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DOSSIER La thèse dans tous ses états Déposer, signaler, valoriser PLEINS FEUX SUR • La bibliothèque Calouste Gulbenkian : une ouverture sur la lusophonie ACTUALITÉS • Cidemis / Journées Abes 2015 / Visibilité de la recherche… Ar ( abes ) ques AVRIL - MAI - JUIN 2015

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DOSSIER

La thèse dans tous ses étatsDéposer, signaler, valoriserPLEINS FEUX SUR • La bibliothèque Calouste Gulbenkian : une ouverture sur la lusophonie

ACTUALITÉS •Cidemis / Journées Abes 2015 / Visibilité de la recherche…

Ar(abes)quesAVRIL - MAI - JUIN 2015

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2 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

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(Sommaire)

04 Signaler et valoriser les thèses : un artculinaire ? IsabelleMartin

06 Les thèses à l’Abes : tout un écosystème !IsabelleMauger Perez

08 Star et le dépôt électronique des thèsesOlivier Cian / Marianne Giloux

10 Associer thèses et autorités avec IdRefFrançois Mistral

11 Step et Star à l’École des Minesd’Albi-Carmaux Huong Baleix

12 Diffuser et former : la doublemissiond’un coordinateur thèses Solenn Bihan

14 180’ pour faire comprendre sa thèseNoémieMermet

16 Radio Thésards : une fenêtre ouvertesur la recherche David Christoffel

18 C’est moi qui écris ! Éric Ferrante

19 Plagiat universitaire : les professeurs doiventaussi montrer l’exemple ! Stanley Claisse

20 Philoweb, la seconde vie de la thèseAlexandreMonnin

21 La thèse, et après ?Marion Grand-Démery

22 Parcours de thèses enmétaphoresLaetitia Gérard

(Dossier) LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATSDéposer, signaler, valoriser

(Pleins feux sur…)

(Actualités)

28 (Portrait)

LabibliothèqueCalousteGulbenkian :une ouverture sur la lusophonie

N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

Ar(abes)ques

Ar(abes)quesREVUE TRIMESTRIELLE DE L’AGENCE BIBLIOGRAPHIQUE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR227 avenue Professeur Jean-Louis Viala CS 84308 - 34193Montpellier cedex 5T. 04 67 54 84 10 / F. 04 67 54 84 14 - www.abes.frDirecteur de la publication : Jérôme KalfonCoordination éditoriale et secrétariat de rédaction :Béatrice Pedot ([email protected])Comité de rédaction : Dominique Esmenjaud, Christine Fleury, Marion Grand-Démery,Philippe Le Pape, Béatrice Pedot, Maryse Picard, Marie-Pierre Roux.Conception graphique : Anne Ladevie (http://anneladevie.com)Impression : Pure Impression

Couverture : Day 34 : Thesis status has been raised to red alertPhot. Lily Monster / Flickr (CC BY-NC 2.0)www.flickr.com/photos/lilymonster/8658542066Revue publiée sous licence Creative Commons CC BY-ND 2.0 (Paternité - Pas de modifications)sauf pour les images qui peuvent êtres soumises à des licences différentes ou à des copyrights.

ISSN (papier) 1269-0589 / ISSN (web) 2108-7016

©r-prib

iere

Les thèses ont toujours étéparticulièrementchoyées à l’Abes. Le longcheminparcouru,depuis lenuméro60d’Arabesquesqui leur

fut consacré à l’automne 2010, est significatifdudynamismede l’Agence en lamatière : adap-tation constanteduportail theses.fr et des appli-cationsqui lenourrissent auxévolutionsduwebet aux besoins de la recherche, nombre crois-santd’établissementsdéployésdansStaretStep…Mais, au-delà des outils développés par l’Abeset de leur utilisation par les membres de nosréseaux, nous avons souhaité intégrer dans cedossier des témoignages de thésards, de post-doctorants, de partenaires multiples pour sou-ligner à quel point signalement et valorisationde la recherche vont de pair.Par ailleurs, ce numéro inaugure, en dernièrepage, une rubrique « Portrait » afin d’illustrer,au fil de nos parutions, la grande diversité desprofessionnels qui constituent les réseaux del’Abes.

Merci à Isabelle Martin, chargée de mission sur les thèses àl’Abes, pour sa contribution précieuse à ce dossier.

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03N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015 Ar(abes)ques

Dans la forêt des thèses

(Éditorial)

La possibilité laissée aux établissementsd’opter pour le dépôt électronique oupapier des thèses remonte à 2006. En2013, pour la première fois en France, lenombre de celles déposées sous forme

numérique a dépassé celui des dépôts « papier ».Il a fallu sept ans pour passer ce cap. Il est donctemps de fixer une date butoir à cette modalitéconçue comme transitoire sur le chemin du toutélectronique.Le dépôt électronique des thèses a progressé régu-lièrement. Il a été l’occasion pour les établisse-ments de revoir leurs dispositifs de dépôt, souventde rationaliser leur processus et de créer des liensfonctionnels entre les bibliothèques et les écolesdoctorales, de rendre visibles les besoins de for-mation des doctorants en matière de publication,de droit d’auteur, de maîtrise de l’information scien-tifique.

Ainsi, le passage au numérique n’est pas une sim-ple modernisation du dépôt : il a été pensé dansl’objectif de mieux diffuser les savoirs. Paradoxa-lement, du fait des ambiguïtés et de la contradic-tion des textes en vigueur, le dépôt électroniquepeut dans certains cas marquer une régression parrapport au papier. En effet, l’arrêté du 7 août 2006relatif au dépôt des thèses précise que « l’établis-sement de soutenance assure en son sein l’accèsà la thèse» et que « la mise en ligne de la thèsesur la toile est subordonnée à l’autorisation du nou-veau docteur». Ainsi, sauf autorisation expressede l’auteur, la thèse numérique ne serait consul-table qu’au sein de l’établissement, alors que lathèse papier peut être communiquée à l’autre boutde la planète. Mais un autre arrêté, daté du mêmejour, relatif à la formation doctorale, dit qu’«aprèsla soutenance, une diffusion de la thèse est assu-rée au sein de l’ensemble de la communauté uni-versitaire », périmètre bien plus vaste et plusconforme à l’esprit du dispositif de modernisationdu dépôt des thèses. L’interdiction potentielle dediffusion au-delà du périmètre de l’établissementa été un véritable casse-tête et les bibliothécairesont cherché des arrangements pour surmonter cettedifficulté.

Une clarification s’impose pour cet objet docu-mentaire décidément sui generis. Code de la pro-priété intellectuelle et Dadvsi, Code de l’éduca-

tion, Code du patrimoine, Code de la recherche,Code du travail, Code de la santé publique, pro-priété industrielle, droit des brevets, le maquis destextes applicables fait de la thèse un objet com-plexe. Et même s’il n’a donné lieu qu’à peu d’in-cidents, il faudra lever les zones d’incertitude sil’on veut mieux diffuser, exploiter et valoriser cepatrimoine scientifique particulier.Un autre point mérite clarification : celui lié à laconfidentialité de certaines des thèses. Dans l’es-prit, il s’agit de respecter des secrets protégés parla loi et des clauses de confidentialité figurant dansun contrat avec un tiers, par exemple pendant une

demande de brevet. Sauf castrès particuliers tels que le secretDéfense, la confidentialité doitêtre limitée dans le temps. Maiscertains jurys ignorent cette dis-position et les textes de réfé-rence nous manquent.

Au moment où l’on songe à de vastes programmesde numérisation des thèses françaises, il convien-dra de lever aussi une autre incertitude : quel estle nombre de thèses qui ne sont jamais arrivéesdans nos bibliothèques, donc a fortiori n’ont pasété reproduites, ni même cataloguées ? Le chiffren’est peut-être pas négligeable car peu d’établis-sements ont mis en place des méthodes de vérifi-cation visant à s’assurer que l’ensemble des thèsessoutenues est effectivement déposé. Combien dethèses sont égarées au mieux dans les armoiresd’un secrétariat, parfois dans une cave, et peut-être, dans certains cas, définitivement perdues ?Il serait intéressant de comparer, pour chaque éta-blissement, le nombre de doctorats délivrés à celuides thèses présentes dans nos catalogues, annéeaprès année. Mais, il est difficile de se procurerdes chiffres.Si vous avez le goût de l’aventure, lancez-vous donc«À la recherche des thèses perdues» !

Jérôme KalfonDirecteur de l’Abes

Il faudra lever les zones d’incertitude si l’onveutmieux diffuser, exploiter et valoriser cepatrimoine scientifique particulier.

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04 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

Imaginons, par exemple, que, doctorant à Nancy,je me passionne pour la charcuterie. Je serai heu-reux de savoir que deux de mes camarades vien-nent de plancher l’un sur le jambon sec1 en 2011à Toulouse, l’autre sur le jambon cuit en 2013 àClermont-Ferrand2 ou encore qu’à l’université d’Artois,les sciences de gestion s’intéressent à la charcu-terie3. Ma curiosité charcutière se délectera alorsde la mise en place de l’application Step. Que vientfaire le fitness dans mon jambon, me direz-vous ?Et bien non, détrompez-vous, ce n’est pas pourmettre en mouvement un corps de thésard, tropaccaparé par son travail de recherche et la dateprochaine de sa soutenance, que l’Abes a mis enplace l’application Step. Celle-ci permet à tout éta-blissement de soutenance qui souhaite participerau signalement de la recherche en cours de recenserles sujets de thèses en préparation chez lui depuismoins de 10 ans.L’Agence a en effet repris le flambeau du Fichiercentral des thèses, autrefois géré par l’universitéParis Ouest Nanterre. Elle en a profité, à la demandedu ministère de l’Enseignement supérieur et de laRecherche, pour concevoir le moteur de recherchetheses.fr4, ouvert à l’été 2011 et dont l’objectif estdouble aujourd’hui : assurer une visibilité à larecherche en cours et aux thèses déjà soutenuesdepuis 1985. C’est une vitrine des applications pro-fessionnelles de l’Abes dédiées au signalement desthèses qui a été ainsi mise en place. La navigationpar facettes a été privilégiée permettant de piocherentre date de soutenance, nom d’établissement,de discipline, d’école doctorale ou de directeur dethèses pour effectuer sa recherche. Les résultatssont exportables en formats variables et le succèsdu moteur réside dans sa facilité d’utilisation, savisibilité sur le web et sa proximité avec le mondede la recherche. En effet, il est possible de signalerdirectement une erreur sur la page d’une thèse sou-tenue, erreur qui sera automatiquement dirigéevers le correspondant de l’établissement de soute-nance en question, à même de faire procéder à lacorrection.

DES RECETTES ADAPTÉESIl ne resterait plus alors au doctorant qu’à se perdrela tête dans les étoiles, une fois son sujet de recherchedéfini ? C’est en effet sous le nom évocateur de« Star », que, depuis 2006 et en prolongement del’arrêté du 7 août de la même année5, l’Abes a misen place une application spécifiquement dédiée audépôt, au signalement et à l’archivage des thèsesélectroniques. En effet, chaque établissement desoutenance doit opter pour un mode unique dedépôt pour ses thèses :• soit il choisit le dépôt papier, option en désué-tude, et le catalogage s’effectue dans WinIBW avecune visibilité automatique dans le Sudoc et danstheses.fr (le Sudoc demeurant, à l’heure actuelle,le répertoire national des thèses de doctorat) ;• soit il choisit le dépôt électronique, en plein essor,et utilise l’application Star, spécifiquement dédiéeà cet usage (la visibilité est la même que pour ledépôt papier).

Grâce à la recommandation « aux petits oignons »TEF6 (Thèses électroniques françaises), spécifi-quement dédiée aux thèses électroniques, celles-ci sont signalées, archivées de façon pérenne auCines, et Star facilite leur diffusion en pointant dèsque possible vers l’accès à leur texte intégral, touten respectant les choix et droits du docteur. La dif-fusion peut avoir lieu via TEL, le serveur de thèsesen ligne pluridisciplinaire de l’archive ouverte Hal,via une archive institutionnelle ou via le serveur del’Abes. Depuis que Star existe, le dépôt électroniquedes thèses a fait ses preuves et joué un rôle de faci-litateur pour leur diffusion avec un accès au texteintégral dans la majorité des cas. Le nombre d’éta-blissements participant à Star7 n’est pas maximal,mais presque. Seuls cinq établissements viennentd’être contactés en 2015 pour entrer dans le dixièmecercle de déploiement de réseau Star qui comptedéjà 117 établissements à son actif. Star a effecti-vement fait le plein au niveau des universités par-ticipantes et ce sont désormais uniquement desécoles ou des instituts qui n’ont pas encore rejointles rangs.

La recette est sans doute perfectible, mais voici un ingrédient à disposition de tout prétendant au doctorat :la connaissance des sujets de thèses sur lesquels d’autres planchent ou viennent de plancher. Rien de tel pourse motiver que de savoir que son voisin prépare aussi une thèse et de rendre public ce qui sera presquel’unique objet de ses pensées durant aumoins trois années, histoire de partager son pique-nique et de taillerune bavette.

Signaler et valoriserles thèses : un art culinaire ?

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

[1] Sylvain Foret, Étude d’unnouveau procédé defractionnement des co-produits de fabrication dejambon sec et des propriétésphysico-chimiques etfonctionnelles des extraits etraffinats :www.theses.fr/2011INPT0075[2] Laure Bombrun, Analysedes transferts de masse et del’adhésion entre muscles lorsde la fabrication decharcuteries cuites à faibleteneur en sel. Effet dutraitement thermique etmodélisation des pertesde poids :www.theses.fr/2013CLF22426[3] Romain Lebas, Optimisationde la démarche merchandisinget de l’approche categorymanagement dans les produitsalimentaires intégrant lesproblèmes d’image, de risquealimentaire et de concurrence:l’exemple du marché de lacharcuterie dans les grandes etmoyennes surfacesalimentaires :www.theses.fr/s44770[4] www.theses.fr[5] Il s’agit ici de l’arrêté surles modalités de dépôt, designalement, de reproduction,de diffusion et de conservationdes thèses ou des travauxprésentés en soutenance envue du doctorat :www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000635069[6] Accessible à partir de :www.abes.fr/abes/documents/tef[7] Pour connaître lesétablissements participantsaux réseaux Step et/ou Star :www.abes.fr/Media/Fichiers/Theses-Fichiers/STAR-Fichiers/Listes-des-etablissements-membres-du-reseau-STAR-et-ou-STEP

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05N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015 Ar(abes)ques

Pour Step, il reste, en 2015, 11 établissements sus-ceptibles de rejoindre le réseau, dont trois univer-sités. Le signalement du sujet de thèse en préparation,lui, n’est pas une obligation, mais juste une sug-gestion. Le périmètre des établissements pouvantrejoindre Step s’est élargi en dépassant le cadredes universités auquel il était autrefois circonscritaprès la fermeture de la base de données Thesa,dédiée aux grandes écoles.

