32
Amitiés Dominicaines Bulletin du Laïcat dominicain n° 304 Avril - Mai - Juin 2019 JEUNES

Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

Amitiés

Dominicaines

Bulletin du Laïcat dominicain n° 304

Avril - Mai - Juin 2019

JEUNES

Page 2: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

2

Ce périodique est une initiative des fraternités laïques dominicaines, une des trois branches de l'Ordre dominicain avec les Frères Prêcheurs et les Moniales. Sa rédaction est assurée par les membres des fraternités laïques, en collaboration avec les frères ou les sœurs.

Dans le désir de faire rayonner le souffle et la spiritualité de saint Domi-nique auprès de toutes celles et ceux qui s’y intéressent, il partage frater-nellement les échos de notre vie de prière, de recherche de vérité et de témoignage, à l’écoute des hommes et des femmes de notre temps.

Responsable provincial des fraternités dominicaines de Belgique :

Ludovic NAMUROIS Avenue du Bois Becquet, 28 1300 Wavre ~ 0472/55.75.50 - [email protected]

Site des fraternités de Belgique francophone : www.laicsdominicains.be

Édito 3

Génération Y 5

Il retrousse ses manches 9

Être "jeune" dans l'Ordre de Saint Dominique 12

Jeune femme, croyante et citoyenne 14

Bible : Quand le salut vient du cadet 18

Pastorale des étudiants 20

Le christianisme, ressource pour penser 24

Dominique Lawalrée, notre frère aux mille facettes 27

Une école dans le souffle de Saint Dominique 22

Dossier

SOMMAIRE DU n° 304 - Jeunes

Page 3: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

3

Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique,

B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons, parents, grands-parents, professeurs ou animateurs, des

liens étroits avec la jeune génération. Loin du discours de la déploration, nous sommes émerveillés par son enthousiasme et sa générosité.

S’il est bien sûr impossible de les ramener à une seule catégorie - il y a autant de jeunesses que de jeunes -, nous les voyons autour de nous, animés d’un souci de cohérence personnelle et de vérité, bousculer les anciens clivages. Ils s’efforcent de créer de nouvelles relations entre les genres, s’engagent dans des initiatives citoyennes, amorcent la transition écologique.

Au niveau religieux, les frontières s’estompent : à l’aise avec le pluralisme, les jeunes communiquent facilement entre eux. Croyants ou incroyants, ils sont sen-sibles aux valeurs de protection de la nature, de liens fraternels et à la dimension spirituelle que promeut l’Église. Tandis que de jeunes chrétiens acclimatent des rites issus d’autres traditions, des athées se joignent aux pèlerinages ou aux ras-semblements de prière pour vivre un temps fort. Plus pragmatiques et moins idéologues que leurs aînés, ils veulent découvrir par eux-mêmes qui ils sont et ce en quoi ils croient. Sans préjugés ni prêt-à-penser, aimantés par la simple fraterni-té.

Puissions-nous, sensibles à l’ « inattendu de Dieu », nous laisser bousculer par leur élan, nous remettant nous-mêmes en jeu, prêts à les accompagner plutôt qu’à imposer des parcours, comme a toujours su le faire l’ami Dominique Lawalrée, qui vient de nous quitter en pleine jeunesse et à qui nous rendons hommage dans ce numéro.

Pour le comité de rédaction,

Dominique DE RYCK

Page 4: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

4

JEUNES

Sans que nous nous en apercevions, un nouvel humain est né pen-dant un intervalle bref, celui qui nous sépare des années 1970. Il ou elle n'a plus le même corps, la même espérance de vie, ne commu-nique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde, ne vie plus dans la même nature, n'habite plus le même espace. Né sous péridurale et de naissance programmée, ne redoute plus, sous soins palliatifs, la même mort.

N'ayant plus la même tête que ses parents, il ou elle connaît autre-ment. Il ou elle écrit autrement. Pour l'observer, avec admiration, envoyer, plus rapidement que je ne saurai jamais le faire de mes doigts gourds, envoyer, dis-je, des SMS avec les deux pouces, je les ai baptisés, avec la plus grandes tendresse que puisse exprimer un grand-père, Petite Poucette et Petit Poucet. Voilà leur nom, plus joli que le vieux mot pseudo-savant de "dactylo".

Michel SERRES, Petite Poucette (2012)

Page 5: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

5

Génération Y

Ils et elles sont né-es entre 1980 et 2000. On les appelle les millenials, ou e-generation, ou encore génération Y, génération Quoi (Y = why, en an-glais…). En 2016, une vaste enquête européenne a sondé près de 661 000 d'entre eux, dont 30 640 belges francophones. De quoi tordre le cou à certains clichés.

I ls ont aujourd'hui entre 19 et 40 ans, jeunes adultes encore aux études ou déjà au travail. Certains sont parents mais compte tenu de l'allongement de

la durée de vie, ils représentent encore "les jeunes" – ce groupe social qui, tout au long de l'histoire humaine, a dérouté, interrogé, voire franchement agacé ses aînés. Que n'entend-on pas aujourd'hui à leur propos ? Ils seraient hyper indivi-dualistes, davantage accros à leur smartphone qu'au travail, davantage prompts à regarder une série qu'à s'engager, peu soucieux de donner des normes à leurs enfants, songeant à s'amuser plutôt qu'à méditer…

Destinée à sonder les espoirs, les aspirations et les craintes de cette génération, l'enquête ici évoquée date de 2016.(1) Trois ans, c'est peu – et c'est beaucoup, au regard de la vitesse à laquelle se produisent désormais les changements. Trois ans, c'est avant les marches pour le climat et #MeToo ; mais c'est l'année aussi des attentats à Bruxelles et de l'élection de Donald Trump. L'autoportrait qu'ont esquissé d'eux et elles-mêmes les jeunes qui ont répondu à l'enquête n'est pas exhaustif (les enquêtes ne le sont jamais) : 22 thématiques, dont cha-cune compte 3 ou 4 questions, c'est tout de même un espace suffisamment large et varié pour, au moins, se faire une idée de ce qu'ils et elles ont dans la tête et le cœur. Impossible, ici, de rendre compte de toutes les réponses, et en-core moins des différences significatives qui peuvent parfois se révéler entre pays européens. Mais les tendances de fond qui émergent sont peut-être sus-ceptibles de modifier le regard parfois inquisiteur que l'on pose sur la généra-tion Y – et c'est déjà pas mal !

