la

répétition.

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PSAUME CVIII.

LE CHRISTLIVREPAUL HOMMEET DELIVREPAR DIEU.

Ne reste pas toujours silencieux,O Dieu de ma louange ! hélas ! l'homme de fraude

Lance sur moi ses cris calomnieux,Et sa fureur m'attend comme un lion qui rôde !

L'iniquité rassemble les médians ;

Ils m'attaquent sans cause; ils se font adversaires

De leur ami ! * ma prière et mes chants

Les pleuroient : mou amour irrite leurs colères.

Et pour le bien ils me rendent le mal !...

Sur leurs crimes, grand Dieu! fais tomber l'anathême.Et que Satan monte à leur tribunal :

Que le coupable aussi se condamne lui-même ! **

Qu'il pleure en vain ! que ses jours soient brisés !

Qu'à d'autres mains bientôt sa charge soit donnée,

»313î3iy' Tl3nX nnn- A cause de mon affection ils sesont faits mes ennemis.

**Il ne faut pas oublier que dans toutes ces terribles impréca-tions, c'est Dieu qui parle et qui parle contre le sacrilège clle déicide.

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— 265 —

Et que ses lils, orphelins, méprisés,Restent toujours errans, sa veuve abandonnée !

Que l'usurier dévore tout son bien ;Du fruit de ses travaux que l'étranger le chasse ;

Que la pitié n'ouvre nul coeur au sien,

Et, sans consolateur, laisse éteindre sa race.

Périssent donc avec leur souvenir

Leurs derniers rejetons !... Des crimes de leurs pères

Que Jéhovah vienne aussi les punir,Et qu'il n'efface point les péchés de leurs mères !

Qu'il ait toujours ce tableau devant lui;*

Mais que de leur scandale il brise enfin la chaîne ;

Car, refusant au pauvre son appui,Le pécheur vient encor l'immoler à sa haine.

Il répandit les malédictions :

Les malédictions sur son front retombèrent ;Il dédaigna les bénédictions :

Les bénédictions loin de lui s'écoulèrent.

Il est maudit ! il a pour vêtement

L'anathême, fléau qui, comme une huile infâme ,

S'infiltre en lui, pénètre incessamment

Et sa chair, et ses os, et le fond de son âme.

"U;. Devant. (En présence.!

Page 290: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 266 —

Qu'il en demeure investi pour toujours !

Qu'il la porte à jamais, cette affreuse ceinture !

Ainsi, le Dieu qui vient à mon secours,

De mes persécuteurs punira l'imposture.

Par ton saint nom, sauve-moi donc, Seigneur !

Que ta miséricorde est bonne ! elle ranime,

Elle console : ah ! viens guérir mon coeur !

Il souffre : il est atteint d'une blessure intime.

J'aurai passé, rapide comme l'eau;Ballotté par les vents, comme la sauterelle ;

Mes genoux sont penchés vers le tombeau,

Et mon corps amaigri déjà tremble et chancelle.

Je suis, hélas ! l'opprobre des humains;

Le peuple, en me voyant, a secoué la tête...

Loin de mes jours, remis entre tes mains,

Que ta miséricorde écarte la tempête !

Fais éclater la force de ton bras ;

Qu'ils reconnoissent tous ta puissance suprême :

Ils maudiront, et toi, tu béniras,

Et la confusion couvrira leur blasphème.

Ton serviteur aura le coeur joyeux ;

Que tous mes ennemis d'un sac d'ignominieSoient revêtus ! et mes chants glorieux

Diront de l'Eternel la grandeur infinie.

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— 267 —

Oui, je dirai devant tout l'univers,Le grand Dieu qui du pauvre est toujours le refuge ;

Qui m'a sauvé de la main du pervers,De la main du bourreau qui s'était fait mon juge.

*

• *1ï?23 't33ïJO' Des juges de son ame.

Page 292: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME C1X.

LA GLOIREDU VERliE.

Le Seigneur a dit au Seigneur :

« Siège à ma droite * dans ta gloire 1

» Je poserai ton pied vengeur» Sur le front des médians, pour marquer ta victoire. »

Ton sceptre des murs de Sion

Aura bientôt franchi l'enceinte ;

Étends ta domination

Sur tous les ennemis de ta majesté sainte !

A toi la royauté des Cieux,

Et le peuple des Saints t'adore ! **

« Je t'engendrai, fils glorieux,

» Et moi, dit le Seigneur, long-tems avant l'aurore. »

Il l'a juré dans Israël ;

Il ne reprend point sa parole :

• MattU. xxii.—43, Vi et ï.">."* S. Jérôme et la plupart des hcbraïsans expliquent autre-

ment le verset 3 : Populi lui spontanei erinit in die forliludi-nis luw : in montibus sanctis quasi rie mtlca ovielur libi ro.i

ndolesrentioe l'un.

Page 293: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 269 —

Ton sacerdoce est éternel,

Déjà Melchisédech en était le symbole.

A tes côtés ce Dieu puissantJette les rois dans la poussière ;

Couverts de ruine et de sang,

Les peuples sont jugés et brisés sur la pierre.

Ta soif, dans les eaux du torrent,

Sur la terre s'est abreuvée;

C'est pourquoi ta gloire, en courant,

Jusqu'aux cimes des Cieux soudain s'est élevée*

Page 294: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CX.

LA RECONNOISSANCE.

Dans l'Église des Saints je chanterai ta gloireEt tes oeuvres, Dieu créateur !

Oh ! que leur majesté, pour le coeur qui veut croire,En a bien dénoncé l'auteur !

11 a gravé son nom dans la magnificence ;Ses merveilles, dans la splendeur ;

Et partout il confie à l'univers immense

La mémoire de sa grandeur.

D'un immortel éclat sa justice est empreinte :

C'est le Dieu bon, le Dieu clément ;Il apporte aux élus qui vivent dans sa crainte,

Un miraculeux aliment.

Il annonce sa force à son peuple ; il lui donne

L'héritage des nations.

Soleil de vérité, sa grâce est la couronne

De toutes ses créations.

Ses augustes décrets, fondés sur sa parole,Gouverneront l'Eternité,

Environnés toujours d'une double auréole

De sagesse et de sainteté.

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— 271 —

Il promit à son peuple un Sauveur : il l'envoie

Par son testament éternel.

Redoutable est son nom, mais douce en est la joie :

Elle ramène l'homme au Ciel.

Dans la crainte de Dieu la vertu doit éclore ;Sa lumière inonde sa loi ;

Elle assure à jamais à celui qui l'adore

Les récompenses de la foi.

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PSAUME CXI.

LEBONHEURDUJUSTEET LE DESESPOIRDE t. IMPIE.

Heureuxl'homme à qui Dieu daigne inspirer sa crainte !

Sa nombreuse postéritéSera toujours puissante et sainte

Dans sa riche prospérité.

Sur la terre long-tems elle sera bénie ;

Et, dans sa féconde maison,La gloire, à la justice unie,Gardera l'honneur de son nom.

La lumière aux coeurs droits dans l'ombre se révèle ;

L'homme juste est toujours pieux ;Il est compatissant, fidèle ;

Il est miséricordieux.

Qu'il soit chéri du Ciel l'ami de la clémence !

La sagesse est dans ses discours,L'or dans ses mains pour l'indigence,Et le bonheur dans ses longs jours.

Sa mémoire vivra d'une éternelle vie;

A Jéhovah toujours soumis,

Il brave les traits de l'envie

Et se rit de ses ennemis.

Page 297: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 273 —

Au sein des malheureux il prodigua l'aumône,Sa justice fut leur appui :

L'éternité lui doit un trône

Où sa race monte avec lui.

Le pécheur les verra ; mais en vain de sa rageSes dents grinceront le signal :

Avec la mort l'enfer s'engageA solder les oeuvres du mal.

îs

Page 298: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXH.

I. HYMNEDE L ENFANCE.

Enfans de Dieu,* chantez sa gloire !

Bénissez le nom du Seigneur ! **

Gloire au Seigneur ! A sa mémoire,

A son nom, éternel honneur !

Que l'univers entier l'adore

Et le célèbre à son réveil,

Dès les premiers feux de l'aurore

Jusqu'aux derniers feux du soleil.

Sur tous les peuples sa puissance

S'élève d'un vol radieux,

Et sa gloire avec lui s'élance

Bien au delà de tous les Cieux.

Quel autre que ce Dieu suprêmeS'est assis à cette hauteur,

'

Et sur la terre et le Ciel même

Abaisse son oeil protecteur ? ***

rtliT H3J7- Serviteurs, ou enfans de Dieu.**Evidemment c'est un Choeurqui répond aussitôt : « Gloire

au Seigneur ! »

flïNT7 .H'flTtfDrt" Se baissant pour voir.

Page 299: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 275 —

C'est lui qui va de la poussièreRetirer les infortunés,Pour les placer dans sa lumière,

Parmi les justes couronnés.

Au sein de la stérile épouseIl donne la fécondité,

Et la rend heureuse et jalouseDe sa longue postérité.

Page 300: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CX1H.

LE NÉANTDES IDOLES.

Quand Israël, brisant sa chaine,

Quitta l'Egypte et Pharaon,Dieu voulut dans Jacob établir son domaine,

Et dans Juda fixer son nom.

La mer le vit : ses flots s'enfuirent;Le Jourdain refoula ses eaux,

Et comme des béliers les montagnes bondirent,

Les rochers comme des agneaux.

Pourquoi fuyois-tu, Mer puissante?

Jourdain, pourquoi tes flots tremblans ?

Montagnes et rochers, pourquoi tant d'épouvanteA-t-elle fait bondir vos flancs?

Devant Dieu la terre attentive

S'ébranla dans ses fondemens :

C'est lui qui de la pierre a su tirer l'eau vive

Et changer le roc en torrens.

Nous n'avons rien fait pour ta gloire; (1)

Que ton nom seul soit exalté,

(1). Ici commencele Psaume cxv, flansl'hébreu.

Page 301: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 277 —

Seigneur ! Fais-toi justice, et les peuples vont croire

Aux splendeurs de ta vérité.

Qu'ils cessent enfin de nous dire

Que Dieu n'est pas sur nos autels !...

Les simulacres d'or que leur folie admire

Sont faits de la main des mortels.

Ils ont des bouches, pour se taire ;Des oreilles, pour être sourds;

Des yeux, pour ne rien voir; des bras, pour ne rien faite ;Des pieds enchaînés pour toujours.

Jamais ne s'ouvrent leurs narines

A l'encens porté vers les Cieux;Jamais souffle ni son ne sort de leurs poitrines :

Nations, voilà donc vos dieux !

Que ceux qui de ces dieux frivoles

Se sont faits les fabricateurs,Deviennent donc pareils à leurs vaines idoles,

Avec tous leurs adorateurs.

La maison d'Israël espèreAu Seigneur : il est son appui ;

Et la maison d'Aaron le chérit comme un père ;

Toute sa gloire vient de lui.

Les coeurs pleins de sa douce crainte

Dans le même espoir vivent tous,

Page 302: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 278 —

A l'ombre de son nom et sous son aile sainte.

Oui, Dieu s'est souvenu de nous !

Il a daigné verser sa grâce,Et sur la maison d'Israël,

Et sur celle d'Aaron, et sur toute la race

Des élus du siècle éternel.

Grands et petits, venez ensemble,Et soyez bénis à jamais :

Sur vous et sur vos fils que sa bonté rassemble

L'héritage de ses bienfaits.

Il a fait les Cieux et la terre ;

Et, s'il s'est réservé les Cieux,Sur la terre il nourrit les enfans de lumière,

. Pour paroître un jour à ses yeux.

L'enfer n'a que des cris funèbres,Et ceux des morts sonî impuissants : *

Mais, mon Dieu, nous vivons, pour nous plus de ténèbres !

L'éternité s'ouvre à nos chants !

*flDn HT- Ceux qui descendent (dans) le silence.

Page 303: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXIY.

LA DELIVRANCE.

J'aime le Dieu qui daigne entendre

L'humble prière de mes pleurs ?Et qui daigne encore comprendreLe silence de mes douleurs.

Déjà de la mort l'affreuse ombre

M'enveloppoit de toutes parts ;

Déjà, dans sa terreur plus sombre,L'enfer s'offroit à mes regards.

