Amirouche 1 Vie 2 Morts 1 Testament

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  • MORT DU COLONEL AMIROUCHEEnfin la vrit clore

    Cfut d anza-s i d-yaswlen

  • MORT DU COLONEL AMIROUCHELes contradictions remontent la surface

    Le livre de Sad Sadi Amirouche : une vie, deux morts, un testament force, pour pertinent quil soit dans linterrogation quil assne lhistoire, au dchanement des ractions. Aprs Mourad Benachenhou, Ali Mebroukine, ctait au tour de Ali Kafi, colonel de la Wilaya II historique, dattester dune raction-tmoignage. Sa vrit et celle de Benachenhou, loin de se confondre, sentrechoquent en se contredisant.Sofiane At-Iflis - Alger (Le Soir)- Ainsi en est-il des liaisons radio entre Tunis et la Wilaya III. Ali Kafi affirme ( El Watan du samedi 8 mai 2010) que Krim Belkacem ne pouvait pas avoir alert le colonel Amirouche, qui devait partir Tunis, sur limpratif de changer ditinraire pour la simple raison que les contacts radio avec la Wilaya III passaient par lui. Impossible. Il (Krim Belkacem, ndlr) navait aucun contact radio avec Amirouche. Les contacts radio avec la Wilaya III passaient par moi. Krim, maquisard depuis 1947 et connaissant parfaitement les techniques de lennemi, ne pouvait pas envoyer un message crit, de peur quil ne tombe entre les mains des Franais. Et comme on tait presss par le temps, il ne pouvait pas aussi transmettre le message par le biais dune personne. Dans son opinion livre dans Le Quotidien dOran le 17 avril 2010, Mourad Benachenhou voquait, lui, une tentative vaine de joindre le colonel Amirouche. Quelques jours avant la bataille qui a cot la vie au colonel Amirouche comme Haous, l'change de messages entre diffrentes units ennemies, messages intercepts et dchiffrs par les services d'coute de l'ALN, faisait tat de rumeurs, parmi les populations locales, du dplacement de Amirouche en compagnie de Haous ; les bulletins de renseignements gnraux de la gendarmerie nationale ennemie, diffuss en clair tous les jours 17h, ont, la mme poque, mentionn ce dplacement, crit-il, poursuivant : Krim Belkacem, Boussouf, Bentobbal et Nacer ont t informs de cela ; en mme temps, les services de transmissions de l'ALN ont tent de contacter en vain Amirouche pour l'informer qu'il avait t repr et qu'il devait changer d'itinraire ; comme il avait de son propre chef dcid de ne plus recevoir de messages de Tunis, les Wilayas IV et II ont t contactes pour lui transmettre l'information ; mais elles aussi n'avaient pas le moyen d'informer temps Amirouche. Mourad Benachenhou, qui fut au moment des faits de lautre ct des frontires, parle bien de tentatives de joindre le colonel de la Wilaya III et ce nest quaprs lchec de ces tentatives que les Wilayas IV et II avaient t sollicites pour transmettre le message. en croire Benachenhou, le contact avec la Wilaya III tait, du moins dun point de vue logistique et au plan oprationnel, possible. Que le colonel Amirouche ne daignait pas recevoir les messages en provenance de Tunis est une autre histoire. Ali Kafi, pour sa part, souligne que les contacts radio avec la Wilaya III passaient par moi. Si, comme latteste Benachenhou, Krim, Boussouf, Bentobbal et Nacer avaient essay de joindre le colonel Amirouche, Krim aurait bien pu, comme Sad Sadi le rapporte dans son livre, joindre, dans une initiative propre, le PC de la Wilaya III et recommand au

  • rcepteur du message dalerter Amirouche sur la ncessit de changer ditinraire. Dans son livre, Sad Sadi, rapportant des tmoignages qui taient au PC dAmirouche dans lAkfadou, affirme que le message de Krim Belkacem alertant Amirouche sur limpratif de changer ditinraire pour se rendre Tunis avait bel et bien t reu et que le commandement de la Wilaya III avait charg quelquun de rattraper le colonel dj en chemin vers Tunis et de le lui transmettre. Le messager, rapporte Sad Sadi, a t pris dans une embuscade et ne lavait donc pas transmis.S. A. I.

    Sad Sadi : Comme le cholestrol, il y a le bon et le mauvais MALGPar Sad Sadi

    La dernire sortie du segment noir du MALG et lintervention dun universitaire que je ne connais pas dans Le Soir dAlgrieconfirment la prmice annonce par les premires ractions qui ont suivi la publication du livre sur Amirouche : le dbat naura pas lieu. Comme le parcours du colonel de la Wilaya III a crois celui de nombreux acteurs de la guerre, on peut supposer que dautres accs plus ou moins ruptifs vont apparatre prochainement non pas pour commenter le livre, ce qui serait normal et bienvenu, mais pour protger des positions par la censure ou la dsinformation.Pour linstant contentons-nous de relever quil y a un grand moi dans la basse-cour : louvrage aura dj eu le mrite de faire sortir du bois les rentiers de la mmoire confisque. Commenons par luniversitaire. La tentative de contenir certains excs nchappe pas la marque de fabrique propre au boumedienisme compulsif. Lhomme du 19 Juin a laiss son empreinte chez ses ouailles : en politique on ne discute pas, on ncoute pas, on affirme. Qararna. Pour Monsieur Mebroukine, le doute sur le livre est instill ds le dpart, ds lors que jai publi mon livre en avril 2010 ! Lorsque nous ferraillions avec nos amis du PAGS soutiens critiques de Boumediene luniversit la fin des annes 1960 et au dbut des annes 1970, il y avait une raction invariable chaque fois que nous, les contre-rvolutionnaires redjiyin soulevions ou dnoncions un abus, y compris sur des sujets aussi consensuels que la violation des franchises universitaires : ctait toujours au moment o quelque chose de vital pour la rvolution allait se produire que nous, les allis de limprialisme, avions le malin plaisir nous exprimer pour gner la ralisation des tches ddification nationale. Un jour notre intervention se faisait comme par hasard le lendemain de la visite du

  • chef de ltat dans une ferme pilote de la Rvolution agraire ; une autre fois les mauvais gnies que nous tions navaient rien trouv de mieux que de critiquer une rforme de la Facult de mdecine, dont on paie aujourdhui les frais, la veille de loffensive vietnamienne du Tt Depuis, heureusement ce folklore a t dissous dans le fleuve de lhistoire. Mais voil donc que Monsieur Mebroukine, inconsolable boumedieniste, dcouvre avec une rare pertinence que jai publi mon livre un mois davril 2010, ce qui ne saurait masquer une intention malfique qui, heureusement, na pas chapp aux cartomanciennes du boumedienisme posthume. Comme je nai pas pour habitude de faire dans lapproximation ou le sousentendu en politique, je mets laise notre inquisiteur. Sil fait allusion la concomitance du trentime anniversaire du Printemps amazigh, le mieux et t de le dire clairement. Jestime aujourdhui plus que jamais quAvril 1980 est un vnement majeur de lAlgrie indpendante et quil reste lune des plus belles traductions de Novembre et de la Soummam dont, par ailleurs, il faut reconnatre Monsieur Mebroukine la lucidit davoir valu la porte de lvnement sa juste mesure, mme si Boumedine sest employ en rduire la porte. De la culture de lhomme de ltat Sur le fond, on se perd en conjectures sur les motivations et les intentions de Mebroukine. Pour lui, et cela ne souffre aucune discussion, Amirouche est un chef de guerre qui na jamais dpass les limites de sa wilaya. Exit les missions des Aurs, de Tunis ou la runion des colonels dans le Nord-Constantinois. Oublis les financements accords aux wilayas en difficult, vacues les notes et propositions sur les prises de position politique, sur la communication, la diplomatie, la formation des cadres ainsi que les menaces de larme des frontires et du MALG sur lAlgrie daprs guerre Tout cela a beau tre rappeler dans le livre avec documents lappui ne saurait faire dvier la culture du boumedieniste qui veut que le but dune intervention nest pas de dmontrer mais de vrifier un prsuppos indpendamment des faits. linverse dAmirouche, Boumedine est un homme dtat auquel on aurait attribu injustement deux prtendus coups dtat en 1962 et en 1965 ! Il se trouve que dautres pensent quun chef dtat qui dclare devant la tlvision que les habitants de Kabylie sont des racistes (unsuriyin) et des sparatistes (infisaliyin) ne peut prtendre la qualit de responsable ; car, quand bien mme serait-il sincrement convaincu dune telle assertion, ce qui serait tout de mme assez dsastreux, le moindre des reflexes dun dirigeant, peu prs averti de la chose politique, cest de se retenir, sagissant de propos ayant un tel potentiel de dflagration dans un pays nouvellement indpendant. Il se trouve galement que des Algriens, sans doute un peu nafs, pensent quun homme qui squestre les restes de deux hros de la guerre de libration est moralement et politiquement disqualifi pour prtendre la responsabilit suprme. Quant aux choix conomiques, sociaux et culturels retenus depuis 1965, nous en mesurons les consquences au quotidien tant dans la performance de notre systme ducatif que dans notre indpendance alimentaire.

  • Reste laspect polmique de lcrit. Toujours aussi sr de lui, Monsieur Mebroukine dcrte quil est interdit de critiquer Boumedine dans la mesure o mort depuis 32 ans, il nest plus de ce monde pour se dfendre. Il se trouve que jai combattu Boumedine de son vivant et quau cas o cela ne saurait pas Amirouche, sur lequel se dverse tant de fiel, est mort depuis plus longtemps et plutt deux fois quune. En disant cela, je sais que je ne risque pas dbranler Monsieur Mebroukine : le boumedieniste nayant que des metteurs et jamais de rcepteurs.De linstrumentalisation de lHistoire Reste linvitable couplet sur la Bleuite o lobscnit le dispute au sadisme. L encore, M. Mebroukine samuse. Son approche aussi spcieuse que morbide. Il nous explique que les 6000 victimes donnes par le MALG et le duo Godard-Lger sont excessives mais le chiffre de 350 retrouv dans les archives algriennes et notamment celles de la Wilaya III est insuffisant. En comptable agr, M. Mebroukine tte, sous-pse et dlivre sa vrit : il coupe la poire en deux et dcide quil y a eu 3 000 victimes, coupables et innocents confondus. Que dire devant tant de lgret ? La Wilaya III comptait environ 9 000 hommes la mi 1958. Cela voudrait dire quun homme sur trois a pri en quatre mois ! Mais quand on a dit et crit quAmirouche a t lorigine de laffaire Melouza alors quil se trouvait en Tunisie, pourquoi sembarrasser de scrupules. Cependant, le plus navrant dans les interventions qui ont suivi la parution du livre sont les attaques politiciennes et limmoralit laquelle elles renvoient. Monsieur Mebroukine dplore une vidence : pourquoi ai-je confirm le fait que Chadli a mis un terme lignominie de Boumedine en donnant une spulture dcente aux colonels Amirouche et Haoues alors quil ma emprisonn. Plus loin, Monsieur Mebroukine me propose un deal. On ne parle pas de la squestration mais je te confirme que les colonels Amirouche et Haoues ont t donns larme franaise par le MALG. On sarrange. Tu oublies Boumedine et je taide enfoncer Boussouf. part a, cest moi qui instrumentalise lhistoire. Que peuton opposer un universitaire qui intervient dans un dbat avec des intentions aussi obliques ? Passons sur les falsifications factuelles. Nous avons soutenu la candidature de Bouteflika en 1999 dont Monsieur Mebroukine a anim la campagne lectorale alors que nous avions appel au boycott de cette lection au motif qu lpoque il ny avait mme pas possibilit dobtenir le P-V de dpouillement au niveau des bureaux de vote. Notre intgration au gouvernement fut conditionne par lengagement public du chef de ltat dengager toutes les rformes qui fondent notre programme. Mais lhorreur tombe quand Monsieur Mebroukine dclare que nous en sommes sortis en invoquant le prtexte des vnements de Kabylie. Des dizaines de morts excuts de sang froid par un corps dlite de larme sans que le moindre jugement ne soit rendu ce jour serait un prtexte. Il y a des lapsus lourds de sens. Quel crdit peut-on avoir en versant des larmes de crocodile sur les victimes de la Bleuite et rduire un prtexte un acte politique dont je mhonore et qui aura marqu la vie politique algrienne autant sur le plan thique que pdagogique.

