26
« Association loi de 1901 N° 2/152765 J.O. du 27/06/90 »

andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

HandicapAventure

N°16

« Association loi de 1901 N° 2/152765 J.O. du 27/06/90 »

Page 2: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

À Maud,Je ne savais pas que c’était la dernière fois que je te serrais dans mes bras, le jour où, en partance pour Millau, je suis venu te voir dans cet hôpital. C’est le 3 mai 2012 que tu as choisi de quitter définitivement ce fauteuil roulant que tu haïssais tellement pour aller rejoindre le paradis des spéléos. J’espère que de là-haut tu nous regardes, et que tu veilles sur nous, comme tu le faisais quand tu étais avec nous, toujours bienveillante, telle une mère sur ses enfants.Parfois je revois tous ces moments que nous avons passé avec ton homme Christian, et Béatrice mon

épouse, alors que nous partagions ces repas improvisés dans votre maison et que nous refaisions le monde.Petite Maud ; tu nous manques lorsque nous sommes sur ou sous terre, comme nous manque le son de ta voix que j’entends encore lorsque nous descendions sous terre, et que tu me demandais de bien veiller sur ta petite Béa. Petite Maud ; ta présence nous manque, comme en ce grand et très beau week-end où tu étais avec nous pour fêter les 20 ans de Handicap Aventure, dont tu étais une fervente adepte, sans aucune retenue. Même tes coups de gueule nous manquent…Alors j’espère qu’avec les copains, vous vous amusez bien... Ici nous pensons à vous, et putain que vous nous manquez ! Alors de là-haut, veillez bien sur nous pauvres petits terriens spéléologues. Ma petite Maud, tu nous manques et tu me manques. Salut…

Christian

S O M M A I R ELa fontaine de fontestorbes P 16Une joUrnée extraordinaire P 20Les 40 ans dU CLUb Magnan P 23exPression Libre : Une handi en CoLère P 25L’asCension dU KiLiManjaro P 26

À MaUd... P 3Le Mot dU Président P 5QUeLQUes teChniQUes de travaiL P 7L’aven d’orgnaC P 8grottes tM71 et de L’agUzoU P 12

3

Page 3: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Le mot du prEsident

Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien dans le handicap, que celles-ci se révèlent le plus souvent. Comment ne pas se retourner sur un fauteuil

roulant, alors que son propriétaire ne se retourne pas sur ceux qui sont debout ? Comment oser lui parler alors que face à lui, nous allons être tentés de changer de trottoir, ou même de détourner la tête comme si le handicap était une tache dans notre société de « biens faits ».Je suis un mordu de spéléologie, depuis un bon nombre

d’années, et un jour, mon épouse a voulu voir comment c’est fait sous terre.Bien sûr il y a le handicap, le fauteuil, le comment faire, le.., le..., le... ; et puis zut ! Pourquoi tant de questions ? Pourquoi tant d‘opposition ? Le vouloir est plus puissant, alors oui c’est possible ! C’est suite à ce regard que nous avons fondé Handicap Aventure, il y a 23 ans.La première descente eut lieu en Octobre 1990, à l’aven sauvage, commune de Gourdon Alpes-Maritimes ; trois personnes à mobilité réduite, dont deux en fauteuil. Nous avons simplement étudié et adapté le système spéléo secours, car si nous pouvions remonter un copain accidenté, rien ne nous empêchait de descendre quelqu’un qui ne pouvait le faire seul.Depuis, nous avons des dizaines de descentes à notre actif, de la simple grotte à plat, jusqu’à l’aven le plus complexe, avec toutes ces difficultés que nous devons franchir sans pour autant modifier la cavité ou nuire à la sécurité. Bien sûr, ce n’est pas facile, mais l’important c’est le partage, la découverte à laquelle chacun a droit, et le plaisir que nous amassons.Pour ce qui est de la personne handicapée, dans le monde souterrain elle est au même niveau que les autres ; le nez dans la boue, à ramper la plupart du temps. Elle trouve ou retrouve un moyen d’expression personnel, quelque chose qu’elle partage, auquel elle collabore pleinement, dans la mesure où nous lui laissons le privilège de la participation. Je ne suis pas partisan de la descente de la personne handicapée dans une civière, je suis plus pour une descente de type classique, sur la corde, au plus proche de ce que nous nous vivons lorsque nous explorons ce milieu. Elle trouve une mobilité qui lui est bénéfique, moralement, physiquement et intellectuellement, car rien n’est plus bénéfique que d’apprendre, or elle apprend et découvre tout à la fois ; le monde souterrain, ainsi que la manière et les matériels pour y accéder.Durant toutes ces années, je pense bien sûr leur avoir apporté quelque chose, mais ce que j’ai reçu et appris auprès d’eux est encore plus précieux, car si je leur ai apporté mon savoir du monde souterrain, eux m’ont apporté la confiance en remettant leur vie entre mes mains sans arrières pensés, la patience, le sourire même dans les moments importants, et parfois douloureux lorsque nous franchissons des passages difficiles, voire étroits. Ce dont je suis donc certain, c’est avoir reçu plus que je n’ai donné, et de ça, je suis fière et heureux.Pour conclure, en 23 ans, je n’ai jamais perdu mon temps, et face aux réflexions des uns ou des autres, ma satisfaction c’est le sourire en guise de merci que vous adresse la personne que vous avez considérée comme votre égale.Comme nous ne sommes pas sectaires, et qu’une fois n’est pas coutume, vous allez pouvoir lire l’exploit de personnes en fauteuil, mal voyante, sourde et muette, qui, grâce à l’association OSER, ont gravi le Kilimandjaro à plus de 5000 mètres.De plus, nous relatons la formidable action de l’association ALPINA, grâce à laquelle Béatrice a pu découvrir les gorges du Tarn en joëlette.Comme j’ai coutume de dire : Là où il y a une volonté, il y a un chemin.Salutations spéléologiques.

Christian STARCK

5

Page 4: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Souvent on me demande comment faire pour emmener des personnes handicapées sous terre.Je dirais que pour les grottes dites « à plat », ce n’est pas ce qu’il y a de plus difficile, sinon que pour vous déplacer en fauteuil, vous pouvez trouver des fauteuils de portage entre 600 et 700 €, je ne saurais vous dire s’il y en a en location. Attention, un fauteuil vieillit très vite.Pour les grottes de bonne dimension, il est aussi possible d’employer le modèle joëlette qui est très bien adapté.Pour les avens, nous exploitons au maximum les techniques normales de descente et de remontée, pour ce qui concerne les personnes handicapées des jambes, et sur une distance raisonnable (10 ou 15 mètres pour des verticales absolues) ; je dirais que la personne handicapée se connait, généralement très bien, et que vous devez avant tout lui accorder autant de confiance qu’elle en met en vous.Il est bien entendu que les personnes handicapées évoluent toujours avec un accompagnateur, le travail sur deux cordes est systématique, l’accompagnateur reste au contact, relié en permanence par les deux grandes longes.Pour les personnes souffrant de pathologies plus lourdes, nous exploitons, les techniques de spéléo secours, à savoir : le système de mouflage, avec contre poids pour la remonté, plus corde sécurité. Dans le cas de fractio, nous utilisons partout des poulies largables, avec un homme à chaque fractio qui intervient pour la mise en place ; à la descente, au largage, et à chaque remontée.Pour amener les personnes handicapées en tête de puits, si le terrain est trop accidenté, nous employons des tyroliennes avec largage en plein vide, surtout lorsque le départ de puits est tortueux, ce qui permet de mettre la personne dans l’alignement le plus direct. Nous employons aussi un système chèvre, très pratique, mais il faut bien étudier la portance et la solidité du bord de gouffre.Pour les grandes verticales, ne pas oublier de couvrir la personne avec un système chapeau chinois juste au dessus de sa tête, et bien sûr de faire avant coup la purge la plus draconienne des têtes de puits ; TRÈS IMPORTANT…Pour les étroitures, bien prendre en compte l’état de fatigue de la personne que l’on accompagne avant de la franchir, risque d’hypothermie ; équiper l’étroiture avec des petites sangles, surtout dans les étroitures à plat, pour que la personne puisse se diriger dans l’étroiture, voire la passer seule ; toujours sous surveillance d’un spéléo consciencieux…Pensez à obliger la personne que vous avez en charge à boire, boissons chaudes autant que possible, avant qu’elle n’ait soif, et à la nourrir avant qu’elle n’ait faim ; chez les personnes à mobilité réduite, la déperdition peut être importante et SOUDAINE…