Mon coeur, brûlant comme une flamme,

S'élance vers son Créateur,Et lui dit : « Délivre mon ame,» O Dieu juste et consolateur!... »

Il garde sous son aile sainte

L'humble coeur !... * Entre dans ta paix,O mon ame!... il entend ma plainte :

Il nous comble de ses bienfaits!

'ND3* Les simples.—Les humbles.—C'est dans ce sens

que la version grecque à dit : """"« , et la Vulgatc/>aruu/os.

Page 304: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 280 —

De mes yeux il ôte les larmes ;

Il brise la mort sous mes pas...Bientôt je goûterai tes charmes,

Terre des vlvans, dans ses bras!

Page 305: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXV.

LE CALICEDU SALUT.

Je crois ! et ma vive prière (1)A prosterné mon ame aux pieds du Créateur ;

Et, dans un saint transport, du fond de ma poussière,

Je disois : « Tout homme est menteur. »

Pour les biens dont mon Dieu m'accable,

Que lui rendrai-je donc? J'irai, dans mon amour,

Du calice divin m'enivrer à sa table,

Et chanter son nom chaque jour !

A tout son peuple je le chante !

Que les derniers soupirs de tes Saints te sont chers,

Grand Dieu ! moi, ton esclave et fils de ta servante,

Tu me délivres de mes fers !

» De mon coeur tu brises les langes !

Oui, pour bénir ton nom j'irai t'offrir mon voeu ;

Et dans Jérusalem je dirai tes louanges

Devant tout le peuple de Dieu ! »

(1) Ce Psaume n'en fait qu'un seul dans l'hébreu avec le pré-

cédent; c'est pourquoi le 1" verset de celui-ci porte le nombre 10.

Page 306: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXVI.

LA VOIX DES PEUPLES.

Peuples, chantez le Dieu de la terre et du Ciel,

Et dans tout Funivers que son nom retentisse :

Car sa miséricorde est pour nous sa justice,Et de sa vérité le règne est éternel !

Page 307: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXVII.

LE JOUR DU SEIGNEUR.

Rendez gloire au Dieu qui vous aime ! (1)Il est bon; venez le bénir :

Sa bonté ne peut pas finir,Elle est grande comme lui-même.

Que tout le peuple d'Israël

Chante le nom de l'Éternel !

Rendons gloire au Dieu qui nous aime !

Il est bon ; venez le bénir :

Sa bonté ne peut pas finir,Elle est grande comme lui-même.

Bénissez à jamais son nom,Race pieuse d'Aaron !

(1) Ce Psaume est un de ceux qui prouvent le mieux que ceshymnes sacrés étoient chantés par des Choeurs, comme l'auteurdes Etudes sur le texte des Psaumes l'a si bien expliqué. C'est

pourquoi l'on peut se permettre des répétitions, même plus lar-ges que celles du texte.

Page 308: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 284 —

Rendons gloire au Dieu qui nous aime !

Il est bon ; venez le bénir.

Sa bonté ne peut pas finir,Elle est grande comme lui-même.

Vous tous qui craignez le Seigneur,

Répétez les chants du bonheur.

Rendons gloire au Dieu qui nous aime !

Il est bon ; venez le bénir :

Sa bonté ne peut pas finir,

Elle est grande comme lui-même.

Dieu m'exauce ! il est mon soutien !

Et des mortels je ne crains rien.

Oui, je dédaigne leur colère,

Réfugié sous son appui :

Il vaut mieux espérer en lui

Que dans les princes de la terre.

J'invoque le nom du Seigneur ;

Il m'exauce, il est mon vengeur !

Vainement de coupables races,

Comme des essaims furieux,

Et de leurs dards et de leurs feux

Contre moi lançoient les menaces.

Page 309: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 285 —

J'invoque le nom du Seigneur,Et mon Dieu se fait mon vengeur!

Pour me dérober la victoire,Leurs efforts ébranloient mes pas :

Mon Dieu m'a reçu dans ses bras ;Il est mon salut et ma gloire !

J'invoque le nom du Seigneur,Et mon Dieu se fait mon vengeur !

J'entends au loin des voix augustes,

Annonçant la voix du Sauveur,

Et les délices du bonheur

Dans les tabernacles des justes.

Le bras de Dieu, par sa vertu,

Relève mon coeur abattu.

Il me retire de l'abîme...

Je veux raconter ses bienfaits :

De la mort il brisa les traits,

Quand il eut châtié mon crime.

S'DN > Car je les taillerai en pièces.—Mot à mot : Jeles couperai.

Page 310: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 286 —

Portes des justices du Ciel,

Ouvrez-vous ! Gloire à l'Éternel !

Salut à ces portes sacrées

Où les justes doivent entrer !

Nos âmes viennent adorer

La main qui les a délivrées.

C'est toi qui nous sauves, grand Dieu !

Gloire à ton nom dans ie saint lieu !

La pierre de ton sanctuaire,

Que des architectes impurs

Rejetaient loin des sacrés murs,

En devient la pierre angulaire ! *

Voilà l'oeuvre du Roi des Cieux :

Qu'elle est admirable à nos yeux !

Ce jour est le jour de Dieu même ;C'est lui qui l'a fait ! Venez tous

Chanter son triomphé avec nous,

Peuple des Saints, Peuple qu'il aime.

'Marc, XII.—10. — Luc, sx,—17.

Page 311: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— -1*7 —

O mon Sauveur, sois glorieux !

Béni soit l'envoyé des Cieux ! *

Du sein de sa gloire éternelle,

Sur vous qu'il verse son amour :

Vous devez choisir ce grand jourPour la prière solennelle.

Dans un holocauste nouveau,Immolez le sang de l'agneau ! **

Je veux de mon ame ravie

Offrir les tributs à mon Dieu !

Ah ! qu'elle soit toute de feu

Pour t'adorer, Roi de ma vie !

Dans un holocauste nouveau,Immolez le sang de l'agneau !

Rendons gloire au Dieu qui nous aime !

Il est bon, venez le bénir;

* Matth., xxi.—9. — Marc, *i.—10.

**roTnn maip ij? o'najn jn TIDN- Attachez

l'agneau par des liens, jusqu'aux pieds (jusqu'aux cornes) del'autel.

Page 312: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

288 —

Sa bonté ne peut pas finir :

Elle est grande comme lui-même.

Que tout le peuple d'Israël

Bénisse à jamais l'Éternel !

Page 313: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXV11I.

LA LOI DE DIEU.

Heureux ceux qui son t purs et chastes dans leurs voies, (l )Et qui règlent leurs pas sur la loi du Seigneur !

Heureux ceux qui cherchent leurs joiesDans les divins secrets ouverts à la ferveur !

Ils suivent tes sentiers, mon Dieu! nulle souillure

N'excite dans leur ame un germe criminel ;Ils marchent tous dans la droiture,

Aux sublimes clartés de ton code éternel.

Puissé-je aussi comme eux parcourir ma carrière !

Et mon espoir jamais ne sera confondu;Mais je saurai dans ta lumière

Retrouver et chérir tout ce que j'ai perdu !

Dans la sincérité, je veux à ton service

Consacrer tous les dons que ta grâce m'a faits.

Tu me révèles ta justice :

Ne m'abandonne pas après tant de bienfaits !

(1) Dans ce Psaume, qui est le plus long de tous, chaqueverset rappelle la loi de Dieu, ses ordonnances, sa vérité, sa

justice, ses commandemens, ses sentiers, sa parole, ses juge-mens, avec une pieuse affectation , que notre langue comportemoins que toute autre.

19

Page 314: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 290 —

A quelle source pure une errante jeunesseIra-t-elle puiser le feu réparateur ?

Dans les conseils de ta sagesse :

Ne les refuse pas à ton adorateur !

Au désir de mon ame avec soin je confie

Le céleste aliment qui guérit du péché.O mon Dieu ! je te glorifie;

Enseigne-moi la route où les Saints ont marché.

De ta divine loi je chante les merveilles ;

Je la médite : elle est mon unique trésor;

Je la médite dans mes veilles,

Et durant tout le jour je la médite encor.

De ta grâce, mon Dieu, donne-moi la rosée :

J'y trouverai la vie, elle ouvrira mes yeux ;

De mes erreurs désabusée,

Mon ame y recevra tout le parfum des Cieux.

Je suis le passager des déserts de la terre ;

Ah ! de ton pur froment nourris ma faim, Seigneur !

Et que ma soif se désaltère

Dans les eaux que le Ciel réserve au voyageur !

Aux superbes esprits ta voix dit : « Anathême ! »

Malheur donc aux mortels déserteurs de ta loi !

Mais bonheur à celui qui l'aime!...

Des opprobres impurs, Seigneur, préserve-moi.

Page 315: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 291 —

Mes ennemis sont tous assis dans leur puissance :

Contre moi leur langage est celui du vainqueur ;

O Jéhovah ! que ta présence

Réponde à mes périls, à mon ame, à mon coeur !

Je suis humilié ; je baise la poussière :

Viens me tendre la main, Seigneur! tu l'as promis,

Lorsqu'à l'ardeur de ma prière

Tu reconnus l'esclave à tes ordres soumis.

Viens donc me révéler le voeu de tes oracles.

Dans le deuil de l'exil mon coeur enseveli,

De ta grâce attend les miracles,

Et de l'espoir des Saints il est déjà rempli.

O mon Dieu ! garde-moi des oeuvres du mensonge,

De mes égaremens daigne prendre pitié !

Dans ta vérité je me plonge,

Mon choix est fait : comment seroit-il oublié ?

Aux chaînes de l'amour saintement asservie,

Mon ame est dans ton sein : ne la rejette pas ;

Mais qu'elle vive de ta vie ,

Et qu'elle soit toujours attachée à tes pas!

Seigneur, de ta sagesse apprends-moi la science :

Elle est comme la clé de tes justes décrets.

Qu'une divine intelligence

Révèle à mes désirs tes augustes secrets.

Page 316: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 292 —

Dis-moi tes volontés, je cherche ta justice;

Soutiens mon foible coeur, qu'il soit toujours pieux ;

Qu'il ne sache point l'avarice ;

Et de la vanité détourne aussi mes yeux.

Je suivrai tes sentiers, ta parole et ta crainte,

Pour vivre et m'affermir dans tes commandemens.

De ma honte efface l'empreinte,

Car je l'ai confiée à tes saints jugemens.

Dans ses transports, mon ame aspire à te connaître :

Parle-lui par ta grâce et par ton équité.

Le germe du salut doit naître,

Se nourrir et'grandir, Seigneur, dans ta bonté.

Si les cris de l'impie accusent ma croyance,

Ne me retire pas les accens de la foi.

Ta vérité, mon espérance,

Voilà mes défenseurs ! ils répondront pour moi.

Tes faveurs m'ont ouvert une éternelle source

De force, de grandeur, de consolations :

Elles rafraîchissent ma course,

Et ma voix les annonce aux rois des nations.

Devant l'orgueil des grands mon front jamais ne tombe,

Mais j'adore les lois du Maître des humains ;

La terre, pour moi, c'est la tombe :

Je veux aller au Ciel, et j'y lève les mains !

Page 317: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 293 —

Ton serviteur espère en ta sainte parole.De ce qu'elle a promis tu te souviens, Seigneur,

Et c'est elle qui me console :

L'humiliation commence mon bonheur !

Des injustes mortels j'ai connu l'insolence,Et mon fidèle coeur s'est jeté dans tes bras ;

Mais il retombe en défaillance

A l'aspect des pécheurs redevenus ingrats.

De tes saints jugemens j'ai gardé la mémoire :

Des siècles écoulés comme un rapide instant

Ils sont la consolante histoire,Celle de ta grandeur et de notre néant.

J'ai chanté tes bienfaits dans mon pèlerinage.Les nuits, dans ma prière, ont entendu ton nom.

Garder ta loi c'est mon partage :

Que devant toi mes pleurs obtiennent mon pardon !

Je songe à parcourir une sainte carrière,Et pour marcher au but tous mes désirs sont prêts !

Toujours mon ame, à ta lumière,

Des pièges du pécheur brisera les filets.

Pour te bénir, mon Dieu, j'interromps le silence,

Aux heures du sommeil : avec tous tes enfans

J'ai fait une heureuse alliance,Et l'univers entier se réveille à nos chants !

