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-' C? PAGES INEDITES D'HISTOIRE PkOVItC'IALE (I) t> - ..1 ' ANNALES •• '3 r DE LÀ VilLE DE VERDUN -SUR- SÂONE - ET• DOUBS EN BOURGOGNE (FRAGMENTS) .: \I1 sIr4rLR (2) AK Deux historiens de l3outgognc du bon vieux temps; de qu'il lotit mettre entre les URnes de leurs livres. - Après l'invasion ennemie, la peste. Ce qu'était alors ce fléau. Son origine réput4e divine. Pauvreté 'ila idées scientifiques et thérapeutiques sur ce sujeL Linfectioii et la désinrecciotJflarbarie ou ridicule des moyens prophylec- q tiques. - La peste à Verdun, d'après leiegistres de -l'état civil; 1636-1637-163& - Le vicaire et le curé de Verdun. - Voeu de la ville à saint Roch. - Mouvement (le la population de Verdun de 1636 à 3641. - Etudes statistiques Jm.unité des militaires. - La guerre et la peste en Bourgogne; à Dijon, Rully,'flragiiy, Pierre et Bèze. Enquête à Bèze. -- Silence des historiens do France sur cette peste. Etendoe de ses ravages. - Encore la peste et la guerre à Verdun. -- Garnisons de cette ville. Elle est fortifiée peur le conservation de la Bourgogne. r Misère et pauWeté de celle-ci. -- Seconde invasion de 1636. -- Brigandages et prouesses des armées du roi. - Le véritables soldats français. - La terrible année 1636; son vrai noie. - Campagnes de -l63'7à 3642 en Comté. Lu guerre de ce temps-là Pas pris, maià ijours-peudu- L'importa nee militaire de Verdun hy augmente. Gouverneurs d&Wette %sllespolir ]e roi Achèement de ses lortifi- P ecti- - Un aperçu de la-vieille histoire/-',BatailIe de Verdun. L'intérieur des C cohssa ou vraie histoire. Coût des garisonret des - gens de guerre; la ville (1) La reproduction est interdite. t (2) Voit les livraisonâ do janvier, 1évrier, mais et septesifiire 1865 de ,la Revue. 's ,. - . - - I Document •' .'pç t' - . '? II liii liii III 11111111 111111111 .. s. -' - -. . r.-,.

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LÀ VilLE DE VERDUN -SUR- SÂONE - ET• DOUBS

EN BOURGOGNE (FRAGMENTS)

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Deux historiens de l3outgognc du bon vieux temps; de qu'il lotit mettre entre lesURnes de leurs livres. - Après l'invasion ennemie, la peste. Ce qu'était alors ce fléau.Son origine réput4e divine. Pauvreté 'ila idées scientifiques et thérapeutiques surce sujeL Linfectioii et la désinrecciotJflarbarie ou ridicule des moyens prophylec- qtiques. - La peste à Verdun, d'après leiegistres de -l'état civil; 1636-1637-163&- Le vicaire et le curé de Verdun. - Voeu de la ville à saint Roch. - Mouvement(le la population de Verdun de 1636 à 3641. - Etudes statistiques Jm.unitédes militaires. - La guerre et la peste en Bourgogne; à Dijon, Rully,'flragiiy,Pierre et Bèze. Enquête à Bèze. -- Silence des historiens do France sur cettepeste. Etendoe de ses ravages. - Encore la peste et la guerre à Verdun. --Garnisons de cette ville. Elle est fortifiée peur le conservation de la Bourgogne. rMisère et pauWeté de celle-ci. -- Seconde invasion de 1636. -- Brigandages etprouesses des armées du roi. - Le véritables soldats français. - La terribleannée 1636; son vrai noie. - Campagnes de -l63'7à 3642 en Comté. Lu guerre dece temps-là Pas pris, maià ijours-peudu- L'importa nee militaire de Verdun

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(1) La reproduction est interdite. t(2) Voit les livraisonâ do janvier, 1évrier, mais et septesifiire 1865 de ,la Revue.

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Tobérée, les habitsnts ruinés, la province insolvable, écrasée. - Larmée du duc ileLongueville à Verdun. -- Dévastation 'les cieux ]loirgognes. La guerre, la peste,la misère et la faniino.Le paysan, dévoré par les soldats, mange du soldat.Une ligne de la vieille et fausse histoire. -

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'I-t 636-1642

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« La-guerre continua-entre ies deux provinces et entre laFrance et l'Espagne, Jusqu'à la paix des Pyrénées, en 1660;elle full sanglante et cruelle pour la Bourgogne, et surtourpour la Comté, qui éprouva ce que les troisfléaux réunis de la.guerre, de la famine et de la peste ont de plus affreux (1); »

Une phrase, phrase un peu obscure en ce qu'elle fait suppo-5cr que le duché fut beaucoup plus épargné que le comté de

. Bourgogne, voilà tout ce que Courtépée et Béguillet ont con-sacré à une guerre qui, par son acharnement, s'a barbarie et lesmaux qu'elle accumula sur les deux . Bourgognes, égala, si ellene les dépassa, nos luttes les plus meurtrières.

Comment nos deux historiens du bon vieux temps auraient-ils pu voir toutes ces horreurs, toutes ces ruines, toutes ces -souffrances? Leurs yeux n'étaient-ils pas fascinés par l'éclatdes trophées de iocroy que l'on déposait .avec pompe dans lasainte chapelle de Bijou (24 juin 1643)? Au lieu de mener cesmilliers de deuils popu]aies,le.deuil de la Bourgogne entière,u'a'aient-ils pas à s'occuper des obsèques magnifiques et duseniee funèbre de son gouvèrneur, le prince Henri de Bourbon,et à inscrire dans. les fastes de notre province que la ville deBijou fit présent d'un plat-bassin d'or au duc d'Enghien, lefutur grand Condé, qui venait de succéder à son père dans-legouvernement de Bourgogne

Tandis que ces trois ééréin oui es oCficiefles conduisent don-ceinent nos deux historiens aux premiers troubles de la. Fronde,

nous allons chercher, en reconstituant les annales de. notre-.•

. Y(I) courLépée et Béguillet, 11w. abrqcc du ct,icht de Bourgogne, livre viii.

Ouv. cité.

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'p. —5.—petite ville, ( combler quelques lacunes de cc résumé d'lis-loire théâtrale, .

La courageuse et patriotique résistance des Bourguignonsavait lavé leur l)CYS de la honte (le l'invdiop, mais elle n'avaitju lui épargner la souillure qu'imprime. 'toujours le-',pied del'ennemi surie sol de la patrie. Non content dOEle ravager,il yavait déposé son venin malfaisant et l'air était comme empestépar le souffle impur de ces Barbares. « L'àrmée des'hnèmis,dit le curé Pyot, témoin oculaire des événements qu'il raconte,.apporta en même temps la peste en ce pays (de Bourgogne), dequoi fort peu de villes et villages furent exempts, ce qui 'mit àmortune infinité de personnes (1). »

La peste! nul, de nos jours, ne peut se faire une idée de cequ'était jadis ce fléau, produit funeste de la guerre et dû lafamine, aliiiehté par la misère et rendu plus terrible et plusmeurtrier paf l'ignorance et la peur..

Nos pères ont été si cruellement et si souvent frajijés par cettecalamité; elle tient une si large place dans leur triste existence,que nous croyons devoir esquiscr ici les traits les plus saillantsde sa sombre physionomie. D'aille'urs, est dans de pareillescrises que le caractère d'un peuple, les moeurs et la civilisation -,d'une époque, se dessinent plus exactement; la vraie histoirese trouve là. -t.•

Parce mot.de peste, qui s'apiiique à tout ce qu'il y a .de plus,mauvais et de plus dangereux, on désignait autrefois des ma-ladies de natures diverses, mais ayant pour caract&escom-muns de se propager rapidement, d'atteindre un très-grandnombre d'individus, et de se terminer le plus ordinairement*par la mort, après avoir présenté nue série de symptômeseffrayants.,... .....

Le facies du pestiféré était profondément altéré; ses yeuxinjectés lançaient un regard féroce ou stupide; sa raison avaitfait, place au délire, des mouvements convulsifs crispaient sesmembres. Des bubons enflam.nés envahissaient ses aines; ses

•t,•(I) Relation manuscrite déjà citée.

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è. I.

—6-aisselles et soil cou; tout son corps se recouvraft de iiustuIecharbonneuses ou de taches d'un rouge pourpre, livide, puisnoirâtre; il rendàit par lé haut et i°" lobas des matièrès fé-tides; une odeur nauséabonde s'exhalait de toute sa personne:C'était la mort, la mort iii11e fois plus hideuse que sous la formedu squelette mythologique armé de la faux-.

A-l'époque que nous étudions, de même que dans l'antiquité,la pesteétait regardée comme un signe de la colère céleste,comme un I

Mal que le Cie' en sa fureur-InvenLa polir punir les crimes de la terre (I). »

« Donc, comme ainsi soit que Dieu chastie les hommes par larigùeur de ce mal..., dit le père Grillot, aussi il ne permet quenous acquérions une parfaite connaissance des remèdes propitsà le guérir (2). » —cc Tous les moyens humains deviennent mu-

• tues, ajoute un savant professeur de l'Université de médecinede Montpellier, il faut fléchir sous la justice divine et souffrirpatiemment l'ire de Dieu en recourant aux autels et à. sa misé-ricorde (3). »

Ces opinions, sur l'origine de la peste, nuisirent singnlièrement à l'étude et à la curation -de cette terrible maladie. Ban-chin consacre un chapitre entier à une digression sur l'inter-

.cession de saint Sébastien et particulièrement de saint Roch,en temps de peste (4). liiemerbroeck, célèbre praticien hollah-dais, dans nu • ouv±age estimé qu'il composa sur la peste de1636,y traite do sa nature divine et de sa prophylaxie théolo-gique. A tant de conditions défavorables, il faut ajouter la né-cessité où l'on se trouvait de recourir à de jeunes chirurgiens,ignorants et téméraires, n'ayant on vue que l'appât du gain et

(I) La Fontaine. - Us animaux malades de ta peste, liv, vit, fub 1. ---n pesteraenim Dei Opi. Max. flagellum lu hominem scelera nemno nescit. » Ouill. Acier, mediciJ olosatis, De Feujs cognitioue, etc.. Toloscr, 128.

(2) Lyon affligé de contagion, etc.. 1628-629. - Om'v. (Iéji cité.(3) Français tianchin, Traité de la peste. 2' part. en. ni . -- Opuscules et traités

divers et curieux en Médecine. Lyon, 1840.4) Ranchin. Ouv. cité, ch. xici, édit. frami. mie 1'721.

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-7-Iè désir d'apprendre leur métier aux dépens clés malades (Ï);Dans la curation de la peste, on peut dire que le rôle de la.médecine était à peu près nul.

