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f PAGES INE1)ITES D'HISTOIRE PROVINCIALE (1) ANNALES DE U VILLE DE VERDUN - SUR - SAONE - ET -DOUBS EN BOURGOGNE (FRAGMENTS) V11' SIbC[.R (2 V Deux historiens de Bourgogne du bon vieux temps; ce qu'il faut mettre entre les lignes de leurs livres. - Aprsl'invasion ennemie, la peste. Cc qu'étaitalors ce fléau. Son origine réputée divine. Pauvreté des idées scientifiques et thérapeutiques sur ce sujet. L'infection et lu désinfection. Barbarie ou ridicule des moyens prophylac- tiques. - La peste à Verdun, d'après les registres de l'état civil ; I636-I63-1638. - Le vicaire et lu curé «le Verdun. - Voeu de la ville à saint Roch. - Mouvement de la population de Verdun de 1(53(5 à 1(511. - Etuies statistiques. - Immunité des militaires. - La guerre et la peste en Bourgogne; à Dijon, llullv, flragnv, Pierre et Ilète. Enquête à Bèze. - Silence les historiens de France sur cette peste. Eeudue do ses ravages. - Encore la peste et la guerre à Vcr.:Iuu. -- Garnisons de cette ville. Elle est fortifiée pour lu conservation de la Bourgogne. Misère et pauvreté de celle-ci. - Seconde invasion de 1(33(5. -- Brigandages et prouesses des armées in roi. - Les véritables soldats français. - La terrible année 1636; son vrai nom. - Campagnes de 1(337 à 1(342 en Comté. La guerre de cc temps-là. Pas pris, mais toujours pendu. -- L'importance militaire de Verluo augmente. Gouverneurs de cette ville pour le roi, Achèvement de ses fortifi- actions. - Un aperçu ale la vieille histoire. - Bataille de Verdun. L'intérieur des coulisses ou vraie histoire. Coût «tes garnisons et des gens de guerre; la ville (1) La reproduction est interdite. (2) Voir les livraisons de janvier, février, mars et septembre 1(35 -le lu lIeue. s Document . 111111 II 11111 11111111 III I l III -. . . . 4-'

Annales de la ville de Verdun-sur-Saone-et-Doubs en …bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/4c02413666e496082a991a... · p0111 la Comté, qui éprouva ce que les trois fléaux

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PAGES INE1)ITES D'HISTOIRE PROVINCIALE (1)

ANNALESDE

U VILLE DE VERDUN - SUR - SAONE - ET -DOUBS

EN BOURGOGNE (FRAGMENTS)

V11' SIbC[.R (2

V

Deux historiens de Bourgogne du bon vieux temps; ce qu'il faut mettre entre leslignes de leurs livres. - Aprsl'invasion ennemie, la peste. Cc qu'étaitalors ce fléau.Son origine réputée divine. Pauvreté des idées scientifiques et thérapeutiques surce sujet. L'infection et lu désinfection. Barbarie ou ridicule des moyens prophylac-tiques. - La peste à Verdun, d'après les registres de l'état civil ; I636-I63-1638.- Le vicaire et lu curé «le Verdun. - Voeu de la ville à saint Roch. - Mouvementde la population de Verdun de 1(53(5 à 1(511. - Etuies statistiques. - Immunitédes militaires. - La guerre et la peste en Bourgogne; à Dijon, llullv, flragnv,Pierre et Ilète. Enquête à Bèze. - Silence les historiens de France sur cettepeste. Eeudue do ses ravages. - Encore la peste et la guerre à Vcr.:Iuu. --Garnisons de cette ville. Elle est fortifiée pour lu conservation de la Bourgogne.Misère et pauvreté de celle-ci. - Seconde invasion de 1(33(5. -- Brigandages etprouesses des armées in roi. - Les véritables soldats français. - La terribleannée 1636; son vrai nom. - Campagnes de 1(337 à 1(342 en Comté. La guerre decc temps-là. Pas pris, mais toujours pendu. -- L'importance militaire de Verluoaugmente. Gouverneurs de cette ville pour le roi, Achèvement de ses fortifi-actions. - Un aperçu ale la vieille histoire. - Bataille de Verdun. L'intérieur descoulisses ou vraie histoire. Coût «tes garnisons et des gens de guerre; la ville

(1) La reproduction est interdite.(2) Voir les livraisons de janvier, février, mars et septembre 1(35 -le lu lIeue.

s Document .111111 II 11111 11111111 III I l III -... .

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I-

olérte, les leliunts ruii5. la province iIslvule, -- Iuriie du Inc leLongueville à Verdun. -- Dévastation I ps dtix Bourgognes. La guerre, la peste,la misère et ic famine. -- Le paysan', dévoré pur les soldats, mange du soldat. --Une ligne de la vieille et fausse histoire.

1636-1642

« La guerre continua entre les deux provinces et entre laFrauce et l'Espagiie, jusqu'à la paix des P ,vréuées, en I (i(iO;elle fut sanglante et cruelle polir In Bourgogne, et surtoutp0111' la Comté, qui éprouva ce que les trois fléaux réunis de laguerre, de ta famine et de la peste ont de plus affreux (I). e

Une phrase, pIimsO un )eii obscure en ce qu'elle fuit suppo-ser que le duché fut heaucaup lilus épargné que le COiril é (10Bourgogne, voilà tout cc que Courtépée et Béguillet ont cou-sacré à une guerre qui, par son acharnement, sa barbarie et lesmaux qu'elle accumula sur les deux Bourgognes, égala, si ellelie les dépassa, nos luttes les plus meurtrières.

Comment nos deux historiens (lu 1jo rieur temps auraient-ils pu voir toutes ces horreurs, toutes ces ruines, toutes cessouffrances? Leurs y eux n'étaient-ils pas fascinés par l'éclatdes trophées de Rocroy que l'on déposuit. IVeC pOmpe clans lasainte chapelle de Dijon (21 juin (3 1$)? Au lieu de mener cesmilliers de deuils populaires, le deuil (le la Bourgogne entière,n'avaient-ils pas à s'occuper des Ob sèques magnifiques (t (luservice funèbre de son gouverneur, le prince Henri (le Bourbon,et t inscrire dans les fastes de notre province que la ville deDijon fit présent d'un plat-bassin d'or au duc d'Enghien, lefutur grand Condé, qui vouait dc succéder à son père dans legouvernement, de I tourgogite

Tandis ie ces [rois cérémonies officielles conduisent doit-cernent nos deux historiens aux premiers 1m bbs (le la Fronde,iWUS allons chercher, en reconstituant les annales de notre

I) Cou rbpe et Bdgu ii let, lus!. ubt'rqre (1 14 du cl e de lb u eqout', livre viii.Uu y . çjtd.

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petite ville, à combler quelques lacunes de ce réaimé d'his-toire théiltrale.

La courageuse et patriotique. résistance des Bourguignonsavait lavé leur pa ys tic la honte (le l'invasion, mais elle n'avaitpu lui épargner la souillure qu'imprime toujours le pied del'ennemi sur le sol de la patrie. Non content (le le ravager, il yavait déposé son venin malfaisant et l'air élait comme empestépar le souffle impur (le CCS Barbares. L'année des ennemis,dit le curé Pvot, témoin oculaire des événements qu'il raconte,apporta en même temps la peste en cece PY (de Bourgogne), dequoi fort peu de villes et villages furent exempts, ce qui mit Ùmort une infinité de personnes (1).

La peste! nul, dc nos jours, ne peut se faire une idée de cequ'était jadis ce fléau, produit funeste de la guerre et de laliiinine, alimenté par la misère et rendu plus terrible et plusmeurtrier par l'i gnorance et la peur.

Nos pères ont été si cruellement et si souvent frappés par cettecalamité; elle tient une si large place dans leur triste existence,que nous croyons devoir esquisser ici les traits les plus saillantsde sa sombre physionomie. D'ailhurs, c'est dans tic pareillescrises que le caractère d'un peuple, les moeurs et la civilisationd'une époque, se dessinent plus exactement; la vraie histoirese trouve là.

Par ce mot de peste, qui s'applique à tout cc qu'il y a de plusmauvais et de plus dangereux, mi désignait autrefois des ma-ladies de natures diverses, niais ayant pour caractères com-muns de se propager rapidement, d'atteindre un très-grandnombre d'individus, et (le se terminer le plus ordinairementpar la mort, après avoir présenté, une série (le symptômeseffrayants.

Le fwies du pestiféré était profondéineut altéré; ses yeuxinjectés lançaient un regard féroce ou stupide; sa raison avait!it place au délire, (les moUvements convulsifs crispaient sesmembres. Des bubons enflammés envaluissaieuit ses aines, ses

(I) Relation manuscrite d i^jà cit ée.

-6—aisselles et soit cou; tout son corps se recouvrait de pustulescharbonneuses ou de taches d'un rouge pourpre, livide, puisnoirâtre; il rendait par le haut et par le bas (les matières fé-tides; une odeur nauséabonde s'exhalait de toute sa personne.C'était la mort., la mort mille fois plus hideuse que sous la forme(lu squelette mythologique armé de la âiux.

A l'époque que nous étudions, de même que dans l'antiquité,la peste était regardée comme un signe de la colère céleste,comme un

Mal que le Ciel en sa fureurInventa pour punir les crimes de la terre (1. »

Donc, comme ainsi soit que Dieu chastie les hommes par larig[ieur de ce mal..., dit le père Grillot, aussi il ne permet quenous acquérions une parfaite connaissance des remèdes propres\ le guérir (2). »— « Tous les moyens humains deviennent inu-tiles, ajoute un savant professeur de l'Université de médecinede Montpellier, il faut fléchir sous la jie4ice divine et souffrirpatieminemit l'ire de Dieu en recourant aux autels et à sa misé-ricorde (3).

Ces opinions, sur l'origine de la peste, nuisirent, singulière-nient à l'étude et Û la curation dc cette terrible maladie. Rami-chu consacre un chapitre entier Û une digression sur l'inter-cession de saint Sébastien et particulièrement de saint Roclu,en temps de peste (4). I)iemnerbroeck, célèbre praticien liollan-(lais, dans un ouvrage estimé qu'il composa sur la peste de1636, y traite (le sa nature divine et de sa prophylaxie théolo-gique. A tant de conditions défavorables, il faut ajouter la né-cessité où l'on se trouvait de recourir à (le jeunes cluirurglens,ignorants et téméraires, n'ayant en vue quo l'appât (In gain et

(l) La Fontaine, - Les animaux malades de la peste, liv. vit. Iii L -- « Pstememm Dei Opt. MaxIlagellurn in horninum bcelera nemno nescit. e Guili. Ader, mediciJ olosatis. De J'esfje Cogn j t j oiae, etc., Tulosm'e, 1328.

(2) Lyon afilirje dc contagion, «t., 1(328-1629. - Ouv, cLjm cité.() I"ra nç oe Ha ne hi n • Traite b' la peste, 2' part. CC. iii. -- Opuscules cl traites

4ieers et çm.mj'jeu,e en .lfedecimic. Lvumm Id-10.4 Rar.chmn Ouv, uité, ch. xxiii, P10. fraimc. le 1321.

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le désir d'apprendre leur métier aux dépens des malades (I).Dans la curation de la peste, on peut (lire que le rôle de lamédecine était à Peu prèsPrès nul.

