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Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2012) 13, 115—123 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com FAITES LE POINT Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patients (Étude Séréna) Inhaled anagesia: Experience and pain relief of patients (Étude Séréna) Alain Serrie a , Ivan Krakowski b , Claire Delorme c , Pierre Beltramo d , Franc ¸ois-André Allaert e,a Unité fonctionnelle douleur et soins palliatifs, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75475 Paris cedex 10, France b Unité de douleur, soins oncologiques de Support Centre Alexis, 6, avenue de Bourgogne, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy, France c Réseau Douleur, les établissements hospitaliers du Bessin, 13, rue de Nesmond, 14401 Bayeux cedex, France d Air liquide santé, Tour Ariane, Paris la Défense 9, 92800 Puteaux, France e Chaire d’évaluation ceren ESC, 29, rue Sambin, BP 50608, 21006 Dijon cedex, France Disponible sur Internet le 22 mai 2012 MOTS CLÉS Douleur ; MEOPA ; Soulagement du patient ; Soins ; Satisfaction du patient ; Opinion soignant Résumé Objectif. — Décrire les différentes indications cliniques où le mélange équimoléculaire de pro- toxyde d’azote et d’oxygène (MEOPA) est actuellement utilisé, évaluer le bénéfice perc ¸u par les patients adultes et recueillir l’opinion des personnels soignants sur la facilitation des actes diagnostiques et thérapeutiques apportée par le MEOPA. Patients et méthodes. — Enquête pharmaco-épidémiologique prospective conduite dans échan- tillon contrôlé de services hospitaliers dont les personnels infirmiers et médecins utilisaient le MEOPA en pratique quotidienne. Chaque service devaient inclure les 15premiers patients adultes, des deux sexes, pour lesquels un acte diagnostique ou thérapeutique, douloureux et de courte durée était réalisé sous MEOPA. Résultats. — L’effet analgésique a été jugé assez rapide par 42,2% des patients, rapide par 28,0 % et très rapide par 21,5 % et le souvenir gardé de l’analgésie a été jugé assez bon par 21,3 %, bon par 44,3 % et très bon par 27,5 %. Parmi ceux qui avaient déjà subi un acte similaire sans analgésie, 7,9 % l’ont jugé moins confortable, 17,7 % ni plus ni moins confortable et 74,4 % plus confortable. Parmi les patients, 91,5 % seraient demandeurs d’une analgésie sous forme inhalée s’ils devaient subir à nouveau le même acte invasif. Au total, 97,3 % des soignants considéraient que les patients étaient plus détendus sous MEOPA que sans, 98,6% que les soins ou actes thérapeutiques étaient facilités et tous (100 %) voulaient continuer à le proposer aux patients. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F.-A. Allaert). 1624-5687/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.douler.2012.03.006

Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patients (Étude Séréna)

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Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2012) 13, 115—123

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

FAITES LE POINT

Analgésie inhalatoire : expérience et soulagementdes patients (Étude Séréna)

Inhaled anagesia: Experience and pain relief of patients (Étude Séréna)

Alain Serriea, Ivan Krakowskib, Claire Delormec,Pierre Beltramod, Francois-André Allaerte,∗

a Unité fonctionnelle douleur et soins palliatifs, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré,75475 Paris cedex 10, Franceb Unité de douleur, soins oncologiques de Support Centre Alexis, 6, avenue de Bourgogne,54511 Vandœuvre-lès-Nancy, Francec Réseau Douleur, les établissements hospitaliers du Bessin, 13, rue de Nesmond,14401 Bayeux cedex, Franced Air liquide santé, Tour Ariane, Paris la Défense 9, 92800 Puteaux, Francee Chaire d’évaluation ceren ESC, 29, rue Sambin, BP 50608, 21006 Dijon cedex, France

Disponible sur Internet le 22 mai 2012

MOTS CLÉSDouleur ;MEOPA ;Soulagement dupatient ;Soins ;Satisfaction dupatient ;Opinion soignant