P6ur apprécier la pauvreté des données scientifiques surlesquelles on s'appuyait, il faut interroger non les médecinsvulgaires, mais ls maîtres de l'art; il faut entendre François.Raùehn, professeur et chancelier de l'université de médècinede Montpellier, recommander l'expérience suivante '1-)Our con-stater l'àltération ou corruption de l'air

« Mettre un pain chaud tout ouvert, ou de la chair chaude,au bout d'un'e pique, durant vingt-quatre heures, en un airrelevé, et donner l'un et l'autre, par après, à deux chiens diffé-rents si l'air est infect, les chiens mourront, et.s'il ne l'est-pas, il n'autont aucun mal (2). a-

Le traitement de la peste, quoique assez méthodique en appa-rence, se ressentait nécessairement dès théories médicales etpharmaceutiques de l'époque. Ii avait la prétention de remé-diei à la putridité du sang et des humeurs; de chasser la mA-] ancolie (hile noire), et d'empêcher l'action délétère de la conta-gion sur lconomie. Il faisait une immense donsommationd'aromates et prenait ses médicaments surtout parmi lesastringents, les toniques, les stimulants ou cardiaques. D'aprèsles idées polypharinaques alor en vogue, la vertu curative.d'un remède était proportionnelle au nombre des substancesqui entraient dans sa composition, oit â leur rareté. Aussi, enpremière ligne des antidotes de la peste, figuraient « l théria-que d'Andromache de Candie, premier médecin en doctrineet expérience de ce cruel Néron, sixième empereur des Ro-- tmains, qui fit mourir saint Pierre et saint Paul, apôtres (3)...,Ji thériaqnc, cette reine des remèdes composés, que la sciencemoderne a détrônée, mais n'a pu proscrire. Puis venaient lesconfections d'Alkermès et d'Hyacinthe; cette dernière était un

(1) Lyon af/Zijd de ta contagioz ouv'déjè cité.(2) Ranchin, ouv. cité.3) Paraphrose su,' la Pharmacopée, par M. Brice Ban'lcrou docteur en médecin

• r(,idcnt â Mascert dcr ère *dit. Paris, 16Z3. p. 269,

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-8—véritable écrin l'argent et l'or s'y mêlaient aux pieyreries pré-cieuses, telles que l'hyacinthe, la topaze, l'émeraude et lesaphir. -•,.L'idée d'infection et de conta gion qu'on attachait invariable-ment à la peste, faisait recourir à des moyens bizarres ou vie-

7leits aussi cruels que le mal lui-même, et qui, loin de l'atté-nuer, l'aggravaient encore par la terreur •qu'ils inspiraient.Quel effat devait produire, sur le moral du malade, l'aspectd'un médecin frotté d'huile de genièvre, vêtu d'un habit decuir ou de maroquin, les mains gantées et le visage recouvertd'un masque surmonté d'un énorme nez à corbin rempli deparfums réputés désinfectants (1) ? Que devenaient les conso-lations de la religion, quand le prêtre, en administrant les sacre-inents, tenait un flambeau aromatique allumé entre lui et lepestiféré, auquel il donnait la sainte hostie au moyen d'unebaguette terminée pa r un croissant d'argent (2)

Dans la ville d'Agen, pendant l'épidémie de 1628 à 1631 (3),'nous voyons les consuls permettrd aux citoyens de tirer desmonsquel.ades sur les infects qui sortiraient de l'enclos où ilsavaient été internés, et faire mettre le feu à plusieurs maisonsdont les habitants étaient morts de la peste.

Ces mesures sauvages ne constituaient point des exceptions,elles iormaieut la loi ordinaire au xvlle siècle. M. Boutiot,notre laborieux collègue de l'Académie de l'Aube, mentionneune ordonnance de 1633 qui enjoignait aux mendiants et va-gabonds devenir, au moindre symptôme de contagion, décla-rer leur maladie, sous peine d'être arquebusés (4). Le médecin

• -François lianchin, premier consul et viguier •de Montpellier,lors de la peste de 1629, posait cette question « A sçavoir s'il

(1) Me ysounier. médecin ord. du Boy etc. Le cours de médecine, par M. L. Guy on,ijolois, Lyon, 1077, in-4'. -- Dr L. Lebat, une. chirnrg. du vice-roi d'Egypte, art.pestiféré. Dictionnaire de la conversation, 2 édit. pantin.

(2) Ordre pour se gouverner tant spiri tuellc,nent que corporellement durant le tempsqu'on assiste les infects, envoyé aux Il. P. cipucins de la ville de Montpellier (1629).Ouv. déjà cité.

3) V. la hioeh. de M. Àdol1ilie Maen, déjà ciLé.e.4) Recherches sur les anciennes pestes de Troyes. - 1851

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-9-.-.vaut mieux brûler les maisons infectes que de les désin-fecter ? » et la résolvait par l'affirmative. « Quant à ces gueux(pauvres) éfranger, disait-il, après leur avoir donné quelquechose s'ils le méritent, par nécessité, il les faut chasser etbaûni'r non-seulement de la ville, mais aussi des faubourgs,sous de grosses peines, comme du fouet ou de l'estrapadè(potence) (1).

Ces malheureux, ainsi expulsés des villes, repoussés à coupsde pierres des villages où ils cherchaient un refuge, se trou-vaient condamnés à mourir de faim et de misère sur les che-mins, quand le fléau les épargnait.

Cette terreui' de la contagion rompait jusqu'aux lieus dusang et étouffait dans les coeurs tout sentiment de pitié. En1720, durant la grande peste de Marseille, à Sainte-Tulle, vil-lage voisin de cette ville, un enfant de trois mois fut ensevelitout vivant dans la bière de sa mère, sous prétexte qu'il mour-rait bientôt, et pour ne pas prendre la peine de venir le cher-chèr exprès pour l'inhumer! Une femme retira cet enfant ducercueil, et en prit soin; il devint un homme , et vécut quatre-vingt-quatre ans (2). Par ce fait presque contemporain, on peutjuger des horreurs et des crimes qui se mêlèrent aux épidé-mies du xvii' siècle. .

Une mesure généralement en usage à cette époque, dansles villes où la peste avait, régné, était la désinfection de toutela ville, rue par rue, maison par maison, chambre par cham-bre. Cette opérdtion, longue, minutieuse, difficile et très-dis-pendieuse, était pratiquée, sous le contrôle et l'autorité desmagistrats municipaux, par un maître entrepreneur de la désin-fection, avec lequel on passait un traité par devant notaire. Cesmaîtres désinfecteurs étaient parfois des apothicaires, des pé-tardiers et ingénieurs en feux d'artifices; souvent des reli-gieux, très-rarement des médecins, qui craignaient de dérogeren s'occupant de pareille besogne. Le feu et les fqmigations

(1) Ouv. déjà cité, chap. V.(2) Fodéré, art. Peste 8u grand Diction, des sciences médic. on 60 vol. in-8.

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- 10 -constituaient les désinfectants principaux. Mais dansUÇhaosmédico-chimique oit la science s'élaborait, deux école; oppo-sées se disputaient sur le choix des substanèes désinfectantesl'une tenait pour les drogues puantes, l'aufre pour les parfumssuaves et de grand prix. Chacun donnait ses raisons : toutess'appuyaient sur i'èxemple d'Hippocrate chassant, par le feu, lapeste d'Athènes, dans laquelle rien ne prouve son inten-en-tion (1).

Des nombreux moyens recommandés alors dans les épidé-mies, la science moderne ne peut guère approuver que ]'isole-Ment des malades placés dans les hôpitaux formés de logesconstruites hors des villes, le blanchiment au lait de chaux desmaisons, et quelques règles générales d'hygiène privée et pu-Mique.

Dans la, guerre de 163e, la peste est l'auxiliaire des ennemis(le la France. Ceux-ci évacuent Verdun le 26 août, celle-là yfait invasion le .5 septembre, neuf jours après leur départ.

La population de cette petite ville, torturée par toits les maux,abattue par les souffrances physiques et morales, épuisée parla disette, à peine abritée contre les intempéres des saisons,dans des maisons dévastées et en ruines, était nue proie touteprête pour l'épidémie. Aussi elle sévit sans relâche à Verduii,

b jusqu'à la fin de l'année dans vingt-cinq jours du mois. deseptembre elle enlève soixante personnes; il en meurt septle 18, autant le 24, et onze le 25(2). Elle continue ses ravagesen octobre. Après douze , jours d'art-et, vers le milieu de cemois, sa furie 'redouble; le 22, la terre recouvrit trente-septcadavres (3)! On en inhuma un lieu partout: dans des jardins;.autour, de la chapelle Notre-Dame de Pitié, dans l'église Saint-

(1) Voir pour les détails très—curoux sur ces désinfectons générales, comme étude-de moeurs et d'histoire de la science, les Opuscules et trailds divers des docteur fi,,-chi,.. On les trouvera reproduits in extenso dans le recueiL suivent qui est moins roteque celui (le Ilenchin Pièces diverses de différents auteurs, concernant tes ,-enzèrleset précautions nécessaires contre la peste, la conduite chrétienne que Von doit garderdans les temps-de contagion. Lyon, 1121, in-12,

(2) Registres des bapwmes, mariages, et Inorluaires faits en L'église 51—Jean deVerdun, pour les années 1636 et 1637. -- Archives municipales,

(3) Ibid.

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II -Jean (t): car la terre sainte du petit cimetière qui l'entoure de-vient insuffisante. L'épidémie atteint mortellement treize indi-vidus en novembre. Enfin elle se calme en décembre aprèsavoir fait encore plusieurs victimes; on ne les compte plus; ons'inforne à peine de leurs noms! Le vicaire de Verdun qui, troismois durant, avait conduit tous ces deuils, était à bout. Sa mainincessamment occupée à bénir cette foule cIa tombes béantes nepeut plus suffire à tenir au courant ces interminables nécro-loges. Au déclin de la peste, du P' au 8 décembre, il inscritseulement trois noms de paroissiens « mis en terre; » IuiisJajoute ces lignes qu'il signe Et plusieurs aultres dont on n'asceu les noms (2)! s'

Dans l'automne des années 1637 et 1638, la peste reparut àVerdun. En octobre, novembre et décembre de la première deces années, les décès s'élèvent à treize, quarante et vingt-sept;à trente et un, vingt-huit et quinze en coût, septembre et oc-tobre de la seconde (3); chiffres énormes, eu égard au petitnombre des habitants.

En compulsant avec soin les registres de l'état civil de Ver-dun, seuls documents qui aient échappé aux désastres dont cesiècle fut rempli, nous avons pu déterminer la marche et lesravages de cette peste. Nous l'avons vue en deux ou troisjoutsatteindre tons les habitants d'une maison, frapper une familleentière et parfois la rayer du nombre des vivants.

La persistance de l'épidémie semble en augmenter la léLha-lité. Ceux qui, par la force de leur constitution ou en raison desconditions meilleures où ils se trouvaient placés, lui avaientéchappé la première année, tombent sous ses coups la secondeou la troisième. Elle finissait par n'épargner personne: riches etpauvres, nobles et vilains lui payaient leur tribut.

