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THÈSE Pour l'obtention du grade de DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS UFR des sciences fondamentales et appliquées Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers - IC2MP (Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006) École doctorale : Sciences pour l'environnement - Gay Lussac (La Rochelle) Secteur de recherche : Chimie théorique, physique, analytique Présentée par : Anna Zalineeva Influence d'une modification par des éléments du groupe p de catalyseurs de palladium nanostructurés sur l'oxydation électrocatalytique du glycérol Directeur(s) de Thèse : Christophe Coutanceau, Stève Baranton Soutenue le 28 août 2014 devant le jury Jury : Président François Jérôme Directeur de recherche CNRS, Université de Poitiers Rapporteur Pascal Brault Directeur de recherche CNRS, Université d'Orléans Rapporteur Marian Chatenet Professeur des Universités, INP de Grenoble Membre Christophe Coutanceau Professeur des Universités, Université de Poitiers Membre Stève Baranton Maître de conférences, Université de Poitiers Membre Gregory Jerkiewicz Professor, Queen's University, Canada Membre Claude Lamy Professeur honoraire, Université de Montpellier 2 Pour citer cette thèse : Anna Zalineeva. Influence d'une modification par des éléments du groupe p de catalyseurs de palladium nanostructurés sur l'oxydation électrocatalytique du glycérol [En ligne]. Thèse Chimie théorique, physique, analytique. Poitiers : Université de Poitiers, 2014. Disponible sur Internet <http://theses.univ-poitiers.fr>

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Page 1: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

THÈSE

Pour l'obtention du grade deDOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS

UFR des sciences fondamentales et appliquéesInstitut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers - IC2MP

(Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)

École doctorale : Sciences pour l'environnement - Gay Lussac (La Rochelle)Secteur de recherche : Chimie théorique, physique, analytique

Présentée par :Anna Zalineeva

Influence d'une modification par des éléments du groupe pde catalyseurs de palladium nanostructurés sur l'oxydation

électrocatalytique du glycérol

Directeur(s) de Thèse :Christophe Coutanceau, Stève Baranton

Soutenue le 28 août 2014 devant le jury

Jury :

Président François Jérôme Directeur de recherche CNRS, Université de Poitiers

Rapporteur Pascal Brault Directeur de recherche CNRS, Université d'Orléans

Rapporteur Marian Chatenet Professeur des Universités, INP de Grenoble

Membre Christophe Coutanceau Professeur des Universités, Université de Poitiers

Membre Stève Baranton Maître de conférences, Université de Poitiers

Membre Gregory Jerkiewicz Professor, Queen's University, Canada

Membre Claude Lamy Professeur honoraire, Université de Montpellier 2

Pour citer cette thèse :Anna Zalineeva. Influence d'une modification par des éléments du groupe p de catalyseurs de palladiumnanostructurés sur l'oxydation électrocatalytique du glycérol [En ligne]. Thèse Chimie théorique, physique,analytique. Poitiers : Université de Poitiers, 2014. Disponible sur Internet <http://theses.univ-poitiers.fr>

Page 2: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

THESE

Pour l’obtention du Grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITE DE POITIERS

(Faculté de Sciences Fondamentales et Appliquées) (Diplôme National – Arrêté du 7 août 2006)

Ecole Doctorale : Sciences pour l’Environnement Gay Lussac Secteur de Recherche : Chimie Théorique, Physique, Analytique

Présentée par :

Anna ZALINEEVA

Influence d’une modification par des éléments du groupe p de catalyseurs de palladium nanostructurés sur l’oxydation

électrocatalytique du glycérol

Directeur de Thèse : Christophe COUTANCEAU Codirecteur de Thèse : Stève BARANTON

Soutenu le 28 aout 2014 devant la Commission d’Examen

JURY

Pascal BRAULT, Directeur de Recherche CNRS Rapporteur GREMI, UMR CNRS-Université d’Orléans n° 7344

Marian CHATENET, Professeur Rapporteur LEPMI-Phelma, UMR CNRS-Grenoble INP n°5279

Gregory JERKIEWICZ, Professeur Examinateur Department of Chemistry, Queen's University

Claude LAMY, Professeur honoraire Examinateur IEM, UMR CNRS-Université Montpellier 2 n° 5635

François JERÔME, Directeur de Recherche CNRS Examinateur IC2MP, UMR CNRS-Université de Poitiers n°7285

Stève BARANTON, Maître de conférences Examinateur IC2MP, UMR CNRS-Université de Poitiers n°7285

Christophe COUTANCEAU, Professeur Examinateur IC2MP, UMR CNRS-Université de Poitiers n°7285

Page 3: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

Remerciements En premier lieu, je souhaite remercier très sincèrement l’ensemble des membres

du jury, qui m’ont fait l’honneur d’évaluer ce travail : M. Pascal Brault (Directeur de

Recherche au CNRS, GREMI, Université d’Orléans) et M. Marian Chatenet (Professeur

des Universités, LEPMI, Université de Grenoble) en qualité de rapporteurs de la thèse,

M. Gregory Jerkiewicz (Professeur, Queen’s University, Kingston, Canada), M. Claude

Lamy (Professeur des Universités, IEMM, Université de Montpellier 2), M. François

Jérôme (Directeur de Recherche CNRS, IC2MP, Université de Poitiers), M. Stève

Baranton (Maître de Conférences, IC2MP, Université de Poitiers) et M. Christophe

Coutanceau (Professeur des Universités, IC2MP, Université de Poitiers).

C’est un très grand privilège pour moi d’avoir M. Claude Lamy, Professeur

honoraire à l’IEMM et fondateur du laboratoire d’électrocatalyse de l’université de

Poitiers, comme examinateur de mon travail de thèse.

En particulier, je suis très reconnaissante à M. Gregory Jerkiewicz pour la

collaboration fructueuse sur la partie de nanoparticules à forme et le long déplacement

qu’il a dû effectuer pour assister à la soutenance.

Ma sincère gratitude va à mes directeurs de thèse, M. Christophe Coutanceau et

M. Stève Baranton. C’est avec Stève et Christophe que je me suis lancée en

électrochimie. C’est aussi grâce à Stève et Christophe que j’ai appris nombre de

techniques de caractérisation électrochimique des matériaux dont j’ai rapidement eu

besoin. Merci pour votre patience et soutien.

Je ne saurais continuer sans remercier la Direction de la Région Poitou-

Charentes pour le financement de cette thèse. Je voudrais aussi remercier M. Boniface

Kokoh et Mme. Sabrina Biais de l’école doctorale Gay Lussac pour leur soutien au

cours de cette thèse.

Un grand merci à Monsieur Teko Napporn pour ses conseils, l’encouragement et

les discussions scientifiques.

Je tiens également à remercier M. Plamen Atanassov de m’avoir accepté pour un

stage de 9 mois au sein de son laboratoire à l’Université de Nouveau-Mexique. De cette

collaboration productive émane toute la partie D de ma thèse et une publication

Page 4: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

significative! Merci à tous mes collègues russes et américains, Alexey, Kateryna,

Monica, Ulises.

Enfin, j’aimerais adresser un grand merci à tous mes collègues « thésards », en

particulier à Jiwei Ma et Patrick Urchaga et à tous les membres de mon ancienne

équipe «Électrocatalyse», ainsi que les techniciens et les verriers, Claude pour les

cellules électrochimiques artisanales, Stéphane pour les images MET de haute qualité

dans un court délai…

Page 5: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

Résumé

Les stocks de glycérol à travers le monde augmentent : étant une matière

première secondaire, ce produit chimique doit être valorisé. La co-production d’énergie

électrique ou d’hydrogène et de produits chimiques à valeur ajoutée à partir du glycérol

peut être réalisée dans des réacteurs électrochimiques. L’oxydation de glycérol est une

réaction complexe qui peut conduire à un grand nombre de produits chimiques et

d’intermédiaires utiles pour l’industrie. Le développement de catalyseurs spécifiques

pour orienter les chemins réactionnels de l’électro-oxydation du glycérol vers les

produits désirés est donc un objectif très important.

Des nanoparticules non supportées de palladium à distribution de taille et de

forme contrôlées ont été synthétisées par une voie colloïdale et caractérisées par

microscopie électronique et des méthodes électrochimiques afin d’obtenir une

corrélation entre la structure de surface et la réponse électrochimique. Ces électrolyseurs

modèles ont été modifiés par dépôt d’adatomes de bismuth. Puis leur activité et leur

sélectivité vis-à-vis de l’électro-oxydation du glycérol ont été respectivement évaluées

par voltammétrie cyclique et spectroscopie infrarouge in situ. Des matériaux plus

proches d’applications industrielles à base de palladium et d’éléments du groupe p (Bi,

Sn) ont aussi été par la suite synthétisés et évalués vis-à-vis de l’électrooxydation du

glycérol.

Les résultats obtenus montrent clairement l’influence de la composition, de

l’orientation de surface et de la nature de catalyseur sur l’activité et la sélectivité dans la

réaction de l’électrooxydation du glycérol.

Mots clès: Electro-oxydation de glycérol, Palladium, Formes, Adatom.

Page 6: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

Abstract: Modification of nanostructured palladium catalysts by p-elements and

their influence on electro-oxidation of glycerol.

The worldwide glycerol stocks are increasing; this chemical could be used as a

secondary primary raw material. Electric energy or hydrogen and added-value-chemical

cogeneration can be performed in electrochemical reactors. Glycerol oxidation is made

up of complex pathway reactions that can produce a large number of useful products

and valuable fine intermediates. The development of specific catalysts for electro

oxidation of glycerol to obtain desired products is a very important goal.

Unsupported palladium nanoparticles with controlled size and shape distribution

were synthesized by a colloidal method and characterized by electron microscopy and

electrochemical methods to obtain a correlation between the surface structure and the

electrochemical response. These model electrocatalysts have been modified by adatoms

of bismuth. And their activity and selectivity towards the electro-oxidation of glycerol

were respectively evaluated by cyclic voltammetry and in situ infrared spectroscopy.

Other materials for industrial applications based on palladium and p elements (Bi, Sn)

were also synthesized and evaluated towards the electro-oxidation of glycerol.

The results clearly show the influence of the composition, surface orientation and

the nature of the catalyst on activity and selectivity in the reaction of electro-oxidation

of glycerol.

Keywords: Eletcro-oxidation of glycerol, Palladium, Shape, Adatom.

Page 7: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

1

Sommaire

Introduction ...................................................................................................................... 4

A. Partie bibliographique .................................................................................................. 7

I. Le glycérol ............................................................................................................ 7

1. Production .......................................................................................................... 7

2. Valorisation du glycérol ..................................................................................... 9

3. Produits d’oxydation du glycérol ..................................................................... 10

4. Conversion électrochimique du glycérol ......................................................... 12

II. Les catalyseurs .................................................................................................... 19

1. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs monométalliques ................ 20

a. Le platine .................................................................................................. 20

b. L’or ........................................................................................................... 22

c. Le palladium ............................................................................................. 23

2. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs bimétalliques ...................... 25

III. Conclusion et objectifs ..................................................................................... 27

B. Partie expérimentale................................................................................................... 29

I. Nettoyage de la verrerie ...................................................................................... 29

II. Méthodes de synthèses ....................................................................................... 30

1. Méthode colloïdale .......................................................................................... 30

a. Synthèse des nanosphères ......................................................................... 33

b. Synthèse des nanocubes ........................................................................... 33

c. Synthèse des nanooctaèdres ..................................................................... 34

2. Méthode du support sacrificiel......................................................................... 34

a. Synthèse des catalyseurs PdxBi1-x ............................................................. 35

b. Synthèse des catalyseurs PdxSn1-x ............................................................ 36

III. Méthodes de caractérisation électrochimiques ................................................ 36

1. Voltammétrie cyclique ..................................................................................... 36

a. Cellule électrochimique ............................................................................ 37

b. Préparation de l’électrode de travail en or ................................................ 38

c. Préparation de l’électrode de travail en carbone ...................................... 40

Page 8: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

2

2. Chronoampérommétrie .................................................................................... 41

3. Spectroscopie infrarouge in situ....................................................................... 41

IV. Méthodes de caractérisation physicochimique ................................................ 43

1. Microscopie ..................................................................................................... 43

a. Microscopie électronique à transmission (MET) ..................................... 44

b. Microscopie électronique à balayage (MEB) ........................................... 45

2. Porosimétrie à l’azote ...................................................................................... 46

3. Spectroscopie photoélectronique de rayons X (XPS) ...................................... 46

4. Spectroscopie d’absorption atomique (SAA) .................................................. 47

C. Résultats : nanoparticules de palladium non supportées à distributions de tailles et de formes contrôlées ............................................................................................................ 48

I. Caractérisation par microscopie électronique à transmission des nanoparticules de palladium préparées par méthode colloïdale ......................................................... 48

1. Nanoparticules sans orientation préférentielle (nanosphères) ......................... 49

2. Nanoparticules d’orientation préférentielle (100) ............................................ 50

3. Nanoparticules d’orientation préférentielle (111) ............................................ 51

4. Conclusion ....................................................................................................... 53

II. Caractérisation électrochimique en milieu acide ................................................ 53

1. Comparaison du comportement électrochimique du palladium massif et du palladium nanostructuré .......................................................................................... 54

2. Séparation des processus dans la zone hydrogène en milieu acide ................. 57

3. Détermination de la charge d’adsorption/désorption d’hydrogène en sous potentiel ................................................................................................................... 62

4. Effet de la limite supérieure de potentiel sur la stabilité du palladium en milieu acide ........................................................................................................................ 65

5 Conclusion ....................................................................................................... 69

III. Voltammétrie cyclique en milieu alcalin ......................................................... 71

1. Etude en milieu support des nanoparticules de palladium ............................... 71

2. Modification de surface par le bismuth ........................................................... 73

IV. Electrooxydation du glycérol en milieu alcalin ............................................... 79

1. Electrooxydation du glycérol sur les nanoparticules de palladium pur ............. 79

Page 9: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

3

2. Electrooxydation du glycérol sur les nanoparticules de palladium modifiée par adsorption spontanée de bismuth ............................................................................ 82

V. Etude infrarouge in situ ...................................................................................... 88

1. Nanoparticules de palladium pur ..................................................................... 88

2. Nanoparticules de palladium modifiées par le bismuth ................................... 96

VI. Conclusion ..................................................................................................... 103

D. Résultats : nanoparticules auto-supportées à base de palladium modifié par des éléments du groupe p .................................................................................................... 107

I. Catalyseurs auto-supportés PdxBi1-x ................................................................. 107

1. Caractérisation physicochimique ................................................................... 107

2. Caractérisation électrochimique .................................................................... 111

3. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs PdxBi1-x auto-supportés .... 113

4. Etude infrarouge in situ de l’oxydation du glycérol sur les catalyseurs PdxBi1-x autosupportés ......................................................................................................... 118

5. Conclusion sur l’activité/sélectivité de PdxBi1-x ............................................ 122

II. Catalyseurs auto-supportés PdxSn1-x ................................................................. 125

1. Caractérisation physicochimique ................................................................... 126

2. Caractérisation électrochimique des catalyseurs PdxSn1-x ............................. 130

3. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs auto-supportés PdxSn1-x .... 131

4. Etude infrarouge in situ de l’oxydation du glycérol sur le catalyseur PdSn autosupporté .......................................................................................................... 133

5. Conclusion sur l’activité/sélectivité de PdSn vis-à-vis de l’oxydation du glycérol .................................................................................................................. 135

III. Evaluation de l’activité des catalyseurs PdxBi1-x et PdxSn1-x vis-à-vis de l’oxydation autres alcools ......................................................................................... 137

E. Conclusion générale et perspectives ........................................................................ 144

Références .................................................................................................................... 151

Bibliographie personnelle ............................................................................................. 159

Page 10: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

4

Introduction

Chaque année la demande énergétique de la société augmente de façon

impressionnante, alors que les ressources fossiles sont limitées. L’épuisement des

réserves pétrolières, mais également les problèmes environnementaux engendrés par

l’exploitation du carbone fossile (émission de gaz à effet de serre) ont suscité un intérêt

croissant pour les matières premières renouvelables issues de la biomasse.

Dans le domaine de l’énergie, la biomasse représente l’ensemble des matières

organiques d’origine végétale, animale ou fongique pouvant devenir une source

d’énergie par combustion ou méthanisation. La valorisation de la biomasse est un sujet

d’actualité de par son intérêt économique. En effet, les composés issus de la biomasse

ont souvent une faible valeur ajoutée et leur conversion par les méthodes chimiques

permet d’obtenir des produits à haute valeur ajoutée. Dans ce contexte, l’équipe

« Catalyse et milieux non-conventionnels » de l’Institut de Chimie des Milieux et

Matériaux de Poitiers (IC2MP, UMR CNRS-Université de Poitiers 7285) est très

fortement impliquée dans le développement de la chimie verte ou durable. Elle

développe d’ailleurs des recherches dans les thématiques suivantes: dépollution,

énergie, valorisation de la biomasse pour la chimie fine ou de spécialité. Pour cela, elle

entend développer des éco-procédés innovants s’appuyant sur la catalyse hétérogène et

l’activation non thermique des réactions chimiques. La conversion électrocatalytique de

la biomasse, notamment de polyols, au sein de réacteurs électrochimiques fait bien

évidemment partie des priorités de recherche.

Le glycérol et bien d’autres molécules encore, peuvent être extraits de la

biomasse. Le glycérol est une molécule produite aujourd’hui en grandes quantités de

différentes façons: productions de biocarburants (bioéthanol et biogazole1,2) et d’acides

gras. Le bioéthanol est principalement produit et consommé au Brésil et en Amérique

du Nord alors que l’Europe est un leader mondial dans la production de biogazole. Les

biocarburants sont actuellement plus chers que les combustibles traditionnels. La

production européenne de biogazole s’élève actuellement à plus de 9 millions de tonnes

Page 11: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

5

par an, la quantité annuelle actuelle de glycérine provenant de la production de

biogazole s’élève à environ 2,4 millions de tonnes et continuera à augmenter

proportionnellement dans le monde entier. En effet, pour 9 kg de biogazole produits,

environ 1 kg de glycérol brut est formé comme sous-produit3. L'augmentation de la

production de biogazole en Europe conduira à une augmentation des stocks de glycérol

brut. Une utilisation du glycérol brut ou sa conversion pour obtenir des produits

spécifiques pourrait conduire à la réduction du coût de production du biogazole et à

l’augmentation de sa rentabilité sans nécessité de soutien financier par les états ou la

commission européenne. Dans ce cas, le glycérol apparaîtrait comme une matière

première secondaire plutôt que comme un déchet de l’industrie des agro-carburants. En

particulier, il a été démontré que tous les produits d’oxydation du glycérol, sans rupture

de la liaison carbone-carbone, étaient des produits chimiques valorisables,4,5 quelle que

soit la positon de la fonction alcool oxydée.

La conversion du glycérol en composés oxygénés à haute valeur ajoutée peut

être effectuée dans des réacteurs électrochimiques (électrolyseurs ou piles à

combustible). Ces procédés de synthèse montrent de nombreux avantages, parmi

lesquels: les réactions sont effectuées dans des milieux aqueux à basse température et à

pression atmosphérique, l’activité et la sélectivité de la réaction peuvent être contrôlées

par le potentiel d’électrode, la valeur du pH de l’électrolyte, la concentration du

glycérol, ainsi que par la formulation des catalyseurs1,6-9.

La majorité des électrocatalyseurs anodiques développés pour l’oxydation de

molécules organiques est à base du platine10,11. Le platine est en effet reconnu pour être

le matériau le plus actif et le plus stable en milieu acide pour ce type de réaction. En

même temps, il est aussi connu que les cinétiques des réactions anodiques et

cathodiques sont plus élevées en milieux alcalins qu’en milieux acides12,13. De plus, la

stabilité des métaux non-nobles ou moins nobles que le platine est accrue en milieu

alcalin. C’est pourquoi, dans les piles à combustible alcalines, des matériaux

catalytiques alternatifs au platine peuvent être utilisés dans les deux électrodes, la

cathode14,15 et l’anode16,17. Des catalyseurs nanostructurés à base de palladium pur ou

Page 12: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

6

d’alliages de palladium avec des métaux de transition ou des éléments du groupe p ont

en effet déjà montré de fortes activités et des stabilités accrues en milieu alcalin, et

peuvent être considérés comme des substituts possibles du platine, intéressants d’un

point de vue économique pour l’oxydation des alcools18-21.

Les travaux de thèse décrits dans ce manuscrit visent à présenter une recherche

pertinente et de nouveaux résultats concernant des matériaux catalytiques pour la

valorisation de déchets issus de la biomasse, en l’occurrence le glycérol.

Le procédé dans lequel s’inscrivent les développements issus de cette thèse

s’oriente vers les réacteurs électrochimiques. Le matériau catalytique de base sera le

palladium, qui possède en milieu alcalin des caractéristiques catalytiques intéressantes

pour les réactions envisagées et qui de plus présente une disponibilité sur la planète plus

importante que celle du platine et un coût trois à quatre fois inférieurs. Les réactions

d’oxydation électrocatalytiques d’alcools étant des réactions de surface, il est dans un

premier temps très important de caractériser ces surfaces de palladium et de déterminer

leur activité et leur sélectivité. Ainsi, le comportement électrochimique du palladium

nanostructuré sera étudié dans un premier temps sur des nanoparticules modèles de

palladium, à distributions de taille et de formes contrôlées, puis, dans un second temps,

des matériaux catalytiques réels, c’est-à-dire dont la production peut aisément être

industrialisée en termes de changement d’échelle de production, feront eux aussi l’objet

d’une étude détaillée. Ces matériaux à structure hiérarchiquement contrôlée à base de

palladium seront étudiés pour l’électrooxydation de différents alcools d’intérêt

énergétique (méthanol, éthanol, isopropanol et glycérol), avec une attention toute

particulière pour le glycérol. Pour chaque type de catalyseurs, les effets sur l’activité et

la sélectivité vis-à-vis de la réaction d’électrooxydation du glycérol de la modification

de la surface de palladium par ajout d’atomes d’un élément du groupe p seront examinés

par des méthodes électrochimiques et des méthodes de spectroscopie infrarouge in situ.

Page 13: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

7

A. Partie bibliographique

I. Le glycérol

1. Production

Le glycérol (propane-1,2,3-triol) ou glycérine est un composé organique naturel

de formule semi-développée: CH2OH-CHOH-CH2OH. Il est intéressant de par son

caractère renouvelable et son abondance. Le glycérol est un produit non toxique, non

dangereux, non volatile, biodégradable et recyclable.

Le glycérol peut être obtenu par synthèse à partir du propylène et par

fermentation à partir des sucres. Industriellement, le glycérol est produit à partir des

huiles végétales lors de la formation d’acide gras, de savon ou de biogazole (100 kg de

glycérol sont produits pour 1 tonne de savon22 ou de biogazole23) selon le schéma

réactionnel présenté sur la Figure 1.

En principe, toutes les huiles peuvent être utilisées, ainsi que les graisses

animales3,24, cependant, certaines huiles sont privilégiées. Ainsi, en France, les

producteurs utilisent le plus souvent de l'huile de colza, tandis qu'aux États-Unis, les

fabricants préfèrent le soja et dans une moindre mesure le canola. Les États-Unis sont

par ailleurs les plus grands producteurs de soja devant le Brésil. Le glycérol produit

industriellement possède généralement une pureté de l’ordre de 75-90%; l’eau et des

sels résiduels (provenant des catalyseurs) sont les principaux contaminants du

glycérol25,26. Pour des études de l’oxydation électrocatalytique du glycérol, la pureté de

ce dernier était ≥99% (GC).

Dans le cas de l’industrie des biogazoles, le glycérol est le résidu non valorisé

des réactions de transestérification utilisées dans les procédés de production des esters

méthyliques d’huile végétales (EMHV) ajouté à raison de 5% au gazole.

Page 14: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

8

Figure 1. Production industrielle conduisant au glycérol comme sous-produit.

Les objectifs en termes d’utilisation de biogazole sont très ambitieux: en 2003,

l’Union Européenne a adopté la directive 2003/30/EC pour la promotion de l’utilisation

de biocarburants pour les transports1. Cette directive "biocarburants" pressait les états

membres d’établir des objectifs précis pour imposer une proportion minimum de

biocarburants sur le marché. Cet objectif a été placé à 2 % en 2005 et à 5,75 % en 2010.

Puis, en 2007, la commission européenne a proposé un paquet “integrated energy and

climate change” supporté par le parlement européen, qui a été finalement adopté par les

chefs d’états de l’Union européenne au cours du conseil européen du 8-9 mars 2007, où

il a été visé un minimum de 10% de biocarburants dans les essences et gazoles à

l’horizon 20202. Les mêmes objectifs ont été édictés aux USA par le DOE.

De nos jours, le marché global des biocarburants consiste approximativement en

85% de bioéthanol et 15% de biogazole. Le bioéthanol est principalement produit et

consommé au Brésil et en Amérique du nord. D’un autre côté, l’Europe est le leader

1 http://ec.europa.eu/energy/res/legislation/doc/biofuels/en_final.pdf 2 http://www.europabio.org/positions/Biofuels_EuropaBio%20position_Final.pdf

Page 15: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

9

mondial dans la production du biogazole et ce carburant représente environ 3/4 du

marché européen des biocarburants. Cependant, les biocarburants sont toujours plus

chers que les carburants traditionnels, et en conséquence les états membres de l’union

européenne ont eu la permission d’appliquer une exemption totale ou partielle de taxe

sur les biocarburants. De plus, en rappelant que pour 9 kg de biogazole produit environ

1 kg de glycérol brut est formé, l’augmentation de la production de biogazole en Europe

conduira à l’augmentation des stocks de glycérine. Par conséquent, l’utilisation effective

ou la conversion du glycérol en produits pour la chimie fine et/ou de spécialité pourrait

conduire à une réduction des coûts de production du biogazole.

2. Valorisation du glycérol

La valorisation du glycérol est généralement effectuée par des réactions de la

chimie organique. Ces réactions sont effectuées soit par catalyse hétérogène27,28 ou

homogène, soit à l'aide de biocatalyseur4. Des produits intéressants ont ainsi été obtenus

à partir du glycérol: des monoglycérides, des polyglycérols, des esters de polyglycérols

(utilisés comme émulsifiants dans l’industrie agroalimentaire mais également comme

agents tensioactifs non ioniques en cosmétiques), des éthers éthyliques du glycérol

(additifs de la coupe gazole), d’autres éthers (provenant de la réaction de télomérisation

avec le butadiène), le carbonate de glycérol (intermédiaire dans la formation de

polyéthers aliphatiques, solvants «verts»), le propane-1,3-diol, le glycéraldéhyde,

l’acide glycérique, l’acroléine, des aminoacides (surfactants cationiques), le glycidol

(intermédiaire de synthèse), des esters carbamiques soufrés ou non (à effet antifongique)

utilisables pour les espèces végétales cultivées pour la production de biocarburants, de

nouveaux analogues nucléosidiques à activité antivirale, etc. Cependant, l’utilisation du

glycérol en chimie organique est relativement difficile à cause de la présence de trois

groupes hydroxyles dont les pKa sont similaires (14,32 et 14,68)29,30 conduisant à la

formation parasite de différents produits. De plus, la viscosité importante du glycérol

pose des problèmes de transfert de matière, et enfin, le fort caractère hydrophile de la

molécule de glycérol rend difficile son interaction avec la plupart des composés

organiques.

Page 16: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

10

D’un autre côté, les produits d’oxydation du glycérol sans rupture de la liaison

C-C sont des intermédiaires utiles pour la chimie fine ou des produits à valeur ajoutée,

mais malheureusement ils n’ont pas encore vraiment eu d’applications industrielles à

grande échelle en raison du coût et de la dangerosité des processus de production

actuels4,31-35. Les réactions d'oxydation du glycérol sont principalement réalisées en

présence d’oxydants puissants en quantité stœchiométrique (permanganate de

potassium, acide nitrique ou encore acide chromique). Ces voies de synthèse ont aussi le

défaut de ne pas être sélectives et entraînent la formation de nombreux sous-produits

indésirables31,36 provenant de la rupture des liaisons carbone-carbone. Des procédés

enzymatiques ou microbiens ont aussi été utilisés et ont aidé à améliorer la sélectivité de

la réaction d’oxydation du glycérol, notamment vers le dihydroxyacétone, mais le

procédé reste couteux du fait de la très lente cinétique de réaction et de la difficulté à

séparer les produits de réaction du milieu de culture.

3. Produits d’oxydation du glycérol

Le glycérol possède une grande réactivité chimique grâce à la présence des trois

groupements hydroxyles: chacun des atomes de carbone portant une fonction alcool est

potentiellement activé et peut subir des réactions d’oxydation. Les chemins réactionnels

les plus importants pour la conversion du glycérol par oxydation sont présentés sur le

Figure 2. Ce schéma réactionnel montre deux voies principales de réaction. La première

consiste en l’oxydation d’un atome de carbone portant un groupement «alcool primaire»

(voie de gauche), alors que la seconde consiste en l’oxydation du carbone portant un

groupement «alcool secondaire» (voie droite).

En pratique, toutes les espèces oxygénées obtenues par oxydation sélective du

glycérol sont commercialement utilisables37. Par exemple, le 1,3-dihydroxyacétone

(DHA) est un des produits chimiques importants de l’oxydation du glycérol d’un point

de vue économique car il est utilisé dans de nombreuses industries, en particulier en

cosmétique comme agent bronzant38 et sert aussi de syntone élémentaire versatile pour

la synthèse organique et pour de nombreux composés de chimie fine39,40 qui trouveront

une utilisation dans l’industrie pharmaceutique et l’industrie des polymères. Le DHA

Page 17: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

11

peut être obtenu par la conversion microbienne du glycérol41 mais le procédé

d’extraction de DHA est complexe et couteux ce qui limite son développement à

l’échelle industrielle31,36. L’acide glycérique, l’acide tartronique et l’acide mésoxalique

sont principalement convertis en polymères ou émulsifiants biodégradables4. Mais ces

produits pourraient également servir comme agents complexant les métaux lourds pour

le contrôle de la pollution de l’eau31, ainsi que pour la synthèse de composés

biocompatibles utilisés dans l’industrie des détergents ou comme additifs alimentaires.

En fait, comme l’indique le Tableau 1 dans lequel les prix des divers composés sont

indiqués par unité de masse, les produits d’oxydation du glycérol possèdent tous une

valeur plus élevée que celle de glycérol, parfois dans un rapport 500 (dans le cas de

l’hydroxypyruvate).

Les couts relatifs des différents produits formés par oxydation du glycérol en

milieu alcalin sont présentés dans le Tableau 1.

Produit Fournisseur Prix, (€ g-1),

données 2014

Glycérol (≥99%) Sigma Aldrich 0,32

Glycéraldéhyde (≥90%) Sigma Aldrich 86,50

Dihydroxyacétone VWR 0,57

Acide glycérique (≥99%) Sigma Aldrich 82,50

Hydroxypyruvate Sigma Aldrich 152,00

Acide tartronique (≥97%) Sigma Aldrich 7,04

Acide mesoxalique* - -

Acide glycolique (≥99%) Sigma Aldrich 1,03

Acide glyoxylique Sigma Aldrich 0,14

Acide oxalique (≥99%) Sigma Aldrich 0,46

Tableau 1 Produits d’oxydation du glycérol en milieu alcalin et leurs couts relatifs.

* A noter que le coût de mésoxalate n’est pas renseigné par les fournisseurs commerciaux et dépend de la quantité commandée.

Page 18: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

12

Figure 2 Produits principaux de l’oxydation du glycérol4.

4. Conversion électrochimique du glycérol

La conversion électrochimique du glycérol peut être réalisée en milieu acide ou

en milieu alcalin. Le choix du milieu sera principalement orienté par le coût de matériau

nécessaire pour le fonctionnement du système.

Les piles à combustible et les électrolyseurs avec une membrane conductrice de

protons fonctionnent généralement avec des électrodes à base de métaux nobles (le

platine, le palladium, le ruthénium, les oxydes d'iridium, etc.). Le platine, en effet, reste

encore un catalyseur irremplaçable en milieu acide et sert de référence en milieu

alcalin42,43 pour certaines réactions électrochimiques comme, par exemple, la réduction

de l’eau et l’oxydation des alcools. En milieu acide, ce métal est le seul capable d’initier

les premières étapes d’oxydation, notamment celle de l’adsorption dissociative des

Page 19: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

13

alcools procédant de la rupture des liaisons C-H8,9,44. De plus, peu de métaux sont

stables en milieux acide; même le palladium qui fait partie de la famille du platine et est

souvent considéré comme un métal noble, ne possède pas une stabilité suffisante en

milieu acide et subit des phonèmes de corrosion et de dissolution pour des potentiels

d’électrodes relativement faibles.

En milieu alcalin, en revanche, des métaux moins nobles que le platine, et aussi

moins onéreux et plus disponibles, peuvent être utilisés comme matériaux catalytiques

pour activer non seulement les réactions d’oxydation d’alcools à l’anode des réacteurs

électrochimiques, mais aussi les réactions de réduction de l’oxygène et de l’eau à la

cathode des réacteurs électrochimiques. Un autre avantage du milieu alcalin sur le

milieu acide se situe au niveau des produits de réaction. En effet en milieu acide la

rupture de la liaison carbone-carbone est plus aisée et favorise la formation des

composés à un ou deux atomes de carbone (acide formique, acide oxalique, acide

glycolique) qui possèdent une valeur ajoutée plus faible que les produits d’oxydation à

trois atomes de carbone formés préférentiellement en milieu alcalin. En milieu alcalin la

dissociation du glycérol lors de son adsorption (la rupture de la liaison C-C) est limitée

et le glycéraldéhyde et/ou le dihydroxyacétone deviennent les intermédiaires/produits de

réaction majoritaires9.