(1) Generation What est un programme interactif produit par France Télévisions, Upian et Yami2, en partenariat avec l'UER et 14 diffuseurs européens, dont la RTBF. Les résul-tats se trouvent sur le site de cette dernière www.generation-quoi.rtbf.be.

Page 6: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

6

En effet, pas de trace de conflit de génération : non, il n'y a pas trop de vieux (71)(1) et même en période de fort chômage, l'emploi ne doit pas être réservé en priorité aux

jeunes (69) ! Les relation avec les parents sont jugées plutôt cool (53), voire idéales (21), ils les soutiennent dans leurs choix (88).

Pour une société ouverte et juste

Les jeunes ont des valeurs et, au premier chef, la tolérance, que ce soit en matière de convictions ou d'origine sociale. S'ils considèrent que l'immigration est un enri-

chissement culturel (72) et que l'homosexualité peut s'afficher publiquement (81), ils sont curieusement majoritaires à être choqués par une tenue féminine qui laisse voir le string – davantage que si c'est un garçon (45), alors même qu'ils déplorent qu'en Belgique on soit loin de l'égalité entre hommes et femmes (67). S'en étonnera-t-on ? Leurs préoccupations sont liées à l'environnement (49), l'accès à l'emploi (43) et le système éducatif (39), qu'ils accusent de ne pas les préparer au marché du travail (77). Par contre, ce qui fait les grands supports des campagnes politiques semble les laisser assez indifférents : l'immigration, l'insécurité, la crise écono-mique et le nucléaire recueillent moins de 30% de réponses. C'est plutôt la vio-lence qui, comme chez leurs aînés, suscite leur inquiétude (92).

(1) Les chiffres entre parenthèses expriment le pourcentage de jeunes qui ont marqué leur accord avec la proposition. Les mots en italiques figurent dans les questions de l'enquête.

Page 7: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

7

Si l'on parle beaucoup de fracture entre les citoyens et la classe politique, la gé-nération Y illustre avec éclat (et quelque excès ?) cette dérive des continents. Pas

du tout confiance en la politique (88) ; hommes politiques corrompus, presque tous (44) ou quelques-uns (53) ; pas intéressés par l'engagement en politique (54) : le consensus est large… excepté dans les pays du Nord (Suède…) ou la Suisse ! C'est qu'il y a, en notre pays, Trop de pauvres (93), trop d'inégalités (80), trop d'injustices (93), l'argent tient trop de place dans notre société (94). Très lucides, les répondants estiment que par rapport à d'autres jeunes de leur âge, ils ont le plus de chances de s'en sortir (59). A la question de savoir s'ils pourraient participer à un mouvement de révolte de grande

ampleur, plus d'un jeune sur deux (56%) répond positivement. Près de deux jeunes sur trois se sont déjà investis dans un projet extra-scolaire ou professionnel et ai-

ment ça ! Qui a dit que cette génération était centrée sur son nombril ?

Mon foyer sur fond d'inquiétude

L'image est plus brouillée pour ce qui concerne le sentiment d'identité collec-tive. Majoritairement, ils pensent que l'Europe est une construction nécessaire (42), un projet d'avenir unique (12), au point de se sentir européens (74). Le nationalisme, quant à lui, est négatif (67). Lorsqu'on leur demande à quelle collectivité ils se sentent vraiment appartenir, c'est la dispersion qui prévaut : au pays (38), au

monde (30), à la ville ou à la région (22)… et seulement 10% à l'Europe. Leurs communautés d'appartenance, ce sont les valeurs démocratiques de base (35), la langue (20), la race humaine (19). La religion, quant à elle, n'attire que 3 % des jeunes. Indication que – comme chez leurs parents pour la plupart – l'horizon de vie n'est plus celui des grandes idéologies, mais bien le cercle privé, celui des proches et de la vie quotidienne.

La plus grande crainte est celle de perdre un proche (47), la maladie (30)… et la guerre (22). Quant à leur avenir, ils ne le voient pas franchement en rose : ils l'imaginent pire (48) ou pareil que celui des parents (27) ; quant à l'avenir de leurs propres enfants, il est plus sombre encore : 56 % pensent qu'il sera pire que le

leur. C'est que la crise, ils la vivent au point que 3 jeunes sur 4 estime qu'elle affectera son avenir – alors même que l'on ne peut pas être heureux si on a des problèmes

d'argent (64).

Le bonheur, parlons-en ! C'est la clé pour réussir sa vie (60), loin devant la famille (21), le métier (2) ou l'argent (6). Mais au cœur du bonheur, il y a la relation, amou-reuse surtout, estimée très importante (77). Impossible d'être heureux sans amour (88) Leur vie, les jeunes l'envisagent plutôt en couple, marié ou non (78), soudé par la

Page 8: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

8

fidélité jugée indispensable (75). Quant à la notion d'engagement, moins d'un répon-dant sur deux la lie à la réalité du couple, le divorce étant parfois nécessaire (69). Quant à la foi, c'est assez simple : 88 % estiment que l'on peut être heureux sans

croire en Dieu. Et contrairement à pas mal d'idées reçues, une majorité de jeunes estiment qu'ils pourraient être heureux sans internet (51), ni voiture, ni même téléphone

portable (61). Par contre, difficile de l'être sans amis (91), sans livres (eh oui !), sans

musique (87) ou sans cinéma ni séries TV (61).

Pour définir enfin en seul mot la génération de ces jeunes qui estiment qu'être adulte, c'est être mûr et responsable (64), les mots qui reviennent massivement, c'est (dans l'ordre) : changement, perdue, sacrifiée, connectée de transition. Avec, en nébu-leuse, une cinquantaine de mots contrastés : oubliée mais debout, désenchantée mais en quête de sens, du zapping mais qui doit changer le monde. Une génération d'hu-mains, quoi.

Myriam TONUS, o.p.

Page 9: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

9

La génération "Quoi ?", c'est la sienne. Secrétaire politique du Patro, Hadrien pose sur le monde un regard que certains qualifieront de désen-chanté, mais qui est la seule attitude que lui inspire le monde d'aujour-d'hui. Pour autant, il s'engage à fond, porté par une foi en une autre hu-manité possible.