DES CHEFS DE CUISINEPour faire le lien entre l’Abes, les applications qu’ellemet à disposition, et les établissements de soute-nance, un ensemble cohérent de correspondantsa été mis en place à partir de 2011 et chacun dis-pose d’une liste de diffusion spécifique pour favo-riser les échanges. Le coordinateur thèses, nommépar le président ou directeur de l’établissement,dispose d’une vue globale du circuit des thèsesdans son établissement. Le correspondant Star estle point de jonction entre l’application du mêmenom, ses différents intervenants et l’Abes, tandisque le correspondant Step a le même rôle pour cettedernière application. Les applications Step et Starsont interconnectées et les imports ont depuis l’ori-gine été favorisés comme mode d’alimentation afind’éviter les doubles saisies. Un travail logique decollaboration en a découlé, que ce soit avec l’as-sociation Contact pour son outil Adum (Accès doc-torat unique et mutualisé)8 ou l’Amue9 pour lesimports avec Apogée.

UN RAYONNEMENT EUROPÉENL’Abes participe au portail européen des thèses DartEurope10 qui permet, grâce au moissonnage desthèses de Star, d’assurer une visibilité à l’échelle

européenne des thèses électroniques. Car, commeévoqué précédemment, le nerf de la guerre est bienla diffusion de la thèse. Les écueils juridiques sontnombreux et l’arrêté de 2006 trop lacunaire. Si l’objet« thèse » reste complexe à dompter, l’objectif estbien, sauf cas de thèse sous embargo ou confiden-tielle, de favoriser au maximum cette diffusion. C’esten tous cas dans cette perspective qu’ont été conçues,dès l’origine, Step, Star et theses.fr.En termes de gestion du réseau des thèses, de visibi-lité des établissements de soutenance et d’environ-nement de production des applications Step et Star,c’est la mouvance des institutions de l’enseignementsupérieur qui pose aujourd’hui des questions com-plexes (la mise en place des Comue, par exemple).

L’Abes aurait-elle été visionnaire sur les grandes ten-dances du doctorat avec les choix de noms pour sesapplications ? La recette Step, Star, et, cerise sur legâteau, theses.fr aurait-elle donc pris ? C’est bien enpartageant, en innovant, en cuisinant que le docteurd’aujourd’hui arrive à valoriser sa thèse de façonattractive. Des initiatives récentes le montrent : duconcours officiel lancé par la Conférence des prési-dents d’université (CPU) et le CNRS «Ma thèse en180 secondes»11 au concours de photos «Cuisineta thèse» (cf. illustration), en passant par le concours«Dance your Ph.D » qui récompense une vidéodansée sur le sujet étudié par le thésard, l’humourest à l’honneur afin de dédramatiser ce « rite de pas-sage», pour reprendre le titre de l’ouvrage de LaetitiaGérard12.

IsabelleMartinChargée de mission sur les thèses, Abes

[email protected]

Une photo de Mélanie Piroux,retenue dans le cadre duconcours « Cuisine ta thèse »proposé sur le site dePhDelirium.Pour illustrer le sujet de sathèse Ressources pollinifèreset mellifères de l’Abeilledomestique, Apis mellifera,en paysage ruraldu nord-ouest de la France,Mélanie Piroux a concoctéun dessert composé de paind’épices en forme d’alvéoles(de cire d’abeilles), d’unealvéole de pelotes de pollen(ressources pollinifères) et demiel (ressources mellifères),de fleurs prairiales (présentesen paysage rural).

[8] www.adum.fr

[9] www.amue.fr

[10] www.dart-europe.eu/basic-search.php

[11] Voir l’article de NoémieMermet, p. 14.

[12] http://www.sudoc.fr/180556169 (voir aussil’article de Laetitia Gérard,p. 22).

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Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 201506

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Le jeune docteur (J. D.) : Bonjour, j’ai soutenu ma thèsede doctorat il y a un mois. D’ailleurs, je voulais voussignaler que le calendrier qui défile dans theses.fr1 , c’estassez stressant ! À quel moment ma thèse y sera-ellesignalée parmi les thèses soutenues ?

Le bibliothécaire (B.) : Aujourd’hui, theses.fr indiqueque votre projet doctoral est terminé ; il s’agit d’une périodede transition de quelques semaines au terme de laquelle lesignalement de votre thèse en préparation sera remplacépar le signalement de votre thèse soutenue. Vous savez quenous avons opté pour le dépôt sous forme électronique. Unpeu de patience : toutes les soutenances étant programméesau même moment, les fichiers PDF nous arrivent tous enmême temps !

J. D. : Ah oui, d’ailleurs, ce n’était pas une mince affaire cefichier PDF. Heureusement que j’ai été formé à l’utilisationdes feuilles de style et à la génération d’un fichier correct.

B. : C’est la garantie d’un archivage pérenne du fichier,envoyé automatiquement par Star au Cines en parallèle dusignalement dans le catalogue Sudoc et dans le moteurde recherche theses.fr.

J. D. : À vrai dire, au début, je n’ai rien compris. À l’été 2011,mon directeur de thèse pressenti m’a demandé de vérifierl’originalité de mon sujet de thèse en consultant le Fichiercentral des thèses (FCP). Impossible de savoir ce qu’étaitce machin. J’étais venu vous voir à l’époque.

B. : C’était au moment où le FCT a disparu pour être rem-placé par deux applications : Step, accessible sur authen-tification pour saisir la description des thèses en préparation,et theses.fr, vitrine librement interrogeable sur le web.

J. D. : J’ai donc cherché dans theses.fr et constaté que per-sonne ne travaillait sur le même sujet que moi. Ouf ! J’aicommencé ma thèse. Je voulais figurer dans theses.fr pourque personne ne pique mon projet. J’ai compris plus tardque theses.fr n’est pas un mécanisme de protection d’uneidée, mais une pratique scientifique bien utile.

B. : Votre thèse en préparation a donc été signalée danstheses.fr ?

J. D. : Oui. J’ai cru que tout serait automatique dès le len-demain de mon inscription à la fac. En fait, ça a été pluslong. J’ai même fait une demande sur un guichet d’assis-tance pour accélérer les choses. Au bout de quelquessemaines, j’avais un compte dans Step.

B. : Finalement, êtes-vous satisfait ?

J. D. : Oui. Dans un moment de doute où je m’enlisaisdans mes recherches, j’ai failli demander la suppression dema page de theses.fr. Finalement, je ne l’ai pas fait et heu-reusement ! Une semaine plus tard, j’étais sollicité pour faireune présentation dans un colloque ; les organisateursm’avaient repéré grâce à theses.fr. Par la suite, j’ai veillé àmettre à jour la description de ma thèse en préparation. C’estassez pratique d’avoir cette page web avec une URL courte,qui ne change pas, facilement partageable. Sur Twitter etailleurs, je me présente souvent en mettant le lien de mapage theses.fr.

B. : Effectivement, nous avons apporté un soin particulierà la construction des URL. Votre projet doctoral a étésignalé via une URL www.theses.fr/sXXX pendant trois anset bientôt une redirection sera mise en place vers la pagede la thèse soutenue avec une URL www.theses.fr/NNT.

J. D. : Cela étant, je ne sais pas si mon expérience estreprésentative. Un copain doctorant dans un autre éta-blissement n’était pas content du tout : personne ne lui avaitdemandé son avis, la description de la thèse en préparationétait incomplète et moche (sans accents par exemple) et iln’a jamais réussi à la faire modifier. Finalement, il ademandé à ce que cette page disparaisse du web.

B. : Oui, je sais. Certaines données arrivent automatique-ment en provenance d’applications de gestion de scola-rité. Elles ont été saisies pour des besoins de gestioninterne, sans prise de conscience qu’une partie d’entreelles est exposée sur le web. Vous savez, nous, bibliothé-caires, avons pourtant beaucoup travaillé avec nos col-lègues administratifs et informaticiens pour que nosapplications informatiques se parlent. Rome ne s’est pasfaite un jour, le workflow d’un système d’information nonplus… Votre ami a fait sa thèse trop tôt : dans quelques années,

Dialogue entre un jeune docteur etun bibliothécaire imaginé à partirde faits réels.

LES THÈSESÀ L’ABES :TOUT UNÉCOSYSTÈME !

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N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015 Ar(abes)ques 07

ce sera mieux. Et maintenant que vous êtes docteur, allez-vous diffuser le contenu de votre thèse sur Internet ?

J. D. : Je ne sais pas encore. Je suis en contact avec unéditeur pour que ma thèse soit publiée. Je sais bien que lefait d’être publié et de diffuser en archive ouverte n’est pasantinomique : j’ai vu des exemples sur theses.fr. J’hésite.

B. : Soyez prudent et posez-vous la question du sérieux devotre éditeur. S’il ne vous propose pas de remanier enprofondeur votre texte, méfiez-vous. Et surtout, vérifiez laprésence dans le contrat d’une clause expresse de non-exclusivité.

J. D. : En fait, je pense que je vais accepter la diffusion surInternet.

B. : Alors vous n’avez rien à faire, Star s’occupe de tout. Lapolitique de notre établissement est de diffuser à la fois surnotre serveur et sur l’archive ouverte TEL.

J. D. : Et si je change d’avis ?

B. : Il est possible de revenir en arrière, même en cas de dif-fusion sur TEL. Mais cela doit rester exceptionnel. Et soyezconscient qu’une fois que le texte intégral de votre thèseaura été diffusé sur le web, même pour quelques heures,personne ne peut vous garantir que votre PDF ne continuerapas à circuler.

J. D. : Je vais y réfléchir. Une chose encore : theses.fr com-mence à être connu des doctorants, mais très peu desdirecteurs de thèse.

B. : Vous avez raison. Les doctorants découvrent theses.frlorsqu’ils se « googlisent » sur le web ; pour peu qu’ilsaient un nom sans trop d’homonymes, la page de theses.frremonte très haut dans les résultats. Ce n’est pas vrai pourles directeurs de thèse, encore moins pour les organismescomme les écoles doctorales ou les laboratoires.

J. D. : J’ai montré à mon directeur de thèse la page à sonnom dans theses.fr ; elle présente sous forme de nuage demots les thèmes des thèses qu’il a encadrées. Sa réactionn’a pas été très enthousiaste.

B. : Les nuages de mots sont perfectibles. Mais les directeursde thèse réagissent rarement sur ce point. Via le bouton« Signaler une erreur »2, ils s’étonnent souvent de l’in-complétude des données de theses.fr. Les causes en sont mul-tiples3. Nous nous rendons parfois compte que des thèsesn’ont jamais été signalées dans le Sudoc. La pierre d’achop-pement de theses.fr, actuellement, c’est la qualité des don-nées dans les applications sources : Step, Star et le Sudoc.Nous nous efforçons de corriger les erreurs, ce qui néces-site de coordonner le travail dans les quelques 140 éta-blissements habilités à délivrer le doctorat.

J. D. : J’ai aussi remarqué qu’il était possible de trouver letexte intégral de thèses librement accessible sur le websans que ce soit signalé dans theses.fr.

B. : C’est vrai. Avant la mise en place de Star, les auteursdéposaient eux-mêmes dans TEL. Comme le Sudoc ignorel’existence de ces documents, theses.fr ne mentionne pas

la possibilité d’un accès en ligne. Cela fait partie des amé-liorations que nous devons apporter. Mais, tout à l’heurevous m’avez dit avoir fait une communication à un colloque.Avez-vous déposé votre papier dans HAL ?

J. D. : Oui, effectivement.

B. : Parfait. Vous savez que votre page dans theses.fr (la pagequi parle de vous en tant qu’auteur d’une thèse et non lapage de votre thèse) est construite à partir d’un numéro,votre identifiant IdRef. Par ailleurs, dans HAL vous avezun identifiant, un IdHAL. Sachez qu’il est possible d’alignerces deux identifiants et bien d’autres (Orcid, Isni…) qui vousseront utiles dans votre vie de chercheur.

J. D. : Je sais qu’il est important de gérer mon identiténumérique. J’ai été sensibilisé à ces problématiques pen-dant ma formation doctorale.

B. : Je suis heureux de l’apprendre : vous êtes le jeunechercheur idéal ! Les bibliothèques développent actuelle-ment de nombreux services d’accompagnement et de la valo-risation de la recherche. Nous commençons même à nousintéresser à la matière première, aux données brutes, de vosrecherches.

J. D. : Très bien. Mais je ne sais pas encore si je vaism’orienter vers le secteur académique ou vers le monde del’entreprise.

B. : Il est vrai que theses.fr est encore très centré sur le mondeacadémique. Il nous reste encore beaucoup à faire dans lecadre même de l’information scientifique et technique enFrance. Mais nous n’avons pas perdu notre ambition ini-tiale : theses.fr doit s’adresser à quiconque est intéressé parune thèse de doctorat. Des partenariats sont à lancer avecle monde associatif, et au-delà le monde de l’entreprise. Nousavons le souhait de relayer ce qui est fait ailleurs et bienfait : valoriser les CV des jeunes docteurs, mettre en avantles prix de thèses, promouvoir les initiatives de vulgarisationscientifique… Il nous faut décloisonner nos métadonnéeset les relier au web en général. Le temps manque maispas les idées ! Quelle que soit la voie que vous choisirez, jevous souhaite de croiser à nouveau theses.fr.

IsabelleMauger PerezResponsable fonctionnelle de theses.fr, Abes

[email protected]

[1] Si dans Step une date de soutenance prévisionnelle a été saisie, danstheses.fr la page de la thèse en préparation affiche un compte à rebours jusqu’àla date de soutenance.

[2] Dans les pages de thèses en préparation et de thèses soutenues, ce boutonmet en relation directe l’usager et le responsable de la production desmétadonnées (correspondants Step et Star ou coordinateur Sudoc). Dans lespages de personnes et d’organismes, cette assistance déportée ne peutfonctionner car les données ne proviennent pas d’un seul établissement desoutenance mais d’une consolidation. Le bouton pointe alors vers le guichetd’assistance ABESstp.

[3] La thèse peut être présente dans theses.fr, mais non liée aux identifiantsd’autorité des personnes et des organismes. La thèse peut être présente dans leSudoc, mais absente de theses.fr parce qu’un problème a été détecté lors de sonchargement…

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(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

08 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

Mais les établissements peuvent également inter-connecter Star avec leurs propres systèmes d’infor-mation locaux : au lieu de saisir ou ressaisir les méta-données de thèses dans Star, il est possible de lesimporter en format TEF5. Cette recommandation Afnora précisément pour vocation d’échanger, sous uneforme normalisée et validée, les métadonnées desthèses électroniques françaises.

QUELS EN SONT LES IMPACTS ?Après validation globale des fichiers et des méta-données, Star se charge, d’une part, d’exporter lesfichiers d’archives et certaines métadonnées versla plateforme d’archivage du Cines et, d’autre part,de convertir les métadonnées TEF en Unimarc pouralimenter le catalogue Sudoc. Ainsi, le signalementdans le catalogue Sudoc, incontournable pour consti-tuer la bibliographie nationale des thèses, est sim-plifié pour les bibliothèques puisqu’il est effectuéautomatiquement.Pour chaque thèse, Star attribue une URL pérennequi permet de donner accès au texte intégral quelleque soit la plateforme de diffusion choisie. À côtéde ces débouchés, l’application propose à chaqueétablissement des options supplémentaires commel’export de la version de diffusion de la thèse versun serveur de diffusion (CCSD, Abes…).[Voir Graphique 1]Une thèse traitée par Star est donc nécessairementcelle qui a permis l’obtention du diplôme. Avec l’ac-

Star et le dépôt électroniquedes thèsesDepuis l’arrêté du 7 août 2006 relatif aux thèses de doctorat françaises1 , chaque établissement peut fairele choix du dépôt électronique de celles-ci. Ceux qui le pratiquent se voient offrir les services de l’applicationde dépôt national Star (Signalement des thèses, archive et recherche). Aperçu de son fonctionnement et deses enjeux.