Les réacteurs électrochimiques peuvent se présenter sous deux configurations

différentes: la configuration «pile à combustible» et la configuration «électrolyseur». La

Figure 3 présente les schémas de principe de ces deux configurations de réacteurs

électrochimiques dans le cas de l’oxydation complète du glycérol en carbonate en

milieu alcalin. La configuration «pile à combustible» permet d’obtenir simultanément

des produits chimiques à haute valeur ajoutée (dans le cas de l’oxydation contrôlée et

ménagée du glycérol à l’anode) et de l’énergie électrique par la réaction d’oxydation

directe du glycérol à l’anode couplée à la réaction de réduction de l’oxygène à la

cathode. Dans le cas de la configuration «électrolyseur», des produits chimiques à

haute valeur ajoutée sont obtenus en même temps que des molécules d’hydrogène par

oxydation directe du glycérol à l’anode et la réduction de l’eau à la cathode.

Page 20: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

14

Figure 3 Principe de fonctionnement: d’une pile à combustible à glycérol en milieu alcalin et d’un

électrolyseur.

De nos jours, la production massive d’hydrogène est principalement réalisée à

partir de composés fossiles par reformage d’hydrocarbures. Bien que ce procédé soit

actuellement le moins onéreux, il ne peut pas être considéré comme un procédé de la

chimie durable et de plus, l’hydrogène produit contient une quantité significative de

monoxyde de carbone (CO) qui n’autorise pas son utilisation directe au sein des piles à

combustible à basse température. Pour ce faire, il est nécessaire de purifier l’hydrogène

par l’intermédiaire de réactions de types « water gas shift », oxydation préférentielle,

etc., énergivores qui compliquent le procédé et augmentent le coût de production de

l’hydrogène. L’électrolyse de l’eau est un autre moyen de produire de l’hydrogène

propre. Dans ce cas, il est intéressant de comparer d’un point de vue thermodynamique

la production électrochimique d’hydrogène par électrolyse de l’eau et par l’électrolyse

du glycérol. Les valeurs thermodynamiques pour l’électrolyse de l’eau et du glycérol

sont présentées ci-dessous.

H2O → 1/2 O2 + 2 H+ + 2 e− (1)

ΔΗ0r = 286 kJ.mol-1 ΔG0

r = 237 kJ.mol-1

CH2OH–CHOH–CH2OH + 3 H2O → 3 CO2 + 14 H+ + 14 e− (2)

Page 21: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

15

ΔΗ0r = 3ΔΗ0

f (CO2)gaz - 3ΔΗ0f (H2O)liq - ΔΗ0

f (Glycérol)liq = 3(-393,5) + 3285,8 +

665,9 = 342,8 kJ.mol-1 , ΔG0r = 3 (-394,4) + 3237,2 + 475,5 = 3,9 kJ.mol-1

Les valeurs d’enthalpie de réaction montrent la nécessité d’un apport d’énergie

extérieure, fournie par un courant électrique. La tension théorique minimale standard U0

pour activer la réaction peut être calculée à partir de ΔG0r : U0 = ΔG0

r/nF, avec n le

nombre d’électrons impliqués dans la réaction et F la constante de Faraday. Ainsi dans

le cas de l’électrolyse de l’eau, une tension minimale de 1,23 V (n=2)5 doit être

appliquée dans les conditions standards contre 0,003 V (n=14) dans le cas du glycérol.

Toutefois, il faut ajouter à ces valeurs théoriques, une surtension nécessaire pour obtenir

une cinétique suffisante. Les données thermodynamiques montrent, donc, que

l’utilisation d’alcools, et notamment du glycérol45 à l’anode d’un électrolyseur

pourrait être énergétiquement plus intéressante que l’oxydation de l’eau pour la

production d'hydrogène. L’énergie stockée dans l’hydrogène peut ensuite être récupéré

grâce à une pile à combustible H2/O246.

Les piles à combustible ont un grand potentiel en tant que source d’alimentation

pour les appareils électroniques portables. Bien que l’hydrogène soit un combustible qui

permet d’atteindre un rendement électrique supérieur, sa production et sa purification

restent encore problématiques46-48. En effet, bien que l’hydrogène soit l’élément

chimique le plus abondant dans l’univers, il n’existe pas (ou de manière anecdotique)

sous la forme de molécules de dihydrogène sur la planète; il est en effet quasiment

exclusivement combiné soit avec du carbone (les hydrocarbures) soit avec de l’oxygène

(l’eau). L’utilisation de combustibles liquides, tels que des alcools et des polyols peut

alors être avantageuse49,50. Les nouvelles technologies de piles à combustible alcalines

(AFC) sont en cours de développement. Cependant, il est plus intéressant d’un point de

vue énergétique d’utiliser l’hydrogène fournit par une cellule d’électrolyse dans laquelle

un alcool est oxydé à l’anode plutôt que d’utiliser directement l’alcool comme

combustible dans la pile (Figure 4).

.

Page 22: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

16

Figure 4 Comparaison des caractéristiques électriques E(j) représentatives d’une loi cinétique de

Butter–Volmer pour l’oxydation de l’hydrogène, du glycérol, de l’eau, la réduction de l’oxygène et de des

protons pour une densité de courant de 1 A.cm-2.

Maintenant, la question peut être : quel est le meilleur alcool pour ce type de

procédé? Le méthanol présente généralement une assez bonne réactivité pour son

oxydation totale en CO2, produisant 6 moles d’électrons par mole de méthanol. Mais

c’est un composé toxique qui de plus possède une forte affinité avec l’eau, ce qui peut

conduire à des risques pour la santé et l’environnement. De plus, le méthanol est

principalement produit à partir de l’oxydation partielle du gaz naturel dans des procédés

industriels. L’éthanol est moins toxique et plus attrayant parce qu’il peut être produit à

partir de la fermentation du sucre issu des céréales ou de la betterave. Mais, en raison de

la difficulté de la rupture de la liaison C-C à basse température, les principaux produits

de réaction de l’oxydation de l’éthanol sont l’acétaldéhyde et l’acide acétique (en milieu

acide) ou l’acétate (en milieu alcalin)51, ce qui conduit à un rendement faible en

configuration pile à combustible (entre 17 et 33 % de l’énergie théorique) et à la

production des composés à faible valeur ajoutée en configuration «électrolyseur».

Accessoirement, l’acétaldéhyde est suspecté d’être toxique et cancérigène (fiche de

toxicité n°120 de l’INRS).

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

- 0,2 - 0,4 - 0,6 - 0,8 - 1,0

j / A cm-2

E vs ERH/V

0,4 0,8 1,2 1,6 2,0

O2 H2O

1,23

H2 H+

UFC(O2/H2) = 0,65 V

H+ H2

H2O O2

UEC =1,8 - 2,0V

UFC(O2/H2)/ Ualcool EC

Ualcool EC= 0,8V

Page 23: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

17

L’utilisation des polyols comme combustible peut être une alternative

intéressante. Une relativement bonne réactivité de l’éthylène glycol et du glycérol (6

mW.cm-2 et 10 mW.cm-2 respectivement) a été démontrée en milieu alcalin par

Matsuoka52 dans une SAMFC équipée d’une électrode à base de PtRu. Demarconnay53

a obtenu une performance proche de 30 mW.cm-2 avec de l'éthylène glycol 2,0 M à

température ambiante dans une SAMFC (Solid Alkaline Membrane Fuel Cell) munie d’

une anode Pt0,45Pd0,45Bi0,1/C contre 22 mW.cm-2 avec une anode Pt0,9Bi0,1/C dans les

même conditions expérimentales. Ilie a obtenu jusqu’à 25 mW.cm-2 dans une pile à

combustible avec un catalyseur Pt/C pour la cathode et une électrode à base de

Pt0,9Bi0,1/C comme anode17. La possibilité de cogénération de l’énergie et des produits

chimiques par l’oxydation électrochimique du glycérol a été mentionnée en 2010 par

Simoes50. Plus tard, Zhang a étudié l’oxydation électrocatalytique du glycérol pour la

cogénération d’électricité et de produits chimiques à haute valeur ajoutée sur un

catalyseur classique de Pt/C à l’anode d’une pile à combustible à membrane conductrice

d’anions (AEMFC)54. De plus, les polyols tels que l’éthylène glycol et le glycérol sont

moins toxiques que le méthanol et présentent une densité d’énergie théorique

relativement élevée (respectivement, 5,2 et 5,0 kWh.kg-1 pour l’éthylène glycol et le

glycérol, contre 6,1 et 8,0 kWh.kg-1 pour le méthanol et l’éyhanol, respectivement49).

Dans les polyols, chaque atome de carbone porte un groupement alcool et en

conséquence leur oxydation partielle en oxalate et mesoxalate (selon les réactions 3 et

4), sans rupture de la liaison C-C et production de CO2, implique 8 et 10 électrons

échangés pour l’éthylène glycol et le glycérol, contre 10 et 14 électrons, respectivement,

pour l’oxydation complète en carbonate (réactions 5 et 6).

CH2OH–CH2OH + 10 OH−→ COO−–COO− + 8 H2O + 8e− (3)

CH2OH–CHOH–CH2OH + 12 OH−→ COO−–CO–COO− +10 H2O + 10 e− (4)

CH2OH–CH2OH + 14 OH−→ 2 CO32- + 10 H2O + 10 e− (5)

CH2OH–CHOH–CH2OH + 20 OH−→ 3 CO32- + 14 H2O + 14 e− (6)

Cependant, l’éthylène glycol est un produit issu de l’industrie pétrochimique et

provient principalement de l’oxydation partielle de l’éthylène, tandis que le glycérol,

Page 24: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

18

comme il a été dit précédemment, est un sous-produit encore peu valorisé de l’industrie

des agro-carburants. Il peut à ce titre être considéré comme une matière première

secondaire issue de la biomasse.

Dans une pile à combustible (PEMFC = proton exchange membrane fuel cell) ou

un électrolyseur (PEMEC = proton exchange membrane electrolysis cell) acide à alcool

directe, les protons traversent la membrane conductrice protonique de l’anode où les

alcools sont oxydés vers la cathode, pour participer à la réaction de réduction de

l’oxygène (mode PEMFC) ou être réduits en hydrogène moléculaire (mode PEMEC).

Au contraire, dans les piles à combustible (SAMFCs) et les électrolyseurs (SAMECs) à

membrane alcaline solide, ce sont les ions hydroxyles qui traversent la membrane

conductrice d’anions de la cathode où les réactions de réduction de l’oxygène ou de

l’eau se produisent selon les équations 7 ou 8, vers l’anode où le glycérol est oxydé

selon, par exemple, les équations 9 et 10 conduisant à la production de glycéraldéhyde

et de glycérate.

Réactions de réduction:

1/2 O2 + H2O + 2 e− → 2 OH− (7)

2 H2O + 2 e− → 2 OH− + H2 (8)

Réactions d’oxydation:

CH2OH–CHOH–CH2OH + 2 OH−→ CH2OH–CHOH–CHO + 2 H2O + 2 e− (9)

CH2OH–CHOH–CH2OH + 5 OH− → CH2OH–CHOH–COO- + 4 H2O + 4 e− (10)

Ainsi, les réactions complètes dans le cas d’une SAMFCs produisant, par exemple, du

glycéraldéhyde, du glycérate et du carbonate sont les suivantes:

CH2OH–CHOH–CH2OH + 1/2 O2 → CH2OH–CHOH–CHO + H2O (11)

CH2OH–CHOH–CH2OH + O2 + OH− → CH2OH–CHOH–COO- + 2 H2O (12)

CH2OH–CHOH–CH2OH + 7/2 O2 + 6 OH− → 3 CO32- + 7 H2O (13)

Et, les réactions correspondantes pour les SAMECs sont:

Page 25: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

19

CH2OH–CHOH–CH2OH → CH2OH–CHOH–CHO + H2 (14)

CH2OH–CHOH–CH2OH + OH−→ CH2OH–CHOH–COO- + 2 H2 (15)

CH2OH–CHOH–CH2OH + 6 OH−→ 3 CO32- + 7 H2 (16)

L’oxydation des polyols à l’anode d’une pile à combustible ou d’un

électrolyseur peut donc être réalisée relativement facilement, permettant la production

d’électricité pour l’alimentation directe d’appareils électroniques de faible puissance ou

d’hydrogène propre pour alimenter une pile de plus forte puissance ou pour la chimie.

Cependant, pour rendre de tels systèmes intéressants pour d’éventuelles applications, les

performances globales électriques des réacteurs électrochimiques doivent être

améliorées. Cela permettrait non seulement de concevoir des générateurs électriques

avec une puissance plus élevée, mais également d’augmenter le rendement en produits

à haute valeur ajoutée (dont l’hydrogène). Il est nécessaire pour cela d’augmenter les

vitesses de réaction (activité) et d’orienter les chemins réactionnels vers les produits

désirés (sélectivité), c’est le rôle de l’électrocatalyse. Pour cela, le développement

d’électrocatalyseurs spécifiques aux réactions envisagées et aux milieux considérés doit

être effectué.

II. Les catalyseurs

La nature, la structure et la composition des catalyseurs mono- et multi-

métalliques ont des effets importants sur le chemin réactionnel d’électrooxydation du

glycérol, et par conséquent sur leur activité (production d’énergie ou de dihydrogène) et

sélectivité (en ce qui concerne les produits de réaction d’oxydation)50. En effet,

l’électrooxydation du glycérol peut se produire par l’intermédiaire de deux chemins

réactionnels selon que les fonctions « alcool » primaires ou la fonction « alcool »

secondaire soient préférentiellement attaquées lors de la première étape du processus, et

conduire à plusieurs types à produits selon les schémas réactionnels suivants:

Page 26: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

20

Figure 5 Les schémas réactionnels de l’électrooxydation du glycérol.

Le platine est le matériau de référence pour l’électrooxydation des alcools en

milieu acide, comme en milieu basique. En milieu acide, ce métal est considéré comme

le seul à pouvoir initier les premières étapes de l’adsorption des alcools, à savoir la

rupture de la liaison C-H44. En milieu alcalin, d’autres métaux ont été proposés comme

candidats pour l’oxydation électrocatalytique des alcools en général, et du glycérol en

particulier: le palladium et l’or55. Le palladium, qui est moins noble que le platine,

gagne en stabilité en milieu alcalin. L’or est inactif en milieu acide pour l’oxydation des

alcools56,57 mais il le devient en milieu alcalin en raison de sa capacité à adsorber des

espèces hydroxyles à sa surface à des potentiels relativement bas (0,4 V vs. ERH)56.

1. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs monométalliques

a. Le platine

Les effets du potentiel d’électrode et du pH du milieu réactionnel sur l’oxydation

électrocatalytique du glycérol sur des électrodes de platine ont été étudiés dans les

années 1990 par Roquet et al.9. Ces auteurs ont analysé les produits de réaction par

chromatographie liquide pendant des expériences de chronoampérométrie à potentiels

contrôlés. Ils trouvèrent en particulier que la sélectivité vers la production de

glycéraldéhyde dépendait fortement du potentiel d’électrode et du pH de l’électrolyte.

Rupture de la iaison C-C :

produits en C2 et C1

-2 e-

-2 e- -4 e-

-2 e-

-2 e-

-4 e-

-4 e-

glyceraldéhyde

glycérol

dihydroxyacétone

glycérate tartronate

mésoxalate

hydroxypyruvate

Page 27: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

21

En milieu acide, l’oxydation dissociative du glycérol conduisait aux acides

formique, oxalique et glycolique lorsque le potentiel était fixé dans la zone de formation

des oxydes de surface sur le platine. En revanche, lorsque le potentiel d’électrode était

fixé avant le début de la formation des oxydes de surface sur le platine, la sélectivité

vers la formation de glycéraldéhyde devenait très élevée.

En milieu alcalin, très peu de produits de dissociation, provenant de la rupture de

la liaison C-C, ont été détectés, et ce indépendamment de la valeur du potentiel

appliquée à l’électrode. En revanche, la vitesse de conversion du glycérol était

sensiblement augmentée en comparaison avec le milieu acide.

De récentes études de l’oxydation du glycérol par spectroscopie infrarouge

réalisées par Fernandes Gomes et Tremiliosi-Filho sur du platine polycrystallin

indiquait que la sélectivité de la réaction ne semblait pas dépendre de la valeur du pH du

milieu; les produits principaux de réaction étant les acides tartronique (tartronate en

milieu alcalin), glycolique (glycolate), glyoxylique (glyoxylate), formique (formate) et

le dioxyde de carbone (carbonate)58. Au contraire, sur la base de mesure par HPLC et

nano balance électrochimique à crystal de quartz, Kwon et al. ont trouvé une

dépendance du mécanisme avec le pH: du glycérate produit à partir de glycéraldéhyde

adsorbé est le produit principal en milieu alcalin, tandis que lorsque le pH est diminué,

le glycéraldéhyde devenait le produit principal de réaction59.

Enfin, l’effet de la structure cristalline des surfaces de platine sur l’électro

oxydation du glycérol a été étudié par Avramov-Ivic et al8. Ces auteurs n’ont pas

observé de différences notables d’activité entre les monocristaux Pt(111), Pt(110) et

Pt(100), bien que la surface Pt(111) semblait être la plus active. Ils ont en revanche

montré que la cinétique de réaction était globalement plus élevée en milieu alcalin qu’en

milieu acide et que l’adsorption et l’oxydation de glycérol avec rupture de la liaison C-C

étaient limitées.

Page 28: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

22

b. L’or

L'or est un matériau inactif en milieu acide pour l’électrooxydation des

alcools56,57 mais il devient actif en milieu alcalin en raison de sa capacité d’adsorber à

sa surface des espèces hydroxyle (OH) à relativement bas potentiels (environ 0,4 V vs.

ERH)56. Il a été d’ailleurs récemment montré que l’or possédait une activité

électrocatalytique élevée pour l’oxydation du glycérol en milieu alcalin59,60.

En 1984, Kahyaoglu et al. ont en effet observé que l’or était en effet actif pour la

réaction d’oxydation du glycérol seulement en milieu alcalin6. Cette propriété a été

récemment confirmée par Kwon et al.59. Pour de faibles concentrations en glycérol, le

mécanisme suivant a été proposé pour l’oxydation du glycérol en milieu alcalin:

M + Gly M-Glyads (17)

M + OH- M-OH + e- (18)

M-Glyads + M-OH produits (19)

M-Glyads + OH- produits + e- (20)

où M représenté un site métallique d’adsorption et Gly est une molécule de glycérol.

Pour expliquer la différence de comportement catalytique entre le platine et l’or,

les auteurs ont proposé que la réaction d’adsorption des ions hydroxyles fût l’étape

limitante sur l’or, tandis que sur la platine l’étape limitante était la réaction d’adsorption

du glycérol. Mais, quelques années plus tard, Adzic et Avramov-Ivic61 ont étudié

l’électrooxydation de l’éthylène glycol en milieu alcalin sur des monocristaux Au(111),

Au(110) et Au(100) et ont montré que l’adsorption des ions hydroxyles avec un

transfert partial d’électron pouvait être l’étape limitante pour l’adsorption d’alcool sur

des surfaces d’or. La réaction suivante de transfert partiel d’électron a été proposée:

Au + OH- Au λ+- OHλ- + e- (21)

Cette réaction est sensible à la structure du catalyseur et l’adsorption d’espèces

hydroxyles se produit à plus faibles potentiels sur une surface Au(110) que sur les

Page 29: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

23

surfaces Au(100) et Au(111). Les auteurs ont vérifié que le déplacement du potentiel de

début d’oxydation du glycérol suivait la même tendance que celui de l’adsorption des

ions hydroxyles sur les surfaces respectives. Avramov-Ivic´ et al.7 ont plus tard

confirmé l’adsorption d’ions hydroxyles avec un transfert partiel de charge comme étant

l’étape limitante sur une surface Au(100). De plus, les auteurs ont proposé que le

glycérol ne s’adsorbait pas sur une surface d’or avant la formation d’espèces Au-OHads

et que la première étape de la réaction d’oxydation du glycérol impliquait une

interaction entre l’atome d’hydrogène porté par le carbone secondaire de la molécule de

glycérol et une espèce Au-OHads.

Simoes et al. ont par ailleurs récemment montré, sur la base d’une étude par

spectroscopie infrarouge in situ de l’oxydation du glycérol, la formation de

dihydroxyacétone et d’hydroxypyruvate sur des nanoparticules d’or qui implique

l’oxydation de la fonction alcool secondaire en cétone50. La formation de ces composés

a été ensuite confirmée par analyse en chromatographie liquide après des expériences

de chronoampérométrie à potentiels contrôlés.

Kwon et al. ont obtenu de l’acide glycérique comme produit primaire à bas

potentiels; ce produit de réaction peut ensuite être oxydé à plus hauts potentiels (> 0,8

V) pour donner des acides glycolique et formique59. Zhang et al., quand à eux, ont

analysé les produits de réaction à la sortie anodique d’une pile alcaline à membrane

alimentée en glycérol et équipée d’une anode Au/C; ils ont trouvé que l’or favorisait la

production de produits fortement oxydés, tels que les acides tartronique, mésoxalique et

oxalique60. Dans leurs expériences, ils ont appliqué différentes tensions de cellule

pendant 2 heures avec recirculation de la solution anodique, ce qui pouvait permettre la

suroxydation d’espèces de type dihydroxyacétone et hydroxypyruvate en acide

tartronique et mésoxalique.

c. Le palladium

Le palladium possède une activité catalytique très élevée pour plusieurs

processus électrochimiques, tels que la réaction de dégagement d’hydrogène, la réaction

Page 30: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

24

d’oxydation de l’hydrogène en milieu acide62, la réduction de l’oxygène63 dans les

milieux acides et alcalins, et l’oxydation de composés organiques simples5,19,63-73.

Les catalyseurs à base de palladium sont plus stables en milieu alcalin qu’en

milieu acide. La réaction d’électrooxydation est dépendante de l’adsorption des

groupements hydroxyle sur la surface. Ce fait est déterminant pour justifier l’écart

d’activité entre le palladium et le platine. La désorption de l’hydrogène de la surface du

palladium se produit à des potentiels plus élevés que sur le platine. A cause de cela, la

surface métallique n’est pas accessible pour l’adsorption des ions hydroxyles. Ceci

engendre un écart de potentiel entre la formation des espèces surfaciques PdOHads et

PtOHads ce qui conduit à une différence considérable pour le potentiel de début

d’oxydation du glycérol entre le palladium et le platine.

Les avantages d’un catalyseur de palladium par rapport à celui de platine est son

coût, deux à trois fois moins élevé (le coût de palladium est environ de 20 000 € / kg)13,

ainsi que son abondance sur la terre (Pd est au moins 50 fois plus abondant que Pt)70.

Le comportement du palladium vis à vis de la réaction d’oxydation du glycérol

a été étudié par Yildiz et Kadirgan1. Ils ont observés deux pics d’oxydation au cours de

la variation positive de potentiel. La première vague d’oxydation apparaissait juste après

la désorption de l’hydrogène de la surface du palladium. A partir de résultats infrarouge

in situ, ils ont attribué une bande d’absorption à 1600 cm-1 à la formation de glycérate.

Mais, dans le cas du glycérol, la symétrie de la molécule peut conduire à l’oxydation

des deux groupements alcools primaires avec formation de glycérate et de tartronate;

leur distinction par infrarouge est loin d’être triviale. Plus récemment les performances

de catalyseurs Pd/MWCNT (Multi Walled Carbon Nanotubes) ont été évaluées au sein

d’une pile à combustion directe de glycérol9,19. L’analyse par RMN du 13C des produits

de réaction après 12 h d’opération à température ambiante à intensité contrôlée de 102

mA a conduit à la détection de glycérate, tartronate, glycolate, oxalate, formate et

carbonate. La recirculation de la solution anodique à l’anode de la pile et le potentiel

élevé de l’étude est certainement responsable de la large variété de produits formés et ne

permet pas de proposer un mécanisme.

Page 31: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

25

Cependant, il est apparu que le palladium pouvait casser la liaison C-C et que le

carbone portant la fonction alcool secondaire ne s’était pas oxydé dans ces conditions.

Simoes a observé par spectroscopie infrarouge in situ les mêmes bandes d’absorption

sur le palladium que sur le platine et a donc conclut que le même mécanisme était en

jeu sur ces deux catalyseurs50. Dans les deux cas, une bande d’absorption à 1335 cm-1

attribuée à la formation de dihydroxyacétone (DHA) a été observée à bas potentiels.

Ceci indiquait, donc, que le carbone portant la fonction alcool secondaire pouvait être

oxydé. Pourtant, il n’observa pas de formation d’hydroxypyruvate, ni par infrarouge in

situ, ni par analyse HPLC. Il a été proposé que le DHA produit à la surface des

électrodes subissait une réaction d’isomérisation rapide vers le glycéraldéhyde qui

pouvait être ensuite oxydé vers le glycérate et le tartronate.

2. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs bimétalliques

Les catalyseurs bimétalliques à base de métaux nobles ont été extensivement

étudiés au cours de ces dernières années74-79. Il a été montré que des alliages du platine

avec des atomes de métaux moins nobles permettaient d’augmenter sensiblement

l’activité et la sélectivité du catalyseur vis-à-vis des réactions d’électrooxydation des

alcools51,80. Le comportement électrocatalytique d’un alliage Pd0,5Pt0,5/C a été évalué et

comparé à ceux de catalyseurs monométaliques Pt/C et Pd/C. Les caractérisations par

méthodes électrochimiques pour la surface et de diffraction de rayon X ont indiqué que

la structure cristalline des nanoparticules Pd0,5Pt0,5 correspondait à celle des

nanoparticules de Pt et que cet alliage a été formé par substitution des atomes de platine

par des atomes de palladium. Le catalyseur bimétallique a affiché une activité plus

élevée que les catalyseurs monométalliques, pour l’oxydation du glycérol5. Un tel effet

synergique du palladium allié au platine a déjà été observé pour l’électrooxydation de

l’éthylène glycol en milieu alcalin en cellule électrochimique classique à trois

électrodes, ainsi que dans des piles à combustible53,81.

L’électrooxydation du glycérol a aussi été étudiée sur des alliages PdxAu1-x de

compositions atomiques différentes50. Le mécanisme de la réaction, ainsi que la

sélectivité du matériau ont été comparés à ceux obtenus sur l’or et le palladium purs. Le

Page 32: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

26

potentiel de début d’oxydation du glycérol sur PdxAu1- x /C est d’environ 0,5 V pour x >

0,5, le même que pour Au/C et Pd/C et environ 0,45 V pour x ≤ 0,5. L’activité des

alliages PdxAu1-x est plus élevée et plus proche de celle du platine pur. Les activités les

plus élevée ont été obtenues pour des rapports atomiques Pd /Au 1:1 et 3:7; Toutefois,

Simoes et al. ont montré que les surfaces de ces catalyseurs étaient riches en palladium,

correspondant à 76 et 61 at% de palladium à la surface, respectivement82, au lieu des 50

% et 30 % donnés par analyse ICP-OES. L’amélioration de l’activité s’explique par le

mécanisme bifonctionnel83, ainsi que par l’effet de ligand84. Les spectres infrarouge des

intermédiaires de réaction sur les catalyseurs PdxAu1- x /C ont fait apparaître la même

bande d’absorption, à 1335 cm-1, que sur le catalyseur Pd/C, attribuée à la formation du

dihydroxyacétone aux bas potentiels et la formation d’espèces issues de l’oxydation des

groupes alcool primaire du glycérol à des potentiels plus élevés. L’apparition d’une

bande d’absorption infrarouge à 1350 cm-1 attribuée à l’hydroxypyruvate n’avait quant à

elle pas été détectée. En outre, une bande d’absorption à 1900 cm-1, attribuée à des

espèces de CO adsorbé sur le palladium85 (qui est une preuve de la capacité du

catalyseur de casser la liaison C-C ), n’était présente que pour des rapports atomiques de

palladium: or supérieurs à 3:7. La présence de l’or sur la surface de catalyseur

permettait la diminution de l’empoisonnement par le monoxyde de carbone adsorbé et

l’amélioration de l’activité du catalyseur.

Récemment, Simoes a montré que la modification du palladium par le nickel

conduisait aussi à une augmentation de l’activité pour l’électrooxydation du glycérol,

laquelle s’approchait de celle du platine50. Les mesures par spectroscopie infrarouge in

situ ont démontré des changements importants du comportement de Pd/C après

l’addition des atomes de nickel. Il a ainsi été montré que le palladium favorisait

l’oxydation du groupement alcool primaire (ce qui conduisait à des composés tels que

carboxylates et tartronates)50.

Simoes a obtenu des courbes de polarisation en milieu 0,1 M glycérol + 1 M

NaOH sur des catalyseurs PdxBi1-x/C montrant une activité électrocatalytique pour

l’oxydation du glycérol beaucoup plus élevée que celle du palladium seul et équivalente

Page 33: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

27

à celle d’un catalyseur Pt/C, avec un déplacement du début de la vague d’oxydation de

0,6 V vs. RHE à 0,4 V vs. RHE. En revanche, la modification du platine par Bi

déplaçait le début d’oxydation de 0,2 V vers les bas potentiels (de 0,4 V vs ERH à 0,2 V

vs. ERH). Ces résultats remarquables d’augmentation de l’activité catalytique du platine

et du palladium vis-à-vis de l’oxydation de petites molécules organiques induite par leur

modification par des atomes des éléments du groupe p71,86-89, notamment, du

bismuth53,90-92 a fait l’objet d’un intérêt croissant au cours des dernières décennies.

L’étude du comportement électrochimique de surfaces du platine et du palladium

modifiées par la présence d’atomes de bismuth a permis d’accroitre la compréhension

de la nature de ces modifications et de la structure des matériaux93,94. Un métal étranger

non noble permet aussi de limiter l’adsorption du CO sur la surface d’un métal noble,

c'est-à-dire l’empoisonnement du catalyseur83,95.

Il a été observé que la présence de bismuth a une influence sur le mode

d’adsorption du glycérol (le début d’oxydation est décalé vers les bas potentiels) et que

pour les potentiels plus élevés, l’oxydation du bismuth peut apporter des espèces

hydroxyles pour compléter la réaction d’oxydation, assurant un pH élevé à la surface86.

III. Conclusion et objectifs

En milieu alcalin un catalyseur Pt/C est le plus actif vis-à-vis de l’oxydation du

glycérol, présentant une surtension d’oxydation inférieure d’environ 0,2 V à celle

obtenue avec les catalyseurs Pd/C et Au/C. Les inconvénients principaux de l’utilisation

des catalyseurs à base de platine sont le coût de ce métal noble (actuellement plus de 40

000 €/kg) et les ressources mondiales limitées qui représente un frein pour le

développement durable. En raison du fait que le platine est un métal couteux et rare, le

palladium a été considéré comme l’élément de base des catalyseurs développés et

étudiés au cours de cette thèse de doctorat.

L’étude bibliographique a montré qu’il y avait des désaccords concernant les

mécanismes d’oxydation du glycérol sur le palladium: certains auteurs ont montré que

Page 34: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

28

seules les fonctions alcool primaire étaient oxydées sur le palladium tandis que d’autres

ont montré la formation de dihydroxyacétone. Les réactions d’électrooxydation

d’alcools ont lieu à la surface des électrodes, et ces réactions d’oxydation d’alcools en

général, et du glycérol en particulier, sont sensibles à la structure des catalyseurs. Il

apparaissait donc important de vérifier dans un premier temps l’activité et la sélectivité

de nanoparticules de palladium présentant des structures de surfaces différentes vis-à-

vis de la réaction d’oxydation du palladium afin de tenter d’établir une corrélation

structure/comportement électrocatalytique.

Toujours en partant de l’étude bibliographique, il est apparu que la modification

des surfaces de palladium par le bismuth induisait de forte variation de l’activité et de la

sélectivité du catalyseur vis-à-vis de la réaction d’électrooxydation du glycérol. La

modification de la surface des nanoparticules de palladium à distributions de taille et de

forme contrôlées par dépôt spontané et contrôlé de bismuth a été réalisée dans un

second temps et les effets sur l’activité et la sélectivité ont été évalués.

Enfin, des matériaux catalytiques réels, c’est-à-dire dont la production peut

aisément être industrialisée, à base de palladium modifié par des éléments du groupe p

(bismuth et étain) ont aussi été étudiés.

Une attention particulière a été donnée aux caractérisations physicochimiques de

tous les matériaux synthétisés. Cela a permis d’atteindre une bonne compréhension des

structures qui composent les surfaces catalytiques et de leur influence sur l’activité et la

sélectivité des catalyseurs.

Page 35: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

29

B. Partie expérimentale

I. Nettoyage de la verrerie

Pour réaliser une expérience électrochimique, il est d’une extrême importance

que tout le matériel en contact avec les électrodes et l’électrolyte soit très propre. La

présence de molécules organiques adsorbées sur la verrerie est indésirable: ces

molécules peuvent se solubiliser dans l’électrolyte et réagir avec le catalyseur au cours

d’une expérience. Dans ce cas, soit la molécule reste irréversiblement adsorbée sur la

surface catalytique dans la zone de potentiel considérée, bloquant des sites actifs, soit

elle va réagir avec le catalyseur. S’il y a un transfert de charge, des pics de courant

apparaîtront lors de l’enregistrement des courbes de polarisation. Le nettoyage du

matériel de laboratoire est donc d’une importance extrême et ne doit pas être négligé

avant toute expérience d’électrochimie.

Généralement la verrerie est nettoyée à l’aide de solutions fortement oxydantes.

La procédure consiste à immerger la verrerie dans une solution acidifiée de

permanganate de potassium (Sigma-Aldrich) pendant 24 h. Après avoir sorti la verrerie

de la solution de permanganate, celle-ci est rincée avec une solution composée en

volume d’un quart de peroxyde d’hydrogène à 33% vol. (VWR), d’un quart d’acide

sulfurique à 95% vol. (VWR) et d’un demi d’eau ultra pure. L’acide persulfurique

formé ainsi est un composé très dangereux, toutes les manipulations doivent s’effectuer

avec les précautions spéciales. Finalement, le matériel est abondamment rincé à l’eau

ultra pure.