- Hadrien, à 30 ans, tu as déjà un parcours bien rempli…

- Ma scolarité secondaire ne m'y prédisposait pourtant pas ! J'ai eu un parcours, disons un peu agité, avec changements d'écoles : je supportais mal l'autorité. Heureusement, j'ai pu finir mes humanités à l'IATA, à Namur, où on laisse de l'autonomie aux élèves. J'ai fait ensuite un baccalauréat en photographie. Mais j'ai fait tellement de photos qu'à la fin, j'étais saturé ! J'ai alors enchainé des bou-lots - le plus souvent bénévoles - dans des associations. Et puis, un jour, j'ai eu l'occasion de postuler au Patro, d'abord comme permanent et ensuite, depuis cette année, comme secrétaire politique.

- Tu préfères le milieu associatif ?

- Oui, franchement, parce que pour moi, ça donne du sens à ce que je fais. Même si on n'est pas payé comme dans une entreprise marchande, on a le senti-ment d'être utile, de faire un peu bouger les choses. Et puis j'aime bien être avec des gens ouverts, avec qui je partage des valeurs. C'est le cas ici au Patro, ou au festival Esperanzah où j'organise le travail des bénévoles.

Un idéal ? Peut-être...

- Si tu as été choisi pour devenir secrétaire politique d'un mouvement de jeunesse, c'est sans doute parce que tu t'intéresses aux enjeux de la socié-té ?

- Oui et ça remonte assez loin. En fait, quand je regarde notre société, je trouve qu'elle ne tourne vraiment pas rond et j'essaie de comprendre pourquoi. Pour cela, il faut s'intéresser aux mécanismes qui produisent les dysfonctionnements et essayer au moins de les changer. Dans notre société, les jeunes ne sont pas

Il retrousse ses manches

Page 10: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

10

vraiment pris au sérieux, les politiques ne leur demandent pas souvent leur avis.

- C'est pour cela que tu t'engages afin de défendre certaines causes ?

- Oui. Je me suis investi dans la cam-pagne contre le TTIP et bien sûr, dans les actions pour la défense du climat. Mais aussi dans le mouvement Tout autre chose, un mouvement citoyen qui veut changer le modèle de société basé sur la compétition pour faire émerger une société plus humaine et solidaire. Ici au Patro, j'ai organisé avec des bé-névoles la "grande collecte". Ça se passe comme l'opération Arc-en-Ciel (à laquelle le Patro participe), sinon qu'au

lieu de récolter des vivres, on fait appel à des dons de matériel de camp : sacs à dos, bottes, sacs de couchage, etc. On les redistribue ensuite aux sections patro qui accueillent des enfants de milieux fragilisés ou défavorisés.

- À t'écouter, on peut deviner que tu es porté par de solides valeurs ! Di-rais-tu que tu as un idéal ?

- Un idéal… Pourquoi pas ? Oui, peut-être bien, on peut dire ça. Et oui, je pense que j'ai des valeurs qui me font agir, qui soutiennent mes engagements. C'est bien nécessaire, aujourd'hui !

Espérer "malgré"

- Pourquoi ?

- Parce que, franchement, je trouve qu'il n'y a pas de quoi se réjouir quand on voit l'état du monde et ce qu'en font les politiques ! Je n'ai jamais eu d'ailleurs la moindre envie de m'engager en politique ! Mais ce qui m'inquiète surtout, c'est la situation globale de la planète. De tous les côtés on butte sur de la vio-lence, des guerres, de la pauvreté, de l'individualisme… Franchement, c'est comme si les humains n'apprenaient jamais rien de leurs erreurs passées, qu'il répétaient indéfiniment les mêmes malheurs.

Page 11: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

11

- Tout de même, il y a eu quelques progrès : la reconnaissance univer-selle des droits humains, l'égalité entre hommes et femmes, par exemple…

- Oui, mais qui respecte cela, qui agit ainsi, en définitive ? Tellement peu de gens, au regard de tous ceux qui s'en fichent. Parfois, ça me met franchement en colère. Pour être franc, je pense que les "collapsologues" qui annoncent l'effon-drement de la société industrielle avant 2050 ont probablement raison. Notre génération risque bien de vivre une catastrophe et pas seulement climatique et environnementale. Pour moi, des guerres ne sont pas impossibles.

- Que faire, alors ? Se la couler douce en attendant le déluge ?

- Pas du tout ! Au contraire, même si on ne sait pas sur quoi ça va déboucher ni si on y arrivera, il faut se bouger, ne pas rester replié sur son petit confort.

- Tu as fait tes études dans l'enseignement catholique. Tu es croyant ?

- Non, vraiment pas. Pas de baptême, pas de catéchisme...Les cours de religion, tout ça ne m'a pas intéressé. C'était pour moi des discours qui n'ont pas laissé beaucoup de traces.

- Au milieu de toutes tes activités, tu as tout de même du temps pour une vie privée ?

- Evidemment, heureusement ! Ma compagne est infirmière SIAMU (en soins intensifs pour enfants), elle sait donc ce que c'est que les horaires lourds et le manque de temps ! Et puis quand je veux me détendre, prendre du recul, je prends ma canne et je pars pêcher la truite. Je peux rester des heures ainsi, dans le calme. C'est le pied !

Propos recueillis par Myriam TONUS, o.p.

Page 12: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

12

Né en 1992, Anton Milh est le dernier frère à être rentré dans l’Ordre en Belgique. Le plus jeune sans doute, mais pas le moins courageux : il rédige actuellement une thèse de Théologie sur la collaboration du clergé en Flandres avec les forces d’occupation pendant la deuxième guerre mondiale. Nous lui avons demandé comment il se situait en tant que jeune dans l’Ordre.

A vant de vous raconter très brièvement mes expériences en tant que « jeune » dans l’Ordre dominicain, je voudrais rappeler qu’en effet ces

derniers temps on parle pas mal des jeunes, et dans la société, et dans l’Église. Pensez par exemple à l’attention que les médias ont accordée à la grève sco-laire pour le climat. Ou pensez au synode des jeunes qui a eu lieu l’an passé à Rome. Question peut-être pénible mais néanmoins très pertinente : parlons-nous aussi avec des jeunes ? Est-ce qu’on se met à leur écoute? Y a-t-il une "culture de la conversation" entre les générations différentes ?

Avant mon entrée, en 2016, j’ai aidé à l’organisation d’une journée d’étude sur les tensions entre les générations différentes dans la vie dominicaine. On par-tait de la situation concrète de la province dominicaine des Pays-Bas, où ces dernières années plusieurs jeunes sont entrés. Leur approche de la vie domini-

caine ne s’accorde pas toujours très bien avec celle des générations plus âgées. Même si je trouvais ce thème très intéressant, je dois avouer en toute honnêteté qu’à l’époque je ne me sentais pas encore très con-cerné.