L’Abes et le Cines ont mis en place l’applicationStar en 2006 pour permettre le traitement del’objet « thèse » dans le cas où celle-ci est élec-tronique et, également, pour fluidifier le circuit deson traitement (de l’archivage à la diffusion en pas-sant par le signalement). Première application exclu-sivement dédiée aux thèses, elle est désormais aucœur d’un dispositif global de leur signalement avecle Sudoc, Step (pour le signalement des thèses enpréparation) et thèses.fr.Star permet aux établissements de s’acquitter deleurs engagements obligatoires pour traiter unethèse (archivage, signalement), mais propose éga-lement un service optionnel de diffusion des docu-ments sur plusieurs plateformes.Ces fonctionnalités font interagir plusieurs parte-naires ou applications :� le Cines pour tout ce qui concerne la réflexion et

la mise en place de l’archivage pérenne des docu-ments ;

� les logiciels de gestion de scolarité et les outils degestion électronique des documents (GED) ;

� les établissements qui nomment un correspon-dant Star, personne relais entre le doctorant, l’écoledoctorale, l’établissement de soutenance et l’Abes ;

� les autres applications dédiées aux thèses quesont Step, theses.fr ainsi que l’application IdRef2

dédiée aux autorités ;� les plateformes de diffusion TEL (thèses-en-ligne)3

et Pastel4, mais aussi les plateformes des éta-blissements.

COMMENT ÇA MARCHE ?Les établissements utilisent l’application pourdéposer les fichiers (éditions d’archivage et de dif-fusion) de la thèse et saisir les métadonnées asso-ciées, qu’il s’agisse des métadonnées descriptivesou des métadonnées de gestion (administration,archivage, droits). Chaque établissement possèdeun espace de travail collaboratif. Chaque collabora-teur du circuit de la thèse (doctorant, école docto-rale, scolarité, service commun de documentation…)sera sollicité pour effectuer les tâches qui lui sontpropres. Star offre plusieurs configurations pours’adapter aux différents modes d’organisation desétablissements.

[1] Deux arrêtés du 7 août2006 sont relatifs audoctorat :� celui dont il est question icitraite des modalités de dépôt,de signalement, dereproduction, de diffusion etde conservation des thèsesou des travaux présentésen soutenance en vue dudoctorat :www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000635069� l’autre est relatif à laformation doctorale :www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000267752

[2] www.idref.fr (voir aussiencadré p. 10).

[3] https://tel.archives-ouvertes.fr

[4] https://pastel.archives-ouvertes.fr

[5]www.abes.fr/abes/documents/tef/index.html

Plateformeétablissement

ABESCCSD

1. PLATEFORMES DE DIFFUSIONUTILISÉES PAR LES ÉTABLISSEMENTS.

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09N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015 Ar(abes)ques

[6] www.abes.fr/Theses/Services-disponibles-autour-des-theses/Moissonnage-OAI-PMH

[7] www.dart-europe.eu/basic-search.php

cord du docteur, Star alimente la (les) plateforme(s)de diffusion choisie(s) par l’établissement de sou-tenance en envoyant la version de la thèse destinéeà la diffusion et ses métadonnées. Par ailleurs, cesmétadonnées sont disséminées via l’exploitationd’un serveur OAI PMH6. Cela permet de multiplierle référencement et le signalement de la thèse etde rendre visible ses métadonnées au niveau inter-national, notamment avec Dart-Europe7 qui mois-sonne ce serveur OAI PMH. L’utilisateur final accèdealors au document en étant assuré d’être en pré-sence de la thèse sanctionnée par l’établissementde soutenance (après corrections éventuellementdemandées par le jury). L’accès à la thèse est garantidans le temps par l’archivage au Cines et par l’at-tribution d’une URL pérenne, à la fois adresse fiableet label d’authenticité.

FOCUS ACTUELAu 1er janvier 2015, on compte 117 établissementsdéployés dont 101 sont en production dans Star.L’application compte plus de 34 000 thèses archi-vées. Depuis 2013, le nombre de thèses de doc-torat traitées dans Star (donc électroniques) estsupérieur au nombre de thèses traitées dans leSudoc (papier), traduisant ainsi l’installation duformat électronique dans le circuit officiel des thèses.[Voir Graphique 2]Depuis 2012, le volume de dépôt des thèses dansStar augmente en moyenne de 27 % par an, avecun peu plus de 10 000 thèses en 2014.[Voir Graphique 3]L’analyse des périodes de traitement des thèsesélectroniques, depuis la mise en œuvre de Star,démontre que les correspondants dans les éta-blissements ont parfaitement intégré cette activitédans leur travail quotidien. [Voir Graphique 4]

Star traite désormais la majorité des thèses de doc-torat françaises déposées. En prenant en compte lesscénarios de diffusion des documents qui y sont sai-sis, on peut se faire une idée des « tendances » entermes de diffusion et d’accessibilité. En effet, pourla majorité d’entre elles, c’est un accès ouvert et com-

plet qui est proposé (71% ont une diffusion sur Inter-net contre 27 % diffusables seulement sur l’Intra-net). Les thèses diffusées sur Internet peuvent fairel’objet d’une restriction temporelle afin de respecterles vœux du docteur (embargo) ou de l’établissement(confidentialité). Actuellement, il n’y a que 13 % desthèses qui font l’objet d’une restriction liée à la confi-dentialité (4 %) ou à un embargo (9 %). Ces restric-tions restent donc minoritaires et l’accessibilité auxthèses s’inscrit dorénavant dans une réelle politiqued’ouverture. Véritable outil de traitement des thèses,Star s’ancre définitivement dans l’univers 2.0.

Olivier [email protected]

Marianne [email protected]

Abes

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02008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

2. ÉVOLUTION DES CRÉATIONS DE THÈSESORIGINALES DANS LE SUDOC.

3. ÉVOLUTION DES DÉPÔTS ANNUELS DANS STAR.

4. RATIO MENSUEL D’ACTIVITÉ DANS STAR.

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Décembre 1er janvier 2015

2009

2010

2011

2012

2013

2014

par WinIBW= thèses imprimées

par Star= thèses électroniques

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Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 201510

IdRef, pour « Identifiants et Référentiels», est à lafois une base de données contenant des notices d’au-torités, rassemblées par référentiel, et un site web per-mettant la recherche, la consultation et la productiond’autorités. Cette plateforme permet aussi la réuti-lisation de ces données sous diverses formes (bran-chement d’une application de saisie, webservices,entrepôt OAI, sitemap) et sous divers formats(HTML, XML, RDF, JSON).

IdRef et le signalement des thèsesLa fonction première des autorités consiste à nor-maliser les points d’accès. De ce point de vue, lesthèses ne se distinguent pas des autres documentstextuels imprimés ou électroniques. Les recom-mandations faites à tout catalogueur de lier auxautorités correspondantes les zones dédiées (zone500, bloc 6XX d’indexation matière, bloc 7XX desmentions de responsabilité) valent pour tout docu-ment, a fortiori pour les thèses. Parmi les réfé-rentiels exposés par IdRef, ceux des «Personnes »,des «Collectivités » et «Rameau» sont les plus sol-licités.On trouve dans une thèse un grand nombre dezones de lien. En effet, il s’agit d’un travail aca-démique très encadré et scientifiquement déter-minant, où la quantité de personnes physiques etmorales ainsi que de termes d’indexation est élevée.L’utilisation des référentiels y est donc notable-ment plus grande que pour le signalement d’au-tres documents et en fait ainsi un champd’expérimentation naturel pour élargir le champd’application d’IdRef. Une évolution récente ren-force cette observation. La création de neuf nou-veaux codes de fonction permet désormais designaler avec précision les rôles des différentsacteurs d’une thèse. Ce passage de 3 à 12 codes,volonté conjointe de l’Abes et des établissements,s’ajoute à l’exigence de faire des liens aux auto-rités. La qualité du signalement en tire un profitd’autant plus grand que les informations de rôlesont valorisées par theses.fr.De plus, les applications de signalement et IdRefentretiennent une relation d’harmonieuse coopé-ration. Step et Star sont « branchées » directementà la base des autorités afin de lier les données pro-duites à chaque étape de la vie d’une thèse. De lapréparation à la soutenance, puis à l’archivage, lesliens sont conservés et transmis d’une applicationà l’autre, par le biais des identifiants pérennesd’IdRef. Solution universellement compatible,IdRef pourrait prochainement interagir avec

l’application du réseau Adum (Accès doctoratunique et mutualisé), étendant ainsi sa sphère d’in-teropérabilité et épousant un peu plus le périmètredes métadonnées des thèses françaises.

IdRef et la valorisation des thèsesCes éléments dessinent les contours d’un corpus plusimportant qu’il n’y paraît. Alors que l’Abes porte lamission thèses depuis septembre 2010, c’est avec sonsavoir-faire catalographique qu’elle a développéles applications dédiées. Avec deux conséquencesenchâssées : l’implication très forte des autorités dansleur fonction de pivot des données bibliographiqueset l’unification concrète des dimensions du signa-lement et de la valorisation des métadonnées. C’estau portail theses.fr qu’est revenu de valoriser les méta-données des thèses. Capable de reconnaître lesliens et de les transformer en facettes de rechercheet en rebonds, l’application s’appuie sur la pro-duction réalisée, en amont, dans Step puis dansStar. Plus les données sont liées, plus theses.fr estperformant.De façon très originale, theses.fr a décliné cettevalorisation en une base de « Personnes » (aveconglet dédié), interrogeable sur les différents acteursde la recherche doctorale française : auteurs oudirecteurs de thèse, président et membres de jury,rapporteurs. Les organismes, qu’ils soient établis-sement de soutenance, cotutelle, école doctorale,laboratoire, partenaire ou entreprise, font aussil’objet de résultats de recherche propres. Là, encore,ce sont les liens aux autorités qui assurent l’agré-gation des informations. Mieux, cette nouveautéplace sur le devant de la scène deux des enjeuxles plus stratégiques du moment : l’identificationdes contributeurs à la production scientifique etleur(s) affiliation(s) aux institutions nationales del’enseignement supérieur et de la recherche.L’association des thèses et des autorités revêt laplus haute importance pour l’Abes et les établis-sements de ses réseaux. Il s’ensuit une grande res-ponsabilité quant à la qualité du signalement etde la valorisation, pour lesquels les autorités jouentun rôle prépondérant. Sur ce terrain, les avancéesrécentes encouragent à la poursuite des efforts età la créativité de chacun, car beaucoup d’initia-tives sont à imaginer pour mobiliser les profes-sionnels, fabriquer les outils et dessiner le paysagedes métadonnées de demain.

François MistralAbes

[email protected]

ASSOCIER THÈSES ET AUTORITÉS AVEC IDREF

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

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11N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015 Ar(abes)ques

LE CENTRE DE DOCUMENTATION AU CŒURDU CIRCUIT DES THÈSES

La participation active dans « theses.fr » se traduitchaque année par le signalement de 70 thèses enpréparation. Le circuit des thèses concerne le ser-vice administratif, composé de deux personnes pourle suivi et la scolarité, et l’équipe du centre de docu-mentation, composée de trois documentalistes dontune correspondante Step pour la validation des don-nées de thèse et une correspondante Star pour ledépôt officiel. Le déploiement de l’École des Minesd’Albi-Carmaux simultanément dans Step et dansStar est effectif depuis 2014. L’intégration du for-mulaire de signalement de thèse dans l’outil de ges-tion collaboratif Adum® 1 (Accès doctorat unique etmutualisé) rend obligatoire la déclaration des don-nées de thèse, revues et corrigées lors de chaqueannée universitaire. Une relecture attentive en vued’un enrichissement de ces données est faite lorsde rendez-vous organisés entre les doctorants et lacorrespondante Step. Un focus sur la plaquette« theses.fr » ainsi que sur la navigation dans le sitepermettent, notamment aux doctorants de premièreannée, de mesurer les enjeux et l’importance d’avoirdes données en ligne de qualité pour le rayonne-ment de leurs travaux, du laboratoire et de l’éta-blissement. La fiche de signalement, après avoir étésoumise d’abord au directeur de thèse puis au centrede documentation, atteste de la conformité et del’actualisation des données de thèse. Le serviceadministratif actionne par la suite l’import des don-nées depuis Adum® vers Step, une fois le dossierd’inscription complété et transmis par l’école doc-torale. Ce dispositif place le centre de documenta-tion au cœur du processus de validation finale. Uneattention particulière est ainsi accordée à la qualitédes données qui alimenteront Star en vue du dépôtofficiel.

L’ACCOMPAGNEMENT DES DOCTORANTSLe centre de documentation mène également desactions de formation auprès de ses doctorants. Lorsde leur arrivée à l’École en première année, une for-mation aux bases de données scientifiques et aux

services du centre de docu-mentation leur est faite.L’objectif est de les amenervers des stratégies avancéesde recherche d’information, àmettre ensuite en applicationavec leur sujet. Depuis 2009,des ateliers sont proposés etviennent compléter la forma-tion de base. Les thématiquesliées à la gestion des référencesbibliographiques et aux droitsd’auteur, entre autres, fontl’objet d’un approfondissement.Plusieurs sessions sont orga-nisées chaque trimestre, leprincipe reposant sur une thé-matique développée en uneheure et animée par une docu-mentaliste. Pour la première fois au printemps 2015,le centre de documentation organisera, à l’atten-tion des doctorants inscrits en troisième année etde leurs encadrants (tuteurs/directeurs de thèse),une réunion autour des prérequis pour le dépôt finaldu manuscrit. Par ailleurs, une page de notre siteweb est dédiée au dépôt de la thèse2. Outre lesactions menées autour du signalement et du dépôtde thèse, le centre de documentation est un appuipour les doctorants dans la fourniture de documentsprimaires et le signalement de leurs publications,articles et communications de congrès.

L’intégration dans les réseaux Step et Star est uneexpérience récente et enrichissante pour l’équipedu centre de documentation, grâce aux échangesavec les collègues d’autres établissements pourleurs retours d’expériences et l’aide du support Abespour les questions techniques. Le bénéfice de cetteintégration se traduit d’ores et déjà par une meil-leure visibilité des travaux des doctorants de l’Écoledes Mines d’Albi-Carmaux.

Huong BaleixDocumentaliste, École des Mines d’Albi-Carmaux

[email protected]

L’accréditation en lien avec l’Université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées pour la délivrance du diplôme etl’arrêt de la mise en production de « Thesa », base de signalement des thèses en cours de la Conférence desgrandes écoles, survenue en 2013 étaient l’occasion pour l’École des Mines d’Albi-Carmaux de présenter sacandidature pour rejoindre les réseaux Step et Star.

Step & Star à l’Écoledes Mines d’Albi-Carmaux

[1] www.adum.fr

[2] http://doc.mines-albi.fr/deposer-une-these

©Don

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12 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

occasion, pour contrer toutes les tentatives de déro-gation au dépôt national obligatoire dans Star. C’estun talisman assez fragile, si l’on y regarde de près.Pourtant, il a un indéniable pouvoir magique, car ilsuffit souvent de l’invoquer pour clore une discussion.Il peut s’appuyer aussi sur plusieurs alliés précieux :en interne, les correspondants Star et Step sontses fidèles compagnons. Au niveau national, il peutfaire appel à l’Abes, bien sûr, mais surtout à laguilde des coordinateurs thèses, ses homologues,accessibles via la liste de diffusion cortheses4, pourdes échanges d’expériences ou de bons procédés.Cette liste a largement contribué à structurer lafonction de coordinateur depuis quatre ans.

