Upload
builiem
View
221
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 45
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN
COTE D’IVOIRE
DIBI KANGAH Pauline Agoh1, MIAN Kodjenini Augustin
2
1. Institut de Géographie Tropicale
Université Félix Houphouët Boigny-Côte d’Ivoire, E-mail : [email protected]
2. Ingénieur en agrométéorologie, Direction de la Météorologie Nationale
(SODEXAM)-Côte d’Ivoire, E-mail : [email protected]
RESUME
Avec 40% de la production mondiale, la Côte d’Ivoire est premier
producteur et exportateur de cacao. Cependant, cette production subit une
fluctuation interannuelle et le climat en est un facteur essentiel. Une analyse
agroclimatique s’avère nécessaire pour connaître les facteurs susceptibles
d’influencer les phases de floraison et déterminer les zones favorables à la cacao-
culture. En effet, les défis agroclimatiques tiennent compte des incertitudes liées à
l’irrégularité des pluies, aux extrêmes thermiques, d’humidités et d’insolation. Pour
se faire, les données de 32 stations situées en Côte d’Ivoire forestière et couvrant la
période 1971-2000 ont été analysées à partir d’une méthodologie à la fois qualitative
et quantitative.
Les résultats révèlent l’existence de séquences sèches durant les périodes de
floraison du cacaoyer. En outre, les probabilités d’apparition de séquences sèches ≤
20 jours sont supérieures à 70%, et celles dépassant 90 jours sont nulles. Par ailleurs,
les stations d’Abengourou et Oumé, où les séquences sèches sont plus longues, ont
été retenues pour évaluer le bilan hydrique et le niveau de satisfaction des besoins en
eau. Les stations de Dimbokro, Gagnoa et Daloa présentent des valeurs élevées de
températures (33,5°C), d’humidité (80%) et d’insolation (4h/jour) qui sont négatives
pour le cacaoyer. Les coefficients de corrélation indiquent que dans la région de
Daloa, le rendement du cacaoyer est influencé par l’insolation et la pluviométrie. Par
contre à Gagnoa, il est plus dépendant de l’insolation et de la température. En
conclusion, Divo, Gagnoa, Nord San-Pédro et Taï sont plus propices à la cacao-
culture.
Mot clés : analyse agroclimatique, cacao-culture, zone cacaoyère, Côte d’Ivoire
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 46
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
ABSTRACT
Agro-climatic analysis of the cocoa-plantation area in côte d’ivoire
Côte d’Ivoire is the largest producer and exporter of cocoa beans with 40% of the
world production. However, this productivity fluctuates annually due to climatic
influences. In order to determine factors impacting the flowering phases, and
identify suitable areas for planting cocoa, an agroclimatic analysis was undertaken.
In fact, agroclimatic challenges to the production of cocoa beans include
uncertainties associated with erratic rainfall, extreme humidity and temperature, as
well as hours of sunshine. Grounded on quantitative and qualitative analyses, this
study used 1971-2000 data from 32 weather stations covering the forest area of Côte
d'Ivoire.
The results reveal periods of dry spells during the flowering phase of plant.
Furthermore, the probability of dry spells ≤ 20 days is 70% and that of up to 90 days
is zero. In addition, due to the fact that dry spells are longest in Oumé and
Abengourou, these regions were selected to evaluate the water balance and the level
of water needs for cocoa. The weather stations in Dimbokro, Gagnoa, and Daloa
reveal high levels of temperature (33.5°C), humidity (80%) and hours of sunshine
(4h/day), which negatively impact cocoa production. Multiple regression analysis
indicates that while the Daloa region, cacao yield is affected by hours of sunshine
and rainfall, in the Gagnoa region; it depends on hours of sunshine and temperature.
Finally, the conclusions are that Divo, Gagnoa, North San Pedro, and Taï are the
most favorable for cocoa farming.
Keywords: agroclimatic analysis, cocoa farming, cocoa region, Côte d’Ivoire
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 47
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
INTRODUCTION
Avec une contribution de près de 15% du Produit Intérieur Brut (PIB),
le cacao participe à l’essor économique de la Côte d’Ivoire (MINAGRI,
1997). Le succès du cacao est lié aussi bien aux conditions écologiques
propices du Sud forestier (pluviométrie annuelle moyenne supérieure à 1300
mm), qu’à la recherche agronomique (Braudeau, 1969 ; Liabeuf, 1980 ; Dibi
Kangah, 2010). En effet, comme les facteurs écologiques, biologiques et
physiques, les paramètres climatiques (pluviométrie, température,
rayonnement solaire, humidité) peuvent avoir une influence non négligeable
sur la phénologie et le rendement du cacaoyer. Dian (1978) et Lachenaud
(1987, 1992) révèlent que le cacaoyer a besoin d’un climat chaud et humide.
De ce fait, cette plante exige les conditions écologiques optimales suivantes :
une pluviométrie annuelle (≥ 1300 mm), bien répartie et des jours
secs < 3 mois ;
une température moyenne journalière de 24 à 28°C ;
une humidité relative de 80 à 90% ;
une durée d’insolation journalière > 4 heures ;
un sol profond, aéré et drainé, riche en argile et humus.
Bien que le Sud forestier soit propice à ces conditions écologiques, la
production cacaoyère connaît une variabilité interannuelle importante au
cours de ces récentes années. Cela pourrait être due non seulement au
vieillissement des vergers mais aussi, au climat. En effet, à l’instar de
l’Afrique de l’Ouest, les variabilités climatiques du Sud forestier ivoirien se
traduisent par une diminution des pluies annuelles (Servat et al., 1996, 1997 ;
Dibi Kangah, 2010 ; Dibi Kangah et al., 2012 ; Dibi Kangah, 2015). Cette
étude vise donc à comprendre les facteurs agroclimatiques susceptibles
d’influencer le développement et le rendement du cacaoyer. Dès lors, les
analyses ont permit de déterminer des :
séquences sèches (pauses pluviométriques) au cours des périodes
de floraison du cacaoyer et estimer leurs probabilités
d’apparition ;
extrêmes climatiques de températures, insolation, humidité ;
corrélations entre le rendement du cacaoyer et les paramètres
climatiques (pluviométrie, insolation, température de l’air,
humidité relative) ;
début, fin et longueur de la saison agricole ;
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 48
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
1. MATERIEL ET METHODE
L’approche méthodologique adoptée est à la fois qualitative et
quantitative. L’analyse qualitative se base sur une bibliographie décrivant la
physiologie du cacaoyer. Les documents consultés ont permis de comprendre
l’historique, la botanique, le but de la culture et les exigences écologiques de
la plante. L'étude quantitative ou statistique a pris en compte les phases
végétatives et reproductives du cacaoyer, en rapport avec les paramètres
météorologiques, ces derniers influencent l’écologie de la plante. Les
analyses agroclimatiques ont déterminé les séquences sèches, leurs
probabilités d’apparition ; les relations climat-rendement et les zones
agroclimatiques propices à la culture du cacaoyer.