Être « jeune » dans l’Ordre de Saint Dominique

Page 13: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

13

La parole échangée

Mais tout cela a changé après mon entrée. Dans la communauté dans laquelle je vis se côtoient plus ou moins trois générations : celle de mon grand-père, celle de mon père, et moi. Nous sommes tous originaires de contextes différents, nous avons des histoires personnelles différentes, et notre approche de la vie religieuse est différente. Du fait même qu’on a tous choisi de vivre en commu-nauté, mais qu’on n’a pas choisi de vivre ensemble avec tel ou tel frère, s’ensui-vent parfois des tensions.

La seule manière pour ne pas être pris en otage par ces tensions, c'est d’en par-ler. On doit évoluer vers une culture de la conversation, dans laquelle quatre éléments me semblent cruciaux : la capacité de se taire, la bienveillance, le prin-cipe d’égalité et la liberté. Ce sont comme des critères de discernement, tout au long d’une conversation : est-ce que je parle tout le temps, ou est-ce que j’écoute aussi l’autre ? Est-ce que j’écoute ses questions, ses arguments avec bienveillance ? Est-ce que je regarde mon frère, plus âgé ou plus jeune, comme un égal ? Est-ce que l’autre se sent libre de dire ce qu’il aimerait dire ? Ici je dois toujours penser au récit de la guérison d’un aveugle-né dans l’Evangile selon St. Jean. Quand on demande à ses parents s’ils en savent plus, ils répondent : « Comment il y voit maintenant, nous ne le savons pas ; ou bien qui lui a ouvert les yeux, nous, nous ne le savons pas. Interrogez-le, il a l’âge ; lui-même s’expliquera

sur son propre compte. »

À une réunion de novices de plusieurs provinces aux Pays-Bas, un père-maître parlait de l’importance pour des frères et des sœurs de se trouver régulièrement ensemble, juste pour la raison d’être ensemble. Cela ne veut pas dire faire « le tourisme des couvents », mais prendre du temps pour créer de vrais liens de fraternité. Vu le petit nombre de jeunes dans l’Ordre, ces liens seront toujours « interprovinciaux », internationaux. Ce caractère international est un grand avantage de notre Ordre, car il donne une perspective d’avenir aux jeunes (ce qui n’est souvent pas le cas dans les congrégations locales). De plus, ces ren-contres aident à garantir que la vie dominicaine en Belgique ne devient pas auto-référentielle. Comme dominicains, nous sommes d’abord entrés dans l’Ordre. La structure de la province n’est que secondaire.

fr. Anton-Marie MILH, o.p.

Page 14: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

14

Charlotte, 26 ans, était membre de la fraternité St Albert-le-Grand de Na-mur pendant ses études de théologie à l’UCL. Elle réside actuellement en Irlande. Elle s’interroge sur la façon de conjuguer ses diverses fidélités comme femme, jeune et croyante.

À plusieurs reprises dans ma vie, je me suis questionnée sur ma foi. A plu-sieurs reprises également, j’ai cherché un espace pour épanouir ces ré-

flexions et partager mes expériences. Il y a maintenant quelques années, j’ai trouvé un terreau favorable pour faire grandir cette foi ainsi que pour l’apprivoi-ser. Au fur et à mesure, je me suis retrouvée à ajuster ma place et ma position dans la foi, par rapport au discours de ceux qui m’entouraient mais également par rapport aux discours de l’Eglise. Comment se positionner en tant que jeune femme (26 ans actuellement) dans notre société tout en restant fidèle à ma foi, à ce que me prescrit mon Eglise ? Comment rester fidèle à soi, à son Eglise mais aussi à son temps ?

S'approprier sa personne

Ces questions pourraient nous embarquer dans un long débat philoso-phique ! Cependant, à un niveau pratique, le défi est encore plus grand. Au quotidien, nous agissons, nous laissons notre empreinte sur ce monde en chan-gement. Les défis de ces dernières années ont amené les femmes à reprendre position par rapport à leur place, la signification de leur vie et de leur corps dans notre société. Longtemps, que ce soit à travers la société ou l’Eglise, la place de la femme lui a été imposée.

Tout comme on parle de s’approprier sa foi, il me semble tout aussi juste de s’approprier sa personne, sa position en tant que femme. Comment apprivoi-ser sa foi et la vivre pleinement dans la communauté des croyants si je ne suis pas capable de me situer en tant que personne dans la société également ? La société évolue à grande vitesse – mais l’Eglise peut-elle suivre le mouvement, afin d’accompagner ses disciples dans ces réflexions ?

Jeune femme, croyante et citoyenne

Page 15: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

15

Il est difficile de trouver un équilibre harmonieux entre le soi de la société moderne et le soi croyant. De nombreux enseignements spirituels parlent di-rectement à la génération de mes parents. Les références et le vécu ne sont pas les mêmes. La manière de s’adresser aux gens et les points d’ancrage ont changé. Il n’est plus question de pouvoir toucher une communauté qui serait la même partout. Il s’agit de pouvoir toucher chaque individu qui est ouvert à la situation des autres et à ce qui pourrait potentiellement nous arriver. Nous faisons partie d’une conscience partagée. Le défi de l’Eglise devrait être celui d’adapter son discours à la nouvelle génération. La société a muté et les enjeux dans nos vies ne sont plus les mêmes.

Nous sommes dans une société où l’on encourage les jeunes à agir. Comment l’Eglise nous encourage-t-elle à agir dans notre monde en tant que chré-tien.ne ? Comment nous guide-t-elle ?

Charlotte GERING

Page 16: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

16

Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille.

Il demande comme l’enfant insatiable : Et après ?

Il défie les événements et trouve de la joie

au jeu de la vie.

Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que votre

doute.

Aussi jeune que votre confiance en vous-même.

Aussi jeune que votre espoir.

Aussi vieux que votre abattement.

Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.

Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.

Réceptif aux messages de la nature, de l’homme

et de l’infini.

Si un jour, votre coeur allait être mordu par le pessi-

misme et rongé par le cynisme,

puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.

Samuel ULLMAN

Page 17: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

17

Dans la plupart des cultures humaines, autrefois, l’aîné de la famille oc-cupait une place particulière, comme naturelle. Les frères et sœurs qui le suivaient existaient plus ou moins dans son ombre. Le récit de la Bible, ici encore, défie cette logique...

