Argumentaire pour la loi de Dieu (théonomie)

7/30/2019 Argumentaire pour la loi de Dieu (thonomie)

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ARGUMENTAIRE POUR LA LOI DE DIEU

(THONOMIE)ParTribonien Bracton1 Dernire m--j : 10 mars 2018

Que ta volont soit faite sur la terre comme au ciel. (Matthieu 6:10)

La loi de lEsprit de vie en Jsus-Christ ma affranchi de la loi du pch et de

la mort. (Romains 8:2)

Je ne suis point sans la loi de Dieu, tant sous la loi de Christ afin de gagner

ceux qui sont sans loi. (1 Corinthiens 9:21)

Vous najouterez rien ce que je vous prescris, et vous nen retrancherez rien ;mais vous observerez les commandements de lternel, votre Dieu, tel que je

vous les prescris. (Deutronome 4:2)

Les critures mettent de lavant une rgle parfaite pour la direction et la

gouvernance de tous les hommes, pour tous les devoirs quils ont accomplir

envers Dieu et envers les hommes, tant dans leurs familles et leurs collectivits

civiles que dans les affaires dglise. (Assemble constituante de la Colonie deNew Haven, actuel Connecticut, 1639)2

La volont de Dieu concernant la justice civile nest nulle part rvle aussi

clairement et pleinement que dans la loi judiciaire de Mose. (George Gillespie,

1645)3

Trouver la loi fautive, cest trouver Dieu fautif. (Ralph Venning, 1669)4

1Lauteur, Canadien franais, est rform baptiste de conviction, et historien & juriste de formation.2Collectif, Fundamental Agreement or Original Constitution of the Colony of New Haven , Universit Yale,

http://avalon.law.yale.edu/17th_century/ct01.asp , consult le 1ernovembre 2014.3Steve Halbrook, God is Just : A Defence of the Old Testament Civil Laws, 2ed., Theonomy Resources Media, 2011,

p. 105-106.4 Greg Bahnsen, Introduction to John Cottons Abstract of the Laws of New England , Journal of Christian

Reconstruction, Vol. 5, No. 2 : Symposium on Puritanism and Law, 1978, p. 98.


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Dans le prsent document, sauf indication contraire,

les textes de la Bible proviennent de la version Louis Segond 1910,

les citations traduites de langlais lont t par lauteur,

les emphases (caractres gras ou souligns) sont le fait de lauteur,

et la ponctuation & les guillemets ont t standardiss par ce dernier.

TABLE DES MATIRES

1. Dfinir la thonomie

1.1. La thonomie fait partie du reconstructionisme chrtien 4

1.2. Dfinitions de la thonomie proprement parler 4

1.3. La thonomie est-elle la mme chose que la thocratie ? 6

1.4. La thonomie est-elle la mme chose que le dominationisme ? 7

2. Le Royaume de Christ et ses sphres de souverainet

2.1. Le Royaume de Jsus ne vient pas de ce monde mais il sy tend 9

2.2. Les quatre gouvernements humains : Les quatre sphres de souverainet 10

2.3. Lorigine divine des quatre gouvernements humains 12

2.4. Le gouvernement civil nest pas plus important que les autres 14

2.5. La distinction entre les sphres ecclsiale et civile : Rendez csar... 15

3. La Grande commission est thonomique

3.1. La Grande commission : Discipler, baptiser et enseigner les nations 173.2. Le commandement de discipler toutes les nations 18

3.3. Le commandement de baptiser toutes les nations 19

3.4. Le commandement denseigner toutes les nations 21

3.5. En quoi discipler consiste-t-il exactement ? 21

4. La thonomie vhicule lamour de Dieu

4.1. Lamour est le rsum de la loi 23

4.2. Il y a une hirarchie interne dans la loi morale 23


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5. Thonomie, justification par la grce et salut par la foi

5.1. La thonomie versus le lgalisme et le pharisasme 24

5.2. La loi est un outil de sanctification et non de justification 27

6. Le rle thonomique du magistrat civil

6.1. Le magistrat civil exerce la vengeance de Dieu 28

6.2. Le magistrat civil ne peut pas tre religieusement neutre 30

6.3. Le magistrat thonomique nest pas une police des consciences 31

6.4. La thonomie favorise lavancement de lvangile 32

6.5. Le cas de la femme adultre : Que celui qui na jamais pch... 32

6.6. Sous lAncienne Alliance, la thonomie obligeait dj toute lhumanit 35

6.7. Le dfi de lapplicabilit moderne des lois anciennes 37

7. La prsomption de continuit des lois

7.1. La catgorisation bipartite plutt que tripartite de la loi 38

7.2. La prsomption de continuit selon Matthieu 5 40

7.3. La prsomption de continuit selon le Pentateuque et Paul 44

7.4. Librs de la condamnation de la loi, non de la loi elle-mme 46

8. La loi crmonielle : Annonciatrice de Jsus

8.1. La classification interne de la loi crmonielle 47

8.2. Lexpiration des ordonnances restauratrices 48

8.3. Lexpiration des ordonnances sparatrices 49

9. Rcapitulation sur la thonomie : Quoi, pourquoi, et comment 50

10. Annexe Gardien et protecteur des deux Tables :

Adhsion massive des rformateurs, huguenots et puritains 52

11. Bibliographie 54


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1. Dfinir la thonomie

1.1. La thonomie fait partie du reconstructionisme chrtien

La thonomie est une composante dureconstructionisme chrtien

, un vocable tir dsae 61:4 etdAmos 9:11/145. Le reconstructionisme chrtien est une cole de pense distinctive

lintrieur de la tradition rforme. Elle sappuie sur cinq prmisses thologiques de base : (1)

la sotriologie calviniste ; (2) la thologie des alliances ; (3) leschatologie postmillnariste ; (4)

lapologtique prsupositionnelle ; et (5) lthique thonomique, la pierre angulaire de la

pense reconstructioniste6. Cet argumentaire se contente de prsenter la thonomie7. Les

trois co-fondateurs du reconstructionisme chrtien sont Rousas Rushdoony (1916-2001), Greg

Bahnsen (1948-1995) et Gary North (1942-). Notez que ces systmaticiens nont invent

aucune des cinq prmisses thologiques du reconstructionisme.

1.2. Dfinitions de la thonomie proprement parler

tymologiquement, le mot thonomie vient du grec theo, Dieu, et nomos, norme ou loi.

Thonomie signifie donc littralement loi de Dieu8. La doctrine biblique de la thonomie a t

dfinie de diffrentes faons par ses nombreux thoriciens et systmaticiens. Voici une

slection de dfinitions, avec leurs auteurs respectifs.

! Le magistrat est gardien et protecteur des deux Tables de la loi (les rformateurs,

huguenots et puritains des XVIe-XVIIesicles voir lAnnexe)9.

5sae 61:4 : Ils rebtiront sur d'anciennes ruines, ils relveront d'antiques dcombres, ils renouvleront des

villes ravages, dvastes depuis longtemps. ! Amos 9:11/14 : En ce temps-l, je relverai de sa chute la

maison de David, j'en rparerai les brches, j'en redresserai les ruines, et je la rebtirai comme elle tait autrefois.

[...] Je ramnerai les captifs de mon peuple d'Isral. Ils rebtiront les villes dvastes et les habiteront [...]. 6Kenneth Gentry, prface de la troisime dition de Greg Bahnsen, Theonomy in Christian Ethics, 3ed.,

Nacogdoches (Texas), Covenant Media Press, 2002 (1977), p. XV.7Pour une prsentation sommaire du reconstructionisme chrtien, consultez : Mark Rushdoony, What is

Christian Reconstruction ? , Chalcedon Foundation, http://chalcedon.edu/blog/2012/5/29/what-is-christian-

reconstruction/, publi le 29 mai 2012.8 Pierre Courthial, Le jour des petits recommencements : Essai sur lactualit de la Parole (vangile-Loi) de Dieu,

Lausanne (Suisse), Lge dHomme, 1996, p. 217.9 Philippe Mlanchton et Thodore de Bze (1554) ; John Knox (1558) ; Confession de La Rochelle (1559) ; Jean


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! Ce quaffirme la thonomie, suivant la Sainte criture, cest quela loi morale rvle

par Dieu Isral, peuple allianciel, est normative pour tous les hommes et toutes les

nations (Pierre Courthial (1914-2009), pasteur dans lglise rforme de France, co-

fondateur et ex-doyen de la Facult Jean Calvin dAix-en-Provence)10.

! La continuit de la validit de la loi dans son dtail exhaustif (Greg Bahnsen,

professeur dapologtique au Southern California Center for Christian Studies)11.

! La continuit de la validit et de lapplicabilit de lentiret de la loi de Dieu,

incluant, mais sans sy limiter, les lois mosaques spcifiques, comme tant le standard

selon lequel les familles, les glises et les gouvernements civils doivent conduire

leurs affaires (Gary DeMar, fondateur du ministre rform American Vision)12.

! La thonomie peut tre dfinie comme suit : Lenseignement biblique selon lequel

la loi mosaque contient des standards moraux pour la vie, incluant des lois civiles,

qui demeurent obligatoires aujourdhui (Joel McDurmon, prsident du ministre

rform American Vision)13.

! Le cur de lenseignement du mouvement thonomiste contemporain sur la loi

[est :] Toutes les lois de lAncien Testament qui ont t donnes titre de standard

thique personnel ou social sont liantes pour tous les hommes(autant les Juifs queles Gentils) pour tous les temps (aussi bien sous lancienne que sous la nouvelle

administration alliancielle) (Brian Schwertley, pasteur rform au Wisconsin et

Calvin (1560) ; Pierre Viret (1564) ; Jeremiah Burroughs et Edmund Calamy (1641) ; Alexander Henderson

(1645) ; George Gillespie et Robert Baillie (1647) ; Cambridge Platform (1648), Samuel Rutherford (1649) ; John Eliot

(1659) ; Wilhelmus Braekel (1700).10Pierre Courthial, Le jour..., op. cit., monographie reproduite en ligne, Semper Reformanda,

http://www.vbru.net/src/divers/divers/courthial_humanisme.html , consult le 1er

novembre 2015.11Greg Bahnsen, Theonomy in Christian Ethics, op. cit., p. 41. Concernant les lois crmonielles, Bahnsen prcise

aux p. 205 et 207 : La signification des lois crmonielles a reu une validit et une ralisation permanentes en

Christ, son uvre et son conomie du salut. [...] Les observances crmonielles ne sappliquent plus, mais leur

signification et leur intention ont t ternellement valides. 12Gary DeMar et Gary North, Christian Reconstruction : What it Is and What it Isnt, Tyler (Texas), Institute for

Christian Economics, 1991, p. 81.13Joel McDurmon, The Bonds of Love : An Introduction to Gods Law of Liberty, Braselton (Gorgie), American

Vision Press, 2016, p. 17-25.


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directeur de Covenanted Reformation Press)14.

