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Mange et tais-toi ! Annick Dimanche

Annick Dimanche - Fnacmultimedia.fnac.com/multimedia/editorial/pdf/9782332569837.pdfdans la radio. Mais elle préfère Rika Zaraï et la chanson des souliers de je ne sais pas qui

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Mange et tais-toi !

Annick Dimanche

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Préface

A six ans, j’étais certaine qu’un jour je serais écrivain. Je me voyais romancière, vivre de mon succès, habitant un manoir au fin fond des Ardennes, cherchant l’inspiration en forêt, lors de longues promenades en compagnie de mon chien, à moi toute seule ! Un chien énorme et tout tendre. Un nounours vivant, mon meilleur ami.

Aujourd’hui, je n’ai rien écrit du tout, si ce n’est quelques discours. Mon meilleur ami a deux pattes et un look irrésistible, j’en ai fait mon mari ! C’est vrai qu’il est tout tendre. Nous vivons avec deux toutous et un chat. Ils sont tous les trois adorables mais je suis trop paresseuse pour les promener, je préfère ouvrir la porte du jardin clôturé. C’est moins romantique que les balades en forêt mais c’est plus rapide.

Entre le boulot de la journée, le boulot du soir, l’entretien de la maison, le golf et les copains, il reste aussi un peu de temps pour accueillir nos enfants. Autrement dit, je vais à l’école avec des pieds de plomb. Là, je suis résolument expéditive. En soirée, il m’arrive de m’endormir debout en massant une cliente. Je cultive mes roses au milieu des mauvaises

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herbes. Au golf, je suis la reine du roumdoudoum et, finalement, j’en arrive à refuser les invitations des amis pour rester un soir plantée devant la TV, sans jamais voir la fin du film, terrassée par une petite socquette.

Quand les enfants débarquent, c’est autre chose. Le temps s’arrête ! Je suis heureuse, je les regarde se construire et je leur dis de surtout se prendre le temps, en touillant avec motivation dans mes casseroles, pour être certaine qu’ils aient un bon repas. Comme s’ils ne mangeaient pas quand je ne suis pas là !!!

En fait, si je suis crevée, ce n’est pas parce que je suis saturée de tout, c’est parce que j’aime trop « tout », y compris les sous ! La famille, les toutous, la chatte, la maison, le jardin, les élèves, le massage, le Feng shui, les voyages, le golf, le carnaval, les sorties, les copains, les projets à toutes les sauces… J’ai bien de la peine à lâcher un choix pour un autre. Alors tant pis ! Je jongle avec l’agenda jusqu’à l’overbooking complet et tous les trois ans, je tombe malade, paf ! Une bonne saloperie qui dure au moins un mois. Ma fille, Nanou, fine psychologue, m’a prédit que mon inconscient me clouerait un jour en chaise roulante si je ne me décidais pas à écrire ce sacré bouquin dont je parle depuis toujours. Histoire de rester fidèle à moi-même, malgré moi !

Et ce matin, quand le médecin m’a annoncé que cette névrite du trijumeau me rapporterait, en plus des grosses douleurs, six semaines de congé sans courant d’air, je me suis dit : « Arrête d’en parler ! Fais-le ! Ecris ! Cela fait 44 ans que tu attends ! Fonce ! » Alors, j’y vais ! Je fonce…

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Vivegnis, Dinant, Lavaux-Sainte-Anne

Papa travaille pour l’Office des Voies Navigables. C’est un métier d’eau et de péniches. Pour devenir chef, il a dû déménager souvent. Alors, je suis née à Gosselies et, quand j’avais deux ans, nous sommes arrivés à Vivegnis. Maintenant, j’ai 4 ans. Notre maison fait un coin. D’un côté, c’est la rue de Cheratte et, de l’autre, la rue Detrez. La porte d’entrée de la maison regarde la rampe du pont. C’est de là que les grands descendent en patins à roulettes ou, quand il neige, en pneu d’auto.

