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ANTIBIOPROPHYLAXIE
CHIRURGICALE
Pr Hervé DupontPôle d’Anesthésie-Réanimation
INSERM ERI-12Centre Hospitalier Universitaire, Amiens
Antibioprophylaxie chirurgicaleDonnées générales
• 30 à 40 % des patients hospitalisés reçoivent desantibiotiques.
• ABP : 30 à 50% des prescriptions
• 20 à 50 % des prescriptions sont inappropriées jusqu'à 90% pour l'ABP
Principes
• Antibiothérapie curative = inoculum lourd
• Prophylaxie = inoculum « faible »
Validité des concepts utilisés en antibio-Validité des concepts utilisés en antibio- thérapie thérapie ??
Antibioprophylaxie : Principes
• Réduire la fréquence de survenue des infections du siteopératoire en s'opposant à la prolifération bactérienne.
• Action contre une cible bactérienne définie, la plusfréquemment en cause des ISO
• Efficacité prouvée (GRADE A)
• "cost-effective"
Peau
Flore résidente• Cocci à Gram positif:
- Micrococcus- S saprophyticus- S epidermidis
• Bacille à Gram positif:- Corynebacterium- Propionibacterium
Cocci à Gram positif
Bacilles à Gram négatif
Anaérobies
StreptocoquesEntérocoquesStaphylocoques
EntérobactériesE coli,Klebsiella, EnterobacterBGN non fermentantsPseudomonas, Acinetobacter
CocciStreptocoques, PeptostreptoBacillesBacteroides, Clostridium,Fusobacterium
Bactéries contaminantes
Tube digestif
Incidence des infections SOEnquêtes de prévalence 2001-2006
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
Urin
aire
Pulm
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Bact
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Dig
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Autre
s
ENP 2001
ENP 2006
rato
ire
émi
Incidence des ISO
INCISO 2009, CCLIN Paris-NordN=59826 patients opérés
Bactéries responsables des ISO
INCISO 2009, CCLIN Paris-NordN=59826 patients opérés
Pour quelles chirurgies?
• Chirurgies associées à un taux spontané d'ISO > 5%
=> Chirurgie propre-contaminée
Classe II de la classification d'Altemeier
• Chirurgies associées à des ISO rares mais grevées d'unemorbidité élevée
=> Chirurgie propre
Classe I de la classification d'Althemeier
• Chirurgies de classe III et IV relèvent de l'antibiothérapiecurative
Type de chirurgie Type d'interventionTaux d'infectionSans
antibiotiqueAvec
antibiotique
Classe IChirurgie propre
Incisions primitivement fermées non drainées, non traumatiques, sans inflammation ni faille dans latechnique d'asepsie, en l'absence d'ouverture de l'oropharynx, du tube digestif, de l'appareil génito-urinaireou des voies respiratoires
1 à 5 % < 1%
Classe IIChirurgie propre-contaminée
Ouverture de l'appareil génito-urinaire en l'absence d'uroculture positive; ouverture des voies respiratoiresdu tube digestif dans de bonnes conditions et sans contamination anormale; ouverture de l'oropharynx oudes voies biliaires en l'absence de bile infectée; rupture minimes d'asepsie et drainages mécaniques
5 à 15 % < 7%
Classe IIIChirurgie contaminée
Plaies traumatiques récentes, ouverture du tractus biliaire ou génito-urinaire en présence de bile oud’urines infectées, contamination importante par contenu digestif, inflammations aigue sans pus >15 % < 15%
Classe IVChirurgie sale Plaies traumatiques souillées, tissus dévitalisés, pus, contamination fécale, perforation viscérale >30% diminué
Antibioprophylaxie et efficacitéen fonction de la chirurgie
Classification de Polk-Altemeier
Risque infectieux post-opératoireScore NNISS
Trois facteurs de risque indépendants :Classe ASA (3,4 ou 5) : 1 pointClasse d'Altemeier (3 ou 4) : 1 pointDurée d'intervention supérieure à un temps T : 1 point
Score NNIS Risque infectieux (%)
0123
1,52,66,813
Culver et al. Am J Med 1991
Antibioprophylaxie:Quelles molécules?
• Actif sur bactéries potentiellement pathogènes- En fonction de la chirurgie- En fonction de l'écologie locale et du patient
• Faible risque d'émergence de résistance- Spectre le plus étroit possible- Faible risque de mutations (quinolones, rifampicine)
• Non toxique• Réservé à la prophylaxie• Eviter les AB dont on veut préserver l'activité• Coût modéré
Antibioprophylaxie : Quand?