Pour apprécier la pauvreté des doiiuées scientifiques surlesquelles on s'appuyait, il faut interroger non les médecinsvulgaires, mais les maures de l'art; il faut entendre FranoisRanchin, professeur et chancelier de l'Université de médecinede Montpellier, recommander l'expérience suivante pour con-stater l'altération ou corruption de l'air

« Mettre un pain chaud tout ouvert, ou de la chair chaude,au bout d'une pique, durant vingt-quatre heures, en un airrelevé, et donner l'un et l'autre, par après, à deux chiens diffé-rents : si l'air est infect, les chiens mourront, et s'il ne l'estpas, il n'auront aucun mal (2). »

Le traitement de la peste, quoique assez méthodique en appa-1e1iC, Se ressentait nécessairement des théories médicales etpharmaceutiques de l'époque. 11 avait la prétention de remé-dier à la putridité du sang et (les humeurs, de chasser la mé-l ancolie (bile noire), et d'empêcher l'action délétère (le la conta-gion sur l'économie. Il faisait une immense consommationd'aromates et prenait ses médicaments surtout parmi lesasi rimgents. les toniques, les stimulaiit.s ou cardiaques. D'aprèsles idées polypharmaques alors eu vogue, la vertu curatived'un remède était proportionnelle au nombre des substancesqui entraient dans sa composition, ou à leur rareté. Aussi, enpremière ligne des antidotes de la peste, figuraient « la théria-que cl'Andromache de Candie, premier médecin en doctrineet expérience de ce cruel Néron, sixième empereur des Ho-mains, qui fit mourir saint Pierre et saint Paul, apôtres (3)..., »Ji Lhériaque, cette reine des remèdes composés, que la sciencemoderne a détrônée, mais n'a ru proscrire. Puis venaient lesconfections d'Alkerrnès et d'Hyacinthe; cette dernière était un

(1' Lyon af(li'jé de la cou$agion, OUF, déjà cité.(2) Ranchin, ouv. cité.1) Para)ih;osr sur la Pharmacopée, pur M. Brice BjuIcron, docteur en médecine

rts tent o NliisceLti •1er are édit. Paris, 1620, p. 260,

s —

véritable étrin l'argent et l'or 'y mêIaient aux pierreries pré-cieuses, telles que l']jyaciiitlic, la topaze, l'émeraude et lesaphir.

L'idée d'infection et tic contagion qu'on attachait invariable-ment à la peste, faisait recourir à des moyens bizarres ou vio-lents aussi cruels que le mal lui•méme, et qui, Joui de l'atté-nuer, l'aggravaient encore par la terreur qu'ils inspiraient.Quel effct devait produire, sur le moral du malade, l'aspectd'un médecin froUé d'huile de genièvre, vêtu d'un habit decuir OU de maroquin, les mains gantées et le visage recouvertd'un masque surmonté (l'un énorme nez ù c.orbiiu rempli deparfums réputés (lé. sinfeetants (1) ? Que devenaient les conso-lations (le la religion, quand le prôtre, en administrant les sacre-mnents. tenait un flambeau aromatique allumé entre lui et lepestiféré, auquel il donnait la sainte hostie au moyen d'une.baguet te terminée i-" un croissant d'argent (2) ?

Dans la ville d'Agen, pendant l'épidémie de 1628 à I ;31 (:),'nous voyous les consuls permettre aux citoyens (le tirer (lesinousquetades sur les infects qui sortiraient de l'emielos où ilsavaient été internés, et faire mettre le feu à plusieurs maisonsdont les habitants étaient morts de la peste.

Ces mesures sauvages ne constituaient point (les exceptions,elles formaient la loi ordinaire au xv 11e siècle. M. Boutiot,notre laborieux collègua de l'Académie (le l'Aube, mentionneune. ordonnance de 1633 qui enjoignait aux mendiants et va-

bonds de venir, au moindre symptôme de contagion, décla-rer leur maladie, sous peine d'ôti'e arquebusés (4). Le médecin1"raiiç.ois Bancliin, premier consul et viguier de Montpellier,lors (le la peste de 1629, posait cette (1UeStiOfl : « A sçavoir s'il

(1) Mevsonnier, médecin or!, du Roy ,etc. Le cours de mddecinc. par M. L. Guyon,1)olois. Lion. I4u'7, in-4v . -- D' L. Labat, ana. chirurg. du vice-roi d'Egypte, art.pesO fa; e. DOOonua ire de la COn tcrs(ttioa , 2' c1 i t, passif;.

2) Ordre pour sa gouverner tant spirituellement que eu rpo rai le men t durant le tempsqu'on assiste les inFects, envoyé aux H. P. capue1in iC la viflo le M outpel it' (1O2iJ.Ouv. ;lji cité.

l' V. la !, y oh. de 1 . Adolphe \1a.u, lj ciL.1) !(:'c'/;e'rche sur (es 1w!ruti's pestas Or troLl S. -

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vaut mieux brûler les maisons infectes que de les désin-fecter ? » et la résolvait par l'affirmative. « Quant à ces gueux(pauvres) étranger, disait-il, après leur avoir donné quelquechose s'ils le méritent, pur nécessité, il les faut chasser etbannir non-seulement de la ville, mais aussi des faubourgs,sous de grosses peines, comme du fouet ou de l'estrapade(potence) (1).

Ces malheureux, ainsi expulsés des villes, repoussés à coupsde pierres des villages où ils cherchaient un refuge, se trou-vaient condamnés à mourir de faim et de misère sur les che-mins, quand le fléau ]es épargnait.

Celte terreur de la contagion rompait jusqu'aux lieus dusang et étouffait dans les coeurs tout sentiment de pitié. En1720, durant la grande peste de Marse.ille, à Sainte-Tulle, vil-lage voisin de cette ville, un enfant de trois mois fut ensevelitout vivant clans la bière de a mère, sous prétexte qu'il mour-rait bientôt, et pour ne pas prendre la peine de venir le cher-cher exprès pour l'inhumer! Une femme retira cet enfant ducercueil, et en prit, soin; il deviiji un hwnnie et vécut, quatre-vingt-quatre ans (2). Par ce fait presque contemporain, on peutjuger des liorre.urs et des crimes qui se niôlèrenl, auxmies dudu xvii' siècle.

Une mesure généralement en usage à cette époque., clansles villes où la peste avait régné, était la désinfection (le toutela ville, rue par rue, maison par maison, chambre par cham-bre. Cette opérations longue, minutieuse, difficile et très-dis-pendieuse, était pTatifluée. sous le contrôle et l'autorité desmagistrats municipaux, par un maure enLrepreneur de la désin-fection, avec lequel on passait un traité par devant notaire. Cesmaîtres désinfec.teurs étaient parfois des apothicaires, des pé-tardiers et ingénieurs en feux d'artifices; souvent des reli-gieux, très-rarement des médecins, qui craignaient de dérogeren s'occupant de pareille besogne. Le feu et les fumigations

(1) Ouv, dij'a cité, chap. V.(2) Fodré, art. Peste du grand Diction, des sciences rndic. en GO vol. in-8'.

10 -constituaient les clésinfi'ctaiits principaux. Mais dans le chaosiuédico-c]iinjç1iie où la science s'élaborait, cieux écoles oppo-sées se disputaient sur le choix des substances désinfectantesl'une tenait pour les drogues puantes, l'autre pour les llrirnsSuaves et (te grand prix. Chacun donnait ses raisons toutess'appu yaient sur l'exemple d'Hippocrate chassant, par le feu, lapeste d'Athènes, dans, laquelle rien ne prouve son interve.it-lion (1).

De nombreux moyens reeoinrnantlés alors clans les épidé-mies, la science moderne ne peut guère approuver que l'isole-ment des malades placés dans les hôpitaux formés de logesconstruites hors tIcs villes, le hl;tnchiimenl. au lait (le chaux desmaisons, et quelques règles générales (l'llVgièlle privée et 1)11-blique.

I)aiis la guerre de lG3 1 la peste est l'auxiliaire (les ennemisde la France. Ceux-ci évacuent Verdun le 20 août, celle-là yfait, invasion le 5 septembre, neuf jours après leur départ..

La population dc' cette petite ville, torturée p' tous les maux,abattue par les souffrances physiques et morales, épuisée parla disette, à peine abritée contre les intempéries des saisons,(.laits (les maisons dévastées et en ruines, était nue 1)I'Oie f01110

Prête pour l'épidémie. Aussi elle sévit sans relâche à Verdiin,jusqu'à la tin de l'année : dans vingt-cinq jours du mois ticseptembre elle enlève soixante personnes; il en meurt sC1.ttle lS, autant le 21. et onze le 25 (2). Elle continue ses ravagesen octobre. Après (IOUZO jours (l'arrêt, vers le milieu de Ce

mois, sa furie redouble le 22. la terre recouvrit t renie-septcadavres (3)! On en inhuma un peu partout : dans (les jarduis,autour de la chapelle Notre-Dame de Pitié, clans l'église Saint-

(1) Voir pour les iét.dI trs-curiu e sur ces désii.feeloiis générales, comme ituln-de mu u r-s et 1 histoire ' le lu sc i ence, les ()P a scalesseules et (ruiles (1/ Le es du duel cir r lian-e/li

n. Ou les trouvera repro1uLs in c,cl resu dans le recueil suivant qui est air-uns rare

que cclii (le Us nch iii I, ec,'s diverses de iOfJ'r-e,r ta ar,l 1r i -s con c'rrianl les remèdescl precan lions ndccssa ires contre la pesée, lu C Ondt4iii9 chr,dicwee 'd ure L'on doit go ,.derdo os les temps de coel a ion. Lvo n, l -, 21 , in-1 2.

i'21 Registres des hapt ui ines, msrr;uges, et noriusires Cuirs en l'église .Sr-J cati de\ci-dun, pour les auuées 1430 et 1631. -- Archives m'inicipais.s.

(l) Ih,il.

- 11 -.

Jean (1) : car la terre sainte du petit cimetière qui l'entoure de-vient insuffisante. L'épidémie atteint mortellement treize indi-vidus en novembre. Enfin elle se calme en décembre aprèsavoir fait encore plusieurs victimes; ou ne les compte plus; ons'inforfrie à peine de leurs noms! Le vicaire de Verdun qui, troismois durant, avait conduit tous ces deuils, était à bout. Sa mainincessamment occupée à bénir cette foule de tOrnl)eS béantes nepeut plus suffire à tenir au courant ces interminables nécro-loges. Au déclin de la peste, du 1 au 8 décembre, il inscritseulement trois noms de paroissiens « mis en terre; » 1)UiS ilajoute ces lignes qu'il signe : Et plusieurs aultres dont on n'ascea les noms (2)! »

Dans l'automne des années 1637 et 1638, la peste reparut àVerdun. En octobre, novembre et décembre d la première deCCS années. les (léCèS s'élèvent à treize, quarante et vingt-sept;Û trente et un, vingt-huit et quinze en coût, septembre et oc-tobre (le la seconde (3); chiffres énormes, eu egard au petitnombre des habitants.

En compulsant avec soin les registres de l'état civil de Ver-dun, seuls documents qui aient échappé aux désastres dont cesiècle fut rempli, nous avons pu déterminer la marche cl, lesravages de cette peste. Nous l'avons vue en deux ou trois joursatteindre tous les habitants (l'llIlC maison, frapper une familleentière et parfois la rayer (lu nombre des vivants.