  • Mais sans doute ntait-ce l que des victimes issues dun cheptel qui na que le droit de mourir. Elles ont en quelque sorte rempli leur mission. Jai pourtant essay de traiter dans mon livre de ce conditionnement avec les terribles travers qui le sous-tendent assignant la Kabylie la vocation de martyre. Il faut croire quil y a des fantasmes tellement intrioriss quils en deviennent consubstantiels de lme dune bonne partie de lencadrement algrien, quelle quen soit lorigine rgionale. Je me suis laiss dire quindpendamment de son adoration pour Boumedine, il tait arriv dans le pass Monsieur Mebroukine dtre mieux inspir. Aura-t-il t libre de son propos ou comme cela se dit ici et l, a-t-il t, pour des passifs mal solds, somm de descendre dans larne ? Je ne saurais le dire. Venons-en la deuxime sortie signe par Monsieur Benachenhou. Soyons clairs. Il ne sagit pas dune rechute. Le texte est rdig par le segment noir du MALG qui na pas du tout apprci sa laborieuse mise au point faite lavant-veille dans Le Soir dAlgrie. Il a donc d endosser une mixture archo-KGB de ses collgues. Causa nostra en Algrie Dentre et pour quil ny ait pas de malentendu sur lcole, lagression est signe il y a trois jours. 1) Ceux qui nappartiennent pas ou ne se soumettent pas au diktat de la causa nostra sont des rgionalistes. 2) Il faut rhabiliter Messali. 3) Amirouche le sanguinaire a prolong la guerre. 4) Il est interdit de parler de la squestration des ossements des colonels Amirouche et Haoues et des milliers de victimes de lt 1962 et daprs. Jadresse cette rponse ces agents mais surtout aux centaines de citoyens et danciens maquisards qui mont appel pour me tmoigner leur solidarit et exprimer leur rpulsion aprs la prose qui leur a t inflige. Il en est du MALG comme du cholestrol. Il y a le bon MALG et le mauvais MALG, comme il existe le bon et le mauvais cholestrol. LHistoire a souvent vrifi le phnomne : dans les rvolutions mites par le populisme, le pire prend toujours le pas sur le meilleur. Des centaines de jeunes cadres algriens se sont engags pour la libration de leur pays. Ils se sont retrouvs leur corps dfendant impliqus dans une machinerie qui les a puiss dans un fonctionnement quasi carcral dont lessentiel des objectifs tait, non pas de former les cadres pour lAlgrie indpendante, mais de structurer une pieuvre qui a dtourn, partir de 1958, lessentiel des nergies et des comptences pour paralyser lactivit militaire et politique du pays au bnfice dun rgime dont on subit aujourdhui encore labus et les dgts. On imagine lapport de ces jeunes au pays sils avaient t organiss et orients pour des tches de dveloppement national. Voici ce qucrivait Amirouche propos du MALG quelques semaines avant de se diriger vers Tunis : Dsirons que jeunes envoys par les wilayas soient orients sur plusieurs branches : Nous envoyons des jeunes lExtrieur pour les faire profiter et les prparer des tches qui serviront mieux lAlgrie de demain. Or, nous apprenons que la plupart sont

  • dirigs vers les Transmissions. Cest l une faon de ne pas porter de considration des choses que nous jugeons en toute sincrit dans lintrt de lAlgrie. Nous aimerions qu lavenir ces jeunes soient orients sur dautres branches, sans videmment ngliger les transmissions. chacun ses priorits.Quand lhpital se moque de la charit Reprenons les arguments de ce segment du MALG. La secte qui dnonce le rgionalisme a littralement colonis les institutions du pays, commencer par la plus importante : le gouvernement o treize membres dune tribu confisquent la quasi-totalit des ministres de souverainet. Un de ses plus minents membres vient de rvolter ONG et partenaires canadiens en bloquant un financement destin promouvoir la protection de lenvironnement au motif quil concerne la wilaya de Tizi-Ouzou. Ce financement ne cote pas un centime ltat, il a t initi par lAPW de Tizi-Ouzou, relaye par le PNUD qui a aid contacter les autorits canadiennes. Pour viter les rtorsions insidieuses, lAPW de Tizi-Ouzou a accept de partager en deux le financement en associant la rgion de Boughezoul au projet sans que celle-ci ait entam la moindre dmarche. La raction des affaires trangres est claire : ou le financement est affect dans son intgralit Boughezoul, ou il sera bloqu. Comme on le voit, le MALG et ses tentacules institutionnelles ou occultes sont des patriotes raffins peu suspects de rgionalisme. Sagissant du cas de Messali, je suis, pour ce qui me concerne, favorable tout dbat. condition quil y ait dbat. Mais vous ne pouvez pas vous mouvoir des victimes de la Bleuite en Wilaya III dont vous feignez dignorer quelle a concern toutes les wilayas et occulter les milliers de morts engendrs par le MNA. Ces victimes ne sont ni le fait dune infiltration de lennemi ni une raction chaud. Elles sont tombes sous les balles dagents consciemment engags dans un combat contre les organisations nationalistes. Du point de vue moral, une donne fondamentale vous chappe messieurs : il y a une diffrence essentielle entre lerreur et la faute. Pour autant, je ne serai jamais de ceux qui nieront le fait que Messali fut un des premiers artisans de la lutte pour lindpendance. Je ne cherche pas taire Melouza mais vous conviendrez, vous qui avez toujours contrl linformation et voulu faonn lopinion, que le fait de sous-traire lhistoire le massacre de Wagram dans lOranie au cours duquel il y eut hlas autant de victimes qu Beni- Ilmane (Melouza) pose problme. Le dchanement contre Amirouche et labus des manipulations des informations que vous triturez ont un avantage. Ils dvoilent votre responsabilit dans sa premire et sa deuxime mort. En reprenant votre compte les informations de larme franaise, vous confirmez la connivence qui liait lancienne puissance coloniale ceux qui refusaient ltat dmocratique et social de la Soummam. La souverainet conomique, brade aujourdhui dans des scandales dont les dossiers offerts au public sont loin dtre les plus prjudiciables, a des origines de plus en plus claires. Je ne suis pas un partisan de lhistoire complot ni un amateur de la paranoa qui renvoie sur ltranger les mfaits de nos erreurs. Mais force est de constater quau regard de la configuration tribale du pouvoir et de ses

  • consquences sur le potentiel national que ceux qui, rsigns lindpendance, vous ont aids prendre le pouvoir en 1962 soit directement, soit en facilitant llimination de vos adversaires, nont pas perdu au change. Pour couper court vos spculations, il est bon de livrer au lecteur la position dAmirouche sur la Bleuite : Rclamons entre urgente commission denqute : la Wilaya III a reu lors de la dcouverte du complot bleu un tlgramme de flicitations. Nous protestons contre cette mthode. Nous aurions t flatts davoir reu des flicitations aprs enqute et rapport tabli par une commission denqute envoye de lExtrieur, ou forme de cadres trangers notre wilaya Nous nous levons contre cette confiance exagre qui peut nous causer beaucoup de prjudices. En effet, quun rglement de compte vienne ensanglanter la Wilaya III ou toute autre sous couvert de complot et il serait pour le moins choquant quun tlgramme de flicitations vienne sanctionner une telle purge. Linterprtation dune telle raction ne pourrait sexpliquer que par une manuvre malhabile en vue de tenir un homme ou un comit et dessayer den faire un objet docile. Nous voulons pour respecter lorganisation et lesprit de la rvolution que de telles manuvres destines introduire des mthodes de corruption et de chantage soient vigoureusement bannies. Le fantme dAmirouche Pourquoi Amirouche vous empche-t-il de dormir plus dun demi-sicle aprs sa mort ? Parce quil reprsentait et reprsente toujours votre image inverse. Tant que lon parlera dAmirouche, on invoquera patriotisme, rigueur et transparence dans la gestion, solidarit nationale qui a pour souci la protection du plus grand nombreVous tes de mauvais lves sur ce dossier. chaque fois que vous avez commis une agression contre le colonel de la Wilaya III, la manuvre a t contre-productive. Cela ne vous empche pas de continuer dans la forfaiture. Vous amputez les propos de lhistorien Ageron qui traitait de toutes les erreurs de la guerre et pas uniquement de la Wilaya III et vous manipulez les dclarations dAli Yahia pour lequel vous trouvez brusquement toutes les vertus alors qu ce jour, il na pas pu rcuprer son cabinet cause de vos sbires. Le nombre de victimes dont il parlait portait sur toutes les erreurs commises par le FLN. Sans le renier explicitement, vous prsentez linformation comme si elle ne devait concerner que la Wilaya III. Enfin vous dclarez sans vergogne que le colonel Amirouche a prolong la guerre en affaiblissant la Kabylie. De deux choses lune ; ou la guerre de libration a t mene par le MALG et le front du Mali, et ce moment on voit mal en quoi le poids de la Wilaya III aurait t dun quelconque poids sur le cours de la guerre. Ou Amirouche a construit une wilaya exemplaire et alors votre frocit en rduire lenvergure est une escroquerie intellectuelle et une hrsie politique. Votre aveuglement vous joue de mauvais tours. En dclarant quAmirouche navait pas le droit de runir les colonels de lintrieur, vous dvoilez les vritables raisons qui vous ont amens commettre la trahison qui lui a cot la vie. On peut lire dans un rapport dAmirouche dat de janvier 1959 ceci : Aimerions que relations radio soient directes entre wilayas afin de rgler des

  • questions urgentes. Aujourdhui, les relations radio entre les wilayas doivent passer par la voie hirarchique. Bien que ce systme soit rapide, il est prfrable que les relations directes entre les wilayas stablissent. Ainsi, une affaire urgente et ncessitant des explications ne doit souffrir aucun retard. Boussouf sest bien gard de librer les liaisons entre les wilayas. En se rendant Tunis, Amirouche voulait avec les colonels de lintrieur peser sur les orientations politiques dun GPRA min par les dissensions en linvitant se consacrer la lutte arme. Pour ce faire, il fallait mettre un terme toutes les structures qui dvoyaient nergies et intelligences dans les intrigues daprs guerre. Larme des frontires et le MALG, quelles que soient leurs opposions ultrieures taient les deux freins du FLN/ALN en 1959. Cest bien ces deux structures que le colonel Amirouche et ses amis devaient contenir en faisant rentrer les troupes des frontires et en ramenant un service de renseignement contrl par le pouvoir politique le MALG. Il y a une dimension surraliste dans votre logorrhe. Vous qui avez fait de la torture, des enlvements, des assassinats et de la corruption une culture dtat avant et aprs lindpendance, vous trouvez assez daudace en 2010 pour charger Amirouche de toutes vos perversions. Tant dimpudeur dmontre une chose : tant que le pouvoir reste ce quil est, lAlgrie ne connatra ni paix, ni justice, ni progrs. Autres choses : ne vous fatiguez pas envoyer vos messages et autres menaces de mort. Pour deux raisons. Je vous en sais capables. Elles ne servent rien. Je ne parle pas la langue de la maffia. Dernire information : que les citoyens sachent que lindisponibilit du livre est due au fait que les imprimeurs disposant de rotatives ralisent lessentiel de leur chiffre daffaires avec le ministre de lEducation nationale. Il leur a t signifi que sils produisaient louvrage consacr au colonel Amirouche, ils risquaient de perdre les marchs de ltat. Nous sommes tenus de travailler avec des artisans garantissant un travail de qualit. La deuxime dition sera dans les kiosques partir du 20 mai. Merci pour la comprhension de tous. S. S.