A vez-vous déjà vu des chiots jouer ? La maman les surveille du coin de l’œil pendant qu’ils s’entrainent à la vie, en se mordillant les oreilles, apprenant

la fuite ou la résistance et le plaisir d’avoir un ‘presque comme soi’ à qui se frot-ter. Presque comme soi et pourtant différent. La relation aux frères et sœurs nous apprend la vie, parfois non sans mal. Beaucoup de récits bibliques font référence à des situations de fratrie, depuis Caïn et Abel dans l’Ancien Testa-ment jusqu’à Marthe et Marie dans les Évangiles pour nous apprendre la vie selon le projet de Dieu.

L’inattendu de Dieu

Plongeons-nous dans le récit de l’onction du roi David (1 S 16, 1-13). Samuel, prophète de Yahvé, part à la recherche d’un nouveau roi pour Israël. Le Seigneur l’envoie chez Jessé qui lui présente un à un ses sept fils, mais aucun ne correspond à l’attente de Dieu. Samuel demande alors à Jessé : « sont-ils tous là ? » et Jessé de répondre : « il reste encore le plus jeune… ». C’était David que personne n’attendait, sûrement pas son père, ni ses frères, ni même Samuel. Il n’avait pas le profil selon les hommes. Mais c’est lui que le Seigneur appelle avec sa singularité, sa jeunesse, son audace et sa confiance en Dieu. Dans un combat singulier avec Goliath, il va sauver Israël. David était le dernier de la fratrie, l’inattendu de Dieu qui ouvre un possible, un avenir. Quelle belle leçon de con-fiance envers les plus jeunes !

Dans le récit des frères jumeaux Esaü et Jacob dans le livre de la Ge-nèse, le plus jeune va aussi bousculer la tradition et toute la famille. La relation entre les deux frères révèle la tension entre ce qui semblait écrit d’avance, le rôle

Bible : quand le salut vient du cadet

Page 18: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

18

prédominant de l’aîné, et ce qui s’est déroulé dans l’inattendu du plan de Dieu. Voilà des jumeaux extrêmement différents dès la naissance : l’aîné Esaü, sportif, combatif, et le puîné Jacob, plus tendre, tranquille, dans les jupes de sa mère. Le rôle prédominant de l’aîné était tellement écrit d’avance qu’Esaü ne fit pas grand cas de son droit d’aînesse. Enfant, il l'échangea avec son frère contre un plat de lentilles. A l’âge adulte, Jacob usurpa l’identité de son frère aîné avec l’aide de sa mère et reçut

la bénédiction qui fonde l’autorité sur la famille à la place de son frère. Il lui vola donc la première place et

dut s’expatrier pour sauver sa peau. Ce départ forcé, dans le dénuement, l’ouvrit à la rencontre avec Dieu. Il construisit sa vie en exil. La beauté de l’histoire et de son enseignement pour le sujet qui nous préoccupe est dans la fin du récit. Au fil des années, Jacob ne supporte plus la distance d’avec son frère qu’il a fait souffrir. Il prend la décision de venir se présenter à lui humblement, comme un serviteur. Il ose l’initiative de la réconciliation, après une nuit de tergiversations et de lutte intérieure. La vraie rencontre de Jacob avec Dieu, celle qui l’a révélé à lui-même, a lieu dans cette nuit de peur et d’effroi pour trouver le courage de se confronter à son frère dans une démarche de pardon. Là, Dieu se révèle et ré-vèle l’homme à lui-même. Ainsi Jacob change de nom et reste marqué par ce combat. L’inversion des rôles, initiée par le plus jeune qui bouscule le plan fami-lial, va conduire les deux frères sur le chemin de la réconciliation car l’attitude d’Esaü est tout en pardon et en joie. Quelle leçon de vie !

De ce combat fratricide pour la première place entre jumeaux, les deux pro-tagonistes sortent gagnants parce que l’amour a été cultivé. C’est peut-être ce que nous apprend ce récit des deux frères en rivalité : cultivons l’amour jusqu’au pardon quelle que soit notre place, cadet ou aîné. Et l’on ne peut s’empêcher de penser à la parabole du fils prodigue et à la proposition qui est faite au fils aîné d’entrer dans la joie du Père miséricordieux. A la table du Seigneur, chacun a sa

L’onction de David par Samuel. Enluminure du Psau-

tier de Bedford, 15e sc.

Page 19: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

19

place. Puissions-nous, dans l’Eglise, nous accueillir, jeunes et aînés, chacun à notre place avec notre singularité.

Cultivons notre part de jeunesse

Mais peut-être pouvons-nous jeter nos filets plus au large dans l’Évangile, à travers le récit de Marthe et Marie, deux sœurs dont on peut supposer que Ma-rie est la plus jeune. Elle bouscule les usages en écoutant Jésus plutôt qu’en ac-complissant les tâches domestiques habituellement réservées aux femmes. « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée » Lc 10, 41. Nous savons que nous sommes tour à tour, dans nos vies, Marthe ou Marie, attachés à nos habitudes et à nos convictions ou ouverts à l’inattendu de la rencontre. De même, existe en nous notre part de jeunesse, d’enfant, celle qui monte vers Dieu sans chichis, toute en audace et en simplicité. Cultivons cette part de jeu-nesse qui nous permet d’accueillir l’inattendu de Dieu. Elle ne nous sera pas enlevée.

Dominique Olivier o.p.

Page 20: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

20

Pastorale des étudiants

Soucieux d'un renouvellement continu du projet Logos, les frères domi-nicains de Liège ont poursuivi cette année leur réflexion pour un nou-veau souffle de la pastorale des étudiants de l’enseignement supérieur à Liège.

L es communautés ecclésiales le savent fort bien : un projet qui ne serait pas en croissance, qui simplement se contenterait de stagner est déjà en perdi-

tion. Le statu quo est, pour le dynamisme de la foi, particulièrement mortifère. C’est d’autant plus évident pour les projets qui impliquent les jeunes.

Il s’agit de ne pas tomber dans les écueils où sont tombés tant de projets pas-toraux qui se sont vus désertés par les jeunes, faute d’avoir su les impliquer dans la gestion, les écouter, malgré leurs inconstances et leur volubilité, précisé-ment les atouts de cette jeunesse. Cette remise en cause continue nécessite sans doute de plus grands efforts, mais c’est le prix d’un dynamisme attractif.