TROIS TYPES D’OBSTACLESUne rapide analyse des messages de la liste corthesespointe trois types de difficultés.Les coordinateurs peuvent se perdre dans la forêtdes questions juridiques : sans envisager les casextrêmes de plagiat délibéré, d’innombrables cas par-ticuliers d’interprétation de la propriété intellec-tuelle se posent, tout simplement parce que lesthèses sont des œuvres éminemment composites.Les universités manquent d’experts sur ces ques-tions (les services juridiques ne sont pas spécialisésdans la propriété intellectuelle et les services devalorisation de la recherche sont très orientés versla propriété industrielle et les brevets). L’Abes, quantà elle, n’a pas de compétence juridique.Les doctorants méconnaissent souvent les procé-dures et les enjeux de la diffusion, ce qui les inciteà multiplier les stratégies de contournement dudépôt national obligatoire (corrections jamais dépo-sées, durée de confidentialité excessive, utilisationabusive de la thèse sur travaux, etc.).À l’inverse, les coordinateurs peuvent être handicapéspar une ignorance de la réalité du doctorat et pluslargement du métier de chercheur, ainsi que par l’in-finie diversité des « tribus universitaires »5 : malgréleurs bonnes intentions, ils peuvent générer desprocédures trop complexes ou difficilement applicables.

VERS DE NOUVELLES COMPÉTENCESQuelles pistes le SCD de l’université Lille 2 a-t-ilexplorées pour déjouer ces pièges ? Pour nous

L’université de Lille 2 a voté le dépôt électroniqueen 2010, organisé la formation des doctorants en2013, et ouvert sa plateforme locale de diffusiondes thèses, dénommée Pépite2 , en 2014.

LA MISSION INITIALELoin d’être une simple mesure technique, le pas-sage du dépôt imprimé au dépôt électroniqueimplique une révolution pour tous les acteurs desthèses. Le support numérique élargit de fait la dif-fusion de celles-ci, désormais largement visibles etaccessibles sur le web. D’autre part, il impose uncircuit de traitement unifié : les applications infor-matiques Step et Star étant interconnectées, l’har-monisation des pratiques entre services est devenueindispensable. Enfin, l’établissement qui délivre lediplôme doit voter un mode et une charte de diffu-sion uniques pour l’ensemble de ses thèses : il doitainsi formuler explicitement une politique de dif-fusion qui convienne aux différentes disciplines etécoles doctorales. Conduire ce changement est dela responsabilité du coordinateur thèses.

LES ATOUTS DU COORDINATEURDe quels atouts dispose notre jeune coordinateur pourmener à bien sa mission ? Il bénéficie du titre valo-risant de « coordinateur unique » : doté d’une visiond’ensemble du circuit des thèses, il en embrasse tousles enjeux à l’échelle de l’université ; il est censé êtredégagé du traitement documentaire courant, quirepose, en théorie du moins, sur les correspon-dants Star ou Step ; enfin il est libéré de la gestiond’une application informatique locale, puisque toutel’infrastructure technique est supportée par l’Abes.Mais ce titre est ambigu, car il ne confère aucun pou-voir : c’est l’Abes qui reconnaît le coordinateurcomme interlocuteur, et non pas les partenaireslocaux. Il n’a aucune autorité hiérarchique sur euxpour faire accepter les changements d’organisa-tion du travail. Au sein même du service communde la documentation (SCD), son absence d’implicationdans le traitement documentaire peut aussi nuire àsa légitimité.Alors, sur qui et sur quoi peut-il s’appuyer pour laconstruire ? Il peut s’appuyer sur l’arrêté du 7 août20063, qu’il ne manque pas de brandir à la première

Diffuser et former : la doublemission d’un coordinateur thèsesEn 2011, dans le cadre de samission Thèses, l’Abes a demandé aux établissements d’enseignement supérieurde désigner un « coordinateur thèses unique », qui serve d’« interlocuteur de l’Abes pour la gestion des thèsesd’un établissement »1. Quel bilan tirer de cette nouvelle fonction après quatre années d’existence ? Quelqueséléments de réponse à partir de l’expérience de l’université de Lille 2.

[1] Tous les documents del’Abes sont disponibles surhttp://www.abes.fr/Theses/Le-reseau-des-theses/Etre-coordinateur-Theses

[2] http://pepite.univ-lille2.fr

[3] Arrêté du 7 août 2006(NOR : MENS0602085A)relatif aux modalités dedépôt, de signalement,de reproduction, de diffusionet de conservation des thèsesou des travaux présentés ensoutenance en vue dudoctorat.

[4] [email protected]

[5] Tony Becher, PaulTrowler, Academic Tribesand Territories : IntellectualEnquiry and the Cultures ofDisciplines (2 éd.), OpenUniversity Press, 2001.

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

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[6] Anne-Laure Stérin, Guidepratique du droit d’auteur :utiliser en toute légalité textes,photos, films, musiques, Internetprotéger ses créations, Maxima-Laurent du Mesnil éd., 2011.

[7] http://formadoc.pres-ulnf.fr

[8] www.openaccessweek.org

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guider dans les méandres de la propriété intellec-tuelle, nous avons utilisé comme boussole la docu-mentation professionnelle6, ainsi que des stagesrécents de formation continue. Mais force est dereconnaître que la navigation est restée approxi-mative : il manque un référent juridique nationalauquel chaque coordinateur puisse s’adresser pourtrancher les cas qui sortent de l’ordinaire etconvaincre ses interlocuteurs avec une réponsequi fasse autorité.Pour impliquer les doctorants dans la diffusion deleur thèse, nous avons revêtu notre panoplie péda-gogique et nous sommes lancés à corps perdudans la formation à l’information scientifique dèsla première année du doctorat. Pour séduire notrepublic, il fallait proposer un parcours complet deformation, décliné par disciplines et modulable àla carte, qui couvre le territoire régional, mais sansfaire fi des liens de proximité, et, enfin, qui soitaccessible en anglais. D’autres établissementsavaient déjà relevé ce défi, en s’appuyant sur lesUrfist. Mais n’en disposant pas dans la région Nord-Pas de Calais, il nous a fallu faire preuve d’imagi-nation : Lille 2 a donc réuni les cinq autres SCDde la région afin de construire ensemble une offrede formation mutualisée. Pour accroître ses com-pétences, notre groupe de travail s’est appuyé àla fois sur les coordinateurs thèses et sur les res-ponsables de la formation des usagers. Lorsque lesujet l’exigeait, des intervenants extérieurs ontaussi été sollicités. Cette offre est désormais par-faitement intégrée au fonctionnement des six éta-blissements et proposée au catalogue Formadocdu Collège doctoral régional7 depuis 2013.À Lille 2, notre ardeur pédagogique s’est introduitejusque dans le traitement documentaire. Ainsi, le

rendez-vous de dépôt définitif à la bibliothèqueuniversitaire, traditionnellement axé sur le choixdes mots-clés, a été converti en un entretien indi-vidualisé, réalisé par les correspondants Star, quiprésentent au docteur les différents choix de dif-fusion et répondent à ses questions pratiques.Enfin, pour acquérir une culture générale en matièrede doctorat et mieux comprendre les besoins etles attentes de ce public spécifique, nous avonsmultiplié les échanges avec le collège et les écolesdoctorales, voire avec les doctorants eux-mêmes,grâce à l’évaluation systématique de nos forma-tions. Notre curiosité professionnelle se nourrit auniveau national de la liste cortheses : depuis début2014, les messages de l’Abes y relaient en effetdes initiatives de communication ou de vulgarisa-tion scientifiques (PhD Comics, Ma thèse en 180secondes, etc.).Une fois qu’il aura accompli la noble tâche de dif-fuser les thèses de son établissement, que vadevenir notre vaillant coordinateur ? Il lui resteraencore à évaluer le résultat de ses efforts, c’est-à-dire mesurer et analyser la répartition des thèsesselon leur mode de diffusion et en assurer le par-tage auprès de ses collègues. La liste corthesespourrait alimenter des échanges fructueux. Au vude ses nouvelles compétences, il sera certaine-ment appelé à soutenir la politique de libre accèsde son établissement : le thème de l’Open AccessWeek 20148, « Generation open », cible précisé-ment les doctorants et jeunes chercheurs, ce quine saurait être une coïncidence...

Solenn BihanCoordinatrice thèses de l’Université

de Lille 2 Droit et Santé[email protected]

Le coordinateur Thèses doitlever de nombreux obstacles

qui jalonnent le parcours d’unethèse.

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14 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

accessibles à tous. C’est une manière pour nousde sortir de l’ombre et de rendre des comptes àceux qui pensent que « des chercheurs qui cher-chent, on en trouve, et des chercheurs qui trou-vent, on en cherche ».Cependant, ces types de communications sont tropsouvent délaissés par les doctorants, par manquede temps à y accorder ou par l’idée selon laquelleune quelconque implication du doctorant dans desexercices de vulgarisation est futile, en dehors descongrès réservés à ses pairs.

DE NOUVEAUX CHALLENGES POURLES DOCTORANTS…Mais les choses changent, notamment par mimé-tisme des modèles anglo-saxons où la communi-cation grand-public est une manière pour lesscientifiques de parler de leurs travaux avec pas-sion et enthousiasme. En France, des défis de vul-garisation scientifique inter-doctorants voient lejour. C’est le cas du concours national « Ma thèseen 180 secondes » qui a eu lieu pour la premièrefois en 2014. Tiré du concours « Three minutes

Étant doctorante dans un laboratoire de rechercheen neurosciences, je suis la plupart du tempsamenée à dialoguer avec des spécialistes dansmon domaine de recherche. À l’instar d’autresmilieux professionnels, nous utilisons un jargon quinous est propre pour parler de connaissances etde détails techniques qui ne concernent que nostravaux. Ainsi, nous sommes totalement incom-préhensibles pour des profanes à moins d’un énormetravail de vulgarisation, ce qui n’est pas forcémentjugé nécessaire par l’ensemble de la communautéscientifique. Pourtant, il me semble essentiel pour

les chercheurs de communiquer sur leurs travauxde recherche avec le grand public, par le biais d’ar-ticles dans les magazines scientifiques, par desévénements tels que « La semaine du cerveau »,mais aussi par des expositions ou des conférences

180’ pour fairecomprendre sa thèse

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Et énoncer clairement, c’est permettre de partager desconnaissances avec ceux initialement susceptibles de ne pas les comprendre. NoémieMermet, qui a remportéla finale internationale du concours « Ma thèse en 180 secondes » en 2014, nous livre ici son témoignage.

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Si la capacité à vulgariser les sciences est unevaleur prisée dans les pays anglo-saxons, ellele devient aussi en France.

Les trois vainqueurs de lafinale internationale 2014.

De gauche à droite :Marie-Charlotte Morin, Universitéde Strasbourg (2e prix) ; RenaudManuguerra-Gagné, Université deMontréal (3e prix) ; NoémieMermet, Université de Clermont-Ferrand 1 (1er prix).

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thesis », né à Queensland en Australie en 2008 etrepris par le Québec en 2012, « Ma thèse en 180secondes » a été proposée en France par le CNRSet la Conférence des présidents d’université (CPU).Ce concours invite les doctorants à faire en troisminutes un exposé clair, concis et convaincant deleurs travaux de recherche, en utilisant des termessimples, l’humour ou en imageant leurs propos, letout en s’appuyant sur une unique diapositive.Au vu de mes convictions quant à la vulgarisationscientifique, je me suis lancé le défi de participerà ce concours. D’abord sélectionnée au niveaurégional en Auvergne, j’ai eu la chance de parti-ciper à la finale nationale à Lyon et d’affronter 14autres candidats. En obtenant le deuxième prix decette finale nationale, j’ai pu participer à la finaleinternationale francophone à Montréal, où étaientréunis les trois meilleurs candidats belges, fran-çais, marocains et québécois1. Là, j’ai eu la fiertéde représenter en tant que doctorante la recherchefrançaise (auvergnate en l’occurrence) à l’étrangeret de mettre en lumière mon équipe de rechercheet mon université, en obtenant le premier prix decette finale internationale.

… ET DES CLÉS POUR L’AVENIR« Ma thèse en 180 secondes », ce fut pour tous lesparticipants au concours et pour moi-même uneexpérience formidable, remplie de merveilleusesrencontres tant au niveau personnel que profes-sionnel. Nous avons rencontré des chercheurs d’au-tres horizons que nous n’aurions probablementjamais côtoyés en dehors de cet événement. Nousavons créé un carnet d’adresses de professionnelsavec qui nous garderons contact, ce qui nous seraprobablement utile dans la poursuite de notre car-rière. Enfin, nous avons tissé un réseau de journa-listes avec lesquels nous avons pris un réel plaisirà communiquer. Et ceux-ci nous ont permis d’ac-céder aux médias scientifiques « tout public », cequi n’aurait pas été possible sans un brin d’envieà vulgariser notre science.Les doctorants représentent « la relève » en recherche.Ils sont acteurs dans la majeure partie de la vie deslaboratoires et dans la recherche en général. C’estpourquoi il me semble indispensable qu’une atten-tion particulière leur soit portée grâce à ce typed’événement. Cela les valorise d’une part, tout enétant très formateur d’autre part. De plus, c’estbénéfique pour leur avenir notamment dans unmonde où la mobilité à l’étranger est une étapequasi inévitable pour les jeunes chercheurs et où« bien communiquer » est une qualité requise dansnotre société.Évidemment, ce qui compte le plus aujourd’huidans le recrutement des jeunes chercheurs enFrance et à l’étranger, ce sont les publications dansles journaux scientifiques spécialisés. Mais si la

capacité à vulgariser les sciences est une valeurprisée dans les pays anglo-saxons, elle le devientaussi en France. Ainsi, il faut encourager les doc-torants à se former à ce type d’exercice. Car, fina-lement, le plus grand défi de la science, c’est de lapartager.

NoémieMermetDoctorante, Université de Clermont-Ferrand 1

[email protected]

[1] Les vidéos desparticipants à la finaleinternationale sontaccessibles sur :http://mt180.fr/les-videos-de-la-finale-internationale-a-montreal

MA THÈSE EN 180 MOTS

Quand la douceur se faitdouleurQui oserait prétendre que le frôle-mentd’undrapsur lapeauest insup-portable ?Vous, peut-être pas.Maisd’autres,eux, l’avouent.Cespatient(e)ssouffrentd’allodynie :unsymptômedouloureux caractérisé par la trans-formation du tact en douleur. Pources personnes, enfiler unvêtementouprendre simplementunedoucheprovoquedesdouleurs intolérables.Comment est-ce possible ? Le tactet la douleur empruntent des voiesdifférentes pour être interprétéscomme tels par notre cerveau.D’abord, l’information sensorielleestdétectéeenpériphériepar lapeau

ou les tissus profonds, puis estenvoyée àdesneurones situés dansle tronc cérébral (concernant la tête)ou la moelle épinière (concernantle reste du corps). À leur tour, cesneurones vont expédier l’informa-tiondansleszonesducerveaudédiéesà l’interprétation soit du tact, soitde la douleur.En cas d’allodynie, il y a erreur d’ai-guillage : le tact est envoyé au cen-tre de traitement de la douleur.En cause ?LesneuronesPKCγdontil semblerait qu’ils soient activésparla sérotonine. Ainsi, en prévenantspécifiquement l’activation de cesneurones, nous espérons vaincrel’allodynie.