En .1.637, c'est noble Nicolas 4 de Chanternesle, commandantpour le roi en la ville de Verdun; c'est M » Antoine Procès,prêtre-vicaire de Saint-Jean. Le 17 septembre, il remplissait en-

(1.) Regitres de lEiaL civil. - Archives municipales.C2) Ibid.() Ibid. 'Ç

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COre son sac'é ministère, et le 30 il avait rendu son Orné ft

Dieu. Sainte mort couronnant une Sainte vie! Depuis deux an-nées que la contagion sévissait à Verdun, il n'avait cessé deprodiguer à ses paroissiens les consolations de la religion. Apartir de la fin de septembre 1(336, le soin aussi périlleux quePénible de ce troupeau décimé par la maladie était retombé surlui seul, car Marc,Antoine Barbier, son indigne pasteur, l'avaitabandonné comme en 1628(1). Qui croirait qu'après cette doubledésertion en présenceprésence du péril commun, qu'après s'être vu côh-damnerparun arrêt du parlement de Dijon, luiprétre chrétien, àremplir ses devoirs tic prêtTe et de chrétien, il osa semontrer denouveau dans cette paroisse scandalisée de son inqualifiableconduite. 11 reparut néanmoins, au mois de décembre 1639,alôrs que la peste n'y était plus qu'un déchirant souvenir, nonPour y faire amende honorable, niais afin de régler de petitesaffaires d'intérêt avec son successeur, M. Nicolas Broillard;puis il retourna jouir en paix tic son canonicat de l'église ca-thédrale de Saint-Lazare d'Autun (2.- En 1638, nous remarquons parmi Ms victimes de la maladierégnante, M° Hippolyte Besucliet, notaire royal et procureurd'offie à Bellevesvre, « retiré à Verdun à cause des guerres etembrasement dudit lieu deBellevesvre (3); 's M° Jacques Deva-rennes, notaire royal et ancien échevin de 'Verdun, que safemme suivit de près dans la tombe; Macault, lieutenant auhailliàge du comté de :Verdun; noble Charles Handy de laMousselinièï'e, enseigne au régiment de Robé, fils du défuntnoble homme Charles Hardy, vicomte d'Alençon, et de dernoi.selle De Lorine; enfin M° Pierre Girard, chirurgien. Des quatrechirurgiens de .Verdun, c'était le troisième qui mourait au

(1) \ir dans cette revue le numéro de fd,vrier 1865, p. 216-T7. - Le 18 septembre1636, treize jours après l'invasion de la peste. le curé, M. A. I3nrhie.,-I;aptisa un enfantè Verdun c'est la dernière fois que nous le vo yons figurer dans les registres de laparoisse. Sou absence y est même constatée daits un acte de baptême du 21 novembreI uSO, fait par le curé le Braga y, s pour l'absence du curé de l'ct'dttn. Ir Registrescités. - Archives municipales,

(2 Traité originaL signé Barbier et Braillard dans notre collection bourguignonne.'J) Registres de l'Etat civil. -- Archives Inuniciptlles -

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champ d'honneur; M' Grot avait succombé le premier dans lafuneste journée du 22 octobre 1636; M' Nicolas i3ourgoin, lesecond, le 3 octobre 1637.t.

A la vue de ces trois victimes, de l'art médical, nous ne dou-tons pas pie les Verdunois, malgré leur dénûment, recoururentû tous les moyens en usage pour combattre l'épidémie. Il liereste pas la moindre trace des actes de l'administration muni-cipale de cette époque, mais un document contemporain vientconfirmer notre opinion. C'est un testament eu date du vingtet unième jour de septembre 1636, fait par dame JeanneGuienot, femme d'honorable Jacques Symo1 bourgeois deVerdun e qui estoit hors de ladite infection dont sa femmeest atteinte. s Cette pièce nous apprend que l'on avait construitdes cadoles (cabanes) Œ en lisledu prey dudit Verdun » horsdes murs et au couchant de la ville, pour !brmerain hôpital oùl'on séquestrait ceux dont les maisons avaient été infectées parla mort d'un Ou de plusieurs pestiférés: C'était là une impor-tante et salutaire mesure employée par toutes les villes at-teintes de peste. LesVerdunois ne la négligèrent pas (1).

Ces mots d'infection, de maladie contagieuse, disent la ré-pulsion qu'inspiraient ceux que le mal avait frappés. Nousvoyons l'impassible garde-notes lui-Même sacrifier à la peur sesvieilles habitudes et ses formules sacramentelles; la loi flé-chissait devant la peste. La testatrice Jeanne SymOEL savaitécrire, mais comme pour signer son testament il faudrait yposer sa main de pestiférée, Je notaire déclare « qu'il n'a pufaire signer ladite Syinot, pour raison de la maladie et infectionqu'elle a dit avoir. s-

Comme les malades qui voulaient lester ne pouvaient setransporter chez-le notaire et que celui-ci n'osait pénétrer dansleur logis, les pestiférés se tramaient sur le seuil de la porte

(1) MnnGserits et Autogroplats bourguignons. Collection de Vautour. - Laditedame Symot estoit retirée aux GadoUes dressées en lisle du Proy, à cause dc la rralu-die contagieuse niant infecté sa maison, par la mort de Magdelnine et Anloine Symot,leurs enfant», et de leur servante doiz environ huict jours

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pour déclarer d'une voix éteinte leurs dernières -volontés au- notaire, qui se tenait à grande distance avec les témoins (1). -

Les infortunés Verdunôis, accablés par tantde maux, à bout '

de ressources et d'espérances, abandonnés de tous, touitèrent,• leurs regards vers le ciel, ce grand refuge des faibles et des

malheureux. Comme Dieu semblait sourd à leurs prières, ilschoisirent pour intercesseur, auprès de lui le bienheureuxsaint Roch, que nos pères reconnaissaient « pour le patron des

• pestiférés. Ils firent donc voeu de chômer sa fête à perpétuitépar une grande messe, des vêpres et une procession solennelle(lu Saint-Sacrement dans toute la ville. Cette procession a en-core lieu de nos jours à Verdun (2).

Au milieu des calamités de la guerre et de la peste, lesconditions normales de 1'exitence des populations sont bon-feversées, les liens sociaux menacent de se brider, l'inertiesuccède au mouvement et la vie semble se retirer devant la

P mort.Tel Verdun s'offre à nous en 1636. Un résumé statistique,

semblable à celui que nous avons donné de 1630 à 1635, endira plus que des phrases. La brutalité des chiffi'es convientpour exprimer d'aussi tristes vérités.

W De 1636 à 1641, le mouvement de la population verdwioisefjurnit les résultats suivants

(1) Anciennes minutes de M' J. Belo t, notaire à Verdun. Testanens des 21 septem-bre etS octobre 1626.

(2) On sait généralenient guelte doit son origine ù un voeu public fait pendant unepeste, dont on ignorait lu date précise; nous avons pu déterminer cette date à l'aide desdocuments suivauts F Règlement et traité passé entre le curé de Verdun, d'une part,les échevins febriciens et habitants de la paroisse d'autre part, le £0 avril 1681.Manuscrit autographe --2'. Mémoire concernant l'église paroissiale -de Verden et tesfondations fuites daims ladite église. Manuscrit du xviii' siècle p. 22; -- 2' Lettreautographe de M. Bernard Carré, maire de Varlun, convoquant les chevaliers le l'ar-quebuse pour assister à la procession do saint Roch (15 août ISIS) Collection bourg.de Fauteur. - Saint Roch est une éclatante confirmation du proverbe « Nul n'estprophète en son pays. aLe professeur Ronchin, qui cite quelques fragments d'un poèmecnmposé en l'honneur de suint Roch, à l'occasion de nombreux miracles qu'il a faits eudélivrant e force villes de la peste, signale avec une surprise mudlée d'indignation, ria-différence de Montoeltier envers suint ulocb, né dans ses murs. Car bien que cette villeait été souvent affligée de la-peste, elle n'a jamnàis adressé la moindre prière ô cetillustra Gis, si honoré partoul:ailleurs. Baucbiu. Our. cité.)

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108G Mariages 6 Naissances 67 Décès 155

11637(1)—9 50 - 103 396•1638-44- .46 - 138

•1639•26.—87— 501640- . 17-82 -- 28 112141-10-04 - 34

112402508

Pendant la période de 1030 à 1635, nous avons vu les nais-sances l'emporter quatre années de suite sur les décès, et don-ner une augmentation de 150 individus, malgré les misèreshabituelles de ce siècle de fer (2). Dans la période de 1636à 1641, ce qui frappe c'est la prédominance de la mort sur la vie.Les trois années successives de guerre et de peste avec leursquatre cents décès (3), - qtCatre cents décès en trois ans surune population d'environ quatre cents âmes (4)! - rompenttellement l'équilibre ordinaire que les trois années sui-antessont impuissantes à le rétablir. C'est en vain que 1639, 1640et 1641 donnent ensemble un excédant de 121 sur les décès,ceux-ci l'emportent encore de 1.06 sur le total des naissancesde cette période.

Cependant après le temps d'arrêt de 1630, où l'on ne compteque six mariages à Verdun, tant l'existence de la famille étaitprécaire, la force vitale de la société et de l'espèce humaine,si je puis ainsi dire,. lie tarde pas .à réagir énergiquement. Déjà,on 1637, le nombre des mariages atteint Il près la moyennede la période de 1030-35; en 1638, malgré une troisième ma-

(1) En cette année les actes de l'état civil manquent Pour les mois de mai et de juin.(2) Voir dans cette flevuc, vol. vj, 3' livraison. mars 1565, P. 452.(3) Le nombre porté dans notre tableau est 395. mais on se souvient que sur la 6e

de l'épidémie de 1636, on n'en compta plus les victimes; nous sommes certainementloin d'exagérer en portant quatre dAc'es pour cette omission. -

(4) Nous avons établi ces chiffres d'après l'état des feux en 1632 ( y . ch. "s, p. 453.Revue, numéro (le mars 1865); en prenant fa ,moyenne (le cinq individus per l'en, eten tenant compte de l'excédant des naissances moins . cinquante habitants, très-faiblecl ill're auquel vous éval unit, les Cuva rds en prése nce d e l'ennemi et de la peste.

-b

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I

IL

—16— -.

nifestation de la Peste, nous en comptons 44, chiffre exception-nel que nous ne retrouvons plus dans tout le xvii 5 siècle.

Il nous a paru intéressant dc connaître quels furent les élé-ments qui concoururent à la formation de ces divers nombres,ces éléments étant ceux - qui recOnstituèrent la population deVerdun.

Voici le résultat de nos recherches -

Années MARIAGES ENTRE Totaux

- Paroissiens--Etraogers h la paroisse.- -et

laroissiess ires.Des doras eôl ix. - Lipoux seuls rien I - L'éfrorrse seulement,163621126

1637.4140•9 -

16381-5 3141244

16398-47726

164052H-617-

16412602M;10

Totaux 86.173029112

Ainsi, sur les 112 mariages contractés à Verdun.daus celtepériode de 6 ans, 36 seulement l'ont été eiI.re Verdunois etVerdunoisesjes75 autres entre des étrangers è la paroisse. Les29 femmes étrangères qui se marièrent à Verdun appartenaienttoutes à la Bourgogne, excepté 3, et, pour la plupat, à la ban-lieue de Verdun. Su': les 44 mariages de 1638 il y eut 22veuves.