Les paramètres météorologiques (pluviométrie, température, humidité
et insolation) utilisés proviennent de la Direction de la Météorologie
Nationale de Côte d’Ivoire. Ils permettent de vérifier les exigences
écologiques optimales du cacaoyer. Ces paramètres sont issus de 32 stations
(sept synoptiques et 25 postes pluviométriques) et couvrent la période 1971-
2000. Les stations choisies sont installées dans le Sud forestier et assurent
une couverture météorologique assez uniforme. Les statistiques agricoles des
départements administratifs de la zone étudiée, quant à elles, ont été obtenues
à la Division des Statistiques Agricoles (DSA). Ces données portent sur les
surfaces cultivées et les productions du cacao de 1971 à 2000. Les
rendements ont été calculés sur la base des valeurs de superficies et de
productions.
2. TRAITEMENT DES DONNEES
Le cacaoyer est une plante ombrophile très sensible à un déficit
hydrique. Ainsi, la détermination de séquences sèches et leurs probabilités
d’apparition s’avèrent importantes. Pour chaque station, il s’agit de
déterminer les pauses pluviométriques > 20, 30, 60 et 90 jours survenant
pendant les périodes de floraison et de récoltes du cacaoyer. Leurs
probabilités d’apparition sont également estimées. Ensuite, les bilans
hydriques pendant la floraison (avril-juillet) sont établis en appliquant les
méthodes de Frère et Popov (1987). Enfin, l’impact de la durée des séquences
sèches sur le rendement du cacaoyer est analysé.
En outre, l’analyse des coefficients de corrélation a permis d’expliquer
les relations climat-rendement du cacaoyer de 1971 à 2000. Ce pas temporel est
conforme à la disponibilité des données agricoles. Il faut noter que le choix du
rendement est dû au fait qu’il intègre à la fois les superficies et productions tout en
reflétant les défis agroclimatiques (Dibi Kangah, 2010). Le rendement (variable
dépendante) est comparé au cumul pluviométrique (variable explicative)
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 49
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
d’avril-juillet. Cette fourchette mensuelle coïncide avec la grande saison
pluvieuse et sa sélection se justifie par :
les pluies d’avril-juillet déclenchent la première floraison
cacaoyère ;
la récolte principale dépend plus des pluies d’avril-juillet que
celles de septembre-novembre qui déclenchent plutôt la deuxième
floraison (récolte intermédiaire) ;
la récolte intermédiaire ne représente que 10% des totaux annuels
(FAO, 2001).
Les rendements du cacaoyer ont été également confrontés aux
températures moyennes extrêmes (< 24°C et > 28°C) pour évaluer la réussite
de floraison. Puis ils ont été corrélés au cumul d’insolation pour vérifier que
la durée journalière est d’environ 4 heures (floraison maximale). Enfin, les
rendements ont été confrontés à l’humidité moyenne mensuelle pour observer
la photosynthèse, l’évapotranspiration et l’assèchement des feuilles. Les
coefficients de corrélation permettent de voir si le rendement est influencé
par une seule (pluviométrie) ou plusieurs (température, humidité et
insolation) variables explicatives.
Par ailleurs, la délimitation des régions propices à la cacao-culture
s’est faite à partir des indices de satisfaction des besoins en eau (Frère et
Popov, 1987), séquences sèches, cumuls pluviométriques saisonniers et de la
longueur de la saison pluvieuse. Les variations interannuelles ont pris en
compte les potentialités permettant au cacaoyer d’évoluer dans des conditions
optimales comme :
l’indice de satisfaction des besoins en eau de 95 à 100% ;
la longueur de la saison des pluies ≥ 120 jours (quatre mois) ;
le cumul pluviométrique de la première saison de pluie > 700
mm ;
les séquences sèches ≤ 20 jours.
L’indice de Frère et Popov (1987) donne le taux de satisfaction des
besoins en eau et permet d’apprécier l’impact de la variabilité
pluviométrique. Le tableau 1 permet de faire un rapport entre l’indice , le
pourcentage de rendement optimum et l’alimentation hydrique.
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 50
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
Tableau 1 : Rapport entre indice et pourcentage de rendement optimum
Indice (%) % de rendement optimum
pris 3/10 ans
Qualification du point de vue
alimentation hydrique
100 > 100 Très bon
95-99 90-100 Bon
80-94 50-90 Moyen
60-79 20-50 Médiocre
50-59 10-20 Mauvais
< 50 < 10 Echec complet
Source : FAO, 2001
En outre, la longueur (différence entre début et fin) de la saison
pluvieuse a été définie en tenant compte du critère suivant : la première
saison commence, si à partir du 1er
mars elle enregistre des pluies ≥ 20 mm
en un ou deux jours consécutifs sans épisodes secs > 10 jours dans les 30
jours qui suivent. Elle prend fin, si à partir du 15 juillet, le bilan hydrique ≤
0,05, indice de sécheresse d’un milieu écologique hyper-aride (Diomandé et
al., 2014).
3. RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1. Environnement agroclimatique du cacaoyer
La figure 1 illustre les variations moyennes de température et
d’insolation. Elle montre que les besoins thermiques et d’ensoleillement sont
accentués pendant la phase de reproduction du cacaoyer. Les valeurs sont
plus élevées en mars et avril, correspondant à la floraison. Les plus faibles
valeurs sont enregistrées vers la fin de la première saison pluvieuse (juillet) et
le début de la petite saison sèche (août) qui équivalent à la phase de
fructification de l’arbre et de maturité complète de la cabosse. Il y a une
augmentation de la température et de l’insolation moyennes à partir de
septembre. Partant, la figure 1 est en adéquation avec les conditions
thermiques et solaires optimales du cacaoyer telles que décrites par Dian
(1978) et Lachenaud (1987, 1992). En effet, le cacaoyer exige une
température moyenne journalière de 24 à 28°C et une durée d’insolation
journalière > 4 heures.