Toute la verrerie utilisée lors de la synthèse des catalyseurs est nettoyée

préalablement à l’acétone, à l’éthanol et à l’eau ultra pure pour éliminer les traces de

tensioactif. Ensuite, cette verrerie est immergée dans une solution d’eau régale,

composée de deux volumes d’acide chlorhydrique 37% vol. (VWR) et d’un volume

d’acide nitrique 68% vol. (VWR). Cette solution permet de solubiliser tous les résidus

métalliques qui peuvent rester en contact avec la verrerie après la synthèse des

Page 36: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

30

catalyseurs. La présence non contrôlée de particules métalliques dans les réacteurs au

départ d’une synthèse peut modifier le mécanisme de croissance des nanoparticules.

Cette étape de nettoyage s’avère déterminante pour assurer la répétabilité des synthèses.

II. Méthodes de synthèses

Lors de ces travaux, deux grands procédés de synthèses ont été utilisées : une

méthode colloïdale et une méthode à support sacrificiel. La première est tout à fait

adaptée pour obtenir des nanoparticules métalliques à distribution de taille et de forme

contrôlées présentant différentes orientations cristallographiques de surface bien

définies. La seconde, développée à l’Université du Nouveau Mexique à Albuquerque,

dans le laboratoire de Professeur Plamen Atanassov, est tout à fait adaptée à l’obtention

à grande échelle de matériaux mono- ou bimétalliques à base de palladium présentant

une structure hiérarchiquement contrôlée.

1. Méthode colloïdale

La méthode colloïdale est basée sur les principes de germination-croissance96-99.

La synthèse par cette méthode100,101 est effectuée en milieu aqueux et met en jeu un

tensioactif polymère. Ces agents de stabilisation permettent d’éviter l’agglomération de

nanoparticules en induisant une force répulsive entre elles et sont utilisés depuis

longtemps pour des synthèses de nanoparticules anisotropes de différents matériaux102.

La chaîne carbonée du polyvinylpyrrolydone (PVP, représenté sur la Figure 6),

interagit avec les surfaces métalliques par création de liaisons entre l’oxygène du

groupement carbonyle et les atomes de métal et leur fournit une couche protectrice,

menant à une répulsion stérique. Le PVP aura pour rôle de contrôler la taille et la

distribution de taille des nanoparticules.

Page 37: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

31

Figure 6 Formule développée du polyvinylpyrrolidone.

Le mécanisme de la formation d’une morphologie donnée semble soumis au

mode d’interaction des surfaces métalliques avec un agent de surface. Cet agent

s’adsorbe généralement sélectivement sur un plan cristallographique et le stabilise

thermodynamiquement. Les ions bromures issus du bromure de potassium (KBr) ajouté

au mélange réactionnel jouent ce rôle en favorisant la formation de particules cubiques

exhibant préférentiellement des domaines de surface d’orientation (100), alors que

l’ajout d’acide citrique conduit à la formation des particules octaédriques exhibant

préférentiellement des domaines de surfaces d’orientation (111)100,101. En même temps

l’acide citrique est un réducteur passif, de ce fait pour accélérer la formation et la

croissance de germes, une quantité donnée d’éthanol a été ajouté dans la solution pour

la synthèse des octaèdres. Il a été montré précédemment que la taille des particules peut

être contrôlée en choisissant la quantité optimale d’éthanol comme accélérateur de

réaction103,104.

Le principe de la synthèse consiste en la réduction d’un sel de palladium de

degrés d’oxydation +II dont les ligands ont préalablement été échangés par le

tensioactif. Ainsi, un sel de K2PdCl4 au contact d’une solution de PVP va entrainer la

formation d’une micelle qui sera ensuite réduite par ajout d’un agent réducteur. Une fois

les colloïdes formés, le tensioactif va s’adsorber sur la surface des particules pour

diminuer la vitesse de croissance des particules et éviter leur agglomération. Le schéma

de synthèse de nanoparticules à forme est présenté sur la Figure 7.

Page 38: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

32

Figure 7 Schéma de synthèse des nanoparticules à forme.

Pour éliminer les molécules de surfactant de la surface des nanoparticules, la

solution a été dispersée dans 250 mL de l’eau (18,2 MΩ, MilliQ, Millipore) et les

nanoparticules ont été reprécipitées par l’addition de pastilles NaOH (Bioxtra, ≥ 99%,

Sigma-Aldrich). L’illustration du processus de nettoyage est présentée sur la Figure 8.

Figure 8 Récupération du catalyseur propre.

Les molécules de PVP sont dissoutes dans la phase aqueuse et la solution est

enlevée avec une pipette en verre. Ensuite le précipité des nanoparticules est de nouveau

3

Tensio-actif :

Polyvynilpyrrolidone

(PVP)

Agent de surface:

KBr, acide citrique

K2PdCl4

Sel précurseur

Agent réducteur:

Acide L-ascorbique (cubes,

spheres)

Acide citrique acid (octahedrons)

+

Page 39: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

33

dispersé dans de l’eau ultrapure. L'étape de lavage est répétée plusieurs fois. Le filtrat

de nanoparticules est finalement dispersé dans 30 mL de l’eau. La propreté de la surface

est vérifiée par le profil du voltammogramme cyclique enregistré en milieu acide, lequel

permet la meilleure expression des pics redox impliquant les domaines de surface (100)

et (111).

a. Synthèse des nanosphères

Pour obtenir les nanocristaux sphériques de Pd, le sel K2PdCl4 (99,99 %, Alfa

Aesar) a été dissout dans l'eau ultrapure (18,2 M, MilliQ, Millipore). Ensuite, une

solution de PVP (polyvynilpyrrolidone, Mw ~ 55 000, Sigma-Aldrich) a été ajoutée,

comme agent tensioactif. Les sels métalliques sont réduits par ajout d’acide ascorbique

(reagent grade, Sigma-Aldrich). Le mélange est chauffé à 80 °C pendant 3h et refroidi à

température ambiante. Les quantités et rapports molaires des réactifs sont présentés dans

le Tableau 2.

PVP K2PdCl4 Acide ascorbique H2O

Volume, mL - - - 11

mmol.L-1 87 17,4 31 -

n/nPd 5 1 1,8 -

Tableau 2 Synthèse des nanosphères de palladium.

b. Synthèse des nanocubes

Les nanoparticules cubiques de Pd ont été obtenues à partir d’un précurseur

K2PdCl4 (99,99 %, Alfa Aesar), qui a été dissout dans l'eau ultrapure (18,2 M, MilliQ,

Millipore), stabilisé par le PVP (polyvynilpyrrolidone, Mw ~ 55 000, Sigma-Aldrich) et

réduit par l’acide ascorbique (reagent grade, Sigma-Aldrich). Un agent de surface le

KBr (99,95%, Aldrich) a été ajouté pour favoriser la formation préférentielle des

domaines de surfaces d’orientation (100). La solution est chauffée à 80 °C pendant 3h et

refroidie jusqu’à température ambiante. Les quantités et rapports molaires des réactifs

sont présentés dans le Tableau 3.

Page 40: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

34

PVP K2PdCl4 Acide ascorbique KBr H2O

Volume, mL - - - - 11

Mmol.L-1 87 17,4 31 230 -

n/nPd 5 1 1,8 13 -

Tableau 3 Synthèse des nanocubes de palladium.

c. Synthèse des nanooctaèdres

Les octaèdres de Pd ont été aussi synthétisés par la méthode colloïdale. Le sel

K2PdCl4 (99,99 %, Alfa Aesar) a été dissout dans un mélange d’eau ultrapure (18,2

M, MilliQ, Millipore) et d’éthanol. Ensuite, le PVP (polyvynilpyrrolidone, Mw ~ 55

000, Sigma-Aldrich) a été ajouté. L’acide citrique (reagent grade, Sigma-Aldrich) a

joué à la fois le rôle d’agent de surface pour favoriser la formation de domaines de

surfaces d’orientation (111) et d’agent réducteur. Le mélange a été chauffé à 80 °C

pendant 3h puis refroidi à température ambiante. Les quantités et rapports molaires des

réactifs pour la synthèse des octaèdres sont présentés dans le Tableau 4.

PVP K2PdCl4 Acide citrique H2O + EtOH

Volume, mL - - - 11

Mmol.L-1 86 17,6 85 -

n/nPd 4,9 1 4,8 -

Tableau 4 Synthèse des nanooctaèdres de palladium.

2. Méthode du support sacrificiel

Des catalyseurs bimétalliques PdxBi1-x et PdxSn1-x de dif férents rapports

atomiques ont été préparés par la méthode du support sacrificiel (SSM), développée à

l’Université de Nouveau Mexique105-111.

Page 41: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

35

Figure 9 Schéma de synthèse des nanoparticules par la méthode du support sacrificiel.

La synthèse inclut la pyrolyse à haute température des sels métalliques sous

atmosphère réductrice. La méthode est basée sur l’utilisation de supports de silice ou

d’alumine qui vont servir de template pour obtenir la structure en négatif pour le

catalyseur métallique après dissolution du template. La méthode permet de synthétiser

des matériaux plurimétalliques autosupportés poreux, composés de chapelets de

particules de taille nanométrique, possédant une grande surface spécifique. Le schéma

de synthèse est présenté sur la Figure 9.

a. Synthèse des catalyseurs PdxBi1-x

Une quantité connue de silice Cab-O-Sil® EH-5 (surface spécifique 400 m-2g-1)

a été dispersée dans de l'eau ultrapure par ultrason. Les quantités appropriées de

précurseurs métalliques Pd(NO3)2.xH2O (teneur en métal = 40% en masse) et Bi(NO3)3

(teneur en métal = 42,98% en masse) ont alors été ajoutées à la suspension de silice, de

telle façon à obtenir une charge totale de métaux sur la silice de 13% en masse. Les

mélanges silice/précurseurs métalliques sont séchés pendant une nuit à l’étuve. Les

matériaux composites sont ensuite réduits sous atmosphère d'hydrogène (7% de H2 dans

l’argon) à 300 °C pendant 2 h. La silice est éliminée par lavage avec une solution de

KOH 7 M, puis les poudres sont abondamment rincées à l'eau MilliQ jusqu'à atteindre

Page 42: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

36

un pH neutre et séchées à 85°C. Les rapports atomiques Pd/Bi choisis sont 6:1, 4:1 et

2:1 et les catalyseurs ont été désignés Pd6Bi, Pd4Bi et Pd2Bi.

b. Synthèse des catalyseurs PdxSn1-x

La même procédure a été utilisée pour synthétiser les échantillons du système

PdxSn1-x. Les précurseurs métalliques dans ce cas ont été K2PdCl4 (teneur en métal =

32,5% en masse) et SnCl4.5H2O (teneur en métal = 33,9% en masse). Pour des raisons

inhérentes à la synthèse (lavage de l’étain) qui posaient des problèmes de

reproductibilité de synthèse, de forts taux d’étain ont dû être choisis. Les rapports

atomiques entre le palladium et l’étain ont été choisis comme étant 1:1, 1:2 et 1:3. Les

catalyseurs ont été désignés comme PdSn, PdSn2, PdSn3.

La silice Cab-O-Sil® EH-5 (surface spécifique 400 m-2g-1) a été dispersée dans

l'eau ultrapure par ultrason. Les précurseurs métalliques ont alors été ajoutées à la

suspension de silice, de telle façon à obtenir une charge totale de métaux sur de la silice

de 13% en poids. Les mélanges silice/précurseurs métalliques sont séchés pendant une

nuit à l’étuve. Les matériaux composites sont ensuite réduits sous atmosphère

d'hydrogène (7% de H2 dans l’argon) à 300 °C pendant 2 h. La silice est éliminée par

lavage avec une solution de KOH 7 M, puis les poudres sont abondamment rincées à

l'eau MilliQ jusqu'à atteindre un pH neutre et séchées à 85°C.

III. Méthodes de caractérisation électrochimiques

1. Voltammétrie cyclique

Cette méthode permet d’étudier les caractéristiques fondamentales des réactions

électrochimiques par la mesure des variations de courant en fonction du potentiel

appliqué à l’électrode où les réactions se produisent (l’électrode de travail). La variation

linéaire cyclique du potentiel de l’électrode de travail (par rapport à la référence) ainsi

que le transfert d’électrons entre la contre électrode et l’électrode de travail sont assurés

par un potentiostat. Le signal électrochimique ainsi obtenu est un voltammogramme.

Page 43: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

37

a. Cellule électrochimique

La cellule, ainsi que tous les éléments utiles sont en verre Pyrex. Le montage

nécessaire pour l’expérience (Figure 10) inclut:

Une électrode de travail, composée d’un collecteur en or sur lequel sont

déposés les catalyseurs.

Une électrode réversible à hydrogène (ERH) pour le milieu acide ou une

électrode d'oxyde de mercure (EOM) pour le milieu alcalin sont utilisées comme

référence reliée à la cellule électrochimique via un pont de Luggin et permettant

le contrôle du potentiel de l’électrode de travail.

Une contre électrode dont le rôle est de permettre la circulation des

électrons produits ou consommés à l’électrode de travail, permettant de fermer le

circuit.

Un dégazeur composé d’un capillaire plongeant au fond de la cellule et

un bulleur de sortie permettant le passage de l’azote au sein de l’électrolyte pour

retirer l’oxygène dissout ou en atmosphère de cellule pour éviter la dissolution

de l’oxygène.

Figure 10 (a) Cellule électrochimique à trois électrodes, (b) électrode de travail en or et (c) potentiostat

analogique interfacé avec un ordinateur.

a

b

c

Page 44: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

38

Le potentiostat utilisé lors des expériences de voltammétrie cyclique classique

est un potentiostat analogique EG&G PAR Model 362 (Princeton Applied Research)

interfacé avec un ordinateur et une carte d’acquisition permettant de récupérer le signal

en format numérique. Les expériences électrochimiques menées aux Etats Unis étaient

effectuées en utilisant un potentiostat et une électrode à disque tournant de marque Pine

Instrument Company. La vitesse de rotation a été fixée à 1300 révolutions par minute

(rpm). Tous les potentiels donnés dans ce manuscrit sont référencés par rapport une

électrode réversible à hydrogène (ERH) utilisant le même électrolyte support que la

solution étudiée.

Une partie des expériences électrochimiques sur les nanoparticules à forme a été

effectuée en milieu acide sulfurique à 0,5 mol.L-1 préparé par dilution d’acide sulfurique

96 % (Suprapur, Merck) dans de l’eau ultrapure MilliQ dont la résistivité est de 18

M.cm (Millipore). Une autre partie des expériences sur les nanoparticules à forme a

été faite en milieu hydroxyde de sodium à 0,1 mol.L-1 préparé par dissolution de

pastilles de NaOH (Bioxtra, ≥ 99%, Sigma-Aldrich). Les expériences électrochimiques

sur les nanoparticules bimétalliques préparées par la méthode sacrificielle ont été

réalisées en milieu hydroxyde de potassium à 1,0 mol.L-1 préparé par dissolution de

pastilles de KOH (ACS, EMD Chemicals, Fisher Scientific). Le milieu électrolytique

est préalablement désaéré par bullage d’azote (Qualité U, Air Liquide).

b. Préparation de l’électrode de travail en or

Dans les études concernant les nanoparticules à distributions de tailles et de

formes contrôlées, l’électrode de travail est un collecteur d’or (Figure 10b). L’embout

d’or est fabriqué à partir d’un fil d’or (99,995 %, Alfa Aesar) dont une extrémité est

fondue à l’aide d’une flamme à hydrogène afin de former une petite boule. La boule est

alors emboutie jusqu’à obtention d’une surface quasi plane. L’embout est ensuite poli

sur une feutrine avec de l’alumine A3 de façon à retirer les pollutions grossières

insérées durant la fabrication et à diminuer au maximum la rugosité de la surface. Avant

le dépôt de l’encre catalytique, l’embout est soigneusement traité dans une flamme

propane/air puis trempé dans de l’acide nitrique 68 % (Normapur, VWR) et dans de

Page 45: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

39

l’eau MilliQ afin de retirer les éventuels polluants organiques. Cette opération est

répétée trois fois. Afin de vérifier la propreté du collecteur d’or mais aussi du milieu de

travail, un voltammogramme du collecteur est tracé avant le dépôt du catalyseur. Ce

voltammogramme est très dépendant de la propreté du système. La Figure 11 représente

les voltammogrammes types de surface d’or propre dans un milieu de travail propre.

Dans un premier temps, un faible courant de double couche est enregistré entre 0,05 et

1,3 V en milieu acide et entre 0,05 et 1,2 V en milieu alcalin, puis une région composée

d’un massif de pics correspondant à la formation des oxydes de surfaces apparait.

Ensuite, pendant la variation négative de potentiel, un unique pic de réduction des

oxydes de surface, fin et symétrique, est observé entre 1,1 et 1,2 V vs ERH.

Figure 11 Voltammogrammes du collecteur d’or utilisé comme support des nanoparticules de Pd à

distribution de tailles et de formes contrôlées de Pd. (a) Milieu H2SO4 à 0,5 mol.L-1 et (b) NaOH à 0,1

mol.L-1 à v = 0,05 V.s-1.

a

b

Page 46: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

40

La comparaison des deux voltammogrammes, en milieu acide et en milieu

basique, est très intéressante. Aucun courant autre que le courant capacitif de double

couche n’est observable en milieu acide de 0,05 V à environ 1,3 V vs ERH, potentiel

auquel débute l’oxydation de la surface d’or, tandis qu’en milieu alcalin, un courant

apparait à partir d’environ 0,45 V, qui est du à l’adsorption d’espèces hydroxyles à la

surface de l’or.

Une fois, l’électrode « substrat d’or » préparée, la quantité nécessaire d’encre

catalytique est alors déposée à la surface du collecteur à l’aide d’une microseringue de

façon à obtenir la même masse de catalyseur sur l’électrode (14 µg, déterminé par

microbalance à quartz), puis séchée à l’air. Une fois le dépôt séché, l’électrode est

transférée dans la cellule électrochimique. L’étude de nanoparticules à distributions de

formes et de tailles contrôlées impose une fenêtre de potentiel de travail stricte afin

d’éviter les reconstructions de la surface potentiellement entrainées par l’insertion

d’hydrogène ou d’oxygène dans le réseau cristallin du palladium. Ainsi, la zone d’étude

sera généralement définie entre une limite inférieure en potentiel fixée à 0,1 V vs ERH,

afin d’éviter l’insertion d’hydrogène au sein des mailles cristalline et la formation de

dihydrogène moléculaire à la surface, et une limite supérieure de potentiel fixée à 0,6 V

vs ERH située dans la zone de courant capacitif avant la formation des oxydes de

surface en milieux acide et alcalin.

Cependant, une étude particulière en milieu acide consistant à déterminer le

comportement des nanoparticules de Pd vis-à-vis des réactions d’adsorption/désorption,

d’insertion/désorption d’hydrogène atomique et de dégagement d’hydrogène

moléculaire a nécessité de faire varier la limite inférieure de potentiel jusqu’à 0,05 V vs.

ERH, tandis qu’une autre étude visant à étudier le comportement de ces mêmes

particules vis-à-vis de la formation d’oxydes de surface a nécessité d’augmenter la

limite supérieure de potentiel jusqu’à 1,6 V vs. ERH.

c. Préparation de l’électrode de travail en carbone

Pour les études concernant les nanoparticules bimétalliques préparées par la

méthode sacrificielle, un disque de carbone vitreux a été utilisé comme substrat. Les

Page 47: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

41

catalyseurs bimétalliques ont été récupérés sous forme d’une poudre après la procédure

de synthèse décrite dans le paragraphe 2 de ce chapitre. Pour réaliser les expériences

voltammétriques et avant de déposer le catalyseur sur l’embout de carbone vitreux une

encre catalytique a été préparée pour chaque échantillon. Pour cela, 5 mg de poudre

catalytique finement broyée ont été dispersés dans un mélange comprenant 925 µL

d’une solution isopropanol/eau dans un rapport volumique 4:1 et de 75 µl de Nafion

(0,5% en masse dans des alcools aliphatiques, DuPont). Les encres sont alors

homogénéisées par traitement aux ultrasons. Ensuite, 10 µl du mélange ont été déposés

sur l’électrode en carbone de surface géométrique 0,2472 cm2, la charge de catalyseur

est de 0,2 mg.cm-2.

2. Chronoampérommétrie

Cette méthode permet évaluer la variation du courant au cours du temps à

potentiel constant. Les mesures de chronoampérométrie sont effectuées dans une cellule

électrochimique à trois électrodes identique à celle décrite dans le paragraphe 1 de ce

chapitre. Pour le contrôle des mesures un potentiostat et une électrode à disque tournant

de marque Pine Instrument Company ont été utilisés. La vitesse de rotation a été fixée à

1300 rpm.

3. Spectroscopie infrarouge in situ

La spectroscopie infrarouge in situ à transformée de Fourier est une méthode très

utile en électrocatalyse. Cette technique permet d’étudier les intermédiaires de réaction

adsorbés sur la surface des catalyseurs et les molécules formées à l’interface

électrode/électrolyte à partir de leur interaction avec le rayonnement et de déterminer

les mécanismes des réactions électrochimiques. La réponse en courant du système est

enregistrée lors d’une expérience de voltammétrie classique en même temps que les

spectres infrarouge après réflexion du rayonnement incident sur l’électrode de travail.

Les expériences à l’IC2MP ont été réalisées avec un spectromètre Bruker

(modèle IFS 66v FTIR). Un détecteur du type HgCdTe (Infrared Associates) refroidi à

Page 48: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

42

l’azote liquide a été utilisé. Pour les mesures d’infrarouge, une cellule électrochimique

spécialement conçue et adaptée au spectromètre a été utilisée (Figure 12).

L’électrode de travail utilisée est un disque de carbone vitreux de 8 mm de

diamètre, poli avant chaque expérience avec une poudre d’alumine (diamètre 0,3 mm).

Un volume de 32 µL d’encre catalytique est déposé sur l’électrode. L’électrode de

travail est plaquée contre une fenêtre en fluorure de calcium (CaF2) transparente au

rayonnement infrarouge dans le domaine d’énergie étudié. Avant les expériences,

l’électrolyte est dégazé avec de l’azote afin d’éliminer toutes traces de gaz

atmosphériques (oxygène et dioxyde de carbone) dans la solution.

Figure 12 Schéma d’une cellule électrochimique pour l’étude par spectroscopie Infrarouge in situ.

La technique employée au cours de ces travaux est le SPAIRS (Single Potential

Alteration Infrared Reflectance Spectroscopy), couramment utilisée au laboratoire. Elle

a été précédemment décrite en détail112. Cette méthode consiste à appliquer une

Electrode de référence

Electrode de travail Dégazeur

Contre électrode

Electrolyte

Fenêtre CaF2

Rayon réfléchi Rayon incident

Page 49: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

43

variation lente de potentiel (1 mV.s-1) à l’électrode de travail en enregistrant

simultanément les réflectivités tous les 50 mV ou 100 mV par accumulation d’un grand

nombre de spectres (entre 256 et 512).

Les expériences au laboratoire de l’UNM ont été réalisées avec un spectromètre

IRRAS - Nicolet 6700 équipé d’un détecteur MCT pour mieux comprendre le

mécanisme de l’électrooxydation du glycérol sur les catalyseurs PdxBi1-x et PdxSn1-x

auto supportés. La méthode expérimentale est décrite précédemment dans la

littérature113-115 .

L’image de l’appareillage infrarouge in situ utilisé à l’UNM est présentée sur la Figure

13.

Figure 13 Chambre avec une cellule à trois électrodes pour l’étude par spectroscopie infrarouge in situ.

IV. Méthodes de caractérisation physicochimique

1. Microscopie

La microscopie électronique est actuellement une méthode indispensable pour

caractériser les nanoparticules. Les microscopes électroniques ont une très grande

résolution avec des grossissements allant jusqu’à 5 millions de fois. Cette méthode a été

Page 50: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

44

utilisée dans ce travail pour obtenir les informations sur la morphologie, la forme et la

taille des nanoparticules préparées.

a. Microscopie électronique à transmission (MET)

Sur le principe, la microscopie électronique fonctionne comme la microscopie

optique classique qui met en jeu les interactions entre la matière et la lumière (photons).

Cependant, les tailles observées sont beaucoup plus faibles que la longueur d’onde de la

lumière. Afin de les observer, il est donc nécessaire d’utiliser des électrons comme

source de lumière.

La colonne qui compose le microscope (Figure 14) est constituée par le canon à

électrons, un accélérateur, des lentilles magnétiques qui forment l’ensemble du

condenseur de flux et une lentille objective permettant de focaliser le rayonnement

incident sur l’échantillon. Le faisceau (le faisceau d’électrons est accéléré par une anode

à 200 keV par rapport à la cathode) qui traverse l’échantillon passe ensuite par des

lentilles intermédiaires, par une lentille de projection avant d’arriver à la chambre

d’observation composée d’un écran fluorescent et d’une caméra numérique permettant

l’acquisition et l’enregistrement des images. La capacité à déterminer la position des

atomes de surface dans une nanoparticule se fait grâce à la microscopie électronique de

transmission à haute résolution (METHR). Les microscopes électroniques à

transmission utilisés dans ce travail sont un JEOL JEM 2100 et un JEOL 2010F, dont la

résolution est de 0,19 nm.

L’échantillon est préparé par dépôt d’une goutte d’eau contenant les

nanoparticules à observer à la surface d’une grille de cuivre carbonée. La grille est

ensuite séchée à température ambiante avant d’être introduite dans la chambre

d’observation. La colonne est maintenue sous vide lors des expériences. L’analyse

quantitative des images a été réalisée avec le logiciel libre Image J. 300 particules ont

été considérées à chaque fois, pour obtenir une distribution statistique acceptable des

tailles.

Page 51: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

45

Figure 14 Microscope électronique à transmission.

b. Microscopie électronique à balayage (MEB)

Le microscope électronique à balayage Hitachi S-5200 (résolution 2 nm à 1 kV;

résolution 0,5 nm à 30 kV) couplé à un spectromètre de rayons X (EDX) a été utilisé

pour étudier la morphologie et la composition atomique des surfaces des échantillons de

PbBi et PdSn autosupportés préparés à l’UNM.

La microscopie électronique à balayage utilise aussi des électrons comme source

de lumière mais le mode de fonctionnement est légèrement différent car les électrons ne

sont pas transmis par l’échantillon. La surface de l’échantillon et soumise à un

bombardement d’électrons. Certains rayonnements (électrons rétrodiffusés, électrons

secondaires, rayonnements X) sont émis suite aux collisions multiples entre les

électrons qui balayent la surface et les atomes du matériau testé. Ces rayonnements sont

analysés par différents détecteurs pour construire une image de la surface et pour

observer la présence des éléments dans la zone analysée. L’émission des électrons

rétrodiffusés (électrons du faisceau incident déviés par des interactions élastiques) est

sensible au numéro atomique des éléments chimiques présent dans l’échantillon. Les

électrons secondaires sont les électrons des atomes qui ont été éjectés par le faisceau

Page 52: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

46

incident. Ces électrons à faible énergie sont représentatifs de la topographie de

l’échantillon. Les atomes qui ont perdu ces électrons secondaires vont retrouver leur

stabilité par des transitions électroniques qui provoquent l’émission de rayonnements

électromagnétiques et de rayonnements X. Ces rayonnements sont caractéristiques des

atomes d’origine et ils donnent des informations sur la composition chimique de

l’échantillon.

2. Porosimétrie à l’azote

Un porosimètre Micromeritics ASAP 2020 avec un analyseur Gemini BET

fonctionnant selon la méthode BET proposée par Brunauer, Emmett, Teller116 a été

utilisé pour déterminer la surface spécifique et la distribution de taille des pores des

matériaux poreaux synthétisés. La méthode est basée sur l’adsorption physique des

molécules de gaz (N2 dans ce travail) sur une surface solide. La théorie BET permet de

prévoir le nombre de molécules nécessaires à la formation d’une monocouche sans que

celle-ci soit effectivement remplie, ce qui est le cas dans la réalité où des multicouches

commencent à se former avant que la monocouche ne soit complète.

3. Spectroscopie photoélectronique de rayons X (XPS)

La technique XPS est souvent utilisée pour caractériser l’état d’oxydation de la

surface de matériaux et les interactions électroniques entre les éléments composants des

matériaux.

Cette technique est essentielle en vue de la caractérisation des surfaces. Elle

consiste à irradier par des photons x monoénergétiques un échantillon dont les atomes

sont alors ionisés et d’étudier la distribution en énergie cinétique des électrons émis. Ce

phénomène de photoémission permet de remonter aux propriétés du matériau et à

l’environnement chimique des différents atomes considérés.

Les analyses ont été réalisées par le Groupe de Recherche de l’Université du

Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis. Les spectres ont été enregistrés en utilisant un

spectrometre XPS Kratos Ultra DLD équipé d’une source de radiation

monochromatique Al Kα opérant à 225 W. Les analyses sont réalisées sur les

Page 53: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

47

échantillons sous forme de poudre couvrant une surface de quelques millimètres. Dans

les conditions expérimentales utilisées, la profondeur d’analyse est 1 nm, indiquant que

les résultats obtenus concernent plutôt la surface des nanoparticules.

4. Spectroscopie d’absorption atomique (SAA)

La spectrométrie est fondée sur l’étude (qualitative et quantitative) des spectres

fournis par l’interaction de la matière avec divers rayonnements. La spectroscopie

d’absorption atomique (SAA) est basée sur le principe que les atomes libres peuvent

absorber la lumière d’une certaine longueur d’ondes. L’absorption de chaque élément

est spécifique, aucun autre élément n’absorbe sa longueur d’onde. La détermination

spectroscopique d’espèces atomiques peut seulement être réalisée à partir d’un

échantillon à l’état gazeux, dans lequel les atomes individuels sont nettement séparés les

uns des autres. La source de mesures pour l’absorption atomique la plus courante est la

lampe à cathode creuse. Elle consiste en une anode de tungstène et une cathode

cylindrique sise dans un tube en verre contenant un gaz inerte, comme l’argon. La

cathode est composée de l’élément à analyser. Il faut donc de la chaleur pour faire

passer l’échantillon à l’état gazeux. La chaleur est générée par une flamme ou un four

de graphite. La SAA de flamme analyse seulement les solutions, tandis que la SAA de

four de graphite analyse les solutions, les boues liquides et les échantillons à l’état

solide. Un atomiseur de flamme consiste en un nébuliseur qui convertit l’échantillon en

un aérosol, qui est alimenté dans le brûleur. L’atomisation se produit dans la flamme qui

est habituellement alimentée par de l’acétylène et du protoxyde d’azote. Un atomiseur

électrothermique fournit une grande sensibilité parce qu’il atomise l’échantillon

rapidement. L’atomisation se produit dans un four de graphite cylindrique, ouvert aux

deux extrémités et qui contient un trou au centre pour la présentation des échantillons.

Deux courants de gaz inertes sont utilisés. Le courant externe empêche l’air de rentrer

dans le foyer et le courant interne garantit que les vapeurs générées dans la matrice de

l’échantillon sont rapidement éloignées du four. Le gaz le plus communément utilisé est

l’argon. Les atomes excités par la source absorbent son énergie. La disparition du signal

est répercutée via des systèmes optiques puis détectée et amplifiée. On mesure une

absorbance.

Page 54: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

48

C. Résultats: nanoparticules de palladium non supportées à distributions de tailles et de formes contrôlées

I. Caractérisation par microscopie électronique à transmission des

nanoparticules de palladium préparées par méthode colloïdale

Avant de commencer l’étude du comportement électrochimique des catalyseurs,

il est nécessaire de bien connaître leur structure. La taille, la forme et l’orientation

préférentielle des domaines de surface des échantillons ont été caractérisées par

microscopie électronique à transmission (MET). Cette méthode permet d’accéder

rapidement aux caractéristiques morphologiques des échantillons mais aussi

d’appréhender l’orientation superficielle des nanoparticules.

Les images présentées ont toutes été obtenues en mode champ clair, c’est-à-dire

que les particules observées forment des projections dont le contraste est plus élevé que

le fond continu gris causé par le film carboné de la grille. Le contraste de l’image

dépend de la nature des éléments traversés par le faisceau mais aussi de l’épaisseur de

l’échantillon. Ainsi, les nanoparticules apparaitront en niveau de gris sur un fond

continu selon leur épaisseur.

En raison de la faible quantité observée au sein des échantillons, la

caractérisation des matériaux s’appuie sur l’hypothèse que les synthèses conduisent à

une homogénéité de taille et de forme des nanoparticules. De manière générale, plus la

quantité d’échantillon déposée sur la grille sera importante et plus l’observation sera

difficile.

En termes de formes, les échantillons produits présentent des morphologies très

différentes ce qui permet alors d’avoir des structures superficielles variables d’un

échantillon à l’autre.

Page 55: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

49

1. Nanoparticules sans orientation préférentielle (nanosphères)

La Figure 15 représente une image MET obtenue pour l’échantillon préparé par la voie

colloïdale précédemment décrite dans le paragraphe 1 de la partie « Méthodes de

synthèses ».

Figure 15 (a,b) Images MET à divers grossissement des nanoparticules sphériques de Pd obtenues par la

méthode colloïdale, (c) distribution de taille associée.

Sur ce cliché, les projections observées sont majoritairement de forme

circulaire ; cette méthode de synthèse conduit à la formation de nanoparticules de

palladium de forme quasi sphérique. L’histogramme de distribution de tailles des

nanocristaux montre qu’une grande majorité d’entre eux se situe dans l’intervalle de

0 1 2 3 4 5 6 7 80,0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

Fré

qu

en

ce

Taille (nm)

a b

b c

Page 56: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

50

tailles de 3 à 5 nm, avec une taille moyenne de 4 nm déterminée à partir de l’expression

gaussienne de la distribution.

Enfin, les particules observées ne semblent pas présenter de faces ou d’angles

bien définis ce qui indique que la surface de ces objets ne doit pas être composée de

grands domaines orientés mais qu’il s’agit plutôt d’une surface fortement hétérogène

avec la présence de domaines de cohérence de très petite taille séparés par des défauts

cristallins.