Temps d'administration Nbre de patients N (%) infection
2 à 24h avant
Moins de 2h avant l'incision
Durant les 3h après l'incision
Entre 3h et 24h après l'incision
369
1708
282
488
14 (3,8)*
10 (0,59)
4 (1,4)**
16 (3,3)*
Total 2847 44 (1,5)
* p<0,0001 vs moins de 2h, ** p=0,12 vs moins de 2h
Classen, N Engl J Med 1992
A l'induction de l'anesthésieRPC Allergie: 5 à 10 avant induction
Antibioprophylaxie : Quand?• 3836 patients nécessitant une antibioprophylaxie pour
chirurgie: proportion d’infections du site opératoireajustée sur tous les facteurs confondants en analysemultivariée
Weber, Ann Surg 2008
OR=1,95IC95% [1,4-2,8]
OR=1,74IC95% [1,04-2,93]
Antibioprophylaxie:quelle dose?
• Posologie initiale élevée, voie IV
• Réinjection toutes les 2 demi-vies
• Maintien de concentrations tissulaires efficacesjusqu'à la fermeture : 134 patients randomisés
Zelenitsky, Antimicrob Agents Chemother 2002
relation démontréeentre une concentrationefficace à la fermetureet la réduction des ISO
Pharmacocinétiques des AB
Antibiotique Demi-vie(heures)
Rythmed’administration
Amox+ ac clavulanique 1 2
Cefazoline (Kefzol°) 2 4
Céfamandole (Kéfandol°) 1 2
Céfuroxime (Zinnat°) 1 à 1.5 2-3
Céfoxitine (Mefoxin°) 1 2
Clindamycine 2 4
Quid de l’obèse?
• Chez l’obèse (index de masse corporelle >35), même en dehors de la chirurgiebariatrique, les doses doivent être le doublede celles préconisées pour les patients nonobèses.
Révision du consensus, SFAR 2010
Antibioprophylaxie:combien de temps?
• Efficacité de la dose unique démontrée• Chirurgie digestive
(Dipiro, Am J Surg 1986, Song, BJS, 1998)
• Chirurgie orthopédique
• Chirurgie thoracique
• Durée limitée, jamais supérieure à 48 heures
• Pas de prolongation pour drainage
Impact écologique de la durée
Habarth, Circulation 2000
Antibioprophylaxie chirurgicalenon systémique
• Intérêt potentiel de la décontamination digestiveassociée à la préparation colique dans la préventiondes ISO après chirurgie colo-rectale
• Place de l’éradiction du portage nasal deStaphylocoque aureus ?
Antibioprophylaxie chirurgicalenon systémique
• Portage nasal de S. aureus : 20 à 30% de la population
• Portage cutané lié à l’importance du portage nasal
• Relation nette entre portage nasal et infections du siteopératoire à S. aureus avec identité des souches nasaleset infectantes dans plus de 90% des cas
Antibioprophylaxie chirurgicalenon systémique
• Mupirocine (Bactroban°) topique nasal
• Activité anti Gram+
• 2 fois par jour pendant 5 jours
• Efficacité démontrée pour l’éradication nasale du Saureus chez le personnel soignant
Mupirocine etinfections du site opératoire
~ Première étude avec contrôles historiques
– 868 patients de chirurgie cardiaque
– Eradication du portage chez 93 % des porteurs
– Taux global d’ISO : 2.8 % vs 7.3%
– Taux ISO chez les décontaminés (752) : 2% vs 7.8% (116)
– Réduction des ISO à S aureus et SCN mais aussi à BGN
~ Résultats identiques en chirurgie orthopédique
Kluytmans, Infect Control Hosp Epidemiol 1996
Gernaat-van des Sluis, Acta Orthop Scand 1998
Mupirocine etinfections du site opératoire
Perl, N Engl J Med 2002
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
I. nosoc I. nosoc SA ISO ISO SA
mupirocineplacebo
• Etude prospective randomisée contrôlée de 3864 patientschirurgicaux
Mupirocine etinfections du site opératoire
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
16%
18%
I. nosoc I nosoc SA ISO ISO SA
mupirocineplacebo
†
• Sous groupe de 891 patients porteurs SAMR
Perl, N Engl J Med 2002
Mupirocine etinfections du site opératoire
• 808 patients opérés positifs SAMS (pas de SAMR)• Mupirocine + chlorexidine vs placebo
Bode, N Engl J Med 2010
Mupirocine + chlorexidine vs placebo
Bode, N Engl J Med 2010
**
*
Mupirocine etinfections du site opératoire
- Voie de recherche intéressante
- Evolution de la résistance ?
- Pour quels patients ?
- Quand les dépister?
- Pour quel type de chirurgie?