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 51
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
Figure 1 : Variation des moyennes mensuelles de température et d’insolation
La figure 2 informe sur l’évolution des pluies annuelles de 1971 à
2000. Elle dévoile une importante variation interannuelle par rapport à une
normale pluviométrique de 1144 mm. Les plus faibles valeurs (< 1300mm)
sont en 1981, 1983 1991 et les plus élevées (> 1300mm) sont en 1971, 1980,
1987, 1995 et 1999. Ceci corrobore les résultats de Servat et al., (1997) et
Dibi Kangah (2010), leurs travaux ont révélé une forte variabilité
pluviométrique en Côte d’Ivoire. Cette variation des pluies est caractérisée
par des phases successives d’excédents et de déficits pluviométriques par
rapport à une période de référence d’au moins 30 années.
Figure 2 : Variation interannuelle des cumuls pluviométriques
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 52
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
En outre l’analyse des cumuls pluviométriques et d’humidité (figure
3) révèle que la saison pluvieuse s’installe vers début mars et se prolonge
jusqu´en octobre, voire mi-novembre (Dibi Kangah, 2010 ; Dibi Kangah et
al., 2012). Les quantités les plus élevées de pluies (> 1300 mm) sont
enregistrées en avril-juin pendant la première saison des pluies et en
septembre durant la deuxième saison pluvieuse. L’humidité relative (> 80%)
y est également élevée. Ces mois correspondant à la phase du développement
reproductif et végétatif du cacaoyer, les exigences de pluviométrie annuelle
abondante et d’humidité relative de 80 à 90% sont donc satisfaites
(Dian, 1978 ; Lachenaud, 1987, 1992). En effet, les racines latérales du
cacaoyer sont sensibles au déficit hydrique et le taux élevé d’humidité
relative accroît la photosynthèse, l’évapotranspiration et évite l’assèchement
des feuilles.
Figure 3 : Cumuls mensuels pluie/humidité relative lors du développement
du cacaoyer
3.2. Analyse des séquences sèches et leurs probabilités
d’apparition
La figure 4 montre la distribution spatiale des séquences sèches
pendant les floraisons du cacaoyer. L’axe passe progressivement de faibles
(Man et Tabou) à de longues valeurs de séquences sèches sur la majeure
partie de l’Est (Abengourou, Agnibilékrou, Zaranou).
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Flo
rais
on
/fru
ct
Dvp
t vég
état
if
Dvp
t vég
état
if
Déb
ut F
lo
Flo
rais
on
Flo
rais
on
/fru
ct
Flo
rais
on
/fru
ct
Mat
uri
té
Dvp
t vég
état
if
Dvp
t vég
état
if
Déb
ut F
lo
Flo
rais
on
Jan Fev Mars Avril Mai Juin Juillet Aôut Sept Oct Nov Déc
Hum
idit
é re
lativ
e (%
)
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
Plu
viom
étri
e m
ensu
elle
(mm
)
P HR
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 53
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
Figure 4 : Durée de séquences sèches (floraison du cacaoyer) en jours
Figure 5 : Probabilités d’apparition de séquences sèches > 20 jours
(floraison)
En outre, la figure 5 révèle que les probabilités d’apparition de
séquences sèches sont de 93 à 96% à Yamoussoukro, Akoupé et Adzopé. Elles
sont de 89 à 93% à Daoukro et Bouaflé tandis que ces probabilités sont de 39
à 50% à Abengourou, Agnibilékrou et Bongouanou.
Les résultats des durées de séquences sèches et ceux des probabilités
d’apparition de séquences sèches montrent un zonage agroclimatique. Ils
révèlent que les régions favorables à la cacao-culture ont migré de l’Est à
l’Ouest de la Côte d’Ivoire tel que démontré par Tahoux (1993), MINAGRI
(1997) et Dibi Kangah (2015).
-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -24
5
6
7
8
9
10
11
Abengourou
Abidjan Adiaké
AdzopéAgboville
Agnibilékrou
Akoupé
BakandaAlepé
Bianouan
Bingerville
Bongouanou
BouafléDaloa
Daoukro
Dimbokro
Divo
Gagnoa
Grabo
Guiglo
Gueyo
Man
Oumé
SanPédro
Sinfra
Soubré
Tabou
Taï
Toulepleu
Vavoua
Yamoussoukro
Zaranou
25
30
35
40
45
50
55
60
65
70
75
80
85
90
95
100
%
Abengourou
Abidjan Adiaké
Adzopé
Agboville
Agnibilékrou
Akoupé
BakandaAlepé
Bianouan
Bingerville
Bongouanou
BouafléDaloa
Daoukro
Dimbokro
Divo
Gagnoa
Grabo
Guiglo
Gueyo
Man
Oumé
SanPédro
Sinfra
Soubré
Tabou
Taï
Toulepleu
Vavoua
Yamoussoukro
Zaranou
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Longueur de Jours
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 54
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
3.2.1 Analyse de longueur de séquences sèches à Abengourou et
Oumé
L'étude a été faite pour toutes les localités du Sud forestier ; mais
l’accent est mis sur Abengourou et Oumé (Tableau 2 et 3) parce que ces
régions Est et Centre-est enregistrent les plus longues séquences sèches
pendant les deux floraisons du cacaoyer. Le tableau 2 montre qu’Abengourou
affiche en moyenne des longueurs minimales (2-4 jours) et maximales (37-82
jours) de séquences sèches respectivement pendant les première (avril–juillet)
et deuxième floraisons (novembre-janvier) du cacaoyer. L’analyse révèle
aussi les observations suivantes :
20% de séquence sèche de 33 à 100 jours s’installent pendant la
deuxième floraison.
50% de séquences sèches de 5 à 87 jours apparaissent durant la
première floraison
quatre années sur cinq (80%), une période sèche de 27 à 71 jours
s’installe pendant la deuxième floraison.
En outre, les probabilités d’apparition > 20 et ≤ 30 jours sont
respectivement de 33 à 100%, et de 12 à 97%. Ces résultats dévoilent
également que les risques de longues séquences sèches sont très élevés à
Abengourou, dans l’Est ivoirien. Cet état de fait est aussi à l’origine du
déplacement de la boucle du cacao vers l’Ouest de la Côte d’Ivoire.