2. Nanoparticules d’orientation préférentielle (100)

La Figure 16 montre des images MET caractéristiques de l’échantillon obtenu en

suivant le protocole de synthèse par méthode colloïdale décrit précédemment. Les

projections carrées sont représentatives de la formation de nanoparticules de forme

cubique dont l’orientation cristalline de surface correspond à des domaines (100). La

reproductibilité de la synthèse a été vérifiée sur plusieurs échantillons et s’est avérée

très satisfaisante.

Cette synthèse conduit à une très bonne sélectivité de formes cubiques ; en effet,

aucun octaèdre ni aucune sphère n’ont été observés dans le produit de synthèse.

L’image haute résolution ne permet pas d’obtenir la résolution atomique à cause de la

présence résiduelle d’agent de surface adsorbé sur les nanoparticules.

La taille des particules, déterminée comme étant l’arête du cube se situe

majoritairement entre 9 et 11 nm, avec une taille moyenne de 10 nm (Figure 16).

Page 57: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

51

Figure 16 (a,b) Images MET à divers grossissement des nanoparticules cubiques de Pd obtenues par la

méthode colloïdale et (c) distribution de taille associée.

3. Nanoparticules d’orientation préférentielle (111)

Les particules d’orientation préférentielle (111) sont supposées présenter des

formes octaédriques et tétraédriques avec différents niveaux de troncature. Les images

MET de moyenne et haute résolution représentées sur la Figure 17 proviennent d’un

échantillon de particule de palladium obtenu par la méthode colloïdale décrite

précédemment. D’un point de vue thermodynamique, un octaèdre est une forme la plus

stable car son énergie de surface est minimisée par une exposition maximale de

domaines (111).

4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 150,0

0,1

0,2

0,3

0,4

Fré

qu

en

ce

Taille (nm)

a b

c

Page 58: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

52

La majorité des projections observables est de forme rhomboédrique avec des

angles et des bords bien définis ce qui indique la formation de particules facettées. Ces

images montrent aussi la présence de très petites particules de formes non définies ce

qui laisse penser qu’il s’agit de nucléi. Ceci peut s’expliquer par une mauvaise

séparation des étapes de nucléation et croissance au cours de la synthèse.

La proportion réelle de nanooctaèdres dans le brut de synthèse n’a pas été

étudiée au cours de ces travaux mais la forme majoritaire (hors petites nanoparticules)

est l’octaèdre et ceci avec une bonne sélectivité.

Figure 17 (a,b) Images MET à divers grossissement des nanoparticules octaédriques de Pd obtenues par

la méthode colloïdale et (c) distribution de taille associée.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 140,0

0,1

0,2

0,3

0,4

Fré

qu

en

ce

Taille (nm)

a b

c

Page 59: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

53

La taille des projections se situe entre 6 et 8 nm, mesurée selon l’axe principal

de l’octaèdre, avec une taille moyenne de 7,6 nm.

4. Conclusion

La microscopie électronique permet dans un premier temps d’étudier la

morphologie générale des catalyseurs préparés, en termes de taille, de forme et

d’homogénéité des produits de synthèse. Lors de ces observations, la taille des

nanocristaux a été approximée car, pour des particules de formes contrôlées, la

définition de la taille reste délicate ; contrairement au cas de particules « sphériques »

ou le diamètre est une bonne estimation de la taille, dans le cas de nos particules à

formes présentant des angles définis, différentes caractéristiques géométriques peuvent

être représentatives de la "taille": arêtes, diagonales, etc.

La forte agglomération des nanocristaux après nettoyage est aussi un facteur

limitant pour une détermination précise de la distribution en taille mais aussi en forme,

en raison du fait que les particules ne sont pas dispersées sur un substrat de grande

surface spécifique. Seules des tendances à partir des clichés de microscopie sur les bruts

de synthèse ont été extraites.

Des méthodes de caractérisations électrochimiques doivent être mises en place

de manière à obtenir les caractéristiques réelles des surfaces des échantillons étudiés.

Contrairement au MET, l’électrochimie permet d’avoir accès à la structure superficielle

moyenne des échantillons étudiés. Lors de ces études, seules les surfaces qui sont

électrochimiquement actives seront caractérisées ce qui va alors permettre de relier le

comportement catalytique avec la structure de surface des échantillons.

II. Caractérisation électrochimique en milieu acide

La voltammétrie cyclique à variation linéaire de potentiel reste à ce jour la

méthode la plus simple et la plus rapide pour avoir accès aux caractéristiques de surface

des catalyseurs étudiés.

Page 60: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

54

Avant de décrire les voltammogrammes correspondant aux objets de palladium

provenant des méthodes de synthèse présentées précédemment, il est nécessaire de

rappeler les caractéristiques du signal électrochimique enregistré en milieux acide et

alcalin sur des électrodes de palladium et surtout l’influence des paramètres structuraux

sur ce signal117. La surface active des catalyseurs a été déterminée par des méthodes

électrochimiques. La structure et la valeur de la surface active sont des caractéristiques

importantes car les réactions électrochimiques se produisent à la surface des catalyseurs.

La connaissance de la structure surfacique permet une meilleure compréhension de la

réaction d’électrooxydation du glycérol.

1. Comparaison du comportement électrochimique du palladium massif et du

palladium nanostructuré

Les voltammogrammes d’une électrode polycristalline massive de palladium

avec différentes limites inférieures de potentiel, obtenu en milieu acide (H2SO4 0,5

mol.L-1),118 sont représentés sur la Figure 18.

Figure 18 Voltammogrammes d’une surface polycristalline de Pd en milieu support H2SO4 à 0,5 mol.L-1,

v = 0,05 V.s-1 118.

c

d

a a b

Page 61: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

55

Le voltammogramme représenté sur la Figure 18 est typique de ce que l’on peut

enregistrer sur une électrode polycristalline massique de palladium. Lors de la variation

positive de potentiel, le courant enregistré dans la gamme de potentiel de 0,15 à 0,45 V

est attribué aux réactions de désorption de l’hydrogène adsorbé à la surface du

palladium et de désinsertion de l’hydrogène absorbé dans le volume de l’électrode de

palladium (zone a), puis, le faible courant constant enregistré entre 0,45 et 0,75 V

correspond au courant capacitif de double couche. L’oxydation de la surface du

palladium est observée pour des potentiels supérieurs à 0,8 V (zone b). Lors de la

variation négative de potentiel, un pic de courant attribué à la réduction des oxydes de

surface (zone c) est observé avec un maximum de pic situé vers 0,7 V. Enfin, les

courants négatifs enregistrés à partir de 0,45 V correspondent aux réactions

d’adsorption/insertion d’hydrogène atomique et au dégagement d’hydrogène

moléculaire sur le palladium (zone d). La Figure 18 montre qu’il n’y a pas de séparation

de pics correspondants aux phénomènes d’adsorption/désorption,

d’absorption/désinsertion et de dégagement d’hydrogène sur l’électrode massive de

palladium. Il est donc impossible de déterminer la surface active du catalyseur par

l’intégration des pics de cette zone.

Les voltammogrammes enregistrés en milieu acide sur les échantillons de

nanoparticules de palladium à distributions de tailles et de formes contrôlées (Figure 19)

montrent des pics dans la région d’adsorption/désorption d’hydrogène et dans la zone de

formation et de réduction des oxydes de surface qui sont liés aux différents

arrangements de surface et à différents états d’oxydation de la surface. Dans le cas des

nanocubes de palladium, le pic d’oxydation à 0,9 V est attribué à la formation des

oxydes sur les domaines de surface (100), tandis que sur les nanooctaèdres, le pic

d’oxydation à 1,1 V est attribué au même processus impliquant les domaines de surface

(111)119,120.

Page 62: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

56

Figure 19 Voltammogrammes enregistrés entre 0,10 et 1,45 V vs. ERH sur (a) nanosphères de Pd, (b)

nanocubes de Pd et (c) nanooctaèdres de Pd en milieu H2SO4 0,5 M saturé en N2 (T = 20 °C, 5 mV s-1).

a

b

c

(100) (100) (111)

(100)

(100)

(100) (111) (111)

Page 63: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

57

Les pics réversibles à 0,26 V/0,27 V correspondent donc à l’adsorption en sous

potentiel d’hydrogène atomique (pic négatif lors de la variation négative de potentiel) et

à sa désorption (pic positif lors de la variation positive de potentiel) impliquant les

domaine de surface d’orientation (100)121 puisque ces pics sont plus réversibles et plus

intenses dans le cas des nanocubes qui sont supposés présenter préférentiellement des

faces (100), tandis que les pics réversibles à 0,17 V/0,20 V sont attribués à

l’adsorption/désorption de l’hydrogène atomique sur les faces de symétrie (111)

puisqu’ils sont seulement présents dans le cas des nanooctèdres qui sont supposés

exhiber préférentiellement des domaines de surface d’orientation (111).

2. Séparation des processus dans la zone hydrogène en milieu acide

Les différences dans les voltammogrammes obtenus avec une électrode de

palladium polycristalline massive et avec des électrodes à base de nanoparticules de

palladium, ainsi que les différences dans les voltaammogrammes enregistrés sur les

différents échantillons de nanopartciules de palladium ont imposé une étude plus

détaillées du mode d’interaction de ce type de structures avec l’hydrogène. Ainsi, des

voltammogrammes ont été enregistrés sur des nanosphères, des nanocubes et des

nanooctaèdres de palladium à faible vitesse de variation de potentiel (1 mV s-1) entre

0,05 V - 0,4 V (Figure 20 a,b,c). Tous les voltammogrammes montrent plusieurs pics

redox bien définis. Les pics redox entre 0,3 et 0,12 V sont attribués à l’électro-

désorption (courants positifs) et l’électro-adsorption (courants négatifs) de l’hydrogène

atomique déposé en sous potentiel à la surface des nanoparticules. Les pics redox entre

0,12 et 0,0 V sont attribués à l’électroabsorption (Habs pour les courants négatifs) et

l’électro-désorption de l’hydrogène absorbé dans les mailles du palladium (Hdes pour les

courants positifs), le palladium étant bien sûr connu pour sa capacité à absorber

l’hydrogène122. La vague de réduction aux plus faibles potentiels est attribuée à la

réaction de dégagement d’hydrogène se produisant à la surface du palladium. Le même

genre de comportement a déjà été observé avec des particules de Pd ultrafines déposée

par évaporation sous vide du palladium sur une électrode de carbone vitreux123 ou avec

une couche ultrafine de Pd déposée sur des substrats d’or Au (111) et Au (100), bien

que les différentes contributions n’aient pas été séparées aussi bien que dans le présent

Page 64: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

58

travail. Dans le cas d’électrodes polycristallines massiques de Pd, aucune séparation des

caractéristiques électrochimiques correspondant à l’adsorption/désorption, à

l’insertion/désorption et au dégagement de l’hydrogène n’a été observée. De plus, il a

été montré que sur ce type d’électrodes massives, la réaction de dégagement

d’hydrogène se produisait tandis que le processus d’absorption d’hydrogène continuait à

se produire, ce qui n’est pas le cas avec les nanoparticules de palladium. Le

comportement unique observé dans ce dernier cas est caractéristique de la taille

nanométrique des particules plutôt que de leur structure de surface puisqu’il se produit

avec les nanocubes, les nanooctaédres et les nanosphères.

La réaction d’adsorption/désorption de l’hydrogène atomique déposé en sous

potentiel peut s’écrire de la manière suivante:

Pd + H+ + e- = Pd-Hads (22)

Dans le cas du platine, Conway et Jerkiewicz ont établi que sur toute la gamme

de potentiel où l’adsorption en sous potentiel de l’hydrogène se produisait, il était

thermodynamiquement et formellement impossible qu’une quelconque désorption

d’hydrogène conduise à du dihydrogène gazeux ou dissout dans la solution124. Ce fait

peut être transposé au cas du palladium, ainsi, selon la Figure 20, seule l’adsorption en

sous potentiel d’hydrogène se produit lors de la variation négative de potentiel entre 0,3

et 0,12 V jusqu’à saturation de la surface. Ce fait devrait permettre, après calibration de

la quantité d’électricité impliquée dans l’adsorption d’une monocouche d’hydrogène sur

une surface lisse de Pd, d’accéder à une estimation réaliste de la surface électroactive

des catalyseurs de palladium de la même manière que celle utilisée pour les catalyseurs

à base de platine.

Dans la gamme des potentiels inférieurs à 0,12 V, le pic de courants négatifs

correspond à l’insertion d’hydrogène atomique au sein des nanoparticules de Pd.

L’insertion d’hydrogène se produit en suivant un mécanisme indirect d’absorption dans

lequel l’hydrogène préalablement adsorbé à la surface selon la réaction de Volmer

exprimée par l’équation précédente agit comme un précurseur pour l’insertion dans la

structure métallique selon:

Page 65: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

59

Pd-Hads Pd-Habs (23)

Cette réaction d’absorption/désorption conduit en effet à des pics redox

réversibles. Le courant de dégagement d’hydrogène, qui débute à 0,025 V sur les

nanosphères et les nanooctaèdres et à partir de 0,0 V sur les nanocubes, se superpose

légèrement au pied du pic d’absorption à bas potentiels. En revanche, le pic de

désorption de l’hydrogène inséré dans les mailles cristallines des nanoparticules de

palladium n’est pas affecté lorsque la limite de potentiel inférieure est diminuée. Ceci

confirme que l’hydrogène ne continue pas à s’insérer dans la zone de dégagement

d’hydrogène contrairement à ce qui a été observé avec une électrode massive

polycristalline de Pd où la quantité d’hydrogène absorbée augmente lorsque cette limite

est diminuée125.

Dans le cas des nanoparticules de palladium, les nanoparticules restent saturées

d’hydrogène absorbé et les charges impliquées dans les pics d’absorption/désorption

sont limitées par la taille des nanoparticules. Il apparaît aussi que la symétrie des

domaines de surface joue un rôle dans les processus d’insertion d’hydrogène, le pic

d’absorption étant déplacé d’environ 0,025 V vers les bas potentiels dans le cas des

nanocubes. Il est connu que l’équilibre entre les phases d’hydrogène adsorbé et

d’hydrogène dissout dans les sous-couches atomiques de palladium conduise à la

formation d’hydrure de palladium. Selon Czerwińiski et al. 126, la saturation de la phase

se produit avant la saturation de la phase au cours de la variation négative de

potentiel sur une couche mince de palladium déposée électrochimiquement sur un fil

d’or.

Page 66: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

60

Figure 20 Profil de zone hydrogène obtenu en milieu support H2SO4 0,5 mol.L-1 pour (a) nanosphères,

(b) nanocubes et (c) nanooctaèdres de palladium (T = 20 °C, v = 1mVs-1).

a

b

c

Page 67: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

61

Pd nanosphères Pd nanocubes Pd nanooctaèdres

Q (HUPDdes) / µC 270 310 380

nH désorbé 1,69E+15 1,93E+15 2,37E+15

Q (Habs) / µC 440 2000 1147

nH absorbé 2,75E+15 1,25E+16 7,16E+15

Nombre total moyen

d’atomes par particule 2100 92597 5949

Nombre moyen

d’atomes de surface

par particule

800 9410 1784

Rapport H/Pd 0,62 0,66 0,9

Tableau 5 Charges impliquées dans la désorption d’hydrogène adsorbé en sous tension et dans la

désorption de l’hydrogène inséré au sein des nanoparticules de Pd, nombres moyens totaux et de surface

d’atomes de Pd et rapport H/Pd dans les hydrures formés à partir des différents échantillons de

nanoparticules de Pd.

Le Tableau 5 donne les charges impliquées pour la désorption de l’hydrogène

adsorbé sous-tension et pour la désorption de l’hydrogène inséré dans la structure

métallique, et le rapport atomique H/Pd pour la formation d’hydrure pour chacun des

échantillons de nanoparticules. Le nombre total d’atomes et le nombre d’atomes de

surface ont été déterminés à partir de données de la littérature pour les nanosphères127,

et ont été calculés à partir du paramètre de maille du Pd et des considérations

géométriques relatives à l’orientation (100) des surfaces dans les nanocubes et de

l’orientation (111) des surfaces dans les nanooctaèdres. Un logiciel libre (Blender)

permettant la construction de cubes et d’octaèdres à partir d’empilement de sphères

représentant les atomes de palladium a été utilisé pour le comptage des nombres totaux

d’atomes et du nombre d’atomes de surface. Les valeurs maximales du rapport H/Pd

sont de 0,62 pour les nanosphères, de 0,66 pour les nanocubes et de 0,9 pour les

nanooctaèdres. Puisque les trois types de nanoparticules ont différentes formes,

différentes tailles et contiennent différents nombres d’atomes, le rapport Habs/Pd

Page 68: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

62

semble dépendre à la fois de la taille des particules et de la géométrie de surface. Dans

le cas des nanoparticules sphériques de palladium, une valeur du rapport H/Pd de

l’ordre de 0,6 est en accord avec les valeurs obtenues à partir de mesure d’EXAFS et de

diffraction de rayons X sur des électrodes nanostructurées de Pd de taille moyenne

équivalente (4 nm) et en accord avec la formation d’une phase . Kiraly et al.129 ont

quant à eux obtenu sous phase gaz à 298,15 K une valeur de 0,57 pour le rapport H/Pd

avec des nanoparticules de Pd de 5 nm dispersé sur un support de carbone (Pd/C), et

jusqu’à 0,96 pour du palladium déposé sur un support graphimets.

Enfin, après saturation des nanoparticules par insertion d’hydrogène, la réaction

de recombinaison électrochimique de l’hydrogène adsorbé en hydrogène moléculaire

conduit à un courant négatif de réduction qui augmente exponentiellement en dessous

de 0,0 V. Cette réaction est supposée se produire selon soit un mécanisme de Heyrovsky

soit un mécanise de Tafel:

Pd-Hads + H+ + e- H2 + Pd (24)

2 Pd-Hads H2 + 2 Pd (25)

La réaction de dégagement d’hydrogène débute à plus faible surtension sur les

nanocubes que sur les nanooctaèdres et les nanosphères. La saturation des

nanoparticules en hydrogène jusqu’à la phase est un préalable pour que la réaction de

dégagement de l’hydrogène de produise. La séparation des processus d’insertion de

l’hydrogène atomique et de dégagement de dihydrogène ouvre la possibilité d’étudier la

différence de nature thermodynamique entre l’hydrogène atomique adsorbé en sous-

potentiel et l’hydrogène atomique adsorbé en sur-potentiel, comme cela a été réalisé

pour le platine et le rhodium124, et plus avant de déterminer le mécanisme de réaction.

3. Détermination de la charge d’adsorption/désorption d’hydrogène en sous potentiel

Des voltammogrammes ont été enregistrés dans la région d’adsorption/désorption

de l’hydrogène atomique déposé en sous-potentiel avec différentes limites inférieures de

potentiel de 0,3 V à 0,1 V, avec un pas de 0,05 V. Comme il a été précédemment

Page 69: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

63

expliqué, il a été considéré ici que seule la réaction d’adsorption d’hydrogène en sous

potentiel se produisait lors de la variation négative de potentiel sur la gamme

considérée. Les charges associées à l’adsorption et à la désorption de l’hydrogène

déposé en sous potentiel ont été déterminées en intégrant les courants négatifs et positifs

sur différentes gamme de potentiels. La Figure 21 a, b, c montre l’évolution de la charge

d’adsorption et de désorption d’hydrogène en fonction de la limite inférieure de

potentiel pour les nanosphères, les nanocubes et les nanooctaèdres de palladium.

Pour tous les échantillons, les quantités d’électricité déterminées pour les

processus d’adsorption et de désorption sont très proches, au moins jusqu’à une limite

inférieure de potentiel de 0,15 V. Pour des limites de potentiel inférieures, la charge

attribuée à l’adsorption est plus élevée que celle attribuée à la désorption, atteignant

+10-15 % à 0,1 V. La différence peut se situer dans l’écart type d’expérimentation, ou

alors la valeur systématiquement plus élevée pour l’adsorption peut être due à la

méthode classique de soustraction du courant capacitif. Elle pourrait aussi être due à une

réelle différence entre la quantité d’hydrogène adsorbée et la quantité d’hydrogène

désorbée. Comme la limite inférieure de potentiel est diminuée, un équilibre entre

l’hydrogène adsorbé et l’hydrogène dissout dans les sous-couches atomiques du métal

peut se produire, conduisant à la formation d’un hydrure.

Page 70: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

64

Figure 21 Charges associées à l’adsorption en sous potentiel (Qads) et à la désorption de l’hydrogène sur

les nanoparticules de Pd et voltammogrammes associés pour la détermination des charges enregistrés à 5

mV s-1 en milieu support H2SO4 0,5 mol.L-1 pour (a) nanosphères, (b) nanocubes et (c) nanooctaèdres.

c

a

b

Page 71: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

65

4. Effet de la limite supérieure de potentiel sur la stabilité du palladium en milieu acide

Les charges anodiques et cathodiques impliquées pour la formation et la réduction

des oxydes de surface sur les nanoparticules de Pd ont quant à elles été examinées en

fonction de la valeur de la limite supérieure de potentiel. Les quantités d’atomes

d’oxygène adsorbés à la surface des électrodes à base de nanoparticules de Pd ont été

déterminées par intégration des courants anodiques positifs (oxydation de la surface de

palladium) et des courants cathodiques négatifs (réduction des oxydes de surface)

enregistrés après avoir imposé différentes limites supérieures de potentiel entre 0,8V et

1,6 V, avec un pas de 0,05 V. L’évolution de ces charges en fonction de la limite

supérieure de potentiel est donnée sur la Figure 22 pour chacun des échantillons de

nanoparticules de palladium, en même temps que les voltammogrammes enregistrés

avec différentes limites supérieures de potentiel.

Trois gammes de limites supérieures de potentiel semblent exister pour le

processus de formation/réduction des oxydes de surface sur les nanoparticules de

palladium. Une première région, allant de 0,8 V à 1,0 V pour les nanoparticules

sphériques et cubiques et à 1,1 V pour les particules octaédriques, correspond à des

valeurs anodiques et cathodiques de charges identiques et donc à la superposition quasi

parfaite des courbes de charges d’oxydation et de réduction. Un second régime

correspond à une région de potentiels entre 1,0 V et 1,3 V pour les nanosphères, entre

1,0 V et 1,35 V pour les nanocubes et entre 1,1 V et 1,4 V pour les nanooctaèdres, où la

charge impliquée dans le processus d’oxydation de la surface de Pd est plus élevée que

celle impliquée dans le processus de réduction. Enfin, dans une troisième gamme de

potentiels correspondant aux limites de potentiels les plus élevées, la différence entre les

charges anodiques et cathodiques atteignent leur maximum. L’écart entre les valeurs de

charges anodiques et cathodiques pour des limites de potentiel supérieures à 1,0/1,1 V

traduit un processus de corrosion de la surface métallique conduisant à la dissolution

d’atomes métalliques de surface. Il est d’ailleurs connu que le palladium n’est pas très

stable en milieu acide et que sa corrosion débute à des potentiels relativement bas130. Il

apparaît de plus ici que la vitesse de dissolution du métal dépend de la microstructure de

Page 72: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

66

surface, les nanooctaèdres présentant préférentiellement des domaines de surface de

symétrie (111) semblent plus stables en milieu acide que les cubes présentant

préférentiellement des domaines de surface de symétrie (100) et les sphères présentant

un faible facettage. Il a d’ailleurs été montré par des études de vieillissement en milieu

non désoxygéné de suspensions de nanocubes et de nanobarres de palladium présentant

préférentiellement des faces (100) que les particules évoluaient vers des formes

présentant des faces (111) dont l’énergie de surface est plus faible (et donc présentant

une meilleure stabilité)131.

La position du pic de réduction des oxydes de surface (Ered) a aussi été déterminée

en fonction de la limite supérieure de potentiel du voltammogramme (Esup). La Figure

23 montre l’évolution de cette position pour les différents échantillons de nanoparticules

de Pd. Pour chacun des échantillons, trois régions de potentiels peuvent à nouveau être

séparées en raison du changement de pente dEred/dEsup ; les pentes ont les mêmes

valeurs pour chacun des échantillons de Pd sur chacune des régions correspondant aux

faibles, intermédiaires et hauts potentiels. Il est intéressant de noter que les nanosphères

et les nanooctaèdres montrent un comportement similaire sur toute la gamme de

potentiel étudiée, tandis que les nanocubes se distinguent par la valeur supérieure de

potentiel à laquelle la première rupture de pente apparaît. En revanche, la seconde

rupture de pente se produit sur tous les échantillons à la même valeur de potentiel

d’environ 1,3 V.

Le mécanisme d’oxydation de la surface de palladium est plutôt complexe.

Plusieurs auteurs ont confirmé la formation de PdOH et PdO lors des premières étapes

de l’oxydation de la surface de Pd en milieu acide118,132,133 selon les réactions suivantes:

Pd + H2O = PdOH + H+ + e- (26)

et

Pd + H2O = PdO + 2 H+ + 2 e- (27)

ou

2 PdOH = PdO + Pd + H2O (28)

Page 73: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

67

Figure 22 Charges associées à l’oxydation de surface de Pd (Qox) et à la réduction des oxydes de surface

de Pd (Qred) et voltammogrammes associés pour la détermination des charges enregistrés à 5 mV s-1 en

milieu support H2SO4 0,5 mol.L-1 pour (a) nanosphères, (b) nanocubes et (c) nanooctaèdres.

a

c

b

Page 74: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

68

En se référant à ces réactions, il est proposé que le premier régime observé dans la

gamme allant de 0,8 V à 1,0-1,1 V corresponde à la formation électrochimique et à la

réduction d’une monocouche d’espèces PdOH de surface. Le second régime jusqu’à

1,3-1,4 V correspond à la formation d’une monocouche de PdO. Enfin, le régime à plus

hauts potentiels pourrait être attribué à l’électrooxydation de la monocouche de PdO en

PdO2 selon:

PdO + H2O = PdO2 + 2 H+ + 2 e- (29)

Il est à noter que la transition en milieu acide de la monocouche de PdO vers la

monocouche de PdO2 sur des nanoparticules de Pd se produit à des potentiels inférieurs

à 1,3 V indépendamment de leur distribution de formes, ce qui est un potentiel inférieur

à celui proposé pour la formation d’une monocouche complète de PdO sur une électrode

massive de Pd en milieu alcalin, i.e. 1,45 V vs ERH118,134. Plusieurs raisons peuvent

expliquer cette différence; outre le pH du milieu de mesure, la proximité des domaines

de surfaces, des coins et des arêtes conduisent à un comportement différent de celui des

électrodes de Pd massives, et un effet de taille peut rendre les particules plus promptes à

l’oxydation de surface.

Dans cette étude réalisée en milieu acide sur les nanoparticules de Pd à

distributions de tailles et de formes contrôlées, les charges impliquées dans le processus

d’adsorption/désorption en sous potentiel d’hydrogène ont été déterminées avant celles

impliquées dans le processus d’oxydation/réduction de surface pour éviter toutes

interférences avec d’éventuelles reconstructions de surface. Ainsi, les charges

déterminées dans la région hydrogène peuvent être comparées à celles déterminées dans

la région oxyde. Il est alors intéressant de noter que la charge de désorption

d’hydrogène entre 0,1 V et 0,4 V correspond à la moitié de celles déterminée dans le pic

de réduction des oxydes de surface avec une limite supérieure de 1,27 V pour les

nanosphères, de 1,32 V pour les nanocubes et de 1,34V pour les nanooctaèdres, c’est-à-

dire à une limite supérieure proche des valeur déterminées pour la seconde rupture de

pente dans le graphe Ered vs. Esup de la Figure 23. Un tel rapport est celui attendu entre

une monocouche d’hydrogène adsorbé sur la surface de palladium et une monocouche

de PdO. La charge correspondant aux oxydes (formation ou réduction) ne peut pas être

Page 75: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

69

considérée pour déterminer la surface active car le type d’oxydes formés dépend de la

limite supérieure de potentiel. De plus, en raison des risques de reconstruction de

surface et de dissolution d’atomes de palladium lorsque le potentiel d’électrode est

amené dans la zone de formation des oxydes de surface sur le palladium, il peut

apparaître plus judicieux d’évaluer l’aire de surface active de nanoparticules de

palladium par la détermination de la charge impliquée dans la désorption d’une

monocouche d’hydrogène dans la région d’adsorption en sous potentiel avec une limite

inférieure de potentiel de 0,1 V.

Figure 23 Position du pic de reduction des oxydes de surface en fonction de la limite supérieure de

potential lors de l’enregistrement des voltammogrammes à 5 mV s-1 en milieu H2SO4 0,5 M désaéré.

nanosphères, nanocubes, nanooctaèdres.

5 Conclusion

La séparation sur les voltammogrammes des signaux électrochimiques associées

aux trois processus impliquant l’hydrogène (adsorption/désorption de l’hydrogène

atomique déposé en sous potentiel, absorption/désorption de l’hydrogène atomique au

sein des nanoparticules de palladium et dégagement d’hydrogène moléculaire) crée les

0.6

0.65

0.7

0.75

0.8

0.85

0.8 1 1.2 1.4 1.6 1.8

Ere

dvs.

ER

H (

V)

Esup vs. ERH (V)

Page 76: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

70

conditions favorables à la détermination des fonctions d’états thermodynamiques pour

le dépôt en sous potentiel et en sur potentiel d’hydrogène sur les nanosurfaces124.

En ce qui concerne la caractérisation des matériaux sur lesquels la réaction

d’électrooxydation du glycérol sera étudiée, cette séparation permet d’accéder à la

détermination de la surface active des matériaux de palladium nanostructurés en

mesurant la charge impliquée sous le pic de désorption de l’hydrogène déposé en sous

potentiel, entre 0,12 et 0,3 V. Après correction du courant capacitif de double couche,

les valeurs de charges obtenues pour une même électrode ont été comparée à celles sous

le pics de réduction des oxydes de surface déterminées pour des valeurs limites

supérieures de potentiels de 1,27 V pour les nanosphères, de 1,32 V pour les nanocubes

et de 1,34V pour les nanooctaèdres, et pour une valeur de 1,45 V proposé dans la

littérature pour être la valeur pour la formation d’une première monocouche complète

sur une surface du palladium118. Le Tableau 6 répertorie un ensemble de valeurs et les

surfaces actives correspondantes pour une série d’électrodes, en considérant, en

première approximation, une charge de 210 µC cm-2 pour la désorption d’une

monocouche d’hydrogène d’une surface polycristalline lisse de palladium et de 424 µC

cm-2 pour la réduction d’une monouche de PdO118. A cette approximation s’ajoute celle

de considérer que les paramètres de maille du palladium et du platine sont du même

ordre.

Les résultats obtenus sont très proches les uns des autres, et montrent la même

tendance. Il y a tout de même un meilleur accord entre les valeurs de QH des, exp et celles

de QOdes, exp ce qui tend à valider la possibilité d’obtenir d’une façon simple une

estimation de la surface active des nanocatalyseurs de palladium en utilisant la même

méthode que celle préalablement mise en place pour les surface de platine.

Page 77: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

71

QHdes

(µC) SA / Hdes

(cm2) QOdes, exp

(µC) SA / Odes, exp

(cm2)

QOdes, exp 1,45 V (µC)

SA / Odes,litt (cm2)

Nanosphères

Nanocubes

Nanooctaèdres

295

208

258

1,4

1

1,2

514

335

568

1,2

0,8

1,3

667

411

676

1,6

1

1,6

Tableau 6 Détermination des charges expérimentales de désorption de l’hydrogène déposé en sous

potentiel (QHdes) de réduction des oxydes de surface (QOdes,exp

) formés lors d’un cycle à des limites

supérieures de potentiels de 1,27 V, 1,32 V et 1,34 V pour respectivement les nanosphères, les nanocubes

et les nanooctaèdres de palladium et à une limite supérieure de potentiel de 1,45 provenant de la

littérature, et valeur associées de la surface active.

III. Voltammétrie cyclique en milieu alcalin

1. Etude en milieu support des nanoparticules de palladium

La forme du voltammogramme ainsi que la position des pics de courant dépend

non seulement du matériau étudié et de sa structure superficielle, mais aussi de

l’électrolyte support dans lequel les mesures ont été effectuées. La Figure 24 montre les

voltammogrammes enregistrés sur les différents échantillons de nanoparticules de

palladium en milieu NaOH 0,1 M.

En milieu alcalin, les pics d’adsorption/désorption de l’hydrogène atomique

déposé en sous potentiels apparaissent moins bien définis et moins réversibles qu’en

milieu acide. Les zones hydrogène des nanosphères et des nanooctaèdres sont de formes

très similaires, tandis que dans le cas des nanocubes un pic centré à environ 0,55 V peut

être attribué à la désorption de l’hydrogène déposé en sous potentiel à la surface des

domaines (100). Le potentiel de début d’oxydation de la surface du palladium est plus

faible qu’en milieu acide, se situant vers 0,6 V indépendamment de la forme

(l’orientation principale des domaines de surface) des nanoparticules.

Page 78: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

72

Figure 24 Voltammogrammes enregistrés entre 0,10 et 1,45 V vs. ERH sur (a) nanosphères de Pd, (b)

nanocubes de Pd et (c) nanooctaèdres de Pd en milieu NaOH 0,1 M saturé en N2 (T = 20 °C, 5 mV s-1).

Dans la région de potentiels correspondant à la formation des oxydes de surface

sur les particules de palladium, un pic d’oxydation peut être observé à environ 0,9 V

dans le cas des nanocubes et, bien que moins intense, à environ 1,15 V dans le cas des

c

a

b

Page 79: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

73

nanooctaèdres, qui correspondent aux processus d’oxydation impliquant respectivement

les domaines de surface d’orientations (100) et (111). Aucun de ces pics n’est visible

dans le cas des nanosphères.