La persistance (le l'épidémie semble en augmenter la léÉhia-lité. Ceux qui, par la force de leur constitution ou en raison desconditions meilleures OÙ ils se trouvaient placés, lui avaientéchappé la première année, tombent sous ses coups la secondeou la troisième. Elle finissait par n'épargner personne: riches etpauvres, nobles et vilains lui payaient leur tribut.

Eu 1637, c'est noble Nico1asde. Chautemesle, commandantpour le roi en la ville de Verdun; c'est M Antoine Procès,prétre-vicaire de Saint-Jean. Le 17 septembre, il remplissait en-

(1) Registres de lElet civil. - Archives municipales.r2) Ibid.() ibid

tore SOU sacré minilère. et le 30 il avait rendu son cime àDieu. Sainte mort couronnant une sainte vie! Depuis deux an-iiées que la contagion sévissait ci Verdun, il n'avait cessé deprodiguer ci ses paroissiens les consolations de la religion. APar tir de la lin de septembre 1(13(1, le soin aussi périlleux quepénible de ce troupeau décimé par la maladie était retombé surlui seul, car Marc-Antoine Barbier, son indigne pasteur, l'avaitabandonné comme en 16218 (1). Qui Croirait qu'après cette doubledésertion cii présence du péril commun, qu'après s'être vil

un arrêt. tin parlement de I)i I n , lui prêtre chrétien, àremplir ses devoirs (le prêtre et de chrétien. il osa se montrer denouveau dans Cette paroisse scandalisée (le son inqualifiableconduite.. 11 y reparut néanmoins, au mols de décebre 1639,alors que la peste n'y était plus qu'.liIi déchirant souvenir, nonpour y faire amende honorable, mais n fiiï de régler de petitesaffaires d'intérêt avec son successeur, M. Nicolas Broillard;puis il retourna jouir en paix de son caunnica t de l'église ca-thédrale de Saint-Lazare d'Autun (2).

Eu 1638, nous remarquons parmi les victimes de la maladierégnante, M6 Hippolyte Besucliet, notaire i'ovai et procureur(l'office à Bellevesvm'e, « retiré à Verdun à cause des guerres etembrasement dudit lieu de Be1lvesvme (3); » M e .Tacqiies I)e'va-rennes, notaire royal et. ancien échevin de \Terdun , que safenmne suivit de près daims lu tombe, Macault, lieutenant aulsnlhiage (lu comté de Verdun; noble Chiur1e Hard y de haMousseliiuière, enseigne nu régiment de Rebé, fils du défuntnoble homme Charles Hardv, vicOlnte (l'AlCw'oli, et tic demi.selle De Lornie; enfin Me Pierre Girard. chirurgien. Des quatrechirurgiens de Verdun c'était, le troisième (pli mourait au

(1) Vir dans cette revue le numéro de. f'rier 1863. p. 276 -77. - Le 18 septembre14336, treize jours après l'invasion de la peste, le curé, M. A. llrl<ic'r, baptisa '<TI enCunti Verlun c'est la dernière lois que nous le vov<,:is ligiirer lins les re gistres de laparoisse. Sou absence y est mime colistaléo dans un acte <le bapOme du 21 novembreI I6, fait par ic ru r.i le B mg av. n pour l'absence du e ii r< (le I erdun. s Registrescites - Archives municipales

2 Traité original signe ]3rl<ier et BroiHard riens notre collection bourguignonne,<3'. Registres (le l'Eut civil, -- Archives inutiicipiles

- 13 -

champ d'honneur; M Crot avait succombé le premier dans lafuneste journée du 22 octobre 1036; M e Nicolas Bourgoin, lesecond, le 3 octobre 1637.

A la vue de ces trois victimes, de l'art médical, nous ne dou-tons pas que les Verdunois, malgré leur démifiment, recoururentà tous les moyens eu usage pour combattre l'épidémie. Il nereste pas la moindre trace des actes de l'adiniiiistration muni-cipale de cette époque, mais un document contemporain vientconfirmer notre opinion. C'est un testament en date du vingtet unième jour (le septembre 16M, Iii t par dame Jeanne( uienot, femme d'honorable Jacques Symot, bourgeois deVerdun « qui estoit hors (le ladite infection dont sa femmeest atteinte. » Cette pièce nous apprend que l'on avait construitdes eado1e (cabanes) « en lisle (lu prey dudit Verdun » ]lorsdes murs et au couchant de la ville, pour former un hôpital oùl'on séquestrait ceux dont les maisons avaient été infectées parla mort (l'un ou de plusieurs 1)es1i1rés. C'était là une impor-tante et salutaire mesure employée par toutes les villes at-teintes (le peste. Les Verdunais ne la négligèrent pas (1).

Ces mots d ' infection, de maladie contagieuse, disent la ré-pulsion qu'inspiraient ceux que le mal avait frappés. Nousvoyons l'impassible garde-notes lui-nième sacrifier à la peur sesvieilles habitudes et ses formule ,, sacramentelles; la loi flé-chissait devant la peste. In testatrice Jeanne Symot savaitécrire, mais comme pour signer son testament il faudrait yposer sa main de pestiférée, le notaire déclare « qu'il n'a puFaire signer ladite Symot, pour raison (le la maladie et infectionqu'elle n dit avoir.

Comme. les malades qui voulaient tester ne pouvaient setransporter chez le notaire et que celui-ci n'osait pénétrer dansleur logis, les pestiférés se traînaient sur le seuil (le la porte

(1) Manuscrits et Autogrilos bourguignons. Collection de l'auteur. - « Ladite(lame Svmot êsLoit retirée aux Gadoflcs dressées en lisle lu Proy, à cause le la irai,.die conlagieuso eiant infecté sa maisoli, par la mort de MagleIiae e t Aiituine Symot,leurs ciifanla, et (le leur servante rliz environ huict joiro

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pour déclarer (l'URC V(liX éteinte leurs dernières volontés ailnotaire, qui se dnait grande distance avec les témoins (1).

Les infortunés Verduiiois, accablés par tant (le maux, à houtde ressources et d'espérances, abandonnés (le tous, tournèrentleurs regards vers le ciel, ce grand refuge des faibles et desmalheureux. Comme I)ieu semblait sourd à leurs prières, ilsChoisirent pour intercesseur auprès (le lui le bienheureux-saint Rocli, que lies pères reconnaissaient « pu' le patron despestiférés. s Ils firent donc vœu de chômer su fête à perpétuitépar une grande messe, des vêpres et une procession solennelledu Saint-Sacrement dans toute la ville. Cette procession a en-core lieu de flOS jours à Verdun (9.

Au milieu des calamités de la guerre et tic la peste, lesconditions normales de l'existence des pojntla lions sont bou-leversées, les liens sociaux uu'iiacent de se briser, l'inertiesuccède au mouvement et la vie. semble se retirer devant lamort.

Tel Verdun s'offre à nous en 163U. Un résumé statistique,semblable m celui que nous avons donné de 1630 à 165, en(lira plus (f10' (les phrases. La brutalité (les chiffres convientP01 tP exprimer d'aussi tristes vérités.

[)e 1530 à 1041, le mouvement de la popu1tioii verdunoiseI uinit les résultats suivants

(1) Anciennes minutes de M' J. Belot, notaire i Verdun. Testamen's des 21 septem-bre et 5 octobre 1636.

2j Un sait généralement quelle doit son origine à un vreu public fait pendant unepeste, dont on ignorait la ciste précise; nOUS avons pu déterminer cette date i I'oile desdocuments suiva.rts 1' Règlement et traité passé entre le cor) de Verdun. d'une part,les échevins fabriciens et habitants do lu paroisse dautro Fart, le O avril 1687.Manuscrit autographe; --2' Mémoire concernant l'église paroissiale de Verdun et lesfondations faites dans ladite église. Manuscrit du xviii' siècle, P. 22 ( - 3' Lettreautographe de Ni. hieruard Carré, maire de Verl1jn, convoquant les chevaliers de 1er-quebuse pour assister à la procession le saint itoch 15 août 1818) Collection bourg.dia l'auteur. - Saint Roch est urne éclatante confirmation ' lu proverbe. N iii n'estprophète en son pa y s. Le prolsssur Hauchin qui cite quelques fragments dus puinecrnaposé en l'honneur (le saint Roch. à loccasinir ils nombreux miracles qu'il s fats eudélivrant o force villes de la peste, e n : gn:,lc avec une rorprise nniée d'indignation, Vin-différence de Montoelirer envers saint hliaclu, nu) tans ses murs Cor bien que cette vileoit été souvent sU;ligée de la peste, elle liii jamais auiness( la moindre prière à cetillustr' fila, si honoré partout ailleurs. i Bsochuu. Ouv. cité:

- 1 -

1636 Mariages G Naissances 07 Décès 1551637 (1) -O-56 - I 03 390

1038-Il-1G - 13816:39-26-87 - 501610-17-82 - 28 1121011-10-64 - 31

112 -102508

Pendant la période de 1030 à 1(535, nous avons vu les liais-sauces l'emporter quatre aimées de suite sur les décès, et doii-iter une augmentation de 150 individus, malgré les misèreshabituelles de ce siècle de fer (2). 1)aiis la période (le 1030A 1011, ce qui frappe c'est la prédominance de la mort sur la vie.Les trois années successives de guerre et de peste avec leursquatre cents décès (3), - quatre cents décès en trois ans surune population d'environ quatre cents Aines (4)! - rompenttellement l'équilibre ordinaire que les I rois années suivantessont impuissantes à le rétablir. C'est en vain que 1639, 1010et 1(111 donnent ensemble un excédant de 121 sur les décès,ceux-ci l'emportent encore (le 100 sur le total des naissances(le cette péri-do.

Cependant après le temps d'arrêt (le 1636, où l'on ne compteque six mariages à Verdun, tant. l'existence de la famille étaitPrécaire, la force vitale de la société et de l'espèce humaine,si je puis ainsi dire, ne tarde pas m réagir énergiquement. l)éjà,en 1637, le nombre des mariages atteint à Peu près la moyennede la période de 1030-35; en 1638, malgré une troisième ma-

(1) En cette année les actes de l'état civil manquent pour les mois de mai et de juin.(2) Voir dans cette Rvu.e, vol. vi , 3' livraison, mars 183, p. 452.3) Le nombre porté dans notre tableau est 396, mais on se souvient que sur la fi

de l'épidémie de 1636, on n'en compta plus les victimes; nous sommes certainementloin d'exagérer en por;ant quatre dé.cs pour cette omission.

(4) Nous avons établi ces ehitires d'après l'état des feux en 1G3 ( y . eh. iii, p 43Revue, numéro de mars 1865), en prenant la moyenne tic cinq individus par feu, eten tenant, compte de l'excédant tics naissances moins cinquante habi,itits. très-faiblechiffre auquel lions évaluons les fuyards en présence de l'ennemi et le la peste.

I

- 1 6 -

nifesta (ion de la peste, nous en co mptons 1 1, chiffre exception-nel cille flOuS ne retrouvons plus dans tout le xvii 0 siècle.

Il nous a paru intéressant de connaitre quels furent les élé-rnciiis qui concoururent à la formation de ces divers nombres,ces éléments étant ceux qui reconstituèrent la population doVerdun.