! La doctrine protestante du Sola Scriptura applique en droit, ou encore la doctrine

rforme du principe rgulateur applique en droit (William Einwechter, pasteur

rform baptiste en Pennsylvanie et directeur de Darash Press ; Phillip Kayser,

professeur dthique au Whitefield Theological Seminary Lakeland en Floride ; Steve

Halbrook, blogueur dtenant une matrise en gouvernement de Regent University)15.

Toutes ces diffrentes dfinitions de la thonomie pointent vers une mme vrit cardinale :

Le droit en vigueur dans tout gouvernement (civil ou autre) doit tre entirement et

exclusivement tir des Saintes critures, directement ou indirectement.La thonomie prne

donc la rformation de la spiritualit, de la culture, de lconomie et du droit en les alignant

sur la loi de Dieu rvl dans la Bible. Par consquent, la thonomie est incompatible avec lepolythisme sociopolitique (appel couramment multiculturalisme ou pluralisme religieux).

1.3. La thonomie est-elle la mme chose la thocratie ?

Rousas Rushdoony observe que peu de choses sont aussi mal comprises que la nature et la

signification de la thocratie. Il est communment assum quil sagit du rgne dictatorial

dhommes autoproclams qui prtendent mener au nom de Dieu16. La ralit nest pas aussi

simplette. Cest lhistorien juden Flavius Josphe (37-100) qui inventa le mot thocratievers

lan 93. Il la dfinit comme suit : Placer toute souverainet dans les mains de Dieu17.

tymologiquement, le mot thocratie provient de theos, Dieu, et kratos, pouvoir. Thocratie

signifie donc littralementpouvoir de Dieuoupouvoir Dieu.

14Brian Schwertley, A Critique of a Critique of Theonomy , Reformed Online,

http://www.reformedonline.com/uploads/1/5/0/3/15030584/winzer_a_critique_of_a_critique_of_theonomy.

pdf, consult le 1ernovembre 2015.15

William Einwechter, Walking in the Law of the Lord : An Introduction to the Biblical Ethics of Theonomy, Hopeland(Pennsylvanie),Darash Press, 2010, p. 12, 17 (citant Greg Bahnsen), 21, 68, 169, 181 et 183 (citant encore

Bahnsen) ; Phillip Kayser, Regionalism versus Bible & Constitution , Biblical Blueprints,

http://biblicalblueprints.org/regionalism-versus-bible-constitution/ , publi le 10 septembre 2015 ; Steve

Halbrook, Sola Scriptura and Civil Government : Part 1 : The Regulative Principle of the State as Advocated in

the Reformation , Theonomy Resources, http://theonomyresources.blogspot.ca/2014/11/sola-scriptura-and-

civil-government.html, publi le 22 novembre 2014.16Rousas Rushdoony, Roots of Reconstruction, Vallecito (Californie), Ross House Books, 1991, p. 63.17Flavius Josphe, Contre Apion2:164-165, cit dans Steve Halbrook, op. cit., p. 13.


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Mais quel Dieu (ou dieu) exactement ? Pierre Courthial et Rousas Rushdoony remarquent :

En toute culture, le droit, la loi, est d'origine religieuse. [...] La source du droit est le dieu

de toute socit.Si la raison humaine est la source du droit, c'est que la raison humaine est le

dieu de cette socit-l. Si c'est une oligarchie, ou une Cour suprme, ou un Snat, ou un chef

d'tat qui est la source du droit, cette source est alors le dieu du systme. [...] L'humanismemoderne, en plaant la source du droit dans le peuple ou dans ltat, dsigne le dieu de son

systme18. La thocratie est donc invitable : Tout pouvoir, quel quil soit (tatique ou

non-tatique), est ncessairement thocratique, dune manire ou dune autre. Aujourdhui,

la plupart des thocraties sur terre sont malheureusement des thocraties paennes.

Mais quest-ce que la thocratie chrtienne ? La thocratie chrtienne requiert la

reconnaissance de la royaut totale de Dieu. La thocratie chrtienne dbute avec lindividu,

cest--dire par la conversion du cur Christ (zchiel 36:27). La thocratie chrtienne

commence dans la sphre du gouvernement individuel. Puisque cest du cur que viennent

les sources de la vie (Proverbes 4:23), la thocratie chrtienne doit couler du gouvernement

individuel vers les autres sphres gouvernementales sous le rgne de Christ, incluant la

famille, lglise [locale] et ltat19. L rside une diffrence primordiale entre la thocratie

paenne et la thocratie chrtienne. Les paens imposent leur thocratie paenne du haut

vers le bas, de faon coercitive. Les chrtiens btissent graduellement leur thocratie

chrtienne du bas vers le haut, en privilgiant la rgnration sur la coercition.En ce sens,

la thocratie chrtienne peut tre mise en adquation avec la thonomie, condition quelle

soit correctement dfinie, correctement comprise et correctement mise en marche.

1.4. La thonomie est-elle la mme chose que le dominationisme ?

Le terme dominationisme est souvent utilis comme sil tait interchangeable avec la

thonomie. Pour les rudits thonomistes, le dominationisme est une activit, cest la

ralisation du Dominion mandate(en franais : Mandat crationnel ou Mandat culturel20). Le

18Rousas Rushdoony, Institutes of Biblical Law, Vol. 1, Nutley (New Jersey), Craig Press, 1973, p. 4, traduit et cit

dans Pierre Courthial, Le jour..., op. cit., p. 223.19Steve Halbrook, op. cit., p. 14.20Union nationale des glises protestantes rformes vangliques de France (UNEPREF), Cration et Mandat

culturel Fiche thologique n 3, texte adopt au Synode national de Vauvert, 1996 (dcision 15),


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texte de rfrence est Gense 1:27-28 : Dieu cra lhomme son image, il le cra limage de

Dieu, il cra lhomme et la femme. Dieu les bnit, et Dieu leur dit : Soyez fconds, multipliez,

remplissez la terre, et lassujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du

ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Plus spcifiquement, pour les thonomistes,

le dominationisme est lexercice du gouvernement21 ; cest--dire le gouvernementexerc par lhomme sur sa famille, sur lglise, sur lcole, sur la socit et dans lexercice de

sa propre vocation22. Ainsi dfini, le dominationisme est pratiquement un synonyme du

reconstructionisme chrtien et de la thonomie.

Au tournant du XXIe sicle, des activistes pentectistes ont incorpors certaines ides du

reconstructionisme dans leur thologie charismatique, crant ainsi un dominationisme

pentectiste : la Nouvelle Rforme Apostolique. Le dominationisme rform ne doit pas tre

confondu avec le dominationisme charismatique (ni avec les reprsentations tronques quen

font les antinomiens23, les pitistes24 et les progressistes postmodernes)25. Pour carter les

risques de confusion, le prsident de Chalcedon Foundation, Mark Rushdoony, affirme : Je

nutilise pas le terme dominationisme et je prfre parler du Mandat crationnel [...]. Le

dominationisme fait cho un cadre de rfrence politique tranger au christianisme26.

http://www.unepref.com/que-croyons-nous/fiches-theologiques/46-fiche-n-3.html ; Pierre Courthial, De Bibleen Bible : Le texte sacr de lAlliance entre Dieu et le genre humain Et sa vision du monde et de la vie, Lausanne

(Suisse), Lge dHomme, 2003, p. 191-193.21Rousas Rushdoony, Sovereignty, Vallecito (Califirnie), Ross House Books, 2007, p. 152 ; Christopher Ortiz,

The Establishment of Religion , Faith for All of Life, septembre-octobre 2009, p. 12.22Jean-Marc Berthoud, Le rgne terrestre de Dieu : Du gouvernement de notre Seigneur Jsus-Christ, Lausanne

(Suisse), Lge dHomme, 2011, p. 136.23Lantinomismese dfinit comme suit : le mpris de la loi de Dieu, le rejet de la loi de Dieu. Jean-Marc

Berthoud,Apologie pour la loi de Dieu, Lausanne (Suisse), Lge dHomme, 1996, p. 7.24Lepitisme se dfinit comme suit : la rduction de la vie chrtienne un passe-temps dvotionnel avec un

agenda essentiellement effmin. Stephen Perks, The Great Decommission, Taunton (Somerset), Kuyper

Foundation, 2011, p. 20.25Christopher Ortiz, Kingdom Now, but Theocracy, Not Yet , Faith for All of Life, juillet-aot 2006, p. 17 ; Peter

Wagner, Dominion ! How Kingdom Action Can Change the World, 2008 ; Michael Maiden, Turn the World Upside

Down : Discipling the Nations with the Seven Mountain Strategy, 2011 ; Peter Wagner, On Earth as it Is in Heaven :

Answer Gods Call to Transform the World, 2012 ; Lance Wallnau (dir.) etBill Johnson (dir.), Invading Babylon : The 7

Mountain Mandate, 2013 ; Jack Taylor, Cosmic Initiative : Restoring the Kingdom Igniting the Awakening, 2017. Se

reporter la bibliographie pour les rfrences compltes.26Mark Rushdoony, The Necessity of Dominion , Faith for All of Life, mars-avril 2008, p. 6.


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2. Le Royaume de Christ et ses sphres de souverainet

2.1. Le Royaume de Jsus ne vient pas de ce monde mais il sy tend

En Jean 18:36, Jsus affirme mon Royaume nest pas de ce monde . Quest-ce que Jsusveut dire ici ? Le point avanc par Jsus est clair : La source de son autorit royale nest pas

terrestre. Son Royaume nest pas de ce monde. La source de son autorit royale est beaucoup

plus leve que ce monde. Son Royaume est transcendant. Nanmoins, son Royaume a

aussi des manifestations terrestres27. En Daniel 4:17, 4:25 et 4:32, la Bible dit que le Trs-

Haut domine sur le rgne des hommes, et il le donne qui il lui plat. Donc le Royaume de

Christ ne *vient pas de ce monde*, mais il *stend sur ce monde*. Partout o la volont

[prescriptive] du Pre est faite, le Royaume de Dieu est effectivement venu sur la terre28.

Jsus a enseign ses disciples que le Royaume de Dieu est au milieu de vous (Luc 17:21).

Puisque le Royaume de Christ stend sur le monde terrestre, les dirigeants terrestres doivent

se soumettre son rgne. Le mme Jsus qui a dit Ponce Pilate que mon Royaume nest

pas de se monde lui a aussi dit tu naurais sur moi aucun pouvoir sil ne tavait t donn

den haut (Jean 19:11).

tant donn que le Royaume de Christ stend sur le monde, et pas juste sur lglise, Henry

van Til (1906-1961), professeur de thologie au Calvin College Grand Rapids au Michigan, aaffirm qu glise et Royaume ne peuvent pas tre mis en adquation29. Le pasteur

rform Andrew Sandlin, qui est prsident du Center for Cultural Leadership bas

Coulterville en Californie et professeur pour le Blackstone Legal Fellowship bas Scottsdale

en Arizona, renchrit : Le Royaume est le rgne de Dieu et lglise est un aspect de ce rgne.