2. Modification de surface par le bismuth

Il est connu que la modification du palladium par des métaux oxophiles du groupe

p peut conduire à de grands changements de son comportement électrocatalytique, en

termes d’activité et de sélectivité111, notamment lorsque le bismuth est utilisé71. Dans

notre laboratoire, Mario Simoes a synthétisé des nanoparticules de Pd1-xBix/C par une

méthode de microémulsion inverse et a montré que ces catalyseurs possédaient une

activité catalytique vis-à-vis de la réaction d’oxydation du glycérol équivalente à celle

d’un catalyseur Pt/C préparé de la même manière. L’équipe d’électrocatalyse de Claude

Lamy s’est de plus beaucoup intéressée dans les années 1980 à l’action de la

modification de surface de platine par différents taux de recouvrement d’adatomes

déposés en sous potentiel, dont des adatomes de bismuth, vis-à-vis de l’oxydation

d’alcools, et a constaté une très forte amélioration de l’activité dans certaines

conditions135,136.

Ainsi, l’étude de l’effet de la modification de nanoparticules de palladium à

distribution de tailles et de formes contrôlées par des adatomes de bismuth a été

entreprise avec l’espoir de déterminer de manière plus précise le rôle de ce métal dans le

mécanisme d’oxydation du glycérol.

La surface des catalyseurs non-supportés a été modifiée en plongeant pendant

différentes périodes de temps (15 secondes, 1 minute, 5 minutes, 10 minutes et 30

minutes) l’électrode d’or sur laquelle les particules de Pd ont été déposées selon la

méthode décrite dans la partie expérimentale, dans une solution d’acide sulfurique 0,5

M saturé en BiCl3. Le dépôt se produit spontanément sans qu’aucun potentiel contrôlé

ne soit appliqué à l’électrode. Les voltammogrammes de la Figure 25 enregistrés sur les

nanosphères, les nanocubes et les nanooctèdres de Pd montrent sans équivoque que

l’adsorption spontanée du bismuth se produit: les charges impliquées dans la région

d’adsorption en sous potentiel d’hydrogène et de sa désorption diminuent avec le temps

Page 80: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

74

de contact de l’électrode avec la solution de bismuth et un pic d’oxydation à 0,9 V

(attribué à la réaction d’oxydation du Bi augmente avec le temps de contact). Ceci

indique que le recouvrement de la surface des particules de Pd par le bismuth augmente

avec le temps de contact. Il n’apparaît ici aucune preuve d’une adsorption préférentielle

du bismuth sur une structure de surface particulière puisque la totalité de la zone

hydrogène semble affectée de la même manière par le dépôt des adatomes.

Un second aspect ressortant de ces voltammogrammes est le fait que

l’adsorption spontanée de bismuth est moins bien contrôlée dans le cas des

nanoparticules octaédriques que dans le cas de nanoparticules sphériques et cubiques.

Encore une fois, l’explication peut provenir de la plus faible énergie de surface des

domaines (111) par rapport aux domaines (100) et aux défauts (coins, arêtes, etc.) qui

miment les domaines de surface (110)131, ce qui peut rendre l’adsorption du bismuth

plus aléatoire. Pourtant, dans le cas de nanoparticule à formes contrôlées de platine,

l’adsorption du bismuth est utilisée pour déterminer la proportion de face (111). Une

autre explication peut provenir de la plus forte hétérogénéité de forme de l’échantillon

d’octaèdres en raison de la présence de tétraèdres et de fortes troncatures. En revanche,

les nanocubes de palladium, qui présentent une distribution de forme très étroite si l’on

se réfère aux caractérisations par microscopie électronique à transmission, permettent

quant à eux un meilleur contrôle du dépôt spontané de bismuth et ont donc été utilisés

pour faire une étude plus poussée du processus d’adsorption spontanée.

La Figure 26a présente la modification de la zone hydrogène enregistrée en

fonction du temps de contact de l’électrode de nanocubes de palladium avec la solution

acide saturée en BiCl3. La charge impliquée pour le processus de désorption

d’hydrogène de la surface du palladium a été déterminée par intégration des courants de

désorption entre 0,1 V et 0,62 V après une correction du courant capacitif dont la valeur

a été estimée à un potentiel d’environ 0,62 V (dans la gamme de potentiel entre la

région hydrogène et la région de formation des hydroxydes/oxydes de surface).

L’évolution de la valeur de cette charge en fonction du temps de contact est représentée

sur la Figure 26b.

Page 81: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

75

Figure 25 Voltammogrammes de (a) nanosphères, (b) nanocubes et (c) nanooctaèdres de palladium

modifiés par adsorption spontanée de Bi par immersion de l’électrode dans la solution saturée de BiCl3

dans H2SO4 0,5 mol.L-1, pour différentes durées (NaOH 0,1 mol.L-1, T = 20 ° C, v = 20 mV.s-1).

A partir de ces valeurs de charges impliquées dans la désorption de l’hydrogène,

le taux de recouvrement par le bismuth (Bi) peut être déduit:

b

a

c

Page 82: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

76

(30)

où H est le recouvrement de la surface de palladium par l’hydrogène adsorbé,

QH0 et QHt

représentent respectivement les charges déterminées pour la désorption de

l’hydrogène du palladium pur et pour la désorption de l’hydrogène après contact

pendant un temps t avec la solution de BiCl3.

Figure 26 (a) Voltammogrammes de la zone hydrogène enregistrés sur un échantillon de nanocubes de

Pd après différentes périodes de contact avec la solution de BiCl3 (NaOH 0,1 mol.L-1 à v = 20 mV.s-1).

(b) Charge déterminée pour le processus de désorption de l’hydrogène de la surface du palladium après

différents temps de contact de l’électrode avec la solution de BiCl3.

Comme il a déjà été dit, la charge impliquée dans la désorption de l’hydrogène

adsorbé diminue progressivement à mesure que le taux de recouvrement en bismuth

augmente. Comme le montre le graphe de la Figure 27, la valeur de (θH)-1 décroît

linéairement avec le temps de contact t, ce qui suggère un ordre 2 de réaction par

rapport aux sites libres de la surface de Pd avec une constante cinétique k = 1,17 10−2 s−1

qui peut être décrite par la loi de vitesse : .

a b

Page 83: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

77

Figure 27 Graphe représentant la droite (θH)−1 en foncion du temps de contact et de l’électrode de

nanocubes de palladium avec la solution acide de BiCl3.

La Figure 28 montre les régions hydrogène enregistrées sur les nanosphères et les

nanoocatèdres de palladium pur et après modification par immersion dans la solution

saturée de BiCl3, et l’évolution de la charge de désorption de l’hydrogène associée. Bien

que le contrôle du dépôt spontané de Bi soit plus difficile, la même tendance que celle

observée sur les nanocubes semble se dessiner. La diminution de la charge de

désorption de l’hydrogène avec le temps de contact suit le même profil quelle que soit la

forme des nanoparticules, ce qui suggère que la cinétique de modification par le bismuth

soit la même.

Page 84: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

78

Figure 28 (a,c) Voltammogrammes enregistrés sur des échantillons de nanosphère (a) et de

nanooctaèdres (c) de palladium en fonction du temps d’immersion de l’életrode dans la solution de BiCl3

(NaOH 0,1 mol.L-1, v = 20 mV.s-1). (b,d) Charge déterminée pour le processus de désorption de

l’hydrogène de la surface des nanosphères (b) et nanooctaèdres (d) de palladium après différents temps de

contact de l’électrode avec la solution de BiCl3.

Il est aussi important, pour des raisons de compréhension du rôle du bismuth dans

les réactions d’oxydation d’alcools et la proposition de mécanismes réactionnels, de

connaitre le degré d’oxydation des adatomes sur les nanoparticules de palladium.

Cependant, cette détermination pose d’énormes problèmes en raison de la très faible

quantité de bismuth déposée par adsorption spontanée. Dans le cas de monocristaux de

platine, Clavilier et al.137 ont proposé que le bismuth s’adsorbait spontanément sous

forme métallique (valence 0) et qu’une espèce de type Biads2+ stabilisée par l’adsorption

d’ions hydroxyles OH- se formait à plus haut potentiels. Cette proposition permettrait

d’expliquer le pic d’oxydation observé à haut potentiel (vers 0,95 V pour les

nanosphères et nanocubes et vers 1,0 V pour les nanooctaèdres) sur les

a b

c d

Page 85: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

79

voltammogrammes de la Figure 25. Hamm et al.138 ont étudié le dépôt en sous potentiel

de bismuth à la surface de monocristaux de Pt (111); les mesures d’XPS qu’ils ont

réalisées leur ont fait conclure que la valence du bismuth de chaque côté du pic

d’adsorption en sous potentiel était de zéro, et que la charge observée entre 0,2 et 0,5 V

était probablement due à la coadsorption d’ion hydroxyles OH- plutôt qu’à un processus

redox de surface. Des travaux menés par Gewirth et al.139,140 sur des surface d’or ont

conclus que des espèces Bi–OH et Bi–O se formait dans la région de potentiel

catalytiquement active à partir d’environ 0,6 V sur l’or en milieu alcalin, potentiel

auquel ce métal devient capable d’adsorber les espèces hydroxyles56,141 et que des ions

hydroxyles OH− étaient coadsorbés avec le bismuth dans la région de dépôt en sous

potentiel. Enfin, très récemment, sur la base de mesures XPS, Cai et al. ont proposé que

les atomes de bismuth déposés spontanément sur la surface de nanoparticules de

palladium possédait préférentiellement le degré d’oxydation +III 87. Il apparaît donc que

l’état d’oxydation dans lequel se trouve le bismuth n’est pas encore défini avec

précision et que le débat est encore largement ouvert. Cependant, indépendamment de la

valence du bismuth déposé spontanément ou en sous potentiel, une propriété liée à la

présence de bismuth semble faire l’unanimité dans la communauté, à savoir qu’elle

favoriserait l’adsorption d’espèces OH soit à sa surface137, soit sur les atomes de métaux

nobles adjacents142.

IV. Electrooxydation du glycérol en milieu alcalin

1. Electrooxydation du glycérol sur les nanoparticules de palladium pur

L’activité des catalyseurs de palladium pur a été déterminée dans un premier

temps en milieu glycérol à 0,1 mol.L-1 + NaOH à 0,1 mol.L-1. La Figure 29 compare les

courbes de polarisation enregistrées sur les différents échantillons de nanopatricules de

palladium. Les nanocubes sont plus actifs que, dans l’ordre, les nanooctaèdres et les

nanosphères sur la gamme de potentiel supérieure à 0,55 V, puisque des courants

d’oxydation plus élevés sont enregistrés. Les voltammogrammes d’oxydation du

glycérol sur nanosphères et nanocubes montrent le même aspect: un épaulement entre

Page 86: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

80

0,55 et 0,85 V et un pic principal d’oxydation à potentiels plus élevés. Dans le cas des

nanooctaèdres, seul le pic principal d’oxydation est visible, lequel atteint son maximum

à plus bas potentiel que pour les autres échantillons de nanoparticules de Pd.

Figure 29 Voltammogrammes enregistrés sur les différents échantillons de nanoparticules de palladium

en milieu glycérol 0,1 mol.L-1 + NaOH 0,1 M (T = 20 °C, 5 mV s-1).

L’épaulement est plus prononcé pour les nanocubes qui sont sensés exhiber une

forte densité de domaines étendus de surface d’orientation (100). Il est par conséquent

proposé ici que le processus d’oxydation se produisant dans la gamme de potentiels

entre 0,55 et 0,85 V soit principalement lié aux interactions entre les domaines de

surface (100) et des espèces adsorbées provenant du glycérol. Il est à ce stade difficile

d’expliquer la meilleure activité des nanooctaèdres par rapport aux nanosphères en

invoquant la présence de nanodomaines de surface d’orientation (111). Ce pourrait être

le cas, mais, comme l’ont montré les images de microscopie électroniques, les

nanooctaèdres présentent de fortes troncatures qui pourraient former des domaines

(100), bien que ceux-ci n’aient pas été détectés par voltammétrie cyclique en milieu

support ; cependant leurs faibles tailles pourraient expliquer l’absence du pic à environ

0,9 V dans la zone de formation des oxydes en surface du palladium en milieu support

seul. Pourtant, il a déjà été montré que la présence de domaines étendus de surface (100)

0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4 sphères

cubes

octaèdres

I (m

A)

E vs ERH (V)

Page 87: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

81

ou (111) était un préalable à l’oxydation du monoxyde de carbone préadsorbé à bas

potentiels, dans la région dite du prépic d’oxydation143.

L’effet de la concentration de glycérol a été étudié sur les nanocubes de

palladium, lesquels possèdent l’activité la plus élevées et l’épaulement sur la courbe de

polarisation à bas potentiels le plus marqué. La Figure 30 montre les courbes de

polarisation enregistrées pour des concentrations de glycérol de 10-1 mol.L-1, 10-2 mol.L-

1 et 10-3 mol.L-1.

A faibles concentrations de glycérol, 10−2 M et 10−3 mol.L-1, trois contributions au

processus global d’oxydation peuvent être observées. A plus forte concentration, 10−1

mol.L-1, seul l’épaulement à bas potentiels et le pic principal d’oxydation sont visibles.

Le pic principal d’oxydation est d’ailleurs rejeté vers des potentiels plus élevés à mesure

que la concentration en glycérol augmente, ce qui pourrait être dû à un plus fort

empoisonnement de surface par des espèces issues de l’adsorption du glycérol. En effet,

pour les plus faibles concentrations en glycérol, un pic de courant apparaît dans la

gamme de potentiel de 0,3 à 0,5 V qui correspond au premier pic de désorption

d’hydrogène sur le voltammogramme des nanocubes de palladium enregistré en milieu

alcalin dans la Figure 30: le recouvrement de la surface de palladium par des espèces

provenant du glycérol est plus faible.

De plus, il peut être remarqué que le pic correspondant à la désorption de

l’hydrogène à partir des domaines de surface (100) n’apparaît pas (à environ 0,5 V),

même à très faible concentration, ce qui semble indiquer une adsorption préférentielle

du glycérol sur les domaines de surface (100). La théorie du mécanisme bifonctionnel144

stipule que la désorption d’espèces organiques « poisons » implique l’activation de

molécules d’eau et la réaction entre espèces adsorbées suivant un mécanisme de type

Langmuir-Hinshelwood. Puisqu’il semble que les domaines de surface (100) soient

complètement bloqués à bas potentiels par des espèces adsorbées provenant glycérol, il

peut être proposé d’expliquer l’amélioration de l’activité dans le cas des nanocubes par

rapport aux nanooctaèdres et nanosphères en termes d’adsorption préférentielle du

glycérol sur les surfaces (100) et de formation d’espèces OH adsorbées sur les défauts

Page 88: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

82

des particules de palladium (coins, arêtes, marches, qui miment le comportement des

surfaces (110)), permettant au mécanisme bifonctionnel de se produire.

Figure 30 Voltammogrammes enregistrés sur l’échantillon de nanocubes de palladium en milieu NaOH

0,1 M et en présence de glycérol à (▬) 0,1 mol.L-1, (▬) 0,01 mol.L-1 et (▬) 0,001 mol.L-1 (T = 20 °C, 5

mV s-1).

2. Electrooxydation du glycérol sur les nanoparticules de palladium modifiée par

adsorption spontanée de bismuth

L’activité catalytique vis à vis de l’électrooxydation du glycérol à 0,1 mol. L-1 a

tout d’abord été évaluée sur les échantillons de nanoparticules de palladium après les

avoir immergées 30 minutes dans la solution d’acide sulfurique saturée en BiCl3. Dans

ce cas, un fort taux de recouvrement en bismuth est obtenu, proche de 90 %, et ce

traitement conduit à l’activité électrocatalytique la plus élevée à bas potentiels (voir plus

avant)121. La Figure 31 compare les courbes de polarisation enregistrées sur les

différents échantillons de nanoparticules de palladium modifiées par le bismuth. De

nouveau, les nanocubes modifiés présentent l’activité catalytique la plus élevée. En

revanche, les nanoocatèdres et les nanosphères modifiées présentent une activité

équivalente de 0,55 V à 0,85 V, alors que les nanooctaèdres non modifiés possédaient

une activité plus élevée que les nanosphères. Ce résultat semble suggérer que le bismuth

pourrait s’adsorber préférentiellement sur les faces (111) et les bloquer. Il est d’ailleurs

0,2 0,4 0,6 0,8 1,00,00

0,05

0,10

0,15

0,20

0,25

0,30

0,35

I (m

A c

m-2)

E vs ERH (V)

Page 89: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

83

intéressant de noter ici que l’adsorption spontanée de bismuth est la méthode utilisée

pour estimer la proportion de face (111) présente sur des nanoparticules de platine à

formes contrôlées145,146.

Figure 31 Voltammogrammes enregistrés en milieu glycérol 0,1 mol.L-1 + NaOH 0,1 M sur les différents

échantillons de nanoparticules de palladium modifiées par immersion 30 minutes dans une solution acide

saturée en BiCl3 (T = 20 °C, 5 mV s-1).

Afin d’avoir une meilleure idée de l’effet de la modification des nanoparticules de

palladium par le bismuth, les Figure 32 a, b, c comparent les courbes d’oxydation du

glycérol enregistrées sur chacun des échantillons de nanoparticules de palladium non-

modifiées et modifiées.

Dans le cas des nanosphères (Figure 32 a), aucune amélioration de l’activité

massique du catalyseur n’est observée entre 0,55 V et 0,8 V, bien que la surface de

palladium accessible soit plus faible après modification par le bismuth. Il semble alors

que l’activité intrinsèque surfacique du palladium soit améliorée par la présence de

bismuth. A plus hauts potentiels, supérieurs à 0,8 V, l’augmentation des courants

d’oxydation peut soit être imputée à une meilleure activité du catalyseur vis-à-vis de la

réaction d’électrooxydation du glycérol, soit au processus d’oxydation observé en

milieu électrolyte support seul (Figure 24). Cependant, les expériences présentées plus

0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

sphères+Bi

cubes+Bi

octaèdres+Bi

I

(mA

)

E vs ERH (V)

Page 90: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

84

tard dans ce manuscrit tendent à privilégier la première hypothèse: l’augmentation des

courants d’oxydation à hauts potentiels est due à l’amélioration de l’activité du

catalyseur.

Pourtant, des catalyseurs PdxBi11-x/C préparés au laboratoire par une méthode de

microémulsion “water in oil” avaient permis d’atteindre des activités catalytiques vis à

vis de l’électrooxydation du glycérol très élevées71 en comparaison à celles observées

ici. L’addition de 10 % atomique de bismuth au palladium permettait d’atteindre la

même activité que celle obtenue avec un catalyseur Pt/C, ce qui était un résultat

remarquable. Le potentiel de début d’oxydation était déplacé de 150 mV vers les

potentiels plus faibles, d’environ 0,55 V à environ 0,40 V. L’augmentation du rapport

atomique en bismuth ne changeait pas l’activité, ce qui confirmait que le bismuth

déposé sur le support carboné n’avait aucun rôle catalytique. L’apparent désaccord entre

les résultats présentés dans ce mémoire de thèse sur des nanosphères non-supportées de

palladium modifiées par adsorption spontanée de bismuth et ceux obtenus par Mario

Simoes sur des nanosphères de Pd9Bi1 supportées sur un carbone de haute surface

spécifique (Vulcan XC 72 à 250 m2.g-1) préparées par microémulsion « water in oil »

doit certainement être dû à la nature/structure des dépôts de bismuth et à leurs

interactions avec la surface de palladium, puisque les deux types de nanoparticules de

Pd sont sphériques et de taille moyenne similaire, de l’ordre de 4,0 nm. En particulier,

les caractérisations physicochimiques du catalyseurs Pd9Bi1/C préparé par

microémulsion « water in oil » ont suggéré une décoration des nanoparticules de Pd par

des clusters de Bi2O3 et/ou Bi(OH)3 plutôt qu’une modification de la surface de

palladium par des adatomes de Bi.

Page 91: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

85

Figure 32 Voltammogrammes enregistrés en milieu glycérol à 0,1 mol.L-1 + NaOH à 0,1 M sur les

différents échantillons de nanoparticules de palladium non-modifiées et modifiées par immersion 30

minutes dans une solution acide saturée en BiCl3 (T = 20 °C, 5 mV s-1).

Dans le cas des nanocubes de palladium (Figure 32 b), l’amélioration de l’activité

catalytique vis-à-vis de la réaction d’électrooxydation du glycérol induite par la

0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

sphères

sphères+Bi

I (m

A)

E vs ERH (V)

0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

cubes

cubes+Bi

I (m

A)

E vs ERH (V)

0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

octaèdres

octaèdres+Bi

I (m

A)

E vs ERH (V)

a

b

c

Page 92: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

86

modification par le bismuth est évidente; en effet, dès 0,6 V les courants d’oxydation

enregistrés sont plus élevés que ceux obtenus sur les nanocubes de palladium pur. Ce

fait met clairement en lumière l’activité plus élevée des domaines de surface (100) vis-

à-vis des processus d’adsorption et d’oxydation du glycérol, et un effet synergétique

plus important entre de telles structures de surface et le bismuth adsorbé que celui

observé sur les nanosphères présentant de faibles orientations préférentielles de surface.

Les nanocubes modifiés présentant de nouveau une meilleure activité vis-à-vis de la

réaction d’oxydation du glycérol, une étude de l’effet du taux de recouvrement en

bismuth de ces nanoparticules à été réalisée à faible concentration de glycérol (0,001

mol. L-1).

La Figure 33 donne les courbes d’oxydation du glycérol enregistrées sur les

nanocubes de palladium présentant différents taux de recouvrement en bismuth. Pour

des taux de recouvrement θBi allant de 0 à 0,49, les courbes de polarisation sont

caractérisées par un prépics entre 0,65 V et 0,80 V suivi d’un pic intense d’oxydation

centré vers 0,85 V. Le plus faible taux de recouvrement θBi = 0,24 a engendré un prépic

d’oxydation du glycérol localisé à 0,72 V plus intense que pour les taux de

recouvrement plus élevés allant jusqu’à θBi = 0,74. Ensuite, pour des taux de

recouvrement supérieurs ou égaux à θBi = 0,74, un second régime est observé : le pic

principal d’oxydation est déplacé vers des potentiels plus faibles et devient moins

intense, tandis que l’intensité du prépic augmente. Enfin, pour le taux de recouvrement

maximal, θBi = 0,88, l’intensité et le potentiel de début du prépic se superposent avec

ceux observé pour le plus faible taux de recouvrement.

Page 93: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

87

Figure 33 Voltammogrammes enregistrés sur l’échantillon de nanocubes de palladium présentant

différents taux de recouvrement en bismuth en milieu NaOH à 0,1 M et en présence de glycérol à 0,001

mol.L-1 (T = 20 °C, 5 mV s-1).

Il est difficile d’expliquer rationnellement ce comportement uniquement en termes

de mécanisme bifonctionnel. Pour certains auteurs, il faut aussi tenir compte du fait que

la présence d’adatomes peut conduire à des changements dans les quantités et les

compositions des espèces fortement chimisorbées à la surface du métal catalytique, ce

qui peut avoir des répercussions sur le cours du mécanisme d’électrooxydation147,148.

Dans le cas des nanocubes de palladium avec un faible taux de recouvrement en

bismuth, les espèces adsorbées peuvent être désorbées après oxydation grâce à l’apport

des espèces oxygénées sur le bismuth137 ou sur les sites de palladium adjacents aux

adatomes de bismuth142. Pour un taux de recouvrement plus élevé en bismuth,

l’adsorption d’espèces particulières nécessitant des sites multiples de palladium peut

être limitée en raison de la dilution des sites d’adsorption par les adatomes de Bi149, et

des espèces fortement adsorbées peuvent seulement réagir à plus ou moins hauts

potentiels selon des changements induits à la surface du palladium (dilution de sites

d’adsorption, densité d’espèces oxygénées de surface, densité d’états électroniques,

etc.). Ces derniers ont bien évidemment une influence importante sur les mécanismes

d’adsorption et sur la nature des intermédiaires de réaction adsorbés à la surface du

catalyseur.

0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

0,00

0,04

0,08

0,12

0,16

0,20

0,24

0,00

0,24

0,49

0,74

0,88

I (m

A)

E vs ERH (V)

1-H

Page 94: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

88

Enfin, dans le cas des nanooctaèdres (Figure 32 c), la modification par le bismuth

conduit plutôt à une dégradation des performances du catalyseur à haut potentiel, ce qui

semble confirmer sa forte interaction avec les domaines de surface (111).

V. Etude infrarouge in situ

1. Nanoparticules de palladium pur

La sélectivité des différents échantillons de nanoparticules de palladium a été

étudiée par spectroscopie infrarouge de réflexion lors de la variation linéaire de

potentiel à faible vitesse (1 mV s-1) entre 0,1 V et 1,0 V vs ERH. Les Figure 34 a, b, c

montrent respectivement les spectres enregistrés en fonction du potentiel d’électrode

lors de l’électrooxidation du glycérol à 0,1 mol.L -1 en milieu NaOH à 0 ,1 mol.L-1. Pour

une plus grande clarté, les spectres infrarouge ont été découpés en trois gammes de

nombres d’onde.

Page 95: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

89

Figure 34 Spectres infrarouge enregistrés sur (a) les nanosphères, (b) les nanoocubes et (c) les nanooctaèdres de palladium au cours de l’oxydation du

glycérol à 0,1 Mol. L-1 en milieu NaOH à 0,1 Mol.L-1 à T = 20 °C, v = 1 mV.s-1.

0,1 V

1,0 V

0,1 V

1,0 V

0,1 V

1,0 V

a b

c

Page 96: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

90

En rappelant le schéma réactionnel suivant pour l’électrooxydation du glycérol:

et en s’appuyant sur les spectres répertoriés dans « The Aldrich Library of Infrared

Spectra »150 et sur des données de la littérature49,151-155, et en se basant sur de

précédentes études menées au laboratoire dans lesquelles les attributions des bandes

d’absorption infrarouge ont été confirmées par analyses HPLC des produits de réaction

accumulés au cours d’expériences de chronoamperométrie réalisées aux potentiels où

apparaissaient ces bandes infrarouge caractéristiques156, l’analyse de la région

« empreintes » des spectres infrarouge a pu être effectuée. Le tableau 7 répertorie les

bandes d’absorption repérées sur les spectres infrarouge avec leur position en nombre

d’onde et leur attribution aux fonctions chimiques présentes dans les éventuels produits

de réaction.

Rupture de la iaison C-C :

produits en C2 et C1

-2 e-

-2 e- -4 e-

-2 e-

-2 e-

-4 e-

-4 e-

glyceraldéhyde

glycérol

dihydroxyacétone

glycérate tartronate

mésoxalate

hydroxypyruvate

Page 97: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

91

Nombre d’onde (cm-1) Fonctions moléculaire

1070

1120

1225

1310

1335

1350

1385

1410

1575

1900

2343

C-O élongation (aldéhyde ou alcool)150,156

C-O élongation (aldéhyde ou alcool)150,156

C-O élongation (aldéhyde ou alcool)150,156

C-O élongation (glycéraldéhyde ou glycérate)150,156

1,3-Dihydroxy-2-propanone (dihydroxyacétone)150,156

Hydroxypyruvate150,156

COO- élongation 150,156,157

CO32- 150,157

COO- élongation 151,152,154,156,157

CO ponté85

CO249,153-155

Tableau 7 Attribution des bandes d’absorption infrarouge enregistrées au cours de l’électrooxydation du

glycérol à 0,1 mol.L-1 dans NaOH à 1,0 Mol. L-1 sur des catalyseurs à base de palladium.

La méthodologie utilisée pour l’interprétation des spectres est présentée, à titre

d’exemple, dans le cas des nanosphères de palladium en se basant sur le grossissement

de la gamme 1000-1750 cm-1 présenté sur la Figure 35.

Page 98: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

92

Figure 35 Spectres infrarouge enregistrés sur les nanosphères de Pd sur la gamme de nombre d’onde de

1000 à 1750 cm-1 au cours de l’oxydation du glycérol à 0,1 Mol. L-1 en milieu NaOH à 0,1 Mol.L-1 à v =

1 mV.s-1.

Les spectres infrarouge enregistrés au cours de ces travaux résultent de

l’addition de 128 interferogrammes et sont normalisés de la façon suivante:

(31)

où RE est la réflectivité enregistrée au potentiel d’électrode E au cours de la variation

positive et REref est la réflectivité enregistrée au potentiel le plus négatif avant de

démarrer la variation de potentiel (0,1 V vs ERH) où il n’y pas encore de produit de

1000 1250 1500 1750

No re d’o de ( -1)

0,1 V

0,2 V

0,3 V

0,4 V

0,5 V

0,6 V

0,7 V

0,8 V

0,9 V

1,0 V

A B D E G H

F

E vs ERH (V)

Page 99: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

93

réaction. Dans cette configuration, une bande négative d’absorption correspond à la

formation d’une espèce à la surface de l’électrode et une bande positive d’absorption

correspond à la consommation d’une espèce à la surface de l’électrode.

La bande d’absorption A à environ 1070 cm-1 peut être attribuée à la vibration

d’élongation de la liaison C-O dans une fonction alcool ou aldéhyde. Puisque cette

bande apparaît très tôt, dès 0,45 V, qu’elle est positive, qu’elle est présente sur toute la

gamme de potentiel où le catalyseur est actif et qu’elle augmente lorsque le potentiel

d’électrode augmente, elle peut raisonnablement être attribuée à la consommation de

fonctions alcool. La bande d’absorption B est localisée à 1120 cm-1 et peut être aussi

associée à la vibration d’élongation de la liaison C-O dans une fonction alcool ou

aldéhyde, mais ici, il s’agit d’une bande négative correspondant à une production ; il est

donc raisonnable de l’associer à la formation de glycéraldéhyde. Puisque cette bande

d’absorption apparait dans une gamme de potentiel inférieure à celle ou un courant

d’oxydation est détecté, il est probable que cette espèce reste adsorbée à l’électrode. Sur

la gamme de potentiels de 0,5 à 0,6 V, correspondant au début de la vague d’oxydation

du glycérol sur le palladium, les bandes E et H apparaissent. Ces bandes d’absorption

localisées à environ 1380 cm-1 et environ 1575 cm-1 correspondent à la formation de

fonction carboxylates; le carboxylate associé à la première bande d’absorption est

produit significativement entre 0,5 et 0,8 V, tandis que celui associé à la seconde bande

apparaît un peu plus tôt en potentiel et est détecté jusqu’à 1,0 V. A plus hauts potentiels,

à partir de 0,6 V, la bande d’absorption à 1310 cm-1 apparaît. Cette bande d’absorption

peut être attribuée la vibration d’élongation de la liaison C-O dans une fonction

aldéhyde ou glycérate. Au potentiel d’apparition de cette bande d’absorption, il est plus

que probable qu’elle soit associée à la formation de glycérate ; de plus comme cette

bande apparaît tardivement par rapport à celles observées à 1380 cm-1 et 1575 cm-1, le

composé correspondant à cette bande pourrait être un précurseur de l’hydroxypyruvate.

En effet, à partir de 0,8 V, tandis que la bande F disparaît, les bandes E et G, attribuée

respectivement à la formation d’hydroxypyruvate et de carbonate, apparaissent. La

formation de carbonate à haut potentiel est corroborée par l’apparition à partir d’environ

0,85 V d’une bande d’absorption à 2343 cm-1 (Figure 34a) correspondant à la formation

Page 100: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

94

de CO2. Ce CO2 est formé en raison de l’appauvrissement en ions hydroxyles dans le

film mince d’électrolyte coincé entre l’électrode et la fenêtre de CaF2 contre laquelle

cette dernière est pressée. Des ions hydroxyles sont en effet consommés lors de réaction

d’oxydation en milieu alcalin conduisant à des carboxylates (R-COO- et des carbonates

CO32-). Il est donc proposé le mécanisme suivant pour la réaction d’oxydation du

glycérol sur les nanosphères non-supportées de palladium:

Figure 36 Le mécanisme de la réaction d’oxydation du glycérol sur les nanosphères non-supportées de

palladium

Les spectres enregistrés sur les autres échantillons de nanoparticules de

palladium (nanocubes et nanooctaèdres) montrent les mêmes bandes d’absorption que

ceux enregistrés sur les nanosphères. La forme des particules n’influe pas sur la nature

des intermédiaires et/ou produits de réaction de l’oxydation du glycérol. En revanche,

les rapports des intensités relatives des pics d’absorption indiquent que les chemins

réactionnels et les distributions de produit pourraient être différents pour chaque type de

nanoparticules. Cette hypothèse devra être confirmée par des analyses des produits de

réaction après des expériences de chronoampérométrie à des potentiels particuliers

déterminés préalablement grâce à l’analyse infrarouge in situ. Malheureusement, cette

étude n’a pas pu être effectuée au cours de ces travaux de thèse par manque de temps,

mais elle est prévue dans le futur.

Cette étude infrarouge in situ a aussi confirmée que les nanocubes de palladium

présentaient l’activité la plus élevée vis-à-vis de la réaction d’oxydation du glycérol à

bas potentiel, puisque les premier signes de disparition de l’alcool et de formation de

Page 101: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

95

produits d’oxydation (aldéhyde et carboxylate) apparaissent à plus bas potentiels (0,4 V

pour les nanocubes contre 0,5-0,55 V pour les nanosphères et nanooctaèdres), comme le

montre le Tableau 8.

Enfin, un fait marquant est apparu au cours de cette étude: la formation

d’hydoxypyruvate sur les nanoparticules de palladium. En effet, des travaux antérieurs

réalisés au laboratoire concernant la sélectivité de la réaction d’oxydation du glycérol

sur des nanocatalyseurs à base de palladium, de platine et d’or dispersés sur un support

de carbone n’avaient fait apparaître la bande d’absorption infrarouge à 1350 cm-1,

correspondant à l’hydroxypyruvate, que sur l’or et à haut potentiel. Un retour sur ce

comportement catalytique particulier sera effectué à la lumière des résultats qui seront

présentés dans la section suivante traitant des catalyseurs autosupportés à base de

palladium.