Voici le résultat de IIOS recherches

Années MAETA(ES ON fll[ Totaux

roIIciis E irancrs à I

I'araisotnnes.hs ko ou. - L'époux seulI. - I r' ciou'ulorneiat

1 36

21 1 20

41 1 09

1 ;:is

31-1 124!

84 7 7

1(140

2 1 U17

I G 11

20 o 210

Totaux 3GIJ3029112

Ainsi, sur les 112 mariages contractés à Verdun dans celtepériode (le (1 ails, 36 seulement l'ont été ciii re \er(ltmois etVerduinoises,les7G autres entre des étrangers à la paroisse. Les29 femmes étrangères qui se marièrent à Verdun appartenaienttoutes à la Bourgogne, excepté 3, et. poilu' la plupart , à la ban-lieue de Verdun. Sur les 44 mariages de 163 il y cuL 22veuves.

Eu somme, (jans ces (1 années. TU éléments étrangers et 47familles ou noms nouveaux entrèrent dans la population denotre petite ville. En recheicliant les Provenances tie ces fa-milles, nous sommes parvenusà ét abiir que, sur ces 17 hommesétrangers à la localité, vingt étaient dit duché de Bourgogne et3 de lu F'mtielie4omnté: les 2 1 autrcsv enaient des provincesde Lorraine. de Burrois, l 'Alsuce, (le Gh;impague. de Picardie.rie Beauce. de Normandie, te ( iascogne. d'Auvergne. de 1)au-1liiijé t't lit' I 'rolel ire

Nous rcvieiidroïis bur ces mutations violentes et peu con-nues que les calamités publiques opéraient dans les popi1a-lions de notre vieille France.

La mortalité de l'épidémie de Verdun nous fournit une ob-servation importante sur l'immunité (but jouirent les soldatsde la garnison au milieu de ce foyer d'infection. Sur une po-pulation militaire beaucoup plus considérable que la populationcivile, nous constatons

En 163(135 décès civils.O décès militaires.

- 1637101-

163131

163942

- 161026-2-

- 161127-7-

Totaux ......18)-23-

Cet te prodigieuse illégalité s'explique par les conditions hy-giéniques, physiques et morales, toutes différentes dans les-quelles se trouvaien t ces deux populations. La populationmilitaire avait pour elle 1'tge. le sexe, la constitutiûn, l'inson-cLan('e • mie houle et suffisante alimentation, la populatiouicivile, au contraire, manquait de tous ces avantages. Quant àl'augmentation des décès des soldats après la cessation de lapeste à Verdun, elle tient à ce que cette ville était alors en-combrée de troupes, comme on le verra bientôt.

Dans bute la Bourgogne les témoignages contemporains ré-vèlenit les mêmes calamités que nous venons de montrer àVerdun, autant que la pénurie (les documents historiques l'apermis. Partout les gens de guerre, ennemis ou amis, traînent.avec, eux la famille, la peste, la mort, la désolation (1).

A Dijon. obt.ru4"c par la multitude des villageois qui s'yétaient réfugiés, « on trouvait tous les jours sur le pavé quai!-

l) M. Aiphonse Feiliti. ( dans sou ouvrage liju ciu, p. 3'i, 1 W" dOt. , u cousacr

une page û cette misère de lu 130111790gue. Pour rendre plus complet ce triste tableau.riousav ons puiséà (les sources différentes et donné des faits inédits.

3

- -tué tic morts et de mourants qu'on p01'tullt iidislmctemeiit eI1

terrer avec les pestiférés.... Le parlement cessa toutes audiencesen raison tic la maladie (1). »

Des scènes analogues se rél)étaidnt à Auxonrie, â Beaun',i Saint-Jean-de-Losne. û Chûlon, et dans 1)eaUCOU l) dauti'svilles (le la province. Les 'villages présentaient un spectaclemoins navrant; ils étaient tlesei'k. wli pur-courons-en quelques-ui

A llullv (2, cette bele 5elnctie des do loiitesus, IIcjue lionvons « Claude (laulin et vivait Cottier, esehevins, lesqueiz nous ont cv-monstré que la coinmunaulté dudit Ilully est excessivement chargée olobérée de tailles....letir estantimpossible de payer lesdites tailles en raisondu petit nombre d'habitants û présent résidentz audit RuI]y qui sont rest'sde la maladie contagieuse ayant régné audit lieu l'année dernière 1036, d-puis lii mois de juillet jtisqu'ù lit de ladite année. Duquel mal contagiell\seroient décédez plus de huit à JIeUI'viflgt personnes, entre lesquels seroi'rildécédez vingt ou trente des meilleurs habituns, ne restant présentementaudit lieu que quantité de VCUfVCS et pauvres orphelins, oultre que (là-huitfamilles sont dernièrement et entièrement éteintes par le moyen de laditecontagion.

D'ailleurs, que la guerre estant en ceste province u contraint la pluparl.des meilleurs habitons dudit liully de se retirer dans les villes tant doChèlon, Beanine, qua autres circonvoi sines.... Et de plus que lesdits hall-tans de Rully ont supporté quantité de logemens de gens de guerre, taelde cavallerie que infanterie, inesme la compagnie des gendarmes dc Mou-seigneur le Prince, celle de chevau-légers de M. le chevalier de Tavun',celle de M. le baron de Coppet, sept conipugnies du régiment de Contv etplusieurs aulires, ait moyen de qiioy ledit village dc Rully est présentementréduit à une extrême pauvreté et nécessité estant de tout impossible (lepayer les impositions qui leur sont données, ladite communatilté avant esté,iontraincte de l'aire de grandz empruntz de deniers la dite année 1636, tantpour la fourniture des pionniers et soldats à quoy elle a esté imposée parles sieurs Esleus que pour le soulagement (les malades affligés dudit malcontagieux (3:.

( l ) 13.lg.iitlet, lIist. des guerres des de ux !loiirquqe.s. ; OUU. du1. " partie. pM. l(ossignot, olu depoéiiser et d'enrichir son Ilistoire de Beau,', loiitno,LS avons

«ii déjà l'occasion <te signaler 'inexactitude (ltetnia. 15 septembre 1535, p. 'iSrapporté i cette ville les faits précités qui sont relatifs à celle de Dijon, et n conili,ense,i,t,ic les ravages de la peste de t28 avec ceux de Li peste de 136. Voirhistoire, p Io', et celle de i'im Gaielot, p. lOti et. 1'5 n- 1", 12.

Orant et beau village, riche par ses vins estimés compte aujourd'hui 3mi-scias et 1002 liiliil. Canton de Chagnv. urrond. dc Clirdnn .sur Sucre, (5itne-et-Lciire).

u lo-srllr,'ra lii ivuillLtr lvut tri l'err':, no:H

- 19 -

Nous avons dé là vu les Croates à ['oeuvre dans Bragny lesregistres (les délibératioiis des Fins (le Bourgogne vont nousap)l-endre ce qu 'était devenu ce riant village vivifié et illustrévir leor des, Thiards.

Veii lii r-e lueste des habitans du village de Bragny et la Barre à ce qu'encorisiileraijon des grands ravages faitz au mois d'oust dernier et de l'incen-die desdits villages par l'armée des ennemis, depuis lequel temps la pesteavoit l'ait mourir les liabitans qui s'y esloient retirez, ils soient déchargezde toutes tailles pour dix années; procès verbal du O septembre dernier, deJean Bulot, notaire royal è Verdun, juge en la Justice dudit Bragny, desmaisons et granges brulées audit lieu pu: lesdits ennemie, après avoir eifl-mené tous les grains, meubles et bestail et tué audit Bragny grand nombrede personnes, attestation faicte par devant ledit juge, le 9' du présent moisde décembre quo ès ditz villages de Bragny et la Barre, il n'y reste presqueplus aucun habitant â cause de la peste, les dits Eleuz ont délibéré que les-dits habitans de Bragny et la Barre ne seroierit compris aux tailles et im-positions pendant les deux prochaines aunées que pour un feu 1.

A Pierre, autre riche baronnie deS Thiatils. l)1US de huitcents habitants, tant du village que des enviions, polit- s

soustrairee au fer des ennemis, s'entassèrent (huis le eli-iteauLa peste ne larda pas à s'y décliner, et en trois niois elle tuaplus tIc deux cents de ces malheureux (a).

Nous disons seulement les noms tIcs victimes, nous mdi -(jtt011S leurs souffrances en deux ou fi-ois mots, donnons quel-ques détails Bèze va nous les fournir.

Bèze (3), situé sur les confins de la Champagne et de laBourgogne, était un gros bourg fortifié, presque une ville, quel'industrie rendait florissant. On ,y remarquait un clntçau, uneriche abbaye, deux églises . des forges, des tanneries, desMoulins, une tuilerie et in w pape t en e.

royal, lieutenant et juge ordinaire en lu justice du dit Rult y. - Archives commun.le HulLy.

(1) Archives de Bourgogne à Dijon, - Dans un procès-verbal (lu redressement dusigne patibulaire de Bragoy. le '7' jour du mois de juin 1607. nous comptons dans leeul village de Bragny soixante-et-onze chefs de famille préaents à cet acte--Manuscrit

de notre collection.2) Pontus Pyot, curé de Pierre, relation manuscrite déjà citée. — Pierre, aujour-

Ibut chef-lieu de canton de l'arrondissement de Louhans (Saône-et-Loire).(31 Bèze, canton de Mirabeau, arrondissement 'le Dijon CMe-.d'Or).

- '20 --

Lnriiiéc 1c Galas, et celle du roi de. France, commandées pal'le cardinal de La Valette et le duc (le \Veimar, logent tourtour ù Bèze aux mois de septembre et de novembre 103G. Ceque FLirte u laissé devient la proie de l'autre; la peste se chargedes habitants que les soldats n'ont pas plis la peine (le I iii.'i'

Bèze a presque disparu. Tous ces faits sont consignés en détaildans un acte que. nous avons entre les mains, et (iOflt voiciquelques extraits (1)

Cejourd'huy, septième jour du mois de I'ehviier 13;, à Besze, en l'hos-lei et pardevant nous, Hector Amiot, juge et lieutenant ordinaire au bail-linge dudit lieu, n comparu M' François (3osselin, substitut (lu procureurfiscal audit bailliage, lequel nous o supp!ié qu'à l'exemple des voisins duditBesze, vouloir dresser` procès verbal touchant les désordres arrivés par lefaict des ennemis de Sa Majesté, venus en ceste province et frontière l'annéedernière en ce dit lieu de Besze. À ((uoV inclinant nous a yons mandé et fuitcompuroir devant nous les honorables Florent Barbey et Pierre Quentin,procureurs et eschevins dudit lieu de lteszc, ladite année dernière et encoreNicolas Virot et Crestien Cocqueret qui sont à présent en ladite charge,desqudlL uir les inlerrogat.z par nuits faiciz, nous aurion& appris ce ques'ensuit

Premièrement, que la belle-mère et les deux enfants de Pierre Picquelsont décédés la dite année IO36 d'une grande maladye, de la quelle leditlieu de Besze fut affligé après le délogcment de l'armée du Roy, même celledes Suédois ayant séjourné dans ledit Bcsze, quatre jouis et quatre iiuictzsur le commencement du mois (le novembre dernier, et lorsque l'armée desennemvs rcloiirnoit du siêge de Sninct-J(hau-de-Losne, ayant ledit Picuetperdu deux chevaux, l'un emmené pur lesditz Suédois, et l'autre mort de-puis le délogement faulte de nourriture, pour ne luy avoir, lesdits Suédôls,laissé aucuins grains ny foings....