Alors que le sujet de sa thèse en préparation porte sur «Implication des récep-teurs 5HT-2A dans la modulation des interneurones PKCgamma dans uncontexte d’allodynie neuropathique et inflammatoire», NOÉMIE MERMET arelevé un nouveau défi pour Arabesques : la résumer en 180 mots !

• L’édition2015de«Ma thèseen180 secondes»,organisée par le CNRS et la CPU, est sur les rails.La quasi-totalité des regroupements d’univer-sités françaises se sont portés volontaires pourparticiper à cette deuxièmeédition. À l’issuedessélections locales, les meilleurs candidats s’af-fronteront le 3 juin 2015 à Nancy au cours de lafinalenationale. Les troisgagnantsaurontensuitele privilège de concourir à la finale internatio-nale qui se tiendra en octobre 2015 à Paris. http://mt180.fr• Vous pourrez aussi retrouver « Ma thèse en 180 secondes » sur Facebook :www.facebook.com/MT180Franceet sur Twitter : https://twitter.com/hashtag/mt180fr

&POUR EN SAVOIR PLUS

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16 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

Radio Thésards se définit comme une « radio derecherche ». Pourriez-vous nous préciser ce quevous entendez par là ? S’agit-il de préserver unetonalité académique à l’émission ou plutôt devulgariser une recherche ?On pourrait justifier « de recherche » sous au moinsdeux aspects. D’abord, c’est « radio de recherche »dans un sens basiquement thématique, dans lamesure où il s’agit d’interroger de jeunes chercheurssur leur pratique de la recherche. Mais c’est aussidans l’idée de faire la recherche de la forme radio-phonique la plus appropriée pour cela. Au début deRadio Thésards, je visais (et j’idéalisais) une sorted’ambiguïté entre le témoignage de connaissanceset une parole du vécu de la science. En fait, de manièrepragmatique, mais exploratoire quand même, il s’agitde remettre l’orientation de l’interview à chaque foisen jeu, en fonction du doctorant et de son propre rap-port à son objet de recherche. Après, le mot « vul-garisation» a toujours le défaut de dédoubler la scienceà l’état vulgarisé et la science à l’état brut. C’est ver-tueux et volontariste, mais toujours artificiel. Et il m’in-téresse justement d’interroger les circulations quipeuvent se faire entre l’objet de recherche tel qu’ilest idéalisé au début de thèse, l’objet tel qu’il est bru-talisé en cours, normalisé par le travail… Et puis, sije visais la tonalité académique ou la vulgarisation,j’accèderai à une parole de vérité. Or, ce qui me pas-sionne, c’est plutôt la question et le cheminement.C’est à ce titre que c’est une émission «de recherche».Il s’agit de présenter la production de connaissanced’une manière vivante, dynamique, au lieu de stric-tement délivrer du savoir.

Comment « repérez-vous » les doctorants quevous invitez ?C’est indubitablement la partie la plus copieuse dutravail. D’autant que j’ai tendance à diversifier deplus en plus les méthodes de «repérage» et de «recru-tement ». D’abord, je fais une veille de toutes lesthèses actualisées sur le portail theses.fr. Ensuite,je procède discipline par discipline et université paruniversité, en visitant les pages des laboratoires pourme faire une idée des orientations générales de leursactivités et des profils particuliers qu’ils peuventhéberger. Et puis, il peut m’arriver de connaître des

doctorants dans des colloques, de solliciter l’exper-tise de chercheurs confirmés pour m’indiquer deschercheurs dont la singularité peut présenter unattrait spécial. Dans cet esprit de multiplier au maxi-mum les modes de repérage, je demande toujoursaux doctorants que j’interviewe de me signaler le nomd’autres doctorants. Enfin, je ne m’interdis pas nonplus de pister les doctorants qui engagent eux-mêmesune démarche de rayonnement intéressante (surTwitter, par exemple). C’est pourquoi je suis aussitrès attentif aux jeunes chercheurs qui peuvent s’in-vestir dans les diverses institutions de vulgarisationscientifique.

Y-a-t-il des « candidatures spontanées » ?Oui, cela arrive de plus en plus. En général, je lesdécline. Il m’est arrivé de les accepter, mais le dia-logue fonctionne alors moins bien. Justement parceque le chercheur est dans une position de « candi-dature », il est dans l’esprit de devoir faire ses preuves,ce qui le porte à reprendre des artifices de prise deparole de colloque, à blinder sa posture rhétorique.Et même si j’ai beaucoup de curiosité pour des dis-positifs comme « Ma thèse en 180 secondes », il nes’agit pas pour moi de proposer aux jeunes cher-cheurs de faire la preuve de leur volontarisme à se

Radio Thésards : une fenêtreouverte sur la rechercheDepuis 2012, David Christoffel produit et anime sur France Culture Plus l’émission hebdomadaire RadioThésards, un espace de parole qui a déjà reçu plus de 100 doctorants afin de présenter leur recherche encours. Une démarche inédite pour laquelle il accepté de nous en dire un peu plus…

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

David Christoffel,producteur et

animateur de Radio Thésards.

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rendre compréhensibles, mais de m’engager aveceux à saisir les nouages entre leur objet, la person-nalisation de leur problématique et leur propreévolution universitaire.

Avez-vous essuyé des refus ?Très peu. Et quand cela arrive, c’est toujours motivé,en général, par une réticence à vouloir dévoiler desrésultats trop tôt. En revanche, il arrive quelquefoisque des doctorants acceptent ma propositiond’entretien, mais en reportant la date de l’enregis-trement de quelques mois, pour mieux l’articuleravec la projection qu’ils se font de l’avancement deleurs travaux. Depuis que je produis Radio Thésards,j’ai l’impression que les doctorants ont des emploisdu temps de plus en plus serrés, qu’il est de plus enplus délicat de trouver un créneau pour organiserl’enregistrement.

Y-a-t-il des types de doctorants que vous n’avezpas encore interviewés ?Il y a un nombre important d’universités dont je n’aipas encore interviewé de doctorants. Mais il y a demoins en moins de disciplines non représentées. Ilreste que Radio Thésards doit être compréhensiblepar tous. Il est donc compliqué d’y accueillir dessujets trop techniques.

Votre objectif est d’aborder tous les champsdis-ciplinaires. N’y a-t-il pas cependant des difficul-tés spécifiques liées à certains domaines commeles sciences dures par exemple ?Le fait est que je n’ai pas la compétence pour parlerd’intégrale du troisième degré avec un mathémati-cien ou des mécanismes de la photosynthèse avecun botaniste. Ce problème de compétence m’a d’abordbloqué. Et je le colmatais en allant vers les docto-rants qui travaillent sur des sujets scientifiques enpartant des sciences humaines : par exemple, lesquestions de plasticité du vivant du point de vue phi-losophique (avec Antonine Nicoglou). L’autre solu-tion était d’interroger, à l’inverse, les sciences duresqui abordent des objets sociaux : par exemple, Twit-ter abordé par les mathématiques (avec YannickRochat) ou les recherches en neuroscience sur lamotivation (avec Stefano Palminteri). Mais depuis ledébut de la troisième saison, en les interrogeant sousun angle méthodologique, j’ai pu engager la discus-sion avec une astrophysicienne (Agnès Ferté), uneéconomiste (Elisa Darriet), un physicien «pur et dur»(Adrien Izzet) et un juriste (Benjamin Moron-Puech).

Produire une émission radiophonique sur lewebcorrespondàun statut éditorial bien particulier.Quelles sont vos contraintes spécifiques ?Effectivement, on n’est pas dans le rendez-vous « degrille ». Mais c’est aussi ce qui permet d’aller d’unediscipline à l’autre. De la même façon que les huma-

nités numériques semblent revaloriser l’érudition(qui avait mauvaise presse jusqu’à récemment), leweb radiophonique a permis de créer cet espace oùles chercheurs sont accueillis sans prérequis thé-matique ou disciplinaire. Cela dit, comme pour touteémission de Radio France, je dispose d’un certainnombre de moyens techniques qui me permettentd’enrichir la collection. Notamment, je peux faire desduplex avec les radios locales de Radio France, cequi permet de faire venir dans la collection, des doc-torants qui n’ont pas l’occasion ou les moyens devenir à Paris. C’est plutôt dans sa diffusion que l’émis-sion présente des spécificités, plus avantageusesque contraignantes. Nous constatons en effet quel’entretien est surtout écouté au moment de sa miseen ligne (et de son annonce), mais qu’il commenceà avoir une seconde vie, au fil des mois.

Quels sont les canaux utilisés pour faire connaî-tre vos émissions et toucher la bonneaudience?Comme pour tous les programmes de France Cul-ture Plus, nous investissons les réseaux sociaux etnotamment Twitter. L’une des spécificités de la radio« de stock », c’est de pouvoir se développer vertica-lement. Le podcast permet une dimension encyclo-pédique : au lieu de dire qu’il passe dans Radio Thé-sards, j’aime toujours mieux dire qu’un doctorantentre dans la collection Radio Thésards. C’est pour-quoi il faut viser une écoute diachronique et travail-ler au référencement de ces entretiens dans lesmoteurs d’humanités numériques. C’est l’une desbelles chances que le numérique donne à la radio :sortir le média du « tout actualité » et permettre à laradio de prendre une part renouvelée au web desconnaissances.

Après l’entretien radiophonique, avez-vous desretours sur son impact de la part des doctorantsinterviewés ?Ce dont ils témoignent souvent, c’est l’impact quel’enregistrement a pu avoir sur eux-mêmes. Ils éprou-vent le besoin de me dire que l’exercice de l’entre-tien leur a permis d’avoir un nouveau regard sur leurthèse. Les doctorants ont toujours des occasions deprésenter leurs travaux (les séminaires, les journéesd’étude), mais qui les laissent à des niveaux de foca-lisation relativement balisés et que l’entretien radio-phonique vient déverrouiller d’une manière ou d’uneautre. Avant de les enregistrer, il arrive aussi qu’ilsme disent que la découverte de Radio Thésards leura permis d’écouter d’autres doctorants qui se trou-vent confrontés à des enjeux de méthode relative-ment proches des leurs, même quand ils sont dansdes disciplines un peu éloignées. Ce qui fait de l’émis-sion un vrai lieu d’échange entre les disciplines.

Propos recueillis parBéatrice Pedot

� Présentationde Radio Thésards :http://plus.franceculture.fr/factory/radio-thesards� Retrouver l’ensembledes podcasts :http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_12791.xml

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18 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

La question du plagiat est ancienne, maiselle surgit avec une intensité particulièredans les années 2000 au travers de diffé-rents articles, rapports et publications webplus ou moins alarmistes (travaux de MichelleBergadaà, rapport Isaac, site Archéologiedu «copier-coller»…). Pour l’UT2J, le déclen-cheur institutionnel a été, en 2010, l’initia-lisation par le PRES de Midi-Pyrénées d’ungroupe de travail consacré au plagiat, groupeque j’ai rejoint en 2011 et qui a principale-ment mené sa réflexion autour du contrôle :fallait-il adopter un logiciel de recherche desimilitudes, et si oui lequel ? En parcourantla littérature abondamment publiée sur cesujet par nos cousins francophones (suisses,belges et québécois), j’ai pu constater quela problématique du plagiat pouvait êtrequestionnée de bien d’autres façons. Enrepérant ses causes par exemple, de nou-veaux angles d’approche se sont faits jour.Certes l’explosion des cas de plagiat estconcomitante au développement exponen-tiel de l’Internet haut débit. Mais on peutaussi pointer le manque de méthode desétudiants à leur entrée à l’université, sou-vent leur ignorance pure et simple de cequ’est le plagiat, les mauvaises habitudesprises qui vont privilégier la rapidité d’exé-cution au temps de la réflexion, ou le manquede motivation pour réaliser certains travaux.Il ne faut pas nier également quelques causesstructurelles : des gouvernances peu impli-quées, ou bien, côté recherche, une cer-taine frilosité à s’engager pleinement. Enobservant comment les universités suisses,belges et canadiennes ont déployé leurs dis-positifs de lutte, j’ai qualifié quelques élé-ments de méthode et retenu des mots-clésqui m’ont semblé essentiels : implication dela gouvernance ; débats sur la connaissanceet l’intégrité scientifique ; information, for-mation, accompagnement ; rédaction d’unecharte déontologique ; acquisition d’un logi-ciel de contrôle et précision des sanctions ;évaluation et adaptation du dispositif.

J’ai déduit de cette pré-étude les grandsprincipes de notre campagne, c’est-à-dire

en priorité une action de prévention et desensibilisation – remisant en arrière-plan,sans toutefois l’occulter complètement,l’arsenal répressif du contrôle et des sanc-tions – qui favoriserait l’acquisition de savoir-faire (compétences méthodologiques) ainsique l’émergence de savoir-être (valeurs àpromouvoir) propices à l’accomplissementd’un travail universitaire de qualité, respec-tueux de soi et des autres. J’ai alors pro-posé un plan d’action s’articulant autour dequatre axes : communication, information,formation et contrôle. La campagne de com-munication a été construite à partir devisuels déclinés en différents formats(affiches, flyers, encarts électroniques) met-tant en scène des étudiants de l’UT2J avecdes stylos tenus tels des étendards, associésau slogan C’est moi qui écris ! et à l’injonc-tion Zéro plagiat, dans un style très coloré etdynamique. Elle avait pour mission d’inter-peller de manière positive sur la question duplagiat et semble avoir fait mouche.

Côté information, un site dédié au plagiat aété ouvert1. Bénéficiant d’une fréquenta-tion honorable, Il regroupe des définitions,des conseils méthodologiques, des réfé-rences et des informations d’ordre juri-dique. Jouant la transparence, il expliquecomment fonctionne le logiciel decontrôle mis à la disposition des ensei-gnants. Il propose en téléchargement lacharte de non-plagiat insérée dans lacharte du contrôle des connaissances.Les formations, quant à elles, ont cibléles L1, les doctorants et les ensei-gnants. En parallèle, le SCD a ouvertun programme de formations à lademande sur la recherche documen-taire et l’utilisation des emprunts.Le contrôle, enfin, est facilité grâceà un logiciel de recherche de simili-tudes activable sur la plateforme de coursen ligne lors de la remise de devoirs, maisaussi accessible directement depuis l’es-pace numérique de travail. Les limitationsde ce type de logiciel sont connues (péri-mètre de contrôle étroit, celui du web visi-

ble), mais outre l’automatisation descontrôles qu’il permet, son impact psycho-logique chez les étudiants serait non négli-geable.

Ce plan d’action a été mis en œuvre.Séduisant sur le papier, il n’est peut-êtrepas aussi exemplaire qu’il y paraît dans lesfaits. Je n’ai pas réussi, par exemple, à ini-tier un véritable débat sur l’intégrité scien-tifique qui aurait permis de rendre visiblel’implication de l’établissement et des ensei-gnants-chercheurs. Dans l’enquête d’éva-luation menée en 2014, les étudiants l’ontd’ailleurs noté, en faisant remarquer qu’ilsse sentaient seuls visés par la campagne,alors qu’ils ont bien conscience qu’il s’agitd’un problème global.