Page 318: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 294 —

Tu traites ton esclave avec mansuétude :

Donne-lui ta sagesse et les conseils divins ;Je veux en faire mon étude,

Car je crois aux grandeurs de mes dernières fins.

Avant d'être affligé, Seigneur, je fus coupable :

Aussi mon repentir rend hommage à ta loi.

O Dieu bon ! ton bras secourable

Rétablira mes sens sous le joug de la foi.

Contre moi les pécheurs redoublent leur audace,Et je me réfugie au pied de tes autels ;

Leur coeur est de pierre et de glace;Mais le mien, pour aimer, n'attend rien des mortels.

Par mes heureux soupirs je chante ta justice ;Mon ame la préfère à tout l'or des mondains ;

Seigneur, fais que je l'accomplisse...Je suis ta créature et l'oeuvre de tes mains !

De tes Saints mon bonheur un jour fera la joie :

J'espère, et mon espoir est dans ton équité ;L'affliction qu'elle m'envoie

M'annonce le salut plein de l'éternité.

Que ta miséricorde à ma foi consolée

Apporte le repos promis par ton amour !

Au fond de mon coeur rappelée,Ta grâce, en traits de feu, marquera son retour.

Page 319: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 295 —

Confonds l'iniquité des hommes qui m'outragent ;

Que, dans mes jours de deuil, tes fidèles enfans

Par leur tendresse me soulagent,Et que tous mes désirs soient purs et triomphans !

Grand Dieu ! mon coeur languit : il attend ta présence !

Et mes yeux défaillans cherchent un dernier jour ;

Ils interrogent ton silence,En portant leurs regards vers l'éternel séjour.

Je suis comme la fleur qu'un air mortel dévore :

Mais je reste fidèle à tes décrets, Seigneur.

Combien de jours vivrai-je encore P

Toi qui le sais, quand donc seras-tu mon vengeur?

Les méchans, pour creuser une fosse à mon ame,

Foulent aux pieds tes lois et la sainte équité ;

Contre moi leur rage s'enflamme :

Viens me venger enfin de leur perversité !

Peu s'en faut que leur souffle ait emporté ma vie !

A tes commandemens je me suis attaché ;

Pour que jamais je n'en dévie,

Que ta miséricorde efface mon péché !

Sur ton règne éternel ta parole se fonde ;

Ta vérité s'étend jusqu'au dessus des Cieux ;

Ta puissance qui fit le Monde,

Le conserve soumis et vivant sous tes yeux.

Page 320: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 296 —

Le jour, comme la nuit, à ton ordre est fidèle :

L'univers à ta voix s'empresse d'obéir :

Le coeur de l'homme est seul rebelle,

Et le mien loin de toi, Seigneur, alloit périr !

Mais il s'est rappelé toutes tes ordonnances ;

Là, mon espoir, ma vie, et mon éternité !

Et, dans tes saintes observances,

Je deviens ton enfant par ma fidélité.

Les médians, pour me perdre, épioient mon passage :

De ta grâce aussitôt j'implorai le secours,

Et, dans son puissant témoignage,

J'ai vu la fin de l'homme et de ses tristes jours.*

Qu'il est bon de chérir, d'adorer tes oracles.

Et de les méditer jusqu'au milieu des nuits !

Le coeur ne connoît plus d'obstacles,Et déjà du salut recueille tous les fruits.

Dans tes conseils divins je trouve la prudence

Qui m'élève au dessus de tous mes ennemis,

Même au dessus de la science

Du savant et du sage à qui je fus commis.

YP WfcH rnSfl 7D7- Omnis spei (humante ) vidi

firiem. C'est l'interprétation de Michaclis et de Rosenmullcr.

Page 321: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 297 —

J'ai rompu du péché les perfides amorces ;Et j'ai fui les sentiers qu'il ouvroitsous mes pas :

Dans ta loi j'ai puisé mes forces,Et par elle je suis ramené dans tes bras.

Que ta sainte parole est chère à ma mémoire !

Elle arrive à mon coeur plus douce que le miel ;Loin des pécheurs elle est ma gloire,

Et pour moi sa lumière est un rayon du Ciel !

J'ai donc fait le serment de garder ta justice ;Dans mes abaissemens viens me ressusciter !

Je t'offre un libre sacrifice :

Dis-moi tes jugemens, et daigne l'accepter.

Mon coeur, prêt à partir pour l'éternel asile,De ta sainte promesse attend son avenir,

Et brise le piège fragileOù l'impie espéroit en vain le retenir.

Tes grandeurs, de mon ame immortel héritage,Nourriront son amour dans des siècles sans fin :

Elle t'adore sans partage;C'est de toi qu'elle attend un triomphe divin.

Des prévaricateurs je déteste les crimes;

Mon coeur voudroit venger ta loi de leurs mépris :

Dans le zèle dont tu l'animes,Ta parole et ton nom lui prêtent leurs abris.

Page 322: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 298 —

Médians, retirez-vous ! et que Dieu seul me juge.

Oui, Seigneur, tout l'espoir de ma vie est en toi ;

Sois mon appui, sois mon refuge,Sauve l'adorateur, l'esclave de ta loi !

Tous les hommes pervers ont un coeur adultère ;

Proscrits par ta justice et par ta sainteté,

Ils sont l'opprobre de la terre !

Aussi je veux mourir dans ma fidélité.

Viens donc percer mes chairs du glaive de ta crainte ;

Ne livre pas mon ame aux calomniateurs ;

Nourris-moi dans ta bonté sainte ;*

Je ne craindrai plus rien de mes persécuteurs.

Mes regards en tremblant contemplent ta justice ;

Que ta miséricorde en dicte les arrêts ;

Que ta parole me nourrisse,Et retienne mon coeur par ses divins attraits.

Ne tarde plus, grand Dieu ! tes lois sont violées :

Mieux que l'or le plus pur, elles font mon bonheur

Partout je les ai rappelées,

Pour confondre le crime et dissiper l'erreur.

<*

3107 "113J? 3iy- Délecte ton serviteur dans le bien

Page 323: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 299 —

Tes préceptes sont pleins d'ineffables mystères.Par ta grâce, mon Dieu, je puis les pénétrer :

De tes clartés tu les éclaires,Et dans les humbles coeurs * tu sais les faire entrer.

En écoutant ta voix, à peine je respire;

Daigne donc par mes voeux te laisser émouvoir :

Après le salut je soupire ;

Que sur moi le péché n'ait plus aucun pouvoir !

De tous mes ennemis viens dissiper l'audace :

Je pourrai te servir alors en liberté,Et voir, au soleil de ta face,

Tout l'éclat de ta gloire et de ta vérité.

A l'aspect des pécheurs, ivres de leurs blasphèmes,Mes yeux se sont ouverts à des torrens de pleurs :

Mais bientôt, pour tes lois suprêmes,Dieu juste, ta justice aura des jours vengeurs!

Contre les apostats ton zèle me dévore,Le souffle de ta flamme à mon coeur vient s'unir ;

Et ton serviteur, foible encore **

Et méprisé, triomphe avec ton souvenir :

»ri3. Les simples.*

TJ7Ï- Parvus, non oelalem, sed condilioncm hic in-

dicat, dit Roscnmuller.

Page 324: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 300 —

Car un règne éternel assure ta parole ;

Elle est la vérité ! ta justice la suit.

Je les médite, et me console,Par le Ciel qui m'attend, de la terre qui fuit.

Dans le fond de mon coeur mon infirmité cric ;

Mes angoisses, Seigneur, implorent ton secours.

Ce gémissement qui te prieNe te demande pas de longs mais de saints jours.

Ma foi pure n'a point attendu ma vieillesse

Pour célébrer l'espoir de mes plus jeunes ans ;

Mais, avides de ta sagesse,

Mes lèvres, dès l'aurore, ont essayé tes chants.

Dans ta miséricorde exauce ma prière :

Fais-moi vivre pour toi ! que mes persécuteurs,

Égarés loin de ta lumière,

Ne m'atteignent jamais dans tes bras protecteurs.

Ta providence veille, et de ses vives traces

Mes yeux ont reconnu les rayons immortels ;

Je n'ai point oublié tes grâces :

Soutiens donc ma foiblesse au pied de tes autels.

Seigneur, juge ma cause et protège ma vie ;

Donne-moi le salut qui fuit loin du pécheur :

Car toute paix lui fut ravie,

Lorsqu'à ta bonté même il eut soustrait son coeur.

Page 325: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 301 —

Mais la miséricorde est toujours infinie :

Qu'elle vienne sur moi ! mes ennemis nombreux,

Par la rage et la calomnie,Auront en vain tenté de briser mes saints noeuds.

En voyant les ingrats fuir le Dieu que j'adore,J'ai séché de douleur ; adoucis mon tourment,

Sainte justice ! Je t'implore,

Toi, des fidèles coeurs l'éternel aliment !

Les maîtres de la terre ont désolé mon ame ;

Mais je n'ai jamais craint que le Maître des Cieux :

A ta voix, Seigneur, je m'enflamme

Comme un soldat couvert d'un laurier glorieux.

Je hais l'iniquité comme je hais la fange;

Plus que tous les trésors je chéris ta bonté,

Et, sept fois le jour, ta louange

Sanctifîra ma bouche, ô Dieu de majesté!

La paix porte ses fruits au sein de tes fidèles :

Le scandale jamais n'est un écueil pour eux;

J'attends, à l'ombre de tes ailes,

Plein d'espoir, le grand jour qui doit me rendre heureux.

Et je connois déjà les voluptés sacrées !

Je les goûte, Seigneur, dans tes commandemens ;

Tu vois, sur tes lois adorées,

Mon coeur de ton esprit suivre les mouvemens.

Page 326: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 302 —

Grand Dieu, que ma prière arrive en ta présence !

Éclaire tous mes sens : et, dans ma vive foi,

L'hymne de la reconnoissance

Sur mes lèvres bientôt montera jusqu'à toi.

Ma langue redira tes paroles sublimes.

Dans le sein de ta gloire et de ton équité,

Je ne craindrai plus les abimes :

Ta droite est le rempart de ma félicité.

Seigneur, j'ai désiré me nourrir de ta vie ;De mon sein le bonheur ne peut plus s'échapper ;

Jusqu'au Ciel mon ame ravie

D'aucune autre grandeur ne voudra s'occuper.

Hélas ! je fus long-temps une brebis perdue ;Mais toi-même tu viens chercher ton serviteur !

Sur lui ta grâce est descendue :

La brebis au bercail va suivre le pasteur.

Page 327: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CX1X.

LA DERNIERE HEURE.

Aux portes de la mort, Seigneur, tu me visites!

Tu réponds à mes pleurs !

Viens donc me délivrer des langues hypocritesEt des discours trompeurs !

Quel peut être le fruit de leurs conseils perfides ? *

Quels en sont les garans ?

L'ange exterminateur, les flèches homicides,Les charbons dévorans !

Au milieu des périls d'une longue carrière,Hélas ! il se fait tard !

Mon ame trop long-temps demeura prisonnièreAux tentes de Cédar.

Avec les ennemis du repos de ma vie

J'ai désiré la paix;Mais leur rage toujours au glaive de l'envie

Immola mes bienfaits.

*rt>OT P'^V"- "\h fJT nn- Que vous donnera la lan-

gue frauduleuse ?

Page 328: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXX.

LE DEPART.

Vers les montagnes éternelles

L'espérance a porté mes yeux :

Le Dieu qui me conduit à l'ombre de ses ailes

A créé la terre et les Cieux !

De mes pas le céleste Guide

Ne les fera point chanceler:

O mon ame ! son oeil à ta garde préside,H ne voudra pas sommeiller.

Non! le sommeil ne peut pas clore

Les yeux du Pasteur d'Israël :

La main qu'il t'a donnée, il te la donne encore

Pour monter de la terre au Ciel. *

*"(3*b>"t>hy "]h% miT- Mot à mot: Jéhovah, ton ombre

(protection) sur ta main droite.—Expression métaphorique ainsi

expliquée par Bellarmin : umbraculum manu dextera super.

caput extensum.