[...] Le Royaume est le domaine o Jsus-Christ rgne, et lglise est seulement un aspect

crucial de ce rgne.[...] La mission de lglise est dannoncer la venue du Royaume de Dieu,

mais lglise ne doit jamais se mprendre elle-mme pour le Royaume30. Penser que lglise

27Gary North, Christian Reconstruction, op. cit., p. 33.28Jean-Marc Berthoud, Le rgne terrestre de Dieu, op. cit., p. 35.29Henry van Til, The Calvinistic Concept of Culture, Grand Rapids (Michigan), Baker Book House, 1972 (1959), p.

83. Henry van Til dfinit la culture comme tant la religion externalise (p. 200).30Andrew Sandlin, The Kerygmaof the Kingdom ,Jubilee, automne 2013, p. 33.Jubileeest la revue du Ezra

Institute for Contemporary Christianity bas Toronto en Ontario. Pour un expos biblique spcifique sur le


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se confond avec le Royaume, et que Dieu agit sur terre uniquement par lentremise de

lglise, cest commettre lerreur de lecclsiocentrisme.

2.2. Les quatre gouvernements humains : Les quatre sphres de souverainet

Le prophte sae a prophtis ceci concernant le gouvernement divin de Jsus (sae 9:6-7) :

Car un enfant nous est n, un fils nous est donn, et la domination reposera sur son paule

; On l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Pre ternel, Prince de la paix. Donner

l'empire de l'accroissement, et une paix sans fin au trne de David et son Royaume,

l'affermir et le soutenir par le droit et par la justice,ds maintenant et toujours : Voil ce

que fera le zle de l'ternel des armes.

Dans lexercice de sa souverainet royale, de son gouvernement divin, Jsus nagit pas quepar providence secrte, de faon immdiate. Jsus exerce aussi son gouvernement divin de

faon mdiate, par lentremise des quatre gouvernements humains : Celui de notre

conscience, bien que dchue et toujours rformer, dans la matrise de soi (Romains 2:15-16) ;

celui des parents, dans la famille et l'ducation des enfants ; celui du ministre ordonn dans

l'glise ; celui des magistrats dans l'tat31. Voil les quatre gouvernements humains

institus par Dieu : Individuel, familial, ecclsial et civil.Le gouvernement divin de Jsus,

savoir le Royaume de Christ, est compos par et englobe ces quatre gouvernements

humains32.

Le Royaume de Christ se manifeste, sur terre, travers ces quatre gouvernements humains

institus par Dieu. Selon le thologien rform Abraham Kuyper (1837-1920), co-fondateur de

lUniversit Libre dAmsterdam et Ministre-Prsident des Pays-Bas de 1901 1904, chacun de

ces gouvernements constitue une sphre de souverainet distincte sous Dieu. Le terme

souverainet rfre aux interrelations entre les diverses sphres, pas vis--vis de Dieu et de

sa Parole33. Chaque gouvernement humain est une sphre juridique indpendante et

Royaume de Dieu, consultez : Tribonien Bracton, Introduction au Royaume de Dieu , Le Monarchomaque,

http://monarchomaque.org/2014/11/22/introduction-au-royaume-de-dieu/ , publi le 22 novembre 2014.31Pierre Courthial, Le jour..., op. cit., p. 237.32Gary DeMar, God and Government : A Biblical, Historical and Constitutional Perspective, Powder Springs

(Gorgie), American Vision Press, 2011 (1990), p. 20.33Stephen Perks,A Defence of the Christian State, Taunton (Somerset), Kuyper Foundation, 1998, p. 142.


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interdpendante, semblablement sous Dieu plutt que sous le contrle de lun des autres

gouvernements34. La position dAbraham Kuyper sur cette question est conforme celle du

rformateur Martin Luther (1483-1546)35.

Chaque sphre dtient son autorit directement de la Parole de Dieu, pas indirectement

dune autre sphre. Seul Dieu est souverain ; la souverainet des sphres, par consquent,

nest pas une souverainet autonome36, une souverainet inhrente et indpendante de Dieu

[...]. Ce nest pas la souverainet des sphres, proprement parler, mais la souverainet de

Dieu dans les sphres, que postule le concept de sphres de souverainet37.

Chaque sphre a sa propre forme de gouvernement et chacun de ces gouvernements est

limit. Aucune sphre ne contrle les autres sphres et aucune sphre ne peut empiter sur

lautorit des autres sphres qui leur est dlgue par Dieu. Ltat ne peut pas avalerlglise ou la famille ou usurper lautorit que Dieu a dlgue ces sphres (cest du

totalitarisme). Similairement, lglise ne peut pas subjuguer ltat sous son propre contrle

(tel que le fit la Papaut romaine au Moyen ge) [cest de lecclsiocratie]. Similairement, la

famille ne doit pas usurper les fonctions et lautorit de ltat ou de lglise et tenter de

garder une influence contrlante sur ces institutions (cest de la mafia). Chaque sphre doit

respecter la fonction lgitime, lautorit et lindpendance des autres sphres38.

Cest une grave erreur de croire que le gouvernement se rduit ltat. Le gouvernement

civil est juste un gouvernement parmi plusieurs autres gouvernements non civils lgitimes.

Consquemment, le gouvernement civil ne doit avoir juridiction que dans la sphre o il

dtient une autorit biblique et constitutionnelle pour gouverner. Les autres gouvernements

(la famille et lglise [et lindividu]) ont aussi juridiction dans leurs sphres, tel

quordonnanc par Dieu39. Comme la dit Rousas Rushdoony, le pre du mouvement

34Rousas Rushdoony, Salvation & Godly Rule, Vallecito (Californie), Ross House Books, 2004 (1983), p. 485.35John Eidsmoe, Historical and Theological Foundations of Law, Vol. 3 : Reformation and Colonial, Powder Springs

(Gorgie), Tolle Lege Press, 2011, p. 978-1011.36tymologiquement, le mot autonomiesignifie loi de soiou loi soi-mme: Pierre Courthial, Le jour..., op. cit., p. 9

et 51. Seul le vrai Dieu est autonome , ibid., p. 223.37Stephen Perks,A Defence of the Christian State, op. cit., p. 142-143.38Ibid., p. 145.39Gary DeMar, God and Government, op. cit., p. 10.


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thonomiste contemporain : Rien nest plus dangereux ou mortel pour le gouvernement

que de le rduire ltat40. Et Rushdoony ajoute : Tragiquement, aujourdhui, le

gouvernement civil prtend tre le gouvernement au-dessus des hommes, pas un

gouvernement parmi tant dautres, mais le gouvernement unique et illimit. [...] Cette

prtention est lessence mme du totalitarisme41. Prtendre que ltat est le seulgouvernement, cest prtendre que ltat est tout-puissant, quil est divin. Ce faux culte de

ltat [...] est une forme didoltrie42.

Outre lindividu, la famille, lglise et ltat, tous les autres types dinstitutions sont des

prolongements de lun ou lautre de ces quatre sphres ou gouvernements : si un groupe

dindividus cre une entreprise ou une association prive, cette entreprise ou cette association

est un prolongement du gouvernement individuel ; si un groupe de familles cre une cole,

cette cole est un prolongement du gouvernement familial ; si un groupe dglises locales cre

un hpital ou un orphelinat, cet hpital ou cet orphelinat est un prolongement du

gouvernement ecclsial ; si plusieurs tats municipaux dcident de crer une confdration

rgionale, cette confdration est un prolongement du gouvernement civil.

2.3. Lorigine divine des quatre gouvernements humains

Dieu a institu les quatre gouvernements humains ds les premiers jours de lhumanit. Au

dbut de la Gense, Dieu cre le gouvernement individuel :

! Gense 1:26 : Puis Dieu dit : Faisons l'homme notre image, selon notre

ressemblance, et qu'il dominesur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le

btail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.

! Gense 2:7-8 : Lternel Dieu forma l'hommede la poussire de la terre, il souffla

dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un tre vivant. Puis l'ternel Dieuplanta un jardin en den, du ct de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait form.

40Rousas Rushdoony, Towards the Rebirth of Government , Chalcedon Foundation,

http://chalcedon.edu/research/articles/towards-the-rebirth-of-government/ , publi le 17 novembre 2012.41Rousas Rushdoony, Law & Liberty, Vallecito (Californie), Ross House Books, 2009 (1971), p. 76-77.42Stephen Perks, Baal Worship : Ancient and Modern, Taunton (Somerset), Kuyper Foundation, 2010, p. 33.


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Gouvernement individuel est synonyme dautocontrle. Un individu qui exerce

correctement son gouvernement individuel est un individu qui peut rguler ses attitudes et

ses actions sans la ncessit dune coercition extrieure43.

Le domaine o la famille, lglise et ltat nont aucune juridiction lgitime constitue [...] la

sphre de lindividu. Cette sphre de libert individuelleest, dans la Bible, trs large. [...] Ce

nest pas une sphre o lhomme a la licence de faire tout ce qui lui plat. Cest la sphre de la

responsabilit personnelleo les hommes doivent se gouverner conformment la loi de Dieu.

[...] Un autogouvernement responsable conduit selon les principes moraux de la foi

chrtienne est le fondement du bon gouvernement dans toutes les autres sphres. Cet idal de

lautogouvernement doit, videmment, tre inculqu la population par les gouvernements

des autres sphres pour que la socit soit bien ordonne et bien dirige. Le gouvernement de

chaque sphre a un effet sur les autres sphres44. Cest pour cela que chaque gouvernement

a intrt ce que tous les autres gouvernements fonctionnent correctement.

Toujours au dbut de la Gense, Dieu cre le gouvernement familial45:

! Gense 2:22-24 " L'ternel Dieu forma une femme de la cte qu'il avait prise de

l'homme, et il l'amena vers l'homme. Et l'homme dit : Voici cette fois celle qui est os de

mes os et chair de ma chair ! On l'appellera femme, parce qu'elle a t prise de

l'homme. C'est pourquoi l'homme quittera son pre et sa mre, et s'attachera sa

femme, et ils deviendront une seule chair.

! Gense 3:16 : Il dit la femme : J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu

enfanterasavec douleur, et tes dsirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur

toi.

En Gense 4:3-5, nous avons la premire manifestation historique du gouvernement ecclsial

(cest--dire de la fonction cultuelle) : Au bout de quelque temps, Can fit l'ternel une

offrande des fruits de la terre ; et Abel, de son ct, en fit une des premiers-ns de son

43Gary DeMar, God and Government, op. cit., p. 25.44Stephen Perks,A Defence of the Christian State, op. cit., p. 145-148.45Gary DeMar, God and Government, op. cit., p. 11 et 9. Pour un expos biblique sur la souverainet, la

reprsentation, le droit, les sanctions et la continuit du gouvernement familial, consultez ibid., p. 21-25.