RésuméObjectif. — Décrire les différentes indications cliniques où le mélange équimoléculaire de pro-toxyde d’azote et d’oxygène (MEOPA) est actuellement utilisé, évaluer le bénéfice percu parles patients adultes et recueillir l’opinion des personnels soignants sur la facilitation des actesdiagnostiques et thérapeutiques apportée par le MEOPA.Patients et méthodes. — Enquête pharmaco-épidémiologique prospective conduite dans échan-tillon contrôlé de services hospitaliers dont les personnels infirmiers et médecins utilisaientle MEOPA en pratique quotidienne. Chaque service devaient inclure les 15 premiers patientsadultes, des deux sexes, pour lesquels un acte diagnostique ou thérapeutique, douloureux etde courte durée était réalisé sous MEOPA.Résultats. — L’effet analgésique a été jugé assez rapide par 42,2 % des patients, rapide par28,0 % et très rapide par 21,5 % et le souvenir gardé de l’analgésie a été jugé assez bon par21,3 %, bon par 44,3 % et très bon par 27,5 %. Parmi ceux qui avaient déjà subi un acte similairesans analgésie, 7,9 % l’ont jugé moins confortable, 17,7 % ni plus ni moins confortable et 74,4 %

plus confortable. Parmi les patients, 91,5 % seraient demandeurs d’une analgésie sous formeinhalée s’ils devaient subir à nouveau le même acte invasif. Au total, 97,3 % des soignantsconsidéraient que les patients étaient plus détendus sous MEOPA que sans, 98,6 % que les soinsou actes thérapeutiques étaient facilités et tous (100 %) voulaient continuer à le proposer auxpatients.

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (F.-A. Allaert).

1624-5687/$ — see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.douler.2012.03.006

Page 2: Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patients (Étude Séréna)

116 A. Serrie et al.

Conclusion. — Cette étude confirme en pratique quotidienne l’intérêt du MEOPA tant pour lespatients que pour les soignants, globalement et dans les principaux actes diagnostiques et desoins douloureux réalisés.© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSPain;EMONO;Relief of the patient;Care;Satisfaction of thepatient;Opinion of thecaregivers

SummaryObjective. — Describe the different clinical indications where equimolecular nitrous oxide-oxygen mixture (EMONO) is used, assess the benefits perceived by adult patients and collectthe opinion of the caregivers on the facilitation of diagnostic and therapeutic procedures.Patients and methods. — pharmacoepidemiological prospective survey conducted in a control-led sample of hospital departments where caregivers were using EMONO in daily clinicalpractice. Each service was requested to include the first 15 adult patients of both sexes, whoundergone a painful diagnostic or care under EMONO analgesia.Results. — The analgesic effect was considered fast enough for 42.2% of patients, rapid by28.0% and very rapid by 21.5% and the remember of analgesia was considered quite good by21.3%, good by 44.3% and good by 27.5%. Among those who had already undergone a similaract without analgesia, 7.9% found it less comfortable, 17.7% more or less comfortable and74.4% more comfortable. 91.5% of patients will be in favor of inhaled analgesia if they had toundergo again the same invasive procedure. 97.3% of caregivers believed that patients weremore relaxed, 98.6% that care or therapeutic procedures were easier to conduct and 100%wished to continue to propose it to patients.Conclusion. — This study confirms the interest in daily practice of EMONO for both patients andcaregivers, overall and in major painful diagnostic procedures and cares.

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MLa réalisation d’une enquête observationnelle pharmaco-

© 2012 Elsevier Masson SAS

ntroduction

’administration d’un mélange gazeux équimolaire’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA) entraînene sédation et une analgésie du patient tout en préser-ant sa capacité de réagir avec son environnement. Deuxffets majeurs sont observés : un effet anxiolytique etuphorisant et un effet d’analgésie de surface rendantratiquement indolore la plupart des actes d’effractionsutanées [1—4]. Ne suscitant pas de dépression respiratoire,i de modification des réflexes laryngés, ni d’altérationsémodynamiques, il peut être utilisé directement auhevet du malade non seulement par des médecins maisgalement par des personnels infirmiers dûment formésréalablement. De nombreux essais cliniques contrôlés5—13] conduits dans la plupart des spécialités où il estossible de l’utiliser attestent de son efficacité et deon innocuité, de son apport pour le patient et pour lesoignants.