NE PAS DESCENDRE PLUS DE 3 PERSONNES ENSEMBLE. TOUJOURS PRÉVOIR CINQ PERSONNES POUR UNE, ET UNE ÉQUIPE DE CINQ EN SOUTIEN.Pour le reste, je dirais laissez parler votre cœur, votre technique s’adaptera très vite. Et si vous avez besoin d’un coup de main, il y a juste à demander.

Christian STARCK, Président de Handicap Aventure.

QUELQUESTECHNIQUES DE

TRAVAIL

7

Page 5: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Pour évoquer cette visite des réseaux de l’aven d’Orgnac, il faut revenir presque 6 mois en arrière. Afin de récompenser les plus méritants de son association Handicap Aventure, notre Christian national décide de nous faire visiter ce prestigieux aven.Revenons de nos jours. Outre Christian, Gilles et Paul, Stéphane et moi-même sommes de la partie. Après deux désistements de dernières minutes, Alexandre est des nôtres aussi. Nouvelle venue dans le club, mais pas novice en spéléologie, Mary-Annick nous accompagne aussi. Elle fera son « initiation » au club à Orgnac... On a vu pire comme première sortie (c’était Orgnac ou le Sans-Pascal).

AVEN D’ORGNACpar Michel

8

Samedi 11 février 2012

Participants : Béatrice, Christian, Mary-Annick, Stéphane, Gilles,

Paul, Alexandre, Michel et notre guide, Stéphane

Commune : Orgnac l’Aven, Ardèche (07)

TPST : Six heures environ pour les réseaux Orgnac 1, 2, et 3

PréaMbULe

Page 6: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Samedi matin... très tôt !.. 4 heures du matin ! Départ du club à 5. Christian et Stéphane nous rejoignent sur place. Il fait froid, très froid. Rapidement, tout le monde dort dans le Kangoo sauf Gilles et Paul. Le véhicule est un frigo malgré lui, mais pas autant que dehors... -17 °C dans le Var ! Nous arrivons sans encombre dans le petit village d’Orgnac l’Aven. Christian et Stéphane nous y attendent déjà. Petite attente sur le parking et nous rejoignons notre guide local, Stéphane. Un deuxième Stéphane pour ceux qui ne suivraient pas. Bref. On discute autour d’un café salvateur en attendant de se réchauffer un peu. Dehors, il fait encore plus froid (-10 °C) et il y a du vent. Peu de temps après, c’est l’heure des préparatifs.

Christian nous avait prévenus : il faut rentrer très propre avec notre matériel personnel. Notre guide Stéphane est catégorique sur ce point. Mary-Annick se fera prêter une combinaison et des bottes. Pas de baudrier, ni de cordes, ça ne sert à rien. Pas d’éclairage acétylène, formellement interdit. Éclairage électrique de rigueur, puissant de préférence, mais nous verrons ce détail plus tard. Enfin, nous partons aussi avec notre paire de chaussures pour le début dans la partie touristique des lieux.

Il n’est pas loin de 10 heures du matin et nous entrons dans le long escalier menant à la salle Joly, du premier réseau d’Orgnac. Changement de température immédiat (11 °C) par rapport à dehors ! Stéphane nous fait visiter les lieux majestueux. Point de mot supplémentaire pour décrire cette salle. Une forêt de colonne en forme de pile d’assiettes. Toutes sont largement plus hautes que nous. Le plafond est très loin au-dessus de nos casques. La lumière qui s’échappe du puits naturel rajoute à l’ambiance. Venant d’un département où les salles de plus de 10 m de côtés et 5 m de haut sont « grandes », le choc est certain ! Peu de temps après, Stéphane nous entraîne à l’extérieur du circuit touristique. Il est temps d’enfiler nos bottes, la vraie exploration commence.

Sur tout le parcours, le chemin est intégralement balisé. Interdiction formelle de sortir du chemin et encore moins de toucher les bijoux qui nous attendent. Ces explications nécessaires, nous abordons le second réseau, Orgnac II. J’aurais bien du mal à énumérer dans l’ordre tous les innombrables détails que nous présente notre guide intarissable. Je laisse les photos exprimer au mieux ce que nous avons vécu même si l’émotion n’est pas semblable. Cerise sur le gâteau, Stéphane nous éclaire régulièrement les salles à l’aide de très puissants projecteurs intelligemment placés. Cela rajoute bien sûr de l’intérêt au spectacle. Nous continuons le parcours alternant des salles de plus en plus grandes. Les stalagmites et autres stalactites, disques, draperies et excentriques de toutes les formes s’enchaînent sans interruption pour le plus grand plaisir de nos yeux. Nous terminons cette visite d’Orgnac II par une pause déjeuner. Aucune miette ne sera laissée par terre conformément au souhait de qui vous savez.

9

Crédits Photos : Mary-Annick Bellman - Christian Starck

orgnaC i

orgnaC ii

Suite p 10

Page 7: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Orgnac III s’ouvre enfin à nous, on entre maintenant dans les « grandes salles »... Il faut croire qu’avant, c’était petit. La galerie s’agrandit démesurément... Une gigantesque concrétion effondrée barre le passage d’une salle aux proportions de géants. Nous la contournons, tels des nains esquivant les pieds d’un géant. La suite est encore plus spectaculaire :

La très grande salle Plane. Stéphane se presse de nous éclairer le phénomène. Je n’en dirai rien, c’est magnifique (je commence à manquer de synonymes !). Derrière cette barrière, c’est le dernier réseau, Orgnac IV. Nous n’irons point et ce n’est pas faute d’avoir (tout) essayé ! Nous finissons notre visite par un crochet plus loin dans Orgnac III. Direction la Grande Barrière et l’Orfèvrerie. Tout un programme. Il faudrait un récit entier pour décrire ces deux salles. L’éclairage joue à merveille et Stéphane ne tarit pas de détails en ces lieux.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin et il est temps pour nous de revenir vers la surface. Le retour sera beaucoup plus rapide qu’à l’aller. Peut-être parce que n’avons plus de batteries ni de cartes mémoire pour nos appareils photo ! De retour dans la partie touristique, nous terminons la visite par le circuit aménagé dans Orgnac I jusqu’à l’entrée de la salle Rouge. Est-il besoin de préciser que cette salle est aussi grande que les précédentes ? Non, bien sûr. Pour la découvrir, Stéphane nous gratifie d’un petit spectacle son et lumière bien mené. Nous finissons par la remontée la plus rapide pour un spéléo : prendre l’ascenseur.

Je terminerai par un grand merci à notre guide Stéphane pour ses explications et sa patience et un merci tout aussi grand à Christian pour l’organisation du week-end.