Éric FerranteIngénieur en technologie de la formation, UT2J

[email protected]

En septembre 2012, l’université Toulouse-Jean Jaurès (UT2J), alors université Toulouse II-Le Mirail, lançaitune campagne de sensibilisation au plagiat avec le slogan : C’est moi qui écris ! Genèse, objectifs etopérationnalisation d’un projet de longue haleine, du point de vue de l’ingénieur en charge de sa mise enœuvre.

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

[1] www.univ-tlse2.fr/accueil/vie-des-campus/services-numeriques/prevention-plagiat/c-est-moi-qui-ecris--182780.kjsp?RH=1341579014693

C’estmoi qui écris !

Pho

t.Éric

Poirette

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La tentation du copier/coller est parfois irrésistible,notamment au regard de la course à la performancequi nous est souvent imposée: meilleure note pour l’étu-diant, nombre de publications pour l’enseignant cher-cheur. Si les idées exprimées par leurs auteurs sont« de libre parcours » et ont vocation à être repriseset commentées, en particulier au sein des univer-sités, leur mise en forme et l’expression sur le papierles transforment en « œuvres de l’esprit », lesquelles,pourvu que l’expression soit originale, sont automa-tiquement protégées par le droit de la propriété intel-lectuelle.

Dès lors, examiné sous le prisme du droitd’auteur, le copier/coller se trouve brus-quement qualifié de délit de contrefaçon.

Ainsi, le fait de reproduire ou représenter uneœuvre, sans le consentement de son auteur, exposele contrefacteur à une peine de trois ans d’empri-sonnement et de 300 000 euros d’amende, outre laréparation du préjudice subi par la victime. Detelles peines encourues devraient normalementdissuader toute velléité de copier/coller, mais ilfaut croire que le risque d’une mauvaise note ou d’unmauvais classement prédomine parfois.

En 2013, nous avons eu l’occasion de défendre unétudiant étranger, inscrit en master II, qui avaitconstaté, en 2006, la reprise à l’identique du contenude son mémoire dans une thèse soutenue par lafemme du doyen de sa Faculté, qui avait lui-mêmedirigé le mémoire de l’étudiant. Une condamnationa été prononcée en première instance contre l’au-teur de ce plagiat, mais, un appel ayant été inter-jeté, ce dossier sera rejugé en juin 2014, soit huitans après les faits et au terme d’une instruction deplus de quatre ans.Pendant ce temps, force est de constater que l’uni-versité n’a mis en œuvre aucune enquête admi-nistrative alors même que les textes lui en donnentla possibilité. Quelques rares professeurs ont heu-reusement soutenu l’étudiant dans sa longue etcoûteuse démarche judiciaire, sans quoi il aurait dû,comme d’autres sans doute, renoncer à faire valoirses droits. Ne pouvant raisonnablement contesterl’évidence du copier/coller, l’universitaire pour-suivie a principalement soutenu que les travaux del’étudiant appartiendraient à l’université et qu’ellepouvait donc librement les réutiliser. C’est évi-

demment une très mauvaise analyse, pourtantassez largement répandue au sein des universitésfrançaises ainsi que l’ont mis en évidence les débatsjudiciaires. En effet, lors de l’audience, d’éminentsuniversitaires ont, tour à tour, été amenés à témoi-gner sur les pratiques et usages admis en termesde réutilisation de la «matière » produite par leursétudiants. Or, malgré leurs importantes responsa-bilités, aucun ne semblait avoir une vision trèsclaire du droit applicable et certains ne semblaientguère troublés par ce plagiat : c’est bien là le plusinquiétant !

Comment faire admettre à un étudiant que lareprise d’un contenu dont il n’est pas l’auteur estrépréhensible si ses professeurs ne se considèrentpas eux-mêmes tenus de respecter les mêmesrègles ? Nombreux sont les récits d’étudiants s’in-dignant de la publication, sous un autre nom, deleurs recherches et contributions, ne sachant pascomment réagir ou n’osant tout simplement pas lefaire de peur de voir leur carrière universitairemalmenée. Pourtant, le droit prévoit que la qualitéd’auteur appartient à celui qui a divulgué l’œuvre,c’est-à-dire généralement à son auteur et en aucuncas à celui qui l’a financé, accompagné ou mêmedirigé. En outre, sauf cas particulier, les cessions dedroits ne se présument pas.Le nécessaire travail d’équipe, le prestige d’unesignature donnant une meilleure visibilité à l’uni-versité ne peuvent et ne doivent justifier de tellesentorses au droit et au respect du travail fourni parun étudiant. Plus grave, ce message d’impunitémanifeste circule, insidieux, imprécis, mais géné-rant des craintes réelles, en particulier auprès desétudiants étrangers qui s’interrogent sur le risquede voir des tiers s’approprier leurs recherches et leurtravaux. Qui les soutiendra en cas de litige ?

Les universités françaises, au cœur de la compéti-tion internationale visant à attirer les esprits les plusbrillants, ne peuvent pas faire l’économie d’unevéritable introspection sur leurs pratiques et leurscontrôles internes et doivent rappeler qu’une œuvreappartient toujours à son auteur, grand ou petit.

Me Stanley ClaisseAvocat spécialiste en droit de la propriété intellectuelle

PLAGIAT UNIVERSITAIRE : LES PROFESSEURS DOIVENTAUSSI MONTRER L’EXEMPLE !

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20 Ar(abes)ques N°78 AVRIL - MAI - JUIN 2015

J’ai entamé la publication de ma thèse à la fin del’année 2013. Le dépôt électronique des thèseset leur signalement dans theses.fr impliquaientdéjà la mise en accès libre des tapuscrits au formatPDF, auquel s’ajoutait la possibilité d’un auto-archi-vage sur TEL. Cet auto-archivage, toujours au mêmeformat, offrait l’avantage de permettre d’ajouter descorrections en chargeant de nouvelles versions(actuellement, la « v3 » de ma thèse y est dispo-nible)2. Je ne considère pas la thèse comme un pro-duit fini : c’est le fruit d’une recherche en coursdont l’objet, fondamentalement, ne m’a pas quitté.

APPROFONDIR PLUTÔT QUE VULGARISERAussi, lorsqu’il s’est agi de songer à une éventuellepublication, les diverses propositions que j’ai reçuesne m’ont pas satisfaites. Il s’agissait en effet detransformer un travail universitaire en essai grandpublic, le réduisant à moins du tiers de sa longueurinitiale au motif que les thèses sont désormais dis-ponibles et, par conséquent, impossibles à publiertelles quelles. L’argument me paraît fallacieux.Certes, une thèse n’est pas une monographie à pro-prement parler. Le passage de l’une à l’autre engageun travail considérable et nécessite de prendre suf-fisamment de recul pour présenter un ouvrage aupublic. De ce point de vue, le monde de l’éditionacadémique anglo-américaine apparaît sans com-mune mesure avec son équivalent français, tant dupoint de vue du contenu que du format. Dans lefutur, mon choix se portera sur une publication enanglais, coûteuse en termes d’investissement, maisplus adaptée pour approfondir mon travail plutôtque de le l’« essayiser ».

PHILOWEB, L’ALLIANCE DU FOND ETDE LA FORMECette décision prise, il restait néanmoins une contra-diction à lever en parallèle : une thèse portant surl’architecture et la philosophie du web saurait-ellese contenter d’un format certes ouvert, mais fort peuadapté au web tel que le PDF ? La réponse est évi-demment non. Sur les réseaux sociaux, certainsm’interpellaient pour souligner, à juste titre, l’écartentre le contenu de la thèse et son format de publi-cation. Si le PDF a son utilité, il semble toutefois

inapproprié pour une thèse qui veut démontrer quele web n’est pas une grande bibliothèque contenantdes documents en tous genres. Or, cette imageacquiert l’essentiel de sa crédibilité… grâce aux PDFpubliés en ligne ! Le choix d’une alternative, commepar contraste, s’est imposé de lui-même. Pourquoine pas utiliser les formats natifs du web, en parti-culier le HTML ? Ayant une expérience dans ledomaine des humanités numériques et de l’enco-dage en XML-TEI, je savais à quoi m’attendre. Aprèsavoir envisagé plusieurs solutions, CommentPress3

s’est avérée la plus satisfaisante. Module pour leCMS WordPress, elle offre la possibilité de réaliserune publication au format HTML, tout en y ajoutantun module d’annotation, mis à disposition du publicpour recueillir ses avis. Offrir à autrui la possibilitéde commenter son travail exige de hausser l’expé-rience de navigation à la hauteur de ce que cettefonctionnalité exige (à ce titre, j’ai dû choisir un ser-veur dédié chez mon hébergeur, ce qui constitueun coût mensuel non négligeable). Mon idée initialeétait de proposer un chapitre toutes les deux semaines,en avertissant mes lecteurs potentiels sur les réseauxsociaux. Ce rythme présentait un double avantage :il me laissait suffisamment de temps pour encoderles chapitres afin que les lecteurs en prennentconnaissance et puissent les annoter. Au départ, ceplan s’est déroulé (à peu près) comme prévu. J’aiprésenté l’initiative en diverses occasions, eu d’ex-cellents retours, d’autres s’en sont inspirés…Pourtant,en visitant le site philoweb.org, vous constaterezque la publication est figée depuis près d’un an. Desraisons personnelles et professionnelles (l’obten-tion d’un poste de chercheur chez Inria)m’ont conduità « geler » provisoirement le processus de publica-tion en ligne et à en modifier fondamentalement lesens en l’inscrivant dans un temps plus long, touten considérant cette expérience sous l’angle de l’en-codage produit qui évolue au fil du temps (HTML 5est désormais un standard…).Il faut aussi savoir accepter les aléas d’une telleexpérimentation que les accidents (y compris de lavie) enrichissent et ne sauraient faire (complète-ment) dérailler.

Alexandre [email protected]

Philoweb,la seconde vie de la thèse

Quel avenir pour une thèse à l’issue de sa soutenance ? Alexandre Monnin, auteur de la thèse « Vers unephilosophie du web : le web comme devenir-artefact de la philosophie (entre URIs, tags, ontologie (s) etressources) »1, soutenue en avril 2013, nous livre ici ses réflexions.

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

[1]www.theses.fr/2013PA010592

[2] https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00879147

[3] http://futureofthebook.org/commentpress

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Tout d’abord, l’étude revient sur les projets dedoctorat : quels sont les objectifs, les motivationsqui poussent les étudiants à se lancer dans la

réalisation d’une thèse ? Bien souvent, c’est l’at-trait pour une discipline, ajouté à l’intérêt pourune expérience anticipée comme « difficile mais enri-chissante », qui oriente vers le doctorat. De manièregénérale, le travail de recherche est perçu comme«attirant», voire passionnant. Mais la thèse resteaussi et surtout un moyen de différer son entrée surle marché de l’emploi. Seule une minorité d’étudiantsse dirige vers le doctorat par réelle stratégie : lebut est alors de devenir maître de conférences enuniversité ou d’accéder à un poste à responsabilitéen recherche et développement dans le privé.

Public ou privé ?On le voit en tout cas nettement au fil de l’étude,l’insertion professionnelle avant et pendant la thèsen’est pas une préoccupation majeure. Pour la plu-part des doctorants, le débouché principal envi-sagé reste la recherche publique. Dans cetteperspective, les doctorants ont plutôt une démarcheactive dans la constitution d’un réseau qui faciliteral’accès au monde académique (participation à descolloques, à des publications avec des pairs, etc.).Certains doctorants – ceux dont la discipline étudiéeconnaît une pénurie de poste dans le public (lesdomaines des sciences humaines et sociales sont lesplus touchés) – prévoient des portes de sortiesdans le privé, en multipliant les contacts avec lesentreprises via «des contrats de courte durée oudes projets de recherche». Mais ces démarches res-tent à la marge, bien souvent parce que les contactsavec les entreprises en France sont peu accompa-gnés par les écoles doctorales. Qu’en est-il vérita-blement de la recherche d’emploi après le doctorat ?Quels sont finalement les facteurs de succès etd’échec pour accéder au monde du travail ?

Le post-doctorat, un atout pourla recherche publique…Victimes de représentations parfois caricaturalesdu monde de la recherche publique et du secteur privé(image positive du monde académique, synonymede « liberté et indépendance du chercheur», vs un uni-vers privé « très hiérarchisé» où la recherche est

essentiellement «décidée par l’entreprise»), les doc-teurs, en grande majorité, axent leurs ambitions surla recherche publique. Dans ce cas, le passage par lepost-doctorat, bien qu’au statut plutôt précaire, estquasi obligatoire. C’est effectivement ce qui va per-mettre au jeune chercheur de s’insérer véritable-ment dans les réseaux de la recherche publique.Plus précisément, la réalisation d’un post-doctorat àl’étranger est un réel avantage pour le dossier decandidature de maître de conférences.

… et le Cifre, pour le privéLes doctorants souhaitant se diriger vers le privé onten général anticipé cette orientation : la thèse estfinancée via un dispositif Cifre (Conventions indus-trielles de formationpar la recherche) qui permet decoupler le doctorat avec une expérience du privé.Toutefois, ce dispositif peut parfois être un obstacledans l’insertion du jeune docteur dans le secteurprivé : «Certains docteurs ayant effectué une thèseen entreprise ont pu rencontrer des difficultés dansleur insertionprofessionnelle ultérieure soit parce quele sujet était trop spécialisé ou trop théorique, soitparce que le secteur d’activité correspondant leur pré-férait des profils d’ingénieurs».

Au final, le devenir professionnel des docteurs sem-ble surtout reposer sur lamise enplace, en amont dudoctorat, d’unevéritable stratégie. Les choixde ladis-cipline, de la thématique et du directeur de la thèse,par exemple, doivent être considérés sérieusement,au-delà du simple attrait pour le domaine.La constitution d’un réseau et d’un carnet decontacts, que ce soit dans le privé ou dans le public,reste en tout cas un élément majeur dans la réus-site du parcours professionnel après la thèse. Mais,comme le rappelle l’Apec, l’insertion sur le marchédu travail reste difficile : un an après la fin de leursétudes, seuls 56 % des jeunes docteurs ont trouvéun emploi.

Marion Grand-Démery

[1] Le devenir professionnel des jeunes chercheurs : quelcheminement, quelle insertion cinq ans après la thèse ?Cette étude qualitative a été complétée, en janvier 2015, parla publication d’une investigation quantitative sur Les jeunesdocteurs : profils, parcours, insertion, également disponible enligne sur le site de l’Apec.

LA THÈSE, ET APRÈS ?

En octobre 2014, l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a publiéune étude, accessible en ligne1, qui analyse les parcours des doctorantset l’insertion professionnelle des jeunes docteurs en France. Bref aperçude ses grandes lignes.