Son usage se répand de plus en plus pour éviter auxatients de ressentir la douleur de nombreux actes de soins,ais, faute de données publiées reflétant son utilisation

n pratique quotidienne sur de grandes séries de patientst dans les très nombreuses indications où il est suscep-ible d’apporter un soulagement au patient, de nombreuxervices hospitaliers hésitent encore. Cette situation est’autant plus regrettable qu’une grande partie des incon-orts et des douleurs éprouvés au cours des hospitalisationse sont pas liés à la maladie elle-même mais aux actes diag-ostiques et de soins qu’elle requiert.

Dans l’optique des directives nationales du plan de lutteontre la douleur, il apparaissait nécessaire à Air Liquideanté France de conduire une étude observationnelle

éea

rights reserved.

ationale de grande envergure couvrant la grande majo-ité des situations dans lesquelles le MEOPA est utilisé afin’évaluer le service rendu aux patients, mais aussi aux soi-nants, lors des actes diagnostiques et thérapeutiques qu’ilséalisent.

éthodologie

ature et objectifs de l’étude

ette enquête pharmaco-épidémiologique post-inscriptionrospective avait pour objectif principal de décrire lesifférentes indications cliniques où le MEOPA est actuel-ement utilisé et d’évaluer le bénéfice percu par lesatients adultes. Ses objectifs secondaires étaient deécrire l’importance du bénéfice percu par les patients enonction des indications dans lesquelles le produit est utilisét de recueillir l’opinion des personnels soignants (méde-ins ou infirmiers) sur la facilitation des actes diagnostiquest thérapeutiques apportée par le MEOPA. Cette enquête’engendrait aucune modification dans la prise en chargees patients et les protocoles de prise en charge de la dou-eur mis en œuvre dans les services.

élection des patients et des centres

éthode de sélection des patients

pidémiologique post-inscription d’un produit requiertxplicitement le suivi des patients pour lesquels le médecinlibrement choisi de prescrire la thérapeutique à l’étude,

Page 3: Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patients (Étude Séréna)

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Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patie

sans pour autant influencer son comportement thérapeu-tique ni sa relation avec ses patients.

Dans chaque service devaient être inclus les15 premiers patients adultes, des deux sexes, surlesquels les personnels soignants réalisaient un

acte (diagnostique ou thérapeutique),douloureux et de courte durée sous MEOPA.

Ces patients étaient préalablement dûment informés parécrit des objectifs de l’étude et de leur possibilité de refu-ser de participer à l’étude sans que cela nuise à leur relationavec le médecin et à leur prise en charge médicale. Demême, afin de ne pas modifier les conditions d’observation,il n’était imposé aucun critère de non-inclusion pour lespatients hormis le fait de ne pas satisfaire aux critèresd’inclusion, d’être sous psychotrope ou morphinique, ou dene pas accepter de répondre aux questions. Étaient égale-ment exclus de l’étude les patients présentant des troublespsychiques affectant leur entendement et leur libre arbitre.

Méthode de sélection des centresAfin de conduire l’étude sur un échantillon de services hospi-taliers dont les personnels infirmiers et médecins utilisaientle MEOPA en pratique quotidienne et dont la représentativitéétait contrôlée, un tirage au sort à été réalisé sur une listede référence de services utilisateurs répartis sur l’ensemblede la France. L’étude a ensuite été proposée par la sociétéchargée de l’organisation technique (Cenbiotech) à ces ser-vices dans leur ordre de tirage au sort jusqu’à l’obtentiondes 75 requis pour l’enquête.