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troupeau et de leur graisse. L'ternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande;

mais il ne porta pas un regard favorable sur Can et sur son offrande. Sous lAncien

Testament, le gouvernement ecclsial a pris diverses formes. Sous le Nouveau Testament, la

racine de lautorit du gouvernement ecclsial est Matthieu 18:2046: Car l o deux ou trois

sont assembls en mon nom, je suis au milieu d'eux.

En Gense 4:13-15, Dieu cre le gouvernement civil47: Can dit l'ternel : Mon chtiment

est trop grand pour tre support. Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre ; je serai

cach loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me

tuera. L'ternel lui dit : Si quelqu'un tuait Can, Can serait veng sept fois.Et l'ternel mit

un signe sur Can pour que quiconque le trouverait ne le tut point.

2.4. Le gouvernement civil nest pas plus important que les autres

De ces quatre gouvernements, le gouvernement civil arrive logiquement et

chronologiquement en dernier. Dans ce cas, pourquoi est-ce que les thonomistes semblent

mettre tellement demphase sur le gouvernement civil ? Lhistorien & conomiste Gary

North, fondateur du Institute for Christian Economics bas Tyler au Texas, explique :

Tous les chrtiens admettent que les principes de Dieu peuvent tre utiliss pour rformer

lindividu. Ils comprennent que si cest le cas, alors la famille peut aussi tre rforme selon la

Parole de Dieu. Ensuite, [les chrtiens modernes admettent que] lglise peut tre restaure.

Mais ensuite, ils sarrtent. Mentionnez ltat, et ils disent : Non, rien ne peut tre fait pour

restaurer ltat. Le caractre satanique de ltat est inhrent et permanent. Cest une perte de

temps que de travailler gurir ltat. Les reconstructionistes chrtiens demandent :

Pourquoi pas ? Ils [les chrtiens modernes] ne vous rpondent jamais pourquoi. Ils ne

pointent jamais vers un passage dans la Bible qui nous dirait pourquoi lglise et la famille [et

lindividu] peuvent tre guris par la Parole et lEsprit de Dieu, mais que ltat ne pourraitpas ltre. Aujourdhui, lunicit du message de la reconstruction chrtienne tient dans

46Ibid., p. 38. Pour un expos biblique sur les principes rgissant le gouvernement ecclsial, consultez : Tribonien

Bracton, Lecclsiologie congrgationaliste et le pouvoir des cls , Le Monarchomaque,

https://monarchomaque.org/2017/02/17/congregationaliste/ , publi le 17 fvrier 2017.47Gary DeMar, God and Government, op. cit., p. 64.


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laffirmation que le gouvernement civil, linstar des gouvernements familial et ecclsial

[et individuel], est sous la loi de Dieu rvle dans la Bible et peut, par consquent, en

principe, tre rform selon la loi de Dieu48.

En somme, Dieu institue quatre gouvernements humains qui sont en quelque sorte les quatre

dpartements de son propre gouvernement divin sur terre : Le Royaume de Christ. La raison

dtre thocentrique de ces autorits terrestres nous conduit affirmer que le but premier

du pouvoir est de faire respecter lordre tabli par Dieu49.

2.5. Distinction entre les sphres ecclsiale et civile : Rendez Csar...

Nous avons prcdemment expliqu lindpendance et linterdpendance des quatre sphres

de juridiction. Cela devrait normalement suffire pour comprendre que la thonomie respectela distinction entre lglise et ltat. Ce point tant particulirement sujet controverse, il

mrite quon lui consacre une section spciale. La thonomie reconnat une distinction entre

la sphre ecclsiale et la sphre civile. Contrairement la croyance populaire, lAncien

Testament ne prconise pas la domination de lglise sur ltat [ou de ltat sur lglise]. Il

existait une sparation entre le chef civil, Mose, et le chef de la prtrise, Aaron ; entre les

offices de roi et de prtre ; et entre le palais et le temple . Mose avait la charge de la

direction civile gnrale , tandis quAaron reprsentait le peuple dans les affaires

distinctement cultuelles . Dans la Jrusalem restaure [post-exilique], Nhmie servait de

gouverneur et Esdras de scribe [de souverain sacrificateur]. Josu et lazar, David et

Abiathar, Salomon et Tsadok, zchias et Azaria, puis Josu et Zorobabel servirent tous dans

les offices distincts de magistrat suprme et de [grand-]prtre, respectivement50.

De surcrot, lAncien Testament condamne lusurpation des fonctions ecclsiales par le

pouvoir civil: Quand le roi Sal sarrogea le rle de prtre, Dieu lui annona que son rgne

serait court (1 Samuel 13:8-14), et quand Ozias, le 10eroi de Jude, transgressa les rgles duTemple et voulut agir en sacrificateur, Dieu le frappa avec la lpre (2 Chroniques 26:16-21).

48Gary North, Christian Reconstruction, op. cit., p. 31.49Jean-Marc Berthoud, Le rgne terrestre de Dieu, op. cit., p. 20.50 Steve Halbrook, op. cit., p. 17-18, citant Kenneth Gentry, Gods Law in the Modern World : The Continuing

Relevance of Old Testament Law, Tyler (Texas), Institute for Christian Economics, 1997, p. 54, et citant Greg

Bahnsen, Theonomy in Christian Ethics, op. cit., p. 70-72.


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Dans le Nouveau Testament, cette distinction entre la sphre ecclsiale et la sphre civile est

ritre par cette affirmation de Jsus : Rendez Csar ce qui est Csar et Dieu ce qui est

Dieu (Luc 20:25). Cette distinction faite par Jsus introduit-elle une sparation radicale

entre ces deux sphres ? Certainement pas. En toute vraisemblance, Jsus paraphrase lAncien

Testament51. En 1 Chroniques 26:29-32, quand le roi David tablit des lvites commemagistrats locaux, une distinction est faite entre les affaires de Dieu et les affaires du

roi .Or soustraire la justice civile la loi divine tait loin de lintention de David (Psaumes

2:10-12 et 101:8)52. En 2 Chroniques 19:4-11, quand Josaphat, le 4eroi de Jude, place des juges

dans les villes fortifies, il les avertit : Prenez garde ce que vous ferez, car ce nest pas pour

les hommes que vous prononcerez des jugements ; cest pour lternel qui sera prs de vous

quand vous les prononcerez. Ensuite, quand Josaphat instaure un tribunal dappel (ou un

conseil central) Jrusalem, une distinction est faite entre les affaires de lternel et lesaffaires du roi . Or dans les deux catgories daffaires, les juges doivent agir dans la

crainte de lternel en se conformant ses prcepteset ordonnances.

Prcisons ici que ce nest pas parce que des lvites exeraient des fonctions juridiques quil y

avait confusion entre les sphres ecclsiale et civile, puisque seulement les lvites descendants

dAaron faisaient partie de la prtrise (Nombres 16:8-11). Les autres lvites exeraient

dautres fonctions, dont celle de professeur de droit (Lvitique 10:11, Deutronome 33:11, 2

Chroniques 17:8-9 et 35:3, Nhmie 8:7-9) ou de juge (2 Chroniques 19:8-11). La seule fonction

civile couramment exerce par des prtres (lvites aaroniens) tait celle de conseiller juridique

auprs des juges dans des procs complexes et difficiles (Deutronome 17:9/12, 19:17 et 21:5,

zchiel 44:24). vrai dire, bien quils taient officiellement membres de la prtrise, cest plus

titre de juristes qu titre de prtres que ces lvites aaroniens exeraient la charge de

conseillers juridiques. Insistons que mme dans ces procs complexes et difficiles, la

distinction entre le juge et le prtre tait marque, sinon la collaboration entre les deux

offices naurait eu aucun sens53, elle naurait pas eu lieu dtre parce quil se serait agi du

mme office. En effet, il faut comprendre que dans ces procs, la tche des conseillers

51Mme si Jsus ne faisait pas de paraphrase, la forte similitude entre ces textes nous autorise interprter le

texte moins complet (Luc 20:25) par les textes plus complets (1 Chroniques 26:29-32 et 2 Chroniques 19:4-11).52Le Psaume 2 ne prcise pas que David en est lauteur ; ce renseignement nous est fourni par Actes 4:25.53Steve Halbrook, op. cit., p. 393.


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juridiques tait de dterminer la loi applicable et de linterprter, tandis que la tche des juges

tait de dcider de linnocence ou de la culpabilit de laccus et de prononcer la sentence54.

3. La Grande commission est thonomique

3.1. La Grande commission : Discipler, baptiser et enseigner les nations

En Matthieu 28:18-20, Jsus nous confie la Grande commission, en ces termes : Jsus, stant

approch, leur parla ainsi : Tout pouvoir ma t donn dans le ciel et sur la terre. Allez, faites

de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Pre, du Fils et du Saint-Esprit, et

enseignez-leur observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les

jours, jusqu' la fin du monde.

Des diffrences grammaticales entre le grec et le franais rendent ardue la traduction de la

clause faites de toutes les nations des disciples (v. 19). Le mot grec ici utilis est

!"#$%&'!$% ; sa traduction franaise officielle est disciplinez, mais laffirmation disciplinez

les nations55 nexprime pas de faon optimale lintention de Jsus. Littralement, ce mot grec

se traduit par un mot franais qui nexiste pas officiellement dans cette langue : disciplez. Ce

nologisme sera utilis dans la suite du document par commodit. Cest pour cette raison que

les traducteurs de la Bible Martin ont opt pour enseignez toutes les nations , et que ceuxde la Bible dOstervald ont opt pour instruisez toutes les nations . Mais la meilleure

traduction de cette clause est rellement disciplez toutes les nations (!"#$%&'!$% ()*$! $+

,"*#)56.

Si lon se contente des traductions courantes en franais moderne, le texte est suffisamment

vague pour que la Grande commission puisse raisonnablement se comprendre comme

signifiant faitesparmitoutes les nations des disciples individuels. Une telle comprhension

est possiblement conforme au texte franais, mais certainement pas au texte grec57.

54 Rousas Rushdoony, Commentaries on the Pentateuch, Vol. 5 : Deuteronomy, Vallecito (Californie), Ross House

Books, 2008, p. 257-260.55Joe Boot, Christ & Culture : The Meaning of Culture ,Jubilee, automne 2011, p. 20.56Stephen Perks, The Great Decommission, op. cit., p. 7-8.57Ibid., p. 8-10.


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Brian Schwertley commente ainsi sur laspect collectif de la Grande commission : Le mot

nations (ethnos -"*./58) rfre une population qui parle la mme langue et partage la

mme culture lintrieur des mmes frontires gographiques. Lusage du mot nations est

significatif, car cela veut dire que le but de la Grande commission nest seulement de faire

quelques disciples ici et l,mais plutt que par la prdication, lenseignement, les baptmeset la discipline [...] des nations entires et mme toutes les nations soient

ventuellement amenes sous la sujtion de Jsus-Christ59. Fidle cette comprhension

thonomiste, la Confession de foi rforme baptiste de 1689 professe larticle 20:3 que la

prdication de lvangile fut accorde des nations .