Une formation conviviale

Partant du constat, posé par les jeunes fréquentant à Liège les établissements d’enseignement supérieur, d’une perte drastique de culture religieuse, d’une rup-ture dans la transmission de la « foi de leurs grands-parents », les frères réflé-chissent à leur offrir des lieux conviviaux et ludiques de formation élémentaire qui aborderait les fondements de la philosophie et de la théologie.

Cette année, chaque mercredi soir, une quarantaine d’étudiants se sont ras-semblés au « 42 » pour célébrer l’Eucharistie, partager un repas et échanger au-tour d’un thème ou d’un invité, souvent des personnalités chrétiennes engagées, mais aussi, à l’occasion, des étudiants d’autres confessions. Dans une ambiance conviviale, la soirée se termine généralement par des conversations autour d’un verre de bière.

Dans un esprit d’ouverture, le Projet Logos héberge également les soirées NightFever, où les jeunes vont sur le parvis de l’église inviter qui le souhaite à

Page 21: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

21

participer à un moment d’intériorité et d’adoration. Il s’agit pour eux de s’exer-cer à l’audace du témoignage de foi.

Des liens qui durent

Immanquablement, la "touche dominicaine" apparaît dans cette pastorale : un ciné-club suivi de débats quant aux enjeux de société, une initiation à la com-préhension des évangiles et quelques grands moments liturgiques tels la messe de rentrée académique ou la célébration du mercredi des cendres.

Enfin, le Projet Logos est un lieu d’écoute et d’accompagnement où tout étu-diant peut, ponctuellement ou dans la durée, rencontrer un frère. Un des fruits de notre pastorale est d’accompagner les demandes de sacrements : célébrations de baptêmes, de confirmations, voire, au-delà des études, de mariages. Il se dé-gage, des relations qui naissent au 42, des amitiés durables avec les frères.

C’est ce schéma qu’il s’agit encore de dynamiser en intégrant le souci exprimé par les jeunes, celui d’une « mise à jour » culturelle de leur foi.

fr. Laurent MATHELOT, o.p.

Projet Logos – Aumônerie catholique des étudiants à Liège 42, place Xavier Neujean à Liège – [email protected]

Soutien : BE16 3630 7686 6274

Page 22: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

22

Fondé en 1938 par des sœurs dominicaines, l’Institut Saint-Dominique à Schaerbeek regroupe aujourd’hui quelque sept cents élèves. Son projet pédagogique, malgré la laïcisation complète du personnel enseignant et la diversification culturelle des élèves ou des professeurs, continue de puiser son inspiration dans l'esprit dominicain, auquel il reste attaché. Son directeur en témoigne.

A l’image du quartier de grande mixité où s’insère notre école, les vi-sages de nos élèves sont ceux des jeunes que l’on croise dans les

rues avoisinantes. En dépit de ces mutations socio-économiques am-biantes, le projet pédagogique de l’école n’a quasiment pas changé. Il con-tinue à susciter le désir dans le chef des nombreuses familles qui souhai-tent nous confier leurs enfants. Ce qui nous conforte dans l’idée que le fond de nos valeurs, toutes dominicaines qu’elles sont, ou peut-être parce qu’elles sont dominicaines, a un indéniable caractère universel. Il con-vient de préciser que l’adhésion que j’évoque n’est pas une adhésion aveugle ou muette ! Il s’agit d’une adhésion qui véhicule une dose d’esprit critique : nos élèves sont aussi de fameux empêcheurs de penser en rond !

Nourrir l'esprit et la liberté

L’inspiration dominicaine se trouve à l’origine de plusieurs traits sail-lants de l’éducation que nous organisons entre nos murs. Il y a ainsi cette importance accordée à la valeur intellectuelle. Cela se traduit par un souci constant de notre école de veiller au développement de l’éducation plutôt qu’à celui du matériel. Par certains aspects, en comparaison de col-lèges plus feutrés, notre école peut paraître un peu, sinon austère, du moins « fonctionnelle » : à l’apparat et aux dépenses somptuaires, nous préférons la stimulation des intelligences. La valeur intellectuelle ou spiri-tuelle explique aussi le souci que nous avons d’offrir un éventail diversifié d’options à nos élèves afin d’éviter d’avoir affaire à des individus tous

Une école dans le souffle de Saint Dominique

Page 23: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

23

formés dans le même moule. Le choix est un signe de maturité, en somme, d’autant plus qu’à partir du 2e degré, nous demandons à nos élèves de l’assumer pendant deux ans. Cette fidélité à ses engagements est une exigence corollaire de la valeur accordée à l’esprit : que serait-il sans un peu d’opiniâtreté ? Tenir le cap est une exigence que nous avons et que nous voulons comme un respect dû à l’intelligence de nos jeunes. C’est d’ailleurs une belle leçon d’éducation que d’apprendre que la liberté a aussi besoin de contrainte et que les règles sont d’abord là non pour cadrer, enserrer dans des mailles stériles, mais bien pour susciter l’auto-nomie et le désir de concorde que tout être humain possède en lui.

On ne dira jamais assez combien il est précieux d’apprendre la liberté à nos jeunes, de leur faire comprendre que cette liberté inclut aussi une part maîtrisée de désobéissance, d’incertitude, voire de peur ; combien il est précieux aussi que chaque adulte le comprenne… Cet apprentissage difficile de la liberté est également un legs de l’esprit dominicain, pour lequel le chemin de l’homme nécessite un réel effort.

Confiance en l'humain

Il doit cependant se faire dans l’optimisme. La confiance dans les ca-pacités spirituelles - raison et sentiments - des êtres humains doit être une constante. Cet optimisme est une gageure : il n’est pas simple d'être optimiste dans un monde qui peut paraître à maints égards cruel ou in-juste. Et pourtant, il y va de l’amour de la vie ! C’est avec cet optimisme d’ailleurs que nous savons que nous devons tenter de faire en sorte qu’il n’y ait pas de laissés-pour-compte.

Telle est pour nous la dimension universelle de l’inspiration domini-caine. À un monde clos, refermé sur ses certitudes ou ses fois, qu’elles soient religieuses, politiques ou tout simplement réactionnaires, nous pré-férons un monde ouvert où nous avons la liberté d’aller vers l’autre sans rien perdre de notre identité, ni oublier que celle-ci est une réalité en per-pétuelle construction - et cela en interaction avec les autres, fussent-ils très différents.