Que Jean Denommot, le jeune, qui labourait avec deux chevaux, a perduses deux cltevaux pour luy avoir esté emmeié pal' lesdits ennemis ou Sué-(lois..., et sy aussi n perdu tous les grains de son labourage et ses meilleursmeubles au logement de ladite armée, mesine environ soixante moutons etCinq OU six vaches.

Que Nicols Jaquinot, sa femme et ses deux enfants, sont décédés de lesusdits maladie et perdu par le moyen du logement de ladite armée sept ouhuit vaches et ses aultres meubles....

Que la femme de Pierre Quentin et deux (le ses enfants sont décédés de latnesrne maladye, faict perte (le deux chevaux et de cieux boeufs dont il fui-

(1) 1'rocis-verbal en date du ' février 1c37, sur l'état du bourg de llèze après lepassage de limée ennemie et de celle du roi, en 1036, Manuscrit eutogr.1ie signé'12 feuillets in-folio. - Collection de l'auteur.

- -

soit, une bonne charrue ayant esté enlevés pendant la dernière semaille desbledz par les ennemis ou Suédois et sy dans le logement de l'armée du Roy,il a perdu plusieurs grains cl foings qu'il avait en sa grange, sept ouhuit vaches, quinze ou seize brebis ou moutons et pluieurs aultres meu-bles.

Que Jean Amyot, cordonnier, et sa femme, avec deux enfants qu'ilsavoient sont décédez de la mesme mahadyc, lu plupart des meubles des-quels ont été perdus au logement de ladite armée du Boy.

Que Claude Guay, cordonnier, fut tué en sa maison par les Suédois, safemme, depuis décédée et rang de ses fils, et faict perte, audit logement,de tous les grains et meilleurs meubles de sa maison, notamment les cuirset souliers dosa boutique.

Que semblablement André Roux, manouvrier, et sa femme sont décédezde la rnesmc maladyc et deux de leurs enfants, ayant délaissé un jeune en-fant mineur, sans aulcuns moyens, lequel mundye sa vie.

Que Richard Perre y , laboureur, a perdu de ladite maladyc trois (le sesenfants, a esté prins prisonnier par les ennemys et conduit en la ville de(Jrav, ayaiit paé pour sa ransson six-vingt livres, -oultre quatre chevauxavec lesqueiz il labouroit une bonne charrue qui luy ont esté emmenés parles ennemys et sy au logement de ladite armée du roi, il u faict perte dequantité de grains qu'il avoit, de toutes ses vache:;, moutons et foin, oullrele vin qui luy u été heu et la plupart de ses aultres meubles perdus.

Que Jelian Quantin, charron, et sa lemme sont décédés de la mesme ma-ladye, nu de leurs fils tué par les enncmys.

Que Richard Boulot, charpentier, et deux de ses enfants sont décédésde ladite maladve et n'a délaissé aucune chose vaillant à sa vefve et è deuxenfants qui lui ont survescu, lesqueiz mandyent leurs vies.

Que Maistre Pierre Thonnelier, praticien, est décédé ayant délaissé quatrepetits enfants mineurs qui se sont retirés çà et lù, tout son bestail ayantesté perdu audit logement dc ladite armée, à lu réserve d'un boucq et dunechèvre.

Quo Mienne Perreau, laboureur, a esté tué par les ennemys au finage du-dit llesze, lesquels eunemys iuy prindrent et emmenèrent lors trois chevauxdont il faisoit une charrue et oultre quatre boeufs..., que depuis sa mort safemme est aussi décédée de la maladye qui n régné audit Besze, au départde l'armée du Roy, au logement de laquelle la plupart de leurs grains,vin, meubles, et mesme bestail ont esté perdus et entièrement leurs vacheset moutons....

Adjoustent les diets sindicz....que pour les années suivantes, le seigneurabbé pourra encore avoir un plus grand iutérest à cause que n'y ayant aul-eun bestail audit Besze pour labourer les terres, le finage demeurera euchaume et friche, et qu'auparavant lesdites guerres, il y avait audit l3esze lenombre de trente charrues, tant de chevaux que boeufs, et à présent il nereste de hiestail que pour taire trois charrues...

Et que au lieu qu'il y avait audit Besse cent cinquante feux, il n'y en u

Plus que cinquante trois. u t si pour aujourd'hui, il y a encore plusieursmalades.

Dient aussi lesdits sindiez que la communaulté a esté contrainte de s'en-gager tant l'année dernière que l'année présente, pour raccommoder les mu-railles et portes de leur bourg..., et si les particuliers habitants ont, beaucoupengagés envers plusieurs personnes.,..

Ces sombres récits (levicunent plus lugubres encore; ilsnous apprennent que les Suédois de l'armée du roi de Francepénétrèrent dans l'église paroissiale de Bèze où les habitantsavaient renfermé leurs meubles et effets les pins précieux, etpillèrent tout ; que ces dangereux merceiiwres iucen(lièrdnt lesvastes métairies de la Grande.-Ronge et des Brosses, balles enpierre et couvertes en tuiles, ainsi que le gros haiiieau tic Clic-vignv. Avant la guerre ou comptait, dix-huit feux et unechapelle. Le O février 1637, les officiers du bailliage de Pèze,après avoir reconnu « (k'ulairemenl les p ineS iw/it C.herigny, »mandèrent les habitants sur la place publique. Ceux-ci s'yrendirent tous; ils n'étaient plus que quatre

Cette, enquête faite au milieu des ruines désertes de Pèze etde ses environs, forme un dossier de quatre-vingt-trois pagesiii-folio toutes remplies de pareils tableaux.

Nous ne poursuivrons pas plus loin cette lecture : raconterou entendre tout ce que nos pères ont enduré' au-desus denos forces; aussi n'avons-nous soulevé qu'un petit coin duvoile funèbre qui couvrait alors non-seulement la Bourgogne,tuais encore la France et une partie de l'Europe.

Chose étrange, cette peste (le 103( qui a frappé tant d'in-Iiocentes victimes en France, qui u fait l'objet de nombreusesétudes scientifiques (I). cette peste, dont la poésie nous a dé-

) Mentionnons seulement, les ouvruges médicaux suivants, qui nous revileni iLe-tensntd de cette épidémie en inncme temps que son existence en Italie, «ni Suisse, ciiAtiemzngiie. eu IlIlollaihiC et en Angleterre. (e,'Caj,n directions fur tue cure of the piajueçznd pravciili,iO tue :nfecliun. (Instruclions certaines pour gudrir lu peste cl prévenirl'infecttoo) Londres, I 63d. - Cu na . T,ait,i de la peste; G enève,, - A n-selmi (Haptists, Opera net quo si dkhiara cesscni;a delta peste, ()uvrac danslequel on tait coonaitria lessunice ile la peste) Gênes, itus - 13uchoiitis. Graiio derenenoso eco taqicnne 'j nom pestcn''''a in u s t ix, u, 1fr 8. - Djçni e rbrni'c h 1 I al ra nid us

- -

1)01111 les horreurs (I), ii été oubliée par nos historiens. Le doc-teur Lassis, dans ses notes historiques et chronologiques surles maladies épidémiques les plus mémorables (?), la signaleseulement à Nimègue et à Londres. M. A. Le Pileur l'ometdans son tableau des épidémies observées en Franco (3).M. ltcuri Martin, eu général si complet et si exact, ifen ditpas un mot (4), et M. Michelet, qui trace en traits de feu l'im-mense misère de cette époque, garde le même silence sur cettepeste tout à la fois l'une des causes principales et des eonsé -quences de toutes ces misères (. Un historien, M. AlphonseFeillet (de Paris), seul n'a pas manqué de combler cette lacunedans un livre justement remarquée dont nous avons maintesfois constaté la consciencieuse exactitude (G).

Quoi de plus digne, en effet, des méditations de l'histoire, queces fléaux, produits funestes des fautes, (les vices et des crimes(les gouvernements, et que l'humanité attire sur elle-môme,tandis que souvent il serait en son pouvoir de les conjurer.

Nous avons vu la peste succéder à la guerre dans Verdun,nous allons les y rencontrer toutes les deux.

Le prince de Coudé qui, au moment du péril, en face del'invasion étrangère, avait laissé cette ville sans aucun secours,la remplit de soldats aussitôt que l'ennemi l'eut évacuée. Dèsle 20 septembre, nous y trouvons 'n permanence « sept compa-gnies de gens de pied du régiment ilu sieur de Castelmoron,(lit le régiment de Vivarais, estant eu garnison pour le service(lu Boy. » D'après les ordonnances (les Elus et sur les états

De peste libri quatuor; Arobeim. 1611.11 avait observé et combattu cette peste eu 1636et 1637. h Nimègu e , où elle fit de grands ravages.

(1 Fabricius (Vinceutius) . Poenia de stnpcndo casu, qui in tioliandia, tentporepestis conligit; Hamburgii. 1636.

2) Voir de cet auteur l'ouvrage intitulé CaucS des maladies épidéntiques, moyensd'y remédier et de tes prévenir. eec., Paris, 182, in-8'.

(3) Géographie médicab d3 lu France; in Patria, la Franco ancienne et moderne,.lSfl, col. 1422

(1) histoire de Fronce. t. xi. 4' édit. 18'1.(5) Histoire de Franco au dix-septième siècle, - Richelieu et la Fronde. 2' édit. 1832.«; j Voir La misère au temps de la Fronde, ou Une page de t'liislwrc du paupérismo

en France, Paris, 1863, 2' édit, page 25 ci 20.

dressés et signés par M. le Prince, le receveur général pavaitchaque mois plus (le 3,700 livres pour la subsistance et aj)-poinclernent desdites compagnies.

Elles avaient pour capitaines les sieurs de Beauregard, deThisv, (l'Arljan, de Pleignv, de Saint-Ligier, Pupinel et I)ussy.Le roi nomina pour gouverneur (le la ville noble Nicolas dcCliantemesle, aide (10 camp de. ses armées. Lo sieur de laChapelle remplissait les fonctions (l'aide-major (I).

Verdun, dont Coudé avait méconnu l'importance, devint alorsl'objet de toute son atteni io, condamnant ainsi Ini-même saconduite passée par sa conduite présente. Il lit I rrivailler avecla plus grande activité il SOS fortifications', ci ('anime l'argentmanquait, il avanra dix mille livres (le ses ppres deniers (z),tandis qu'il demandait instamment i la province, pour la méinedestination, une somme de cent mille, francs. Mais la caisseprovinciale était û sec. Le receveur général ayant transmis lademande (lu prince û messieurs 1s Elus de Bourgogne, « ceux» ci, considérant que lesdites forlilications (le Verdun impor-

taient. û la conservation (le la pi'oviiice, décidèrent que le• receveur emprunterait ladite somme dont les intérCts lui• seroient payés (3) (5 septembre l(;(p.

En moins de quai re mois l'argent de la paiivi'e Bourgogneavait été absorbé par les seules dépenses (le la garnison et desfortifications de Verdun.