Page 329: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 305 —

Ne crains ni le froid des nuits sombres,

Ni les feux de l'astre du jour : *

L'Eternel gardera de périls et d'encombrés,

Et ton départ et ton retour !

*Neque oestus diei, neque frigus noctis , tibi per viam no-

cebit. Bossuet.

20

Page 330: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXI.

LA MAISONDU SEIGNEUR.

Quelle joyeuse nouvelle

A fait tressaillir mon coeur !

Nous irons, Peuple fidèle,Dans la maison du Seigneur.

Vers sa majestueuse arche

Nos pas suspendoient leur marche :

Car tu veux des hôtes purs,O mystérieuse enceinte !

Jérusalem, cité sainte,

Pour édifier tes murs. *

Déjà les tribus sacrées,Tribus du Dieu d'Israël,

Avec ordre sont entrées

Au vestibule du Ciel.

Par un immortel hommageElles rendent témoignage

*lin* Vlb iTUrTC?- Qui est unie à elle-même, ensemble.

—C'est le cor unum des vrais enfans de Dieu, la communiondes coeurspurs.

Page 331: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 307 —

Au puissant nom de mon Dieu.

Là, pour juges et pour maîtres,

Juda retrouve ses prêtresDans les splendeurs du saint lieu.

Qu'une main miraculeuse

Bénisse tous tes enfans ;

Jérusalem ! sois heureuse

Sur tes remparts triomphans !

A mes proches, à mes frères,J'ai raconté les mystères

Du Dieu qui donne la paix.C'est à ce Dieu qu'il faut croire :

Temple saint, c'est pour ta gloire

Que je chante ses bienfaits ! (1)

(1)Dans ce Psaume l'Église de la terre et du Ciel est figuréepar le temple de Jérusalem : c'est pourquoi il est chanté le jourde la Dédicace et le jour de YAscension.

Page 332: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXII.

L AMESUPPLIANTE.

J'élève mes regards timides

Vers toi qui daus les Cieux résides !

Comme les yeux du serviteur,

Comme les yeux de la servante

Sont fixés sur les mains d'un maître, dans l'attente

Des biens dont son amour est le dispensateur :

Ainsi vers le Dieu de lumière

Nos yeux porteront leur prière,

Jusqu'à la fin de son courroux...

Prends pitié de notre détresse ;La honte nous accable ,* et, dans leur folle ivresse,Les superbes esprits sont déchaînés sur nous.

fTJ73ï? i13> Beaucoup rassasiée.—Scilicel opprobrio,(t13 v. 3), comme l'observe Rosenmûller.—S. Jéiôine faitsuivre ainsi le4" verset: opprobrioabundanliumetdespeclionemperborum. — Dans les deux versions le sens est le même.

Page 333: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXI11.

LE SECOURSDIVIN.

Si Dieu n'eût combattu pour nous,

Israël peut le dire !

Si Dieu n'eût point paré les coupsDes ennemis toujours ardens à nous détruire,

Le feu de leur courroux

Dans le tombeau nous eût, vivans, dévorés tous,

Et du torrent des eaux le désastreux délire

Eût englouti notre ame et comblé son martyre.*

Béni soit Dieu!... De l'innocent

A leur dent meurtrière

Il ne veut point livrer le sang.

Comme le passereau, notre ame prisonnière

Echappe en frémissant

Aux pièges que détruit le bras du Tout-Puissant..

Dans le nom d'Elohim notre salut s'opère ;

Il est le créateur du Ciel et de la terre !

13ï?ûJ Sy 13J7 rnrD- Le torrent auroit passé surnotre ame. — La version grecque a dit SWIBEV-h $vX''i v>Pr~)V-•et la Yulgatc répète perlransivit anima nostra.

Page 334: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXX1V.

LA CONSTANCE.

Pareils au rocher de Sion,

Ceux qui sur Jéhovah fondent leur espérance,

Sans trouble et sans confusion,

Toujours dans la vertu garderont leur constance.

Jérusalem, près de ses murs,

Voit resplendir des monts les verdoyans pinacles :

Ainsi, pour les siècles futurs,

Dieu, près de ses élus, construit ses tabernacles.

Le sceptre de l'impiété*

Ne s'affermira point sur la tête des justes ! **

Du contact de l'iniquité

Tu les sauves, grand Dieu ! dans tes sentiers augustes.

*JNCnn t031£J-Sceptrum impietatis (improbitatis) sui-

vant plusieurs interprètes. V. Rosenmûller.

** Hoc est, ne justi non persévèrent in justifia, si videant

felicitatem iniquorum tam esse diuturnam, ut credi possitnullam finemhabitura. Bellarmin.—Etl'on peut rappeler, pourla foi plus vive sous la loi de grâce, cette belle parole de S. Au-

gustin sur la longanimité de Dieu : paliens quia oelemus.

Page 335: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 311 —

Préserve ainsi tous les coeurs vrais !

Tandis que les pervers sont perdus dans leur voie,

Daigne apporter la douce paixAu peuple d'Israël ! car la paix c'est la joie !

Page 336: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXV.

LE FRUIT DES LARME-;.

Au jour où le Seigneur se lève

Et de Sion brise les fers,

Nous croyons entrer dans un rêve ,*Et nous célébrons nos concerts.

« C'est leur Dieu qui fait ces miracles ! »

Ont dit tous les peuples émus.

Oui ! Dieu, fidèle à ses oracles,Est toujours grand pour ses élus.

Comme les torrens dans les plaines,Nos captifs sont en liberté ;

**

C'est toi, Seigneur, qui les ramènes

Dans ta gloire et ta majesté.

*D'D7n3- Comme sommeillant. — Vix credere potui-

mus... sed somniare videbamus. Bellarmin.

*"Le texte admet diverses interprétations qui ne changent rienau sens du Psalmistc. V. licllarmin, Rosenmiiller, Xanctès-

l'agnin.

Page 337: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 313 —

Us sulvoient de pénibles voies

Qu'ils arrosoieut de leurs sueurs ;

Mais ils recueillent dans les joies

Ce qu'ils ont semé dans les pleurs.

Chargés -tétryde leurs fruits superbes ,

Au sein de leurs nombreux enfans,

Sous le fardeau joyeux des gerbes

Ils s'en reviennent triomphans !

Page 338: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXV1.

L OEUVREDE DIEU..

En vain s'élèvera la fragile demeure

Où Dieu n'aura pas mis la main ;Les murs de la cité sont gardés à toute heure,

Mais, sans lui, sont gardés en vain.

Héritiers des douleurs, dormez jusqu'à l'aurore.Ne devancez pas son réveil ;

Car Jéhovah promet au peuple qui l'adore

La douce paix du doux sommeil.

La race des élus, dans ses tiges nombreuses,

Est l'héritage du Seigneur :

Ainsi, dans leurs carquois pleins de flèches heureuses,Les guerriers ont trouvé l'honneur. *

OHlJDfV Juventulis (ou des jeunes hommes), suivant laversion donnée par S. Jérôme et la plupart des hébraïsans. Maisle sens pris du verbe "1J7J[excusait ), et adopté par les Septante,doit être regardé, abstraction faite de toute discussiongramma-ticale, comme plus conforme à la pensée duPsalmiste(occom-modatius). Bellarmin concilie les deux versions sous le point devue prophétique; il entend cette expression excussorum, dessaints maltraités ou réprouvés par le monde ; et celle-ci: juven-tutis, de la régénération spirituelle.

Page 339: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 315 —

Gloire et bonheur au père en la maison bénie

Où fleurit sa postérité !

Et de son front serein jamais la calomnie *

Ne blessera la majesté.

* In porta. — [njudicio, dit Bossuct, calumnias et vimnon

metuet.

Page 340: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXVI1.

LA BENKiHCTION.

Heureux celui qui dans son coeur

Porte la crainte du Seigneur

Et marche dans ses voies !

A toi surtout qui te nourris

Dans le travail que tu chéris ,

A toi les pures joies!

Jeune vigne dans sa beauté,

Des fruits de la fécondité

Ta compagne est parée.

Aux doux festins de tes foyers,

Par tes enfans, jeunes palmiers,La table est entourée.

Ainsi Dieu protège celui

Qui le craint et ne craint que lui...

Qu'il daigne donc sans cesse

Te verser du sein de Sion

Sa tendre bénédiction

Et sa douce allégresse !

Page 341: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 317 —

Dans tes jours saintement vieillis,

Puisses-tu des fils de tes fils

Embrasser la lignée :

Et voir, dans la paix d'Israël,

Jérusalem des biens du Ciel

A jamais couronnée !

Page 342: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXVIII.

LA PUNITIONDES PERSECUTEURS.

Ils persécutaient ma jeunesse;

Israël peut le dire ! ils jetaient dans l'effroi

Et mon coeur et mon ame ; ils combloient ma détresse :

Et pourtant ils n'ont point prévalu contre moi.

Sur mon dos, leurs mains implacables*

Ont creusé les sillons de leur iniquité ;**

Mais Jéhovah, Dieu juste, en brisant les coupables,

Confond les ennemis de la sainte cité.

Ils sont tombés ces fronts superbes,Comme l'herbe des toits qui vit et meurt soudain,

Et dont le moissonneur, ou l'assembleur des gerbes,

N'a pas même rempli la paume de sa main.

En voyant leur ignominie,

Nul n'ira les charmer par de pieux souhaits ;

Nul passant ne dira : « Salut, race bénie !

» Que sur vous l'Éternel répande ses bienfaits! ***»

110"in >3J h]}- Sur mon dos ils ont labouré.—C'est le

mot à mot.**

OrVOJjaV Leur sillon.**"Solita apprecatio ad messores. — Bossuet.

Page 343: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXX1X.

L ESPERANCEDU TOMBEAU.

Du fond de l'abîme où je pleure,

Jusqu'à toi j'élève mes cris,Mon Dieu ! dans ma sombre demeure

Viens à mon aide : je péris !

Si des péchés et de leur nombre

Tu considères la grandeur,

Qui pourra, plus long-tems que l'ombre,

Subsister devant toi, Seigneur?

Dieu clément autant que terrible,*

De toi seul j'attends mon secours;

Et sur ta parole infaillible

Mon espoir s'affermit toujours.

Oui ! le peuple saint, dès l'aurore,

Espère au Dieu qui le conduit;

Tout le jour il espère encore ,

Il espère encore la nuit.

*N'IUI fya 1? i"tn»7Dn "Pi7 >3- Car avec vous le par-

don ; aDn que vous soyez craint (adoré dans la crainte).—V.

Xanctès-Pagnin et Roscnmullcr. — Cum terribilis sis. Micron.

Page 344: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 320 —

Du salut la source sacrée

Jaillit du sein de l'Éternel,

Et c'est en lui qu'est préparéeLa riche rançon d'Israël.

Reposez-vous, âmes fidèles,

Dans vos tombeaux dormez en paix.

O mon Dieu! fais luire sur elles

Le jour qui ne finit jamais! (1)

(1) Ce dernier verset n'est pas dans le texte, mais seulement

dans le chant de l'Église pour les morts.

Page 345: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME (XXX.

I. HUMBLE COEUR.

Je n'ai point exalté nies désirs ni mes yeux,

Seigneur ! jamais mes pas n'étoient ambitieux ;Et je n'ai point usé mes veilles

A repaître mon coeur d'orgueilleuses merveilles.

Mais, au dedans de moi, mon ame sommeillait,*Comme l'enfant au sein qui lui donne le lait...

O peuple d'Israël ! espèreMaintenant et toujours en Jéhovah ton père !

*»tt>33 'nl30m- Et j'ai fait taire mon ame.

Page 346: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXI.

I.ÀRC11F.I) ALLIANCE.

Souviens-toi de David, Seigneur!De son deuil et de sa détresse ;

*

Souviens-toi du voeu de son coeur

Et du serment de sa promesse :

« Je jure de ne pas revoir

Mon palais, mon terrestre asile ;

Je jure de ne pas m'asseoir

Au sein de ma couche tranquille;

» De ne pas permettre à mes yeux

De s'endormir sous ma paupière,

Avant qu'un temple au Roi des Cieux

Soit élevé pour la prière. »

A l'entour de Jérusalem

L'arche sainte éclate en prodiges:

Ephrata, près de Bethléem,En a dénoncé les vestiges.

