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ARMEL LE CLÉAC’H En 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes Suite à votre victoire au Vendée Globe, et après quelques semaines de repos, dans quel état d’esprit êtes- vous ? Armel Le Cléac’h : « Ca va beaucoup mieux, je commence à récupérer de la course et de l’après course qui a été un véritable marathon médiatique. Heureusement il y a eu les vacances scolaires pour prendre du repos, après l’arrivée, et se retrouver en famille. Ca permet de prendre un peu de recul, de prendre la mesure de toutes ces personnes qui m’ont soutenu, de rencontrer les gens, se rendre compte qu’ils me félicitent et qu’ils ont suivi la course de façon intense. Je réalise et c’est beaucoup de plaisir de vivre ces moments-là parce qu’il y a eu beaucoup d’années de travail pour arriver à cette victoire. » Quels souvenirs gardez-vous de cette édition 2017 ? ALC : « C’est ma troisième participation et c’est là que j’étais le mieux préparé, le mieux armé pour partir. L’expérience des deux derniers Vendée Globe m’a beaucoup servi, surtout le dernier puisqu’on est reparti avec la même équipe et le même sponsor. Quand je regarde le travail accompli avant et ce qu’on a réalisé sur l’eau, c’est beaucoup de satisfaction. On a eu de bons moments sur l’eau… Les 2/3 de la course étaient une réelle satisfaction. Je n’étais pas venu vivre l’aventure mais la « Gagne », pour la compétition sportive. Et même s’il y a eu beaucoup de pression dans la remontée avec Alex Thomson, l’arrivée a été le moment le plus fort de cette course, bien que je n’oublie pas les 74 jours en mer et ce qui s’est passé pendant la course comme les moments de calme dans l’Atlantique… » Votre père s’est-il bien présenté aux Sables d’Olonnes avec les cheveux teints ? ALC : « Je crois qu’il y a eu un pari de fait avec l’un de mes neveux, justement pour dire que si j’arrivais en tête, il se teignait les cheveux en bleu. Et certains dans la famille ont tenu le pari ! Mon père a le crâne un peu dégarni mais le peu de cheveux ont été teint en bleu (rires). J’ai pu le constater à l’arrivée, enfin surtout pour mon neveux ! » Lors de vos débuts au CNSP, rêviez-vous déjà de faire le tour du monde ? ALC : « Non je n’en rêvais pas mais je suivais les premiers Vendée Globe, c’était en 1989 et j’étais à Sainte Ursule au collège. A l’époque nous n’avions pas internet pour suivre les skippers au jour le jour, on suivait l’avancée dans le Télégramme, les résultats de la course étaient connus le lendemain. J’avais la chance de rentrer le midi chez mes parents pour manger, j’en profitais pour lire la page « Voile » avant le retour à l’école l’après-midi. On suivait la course, parce que c’était mon sport, j’étais au CNSP depuis 3-4 ans. Les courses au large me passionnaient, je pense que c’est parce que mon papa et mon © Jean Marie Liot / DPPI - BPCE

Armel le CléAC’h - saintpoldeleon.fr · beaucoup de plaisir de vivre ces moments-là parce qu’il y a eu beaucoup d’années de travail pour ... participation et c’est là

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Armel le CléAC’hEn 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes

Suite à votre victoire au Vendée Globe, et après quelques semaines de repos, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Armel le Cléac’h : « Ca va beaucoup mieux, je commence à récupérer de la course et de l’après course qui a été un véritable marathon médiatique. Heureusement il y a eu les vacances scolaires pour prendre du repos, après l’arrivée, et se retrouver en famille. Ca permet de prendre un peu de recul, de prendre la mesure de toutes ces personnes qui m’ont soutenu, de rencontrer les gens, se rendre compte qu’ils me félicitent et qu’ils ont suivi la course de façon intense. Je réalise et c’est beaucoup de plaisir de vivre ces moments-là parce qu’il y a eu beaucoup d’années de travail pour arriver à cette victoire. »

Quels souvenirs gardez-vous de cette édition 2017 ?

