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Mer & Littoral n 0 93 25 Cavalaire-sur-Mer, un millier d’habitants en 1960, s'est nettement développée ces der- nières années. Comment avez-vous pu ga- rantir son développement sans impact sur l'environnement de votre littoral et de ses fonds marins si riches et diversifiés ? Cavalaire a connu une urbanisation très rapide, intense, puisque sur nos 1.664 hectares, où 900 sont classés, 800 ont été bâtis en seulement une cinquantaine d’années. Tenant absolument à préserver notre environnement naturel, je crois que nous sommes aujourd’hui arrivés au bout de notre développement urbanistique. Ce développement s’est accompagné cependant, durant la décennie 90, d’une volonté forte de maîtriser l’impact sur le milieu littoral et marin. Annick NAPOLEON Présidente du Sivom du littoral des Maures, Maire de Cavalaire-sur-Mer, Conseillère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur C avalaire sur Mer, commune tranquille d’environ 7.000 âmes, voit sa population “exploser ” l’été pour accueillir 65 à 70.000 personnes. Véritable “nœud gordien”, ce phénomène répétitif demande une gestion ultra précise basée sur des connaissance parfaite. Il se trouve que la présidence du Sivom du Littoral des Maures, et donc de l’Observatoire Marin, est actuellement assurée par Annick Napoléon, Maire de Cavalaire. Si un nœud gordien est littéra- lement “un problème inextricable, finalement résolu par une action brutale (trancher le nœud gordien), voyons comment la Ville et l’Observatoire Marin répondent en douceur à ce défi de la surfréquentation, ce que l’on appelle aussi la Charge territoriale”. Rencontre avec Annick Napoléon, Présidente du Sivom du littoral des Maures, Maire de Cavalaire-sur-Mer et Conseil- lère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sous l’impulsion de personnes passionnés et engagés telles que Louis Foucher (Maire précédent) et Rémy Drouin (ancien capitaine du port et responsable de l’environnement), entre autres, l’Observatoire Marin a été créé. Devenu au fil des ans un outil incontournable d’observation, certes, mais aussi d’action et de sensibilisation en matière d’environnement littoral et marin, cet Observatoire nous a permis d’apporter des réponses efficaces en matière de gestion de l’environnement aussi bien terrestre que maritime et aussi, plus spécifiquement, portuaire. À noter le rôle moteur de Rémy Drouin qui a, par ailleurs, été également l’initiateur de la Démarche Ports Propres. Avec l’Observatoire marin, l’harmonisation entre le développement économique et une bonne gestion de l’environnement a été possible. Nous sommes semble- t-il précurseurs en la matière, ce que vous avez déjà Observatoire Marin © Observatoire marin - Florent BEAU ML93-int-V3.indd 25 14/01/13 14:14

Annick NAPOLEON

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Cavalaire-sur-Mer, un millier d’habitants

en 1960, s'est nettement développée ces der-

nières années. Comment avez-vous pu ga-

rantir son développement sans impact sur

l'environnement de votre littoral et de ses

fonds marins si riches et diversifiés ?

Cavalaire a connu une urbanisation très rapide, intense, puisque sur nos 1.664 hectares, où 900 sont classés, 800 ont été bâtis en seulement une cinquantaine d’années. Tenant absolument à préserver notre environnement naturel, je crois que nous sommes aujourd’hui arrivés au bout de notre développement urbanistique. Ce développement s’est accompagné cependant, durant la décennie 90, d’une volonté forte de maîtriser l’impact sur le milieu littoral et marin.

Annick NAPOLEONPrésidente du Sivom du littoral des Maures,Maire de Cavalaire-sur-Mer,

Conseillère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur

C avalaire sur Mer, commune tranquille d’environ

7.000 âmes, voit sa population “exploser ” l’été pour

accueillir 65 à 70.000 personnes. Véritable “nœud

gordien”, ce phénomène répétitif demande une gestion ultra

précise basée sur des connaissance parfaite. Il se trouve que

la présidence du Sivom du Littoral des Maures, et donc de

l’Observatoire Marin, est actuellement assurée par Annick

Napoléon, Maire de Cavalaire. Si un nœud gordien est littéra-

lement “un problème inextricable, finalement résolu par une

action brutale (trancher le nœud gordien), voyons comment

la Ville et l’Observatoire Marin répondent en douceur à ce

défi de la surfréquentation, ce que l’on appelle aussi la Charge

territoriale”.