Potentiel d’électrode en V / ERH 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0

nanosphères

COads glycéraldéhydeads Glycerateads glycerate - tartronate

Hydroxypyruvate CO3

2-, CO2

Nanocubes

COads glycéraldéhydeads Glycerateads Glycérate - tartronate

hydroxypyruvate CO3

2-, CO2

Nanooctaèdres

COads

glycéraldéhydeads Glycerateads Glycérate - tartronate hydroxypyruvate CO2 CO3

2-, CO2

Tableau 8 Proposition de formation d’intermédiaires et de produits de réaction en fonction du potentiel

d’électrode sur les différents échantillons de nanoparticules de palladium.

Page 102: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

96

2. Nanoparticules de palladium modifiées par le bismuth

Lorsque les spectres infrarouge enregistrés au cours de la réaction

d’électrooxydation du glycérol sur les échantillons de nanoparticules de palladium

modifiées par adsorption spontanée de bismuth ont été traités, les changements de

l’intensité de la bande d’absorption à 2043 cm-1 relative à la formation du CO2 sont

apparus très importants. La Figure 37 montre les spectres infrarouges sur la gamme de

nombres d’onde dans laquelle la bande d’absorption correspondant à la formation de

CO2 apparaît. La modification du palladium par le bismuth a donc un effet important sur

la capacité du catalyseur à couper la liaison carbone-carbone et sur son aptitude à

favoriser ou non la formation de produits de dégradation. Une augmentation du taux de

recouvrement des particules par le bismuth, semble conduire à une diminution de la

production de CO2. Pour des temps de contact relativement faibles, entre 0 et 1 minute,

tous les échantillons de nanoparticules montrent une diminution de la production avec le

taux de recouvrement. Un tel comportement était attendu, Simoes et al. ayant déjà

montré que la modification de nanoparticules de palladium par des cluster de bismuth

conduisait à limiter l’adsorption dissociative du glycérol avec rupture de la liaison C-C

et formation de COads puis de CO2 (ou CO32-)71. En revanche, la brusque augmentation

de la production de CO2 pour un temps de contact de 5 minutes dans le cas des

nanocubes et des nanosphères, et dans une moindre mesure pour les nanooctaèdres à 10

minutes de contact, n’était pas attendue. De toute évidence, les surfaces (100) et (111)

se comportent différemment vis à vis de l’adsorption dissociative du glycérol. Enfin, la

diminution de l’intensité relative du pic d’absorption à 2343 cm-1 pour des temps de

contact très élevés (10 minutes) dans le cas des nanocubes et des nanosphères suggère

soit une diminution de l’activité globale du catalyseur due au recouvrement très élevé de

la surface de palladium par le bismuth, soit à un changement de mécanisme minimisant

la capacité du catalyseur à rompre la liaison C-C. Dans le cas des octaèdres,

l’augmentation relative du pic d’absorption lié à la formation de CO2 continue pour le

matériau modifié par un temps de contact de 10 minutes avec la solution de bismuth.

Page 103: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

97

Figure 37 Spectres infrarouge sur la gamme de nombre d’onde de 2250 à 2500 cm-1 enregistrés pour les

différents échantillons de nanoparticules de Pd modifiées ou non par adsorption spontanée de bismuth

pendant différents temps au cours de l’oxydation du glycérol 0,1 Mol. L-1 en milieu NaOH 0,1 M à v = 1

mV.s-1.

0,1 V

1,0 V

0,1 V

1,0 V

0,1 V

1,0 V

No re d’o de ( -1)

Bi : 0 s Bi : 15 s Bi : 1 min Bi : 5 min Bi : 10 min

Sphères

Cubes

Octaèdres

Page 104: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

98

Une explication à un tel comportement pourrait être la suivante:

Le glycérol s’adsorbe préférentiellement sur les domaines étendus; or la

modification des nanocubes de palladium n’a pas montré d’adsorption préférentielle du

bismuth sur les domaines de surface (100), tandis qu’il a été pressenti dans le cas des

octaédres que le bismuth pouvait s’adsorber plus fortement (préférentiellement) sur les

domaines de surface (111). Dans le cas des nanocubes et nanosphères, l’adsorption du

bismuth se ferait sur les défauts (coins, arêtes, marches, petits domaines (111), etc.) et

celle du glycérol sur les domaines de surface (100) ; plus ces domaines sont étendus,

plus l’adsorption dissociative est favorisée, ce qui explique la plus forte sélectivité des

nanocubes vers le CO2 (expliquant aussi au passage la plus forte activité et sélectivité

vers le CO2 des nanocubes comparés au nanosphères). En effet, l’adsorption

dissociative du glycérol avec rupture de la liaison C-C nécessite probablement

l’existence de sites composés de plusieurs atomes de palladium adjacents dont la

probabilité est plus élevée si les domaines étendus sont plus grands. Lorsque le taux de

recouvrement en bismuth augmente, ce dernier s’adsorbe sur les domaines (100) et

«dilue » les atomes de palladium de surface limitant l’adsorption dissociative. Le

changement de comportement observé pour un taux de recouvrement intermédiaire

(modification par immersion pendant 5 minutes des nanoparticules de palladium dans la

solution saturée de BiCl3) peut provenir d’un réarrangement de surface des adatomes de

bismuth adsorbés pour former des îlots de bismuth et laisser des sites de surface de

palladium pluri-atomiques libres où l’adsorption dissociative du glycérol avec rupture

de la liaison C-C peut se produire. Pour des taux de recouvrement très élevés de

bismuth, la densité de ces sites pluri-atomiques d’adsorption dissociative avec rupture

de la liaison C-C diminue, et avec leur diminution, celle de la production de CO2 aussi.

L’effet de la modification des surfaces de palladium par adsorption spontanée de

bismuth sur le comportement catalytique est présenté sur la Figure 38. Dans tous les cas

la modification par immersion pendent des temps courts (faibles taux de recouvrement)

semble conduire à une diminution de l’activité à bas potentiels, les bandes d’absorption

devenant visible à des potentiels plus élevés de 50 à 100 mV par comparaison avec les

nanoparticules non modifiées. Il est nécessaire d’atteindre des taux de recouvrement

Page 105: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

99

relativement élevés pour voir l’activité à bas potentiels s’améliorer, au moins pour les

nanosphères et les nanocubes. Dans le cas des nanooctaèdres, la modification par le

bismuth ne semble pas améliorer l’activité, en conformité avec ce qui avait été observé

lors de l’étude électrochimique par voltammétrie à variation linéaire de potentiel. Il

apparaît de nouveau une amélioration nette de l’activité pour les taux de recouvrement

intermédiaires de bismuth correspondant à des temps de contact avec la solution acide

saturée en sel de bismuth de 5 minutes. Pour des taux de recouvrement supérieurs,

correspondant à des temps d’immersion dans la solution acide saturée en sel de bismuth

de 10 minutes, l’activité semble décroître à nouveau.

En ce qui concerne la sélectivité, la présence de bismuth conduit dans tous les

cas à rendre la bande d’absorption infrarouge centrée à environ 1380 cm-1 et

correspondant à la formation de carboxylate moins symétrique que celle observée sur

les nanoparticules de palladium pures. Des bandes d’absorption infrarouge centrées sur

de nombres d’onde de valeurs inférieures se forment dès les bas potentiels. De

nouveaux produits sont donc formés à l’électrode en présence de bismuth. Bien que ce

phénomène se produise pour les trois échantillons de nanoparticules modifiées par

adsorption spontanée de bismuth, la séparation des bandes d’absorption dans la gamme

de nombre d’onde entre 1300 cm-1 et 1400 cm-1 est, encore une fois, plus évidente dans

le cas des nanocubes modifiés par immersion 5 minutes dans la solution acide saturée

de BiCl3. La Figure 39 présente un agrandissement des spectres enregistrés sur les

nanocubes modifiés pendant 5 minutes. En plus des mêmes bandes d’adsorption que

celles observées sur les nanoparticules de palladium non modifiées, les spectres font

apparaître une bande supplémentaire (bande J) localisée à environ 1335 cm-1 qui est

caractéristique de l’espèces chimique dihydroxyacétone (1,3-Dihydroxy-2-propanone).

La formation de dihydroxyacétone en présence de bismuth peut s’expliquer soit en

considérant un changement de mécanisme d’adsorption du glycérol, soit en considérant

le même mécanisme d’adsorption du glycérol à la surface du palladium suivi d’un

équilibre entre les formes glycéraldéhyde et dihydroxyacétone.

Page 106: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

100

Figure 38 Spectres infrarouge sur la gamme de nombre d’onde de 1000 à 1750 cm-1 enregistrés pour les

différents échantillons de nanoparticules de Pd modifiées ou non par adsorption spontanée de bismuth

pendant différents temps au cours de l’oxydation du glycérol 0,1 Mol. L-1 en milieu NaOH 0,1 M à v = 1

mV.s-1.

0,1 V

1,0 V

Sphères

Cubes

Octaèdres

0,1 V

1,0 V

0,1 V

1,0 V

No re d’o de ( -1)

Bi : 0 s Bi : 1 min Bi : 5 min Bi : 10 min

Page 107: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

101

Dans le premier cas, l’adsorption en présence de bismuth se produirait par une

réaction de déhydrogénation du carbone portant la fonction alcool secondaire, puis la

réaction d’oxydation avec transfert de deux électrons conduirait directement à la

dihydroxyacétone, tandis qu’en absence de bismuth l’adsorption d’un atome de carbone

présentant une fonction alcool primaire conduirait au glycéraldéhyde. Ce changement

de mécanisme pourrait être induit par la dilution des atomes de palladium par le

bismuth qui limite le nombre de sites pluriatomiques de palladium nécessaire à

l’adsorption avec rupture des liaisons C-H et O-H du glycérol.

Figure 39 Spectres infrarouge enregistrés pour les nanocubes de Pd modifiés par immersion de 5 minutes

dans une solution acide saturée en BiCl3 sur la gamme de nombre d’onde de 1000 à 1750 cm-1 au cours

de l’oxydation du glycérol 0,1 Mol. L-1 en milieu NaOH 0,1 Mol.L-1 à v = 1 mV.s-1.

0.35 V

A B D E

0.65 V

1,0 V

HG

FJ

1000 1250 1500 1750

No re d’o de ( -1)

Page 108: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

102

La possibilité d’une réaction d’isomérisation dont l’équilibre peut être déplacé

soit vers le glyéraldéhyde soit vers le dihydroxyacétone a déjà été proposé pour

expliquer les différences de mécanisme d’oxydation du glycérol selon la composition de

catalyseurs à base de platine et de palladium supportés sur carbone modifiés par des

clusters d’oxydes/hydroxydes de bismuth préparés par la méthode de microémulsion

« water in oil »71. Le chemin réactionnel suivant avait alors été proposé:

Potentiel d’électrode en V / ERH

Cependant, contrairement à l’étude réalisée par Simoes et al. sur les catalyseurs

supportés71, où la formation de dihydroxyacétone était détectée par infrarouge et HPLC

avant celle de glycéraldéhyde (ce qui a été à l’origine de la proposition de

l’établissement d’un équilibre entre les isomères glycéraldéhyde et dihydroxyacétone),

la dihydroxyacétone et le glycéraldéhyde semblent dans le cas présent être tous les deux

formés dès le début de la réaction d’oxydation du glycérol, comme le suggère la

présence de la bande d’absorption à environ 1110 cm-1 et la forte dissymétrie du massif

de bandes d’absorption entre 1300 cm-1 et 1400 cm-1. Il se pourrait alors que les deux

chemins réactionnels, celui impliquant l’adsorption d’un carbone portant une fonction

alcool primaire (chemin réactionnel A) et celui impliquant l’adsorption du carbone

portant la fonction secondaire (chemin réactionnel B) puissent se produire sur ce type de

catalyseurs modifiés non supportés.

OH

OH

OH

OH

OH

O OH

OH

O

O-

OH

O

O

O-

O-

O

O-

O-

+oxalate

O

OH

OH

dihydroxyacétone

glycéraldéhyde glycérate tartronate Formiate

2 e-

2 e-

2 e-4 e- 2 à 4 e-

carbonate

Page 109: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

103

Dans ce cas, la formation d’hydroxypyruvate, démontrée par la présence du pic

E à partir de 0,7 V (Figure 39), peut être expliquée soit par l’oxydation du carbone

secondaire après formation préalable du glycérate (mécanisme proposé dans le cas des

nanoparticules de palladium non modifiées), soit par l’oxydation du carbone primaire en

carboxylate après la formation préalable du dihydroxyacétone, ou encore par l’existence

simultanée de ces deux mécanismes.

Quel que soit le mécanisme impliqué dans le processus d’oxydation du glycérol

sur les surfaces des nanoparticules de palladium non supportées, la présence de bismuth

conduit à des changement dans les chemin réactionnels. Il est aussi important de noter

que l’amélioration de l’activité dès 0,35 V sur les nanocubes modifiés par immersion 5

minutes dans une solution acide saturée en BiCl3 et de la sélectivité vers la

dihydroxyacétone, indique clairement que la rôle du bismuth ne s’arrête pas à

l’amélioration du mécanisme bifonctionnel par apport d’espèces hydroxyles activées à

plus bas potentiel (mécanisme de type Langmuir-Hinselwood), mais qu’il implique

aussi des effets sur le mode d’adsorption des espèces provenant du glycérol.

VI. Conclusion

Des échantillons de nanoparticules de palladium constitués respectivement de

sphères de 4 nm de diamètres, de cubes de 11 nm de côté et d’octaèdres de 8 nm de

hauteur ont été synthétisés. Les caractérisations par microscopie électronique à

O H

O H

O H

O H

O H

O O H

O H

O

O -

O H

O

O

O - O -

O

O H

O

O -

O O -

O - + C

2 (?)

O

O H

O H O

O

O

O - O -

dihydroxyacétone hydroxypyruvate mesoxalate

glycéraldéhyde glycérate tartronate

Formiate

Voie réactionnelle A

Voie réactionnelle B

2 e -

2 e -

2 e - 4 e -

4 e - 4 e -

2 e - 2 e - 2 à 4 e -

carbonate

Page 110: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

104

transmission ont confirmé que les distributions de tailles et de formes étaient étroites et

bien contrôlées. Les caractérisations électrochimiques ont confirmés la présence de

domaines de surface (100) sur les nanocubes, (111) sur les nanooctaèdres et l’absence

de domaines étendus sur les nanosphères.

Une première étude en milieu acide sulfurique à 0,5 mol.L-1 a permis d’obtenir

des voltammogrammes présentant une séparation nette des contributions de divers

processus dans la zone hydrogène : dépôt d’hydrogène en sous potentiel à la surface du

palladium, insertion d’hydrogène dans le palladium, désorption de l’hydrogène inséré et

désorption de l’hydrogène adsorbé, ainsi que la séparation du processus de dégagement

d’hydrogène moléculaire. Ce comportement particulier est expliqué en termes de taille

des nanoparticules de palladium. La séparation des contributions associées à ces trois

processus sur les volatmmogrammes permet la détermination de la surface active réelle

des nanoparticules de palladium en mesurant la charge impliquée dans les processus

d’adsorption de l’hydrogène déposé en sous potentiel et de sa désorption. La charge

totale associée à l’insertion d’hydrogène et à sa désorption est en accord avec la

formation d’une phase hydrure nanoscopique. De plus, la séparation des trois

processus impliquant l’hydrogène dans les volatmmogrammes crée les conditions

favorables pour permettre la détermination de l’état des foncions thermodynamiques

pour le dépôt d’hydrogène en soustenstion et en surtension124.

L’étude de l’électrooxydation du glycérol en milieu alcalin à permis de montrer

dans le cas des catalyseurs non modifiés par adsorption spontanée de bismuth que les

nanocubes sont plus actifs que, dans l’ordre, les nanooctaèdres et les nanosphères pour

la gamme de potentiels supérieurs à 0,55 V. Il semble que la présence de domaines

étendus soit un préalable à l’amélioration de l’activité catalytique à bas potentiels. Tous

les échantillons de nanoparticules de palladium non modifiées ont montré une

sélectivité équivalente, vers le glycéraldéhyde et le glycérate à bas potentiels, et vers

l’hydroxypyruvate, des dicarboxylates et des produits de dégradation (carbonate,

dioxyde de carbone et certainement C2). La modification par adsorption spontanée de

bismuth à été réalisée pour obtenir différents taux de recouvrement. L’ordre général

Page 111: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

105

d’activité pour les catalyseurs modifiés par le bismuth est: nanocubes > nanosphères >

nanooctaèdres. Bien que le taux de recouvrement ait été augmenté jusqu’à près de 90 %,

les valeurs des courants d’oxydation du glycérol obtenues restaient dans la même

gamme, ce qui montre que l’activité surfacique du palladium est fortement accrue,

tandis que l’activité massique du catalyseur décroît pour les faibles taux de

recouvrement et augmente pour les plus élevés. Un optimum de temps de contact des

particules de palladium avec une solution acide saturée en BiCl3 de cinq minutes a été

observé pour lequel l’activité vis-à-vis de l’oxydation du glycérol, la production de CO2

et de carbonate et la formation d’hydroxypyruvate sont les plus élevées. Ce temps de

contact correspond à un taux de recouvrement en bismuth d’environ 75 %.

L’amélioration de l’activité par la modification par le bismuth est flagrante dans le cas

des nanocubes de palladium, tandis que dans le cas des nanooctaèdres, l’activité décroit.

Ceci est expliqué par le fait que le bismuth s’adsorbe préférentiellement sur les

domaines de surface (111).

Enfin, la modification des nanocubes et nanosphères de palladium par la

présence de bismuth à leur surface conduit à un changement de mécanisme avec la

formation d’hydroxyacétone dès les bas potentiels. Ensuite, à plus haut potentiels, les

mêmes espèces que dans le cas des particules non modifiées semblent être formées

(avec en plus toujours l’hydroxyacétone): hydroxypyruvate, carbonate, dioxyde de

carbone et carboxylate, etc. Il est à noter ici que les productions notables de CO2 (et de

carbonate) et d’hydroxypyruvate étaient tout à fait inattendues à la lumière des résultats

précédents obtenus sur des catalyseurs à base de palladium supportés sur carbone

(modifié par des clusters d’oxydes/hydroxydes de bismuth ou non). Il avait en effet été

montré que ces catalyseurs dispersés avaient une faible propension à casser la liaison C-

C, et encore moins en présence de bismuth, et qu’ils favorisaient plutôt la voie

réactionnelle A par l’intermédiaire de la formation de glycéraldéhyde. Ces apparents

désaccords seront traités et discutés ultérieurement dans ce manuscrit à la lumière de

résultats obtenus sur des catalyseurs à base de palladium autosupportés.

Page 112: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

106

En effet, les objets étudiés dans cette partie C, bien qu’apparemment stables sur

la zone de potentiels d’intérêt et sur la durée des expériences pour la réaction

d’oxydation du glycérol avec formation de produits à valeur ajoutée sans rupture de la

liaison C-C (d’environ 0,35 V à environ 0,8 V) ne sont pas adaptés pour être

directement utilisés au sein de cellule d’électrolyse en raison de la difficulté à les

synthétiser et parce qu’ils sont non supportés. Or, comme il est déjà pressenti, et comme

il sera confirmé ultérieurement dans ce manuscrit, le comportement catalytique de

catalyseurs dépend de la structure de l’électrode, et notamment du fait qu’ils soient

supportés ou non sur un substrat carboné poreux. Ces catalyseurs doivent donc être

considérés comme des objets modèles permettant d’étudier et d’essayer de comprendre

les phénomènes électrocatalytiques se produisant à leur surface en diminuant la

complexité du système, non pas comme des catalyseurs pouvant avoir une réelle

application.

En revanche, il est aussi important de voir comment peuvent se comporter des

catalyseurs dits « plus réels », dont la fabrication peut subir un effet d’échelle pour une

utilisation industrielle. Pour cette raison, des catalyseurs à base de palladium et modifiés

par des éléments du groupe p (bismuth et étain) autosupportés (non supportés sur un

substrat carboné) ont été synthétisés par la méthode dite du support sacrificiel et leur

comportement électrocatalytique vis-à-vis de l’oxydation du glycérol a été évalué. Les

résultats sont présentés et discutés dans la partie D de ce manuscrit. Ces travaux ont été

réalisés lors d’une mission de neuf mois à l’Université du Nouveau- Mexique au sein du

Laboratoire du Professeur Plamen Atanassov (Department of Chemical and Nuclear

Engineering and Center for Emerging Energy Technologies, University of New Mexico,

Albuquerque, NM, USA).

Page 113: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

107

D. Résultats : nanoparticules auto-supportées à base de palladium modifié par des éléments du groupe p

I. Catalyseurs auto-supportés PdxBi1-x

1. Caractérisation physicochimique

Une série de catalyseurs PdxBi1-x avec différents rapports atomiques a été

préparée par la méthode du support sacrificiel (SSM = sacrificial support method),

décrite dans la partie « Méthodes de synthèses ». Les rapports atomiques entre le

palladium et le bismuth ont été choisis comme étant 6:1, 4:1 et 2:1. Les catalyseurs ont

été désignés de la façon suivante: Pd6Bi, Pd4Bi et Pd2Bi.

Les catalyseurs ont été caractérisés par microscopie électronique à balayage

(MEB) et microscopie électronique à transmission (MET), EDS, spectroscopie de

photoélectrons X (XPS) et adsorption d’azote (méthode BET). Les caractérisations

MEB et MET ont fourni des informations sur la morphologie des échantillons et la taille

des nanoparticules, tandis que les caractérisations EDS et XPS ont été utilisés pour

déterminer la composition des échantillons et la comparer avec la composition prévue.

La spectroscopie de photoélectrons X a également été utilisée pour déterminer les états

d’oxydation et les interactions éventuelles entre les différents éléments du matériau.

La méthode du support sacrificiel conduit à des matériaux bimétalliques PdxBi1-x

auto-supportés ayant une structure spongieuse, comme le montre l’image MEB de la

Figure 40a dans le cas d’un catalyseur Pd4Bi. A un plus fort grossissement (Figure 40b),

le matériau montre une morphologie nanostructurée formée de murs délimitant des

espaces vides. Les catalyseurs présentent une structure 3D bien développée et de très

grandes surfaces développées, entre 75 et 100 m2.g-1, déterminée par la méthode BET-

N2. Les images MET sur les Figure 40c et d montrent la présence de chapelets de

Page 114: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

108

nanoparticules agglomérées, ayant une taille de l’ordre de 5 nm, délimitant des pores de

30 à 100 nm.

Figure 40 Images de MEB (a, b) et de MET (c, d) obtenues sur un échantillon de Pd4Bi.

Les spectres XPS de niveaux de cœur du Pd 3d et du Bi 4f sont présentés sur la

Figure 41 pour les trois matériaux PdxBi1-x. Les différents catalyseurs conduisent à des

spectres présentant des enveloppes de formes différentes. Les spectres des niveaux de

cœur 3d 5/2 du palladium ont été mieux modélisés avec quatre pics symétriques centrés

à environ 335, 336, 337 et 338 eV, attribués respectivement aux espèces Pd, Pd(OH)x,

PdO et PdO2. Il en a été de même pour les spectres de niveau de cœur 4f 7/2 du bismuth

qui ont été modélisés par quatre pics centrés à environ 157, 158, 159 et 160 eV,

attribués respectivement aux espèces Bi, Bi(OH)3, BiOOH, and Bi2O3. Cette analyse des

spectres XPS est basée sur les données disponibles dans le «Handbook of X-ray

Photoelectron Spectroscopy»158, sur les études précédentes de Casella et Contursi93 et

sur l’hypothèse que des états d’oxydation plus élevés conduisent à des pics

correspondants à des énergies de liaison plus élevées. Le Tableau 9 résume les

principaux résultats de la caractérisation par XPS.

Page 115: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

109

Figure 41 Spectres XPS de l’orbitale 3d du palladium et de l’orbitale 4f du bismuth sur les catalyseurs

(a, b) Pd6Bi; (c, d) Pd4Bi; (e, f) Pd2Bi.

Les données de microanalyses EDS sur différentes zones des catalyseurs sont

quant à elles présentées dans le Tableau 10 et les compositions déterminées par ces

analyses sont comparées à celles déterminées par l’analyse XPS. Les analyses EDS

indiquent une composition homogène pour chaque catalyseur et un enrichissement en

palladium des catalyseurs par rapport aux valeurs nominales des rapports Pd/Bi,

d’autant plus important que le rapport atomique de bismuth désiré est élevé.

Considérant que cette analyse est représentative de la composition en volume des

Page 116: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

110

catalyseurs et au regard du procédé de synthèse des catalyseurs, il peut être déduit que

soit la totalité du sel de bismuth n’est pas incorporée dans le catalyseur lors de l’étape

de réduction, soit l’étape d’hydrolyse du support sacrificiel ou encore l’étape de lavage

conduisent à la dissolution du bismuth. En revanche, les analyses XPS indiquent un

enrichissement de la surface en Bi, bien que les résultats soient relativement proches des

rapports atomiques nominaux. Ceci semble indiquer que le bismuth est

préférentiellement déposé à la surface des nanoparticules de palladium, comme il avait

été observé par Simoes et al.71 dans le cas de catalyseurs PdxBi1-x/C préparés par la

méthode de microémulsion «water in oil».

Pd6Bi Pd4Bi Pd2Bi

(eV) (% at.) (eV) (% at.) (eV) (% at.)

Pd0 335,2 30,7 335,2 35 335,3 25

Pd(OH)x 336,0 25,4 335,9 24 336,0 23,5

PdO 336,9 26,9 336,9 29,5 337,1 36,5

PdO2 337,8 17 338,1 11,5 338,0 15

(eV) (% at.) (eV) (% at.) (eV) (% at.)

Bi0 157,4 18,6 157,4 23 157,4 10

Bi(OH)3 158,4 43,9 158,3 40 158,5 53,5

BiOOH 158,8 23,3 158,8 24,5 159,0 26

Bi2O3 159,8 14,2 160,0 12,5 159,8 10,5

Tableau 9 Données de la caractérisation par XPS des catalyseurs PdxBi.

(% at.) 86/14 (6:1) 80/20 (4:1) 66/33 (2:1)

EDS microanalyse, % at. 87,1/12,9 84,5/15,5 72,4/27,6

87,2/12,8 85/15 70,9/29,1

86,8/13,2 71,5/28,5

EDS, % at. 87/13 84,5/15,5 71,5/28,5

XPS, % at. 75/25 73,5/26,5 61/39

Tableau 10 Rapports atomiques pour les catalyseurs PdxBi1-x déterminés par les mesures EDS et XPS.

Page 117: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

111

2. Caractérisation électrochimique

Les voltammogrammes cycliques des échantillons de PdxBi1-x enregistrés en

milieu électrolyte support NaOH 0,1 mol.L-1 sont présentés sur la Figure 42. En ce qui

concerne l’échantillon de palladium pur, le voltammogramme est typique d’un

palladium polycristallin, présentant entre 0,3 V et - 0,1 V lors de la variation négative

de potentiel les régions d’adsorption/désorption d’hydrogène en sous potentiel et la

région d’insertion/désorption de l’hydrogène, puis lors de la variation positive du

potentiel un pic de désorption de l’hydrogène à 0,7 V, suivie par la région de formation

des oxydes de surface de Pd entre 0,7 V et 1,4 V et, après le changement de direction de

la variation linéaire du potentiel, par le pic de réduction des oxydes de surface du

palladium centré à environ 0,6 V. Dans les conditions expérimentales présentes, la

surface électrochimiquement active (ECSA) du catalyseur auto-supporté de palladium a

été calculée en utilisant la méthode décrite par Grdèn et al.118, et a été estimée à environ

20 m2g Pd-1. Cette valeur est quatre à cinq fois plus faible que celle déterminée par BET,

ce qui indique la présence d’une microporosité non accessible aux espèces hydratées.

Cependant la valeur de cette surface active est du même ordre que celle déterminées par

Simoes et al.82 sur des nanoparticules de Pd de 4 nm supportées sur un substrat de

carbone Vulcan XC72 présentant une surface spécifique d’environ 250 m2.g-1. Ce

résultat est d’ailleurs remarquable si on considère que dans le cas présent les

nanoparticules de palladium ne sont pas dispersées sur un support de grande surface

spécifique mais sont agglomérées et autosupportées.

La présence de bismuth affecte clairement la forme des voltamogrammes. A bas

potentiels, les processus d’adsorption et d’insertion de l’hydrogène sur le palladium

apparaissent déjà très limités sur le catalyseur Pd6Bi. La disparition des caractéristiques

correspondant aux processus d’adsorption et d’insertion d’hydrogène sur les catalyseurs

PdxBi1-x, précédemment observé par d’autres auteurs86, indique que la surface du

palladium est recouverte par des atomes de bismuth.

Le processus d’oxydation est aussi modifié à potentiels plus élevés. Un pic de

courants positifs élevés, attribué à un processus d’oxydation de surface, apparaît et

Page 118: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

112

atteint son maximum vers 0,9 – 0,95 V. D’après le diagramme potentiel-pH du

bismuth159, la phase d’oxyde de bismuth Bi2O3 existe en milieu aqueux sous sa forme

hydratée Bi(OH)3, laquelle n’est pas soluble dans les solutions alcalines; cette espèce

hydratée peut être formée à partir de 0,48 V selon la réaction suivante:

Bi + 3 OH- = Bi(OH)3 + 3 e- (32)

Figure 42 Voltammogrammes de catalyseurs auto-supportés (a) Pd et Pd6Bi, et (b) Pd6Bi, Pd4Bi et Pd6Bi,

enregistrés en milieu électrolyte 0,1 M de KOH saturé en N2 (v = 0.020 V.s-1; T = 25 °C).

Lors de la variation négative de potentiel, un pic intense de réduction apparaît

entre 0,55 V et 0,6 V pour les catalyseurs Pd6Bi et Pd4Bi, avec une intensité supérieure

à celle observée sur le catalyseur de palladium pure. Ce pic de réduction est attribué à la

a

b

Page 119: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

113

réduction des oxydes de surface, incluant les oxydes de bismuth93 formés au cours de la

variation positive de potentiel. Ceci suggère que le processus redox du bismuth dans les

matériaux catalytiques Pd6Bi et Pd4Bi est lié au processus rédox du palladium,

démontrant une interaction électronique entre les deux métaux. Cette interaction forte

peut être intéressante d’un point de vue catalytique, mais elle empêche la possibilité de

déterminer la surface active du catalyseur. Il peut tout de même être raisonnablement

proposé que la valeur de la surface active soit inférieure à celle du catalyseur auto-

supporté à base de palladium pur. Pour des rapports atomiques de bismuth plus élevés,

plusieurs pics d’oxydation/réduction sont apparus; ces pics correspondent à différents

processus rédox impliquant des espèces du bismuth. La réduction d’oxydes de surface

du bismuth en forte interaction avec le palladium intervient aux plus hauts potentiels,

tandis que le bismuth oxydé en moindre interaction ou n’interagissant pas avec le

palladium se réduit à plus bas potentiels. Un tel comportement peut être expliqué en

considérant que les catalyseurs sont en fait composés de nanoparticules de palladium

d’environ 5 nm en taille décorées par de petits clusters de bismuth dont la taille

augmente avec le rapport atomique en bismuth. Ainsi, l’interface Pd/Bi diminue, ce qui

explique la diminution de l’intensité du pic principal de réduction à hauts potentiels, et

la quantité de bismuth interagissant peu ou pas avec le palladium augmente, ce qui

explique l’apparition d’un pic de réduction centré vers 0,25 V dans le cas du matériau

Pd2Bi.

3. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs PdxBi1-x auto-supportés

Les mesures de l’activité électrocatalytique des catalyseurs PdxBi autosupportés

vis-à-vis de la réaction d’oxydation du glycérol ont été réalisées dans une solution de

KOH 1 mol.L-1 et de glycérol 0,1 mol.L-1 à plusieurs vitesses de variation de potentiel

(0,005 V.s-1, 0,02 V.s-1 et 0,1 V.s-1). Les voltamogrammes sont présentés dans la

gamme de potentiels de 0,0V à 1,4V vs ERH sur la Figure 43.

Un pic d’oxydation apparaît au cours de la variation positive de potentiel, à

partir de 0,6 V pour le palladium pur et pour le catalyseur le plus riche en bismuth, et à

partir de 0,5 V pour les matériaux Pd6Bi et Pd4Bi. Dans ces deux derniers cas, l’effet

Page 120: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

114

bénéfique du bismuth pour l’électrooxydation du glycérol est mis en évidence par le

déplacement de début d’oxydation de 100 mV vers les potentiels plus faibles et par

l’augmentation des densités de courant de pic d’oxydation dans la gamme de potentiels

allant de 0,5 à 1,2 V vs ERH. De plus, la présence de bismuth conduit à un déplacement

de la chute de courant d’oxydation vers les hauts potentiels, en raison de la cinétique de

formation des oxydes de surface plus lente sur PdxBi1-x que sur Pd pur; la désactivation

de la surface due à la présence d’oxydes, bloquant l’adsorption du glycérol à la surface

du matériau catalytique (le palladium) et ainsi le rendant non actif pour la réaction

d’oxydation du glycérol, est retardée par la présence du bismuth. Tout ceci démontre

clairement une augmentation de la vitesse de réaction d’oxydation du glycérol en

présence de bismuth.

Les formes des voltammogrammes enregistrés à différentes valeurs de variation

linéaire de potentiel sont très similaires, à l’exception du moment où se produit la chute

de courant à hauts potentiels. Cette dernière est déplacée vers des potentiels plus élevés

lorsque la vitesse de variation de potentiel augmente, ce qui confirme que le processus

d’oxydation de la surface de palladium est retardé en présence de bismuth. Aucune

dépendance claire de la forme ou de la densité de courant de pic avec la vitesse de

variation de potentiel n’a été mise en évidence. Ceci indique que la limitation de la

cinétique d’oxydation du glycérol par la diffusion des espèces de la solution vers les

sites catalytiques est faible, et que le confinement des réactifs dans les pores du

catalyseur pourrait avoir une influence importante sur la cinétique de réaction.