« Le 14 décembre, les Eleuz (les Eslaiz avant donné mande-nient û M' Gilles Bertlie, receveur général. l)OF le pa'iuentde. la garnison de Saint-Jean-de-LOstie, celui-ci s 'excusa defaire ledit payement faute (le fonds (4). s

Les Elus, pressés par les capitaines (les ré giments de Conty

( 1 ) 1-ngktre de l'état civil de Verdun. Archives muTiicipzdes. - Mariieinent desélus â M' P. Forneret, receveur général pour l'entretien des garnisons lie la ville deVerdun. - Archives de Bourgogne i Dijon.

2) R egistre des délibérations des Élus 14 ikcemhre 163). - Archives le Bour'o-gue i Dijon.

(3) Délibération les Elus le Bourgogne. Copie manuscrite. Bibliothèque de M. lecomte Ed. e Lu Lovire, au ehâleau de Savignv 1( te-dOr).

(l Registre des li hiu t ii s 1 ca E lus. - -- Archives l lion rgogn.. il ii (J n.

- -

eu garnison ù Salnt-Jeall-de-Losne, et de Castelmoron û Ver-duit, ainsi que par ceux (les milices qui réclamaient leur solde,étaient dans le plus grand embarras. Le prince de Condé, netenant aucun compte des besoins de la province exténuée, vintencore augmenter les difficultés (le cette position en exigeant,avant Nol,—oii était au 14 décembre, —la somme de cinquantemille livres, don gracieux que lui avait fait la dernière assem-blée des Etats, plus celle de trente-deux mille livres pour sesgarnisons: eiitiii le remboursement des dix milles livres qu'ilavait avancées pour les fortifications de Verdun. Il fallut re-courir à un emprunt, afin de faire face aux plus urgentes de cesdépenses (1).

Mais les charges, les misères, les souffrances de la Bourgo-gne croissaient sans cesse et ses forces allaient toujours endiminuant. Sur ces entrefaites elle av.it kê, envahie do nou-veau et mise à feu et à sang par l'armée impériale des confé-drés, forte d'environ quatre-vingt mille hommes (2), tandis quedans le même temps les soldats du cardinal de La Valette etde Weimar, envoyés pour la protéger, rivalisaient de cruautéavec les ennemis, pillant, brûlant comme eux les villages etmême des villes (3), égorgeant (les femmes et des enfants jus-que sous les murs de Dijon (4).

(1) Registre des délibérations des Élus (14 décembre 1636). —Archives de Bourgo-gne à Dijon.

(2) Ce nombre s été augmenté par les uns, diminué par les autres, et fort discuté. 11est certain que cette armée s'élevait au mois à quatre vingt mille individus en ycomprenant la foule des femmes, des valets, des charretiers et (les pillards qu'elle trai-nait à sa suite, et (lui ne faisaient pas moiis de dégàts dans les campagnes que les sol-latseu-mêmss.D'après le témoignage (l'un sieur Morendet, Dijonnais, achat (le for-tune qui servit dans celte armée, et les rapports des prisonniers, il n'y avait pas moinsde vingt mille personnes et bouches inutiles . ( Campagne de Galas en Bourgogne, re -lation du temps. Copie do M. de Migicu d'après les manuscrits (le M. de Foutette, --Voir aussi Do la Mdre. de RePu Uurgund)co, p. 19 -- Béguillet, ouvrage cité, p.183.— Revue des deux Bourgognes. -- .Siege de .Sainl-Jcan-de-Losne, par M. V. La.'dcv, ,, iii. p. O6.

(3) i .J'oubliois de (lire que le duc de \Veymar avant logé à Noya par ordre de M. lePrince pour empesch.r qu'au casque l'ennem-v prit Sainl-Jean-de-Losne, il necât plus avant dans le pays, sôrtit de Nuys avec quelques troupes. Mais le lendemainle reste de ses troupes pilla le dit Nuys, les maisons particulières et l'église, e Campa-gne de Galas, manuscrit déjà cité.

(4)Registre (les délibérations de la ville de Dijon, 21 octobre 1636. - Archives muni-

-

Ces biches brigandages exercés contre des populations amieset inoffensives, quelques combats insignifiants qui n'eurentqu'une influence très-secondaire sur les opérations de l'ei-nerni, telles furent, eu Bourgogiie, les prouesses de trois arméesro yales, (lites franaises, ayant à leur tête l'un des plus grandscapitaines du xvii° siècle, un prince du sang franeais etmême mi prince de 1'Eglise.

Le patriotisme, les vrais soldats de la France n'étaient pasdans les rangs (le CCS bandes indisciplinées et affamées do pil-lage, mais parmi ces Bourguignons de Verdun, de Mire]ieau, deSelongey, d'Àuvillars et de Saint-.Jean-de-Losne qui défendi-rent pied à pied le sol (le la patrie, arrêtèrentl ' ennemi et quil'eussent anéanti avec le concours des armées du roi (I). Ceconcours n'arriva jamais 'i point cL fit souvent défaut dans desoiijonc.tures capitales (2), comme celui de Condé à Verdun, (le.

La Valette, et de Weimar à Mireheau, qu'ils laissèrent saccager;on a vu comment ils protégèrent Bèze ; les trois armées royalesn'empêchèrent, aucun (les assauts de Saint-Jeaii-de-Losne, etsans l'héroïsme des citoyens de cet Le petite ville, llantzaw yeût été reçu par Galas, et Dieu sait comme....

La dévastation (le la contrée ., où il ne restait plus rien à

cipales. -- « .On se souvenait, dit M. H. Martin, des suites funestes qu'avaient eues enBelgique les violcii".es de la soldatesque il fut enjoint aux soldais sous les peines lesplus sévères de se conduire dans les campegnes comme en pays ami. w 11716. -- ilistuirede France, p. 418, t. xi. 4' édit. Il etit fallu due que ces ordonnances, comme la plupartle celles de ce temps-Ii, restèrent sans aucun effet. C'est ce que nous prouvons.

(I) Nous avons signalé dans notre Lettre sur (es richesses historiques rie la Buurpo.gne, p '7. 8 et 27, cotes 10 et U; Paris, A. A ubr y , 1559, -- ' édit, in-f.", -- l'injus-tice ou I ignorance de presque tous les historien:, envers Ssiut-Jenu-de . Losne. Malgréde nombreux et irrécusables témoignages, la lumière a grand'peine à se faire sur cebel épisode de notre histoire nationale. Les lignes trop concises que M Il. Martinlui n accôrlé, n'en donnent qu'une bienfaible idée :II,et. de Frnee. t. xi. p. 457, 4'élit.) Quand ii M. Michelet. si capable de comprendre le dévouement patriotique desl.ûnois, il le dépoétise et le réduit presque à rien, il présente, à tort, Galas commaaifabli dis la début du siée, et il y fait jouer à Rantzaw un rôle quo la vraie histoirene lui assigne pas. Cette appréciation en amène nue autre non moins erronée. Lanation était déshabituée de la guerre (p. 118). ' L'i conduite (les Bourguignons et desFrancs-Co;ntois dans la guerre de 163t7, prouve suriubonLurninent le contraire. VoirMichelet, flisi. de France nu xvii' siècle. Richelieus et la Fronde, p. 11'7, lit. - -Béguitiet, car, cité, 2' part. eh. ix, et notre Lettre précitée.

12) Voir Ilôgnillet. ouv. cité, 2 partie, p. 541,67 et surtout 2'27.

(ire, et la force de la petite place de Verdun en éloignèrent l'en-nemi, qui se porta, comme on sait, entre Dijon et Saint-Jean-de-Losne; mais les malheureux Verdunois, qui avaient si grandbesoin de repos pour guérir les profondes blessures de la pre-mière campagne de 1636, durent encore essuyer une partie desmalheurs de la seconde, qui se traduisirent pour eux en loge-ments de soldats et en nouvelles pertes, charges et impôts deguerre. Cette cruelle position était celle de la province entière.Les Elus résolurent de convoquer une assemblée extraordi-naire composée d'un représentant (le I'Eglise et de la noblessepar l)ailliage, et d'un député de chaque ville, pour aviser à quel-ques I)alliatis et surtout aux moyens (le e aire subsister lestroupes avec ordre et d'empescher ]es ruines et ravages; » maisils ne savaient en quelle ville réunir cette assemblée, ni coin-ment faire tenir « seurernent les lettres de convocation, à causedes gens (le guerre qui sont espancliez par la province, et desvoleurs qui détroussent les passants (1). »

Ainsi finit, comme elle avait parcouru sa carrière, dans lesang, dans les irlCCfl(lieS allumés pal' les soldats, dans les mortscruelles (le la guerre et de la peste, dans les larmes (le toutesles douleurs, celte année 1636.

M. Michelet la nomme s la terrible, année de Corbie (2). »

Pourquoi ce sobriquetSi tant d'horreurs ne nous rendaient presque indifférent pour

la plus pure de nos gloires militaires, nous nommerions 1630 laterrible année (le Saint-Jean-(Ie-Losne, rappelant ainsi à tous,au lieu d'une lâcheté et d'un revers, le souvenir du patriotismeet de la bravoure couronnés p" la victoire.

L'année 1637 fut, comme la précédente, une année de guerrepolir Verdun. Mais les rôles changent, nous sommes les en-vahisseurs et les victorieux (:). Ce (lui flC change las c'est la

1) Registre des délibérations des J1us,-. '7 novembre 1636. - Archives de Buur-gogue à Dijon»

(2) Jfisl. de France au xvIi' siècle, ch. ix, p. 151, (1882).Nous rl [,pel1er)ns ici que 1'llisoi,'e des guerres des deux Bourgognes par Bd-

guillet, s'arrête à l'année 1826. Toute celte partie de notre travail est neuve etinédite,

- -

rapacité, lindiseipline, hi cruauté de la soldatesque, ce sont lesmaux qu'elle fuit SOuilLir aux populations, c'est la misère gé-

nérale; je me trompe, elle change (le niveau : elle monte tou-jours. Pouvait-il en être autrement, avec la guerre sauvage dece siècle barbare. Guerre sans repos ni trêve, que les plismauvaises saisons n'interrompaient pas. Avant la fin di' janvier1037, les ennemis avaient déjà pénétré quatre Ibis dans leduché (le Bourgogne, fait une tentative infructueuse contre lechâteau de Pierre, assiégé et pris celui d'Autumes (qu'on leurreprit le lendemain), et brûlé entièrement ce qui restait (le lapetiie ville de Bellevesvre, dont ils emportèrent l'horloge ettoutes les cloches (1).

Au mois (le mars, le duc de Longueville inaugura ses succèsen Comté et une longue série (le cruelles représailles par laprise et l'incendie de la ville (le Saint-Amour. Les ennemis yrépondirent aussitôt en brûlant le village de Marcillv-sur-TilIeet le bourg (le Tahnay « avec tous les hahitans qui s'y étaienttrouvés (2). »

Les soldats du roi catholique, comme ceux (lu roi très-chrélien,choisissaient volontiers les grauides fêtes de l'Église Pourquelques expéditions militaires que signalaient toujours (l4

cruelles exécutions. Un jour de Fête-Dieu, le duc de Longue-ville, qui venait de prendre le château (le Chaussin, fit pendrele capitaine à la porte en compagnie de quelques-uns de sessoldats.