L’école Sainte Félicité est à 300 mètres. Ma mère dit qu’on y est bien mieux éduqué qu’à la communale, tout en haut du village. Moi, je pense qu’elle est surtout contente de me surveiller sur le chemin, bien au chaud dans sa cuisine. C’est qu’elle panique tout le temps, maman. Sur la route, les gros camions pourraient m’écraser. Au terrain de football, je pourrais me casser le nez en faisant des culbutes sur les barres. Le canal Albert, c’est ma mort ! Comme elle ne sait pas nager, je pourrais m’y noyer ! Et puis, il y a encore les bohémiens et les gens de

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Liège qui kidnappent les jolies petites filles comme moi. Bref, je dois souvent jouer derrière un grillage vert qui arrive au-moins à la tête de mon frère. De l’autre côté, il y a tous les enfants de la rue. Pour papoter, c’est pratique ! Mais j’ai quand même l’air d’un singe en cage, là derrière !

Par bonheur, Dominique existe ! C’est comme ma petite sœur ! Elle a un an de moins que moi et peut courir partout. De ma maison, on voit la sienne, c’est tout près. Elle vient jouer presque tous les jours et nos mamans sont d’accord ! Il faut dire qu’elle est super gentille ma Dominique. Elle ressemble à une princesse. Elle a de longs cheveux blonds et des sabots italiens avec des perles dessus. J’aime aussi beaucoup ses petites jupes en peau de bête. C’est très chic !

Moi, après l’école, j’ai un t-shirt vert pomme, un short orange et des sandalettes bleu marine, parce que le blanc, c’est trop salissant. Quand on a de vieux parents, faut faire avec !

Dominique et moi, on s’aime très, très fort ! Et pourtant, presque chaque week-end, on ne se voit pas. Je dois aller à Dinant. Mes parents ont acheté un terrain à bâtir, tout en haut, juste à côté de la maison des parents de papa. Je me demande d’ailleurs bien pourquoi ils ont choisi cet endroit, parce que mon père râle toujours sur le sien ! Quand nous partons, ma grand-mère, marraine Rosa, reste à la maison. Elle, c’est la maman de ma maman. Elle est trop vieille pour venir avec nous. Avec elle, j’apprends à lire, je joue aux cartes et je mange des canards à la crème, mais seulement si j’ai gagné la partie ou alors si elle a gagné. Comme elle a des sous et pas moi, c’est toujours elle qui paie.

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Avec mes frères, Guy et José, mon père a construit une cabane sur le terrain où il y aura la nouvelle maison. C’est là que maman et Josiane, ma grande sœur que j’appelle aussi Jojo, cuisinent et c’est aussi là que nous mangeons. Pour dormir, le samedi soir, on va camper dans le grenier des grands-parents, parrain Léon et marraine Hélène ! C’est rigolo parce qu’il faut monter une échelle qui va dans le toit, nous dormons sur des matelas pneumatiques et dans des sacs de couchage. Pour faire pipi, c’est le petit seau pour tous, avec un couvercle, heureusement ! Papa, lui, ne doit jamais y aller, je me demande comment il fait pour se retenir aussi longtemps parce qu’il boit beaucoup !

Souvent, quand il y a une fête ou qu’il reste du temps, nous allons aussi à Lavaux-Sainte-Anne, le plus beau village du monde ! J’aime bien jouer chez marraine Ninie et mon onc’René ou chez une de leurs filles, Solange. Solange, c’est ma cousine, elle a deux enfants, Francine et Pascale. Pascale est toute petite mais j’y fais bien attention.

A Lavaux, tout le monde m’aime bien parce que je suis la fille de Nelly ! Ils disent tous bonjour. Et puis, là-bas, maman oublie de me surveiller. Alors, je peux aller avec Jojo au magasin, dans le château et même dans la rivière ! Ah, c’est beau la liberté !