Tableau 2 Analyse statistique de longueur de séquences sèches (jours) à
Abengourou
Première floraison
(Avril-Juillet)
Deuxième floraison (Nov. –
Jan.)
Minimum 2 – 4 6 – 26
Maximum 10 – 30 37 – 82
Nombre d'observation. 30 30
20% 3 – 6 7 – 34
50% 5 – 87 14 – 47
80% 6 – 12 27 – 71
Probabilité (P) d'apparition des séquences sèches (%)
P > 20 jours 0 – 3 33 – 100
P > 30 jours 0 – 3 12 – 97
P > 60 jours 0 0 – 28
P > 90 jours 0 0
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 55
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
Tableau 3 : Analyse statistique de longueur de séquences sèches (jours) à
Oumé
Première floraison
(Avril-Juillet)
Deuxième floraison (Nov. –
Jan.)
Minimum 2 – 5 5 – 9
Maximum 12 – 39 42 – 101
Nombre d'observation. 30 30
20% 4 – 7 9 – 19
50% 6 – 10 14 – 34
80% 9 – 15 19 – 54
Probabilité (P) d'apparition des séquences sèches (%)
P > 20 jours 0 – 7 13 – 73
P > 30 jours 0 – 3 3 – 23
P > 60 jours 0 0 – 3
P > 90 jours 0 0
Le tableau 3 décrit qu’à Oumé, alors que les longueurs minimales de
séquences sèches (2-5) sont observées pendant la première floraison, les
maximales (42-101) se localisent pendant la deuxième floraison (novembre-
janvier) du cacaoyer. En outre, leurs probabilités d’apparition > 20 jours vont
de 13 à 77%. L’analyse révèle aussi que pendant la deuxième floraison du
cacaoyer :
une année sur cinq (20%), une période sèche de 9-19 jours s’installe.
une année sur deux, une période sèche de 14-34 jours apparait.
quatre années sur cinq (80%), une période sèche de 19-54 jours
s’installe.
Ces résultats dévoilent également que les risques de longues séquences
sèches sont très élevés à Oumé. Le Centre-est ivoirien subit aussi une
migration de la cacao-culture vers l’Ouest.
3.2.2. Bilan hydrique climatique à Abengourou et Oumé
La figure 6 montre que pour Abengourou, la période humide s’étend
des décades 9 à 12, puis des décades 16 à 19. Bien que la floraison s’étende
des décades 9 à 21, les besoins hydriques du cacaoyer ont été satisfaits.
Cependant, l’interruption des pluies aux décades 13 à 15 risque de ralentir la
formation et le développement des fruits. Ceci peut produire des petites fèves
moins riches en beurre. Toutefois, les excédents des décades 16 à 19
permettent au cacaoyer de poursuivre le remplissage des cabosses et
d’entamer la phase de maturité dans un confort hydrique (Diomandé et al.,
2014). Par contre, les autres décades sont restées déficitaires jusqu’à la fin du
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 56
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
cycle de la plante et les besoins hydriques ont été insatisfaisants. Dans
l’ensemble, cette situation est tout de même favorable au renouvellement de
l’appareil foliaire avec des poussées végétatives auxquelles succèdent des
poussées florales (Dian, 1978 ; Lachenaud, 1987, 1992). En somme, le bilan
hydrique est globalement satisfaisant malgré le léger stress hydrique.
L’indice pluviométrique est donc favorable à la production de 1998 à
Abengourou.
Figure 6 : Evolution de la pluviométrie et de l’ETP décadaires à Abengourou
(1998)
La figure 7 montre qu’à Oumé, la période humide s’étend des décades
15 à 20. Les décades 9 à 14 sont déficitaires. La floraison qui couvre les
décades 9 à 21 commence dans des conditions hydriques difficiles car les
quantités pluviométriques des décades 9 à 14 ne sont pas suffisantes (≤ 50
mm). Ces déficits contribuent à ralentir la formation et le développement des
fruits, et conduire à l’avortement des jeunes fruits. Le renouvellement de
l’appareil foliaire et les poussées végétatives auxquelles succèdent les
poussées florales sont donc contrariés. Cependant, les excédents des décades
16 à 20 permettent au cacaoyer de poursuivre la phase de remplissage des
cabosses et d’entamer la maturité dans un confort hydrique. La formation et
le développement des fruits qui se sont produits dans un stress hydrique ont
généré des petites fèves, moins riches en beurre (Dibi Kangah, 2015). Le
bilan hydrique globalement déficitaire entrevoit un indice défavorable à la
production. En effet, le rendement de 1998 a baissé d’environ 35% par
rapport à 1997. Le cumul des pluies (novembre-décembre 1997 et janvier
1998) enregistre un stress hydrique très sévère et certainement une
défoliation prononcée des plantes.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
120
130
140
150
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36
Décade
Hau
teur
(m
m)
ETP P ETP/2
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 57
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
Figure 7 : Evolution de la pluviométrie et de l’ETP décadaires à Oumé (1998)
3.3. Corrélation entre le rendement et la longueur des séquences
sèches
Les figures 8 et 9 illustrent les rapports entre le rendement du cacaoyer
et les séquences sèches à Abengourou et Oumé. Bien que de façon générale,
les rendements baissent au fur et à mesure que les séquences sèches
s’allongent (Dibi Kangah, 2010), la corrélation entre le rendement et la
longueur des séquences sèches n’est pas statistiquement significative au seuil
de 5% (Abengourou : R_lu (0,34) > R_calculé (0,32) ; Oumé : R_lu (0,34) >
R_calculé (0,24). Ceci explique que les séquences sèches à elles seules n’ont
pas un impact majeur sur le rendement du cacaoyer. Par conséquent, il
s’avère opportun de confronter le rendement aux paramètres météorologiques
de température, d’insolation et d’humidité qui contribuent aussi aux
exigences écologiques de la plante (Dian, 1978 ; Lachenaud, 1987, 1992).