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533 doctorants ont répondu à un questionnaireen ligne dans lequel ils devaient décrire leur par-cours doctoral par le biais de l’utilisation d’unemétaphore. Ce qui ressort de façon significative,c’est que plus de la moitié des doctorants (63%)ont fait appel à des métaphores ou à des descrip-tions qui suggèrent une épreuve ou un parcours :«Le parcours doctoral, c’est comme un rite de pas-sage qui se vit dans une forêt sacrée avec sa vio-lence symbolique », «C’est un chemin de croix »,«C’est une longue traversée du désert ». Il s’agitd’une indication très forte que le doctorat se vitcomme un processus qui requiert un degré élevéd’engagement. Ce sont également deux thèmes quiimpliquent une action menée par le doctorant lui-même et qui souvent, par l’idée d’endurance qui yest associée, pour 63 d’entre eux, nécessitera un

effort de longue haleine : «C’est un marathon, ilfaut trouver le bon rythme, ni trop rapide pour nepas s’essouffler au bout de six mois, ni trop lentpour ne pas faire une thèse en six ans », «C’est untriathlon. Il faut pouvoir tenir dans la longueur »,«C’est une course de fond avec une ligne d’arrivéequi donne l’impression de reculer au fur et à mesureque le temps passe et que les forces diminuent ».

UNE COURSE D’ENDURANCE…Parmi les thématiques importantes, 80 doctorantsutilisent une métaphore qui associe l’idée de par-cours ou d’épreuve avec celle d’obstacles : « Lathèse, c’est comme être rentré dans une forêt vierge.On commence à suivre un sentier dont on perdrapidement le tracé ce qui oblige à faire preuve decréativité et de prudence pour avancer vers sonbut », «C’est un chemin avec beaucoup de croi-sement sans panneaux signalétiques », «C’est unelongue traversée du désert où les oasis sont rareset généralement des mirages ». Ces expériences

ne se font donc pas sans heurt. Parmi les 153 doc-torants qui utilisent une métaphore dans laquelletransparaît l’idée d’expérience, 52 abordent égale-ment l’idée d’endurance/durée et 20 d’incerti-tude/inconnu. L’inconnu fait partie intégrante del’expérience, que ce soit dans le processus danslequel le doctorant est impliqué ou dans la finalitéqui ne peut être envisagée : «Un premier saut enparachute, on ne sait pas où l’on va ni commenton y va », «C’est chercher à atteindre une desti-nation sans GPS et sans savoir où cela nous mèneravraiment ».

… CONDUITE EN SOLITAIREUne autre caractéristique importante ressort par lefait que 15 doctorants ont évoqué des situations oudes métaphores dans lesquelles les descriptionsmentionnaient explicitement le fait qu’ils ne se sen-taient pas ou très mal outillés et préparés pouraffronter les situations : «Se lancer dans un tourdu monde en voilier et se rendre compte qu’on ale mal de mer… mais l’aventure vaut le détour »,«Creuser une montagne avec une aiguille », «Êtredans une petite barquette dans un océan et ramerà la main », «Couper un arbre avec une hachette »,«Pédaler pour que l’avion s’envole », « Être jetédans le grand bain sans brassard ni maître-nageur».D’une part, ils se sentent démunis ; d’autre part, ilsdoivent se débrouiller par eux-mêmes. La présencede la notion de solitude (ou en solitaire) dans 37métaphores et les explications qui les accompa-gnent évoquent très clairement cette perception :«Sombrer dans un monologue entre vous et votretravail », «Un désert de solitude », «Une retraitereligieuse mais sans la paix spirituelle qui devraitêtre de mise »,« La traversée du désert social »,«Être seul dans un désert où il faudrait examinerchaque grain de sable afin de trouver ceux qui per-mettraient de bâtir un château solide ». Pour 50doctorants, l’expérience doctorale est plutôt empreintede conditions variables au cours du processus, enréférant au fait qu’il y a des hauts et des bas : «C’estcomme la météo : il y a des anticyclones et desdépressions», «Un yoyo, moral tout en haut ou touten bas », « Les montagnes russes, il y a des hauts

Parcours de thèsesen métaphores

Laetitia Gérard a publié, sur son site Coopération universitaire1, un billet intitulé « Les métaphores utiliséespar les doctorants pour décrire leur parcours doctoral », issu de sa recherche2 qui a fait l’objet d’unepublication internationale, avec Christian Bégin (Université du Québec, Montréal), comme co-auteur. Avecson autorisation, nous le reproduisons ci-dessous.

(Dossier… LA THÈSE DANS TOUS SES ÉTATS)

«La thèse, c’est comme être rentré dans une forêtvierge. On commence à suivre un sentier dont onperd rapidement le tracé ce qui oblige à fairepreuve de créativité et de prudence… »

[1]http://cooperationuniversitaire.blogs.docteo.net

[2]https://docs.google.com/file/d/0B7_S_LjVjzrkQ2kyUUpRME41Y1U/edit?pli=1

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et des bas», «Une sinusoïde», «Un tango, on s’ap-proche on s’éloigne, on s’aime on se déteste, maisà la fin la danse doit être harmonieuse ».

MAIS AUSSI UN ENRICHISSEMENTPERSONNEL49 doctorants utilisent une métaphore dans laquelletransparaissent les idées de développement/appren-tissage/enrichissement : «Un filet d’eau qui se fau-file dans les entrailles de la terre et qui fait sonchemin en accumulant des connaissances et del’expérience sur le monde humain et sur soi-même»,« Le passage de l’enfant au stade adulte, en pas-sant par l’adolescence, où on acquiert de l’expé-rience et l’on apprend à devenir autonome », «Çabouleverse une vie, ça fait grandir, ça permet dese dépasser et c’est tellement passionnant », «Unparcours formateur, une expérience enrichissantequi fait devenir adulte ».

Il est intéressant de remarquer que 70 doctorantsont utilisé une description qui permettait d’évoquerune appréciation qualitative explicitement positivede l’expérience du doctorat : « Enrichissementcontinu », « Le paradis », alors que 48 doctorantsutilisent une métaphore qui fait référence à des thé-matiques purement négatives, par exemple :«Prison », «Enfer », «Mauvaise odeur ».

Laetitia GérardDocteur en sciences de l’éducation

Consultante internationale en pédagogieuniversitaire/formation doctorale

[email protected]

Endehors de sonblogprofessionnelCoopérationuniversitaire, LAETITIA GÉRARDest très active sur la Toile. Sous le pseudo Tis, elle a créé le site PhDelirium,(www.phdelirium.com) qui illustre le monde des doctorants à partir de nom-breuses caricatures dont elle est l’auteur.Ces cartoons ont par ailleurs donné lieu à la publication de deux bandes dessi-nées, éditées par Alphil, Presses universitaires suisses : La thèse nuit gravementà la santé : le dico du doc (2012) ; La thèse nuit gravement à la santé 2 : AnecDoc,Journal intime de doctorants (2014).Après avoir relayé et mis enœuvre le concours « Cuisine ta thèse», idée lancéeà la volée sur twitter par@fanny_lalleman (cf. illustration page 5 de ce numéro),elle vient de proposer un nouveau concours photo « Adopte-un-doc.com »,ouvert aux doctorants et aux docteurs, qui consiste à partir d’une photo oud’unmontage « à vendre ou valoriser ses compétences auprès d’un employeur trèsdubitatif » : un appel lancé aux projets les plus loufoques ou inattendus.Enfin, elle est l’auteure de l’ouvrage Le doctorat : un rite de passage, publié auxéditions Téraèdre, en 2014.

Pour clore ce dossier consacré aux thèses, saluonsla publication fin 2014de celle deGaëlle Béquet,directrice du Centre international ISSN, publiéedans la collection «Mémoires et documents del’École des chartes», avec pour sujet de rechercheTrois bibliothèques européennes face à Google :aux origines de la bibliothèque numérique (1990-2010). Une étude approfondie des enjeux liés àla transition numérique à partir des développements proposés par trois biblio-thèques nationales européennes (France, Royaume-Uni, Autriche), confron-tées aux défis lancés par Google.

ÀNOTER

Image extraite de la bande dessinée La thèse nuit gravement à la santé, tome1 : le dico du doc.

Image extraite du site « La thèse nuit gravement à la santé »,www.phdelirium.com

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La bibliothèque Calouste Gulbenkian estune composante de la délégation en Francede la Fondation Calouste Gulbenkiandont le siège social est à Lisbonne. Ladélégation fut inaugurée le 3 mai 1965 au51 avenue d’Iéna, ancienne résidence deCalouste Sarkis Gulbenkian à Paris, sous lenom de Centre culturel portugais. Depuis le18 octobre 2011, la délégation porte sonnom actuel et occupe un nouvel espace(39 boulevard de La Tour Maubourg, 75007).Calouste Sarkis Gulbenkian (1869-1955)descend d’une famille arménienne illustrequi a résidé à Scutari, l’actuel Üsküdar, surla rive asiatique d’Istanbul. Véritable vision-naire en ce qui concerne l’avenir du pétrolecomme source d’énergie1, mécène avisé etphilanthrope, il lègue, par voie testamen-taire, sa fortune pour la création d’une fon-dation qui porte son nom et qui a une missionuniverselle dans les domaines de l’art, dessciences, de la santé et de l’éducation.

La Fondation Calouste Gulbenkian possèdedeux délégations, l’une à Londres et l’autreà Paris. La délégation parisienne organisedes débats sur divers domaines de la culture,de l’économie et du monde des fondations.Elle propose un programme d’expositions etsoutient la diffusion de la langue portugaiseet des cultures lusophones. Cette dernièremission est mise en pratique à travers sabibliothèque.

UNE BIBLIOTHÈQUE DE RÉFÉRENCESUR LES CULTURES LUSOPHONESBibliothèque de référence en langue por-tugaise et cultures lusophones, ses collec-tions en sciences humaines tiennent comptede tous les pays de langue officielle portu-gaise, c’est-à-dire le Portugal, le Brésil,l’Angola, le Cap-Vert, le Mozambique, laGuinée-Bissau, Saint-Thomas-et-Prince,Timor Leste.Les collections réunissent aussi de la docu-mentation sur les pays ayant eu, à un momentdonné de leur histoire, un passé en communavec le Portugal, comme Macao ou l’Inde,et plus spécialement Goa.En dehors des 15 000 documents en libreaccès, les collections en magasins (environ75 000 ouvrages) sont disponibles surdemande auprès des bibliothécaires. Lefonds numérique, encore peu représentatif,fait l’objet d’un projet en voie de dévelop-pement. Tous les documents sont réperto-riés dans le catalogue online.Parmi les collections de prestige, la biblio-thèque possède des livres rares du XVIe siè-cle au XIXe siècle, comme par exemple, laMonarquia Lusitana (XVIe siècle) de FrèreBernardo e Brito, sur parchemin.La collection de périodiques du XVIIe siècleau XXe siècle mérite une place à part. Citonsles éditions originales d’Orpheu, revue moder-niste dirigée par Fernando Pessoa et Máriode Sá Carneiro et Presença, revue de cri-

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(Pleins feux sur…)

Alors que la Fondation Calouste Gulbenkian célèbre cette année ses 50 ans de présence en France, coupde projecteur sur les collections et les missions de sa bibliothèque qui a rejoint le Sudoc en avril 2014.

La bibliothèque CalousteGulbenkian : une ouverturesur la lusophonie

©Isab

elle

Barros

[1] Calouste Gulbenkian, « La Péninsuled’Apcheron et le pétrole russe », Revue desDeux Mondes, 1891, tome 150, p. [356]-397;La Transcaucasie et la péninsule d’Apchéron :souvenirs de voyage, Hachette, 1891.

[2] http://porbase.bnportugal.pt

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tique littéraire, créée en 1927. 2 000 livresédités avant 1900 font partie du fonds anciende la bibliothèque.La littérature de langue portugaise traduiteen français fait partie des collections àconserver et prétend être exhaustive. Lacollection sur les découvertes portugaises estriche en livres d’histoire et en atlas, notam-ment les éditions en fac-similé des AtlasMiller, Fernão Vaz Dourado et Vallard.La bibliothèque a également pour mission laconservation des catalogues des expositionset des enregistrements des conférencesorganisées par la délégation. Enfin, ellepermet la consultation en France des cata-logues des expositions organisées par laFondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne,des ouvrages sur cette dernière et de la plu-part de ses publications. Le catalogue ainsique les collections numérisées de la biblio-thèque d’art de la Fondation à Lisbonnesont accessibles à partir du catalogue dela bibliothèque de Paris.

UNE PRIORITÉ : LE SERVICEAU PUBLICDepuis son déménagement, la bibliothèquea augmenté de façon significative l’espaceouvert au public. Elle dispose d’une sallemultimédia/jeunesse au rez-de-chaussée,d’une salle de lecture qui occupe tout ledeuxième étage et de cinq magasins. Ellepartage avec les autres services de la délé-gation la salle de conférences et la café-

téria. Équipée de la technologie RFID et l’au-tomatisation du prêt-retour, elle met à dis-position du public le wifi, des ordinateursdans chaque salle, deux photocopieurs/repro-ducteurs, un projecteur avec écran, un ser-vice téléphonique et de courrier électronique.La qualité du service au public fait partiedes priorités. L’ensemble des agents y par-ticipe de façon coordonnée, tous ayant reçuune formation afin de répondre au mieuxet le plus rapidement possible aux demandesà l’accueil, par téléphone ou par courrierélectronique.Pour accéder aux différents services pro-posés, l’usager doit procéder à une ins-cription qui lui donnera le droit de bénéficierdu prêt à domicile. La bibliothèque pratiqueaussi le prêt postal, sous certaines condi-tions, et le prêt entre bibliothèques.

UNE POLITIQUE CULTURELLEEN PARTENARIATAfin de mieux faire connaître ses collec-tions, la bibliothèque a une politique de par-tenariat avec d’autres institutions et organisedes événements culturels avec celles-ci oupar elle-même. L’objectif est de montrer larichesse des cultures de langue portugaise.Pour atteindre celui-ci, elle a la préoccu-pation de diversifier non seulement lesdomaines (langue, littérature, histoire, art…),mais aussi les pays (Portugal, Brésil, Angola,Cap-Vert…) évoqués à travers la program-mation des différentes manifestations. Ainsi,

nous avons organisé en mars 2015 un col-loque international intitulé «Autres marges.La vitalité des espaces de langue portu-gaise », avec des participants de plusieurspays de langue portugaise et un comitéscientifique universitaire.La collaboration avec les départements deportugais des universités en région pari-sienne est très régulière. Nous proposonssoit des conférences organisées pour lesétudiants en conformité avec leurs cursus,soit des visites pédagogiques ou des for-mations à la recherche dans le catalogue.Enfin, la bibliothèque propose une fois parmois, pour un large public, des séances deconversation en portugais menées par unprofesseur autour d’un thème culturel.

ET ENFIN, LE SUDOC…Nous avons souhaité faire connaître noscollections auprès de chercheurs et d’étu-diants au-delà des départements universi-taires de portugais. C’est pourquoi nousavons envisagé de déployer notre cataloguedans le Sudoc pour une plus grande visibi-lité de nos fonds et, en même temps, pourenrichir le catalogue collectif sur les cul-tures lusophones. Cette adhésion est encoretoute récente, car elle date d’avril 2014.La bibliothèque Calouste Gulbenkian déploie,depuis 1999, son catalogue dans celui dela Porbase2, gérée par la Bibliothèque natio-nale du Portugal. Si le format Unimarc estcommun aux deux catalogues collectifs, lesthésaurus eux sont très différents. Tout lepersonnel a été motivé pour suivre une for-mation à l’Abes afin de développer des com-pétences indispensables à la maîtrise dulogiciel WinIBW, utilisé pour produire dansle Sudoc, et apprendre les pratiques pro-fessionnelles exigées par le réseau. Nousprofitons de cet article pour remercier lesformateurs compétents et patients. L’adhésionde la bibliothèque Calouste Gulbenkian auSudoc est un défi qui mérite bien les effortsà fournir.