Quand je serai grande, je viendrai habiter ici et j’achèterai la maison où maman est née, tout près des bois, sur le Monta parce que là, ça sent bon le purin, la nature et les bêtes !

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Quatre ans

1 – Le petit train

– Debout les filles, debout les garçons ! You hou ! Pas de Dinant aujourd’hui ! Je vais sur

la scène. – Allez, Jojo, maman a crié déjà. Debout ! « Un

p’tit train, s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin ! Tchoutchouf ! Un p’tit train s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin, tchoutchouf ! Un p’tit train… »

– Trouve autre chose ou tais-toi ! Tu m’énerves. – Zut, zut, Jojo ! Laisse-moi chanter ! – Oui, mais pas trente-six fois la même chose ! – Je répète pour tantôt. – Tu m’enquiquines, oui ! – Pff ! Tu comprends jamais rien ! Je sors mais je laisse la porte ouverte, na ! – Ferme la porte ! – Pas le temps, j’dois répéter ! La cuisine sent bon le café. Maman le passe dans la

chaussette qui n’est pas une vraie chaussette. Enfin, je

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crois ! De toute façon, je ne bois pas de café. Le lait, c’est bien meilleur. Les grands disent même que je suis un petit veau. Maman chante avec Marc Arian. Il est dans la radio. Mais elle préfère Rika Zaraï et la chanson des souliers de je ne sais pas qui ! Moi, j’aime mieux Carine et Rebecca. Mais elles ne chantent pas si souvent. C’est sûrement parce qu’elles sont petites.

Bon, je fais ma tournée de bisous : – Maman ! Il est où papa ? – Il jauge. – Déjà ! – Mais oui, il voulait essayer de revenir à temps

pour te voir. – Eh ben ça, c’est bien gentil ! Il veut sûrement

voir quand j’ai son képi sur ma tête ! – Tu l’as dit ! S’il ratait cela, ce serait terrip pour

lui ! – « Un p’tit train s’en va dans la campagne, un

p’tit train s’en va de bon matin, tchoutchouf ! » Regarde un peu, maman ! Regarde-moi ! Je te montre un peu comment on fait. Les autres enfants se promènent sur des rails et tiennent un gros carton. C’est le train. Et ils font des zigzags, comme ça… « Un p’tit train s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin. Tchoutchouf ! »

Guyguy entre dans la pièce, me soulève d’un étage pour le gros bisou qui fait du bien :

– Et toi alors, tu fais la locomotive ? – Non, c’est Joëlle qui fait la locomotive pour pas

que les autres se fourgaillent. Moi, je fais le chef de gare. Je chante avec eux mais parfois je dois siffler, toute seule !

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– Toi, siffler ! Mais tu siffles comme une casserole. – Mais non, je siffle avec un sifflet, devant tout le

monde et le képi de papa sur ma tête. Je suis le chef de gare. Même que maman a mis un galon à ma veste, pour faire semblant. Si je me trompe, tout le monde va le voir !

– C’est terrible ! Tu sais quoi ? Je viens te voir ! – Oh ! C’est trop beau ! Merci, parrain ! Gros

bisous, gros bisous tout plein ! Maman a tout entendu, elle est très contente aussi : – C’est bien, cela me fait plaisir que tu viennes. Si

José venait aussi, nous serions tous là. José ? Je m’en occupe. En attendant, je suis tout en

haut dans les bras de Guy. J’active la descente, je dois juste tirer tout doucement sa moustache :

– Puis-je, Monsieur, descendre jusque par terre ? – Qu’est-ce qu’on dit ? – S’il vous plaît ! – Tu me vouvoies, maintenant ? – S’il te plaît ! J’en profite pour tirer encore une fois, il insiste : – S’il te plait, qui ? – Monsieur, mon parrain Guy que j’adore mais qui

n’aura bientôt plus de moustache s’il ne se dépêche pas. Boum ! Il m’a lâchée d’un coup et j’ai même pas eu

mal ! José vient d’arriver et paie sa tournée de bisous. – Mon p’tit José d’amour ! – Ouille, qu’est-ce-que je dois faire, si tôt le matin ? – C’est pas maintenant, c’est tantôt ! Et c’est

maman qui serait bien contente aussi ! T’as bien envie, hein, de faire plaisir à not’petite maman ?