Le comportement du catalyseur riche en bismuth, Pd2Bi, avec l’augmentation de

la vitesse de variation de potentiel est différent de celui des autres catalyseurs. Il est

probable que dans ce cas, en raison du très fort taux de recouvrement du palladium par

le bismuth, la cinétique de réaction soit limitée par l’adsorption des réactifs. Au final,

l’activité des catalyseurs vis-à-vis de l’oxydation du glycérol déterminée par

voltammétrie cyclique suit l’ordre: Pd4Bi ≥ Pd6Bi > Pd2Bi > Pd. Un rapport atomique

optimum correspondant au Pd4Bi se profile pour l’oxydation du glycérol.

Page 121: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

115

Figure 43 Courbes de polarisation d’electro-oxydation de glycérol enregistrées en milieu KOH 1 mol.L-1

et glycérol 0,1 mol.L-1 sur des catalyseurs PdxBi à différentes vitesses de variation de potentiel. (a, b)

0,005 V.s-1, (c, d) 0,02 V.s-1 et (e, f) 0,1 V.s-1, T = 25 °C.

Pour compléter l’étude électrochimique sur l’activité des catalyseurs PdxBi1-x

autosupportés, des expériences de chronoampérométrie en présence de glycérol 0,1

mol.L-1 ont été effectuées pendant 5000 secondes à deux potentiels (0,6 et 0,7 V vs

ERH). La Figure 44 montre les courbes de densités de courant en fonction du temps. À

0,6 V vs ERH, le courant enregistré pour les catalyseurs Pd et Pd2Bi chute rapidement

a b

c d

e f

Page 122: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

116

vers zéro, alors que sur les catalyseurs Pd6Bi et Pd4Bi le courant diminue d’abord

rapidement puis se stabilise respectivement à 10 et 20 A g-1Pd. À 0,7 V vs ERH, Pd4Bi

reste encore le catalyseur le plus actif. Pour ce matériau, après avoir atteint une densité

massique de courant initiale de plusieurs centaines d’ampères par gramme de palladium,

une chute très rapide se produit vers une valeur d’environ 70 A.gPd-1 en quelques

secondes. Cette décroissance rapide du courant est certainement due à une décharge

capacitive. Ensuite, une lente décroissance de la valeur du courant se produit jusqu’à

une stabilisation à environ 60 A.gPd-1, valeur tout à fait cohérente avec celle que l’on

peut interpoler des voltamogrammes à variation linéaire de potentiel. Un tel

comportement peut être attribué à la formation d’espèces adsorbées provenant du

glycérol à la surface de catalyseur conduisant à une diminution de surface active par

empoisonnement et une diminution de l’activité de catalyseur jusqu’à ce que l’équilibre

entre l’adsorption des espèces de glycérol et la désorption des produits de réaction soit

réalisé. Ces résultats mettent en évidence non seulement l’activité plus élevée, mais

aussi la stabilité ou tolérance accrue du matériau Pd4Bi.

Figure 44 Chronoampérométrie enregistrée au cours de l’électrooxydation du glycérol sur les catalyseurs

PdxBi1-x à 0,6 V vs ERH (a) et à 0,7 V vs ERH (b) 1 M KOH + 0,1 M glycérol, T = 25 °C.

L’effet bénéfique de la modification du palladium par le bismuth pour

l’oxydation d’alcools, et particulièrement du glycérol, est certes connu. Mais dans

l’exemple présent, l’optimum de rapport atomique entre le palladium et le bismuth est

de 4 pour 1. Or, dans le cas de catalyseurs supportés sur un substrat de carbone poreux

PdxBi1-x/C, l’augmentation du taux de bismuth au-delà de 10 % atomique ne conduisait

a b

0 10000

20

40

60

80

100

120

140

0 1000

0

20

40

60

80

100

Page 123: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

117

pas à améliorer l’activité catalytique pour l’électro-oxydation du glycérol. Sur la base de

caractérisations par MET, EDX, DRX, et par électrochimie, il avait été montré que les

clusters de bismuth déposés sur le support carboné étaient inactifs vis à vis la réaction

d’oxydation du glycérol. La caractérisation électrochimique des catalyseurs

autosupportés PdxBi1-x en milieu support (Figure 42) a montré que les intensités du pic

de réduction des oxydes de surface à environ 0,55 V et les charges associées devenaient

plus faibles à au fur et à mesure de l’augmentation de la quantité de bismuth : la surface

de palladium libre et celle en forte interaction avec le bismuth, impliquées dans le

processus conduisant à la formation de ce pic de réduction, sont donc moins étendues.

En parallèle, la surface correspondant au bismuth interagissant faiblement ou pas du

tout avec le palladium augmente, comme le montre l’apparition du pic de réduction à

environ 0,2 V versus ERH. Cette observation peut être confrontée aux données d’XPS

et d’EDS présentées dans le Tableau 10, qui montrent un enrichissement de la surface

lorsque la quantité de bismuth augmente Lorsque la quantité de bismuth est augmentée,

des ilots ou clusters de bismuth se forment à la surface du palladium, ce qui conduit à

diminuer l’aire de surface de palladium accessible pour l’adsorption du glycérol ainsi

que le périmètre d’interface entre le bismuth et le palladium où les interactions fortes

entre ces deux métaux se produisent. L’ordre d’activité (Pd4Bi > Pd6Bi > Pd2Bi > Pd)

est donc due à la concentration de surface en Bi. Comme il a été expliqué dans la

section précédente, l’activité dépend d’un équilibre entre divers processus: (i) entre un

effet inhibiteur dû au blocage des sites actifs et un effet catalytique dû à l’amélioration

de l’adsorption d’espèces de types OHads sur des sites de palladium adjacents au

bismuth, (ii) entre la quantité et la composition des espèces fortement adsorbées et le

chemin de réaction, (iii) entre les différences dans la nature des espèces adsorbées

impliquées par la dilutions des sites de palladium par les atomes de bismuth en surface

et les énergies d’adsorption, etc. Il peut être noté que toutes ces raisons peuvent aussi

être invoquées pour expliquer la meilleure tolérance du catalyseur autosupporté Pd4Bi à

l’empoisonnement.

Page 124: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

118

4. Etude infrarouge in situ de l’oxydation du glycérol sur les catalyseurs PdxBi1-x

autosupportés

Les spectres infrarouge enregistrés in situ au cours de la réaction d’oxydation du

glycérol en milieu alcalin sur le catalyseur Pd4Bi, qui s’est montré le plus actif, sont

présentés sur la Figure 45. En raison de la technique utilisée ici, l’ATR-IRRAS, la partie

des spectres entre 1400 cm-1 et 2000 cm-1 a été retirée parce que la présence d’eau

conduit à des bandes d’absorption infrarouge sur cette gamme de nombre d’ondes qui se

superposent aux bandes d’absorption d’autres espèces provenant de

l’adsorption/oxydation du glycérol (tels que des fonctions carbonyles)49,155 ce qui rend

l’interprétation impossible. De plus, dans le cas présent, une bande d’absorption

positive correspond à la formation et une bande d’absorption négative représente la

disparition d’un produit/intermédiaire ou d’une fonction. Dans la région dite des

empreintes infrarouge des fonctions, de 1000 cm-1 à 1400 cm−1, plusieurs bandes

d’absorption peuvent être observées. Dans des travaux postérieurs, l’attribution des

bandes infrarouge a été confirmée par des analyses HPLC après des expériences de

chronoampérométrie. La méthode utilisée ici pour l’interprétation des spectres est la

même que celle utilisée pour les catalyseurs non supportés dans la section C.

Page 125: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

119

Figure 45 Spectres infrarouge enregistrés lors de l’oxydation du glycérol 0,1 mol.L-1 en milieu KOH 1

mol.L-1 sur un catalyseur autosupporté Pd4B (v = 1 mV.s-1, T = 25 °C).

La première bande d’absorption positive à environ 1070 cm−1 correspond à la

vibration d’élongation de la liaison carbonyle C=O d’une fonction aldéhyde123,124 et est

observable sur la totalité de la gamme de potentiel étudiée, lors de la variation positive

et négative de potentiel. Au cours de la variation positive de potentiel, la bande

d’absorption à 1070 cm-1 est accompagnée entre 0,6 et 0,9 V par deux autres bandes

d’absorption localisées à 1100 cm−1 et 1335 cm−1, attribuées respectivement à la

vibration d’élongation de la liaison C-O de fonctions alcool et au dihydroxyacétone

(DHA)150. Pour des potentiels plus élevés, entre 0,9 V et 1,2 V, une bande d’absorption

bien définie à environ 1350 cm-1, attribuée à la formation d’hydroxypyruvate71,150,

apparait et perdure au cours des variations positive et négative de potentiel. Dans le sens

Page 126: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

120

positif de variation de potentiel, cette bande apparait d’ailleurs à plus bas potentiels sous

la forme d’un épaulement de la bande attribuée à la dihydroxyacétone. La formation de

dihydroxypyruvate se produit simultanément à celle de CO2 comme le montre la

présence de la bande d’absorption localisée à 2341 cm−1 42,155,160. Enfin, dans la gamme

de potentiels entre 0,9 V et 0,6 V au cours de la variation négative de potentiel,

l’intensité de la bande d’absorption à 1335 cm−1 attribuée à la formation de

dihydroxyacétone devient plus faible, tandis qu’une nouvelle bande d’absorption à

environ 1305 cm−1 correspondant à la fonction de fonctions carboxylates accompagne

celle liée à la production d’hydroxypyruvate. En revanche, aucune bande d’absorption

n’a été détectée dans la gamme de nombres d’onde entre 1800 cm−1 et 2100 cm−1 qui

aurait pu correspondre à la formation du CO ponté ou linéairement lié à la surface d’un

métal noble56,161.

A titre de comparaison, les spectres infrarouge d’oxydation du glycérol

enregistrés dans les mêmes conditions que précédemment sur des catalyseurs

autosupportés de palladium pur et riche en bismuth (Pd2Bi) sont présentés sur la Figure

46.

Il est intéressant de noter que dans le cas du catalyseur de palladium pur, seules

les bandes d’absorption à 1306 cm-1 et 1380 cm−1 sont présentes, lesquelles sont

attribuées aux fonctions carboxylates, tandis que dans le cas du catalyseur Pd2Bi ces

mêmes bandes d’absorption sont accompagnés par celle attribuée à l’hydroxypyruvate

à 1350 cm−1, mais avec des intensités relatives différentes de celles observées sur le

matériau Pd4Bi. La bande d’absorption à 1335 cm−1 correspondant à la formation de

dihydroxyacétone est aussi visible sur les spectres, bien que de plus faible intensité que

dans le cas du catalyseur Pd4Bi. En revanche, aucune bande d’absorption n’a été

détectée vers 2343 cm−1 avec ces deux catalyseurs, ce qui semble indiquer qu’il n’y a

pas de production de CO2.

Page 127: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

121

Figure 46 Spectres infrarouge enregistrés lors de l’oxydation du glycérol 0,1 mol.L-1 en milieu KOH 1

mol.L-1 sur les catalyseurs autosupportés (a) Pd pure et (b) Pd2Bi (v = 1 mV.s-1, T = 25 °C).

Page 128: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

122

5. Conclusion sur l’activité/sélectivité de PdxBi1-x

Il a été montré auparavant que la modification du palladium par le bismuth

améliorait l’activité du catalyseur; mais des implications sur la sélectivité de la réaction

d’oxydation du glycérol, c’est-à-dire sur le mécanisme de réaction, sont aussi induites

par de telles modifications. Par exemple, en se focalisant sur le catalyseur le plus actif

(Pd4Bi), un comportement unique de ce type de matériaux autosupportés peut être mis

en évidence.

La première observation importante concerne la forte sélectivité vers les produits

faiblement oxydés (dihydroxyacétone et glycéraldéhyde) à bas potentiels entre 0,6 V vs

et 0,8 V, comme le montrent l’existence des bandes d’absorption à 1070 cm-1 et 1335

cm−1 sur cette gamme de potentiels. Ce fait démontre clairement que l’amélioration de

l’activité vis-à-vis de la réaction d’oxydation du glycérol par le bismuth n’implique pas

le mécanisme bifonctionnel sur cette gamme de potentiel. En effet, la formation d’une

fonction aldéhyde ou d’une fonction cétone ne nécessite pas l’addition d’un atome

d’oxygène supplémentaire procuré par l’activation d’un ion hydroxyle. L’augmentation

de l’activité sur cette gamme de potentiel est donc due à l’augmentation de la vitesse de

turn-over des espèces adsorbées sur la surface catalytique. Cette augmentation de

vitesse de turn-over peut être induite par le mode d’adsorption particulier du glycérol

sur une surface dont les sites actifs sont dilués par la présence du bismuth. Dès que le

potentiel d’électrode est amené vers des valeurs supérieures, la formation

d’hydroxypyruvate se produit, comme le montre l’épaulement à environ 1350 cm−1 qui

apparait dès 0,8 V. La formation de ce produit implique l’addition d’un atome

d’oxygène et donc par conséquent le mécanisme bifonctionnel. Il est ici important de

rappeler que la formation d’hydroxypyruvate n’a jamais été observée lors de travaux

précédents sur des catalyseurs de type PdxBi1-x/C, contrairement à ce qui a été obtenu

sur des catalyseurs Au/C, tandis que le dihydroxyacétone et le glycéraldéhyde avaient

eux été détectés.

Tous ces matériaux catalytiques sont composés des mêmes éléments et ont des

compositions très similaires. Le désaccord apparent entre les résultats doit donc être

Page 129: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

123

cherché dans leurs différences de structure et de morphologie. Notamment, les

morphologies et structures particulières des catalyseurs autosupportés PdxBi1-x et non

supportés Pd/Bi pourraient être à l’origine de ce comportement électrocatalytique: dans

chaque cas, les pores délimités par des particules métalliques (entre les particules

agglomérées dans le cas des nanoparticules non-supportées et entre les chapelets de

particules dans le cas des catalyseurs autosupportés) peuvent fonctionner comme des

nanoréacteurs permettant ce type de sélectivité.

A potentiels plus élevés, la production de CO2, démontrée par l’apparition du pic

intense à 2343 cm−1, débute juste après celle d’hydroxypyruvate alors que la bande

d’absorption attribuée au DHA tend à disparaître. La rupture de la liaison C−C s’est

donc nécessairement produite et il est donc fortement probable qu’en plus de la

formation de CO2, des composés en C1 et C2 soient aussi formés bien qu’ils n’aient pas

pu être détectés. En effet, la bande d’absorption à 1240 cm−1 attribuée au glycolate et à

1330 cm−1 attribuée à l’oxalate ne sont pas présentes sur les spectres de la Figure 45; la

bande d’absorption à environ 1400 cm−1 attribuée au carbonate et celle à environ 1577

cm−1 attribuée au glycolate ne peuvent pas être observée dans les conditions

expérimentales de l’étude par la méthode ATR-IRRAS en raison de la présence de la

bande d’absorption relative à l’eau interfaciale qui empêche la détermination précise de

la position voire de l’existence d’autres bandes d’absorption sur cette gamme de

nombres d’onde. A nouveau, des travaux antérieurs concernant les catalyseurs supportés

PdxBiy/C n’avaient montré aucune production de CO2, ce qui avait été expliqué en

termes de dilution des atomes de palladium de surface par le bismuth conduisant à

modifier le mode d’adsorption du glycérol et à éviter la rupture de la liaison C-C. Dans

le cas présent, l’aptitude du catalyseur à rompre la liaison C-C peut être expliquée en

invoquant la structure de nanoréacteur confiné dans lequel l’hydroxypyuvate joue le

rôle de l’espèce intermédiaire suivant la réaction:

CH2OH-CO-COO- + 2 OH- CH2OH-COO- + CO2 + H2O + 2 e- (33)

et/ou,

CH2OH-CO-COO- + 7 OH- COO--COO- + CO2 + 5 H2O + 6 e- (34)

Page 130: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

124

et/ou,

CH2OH-CO-COO- + 7 OH- 3 CO2 + 5 H2O + 8 e- (35)

La lente diffusion des produits primaires de réaction des pores du catalyseur vers

la solution conduit à augmenter leur temps de résidence au sein de la couche

catalytique, de telle sorte que l’électrooxydation de l’hydroxypyruvate en CO2 puisse se

produire. Ce mécanisme permet aussi d’expliquer l’absence d’une bande d’absorption

due au CO bien que du CO2 soit formé, en considérant que cette étape n’implique pas la

formation de CO fortement adsorbé ce qui rend son oxydation et désorption plus facile

et rapide, et de fait sa détection plus difficile, comme il a déjà été proposé dans le cas de

l’électro-oxydation de l’éthanol impliquant l’acétaldéhyde comme intermédiaire de

réaction sur des catalyseurs PtSn42,162. La formation de CO2 peut être expliquée par la

diminution du pH local; la déplétion des ions hydroxyles dans les nanopores du

catalyseur est une conséquence de leur consommation dans les différentes étapes

électrochimiques.

Dans le cas du catalyseur de palladium pur, seule la formation de fonctions

carboxylate a été détectée sur les spectres infrarouge in situ; les bandes d’absorption à

environ 1335 cm-1 et 1350 cm−1 attribuées respectivement au DHA et à

l’hydroxypyruvate n’ont pas été détectées. Sur ce catalyseur, l’oxydation du glycérol se

produit selon le mécanisme bifonctionnel impliquant la formation d’espèces hydroxyles

à la surface du palladium et leur réaction avec les espèces provenant de l’adsorption du

glycérol pour conduire directement à la production de carboxylate. L’absence de CO2

aux potentiels les plus élevés vient du fait que dès que la surface de palladium est plus

fortement oxydée, elle devient inactive comme le montre la chute de courant dès 0,85 V

dans les voltammogammes de la Figure 43. Le délai dans la formation des oxydes de

surface, c’est-à-dire dans la formaion d’espèces oxygénées activées permettant la

réalisation d’un mécanisme de type Langmuir-Hinshelwood, peut expliquer la

différence de comportement des catalyseurs de Pd pure et Pd4Bi à bas potentiels. Le

bismuth peut jouer le rôle de pompe à oxygène protégeant la surface du palladium de

l’oxydation, de la même façon que ce qui a été proposé pour expliquer l’augmentation

Page 131: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

125

d’activité de catalyseurs bimétalliques à base de platine et d’un métal moins noble vis-à-

vis de la réaction de réduction de l’oxygène163.

Maintenant, le même mécanisme se produit pour Pd2Bi et Pd4Bi pour les bas

potentiels et les potentiels intermédiaires: la bande d’absorption à 1350 cm−1 attribuée à

la formation d’hydroxypyruvate est observée. Ce fait confirme le rôle important du

bismuth non seulement pour l’amélioration de l’activité, mais aussi pour la sélectivité

de la réaction. Cependant, la formation de carboxylates est aussi mise en évidence par

les bandes d’absorption à environ 1306 cm-1 et 1380 cm−1 tandis que la production de

CO2 n’est pas détectée à plus hauts potentiels. Ce dernier fait est de nouveau à relier à la

chute d’activité catalytique à haut potentiels; mais ici, la raison de cette chute d’activité

peut être différente de celle invoquée pour le palladium pur, et peut être due au taux de

recouvrement élevé du palladium par le bismuth, diluant les atomes de surface du

palladium et limitant le mode d’adsorption permettant la rupture de la liaison C-C et la

formation de CO2.

II. Catalyseurs auto-supportés PdxSn1-x

Parmi les éléments du groupe p, l’étain est connu pour être un co-catalyseur très

performant pour la réaction d’oxydation des alcools. Notamment, en ce qui concerne la

réaction d’oxydation de l’éthanol en milieu acide, plusieurs métaux ont été étudiés

comme co-catalyseurs associés au platine pour améliorer la cinétique de réaction, parmi

lesquels le ruthénium164,165, le rhénium49, le plomb166 et l’étain49,167,168. Ce dernier est

apparu le plus prometteur51. Récemment cette propriété intéressante de l’étain a été

confirmée pour l’oxydation du méthanol169, de l’éthanol170 et de l’éthylène glycol171 en

milieu alcalin en l’associant au palladium. L’effet de la modification du palladium par

l’étain sur l’électrooxydation du glycérol se devait donc d’être étudié.

Pour cela, une autre série de catalyseurs «réels» a été préparée en utilisant la

méthode de synthèse dite du support sacrificiel. Les catalyseurs PdxSn1-x de différents

rapports atomiques ont été préparés. Les rapports atomiques suivants entre le palladium

Page 132: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

126

et l’étain ont été choisis: 1/1, 1/2 et 1/3. L’étape d’hydrolyse du support par la solution

de KOH 7 M conduit aussi à dissoudre de l’étain; pour cette raison, les synthèses de

catalyseurs à faibles rapports atomiques d’étain se sont montrées difficiles à réaliser et

peu reproductibles. Il a donc fallut augmenter le taux atomique initial d’étain à 1 pour 1

par rapport au palladium pour obtenir des composés PdSn de manière reproductible. Les

rapports Pd/Sn 1 pour 1, 1 pour 2 et 1 pour 3 correspondent de plus à des composés

définis. Enfin, cet état de fait permettait de vérifier s’il était possible, afin de rendre le

mode de synthèse encore moins couteux et donc plus intéressant pour l’industrie, de

diminuer très fortement le taux de métal noble au sein du catalyseur tout en augmentant

ou au moins en conservant son activité. Les catalyseurs seront nommés PdSn, PdSn2,

PdSn3. Les catalyseurs ont été caractérisés par la microscopie électronique à balayage

(MEB), par XPS et par adsorption d’azote (méthode BET) avant d’être évalués

électrochimiquement.

1. Caractérisation physicochimique

Les catalyseurs auto-supportés PdxSn1-x présentent une morphologie spongieuse

semblable à celle obtenue pour les catalyseurs PdxBi, qui est imposée par la méthode de

synthèse. Les images MEB de la Figure 47 montrent la présence de nanoparticules

agglomérées avec une taille d’environ 20 nm délimitant des pores de plusieurs dizaines

de nm. La structure formée dite « hiérarchiquement contrôlée » conduit à la formation

de pores qui pourront agir comme des nanoréacteurs pour l’oxydation du glycérol.

Figure 47 Images MEB à différents grossissements pour un échantillon PdxSn1-x.

a b

Page 133: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

127

Les spectres XPS de cœur du Pd 3d et du Sn 3d sont présentés sur la Figure 48

pour les trois matériaux PdxSn1-x. Le Tableau 11 résume les principaux résultats de

l’analyse XPS. L’analyse des résultats s’appuie sur les données disponibles dans le

Handbook of X-ray Photoelectron Spectroscopy158, ainsi que sur les études

précédentes172. Le spectre des niveaux d’énergie de l’orbitale 3d 5/2 du palladium

montre trois pics symétriques centrés à des valeurs d’énergie de liaison d’environ 335,

336, et 337 eV, attribués respectivement aux espèces Pd, Pd(OH)2, et PdO. Le signal

enregistré pour l’orbitale 3d 5/2 de l’étain peut aussi être déconvenue en trois pics

centrés à des valeurs d’énergie de liaison d’environ 485, 486 et 487 eV, qui ont été

attribués respectivement aux espèces Sn, Sn(OH)x et SnOx.

PdSn PdSn2 PdSn3

(eV) (% at.) (eV) (% at.) (eV) (% at.)

Pd0 335,3 41,0 335,2 54,4 335,5 48,1

Pd(OH)x 336,0 50,6 336,0 38,2 336,0 45,8

PdO 337,4 8,5 337,3 7,4 337,3 6,1

(eV) (% at.) (eV) (% at.) (eV) (% at.)

Sn0 485,1 23,1 485,1 23,3 485,0 23,0

Sn(OH)x 486,6 56,8 486,6 36,7 486,5 51,2

SnOx 487,3 20,1 488,3 40,0 487,4 25,8

Tableau 11 Donnes de la caractérisation par XPS des catalyseurs PdxSn1-x.

Page 134: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

128

Figure 48 Spectres XPS de l’orbitale 3d du palladium et de l’orbitale 3d de l’étain sur les catalyseurs (a,

b) PdSn; (c, d) PdSn2; (e, f) PdSn3.

Le Tableau 12 compare les résultats d’analyse en termes de rapports atomiques

obtenus par XPS et absorption atomique. La première méthode est plutôt une analyse de

surface tandis que la seconde est une analyse de volume. Au regard des résultats par

absorption atomique, les rapports atomiques entre le palladium et l’étain indiquent très

clairement un enrichissement des matériaux en palladium en comparaison avec les

rapports nominaux (attendus). Soit l’étain n’est pas intégré au sein du matériau lors de

l’étape de réduction thermique après imprégnation de la silice, soit l’étain est lavé du

matériau lors de l’étape de traitement par KOH pour dissoudre le support de silice. Quoi

Page 135: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

129

qu’il en soit, cette forte perte de charge d’étain au cours de la synthèse peut expliquer la

difficulté à synthétiser des matériaux de manière reproductible lorsque le taux nominal

d’étain désiré était inférieur à 50 % atomique. Les analyse XPS indiquent quant à elles

un rapport atomique de surface, ou dans le premier nm de profondeur des particules,

correspondant à un enrichissement en étain. Les rapports atomiques de surface sont

d’ailleurs proches des valeurs nominales recherchées pour le volume, bien que les

valeurs de ces rapports aient tendance à s’éloigner des valeurs nominales avec

l’augmentation de la quantité d’étain, ce qui à nouveau peut être expliqué en terme de

défaut d’incorporation d’étain aux matériaux lors de la synthèse.

L’enrichissement de la surface en étain par rapport au volume donne aussi une

indication quant à la structure du matériau. Lorsque l’on regarde les rapports de

composition entre étain métallique et oxydes/hydroxydes d’étain, ceux-ci sont toujours

de l’ordre de 20 % Sn0 et 80 % SnOxHy, quel que soit le rapport atomique Pd/Sn. Ceci

semble suggérer que l’étain de degré d’oxydation 0 puisse être en interaction directe et

forte avec le palladium (et peut être intégré au cœur des particules), tandis que l’étain

oxydé pourrait former des clusters à la surface des particules de palladium. Ce même

genre de structure à été proposée pour des catalyseurs PdxB1-x et PdxNi1-x, par Simoes et

al.156, et par Beyhan et al.173 pour des systèmes PtSn.

(% at.) PdSn PdSn2 PdSn3

Nominal

Absorption atomique, % at.

50/50

65,7/34,3

33/66

60,8/39,2

25/75

56,3/43,7

XPS, % at. 48/51,7 35/64,7 30,9/69

Tableau 12 Rapports atomiques pour les catalyseurs PdxBi1-x déterminés par les mesures EDS et XPS.

Enfin, la surface spécifique des matériaux PdSn a été mesurée par la méthode

BET. Les matériaux synthétisés possèdent de grandes surfaces spécifiques. Les valeurs

obtenues sont comprises entre 25 et 100 m2.g-1 (Tableau 13) et augment avec le rapport

atomique Sn/Pd, ce qui peut être encore une fois dû au « lavage » de l’étain.

Page 136: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

130

Surface spécifique (m2.g-1),

calculée par différentes modèles de calcule PdSn PdSn2 PdSn3

BET 24,77 30,06 76,77

BJH (adsorption) 27,60 38,08 93,87

BJH (desorption) 28,13 38,28 95,79

DH (adsorption) 27,82 38,69 95,30

DH (desorption) 28,37 38,90 96,76

Tableau 13 Valeurs de la surface spécifique pour les matériaux PdxSn1-x.

2. Caractérisation électrochimique des catalyseurs PdxSn1-x

Les voltammogrammes cycliques stables (enregistrés après plusieurs cycles) en

milieu électrolyte support des échantillons du système PdxSn1-x sont présentés sur la

Figure 49. La présence d’étain modifie la forme des voltamogrammes. Les zones

d’adsorption/absorption d’hydrogène et de formation des oxydes de palladium

diminuent très fortement avec l’augmentation du taux d’étain, ce qui tend à montrer que

la surface de palladium est recouverte par des espèces provenant de ce second métal. La

limitation des processus d’adsorption et d’absorption de l’hydrogène par le palladium

avait aussi été observée lors de la modification du palladium par le bismuth. En

revanche, dans le domaine de réduction des oxydes, le pic entre 0,6 et 0,7 V observable

pour tous les catalyseurs ne fait que diminuer avec l’augmentation de teneur en étain

dans les catalyseurs. Ce pic semble donc seulement être dû à la réduction des oxydes

formés à la surface du palladium. De plus, contrairement à ce qui a été observé dans le

cas de la modification du palladium par le bismuth, le pic de réduction des oxydes de

surface est déplacé vers des potentiels plus positifs en présence d’étain ; les interactions

entre le palladium et l’étain sont donc différentes de celles entre le palladium et le

bismuth. Cette différence dans les interactions pourrait se traduire par des

comportements catalytiques eux aussi différents.

Page 137: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

131

Figure 49 Voltamogrammes cycliques des échantillons de PdxSn1-x enregistrés en milieu électrolytique

KOH 1,0 mol.L-1 déaéré à v = 0,020 V.s-1 et T = 25 °C.

3. Electrooxydation du glycérol sur les catalyseurs auto-supportés PdxSn1-x

La Figure 50 présente les voltammogrammes enregistrés en milieu KOH 1,0

mol.L-1 + glycérol 0,1 mol.L-1. Le catalyseur PdSn présente une activité très élevée en

comparaison de celle enregistrée sur le catalyseur à base de palladium pur, ce qui

démontre l’effet bénéfique de l’addition d’étain au palladium. Ce dernier catalyseur

permet de plus de déplacer le début du potentiel d’oxydation de 0,6 V dans le cas du Pd

pur à 0,45 V pour le catalyseur PdSn, soit un gain de 150 mV. Lorsque la teneur

atomique en étain au sein du catalyseur est augmentée, l’activité décroît fortement pour

devenir inférieure à celle du palladium pur dans le cas du catalyseur PdSn3. Cette

décroissance d’activité avec l’augmentation du taux d’étain peut certainement

s’expliquer en termes de surface active de palladium disponible pour adsorber le

glycérol et permettre son oxydation.

Page 138: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

132

Figure 50 Voltammogrammes d’électrooxydation du glycérol à 0,1 mol.L-1 dans KOH 1,0 mol.L-1

enregistrés sur les catalyseurs PdxSn1-x à 0,020 V s-1 et T = 25 °C.

Les études de chronoampérométrie réalisées avec les catalyseurs PdxSn1-x en

présence de glycérol à 0,6 V vs. ERH (Figure 51) ont montrés que tous les catalyseurs

contenant de l’étain conduisaient à des densités de courant initiales supérieures à celles

observées sur le palladium pur. Cependant, la densité de courant d’oxydation

enregistrée sur le catalyseur PdSn3 décroît très rapidement vers celle obtenue sur le

catalyseur de palladium pur, et le catalyseur PdSn montre une meilleure stabilité à long

terme. La baisse rapide d’activité initiale enregistrée sur tous les catalyseurs peut être

attribuée à l’accumulation des intermédiaires de réaction fortement adsorbés sur les sites

actifs de surface. Par la suite, le courant diminue lentement et atteint un état stable.

L’effet promotionnel de Sn dans des catalyseurs de PdxSn1-x pour l’électro-

oxydation de glycérol peut être expliqué par le mécanisme bifonctionnel, dans lequel le

Sn et/ou SnOx ont des interactions fortes avec le groupement hydroxyle (OHads)172,

tandis que le Pd possède d’excellentes propriétés pour l’adsorption et la dissociation de

l’alcool. Un tel effet synergique est généralement observé dans le cas de catalyseurs

bimétalliques. Cependant, l’augmentation de la teneur en Sn conduit à la diminution des

atomes actifs de Pd sur la surface, et par conséquent diminue le rendement global de la

Page 139: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

133

dissociation de glycérol adsorbé. Bien que cette étude ait montré qu’un rapport

atomique Pd/Sn 50/50 (% atomique) conduisait à une excellente activité, aucune

conclusion ne peut être proposée quant au rapport optimal, la méthode de synthèse

n’ayant pas permis de diminuer le taux d’étain. Une étude de l’effet de composition en

utilisant une méthode mieux appropriée à la fabrication de catalyseurs PdxSn1-x pourrait

à l’avenir s’avérer intéressante.

Figure 51 Courbes de chronoampérométrie enregistré lors l’électrooxydation à 0,6 V vs ERH de glycérol

0,1 mol.L-1 en milieu KOH 1,0 mol.L-1 sur les catalyseurs PdxSn1-x, T = 25 °C.

4. Etude infrarouge in situ de l’oxydation du glycérol sur le catalyseur PdSn

autosupporté

La sélectivité de l’échantillon le plus actif de nanoparticules de palladium-étain

(PdSn) vis-à-vis de la réaction d’oxydation du glycérol a été étudiée par spectroscopie

infrarouge de réflexion (méthode ATR-IRRAS). Dans ce cas, une bande d’absorption

positive correspond à la formation d’une espèce et une bande d’absorption négative à la

consommation d’une espèce. La Figure 52 montre les spectres enregistrés en fonction

du potentiel d’électrode à faible vitesse de la variation linéaire de potentiel (1 mV s-1)

entre 0,0 V et 0,9 V vs ERH lors de l’électrooxidation du glycérol 0,1 mol.L-1 en milieu

KOH 1,0 mol.L-1.

Page 140: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

134

Les bandes d’absorption qui apparaissent dès les bas potentiels, localisées à

environ 1040 cm-1, 1110 cm-1 et 1225 cm-1 (de très faible intensité pour cette dernière et

donc dans l’encadré bleu pour plus de visibilité sur la Figure 52), sont toutes négatives

et correspondent donc à la consommation d’espèces. Ces bandes peuvent être attribuées

à la vibration d’élongation d’une fonction aldéhyde ou d’une fonction alcool, c'est-à-

dire de glycérol. Les bandes à 1110 cm-1 et 1220 cm-1 apparaissent un peu plus

tardivement que celle à 1040 cm-1. Les bandes d’absorption à 1304 cm-1, 1330 cm-1 et

1380 cm-1 apparaissent aussi très tôt sur ce catalyseur. La première est associée à la

formation soit de glycéraldéhyde, soit de glycérate, la deuxième est attribuée à la

formation de dihydroxyacétone et la troisième à la formation de carboxylate.