Recommandations officiellespour la pratique de
l'antibioprophylaxie en chirurgie
• Conférence de consensus, SFAR,décembre 1992
• L'antibioprophylaxie en chirurgie, ANDEM 1996
• Recommandations du CDC pour la prévention des
Infections du Site Opératoire
• Actualisation SFAR 2010 de la conférence de 1992www.sfar.org
www.anaes.org
www.cdc.gov
Les recommandationssont-elles suivies?
• Enquête jour donné sur les pratiques en ABP dans 39 centres
hospitaliers
• 1131 interventions chirurgicales type I et II
(31% ortho, 20% dig, 15% gynéco, 15% oph, 9 % autres)
• 25 % de molécules inadaptées dont C3G et quinolones
• 20 % de timing inadapté
• 10 % d’antibioprophylaxie > 48 heures
Martin, Ann Fr Anesth Reanim 1998
Les recommandations sont-elles suivies?
• Etude française, multicentrique, prospective, 18 hôpitaux,
• 474 interventions chirurgicales I et II
• 41 % prescriptions en accord avec les recommandations
• Sur les 294 prescriptions d’antibiotiques,
– 80 % de bonne indication d’antibioprophylaxie
– 50 % de choix correct de molécule
– 75 % de bon timing
– 71 % durée correcte
Lallemand, Pharm World Sci 2002
Comment améliorer les pratiques?
• Etude avant / après
• Mise en place d'un protocole universel
d’antibioprophylaxie en concertation avec chirurgien,
anesthésiste, pharmacien, diffusion dans les blocs
• Effet quantitatif avec réduction de la consommation
d’antibiotique
• Effet qualitatif : Augmentation de prescription adaptée de
31 à 47 %Gyssens, J Antimicrob Chemother 1996
– Ordonnances restrictives pré-imprimées
– Aides prescription :
• outil informatique indispensable
• système expert
• surveillance, alerte informatisée
– Audit clinique régulier avec retour d'information auxacteurs
– Education, formation plutôt que modalités restrictives
Comment améliorer les pratiques?Moyens d'actions
Du bon usage des antibiotiques dans lesétablissements de santé
Circulaire DGS, 2 mai 2002Conférence de consensus SPILF, Mars 2002
- Recommandations locales sous l'autorité de la commissiondes antibiotiques en collaboration avec les servicesconcernés
- Données actuelles de la science, des recommandationsnationales et adaptées à la situation locale :
Antibioprophylaxie : thème prioritaire
Description de l’antibioprophylaxie :enquête INCISO 2009
• 89 établissements sur 221 (40,3% des participants àIncISO 2009)
• 223 services de chirurgie sur 609 (36,7% desparticipants à IncISO 2009)
• 10870 fiches patients (66,5%) avec uneantibioprophylaxie
INCISO 2009, CCLIN Paris Nord
Description de l’antibioprophylaxie (2) : les molécules les + prescrites en 2009
INCISO 2009, CCLIN Paris Nord
Description de l’antibioprophylaxie (3) :modalités d’administration en 2009
INCISO 2009, CCLIN Paris Nord
Conformité en 2009
INCISO 2009, CCLIN Paris Nord
INCISO 2009, CCLIN Paris Nord
Conférence de consensus
• SFAR 1992• Révision 1999• Révision 2010
Prévention de l’endocardite• Les recommandations sont extraites du document publié par l’European Society of
Cardiology (European Heart Journal doi : 10.1093/eurheartj/ehp 285 p 1-45)• Les seules interventions à risque de bactériémie pouvant conduire à une
endocardite sont celles de la sphère dentaire impliquant des manipulations de lagencive ou de la région péri-apicale des dents, ainsi que la perforation de lamuqueuse orale. La prophylaxie n’est prescrite qu’aux patients décrits dans lepremier tableau à l’exclusion de tous les autres. Les glycopeptides ne sont pasrecommandés.
• Pour toutes les autres interventions (tractus respiratoire, gastro-intestinal,génito-urinaire, chirurgie dermatologique ou musculo-squelettique) laprophylaxie de l’endocardite n’est pas recommandée.
• Bactéries cibles : streptocoques oraux• La mise en place chirurgicale ou percutanée, de valves ou matériel prothétique, fait
l’objet d’une ABP centrée sur le staphylocoque et détaillée dans le tableau« chirurgie cardiaque ».
Référentiel de pratiquesprofessionnelles
Antibioprophylaxie chirurgicale
Juin 2005
• Thème prioritaire :
– Élaboration consensuelle de protocoles
– Protocoles accessibles, aisément consultables
– Régulièrement actualisés
– Régulièrement évalués
• Surveillance concomitante du taux d'ISO
et évolution des résistances bactériennes
Antibioprophylaxie chirurgicaleConclusion