Place aux festivités ! Petit retour en arrière. Pendant la visitede Orgnac I et du spectacle son et lumière de la salle Rouge, Mary-Annick rencontre fortuitement un couple d’amis spéléos, Matthieu et Anne-Sophie. Le hasard faisant bien les choses, nous les invitons à dormir dans notre gîte. C’est le début de l’apéro, du repas et des histoires. Le tout modérément arrosé comme il se doit... On en profite pour regarder les quelques centaines de photos de Mary-Annick prises ce jour, puis une partie du stock de vidéos de Magnan avant d’enchaîner histoire sur histoire... et de tous tomber de sommeil !

Le lendemain, départ pour tout le monde. Nos deux invités nous quittent pour une sortie spéléos dont j’ai oublié le nom. Christian et Stéphane rentrent les premiers sur Nice. Quant aux 5 Magnans restants, c’est le commencement des visites qui nous caractérisent si bien. En voulant faire quelque chose, on a fini par se perdre (un peu) pour finalement visiter un village au bord de l’Ardèche. Retour sur Nice peu après...... Qu’en est-ce qu’on y retourne ?

10

orgnaC iii

éPiLogUe

Page 8: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Merci aux bénévoles Handicap Aventure

Page 9: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Départ pour le département de l’Aude où des membres du GSM ainsi que des représentants du club spéléo des Garagalhs ont décidé de se donner rendez-vous pour un week-end spéléo très privilégié…C’est donc un vendredi soir que je retrouve Paul et Alex pour un WE spéléo tout particulier : eh oui, ils m’ont vendu un WE spéléo composé de grottes magiques où l’on m’assure que je vais pouvoir admirer des choses magnifiques et très rares, je décide donc de tenter l’aventure…Après avoir parcouru les 6 heures de route qui nous séparent de l’Aude, durant lesquelles Paul nous a fait écouter et même chanter tout le répertoire musical de Tryo (il chante bien Paul !), nous retrouvons Christian, Sidonie, Michèle et Sylvain au camping d’Axat.Il est environ 2 h du mat et, sachant la journée que nous allons vivre le lendemain, nous ne tardons pas à aller nous coucher.

Participants : Christian, Sidonie, Paul, Angélique et Alexandre pour les Magnans, Michèle et Sylvain des Garagalhs, guidés et accompagnés par Philippe Moreno, conservateur de la grotte, et de François, président du CDS 11.TPST : environ 7 heures

Ponctuel au rendez-vous (chose manifestement rarissime pour les spéléos Magnans !), notre petit groupe arrive devant la grotte du TM 71 en ce samedi matin.Ne voyant point de guide à l’horizon, nous commençons à nous équiper de nos combinaisons toutes propres pour l’occasion. Eh oui, cette cavité étant extrêmement fragile et protégée, nous n’avons pas manqué de nous faire tout

GROTTESTM 71 ET DE L’AGUZOUWeek-end spéléo dans l’Aude vendredi 29 Mars

saMedi 30 Mars - grotte dU tM71

par Angélique

12

Page 10: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

beaux et tout propres pour la visiter.Enfin arrive Philippe Moreno, guide et conservateur de la grotte, et la visite va pouvoir commencer !C’est après avoir ouvert la grille, puis la porte blindée, puis désactivé l’alarme (non, on ne rentre pas comme dans un moulin ici !) que nous pouvons enfin entrer dans la grotte. Nous sommes alors accueillis par les habitants locaux, grillons des cavernes et petites araignées toutes velues (heureusement, elles ne s’approchent pas trop près quand même !).Nous pénétrons alors dans les entrailles de la Terre où apparaissent bientôt les premières concrétions. Au fur et à mesure de notre avancée, nos regards s’emplissent de multiples stalactites, stalagmites et colonnes d’une blancheur parfois immaculée, voire transparente, mais aussi de très nombreuses draperies, des méduses et des orgues aux proportions gigantesques.S’ensuit alors un passage nommé (à juste titre) « le chaos » composé de rochers en tous sens où Paul et Alex tomberont en extase devant un immense miroir de faille (bon, imaginez-vous tout de même un énorme pan de mur quasiment lisse d’une hauteur avoisinant les 30 mètres de haut et d’une très très grande longueur).Passé cet endroit où mon estomac commence à gargouiller (et pourtant, le déjeuner n’est pas pour tout de suite !), nous arrivons alors dans un des endroits les plus sacrés de cette caverne : avez-vous déjà imaginé qu’il puisse exister d’autres couleurs de concrétions que le blanc et beige ?Eh bien oui, nous avons pu admirer quelque chose de rarissime : des concrétions bleues ! (eh non, les schtroumpfs ne sont pour rien dans cette histoire ! lol).Ce sont bien des concrétions bleues (« couleur bouillie bordelaise » selon Sidonie) dues à une présence naturelle d’arsenic dans la terre.Puis, tout près de là, nous pouvons encore admirer une chose certainement unique au monde : deux disques parallèles l’un au-dessus de l’autre, fixés de part et d’autre à une stalactite et une stalagmite, c’est très impressionnant !Enfin, après ces galeries sèches, nos pas nous amènent au bord d’une véritable rivière souterraine (et n’imaginez pas un petit filet d’eau !), il s’agit d’une véritable rivière avec un courant qui n’est pas des moindres !Et là, surprise ! Nous tombons nez à nez avec… le crâne calcifié d’un ours des cavernes ! Et devinez son âge ? 40 000 à 45 000 ans, heureusement qu’il y a longtemps que les dents ne lui font plus mal !Nous déjeunerons finalement au bord de la rivière au niveau du siphon, affamés par notre escapade. Le retour s’effectuera tranquillement, au rythme lent des photographes qui s’en donnent à cœur joie !Au dîner du soir : 5 kg de pâtes prévues par Christian, autant vous dire que nous ne risquions pas de mourir de faim !

13

Page 11: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

GROTTESTM 71 ET DE L’AGUZOU

Participants : Sidonie, Angélique, Alexandre, Paul et Christian pour les Magnans ; Sylvain et Michèle pour les Garagalhs, encadrés pas Philippe Moreno + 3 visiteurs : Simon, Isabelle et Juliette.TPST : environ 7 heures

Je souhaite avant tout vous faire revivre un petit moment mémorable de ce petit matin de Pâques, juste avant de partir du camping :Alex : « Ouahhh… Paul, t’as lâché une caisse ou quoi ? »Paul : « Bah non, pourquoi ? »Alex : « Ah là-là, ça fouette derrière toi ! »Paul : « Ah oui, je crois bien que ça vient du sac que Christian vient de déposer : les sandwiches pour ce midi ! »Et là, j’aurais vraiment aimé pouvoir vous faire sentir cette odeur pour illustrer mes propos… jamais de ma vie je n’ai pu sentir des sandwiches au pâté de ce niveau olfactif jamais atteint au cours de l’histoire de l’humanité !Ça fouettait à 3 km à la ronde !!! MDRC’est en ce dimanche matin que nous arrivons donc encore une fois à l’heure (pour la 2ème fois consécutive, décidément c’est une première pour le GSM !) devant la grotte de l’Aguzou.Après nous être équipés, nous entrons dans la cavité où nous sommes accueillis par de charmantes chauves-souris en hibernation (CHUUT ! Ça dort !)Nous nous engageons dans les profondeurs souterraines où de magnifiques concrétions apparaissent alors dans nos champs de vision.De nouveau, nous pouvons admirer de splendides draperies, ainsi que des concrétions avec de magnifiques excentriques qui partent dans tous les sens, ne répondant à aucune règle de logique.L’Aguzou offre une prolifération de cristaux de toutes tailles qui brillent à la lumière des casques et nous observons également de nombreux choux-fleurs d’aragonites.Nous en prenons plein les yeux et ne savons plus où donner du regard tellement les concrétions de multiples sortes foisonnent de toute part.C’est comme si une armée de lutins était venue projeter des paillettes

diManChe 31 Mars : grotte de L’agUzoU

14

Page 12: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

partout sur les murs et plafonds voulant recréer des feux d’artifice sur ces concrétions millénaires.