En somme, dans ces 6 années, 76 éléments étrangers et 47familles ou noms nouveaux entrèrent dans la population denotre petite ville. En recherchant les provenances de . es fa-milles, nous sommes parvenus à é teNir que, sur ces 47 . hommesétrangers è la localité, vingt étaient du duché de Bourgogne et3 de la Franche-Comté; les 24 autres venaient des provincesde Lorraine, de Barrois, d'Alsjce, de Champagne, de Picardie,de Beauce. de Normandie, deGascogne. d'Auvergne. de Dan-pluné et deProvencc. . .

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't• —r---

Nous reviendrons sur ces mutations violentes et peu con-rues que les calamités publiques opéraient dans les popula-.

e tians de notrevieille Fronce.La mortalité de l'épidémie de Verdun nous fournit une oh-

servationimportaute sur l'immunité dont jouirent les soldatsde la garnison au milieu de ce foyer d'infection. Sur une p0-

pulation militaire beaucoup plus considérable que la populationcivile, lions constatons-

• En 1636155 décès civils.O décès militaires.

—1637101- .2-

—1638134-.4-

163942-8-

—164026-2-

—164127-7-t,

Totaux.... 485-.23

Cette prodigieuse inégalité s'explique par les conditions hy-giéniques, physiques et morales, toutes différentes dans les-quelles se trouvaient ces deux, populations. La populationmilliaire avait pour elle l'âge, le sexe, la constitution,, l'insou-ciance, mie bonne et suffisante alimentation ; la populationcivile, ait contraire, manquait de tons ces avantages. Quantl'augmentation des décès des soldats après la cessation de lapete à Verdun, elle tient à ce que cette ville était alors en-combrée de troupes, comme on le verra bientôt.

Dans toute la Bourgôgne les témoignages conteinporàùs ré-vèlent . les mômes calamités 'que nous venons de montrer àVerdun, autant que la pénurie des -documents historiques l'apermis. Partout les gens de guerre, ennemis ou amis, traînentavec eux la famine, la peste, la mort, la désolation (1).

A Dijon,' obstPnéè par la multitude des villageois qui s'yétaient réfugiés, « on trouvait' tous les jours sur le pavé 'q'uan-

(1) M. Alphonse FeUla ('dans son ouvrage déjà cité, P. 37, i' édit. ha consacréune page à cette misère 'de le Bourgogne: Pou} rendre plus complet ce triste tableau,iiour avons puisé à (lei sources différentes et donné des faits inédits.

3

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Lité dede moris et de mourants qu'on portait ihdistincternent en-.

terrer avec- les pestiférés.... Le parlement cessa toutes audiences—en raison de la maladie (I). s ,.- k".

Des scènes analogues se répétaient 'à Auxbnhe, à Beaune,

à Saint-Jeau-de-Loshe. à Chillon, et dans lie'aucoup d'autres

villes de 1a provinéè; Les villages présentaient un -spectacle

moins navrant; ils étaient déserts, -oit'- peu s'en fallait: par-

courons-en quelques-uns .

A llully (2), cette belle seigneurie des Bernard de Nontessus, nous trou-vons « Claude Gaulia et vivant Cottier, eehevins, lesque1i nous ont re- *moxistré que la cominunaulté dudit Euliy est excessivement chargée etobérée de tailles..-, leur estant impossible de payer les dites tailles en raisondu petit nombre d'habitants à présent i'ésidentz audit Rully qui sontrestésde la maladie contagieuse ayant régné audit lieu l'année dernière 1636, de-puis le mois de juillet jusqu'à la lin de ladite année. Duquel mal contagieuxseroient décédez plus de huit û neitl' vingt personnes, entre lesquels seraient,*décédez vingt ou trente des meilleurs habitoûs, ne restant présentementaudit lieu que quantité de v'eufves et pauvres orphelins, oultre que dix-huitfamilles sont d&rnièrement et entièrement éteintes par le moyen de laditecontagion.

D'ailleurs; que- la guerre estant en eeste' proviace u-contraint la plupartdes meilleurs habitans dudit Ruily do se retirer dans les villes tant deChillon, Beaulne, que autres circonvoisines ' ...Et de plus que lesdits hahi-tans de Rully on-t supporté quantité de lôgemené de gens de guerre, tant -de cavallerie que infanterie, niesrne la compagnie des gendarmes de Mon-seigneur le Prince, celle de chevau-légers de M. le chevalier de Tavanes,celld de M. le baron de Coppet, sept compagnies du régiment de Conty etplusieurs aultres, su moyen de quoy ledit village de liull,y est présentement-réduit à une extrême pauvreté et nécessité estant de tout' impossible depayer les impositions qui leur sont données, ladite communnulté ayant estécontaincte de l'aire de grandz empruntz de deniers ladite année 1636, tantpolir la fourniture des pionniers et soldats à - quoy elle a esté irnpoiée parles sieurs Esleus que pouf le soulagement des malades affligés dudit mal -contagieux (3). s --- ail

11) BégiilIet, Jlist. des guea-res des deux ilourgogues. ; 'ou v. cité, se parue, p 53.- 1\-1. lossignal, afin de poétiser et d'enrichir son Histoire de Recuise, dontnous avonscii déjà l'occasion de signaler l'inexactitude (Revue, 15 septembre ]635, p. 485j,rapporté à cette ville les faits précités qui sont relatifs à celle de Dijon, et n combinéensemble les ravages de le peste de 162s avec ceux de la peste de 1636. Voir sonhistoire, p 101, et celle de l'abbéGandelot, p' 160 et 115, in-4', ]712.-

(% Grandet beau village, riche par ses vin s estimés compte aujourd'hui 312 mai-sons et 1662 habit, Canton do Chagn. arrond. de Ubalon-sur Saône, (Saône-et-Loire).

(3) Psocè-svcrbal dressé à liully le 31 janvier- 1631, par devout J con l'erre V, notaire

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s

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•,Nous avons déjà vu lès Croates à l'œuxrh dans Bragny :'lesiÇ registres dès délibérations des Elus de Bourgoghe vont nous.

apprendre ce qu'était-devenu ce riant Village vivifié et illustrépar le séjoir des Thiatds.

- Veule rejueste des habitans du village de Bragny et la Barre à ce qu'euconsidératioxi des grands ravages faitz au mois 'd'eoust dernier et de l'incen-die desdits villages p'dr l'armée des ennemis, depuis iequel'temps la pesteavoit fait mourir les hobitans qui s'y estaient retirez, ils soient déchargezde tontes tailles pour dix années; procès verbal du 9 septembre dernier, deJean Beldt, notaire royal à Verdun, juge en la Justice dudit Bragny, desmaisons et granges brusléesaudit hou pa;lesdits ennemis, après avoir oui-mené tons les groins ., meubles et, béstnil et tué audit Bragny grand nombrede personnes, attestation faine par devant ledit juge, le 9' du présent moisde décembre que ès dit-z villages de Bragny et la Barre, il n'y reste presqueplus aucun habitantà cause de la peste,lcs dits Esleaz ont délibéré què les-dits hahitans de Bragny et la Barre ne seraient comprisaux tailles et ira-positions pendant les deux prochaines années, que pour un feu (I).

A Pierre; autre riche baronnie des Thiards, plus de huitcents hahitânts, tant du village que des environs, pWJF sesoustraire au fer des ennemis, s'entassèrent dors le chQteau.La peste ne tarda pas à s'y déclarer, et en-Lrois niais elle tua

Plus de deux cents de ces malheureux (2).Nous disons seulemeùt lesnons des victimes, nous mdi-

quons leurs- souffrances eu deux ou .trois mots, donnons quel-ques détails; Bèze va nous les fournir.

Bèze (3), situé sur les confins de la Champagne et de laBourgogne, était un gros bourg foytifié, presque une ville, quel'industrie rendait florissant. On y.s'émarquait un châtçau, uneriche abbaye, deux églises des £orge, des tanneries, desmoulins, une tuilerie et

nue papeterie.

royal, lieutenant et juge ordinaire mis justice du dit Rully. - Archives commun.de inlly.

(li Archives de Bourgogne à Dijon. - Dans un procès-verbal du redressement dusigna patibulaire do Bragoy. le i l, jour du mois de juin 16(Yi, nous comptons dans kFeul village de l3ragny soixante-et-onze chefs de famille présents àceL acte,--Manuscritde noire collection.

(2) Pontus l'yot, curé de Pierre, relation mnuscrite déjà citée. - Pierrd, aujour-d'hui chef-lieu de canton te l'arrè,Çdissement do Laitiers (Saône-et-Loire).

(31 Bèze, canton rie 'Mirabeau, atondisse,cent rie Dijon (Côte-d'Or).

t

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910 - -L'armée us Galas; et celle du roide France, commandées par

le cardinal de La Val&tte et le duc de Weimar, logent tourtour à Bèze aux, mois de septembre et de novembre 1636. Ce'que l'une n laissé devient la proie de l'autre; la peste se chargedes habitants que les soldats n'ont pas pris la peiiie de tuer;Bèze â presque disparu. Tous ces faits sont consignés en détaildétail'.dans un acte que nous avons entre les maius, et dont voiciquelques -exttaits (1) :

Cejourd'huy, septièmejour du mois de fcbvrier 1631; ù Bosse, eu l'lios-td et pardevont nous, Hector Amiot, jugé e( lieutenant ordinaire au bail-liage dudit lieu. 'n comparu M' Français Gosselin, substitut du procureurfiscal audit bailliage, lequel nous o supplié qu'à l'exemple des voisins duditBesse, vouloir dresser, procès verbal touchant les désordres arrivés par lefaiet des ennemis de Sa Majesté, venus en ceste province et frontière l'anncdernière en ce dit lieu de Bosse. A quoy inclinant nous avons mandé et faitcompiroir devant nous les honorables Fieront Barbey et Pierre Quentin,procureurs et escilevins dudit lieu de Besze, ladite année dèrnière et encoreNicolas Virot et Crestien 'Coequeret qui sont à présent en ladite charge,desquels sur les.interrogatz par nous fuictz, nous aurions appris ce que's'ensuit ,. '.

Pi-emiérement, que la belle-mère et les deux enfants de Pierre Picquetsont décédés la dite année (1036) d'une grande maladye, de la quelle ledit'lieu de Bes-ze fut affligé après le délogement de l'armée du Boy, même celledes Suédois ayant séjourné.,dans ledit Bosse, quatre jours et quatre nuictzsur le commencement du mois de novembre dernier, et lorsque l'armée desennemys retournoit du siège de Sainct-Jehau-de-Losne, ayant ledit Picftuetperdu deux chevaux, l'un emmené par lesdits Suédois, et Vautre mort de-puisle délegement faulte de nourriture, pour ne luy avoir, lesdits Suèdôis,laissé auculns grains ny foings.... .