Stephen Perks, le directeur de la Kuyper Foundation base au Somerset en Angleterre,

abonde dans le mme sens : Le grec dit que nous devons aller et discipler les nations, pas

[uniquement] faire des disciples dans les nations, cest--dire parmi les nations. [...] Ce nest

pas ce que Jsus a command ses disciples de faire. Il leur a plutt command de discipler

les nations en tant que nations, cest--dire de faire des nations chrtiennes60.

Maintenant que nous avons fait lanalyse linguistique de Matthieu 28:18-20, dcortiquons ce

texte. La Grande commission consiste en trois commandements, ou en un commandement

en trois parties : (1) discipler les nations ; (2) baptiser les nations ; et (3) enseigner la loi de

Dieu aux nations61.

3.2. Le commandement de discipler toutes les nations

Premirement, on nous dit de discipler les nations. Ce commandement signifie que nous

devons travailler amener les nations sous la direction et la discipline de Jsus-Christ. [Cela

veut dire que Dieu doit] tre honor nationalement, lglise respecte, et la loi de Dieu

consacre dans la constitution de la nation comme assise de son systme de justice. [...]

Aucun individu chrtien nest parfait dans cette vie. a ne veut pas dire quil ne peut pas y

58Petite coquille : en grec, nationau singulier est ethn (-"*./), et nationsau pluriel est ethnos(!"#$).59Brian Schwertley, National Covenanting : Christs Victory over the Nations, Iola (Wisconsin), Covenanted

Reformation Press, 2013, p. 38.60Stephen Perks, The Great Decommission,op, cit., p. 10.61Ibid., p. 34.


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avoir dindividus chrtiens. Aucune famille chrtienne nest parfaite dans cette vie. a ne

veut pas dire quil ne peut pas y avoir de familles chrtiennes, quune famille chrtienne est

juste une collection de chrtiens individuels qui vivent dans la mme maison au mme

moment. Une famille chrtienne est [...] une communaut en alliance sous Dieu. [...] Aucune

socit chrtienne nest parfaite dans cette vie. a ne veut pas dire quil ne peut pas y avoir desocits chrtiennes.

Lglise [locale] est une socit chrtienne, une communaut en alliance sous Dieu. Le fait

quaucune glise nest parfaite dans cette vie ne veut pas dire quil ne peut pas y avoir

dglises chrtiennes. Aucune nation chrtienne qui est une socit chrtienne, une

communaut en alliance sous Dieu, tout comme lglise [locale] et la famille [...] nest

parfaite dans cette vie. a ne veut pas dire quil ne peut pas y avoir de nations chrtiennes62.

Le rformateur Pierre Viret (1511-1571) signale que quand Dieu se dit tre le Dieu de

quelque peuple, il dclare quil nest pas seulement le Dieu dicelui, comme il est

gnralement le Dieu de toutes cratures, comme Crateur dicelles, par le droit de Cration;

mais quil lui est aussi Dieu par le droit de Rdemption63.

3.3. Le commandement de baptiser toutes les nations

Deuximement, on nous dit dans la Grande commission de baptiser les nations64. Ce

commandement est figuratif,et vu sous cet angle, cest possible de baptiser une nation65.

Au sens de la Grande commission, baptiserne doit pas tre rduit la signification restreinte,

sacramentelle66, de ce terme, au rite du baptme lui-mme. Quand Jsus nous dit de baptiser

les nations, cest une faon de parler. Le baptme est le mode formel dentre dans lglise.

[...] Lglise est une socit baptise, une communaut en alliance sous Dieu. Ceci est

beaucoup plus quune simple collection dindividus. Lglise est faite dindividus, mais ses

62Ibid., p. 12-13.63Pierre Viret, Instruction chrtienne, Tome 2 : Exposition sur les Dix Commandements de la Loi donne de Dieu par

Mose, Lausanne (Suisse), Lge dHomme, 2009 (1564), p. 55.64Ibid., p. 16.65Ibid., p. 16.66Pierre Viret dfinit ainsi ce quest un sacrementen thologie rforme (et cela na rien voir avec un sacrement

en thologie romaniste) : un sacrement est un signe extrieur commun toute lglise pour nous confirmer les

promesses de notre salut. Op. cit., p. 52, note 30. Dans la Bible, il en a deux : le baptme et le repas du Seigneur.


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membres constituent ensemble plus quune collection dindividus.

Si ce ntait pas possible davoir une socit baptise, mais seulement des individus baptiss,

alors il serait impossible davoir dglise, car lglise est une socit baptise, ni possible

davoir une famille baptise [cf. Actes 16:33], car la famille est une socit. [...] Si le point de

vue individualiste moderne tait correct, il ne pourrait pas y avoir dglise, pas au sens

biblique o chaque membre appartient quelque chose de plus grand que lui. [...] Lalliance

nest pas simplement individualiste, elle tait aussi socitale, au niveau familial, au niveau de

lglise [tant lglise universelle que lglise locale], et aussi au niveau national. On ne niera

srement pas que ce soit possible, pour une nation, dtre en alliance avec Dieu67.

Et advenant que quelquun veule nier cela, nous rpondons, avec Brian Schwertley68: Si une

nation est le thtre dun rveil massifet que la vaste majorit de la population professe la foien Christ, se repent de ses pchs et commence vivre en soumission aux lois morales de

Dieu et aux ordonnances des vangiles, serait-il mal, immoral ou non-biblique pour cette

population de prter collectivement un serment dallgeance Jsus comme Seigneur dans

une alliance nationale ? Croire que Dieu ne serait pas hautement satisfait dun tel

comportement est totalement draisonnable69.

Un chrtien sain desprit peut-il questionner la validit ou le bnfice pour une nation de

former une alliance avec Christ ? Est-ce mal pour des nations de contracter avec Dieu dans

lre de la Nouvelle Alliance ? Regarder la prononciation publique dun serment consistant

faire confiance, aimer et suivre le Mdiateur avec zle et dvouement comme tant

quelque chose dinappropri dans lge moderne est absurde. La formation publique

dalliances [nationales] est un merveilleux moyen de sanctification socitale et de

solidification dune rformation nationale70.

En somme, au sens de la Grande commission, le baptme des nations implique que lvangile

67Stephen Perks, The Great Decomission, op, cit., p. 18-19.68Pour un expos biblique sur les alliances nationales, consultez : Tribonien Bracton, Les institutions

alliancielles : Familles, glises et tats , Le Monarchomaque,

https://monarchomaque.org/2016/03/01/institutions-alliancielles/ , publi le 1ermars 2016.69Brian Schwertley, op. cit., p. 418.70Ibid., p. 209.


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soit diffus dans les nations, que la vaste majorit de la population se convertisse et soit

baptise, et quenfin les nations entrent consciemment et formellement en alliance avec Dieu.

Bien sr, le commandement de baptiser une nation implique ncessairement le baptme

dindividus, mais le commandement de baptiser des individus nimplique pas

ncessairement le baptme dune nation71. La Grande commission a donc la fois unedimension individuelle et une dimension collective. Ces deux dimensions font partie du plan

rdemptif de Dieu et tendent vers le mme but (lavancement du Royaume et la gloire de

lternel). Elles interagissent entre elles, mais elles ne doivent pas tre confondues.

3.4. Le commandement denseigner toutes les nations

Troisimement, on nous commande dans la Grande commission denseigner la loi de Dieu

aux nations. [...] Consquemment, discipler les nations implique leur acceptation de la loi deDieu72. Pourquoi la loi de Dieu, si Jsus dit tout ce que je vous ai prescrit (Matthieu

28:19) ? Steve Halbrook rpond : Ses prescriptions [de Jsus] ne sont pas seulement celles

quil a donn pendant son ministre terrestre. tant une personne de la Trinit, Christ est

Dieu, et il sensuit que les lois que Dieu a donnes Mose incluant son code civil sont

aussi les prescriptions de Christ (de mme que celles de Dieu le Pre et de Dieu lEsprit).

Jsus-Christ est le mme hier, aujourd'hui, et ternellement. (Hbreux 13:8)73.

3.5.En quoi discipler consiste-t-il exactement ?

Maintenant que nous avons tabli que la Grande commission consiste discipler, baptiser et

enseigner les nations, et que cela passe invitablement par discipler, baptiser et enseigner les

individus, il importe de se demander ce que cela signifie. Aujourdhui, laphorisme populaire

chez les chrtiens vangliques est de dire quil sagit de montrer aux gens comment avoir une

relation personnelle avec Jsus. Cela nest pas faux, mais en quoi exactement cela consiste-t-il ?

Jsus nest pas trs prolifique sur ce point prcis. Il ne parle dune relation personnelle entre

lui et ses disciples qu quelques reprises, et chaque fois, il donne une explication trs

simple de ce en quoi cela consiste : Obir sa volont rvle...

71Stephen Perks, The Great Decomission, op, cit., p. 17.72Ibid., p. 30-31.73Steve Halbrook, op. cit., p. 382.


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!Jean 14:15/21/23 : Si vous maimez [dit Jsus], gardez mes commandements [...]

Celui qui a mes commandements et qui les garde, cest celui qui maime; et celui qui

maime sera aim de mon Pre, je laimerai et me ferai connatre lui. [...] Si quelquun

maime, il gardera ma Parole et mon Pre laimera ; nous viendrons lui, et nous

ferons notre demeure chez lui.

!Jean 15:14 : [Jsus dit :] Vous tes mes amis si vous faites ce que je vous

commande.

! Matthieu 12:50 : [Jsus dit :] Car quiconque fait la volont de mon Prequi est dans

les cieux, celui-l est mon frre, et ma sur,et ma mre.

! 1 Jean 2:3-6 : Si nous gardons ses commandements, par l nous savons que nous

l'avons connu. Celui qui dit : Je l'ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est

un menteur, et la vrit n'est point en lui. Mais celui qui garde sa parole, l'amour de

Dieu est vritablement parfait en lui : par l nous savons que nous sommes en lui.

Celui qui dit qu'il demeure en lui doit marcher aussi comme il a march lui-mme.

! 1 Jean 5:3-5 : Car lamour de Dieu consiste garder ses commandements. Et ses

commandements ne sont pas pnibles, parce que tout ce qui est n de Dieu triomphe

du monde ; et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi. Qui est celui qui atriomph du monde, sinon celui qui croit que Jsus est le Fils de Dieu ?

tre un disciple de Jsus, avoir une relation personnelle avec Jsus, a ne se rduit pas

quelque chose de sentimental et de subjectif. Cest un engagement conscient faire ce que

Jsus nous commande de faire, cest observer volontairement et joyeusement ses prescriptions

de manire tendre son rgne. Et cela doit se faire autant individuellement que

collectivement.