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Ma sœur arrive comme un pied dans la soupe : – Cela m’étonnerait que José vienne te voir juste

pour te faire plaisir ! – Ah ! C’est donc cela ! A quelle heure ? Je regarde José, il réfléchit. Je fais mes grands

yeux à parrain Guy. Ouf, il m’aide : – A trois heures. Cela commence toujours par les

petits, la rawette passera de suite. – Si la rawette passe de suite, d’accord ! Il y aura

de belles filles dans la salle ? Et vlan, revoilà Jojo ! – Il y aura moi déjà, puisque je dois aller voir cette

petite emmerdeuse. – Je suis pas emmerdeuse ! On peut pas dire des

laids mots. « Un p’tit train, s’en va dans la campagne. Un p’tit train, s’en va de bon matin !… »

Les deux mains sur les oreilles, elle se sauve en rigolant vers l’arrière-cuisine :

– Au secours, maman ! On voit bien que papa n’est pas là !

* * *

Normalement, ils sont tous là, dans la salle, pour me voir. Papa aussi !

Maman Marie, Jésus, Joseph, aidez-moi à ne pas me tromper ! Joëlle a aussi la trouille. C’est le chef de la locomotive. Elle pense comme moi, si elle se trompe, c’est la catastrophe.

Attention ! Pan ! Pan ! Pan ! Ça y est !

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« Un p’tit train, s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin… »

C’est mon tour : un coup de sifflet, deux coups de sifflet. Madame Odette fait des grands gestes derrière la tenture ? Ah, c’est pour Michèle, elle se trompe.

« Un p’tit train, s’en va dans la campagne… » Où est-ce qu’ils sont dans la salle, je ne vois rien…

Un coup, deux coups de sifflet, stop ! Tchoutchouf ! Joëlle doit s’arrêter pour les voyageurs. Je siffle un coup ! Est-ce qu’ils sont venus ? Tchoutchouf ! Et s’ils étaient en retard ?

« Un p’tit train s’en va dans la campagne ». Le voilà qui part pour de bon. Je m’avance toute seule face aux gens et je siffle trois fois, un, deux, et… Je les vois ! En plein milieu ! Ils applaudissent à tout faire péter ! Maman me fait coucou ! Ils vont voir comme je fais bien ça. Je siffle et je siffle encore et tout le monde se met à rire ! C’est génial, plus ils rigolent, plus je siffle ! Je dois le faire vraiment bien ! La salle applaudit de plus en plus fort alors je souffle aussi de plus en plus fort et… Oh ! Zut ! Le rideau est fermé derrière moi !

Ah ! Ça, c’est con !

2 – Vivent les travailleurs qui sont pas v’nus !

Maman fait voler les tasses dans la cuisine. D’habitude, elle nous appelle : « Debout les filles ! Debout les garçons ! » Mais aujourd’hui, ça vient pas. C’est drôle !

Je regarde Josiane qui dort encore : – Hé Jojo, tu dors ? – Mmmm !

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– Jojo, maman n’a pas encore appelé ! – C’est normal, c’est samedi. Fais dodo ! – Ben, le samedi, on va à Dinant ! – Mmm ! – Il y a une fête ou quoi ? – Une quoi ? – Une fête ! Ceux de Lavaux viennent ou quoi ? – Mais non, dors j’te dis ! « Dors, dors ! », j’ai plus sommeil. Pourquoi est-ce

qu’on va pas à Dinant ? Il fait beau, pourtant ! C’est quoi ça ?