*n"Dp Ss- l>ctoute son affliction.

Page 347: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 323 —

Oui! nous irons dans le saint lieu

Où Jéhovah fait son entrée :

Nous suivrons les pas de mon Dieu,En baisant leur trace sacrée.

Lève-toi donc, Dieu des vertus,Avec l'arche de ta puissance !

Que tes prêtres soient revêtus

Des pompes de leur innocence.

Que, dans les transports du bonheur,Le choeur des Saints se réjouisse ;Et pour David, ton serviteur,A ton Christ sois toujours propice !

Il l'a juré, ce Dieu puissant !

Écoutez la vérité même :

« Sur le front des fils de ton sangJe poserai ton diadème :

» Et si dans leur postéritéJe retrouve ton coeur fidèle,De ton trône l'éternité

Deviendra le prix de leur zèle.

» Moi-même j'ai choisi Sion

Pour y poser mes tabernacles.

Là, mon repos ; là, ma maison :

Comme l'ont prédit mes oracles.

Page 348: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— .324 —

» De la veuve * et de l'orphelin

Je veux y guérir la souffrance ;

Je veux, par un froment divin,

Du pauvre y nourrir l'espérance.

» Ses prêtres seront couronnés

Des symboles de ma justice;Et mes serviteurs fortunés

Diront les chants du sacrifice.

» C'est là que ma main conduira.

O David ! le fils de ta gloire,Et mon Christ y resplendiraDans tout l'éclat de sa victoire.

» Malheur donc à ses ennemis !

A leurs fronts, opprobre ! anathêmc !

Car sur sa tête j'ai remis

Les fleurons de son diadème. »

' Le texte hébreu porte : Je bénirai sa nourriture HTï-Dans la version grecque le mot yjnpavauroit donc été prispour ^>îp«v;.raais le sens prophétique admis par la Vulgalecomporte une extensionjustifiée par le reste du verset.

Page 349: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXJ]

LA SAINTEFRATERNITE.

Pour les frères unis qu'un même toit rassemble.

Qu'il est doux de s'aimer et d'habiter ensemble !

Tels les parfums versés sur la tête d'Aaron ,*De la barbe d'Aaron descendent

Aux franges de sa robe, et joyeux se répandent :

Telle aussi la rosée, au penchant de l'Hermon,'

Roule ses gouttes d'or sur la terre ravie,

Jusqu'à Sion : c'est là que Jéhovah convie

Et bénit les coeurs purs, aux sources de la vie.

* Aaronis nomine signifir.antur pontifices maximi in gé-nère.— Rosenmtiller.

" « La haute montagne d'Hermon est auprès du Liban, et» par conséquent très éloignéede Sion. Mais c'est précisément» par la connoissance de cette distance que nous comprenons» mieux l'intention du Psalmiste, qui veut représenter la com-» munication de biens qui a lieu dans la société fraternelle. »M. Nolhac. — Rosenmûllcr indique, entre autres explications,celle-ci: Sicut aquarum rivi ex monte Hermon dccidui.

Page 350: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXII1.

LA GARDEDO TEMPLE.

Vous qui gardez le sanctuaire,

O vous tous, bienheureux enfants,

Au Dieu qui le jour nous éclaire,

Dans la nuit * consacrez vos chants !

Que de vos mains le sacrifice

S'élève pur vers l'Éternel,

Et que sa droite vous bénisse 1

Elle a fait la terre et le Ciel.

*rtfVbs niiT n>33 unnyrU Demeurant les nuits

dans la maison de Jéhovah.

Page 351: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXIV.

LE VRAIDIEU.

Louez Elohim à toute heure,

Louez son nom, vous ses enfants,

Vous les hôtes chéris de sa sainte demeure,

Toujours à ce grand Dieu consacrez tous vos chants.

Célébrez sa gloire !

Car c'est le Dieu bon ;

Exaltez son nom !

Douce est sa mémoire :

Il promet à Jacob son éternel appui ;

Il choisit Israël pour être tout à lui.

Sachez que sa vertu sublime

Plane au dessus de tous les dieux ;

Que la terre, le Ciel, l'Océan et l'abime

Obéissent ensemble au signe de ses yeux.

A sa voix l'orage

Noircit l'horizon,

Et de leur prisonDéchaînant leur rage,

Les vents heurtent l'éclair, irritent sa fureur,

Et l'univers entier tressaille de terreur !

De Jéhovah la main puissante

Brisa l'homme et les animaux.

Page 352: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 328 —

Dans l'Egypte : tes rois ont frémi d'épouvante,O Cham! et leurs sujets ont connu ses fléaux.

Il a mis en poudreDes peuples nombreux ;

Tous leurs chefs comme eux

Tomboient sous sa foudre,

Séhon l'Amorrhéen, Og, le roi de Basan,.

Et son bras aux Hébreux a livré Chanaan.

Ton nom, dans sa magnificence,Franchit les siècles éternels ;

Et tu juges ton peuple, et toujours ta clémence

Vient pleurer avec nous dans nos coeurs criminels !...

Opprobre aux idoles !

Dieux d'or ou d'airain,

Dieux faits par la main

Des hommes frivoles,Ils ont des yeux sans voir, des pieds sans faire un pas,.Une bouche entr'ouverte et qui ne parle pas :

Des oreilles, mais sans ouïe;

Nul souffle ne bat dans leur sein...

Qu'il soit comme eux celui qui les fait ou les prie !

Vous, tribus d'Israël, bénissez le Dieu saint!

Chantez ses louanges,Familles d'Aaron !

Célébrez son nom,

Vous, familles d'anges,Familles de Lévi! vous tous, enfans de Dieu,

Bénissez le Seigneur ! il réside au saint lieu !

Page 353: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXV.

LA MISERICORDE.

Célébrez Jéhovah ! car il est le Dieu bon :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Chantez le Dieu des dieux, glorifiez son nom !

Toujours, toujours elle est fidèle,Sa miséricorde éternelle. (1)

Exaltez jusqu'au Ciel le Seigneur des seigneurs !

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

C'est lui qui créa seul l'oeuvre de ses splendeurs :

Toujours, toujours elle est fidèle,Sa miséricorde éternelle.

C'est lui dont la pensée enfanta tous les Cieux : *

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Son bras étend la terre et la mer sous nos yeux :

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

(1)Les Choeursse répondent.*

(1313713D'OTn nï?j;S- Faisant les Cieux dans l'in-

telligence.

Page 354: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 330 —

Il lance au firmament deux flambeaux tour à tour :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Le soleil qui préside à la clarté du jour :

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

Et la lune et les feux qui président aux nuits :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Les premiers nés de Cham, il les a tous détruits : *

Toujours, toujours elle est fidèle,Sa miséricorde éternelle.

Par lui, tout Israël fut sauvé de la mort :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Sur son peuple il posa son bras puissant et fort:

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

Et de la mer de Souph il divisa les eaux :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

• « Respeetu impiorum, dit Bellarmin , opéra juslitioe ;respeetu populi Dei opéra misericordioe.Et quia liberatio po-puli erat pnecipuea Deointenta, ideoillaomnia tribuuntur sim-pliciter misericordise.— Quanquam etiam impiis misericordiamfacit Dcus, cum eos cito de hoc mundo tollit, ne diutius vi-vendo gravius peccent, et gravioremiram sibi ipsis thésaurisentin Die ira et justi judicii Dei. »

Page 355: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 331 —

11fit passer son peuple au milieu de leurs flots :

Toujours, toujours elle est fidèle,Sa miséricorde éternelle.

Jl noya Pharaon dans l'abîme entr'ouvert :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Il conduisit son peuple au milieu du désert :

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

Il a brisé les rois et leurs nombreux guerriers :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Il fit mourir comme eux des royaumes entiers :

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

Il a tué Séhon, le roi de Chanaan :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Il perça de son glaive Og, le roi de Basan :

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

Il appela son peuple à leurs successions :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Israël hérita de leurs possessions :

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

Dans notre défaillance il se souvient de nous :

Sa miséricorde éternelle

. Est éternellement fidèle.

Page 356: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 332 —

Et de nos ennemis il nous a sauvés tous :

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

C'est le Dieu qui nourrit toute chair de son pain :

Sa miséricorde éternelle

Est éternellement fidèle.

Célébrez donc des Cieux l'unique Souverain !

Toujours, toujours elle est fidèle,

Sa miséricorde éternelle.

Page 357: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXVI.

L EXIL.

Près des fleuves de Babylone*

Nous nous sommes assis, et nos pleurs ont coulé.

O Sion ! à son deuil ton peuple s'abandonne !

De tes murs il est exilé !

Aux saules du lointain rivageNous avons suspendu nos luths silencieux.

Les vainqueurs nous disoient (à nous dans l'esclavage !)« Chîintez vos cantiques joyeux. »

Ah ! comment, loin de la patrie,Chanter les chants sacrés que Sion n'entend plus ?

Et comment célébrer une cité chérie,

Quand ses autels sont abattus ?

Que mes doigts sèchent sur ma lyre,Et que ma langue en feu s'attache à mon palais,

Si pour Jérusalem la douleur qui m'inspire,

De mon coeur s'efface jamais.

*« La contrée de Babyloneest arroséede plusieursfleuvesdont» les plus considérables sont le Tigre et l'Euphrate. » M. Kol-

hac cite cette remarque de Slrabon, pour expliquer les expres-sions super flumina. —Nonurbis sed regni, dit Rosenmiiller.

Page 358: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 334 —

Ruinez-la ! qu'elle périsse !

S'écrioit la fureur des descendans d'Edom.

Souviens-toi de leurs cris, mon Dieu, dans ta justice :

Ils osoient blasphémer ton nom !

Malheur donc à la race impure !

Malheur à Babylone ! et, dans ses murs surpris,

Gloire à l'heureux vengeur qui vient avec usure

De nos fers lui payer le prix.

Gloire, gloire à la main puissante

Qui saisira le coeur des enfans criminels,

Et qui le brisera sur la pierre vivante *

Des tabernacles éternels !

* « Id est, dit Bellarmin, qui admovebit parvulosBabyloni:ad Petram Christum*ut, féliciterallisi, moriantur homini veteriet resurgant in hominemnovum.

* Petraautemerat Chrislus.Paul.—1,—20.Cor.

Page 359: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXYII.

I. ADORATION.

Au milieu des choeurs de tes Anges,

Elohim, je veux t'adorer !

Car le zèle de tes louangesC'est toi qui viens me l'inspirer :

De ton temple éternel *j'aborderai l'enceinte ;

Mjes chants diront ta vérité,Et ta miséricorde, et ta parole sainte,

Et ton nom par ta gloire à jamais exalté. **

Vers toi, chaque jour de ma vie,

Mon cantique s'élèvera ;

Chaque jour, mon ame ravie

A ton feu divin s'ouvrira.

Qu'il vienne réveiller les princes de la terre !

Que tous, dociles à ta voix,

Ils mêlent leur hommage aux hymnes du tonnerre

Toute grandeur dira celle du Roi des Rois !

Au dessus des Cieux il réside ;

Auprès des humbles il descend ;

* Psallenti cum Angelis pro coeloest templum. —Bossuet.

**imaN ~\!2V- Voire nom, (et) votre parole.

Page 360: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— oob —

Au loin, partout, son oeil préside,*Sur tout l'univers il s'étend...

Jusqu'au sein de la mort tu me rends la lumière,Tu sauves mon ame, Seigneur !

Et la main de celui qui créa ma poussièreNe dédaignera pas de soutenir mon coeur.

• Le texte hébreu est susceptible de plusieurs versions pourexprimer l'action universelle,de la divine et bonne Providence.V. Rosenmûller.

Page 361: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXYIII.

LES TERREURSDU JUSTE.

En éprouvant mon coeur, ô mon Dieu, ta visite

Souvent l'a soutenu :

Tu sais, et quand il tombe, et quand il ressuscite,

Car il t'est bien connu !

Et tu le vois de loin, tu sondes ses penséesEt ses secrets désirs,

Ses sentiers, ses écueils, ses fatigues passées.Et ses nouveaux soupirs.

En vain ta créature a gardé le silence

Devant son Créateur;

Tu vois tout, tu sais tout : admirable science !

O divin scrutateur !