Il coule de source que la Grande commission nest pas limite lvanglisation et au culte

dvotionnel personnel. Pour que les disciples et les nations de disciples soient en

mesure dobserver les prescriptions de Jsus, il faut que les disciples soient amplement

instruits, difis, corrigs et sanctifis dans les doctrines des Saintes critures. Pour que la

Grande commission atteigne son but, les chrtiens doivent donc aller beaucoup plus loin que


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les tapes initiales de lvanglisation et du culte dvotionnel personnel.

4. La thonomie vhicule lamour de Dieu

4.1. Lamour est le rsum de la loi

Galates 5:14 nonce : Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci : tu

aimeras ton prochain comme toi-mme. Ce verset signifie-t-il littralement que toute la loi

se rduit aimer son prochain, quil suffit dtre gentil avec son voisin pour respecter la loi de

Dieu ? Certainement pas. Lamour est le rsum de la loi, et un rsum nannule pas le

contenu de ce quil rsume74. La loi morale et les commandements moraux dfinissent,

dcrivent, ce quest lamour concret de Dieu, du prochain et de soi-mme. Lamour vrai et

lobservation de la loi vont ensemble, main dans la main : sans lamour, lobissance la plus

hroque nest rien (1 Corinthiens 13:3) ; et sans la loi, ou hors la loi, lamour nest plus quun

sentiment sans valeur75.

tant donn que la loi se rsume par lamour (mais quelle ne sy rduit pas), la thonomie

soutient que lexercice pieux du pouvoir civil est une expression de lamour de Dieu pour

ses cratures76. Par extension, toute lgislation selon lquit [et] selon la loi de Dieu

vhicule lamour de Dieu77

pour les socits humaines. 2 Samuel 23:3-4 illustre cette faondont Dieu tmoigne son amour pour nous travers les gouvernants civils : Celui qui rgne

parmi les hommes avec justice, celui qui rgne dans la crainte de Dieu, est pareil la lumire

du matin, quand le soleil brille et que la matine est sans nuages ; ses rayons aprs la pluie

font sortir de terre la verdure. La thonomie est une manifestation de lintense amour de

Dieu pour sa Cration et ses lus.

4.2. Il y a une hirarchie interne dans la loi morale

Galates 5:14 (supra) doit tre lu avec Matthieu 22:36-40 : Matre, quel est le plus grand

commandement de la loi ? Jsus lui rpondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton

74Pierre Courthial, Le jour...,op. cit., p. 247.75Ibidem.76Jean-Marc Berthoud, Le rgne terrestre de Dieu,op. cit., p. 30.77Ibid., p. 108.


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cur, de toute ton me, et de toute ta pense [Deutronome 6:5]. C'est le premier et le plus

grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain

comme toi-mme [Lvitique 19:18]. De ces deux commandements dpendent toute la loi et les

prophtes. Observons demble que lamour du prochain est subordonn lamour de

Dieu. Plus loin, en Matthieu 23:23, Jsus labore : Malheur vous, scribes et pharisienshypocrites ! Parce que vous payez la dme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et que vous

laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la misricorde et la fidlit : c'est l ce

qu'il fallait pratiquer, sans ngliger les autres choses.

En Matthieu 22:36-40 et 23:23, Jsus hirarchise la loi morale en distinguant en elle ce quil

y a de plus important (ta barutera = les choses ayant le plus de poids) : la justice, la

misricorde et la foi , et il ajoute aussitt sans omettre le reste [] Il y a dans lorganisme

des commandements, rappelons-le :

{1} Dabord, le commandement capital, principal : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu,

accompagn du commandement qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain

comme toi-mme [cest le rsum du rsumde la loi morale].

{2} Ensuite, le Dcalogue, qui rsume lensemble de la loi morale.

{3}

Enfin, les autres commandements, en rapport avec une ou plusieurs paroles duDcalogue, qui vont de ceux qui ont le plus de poids aux plus petits, qui cependant

ne doivent pas tre ngligs ou passs sous silence78.

Insistons que la loi morale ne doit pas tre rduite aux Dix Commandements,comme le font

trop dvangliques aujourdhui. Le Dcalogue est indissociable de beaucoup de lois

spcifiques (case laws) rvles dans lAncien Testament. Ces lois morales spcifiques ne sont,

en ralit, quun appendice au Dcalogue79. Comme le signale Frederick Fyvie Bruce,

professeur de critique biblique et dexgse lUniversit de Manchester en Angleterre :

78Pierre Courthial, Le jour...,op. cit., p. 246. La version utilise par Courthial (en 1996) nest ni la Bible la

Colombe, ni la Louis Segond 1910, ni la Bible dOstervald, ni la Bible Martin ; il sagit sans doute de sa

traduction personnelle.79James Hamilton, The Glory of God in Salvation through Judgment in Deuteronomy , Southern Baptist

Journal of Theology, volume 18, numro 3, automne 2014, p. 27-28 ; Jean-Marc Berthoud, LAlliance de Dieu

travers lcriture sainte : Une thologie biblique, Lausanne (Suisse), Lge dHomme, 2013, p. 173-178.


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Lorganisation des lois du code de lalliance nest pas arbitraire : chacune de ses sections

dveloppe un des Dix Commandements, do lappellation de midrash [interprtation] du

Dcalogue quon lui a donn80. James Hamilton, professeur de thologie biblique au

Southern Baptist Theological Seminary de Louisville au Kentucky, renchrit : Tout ce qui

suit le rcital des Dix Commandements en [Deutronome] chapitre 5 sert exposer ces DixParoles. Gnralement parlant, tout Deutronome 6 25 peut tre compris comme un

dveloppement des Dix Commandements81.

5. Thonomie, justification par la grce et salut par la foi

5.1. La thonomie versus le lgalisme et le pharisasme

En Matthieu 5:20, Jsus nous dit : Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des

scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. Dans la Segond

21, ces scribes sont des spcialistes de la loi . En Luc 11:46/52, Jsus sexclame carrment :

Malheur vous aussi, docteurs de la loi ! Parce que vous chargez les hommes de fardeaux

difficiles porter, et que vous ne touchez pas vous-mmes de l'un de vos doigts. [...] Malheur

vous, docteurs de la loi ! Parce que vous avez enlev la clef de la science ; vous n'tes pas

entrs vous-mmes, et vous avez empch d'entrer ceux qui le voulaient.

Les nombreuses rfrences ngatives aux pharisiens et docteurs/spcialistes de la loi dans le

Nouveau Testament poussent plusieurs chrtiens croire que ltude mticuleuse de la loi de

Dieu, ainsi que son application prudente, est une forme de pharisasme, et par l mme une

forme de lgalisme, puisque les pharisiens essayaient de se justifier au moyen de la loi ; leur

salut par les uvres tait invtr82.

Cette approche passe ct de lenseignement de Jsus sur le lgalisme. Le lgalisme se

dfinit comme tant la croyance que quelquun est sauv par les mrites de ses propres

80Frederick Fyvie Bruce, Livre de lAlliance , Grand Dictionnaire de la Bible, 2ed., Charols (Rhne-Alpes),

ditions Excelsis, 2010, p. 45.81James Hamilton, loc. cit., p. 26.82Greg Bahnsen, Theonomy in Christian Ethics, op. cit., p. 127.


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efforts dans laccomplissement des uvres de la loi83. Le lgalisme est une forme de salut

par les uvres, de salut par la loi. Le mouvement thonomiste contemporain adhre,

comme tous les protestants, au salut par la grce seule au moyen de la foi seule(phsiens

2:8-9), et comme tous les rforms, la sotriologie calviniste des Canons de Dort ; il rejette

compltement toute forme de salut par les uvres, incluant le lgalisme84. Greg Bahnsenaffirme, dans un chapitre intitul Linhabilit de la loi justifier et fortifier, que la loi ne sauve

paslhomme, mais elle lui montrepourquoiil a besoin dtre sauv et commentil doit marcher

aprs avoir t sauv85. Seule laction du Saint-Esprit peut rgnrer les curs.

Lorsquil sen prend au lgalisme hypocrite des pharisiens, Jsus ne critique pas du tout la

loi ; il rcuse les applications pharisaques de la loi. [...] La loi demandait une sanctification

intrieure puis son expression extrieure [de cette sanctification] ; les scribes et les pharisiens

ont ignor le premier et perverti le deuxime86. Au Iersicle, les pharisiens en appelaient

la loi dune manire calcule, pour saider chapper aux vritables exigences originelles de

Dieu87. Il tait aussi question de la tradition orale, non scripturaire, que les pharisiens

faisaient passer avant le Tanak (lAncien Testament), et qui est plus tard devenue le Talmud :

Vous annulez ainsi la Parole de Dieu au profit de votre tradition (Matthieu 15:6b).

Pierre Courthial commente : Il est faux, radicalement, de faire des pharisiens dattentifs

auditeurs et de fidles pratiquants de la loi mosaque, et de leur attribuer je ne sais quelleorthodoxie88. Et Greg Bahnsen ajoute : Le problme avec les pharisiens est quils

nobservaient pas la loi de lAncien Testament ! Leur lgalisme tait illgal89. En effet,

mme sous lAncienne Alliance, les lus taient justifis par la grce au moyen de la foi

(Gense 15:6, Romains 4:3/22, Galates 3:6-9, Hbreux 11:8-23, Jacques 2:23). Lternel na

83Greg Bahnsen, By this Standard : The Authority of Gods Law Today, Tyler (Texas), Institute for Christian

Economics, 1998 (1985), p. 356.84Pierre Courthial, Le jour..., op. cit., p. 275 ; Id., De Bible en Bible, op. cit., p. 99 ; Jean-Marc Berthoud,Apologie pour

la loi de Dieu, op. cit., p. 66-87 ; Jean-Marc Berthoud, Le rgne terrestre de Dieu, op. cit.,p. 136-137 ; Rousas

Rushdoony, Law & Liberty, op. cit., p. 3-7 ; Gary North et Gary DeMar, Christian Reconstruction, op. cit., p. 123-126.85Greg Bahnsen, Theonomy in Christian Ethics, op. cit., p. 129.86Ibid., p. 92.87Ibidem.88Pierre Courthial, Le jour..., op. cit., p. 246.89Greg Bahnsen, Theonomy in Christian Ethics,op. cit., p. 91.


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jamais choisi Isral sur la base de ses propres mrites, mais sur la base de son choix souverain

et de sa grce divine (Exode 33:3, 34:9 et 52:9, Deutronome 7:7-8 et 10:15, Jrmie 4:4). Cest

pour cela que Jsus a dit aux Juifs de son temps : Nul de vous nobserve la loi (Jean 7:29b).

Citons encore le docteur Bahnsen : Une observance des standards saints de Dieu pour le

comportement humain surpasse la droiture et la [fausse] lgalit des scribes. [...] Lathonomie, qui prend en compte le Nouveau Testament, ne doit pas tre identifie aux

pharisiens et aux judasants90.