Que Jean Denemmot, lejeune, qui labourait avec deix chevaux, a perduses deux cJeaux.poar luy avoir esté emmené pur lesdits ennemis ou Sué-dois.... et sy cûssi a perdu tous les grains de son labourage et ses meilleursmeubles au logement de ladite 'armée, mesure environ soixante moutons etcinq ou six vaches.

Que Nicolas Jaquinot, sa femme et ses deux enfants, sent décédés de lasusdite maladie et perdu parle moyen du logement de ladite armée sept ouhuit vaches et ses aultres meubles,...

Que la femme de' Pierre Quentin et deux de ses enfants sont décédés de lamSé' maladye, fnict perte de deux chevaux et de deux boeufs dont il foi-

(1) Procès-verbal en date du 1 février lGSt sur l'état du bourg de fi èze après lePassage de l'armée ennemie et do celle: du roi, en 1630. 'Manuscrit autographe signé'42 feuillets in—folio. - Collection de l'auteur. '

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soit une bonne charrue ayant esté enlevés pendant la dernière semaille deshledz par les ennemis oit et sy dans le logement de l'armée du Boy,

a perdu plusieurs grains et foinga qu'il avait en sa grange, sept ouhuit vaches, quinze oit brebis ou moutons et pluieurs aultres ]neu-bics.

Que Jean Amyot, coMonnier, et sa femme,, avec deux enfants qu'ilsavaient sont décédez de la mesme maladyc, la plupart des meubles des-quels ont été perdus au logement de ladite armée du Boy.

Que Glande Quay, cordonnier, fat tué en sa maison par les Suédois, safemme, depuis décédée et l'ung de ses fils, et faiet perte, audit logement,de tous les grains et meilleurs meubles du sa maison, notamment les cuirset souliers de sa boutique.

Que semblablement André Roux, Inanouvrier, et sa femme sont décédezdela mesme maladve etdeux de leurs enfants, ayant délaissé un jeune en-fant mineur, 'sans aulcuns moyens, lequel mandye sa vie.

Que Richard Perrey, laboureur, a perdu de ladite maladyc trois do sesenfants, a esté prins prisonnier par les ehnemys et conduit en la ville doGray, ayant payé pour sa ruassent six-vingt livres, -oultre quatre chevauxavec lesqueiz il labouroit une bonne charrue qui luy ont esté emmenés parles enneinys et sy au logement de ladite armée (du roi), il a faict perte dequantité de groins qu'il avoit, de toutes ses vaches, moutons et foin, ouillele vin qui luy a été heu et la plupart do ses aultres meubles perdus.

Que Jehan Quentin, charron, et sa femme sont décédés de la mesme ma-ladye, un de leurs fils tué par les enneinys.

Que Richard Boulot, charpentier, et deux. do ses enfants sont décédésde ladite maladye et n'a délaissé aucune chose vaillant à sa volve et à deuxenfants qui lui ont-survescu, lesquelz mandyent leurs vies. -

Que Maistre Pierre Thonnelier, praticien, et décédé ayant délaissé quatrepetits enfants mineurs qui se sont retirés çà et là, tout son bestail ayant,esté perdu audit logement de ladite armée, û la réserve d'un boucq et d'unechév7re.

Quo Etienne Perreau, laboureur, a esté tué par les ennemys ait du-dit Besze,lesquols eunemys luy prindrent et emmenèrent lors trois chevauxdont il faisoit une charrue et oultro quatre boeufs..., que depuis sa mort safemme est aussi décédée de la analadye qui o régné audit lleszo, au départde l'armée du Boy, au logement de laquelle la plupart de leurs grains,vin, meubles, et museau, bestail ont esté perdus et entièrement leurs vacheset moutons....• Adjoustent les diets sindiez....que pour les années suivantes, le seigneurabbé pourra encore avoir un plus grand intérest à cause que n'y ayant nul-cou bestail audit llesze pour labourer les terres, le finage demeurera enchaume et friche, et qu'auparavant lesdites guerres, il y avait audit Bésze knombre de trente charrues, tant de chevaux que boeufs, et à présent il nereste de bestail que pour faire trois charrues...

Et que au lieu qu'il y avaitudit.Besze cent cinquante feux, il 'I'v en u

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s

plus que cinquante trois, et si pour aujourd'hui, il y a encore plusieurs.malades. -

Dient aussi lesdits sindicz que la communaulté n esté contrainte,do s'e-goger tant l'année dernière que l'année présente, pour raccommoder les mu-railles et portes de leur bourg..., eu si les particuliers habitants Izont beauàoupengagés envers plusieurs personnes....

• Ces sombres récits deviennent plus lugubres encore; ilsnous apprennent que les Suédois de l'armée du roi de Fiancepénétrèrent dans l'église paroissiale de Bèze où les habitantsavaient renfermé leurs meuliles et effets les plus précieux, etpillèrent tout que ces dangereux mercenaires inendièrent lesvastes métairies de la Grande-Rouge et des tresses, bâties enPierre et couvertes en tuiles, ainsi que le gros hameau de Che-vigny. Avant la guerre on y comptait dix-huit feux et unechapelle. Le 9 février 1637, les officiers du bailliage de Bèze,après avoir reconnu « ocuiaire,ngnt les ruines dudit Clwviyny;mandèrent les habitants sur la place publique. Ceux-ci s'yrendirent tous; ils n'étaient plus que quatre

Cette enquête faite au milieu des mines désertes de Pèze etde ses environs, forme un dossier de quatre-vingt-trois pagesin-folio toutes remplies de pareils tableaux.

Nous ne pôursuivrons pas plus loin cette lecture: raconteroù entendre tout ce que nos pères ont enduré est au-dessus denos forces; aussi n'avons-nous soulevé qu'un petit coin duvoile funèbre qui couvrait alors non-seulement la Bourgogne,tais encore la France et une partie de l'Europe. -- Chose étrange, cette peste de 1636 qui a frappé tant d'in-nocentes victimes en France, qui a fait l'objet de nombreusesétudes scientifiques (I), cette peste, dont la poésie ious a dé-

• (J) Mentionnons seulement les ouvrages médicaux suivants, qui nous révèlent l'in-tensité de cette 4iddmio en mOEme temps que son existence en Italie, en Suisse, enAlleMagne, e Hollande et en Angleterre. Certain directions for the evre ofthc plaque

dji?eventinq the infection. (Instructions certaines pour guêrir la peste et prévenirÇ)nfectiop) Londres, 1035. - cunadelle, Traité de la peste; Genève, 1036. - An-elini (Baptiste). Opera net qua si dichiara l'esscnza delta peste, (ouvrage dons

lequel on tait cannelure l'essence le la peste) Murs, 1638 -. lluchozit,s, Oratio deçe.îeuosei COntagione quant pestent vocafltns; I6.ao,16d8, - Dietnerbrtoch llsbrendusj,

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—peint les horreurs (1), a été oubliée par nos historiens. Le doc-teur Lassis, dans ses notes historiques et chronologiques surles maladies épidémiques les plus mémorables (2), la signaleseulement à Nimègue et à Londres. M. A. Le Pileur l'ometdans son tableau des épidémies obsérvées en France (3).M. Henri Martin, en général si complet et si exact, n'en dit,pas un mot (4), et M. Michelet, qui trace en traits de feu 1'immense misère de cette époque, garde le même silence sur cettepeste tout à la fois l'une des causes principales et des censé -quences de toutes ces misères (C. Un historien, M. AlphonseFeillet (de Paris), seul n'a pas manqué de combler cette lacunedans im livre justement remarqué, dont nous avons maintesIbis constaté la consciencieuse. exactitude (€).

Quoi de plus digne, en effet, de niéditations de l'histoire, queces fléaux, produits funestes des fautes, des vices et des crimesdes gouvèrnememits, et que l'humanité attire sur elle-môme,tandis que souvent il serait en soit de les conjurer.- Nous avons vu la peste succéder à la guerre dans Verduu,

nous allons les y rencontrer toutes les deux.Le prince de Côndé qui, au moment du péril, en face de

l'invasion étrangère, avait laissé cette ville sans aucun secours,]a remplit du soldats aussitôt que l'ennemi l'eut évacuée. Dèsle 20 septembre, nous .y trouvons en permanence t sept compa-gnies de gens de pied du régiment du sieur de Castelmoron,dit le régiicnt de Vivarais, estant en garnison pour le servicedu Boy. » D'après les ordonnances des Elus et sut les états

De 1)eSI C libri quatuor; Aroheim. 1614.11 avait observé et combattu cette peste en 1636et 1631, à N img'Ie, où elle lit de granit ravages.

(1) Fubricius (Vincentius) , Poema de stupeado casa., qui in t1'ollandia, temporepestis contigu; Ilamburgii, 1626.

) Voir de cet auteur l'ouvrage intitulé Couses des ,naladies épidémiques, moyensd'y remédier et de les prévenir. etc., Paris. 1822, in-8'.. -

(3) Géographie médicat d, la Franée; j,. Patrie, la Franco ancienne cl neodérnc,1547, col. 1-122. . .

1) Histoire de Fronce, t. x,.4 édit. 1857. -(5) Histoire de Fronce àu• dix -s epliè.ne siècle. - Richelieu cl le. Fronde. 2' édit. 1862.(6, Voir La sudète au temps de la. Fronde, ou Une page de l'histoire elet'poiipérisute

e', j"pace,l'aris, 1803,2' édit, page 25 et 20.

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- 21 -dressés et signés-pat -M - le Prince; lé receveur général payait

- chaque mois plus de 3,700 livres « pour la subsistance et ai)-poinctemènt desdites compagnies. v-

Elles avaient pour capitaines lés sieurs de Beàuregard, deThisy, d'Arban, de Pleigny, de Saint-Ligiei', Pupinel et Dussy.Le roi nomma pour gouverneur de la ville noble NicoiasdeChantemesle, aide de camp de ses armées. Le .sioui' de laChapelle remplissait les fonctions d'aide-major (I).

Verdun, dont Coudé avait méconnu l'importance; devint alorsl'objet de toute son attentioi, condamnant ainsi lui-moine saconduite passée par sa conduite présente. Il fit travailler avecla plus grande activité à ses fortifications, et comme l'argentmanquait, il àvanca dix mille livres de ses propres deniers (2),tandis -qu'il demandait instamment à ]a province, pour la mêmcdestination, une somme, de cent mille francs. Mais la caisseprovinciale était à soc. Le receveur général ayant transmis lademande du prince .à messieurs les Elus de Bourgogne, « ceux» ci, considérant que lesdites fortifications de Verdun impor-

taient à la conservation de la province, décidèrent que le» receveur emprunterait ladite somme dont les intérêts lui

seroient payés (3) (25 septembre 1636). »En moins de quatre mois l'argent de la pauvre Bourgogne

avait été absorbé par les seules dépenses de la garnison et desfortifications de Verdun.-

« Le 14 décembre; les Eleuz des Estatz ayant donné mande-ment àM' Gilles Berthet, receveur général, pour le payementde la garnison de Saint-Jean-de-.Lôsne, celui-ci s'excusa ddfaire ledit payement faute de fonds (4). s

Les Elus. pressés par les capitaines des régiments de Conty

(1) Registre de . l 'état civil de Verdun. -Archives municipales. - Mandement desélus à W P. Forneret, receveur général pour Ventreiiendes garnisons de la ville deVerdun.—*Archives de Bourgogne à Dijon.