Et que puis-je contre elle ? à mes yeux elle montre

Toujours le même Dieu :

La nuit comme le jour, partout je te rencontre !

Comment fuir ? en quel heu ?

Si je m'élève au Ciel, le Ciel entier t'adore,

Gloire du Dieu sauveur !

Et si j'entre aux enfers je te retrouve encore,

Gloire du Dieu vengeur !

•>2

Page 362: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 338 —

Si je parcours les mers, emporté sur tes ailes,

Ton oeil conduit mon oeil,

Et, jusque dans la mort, tes splendeurs éternelles

Eclairent le cercueil !

La nuit, pareille au jour, est pour toi sans ténèbres...

Je suis né dans tes bras,

Dieu de vie ! et bientôt, sous mes langes funèbres,

Tu me réveilleras.~

De ton feu créateur ce glorieux mystère,

Je veux le raconter ;

A toi de donner l'être au limon de la terre :

A lui de te chanter.

Tu m'as vu daus le germe où vivoit l'espéranceDe ma dernière fin...

Ceux qui n'existent pas sont inscrits à l'avance

Sur ton livre divin.**

Dans tes créations quels torrens de pensées***

Remplissent l'univers !

*n"ÏIN3 n3*#n3' S.Jérômetraduitainsi:Sfmt7Msun«

tenebroeet lux, en sous-entendant "JOO (pour vous) exprimédans la première partie du verset.

**Dn3 intî N7V Et( licet quoique) pas un seul (ne soit

encore) en eux. Explication de Xanctès-Pagnin.

***SN "VJH ftp' HO Si- Elmihiquampretiosoe sunt

Page 363: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 339 —

Tel l'innombrable flux des ondes amassées

Dans le bassin des mers.

Dieu de l'éternité, dans la nuit j e t'imploreEt je veille avec toi...

Hommes de sang, tremblez que son feu vous dévore !

Retirez-vous de moi !

Vous avez proféré des sermens sacrilèges : *

Parjures ! c'est assez,Et vous allez tomber vous-mêmes dans les pièges

Que vous avez dressés !

De tous mes ennemis, Seigneur, du fond de l'âme,Je deviens l'ennemi :

Dans la haine du crime et de son règne infâme

Mon coeur s'est affermi.

Viens le scruter encore, ô mon Dieu, viens connaître

S'il veut l'iniquité :

Punis-le sur la terre ! et qu'il puisse renaître

Pour l'immortalité !

cogitationes tuoe,oDeus !C'est la traduction de Xanctès-Pagnin,de Buxtorf, de Rosenmuller, et de beaucoup d'autres interprètes.

OH'WO IWay HO- Quam invaluerunt, ou multiplica-tcesunt, summoeeorum ! Ibid.

* Les Hébreux juroient par les noms de leurs villes.

V. dans Xanctès-Pagnin et dans Rosenmuller les autres in-

terprétations du verset 20.

Page 364: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXXXIX.

LE TRIOMPHEDES OPPRIMES.

Des hommes criminels et de leur violence

Viens me délivrer, ô mon Dieu !

Car leur coeur tout le jour médite la vengeance.

Et des combats souffle le feu.

Aiguisant leur langue cruelle

Comme la langue du serpent,

Leur bouche affreuse renouvelle

Le venin de l'aspic réchauffé sous leur dent.

Ah ! sauve-moi, Seigneur, des serres de l'impie

Et de la fureur des pervers !

Leur rage suit mes pas, leur fraude les épie,

Et, pour me jeter dans les fers,

Les superbes dressent leur piège ;

Déjà leurs filets sont tendus...

Grand Dieu, que ton bras me protège,Et que dans leurs conseils ils soient tous confondus !

J'ai dit à Jéhovah : Daigne écouter mes larmes!

O toi le seul Dieu de mon coeur,

Toi mon seul bouclier contre toutes les armes

Du tyran qui se croit vainqueur ;

Page 365: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 341 —

Toi dont le bras couvre ma vie,

Ne me livre pas sur l'écueil

Aux traits de l'Implacable envie,Et que mon ame échappe au glaive de l'orgueil.

Contre moi leur menace éclate et gronde encore ;

Qu'elle retombe sur leur front!

Des tonnerres du Ciel que le feu les dévore !

Plongés dans le gouffre profond,*

Qu'ils ne revoient plus la lumière!

Que l'homme au langage trompeurSoit abattu dans la poussière !

Et que le furieux expire dans la peur !

Je sais que Jéhovah doit rendre enfin justiceAux pauvres qui souffrent pour lui,**

Et que des opprimés vengeant le sacrifice,

Son trône sera leur appui :

Aussi le chant sacré du juste

De ton nom dira la grandeur,

Dieu saint ! et de ta face auguste,

Tous les coeurs droits iront habiter la splendeur.

*IDIp» ^3 rVnDfj03- Dans des fosses profondes, (et)

qu'ils ne se relèvent pas." Ainsi les pauvres sont de droit au.nombrc des opprimés à

qui Dieu fera justice.

Page 366: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXU.

LA HAINEDU PECHE.

Je t'implore, ô mon Dieu ! que toujours entendues

Mes larmes s'emplissent d'espoir !

Mes mains avec l'encens vers toi sont étendues ;

Leur sacrifice est prêt, sacrifice du soir.

Que, par ton nom, le sceau de la sainte réserve -

A mes lèvres soit attaché!

Des malices du coeur que ton joug me préserve !

Qu'elles n'excusent plus les oeuvres du péché !

Je n'irai point goûter de coupables délices ;*

Mais toujours les Saints m'instruiront,Par leur austère voix, aux pieux sacrifices,Et les parfums impurs n'atteindront point mon front. **

Grand Dieu ! sur les pécheurs j'appelle ta vengeance :

Contre le roc qu'ils soient meurtris,

*DiTOJ/3D3 nnvN 73- Jenemcnourriraipasde leurs

délices.

" Rosenmuller signale les diverses interprétations du texte;mais toutes reviennent au même sens.

Page 367: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 343 —

Eux et leurs conducteurs ! ou que ton indulgence

Entre victorieuse au fond des coeurs contrits !

Hélas ! vers le tombeau déjà mon corps incline

Le faisceau de ses ossemens,

Tel qu'un arbre scié jusque dans sa racine...

Daigne entendre le cri de mes gémissemens !

Ne livre point mon ame aux hommes sacrilèges,

O Jéhovah! j'espère en toi,

Qu'ils soient précipités eux-mêmes dans leurs pièges,

Et qu'un libre sentier soit ouvert devant moi !

Page 368: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXL1.

LE PASSAGEDE L AMESUR LA TERRE.

J'ai crié vers mon Dieu ; ma voix s'est élancée

Jusqu'au pied de son trône, elle a mis sous ses yeux

Tous les soupirs d'un coeur pieux,

Et les saintes ardeurs de mon ame blessée,

Sa défaillance et ses adieux.

Tu connois mes sentiers !.. des hommes de mensonge,

Les pièges, ô mon Dieu! sont tendus sous mes pas

Et couverts d'ignobles appâts.

J'ai regardé, j'ai vu, mais comme dans un songe ,

Ils ne me reconnoissoient pas.

Je n'ai plus de refuge, et mon ame voyage

Sans jamais recueillir la pitié des passans :

Ecoute mes cris gémissans,

O toi mon seul espoir, ô toi mon seul partage,

Dans le royaume des vivans !

Comprends ma clameur ! vois leur force et ma foiblesse !

Je bénirai ton nom; sauve-moi de leurs mains !

Et tous leurs efforts seront vains,

Et mon front, dégagé du fardeau qui l'oppresse,Sera couronné par les Saints.

Page 369: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXL11.

LE ROYALESCLAVAGE.

Seigneur, prête à ma voix une oreille propice !

Et pour m'ouvrir ton coeur ouvre aussi ta justiceA mes gémissemens !

C'est elle qui te dit de n'être pas mon juge !

Et quel mortel pourroit espérer un refuge

Contre tes jugemens ?

Un ennemi perfide a désolé ma vie :

Aux portes de la mort il l'avoit poursuivie,Et mon coeur éperdu,

Enveloppé de deuil et de langes funèbres,Me laissoit sans courage au milieu des ténèbres

Où j'étois descendu.

Enfin je me souvins des jours de l'innocence ;

Je méditai tes lois et la magnificenceDes oeuvres de tes mains.

Comme une terre aride implore la rosée,

J'adresse les soupirs de mon ame épuiséeAu Maître des humains.

Viens par un prompt secours exaucer ma souffrance,

Car mon ame sans toi seroit sans espéranceDans la nuit du tombeau.

Page 370: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 346 —

Viens donc ! à ma prière abaisse ton oreille !

Avec mon dernier jour si ta bonté s'éveille,Mon dernier jour est beau !

Ou, si je vis encor, toi-même dans tes voies,

Seigneur, daigne guider mes douleurs et mes joies,Loin d'un bonheur mortel :

Que ton souffle divin à mon souffle s'unisse !

Et par ton nom sacré, proclamant ta justice,Tu m'ouvriras le Ciel !

Des pièges du péché tu sauveras mon ame,Et de l'ange du mal la dévorante flamme -

S'éteindra devant moi ;

Ainsi sera brisé l'ennemi qui me brave :

Oui, je serai vainqueur, car je suis ton esclave,

Et ton esclave est roi !

Page 371: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXL1M

LE DISCIPLEDE DIEU.

Béni soit Jéhovah, mon rocher et ma gloire !

Il instruit mes mains aux combats

Et mes armes à la victoire ;Il est la force de mon bras;

Il est mon bouclier, mon espoir, ma lumière,

Et ma miséricorde ! et par lui ma bannière

Enchaîne mon peuple à mes pas !

Qu'est-ce que l'homme, ô Dieu! pour que tu le bénisses

Le fils de l'homme, ô Dieu puissant !

Qu'est-il, pour que tu le chérisses ?

Hélas ! il ressemble au néant ;

Tous ses jours sont mauvais ; ils sont en petit nombre,

Et devant tes regards ils passent comme l'ombre,

Comme l'ombre d'un seul instant !

Seigneur ! courbe tes Cieux, et descends sur la terre :

Tu touches la cime des monts ;

Ils fument ! lance le tonnerre

Et perce les superbes fronts!...

Que ta droite m'arrache aux torrens du mensonge,

Au fils de l'étranger, au méchant qui nous ronge

Et nous charge encore d'affronts !

Page 372: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 348 —

Moi, je vais pour mon Dieu, sur la lyre à dix cordes ,

Chanter un cantique nouveau ;Pour toi dont les miséricordes

Des rois mêmes sont le flambeau.

Tu sauvas ton David : ah ! sauve-nous encore

Des fils de l'étranger, des menteurs que j'abhorreEt dont la fraude est le manteau !

Mais que, pareils aux plants fiers d'une heureuse sève,Nos enfans vivent glorieux ! *

Ainsi d'un palais qui s'élève

Déjà les murs touchent les Cieux.

Que nos greniers soientpleins de moissons abondantes,Et que de nos troupeaux les races florissantes

Toujours réjouissent nos yeux.

Que dix fois mille fois leurs fruits se multiplient ;

Que nos taureaux soient gras et forts ;

Que tous nos ennemis s'enfuient ;

Que nul ne trouble nos transports...

Heureux, heureux le peuple où ce bonheur abonde,

Qui voit en Jéhovah le seul Maître du monde,Et le seul Dieu de ses trésors !

13,33« Nos fils. 13JÏI33- Nos filles, etc. —La versionde S. Jérôme justifie cette applicationdes voeuxdu Psalmiste ,et la même interprétation pour la suite du psaume. V. aussi

Xanctès-Pagnin et Rosenmuller.

Page 373: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXLIV.

LES BIENFAITSDE L ETERNEL.

Oui je t'exalterai, mon Dieu, mon Roi, ma vie!

Chaque jour mes chants solennels,Du fond de mon ame ravie,

Vont publier ton nom aux siècles éternels.

Il est grand, Jéhovah, grand et digne de gloire,

Et nul ne sait les profondeursDe ses majestés ! Sa mémoire

Ira de race en race annoncer ses splendeurs.

Moi, je dirai l'éclat de ta magnificence,

Et les merveilles de tes mains,Et la grandeur de ta puissance ;

Et tous mes chants seront répétés par les Saints.