Inutile de vous dire que nos photographes, Alex, Sylvain et Juliette aidés de Paul que j’ai nommé « assistant en chef de photographie », s’en donnent à cœur joie !Et pour couronner le tout, c’est notre guide, Philippe Moreno, qui ne cesse de les inciter à photographier ceci ou cela en leur prodiguant ses précieux conseils.

Décidément, il y a incitation à la débauche photographique ! Lol (résultat des courses : plus de 600 photos à trier et retravailler suite à ce WE !)Par ailleurs, Christian n’est pas en reste avec sa vieille caméra… (« Vieille ?! Vous avez dit « vieille » ? Mais elle fonctionne très bien cette caméra ! »)…

À mentionner quand même au milieu de toutes ces merveilles, l’existence du plus grand triangle parfait du monde (composé de cristaux), des concrétions jaunes (extrêmement rares) et, le must du must… la salle des « mille et une nuits » : je crois qu’il n’aurait pas été possible de lui trouver un meilleur nom ! Imaginez-vous une salle remplie de cristaux brillants de mille feux du sol au plafond, recouvrant chaque centimètre carré de parois, tellement époustouflantes que l’Homme n’a osé y poser le pied, par respect pour la beauté inestimable de cette nature minérale.

Pour finir, je souhaite remercier Christian pour ce très beau WE spéléologique ainsi que la patience de notre guide, Philippe Moreno, qui a su à la perfection nous faire prendre conscience de la fragilité et de la beauté de ces sites.

Merci aussi à tout le reste de l’équipe pour ce WE sympathique et pour la bonne ambiance que je ne suis pas prête d’oublier !

Par la suite nous sommes allés rendre une visite à la fontaine de Fontestorbes, à Bélesta (Ariège), sous la pluie, et je vous propose de vous rendre sur l’article de Christian pour ce sujet.

15

Week-end spéléo dans l’Audepar Angélique

Page 13: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

16

Fontaine intermittente de

FONTESTORBESpar Christian Starck

Longueur : 0 05 kmBassin : 85 km2Bassin collecteur : la GaronneDébit moyen : 2,09 m3/s (Bélesta)Régime : nivo-pluvialSe jette dans l’Hers à Bélesta (Ariège) Au lieu-dit FontestorbesDépartement (Ariège)

créd

it Ph

oto

Alex

andr

e V

ande

kerk

hove

p De gauche à droite : Sylvain, Michelle,

Christian, Sidonie, Paul, Angélique, Alexandre

Page 14: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

La source de Fontestorbes est une grosse résurgence, de type vauclusien et l’une des 10 plus importantes de France. Située en Ariège sur la commune de Bélesta, à un kilomètre environ du village, en bordure de la route départementale n°9 menant à Fougax-et-Barrineuf, elle sort d’un porche monumental ouvert dans la falaise limitant au Nord le plateau de Sault, d’où surgit en cascade et dans un bruit assourdissant une véritable rivière de 5 mètres de large. Après 50 mètres de parcours à l’air libre, l’eau se jette en rive droite de l’Hers, rivière traversant Bélesta, dont elle fait doubler le débit. Les eaux abondantes de cette source proviennent d’un bassin d’alimentation d’environ 85 km2, aux limites d’ailleurs imprécises, comme toujours en milieu karstique et malgré les traçages à la fluorescéine effectués sur nombre de pertes. Cet impluvium se partage en deux ensembles disjoints :1) Un bassin proche (17 km2 environ) correspondant à une partie du plateau de Sault, approximativement sur le territoire couvert par la forêt de Bélesta, à une altitude comprise entre 800 et 1 200 m environ.2) Un bassin plus éloigné et plus vaste (68 km2), séparé du premier par la vallée du ruisseau de Malard, affluent de l’Hers: ce bassin comprend la montagne de La Frau (1 925 m) et les pertes de 3 cours d’eau au contact des assises calcaires à leur entrée dans les gorges de la Frau : l’Hers supérieur et deux de ses affluents, les torrents de l’Ourza et du Basqui descendant du massif de Tabe (2 368 m).Les eaux issues de ces deux parties se rejoindraient juste avant la sortie de l’eau à l’air libre et, bien que cela ne soit pas confirmé, le premier de ces bassins ne participerait pas aux intermittences, ce qui pourrait expliquer le faible débit qui subsiste au niveau bas.

Ce paragraphe s’appuie sur les résultats des études menées à la fin des années 1970 par le CNRS de Moulis et notamment par le professeur Alain Mangin, propos repris de manière très didactique à cette époque dans la revue de la société spéléologique du Plantaurel.La source coule de manière régulière la plus grande partie de l’année. En revanche, en période de basses eaux, c’est-à-dire dès lors que le débit moyen journalier descend en dessous de 1,04 m³/s, soit habituellement de juillet à octobre, la résurgence présente des intermittences auxquelles elle doit sa célébrité. Suivant la seule théorie qui, à ce jour, permet d’expliquer tous les types de fonctionnement rencontrés et l’ordre de grandeur des débits en jeu, les intermittences sont liées selon toute vraisemblance à une configuration où interviennent :1) Un réservoir amont (une salle souterraine creusée par l’eau dans la masse calcaire), alimenté par l’eau provenant du bassin versant ;2) Un conduit, dit de vidange, situé en position basse et emprunté par l’eau qui sort du réservoir pour rejoindre l’exutoire de la source ;3) Un conduit, dit de prise d’air, situé au-dessus et rempli d’air.Fait capital pour le fonctionnement de la source, le hasard de l’érosion aurait placé les extrémités amont et aval des deux conduits côte à côte et sensiblement au même niveau. Ainsi, tant que le débit d’alimentation est suffisant, le niveau d’eau dans le réservoir amont est suffisant pour maintenir le conduit de prise d’air fermé. Dès lors, l’écoulement en charge dans le conduit de vidange se produit normalement au même rythme que le débit d’alimentation, exactement comme il le ferait si le conduit de prise d’air était absent, et la fontaine coule en continu.

17

Présentation dU bassin d’aLiMentation

Le PhénoMène et son MéCanisMe

Page 15: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Par contre, quand le débit d’alimentation baisse, à l’approche de l’étiage, il arrive un moment où il atteint 1,04 m³/s. À ce moment, l’extrémité amont du conduit de prise d’air, jusque-là noyée et donc obstruée, se retrouve en partie hors d’eau, et aspire de l’air, ce qui produit une forte perte de charge dans le conduit de vidange et interrompt presque totalement l’écoulement : La première intermittence débute. Le débit de vidange étant alors insignifiant par rapport au débit d’alimentation, le réservoir amont se remplit à nouveau. Mais pour réamorcer l’écoulement dans le conduit de vidange, il doit monter plus haut que le niveau où s’est déclenchée la première intermittence. C’est ce qui explique qu’une fois que l’écoulement se rétablit, le débit à l’exutoire de la source monte à 1,8 m³/s environ, soit un débit supérieur à 1,04 m³/s, débit d’alimentation à partir duquel apparaît le phénomène d’intermittence. Le débit de sortie étant notablement supérieur au débit d’entrée, le réservoir amont se vidange rapidement jusqu’à désamorçage de l’écoulement et le cycle recommence.Si, présenté de cette manière simplifiée, le mécanisme présente théoriquement une régularité parfaite, la réalité est un peu plus nuancée, en fonction de l’évolution du débit d’alimentation. Ainsi, au cours de la saison, le débit minimal varie entre 0,2 m³/s au début et 0,02 m³/s en fin d’été, quand le débit d’alimentation est au plus bas. De même, le débit maximal varie entre 1,80 et 1,68 m³/s, valeurs assez proches du module et qui font que la fontaine semble présenter un débit très abondant pour la saison si on s’y rend au bon moment du cycle.La durée moyenne d’une intermittence, voisine d’une heure et partagée en environ 40 minutes de baisse et 20 minutes de hausse la plus grande partie de la saison, augmente sensiblement en fin d’étiage, quand les débits moyens sont au plus bas, car le réservoir se remplit moins vite. Dans quelques cas assez rares au vu de l’hydrologie de la source, il peut arriver que le réservoir ne puisse plus se remplir et que le débit d’alimentation puisse tout entier s’écouler de manière diphasique (eau + air) dans le conduit de vidange. Ceci se produit dès lors que le débit moyen journalier de la source descend vers 0,60 m³/s, soit 600 litres/s, ou en dessous, comme cela a été le cas lors de quelques étiages prolongés, en novembre 1973, octobre 2001 et janvier 2007. Cette valeur seuil avait été prévue presque exactement par les calculs effectués par A. Mangin qui avait trouvé 680 l/s.