Justification du nombre de patients

Le calcul des effectifs était fondé sur les effectifs néces-saires pour répondre à l’objectif de décrire le bénéfice percupar les patients adultes lors de l’utilisation du MEOPA. Cetaux de patient « satisfait » était estimé a priori à de l’ordrede 80 %. Pour estimer cette proportion avec un intervalle deconfiance à 95 % d’une précision absolue de 2 %, il convenaitde pouvoir disposer de 1 537 patients. Cette estimation a étécalculée à partir de la formule suivante : n = pq(��/e)2 avecn = nombre de cas, p = 0,8, q = 1-p, soit 0,2, �� = 1,96 ete = 2 %, correspondant à la précision de l’intervalle, soitn = 0,8*0,2 × (1,96/0,02)2 = 1 537 patients. Ce nombre étaitarrondi à 1 500 qui devaient être inclus à concurrence de75 services dans lesquels les 20 premiers patients consécutifscorrespondant aux critères de sélection étaient inclus.

Recueil des données

Pour chaque patient, l’enquêteur soignant (le médecin oul’infirmière) devait remplir une fiche d’enquête lors de laréalisation de l’acte diagnostique ou thérapeutique sousMEOPA. Cette fiche décrivait pour chaque patient : la naturedu service où il était pris en charge, ses caractéristiques

démographiques, l’acte de soins pour lequel l’analgésie parMEOPA. L’enquêteur recueillait ensuite le bénéfice percupar les patients en lui demandant de remplir un autoques-tionnaire spécifique comportant six questions (Annexe 1),

phlu

Étude Séréna) 117

ui décrivaient son opinion sur le confort éprouvé durant laéalisation de l’acte diagnostique ou thérapeutique.

tatistiques

escription des indications dans lesquelles leélange gazeux équimolaire d’oxygène et derotoxyde d’azote (MEOPA) a été utilisé et duénéfice percu par l’ensemble des patients

’analyse statistique décrit les caractéristiques démogra-hiques des patients inclus dans l’étude, des services où ilstaient hospitalisés, de la nature des actes de soins pouresquels a été réalisée l’analgésie par MEOPA et du bénéficeercu par l’ensemble des patients.

escription du bénéfice percu par les patientsn fonction de l’acte diagnostique ouhérapeutique

e bénéfice percu par les patients est décrit en fonctiones indications dans lesquelles le MEOPA a été utilisé. Cetteescription a été préférée à celle réalisée par service enaison du fait qu’au sein d’un même service des actes deatures très différentes étaient susceptibles d’être réalisés.

escription de l’opinion des personnelsoignants

’analyse statistique décrit l’opinion des personnels soi-nants sur les indications préférentielles d’utilisation duEOPA et son apport dans la facilitation des actes de soins.

éthodes statistiques et logiciel

es descriptions ont été réalisées par les éléments clas-iques : moyenne, écart-type, médiane et quartiles pour lesariables quantitatives, effectifs et pourcentages pour lesariables qualitatives, données manquantes. Les donnéesnt été saisies et analysées sur le logiciel SAS version 9.2.

ésultats

ilan de l’étude

es 75 services hospitaliers participant à l’étude ont inclus366 patients sur un effectif initialement prévu de 1 500,

oit un taux de réalisation de l’objectif de 91 %.Description des indications dans lesquelles le MEOPA a

té utilisé et du bénéfice percu par l’ensemble des patientsn = 1 366)

Les patients bénéficiant d’une analgésie inhalatoire parEOPA inclus dans l’étude étaient en proportion équiva-

ente des deux sexes (hommes : 50,7 %, femmes 49,3 %),e répartissaient dans toutes les classes d’âge avec une

rédominance dans la classe 51—70 ans (Fig. 1) et étaientospitalisés dans cinq types de services spécialisés : onco-ogie 32,5 %, dermatologie 24,8 %, gastroentérologie 21,9 %,rologie 13,6 % et pneumologie 7,2 %. Les indications dans
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118 A. Serrie et al.