Cette mort ignominieuse était réservée à tous les comman-dants de villes ou de châteaux que le sort des armes ne favo-risait pas. Quand, par extraordinaire, l'ennemi leur laissait lavie, ils étaient mis à mort par les leurs. Ainsi le capitaine quicommandait dans le elnlfeau de Vadans pour les Français ayantcapitulé, faute d'eau et de farine, après onze jours de siége, fut

(1) Relation historique du curé Pontus Pvot. Manuscrit déjà citr.(2i Registres des déibératioiis des Elus rie Bourgogne, Mss. le la biblioihque

du château dc Savignv, â M. le comte E 'l. rie La Loyre.

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coiitluit pl'isoluhiel' à Chûlon-sur-Saône et pendu pour s'êtrerendu trop !âclicrneiit (1).

Tout ce carnage se faisait à quelques lieues de. Verdun, qui.par sa forte position sur la lisière de ces champs de bataille,avait forcément reconquis sou ancienne importance commeplace de guerre.

Ait Nicolas Bouton de Clianteinesle, aide decamp des armées du roi, mort de la peste ù Verdun le 17 sep-tembre 1637 (2), avait succédé messire Gilbert (le Montmorin,seigneur Je Moutaret et le Châtelard, alors premier capitaine,et depuis lieutenant-colonel ait d'infanterie du princede Conti. 'Une partie de ce régiment vint prendre garnison àVerdun, où nous voyons ensemble les compagnies de MM. deBassompierre, de noble Hector Latour de Croisson, du baron(le la Cîayette, du sieur Desgouttes, sans préjudice de celle dugouverneur, forte tic soixante-douze hommes, et de trois corn-pagilies franches commandées par MM. de Torcy, de Cli1us et(l'Agencourt (3).

M. de Montaret fit achever les travaux de fortification com-mencés sous son prédécesseur; il en avaitavait reçu commissionspéciale du jeune (lue d'Engiiieu, qui tenait en Bourgogne laplace (le sort et. (le M. d'Orgèi'es, intendant de cette pro-vince. Le 12 juin 16;S, il adjuge à Jean Demongeot, maîtremçon de C1iti11ori-sur-Seine, résidant à Verdun, oit avait«j à ci-devant esté employé ait des fortifications, » lafaçon et la pose (les palissades qu'il est nécessaire de mèttre

(J) Relation du curé Pontus Pyot.(2) Il fut inhumé dans le choeur de L'église paroissiale, ou ion voyait encore sa tombe

eu commencement du siècle dernier. Il portait pour armes, d'or au chevron d'azuraccompagné de trois merlettes de sable. II était étranger à la maison de Bouton deBourgogne, sa famille appartenait à la Nortoandie. Puillot s'est trompé en fixant samort à 1638, ci eu disant que au tombe était au cimetière de Véglise Saint-Jean -Voir P. Paillot. Histoire généalogique des comtes de Chamifly de ta mai50?. deBoulon, préface. - Registres de l'Lit civil de Verdun — Archives municipales.

() Registres de l'état civil de Verdun. -Archives municipales. —'Esta L des sommespayées pour lu subsistance (les troupes tenans garnison pour le service du roy danslas places frontières (le la province. - Archives de Bourgogne et Dijon, délibérations(les Élus).

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aux foussés (le ladite ville.., bien garnies et chevillées, ainsi quela réparation des breschcs des parapets, conformément à ladélivrance qui lui en avait été fluite eu présence du sieur Gaii-thier, ingénieur clii roi en Bourgogne (1).

Dès lors Verdun fut l'asile des malheureux habitants d'alen-tour dont les villages et les bourgs étaient détruits ou occupésPar l'ennemi . C'est là un point véritablement important de sonhistoire qui devient celle de toute la contrée. Cette petite villedut encore à sa position et à la force (le SCS murailles l'hon-neur d'être choisie par les lins du comté d'Auxonne pool'leurs assemblées pendant les années 1037 et 1038 (2).

Si nous faisions de cette vieille histoire-balaille avec. laquelle011 il étourdi et grisé si longteinps les malheureux peuples etmasqué la vérité, quelle belle mge IIC composerions-nous passur le Verdun de cette époque. Nous le montrerions, grûCC àl'active sollicitude du prince gouverneur, renaissant de sescendres en quelques mois, relevant, comme pi.ir enchantement,ses remparts en ruines et occupant l'un des premiers rangsparmi les petites places fortes de notre frontière de l'Est. Nousdépeindrions lu sécurité et le calme réparateur dont jouissaientCIllin ses habitants protégés par mue puissante garnison, à latète de laquelle ils étaient fiers (le voir l'un des plus noblesgentilshommes de France et n'ayant d'autres soins que de fèter,lors de leur séjour à Verdun, les troupes victorieuses de Lon-gueville, (le Feuquières, de la Motte-Houdancourt, de Gué-briant, de la Meilleraye et de Saulx-'I'avanes.

Nous nous féliciterions de voir notre ville désignée cammeun lieu aussi sûr que commode pour le dépôt des blés desti-nés t l'approvisionne ineiit des places conquises au comté surl'Espagnol, et choisie pal' M. Henri de uulx-Tavanes, mar-

(1) Marché pour les travaux qu'il convient (te faire aux fortifications de la ville deVerdun; fait et paisse audit Verdun, au logis du sieur de Montaret, le 12' de juinManuscrit original signé: Montaret. - Collection bourguignonne (te l'auteur. - Leprix da la toise de palissades était de 9 livres pour chaque toise de '7 pieds 1/2 de roi.sans la fourniture du bois que l'adjudicataire (levait alter couper et chercher, à sesfrais, dans les bois du roi, à Sauinières et à Charnov.

12) Registres mu comté dAuvotine. - Archives 3e Bourgogne, à Dijon.

Mil

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quis de Mirebeau en Bresse, vicomte de Lugny, seigneur deSully, d'lgornay, du val Saint-Julien et autres places, capi-laine et gouverneur de la ville et (lu château de Talant, maré-dial des camps et armées du roi et son lieutenant-général enBourgogne, pour son quartier-général (1612) (1).

Certes, tous ces faits ignorés, que nous venons de grouperun peu artistement, pour la première fois, se sont bien réelle-ment accomplis û Verdun ail siècle; mais ce que cette miseenscène historique ne montre pas, ce qu'elle cache dans lescoulisses, c'est le prix que les Verdunois ont payé cette petiteplace sur le théâtre de la guerre, c'est ce qui leur en u coûté pourvoir (le près ces drames militaires et pour avoir donné l'hospi-[alité à nos armées victorieuses.

II faut s'en souvenir, c'est quand la peste les décimait, c'estlorsqu'ils n'avaient pas un morceau (le pain à se mettre sous ladent et pas un denier pour en acheter, qu'ils étaient obligés depourvoir abondamment à la nourriture de cette garnison en-voyée pour les garder contre l'ennemi après qu'il leur eut toutenlevé. Pour juger (le leur affreuse situation, il faudrait lire lescinq requêtes suppliantes qu'ils adressèrent dans le cours de laseule année 1637 aux élus de Bourgogne et au prince de Condé(lui écrivit lui-même en faveur des Verdunois aux Élus. Ceux-ci«ayant esgard aux grandes pertes par eux souffertes en l'annéedernière à la prise de ladite ville par les eiiuemys de l'Estat,aux grands debtez esquelz elle est constituée, ceux qui lui sontdeus par la province à cause (les diverses dépenses fourniesaux gens de guerre, et qu'elle continue encore du présent etautres considérations, » tirent compter aux échevins et habi-tants de Verdun et Saint-Jean 1,500 livres une fois, 2,000 livresune autre, en tout 3,500 livres, sur 23,772 livres qui leur

(1) Registre des délibérations des Iflus. - Archives de Bourgogne à Djon. -Ordonnance autographe signée Itenry de Su1x-Tat'unes au garde général des

munitions de guerre de Chlou, de délivrer prisantement la quantit de quatre censlivres de poudre, dutout le pion et sis cens livres de mesche, pour estre employéesà munir les places que Sa Magesté tient au Conté; lait à Verdun, ce 9 avril 1612. a

Manuscrits et Autographes bourguignons. - Co!1etkon J.-P. Abel Jeanriet.

*

-- :.étaient dues, qu'ils ava ient avancées pur le srvicc du roi etdont ils pa yaient les intéréts (1).

Voilà comment, sous l'ancien régime, le gouvernement faisaithonneur û ses engagements.

Pour cet approvisionneuie,iit des places conquises dans leComté, l'intendant de Bourgogne, en vertu d'un ordre du roi.frappa sur toutes les communautés des bailliages de Bijou, de.Nuits, de J3eaune et de Cliiloii, - on sait l'état où elles étaientréduites, - des corvées de chevaux, chars, charrettes, et desacs pour conduire les bleds û Auxonne, d'Auxoiine û Verdunet (le Verdun dans les places (le la Franche-Comté.. Cette chargeétait ruineuse, accablante pour la Bourgogne et au-dessus deses forces. Les Élus se transporlèreiit. vers le jeune duc d'En-ghien pour lui exposer le grand dommage qu'une pareille me-sure causerait û cette, Pauvre province et le supplier de l'enpréserver, ou du moins d'ordonner que les frais qu'elle iic.es-suerait fussent pavés, « ce que ledit seigneur n'a voulu accor-der (2). »

Cette armée du duc de Longueville qui, û deux reprises.traversa la ville et le territoire de Verdun et y campa six se-inaines , était si près du pays ennemi. qu'elle s'y crut encore. Cehit presque une nouvelle invasion (le Galas; elle traînait aussi lapeste û sa suite. Elle effondra les bateaux qui desservaient lesbacs (le Verdun (3). A Ciel, elle brûla les granges remplies des

1) Registre des délibérations tes Élus de Bourgogne, juin, juillet. décembre 162').- Archives de Bourgogne, li Dijon. - Traité passé le 1- février 103, entre leséchevins et habitants de Verdun et de Saint-Jean, d'une part; et messire Louis deTyiirl, écu y er, seigneur ils Brapnv, la Barre, Dumers y , etc,, d'autre par lequel leditseigneur se charge de poursuivre le reuiboursemeut et d'acquitter les dettes contractéespar les habitants, pour l'entretien des garnisons. - Manuscrits et Autographes bour-guignons. - Collection J-P, Abel Jeandet,

2) Registre des délibérations des Elus, avril 1612. Arhivcs le Bourgogne, ii Dijon.(3 Par transaction entre M' I'. Diiblan . prètru. chargé des affaires du comte (laVer-

du ii • et la veuve de (J u dIeu tue H0 uso n, fermier du port de Chu u vert, il lui fut dirai -nué 100 livres sur L prix de sa terme, j iotir les années ii9 et 1610, en raison de laruine de ses lia Iran r tir suite du. t asga dos g ii s Ae guerre et lii I ra li» port é ii e u non

's attelages et autre.-, charges cxl raur li na les (IL noirs 1(41). An e ire ii os minutes deM- J. urbI, - Etu r ' b. M . I,ijlouet, netuji r a \'rr.lun.