D’après l’article paru en 1979 dans la revue de la société spéléologique du Plantaurel, la fontaine de Fontestorbes serait une curiosité unique au monde. Si d’autres sources intermittentes ou à débit variable existent en effet en Europe et ailleurs dans le monde, Fontestorbes s’en distingue nettement :1) Par la régularité du phénomène (la durée des intermittences varie mais assez peu, contrairement à certaines sources intermittentes)2) Par l’ampleur du phénomène : débit allant dans chaque cycle de l’assèchement presque total (20 à 200 litres/s suivant l’avancement de l’étiage) à 1 800 litres/s, le phénomène étant souvent de moindre ampleur (simple fluctuations) sur certaines sources.3) Par le débit mis en jeu : 1 800 litres/s ou 1,80 m³/s lors de l’écoulement maximal, les autres sources intermittentes étant de bien moindre ampleur et ne débitant au mieux que quelques litres/seconde.Les visiteurs, très nombreux durant tout l’été, découvrent un site très agréable en période de fortes chaleurs, car niché dans la verdure et assez frais du fait de la proximité de l’eau. Des aménagements touristiques ont ainsi été réalisés en juin 2006 par la Communauté de communes du Pays d’Olmes pour mieux accueillir les touristes et leur expliquer dans les grandes lignes le fonctionnement de la fontaine.

18

Un site toUristiQUe

Page 16: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Le débit de Fontestorbes a été observé durant une période de 42 ans (1965-2007), au niveau de sa sortie à l’air libre et à moins de 50 m de son confluent avec l’Hers. La surface du bassin contrôlé par cette station est de 85 km2, soit la totalité du bassin versant de la résurgence.Le module de Fontestorbes est de 2,09 m3/s, ce qui place la rivière au premier rang des affluents de l’Hers.Fontestorbes présente des fluctuations saisonnières de débit très modérées, pondérées qu’elles sont par le stockage de l’eau de son bassin d’alimentation sous forme d’un important aquifère karstique. Vu les caractéristiques de son impluvium, le régime de la source est nivo-pluvial, c’est-à-dire que l’influence prédominante est celle de la fonte et de la rétention nivales, avec une composante pluviale assez importante et un certain effet retard lié à l’effet tampon de l’aquifère karstique. Les hautes eaux se déroulent ainsi de décembre à juin inclus, avec des débits moyens mensuels variant de 2,20 m3/s à 3,51 m3/s. Dès la mi-février sur le plateau de Sault puis en mars, avril et mai sur le massif de Tabe, la fonte des neiges s’amorce et se rajoute aux débits encore abondants d’origine pluviale et à ceux de la vidange du karst, alors à son maximum de remplissage, pour provoquer une hausse du débit menant à un maximum de débit en avril et mai (3,51 m3/s et 3,35 m3/s respectivement pour ces deux mois). En juin, le débit baisse mais le karst, encore plein, atténue cette baisse. L’étiage débute à la fin du mois juin, et conduit aux plus basses eaux d’été en automne (saison des intermittences), qui ont lieu de juillet à octobre.

Fontestorbes est une source dont l’alimentation est d’origine montagnarde. Elle est donc assez abondante. La lame d’eau écoulée dans son bassin versant est de 778 millimètres annuellement, ce qui est plus de deux fois supérieur à la moyenne d’ensemble de la France tous bassins confondus, supérieur aussi à la moyenne du bassin de l’Hers (361 millimètres à Mazères) et à celle du bassin de la Garonne (384 millimètres au Mas-d’Agenais). Le débit spécifique atteint 24,6 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.

Documentation internet, CNRS de Moulis, Société Spéléologique du Plantaurel et Sciences de la nature.

19

Hydrologie

Page 17: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

UNE JOURNEE EXTRAORDINAIRE

par Béatrice

20

Dimanche 17 juin 2012

Participants : Béatrice, Christian et les membres de l’association L’Alpina

Commune : Cauvel; commune de Saint-Rome-de-Dolan (48 Lozère)

Nous recevons par internet une invitation de Katia, pour un vernissage sur le (Petassou*) à Millau, le Week-end du 9 Mars 2012. Comme nous sommes libres ce week-end-là, nous voilà partis pour Millau. En nous promenant dans la petite ville nous rencontrons un ami de Katia qui nous parle d’une randonnée en joëlette, organisée le 17 juin... De suite, je lui demande s’il lui reste des places, car il y a bien longtemps que j’entends parler de ce type de fauteuil, mais je n’ai jamais eu l’occasion de le tester. Jean-Louis, notre interlocuteur, nous signifie que s’il reste des places, il nous en informera par mail.Les jours passants, je demande constamment à Christian s’il a des nouvelles !... Enfin, un matin la bonne nouvelle tombe ; OUI il reste des places ! Christian envoie un message de réservation, je suis folle de joie, et piaffe d’impatience jusqu’au 16 juin.Nous arrivons sur Millau à 15h30 où nous récupérons les clés de Katia chez sa maman, car si elle nous prête sa maison, elle ne pourra être présente. Il fait très beau et nous en profitons pour nous détendre à l’ombre des arbres sur sa terrasse.Nous sommes tranquillement assis, lorsque nous sommes rejoints par la maman de Katia, qui vient prendre l’apéritif avec nous. Il est plus de 20 heures lorsque nous passons à table, ce après quoi nous allons nous coucher, car demain la journée sera longue.* - Pétassou- singulier personnage carnavalesque surgissant pour la Saint Blaise au cours de la fête votive de Trèves.