2) Hegistre des délibérations des Elns (l4 décembre 1030). - Archives de Bourgo-gne A bijou. -

(3) Délibération des Elus de Bourgogne. Copie manuscrite. Bibliothèque de M. lecomte Ed. de-La Loyère, au chèleau de Savigny (Côte-d'Or).

(4) Registre des délibérations des Elus.-- Archives de Bourgogne à bijou.

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- -en garnison à Saint-Jean-de-Losne, et de Castelmoron à Ver-dun, ainsi que par ceux des milices qui réclamaient leur solde,étaient dans le plus grand embarras. Le prince de Condé, netenant aucun compte des besoins de la province exténuée, vintencore augmenter les difficultés de cette position en exigeant,avant No4il,,—on était au 14 décembre, - la somme de cinquantemille livres, don gracieux que lui avait fait la dernière assem-blée des Etats, plus celle de trente-deux mille livres pour sesgarnisons; enfin le remboursement des dix milles livres qu'ilavait avancées pour les fortifications de Verdun. Il fallut re-courir à an emprunt, afin de faire face aux plus urgentes de cesdépenses (1).

Mais les charges, les misères, les souffrances de la Bourgo-gne croissaient salis cesse et ses forces allaient toujours endiminuant. Sur ces entrefaites elle avait été envahie de nou-veau et mise à feu et à sang par l'armée impériale des conté-drés, forte d'environ quatre-vingt mille hommes (2), tandis quedans le même temps les soldats du cardinal de La Valette etde Weimar, envoyés pour la pï'otéger, rivalisaient de cruautéavec les ennemis, pillant, brâlânt comme eux les villages etmême des villes (3), égorgeant des femmes et des enfants jus-que sous les murs de Dijon (4).

(1) Registre des délibérations des Élus (14 décembre Ï636). —Archives lie Bourgo-gne à Dijon.

(2 Ce nombre a été augmenté par les uns, diminué par les autres. 'et fort discuté. Ilest certain que culte armée s'élevait au mous à quatre vingt mille, individus en ycomprenant la foule Icsfemmes; des valets, des charretiers et des pillards qu'elle trai-nait à sa suite, et qui ne 'faisaient pas moins de dégats dans les campagnes que les sol-dats oua-mêmes. D'après le témoignage d'un sieur Morandet. Dijonnais, soldat de for-tunequi servit dans cette armée, etles rapports des prisonniers, il n- avait pas moins(le vingt mille personnes et bouches inutiles, ( Campagne de Galas es Bourgogne, relation du temps. Copie de M. de Migieu d'après les man use rits de M. de Fou Lut te. --Voir aussi Do la Mure, de Bel lo flnrgundico, p. 19; -- Béguillet. ouvrage cité, P.133.— Beeue des deux Bourgognes. - Sidgede Saint-Jean--de-Losae, par M. V. La-dey, t. iii. p . O6.

J'oubliais de dire que le due de Weymar ayant logé à Noya par ordre de M. lePrince pour enipescher qu'au casque l'cnncmy prit Saint-Jean.de-Losne, il 'me s'a'n'and_cAt plus avant dans le pays, sèrtit de Nimys avec quelques troupes. Mais le lendemainle reste doses troupes pilla le dit Nuys, les maisons particulières et l'église. i Campa-gne de Ga los , manuscrit déjà ci té.

('I) Registre des délibérations de la ville de Dijon, 21 octobre 1636. - Archives muni-

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Ces lâches brigandages exercés contre des populations amies*et inoffensives, quelques combats insignifiants qui ïfeurent

qu'une influence très-secondaire sur les opérations de l'en-nemi, telles furent, en Bourgogne, les prouesses de trois arméesroyales, dites françaises. ayant à leur tête l'un des plus graiidscapitaines du XVIIe siècle, un prince du sang français etmôme un prince de l'Eglise.

Le patriotisme, les vrais soldats de la France n'étaient pasdans les rangs de ces bandes indisciplinées et affamées de pil-lage, mais parmi ces Bourguignons de Verdun, de Mirebeau, deSelongey, d'Auvillars et de Saint-Jean•de-Losne qui défendit.rent pied à pied le sol de la patrie, arrêtèrent l'ennemi et quil'eussent anéanti avec le concours des armées (lu roi (I). Ceconcours n'arriva jamais à point et fit souvent défaut dans des•conjonctures capitale (2), comme celui de Condé à Verdun, de

• La Valette cf de Weimar à Mreheau.qu'iIs laissèrent saccager;on a vu comment ils protégèrent Bèze; les trois armées royalesn'empêchèrent aucun des assauts do Saint-Jean-de-Losne, etsans l'héroïsme des citoyens dé cette 'petite ville, Rautzaw y.eût été reçu par Galas, et Dicn'sait comme....

La dévastation de la contrée, où il ne restait plus rien à pren-

cipaies. -- «On se souvenait, dit M. M. Martin, des -suites funestes qu'avaient eues enBeigiqua les violences de in soldatesque il fut enjoint aux soldats sous les peines lesplus sévères dose conduire dans les campagnes comme en pays ami. 1636.-- Pis foire;de fronce, p. 448, t. xi. 4' édit. Il est fallu diicquc ces ordonnances. comme la plupartde celles de ce temps—là, restèrent sans aucun effet. c'est ce quo nous prouvons.

(I) Nous avons signalé dans notre Lettre sur tes richesses historiques de ta Bourgo-gne, p 7.8 et 27, notes 10 et 11; Paris, A. Aubry, 1559,--3' édit. in-8' -- l'injus—.tice Ou I ignorance de presque tous les historiens envers Sa int-J ean—d e-Losnc. Malgréde nombreux et irrécusables témoignages, la lumière s grand'peine à se faire sur ce'bel épisode de notre histoire nationale. Les lignes trop concises que M 1-J. Martinlui e accorte, n'en donnent qu'une bien faible idée (Hist. de Fronce, t. xi. p. 457. 4'édit.). Quand ù M. Michelet. si capable de comprendre le dévouement patriotique desLônois, il le dépoétise et le réduit presque à rien. Il présente, û tort, Galas commeull'aihli dès le début du siée, et il y fait jouer à Ranlzaw un rôle que la vraie histoire.ne lui assigne pas. Cette appréciation en amène une autre non moins errnnée a Lanation était déshabituée de la guerre 'p. 148). » La conduite des Bourguignons et desFrancs—Comtois dans la guerre de 1636, prouve surabondamment le contraire, Voir.Michelet, Risi. de 'Franco 0e4 xvi.' siècle. lliche(fcn et la Fronde, p. 147, 2 édit. --Béguill,nov. cité, I' part. cl,. ix, et notre Lettre précitée.

('2) ZrVoi Ilégniittet, ouv. cité, 2 partie, p. 56,61 et surtout 227.

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- -(ire, et la force de la petite place de Verdun en éloigiiè.rdnt l'en-:nouai, qui se porta, comme on sait;, entre Dijon et Saint-Jeau--de-Losne; mais les malheureux Verdunois, qui avaient si grandbesoin de repos pour guérir les profondes blessures de la pre-mière campagne de 1636, durent encore essuyer une partie desmalheurs de la seconde, qui se traduisirent pour eux en loge-ments de soldais et en nouvelles pertes, charges et impôts deguerre. Cette cruelle position était celle de la province entière.Les Elus résolurent de convoquer une assemblée extraordi-naire composée d'un représentant de l'Eglise et de la noblessepar bailliage, et d'un député de chaque. ville, poliraviser à quel-ques palliatifs et surtout aux moyens de « faire subsister lestroupes avec ordre et d'empescher les ruines et ravages; m maisils ne savaient eu quelle ville réunir cette assemblée, ni com-muent faire tenir e seurement les lettrés de convocation, à causedes gens de guerre qui sont espanchez par la province, et desvoleurs qui détroussent les passants (1). »

Ainsi finit, comme elle avait parcouru sa carrière, dans lesang, dans les incendies allumés par les soldats, dans les mortscruelles de la guerre et de la peste, dans lés larmes 'de toutesles douleurs, cette année 1630.

M. Michelet la nomme « la terrible année de Corbie (2). »,Pourquoi eb sobriquet?

Si tant d'horreurs ne nous rendaient presque indifférent pourla plus pure de nos gloires militaires, nous nommerions 136 laterrible aimée de Saint-Jean-de-Losne, rappelant ainsi à tous,au lieu d'une lâcheté et d'un revers, le souvenir du patriotismeet de la bravoure couronnés par la victoire.

L'année 1637 fut, comme la précédente, une année de guerrepour Verdun. Mais les rôles changent, nous sommes les en-vahisseurs et les victorieux (3). Ce qui ne change pas c'est la

1) Registre des délibérations des Élus,-- i novembre 1636. - Archives de l3uur-gogne à Dijon.

(2) BisÉ. de Fronde au xvii' siècle, oh. ix, p. 1.51,(1862).(3) Nous rappellerons ici que l'Histoire des guerres des deux Bourgognes par Bd—

goulet, s'arrête è l'année M.W. 'rouie cette partie de notre travail est neuve etinédite,

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rapacité, l'indiscipline, la cruauté de la soldatàsque, ce sont lesIt maux qu'elle fait souffrir aux populations, c'est la misère gé-

nérale; je me trompe, elle change (le niveau elle: inontètou-jours. Pouvait-il en être autrement, avec la guerre sauvage dece siècle barbare. Guerre sans repos ni trêve, que les plusmauvaises saisons n'interrompaient pas: Avant la fin dede janvier1637, les ennemis avaient déjà pénétré quatre fois dans leduché de Bôurgogne, fait une tentative infructueuse contre lechâteau de Pierre, assiégé et pris celui'd'Autumes (qu'on leurreprit le lendemain), et brûlé entièrement ce qui restait de lapetile ville de Bellevesyre, dont ils emportèrent l'horloge "etfoutes les cloches (1).

Au mois de mars, le duc de Longueville inaugura ses succèsen Comté et une longue série de cruelles représailles par laprise et l'incendie de la ville de Saint-Amour. Les ennemis yrépondirent aussitôt en brûlant le village de Marcilly-sur-Tilleelle bourg de Talmay a avec tous les hahitan qui s'y étaienttrouvés (2). »

Les soldats du roi catholique, comme ceux du roi très-chrflièn,choisissaient volontiers les grandes fêtes de l'Église pourquelques expéditions militaires que signalaient toujours decruelles exécutions. Un jour, de Fête-Dieu, le duc de Longue-ville, qui venait de prendre. le château de Chaussin, fit pendrele capitaine à là porte en compagnie de quelques-uns de •sessoldats.