45 %40.8 %

35 %

30 %

40 %

22.5 %

26.4 %

15 %

20 %

25 %

10.3 %

0 %

5 %

10 %

18-30 ans (n=139) 31-50 ans (n=302) 51-70 ans (n=549) 71 ans et plus (n=355)

F

le(d

mdtipd4qpf

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igure 1. Âge des patients.

esquelles le MEOPA a été utilisés sont illustrées sur la Fig. 2t font apparaître la prédominance de la détersion de plaies31,1 %), des biopsies (19,9 %), des gastroscopies (14,5 %) etes ponctions (10,5 %).

Plus de huit patients sur dix (85,4 %) avaient peur d’avoiral durant la réalisation de l’acte de soins en l’absence’analgésie, 37,1 % un peu peur, 20,7 % assez peur et 27,6 %rès peur. La rapidité de l’effet analgésique du mélangenhalé a été jugé assez rapide par 42,2 % des patients, rapidear 2 8,0 % et très rapide par 21,5 % et le souvenir gardée l’analgésie a été jugé assez bon par 21,3 %, bon par4,3 % et très bon par 27,5 % (Fig. 3). Seul 9,4 % ont jugéue l’analgésie n’était pas assez rapide et 6,9 % n’en ontas gardé un bon souvenir. 84,0 % n’ont pas été gênés par leait de devoir tenir le masque eux-mêmes.

Parmi ceux qui avaient déjà subi un actesimilaire sans analgésie, 7,9 % l’ont jugé moinsconfortable, 17,7 % ni plus ni moins confortable

(l(s

Détersion de plaie

10.5 %Ponc�on

Gastroscopie

Biopsie

5.5 %

6.6 %

7.7 %

Bronchoscopie

Myélogramme

Retrait de drain, mèche

0.8 %

4.7 %

5.5 %

Sclérose vasculaire

Pose de sonde

Colonoscopie

10 %5 %0 %

igure 2. Soin ou acte thérapeutique réalisé sous analgésie inhalatoir

et 74,4 % plus confortable (Fig. 4), et surl’ensemble des patients 91,5 % seraient

demandeurs d’une analgésie sous forme inhalées’ils doivent ou devaient subir à nouveau le

même acte invasif.

escription du bénéfice percu par les patientsn fonction de l’acte diagnostique ouhérapeutique

a Fig. 5 illustre le pourcentage des patients ayant trèseur en fonction de l’acte et nous présenterons les résul-ats du bénéfice percu par les patients de l’acte le plusedouté à celui le moins redouté : retrait de drain, mèche

n = 88), bronchoscopie (n = 58), pose de sonde (n = 55), myé-ogramme (n = 64), détersion de plaie (n = 358), ponctionn = 98), biopsie (n = 177), gastroscopie (n = 156) et colono-copie (n = 58).

31.1 %

14.5 %

18.9 %

35 %30 %25 %20 %15 %

e.

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Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patients (Étude Séréna) 119

44.4 %

35 %

40 %

45 %

50 %

21.3 %

27.5 %

20 %

25 %

30 %

6.9 %

5 %

10 %

15 %

0 %Pas bon (n=93) Assez bon (n=288) Bon (n=600) Très bon (n=372)

Figure 3. Souvenir gardé de l’analgésie sous forme inhalée.

50 %

44.3 %

34.5 %%35 %

40 %

45 %

32.7 31.7 %

26.6 % 26.5 %24.4 %

25 %

30 %

21.8 %

12.3 %15 %

20 %

0 %

5 %

10 %

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oscopie

pose de

sonde

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ponc�on

Biopsie

gastr

oscopie

Colonoscopie

Figure 4. Pourcentage de patients ayant très peur en fonction de l’acte.

Tableau 1 Rapidité de l’effet analgésique (anti-douleur) du mélange inhalé.