- 33 -l("COIteS de I'iitiié&' (1). A Saint-Jean de \TtjIiin elle (léli101it etincendia une partie (les tuileries (2), seule industrie du pays,('t dévasta le hameau de Chauvort où elle établit. son hôpital (3).Pour l'entretien rit' cet hôpital, le duc de Longueville ordonnaaux Élus d'Auxonne. réunis à Verdun. d'imposer :3,000 livressur le Chalonnais, (1Ui n'était pas de leur ressort et sur lequel ilsn'avaient aucune autorité, Comme ils le lui firent observer (1).

Les Fuis généraux de Bourgogne avaient emprunté cent millelivres pour subvenir aux frais de la subsistance de cette armée,mais commee la somme était insuffisante, ils firent les plus pres-santes instances auprès de M. (le Longueville, afin qu'il con-sentît à évacuer la Bourgogne, qui ne pouvait plus lui fournirIli vivres Ili argent. Après de longs pourparlers il finit par trai-ter avec les Élus pour les étapes et le départ de ses troupes;mais celles-ci voulurent être soldées entièrement et de suite,inenacant de se paver de leurs propres mains en ravageant etsaccageant tous les lieux riverains de la Saône, et même (lerepasser cette rivière et. de se saisir de la personne de M. leprésident Legrand, député par Messieurs les Élus pour sur-veiller le payement des étapes, ainsi que (le celle (lu receveurgénéral. M e Berihet. Ce (lernier alla trouver exprès les Éluspour leur exposer le danger 't réclamer encore plus de 70 millelivres, sans lesquelles il déclara ne pouvoir retourner ni à Chù-ion ni à Verdun et se présenter aux troupes sans péril (mai,Juin 1638) (5). Le passage de cette armée chargée des dépouillesdo la Franche-Comté, coûta plus de 250 mille livres en ar-gent à la Bourgogne, sans compter la dévastation tIc tout leplat pays (6).

Qui parmi nous habitués an f' iiiente que nous Octroie lasollicitude admiimistrative et au Lien-être tIc notre 2ge (l'or,

(1) Cherche des feux, année 161. - Archives de Bourgogne à Dijon.(2) Partage de biens, 12 janvier lf$Sl. - A ncie ri ries minutes de M F. Gesi, notaire

royal à Saint—Jeun—de—Verdun. Etudo de M' Fresne notoire à Verdun (1844.(3) Cherche des feux. 164. - Archives de Bourgogne, à Dijon.4) Registre lu comté 1 Anvoune, -- Archives de Bourgogne, à Dijon.

Registres des délibérations des Élus. Archives de Bourgogne, à Dijon.G) ibid. (Novembre U35.)

- -

pourra imaginer ce qu'il u fallu de force, d'énergie. de résigna-lion stoïque et d'activité à cette cinquantaine (le \erdunois,bourgeois ruinés par la guerre, pauvres marchands pillés, ar-tisans plus p1VrCS encore, tOUS échappés, à demi morts, auxtempêtes que nous avons décrites, pour ne pas se laisserabattre par tant de maux et ne point abandonner le gouvernailde leur malheureuse ville?

Cependant, (lit un témoin oculaire, il ne se passoit autrechose ès deux provinces de comté et duché de Bourgogne que.des continuelles courses d'une part et d'autre, par les garni-sons et paysans qui causoient UliC grande misère; sur les fron-tières desquelles provinces les villages étoient rendustables principalementprincipalement de tout le comté où la ehètelé étoit nonpareille (I). »

Quand il n'y eut plus de châteaux à canonner, de villages àraser, de villes ;\ forcer et à incendier, les soldats s'occupèrentchaque année, un peu avant l'époque des moissons, à faire ledégât dans les champs erisamencés. Ce fui le passe-temps diicorps d'armée du marquis de Villeioy, en 1039 et 1040, autourde Dole, nous apprend le curé Pyot, mais ce qu'il ne nous ditpas, tait l'historien le plus na'l' est toulours porté à faire l'his-toire à sa guise, - c'est que pour aller accomplir ce stupideexploit, il traversa nos champs, les champs des Fiançais deBourgogne, où il se conduisit, comme dans la Franche-Comtéespagnole (2). »

Cette guerre de sauvages à sauvages, de barbares à barbaresse prolongea sans relâche jusqu'en 1612, époque où la Franche-Comté, saccagée et dépeuplée, obtint un traité de neutralitéillimitée jm se fondit dans la paix de Munster (161).

Malgré la peste qui avait b'i'mé tant (le bouches pour loti-

(l Manuscrit du curé 1'. Pvut rl.'jà cité,(2) Procs-verhal (ires») en 1t39, constatant que le 18 juillet, veille des moiseon».

?1. le marquis de ViIlroy avec son armée campa sur les territoires do Sermesse et de5auIni(res, et y commit de grands d(gIs. (Cité dans un mimoire des habitants deSaulnières, contre les vénérables religieux bénédictins du colltge Saint-J&ome ddDole). Dijon. 18'2, in-P. 1111)iothi'i 1 ie bourguignonne le lauteur.

- 35 -jours, la misère et la disette étaient parvenues à ce J)OÎflt danscomté de Bourgogne, qu'on déterrait le bétail à demi pourri atinde s'en nourrir. On servit de la chair do cheval sur la table

V même du prince Charles, et ses soldats allaient jusqu'à ronger(le * vieilles peaux de chevaux morts depuis longtemps. Onsait l'histoire (le ce chirurgien qui, avant amputé la main d'unsoldat blessé, la hii demanda pour son salaire et la mangea,quoique tléji elle fût atteinte de gangrène (I).

Quand le soldat, qui avait tout pris pour lui, eu était réduit àmie pareille pâture, que mangeait donc le pauvre paysan? Ilmangeait du soldat à l'occasion, et se mangeait lui-même!Écoutons un contemporain, le curé Pontus Pvot.

Une chose prodigieuse arriva au village de Raon au commencement del'an 11339, oit un soldai de ceux qui avaient esté battus et chassés par la gar-nison de Pierre, s'estant arresté à cause de ses blessures, audit Raon, futachevé de tuer par quelques habitants dudit lieu qui mangèrent la plusgrande partie de son corps pour raison de la faim qu'ils enduraient (2).

L'an 1641, la famine étant fort cruelle par tout le comté, il arriva unechose pitoyable en un lieu du bailliage d'Amont appelé Betoncourt, où unpauvre homme débilité de faim et sentant ses forces diminuer, s'en alla avecsa femme en un couvent de capucins, proche ledit Beioncourt, oit se confes-sèrent et communièrent. Après quoy, s'en retournant, ledit homme futcon-traini de s'arrester, et de faiblesse et de faim, mourut. Sa femme le voyantmort, lui ouvrit l'estomac et prit son foie, le coeur elles poumons qu'elleemporta en sa maison, les fit cuire et les mangea, puis le lendemain mou-rut anssy, et fut trouvée avec encore quelques pièces dudit foie sur soy. Cequi m'a esté fidèlement récité par un bon père capucin venant du couventoù ce cas étrange estoil arrivé : Ce qui témoigne une grande ire de Dieu àl'encontre de son peuple

En ce temps-1i, le président Hénault écrivait dans sonAbrégé chronologique de l'histoire (le Fronce (4) : Le royaumecommence à se ressentir de la longueur de la guerre. »

(li Voir Dom Col met, Ilist. de Lorraine, t. iii, p. M. -Du nod, Mémoire pour se,-tir â l'histoire du comte de Bourgogne, p. 571 et 5'73, et particulièrement iHisloirede dix ans de la Franche-Comte de Bourgogne (16--lOEi2), par Girardot de Nozeroy'sieur de Ileauchemin; Besançon, 1813, iii -8e.

(2) Relation manuscrite déjil citie.(8) Ibid.(I) On saiL que cet ouvrage eut, en peu de temps, neut'iiliiioi,s et qu'il fut traduit

en allemand, en italien, en anglais et inme en chinois.

w.

e.

I)e nos jours il n'est pins possible de dé gurer aiusi l'histoire.Mais, nous l'avons déjà dit ', et nous le répétons, les pionniersqui défrichent nos annales J)rovillciales n'ont point terminéleur tâche, et ns meilleures histoires de Franco en souffrep1,,comme on pourra s'en couvamcr si on y cherche quelquesrenseignements sur cette longue et terrihic guerre des derxBourgognes (J Ï.

(4) Voir M. H. Martin, JIisi. de France, LXI. 4 lit.. 15457, p. IGO-'?O et 181. Il n'ydit pas un mot de cette guerre d'extermination, et les très-rares indications histori-ques qu'il donne, sont confuses et entachées d'erreurs. Ainsi. par exemple, il faitprendre Lotis-le-Sauliiier par Con .:lé en 113313. avant le siéire le Dole p 448h et eu1038 per Longueville. Cette ville fut prise seulement eu 163'?. Dom Calmet, dans sonliai. de la Lorraine, signale pour seule entreprise remarquable faite par l'armée duduc de Longueville, la prise du château (sic) de Verilun-sur-5aâue, que son AI-tesse. dit-il, n'avait pas jugé à propos de secourir. » Le château de Verdun u'el»taitplus à cette époque et les troupes de Charles de Lorraine n'occupaient plus Cetteplace depuis un an ; le duc ils Longueville n'eut donc pas à la conquérir (t. iii,

p. 355). M. (le Persan, auteur de Ihecherches historiques sur Dole, fait mieux que DomCalmet et les autres il ne dit pas un mot de la prise de Verdun par Lemboy aprèsLia levée du siége de Dole.

- - J.-P. ABEL JE.tNDET, de Verdun.

(.0 suite à la prochaine i.vraison).

— Itii ji, luprsv l la Mahihir, Lotit. houiw-Nsnvrhle, 1 nh liasse dis F'uhIe»'l)iru, ?'. — tilt

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SIONE- ET-DOUBSEN BOURGOGNE

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-, .J.-P. ABEL JEANDLL (DE VERDUN)

Médecin durvire iiiûdieal gratuit du kparLemen de Saôe-eL-lire;Ex-premier Conseiller municipal et ex-Adjoint ail maire de la v ille de Verdeu5

Membre de 1'Aeailiuiie ils (cieiiei, Arts et Belles-Lettres (leDijon;Lauréat (Médaille d'or ils relie 410 Meimn -

correspondant de la Société dis Sciences liiiori1ues ci naturelles de l'Yoni;tIc la Société Académique de l'Aube

celle tirs A rtiiq uitis de la Côte-d 'Or, etc., ee. -Aw

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EXTRAIT DE LA REVUE DES PROV1NCSA 4IiCi;KN iRALISÀrisS LITISit,ittIE t.T SCIENT1rQIK

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Ces pages ont été détachées des Annales de la t-die de Verdun pourservir de prospectus à cet ouvrage, qui paraîtra en 180e.

Il formera un beau volume, grand in-°, d'an moins 500 pages, orné detrois plans de Verdun, des sceaux et armoiries (le ses anciens seigneurs etde ses principaux gouverneurs, ainsi que de plusieurs portraits.

Ce livre, consacra à faire revivre le passé oublié ou inconnu de la petiteville de Veriun, est le fruit de vingt-cinq années (le recherches incessanteset consciencieuses. SA auteur, en le Composant et en le mettant au jour avoulu laisser un témoignage durable de son patriotisme. En rappelant à sesconcitoyens les principaux épisods de l'existence si tourmentée ot si douloureusc de leurs pères, il leur donne d'utiles enseignements et il les convieau culte lieux des ateux et de la terre natale qui remplit son coeur.

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