Figure 8 : Relation rendement cacaoyer/longues séquences sèches à
Abengourou
Figure 9 : Relation rendement cacaoyer/longues séquences sèches à Oumé
y = -0.8182x + 557.11 R2 = 0.0564 , R = 0.237
0
100
200
300
400
500
600
700
800
0 20 40 60 80 100 120
Ren
dem
ent
(Kg
/ha
)
Longueur des séquences sèches (jour)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36
Décade
Hau
teur
(mm
)
ETP P ETP/2
y = -1.8393x + 546.94
R2 = 0.1028
0
100
200
300
400
500
600
700
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Longueur des séquences sèches (jour)
Ren
dem
ent
(Kg/
ha)
R = 0.32
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 58
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
3.3. Analyse des températures
3.4. Analyses des paramètres de température, insolation et
humidité
Les températures renseignent sur les processus physiologiques telles
que les poussées foliaires et la photosynthèse. Une température moyenne
journalière de 24 à 28°C contribue a la réussite de la floraison du cacaoyer
(Dian, 1978 ; Lachenaud, 1987, 1992). Dans le Sud forestier, les
températures maximales (31-33,5°C) ont été inventoriées. Les probabilités de
dépasser 33,5°C sont de 100% avant les pluies. Pendant la saison pluvieuse,
elles baissent de 100 à 87%, voire 30%. Par contre, à la fin de la saison
humide, l’accroissement est graduel. Le tableau 4 présente à titre
d’illustration, les résultats de Dimbokro (département très chaud) où les
probabilités > 31°C sont de 100% pendant toute l’année ; et la réussite de
floraison du cacaoyer y est difficile. A Gagnoa et Daloa, les probabilités >
31°C sont de 100% en janvier-juin et septembre-décembre. Les probabilités
de relativement faibles températures varient de un à deux mois. Les
températures moyennes ≥ 24°C et ≤ 28°C ont été calculées. Les probabilités
de températures > 28°C sont de 100% en janvier-mai. Elles baissent jusqu’à
50% en juillet-septembre (Daloa) et juillet (Gagnoa). Les probabilités de
températures < 24°C sont en dessous 100% tout au long de l’année. Au début
de la saison des pluies, ces valeurs passent de 100 à 50%, voire moins. Par
ailleurs, les probabilités de températures < 10°C sont non significatives
(moins de 10%) pendant toute l’année sauf en novembre (Gagnoa) et
décembre (Daloa). En outre, les probabilités de températures < 15°C sont
également insignifiantes sauf en décembre (< 50%) et janvier (70%). Cela est
lié à l’installation de l’harmattan ou alizé continental du nord-est (décembre-
février) dans le Sud forestier (Dibi Kangah et al, 2015).
Tableau 4 : Analyse statistique de températures (°C) minimales, maximales et
moyennes
Dimbokr
o Jan
Fév
.
Ma
rs
Avr
.
Ma
i Juin Juil. Août Sept Oct.
No
v.
Dé
c.
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 59
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
Minimu
m
35,
4
37,
2
36,
4 36
35,
2 33,8 32,1 31,6 32,4 32,8
32,
6 33
Maximu
m
39,
9 40
40,
3
39,
5
38,
2 35,5 39,5 36,2 35 35,8
36,
4
37,
2
Moyenne
37,
0
38,
4
38,
1
37,
2
36,
3 34,8 33,6 33,5 33,8 34,0
34,
5
35,
0
Probabilité (P) de dépasser certains seuils (%)
P > 31°C 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
P >
33,5C 100 100 100 100 100 100 27 47 60 67 87 87
En outre, les durées d’insolation journalière ≤ 3-4 heures ont été
générées (Tableau 5). Les résultats montrent qu’elles ont baissé
considérablement. Les durées minimales sont faibles. Les plus basses sont en
juin-août (grande saison pluvieuse) et les plus élevées en janvier-mars
(grande saison sèche). Les probabilités de durée ≤ 3-4 heures sont de 53 à
100% avec les plus faibles valeurs en novembre-février (harmattan). Cela est
un facteur limitant pour la cacao-culture parce que Dian (1978) et Lachenaud
(1987, 1992) notent qu’une floraison maximale exige une durée d’insolation
journalière > 4 heures.
Tableau 5 : Analyse statistique de l’insolation (heure)
Dimbokro Jan Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct. Nov. Déc.
Minimum 0 0 0 0 0,1 0 0 0 0 0 0 0
Maximum 5 5,4 4,2 2,3 4 1,1 0,5 0,3 0,6 2,1 4,5 3,4
Etendu 5 5,4 4,2 2,3 3,9 1,1 0,5 0,3 0,6 2,1 4,5 3,4
Moyenne 2,2 2,6 0,6 0,6 1,4 0,3 0,1 0,1 0,3 0,9 2,4 1,5
Ecart-type 1,6 1,4 1,2 0,9 1,1 0,4 0,2 0,1 0,3 0,7 1,4 1,2
Coef de var. 72% 52% 203% 138% 81% 133% 193% 111% 102% 72% 58% 82%
Probabilité (P) de dépasser certains seuils (%)
P ≤ 3 heures 80 53 93 100 93 100 100 100 100 100 67 93
P ≤ 4 heures 87 93 93 100 100 100 100 100 100 100 87 100
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 60
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
Enfin, l’humidité relative examine la vitesse des processus physiologiques.
Une humidité relative de 80 à 90% accroît la photosynthèse,
l’évapotranspiration et évite assèchement des feuilles (Dian, 1978 ;
Lachenaud, 1987, 1992). Partant, les probabilités d’humidité moyenne ≤ 80%
ont été calculées. Les valeurs minimales sont > 50% tandis que les valeurs
maximales sont > 70%, et les valeurs moyennes sont > 60%. Les probabilités
d’une humidité moyenne > 80% sont nulles (Tableau 6). Par conséquent, le
critère écologique de valeur d’humidité relative de 80 à 90% est rarement
atteint dans le Sud forestier.
Tableau 6 : Analyse statistique de l’humidité (%)
Gagnoa Jan Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct. Nov. Déc.