Non Assez rapidement Rapidement Très rapidement

Retrait de drain 17,0 38,6 25,0 19,3Bronchoscopie 8,6 51,7 17,2 22,4Pose de sonde 5,5 38,2 30,9 25,5Myélogramme 12,7 34,9 38,1 14,3Détersion de plaie 7,0 37,6 33,7 21,6Ponction 6,1 39,8 32,7 21,4Biopsie 8,6 40,0 22,3 29,1Gastroscopie 14,7 44,2 25,6 15,4Colonoscopie 15,8 52,6 24,6 24,6

Page 6: Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patients (Étude Séréna)

120 A. Serrie et al.

80 % 74.4%

60 %

70 %

30 %

40 %

50 %

7.9 %

17.7 %

10 %

20 %

0 %Moins confortable (n=53) Ni plus ni moins confortable (n=119) Plus confortable (n=500)

F effectué sans analgésie.

paitd(alp

Tableau 4 Comparaison par rapport à un acte antérieursimilaire effectué sans analgésie.

Moinsconfortable

Ni plus nimoinsconfortable

Plusconfortable

igure 5. Comparaison par rapport à un acte antérieur similaire

Dans ces différentes indications, et à quelques variantesrès qui seront commentées dans la discussion, les résultatsttestent de la rapidité de l’effet analgésique du mélangenhalé (Tableau 1), de la faible gêne induite par le fait deenir soi-même le masque lors de l’inhalation (Tableau 2),u bon souvenir gardé de l’analgésie sous forme inhalée

Tableau 3), du caractère plus confortable de l’acte sousnalgésie par MEOPA par rapport à un acte antérieur simi-aire effectué sans analgésie (Tableau 4) et du souhait desatients de réitérer à nouveau l’expérience d’un mélange

Tableau 2 Gêne induite par le fait de tenir soi-mêmele masque lors de l’inhalation.

Non Oui

Retrait de drain 80,7 19,3Bronchoscopie 86,8 13,2Pose de sonde 81,1 18,9Myélogramme 80,4 19,6Détersion de plaie 84,1 15,9Ponction 85,1 14,9Biopsie 81,0 19,0Gastroscopie 86,2 13,8Colonoscopie 88,1 11,9

Tableau 3 Souvenir gardé de l’analgésie sous formeinhalée.

Pasbon

Assezbon

Bon Trèsbon

Retrait de drain 5,7 25,3 42,5 26,4Bronchoscopie 17,5 14,0 47,4 21,1Pose de sonde 9,1 18,2 47,3 25,5Myélogramme 3,2 23,8 46,0 27,0Détersion de plaie 5,1 25,1 42,0 27,9Ponction 7,2 19,6 41,2 32,0Biopsie 6,2 18,1 46,9 28,8Gastroscopie 7,7 26,9 39,1 26,3Colonoscopie 10,5 17,5 49,1 22,8

Retrait de drain 15,6 25,0 59,4Bronchoscopie 10,0 20,0 70,0Pose de sonde 7,7 3,8 88,5Myélogramme 7,4 18,5 74,1Détersion de plaie 4,7 16,7 78,6Ponction 7,9 21,1 71,0Biopsie 8,1 15,1 76,8Gastroscopie 5,0 15,2 79,8

aa

Ds

Ds

Colonoscopie 12,5 20,8 66,7

nalgésique sous forme inhalée s’il devaient subir un nouvelcte diagnostic ou de soin invasif (Tableau 5).

escription de l’opinion des personnelsoignants

ans les 75 services participant à l’étude, 95,9 % des per-onnels connaissaient l’usage du MEOPA comme analgésique

Tableau 5 Souhait de réitérer à nouveau l’expérienced’un mélange analgésique sous forme inhalé.

Non Oui

Retrait de drain 5,7 94,3Bronchoscopie 7,1 92,9Pose de sonde 13,0 87,0Myélogramme 4,8 95,2Détersion de plaie 9,3 90,7Ponction 6,1 93,9Biopsie 6,3 93,8Gastroscopie 11,0 89,0Colonoscopie 10,7 89,3

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Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patients (Étude Séréna) 121

100.0 %100 %

98.6 %99 %

99 %

100 %

97.3 %

97 %

97 %

98 %

98 %

96 %

96 %

Pa�ents plus détendus sous Soins plus faciles sous Souhaitent con�nuer de MEOPA MEOPA proposer analagésie par

MEOPA

ux éq

ltc

dcLarocdlddgsdgpd

ddvâhdcddpatients et la faiblesse des effectifs des personnels.