Cette mort ignominieuse était réservée à tous les comman-dants de villes ou de châteaux que le sort des armes ne favo-risait pas. Quand, par extraordinaire, l'ennemi leur laissait lavie, ils étaient mis à mortt par les leurs. Ainsi le capitaine quicommandait dans le château de Vadans pourles Français ayantcapitulé, faute d'eau et de farine, après onze jours de siége,.fut

(1) Relation historique du curé Pontus Pyot. Manuscrit déjà cité.(2i Registres des délibérations des Elus de Bourgogne, Mss. do la bibliothèque

du château do 5a1gny, à Ni. ]e comte RI. de La Loyôre.r

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—29---conduit prisonnier à Chélon-sur-Saônc cl pondu pour s'être -

rendu trop lâchement (1).

Tout ce carnage se faisait à quelques lieues rie Verdun, qui,par sa forte position sur la lisière de ces champs de bataille,avait forcément reconq uis son ancienne importance commeplace de guerre.

Au gouverneur Nicolas Bouton de Chanteesle aide decamp des armées du roi, mort de la peste à Verdun le 17 sep-tembre 1037(2), avait succédé messire Gilbert de Montmorin,seigneur de Moutaret et le Châtelard, alors premier capitaine, -et depuis lieutenant-colonel au régiment d'infanterie du prince

• de Conti. Une partie de ce régiment vint prendre garnison àVerdun, où nous voyons ensemble les compagnies de MM. deBassompierre, de noble Hectôr Latour de Croisson, du baronde la Clayette, du sieur Desgouttes, sans préjudice de celle dugouverneur, forte de soixante.-douze hommes, et de trois coin-pagaies franches commandées par MM. de Torcy, de Chalus etd'Agencourt (3).-

M. de Montaret fit achever les travaux de fortification com-mencés sous son prédécesseur; il en avait reçu commissionspéciale du jeune duc d'Enghien, qui tenait en Bourgogne la

• place de son père et de M. d'Qrgères, intendant de cette pro-vince. Le 12 juin 1638, il adjuge à Jean Demongeot, maîtremaçon de Châtillon-sur-Seine, résidant à Verdun, où il avait« à ci-devant esté employé ait des fortifications, » la

• façon et la pose des palissades qu'il est nécessaire de mèttre

(1) Relation du curé Pontus Pyot.(2)11 fut inhumé dans le choeur de l'église paroissiale, nû l'on voyait encore sa tombe

ou commencement du siècle dernier, ii portait pour armes, d'or au chevron d'azuraccompagné de trois merlettes de sable- Il était étranger à la maison de Bouton deBourgogne, sa famille appartenait à le Normandie. Puillot s'est trompé en fiant samort à 1628, et en disant que sa tombe était ail cimetière do l'église saint-Jean -Voir P. Pailint, liisloire gdsalogque des comtes de Chamitly de la maison deBoulon, préface. - Registres de l'état civil de Verdun. - Archive i.unicipates.

(2)'Ristres de t'élat civil de Verriun. - Archives municipales. —FataL des sommespayées poufta subsistance des trnupcs tenons garnison pour le service , dit roy dansles places frnntires 'le la province. - Archives do Bourgogne et Dijon. délibérationsles lilas)

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aux toussés de ladite ville.., bien garnies et chevillées, ainsi quela réparation des bresclies des parapets, conformément à ladélivrance qui lui en avait été faite en présence du sieur Gau-thier, ingénieur du roi en Bourgogne (l)

Dès lors Verdun fut I?aile des malheureux habitants d'alen-tour dont les villages et les bourgs étaient détruits ou occupéspal' l'ennemi. C'est là un point véritablement important clé souhistoire qui devient celle de toute la contrée. Cette petite villedut encore à sa position et à la force de ses murailles l'hon-neur d'être choisie par les Elus du comté d'Auxonne pourleurs assemblées pendant les années 1637 et 1638 (2).

Si nous faisions de cette vieille , histoire-bataille avep laquelle011 a étourdi et grisé si longtemps les malheureux peuples etmasqué la vérité, quelle belle page ne composerions-nous .passur le Verdun de cette époque. Nous le montrerions, grûce àl'active sollicitude du prince gonverileur, renaissant de . sescendres en quelques mois, 'relevant, comme par enchantement,ses remparts en ruines et occupant l'un des premiers rangsparmi les petites places fortes de notre frontière de l'Est. Nousdépeindrions la seurité et le èahne réparateur dont jouissaientenfin ses habitants protégés par une puissante garnison, à latête de laquelle ils étaient fiers de voir l'un des plus noblesgentilshommes de Fronce et n'ayant d'atres soins que de fêter,lors de leur séjour 'à Verdun, les troupes victorieuses de Lon-gueville, de Feuquières, de la Ito lie-Houdan court, de Gué-briaut, de la Meilleraye et de Saulx-Tavanes.

Nous nou féliciterions de voir notre ville désignée cammenu lieu aussi sûr que commode pour le dépôt des blés desti-nés à l'approvisionnement ries places conquises au comté surl'Espagnol, et choisie pam M. Henri de Saul*-Tavanes, mar-

(1m Marchépour les travaux qu'il convient de faire aux fortifications de la ville deVerdun; fait eVpass audit Verdun, au logis du sieur (le Montaret, le 12' de juiti 1633.Manuscrit original signé: Montaret. - Collection bourguignonne do l'auteur: - Le

9, pli' do la toise e palissades était de 9 livres pour chaque toise. de 7 pieds 3/2 do roi,sans la Iournituredu bois qite , l'adjudicataire devait aller couper et chercher, à , ses

e(rais, dans Ils:boisdd-roi, à5aùlnires et à Characy. .t2) Registres iiù ,c'omtéd'Ausonne, - Archives de Bourgogne, à Dijon.

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—31--quis de Mirebeau en Brese, vicomie de Lugny, seigneur dSully, d'Jgornay, du val Saint-Julien et autres places, capi-laine et gouverneur de la ville et du château de Talant, maré-chal des camps et armées du roi et son lieutenant-général enBourgogne, pour son quartier-général (1612) (1).

Certes, tous ces faits ignorés, que nous venons de grouperun peu arlistenient pour la première fois, se sont bien réelle-tuent accomplis à Verdun au xvii 0 siècles mais ce que cette miseen scènç historique ne montre pas, ce qu'elle cache dans lescoulisses, c'est le prix que les Verdiinois ont payé cette petiteplace sur le théâtre de la guerre, c'est ce qui leur en n coûté pourvoir de près ces drames militaires et POUF avoir donné l'hospi-talité à nos armées victorieuses.

Il fàut s'en souvenir, c'est quand la peste les décimait, c'estlorsqu'ils n'avaient pas un morceau de pain à se mettre sous la

• dent et pasun denier pour en acheter, qu'ils étaient obligés depourvoir abondamment à la nourriture de cette garnison en-voyée pour les garder contre l'ennemi après qu'il leur eut tout

• enlevé. Pont juger de leur affreuse situation, il faudrait lire lescinq requêtessuppliantes qu'ils adressèrent dans le cours de laseule année 1637 aux élus de Bourgogne et au prince de Condéqui écrivit lui-même en faveur des Verdunois aux Élus. Ceux-ci

ayant esgard aux grandes pertes par eux souffertes en l'annéedernière à la prise de ladite ville par les ennemysde l'Estat,aux grands debtez esquelz elle est constituée, ceux qui lui sontdeus par la province à cause des diverses dépenses fourniesaux gens de guerre, et qu'elle continue encore du présent et.autres considérations,- » firent compter aux échevins et habi-tants de Verdun et Saint-Jean 1,500 livres une fois, 2,000 livresune autre, en tout 3,500 livres, sur 29,772 livres qui leir

(I) Registre des délibérations des Élus. - Archives de Bourgogne à Dijon. -Ordonnance autographe signéeHenry rie Saulx-Tavancs » au garde général des» munitions de guerre de ChAlon, de délivrer s présentement la quantit do quatre cens •e liv?cs de poudre, autant de p1ori et sis cens livres de mesohe, peur esro employées r-à md'riir les places que Sa ?slagesté tient au cont&:Iait;à , Verdun, ce 9 avril 1612. s.Manuscrits et Autographes bourguignons. - CotJetioncAbel handfl.

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étaient dues, qu'ils avaient avancées pour le s .rvicc du roi etdont ils payaient les intérêts (1).

- Voilà comment sous l'ancien régime, le gouvernement faisaithonneur à ses engagements.

Pour cet approvisionnement des places conquises dans le'Comté, l'intendant de Bourgogne, en vertu d'un ordre du roi,frappa sur toutes les communautés des bailliages de Bijou, deNuits, deBeaune et deChâlon, - on sait l'état étaientréduites, - des corvées de chevaux, chars, chai'rettes,et desacs pour conduire les bleds à Auxonne, d'Auxonne à Verdunet de Verdun dans les places de la Franche-Comté. Cette chargeétait ruineuse, accablante pour la Bourgogne et au-dessus deses forces. Les Élus se transportèrent vers le jeune duc d'En-ghien pour lui exposer le grand dommage qu'une pareille -me-sure causerait iX cette pauvre province et le supplier de l'enpréserver, 011 du moins d'ordonner que les frais qu'elle nôces-siterait fussent payés, « ce que ledit seigneur n'a voulu accor-der (2). s

Cette année du duc de Longueville qui, à deux reprises,traversa la ville et le territoire de Verdun et y campa six se-maines, était si près du pays ennemi, qu'elle s'y crut encore. Celut presque une nouvelle invasion de Galas; elle tramait aussi lapeste à sa suite. Elle effondra les bateaux qui desservaient 1ebacs de Verdun (3). A Ciel, elle brûla les granges remplies des

(1) Registre des délibérations des Élus Lie Bourgogne. juin, juillet. décembre 101.- Archives de Bourgogne, h Dijon. Tfaité passé le 1- février 1638, entre leséchevins cl habitants de Verdun et de Saint-Jean, d'une part; et messire Louis deTveri, écuyer, seigneur (le l3ragnv, la l3arre,-Dasùerey etc., d'autre psr lequel leditseigneur se charge de poursuivre le remboursement et d'acquitter les dettes contractéespar ]es habitants, pour l'entretien des garnisons. - Manuscrits et Autographes bour-guignons. - Collection 3.-P. Abel Jeandet.

(2) Registre des délibérations des Élus, avril 1012. Archives (le Bourgogne, 1 Dijon.(2j Per transaction entre M" 1. Dublan, prc'tre, chargé des affaires du comte de Ver...

dun. et la veuve do Guillaume Bouson, fermier , du port de Chauvort, il lui fut dimi-• nué 100 livres sur le prix do sa lorme, pour les années 1f.39 et 16 b), en raison do le

ruine de ses bateaux par suite du passage des gens de guerre et du transport CI canon.les attelages et autres charges extraordinaires (Il mars 1041). Anciennes minutes deM' J. tjelnt,t Luude de. M' 1,alouet, notaire à Verdun.