Mini 52,5 53,5 59 70 70,5 75,5 74,5 70 71,5 71 67,5 59
Maxi 74 67,5 71 76,5 80,5 79,5 79 80,5 80,5 77,5 79 76,5
Etendu 21,5 14 12 6,5 10 4 4,5 10,5 9 6,5 11,5 17,5
Moyenne 60,0 59,5 66,6 73,0 75,0 77,9 77,0 75,5 76,3 75,7 74,2 65,6
Probabilité (P) de dépasser certains seuils (%)
P ≤ 80% 100 100 100 100 93 100 100 93 93 100 100 100
3.5. Relations climat-rendement
L’objectif est de déterminer les facteurs explicatifs du rendement du
cacaoyer de 1971 à 2000. Il s’agit d’analyser les relations avec le cumul
pluviométrique saisonnier (avril-juillet), puis de voir l’impact de l’insolation
journalière, celui des températures (mars-avril) et enfin le rapport avec
l’humidité moyenne d’août. Le calcul du coefficient de corrélations vérifie
les relations entre ces cinq variables. Cette technique examine les variables
rendement et météorologique qui évoluent dans le même sens ou dans le sens
opposé. Tableau 7 présente un exemple des résultats.
Tableau 7 : Matrice des corrélations à Daloa et Gagnoa
Cumul
Pluie
Cumul
Insolation Température
Humidité
Moyenne
Rendement
Daloa 0,25 -0,17 -0,01 0,00
Rendement
Gagnoa 0,01 -0,41 0,30 0,14
Le tableau 7 révèle qu’à Daloa, le rendement est corrélé positivement
au cumul pluie et négativement au cumul insolation. Cela signifie que plus il
pleut, plus le rendement croît mais dans des proportions moindres (25%). Par
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 61
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
contre, plus le cumul insolation est élevé, plus le rendement décroît (-17%).
Les corrélations température-rendement et humidité-rendement sont nulles ;
ce qui signifie que ces deux variables ont un rôle insignifiant sur le
rendement du cacaoyer à Daloa. A Gagnoa, le tableau 7 montre également
que les températures et le cumul d’insolation jouent un rôle prépondérant
dans le rendement du cacao qui est corrélé positivement à la température et
négativement au cumul insolation. Plus les températures sont élevées, plus le
rendement croît mais dans des proportions moindres (30%). Par contre, plus
le cumul insolation est élevé, plus le rendement décroît (-41%). L’analyse
dévoile aussi qu’à Gagnoa, le cumul des pluies et l’humidité moyenne ne
sont pas des facteurs essentiels dans le rendement du cacaoyer eu égard au
très faible coefficient de corrélation (0,01 et 0.14).
En conclusion, il en ressort qu’il n’y a pas un paramètre explicatif
unique pour toutes les régions du Sud forestier. En effet, si à Daloa ce sont
les cumuls de pluie et d’insolation qui influencent le rendement du cacaoyer ;
à Gagnoa ce sont plutôt la température et le cumul d’insolation. Par
conséquent, les facteurs de pluie, température, insolation et humidité
n’expliquent pas à eux seuls le rendement de cette plante et partant de délimiter les
régions favorables à la cacao-culture. Des facteurs biologiques, phytosanitaires,
pédologiques, etc. sont susceptibles d’influencer le développement et le rendement
du cacaoyer (Dibi Kangah, 2010). Les données biologiques, phytosanitaires et
pédologiques ne faisant pas partie des données collectées pour cette étude, il
s’avère opportun d’analyser les indices de satisfaction des besoins en eau de la
plante pour définir les régions propices à la cacao-culture.
3.6. Détermination des zones agroclimatiques favorables à la
cacao-culture
3.6.1. Variation des indices de satisfaction des besoins en eau du
cacaoyer
Le tableau 8 présente les indices i de Frère et Popov (1987). Les
valeurs minimales oscillent entre 40 et 92% tandis que les maximales
atteignent 100%. Les valeurs moyennes varient de 85 à 94%. Ces indices i
ont permis d’identifier trois zones en fonction de la satisfaction de leur besoin
en eau :
Zone 1 (Vavoua-Oumé-Bouaflé-Yamoussoukro) : satisfaction
médiocre.
Zone 2 (Toulepleu-Man-Daloa-Oumé-littoral à Zaranou) :
satisfaction moyenne.
Zone 3 (Taï-Gagnoa-Divo-Abengourou-Agnibilékrou) : bonne
satisfaction.
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 62
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
Tableau 8 : Analyse statistique des indices i de Frère et Popov
Poste
pluviométrique Min Max Moy
Coef de
Var. (%)
Perc.20
%
Perc.50
%
Perc.80
%
Abengourou 76 100 93 6,7 88 94 99
Abidjan 77 97 90 6 85 91 94
Adiaké 72 97 90 8,2 86 91 95
Agnibilékrou 78 100 94 6,7 89 95 100
Bouaflé 40 100 85 20 69 90 99
Daloa 61 100 89 12,4 79 95 97
Divo 84 100 93 5,5 90 94 100
Gagnoa 92 100 98 2,8 95 100 100
Man 76 100 92 8,6 85 95 100
Oumé 55 100 89 15,5 86 92 100
San-Pédro 72 97 88 9,4 78 90 95
Tabou 78 97 87 6,6 81 88 91
Taï 89 100 97 3,1 94 97 100
Toulepleu 70 100 93 8,7 86 97 100
Vavoua 60 100 88 14,3 77 91 100
Yamoussoukro 63 100 87 12,8 76 93 96
Zaranou 65 100 92 10,5 84 94 100
Ce résultat présente une certaine hétérogénéité. Il ne révèle pas
clairement que les zones favorables à la caco-culture ont migré de l’est à
l’ouest de la Côte d’Ivoire tel que souligné par Tahoux (1993), Minagri
(1997) et Dibi Kangag (2015) ; et confirmé par les résultats des durées et
probabilités d’apparition de séquences sèches. Partant, il s’avère intéressant
d’analyser les variations des plus longues séquences sèches afin de
déterminer les régions propices à la cacao-culture.
3.6.2. Variation des plus longues séquences sèches
Le tableau 9 montre la longueur des séquences sèches. Les valeurs
minimales oscillent entre 8 et 26 jours tandis que les maximales vont de 60
(Divo) à 101 (Vavoua) jours. Les valeurs moyennes varient de 20 (Tabou) à
60 (Abidjan) jours. Ces valeurs ont permis d’identifier deux zones :
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 63
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
Zone 1 (Taï-Tabou-San-Pédro-Divo-Gagnoa-Adiaké) où la longueur
des séquences sèches < 20 jours. Cette zone se prête mieux à la cacao-
culture eu égard aux faibles valeurs observées.
Zone 2 (reste des localités du Sud forestier) où les séquences sèches >
20 jours. C’est la zone à risque pour le cacaoyer lors de la période de
floraison.