Rossano ROSI Directeur de l'Institut Saint-Dominique

Page 24: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

24

Le christianisme, ressource pour penser

Après avoir longtemps arpenté les paysages de la pensée grecque et chinoise, le philosophe François Jullien publie un petit livre lumineux sur le christia-nisme. Dense mais néanmoins accessible, ce libelle entend parler, indépendamment d’une démarche de foi, de l’apport des évangiles à la culture, en exami-ner la fécondité intellectuelle, montrer ce qu’il fait advenir à la pensée. Il s’inscrit par là dans la pers-pective de ce réveil de l’intérêt pour la pensée chré-tienne qui anime depuis quelques années des au-teurs parfois ouvertement athées.

P our François Jullien, il est temps d’arrêter d’éviter la question du christia-nisme, malgré la gêne qu’elle suscite collectivement, tant cette « affaire »

semble aujourd’hui surprenante pour ne pas dire aberrante. Impossible cepen-dant de la reléguer au passé puisqu’elle continue à marquer la pensée, même de ceux pour qui la question de la foi n’a plus aucune pertinence. Les cohérences, le plus souvent paradoxales, du christianisme concernent chacun dans ce qu’il a de plus singulier et d’inventif. Il faut rendre compte de ce qu’il a promu et in-venté en l’homme. Sa capacité productrice est loin d’être épuisée. La ressource Pour déjouer les pièges des critiques antérieures (Feuerbach, Freud, Nietzsche...), François Jullien envisage la question en terme de « ressource », un concept devenu central dans son travail et qu’il préfère à celui de « racine » car il ne définit pas une identité culturelle. La ressource s’explore et s’exploite. Elle appartient à qui la découvre, plus il la découvre et plus il la met à profit. Elle est davantage tournée vers l’avenir que vers le passé. Elle en appelle à une respon-sabilité : on l’active ou on ne l’active pas. Elle n’exclut personne mais se partage. Elle permet de se poser la question de l’usage à en tirer sans s’interroger au pré-alable sur sa vérité en opposant les croyants aux incroyants. Cette conceptualisa-tion dynamique de la notion de ressource où l’on aborde les textes en termes de cohérence et de pertinence plutôt que de valeur et de sens, souvent ressentis par nos contemporains comme trop orientés, ouvre, après un temps d’ajustement,

Page 25: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

25

des chemins d’interprétation très stimulants. L’écart D’ailleurs le message du Christ est annoncé dans l’Évangile (en grec) dans une autre langue que celle de son énonciation (en araméen). L’enseignement chré-tien a dès l’abord été arraché à son implicite à cause du contexte linguistique dans lequel il a été placé, pour être aspiré par l’exigence d’universel dont il a fait son message. Il a tiré parti de cet entre-langues. Le texte évangélique est travaillé par la traduction d’une langue à l’autre comme par la coexistence de quatre récits exprimant une diversité de perspectives sur une même question : « qu’est-ce qu’être vivant ? ». L’évènement Selon Jullien, Jean s’attache à penser ce qui fait la possibilité d’un évènement sous l’angle de son surgissement. Il révolutionne par là la conception grecque du devenir, toujours en déperdition d’être, voué à l’inconsistance et à la cor-ruption, en l’associant dès son prologue à l’ « être ». Par une analyse très fine de l’utilisation des modes, Jullien montre qu’on y passe du « devenir » à l’ « advenir ». Le Christ ouvre un avenir qui n’est pas déjà contenu dans ce qui l’a précédé, n’est pas déjà lié et enchaîné. Il existe un absolu de l’évènement. Celui-ci peut tout changer : d’infirme qu’on était, on peut devenir sain. Pour-tant, souvent, de l’extérieur, on ne l’aperçoit pas : « au milieu de vous se tient un homme que, vous, vous ne connaissez pas ». Il ouvre un possible ex-istentiel qui fait lever de l’inouï, au milieu duquel on est et qui donc passe ina-perçu : c’est la « vie » ! Par le Christ se donne à penser comment la vie peut être vivante.

Page 26: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

26

La vie vivante La vie pour Jean n’est pas seulement condition, le fait d’être en vie, mais elle constitue la vocation dernière de l’homme. Il distingue deux niveaux, celui du souffle vital (psuchè) et celui de la vie en plénitude (zôè). Cette distinction cons-titue le cœur de son évangile : le bon berger sacrifie sa vie (psuchè) pour que ses brebis aient la vie (zôè) en surabondance. Tout l’effort de Jean consistera à écar-ter le premier sens du second, pouvoir d’être pleinement et qui ne peut par con-séquent mourir. C’est également ce qui est en jeu dans l’épisode de la Samari-taine où s’opère bien plus qu’un dédoublement symbolique de la signification, une véritable spiritualisation de la vie. Sa pensée de la vie fait de Jean un penseur tout à fait original par rapport aux philosophes grecs qui l’ont précédé. Il y a chez lui un approfondissement graduel pour approcher ce qui fait le vivant de la vie : il remonte à sa source jaillissante. Expansive, elle se donne, se partage, ne se garde pas pour soi mais se dévoue à l’Autre comme Jésus, vivant en mourant sur la croix, pour la vie des autres. On ne saurait mieux prêcher ! Dominique DE RYCK

Page 27: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

27

Dominique Lawalrée, notre frère aux mille facettes

Cher Dominique,

P ourquoi, le soir où tu étais plongé dans le coma, ai-je choisi d'écouter la Messe en si de Jean-Sébastien Bach ? Presque toujours rivée devant la

télévision, pourquoi ai-je préféré m'imprégner de cette splendide musique? Sans doute, la retraite (1) que tu avais prêchée avec notre frère Ignace portait-elle ses fruits...

Mais il est question, ici d'une étape dramatique pour ta chère «long-haired lady», ainsi que tu avais surnommé Claire-Annie dans un album éponyme, en-registré en trio, à l'automne 2009.