PréaMbULe

Page 18: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Il est 7 heures lorsque nous sommes réveillés par le téléphone de Christian, et je ne mets pas longtemps à m’extirper du lit. Notre rendez-vous étant fixé à 9 heures 30, nous prenons la route à 8 heures, car si le GPS nous indique une heure de trajet, nous préférons être prévoyants en conservant une demi-heure de battement. Christian roulant comme un pilote de rallye, et ne se trompant pas de route, il n’est pas 8 heures 45 lorsque nous trouvons le parking du rendez-vous. C’est après plus d’une demi-heure d’attente, que nous sommes rejoints par une première voiture, ce qui nous conforte sur le point du rendez-vous. C’est Christian, l’organisateur, qui vient nous saluer, suivi très vite par beaucoup d’autres véhicules. À peine suis-je descendue de voiture, qu’un fourgon bleu nous rejoint avec à son bord, une dizaine des fameuses joëlettes que je côtoie pour la première fois.Les joëlettes sont en pièces détachées et les valides de l’encadrement, passent une petite heure à les remonter sans trop de soucis. Tout le monde étant arrivé, nous sommes dans la phase terminale de la préparation ; je prends connaissance de mon matériel, qui est tout orangé avec des sièges gris. Tout de suite Christian, mon homme, constate un problème pour mes jambes, et entreprend une modification avec l’aide du coussin de mon fauteuil roulant, et force ficelles bienfaisantes. Nous faisons un essai très concluant, mes jambes ne souffriront pas des secousses pendant la randonnée. Je suis si bien installée que je me dis que cela va être du luxe par rapport aux fauteuils de portages habituels ; Mon petit chien, me voyant hautement perchée, exerce une pression sur Christian jusqu’à ce qu’il la mette sur mes genoux. Trouvant cela très confort, elle se couche entre mes jambes et se prépare pour faire sa sieste.Me voilà bien installée sur mon siège roulant !... Je suis dans mes rêveries lorsque se présentent à moi deux beaux jeunes hommes, habillés, l’un d’un tee-shirt jaune, l’autre avec le même vêtement, mais en vert, très fluo ! Je ne risque pas de les perdre !...Ils se présentent, et me préviennent que notre départ est légèrement retardé dû au manquement du dernier accompagnateur. Lorsque celui-ci se présente, quelle n’est pas ma surprise de constater que c’est Jean-Louis, l’ami de Katia, qui est très heureux de nous retrouver. Maintenant que tout le monde est là, nous faisons connaissance, et c’est une troupe de plus de 80 personnes qui encadre 10 joëlettes, sous un ciel d’un bleu qui augure une très belle journée.

21

joUr (j)

Suite p 22

Page 19: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Le déPartIl est 10 heures 30, lorsque la longue chenille humaine se met en mouvement. Bien installée sur ma chaise à porteurs, je souffre pour mes accompagnateurs, qui après avoir parcouru une petite portion de chemin très roulant entre deux rangs de la forêt qui nous entoure, attaquent un véritable chemin de pure randonnée avec toutes les difficultés que ça comporte. Thaye, mon petit chien, trop secoué, renonce à mes genoux et préfère suivre le rythme en marchant à mes côtés. Pour mon encadrement, il se familiarise assez vite avec ce type de moyen de transport, et c’est avec une certaine dextérité, et une très grosse énergie, qu’il double avec amusement tous les randonneurs qui se trouvent devant lui.Une trentaine de minutes plus tard, nous faisons une halte à la ferme abandonnée des Vors, isolée dans la nature, avec une vue splendide sur les gorges du Tarn que nous contemplons longuement, car grâce à la forme olympique des garçons, nous sommes dans les premiers à y être arrivés.Nous profitons de la halte pour faire plus ample connaissance avec mes compagnons de joëlettes. Malgré les efforts fournis et la forte chaleur, nos accompagnateurs nous font boire en premiers. Un de mes conducteurs m’informe que nous devons repartir sur l’instant car une joëlette a crevée, et que nous devons rejoindre aux plus vite le coin pique-nique pour libérer la mienne, afin de rapatrier son passager et faire la réparation rapidement. Moins d’une demi-heure plus tard, je suis déposée sur une couverture au sol, dans une clairière au doux nom de (fontaine des Paillasses). Pendant que mes coureurs de fond retournent chercher mon infortuné compagnon, sauf Christian qui reste avec moi, je contemple avec avidité le secteur magique, fait d’une source dans une partie de belles falaises calcaires au beau milieu de la forêt ou des spéléologues s’entrainent sur des cordes tendues.Tout le monde étant réuni, nous attaquons l’apéritif qui, très vite, fait place aux victuailles solides qui sont englouties rapidement. C’est après un bon moment de franche rigolade, de photos et de repos, que nous reprenons notre chemin, de plus en plus cabossé, en direction des très beaux secteurs des grands Causses. Au passage, nous en profitons pour rendre une visite à un baume protégée par un renfort de pierres sèches. Sur notre chenal, nous découvrons de magnifiques sites tels que : le Cinglegros, la Baousso del biel, Volcégure, la Bourgarie, le Bruel, l’Aiguille du pas de Soucy et le cirque des Baumes.La piste devenant meilleure, nous faisons une halte auprès d’un gouffre, où les garçons ne manquent pas de me charrier ; ils ne sont donc jamais fatigués ? Puis nous reprenons notre villégiature avec pour but de repasser devant tous ceux qui nous ont doublés pendant notre contemplation. En passant par le lieu-dit Cauvel, nous retrouvons la route que nous avons laissé ce matin et rejoignons nos véhicules. Nous retrouvons nos fauteuils, les joëlettes sont démontées et rangées dans le fourgon, et c’est le moment redoutable de la séparation que nous appréhendions tous.De retour à Millau, nous prenons un moment de relaxation sur la terrasse devant un bon verre, puis nous mangeons avidement avant de rejoindre notre chambre pour une bonne nuit réparatrice.

Maintenant que nous sommes de retour sur Nice, je comptabilise l’énormité du travail qui a été fourni, les efforts dégagés tout au long des 15 kilomètres parcourus, la somme incalculable de l’amitié que nous avons partagée. Alors pour cela je voudrais remercier très chaleureusement, tous les organisateurs, les participants, les diverses associations présentes sur le terrain, et surtout, Jean-Louis, pour m’avoir fait partager cela. À quand la prochaine ?!...

22

Page 20: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

En 1972 fut créé, dans le cadre de la MJC Magnan (devenu depuis Espace Magnan), le Groupe Spéléo Magnan (GSM).

C’est dans la montagne de l’Audibergue que le GSM a donné rendez-vous à toutes celles et ceux qui veulent fêter cet anniversaire, au centre tipi de l’association Lou-Païs de notre ami Gille Charles.Pour l’occasion, deux cavités seront équipées, l’aven Ollivier et l’aven Vigneron. Pour le campement, les tipis feront l’affaire, quant aux « miams », pas de souci, l’équipe Mimine Martine fonctionne à plein.Une bonne partie de la matinée du samedi est consacrée à la mise en place du campement ! ...Les véhicules qui transportent les victuailles sont pris d’assaut, et tous leurs contenus sont dispersés dans les frigidaires des deux cuisines que nous allons exploiter pour le week-end.Une équipe de spéléo part équiper l’aven Ollivier, cependant qu’une autre équipe l’aven Vigneron... Avec Fred, nous entreprenons l’équipement de la tyrolienne qui va nous servir pour faire des images en travelling du camp, et pour faire descendre toutes celles et ceux qui le voudront. Pour ce qui est du point haut, l’ami Fred monte dans l’arbre et confectionne deux points d’ancrage, ainsi qu’une corde pour pouvoir monter. Pour ce qui concerne le point bas, nous mettons des sangles au pied d’un arbre, et nous assurons la tension avec le 4X4 de Gérard.