    : AMIROUCHE : DAHOU OULD KABLIA, PRSIDENT DE LASSOCIATION,

  • SEXPRIMELe MALG sort de lombre

    Le livre du Dr Sad Sadi intitul Amirouche : une vie, deux morts, un testament, paru dernirement, a suscit, plus peut-tre que beaucoup dautres livres traitant de la lutte de Libration nationale, dbats et polmiques auxquels ont particip jusqu prsent, acteurs, tmoins, analystes politiques ou historiens. Les dbats ont moins port sur la personne ou le parcours du colonel Amirouche, difficilement contestable, que sur le sens que lauteur donne certains de ses actes ou de ses paroles ainsi que les supputations sur ses relations avec ses pairs de lintrieur et ses responsables de lextrieur pour arriver des accusations graves, impossibles tayer, contre ceux quil dsigne comme tant les responsables indirects ou directs de sa mort, quil nomme Boussouf et Boumedine.Ce livre a donc interpell les membres du Bureau de lAssociation des anciens du MALG, acteurs historiques accuss outrageusement, tant en la personne de leur ex-responsable, le colonel Abdelhafidh Boussouf, que de la structure quil dirigeait et laquelle ils appartenait, dans une affaire qui ne les concernait nullement. En ltudiant, ils ont relev de nombreuses entorses la vrit. Ils ne cherchent pas la polmique avec lauteur et encore moins lamener se djuger, car ils pensent bien que son opinion est dfinitivement arrte et de longue date. Le portrait du colonel Amirouche quil prsente, lui servant, leurs yeux, de ligne directrice pour un procs politique bien cibl bien que totalement dcal. Le Bureau du MALG, qui a prpar cette intervention, en attend une contribution forte lendroit des lecteurs et des historiens, qui la faveur de sa lecture, pourront se faire leur propre opinion sur des faits et des vnements qui nont pas encore livr tous leurs secrets. Cest ce titre quils se proposent dapporter des clarifications, des critiques ou des dmentis, selon le cas, des arguments, analyses, jugements, crits rapports et autres tmoignages largement noncs tout au long de louvrage. Parmi ceux-ci : lenvironnement politique gnral prvalant en Wilaya III ; la runion projete Tunis et les raisons qui la fondaient ;lpineux problme des communications radio ; la prparation du dplacement du colonel Amirouche ; le registre des dolances du Conseil de wilaya ; le dplacement qui lui cotera la vie : la ralit historique et les supputations de lauteur quant aux interfrences qui auraient influ sur cet pisode ; enfin une conclusion pour prsenter une image du MALG plus conforme la ralit. I/ Lenvironnement politique : En cette deuxime moiti de lanne 58, plusieurs vnements majeurs ont marqu lhistoire de la lutte de libration en gnral avec leurs incidences sur la Wilaya III.

  • En premier lieu : la formation du GPRA, le 19 septembre 1958, avec la dsignation du colonel Krim Belkacem, premier chef de la Wilaya III en qualit de ministre des Forces armes et du colonel Mohammedi Sad deuxime colonel de la mme wilaya, en qualit de chef de ltat-major Est, qui assurait, il faut le rappeler, la tutelle sur les trois Wilayas de lEst I, II, et III, autant dire que la Wilaya III bnficiait, de ce fait, dun soutien politique et moral de poids. En second lieu : le Complot Lamouri o ce colonel de la Wilaya I ainsi que les colonels Nouaoura et Aouacheria et quelques-uns des officiers de leur entourage a tent de destituer le GPRA naissant la mi-novembre 1958 pour des raisons subjectives et partisanes sur lesquelles il est superflu de revenir, lessentiel ayant t dit de longue date. En troisime lieu : la situation matrielle de la Wilaya III, au regard du manque dquipement matriel, armement, munitions et ce, suite lachvement, cette priode, dune ligne dfensive lectrifie, mine et suprieurement protge, la ligne Morice qui empchait pratiquement tout acheminement dhommes et de matriel vers lintrieur. En quatrime lieu : il sagit videmment de lengagement militaire de larme ennemie qui menait une action brutale et soutenue contre la Wilaya III quelle considrait comme un bastion stratgique important, quil fallait rduire par tous les moyens. Toutes les actions multiformes menes par les responsables de cette arme visaient principalement le colonel Amirouche, moteur de la rsistance. Lchec militaire devenant patent, il a t fait recours, pour la premire fois depuis le dclenchement de Novembre 1954, un plan diabolique de dstabilisation par lintoxication et la dsinformation semant le doute dans les rangs de la Wilaya III. Ce plan tait ce qui a t baptis la Bleuite. Celle-ci a russi au-del de toute esprance. Le colonel Amirouche tout comme nimporte quel autre responsable conscient du poids de ses responsabilits pour la protection et le sauvetage de son uvre, na pas chapp la manuvre. Ds quil en prit connaissance lt 1958, sa rponse a t rapide, vigoureuse, totale et brutale. Il en assume la responsabilit dans sa lettre du 3 aot 1958 adresse tous les chefs des wilayas de lintrieur et au C.C.E. Le malheur est que ceux qui ont pris en charge la mission dy faire face, forts des instructions du chef, ont traqu avec le plus grand zle et la plus grande barbarie les cibles qui leur ont t indiques dans cette mme lettre-circulaire, savoir les intellectuels, les lycens issus de la grve des tudiants, les dserteurs de larme franaise, les personnes venant de Tunisie, du Maroc ou dautres rgions. Cette traque a dur des mois et sest traduite par une hcatombe au sujet de laquelle il serait malsant de dresser des statistiques. Pour illustrer le zle des excutants de cette sinistre besogne, nous nous permettons de rapporter le tmoignage dun ex-officier de la Wilaya III M. A. M. qui, au lendemain de lindpendance, a pos la question suivante lun des bourreaux de la wilaya, A. M. Comment as-tu t capable de torturer et tuer autant de moudjahidine ? Si je ne lavais pas fait, Si Amirouche maurait tu ! me

  • rpondit-il : (sans commentaire). Toujours dans le chapitre de lenvironnement politique, la runion interwilayas initie par le colonel Amirouche, du 6 au 12 dcembre 1958 et groupant autour de lui les chefs des Wilayas IV, VI et I respectivement Si Mhamed, Si El Haous et Hadj Lakhdar qui partageaient des proccupations identiques aux siennes en ce qui concerne le tarissement du soutien extrieur, considr, tort ou raison, comme un lchage, avait pour but avou dunifier les rangs des chefs de lintrieur, coordonner les actions mener contre lennemi continuer la chasse aux tratres, tout en se prsentant aux yeux du GPRA et de ltat-major comme un front uni et solidaire dont les avis et suggestions devraient tre entendus. La dfection de dernire minute du colonel Ali Kafi cette runion, qui se tenait sur son territoire, sur ordre suprieur certainement, a rompu lunanimit souhaite et inflchi la position des chefs de wilaya vers une attitude plus modre en les amenant se limiter aux seules questions militaires et organisationnelles internes, comme en tmoigneront les diffrents P.V. de cette runion adresss au GPRA ds le 1er janvier de lanne 1959. Bien plus lissue de cette runion et en lieu et place dune motion de dfiance, cest une motion de confiance et de soutien qui a t adresse le 1er janvier 1959 au gouvernement de la jeune rpublique, (cf. copie annexe au livre). La runion projete Tunis et les raisons qui la fondaient Lordre du jour relatif cette runion a t inscrit dans le message de convocation adress aux colonels concerns. Il est sign du chef du COM Est Mohamed Sad et vise les trois Wilayas la I, la II et la III, places sous sa tutelle. Nous navons pas connaissance quun tlgramme de mme nature ait t transmis aux Wilayas IV, V, VI et si cela a t fait, il ne pouvait maner que du COM Ouest. Le fait que le chef de la Wilaya VI, Si El Haous, a dcid de sy rendre malgr le dsistement du chef de la Wilaya IV, Si Mhamed qui a report son dpart, en raison des oprations du Plan Challe Couronne et Etincelles qui se droulaient sur son territoire, depuis dcembre 1958, confirme bien la ralit et limportance de ce rendez-vous. Cependant, le projet dordre du jour qui ne mentionnait que des sujets traditionnels et habituels : situation militaire, politique, conomique, financire, etc. sans perspective dun examen de vision future important quant lorganisation et la stratgie mettre en uvre dans la nouvelle phase de la lutte, laisse penser que les vraies questions dbattre taient volontairement occultes. Nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que les liens qui commenaient se distendre entre lintrieur et lextrieur, les critiques non dissimules, allant dans le sens dune rupture de confiance, illustre par la runion interwilayas sus-voque, ainsi que la dramatique question de la Bleuite qui continuait stendre et dcimer des cadres de niveau de plus en plus lev, en Wilaya IV. Enfin la dissidence interne qui sternisait en W.I si bien quelle menaait cette wilaya dimplosion. Tout cela indiquait quil ne pouvait sagir que dune runion de mise au point dune autre dimension o la confrontation ntait pas exclure.