Ce problme de la distorsion pharisaque de la loi existait dj lpoque de lAncien

Testament. Le prophte Malachie fustige les Hbreux : Vous vous tes carts de la voie,

vous avez fait de la loi une occasion de chutepour plusieurs, vous avez viol l'alliance de

Lvi, dit l'ternel des armes (Malachie 2:8). Le prophte inspir du Saint-Esprit tire-t-il de

ce triste constat la conclusion que la loi doit tre rejete puisque certains en ont fait une

occasion de chute ? Non, au contraire, il adresse au peuple de lAlliance la continuelle

remontrance : Souvenez-vous de la loi de Mose, mon serviteur, auquel j'ai prescrit en

Horeb [mont Sina], pour tout Isral, des prceptes et des ordonnances (Malachie 4:4).

5.2. La loi est un outil de sanctification et non de justification

Dans ses ptres, Paul donne plusieurs sens diffrents au concept de loi . Une mauvaise

comprhension de ces distinctions pauliniennes conduit aujourdhui beaucoup de chrtiens

se mprendre sur les modalits de la Nouvelle Alliance. Dans de trs nombreux passages91,

Paul rfute lide errone voulant que la loi soit un moyen de justification, une drive

pharisienne en vogue au Iersicle, puis il oppose cette ide errone la vraie doctrine de la loi

morale comme un moyen de sanctification. Paul explique que lusage de la loi comme moyen

de justification est illgitime et spirituellement inefficace (et mme prjudiciable), tandis que

lusage de la loi comme moyen de sanctification est lgitime : Nous nignorons pas que la

loi est bonne, pourvu quon en fasse un usage lgitime (1 Timothe 1:8). Ainsi,

90Ibid., p. 91 et 122.91Dont la liste se trouve ici : Tribonien Bracton, La justification par la grce seule (sola gratia) et le salut par la

foi seule (sola fide) , Le Monarchomaque, http://monarchomaque.org/2014/11/15/sola-gratia-sola-fide/ , publi

le 15 novembre 2014.


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lobissance la loi morale participe la sanctification plutt qu la justification92.

Cest en ce sens que doit tre compris Psaumes 19:8-12 : La loi de l'ternel est parfaite, elle

restaure l'me ; le tmoignage de l'ternel est vritable, il rend sage l'ignorant. Les

ordonnances de l'ternel sont droites, elles rjouissent le cur ; les commandements de

l'ternel sont purs, ils clairent les yeux. La crainte de l'ternel est pure, elle subsiste

toujours ; les jugements de l'ternel sont vrais, ils sont tous justes. Ils sont plus prcieux que

l'or, que beaucoup d'or fin ; ils sont plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons. Ton

serviteur aussi en reoit instruction ; pour qui les observe, la rcompense est grande.

De mme que Paul oppose la loi divine de sanctification la loi pharisienne de justification,

laptre diffrencie entre deux concepts de la loi intrieure sous la Nouvelle Alliance.

Lune des lois intrieures est la loi charnelle, la loi du pch (Romains 7:23/25 et 8:2),tandis que lautre est la loi de Dieu que le Saint-Esprit place dans nos curs (Romains

7:22/25, Hbreux 8:10). Cette intriorisation de la loi morale par les chrtiens nannule pas sa

fonction sociale (c--d familiale, ecclsiale et civile).

6. Le rle thonomique du magistrat civil

6.1. Le magistrat civil exerce la vengeance de Dieu

Les textes bibliques suivants nous renseignent sur le rle du gouvernement civil. Celui-ci est

dexercer la vengeance de Dieu en sanctionnant toute violation externe et volontaire des deux

Tables des Dix Commandements, de mme que toute violation externe et volontaire des

autres lois morales contenues dans la Bible. Autrement dit, le magistrat est linstrument

tabli par Dieu pour punir les criminels qui violent lordre que Dieu a tablipour la socit

[...] et sil manque ce devoir, il pche93.

! Deutronome 13:5 : Tu teras ainsi le mal du milieu de toi. Ritr huit fois en

dans ce mme livre (17:7, 17:12, 19:19, 21:21, 22:21, 22:22, 22:24 et 24:7).

! Psaumes 2:10-11 : Et maintenant, rois, conduisez-vous avec sagesse !Juges de la

92Pierre Courthial, Le jour..., op. cit., p. 215.93Jean-Marc Berthoud, Le rgne terrestre de Dieu, op. cit., p. 134.


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terre, recevez instruction ! Servez lternel avec crainte, et rjouissez-vous avec

tremblement._

! Psaumes 82:2/6-7 : Jusqu quand jugerez-vous avec iniquit,et aurez-vous gard

la personne des mchants ? [...] J'avais dit : Vous tes des dieux [elohiym],vous tes

tous des fils du Trs-Haut. Cependant vous mourrez comme des hommes, vous

tomberez comme un prince quelconque.

! Psaumes 94:20-23 (Segond 21)94 : Comment pourrais-tu tre le complice de mauvais

juges qui commettent des crimes au mpris de la loi? Ils se liguent contre le juste, ils

condamnent l'innocent [...]. Il [lternel] fera retomber leur crime sur eux, il les rduira

au silence par leur mchancet. L'ternel, notre Dieu, les rduira au silence.

! Proverbes 8:15-16 : Par moi [lternel] les rois rgnent, et les princes ordonnent ce

qui est juste; par moi gouvernent les chefs, les grands, tous les juges de la terre.

! Ecclsiaste 8:11 : Parce quune sentence contre les mauvaises actions ne sexcute pas

promptement, les curs des fils de lhomme se remplit en eux du dsir de faire le

mal._

! sae 26:10 : Si lon fait grce au mchant,il napprend pas la justice.

! Romains 13:3-4 : Ce n'est pas pour une bonne action, c'est pour une mauvaise, que les

magistrats sont redouter. Veux-tu ne pas craindre l'autorit ? Fais-le bien, et tu auras

son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieupour ton bien. Mais si tu fais le

mal, crains ; car ce n'est pas en vain qu'il porte l'pe, tant serviteur de Dieu pour

exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal.

! 1 Timothe 1:9 : La loi n'est pas faite pour le juste, mais pour les mchants et les

rebelles, les impies et les pcheurs, les irrligieux et les profanes, les parricides, les

meurtriers.

94Pierre Courthial traduit (Le jour..., op. cit., p. 258) : Ont-ils partie lie avec toi, les magistrats de malheur qui

faonnent l'oppression l'aide du code ? La Bible dOstervald traduit : Serais-tu l'alli du trne de

mchancet, qui forge des injustices contre la loi ? La Bible Martin traduit : Le tribunal des mchants qui

machine du mal contre les rgles de la justice, sera-t-il joint toi ?


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! 1 Pierre 2:13 : Soyez soumis, cause du Seigneur, toute autorit tablie parmi les

hommes, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs comme envoys par lui

pour punir les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien.[...] Honorez tout le

monde ; aimez les frres ; craignez Dieu ; honorez le roi.

Cette soumission des magistrats civils au droit biblique est parfaitement logique, puisque

Jsus est le Roi des rois,Seigneur des seigneurs, Juge des juges, Magistrat des magistrats,

Maire des maires, Chancelier des chanceliers, Empereur des empereurs, et Csar des csars (1

Timothe 6:15, Apocalypse 17:14 et 19:16). Les csars terrestres doivent donc soumission au

Csar cleste, ce qui implique quils doivent appliquer le droit biblique dans la sphre civile.

Jsus est Seigneur sur tout lunivers : Tout pouvoir ma t donn dans le ciel et sur la

terre (Mathieu 28:18), ce qui signifie que Jsus est le Seigneur des gouvernements civils.

ce titre, les magistrats civils sont des subordonns et des dlgus de Jsus. Nier la royaut

civile de Jsus, cest affirmer, comme les principaux sacrificateurs qui livrrent Jsus pour

quil soit crucifi, que nous navons de roi que Csar (Jean 19:15d).

6.2. Le magistrat civil ne peut pas tre religieusement neutre

Laffirmation classique de la neutralit religieuse de ltat, cest--dire de la lacit ou du

scularisme, est formule dans la Loi de sparation des glises et de ltatpromulgue en 1905,

pendant lapoge laciste de la IIIe Rpublique franaise : La Rpublique ne reconnat, ne

salarie ni ne subventionne aucun culte95. Ne reconnat aucun culte, donc se prtend neutre.

La neutralitse dfinit comme suit : tat de quelquun, dun groupe qui ne se prononce pour

aucun parti (Dictionnaire Larousse). La neutralit ne doit pas tre confondue avec

lobjectivit, qui se dfinit comme suit : qualit de ce qui est conforme la ralit, dun

jugement qui dcrit les faits avec exactitude (Dictionnaire Larousse). La neutralit religieuse,

elle, est une vaine tentative de raisonner sans prsuppos religieux96.

Or la neutralit nexiste pas.Le concept mme de neutralit est auto-rfutant. La neutralit

est auto-rfutante car elle prtend quil faut carter nos ides prconues quand on

95Loi du 9 dcembre 1905 concernant la sparation des glises et de ltat, article 2, alina 1.96John Frame,Systematic Theology : An Introduction to Christian Belief, Phillipsburg (New Jersey), Presbyterian &

Reformed Publishing, 2013, p. 1133.


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interprte des donnes. Mais ceci est justement une ide prconue. De surcrot, la

neutralit est aussi auto-rfutante car elle soutient quil faut abandonner nos prsupposs

thiques, mtaphysiques97et pistmologiques98. Or pour soutenir cela il faut assumer que {1}

la neutralit est morale (un prsuppos thique), que {2} la neutralit est possible (un

prsuppos mtaphysique), et {3} que ces deux croyances concernant de la neutralit sontconnaissables (un prsuppos pistmologique)99.

Comme lobservent Rousas Rushdoony et Jean-Marc Berthoud (professeur de thologie

biblique au Collge biblique de Lausanne), les politiques des autorits civiles ne sont jamais

exemptes de dimension thique : toutes les lois inscrites sur nos codes avec leurs rgles

d'application se rapportent immanquablement des questions morales , un systme

moral. Nous pouvons contester la moralit d'une loi, nous ne pouvons nier la relation

invitable entre lgislation et morale [...] Il est en consquence impossible d'avoir des lois

sans les fonder sur une morale.[...] Toute lgislation n'est rien d'autre que la promulgation

lgale d'un systme moral spcifique.En plus, toute morale prsuppose comme fondement

une religion particulire. Les lois reposent sur la morale et la morale [repose] sur la

religion100. Il sensuit que des lois religieusement neutres ne peuvent pas exister, que les

agissements des gouvernements civils ont invitablement une rpercussion spirituelle, qui est

bnfique ou prjudiciable.