23

Magnan 40 anspar Christian Starck

Juin 2012

Le Groupe Spéléo Magnan et ses sympathisants fêtent 40 ans d’existencecrédit Photo Nicolas Baudier

jUin 2012

Suite p 24

Page 21: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Après, nous portons notre attention sur le barnum du DJ, à savoir Alexandre, car celui-ci se trouve dans l’axe de la tyrolienne. Chacun vaque à ces occupations !... Qui, qui prépare les gens qui veulent visiter le monde souterrain ! ... Qui, qui prépare le bois pour le feu de camp du soir !... Qui, qui papote et, enfin nos deux cuisinières qui nous préparent la paella pour le repas de fin de journée. Toute la journée, les gens arrivent de toute part et prennent possession des lieux. L’ambiance est à son apogée lorsque nous passons à table, et les images initialement prévues, sur les 40 ans du club, ne peuvent être diffusées, car la musique aidant, c’est la danse à tout va qui devient la maîtresse du moment ; ce n’est pas grave nous le passerons quelque temps plus tard au club.La fête bat son plein jusqu’au bout de la nuit, et il est fort tard lorsque les premiers noctambules vont se coucher, pour les autres, c’est tout au long des heures qu’ils rejoindront leur duvet, voire au moment où le soleil se lève. Le dimanche le camp s’anime doucement !... Peu à peu chacun prend son petit déjeuner, puis c’est la mise en route des activités qui reprend tranquillement.Mais déjà, c’est le moment de la séparation, les « adieux et à bientôt » sont de mise, puis nous remettons le terrain en état, nous remplissons les véhicules de ce qu’il reste, et c’est avec nostalgie que nous prenons conscience que notre club vient de concrétiser 40 ans de partage, de fidélité et d’amitié, et que nous sommes les détenteurs de la préparation des 40 ans à venir.Allez les Magnans, bon an mal an, serrons-nous les coudes, et en avant pour de nouvelles aventures.Je profite de cet anniversaire pour remercier tous les Magnans, qui lorsque qu’il y a une sortie Handicap Aventure, répondent présents avec toute la bonne humeur qui les anime.

24

sUite Magnan 40 ansBarnum du dJ

Qui prépare les spéleos...

Qui prépare le bois...

Qui prépare la paëlla...

... Et qui papotE ?!

Page 22: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

« Je souhaiterais attirer votre attention sur un dispositif de notre époque. Je suis handicapée physique et il y a quelque temps, j’ai dû faire une demande de renouvellement de fauteuil électrique (car le mien arrive en bout de course), je suis paraplégique depuis ma naissance et j’ai besoin de ce matériel pour me déplacer.

Actuellement je suis bénéficiaire de l’A C T P (allocation compensatrice tierce personne) or, on me demande de changer pour la P C H, (bien plus contraignante de mon point de vue), faute de quoi, une grosse partie de mon fauteuil électrique ne me sera pas financé, et je devrais donc m’acquitter de la somme de 9200 euros. (Somme que je n’ai pas bien sûr). Je ne veux pas céder à ce qui est, à mes yeux, un chantage au handicap. Je tiens à signaler que je suis maman d’une adolescente et que j’ai besoin de ce fauteuil pour garder un minimum d’autonomie, tant dans mon rôle de parent, que pour conserver une mobilité aussi nécessaire qu’aller faire mes courses ou réagir à une urgence si besoin.

Je suis choquée aussi de voir que des associations faites pour nous défendre cautionnent ce système. On nous parle beaucoup de l’autonomie des personnes handicapées, mais tout semble fait au contraire pour que nous restions dans les foyers, ou en tous cas nous décourager d’effectuer les démarches pour en sortir.

J’entends parfois des réflexions sur le fait que nous touchons des allocations, mais on nous fait aussi payer cher notre handicap. Or nous n’en sommes pourtant pas responsables...Pour ma part il est impensable que je donne cette participation qui m’était jusqu’à maintenant allouée, en sachant que si mon fauteuil tombe en panne, je serais confinée à mon domicile...Je précise que j’ai le choix de pouvoir garder mon allocation actuelle, attribuée avant 2006, mais que ça me coute cher dans tous les sens du terme ! »

EXPRESSION LIBRE

25

Synthèse des remontées de terrainLa prestation de compensation du handicap (PCH) est la mesure emblématique de la loi du 11 février 2005. Elle doit fournir une réponse sur mesure à des besoins individuels, et sortir d’une vision « administrative » de la prise en compte du handicap.

Ce droit à compensation est une avancée certaine, car sur le principe il répond aux demandes des associations : évaluer les besoins de la personne en situation de handicap selon son contexte de vie et ses projets, pour y apporter des réponses individualisées.Malheureusement huit ans après, les personnes confrontées à cette évolution comme Muriel, sont nombreuses à considérer que la mise en place des nouveaux dispositifs n’est pas aboutie, et les pénalise dans leur vie quotidienne.

Selon les témoignages, les bénéficiaires de l’ACTP se trouvent sanctionnés lorsqu’ils exercent le droit d’option que leur confère l’article 95 de la loi, en choisissant le maintien de leur ACTP.

Les anciens dispositifs qui permettaient de financer certains aménagements n’existent plus, et ceux qui ont pris le relais refusent d’examiner les demandes tant que la personne n’a pas abandonné l’ACTP au profit de la PCH. Or il apparait que dans certaines

situations, la PCH est moins avantageuse que l’ACTP :• L’aide humaine PCH exclut les activités domestiques et les activités pour l’exercice de la parentalité• Les critères d’éligibilité à la PCH sont jugés trop restrictifs, car ils excluent certaines situations évaluées pas assez « lourdes »• L’attribution de la PCH passe par l’élaboration d’un « Projet de vie », qui constitue une difficulté conséquente pour certaines personnes en situation de handicap• Pour l’évaluation des besoins, la PCH implique des procédures systématiques, souvent vécues comme intrusives par les personnes qui vivent déjà avec leur handicap depuis de nombreuses années• Ces évaluations PCH sont jugées très inégales d’une équipe à l’autre, et les besoins évalués sur des « assiettes basses », ce qui induit des réponses données « à minima »• La PCH prévoit des contrôles d’effectivité avec des regards administratifs suspicieux qui sont extrêmement mal vécus par les personnes qui vivent leur handicap tous les jours et de manière irréversible• L’aide technique PCH se révèle insuffisante pour couvrir l’achat ou le renouvellement de certains matériels, comme entre autres les fauteuils manuels motorisés ou électriques verticalisateurs.

CoUP de gUeULe de MUrieL Lanzo, Une handi en CoLère !

Pour en savoir plus : http://www.handicap.gouv.fr & http://www.cnsa.frSources : AMF - APF - Témoignages membres de l’association

Page 23: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

En septembre 2012, un groupe de 11 personnes est parti en Tanzanie réaliser l’ascension du Kilimandjaro, le plus haut

sommet africain, qui culmine à 5895 mètres d’altitude, grâce à l’association « Osons La Différence ». Le groupe était constitué de 9 personnes valides et de 3 personnes en situation de handicap : Dominique, handicapée moteur et instigatrice du projet, Laurence qui est sourde et Romain, malvoyant. Une joëlette a été utilisée pour pallier le manque de motricité de Dominique. La joëlette est un fauteuil muni d’une roue unique, située sous le fauteuil, et de deux brancards, permettant ainsi de véhiculer la personne en situation de handicap sur tout type de terrain (sorte de chaise à porteurs munie d’une roue).Le départ a eu lieu à la porte de Marangu à 1970 mètres d’altitude. La première journée de marche fut relativement courte et très agréable dans une forêt à la végétation dense et exotique. La première nuit fut passée dans un refuge au camp de Mandara à 2700 mètres. Les cris des singes la nuit étaient intrigants.Le lendemain, direction le camp de Horombo à 3720 mètres. Nous sortons de la forêt pour découvrir un paysage plus aride. Les premières

difficultés autour de la joëlette apparaissent, liées au dénivelé et au terrain plus accidenté. Le froid et le brouillard sont bien présents au camp de Horombo. Les premiers maux de tête liés à l’altitude se font sentir. Les guides nous répètent qu’il faut s’économiser et se reposer. Ils nous disent souvent “polé polé”, ce qui signifie “doucement” en swahili. Le lendemain, la vue est magnifique, nous découvrons enfin le pic Uhuru, le plus haut point du Kilimandjaro. Nous sommes au-dessus d’une mer de nuages, c’est surréaliste. Nous avons le sentiment d’être ailleurs, sur une autre planète. Le soleil nous réchauffe un peu et nous donne de l’énergie. Nous rencontrons des randonneurs qui descendent du sommet. Ils nous disent que le dernier jour de montée est très difficile et qu’il fait particulièrement froid. Nous savons à quoi nous attendre… La randonnée de la journée est assez courte et a pour objectif de nous acclimater. Nous montons à 4000 mètres puis redescendons au camp de Horombo.Le parcours du lendemain pour rejoindre le camp de Kibo à 4700 mètres d’altitude est magnifique. Nous traversons un désert de sable parsemé de roches volcaniques, nommé The Saddle, avec une vue magnifique sur le Mont

26

« ON  A  TOUS  LE   MEME  SOLEIL »

Grâce à l’association « Osons la différenc

e », 3 personnes en

situation de handicap réalisent l’ascension du Kilimanjaro.