Tableau 9 : Analyse statistique des séquences sèches
Poste
pluviométrique. Min Max Moy
Coef
Var. (%)
Perc.20
%
Perc.50
%
Perc.80
%
Abengourou 26 82 51 32,1 34 47 71
Abidjan 23 96 60 33,2 36 56 80
Adiaké 8 55 28 43,5 15 27 38
Agnibilékrou 18 74 44 34,8 31 44 54
Bouaflé 20 87 53 37,9 36 53 77
Daloa 10 77 40 46,5 24 37 56
Divo 13 59 31 38 20 31 38
Gagnoa 11 76 35 47,4 21 33 52
Man 17 88 52 37,7 32 54 73
Oumé 9 101 38 55,9 19 34 54
San-Pédro 8 38 22 41,7 12 22 30
Tabou 13 74 36 45,4 22 33 52
Taï 8 62 28 50,7 14 26 39
Toulepleu 16 70 38 37,8 27 35 52
Vavoua 17 97 52 46,5 31 48 82
Yamoussoukro 18 79 47 39 27 42 64
Zaranou 8 73 36 47,8 22 34 50
Contrairement aux indices de satisfaction des besoins en eau, le
résultat de la variation des plus longues séquences sèches est en adéquation
avec la réalité ivoirienne comme notée par Tahoux (1993), MINAGRI (1997)
et Dibi Kangah (2015). Ce résultat confirme que les zones favorables à la
cacao-culture ont migré de l’Est à l’Ouest. Ceci réaffirme les conclusions
obtenues à partir de l’analyse des durées et probabilités d’apparition de
séquences sèches. Partant, la variation spatiale de la longueur des saisons
pluvieuses peut également aider à définir les régions propices à la cacao-
culture.
3.6.3. Variation spatiale de la longueur de la première saison des
pluies
Cette partie porte sur la variation spatiale des débuts (Figure 10) et
fins (Figure 11) de la première saison pluvieuse dans le Sud forestier. La
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 64
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
figure 10 montre que le démarrage des pluies est précoce (première décade de
mars) dans la majeure partie de la zone étudiée. Cependant, dans l’extrême
Sud-ouest (San-Pédro et Tabou), ce démarrage est tardif (deuxième décade
de mars).
Figure 10 : Variation spatiale de la date de démarrage de la première saison
des pluies
Figure 11 : Variation spatiale de la date de fin de la première saison des
pluies
Démarrage tardif
Démarrage précoce
Fin tardive
Fin normale
Fin précoce
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 65
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
La figure 11 révèle que la fin précoce des pluies se situe dans la
deuxième décade de juillet. Aux extrêmes Ouest, Sud-ouest et Sud-est, cette
fin apparait entre les 18 et 23 juillet. La date tardive de fin de la première
saison pluvieuse est entre les 24 et 29 juillet à Man et Tabou. Les résultats de
longueurs de la première saison des pluies sont compilés dans le tableau 10.
Il s’avère que la plus courte varie de 50 (Vavoua) à 103 (Man) jours tandis
que la plus longue va de 160 (San-Pédro) à 287 (Man) jours. Les longueurs
moyennes varient de 120 à 140 (Abengourou, Agnibilékrou, Bouaflé, Daloa,
Divo, Gagnoa, Oumé, Yamoussoukro et Zaranou) jours et de 180 à 200 jours
(Man, Tabou et Taï). La variation interannuelle de longueurs de saison
pluvieuse identifie deux zones :
Zone 1 : extrême Ouest (Man, Taï et Toulepleu), Sud-ouest (Divo) et
Adiaké où la longueur > 110 jours et couvrant la période de floraison
du cacaoyer.
Zone 2 : reste de la zone forestière où la longueur de saison pluvieuse
< 110 jours ne permet pas au cacaoyer de boucler son cycle.
Tableau 10 : Analyse statistique de la longueur de la première saison
pluvieuse Poste
pluviométrique Min Max Moy
Coef
Var (%)
Perc.20
%
Perc.50
%
Perc.80
%
Abengourou 81 262 138 32,4 103 134 160
Abidjan 86 164 126 18 99 132 146
Adiaké 74 264 147 23 125 147 161
Agnibilékrou 52 247 130 28,6 103 131 152
Bouaflé 26 233 123 36,6 94 126 140
Daloa 86 239 129 23,2 103 127 143
Divo 59 189 135 17.2 124 134 151
Gagnoa 95 186 132 17 112 133 147
Man 103 274 204 28,7 124 230 254
Oumé 84 261 132 23,4 106 129 145
San-Pédro 61 159 102 27.9 73 99 130
Tabou 75 273 156 37,2 104 142 208
Taï 97 287 178 36 129 151 261
Toulepleu 81 236 143 28,4 118 133 169
Vavoua 51 233 118 39 97 115 146
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 66
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
Yamoussoukro 72 221 135 27 106 131 160
Zaranou 70 238 127 30 93 117 157
3.6.4. Variation spatiale des pluies saisonnières mars-juillet
(MAMJJ)
Le tableau 12 présente les statistiques de cumuls saisonniers MAMJJ.
Les valeurs minimales varient de 228 (Bouaflé) à 736 (extrême Sud-ouest)
mm ; tandis que les maximales passent de 790 (Vavoua) à 2156 (Abidjan)
mm. Les moyennes vont de 561 (Vavoua) à 1306 (Tabou) mm. La variation
interannuelle des cumuls saisonniers identifie deux zones :
Zone 1 : extrême Sud-ouest (San-Pédro, Tabou et Taï) à extrême Sud-
est (Abidjan, Adiaké) où la disponibilité en eau couvre les besoins en
eau du cacaoyer ≥ 700 mm pendant la première phase de floraison.
Zone 2 : constituée par le reste du Sud forestier où la disponibilité en
eau pendant la grande saison des pluies est nettement < 700 mm.
Tableau 12 : Analyse statistique de la longueur de la grande saison de pluie
(MAMJJ)
Poste
pluviométrique Min Max Moy
Coef Var.