  • Lpineux problme des communications radio Les dbats ont galement port sur cette fameuse convocation la runion de Tunis. Le Dr Sadi en prsente une copie annexe son livre. Le colonel Kafi parle dun autre message qui lui est parvenu pour sa transmission au colonel Amirouche, ce que lui conteste le premier cit. Au MALG nous vous apportons la preuve quil y en avait trois, comme en tmoigne le message sign de la main de Amirouche et ainsi libell : Exp. Sagh Thani Si Amirouch Aux armes le 1er mars 1959 Destinataire : C.O.M. Tunis Reu 1er message date du 25 janvier en Nord Constantinois - remis 16 fvrier Reu 2e message 39-70 le 18-2 par Wilaya I. Reu 3e message n 47-77 - le 27-2 par Wilaya I. Vers 20 avril, serons parmi vous. Ce message, dont la copie est jointe en annexe, sign le 1er mars, a t envoy par porteur au P.C. de la Wilaya I pour sa transmission partir de la station locale, COM. Tunis. Il nest arriv ce P.C. que le 30 mars soit le lendemain du dcs des deux colonels Si Amirouche et Si El Haous. Le chef de station de la Wilaya I, Sad Ben Abdellah, na pas jug utile de lui donner suite comme il laffirme dans ses mmoires. Une pause savre maintenant ncessaire pour expliciter la situation des quipements radio travers les diffrentes wilayas cette poque. Ds la mi-57 aprs la rception par le colonel Boussouf dun quota de postes radio, de grande qualit ANGRC/9, toutes les wilayas ont t dotes de deux appareils servis par deux oprateurs chacun. Cest ainsi que la Wilaya III disposait de deux appareils et de quatre oprateurs dont les noms suivent : Belkhodja Nourredine, At Hami Tayeb, Laredj Abdelmadjid et Amar Dpanneur. Un des deux postes est tomb rapidement en panne et les quatre oprateurs ont t affects la station en fonction. Les choses ont march normalement jusqu cette date fatidique du 9 dcembre 1958 o lexplosion de la batterie nouvellement installe, aprs sa rcupration opre quelque temps auparavant sur le thtre des oprations, a provoqu outre la destruction du poste radio, la mort des trois oprateurs cits en premier et des blessures plus ou moins graves au commandant Mohand Ou Lhadj et Abdelhafidh Amokrane, prsents sur les lieux. Cet attentat criminel visait srement le colonel Amirouche qui, par chance, se trouvait ce jour-l hors de sa wilaya (runion du Nord-constantinois). Aprs la destruction de cet appareil, le Commandement de la Wilaya III sest trouv priv de tout moyen radio et avait recours aux services des Wilayas I et II. Sur le plan rgional lexception de la Wilaya III dmunie, la Wilaya VI disposait dune station dans sa rgion sud et la Wilaya IV, sous la pression des oprations Challe, avait rduit, sur ordre du colonel Si Mhamed, sa radio au silence total. Dans un paragraphe suivant, nous parlerons des mesures prises par les services du MALG pour remdier en faveur de la Wilaya III cet important dficit.

  • Les prparatifs du dplacement Avant que le colonel Amirouche ne prenne son dpart vers la frontire, le Dr Sadi nous retrace les dcisions organisationnelles prises par lui pour la direction de la wilaya durant son absence ainsi que ses dernires recommandations. Amirouche avait notamment charg une commission spciale afin de prparer un mmorandum de dolances exposer la runion projete en avril Tunis. Ce mmorandum dat du 2 mars 1959, annex louvrage du Dr Sadi, comprenait trente et un points. Sa lecture laisse penser que le colonel Amirouche na pas particip sa rdaction, parce que le document reprenait un certain nombre de considrations gnrales et que les points les plus importants de son contenu ne cadraient pas avec la ralit vcue en dehors de la Wilaya III ou bien que la solution avait t apporte auparavant. Nous analysons quelques-uns de ces points Point n 3 : Demandons offensive coordonne et efficace de la ligne Morice pour attirer des forces ennemies en masse et soulager la pression sur lintrieur, loffensive doit surtout permettre le passage de matriel et de munitions. Cette ptition de principe laisse croire que la Wilaya III ignorait ce qui se passait au niveau des frontires. En effet, aprs la runion du 2e CNRA au Caire en aot 1957, laccent avait t mis sur leffort de guerre et sur instruction du responsable des forces armes, au sein du CCE, une action denvergure avait t projete et mise en uvre tout au long du premier semestre 1958. Sous la conduite du colonel Mohammedi Sad, dix-sept grandes oprations de franchissement en masse du barrage ont t opres. Ces actions taient si violentes quelles ont provoqu les mesures de reprsailles que lon connat, avec lagression de laviation franaise contre la ville tunisienne de Sakiet Sidi Youcef le 8 fvrier. Ces actions ont provoqu des dgts importants au niveau du barrage et des accrochages dantesques ont eu lieu, dont la bataille de Souk Ahras du 29 avril au 3 mai 1958 qui a oppos un millier de combattants de lALN, dont deux compagnies destines la Wilaya III ct du bataillon de Mohamed Lakhdar Sirine. Les renforts pr-installs sur le barrage ds le dbut de lanne ont mobilis trois divisions la 2e Annaba, la 11e Souk Ahras et la 7e Tbessa, soit plus de 40 000 hommes auxquels il y a lieu dajouter les moyens blinds, ariens et lartillerie lourde. Ces accrochages ont caus des pertes considrables lennemi compte tenu de larmement moderne des combattants de lALN, mais aussi des pertes tout aussi considrables du ct ami, soit plus dun millier de chouhada en six mois. Malgr ces demi-succs, les actions de harclement et les tentatives de franchissement nont jamais cess. Point n 5 : Rclamons rentre des cadres et djounoud vivant lextrieur. Cette question sera reprise lors de la runion des dix colonels et du CNRA des mois de septembre et dcembre de lanne suivante. Elle se concrtisera par le retour en Algrie du colonel Lotfi : W.V et pas moins de sept commandants : Abderrahmane Oumira : W. III ; Ali Souai : W. I ; Ahmed Bencherif : W. IV ; Ali Redjai : W. I ; tomb au champ dhonneur sur le barrage ; Faradj : W. V ; tomb au champ dhonneur

  • en mme temps que Lotfi ; le commandant Benyzar, tomb galement au champ dhonneur sur le barrage et enfin le commandant Tahar Zbiri : W. I. Point n 6 : Voulons rpartition des postes, matriel et personnel des transmissions quitable. Les services du MALG nont pas attendu cette requte, qui ne leur est jamais parvenue dailleurs, pour dcider et organiser des envois de postes-radio et des oprateurs aux wilayas qui en taient dpourvues. Cest ainsi que ds que la station-radio de la Wilaya III a t mise hors dtat de fonctionner, dans les conditions que lon sait, deux envois ont t programms quelques semaines aprs : trois postes-radio et six oprateurs, Khentache Abdelouahab, Assaoui Rachid, Chebira Amor, Drici Abdelaziz, Mazouz Mohamed-Salah et Rezzoug Abdelouahab ont t adjoints au lieutenant Hidouche en partance pour la Wilaya III la tte dune compagnie. Aprs mille et une pripties, le barrage a t travers et leur arrive aux portes de Bne, prcisment Sidi Salem, la Seybouse en crue na pas permis leur avance. Reprs dans la matine, dans une orangeraie peu couverte, ils ont t pris partie par laviation ennemie ce qui se traduira par la mort, le 24 juin 1959, de 47 djounoud dont les six oprateurs et la capture du reste des combattants blesss. Avant leur mort, les oprateurs avaient jet leurs postes dans la rivire do ils seront retirs, quelques jours plus tard, par les hommes grenouilles de larme franaise. La deuxime opration destine la Wilaya III a t engage partir de la frontire ouest, au nord de Bchar. Deux oprateurs, Harouni Bouziane et Ladjali Mohamed, munis dun poste-radio, ont pris la route vers la mi-avril en direction de la Wilaya III. Plus dun mois plus tard, ils arriveront au PC de la Wilaya IV do ils attendront leur acheminement vers le lieu de leur affectation. Ils arriveront finalement bon port juste avant le dclenchement de lopration Jumelles et resteront silencieux, pendant toute la priode de lopration, pour viter toute interception. Point n 16 : Manquons cruellement matriel et munitions. La rponse ce point t voque au point n 3. Les membres du Conseil de Wilaya font abstraction des barrages lectrifis dont ils sous-estimaient lefficacit. Les choses allaient beaucoup mieux avant la ralisation de cette ligne fortifie. Les compagnies dacheminement se dirigeaient rgulirement de la base de lest vers la Wilaya III, notamment la clbre compagnie de Slimane lassaut. Un bataillon a galement quitt la Wilaya I la mi-57 transportant plus de trois cents armes la Wilaya III, ce qui rfute toute ide de discrimination ou dostracisme. Point n 17 : Proposition dinstallation dune radio nationale lintrieur. Proposition insense compte tenu de lquipement complexe, lourd et non maniable exig, ce qui le rend vulnrable ds sa mise en route. Point n 23 : Il est ncessaire de dpasser le stade de la guerilla et de passer le plus vite possible au stade de la guerre par la formation de grosses units de type rgiment ou division pour affronter avec de meilleurs rsultats lennemi. Proposition tout aussi insense. La mise en uvre du Plan Challe avec de trs gros moyens, au

  • contraire, a pouss lALN au pragmatisme par lclatement des katibas et des sections en units de plus en plus petites. Point n 26 : Aimerions que relations radio soient directes entre wilayas afin de rgler problmes urgents. Rien ninterdisait les relations interwilayas si ce nest lintrt scuritaire. En effet, un code de chiffrement ne pouvait concerner que deux intervenants, la Wilaya et le Centre des transmissions national. Un code commun plusieurs wilayas peut constituer un danger potentiel important en cas de sa rcupration par lennemi linsu des autres parties utilisantes. En conclusion, ces quelques points du mmorandum, considrs sensibles et analyss objectivement, soulignent le caractre imparfait de la connaissance de la situation nouvelle cre par lvolution de la guerre avec la nouvelle stratgie des grandes oprations Challe, adosse un systme dfensif aux frontires quasiment hermtiques. Cest cette mconnaissance et le manque de communication qui ont aliment les rancurs et accru les malentendus entre intrieur et extrieur. Les dirigeants extrieurs ne sont pas, non plus, exempts de tout reproche. Des solutions techniques appropries pouvaient tre envisages par les commandants des frontires, dont le ravitaillement en armes, la formation et lenvoi de troupes vers lintrieur constituaient la mission exclusive. Le dplacement fatal Pour son dplacement vers la frontire, le colonel Amirouche navait, comme son habitude, souffl mot sur le choix de son itinraire. Sa lgendaire prudence et son extrme vigilance faisaient quil tait impossible pour lennemi de le localiser par les voies classiques y compris celles du maillage de plus en plus serr des rseaux dinformateurs locaux dont il avait perfectionn, en liaison avec les S. A. S., le modus operandi. La question de lindiscrtion des messages radio est exclure totalement puisque ni lui ni son compagnon ne disposaient de ce moyen et les stations principales en disposant taient larrt volontaire ou forc. Lallusion ici au rle de Boussouf et de Boumedine, que lauteur cherche impliquer avec une nergie dcuple, ne peut rsister la critique. La vrit est que lennemi savait que des responsables de haut niveau, c'est--dire des chefs de wilaya, devaient se rendre Tunis pour une runion dans une priode de temps qui se comptait en semaines ou en mois, mais la question des itinraires restait toujours une inconnue. Il est utile de rappeler quen ce dbut danne 1959, ltat-major de la 10e Rgion militaire avait mis en uvre depuis la fin de lanne 1958 un vaste plan dradication de la rbellion selon les propos du gnral de Gaulle, que le gnral Challe lui-mme devait encadrer et piloter. Partant de lOranie louest, de vastes oprations de ratissage avaient t menes et se concentraient en ce premier trimestre 1959 sur lOuarsenis et le Titteri. Des troupes nombreuses et surquipes taient lafft de la moindre information pour intervenir en nimporte quel point du territoire cibl. Les oprations de recherche taient donc nombreuses et les accrochages frquents. Cest ce qui sest pass dans la rgion de Bou Sada o, dapproche en approche, ces troupes sont tombes tout fait par