Rencontre avec Annick Napoléon, Présidente du Sivom du

littoral des Maures, Maire de Cavalaire-sur-Mer et Conseil-

lère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Sous l’impulsion de personnes passionnés et engagés telles que Louis Foucher (Maire précédent) et Rémy Drouin (ancien capitaine du port et responsable de l’environnement), entre autres, l’Observatoire Marin a été créé. Devenu au fil des ans un outil incontournable d’observation, certes, mais aussi d’action et de sensibilisation en matière d’environnement littoral et marin, cet Observatoire nous a permis d’apporter des réponses efficaces en matière de gestion de l’environnement aussi bien terrestre que maritime et aussi, plus spécifiquement, portuaire. À noter le rôle moteur de Rémy Drouin qui a, par ailleurs, été également l’initiateur de la Démarche Ports Propres. Avec l’Observatoire marin, l’harmonisation entre le développement économique et une bonne gestion de l’environnement a été possible. Nous sommes semble-t-il précurseurs en la matière, ce que vous avez déjà

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souligné dans l’un de vos anciens numéros (ndlr :

exact, voir par exemple nos sujets sur la première aire

de carénage non-polluante du port de Cavalaire).

Dans le domaine du dragage portuaire, par exemple,

nous nous orientons du reste vers un procédé

de nouvelles bactéries qui viendront s’attaquer

aux pollutions organiques et qui par conséquent

diminueront les sédiments contaminés, évitant ainsi

de nombreux dragages.

La fréquentation touristique de Cavalaire

ne risque-t-elle pas de trouver ses limites si

rien n'est fait pour gérer la pression anthro-

pique estivale ? Comment contenir et diri-

ger cette "charge" territoriale ?Comme la plupart des communes balnéaires de

Méditerranée, notre économie est essentiellement

touristique et il ne faut bien entendu pas “tuer la poule

aux œufs d’or”. Mais attention, l’attrait de notre ville

demeure son environnement, notre plus bel atout. Je

dirais que notre Tour Eiffel à nous, c’est justement

notre environnement terrestre et marin. C’est pour

cette raison que tous nos efforts se sont et sont encore

tournés vers lui, vers sa protection et même vers sa

connaissance. Mais il n’en demeure pas moins que

nous ne voulons pas céder au “bétonnage facile”, à

une urbanisation débridée pour accroître encore

notre capacité d’accueil et engager une course folle au

développement tous azimuts. L’Observatoire Marin a

relevé le défi d’harmoniser depuis sa création notre

développement avec l’équilibre fragile de la vie marine

et littorale. Il serait absurde de dépasser les limites de

ce que la nature accepte et la mettre en péril.

D’autant qu’il faut garder à l’esprit les prochains enjeux

à relever en matière de manque possible d’eau potable,

de réchauffement climatique et de montée du niveau

des mers… Il est prévu, dans les années à venir, une

augmentation de la population sur les littoraux. Dans

le même temps, nous savons que la montée des océans

et des mers réduiront le littoral (érosion, tempêtes,

inondations, etc.). Il faudra alors de nouveau se

pencher sur le problème d’un nouveau nœud gordien à

résoudre… et s’adapter.

Tri sélectif, bac à huiles mais aussi la 1re aire de carénage non-polluante...

Une borne à eaux usées. Un équipement pour un port...durable

Observation et aussi Gestion de la qualité eaux baignade

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Elles portent sur la fréquentation et le respect des

mouillages organisés, l’évolution de la qualité du milieu

marin, les changements dus à divers évènements, les

altérations de la qualité de l’eau en cas de concentrations

de bactéries fécales des usagers des sites de baignade, et

même sur la gestion des eaux pluviales afin de réduire

toute source de pollution en amont vers l’aval. Tout

ce travail mené par cette jeune équipe de scientifiques

passionnés a réussi pleinement dans ses tâches et nous

apporte toutes les réponses que nous attendions.

Et puis, vous le signaliez dans votre précédente édition,

ses compétences sont reconnues au niveau européen

(Programme Sustain). Que de chemin parcouru en

seulement quelques années par l’Observatoire Marin.

On ne peut que les encourager à poursuivre leur mission

qui, du reste, va s’étendre dans le cadre d’une future

intercommunalité. Huit autres communes, dont cinq

ayant une façade littorale, bénéficieront de l’expérience

de l’Observatoire Marin. Et ceci bien sûr pour une

qualité de vie dans un environnement préservé…

DR

Port Cavalaire, limpide. J'y ai même vu 2 hippocampes !

Les outils d'observation et de contrôle dont

dispose l'Observatoire Marin peuvent éga-

lement apporter des solutions sur la Charge

territoriale. Comment utilisez-vous son ex-

périence de "terrain" ?Parmi les multiples et indéniables compétences de

l’Observatoire Marin, la surveillance, l’analyse, le

contrôle, la sensibilisation, bref, la gestion totale de

la pression anthropique est capitale. Chaque année,

l’équipe dirigée par Jean-Philippe Morin nous fournit

les résultats de leurs observations.

Les bateaux des clubs de plongée ne

jettent plus l'ancre. Ils s'amarrent à cette

bouée fixée écologiquement sur le fond

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