6.3. Le magistrat thonomique nest pas une police des consciences

Selon les Saintes critures et la thonomie, le magistrat doit pnaliser les crimes extrieurs,

pas les pchs intrieurs. La dfinition du pch nous est donne en 1 Jean 3:4 : Quiconque

pche transgresse la loi, et le pch est la transgression de la loi. Dans la Bible, certains

pchs donnent lieu lintervention du magistrat, tandis que certains pchs ne donnent pas

97Dfinition de mtaphysique: Science de l'tre en tant qu'tre, recherche et tude des premiers principes et des

causes premires, connaissance rationnelle des ralits transcendantes et des choses en elles-mmes

(Dictionnaire Larousse).98Dfinition de pistmologie: Discipline qui prend la connaissance scientifique pour objet (Dictionnaire

Larousse).99Steve Halbrook, op. cit., p. 32-33.100Rousas Rushdoony, Law & Liberty, op. cit., p. 3-7, traduit et cit dans Jean-Marc Berthoud, Les lois peuvent-

elles promouvoir la morale ? , Rsister et construire, No. 1, septembre 1987.


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lieu son intervention. Les seuls pchs qui concernent le gouvernement civil sont les crimes.

Tous les crimes sont des pchs, mais tous les pchs ne sont pas ncessairement des

crimes101.Cela a une incidence importante dans la conduite des affaires civiles.

Greg Bahnsen et Jean-Marc Berthoud expliquent : La punition [civile] quapplique le

magistrat porte sur des actions, cest--dire sur des comportements extrieurs. Son autorit

[du magistrat] ne concerne pas nimporte quel pch et dans son exercice sont explicitement

exclus tous les pchs dintention ou de pense. Le magistrat svit contre toute action

mauvaise brisant lordre juste de Dieu pour la socit et pour les rapports interpersonnels

publics. Il punit les crimes commis publiquement, mais pas les pchs personnels

caractre priv. Comme Dieu seul connat les curs, Dieu seul est apte juger et punir les

pchs intimes et purement personnels. [] Cest exclusivement pour agir dans le domaine

social quil [Dieu] a tabli lautorit du magistrat afin de prserver dans la socit justice et

paix et ainsi punir sur le plan temporel ces infractions publiques la loi divine. [] Dieu ne

donne en aucun cas au magistrat le droit de juger les curs, dinvestiguer dans les mes et

de lier les consciences.[...] Ce serait futile (et criminel) pour lui dusurper le droit de juger et

de svir contre tout et nimporte quel pch, comme sil tenait le rle de Dieu qui sonde les

curs et les reins des hommes102.

6.4. La thonomie favorise lavancement de lvangile

Tandis que la mission de ltat est dexercer la vengeance de Dieu et de protger les citoyens,

la mission de lglise la prdication de lvangile. Ltat et lglise sont des instruments aux

rles distincts, mais complmentaires, que Dieu emploie pour lavancement de son Royaume.

Ltat a la responsabilit de faciliter le travail dvanglisation des curs en tablissant un

cadre juridique qui protge le christianisme et qui le privilgie en favorisant son expansion103.

Et comme lexpliquait le rformateur Jean Calvin dans son Institution de la religion chrtienne

(2:7:11), lincitation la droiture par les autorits civiles peut, par ricochet, aller jusqu une

101Stephen Perks,A Defence of the Christian State, op. cit., p. 55.102 Greg Bahnsen, Theonomy in Christian Ethics, op. cit., p. 381-382, traduit et cit dans Jean-Marc Berthoud, Le

rgne terrestre de Dieu, op. cit.,p. 135. Bahnsen cite Martin Luther et Jean Calvin lappui.103Jean-Marc Berthoud,Le rgne terrestre de Dieu,op. cit., p. 32 et 35.


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prise de conscience providentielle qui soit salut104.

Refuser de chtier les crimes qui doivent ltre en vertu du droit biblique a pour effet de

banaliser ces pchs et par contrecoup de compliquer la repentance des citoyens. Si le

comportement de ltat nest pas exemplaire, combien plus le corps civique sera-t-il port

penser quil est admissible de droger lautorit divine ? L o le magistrat svit

fortement contre les malfaiteurs, le peuple comprend la diffrence entre justice et crime. Si

ltat se prtend neutre, cette neutralit ne fera que favoriser toutes les erreurs et, la

fin, par son pluralisme mme, rendra plus ardue lcoute de la vrit par le peuple, ceci

mme dans les glises fidles105.

6.5. Le cas de la femme adultre : Que celui qui na jamais pch...

En Jean 8:3-11, nous avons ce rcit de la femme adultre : Alors les scribes et les pharisiens

amenrent une femme surprise en adultre ; et, la plaant au milieu du peuple, ils dirent

Jsus : Matre, cette femme a t surprise en flagrant dlit d'adultre. Mose, dans la loi, nous

a ordonn de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? Ils disaient cela pour l'prouver,

afin de pouvoir l'accuser. Mais Jsus, s'tant baiss, crivait avec le doigt sur la terre. Comme

ils continuaient l'interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans pch jette

le premier la pierre contre elle. Et s'tant de nouveau baiss, il crivait sur la terre. Quand ils

entendirent cela, accuss par leur conscience, ils se retirrent un un, depuis les plus gs

jusqu'aux derniers ; et Jsus resta seul avec la femme qui tait l au milieu. Alors s'tant

relev, et ne voyant plus que la femme, Jsus lui dit : Femme, o sont ceux qui t'accusaient ?

Personne ne t'a-t-il condamne ? Elle rpondit : Non, Seigneur. Et Jsus lui dit : Je ne te

condamne pas non plus : va, et ne pche plus.

Une lecture superficielle de ce rcit peut nous induire croire que la peine capitale ne doit

plus tre impose pour le crime dadultre et les crimes sexuels dune gravit quivalente(viol, inceste, zoophilie). En ralit, Jsus na pas condamn cette femme adultre car la loi

mosaque ne lui permettait pas de la condamner.

104Pierre Berthoud, Libert et justice sociale : lapport de lAncien Testament dans la pense des rformateurs

et de Jean Calvin en particulier , Revue Rforme, No. 244 (2007).105Ibid., p. 85.


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Premirement, la loi ne permettait pas Jsus de condamner la femme adultre, car Jsus

ntait pas un magistrat,comme il le dit lui-mme en Luc 12:13-14 : Quelqu'un dit Jsus,

du milieu de la foule : Matre, dis mon frre de partager avec moi notre hritage. Jsus lui

rpondit : homme, qui ma tabli parmi vous pour tre votre juge, et pour faire vos

partages ? Le rformateur Pierre Viret (1511-1571) commente : Concluons-nous donc quilnest plus loisible de partir [de partager] les hritages, pource que Jsus-Christ nen a point

voulu prendre la charge, quand il [en] a t requis ?106

Le rformateur de Lausanne et du Croissant huguenot est catgorique : Si Jsus-Christ ft

venu pour faire office de magistrat, il let condamne [la femme] selon la loi.Mais pource

que ce ntait pas son office, il a fait ce qui appartenait la commission qui lui tait enjointe

du Pre. Il nen et pas moins fait dun meurtrier ou dun autre criminel. [...] Il a montr ses

adversaires quil [ne] se voulait mler [que] de loffice qui lui tait enjoint, auquel ils

voulaient mettre empchement [...]. En laquelle chose ils faisaient tout rebours de ce quils

devaient faire ; comme ceux-l font aujourdhui qui prchent la loi de grce [de laxisme] pour

le support des paillards [fornicateurs], l o elle na point lieu107.

Deuximement, la loi ne permettait pas Jsus de condamner la femme adultre, car pour

que le crime dadultre puisse tre puni par la peine capitale, les deux coupables doivent

tre surpris sur le faitpar au moins deux tmoins oculaires (Deutronome 22:22, Lvitique20:10). En lespce, les accusateurs nont pas mis en accusation le complice de la femme

adultre, ni mis en cause lpoux de cette femme ou lpouse de son complice, ce qui implique

quils ntaient pas des tmoins oculaires crdibles dont la preuve testimoniale pouvait tre

crue hors de tout doute raisonnable. Juridiquement, cette femme ne pouvait pas tre mise

mort. Cest pour cela que Jsus qui connaissait le pch sexuel de la femme puisquil est

omniscient se contente de lui dire va, et ne pche plus (Jean 8:11).

Si nous ne pouvions plus pnaliser les crimes sous prtexte que tous les hommes sont

pcheurs, cela entranerait invitablement un chaos absolu. Lantinomisme ne peut que

conduire la longue lanarchie108. En suivant le raisonnement antinomien et pitiste, le

106Pierre Viret, op. cit., p. 540.107Ibid., p. 539-540.108Jean-Marc Berthoud, Le rgne terrestre de Dieu, op. cit.,p. 113.


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prtexte de la non-condamnation de la femme adultre pourrait trs bien servir non

seulement pour abolir la punition des adultres, mais aussi de tous [les] autres criminels109.

Quarrive-t-il si un citoyen commet le crime dadultre, est accus en justice, plaide coupable,

admet son crime, et sen repent ? Peut-il tre absous par le tribunal, vu quil est repentant ?

Bibliquement, non. Cela peut sembler choquant, mais ce lest moins si lon saisit la

dissociation entre le pardon spirituel et la justice civile. Le pardon spirituel et la justice

civile sont deux choses tout fait diffrentes.Dieu le Pre pardonne tous les pchs de tous

les lus parce quils ont t rachets par le sacrifice expiatoire de Jsus. Mais le mandat des

magistrats humains selon la Bible nest pas de pardonner, mais dappliquer le droit

biblique avec obissance. La condamnation civile des criminels mritant la peine capitale

(meurtriers, avorteurs, violeurs, adultres, etc.) ne dtermine donc nullement leur statut

devant lglise (inclusion ou exclusion de lAlliance de grce) ni leur sort spirituel dans lau-

del (flicit ternelle ou damnation ternelle).

Cest sur la base de cette dissociation cruciale entre le pardon spirituel du pch et la sanction

civile du crime que Pierre Viret observe que le pardon spirituel accord par Jsus a la femme

adultre ne doit pas empcher les magistrats chrtiens de punir les adultres et paillards

[fornicateurs], en telle sorte quils mettent les adultres et paillards en horreur tous. [...]

Nous ne lisons point que Jsus-Christ ait rpondu ceux qui lui ont amen ladultre que cefut mal de lapider les adultres [...]. Nous ne lisons point aussi quil ait dit ladultre : Tu

nas pas mrit la mort, parquoi je tabsous. Mais [Jsus] lui a seulement dit : Je ne te

condamne point. [...] Les magistrats se doivent prparer tre punis de Dieu pour les

adultres et paillardises [fornications] qui demeurent impunies par eux110.

6.6. Sous lAncienne Alliance, la thonomie obligeait dj toute lhumanit

Les antinomiens et les pitist

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Argumentaire pour la loi de Dieu (théonomie)