Il serait d’ailleurs intéressant d’évaluer en termes médi-coéconomique le gain de temps pouvant découler d’actes

1 Papon B. Efficacité du mélange équimolaire protoxyde d’azote-

Figure 6. Opinion des soignants sur l’utilisation du mélange gaze

pour les soins ou petits actes thérapeutiques et 89,0 %étaient très favorables à une analgésie utilisant ce produitpour soulager la douleur des patients lors des soins. La dis-pensation du MEOPA était jugée facile (55,4 %) ou très facile(39,2 %) par 94,6 % des soignants. Parmi eux, 97,3 % considé-raient que les patients étaient plus détendus sous analgésieinhalatoire que sans, 98,6 % que les soins ou actes thérapeu-tiques étaient facilités et tous (100 %) voulaient continuerà la proposer aux patients lors des soins (Fig. 6). Quatre-vingt pour cent d’entre eux estimaient que cette méthoded’analgésie devrait être généralisée pour les soins/actesdouloureux tandis que seul 20 % pensaient qu’elle devraitêtre réservée à certains types de patients. Ces résultats sontstrictement superposables, quel que soient les services danslesquels exercent les personnels soignants et médecins.

Discussion

Cette étude observationnelle pharmaco-épidémiologiqueprospective conduite dans la pratique quotidienne de ser-vices utilisateurs en routine de MEOPA montrent qu’alorsqu’une grande partie des patients sont anxieux de souffrirlors des actes diagnostiques et de soins, 93,1 % en ont gardéun bon souvenir et 91,5 % seraient demandeurs à nouveaud’une analgésie inhalée s’ils devaient subir à nouveau lemême acte invasif. Plus encore, parmi ceux qui avaient déjàsubi un acte similaire sans analgésie, 74,4 % l’ont jugé plusconfortable sous MEOPA ce qui reflète le niveau d’apportobjectif de cette analgésie inhalée. Ces taux élevés de satis-faction sont en parfaite adéquation avec les perceptions dessoignants qui sont 97,3 % à considérer que les patients sontplus détendus sous analgésie inhalée, 98,6 % à penser qu’ellefacilite les actes diagnostiques et de soins et 100 % à souhai-ter continuer de la proposer aux patients. Ces chiffres trèsimportants recouvrent néanmoins les données de la littéra-ture et notamment les 89,0 % de patients satisfaits et les

94,2 % de soignants satisfaits relevés dans une étude obser-vationnelle conduite chez 102 patients cancéreux [5]. Destaux d’acceptabilité par les patients et par l’équipe soi-gnante supérieurs à 89,0 % ont également été relevés dans

odvm

uimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote (MEOPA).

e bras MEOPA d’une étude clinique, randomisée, multicen-rique en double insu sur 204 patients traités également enancérologie [6].

L’étude de l’apport du MEOPA dans les différents actesiagnostiques et de soins montre des résultats globalementomparables même si quelques variations sont relevées.’objectif n’était pas de comparer les résultats entre lesctes mais de disposer d’informations sur les différents acteséalisés et d’objectiver simplement s’il existait des actesù l’apport du MEOPA était discutable. Il ne semble pas queela soit le cas, ni en termes de rapidité de l’antalgie, niu souvenir gardé de l’analgésie ou du souhait de réitérer’utilisation d’un mélange gazeux sous forme inhalée lors’un prochain acte similaire qui ne descend pas en dessouse 87,0 % des patients. Les interrogations, concernant laêne induite par le fait que le patient doive tenir lui-mêmeon masque, apparaissent peu fondées et globalement moinse 20 % rapportent un inconfort lié à cette situation ; cetteêne étant la plus marquée lors du retrait d’un drain, de laose d’une sonde, de la réalisation d’un myélogramme ou’une biopsie.