Page 24: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Mawenzi qui culmine à 5200 mètres. Ce mont est très différent du pic Uhuru, très escarpé et beaucoup moins accessible. Tout le monde est fatigué en arrivant à Kibo. Le froid, les maux de tête et nausées pour certains fatiguent encore plus les organismes. La journée suivante nous permet de changer de voie et d’aller au camp de Barafu à 4600 mètres pour rejoindre la voie Machamé. La randonnée nous permet de nous acclimater, avec quelques montées difficiles et très techniques pour la joëlette. À Barafu, nous dormons dans des tentes. La nuit est très froide et courte puisque le lever est prévu à 2 h 30 afin de se préparer et petit-déjeuner avant de partir pour l’ascension finale à 5 h. Malgré la fatigue, chacun est satisfait d’avoir pu atteindre ce stade et d’avoir la chance de tenter l’ascension finale. Dominique, malgré un mal de dos et des conditions difficiles pour dormir sait trouver les mots pour motiver le groupe. Nous avons prévu 4 porteurs supplémentaires pour pousser la joëlette jusqu’au sommet.Le départ à 5 h est difficile puisque très rocailleux et dans le noir, à la lumière des lampes frontales. Romain, malvoyant, doit être guidé. La joëlette est prise en main par les porteurs locaux. Chacun dans le groupe se surpasse pour aller aussi haut que possible. L’effet de l’altitude se fait sentir et le dénivelé est impressionnant. Les pauses sont courtes, car il ne faut pas tarder pour arriver au sommet et avoir le temps ensuite de descendre jusqu’au camp avant la tombée de la nuit. Après de longues heures de marche, au rythme des pas des guides, nous arrivons tous à Stella Point à 5755 mètres altitude, y compris Dominique sur la joëlette, poussée et tirée par les porteurs. Le plus dur est fait… Il nous reste à longer la crête pendant environ 1 heure. Toujours difficile, mais le sommet est à notre portée. Arrivés au pic Uhuru à 5895 mètres, les scènes de joie entre nous tous, les guides et porteurs locaux sont très intenses et riches en émotions. Des larmes coulent sur les joues, c’est un moment extraordinaire. Nous avons le sentiment d’avoir accompli tous ensemble une aventure unique grâce à une solidarité forte entre deux cultures. L’aide des porteurs locaux a été très précieuse pour amener Dominique au sommet avec la joëlette. Sans

27

« ON  A  TOUS  LE   MEME  SOLEIL »Ou l’ascension du Kilimandjaro en joëlette avec

trois personnes en situation de handicap

par Dominique Veran

Suite p 28

Page 25: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

eux, nous n’y serions pas arrivés. Dominique a pu concrétiser un rêve vieux de plus de 25 ans : poser les pieds sur le toit de l’Afrique.Mais l’aventure n’est pas terminée, il nous faut à présent trouver encore des ressources pour descendre jusqu’au camp de Millenium à 4000 mètres d’altitude. Après 1300 mètres de dénivelé positif, il nous faut descendre 1900 mètres. La descente est particulièrement difficile pour Romain. Mais le courage et une volonté sans faille ne le quittent pas et le guident jusqu’à Millenium alors que la nuit est déjà tombée.Après une nuit sous tente, moins froide que la nuit précédente, nous descendons aux portes du parc du Kilimandjaro par la voie Mweka. La randonnée est très agréable, les dernières heures s’effectuent dans la forêt, dense et magnifique. Quelques singes se montrent et s’amusent dans les arbres. Chacun est plus détendu et attentif à la faune et flore locales. Au village de Mweka tous les porteurs, ainsi que des médias, nous attendent, intrigués par la joëlette. L’accueil est ponctué de chants et d’applaudissements. Le directeur du parc félicite en personne Dominique, Laurence et Romain. Cette aventure aura permis de changer quelque peu le regard des Tanzaniens sur le handicap, qui est souvent caché, et de montrer que le handicap n’est pas un frein pour continuer à réaliser des exploits sportifs.Pour Dominique qui était sur la joëlette, les souvenirs sont encore très présents. Ce fut un voyage riche en échanges entre les membres du groupe, avec le peuple tanzanien, mais aussi avec elle-même. Elle ne savait pas comment son corps allait se comporter et réagir dans de telles conditions, liées à l’altitude. C’était également le cas pour le reste de l’équipe. Cette expérience fut aussi pour Dominique l’occasion de mieux connaître les particularités et difficultés liées aux autres handicaps que le sien. Il a fallu 26 ans pour que ce projet se réalise et aujourd’hui elle peut affirmer que

c’est le projet de sa vie ! Parfois, il peut arriver d’être déçu de la réalisation d’un projet lorsqu’il a été beaucoup rêvé et fantasmé avec le temps. Mais, dans ce cas-là, c’était encore plus fort, car elle l’a réalisé avec des amis, ce qui les a rapprochés et a permis de tisser des liens de solidarité très forts. À l’arrivée au sommet du Kilimandjaro, Dominique était très émue et elle s’est accordé un moment pour laisser couler des larmes de bonheur.Nous étions au-dessus des nuages et ce manteau nuageux était dans son imagination comme un tapis moelleux, tapis sur lequel elle avait envie de se reposer. Ces nuages se sont lentement effilochés, laissant apparaître une vue extraordinaire sur la savane. Nous avions alors l’impression que tout était à portée de main alors que nous étions à presque 6000 mètres d’altitude. Notre devise résume bien ce voyage : “Nous pouvons tous encore oser vivre nos rêves !”Suite à l’ascension du Kilimandjaro, nous avons été au contact de la population locale et d’enfants dans une école dans le cadre d’actions solidaires pour des échanges sur le thème du handicap (projets artistiques) et du développement durable (cuisson écologique). Nous avons également fait un safari dans le parc d’Arusha afin d’observer quelques animaux de la savane. Ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien de nombreux partenaires, dont des collectivités, des entreprises, des associations et des particuliers. La solidarité avait déjà commencé au stade du montage du projet.

Vous pouvez suivre l’actualité de notre association sur notre site internet :

www.osonsladifference.orgAdresse : 140, allée de la Forêt

06370 Mouans Sartoux.Courriel : [email protected]

Téléphone : 06.81.93.17.15

28

Page 26: andica Aentuehandicapaventure.edicomnet.fr/Telechargeable/HAV16.pdfgrottes tM71 et de L’agUzoU P 12 3 IhjopkmBndio Si parfois notre monde développe des inégalités, c’est bien

Conc

eptio

n/Ré

alis

atio

n : E

dico

m -

04

94 6

8 09

92

- Ne p

as

jete

r su

r la

vo

ie p

ub

liq

ue

HANDICAP AVENTURE11 Avenue de Buenos Aires06000 NICETél. 04 93 86 20 28Port. 06 03 25 43 20Email : [email protected]://handicapaventure.edicomnet.fr