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Argot

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Les Misrables:largot/la misre/le rle du pote Partie IV, livre 7:LArgotI originesCertes aller chercher dans lesbas-fonds delordresocial,l o la terre finit etolaboue commence,fouiller dans ces vagues paisses, poursuivre, saisir et jeter tout palpitant sur le pav cet idiome abject quiruisselle de fange ainsi tir au jour, ce vocabulaire pustuleux dont chaque mot semble un anneau immondedun monstre de la vase et des tnbres, ce nest ni une t!che attra"ante ni une t!che aise# $ien nest pluslugubre que de contempler ainsi nu, la lumire de la pense, le fourmillement effro"able de largot# Ilsemble en effet que ce soit une horrible b%te faite pour la nuit quon vient darracher son cloaque# &ncroit voir une affreuse broussaille vivante et hrisse qui tressaille, se meut, sagite, redemande lombre,menace et regarde# 'el mot ressemble une griffe, tel autre un (il teint et sanglant) telle phrase sembleremuer comme une pince de crabe# 'out cela vit de la vitalit hideuse des choses qui se sont organisesdans la dsorganisation#*uest-ce que largot proprement dit + ,argot est la langue de la misre#Largot vritable, largot par exelle!e si es deux mots peuve!t saoupler, limmmorial argot "ui tait u!ro#aume, !est autre $ose, !ous le rpto!s, "ue la la!gue laide, i!"uite, sour!oise, tra%tre, ve!imeuse, ruelle,lou$e, vile, pro&o!de, &atale, delamisre' Il #a(lextrmitdetousles abaisseme!ts et detoutes lesi!&ortu!es, u!eder!iremisre"ui servolteet "ui sedide(e!trer e!lutteo!trele!sembledes&aits$eureux et des droits rg!a!ts ) lutte a&&reuse o*, ta!tt ruse, ta!tt viole!te, ( la &ois malsai!e et &roe, elleatta"ue lordre soial ( oups dpi!gle par le vie et ( oup de massue par le rime' Pour les besoi!s de ettelutte, la misre a i!ve!t u!e la!gue de ombat "ui est largot'Largot !est autre $ose "uu! vestiaire o* la la!gue a#a!t "uel"ue mauvaise atio! ( &aire, se dguise' +lle s#rev,t de mots mas"ues et de mtap$ores $aillo!s'-e la sorte elle devie!t $orrible'.ua!d o! oute, du t des $o!!,tes ge!s, ( la porte de la soit, o! surpre!d le dialogue de eux "ui so!tde$ors' /! disti!gue des dema!des et des rpo!ses' /! per0oit sa!s le ompre!dre, u! murmure $ideux, so!!a!tpres"ue omme lae!t $umai!, mais plus voisi! du $urleme!t "ue de la parole' 1est largot' Les mots so!tdi&&ormes et emprei!ts do! !e sait "uelle bestialit &a!tasti"ue' /! roit e!te!dre des $#dres parler'1est li!i!telligibleda!slet!breux' 1elagri!eet ela$u$ote, omplta!t lerpusuleparl!igme'Il &ait !oir da!s le mal$eur, il &ait plus !oir e!ore da!s le rime ) es deux !oireurs amalgamesompose!t largot' /bsurit da!s latmosp$re, obsurit da!s les ates, obsurit da!s les voix' +pouva!tablela!gue rapaude "ui va, vie!t, sautle, rampe, brave, et se meut mo!strueuseme!t da!s ette imme!se brumegrise &aite de pluie, de !uit, de &aim, de vie, de me!so!ge, di!2ustie, de !udit, dasp$#xie et d$iver, plei!midi des misrables'II racinesLargot, est la la!gue des t!breux'345 Largot, "uo! # o!se!te ou !o!, a sa s#!taxe et sa posie' 1est u!e la!gue'3'''5 1est toute u!e la!gue da!s la la!gue, u!e sorte dexroissa!e maladive, u!e gre&&e malsai!e "ui a produitu!e vgtatio!, u! parasite "ui a ses rai!es da!s le vieux tro! gaulois et do!t le &euillage si!istre rampe sur toutu! t de la la!gue' 1ei est e "uo! pourrait appeler le premier aspet, laspet vulgaire de largot' Mais poureux "ui tudie!t la la!gue ai!si "uil &aut ltudier, est ( dire omme les gologues tudie!t la terre, largotappara%t omme u!e vritable alluvio!' 