  • hasard sur lquipe des deux colonels sur le djebel Thamer, ce qui est confirm par de nombreux cadres de lALN ayant vcu lvnement et consign leur tmoignage y compris dans le dbat en cours. Beaucoup de rumeurs ont t propages pour affirmer que lencerclement en question fait suite des aveux de djounoud arrts aux abords du djebel Thameur ou celui du djebel Zemra et ce suite des oprations de routine dunits du secteur. Cette ventualit est carter puisque le commandant de la 20e Division dInfanterie, le gnral Roy, souligne dans son rapport dtaill sur lopration Amirouche, que la sous-zone Sud dont il avait le commandement stalait sur 30 000 km2 et quune srie doprations y a t envisage en fonction de synthses de renseignements tablies par les 2e Bureau des secteurs de Djelfa et de Bou Sada. Ce rapport du gnral Roy a t annex par le Dr Sadi son livre, pour bien montrer que le renforcement et la concentration de troupes dans cette sous-zone avaient t dcids par le gnral Massu suite des renseignements parvenus celui-ci (comment ?) indiquant le passage par le Hodna du colonel Amirouche. Malheureusement pour le Dr Sadi, ce rapport ne peut lui tre daucun secours, parce que profane sur les questions militaires. Il en fait donc une trs mauvaise lecture. Premirement, la liste des units composant la 20e DI cite dans le rapport nindique en rien le renforcement. Bien au contraire, par rapport la composition classique de la 20e DI telle quelle figure dans les organigrammes des 16 divisions existant en Algrie et prsente dans le livre de Franois Porteu de la Morandire Histoire de la Guerre dAlgrie page 364, la 20e DI installe Mda le 5 fvrier 1957 comptait un nombre dunits plus important cette date, puisquil lui manque trois rgiments importants qui ont t dplacs : le 2e RI, le 6e RI et le 19e Rgiment de chasseurs. Le rgiment parachutiste dont il est fait mention, comme unit de renfort, nest que le 6e RPIMA qui prexistait dans lorganigramme. La seule unit nouvelle engage dans laction est le 2e Rgiment tranger de cavalerie (Lgionnaires) qui a t affect aux rserves gnrales et oprait avec celles-ci dans le nord-ouest de la zone Sud, c'est--dire sur le territoire de la Wilaya IV. De plus le rapport, pourtant demand par le Premier ministre franais, nindique nullement que lobjectif vis dans ces oprations, celle du djebel Zemra comme celle du djebel Thameur loignes quand mme de 80 km lune de lautre, concernait personnellement le colonel Amirouche. Dautres versions officielles existent, dont celle contenue dans le livre La Guerre en Algrie de lhistorien militaire Georges Fleury que le Dr Sadi a d lire puisquil le cite dans la bibliographie de son ouvrage. Georges Fleury rapporte que lidentit des hauts responsables na t dtermine qu lissue de la bataille, ce qui a fait arriver en grande vitesse, ajoute-t-il, tout le gratin des gnraux toils. Il est facile den conclure que si les deux colonels avaient t localiss avant lassaut, les mmes gnraux toils , dont Massu, se seraient trouvs sur place porte de fusil du thtre des combats. Alors pourquoi ces accusations rcurrentes contre Boumedine et Boussouf ? Nous pouvons comprendre que le dmocrate Sad Sadi na pas, datomes crochus avec Boumedine parce quil ne partage absolument pas, et cest son droit, les

  • ides et la conception de lexercice du pouvoir tel que pratiqu par celui-ci durant de trs longues annes. Ce nest pas le cas de Boussouf qui a volontairement quitt larne politique la veille de lIndpendance quand il a vu linclination des nouvelles alliances sorienter vers un pouvoir autoritaire dexclusion et de dni des principes, dont il sest nourri avec des militants de la trempe de Ben Mhidi durant leurs dures annes de militantisme clandestin. Ces principes dintgrit morale, de don de soi, de patriotisme sans concession, il les a appliqus la lettre durant lexercice de ses responsabilits durant la Rvolution. Oui il a t dur et rigoureux avec ses pairs lorsque les circonstances lexigeaient, mais il a agi, il a construit, il a laiss un bilan. De tout ce bilan : liaisons, transmissions, radio, logistique de meneur dhommes, pourvoyeur darmes, formateur dans les disciplines militaires basiques et dans les disciplines spcialises, ambitieux pour la Rvolution autant que pour ses cadres quil voulait lever au plus haut niveau de leurs possibilits et il y est arriv puisquil a laiss lAlgrie indpendante des centaines de cadres intgrs, engags, immdiatement utilisables. On oublie donc tout ce bilan pour saccrocher au Boussouf responsable des services de renseignement de la Rvolution. Il faut pntrer dans le secret de ces services pour constater que ce nest pas du tout limage quen donnent leurs dtracteurs. Les services de renseignement de Boussouf taient orients exclusivement vers lennemi dont il fallait connatre les intentions et les moyens daction que ce soit dans le domaine militaire prioritaire, politique, conomique, ou diplomatique. Ces informations, Boussouf les mettait au service de la Rvolution et au service de la lutte. Si les cadres qui ont travaill avec lui, et ils sont plus de deux mille comparativement aux quelques dizaines de cadres qui faisaient tourner les autres secteurs ministriels, lui tmoignent aujourdhui respect et reconnaissance cest encore et cause de son bilan qui est aussi le leur. Boussouf navait aucun problme avec Abane, Krim ou Amirouche. Leurs chemins se sont trs peu croiss. Arrivera un moment o toutes ces questions seront claircies. Par ailleurs, Boussouf na jou aucun rle dans ce qui sest pass aprs lindpendance, et les tenants du pouvoir en place lui vouaient une inimiti incomprhensible. Ses hommes, si souvent montrs du doigt, ont, grce la comptence acquise, occup effectivement des postes importants dans les rouages de lEtat naissant, dans le secteur minoritaire de larme, dans ceux de ladministration et de la diplomatie, mais les analystes clairs, et le Dr Sadi doit en faire partie, savent que ni eux ni les autres cadres la tte de rouages stratgiques de ltat ne constituaient le pouvoir, proprit exclusive de la tte de la pyramide. Aujourdhui les membres de lAssociation du MALG, membres part entire de lOrganisation nationale des moudjahidine (ONM), ne sont pas un parti ou un lobby politique et encore moins une secte. Il sagit tout simplement dune Amicale danciens compagnons issus de toutes les parties du territoire national dont une grande partie de la rgion que certains veulent singulariser tout prix et leur ambition a t et demeure dapporter les tmoignages de ce quils savent sur la lutte de libration tout en renforant les liens de fraternit qui devraient prvaloir

  • partout et toujours pour la prservation de limage sacre de la grande Rvolution. P./le bureau du MALG D. O. K.

    SAID SADI RPOND OULD KABLIAEN FINIR AVEC LE MAL(G)

    La montagne a accouch dune souris. Une commission ad hoc mise en place, la consultation des archives du MALG, autant dire la mmoire de lEtat, pour arriver la conclusion que Boussouf navait aucun problme avec Amirouche, Krim Belkacem et Abane Ramdane et que ce dernier est mont au ciel par les voies du Seigneur. Beaucoup sen doutaient, ce nest pas en 2010 que les artisans du pouvoir des tnbres allaient en arriver changer de pratique et de culture.

    Les salves du premier spadassin envoy au front avaient donn le ton : on ne discute pas dhistoire : chasse garde. Le procd a t test mille fois dans tous les systmes totalitaires. Sur le fond, on ne rpond pas ladversaire. On qualifie sa convenance, c'est--dire que lon diabolise ses propos et positions, une fois le postulat fauss, le raisonnement peut suivre. Le prsident de lassociation du MALG engageant son bureau dit ne pas chercher la polmique avec lauteur et encore moins lamener se djuger, car ils pensent bien que son opinion est dfinitivement arrte et de longues date. Voil lestampille MALG. Je me revois 25 ans en arrire face au juge dinstruction de la Cour de Sret de lEtat qui me disait : Vous avez sign un tract dans lequel vous revendiquez un Etat dmocratique et social. Cela suppose le renversement du rgime. Par quels moyens comptez-vous y parvenir ? On le voit, les murs sont toujours les mmes. A en croire le bureau du MALG, cela fait quarante ans que je rcolte tmoignages aprs tmoignages, documents aprs documents pour sortir un livre en 2010 en sachant, ds le dpart, ce qui allait advenir de notre pays. On dcouvrira dans dautres vnements comment le MALG traite comme complot toute initiative chappant son contrle. Les violences des attaques et les incohrences des interventions de M. Benachenhou ayant provoqu une indignation peu prs gnrale, il fallait engager le reste des divisions : le bureau du MALG tant la vitrine light du service oprationnel.

  • En finir avec le MAL(G) Auparavant, le bureau du MALG avait envoy en claireurs quelques associs dont il suffit de rappeler les dires pour en apprcier le srieux. Lun explique que lune des raisons qui ont pu amener le gnral Massu masser ses troupes trois jours avant le passage des colonels Amirouche et Haous dans le Hodna pouvait tre lattentat commis par deux maquisards qui avaient limin un harki les ayant reprs. Le second nous informe que Boumedine ntait pas au courant de la squestration des restes des deux martyrs mais quil avait entendu dire quil sapprtait leur organiser des funrailles nationales grandioses ! Sur les faits, il ny a rien de nouveau sous le soleil. Pour nos tuteurs, le rgime qui svit depuis 1957 est lexpression dmocratique du peuple algrien et tout ce qui contesterait ce dogme relverait desprits malfaisants, rgionalistes qui veulent saper le moral dune nation harmonieuse, prospre et apaise. Pourtant la sortie de M. Ould Kablia ne manque pas dintrt, non pas dans ce quil apporte dun point de vue vnementiel, mais dans ce que son approche permet de dcouvrir. M. Ould Kablia nous avertit : le bureau du MALG nest pas un parti, un lobby et encore moins une secte avant dajouter que pendant la guerre, son service avait orient son potentiel exclusivement vers la nuisance de lennemi. Fort bien. Il nen demeure pas moins quil nous apprend que cet organe, prsent comme une instance technique du renseignement mis au service du pouvoir politique, disposait de plus de 2 000 cadres alors que ceux qui faisaient tourner les autres secteurs ministriels comptaient peine quelques dizaines ! A la chute de Salazar, les Portugais dcouvrent quun citoyen sur cinq tait, dune faon ou dune autre, instrumentalis par la police politique, la PIDE. Cest prcisment ce dtournement et ce gchis que dnonait Amirouche dans son rapport quand il rappelle : Dsirons que jeunes envoys par les wilayas soient orients sur plusieurs branches Nous envoyons des jeunes lExtrieur pour les faire profiter et les prparer des tches qui serviront mieux lAlgrie de demain. Or, nous apprenons que la plupart sont dirigs vers les transmissions. Nous aimerions qu lavenir ces jeunes soient orients vers dautres branches Plus prs de nous, il est pour le moins surprenant quune association danciens combattants dsireux de finir leurs jours dans la srnit fasse financer ses membres sur le fonds spcial en les faisant bnficier du salaire de cadres de la nation. Enfin, et ce nest pas le moindre des abus, une association qui dispose de documents confidentiels alors quils devraient relever de la discrtion de lEtat pose la fois un problme de souverainet et dthique. En principe, une association demande lEtat de pouvoir consulter des archives ; chez nous, il y a comme une inversion dautorit, y compris quand il sagit dune contribution forte lendroit des lecteurs et des historiens qui, la faveur de sa lecture, pourront se faire leur propre opinion sur des faits et des vnements qui nont pas encore livr tous leurs secrets. Depuis quand une association occupe par dinoffensifs patriarches, a-t-elle le droit de dtenir des secrets dEtat et en vertu de quel statut est-elle fonde choisir le moment de leur divulgation ? Nous le