AlC : « C’est ma troisième participation et c’est là que j’étais

le mieux préparé, le mieux armé pour partir. L’expérience des deux derniers Vendée Globe m’a beaucoup servi, surtout le dernier puisqu’on est reparti avec la même équipe et le même sponsor. Quand je regarde le travail accompli avant et ce qu’on a réalisé sur l’eau, c’est beaucoup de satisfaction. On a eu de bons moments sur l’eau… Les 2/3 de la course étaient une réelle satisfaction. Je n’étais pas venu vivre l’aventure mais la « Gagne », pour la compétition sportive. Et même s’il y a eu beaucoup de pression dans la remontée avec Alex Thomson, l’arrivée a été le moment le plus fort de cette course, bien que je n’oublie pas les 74 jours en mer et ce qui s’est passé pendant la course comme les moments de calme dans l’Atlantique… »

Votre père s’est-il bien présenté aux Sables d’Olonnes avec les cheveux teints ?

AlC : « Je crois qu’il y a eu un pari de fait avec l’un de mes neveux, justement pour dire que si

j’arrivais en tête, il se teignait les cheveux en bleu. Et certains dans la famille ont tenu le pari ! Mon père a le crâne un peu dégarni mais le peu de cheveux ont été teint en bleu (rires). J’ai pu le constater à l’arrivée, enfin surtout pour mon neveux ! »

Lors de vos débuts au CNSP, rêviez-vous déjà de faire le tour du monde ?

AlC : « Non je n’en rêvais pas mais je suivais les premiers Vendée Globe, c’était en 1989 et j’étais à Sainte Ursule au collège. A l’époque nous n’avions pas internet pour suivre les skippers au jour le jour, on suivait l’avancée dans le Télégramme, les résultats de la course étaient connus le lendemain. J’avais la chance de rentrer le midi chez mes parents pour manger, j’en profitais pour lire la page « Voile » avant le retour à l’école l’après-midi. On suivait la course, parce que c’était mon sport, j’étais au CNSP depuis 3-4 ans. Les courses au large me passionnaient, je pense que c’est parce que mon papa et mon

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grand frère suivaient ça aussi. Les posters dans ma chambre étaient des affiches montrant des skippers de courses au large, de transatlantique… Je ne me voyais pas forcément faire ça, ça me faisait rêver. »

Quels souvenirs gardez-vous de vos jeunes années au CNSP ?

AlC : « C’est la voile scolaire qui m’a permis d’arriver au CNSP, on a la chance de l’avoir depuis très longtemps à Saint-Pol. Je faisais déjà des stages de voile durant l’été et le fait d’en faire une fois par semaine a été une révélation, ça m’a donné envie. Je faisais déjà du foot, parce que le football à Saint-Pol c’est une institution, j’y allais avec les copains. Avec la voile, j’ai trouvé mon truc et j’ai remplacé le foot par la voile sportive, le samedi. J’ai passé beaucoup de temps au CNSP, en optimist, en dériveur… Et j’ai passé des étés à être assistant puis moniteur de voile avec des copains, qui continuent à me suivre et étaient à l’arrivée des 3 Vendée Globe. On a tous grandit, on a tout appris au CNSP et on a tous été élèves puis profs de voile… Ce sont de très bons souvenirs. Je suis et je reste licencié à Saint-Pol, même si depuis quelques années,

je suis du côté de Lorient pour des raisons professionnelles. Ca fait longtemps que je n’ai pas navigué dans la baie de Pempoul mais ça reste de bons souvenirs. »

Comment se profilent les prochaines semaines ?