L'infinité des dons que le Ciel nous accorde,

Leurs concerts la proclameront;Ils savent ta miséricorde,

Dieu juste et patient ! tous ilsla béniront.

Ah ! le Seigneur est bon.poûr tous tant que nous sommes,

Et sa bonté s'étend au loin.

Puisse la piété des hommes

Rester de tes bienfaits le fidèle témoin !

Page 374: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 350 —

Qu'ils ne se lassent point de dire et de redire

La pompe et la sublimité

Et la vigueur de ton empire,Et d'un trône éternel toute l'immensité.

A des siècles sans fin ton règne va s'étendre;

Toujours ta domination

De même aussi doit se répandre

De génération en génération.

Le Seigneur est fidèle en toutes ses promesses,

Et, dans tous ses miracles, saint.

Il relève de leurs foiblesses

Ceux qui sont abattus, et son bras les étreint.

Tous les yeux vont prier, grand Dieu, ta providence :

Aussi, dans le tems opportun,Ta main s'ouvre, et son abondance

Partage ses bienfaits aux besoins de chacun.

Les sentiers du Seigneur annoncent sa justice,

Et ses oeuvres sa sainteté ;

La prière et le sacrifice

Le rapprochent du coeur qui dit la vérité.

De tous les serviteurs qui vivent dans sa crainte,

Il remplit les voeux gémissans ;

Il défend contre toute atteinte

Ses amis ; mais sa foudre abîme les méchans.

Page 375: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 351 —

Je consacrerai donc ma voix à ses louanges ;

Et toute chair va le bénir,

Et nos chants, comme ceux des anges,

Diront 1'ALLÉLUIAqui ne doit plus finir*

Page 376: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXLV.

LA RESURRECTION.

Chante ton Dieu, mon ame !... Oui, je le glorifie !

Gloire éternelle au Dieu de mon éternité !

Jamais aux rois mortels qu'un mortel ne se fie :

Le salut ne vient pas de leur infirmité.

Un jour il faudra rendre et le corps à la terre,

Et l'ame au Créateur, seul Roi de l'univers...

Dans le Dieu de Jacob, heureux quiconque espère !

Ses voeux ne mourront point comme ceux des pervers.

Ce Dieu, voici son oeuvre : à sa vérité, gloire ;Aux opprimés, justice ; aux captifs, Liberté ;

Aux pauvres, l'abondance ; aux humbles, la victoire ;

Aux justes, la lumière ; à tous, l'éternité!

A l'exilé c'est lui qui rendra la patrie ;A la veuve, l'époux ; le père à l'orphelin !

Mais il jette aux enfers l'impiété flétrie...

Gloire à Dieu ! ses grandeurs n'auront jamais de fin.

Page 377: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXLVI.

LES GRANDEURSET LA BONTEDE DIEU.

Il est admirable, il est juste,Le Psaume de bonheur qui chante l'Éternel !

Jéhovah dans Sion bâtit son temple auguste,Et du sein de l'exil y rassemble Israël;Il y guérit les coeurs abrités sous son ombre ;

Il est aussi grand qu'il est bon ;Des étoiles il sait le nombre,Il donne à chacune son nom.

Oui ! sa grandeur est infinie :

Dans son esprit divin tout est immensité ;il élève toujours l'homme qui s'humiUe ;Il entrouvre l'abîme à l'impie exalté...

Chantez donc le Seigneur, au son de la cithare !

C'est lui qui jette sur les Cieux

Les nuages dont il les pare,Ou dont il les voile à nos yeux.

Il verse à toute la nature

Sa pluie ; il fait fleurir l'herbe au sommet des monts j

Aux corbeaux affamés il donne leur pâture ;

Il nourrit les troupeaux; il mûrit les moissons.

23

Page 378: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 354 —

Sur l'homme ou le coursier jamais il ne s'appuie ;

Il chérit le coeur qui le craint

Et qui pour jamais se confie

A la clémence du Dieu saint.

Page 379: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXLY1I.

LA. PRESENCEDE DIEl\

Jérusalem, cité sacrée, (1)Chante avec tes enfans la gloire de ton Dieu !

Dans ton sein sa force est entrée :

Elle est le rempart du saint lieu.

Il te bénit, race choisie !

Sa paix, sur tes confins, vaut mieux qu'un triple mur;Et c'est lui qui te rassasie,

Chaque jour, du pain le plus pur.

A sa parole souveraine

Tout obéit : la nue en poussière s'enfuit,

Et, comme des flocons de laine,

La neige se répand sans bruit.

Les brillans miroirs de sa glace

Montrent dans leur cristal l'empreinte de son doigt :

Qui pourra donc devant sa face

Supporter l'excès de son froid ?

(1) CePsaume est la continuation du csi.vii' dans l'hébreu.

Page 380: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— 35'C —

Mais, par le souffle de sa bouche,

Les glaciers couleront, fondus dans ses ardeurs,Et sa grâce aux coeurs qu'elle touche

Apportera le don des pleurs.

Dans Jacob il rend ses oracles ;

Israël est instruit de leurs justes décrets :

Aux autres peuples ses miracles

N'ont pas révélé ses secrets.

Page 381: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXLVI11.

LE CANTIQUEDE L'I'NIVERS.

De Jéhovah racontez les louanges,Du haut de la cime des Cieux ;

Chantez-le tous, glorieux choeurs des Anges,Sainte armée ! entonnez vos chants harmonieux,

Brillant Soleil, et toi, Lune voilée,Dites ses grandeurs tour à tour;

Vous, Cieux des cieux, et toi, voûte étoilée,

Célébrez-le sans cesse, et la nuit et le jour !

Chantez son nom !... Il dit, et la nature

Du néant s'élance à sa voix ;Il distribue à toute créature

L'ordre toujours constant des éternelles lois.

Et vous, du fond de la terre et du gouffre,Louez Dieu, serpens et dragons !

Et vous éclairs, grêle de feu, de soufre,

Tous, échos de sa voix, autans et tourbillons !

Que tous les monts, tout sol vain ou fertile,

Tous les vergers et tous les bois,

Tout animal, tout oiseau, tout reptile,

Tous les peuples, leurs chefs, leurs juges et leurs rois:

Page 382: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

— S58 —

Que tout enfant, toute vierge pudique,Tout vieillard, tout adolescent,

Chantent le nom, le nom seul magnifique,Le nom de Jéhovah, le nom du Tout-Puissant !

Plus que la terre et plus que le Ciel même,La gloire du Seigneur a lui ;

Il a béni les Saints, peuple qu'il aime,Et qui, comme Israël, s'est approché de lui.

Page 383: Alexandre Guillemin-Le livre des Psaumes en français

PSAUME CXL1X.

LA MISSIONDES UHIS.

Chantez un nouvel hymne au nom de l'Eternel ;Dans l'église des Saints que vos voix retentissent ;

Que tout le peuple d'Israël

Au Dieu qui l'a créé dise un chant solennel ;

Que les fils de Sion en lui se réjouissent !

Il est de ses élus l'unique Souverain :

Qu'ils chantent tous sa gloire aux accords de la lyre,Au son joyeux du tambourin ;

Et que I'ALLELLIAsoit leur pieux refrain :

Le Seigneur se complaît à l'entendre redire.

Aux splendeurs du salut il élève les Saints ;Ils iront triomphans reposer sur leur couche ;

Ils régneront sur les humains ;

Un glaive à deux tranchans brillera dans leurs mains,

Et les grandeurs de Dieu sanctifîront leur bouche.

Punir les nations, peuples, princes et rois ;

Les enchaîner, porter le jugement du crime *

*3"irQ DStfC- Jugement écrit.

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— 360 —

Dans la rigueur des saintes lois,Et proclamer enfin les légitimes droits :

Telle est donc des élus la mission sublime !

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PSAUME CL.

L ETERNELALLELE1A.

Chantez Dieu, chantez sa puissance,Chantez-le dans la sainteté !

Chantez sa gloire et sa magnificence,Sa force, sa grandeur et son immensité.

Chantez au son de vos cithares;

Que la trompette et le nébel

Viennent s'unir, par de saintes fanfares,,Au tambour, à la flûte, à l'orgue solennel.

Prenez la cymbale éclatante,La cymbale aux accords joyeux : *

ALLÉLUIA! que tout esprit le chante !

ALLÉLUIA! sans cesse, en tout fems, en tous lieux I

ALLELUIA!

*njmfl 'hxSï- Cymbalesde tiiamph,e.y

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TABLE DES PSAUMES.

CXIX. Ad Dominum., cum tribularcr. |;ng. 303

XXVII. Ad te, Domine, clamabo. 'ilXXIV. Ad te, Domine, levavi. 5ï

CXX1I. Ad te levavi oculos meos. 308XXVIII. Afferte Domino, fllii Dei. (53

LXXVII. Attendue, popule meus. 184

XLVIII. Audite hoec, omnes gentes. 110CXVIII. Beati immaculati in via. 28aCXXVII. Beati omnes qui timent Dominum. 316XXXI. Beati quorum remissa; sunt. 70XL. Bealus qui intelligit. 95I. Beatus vir qui non abiit. 1CXI. Beatus vir qui timet Dominum. 272XXXIII. Benedicam Dominum in omni temporc. 74CIII. Benedic, anima mea, Domino : Domine Deus. 245Cil. Benedic, anima mea, Domino, et omnia. 242CXLIII. Benediutus Dominus Deus meus. 347LXXXIV. Benedixisti, Domine, terram tuam. 203

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XCI. Bonum est confiteriDomino. pag. 219XCV. Cantate Domino canticum novum : cantate. 227CXLIX. Cantate Dominocanticum novum : laus ejus. 359XCVII. Cantate Domino canticum novum : quia. 231XVIII. Coelienarrant gloriam Dei. 40LXXIV. ConBtebimur tibi,Deus. 177CX. Confitebortibi, Domine... in concilie 270IX. Confltebor tibi, Domine... narrabo. 16CXXXVII. Confltebor tibi .Domine... Quoniamaudisti. 335CIV. ConflteminiDomino, et invocate. 249CXXXV. ConfiteminiDominoquoniam... confltemini. 329CVI. ConflteminiDomino quoniam... dicant. 258CXVII. ConflteminiDomino quoniam... dicat nunc. 283CV. ConflteminiDominoquoniam... quis loquetur. 253XV. Conserva me, Domine, quoniamsperavi in te. 29CXV. Credidi, propter quod locutus sum. 281IV. Cum invocarem, exaudirit me Deus. 6CXXIX. De Profundis clamavi ad te, Domine. 319XLIII. Deus, auribus nostris audivimus. 100XLIX. Deus deorum Dominus. 113LXII. Deus, Deus meus, ad te de lucc vigilo. 142XXI. Deus, Deus meus, respiceme. 47LXIX. Deus, in adjutorium meum intende. 164LUI. Deus, in nomine tuo salvum me fac. 124LXXI. Deus, judicium tuum Régi da. 168CVIII. Deus, laudemmeam ne taeueris. 264LXVI: Deus misereatur nostri. 152XLV. peus noster refugium et virtus. 105LXXXII. Deus, quis similis erit tibi. 199LIX. Deus, repulistinos. 137LXXXI. Deus stetit in synagogadeorum. 197LXXVIH. Deus, venerunt gentes in hxreditatem luam. 191XCIII. Deus ultionum Dominus. 222CXIV. Dilexi, quoniam exaudiet Dominus. 279XVII. Diligamte, Domine, fortitudo mea. 34XXXVIII. Dixi : custodiam vias meas. 90CIX. Dixit Dominus Domino meo. 268XXXV. Dixit injustus, ut delinquat. 80LI1. Dixit insipiens... in iniquitatibus. 122