La bande d’absorption à environ 1040 cm-1 est présente sur toute la gamme de

potentiel où le catalyseur est actif et la valeur absolue de son intensité augmente lorsque

le potentiel d’électrode augmente, elle peut raisonnablement être attribuée à la

consommation de fonctions alcool. Les bandes d’absorption négatives apparaissant plus

tardivement à 1110 cm-1 et 1220 cm-1 et de plus faibles intensités peuvent être attribuées

à la consommation d’une espèce aldéhyde préalablement formées et adsorbées à la

surface de l’électrode. D’ailleurs, la forme cétone, le dihydroxyacétone est formé dans

la même gamme de potentiel. Ces espèces représentent alors les intermédiaires pour

former très rapidement des carboxylates, comme l’attestent la présence très tôt des

bandes d’absorption respectivement à 1304 cm-1 et 1380 cm-1.

Dans la gamme de nombre d’onde allant de 1700 cm-1 à 2100 cm-1, où la

signature infrarouge des espèces CO adsorbées à la surface d’une électrode de métal

noble doit se montrer, aucune bande d’absorption n’est détectée. Il semble que le

catalyseur PdSn ne permette pas d’activer la réaction d’adsorption dissociative du

glycérol avec rupture de la liaison C-C. Ce fait confirme le mode d’adsorption

conduisant à la formation d’un aldéhyde ou d’une cétone à la surface de l’électrode,

comme il a déjà été observé sur des catalyseurs Pt et PtSn utilisés pour l’oxydation de

l’éthanol en milieu acide42,49. Il est à noter qu’une bande d’absorption est observable

vers 2345 cm-1, qui pourrait faire penser à la formation de CO2 sur l’électrode, et ce dès

Page 141: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

135

0,0 V puisque cette bande est visible sur toute la gamme de potentiel avec une intensité

invariante. Cette bande, double, présente une bande caractéristique du CO2 en phase

gaz, provenant probablement d’un affaiblissement de la purge sur le chemin optique du

faisceau infrarouge.

Figure 52 Spectres infrarouge d’absorbance (a) sur la gamme entre 1000 cm-1 et 1400 cm-1 et (b) entre

1700 cm-1 et 2500 cm-1, enregistrés au cours de la réaction d’oxydation de glycérol 1,0 mol.L-1 en milieu

KOH 1 mol.L-1 sur le catalyseur PdSn à v = 1 mV.s-1 et T = 25 °C.

5. Conclusion sur l’activité/sélectivité de PdSn vis-à-vis de l’oxydation du glycérol

Le catalyseur PdSn présente une très forte activité initiale vis à vis de la réaction

d’oxydation du glycérol, équivalente ou même un peu supérieure à celle du catalyseur

Pd4Bi. Cependant, les mesures de chronoampérométrie à 0,6 V indiquent qu’une

stabilisation du courant après deux heures d’expériences à environ 20 A.gPd-1 se produit

pour les deux catalyseurs. En revanche, en ce qui concerne la sélectivité, des différences

apparaissent.

Dans le cas du catalyseur PdSn, la présence à très bas potentiels des bandes

d’absorption à environ 1310 cm-1 et 1380 cm-1attribuées aux fonctions carboxylate, dès

la formation des aldéhydes et cétones, indique que sur ce type de catalyseur le

1000 1100 1200 1300 1400

No re d’o de ( -1)

1800 2000 2200 2400

No re d’o de ( -1)

0,0 V

0,9 V

a b

Page 142: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

136

mécanisme bifonctionnel avec activation d’espèces hydroxyles par l’étain est le

mécanisme privilégié. L’absence de la bande d’absorption à environ 1350 cm-1,

attribuée à la formation d’hydroxypyruvate tandis que la bande attribuée à la

dihydroxyacétone à environ 1335 cm-1 est présente, nécessite d’être discutée. En effet,

si la dihydroxyacétone est formée, il semble que nécessairement la première étape

conduisant à une oxydation plus poussée de la molécule vers des composés comportant

des fonctions carboxylate passe par la formation d’hydroxypyruvate selon les réactions

suivantes:

CH2OH-CHOH-CH2OH + 2 OH- (CH2OH-CO-CH2OH)ads + 2 H2O + 2 e- (36)

(CH2OH-CO-CH2OH)ads + 5 OH- (CH2OH-CO-COO-)ads + 4 H2O + 4 e- (37)

(CH2OH-CO-COO-)ads + 5 OH- COO--CO-COO- + 4 H2O + 4 e- (38)

La non détection de l’hydroxyyruvate peut être attribuée à une réaction

d’isomérisation rapide de la dyhydroxyacétone vers le glycéraldhédyde. Cette réaction a

déjà été invoquée plusieurs fois pour expliquer des différences dans le mécanisme

d’oxydation du glycérol selon la nature ou de la composition atomique du catalyseur. Le

glycéraldéhyde peut alors être lui-même oxydée très rapidement, notamment en

présence d’étain qui est un métal connu pour son oxophilie, pour conduire au glycérate

suivant les réactions:

CH2OH-CHOH-CH2OH + 2 OH- (CH2OH-CO-CH2OH)ads + 2 H2O + 2 e- (39)

(CH2OH-CO-CH2OH)ads (CH2OH-CHOH-CHO)ads (40)

CH2OH-CHOH-CHO)ads + 3OH- CH2OH-CHOH-COO- + 2H2O + 2 e- (41)

réactions éventuellement suivies par,

CH2OH-CHOH-COO- + 5 OH- -OOC-CHOH-COO-+ 4 H2O +4 e- (42)

et/ou,

CH2OH-CHOH-COO- + 7 OH- -OOC-CO-COO-+ 6 H2O +6 e- (43)

Page 143: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

137

La seconde possibilité envisageable consiste à considérer que le mécanisme de

réaction implique la formation d’hydroxypyruvate à partir du dihydroxyacétone, puis

que l’hydroxypyruvate soit très rapidement oxydé en mesoxalate, ce qui expliquerait sa

non détection par spectroscopie infrarouge in situ. Ici, il est fait l’hypothèse que la

réaction limitante est la transformation du dihydroxyacétone en hydroxypyruvate. Ce

mécanisme ne nous convainc pas pour la raison suivante. Tous les travaux effectués au

laboratoire concernant l’étude des mécanismes d’oxydation du glycérol, que ce soit

antérieurement par Mario Simoes156 sur des catalyseurs à base de platine, de palladium

et d’or supportés sur noir de carbone, modifiés ou non par du bismuth, ou dans le

présent travail sur les nanoparticules de palladium à distributions de formes et de tailles

contrôlées ou sur les catalyseurs auto-supportés à base de palladium, montrent qu’à

chaque fois que l’hydroxypyruvate est formé, il y a de manière concomitante production

de carbonates, CO2 et autres composés en C1 et C2. Or, dans le cas du catalyseur

autosupporté PdSn, aucun indice de la formation de tels composés et donc de la rupture

de la liaison carbone-carbone n’a pu être détecté. Il apparaît donc plus probable que le

premier mécanisme proposé, à savoir celui impliquant la réaction d’isomérisation du

dihydroxyacétone en glycéraldéhyde, se produise préférentiellement. Il est d’ailleurs

connu dans le cas de la réaction d’oxydation de l’éthanol, que la formation

d’acétaldéhyde est fortement limitée par la modification du métal noble par l’étain,

tandis que celle de l’acide acétique est augmentée51. Il est très probable que le même cas

de figure se présente ici: à l’instar de l’acétaldéhyde, le glycéraldéhyde formé par la

réaction d’isomérisation du dihydroxyacétone est certainement très réactif en présence

d’étain et donc rapidement transformé en glycérate, puis éventuellement en d’autres

produits d’oxydation plus élevée.

III. Evaluation de l’activité des catalyseurs PdxBi1-x et PdxSn1-x vis-à-vis

de l’oxydation autres alcools

L’activité des catalyseurs auto-supportés a été évaluée sur quatre autres alcools

(le méthanol, l’éthanol, l’éthylène glycol et l’isopropanol) qui peuvent présenter un

Page 144: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

138

intérêt pour leur utilisation soit en configuration pile à combustible soit en configuration

cellule d’électrolyse.

Le méthanol est le plus simple des alcools et est souvent considéré comme le

plus réactif, et de ce fait de nombreuses études pour son utilisation au sein d’une pile à

combustion direct de méthanol ont été réalisées155,174-182. L’éthanol est intéressant parce

qu’il peut être produit par la fermentation des sucres ou à partir de composés non

alimentaires tels que la cellulose et l’hémicellulose. De plus, la réaction

d’électrooxydation de l’éthanol a aussi été beaucoup étudiée au laboratoire pour une

application en configuration pile à combustion direct d’éthanol51 ou en configuration

cellule d’électrolyse à conversion directe d’éthanol183. L’éthylène glycol est le plus

simple des polyols, et comme pour le glycérol tous ses atomes de carbone portent une

fonction alcool et peuvent donc être considérés comme activés pour une réaction

électrocatalytique impliquant une étape d’adsorption et des étapes d’oxydation. Il a

aussi fait l’objet d’étude au laboratoire en configuration pile à combustible53,81. Enfin,

l’étude de la réactivité de l’isopropanol, qui ne comporte qu’une fonction alcool

secondaire, peut être intéressante dans le cadre d’une application pour les piles à

combustible directe rechargeables184. Il s’est donc avéré intéressant de comparer la

réactivité de ces alcools sur les catalyseurs auto-supportés à base de palladium.

La Figure 53 montre les courbes de polarisation enregistrées sur les différents

catalyseurs PdxBi1-x en présence des différents alcools d’une concentration de 0,1 mol.L-

1. L’activité des catalyseurs varie beaucoup selon l’alcool considéré. En ce qui concerne

le méthanol, l’addition de bismuth jusqu’à un rapport atomique de 1 Bi pour 4 Pd ne

change pas le début de vague d’oxydation, mais en revanche diminue les densités de

courant maximales atteintes. Il semble que le taux de recouvrement en bismuth

augmentant, la surface disponible de palladium pour l’adsorption du méthanol diminue

et de même l’activité. En revanche pour le catalyseur fortement chargé en bismuth,

même si les densités de courant maximales atteintes ont encore diminué, il y a

clairement une amélioration de l’activité à bas potentiels, entre 0,5 et 0,7 V, qui peut

peut-être s’expliquer par une diminution de l’empoisonnement de la surface par le

Page 145: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

139

monoxyde de carbone due au forts taux de recouvrement en bismuth. Il est en effet

connu que le méthanol s’adsorbe dissociativement sur les métaux nobles à bas potentiel

pour former des espèces de type COads très fortement adsorbées et poison.

En ce qui concerne l’éthanol, l’addition du bismuth n’a pas d’effet, ou très peu,

sur le début de la vague d’oxydation située aux alentours de 0,4 V. En revanche, pour le

catalyseur le plus riche en bismuth, les densités de courant atteintes sont de nouveau très

inférieures à celles observées pour les autres catalyseurs. Cette baisse d’activité est

peut-être induite cette fois par le blocage du processus d’adsorption de l’éthanol en

raison d’un encombrement stérique dû à la présence de cluster de bismuth à la surface

du palladium.

Dans le cas de l’isopropanol, il apparaît que l’addition du bismuth conduit à

déplacer le début de vague d’oxydation vers des potentiels plus élevés. Dans ce cas, il

semble que la présence de bismuth à la surface du catalyseur de palladium conduit à

gêner l’adsorption de l’isopropanol. Il est généralement admis que l’adsorption d’un

monoalcool sur un métal noble se produit par le carbone portant la fonction alcool. Le

comportement observé ici avec l’isopropanol conforte l’idée d’une limitation de la

réaction d’oxydation induite par un encombrement stérique dû au recouvrement de plus

important de la surface de palladium par des clusters de bismuth.

En revanche, comme pour le glycérol, le catalyseur Pd4Bi présente la meilleure

activité pour l’oxydation de l’éthylène glycol en termes de densités de courant atteintes,

bien que le potentiel de début de vague d’oxydation ne soit pas modifié. Il est

intéressant de noter que le comportement des catalyseurs PdxBi1-x est très proche pour

les deux polyols, tandis qu’il diffère beaucoup en ce qui concerne les monoalcools.

La Figure 54 compare la réactivité des différents alcools sur le même catalyseur

Pd4Bi. L’ordre de réactivité en termes de densités de courant obtenues à 0,8 V, par

exemple, est glycérol ≥ éthylène glycol > éthanol > isopropanol > méthanol.

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140

Figure 53 Courbes d’électrooxydation du méthanol (a), de l’éthanol (b), de l’isopropanol (c) et de

l’éthylène glycol (d) 0,1 mol.L-1 dans KOH 1,0 mol.L-1 enregistrés sur les catalyseurs PdxBi1-x à 0,020 V

s-1 et T = 25 °C.

Figure 54 Voltammogrammes d’électrooxydation du méthanol, de l’éthanol, de l’isopropanol, de

l’éthylène glycol et du glycérol 0,1 mol.L-1 dans KOH 1,0 mol.L-1 enregistrés sur les catalyseurs Pd4Bi à

0,020 V s-1 et T = 25 °C.

a b

c d

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141

Le même travail a été effectué sur les catalyseurs PdxSn1-x. La Figure 55

présente les courbes de polarisation enregistrées sur les différents catalyseurs PdxSn1-x

en présence des différents alcools à 0,1 mol.L-1. L’activité de catalyseurs varie

beaucoup selon l’alcool considéré. Dans ce cas, le catalyseur PdSn conduit à chaque

fois à la meilleure activité. Il est très probable que la chute d’activité lorsque le taux

d’étain augmente soit associée à la diminution de la surface de palladium accessible.

Figure 55 Voltammogrammes d’électrooxydation du méthanol (a), de l’éthanol (b), de l’isopropanol (c)

et de l’éthylène glycol (d) à 0,1 mol.L-1 dans KOH à 1,0 mol.L-1 enregistrés sur les catalyseurs PdSnx à

0,020 V s-1 et T = 25 °C.

Les résultats obtenus sur le meilleur des catalyseurs de palladium auto-supportés

modifié par l’étain, PdSn, sont présentés sur la Figure 56. Il apparait que le catalyseur

présente la plus faible activité pour la réaction d’oxydation du méthanol. Un tel

comportement a déjà été observé en comparant les activités de catalyseurs à base de

platine modifiés soit par du ruthénium, soit par de l’étain pour les réactions

d’électrooxydation du méthanol et de l’éthanol. Les catalyseurs contenant de l’étain se

sont montrés plus actifs pour l’oxydation de l’éthanol que pour l’oxydation du

a b

c d

Page 148: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

142

méthanol30. Le comportement, que l’on retrouve ici, peut paraître paradoxal lorsque l’on

sait que les catalyseurs contenant de l’étain sont aussi les plus actifs pour la réaction

d’oxydation du monoxyde de carbone adsorbé185; or, cette espèce est l’intermédiaire

principal de réaction d’oxydation du méthanol, tandis que pour l’éthanol elle représente

un intermédiaire secondaire, des espèces adsorbées de type acétyle étant impliqué dans

le mécanisme d’oxydation de l’éthanol186. L’éthylène glycol et le glycérol présente

quant à eux la même réactivité à bas potentiel (même début de vague d’oxydation), bien

que l’éthylène glycol semble plus réactif pour des potentiel supérieurs à 0,7 V, peut être

dû à une réaction d’adsorption moins limitée par l’encombrement stérique de la

molécule. Pourtant, l’isopropanol, molécule en C3 comme le glycérol, a la réactivité la

plus élevée.

Figure 56 Voltammogrammes d’électrooxydation du méthanol, de l’éthanol, de l’isopropanol, de

l’éthylène glycol et du glycérol 0,1 mol.L-1 dans KOH 1,0 mol.L-1 enregistrés sur le catalyseur PdSn à

0,020 V s-1 et T = 25 °C.

Ce comportement catalytique est assez difficile à interpréter, surtout au regard

des expériences infrarouge in situ réalisées lors de l’électrooxydation du glycérol sur le

catalyseur PdSn où la formation de dihydroxyacétone a été démontrée dès les bas

potentiels. Cette formation implique que la fonction alcool secondaire du glycérol soit

activée, tout comme dans le cas de l’isopropanol. Pourtant, le début de la vague

d’oxydation est déplacé de 200 mV vers les potentiels négatifs pour l’isopropanol. Tout

Page 149: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

143

se passe comme si dans le cas du glycérol le dihydroxyacétone restait adsorbé à la

surface de l’électrode et bloquait les sites, tandis que dans le cas de l’isopropanol,

l’acétone (qui est probablement le produit formé à partir de l’isopropanol) serait désorbé

rapidement, libérant les sites actifs pour permettre la réaction de se reproduire.

Il ressort donc de ce travail qu’une étude plus complète des processus

d’adsorption et de réaction sur les monoalcools est nécessaire pour comprendre le mode

de fonctionnement du catalyseur PdSn. Au final, l’ordre de réactivité pour l’oxydation

des alcools sur le catalyseur PdSn est: isopropanol > éthanol > éthylène glycol ≥ glyérol

> méthanol.

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144

E. Conclusion générale et perspectives

L’objet de cette thèse consistait à essayer d’élucider le rôle de la modification de

métaux nobles catalytiques (en particulier le palladium) par des éléments du groupe p de

la classification périodique, en particulier le bismuth, sur la réaction d’électro-oxydation

du glycérol, en termes d’activité et de sélectivité.

Les motivations provenaient d’un certain nombre de constats fait dans la

littérature et au sein du laboratoire.

(i) Tous les produits d’oxydation du glycérol, sans rupture de la liaison

carbone-carbone, sont des produits chimiques valorisables, quel que soit la

positon de la fonction alcool oxydée.

(ii) La conversion électrochimique du glycérol en produits chimiques oxygénés

à valeur ajoutée ou d’intérêt pour l’industrie peut être réalisée de manière

avantageuse dans des réacteurs électrochimiques: en milieux aqueux, à

basses température et pression. De plus, l’activation non-thermique des

réactions permet un meilleur contrôle de la sélectivité. La maîtrise du

potentiel d’électrode, du pH de l’électrolyte, de la concentration en glycérol,

du débit de réactif, du temps de séjour sur l’électrode et de la formulation

des catalyseurs sont autant de paramètres permettant d’effectuer un réglage

fin pour contrôler l’activité et la sélectivité vers un produit donné.

(iii) En milieu alcalin un catalyseur Pt/C est le plus actif vis-à-vis de l’oxydation

du glycérol, présentant une surtension d’oxydation inférieure d’environ 0,2

V à celle obtenue avec les catalyseurs Pd/C et Au/C. Les inconvénients

principaux de l’utilisation des catalyseurs à base du platine sont le coût de ce

métal noble (actuellement plus de 40000 €/kg) et les ressources mondiales

limitées qui représente un frein pour le développement durable. En raison du

fait que le platine est un métal couteux et rare, le palladium a été considéré

comme l’élément de base des catalyseurs développés et étudiés au cours de

cette thèse de doctorat.

Page 151: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

145

(iv) des désaccords concernant les mécanismes d’oxydation du glycérol sur le

palladium existent. Certains auteurs ont montré que seules les fonctions

alcool primaire étaient oxydées sur le palladium tandis que d’autres ont

montré la formation de dihydroxyacétone, impliquant l’oxydation de l’alcool

secondaire.

(v) la modification de surfaces de palladium par le bismuth induit de fortes

variations de l’activité et de la sélectivité du catalyseur vis-à-vis de la

réaction d’électrooxydation du glycérol. Cependant, le rôle de ce co-

catalyseur n’est pas encore pleinement élucidé.

Parce que les réactions d’électrooxydation des alcools ont lieu à la surface des

électrodes, et que ces réactions d’oxydation d’alcools en général, et du glycérol en

particulier, sont sensibles à la structure des catalyseurs, l’activité et la sélectivité de

nanoparticules de palladium présentant des structures de surfaces différentes vis-à-vis

de la réaction d’oxydation du palladium a été traitée dans un premier temps afin de

tenter d’établir une corrélation structure/comportement électrocatalytique. Pour cela, des

méthodes de synthèse colloïdales ont été utilisées et adaptées afin d’obtenir différents

types de nanoparticules avec des distributions de tailles et de formes contrôlées: des

échantillons de nanoparticules de palladium constitués respectivement de sphères de 4

nm de diamètres, de cubes de 11 nm de côté et d’octaèdres de 8 nm de hauteur ont été

synthétisés. Les caractérisations par microscopie électronique à transmission ont

confirmé que les distributions de tailles et de formes étaient étroites et bien contrôlées.

Les caractérisations électrochimiques ont confirmés la présence de domaines de surface

(100) sur les nanocubes, (111) sur les nanooctaèdres et l’absence de domaines étendus

sur les nanosphères. En revanche, si les synthèses de nanosphères et nanocubes

conduisait à des distributions de formes très étroites, il est apparu que la synthèse de

nanooctaèdres était plus délicate: les octaèdres et tétraèdres présentaient de fortes

troncatures et de petites particules de formes sphériques cohabitaient avec ces objets.

Une des première perspective consistera à améliorer la méthode de synthèse des

nanooctaèdres afin d’obtenir une distribution d’octaèdres/tétraèdres plus étroite et une

meilleure proportion de faces (111).

Page 152: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

146

La caractérisation électrochimique de ces matériaux en milieu acide à conduit à

la séparation sur les voltammogrammes des contributions associées aux trois processus

impliquant l’hydrogène (adsorption/désorption de l’hydrogène atomique déposé en

sous-tension, absorption/désorption de l’hydrogène atomique au sein des nanoparticules

de palladium et dégagement d’hydrogène moléculaire) et a crée les conditions

favorables à la détermination des fonctions d’états thermodynamiques pour le dépôt en

sous-tension et en sur-tension d’hydrogène sur les nanosurfaces. De plus, cette

séparation permet d’accéder à la détermination de la surface active des matériaux de

palladium nanostructurés en mesurant la charge impliquée sous le pic de désorption de

l’hydrogène déposé en sous-tension, entre 0,12 et 0,3 V, ce qui a été confirmé en

comparant avec la charge impliquée sous le pic des réduction des oxydes de surface de

palladium. Ici, il serait intéressant en perspective d’étudier la zone hydrogène sur des

catalyseurs de palladium présentant des tailles différentes afin de vérifier un éventuelle

effet de cette dernière sur les propriétés d’absorption d’hydrogène atomique et de

dégagement d’hydrogène moléculaire, et aussi d’étudier les fonctions d’états

thermodynamiques liées à l’adsorption/désorption d’hydrogène déposé en sous-tension

et en sur-tension.

La modification de la surface des nanoparticules de palladium à distributions de

taille et de forme contrôlées par dépôt spontané et contrôlé de bismuth a été réalisée

dans un second temps et les effets sur l’activité et la sélectivité ont été évalués en milieu

alcalin. Dans le cas des catalyseurs non modifiés, les nanocubes sont plus actifs que les

nanooctaèdres et les nanosphères sur la gamme de potentiels supérieurs à 0,55 V. La

présence de domaines étendus est un préalable à l’amélioration de l’activité catalytique

à bas potentiels. Tous les échantillons de nanoparticules de palladium non modifié ont

montré une sélectivité équivalente, vers le glycéraldéhyde et le glycérate à bas

potentiels, et vers l’hydroxypyruvate, des dicarboxylates et des produits de dégradation

(carbonate, dioxyde de carbone et certainement des produits en C2). L’ordre général

d’activité pour les catalyseurs modifiés par le bismuth est: nanocubes > nanosphères >

nanooctaèdres. Un optimum de temps de contact (taux de recouvrement en bismuth) des

particules de palladium avec une solution acide saturée en BiCl3 de cinq minutes a été

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147

observé pour lequel l’activité vis-à-vis de l’oxydation du glycérol, la production de CO2

et de carbonate et la formation d’hydrxypyruvate sont les plus élevées. Ce temps de

contact correspond à un taux de recouvrement en bismuth d’environ 75 %.

L’amélioration de l’activité par la modification par le bismuth est flagrante dans le cas

des nanocubes de palladium, tandis que dans le cas des nanooctaèdres, l’activité décroit.

Ceci est expliqué par le fait que le bismuth s’adsorbe préférentiellement sur les

domaines de surface (111). En termes de sélectivité, la modification des nanocubes et

nanosphères de palladium par le bismuth conduit à un changement de mécanisme avec

formation dès les bas potentiels d’hydroxyacétone. Ensuite, à plus haut potentiels, les

mêmes espèces que pour les particules non modifiées semblent être formées:

hydroxypyruvate, carbonate, dioxyde de carbone et carboxylate, etc. Il est à noter ici

que les productions notables de CO2 (et de carbonate) et d’hydroxypyruvate étaient tout

à fait inattendues à la lumière des résultats précédents obtenus sur des catalyseurs à base

de palladium supportés sur carbone (modifié par des clusters d’oxydes/hydroxydes de

bismuth ou non).

Enfin, des matériaux catalytiques réels, c’est-à-dire dont la production peut

aisément être industrialisée, à base de palladium modifié par des éléments du groupe p

(bismuth et étain) ont aussi été étudiés. En plus d’une amélioration de l’activité, des

implications sur la sélectivité de la réaction d’oxydation des alcools, c’est-à-dire sur le

mécanisme de réaction, sont aussi induites par de telles modifications. Par exemple, en

se focalisant sur le catalyseur le plus actif (Pd4Bi), un comportement unique de ce type

de matériaux autosupportés peut être mis en évidence. La première observation

importante concerne la forte sélectivité vers les produits faiblement oxydés

(dihydroxyacétone et glycéraldéhyde) à bas potentiels entre 0,6 V vs et 0,8 V, qui

n’implique pas le mécanisme bifonctionnel sur cette gamme de potentiel mais

l’augmentation de la vitesse de turn-over des espèces adsorbées sur la surface

catalytique. A des valeurs supérieures de potentiel, la formation d’hydroxypyruvate se

produit, ce qui implique un mécanisme bifonctionnel. Il est ici important de rappeler

que la formation d’hydroxypyruvate n’a jamais été observé lors de travaux antérieurs

sur des catalyseurs de type PdxBi1-x/C, contrairement à ce qui a été obtenu sur des

Page 154: Anna Zalineeva Influence d'une modification par des

148

catalyseurs Au/C, tandis que le dihydroxyacétone et le glycéraldéhyde avaient eux été

détectés. A potentiels plus élevés, la production of CO2 débute juste après celle

d’hydroxypyruvate, impliquant la rupture de la liaison C-C. A nouveau, des travaux

antérieurs concernant les catalyseurs supportés PdxBiy/C n’avaient montré aucune

production de CO2, ce qui avait été expliqué en termes de dilution des atomes de

palladium de surface par le bismuth conduisant à modifier le mode d’adsorption du

glycérol et à éviter la rupture de la liaison C-C. Tous ces matériaux catalytiques sont

composés des mêmes éléments et ont des compositions très similaires. Les

morphologies et structures particulières des catalyseurs autosupportés PdxBi1-x et non

supportés Pd/Bi pourraient être à l’origine de ce comportement électrocatalytique: dans

chaque cas, les pores délimités par des particules métalliques (entre les particules

agglomérées dans le cas des nanoparticules non-supportées et entre les chapelets de

particules dans le cas des catalyseurs autosupportés) peuvent fonctionner comme des

nanoréacteurs permettant ce type de sélectivité.

Un catalyseur autosupporté PdSn à aussi présenté une très forte activité vis à vis

de la réaction d’oxydation du glycérol, équivalente à celle du catalyseur Pd4Bi. En

revanche, en ce qui concerne la sélectivité, des différences apparaissent. Dans le cas du

catalyseur PdSn, la formation de carboxylates en même temps que celle des aldéhydes

et cétones indique que le mécanisme bifonctionnel avec activation d’espèces hydroxyles

par l’étain est le mécanisme privilégié. L’absence de formation d’hydroxypyruvate à

conduit à proposer un mécanisme d’oxydation du glycérol impliquant une réaction

d’isomérisation rapide du dihydroxyacétone vers le glycéraldéhyde, lequel réagit très

rapidement à l’électrode.

Toutes les études de sélectivité ont été réalisées par des méthodes de

spectroscopie infrarouge in situ, qui même si elles sont fiables mériteraient d’être

confirmées par des analyses HPLC des produits de réaction accumulés au cours

d’expériences de chronoamperométrie réalisées aux potentiels où apparaissaient ces

bandes infrarouge caractéristiques. Cette action est bien évidemment une perspective à

court terme.

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149

L’activité des catalyseurs auto-supportés a aussi été évaluée sur quatre autres

alcools (le méthanol, l’éthanol, l’éthylène glycol et l’isopropanol) qui peuvent présenter

un intérêt pour leur utilisation soit en configuration pile à combustible soit en

configuration cellule d’électrolyse. Dans le cas des catalyseurs Pd4Bi, le résultat le plus

marquant est que ce catalyseur présente une meilleure activité vis-à-vis de l’oxydation

des polyols (éthylène glycol et glycérol) que vis-à-vis de celle des monoalcools. L’ordre

de réactivité en termes de densités de courant, obtenues à 0,8 V par exemple, est

glycérol ≥ éthylène glycol > éthanol > isopropanol > méthanol. En ce qui concerne le

catalyseur PdSn, l’ordre de réactivité pour l’oxydation des alcools est: isopropanol >

éthanol > éthylène glycol ≥ glycérol > méthanol. Ce résultat est tout à fait étrange:

comment expliquer que dans le cas du glycérol le dihydroxyacétone reste adsorbé à la

surface de l’électrode et bloque les sites, tandis que dans le cas de l’isopropanol,

l’acétone (qui est probablement le produit formé à partir de l’isopropanol) est désorbé

rapidement, libérant les sites actifs pour permettre la réaction de se reproduire. Dans les

deux cas, c’est le carbone portant la fonction alcool secondaire qui est activé ! Ici aussi,

une étude plus poussée serait intéressante pour comprendre les mécanismes de réaction.

L’élucidation du processus d’oxydation de l’isopropanol pourrait permettre d’apporter

des éléments de réponse concernant celui, probablement plus complexe, de l’oxydation

du glycérol impliquant l’activation du carbone secondaire.

Enfin, les perspectives à plus long termes de cette étude sont de pouvoir

comprendre les divers modes d’activation du glycérol induit par la modification du

palladium par un élément du groupe p afin de pouvoir produire de manière sélective et

quantitative préférentiellement des fonctions aldéhydes ou cétone. Ces produits ont en

effet un fort potentiel pour l’industrie des cosmétiques, pour des applications

tensioactifs et autobronzants biosourcés. De plus, même si leur structure n’est pas tout à

fait identique, les saccharides ne pouvant pas être considérés seulement comme des

polyols en raison de leur fonction anomérique, la connaissance des processus

d’électrooxydation du glycérol peut aussi être utile pour accéder à l’électrochimie des

sucres. En effet, l’électrooxydation contrôlée du glucose (qui est également une matière

première obtenue à partir de la biomasse) dans un réacteur électrochimique peut

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150

conduire à la formation des gluconates, glucuronates et glucarates utilisés comme

détergents, ainsi que pour des applications biologiques187. Enfin, l’étude de la réactivité

des ces composés, polyols et saccharides, en milieux non-conventionnels permettant de

contrôler la quantité d’eau dans le mélange réactionnel, est une autre perspective de ce

travail.

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151

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Bibliographie personnelle

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A. Zalineeva, S. Baranton, C. Coutanceau, Electrochem. Comm. 34 (2013) 335–338.

2- Self-supported Pd-Bi Catalysts for the Electrooxidation of Glycerol in Alkaline

Media

A. Zalineeva, M. Padilla, U. Martinez, A. Serov, K. Artyushkova, S. Baranton, C.

Coutanceau, P. B. Atanassov, J. Am. Chem. Soc. 136 (2014) 3937–3945.

3- Modification of Palladium surfaces by bismuth adatoms or clusters: effect on

electrochemical activity and selectivity towards polyol electrooxidation

C. Coutanceau, A. Zalineeva, S. Baranton, M. Simoes, Int. J. Hyd. Energy 39 (2014)

15877–15886

4- Electrochemical Behavior of Unsupported Shaped Palladium Nanoparticles

A. Zalineeva, S. Baranton, C. Coutanceau, and G. Jerkiewicz, accepté à Langmuir.

5- When cubic nanoparticles get spherical: An Identical Location Transmission Electron

Microscopy case study with Pd in alkaline media

A. Zadick, L. Dubau, A. Zalineeva, C. Coutanceau, M. Chatenet, Electrochem. Comm.

48 (2014) 1–4

Communications orales internationales

1- Palladium nanoparticles with (100) and (111) surface orientation for the oxidation of

small organic molecules

Anna Zalineeva, Stève Baranton, Christophe Coutanceau

63rd ISE Annual Meeting, 2012, Prague (Républic tchèque).

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160

2- Modification of Palladium by Bi adatoms: effect on electrochemical activity and

selectivity towards polyol electrooxidation

C. Coutanceau, S. baranton, A. Zalineeva, M. Simoes,

International Conference on Electrochemical Materials and Technologies for Clean

Sustainable Energy, 2013, Guangzhou, China.

3- Electrochemical behavior of un-supported preferentially-shaped palladium

nanoparticles

Anna Zalineeva, Stève Baranton, Christophe Coutanceau

64th ISE Annual Meeting, 2013, Santiago de Queretaro, Mexico.

4- Pd-Bi Catalysts for Electrooxidation of Alcohols

Anna Zalineeva, Ulises Martinez, Alexey Serov, Stève Baranton, Christophe

Coutanceau, Plamen Atanassov

224th ECS Meeting, 2013, San Francisco, California.

5- Effect of platinum group metals modification by p-group atoms on the

electrochemical conversion of glycerol in alkaline medium

Christophe Coutanceau, Stève Baranton, Anna Zalineeva, Mario Simoes

7th Bishop’s Lodge Workshop on Material for Energy Conversion: Alkaline Membrane

Fuel Cells, 2013, Santa Fe, New Mexico.

6- Development of catalysts for the electrochemical conversion of biomass and

hydrogen production

Christophe Coutanceau, Stève Baranton, Mario simoes, Anna Zalineeva,

IDHEA, Nantes, France, 2014