  • verrons tout au long de cette intervention, le statut, les prrogatives et la culture dorigine du MALG ont pes et continuent de peser sur la mmoire et le destin de la nation. Considrons donc que cest par le fait dun simple hasard que MM. Benachenhou et Ould Kablia ont fait le tour du gouvernement depuis lindpendance et que cest du fait du mme hasard que Nordine At Hamouda et moi-mme, pour ne parler que des deux dernires cibles du MALG, avons pass notre temps faire le tour dAlgrie des prisons. Les historiens, les acteurs nationaux non connects la secte, les observateurs trangers qui ont unanimement not, et pour ce qui est des Algriens, dplor quand ils ne lont pas carrment condamn, la pieuvre tchkiste du MALG, sont des plaisantins ou des ennemis de la patrie. Le MALG et larrive dAmirouche TunisReprenons maintenant les remarques de larticle du bureau du MALG. Je fais lconomie de la rponse qui consiste dfaire la grosse ficelle maccusant de confondre les jeunes enrls dans cette structure et qui furent souvent les premires victimes dun appareil qui en a dtruit plus dun quand il ne les a pas carrment limins. La formule est reste clbre au Maroc. On lui a offert un voyage au Caire, disait-on des jeunes cadres qui avaient le malheur de poser une question ou de donner limpression de ne pas tre suffisamment dociles. En ce qui concerne la tragdie algrienne, nous parlons bien du segment noir qui a dtourn Novembre et la Soummam et qui, dans une large mesure, continue de bloquer toute volution citoyenne du pays. M. Ould Kablia nous avoue, et cela est une information capitale, que pour lui et ses responsables, la runion interwilayas de dcembre 1958, convoque par le colonel Amirouche tait (et reste toujours) perue comme une menace majeure. Pour qui ? Le GPRA qui venait dtre install trois mois auparavant ? Le COM ? Une partie du gouvernement ? Relisons M. Ould Kablia. Cependant lordre du jour qui ne mentionnait que des sujets traditionnels et habituels laisse penser que les vraies questions dbattre taient vraiment occultes. Nous pouvons avancer sans risque de nous tromper que les liens qui commenaient se distendre entre lintrieur et lextrieur, les critiques non dissimules allant dans le sens dune rupture de confiance, illustre par la runion interwilayas tout cela indiquait quil ne pouvait sagir que dune runion de mise au point dune autre dimension o la confrontation ntait pas exclure. Au cas o il y aurait un doute, M. Ould Kablia nous rappelle que la dfection de dernire minute dAli Kafi cette runion qui se tenait sur son territoire, sur ordre suprieur certainement, a rompu lunanimit souhaite. De son point de vue, cest ce qui aurait amen les factieux modrer leurs rcriminations et transformer leur motion de dfiance en motion de soutien. En clair, Amirouche avait mobilis ses compagnons de lintrieur, non pas pour proposer des accommodements, des rorganisations et une orientation qui devait recanaliser les nergies du gouvernement sur la guerre que les maquis supportaient de plus en plus difficilement, mais reproduire une rplique dun complot dont le gouvernement venait juste dchapper aprs la fronde des officiers chaouis, fronde

  • sur laquelle il reste dailleurs beaucoup dire quant au rle jou par Boussouf, autant dans sa gense que dans son traitement. Laccs aux archives tunisiennes et gyptiennes serait, de ce point de vue, particulirement difiant. Jai pu tablir, auprs de nombreux tmoins, que le colonel Amirouche avait en commun avec Abane cette propension ne jamais touffer une opinion ou rprimer une remarque ou une contestation y compris en prsence de celui quelle pouvait impliquer. Jai rapport comment laltercation quil avait eue avec Kafi au Congrs de la Soummam ne lavait pas empch de lui rendre visite par la suite pour tudier ensemble les voies et moyens pour une meilleure coordination de leurs actions. Linterprtation de linitiative dAmirouche faite par M. Ould Kablia, partage par dautres (dans son style M. Benachenhou dit la mme chose) nous aide comprendre comment et pourquoi ce travers a cot la vie au pre de la Soummam et au colonel de la Wilaya III. La transparence et le dbat ouvert sont les manifestations dune culture incompatible avec lopacit et la violence qui ont prsid la naissance et au fonctionnement du MALG et de ses dclinaisons daprs-guerre. Or, cette interprtation quelque peu paranoaque qui deviendra la constante du pouvoir sous-terrain algrien prtant, sans le moindre doute, au colonel de la Wilaya III des intentions aussi belliqueuses ne se retrouve nulle part ailleurs. Ni Ferhat Abbas, pourtant trs peu enclin faire des concessions aux colonels, ni les acteurs ayant rencontr plus tard Krim Belkacem, ni Ben Khedda, ni Sad Dahlab qui a crit tout ce quil avait vu Tunis, et il tait souvent aux premires loges, nont fait tat du risque imminent que reprsenterait larrive dAmirouche Tunis en 1959. Jai commenc par dire que si lintervention de M. Ould Kablia napportait rien de nouveau en termes factuels, elle dvoile un esprit avec ses attitudes et ses dcisions qui sont dauthentiques rvlations. Comment avoir loutrecuidance de dire que Boussouf navait aucun problme avec Abane, Krim ou Amirouche (la citation des trois dirigeants tous originaires de Kabylie est en soi une indication) et affirmer en tant que lgataire du MALG que la runion convoque par le chef de la Wilaya III tait un complot menant invitablement la confrontation entre lintrieur et lextrieur. Je pense avoir dmontr, grce aux tmoignages et aux documents retrouvs, que les chefs de lintrieur (except Kafi) avaient comme intention de demander au GPRA de mieux rationaliser son action diplomatique, sa communication, ses services sociaux mais aussi de smanciper dun MALG tentaculaire et inefficace et, surtout, dexiger que les troupes stationnes aux frontires fassent plus defforts pour rentrer se battre sur le terrain. La question de la nature et de limportance de larme de lAlgrie indpendante devant tre reporte plus tard. Jusqu plus ample inform, il ny a que le dpartement de Boussouf qui a vcu cette demande dadaptation comme une menace. Le mystre des transmissions Pour ce qui est des transmissions, les savantes envoles du bureau du MALG nempchent pas lapparition de lourdes distorsions qui confirment lhypothse de la trahison. M. Ould Kablia nous donne une cinquime version, venant contredire celle du

  • ministre des Anciens moudjahidine, les deux de M. Benachenhou et enfin celle de M. Kafi. Pour le bureau du MALG, la Wilaya III disposait du mme nombre de radios que toutes les autres wilayas. Ce nest pas ce que dit le rapport de dolances de cette wilaya que portait sur lui Amirouche quand il se rendait Tunis. Il y dnonce en termes trs virulents la livraison de deux postes en aot 1958. Pourquoi la Wilaya 3 na reu que deux postes et si tardivement cette carence tend faire croire une volont de ngliger la Wilaya 3 ou du rgionalisme de la part tout au moins des responsables des transmissions. Notons au passage la lgret, voire un certain mpris, avec lesquels est trait un document adopt aprs un conseil de wilaya extraordinaire, 48 ans aprs lindpendance. Sa lecture laisse penser que le colonel Amirouche na pas particip sa rdaction parce que le document reprenait un certain nombre de considrations gnrales et que les points les plus importants de son contenu ne cadraient pas avec la ralit vcue en dehors de la Wilaya III, nous assure M. Ould Kablia. On vient de voir que la Wilaya III tait plutt bien informe sur le dtournement rserv par le MALG aux tudiants envoys pour formation ltranger. On dcouvrira plus loin dans dautres situations que linformation dtenue par Amirouche sur lintrieur et les frontires tait souvent de premire main. Suivons M. Ould Kablia dans son rcit. Lui affirme que la Wilaya III navait pas de radio en 1959, ce quinfirment les tmoins encore vivants activant au PC de wilaya. Mais convenons avec lui que le poste pouvait avoir t teint et que donc pour lextrieur Amirouche ne pouvait tre contact. Devant le dficit des transmissions, le colonel de la Wilaya III avait multipli les botes aux lettres Alger, Bougie, Stif, Tizi-Ouzou, Akbou, El-Kseur et mme en France pour recevoir et mettre des messages par tlgrammes ou voie postale. Les agents de liaison de la Wilaya III encore en vie estiment que cest par une de ces voies que le message de Krim demandant Amirouche de changer de route a t achemin. Le bureau du MALG, qui a fait une profusion de citations plus ou moins sotriques de nombreux auteurs franais, oublie de rapporter la seule information qui vaille : la goniomtrie franaise a capt les messages du FLN annonant les volutions du dplacement du colonel Amirouche. Pourquoi ou plus exactement pour qui mettre lorsque lon considre que le destinataire ne peut pas recevoir ? Ce que disent les auteurs franais est confirm par les agents du centre dcoute du MALG bas Oujda. Non seulement ils ont reu lordre dmettre mais lorsquils ont alert sur les risques de voir leurs messages intercepts, ils ont t somms de continuer. Sagissant de la concentration des troupes dployes par le gnral Massu, M. Ould Kablia nous apprend que tantt il sagit dune opration de routine tantt elle avait t dcide par le gnral Massu suite des renseignements parvenus celui-ci (comment ?) indiquant le passage par le Hodna du colonel Amirouche. M. Ould Kablia pose une vraie question, cest mme la seule question qui simpose mais le fait de la reformuler par le bureau du MALG ne lui enlve en rien sa pertinence. La libration des liaisons radio entre les wilayas demande par Amirouche dpendrait de la seule volont des