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XIII. Dixit insipicns... in studiis suis. pag. 25CXL. Domine, clamavi ad te. 342VII. Domine, Deus meus, in te speravi. 12LXXXVII. Domine, Deus salutis meae. 208VIII. Domine, Dominus noster. 14CXLII. Domine, exaudi orationem meam : auribus. 345CI. Domine, exaudi orationem meam, et clamor. 238XX. Domino, in virtute tua loetabiturRex. 45VI. Domine, ne in furore tuo... miserere. 10XXXVII. Domine, ne in furore tuo... quoniam. 87CXXX. Domine, non est exaltatum cor meum. 321CXXXVIII. Domine, probasti me. 337III. Domine, quid multiplicati sunt. 5XIV. Domine, quis habitabit in tabernaculo tuo. 27LXXXIX. Domine, refugium factus es nobis. 215XXIII. Domini est terra, et pleniludo ejus. 52XXVI. Dominus illuminatio mea. 58XXII. Dominus régit me. 51XCII. Dominus regnavit, decorem indutus est. 221XCVI. Dominus regnavit, exultet terra. 229XCVIII. Dominus regnavit, irascantnr populi. 232CXXXIII. Ecce nunc benedicite Dominum. 326CXXXII. Ecce quam bonum. 325LVIII. Eripe me de inimicis meis. 135CXXXIX. Eripe me, Domine, ab homine malo. 340XLIV. Eructavit cor meum verbum bonum. 102CXLIV. Exaltabo te, Deus, meus Rex. 349XXIX. Exaltabo te, Domine, quoniam. 65XIX. Exaudiat te Dominus in die tribulationis. 43LX. Exaudi, Deus, deprecationem meam. 139

LXIII. Exaudi, Deus, orationem meamcum deprecor. 144

LIV. Exaudi, Deus, orationem meam, et ne. i25

XVI. Exaudi, Domine, justitiam meam. 31

XXXIX. Expectans, expectavi Dominum. 92LXXX. Exultatc Dco adjutori nostro. 195

XXXII. Exultate, justi, in Domino. 72

LXVI1. Exurgat Deus, et dissipentur. 153

LXXXVI. Fundamenla ejus in montibus sanclis. 207

LXXXY. Inclina , Domine, aurcm tuam. 205

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CXXV. In convcrtendo, Dominus. pag. 312X. In Domino confido. 20CXIII. In exitu Israël de .OEgypto. 276LXX. In te, Domine , speravi... et eripe me. 165XXX. In te, Domine, speravi... injustilia. 66LXV. Jubilate Deo, omnis terra, psalmum. 149XCIX. Jubilate Deo, omnis terra : servite. 234XXXIV. Judica, Domine, nocentesme. 77XLII. Judica me, Deus, et discerne. 99XXV. Judica me, Domine, quoniam. 56CXXI. Laîtatus sum in his quaedicta sunt mibi. 306CXLV. Lauda, anima mea, Dominum. 352CXLVII. Lauda, Jérusalem, Dominum. 355CXLVI1I. Laudate Dominumde ccelis. 357CL. Laudate Dominum in sanctis ejus. 361CXYI. Laudate Dominum, omnes gentes. 282CXLYI. Laudate Dominum, quoniam bonus. 353CXXXIV. Laudate nomen Domini. 327CXII. Laudate, pueri, Dominum. 274CXX. Levavi oculos meos in montes. 304XLVII. Magnus Dominus et laudabilis. 108CXXXI. Mémento, Domine, David. 322LVI. Miserere mei, Deus, miserere mei. 131LV. Miserere mei, Deus, quoniam. 128L. Miserere mei, Deus, secundum. 116C. Misericordiamet judicium. 236LXXXVIII. MisericordiasDomini in aeternum. 210CXXVI. Nisi Dominus oedificaveritdomum. 314CXXIII. Nisi quia Dominus erat in nobis. 309XXXVI. Noli oemulariinmalignantibus. 82LXI. Nonne Deo subjecta erit. 140LXXV. Notas in Juda;a Deus. 179XLVI. Omnes gentes, plaudite manibus. 107

CVII. Paratum cor meum, Deus. 262LXXIl. Quam bonus Israël Deus. 171LXXXIII. Quam dilecta tabernacula tua. 201II. Quare fremuerunt gentes. 3XLI. Quemadmodumdesiderat cervus. 97CXX1V. Qui confidunt in Domino. 310

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ERRATUM.

Psaume CXXXV. Conserver, après chaque vers alexandrin,

celle seule répétition :

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LI. Quid gloriaris inmalitia. pag. 120XC. Qui habitat in adjutorio Altissimi. 217LXXIX. Qui régis Israël, intende. 193CXXVIII. Soepeexpugnaverunt me. 318LXVIII. Salvummcfac, Deus. 158XI. Salvum me fac, Domine. 22LVII. Si vere utique justitiam. 133CXXXVI. Super flumina Babylonis. 333LXIV. Te decet hymnus, Deus Sion. 146XCIV. Venite, exultemusDomino. 225V. Vcrba mea auribus percipe, Domine. 8LXXVI. Voce mea ad Dominum... voce mea ad Dcum. 181CXLI. Voce mea ad Dominum... voce mea. 344XII. Usqucquo, Domine. 24LXX1II. Ut quid, Deus, repulisti in finem? 174

« Sa miséricorde éternelle» Est éternellement fidèle. »

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TABLE DES PSAUMES.CXIX. Ad Dominum, cum tribularer. pag. XXVII. Ad te, Domine, clamabo.XXIV. Ad te, Domine, levavi.CXXII. Ad te levavi oculos meos.XXVIII. Afferte Domino, filii Dei.LXXVII. Attendite, popule meus.XLVIII. Audite haec, omnes gentes.CXVIII. Beati immaculati in via.CXXVII. Beati omnes qui timent Dominum.XXXI. Beati quorum remissae sunt.XL. Beatus qui intelligit.I. Beatus vir qui non abiit.CXI. Beatus vir qui timet Dominum.XXXIII. Benedicam Dominum in omni tempore.CIII. Benedic, anima mea, Domino: Domine Deus.CII. Benedic, anima mea, Domino, et omnia.CXLIII. Benedictus Dominus Deus meus.LXXXIV. Benedixisti, Domine, terram tuam.XCI. Bonum est confiteri Domino. pag. XCV. Cantate Domino canticum novum: cantate.CXLIX. Cantate Domino canticum novum: laus ejus.XCVII. Cantate Domino canticum novum: quia.XVIII. Coeli enarrant gloriam Dei.LXXIV. Confitebimur tibi, Deus.CX. Confitebor tibi, Domine... in concilio.IX. Confitebor tibi, Domine... narrabo.CXXXVII. Confitebor tibi, Domine... Quoniam audisti.CIV. Confitemini Domino, et invocate.CXXXV. Confitemini Domino quoniam... confitemini.CVI. Confitemini Domino quoniam... dicant.CXVII. Confitemini Domino quoniam... dicat nunc.CV. Confitemini Domino quoniam... quis loquetur.XV. Conserva me, Domine, quoniam speravi in te.CXV. Credidi, propter quod locutus sum.IV. Cum invocarem, exaudivit me Deus.CXXIX. De Profundis clamavi ad te, Domine.XLIII. Deus, auribus nostris audivimus.XLIX. Deus deorum Dominus.LXII. Deus, Deus meus, ad te de luce vigilo.XXI. Deus, Deus meus, respice me.LXIX. Deus, in adjutorium meum intende.LIII. Deus, in nomine tuo salvum me fac.LXXI. Deus, judicium tuum Regi da.CVIII. Deus, laudem meam ne tacueris.LXVI. Deus misereatur nostri.XLV. Deus noster refugium et virtus.LXXXII. Deus, quis similis erit tibi.LIX. Deus, repulisti nos.LXXXI. Deus stetit in synagoga deorum.LXXVIII. Deus, venerunt gentes in haereditatem tuam.XCIII. Deus ultionum Dominus.CXIV. Dilexi, quoniam exaudiet Dominus.XVII. Diligam te, Domine, fortitudo mea.XXXVIII. Dixi: custodiam vias meas.CIX. Dixit Dominus Domino meo.XXXV. Dixit injustus, ut delinquat.LII. Dixit insipiens... in iniquitatibus.XIII. Dixit insipiens... in studiis suis. pag. CXL. Domine, clamavi ad te.VII. Domine, Deus meus, in te speravi.LXXXVII. Domine, Deus salutis meae.VIII. Domine, Dominus noster.CXLII. Domine, exaudi orationem meam: auribus.CI. Domine, exaudi orationem meam, et clamor.XX. Domine, in virtute tua laetabitur Rex.VI. Domine, ne in furore tuo... miserere.XXXVII. Domine, ne in furore tuo... quoniam.CXXX. Domine, non est exaltatum cor meum.CXXXVIII. Domine, probasti me.III. Domine, quid multiplicati sunt.XIV. Domine, quis habitabit in tabernaculo tuo.LXXXIX. Domine, refugium factus es nobis.XXIII. Domini est terra, et plenitudo ejus.XXVI. Dominus illuminatio mea.XXII. Dominus regit me.XCII. Dominus regnavit, decorem indutus est.XCVI. Dominus regnavit, exultet terra.XCVIII. Dominus regnavit, irascantur populi.CXXXIII. Ecce nunc benedicte Dominum.CXXXII. Ecce quam bonum.LVIII. Eripe me de inimicis meis.CXXXIX. Eripe me, Domine, ab homine malo.XLIV. Eructavit cor meum verbum bonum.CXLIV. Exaltabo te, Deus, meus Rex.XXIX. Exaltabo te, Domine, quoniam.XIX. Exaudiat te Dominus in die tribulationis.LX. Exaudi, Deus, deprecationem meam.LXIII. Exaudi, Deus, orationem meam cum deprecor.LIV. Exaudi, Deus, orationem meam, et ne.

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XVI. Exaudi, Domine, justitiam meam.XXXIX. Expectans, expectavi Dominum.LXXX. Exultate Deo adjutori nostro.XXXII. Exultate, justi, in Domino.LXVII. Exurgat Deus, et dissipentur.LXXXVI. Fundamenta ejus in montibus sanctis.LXXXV. Inclina, Domine, aurem tuam.CXXV. In convertendo, Dominus. pag. X. In Domino confido.CXIII. In exitu Israel de Aegypto.LXX. In te, Domine, speravi... et eripe me.XXX. In te, Domine, speravi... in justitia.LXV. Jubilate Deo, omnis terra, psalmum.XCIX. Jubilate Deo, omnis terra: servite.XXXIV. Judica, Domine, nocentes me.XLII. Judica me, Deus, et discerne.XXV. Judica me, Domine, quoniam.CXXI. Laetatus sum in his quae dicta sunt mihi.CXLV. Lauda, anima mea, Dominum.CXLVII. Lauda, Jerusalem, Dominum.CXLVIII. Laudate Dominum de coelis.CL. Laudate Dominum in sanctis ejus.CXVI. Laudate Dominum, omnes gentes.CXLVI. Laudate Dominum, quoniam bonus.CXXXIV. Laudate nomen Domini.CXII. Laudate, pueri, Dominum.CXX. Levavi oculos meos in montes.XLVII. Magnus Dominus et laudabilis.CXXXI. Memento, Domine, David.LVI. Miserere mei, Deus, miserere mei.LV. Miserere mei, Deus, quoniam.L. Miserere mei, Deus, secundum.C. Misericordiam et judicium.LXXXVIII. Misericordias Domini in aeternum.CXXVI. Nisi Dominus aedificaverit domum.CXXIII. Nisi quia Dominus erat in nobis.XXXVI. Noli aemulari in malignantibus.LXI. Nonne Deo subjecta erit.LXXV. Notus in Judaea Deus.XLVI. Omnes gentes, plaudite manibus.CVII. Paratum cor meum, Deus.LXXII. Quam bonus Israel Deus.LXXXIII. Quam dilecta tabernacula tua.II. Quare fremuerunt gentes.XLI. Quemadmodum desiderat cervus.CXXIV. Qui confidunt in Domino.LI. Quid gloriaris in malitia. pag. XC. Qui habitat in adjutorio Altissimi.LXXIX. Qui regis Israel, intende.CXXVIII. Saepe expugnaverunt me.LXVIII. Salvum me fac, Deus.XI. Salvum me fac, Domine.LVII. Si vere utique justitiam.CXXXVI. Super flumina Babylonis.LXIV. Te decet hymnus, Deus Sion.XCIV. Venite, exultemus Domino.V. Verba mea auribus percipe, Domine.LXXVI. Voce mea ad Dominum... voce mea ad Deum.CXLI. Voce mea ad Dominum... voce mea.XII. Usquequo, Domine.LXXIII. Ut quid, Deus, repulisti in finem?