Amateurs du tic de l'étiquette s'abstenir, car autant ton «spectre musical» que ton ouverture d'esprit ont dépassé les bornes du convenu ! Es-tu progressiste ou conservateur dans tes choix musicaux, dans tes conviction religieuses? Ton épouse, depuis quarante-deux ans, également diplômée en éducation musicale, te qualifie de «rebelle». En clair, tu te trouvais souvent là où on ne t'attendait pas. Tu participais, somme toute, de cet esprit anglo-saxon qui, progressive-ment, a fait fi des frontières entre la musique classique et pop(ulaire), qui, aussi n'a jamais rejeté la religion dans la «sphère privée», quitte à la moquer ou à s'en éloigner. (2)

Revenons-en à ton amour inconditionnel de la musique : quel rapport y a-t-il entre Bach, Beethoven, Satie, Stravinsky, les Beatles, Led Zeppelin et bien d'autres? Un même art de qualité, voire de génie ! Certes, il n'est pas question de comparer «Led Zep'» à Bach ou à Beethoven... Cependant l'œuvre des Beatles – de1966 à 1969 essentiellement – perdurera car leurs chansons ont été sublimées par un cinquième homme de formation classique, feu George Martin. Toute-fois, quel que soit le genre musical, tu étais homme à faire aimer ce grand art.

Page 28: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

28

Musicologue et journaliste, professeur du primaire à l'université, mais aussi – pour ton plus grand bonheur – compositeur pour différents claviers, et inter-prète. Combien d'oreilles n'ont pas apprécié une immersion apaisante dans ta musique dite minimaliste ou jazzy : plus de cinq cents œuvres pour divers effec-tifs, et même la musique pour le film «Khaddak» primé à Venise ! Des composi-tions tonales, heureusement pour l'écrasante majorité d'entre nous !

Ainsi, les milieux scolaires et la scène t'étaient très familiers. Par exemple, sous ton faux air de Boris Johnson (un peu de provoc allège mon propos), tu ne fus pas parachuté à Londres, comme son ancien maire, mais cordialement invité dans cette capitale, en octobre 2017. En effet, les compositions des an-nées de 1978 à 1982 avaient été remises à l'honneur outre-Manche et même outre-Atlantique !

Parallèlement, ta rencontre avec l'orgue fut déterminante. Pour cela, un inter-médiaire était indispensable et ce fut l'organiste d'une église d'Auderghem, que tu observas à l'âge de quinze ans, notamment dans ses improvisations. Bien plus tard, tu feras sonner les claviers de l'orgue du couvent de la Renaissance. C'est ainsi que tu approchas l'Ordre dominicain. Un des frères vous recommanda, toi et Claire-Annie, co-animatrice des messes, d'aller vers les fraternités laïques; ce

Page 29: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

29

fut celle du couvent de Herne que Geneviève et Michel Linder créèrent avec Sœur Barbara en 1999. Tous deux, vous vous engagerez temporairement (en 2001) puis définitivement (en 2004) dans l'Ordre des Prêcheurs.

Puis, le couvent de Herne clôt ses portes, et c'est le retour au couvent de la Renaissance comme lieu de rencontre pour la fraternité Sainte-Catherine-de-Sienne. Dix-neuf ans de «merveilleux échanges», comme l'écrit Geneviève, jus-qu'à votre ralliement, en 2017, au groupe fraternel de Louvain-la-Neuve, vu son manque d'engagés définitifs.

D'un autre côté, le frère Philippe Cochinaux vous appelle à Froidmont. Comme à la Renaissance, des années plus tôt, tu joues à l'orgue de l'église Saint-Étienne ainsi qu'au monastère de l'Alliance à Rixensart. Le choix de l’église de tes funérailles était évident, car en-dehors des eucharisties dominicales, tu y don-nais en semaine, des conférences et avais même initié un festival de musiques liturgiques. Entre-temps, de 2011 à 2015, tu fus président du Vicariat laïc Bel-gique sud.

Page 30: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

30

Un autre aspect de ta personnalité était également dominicain puisque tu faisais une confiance absolue à Marie, la première en chemin pour nous mener au Christ. Chaque jour, au fil des heures - et même dans les embouteillages ! - tu récitais le rosaire. Tu as accompli également de nombreux pèlerinages à Medjugorje depuis 1994. À défaut d'être une démarche typiquement domini-caine, ils te poussèrent à composer nombre de pièces de musique sacrée, dont la création d'une messe à Anvers pour les 800 ans de l'existence de l'Ordre des Prêcheurs.

Maintenant que tu n'es plus là, un «chant marial» des Beatles me revient aux oreilles et au cœur: «When I find myself in times of trouble, Mother Mary comes to me,

speaking words of Wisdom : Let it be.» (3)

Ainsi soit-il et à-Dieu, cher Dominique.

Diane SOREIL

(1) «Prières et musique : Quand les âmes se font chants!» du 22 au 24 février 2019. (2) La reine d'Angleterre est aussi chef de l'Église anglicane, etc. (3) La mère de Paul McCartney se prénommait aussi Marie.

En savoir plus ?

Livres : - En collaboration avec Dominique COLLIN : La musique sacrée, éd. Fidélité, Namur, 2010. - The Beatles – Un guide pour les écouter, éd. Camion blanc, Rosières-

en-Haye, France, 2014. - Led Zeppelin – Un guide pour les écouter, éd. Camion blanc, Rosières-

en-Haye, France, 2015.

Discographie : contacts - http://www.marksound.be – +32(0) 2 731 63 62

- Claire-Annie Lawalrée-Hanse +32(0) 43 94 94

- Librairie U.O.P.C.

Page 31: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

31

Vous avez aimé cette publication ?

Merci d'envoyer vos commentaires, suggestions ou propositions d'articles à :

Mme Dominique DE RYCK Avenue Commandant Lothaire 2/14

1040 BRUXELLES Tél.: 0497 40 73 82

Courriel : [email protected]

Conditions d’abonnement

4 numéros par an :

• Belgique ~ Abonnement ordinaire : 15 € Les suppléments de soutien sont les bienvenus • Etranger ~ 20 € par virement, en donnant à votre banque les informations IBAN & BIC (cf. ci-dessous)

A verser au compte BE58 0682 1109 6679 (BIC : GKCCBEBB ) des Fraternités Laïques Dominicaines A.D.

Comité de rédaction

Jean-Pierre BINAME - Dominique DE RYCK - Geert LALEMAN - Olivier RIAUDEL - Myriam TONUS

Page 32: Amitiés Dominicaines · 3 Cher-es Ami-es, Chers Frères et Sœurs en St Dominique, B ien que nous soyons pour la plupart entrés dans notre troisième printemps, nous conservons,

32

Responsable : Dominique DE RYCK - Av. Commandant Lothaire 2/14 1040 BRUXELLES

Bureau de dépôt : Bruxelles 4. Périodique trimestriel :

Avril - Mai - Juin 2019

Belgique-België P.P.

1040 Bruxelles 4 P 302451