  • PC de wilaya, selon le bureau du MALG. Tous les spcialistes disent que sans un minimum de formation et dassistance de la part de ceux qui dtiennent la confection des codes et linitiation ltablissement de nouvelles liaisons, il est impossible dimproviser dans un domaine aussi sensible. Le fait est quaucune station de lintrieur na t en mesure de disposer dun oprateur capable de mettre en liaison deux wilayas. La volont de centraliser toutes les communications des chefs de lintrieur apparat trs clairement travers linterprtation que fait aujourdhui encore le bureau du MALG de la runion interwilayas de dcembre 1958. Quant dire que si le gnral Massu avait su de manire certaine quAmirouche se trouvait dans les parages, il se serait dplac lui-mme, cela reste un argument spcieux. En octobre 1958, lopration Brumaire, ciblant particulirement le colonel Amirouche et son PC, avait mobilis une dizaine de gnraux, une cinquantaine de colonels et prs de 10 000 hommes dans lAkfadou. Jai longuement consult les archives de lpoque et ni mes recherches ni les tmoins que jai consults ne mont permis dtablir que le gnral Massu avait personnellement particip cette intervention. Une relative volution apparat cependant dans lanalyse de la Bleuite. Cest la premire fois depuis lindpendance que des lments du MALG se dmarquent des thses de larme franaise qui prsentait cette opration comme la consquence dun homme sanguinaire dcid radiquer les intellectuels. On admet enfin que cest une des actions de loccupant parmi dautres et on convient quelle avait concern lensemble des wilayas. On peut au passage se demander quel fut lapport dun service de renseignement comptant 2000 cadres dans une intervention de lennemi vente par lintrieur qui avait demand, en vain, de laide lextrieur ds le premier jour. Cet effort de lucidit mrite dtre signal. On ne le retrouve pas dans les autres approches.Dfaillances stratgiques Au-del de la volont dimprimer lHistoire une trajectoire qui occulte les vues et positions des autres parties, la lecture faite du rapport sur lequel devait sappuyer Amirouche Tunis au nom de ses collgues de lintrieur dvoile une volont de renforcer et de protger des positions en rfrence avec des situations actuelles. Commentant le point qui demande une offensive contre la ligne Morice pour attirer les forces ennemies et soulager la pression sur lintrieur, loffensive doit surtout permettre le passage de matriel et de munitions, le bureau du MALG crit : Cette ptition de principe laisse croire que la Wilaya III ignorait ce qui se passait au niveau des frontires. Avant de citer des actions menes pour franchir le barrage. Les responsables de lintrieur reprochaient aux dirigeants extrieurs la mauvaise valuation des effets de ldification de ces lignes qui ont t renforces plusieurs reprises. En loccurrence le renseignement, si renseignement il y avait, fut pour le moins dfaillant. Mais l o le bureau du MALG manipule les faits, cest quand il cite des officiers qui ont effectivement pu traverser les lignes ennemies en donnant ces initiatives comme tant toutes des dcisions programmes par le COM. La plupart des

  • traverses, commencer par celles de Lotfi et de Bencherif, furent plus le fait de la volont des concerns que lexcution dune instruction suprieure. Je me suis rendu lendroit o est tomb le colonel Lotfi. Surpris avec ses hommes, il se trouvait en plein jour dans un secteur sans abri ni liaison. Le bureau du MALG sait mieux que quiconque que le colonel de la Wilaya V en rupture avec ltat-major ouest est surtout rentr parce quil tait outr par la violence et les drives du binme Boussouf-Boumedine, notamment depuis lexcution du capitaine Zoubir qui dpendait de lui. La narration faite de la tragique fin de la compagnie Hidouche qui devait rejoindre la Wilaya III est la fois indcente et mensongre. Le bureau du MALG nous explique que cette compagnie a t extermine par une attaque combinant des forces ariennes et terrestres franaises parce quelle navait pas pu traverser la Seybousse en crue ! Nous sommes au mois de juin 1959. Nous connaissons tous la furie de nos oueds en plein t. Une crue dpasse rarement une journe. La ralit est affreusement simple. Cet officier comme ses hommes, lasss de macrer dans les casernements des frontires, dcida de rentrer. Une fois la frontire passe, ils ne trouvrent pas dagents de liaison pour les orienter. Ne connaissant pas la rgion, ils tournrent en rond jusqu se retrouver au bord de la piste datterrissage de laroport de Bne (Annaba) o ils furent extermins. Un des miraculs de cette boucherie habite la valle de la Soummam. Il peut raconter le calvaire de la compagnie Hidouche. Voici ce qucrivait Amirouche sur les improvisations qui caractrisaient les rares groupes quon laissait revenir : Demandons que les katibas soient bien entranes pour viter pertes en hommes et matriel en cours de route : nous ne comprenons pas pourquoi les compagnies qui viennent de lExtrieur pour acheminer des armes sont retenues deux, trois et mme quatre mois. Le fait serait acceptable si pendant ce dlai, les compagnies recevaient instruction militaire Cette ngligence se traduit dans le fait que des armes sont remises des djounoud qui ne savent mme pas les dmonter. Ainsi, beaucoup de ces djounoud sont morts et leurs armes sont rcupres par lennemi Comme on peut le constater, les conditions dans lesquelles sont prvus les franchissements de la frontire algro-tunisienne sont on ne peut plus connues en Wilaya III. Mais le plus notable est ce quont rapport les djounoud qui ont eu la chance de parvenir destination ou qui ont rejoint la Kabylie aprs avoir repris le chemin vers la France do ils taient venus. La volont de garder le maximum de soldats aux frontires ne fait aucun doute. Ce qui a amen Amirouche contacter directement les cadres quil connaissait en Tunisie pour leur demander de rentrer mme si on les en empchait. Djoudi Attoumi crit : Pour la Wilaya III seulement, il y eut une vingtaine de compagnies qui avaient pris le chemin de la Tunisie. Seules cinq ou six dentre elles taient revenues, aprs avoir affront la ligne Morice dautres wilayas avaient envoy autant de compagnies, sinon plus ; ce qui fait quil y eut une concentration des troupes le long des frontires qui, au lieu de rentrer dans les maquis, taient restes sur place pour une raison ou pour une autre La

  • Wilaya II comptait elle seule 4200 combattants bloqus le long de la frontire tunisienne. Ce fut la naissance de larme des frontires. En quoi la proposition dune offensive gnralise contre un barrage lectrifi serait-elle a priori disqualifie ? Pourquoi la constitution de grosses units serait-elle par principe vacue du dbat ? Dien Bien Phu fut un dsastre franais. Lattaque fut mene par une concentration de troupes qui sont venues bout de larme franaise. En 1959, ladhsion des masses algriennes navait rien envier au soutien que la paysannerie indochinoise apportait au Parti communiste vietnamien. Il ne sagit pas de spculer aujourdhui sur les actions qui auraient pu et d tre engages en 1958-59 mais de comprendre que les oppositions entre les dirigeants de lextrieur ont grev le potentiel de la direction du FLN, dont une partie tait dj obnubile par laprs-guerre.La patrie otage de la tribu Ces oppositions avaient pris plusieurs formes. Il nest pas besoin dinsister sur la candeur feinte de M. Ould Kablia quand relance la rengaine du duo Krim- Mohamedi Sad qui aurait dispos de toute latitude pour grer la situation politico-militaire de lintrieur alors que : - Premirement, toutes les transmissions taient matrises par le MALG ; - Deuximement, Mohamedi Sad tait dj pris en charge depuis longtemps par les envoys spciaux du MALG, pour reprendre lexpression dun ancien de larme des frontires, afin de le soustraire Krim avant de le lui opposer ; manipulation qui, naturellement, nvacue en rien la responsabilit des concerns. Laisser entendre que si quelque indlicatesse a t commise dans llimination dAmirouche ne peut relever que des deux anciens responsables de la Wilaya III est du rchauff ; M. Benachenhou tant dj pass par l. Mais ces insinuations faisant des assassinats de certains responsables pendant ou aprs la guerre une consquence dun atavisme kabyle, pour commodes et rpandues quelles soient ne sont pas le plus important dans nos proccupations actuelles. Aujourdhui, il sagit de nous interroger sur le fait de savoir si ces manuvres rcurrentes et qui existent toujours ont servi la guerre de Libration et, plus tard, le dveloppement de notre pays. La question mrite dtre pose car, outre quelle permettrait de remettre un certain nombre de choses en ordre dans notre histoire, elle aurait lavantage apprciable dclairer la scne politique aujourdhui. Au printemps 2008, les citoyens de Chlef, excds par des promesses diffres depuis le seisme de 1980, manifestent leur dsespoir par des meutes au cours desquelles des milliers de jeunes sen prennent, comme cest souvent le cas en pareilles circonstances, tout ce qui reprsente lEtat. Des centaines dentre eux sont interpells et incarcrs dans des conditions inhumaines. La structure du RCD local dnonce la violence de la rpression et les violations de loi qui ont marqu toutes les procdures. Le wali, dont il faut rappeler quil appartient ce que Nordine At Hamouda appelle la tribu lue na rien trouv de mieux que davertir les familles et les citoyens quils devaient se mfier dun parti rgionaliste,

  • ennemi de la nation. Continuant leur travail, les militants de notre parti organisent la solidarit avec les parents des jeunes dtenus, constituent un collectif davocats et en appellent nos parlementaires pour suivre lvolution des poursuites engages contre une centaine de jeunes. Le soutien des dputs du RCD donne de lespoir et une dynamique citoyenne se dveloppe Chlef. Les jeunes emprisonns taient revendiqus par la cit comme les porte-parole de tous. Dpass, le wali, disqualifi par une gestion des plus contestables, en appela au gouvernement qui dpcha Chlef un de ses membres. Nous sommes le 2 mai 2008. Le ministre, trouvant un climat particulirement tendu, dclara devant tous les cadres de la Wilaya quils ne devaient pas laisser revenir Chlef des gens qui nont rien y faire. Ces gens taient des dputs de la nation qui avaient le malheur dtre lus dmocratiquement. Le ministre en question sappelle Daho Ould Kablia. La radio locale, encourage par ce sectarisme, embraie sur laubaine et dversa son fiel sur les Kabyles. Pour bien montrer que le MALG imprgne et soumet toujours la vie institutionnelle, il faut rappeler la destitution illgale du maire de Briane qui avait refus de dserter le RCD pour rejoindre un parti de la coalition gouvernementale. Le blocage du projet du PNUD institution reprsente Alger et qui active normalement dans notre pays destin assainir lenvironnement Tizi- Ouzou, reprsente lune des discriminations administratives les plus insupportables de lAlgrie indpendante. Pour linstant, le ministre des Affaires trangres se contente dignorer son mfait. On remarquera que les trois abus commis Chlef, Briane et Tizi- Ouzou relvent de responsables appartenant tous au mme clan. Cest dire que la culture du MALG est ancienne, dvastatrice et quelle continue de ltre. Il nest pas interdit daimer sa rgion. Cela peut mme tre un premier veil lintrt de la collectivit. Il y a problme quand cette attention est conditionne par la haine des autres. Ces archasmes sont le principal handicap du dveloppement du pays. La gestion des affaires de lEtat par lopacit et la relation clanique tmoigne de la fragilit de la conscience nationale. Laffaire remonte loin. Jai essay dapporter dans mon livre des lments de rflexion sur les ressorts et les motifs qui ont amen la direction extrieure du FLN tant de dchirements en pleine guerre. Pourquoi la responsabilit politique na pas prvalu au moment o la patrie devait tre prserve des affrontements qui ont psychologiquement et politiquement men lAlgrie une implosion qui veut quaujourdhui encore un responsable ne se sente en scurit que sil sentoure de ses proches, indpendamment de toute considration idologique. Ce manque dadhsion un dnominateur commun a permis laxe franco-gyptien de peser sur des esprits peu convaincus par la valeur de leur algrianit, presss de sexiler dans une identit plus valorisante. En souvrant aux services spciaux gyptiens sur les dangers que reprsentaient les Kabyles pour la nation arabe, Ben Bella ne faisait pas que jouer pour liminer des adversaires politiques. Il tait sincre. En disant que la Rvolution algrienne ne dpendait ni du Caire ni de Moscou ni de Londres, Abane projetait un destin algrien qui drangeait autant les Franais que les Egyptiens. Laide de