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- 33 —récoltes de l'aTnée (l).A Saint-Jean de Verdun

'elle démolit et

incendia une partie des tuileries (2), seule industrie du pays;etdévasta le hameau de Chauvbrt où elle établit. son hôpital (3).Pour l'entrdti n de cet hôpital, le duc de Longueville ordonnaaux Élus d'Auxonne, réuiiis à Vèrdun, d'imposer 3,000 livressur le Chalomais, qui n'était pas de leur ressort et sur lequel ilsn'avaient aucune autorité, comme ils le lui firent observer (4).

Les Élusgénéraux de Bourgogne avaient emprunté cenmillelivres pour' subvenir aux frais de la subsistance de cette armée,

• mais comme la somme était insuffisante, ils firent les plus pros-sautes instances auprès de M. de Longueville, afin qu'il con-

• sentît à évacuer la Bourgogne, qui ne pouvait Plus lui fourirniyivres ni argent. Après de longs pourparlers il finit par trai-ter avec les Élus pour les étapes et le départ de ses troupes;mais celles-ci . voulurent dtre soldées entièrement et de suite,'menaçant de se payer de leurs propres mains en ravageant etsaccageant tous les lieux riverains de la Saône, et même derepasser cette rivière et de se saisir do la personne de M. leprésident Legrand, député par Messieurs les Élus pour sur-veiller le pacment des étapes, ainsi que de celle du reqeveui'général, M" Berthet. Ce-dernier alla trouver exprès.les Éluspour leur exposer le danger etréclamer encore plus de 70 millelivres, sans lesquelles il déclara ne pouvoir retouriiii ni à CM-Ion ni à Verdun et se présenter aux troupes sans périt (mai,juin 163) (5). Lepassage de cette armée chargée des dépouillesde la Franche-Comté, coûta plus do 250 mille livres en or--gent à la Bourgogne, sans compter la dévastation de tout leplat pays (G).

Qui parmi nous habitués au far fiente que nous octroie lasollicitudé administrative, et au bien-âtre de notre 4ge d'or,

(1) Cherche (les feux, année 1615. - Archives de Bourgogne à Dijon.(2) Partage de biens, 12janvier 1651. -An ciennes minutes de M F. Gasi, nOLUire

royal à Saint-Jean-de-Verdnn, Etude de M' Fresue; notaire à Verdun (18(W).(3) Cherche ries feux, 1645. -- Archives de Bourgogne, à Dijon.ç4) Registre la comté d'Auxoade. - Archives de Bourgogne, à Dijon.(5) Registres des délibérations des Élus. Archives de Bourgogne, à, Dijon.(6)Ibid. (Novembre )638) --

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pourra imaginer ce qu'il a fallu de force,. d'énergie, de résia-Lion stoïque et d'activité û cette cinquantaine de Verdunois, -bourgeois ruinés par la guerre, pauvres marchands pillés, ai-tisaus plus . pauvres encore, tous échoppés, à demi morts; auxtempêtes iie nous avons décritd, jour .11e .4as se laisserabattre par tant de inaûx et ne point ahaudoùner le gouvernailcfdé leur malheureiis'è ville? " .

44Cependant, dit un témoin oculaire, il iïe sepassoit autrechose ès deux provinces cle'comté et duce dôBourgogno qudes continueliés courses d'une' paft et d'autr pr lessons et paysans qui causaient une grande misère; sur lés trou-tières desquelles ovinces les villages étaient rendus inhabi-tables principalement de tout le comté où la chèreté était nonpareille (1). ». .. .-

I.• Quand il n'y eut plus de châteaux -à canonner, de viliages»:à

raser, de villes à forcer et à incendier, les soldats s'occupèrentrchaque année, un peu avat l'époque des moissons, à faire le

• dégât dans les champs ensemencés. Ce fut le passe-temps ducorps d'armée du marquis de Villerôy, en 1639. et 1640, autourde Dole, nous apprend le curé Pyot, mais ce qu'il ne nous ditpas, tant rhistw'ien le plus naïf est toujours porté à faire l'his-toire à sa guise, - c'est que pour aller accomplir ce stupidestupideexploit, il traversa nos champs, les champs clôs Français deBourgogne, où il se conduisit comme dans la - Franche-Comtéespagnole (2). » ....-

Cette guerre de sauvages à sauvages, de barbares à barbaresse prolongea sans relâche jusqu'en 1642, époque où la Franche-Comté, saccagéè et dépeuplée, obtint un traité de neutralitéillimitée qui se fondit dans la paix de Munste ' (1648).

Malgré la peste qui avait fermé tant de bouches pour toi-

('i) Manuscrit du curé P. Pyot, d,'jè cité.(2J Procs-verbal dresmi en 1639, constatant que le 18 juillet, veille des moissons

M. le marquis de Villeroy.nvec son armée cmpa sur les territoires de Sermesse et det Saulnires, et y Commit de grands dépits. (Cité dans un mémoire des habitants rl

5aulnièsW. contra les vénérables religieux bénédictins du eoihlg Saint-Jéronie deDole). Dijon, .1182, in-4'. i3:bIiothjtie bourguignonne rie Fauteur.

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jour, la irnseid et la disette étaient parvenues ucepolfltdalls lecomte de Bourgogne qu'on déterrait le bétail à demi pourri aÎII

p de,s'en nourrir. On servit de la chair dechval sur-là' tablemême-du prince Charles, et ses soldats alldieift jusqu'à rdngordc milles peaux Te che aut morts depuis longtemps Onstiit l'histoire de ce ehirurgienqui, ayant amputé la main d'unsoldat blessé, la lui deinandà p6ùr -son satair CL larnangea,

ï4'Toiquô déjûeflé fûVatte[nte de ângrèiie (1).- - -Quand le soldat, quiasait tout iris pour lui, en était réduit à

-

. eûnejarïlje pâture, que mngeait donc lè pauvie paysau?I1mangeait du soldat à l'occasion, et se mangeait lui-même!rEcoutons un contemporain; le citré Pontus Pyot.-

the chose prodigieuse arriva au village de Ilaon au' commencement del'an 1639, où un soldat de ceux qui avaient estélattus et chassés par fa gar-

$ nion de Pierre; s'estant orsté à 4 cause de ses blessures, audit Ilaon, futachevé de tuer par quelques habitants dudit lieu qui m'angèrent la plusgraile partie de son corps-pour raison de la faim qu'ils enduraient (2)...

L'an 1641, la: famine étant fort cruelle par tout le comté, il arriva une

•chose pitoyable en un lieu du bailliage d'Amont appelé Betoncourt, où unt pauvre homme débilité de faim et sentant ses forces diminuer, s'en alla avec

sa femme en un couvent de capucins, proche ledit Betancourt, oi t se bohfe's-sérent et communièrent. Après quoy, s'en retournant. ledit homme fut con-

•trhmnt de s'rrester, et de faiblesse et de hum, mourut. Sa femme le voyantmort, lui ouvrit l'estomac et prit son foie, le coeur et les poumons qu'elle

• emporta-cafsa maison, les fat cuire et les mangea, puislé lendemain mon-,rut aussy, et fut trouvée avec encore quelques pièces dudit foie sur soy. Cequi m'a esté fidèlement récité par un bon père capucin venant du couventoit cas étrange estoit arrivé Ce quitémoigne une grande ire de Dieu àl'encontre de son peuple (3). --

•En ce temps-là, le président Hénault écrivait dans son-& Abrégé e1ronoiogique de l'histoire del?'rance (4): Le royaume

commence à se restentir de la longueur de la guerre.r»

(la Voir Dom Cal nie t, Iilsf, de Lorraine, t. in, p. 375. - Duuod, Afhnojre pour ser-vir à L'histoire du comté de Bourgogne, p. 571et 573, et particulièrement l'Bistoj,-de dix ans de la Franche-Comté de Bourgogne (1632-1642), par Girardot de Nozeroy'sieur de Beaacheinin, Besançon, 1812, in-8',

(2-) Relation manuscrite déjà citée.(3) Ibid. -(-I) On sait que cet ouvrage eut, on peu de teiiaps, néuréditions et qu'il Cul tmiduit

on allemand, en italien, en anglais et marne en chinois.-.-.

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De nos jours il n'est plus-possible de défigurer biusi l'histoire.Mais, nous l'avons déjà dit, et nous le répétons, les pionniersqui défrichent nos annale provinciales n'ont point terminéleur tâche, et nos meilleures histoires de Franco cii souffrepi;comme on pourra s'en convaincr si on y cherche quelquesrenseignements sur cette longue et terrible guerre des deuxBourgognes

(4) Voir M. H. Merlin, Mai. de Franco, L. 4' élit., 1857. p. 469-0 et 481. lI n'ydit pas un mot de cette guerre d'extermination, et les très-rares indications histori-ques qu'il donne, sont confuses et entachées d'erreurs. Ainsi, par exemple, il faitprendre Lons-le-Sauloier par Condé en iOSO, avant le siégo de Dole (p 448), et en1625 par Longueville. Cette ville rut prise seulement en 1631. Dom Calmet. dans soutuai. de la Lorraine, signale pour seule entreprise remarquable faite par l'armée duduc de Longueville, la prise du château (sic) (le Varilun-s,tr-snôue, s que son Al-tesse, dit-il, ,s'avait pas jugé è propos de secourir. » Le château do Verdun n'existaitplus è cette époque et les troupes de Charles de Lorraine n'occupaient plus cetteplace depuis un an la duc dè Longueville n'eut donc pas è la conquérir (t. ut,p. 3M). '11. de Persan, auteur de Recherches historiques sur Dole, faitmieux que PuniCalmet et les autres; il ne dit pas un mot de la prise de Verdun par Lamboy aprèsla levée du siège de Dole.

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J.-P. ÀBL'L JEANDET, de l'erdiva.

(ta Suite à la prochain e livraison).

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'.flédecin du service médical gratuit du département de .Sedan-ei-Loire;_.

Ex-premior Con eiller municipal et ex-Adjoint au maire de b ville de Verdon

t;tUMembrede l'Académie des Sciences, Arts et Belles'LeLtrts de Dijon;

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eh de li Sbiétô Académique de lAube; Le4

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.Ces piges ont été détaeli,es des Annales de la ville de Verdun pourservir de pcus à cet ouvrage, qu 41e i paraîtra en 1860.rospet

•II forrneril un- beau volume, grand in-8°,d'au moins 500 pages; orné de4

• .trois plans de Verdun, des sceuuxet armoiries de ses .anciens seigneurs etCt'tde ses principaux gouvei n&lrs, ainsi que de plusieurs poitraiLs;*--.-•-. ,-.,4t• Ce livrer .consacr a faire revivre le passe oublie ou in cdnnu de la petite1

ville de Vcruun;st le fruit de vingt-cinq années derechrehes incessanteset cousciencieusis. Son auteur, en le composa-nt et en le mettant ajour%

' voulu laisser un témoignage durable dêson patriotisme. En rappelantà sesConcitoyes ]eswinci1fut6pisodes-de l'existence si tourmentée ot, si -dou--

•Ioueusc de leurs pôresit leur donne d'utiles effseigneffionts & il ]esconvieau éulte-pietix des ateux et de la terre natale qui remplit son coeur? -

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