(%)
Perc.20
%
Perc.50
%
Perc.80
%
Abengourou 481 1193 768 24,6 592 750 954
Abidjan 462 2156 1224 33,3 885 1197 1603
Adiaké 584 1941 1130 28 873 1110 1461
Agnibilékrou 466 1055 713 23 550 683 886
Bouaflé 228 1031 617 27,8 501 605 727
Daloa 379 869 592 20 465 586 696
Divo 457 1030 735 23 576 721 941
Gagnoa 525 1071 744 17,4 642 724 879
Man 457 1002 778 17,3 649 770 923
Oumé 249 963 671 25 539 687 804
San-Pédro 463 1654 924 31,9 630 897 1056
Tabou 736 1919 1306 23,8 1015 1291 1568
Taï 534 1416 902 24,4 678 944 1076
Toulepleu 447 1207 794 23 613 777 938
Vavoua 303 790 561 22,3 459 556 678
Yamoussoukro 403 824 660 17,3 562 664 781
Zaranou 317 987 665 25,8 484 674 793
CONCLUSION
Revue de Géographie de l’Université de Ouagadougou, N° 05, Décembre 2015, Vol.2 67
DIBI KANGAH Pauline Agoh, MIAN Kodjenini Augustin
Cette étude a permis d’identifier les défis agroclimatiques pour le
suivi et la prévision des récoltes du cacaoyer. En outre, l’analyse a aidé à
déterminer les conditions climatiques propices à la cacao-culture dans le Sud
forestier ivoirien. L’examen des plus longues séquences sèches (> 20 jours)
révèle une variation avec de fortes probabilités d’apparition pendant la
deuxième floraison du cacaoyer. Les séquences sèches prolongées impactent
négativement le rendement du cacaoyer. Les résultats confirment aussi que la
pluie et sa répartition, dont la variabilité influence l’humidité des sols,
constituent le facteur le plus limitant de la cacao-culture. Par ailleurs, les
probabilités de dépasser certains seuils de température, d’humidité relative et
d’insolation ont été étudiées avec beaucoup d’intérêt. Il s’avère que la
température est également un facteur explicatif impactant négativement le
rendement du cacaoyer. Les paramètres climatiques ont donc diversement des
impacts sur la cacao-culture. Divo, Gagnoa, Nord San-Pédro et Taï sont les
zones favorables à la cacao-culture. Ils disposent encore d’un important
patrimoine forestier et de conditions climatiques optimales pour le
cacaoyer. Cependant, dans la mesure où la cacao-culture contribue
substantiellement à l’économie ivoirienne, il s’avère important d’orienter la
recherche à produire des variétés de cacaoyer adaptées au contexte actuel du
changement climatique.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DIOMANDE (B. I.), DIBI KANGAH (P. A.) et DJE (K. B.), (2014).
« Variabilité du bilan hydrique dans les régions de savanes de
Côte d’Ivoire » in Geotrope, no 2, Editions Universitaires de Côte
d’Ivoire (EDUCI), Abidjan, pp. 28-40.
BRAUDEAU (J.), 1969. Le cacaoyer : techniques agricoles et productions
tropicales. Maisonneuse et Larose, Paris, 304 p.
DIAN (B.), 1978. Aspects géographiques du binôme café cacao dans
l’économie ivoirienne. NEA, Abidjan-Dakar, 111 p.
DIBI KANGAH (P. A.), 2010. Rainfall and Agriculture in Central West
Africa since 1930: Impact on Socioeconomic Development, LAP-
LAMBERT Academic Publishing, Saarbrücken, 304 p.
DIBI KANGAH (P. A.), KOLI BI (Z.), et COULIBALY (B.), 2012.
« Pluviométrie et Forêt en Côte d’Ivoire depuis 1960 : Interaction
conséquente ou hasardeuse ? In: Côte d’Ivoire, 50 ans
d’indépendance. Permanence, mutation et/ou évolution des
terroirs » in Harmattan, Paris, pp. 37-49.
Revue de Géographie de l’Université Ouaga I Pr Joseph KI-ZERBO N° 05- Oct. 2016, Vol. 2 68
ANALYSE AGROCLIMATIQUE DE LA ZONE CACAOYERE EN COTE D’IVOIRE
DIBI KANGAH (P. A.), 2015. « Développement de l’économie cacaoyère et
conflits fonciers dans le Sud forestier ivoirien » in Ahoho, no 15,
Université de Lomé, pp. 1-11.
DIBI KANGAH (P. A.), TOURE (A. T.), KOLI BI (Z.), 2015. « Les manifestations
récentes de l’Harmattan sur le littoral Ivoirien » in Anyasã no 3,
Université de Lomé, pp. 159-175. FAO, 2001. Développement des produits et des marchés du cacao. Guide
des pratiques commerciales. Genève, 190 p.
FRERE (M.), POPOV (G. F.), 1987. Suivi agroclimatique des cultures et
prévision des cultures et prévision des rendements. Division de la
production végétale et de la protection des plantes, FAO 73,
Rome, 170 p.
LIABEUF (J.), 1980. « Les tendances actuelles de la recherche cacaoyère et
les acquis récents dans l’amélioration de la production du cacao »
in Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée.
Vol XXVI, n°4, pp. 253-254.
LACHENAUD (P.), 1987. « L’association cacaoyer bananier plantain, étude
de dispositifs » in Café, cacao, thé. Vol XXV, n°4, pp. 195-202.
LACHENAUD (P.), 1992. Facteurs de la fructification chez les cacaoyers.
Influence sur le nombre de graines par fruits (Theobroma cacao),
Grignon : INA, 1992, Thèse de Doctorat., 188 p.
MINAGRI, 1997. Plan directeur du développement agricole. Direction de la
programmation, Abidjan, 161 p.
MOULINIER (H.), 1962. Contribution à l’étude agronomique des sols de la
basse Côte d’Ivoire. Bulletin, n°4, IRCC-CIRAD, Paris, 70 p.
SERVAT (E.), PATUREL (J. E.), et LUBBES (H.), 1996. « La sécheresse
gagne l’Afrique tropicale » in La recherche, 290, pp. 365-369.
SERVAT (E.), PATUREL (J. E.), LUBES, (H.), KOUAME, (B.),
OUEDRAOGO (M.), MASSON, et (J. M.), 1997. « Climatic
variability in humid Africa along the Gulf of Guinea part I:
detailed analysis of the phenomenon in Côte d’Ivoire » in
Journal of Hydrology, n°191, pp. 1-15.
TAHOUX (T. K. M.), 1993. Economie de plantation et organisation de
l'espace du Sud-Ouest Ivoirien. Doctorat 3ème cycle : IGT,
Université Nationale de Côte d'Ivoire. 558 p.