6elo! "uo! # reuse plus ou moi!s ava!t, o! trouve da!s largot, audessous du vieux &ra!0ais populaire, le prove!0al, lespag!ol, de litalie!, du leva!ti!, ette la!gue des ports dela Mditerra!e, de la!glais et de lallema!d, du roma! da!s ses trois varits3457ormatio! pro&o!de et bi8arre'+di&ie souterrai! b9ti e! ommu! par tous les misrables' 1$a"ue rae maudite a dpos sa ou$e, $a"uesou&&ra!e a laiss tomber sapierre, $a"ue :ur a do!! so! aillou' ;!e &oule d9mes mauvaises, basses ouirrites, "ui o!t travers la vie et so!t alles sva!ouir da!s lter!it, so!t l( pres"ue e!tires et e! "uel"uesorte visibles sous la &orme du! mot mo!strueux'/utre les origi!es p$ilologi"ues "ui vie!!e!t d,tre i!di"ues, largot a dautres rai!es plus !aturelles e!ore et"ui sorte!t pour ai!si dire de lesprit m,me de l$omme :Premireme!t la ratio! direte des mots'345-euximeme!t la mtap$ore' Le propre du!e la!gue "ui veut tout dire et tout a$er, est dabo!der e! &igures'345' Auu! idiome !est plus mtap$ori"ue "ue largot'345 pauvres pe!ses des misrables ?@las? Perso!!e !e vie!dra=t=il au seours de l9me $umai!e da!s ette ombre A sa desti!e est=elle d# atte!dre( 2amais lesprit, le librateur, limme!se $evau$eur des pgases et des $ippogri&&es,le ombatta!t ouleurdaurore "ui dese!d de la8ur e!tre deux ailes, le radieux $evalier de lave!ir Aappellera=t=elle tou2ours e! vai!(so!seours lala!edelumiredelidal Aest=elleo!dam!e(e!te!dreve!ir pouva!tableme!t da!slpaisseur du gou&&re le Mal, et ( e!trevoir de plus e! plus prs delle, sous leau $ideuse, ette t,te drao!ie!!e,ette gueule m9$a!t lume, et ette o!dulatio! serpe!ta!te de gri&&es, de go!&leme!ts et da!!eaux A345I-les deux devoirs. veiller et esprer /01 ,apoplexie nest plus craindre, mais la phtisie est l# ,a phtisie sociale sappelle misre# &n meurtmin aussi bien que foudro"#2e nous lassons pas de le rpter, songer avant tout aux foules dshrites et douloureuses, les soulager, lesarer, les clairer, les aimer, leur largir magnifiquement lhori3on, leur prodiguer sous toutes les formeslducation, leur offrir lexemple du labeur, jamais lexemple de loisivet, amoindrir le poids du fardeauindividuel en accroissant la notion du but universel, limiter la pauvret sans limiter la richesse, crer devastes champs dactivit publique et populaire, avoir comme 4riare cent mains tendre de toutes partsaux accabls et aux faibles, emplo"er la puissance collective ce grand devoir douvrir des ateliers tousles bras, des coles toutes les aptitudes et des laboratoires toutes les intelligences, augmenter le salaire,diminuer lapeine, balancer le droit et lavoir, cest--dire proportionner lajouissance leffort etlassouvissement au besoin, en un mot, faire dgager lappareil social, au profit de ceux qui souffrent etde ceux qui ignorent, plus de clart et plus de bien-%tre, cest, que les !mes s"mpathiques ne loublient pas,lapremiredes obligations fraternelles, cest ce queles c(urs go5stes lesachent, lapremires desncessits politiques#,avenir arrivera-t-il + Il semble quon peut presque se faire cette question quand on voit tant dombreterrible# 6ombre face--face des go5stes et des misrables# Che3 les go5stes, les prjugs, les tnbres delducation riche, lapptit croissant par lenivrement, un tourdissement de prosprit qui assourdit, lacrainte de souffrir qui, dans quelques-uns, va jusqu laversion des souffrants, une satisfactionimplacable, le moi si enfl quil ferme l!me ) 7 che3 les misrables, la convoitise, lenvie, la haine de voirles autres jouir, les profondes secousses de la b%te humaine vers les assouvissements, les c(urs pleins debrume, la tristesse, le besoin, la fatalit, lignorance impure et simple#