  • Bourguiba, acquis lmancipation du sous-continent nord-africain, ne pouvait suffire devant la convergence objective des intrts gostratgiques du Caire et de Paris. Proche de Nacer et bien connu des Franais qui lavaient test comme soldat et dtenu, Ben Bella reprsentait un bon compromis pour les deux puissances contre une entit algrienne forte et autonome. Lantikabylisme est moins proccupant dans ce quil occasionne comme dommage une rgion que dans ce quil rvle comme refus ou perte de confiance dans la construction dun destin national solidaire et dmocratique. La question de la femme et celle de lantikabylisme sont les deux voyants dont il faut surveiller les volutions sur le tableau de bord politique de la nation. Tant que lon esquive ces deux tabous, lAlgrie vivra dans la mutilation civique et lincertitude nationale. La perte de la citoyennet sera compense par la misogynie et le rgionalisme touffant la rgionalisation ouvrira la porte dautres tutelles qui dpossderont notre peuple de sa souverainet.LHistoire et la moraleM. Ould Kablia me reconnat le droit de ne pas avoir datomes crochus avec Boumedine mais il minvite ne pas mler Boussouf aux turpitudes algriennes, ce dernier ayant quitt volontairement le pouvoir la veille de lindpendance ds lors quil a vu les inclinations des nouvelles alliances sorienter vers un pouvoir autoritaire dexclusion et de dni des principes . Un autre intervenant du srail me proposait un deal rigoureusement inverse : pour lui, il fallait doper Boumedine et enfoncer Boussouf. A titre personnel, je nai jamais confondu les genres. Je nai aucun problme ni avec Boussouf ni avec Boumedine ni, dailleurs, avec M. Ould Kablia. Mais je ne suis pas partie prenante de ce bazar historique o chacun fait son march selon ses apptits et ses humeurs. La chose est historiquement tablie: Boumedine est une cration du patron du MALG. Le fait que le colonel de larme des frontires se soit fait les dents sur son tuteur est un classique dans les pouvoirs ns dans lopacit et la violence. Boussouf avait une conception policire du pouvoir, Boumedine tait partisan de larbitraire militaire. Au final, nous avons eu les deux. Le grand perdant est le citoyen, c'est--dire lAlgrie. On lobserve aujourdhui mme. Une certaine tendance se dessine en faveur de la conception policire dans la gestion de la cit algrienne. Y a-t-il pour autant plus de libert, de progrs ou de justice dans notre pays ? Au fond, le maquillage importe peu. Par dfinition, labus ignore la loi. Les amateurs et bnficiaires de lautoritarisme qui peuvent se disputer les avantages du pouvoir ne voudront jamais faire de la citoyennet larbitre de la vie publique. M. Ould Kablia, qui donne limpression de vouloir valoriser une certaine aristocratie policire au dtriment de la plbe militaire, partage avec ses frres ennemis la mme conception du pouvoir. Il intervient sur un livre qui commence par interpeller la nation sur une indignit politique et une faute morale commises en son nom. Il na pas souffl mot sur la squestration des ossements de deux hros de la guerre, crime symbolique qui hantera longtemps nos consciences. Lhistoire de lAlgrie fut, comme celle de tant de rvolutions, dure, violente et quelquefois injuste. Je ne serai pas avec les

  • analystes plus ou moins parfums qui jugent, dcrtent et condamnent avec dautant plus darrogance quils sont loin du pays et quils soccupent laborer des mises en scne pour complaire leur galerie daccueil ; je serai toujours avec celles et ceux qui ne veulent pas que des erreurs ou des fautes commises pendant la guerre o rien ne se droula comme prvu et rien ne se termina comme souhait, se reproduisent en temps de paix. Pour cela, la vrit est un impratif. Sad Sadi

    Sadi rpond BenachenhouPar Sad Sadi*

    En crivant un livre sur le colonel Amirouche, je prolonge une conduite que je mtais fixe de longue date : soumettre au dbat les sujets qui, dune faon ou dune autre,

  • impactent la vie nationale pour viter que la rumeur, la manipulation ou les deux ne confisquent de dossiers majeurs dans la construction de ltat dmocratique et social annonc par Novembre et configur la Soummam.Cest ainsi quil a fallu introduire la question identitaire et celle des droits de lhomme dans la scne algrienne lpoque du parti unique avant dintgrer la condition fminine et la rgionalisation dans le programme du RCD. Un peu plus tard, on sen souvient, jai invit rflchir sur lavenir de la presse prive. Aujourdhui, le temps est venu daborder lucidement la place et le rle de lhistoire dans la vie publique et cela pour deux raisons. Dune faon gnrale, aucun pays ne peut indfiniment esquiver ou escamoter son pass sans tre rattrap par la vrit ou pire, voir dautres acteurs, plus ou moins bien intentionns, structurer en lieu et place de la collectivit concerne les rfrents nationaux. Plus immdiatement, la ncessit de dbattre de notre pass dans la transparence se justifie par le fait que, si lon excepte le prsident Boudiaf qui assumait un dbut dalternative, aucun chef dtat na propos un projet soumis des valuations et assum un bilan. Tous les dirigeants qui ont pris le pouvoir, qui par un putsch qui par des fraudes lectorales, se sont construit un parcours de sauveur de la nation en assaisonnant notre histoire selon les apptits de leurs clans.Les lites en questionJai choisi lhistoire dAmirouche parce que le sort qui lui a t rserv est exemplaire des turpitudes algriennes. Jai pu voir trs tt comment des hommes prparaient en pleine guerre le pouvoir de larbitraire et par quels procds ils avaient vol et viol la conscience nationale en abusant de notre patrimoine mmoriel aprs lindpendance. Le cas Amirouche offre lavantage, si lon peut dire, de mieux clairer nos murs politiques davant et daprs guerre. Quinze jours aprs la sortie du livre, le succs en librairie ne sest malheureusement pas accompagn de commentaires la mesure de ce que nous sommes en droit dattendre sur une guerre de libration aseptise et qui, comme toutes les rvolutions, eut ses pisodes de grandeur et ses parts dombre. Ceux qui se sont manifests publiquement se rpartissent en trois groupes : il y a des anciens maquisards, des intellectuels et des politiques. Passons rapidement sur les premiers dont la crdibilit et la lgitimit ne sont pas les plus affirmes dans leur catgorie. Que rpondre quelquun qui dclare : Sad Sadi tant trop jeune pendant la guerre, il navait pas simmiscer dans le domaine historique. ou : Au lieu dcrire sur Amirouche, Sad Sadi aurait d parler de Krim Belkacem. On imagine bien que si le livre avait concern le signataire des accords dEvian, jaurais eu droit une interpellation tout aussi sche pour avoir commis un crit sur des hommes se prlassant dans les palaces de Tunis ou du Caire au lieu de traiter de patriotes qui ont li leur destin celui de leur peuple. Ces polmiques nont dintrt que dans la mesure o elles soulignent la misre politique du rgime qui emmagasine certains anciens combattants pour les actionner en cas de ncessit ; cette allgeance tant rtribue par quelques prts bancaires non remboursables ou dautres avantages

  • plus ou moins avouables. En disant cela, je souhaiterais convaincre que je ne cherche accabler personne et que je ne saisis cette opportunit que pour mieux dcoder les mcanismes du systme algrien. Souvent inaudibles, les voix intellectuelles sont hlas rduites, pour une bonne partie, la fonction dindicateurs du sens du vent. Si lon exclut lexception notable de Yasmina Khadra, lui aussi sollicit, mais qui eut le mrite de sinterdire de commenter un livre quil na pas lu, on ne peut que dplorer la sortie de Rachid Boudjedra, pour lequel jai une estime sincre, quand il dit : Sad Sadi est un politique. Il assne ses vrits. Outre mes analyses personnelles, jai construit mon livre sur des vnements, des tmoignages et des documents. Ces lments peuvent tre vrais ou faux mais il ny a pas beaucoup de place pour linterprtation dans ce genre de situations. Mais ce qui pose problme dans les affirmations de Boudjedra, cest cette tendance soutenir des prjugs politiquement lourds de sens. Quand il avance quAbane a t tu par Krim et non Boussouf, il sait que cela est faux ; ce qui ne veut pas dire, par ailleurs, que le passage lacte de Boussouf na pas t facilit, voire encourag par lanimosit que nourrissaient Krim et dautres responsables envers Abane. Je peux croire pourtant que cette propension suivre et relayer les modes ne participe pas dune intention politicienne chez Boudjedra. Il nen demeure pas moins, et nous le verrons plus loin, que ces complaisances sont rcupres et instrumentalises. Restent les politiques qui se sont exprims. Jen retiens deux : un membre de la direction dun parti de la coalition gouvernementale proclamant sa proximit avec le clan dOujda et un ancien ministre qui a appartenu au segment noir du MALG. Le premier affirmant quil ne peut y avoir matire dbat puisque lhistoire a tranch est dans son rle. Produit de la cooptation populiste qui propulse un parti cr trois mois auparavant au sommet de toutes les institutions par des mthodes que ne renierait pas le funeste Naegelin, il ne peut quesprer voir perdurer une histoire faite de fraudes, dinjustice et de prdation pour surnager politiquement. Si dsordonne et brutale quelle soit, la diatribe de lancien ministre publie par le Quotidien dOran est paradoxalement plus utile pour lanalyse de limpasse algrienne. Le titre Basta qui coiffait la page tait la fois une signature et un programme. Il ne sagit surtout pas de tolrer une discussion ou un avis du bas peuple. Non, il faut que lautre, extrieur la secte, en loccurrence Nordine At Hamouda, le fils du colonel Amirouche, se taise et se terre. Il na pas le droit dexister et si on lui accorde une visibilit, cest pour dcrter quil est dment et, pourquoi pas, en appeler louverture des cliniques psychiatriques comme aux temps bnis du Goulag, On se surprend, devant tant dimpulsivit, se demander si cest le profil de lindividu, lvidence caractriel, qui a inspir lructation ou les reliquats dune formation dans une instance qui a clotr lintelligence avant de la pervertir pour humilier et striliser le pays. Mais ne faut-il pas tre lun pour servir lautre avec autant de zle et de cynisme ? Je ne sais pas, pour ma part, ce que jaurais fait, une fois devenu adulte, si javais t la place de celui dont on a voulu avilir le pre avant de le priver de spulture.

  • Le cynisme des oligarquesLauteur de la fetwa du Quotidien dOran ordonne et exige de ne plus jamais mettre la moindre cr