Et pourquoi elle dit rien ma sœur ? Elle ferme toujours les yeux mais je suis sûre qu’elle dort pas. Elle est belle comme Chantal. Enfin, c’est difficile à dire. Jojo est toute brune et la sœur de Dominique est toute blonde.

Elle dit rien pour m’enquiquiner, elle sait bien que je la regarde. D’ailleurs, elle sourit. Je vais la faire parler !

– A l’attaque ! Tous sur Jojo ! – Attends, toi ! Je vais te retourner comme une

crêpe ! Ouf ! Elle est lourde ! – Pousse-toi d’mon ventre, Jojo, je vais mourir ! Ses longs doigts gigotent au-dessus de ma tête. Je

peux plus respirer, c’est ma mort : – Au secours ! Grosse patate ! – Je vais te chatouiller, chatouiller, chatouiller ! Elle s’attaque à mes pieds. Oh, la vache ! – Non, pas les pieds, pas les pieds ! Au secours !

Maman, au secours ! – Tu vas rigoler comme une vieille locomotive !

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La porte s’ouvre d’un coup. Merde, c’est papa ! – Que se passe-t-il, ici ? Hop ! Hop ! On s’assied tout de suite, bien

sagement, l’une à côté de l’autre. Mon cœur bat très fort, j’ai peur. Faut qu’on explique, vite, vite :

– J’ai réveillé Josiane ! – On rigolait ! – C’était juste pour jouer ! J’allais pas mourir ! Il sourit ! Purée, il sourit ! Ouf ! – Quelle chance, ma Kikine ! Allez, les filles,

descendez ! Maman vous attend. Il referme la porte : – T’as vu, il a souri ! – Oui, Kikine ! J’ai eu chaud aussi surtout quand la

porte s’est ouverte. – Moi aussi. Je croyais qu’il était à Dinant. – Non, il y a des gens qui devaient venir là-bas

pour je ne sais pas quoi mais ils ont téléphoné hier soir qu’ils ne viendraient que la semaine prochaine seulement. Il est bloqué. Il ne peut pas travailler.

– Alors, papa est là tout le week-end ? – Oui ! Tout le week-end ! – Ouille ! Josiane est contente. Moi, beaucoup moins. Je sais

jamais ce que je peux faire avec celui-là ! Et puis quand ça le prend, il commence à gueuler sur maman et là, je le hais !

Je commence à tousser, ma sœur intervient : – Ne t’énerve pas déjà, il n’a encore rien fait. Tu as

bien vu, il est de bonne humeur !

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De nouveau, la porte s’ouvre. Mon cœur s’arrête ! Il a tout entendu !

– A cabaille ? Oh, le couillon ! C’est Guy ! Jojo saute sur son dos pour descendre les escaliers.

Ah non, hein ! – Attendez-moi ! Jojo ! C’est ma place ! C’est mon

parrain ! Pas le tien ! Descends ! C’est raté. Je dois descendre toute seule. Il n’y a

rien de normal aujourd’hui ! – Bondjou, bondjou ! Ils rigolent toujours quand je parle wallon.

Pourtant, je trouve que c’est pas pire qu’eux ! J’enfonce mon nez dans le tablier de maman, je

serre très fort ses jambes et je respire un grand coup. Je vais rester là toute ma vie. Elle sent bon Lavaux-Sainte-Anne ! Elle me chipote les cheveux. Encore, encore, encore !

– T’es ma maman à moi ! – Allez à table ! C’est pas une réponse d’amour, ça ! Quand on est

une maman d’amour, on fait des câlins à son enfant et on mange pas tout le temps, surtout des tartines à la confiture ! Quand on aime son enfant, on lui donne du chocolat pour déjeuner.

– Maman ? – Oui, mi p’tit ? – Coupe-moi la tartine, s’il te plait, ça ira plus vite,

hein ! – Voyez-vous cela ! Allez, viens, je vais te la

donner aussi !