Cette étude confirme aussi les résultats des études ran-omisées conduites sur l’intérêt du MEOPA lors des actes’endoscopie digestives1 [7], de la mise en place d’accèseineux [8], de la détersion des plaies ulcéreuses des sujetsgés [2], des fibroscopies bronchiques [9,10], des biopsiesépatiques [11] ou prostatiques transrectales [12]. Elle tra-uit ainsi que les résultats obtenus dans des conditionsontrôlées sont transposables à la pratique quotidiennees établissements de soins marquée, notamment par unéséquilibre de plus en plus important entre l’afflux des

xygène (MEOPA) sur la tolérance de la fibroscopie oeso-gastro-uodénale : essai randomisé, en groupes parallèles, en double insu,ersus placebo. Journée Francophones de pathologies digestives, 12ars 2008.

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ont la réalisation technique est facilitée par des patients’autant plus coopératifs qu’ils appréhendent et ressententoins la douleur de l’acte. Une telle étude a déjà été sug-

érée dans un travail conduit en cancérologie [6] et pourraittre extrapolée à l’ensemble des principaux services où leEOPA est utilisé afin de démontrer que la généralisation de

’utilisation du MEOPA est justifiée tant sur le plan éthiqueour le confort des soins que sur le plan économique en per-ettant une meilleure gestion des ressources en personnel

oignant.

onclusion

ette étude observationnelle conduite dans les principauxervices où le MEOPA est utilisé confirme l’intérêt tant poures patients que pour les soignants d’une analgésie inhalée,lobalement et dans les principaux actes diagnostiques ete soins douloureux réalisés.

Sa généralisation contribuerait à une meilleure prise enharge de la douleur et pourrait contribuer à une opti-isation coût/efficacité des ressources en personnel en

éduisant la durée et la difficulté des actes diagnostiquest de soins douloureux pour les patients.

éclaration d’intérêts

. Serrie, président fondateur de Douleurs sans frontières,éclare que cette étude d’Air liquide santé a permis de sou-enir des actions humanitaires de Douleurs sans frontières.

F. Allaert a déclaré les conflits d’intérêts ci-dessous :propriétaire, dirigeant, employé, participation à unorgane décisionnel d’une entreprise : Cenbiotech ;essais cliniques : en qualité d’investigateur principal,coordonnateur ou expérimentateur principal : chaired’évaluation médicale ;essais cliniques : en qualité de co-investigateur, expéri-mentateur non principal, collaborateur à l’étude : chaired’évaluation médicale ;conférences : invitations en qualité d’auditeur (frais dedéplacement et d’hébergement pris en charge par uneentreprise) : chaire d’évaluation médicale.

Les autres auteurs n’ont pas transmis leurs conflits’intérêts.

nnexe 1. Questions de la fiche’enquête lors de la réalisation de l’acteiagnostique ou thérapeutique sousEOPA.

viez-vous peur d’avoir mal durant la réalisation de l’actee soins en l’absence d’« analgésie » ?

Pas du tout peur

Un peu peur

Assez peur

A. Serrie et al.

Très peur

Avez-vous rapidement ressenti l’effet analgésiqueanti-douleur) du mélange inhalé ?

Non

Assez rapidement

Rapidement

Très rapidement

Lors de l’inhalation, le fait de tenir vous-même leasque vous a-t-il gêné ?

Oui

Non

Globalement, quel souvenir gardez-vous de l’analgésieous forme inhalée ?

Pas bon

Assez bon

Bon

Très bon

Si vous avez déjà subi un même acte ou un acte simi-aire sans « analgésie » diriez-vous que cette fois c’était :

Mois confortable

Ni mois ni plus confortable

Plus confortable

Pas d’expérience antérieure

Souhaiteriez-vous bénéficier d’un mélange analgé-ique sous forme inhalée à nouveau ?

Oui

Non

éférences

[1] Capriz-Ribiere F, Boulahssass R, Brocker P. Une expériencepratique du service concernant les soins douloureux chez lesdéments. Revue de Gériatrie 2008;33:737—42.

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Analgésie inhalatoire : expérience et soulagement des patie

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Étude Séréna) 123

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