Maria-Arlette DarbordDirectrice de la bibliothèque

[email protected]

Salle de lecture de la bibliothèque.

Visitez le site de la bibliothèqueCalouste Gulbenkian :http://bibliotheque.gulbenkian-paris.org

&POUR EN SAVOIR PLUS

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(Actualités…)

Moderniser et simplifierCe circuit, mis en place il y a une ving-tained’années, demandait à êtremoder-nisé et simplifié. Les objectifs déclarés,dès les origines du projet, étaient de :

• permettreunegestionautomatiséedesdemandes de numérotation et de cor-rection des ressources continues pré-sentes dans le Sudoc, de manière à sup-primer des tâches manuelles chrono-phages, parfois redondantes etporteusesde risques d’erreur ;

• servir de vecteur exclusif aux transac-tions entre les responsables des centresrégionauxdu réseauSudoc-PS et les ges-tionnaires ISSN (France etCIEPS, le cen-tre international de l’ISSN) ;

• faire évoluer le circuit pour que cha-cun des acteurs (catalogueurs, respon-sables régionaux du Sudoc-PS, Abes,ISSN France, CIEPS) en tire bénéfice ;

• permettre la dématérialisationdes jus-tificatifs pour étayer les demandes denumérotation ou de correction ;

• fluidifier le circuit etpermettreunmeil-leur suivi de l’état des demandes ;

• conserverunhistoriquedesdemandesgrâce à une fonction d’archivage ;

• permettre la production automatiséede statistiques.Le centre ISSN France a reçu pour mis-sion du ministère de l’Enseignementsupérieur d’animerungroupede travailsur la révision du circuit ISSN, qui adébuté ses travaux en novembre 2011.Dès le lancement du projet, l’Abes et lecentre ISSN France ont souhaité ne paslimiter son utilisation aux seuls acteursnationaux, mais prévoir un élargisse-ment au réseau international animéparle CIEPS.Ledéveloppementde l’applicationCide-mis (Circuit dématérialisédesdemandesISSN), initié à l’été 2014, est réalisé parl’Abes, avec la contribution financièrede la Bibliothèque nationale de France(qui héberge le centre ISSN France) etdu CIEPS.

Fonctionnement et enjeuxMise enproductionau coursdupremiertrimestre 2015, Cidemis est une inter-facewebaccessible sur authentification.Conformément au circuit pré-existant,quatre interlocuteurs prennent tour àtour la main pour le traitement intégral

d’une demande : le catalogueur (desréseaux Sudoc et Sudoc-PS), le respon-sable de centre régional duSudoc-PS, lepersonnel du centre ISSNFrance, le per-sonnel du CIEPS. Chacun des acteursdispose d’un environnement de travailadapté (affichage des demandes encours, fonctionnalités de tris, exports).L’application permet aux auteurs desdemandes de joindre les fichiers de jus-tificatifs numérisés (déposés et conservésle temps du traitement sur un serveurdistant). Interconnectée au Sudoc, elleexploite les données bibliographiquesdéjà saisies par les catalogueurs desréseaux Sudoc et Sudoc-PS dès lors qu’ilsont créé une notice pour un titre inexis-tant dans le Sudoc et dans le registre ISSN(demande de numérotation) ou modifiéune notice pré-existante (demande de cor-rection ou de suppression).Grâce à Cidemis, chaque acteur du cir-cuit ISSN sera en mesure d’assurer unsuivi fin et régulier des demandes. Lesopérations d’intervention sur les don-nées, précédemmentobjets demultiplessaisies, ont été automatisées au maxi-mum. La dématérialisation des justifi-catifs est en soiun réel progrèsqui repré-sente une économie considérable(notamment de temps) et une fiabilisa-tion du circuit.Partenaires pour l’animation de leursréseauxrespectifsdecontributeurs, l’Abeset le CIEPS préparent de concert l’ac-compagnementdesprofessionnels impli-qués vers le nouveau dispositif (docu-mentation utilisateurs, dispositif deformation et de communication, assis-tance).

Sylvie PerierChef de projet fonctionnel

PierreMaravalChef de projet informatique

Camille DumontResponsable du département

des services aux réseauxAbes

Le« circuit ISSN » désigne le processus par lequel le réseau Sudoc-PS, en charge du signalement desressources continues dans le Sudoc et composé de 3 400 bibliothèques, transmet des demandes

d’attribution de numéros ISSN et de correction des notices au réseau international de l’ISSN (88 centres).

Cidemis, une nouvelle application pour le circuit ISSN

Au moment de boucler ce numéro d'Arabesques, nousapprenons que notre collège PatrickDesmiez s'est éteintle 3 mars à l’âge de 53 ans des suites d’un cancer. Ilavait rejoint l'Abes, dès l'origine, en1995après10annéespassées au Sunist.Patrick était un de ces génies de l’informatique, trouvanttoujours commeparmiracle la solution.Pionnier de l’aven-ture des catalogues collectifs, précurseur de la gestionde bases de données surminitel, il avait notamment par-ticipé à la conception duPancatalogue et de Téléthèses.Au sein du département des systèmes d’information, il

était à l'Agence celui qui résolvait nos tracas informatiques auquotidien.Unhommed’une grande gentillesse, discrètement présent qui va beaucoup manquer à sescollègues et amis.L’Abes adresse ses sincères condoléances à sa famille.

In memoriam

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Journées Abes, édition 2015

Le comité de programmation desJournéesAbesaplacé leprogrammede cette année sous le signe de la

transformation – des données, des pra-tiques, des systèmes…Il s’est également efforcé de répondreaux deux principales attentes ressortiesde l’enquête de satisfaction 2014 : ren-forcer les approches pédagogiques,notamment autour des projets en coursà l’Abes ; favoriser les temps d’échangeet de dialogue.

TransformerPour illustrer les différentsprocessusdetransformation à l’œuvre, la conférenceinaugurale a été confiée à Dominic Old-mann, responsable du projet Research-Space mené par le British Museum, quiœuvreà l’harmonisationdesdonnéescul-turelles (musées et bibliothèques) dansle chantier du web sémantique. RenateBehrens, bibliothécaire à la DeutscheNationalbibliothek, a été invitée à pré-senter la transitionbibliographiqueversRDA (une gageure au regard de la com-plexitédes réseauxbibliothéconomiques

allemands !). Enplacedes traditionnellesinterventions « politiques », les repré-sentantsduministèrede l’Enseignementsupérieur et de la Recherche et les ins-tances de gouvernance de l’Abes ont étéconviésàdialoguer lorsd’une table ronde.

ÉchangerUneproposition innovante a été retenuepour favoriser le dialogue entre profes-sionnels : l’organisation d’ateliers col-laboratifs – sortes de JabesCamp–dontles modalités sont celles de l’aubergeespagnole : on s’enrichit tousdes apportsde chacun. Quoi de plus pertinent eneffet en ces temps de transition généra-lisée (bibliographique, institutionnelle,juridique, desmétiers, desmodèles éco-nomiques, des systèmesd’information…)que de faciliter l’expression de l’intelli-gence et de l’expertise collectives pouréchangerautourdesquestionscomplexesqui sont posées à la profession ?

ParcourirOutre leur soutienetparrainagedes Jour-néesAbes, les éditeurs et prestataires de

solutions logicielles pour les biblio-thèques sont naturellement partieprenante des évolutions à l’œuvre. Unparcours libre sera proposé aux partici-pants afin de prendre le temps del’échangeautourdesstandsetde l’écoutedans les salles dédiées à leurs interven-tions. Il permettra aussi demieux profi-ter de l’exposition de posters, mise enlumière des projets et réussites des éta-blissements : une déambulation libre etdynamique, à laquelle vous êtes atten-dus nombreux… S’en suivra le famouscocktaildînatoire,dontletraiteurGermainrégalera une nouvelle fois nos papilles.Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au25 avril.Retrouvez leprogrammecompleten ligne:www.abes.fr/Media/Fichiers/Footer/Journees-ABES/Programme-JABES-2015

Le faible degré de normalisation des don-nées produites par les auteurs pour indi-quer leurs affiliations engendre un pre-

mier niveau de complexité aggravé parl’utilisation de la part des éditeurs d’algo-rithmes non adaptés au modèle français. Or,les données décrivant la recherche sont aucœur d’enjeux stratégiques et économiquesmajeurs et le marché des outils d’évaluationet de pilotage de la recherche est dominé parThomsonetElsevier, géants de l’édition com-merciale.Seposealors laquestionducontrôleet de l’exploitation des données. La problé-matique des outils d’évaluation ou de pilo-tage de la recherche est étroitement liée àcelle de l’indépendance de la recherche.LeCHRUdeLille a développé le logiciel Sam-pra permettant aux auteurs de contrôler etd’enrichir les données extraites du Web ofScience. Une fois validées par les publiants,les données sont exportées vers InCites 2. Le

CHRU bénéficie ainsi des services d’analysepropres à la plateforme de Thomson. L’Ifre-mer a choisi de s’appuyer sur son archive ins-titutionnelle Archimer pour produire des rap-portsetdes indicateurs,principalementdestinésà sa direction générale ainsi qu’aux respon-sables d’équipes.À l’échelle de l’auteur, la même érosion desrepères bibliographiques est à l’œuvre. Lesidentifiants « auteur » tels queResearcherIDou Scopus Author normalisent les dénomi-nations et offrent auxutilisateurs des servicespersonnalisés.Mais l’interopérabilité des dis-positifs reste l’un des piliers de la fiabilisa-tion des données. Orcid est dédié à l’identi-fication des auteurs et des contributeurs del’enseignement supérieur et de la recherche.Via son profil, tout auteur peut gérer ses don-nées. Orcid s’apparente à un registre norma-lisé mais ouvert, alors que l’ISNI est un codepermettant d’identifier les personnesmorales

ou physiques, sur le long terme et à l’échelleinternationale. Orcid et l’agence ISNI colla-borent ensemble depuis 2013 et l’Abes tra-vaille avec l’ISNI pour créer des passerellesentre référentiels. L’attribution d’un identi-fiant auteur fait aussi partie des services deHAL V3. Aux Pays-Bas, un projet de collabo-rationavec l’ISNIautourde l’identifiant auteurnational est en cours.

Ces questions feront l’objet de deuxjournées d’étude organisées par l’Urfistde Bordeaux : «Recenser et analyser lespublications» le 4 juin ; «L’identité dupubliant à l’épreuvedunumérique : enjeuxet perspectives pour l’identification desauteurs» le 16 juin.

Programme complet et inscriptionssur : http://weburfist.univ-bordeaux.fr/journees-detude

VISIBILITÉ DE LA RECHERCHE : STRATÉGIES ET PRATIQUES INNOVANTES

Page 28: Ar(abes)ques · 04 Ar(abes)quesN°78 AVRIL-MAI-JUIN2015 Imaginons,parexemple,que,doctorantàNancy, jemepassionnepourlacharcuterie.Jeseraiheu - reux de savoir que deux de mes camarades

Quelles sont vos fonctions au sein du SCD de Lille 3 ?Ingénieurd’étudesà ladirectiondessystèmesd’information(DSI)de l’université Lille 3, je suis détachée au service commun de ladocumentation (SCD) qui regroupe la bibliothèque universitairecentraleet18bibliothèquesdecomposantes.Danscecadre, je suisresponsabledusystèmed’informationdocumentaire (SID). Jesuiségalement chef de projet dans le cadre de la mise en place natio-nale du système de gestion de bibliothèques mutualisé (SGBM).

Quelles sont les étapesqui vous semblent lesplus importantesdans votre parcours professionnel ?Je suis arrivée auSCDen1994, toute jeunediplôméed’unemaî-trise d’informatique et d’unDESSendocumentation, pour gérerl’informatisation du SCD sur un contrat d’un an renouvelableune fois. Aujourd’hui, j’y suis encore ! À l’époque, il était asseznovateur d’affecter une informaticienne dépendant du centrede ressources informatiquesà l’informatisationdesbibliothèques.Mapremièremission a été de rédiger le cahier des charges et delancer l’appel d’offre pour un SIGB. La modernisation s’estensuite poursuivie au fil des années, apportant plus de servicesaux usagers et permettant d’ancrer le SCD dans son rôle et samission de diffusion de ressources documentaires.

Àquand remontent vos premiers contacts avec l’Abes et dansquel contexte ?Mes premiers contacts avec l’Abes remontent à 1998. Lille 3 aété retenue commesitepilotepour leSudoc (1998-2000) et je fusdésignée chef de projet. Cette aventure, très enrichissante, futmapremière expériencede travail en réseauà l’échellenationale.

Participez-vous à un groupe de travail spécifique au sein del’Agence ?Dès juillet 2012, j’ai participé au comité technique SGBMpilotépar l’Abes. En 2014, l’université Lille 3 a fait le choix de seporter candidate pour être site pilote.

Quelles en sont les répercussions dans l’exercice devos fonctions ?Auquotidien, chacunest accaparépardes activités toujoursplusdenses. Il est intéressantdeprendredu recul et de confronter sesidées et ses expériences avecd’autrespersonnes. LeprojetSGBMétant un projet complexe et novateur, la réflexion commune

permetd’élargir lespistesde travail, d’obtenirdenouvelles idéeset surtout de partager les tâches et de gagner du temps.

Quels sont d’après vous les défismajeurs à relever par l’Abesdans les prochaines années ?L’Abes a désormais acquis un rôle majeur dans les actions demutualisation. Le projet SGBM en est un exemple parfait. Elledevra égalementpoursuivre la transitiondupapier vers lenumé-rique. Elle doit encore continuer sa réflexion sur l’évolutionconceptuelle des catalogues et accroître leur visibilité sur leweb.Le recours aux outils du web sémantique, la « frbérisation »,l’avenir des formats Marc sont autant de défis à relever pourl’Agence.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre vie professionnelle ?La variété des activités. L’administration d’un système infor-matique documentaire est une mission passionnante. Le SID,qui touche l’ensemble des facettes du métier de bibliothécaire,est un formidable vecteur de liens : liens entre ressources, liensentre applications, liens entre les personnels des bibliothèques,liens entre bibliothèques et surtout liens entre bibliothécaireset usagers.

Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?Les bibliothèques ont à faire face à des exigences de dévelop-pement de leur activité : plus de services, plus de projets. Biensûr, ces objectifs sont parfaitement justifiés mais ils semblentdifficiles à atteindredansuncontexte contraint. Il faut faire plusavec des moyens constants ou en baisse. Les tâches de travailde l’équipe chargée de l’informatique documentaire sont crois-santes (augmentation du nombre d’applications déployées,accroissement des données à administrer). Cette réalité obligebien souvent la bibliothèque à définir avec son équipe des prio-rités d’actions.

Si l’Abes était un animal, d’après vous ce serait ?Je vois l’Abes, et d’une manière plus globale, le réseau Sudoccomme une immense fourmilière. La fourmi est le symbolepuissant de la force du travail de groupe.

Votre expression favorite ?«Rien ne peut être fait dans la solitude», Pablo Picasso.

SophieDEMANGEIngénieur d’études au SCD Lille 3

(Portrait)

Une nouvelle rubrique pour vousprésenter la diversité des professionnelsqui constituent les réseaux de l’Abes.