AlC : « On a vendu le bateau à un autre concurrent, c’était ce qui était prévu avec Banque Populaire puisqu’on avait déjà lancé la construction d’un multicoque. La page se tourne... Je vais participer cette année à la transat Jacques Vabres, avec un départ du Havres en novembre. L’objectif avec Banque Populaire, c’est la Route du Rhum l’an prochain, l’une des courses à la voile connue en France. J’aimerai l’accrocher à mon palmarès, c’est un sprint intense sur l’Atlantique en double et c’est une course mythique. C’est notre ambition des prochains mois. Dans les prochaines semaines, j’aurai un programme plus de représentation avec mon partenaire parce qu’il y a eu beaucoup de demandes depuis mon arrivée, pour faire le tour des partenaires de mon sponsor et participer à divers événements. Ca a changé la donne de gagner, ça rapporte beaucoup de félicitations. J’ai repris mon activité avec les vacances et j’essaie de faire le tri.

J’ai reçu énormément de courriers à Banque populaire, à la FFV, à la mairie de Gouesnac’h, chez moi, chez mes parents… De gens, de classes et d’élèves qui ont suivi la course. Je vais essayer de commencer à répondre à toutes ces lettres, même si ça va prendre un peu de temps. Les semaines à venir vont être chargées. »

Avez-vous un mot à dire aux saint-politains ?

AlC : « Je suis très fier d’être saint-politain d’origine. J’ai vécu 20 ans à Saint-Pol et, même si j’ai déménagé dans le sud Finistère pour des raisons professionnelles, mon cœur et mes attaches restent à Saint-Pol-de-Léon et à la Baie de Morlaix en général. Je remercie les saint-politains qui m’ont suivi, j’ai reçu énormément de messages d’amis, de copains du CNSP, de saint-politains que je croise et qui sont contents de ma victoire… C’était sympa de venir les rencontrer et de témoigner de ma victoire. Pouvoir échanger avec le public, raconter mon aventure, répondre aux questions… C’était un moment très convivial. On a fait la même chose il y a 4 ans, pour une deuxième place, mais là c’était encore plus fort émotionnellement. »

Quel regard portez-vous sur

l’épopée d’Armel le CléAC’h ?

Interview de Xavier Bourhis, président de Voile Baie de Morlaix

En tant qu’ancien président du CNSP et actuel président de Voile Baie de Morlaix, quel regard portez-vous sur l’épopée d’Armel Le Cléac’h ?

Xavier Bourhis : « Un profond respect de sa pugnacité parce qu’y aller une première fois, vous ne savez pas ce que vous allez rencontrer, y retourner une deuxième puis une troisième fois, c’est quelque chose ! Un respect de la fidélité, Armel est toujours attaché à son club, à ses racines et à sa ville… Et un respect de la performance parce que participer à ce type d’épreuve, c’est aussi avoir une victoire à terre en réunissant les conditions pour exercer son métier ; trouver son sponsor, être bon physiquement, mentalement… Etre sportif de haut niveau, ils ont ce que le commun des mortels n’a pas. »

Quelles ont été vos impressions, au long de son parcours au Vendée Globe ?

XB : « Très clairement, le PC course est une initiative VBM. Pour moi c’était important de suivre l’avancée des marins de Voile Baie de Morlaix, je ne voulais pas

attendre l’arrivée pour juger d’une victoire ou d’une place. Je voulais qu’on soit fédérateur parce que le pays a quand même deux marins en course : Jérémy Beyou et Armel Le Cléac’h.

[…] L’objectif de ces PC Course pour Armel était de l’accompagner semaines après semaines. C’était

difficile parce qu’on savait que la course était compliquée et qu’on ne pourrait pas toujours l’avoir en ligne. J’ai souvenir du passage de l’équateur où il disait que tout allait bien alors que l’on savait ce qui se passait à bord et c’était très difficile. On faisait tous semblant, mais on l’a fait pour nous, pour le public et pour lui. Gaël nous a dit que, dans les moments difficiles, ça faisait du bien à

Armel de savoir qu’on était derrière lui. C’est un tout petit caillou d’apporté à l’édifice.

[…] Faut pas se tromper, c’est Armel qui a gagné. À Voile Baie de Morlaix, on a essayé d’animer « l’autour de la course » et même s’il y a eu des mécontents, je pense aux places de la soirée du 31.03 pas assez nombreuses, les gens sont contents. Pour le suivi du Vendée Globe avec Voile Baie de Morlaix, c’est

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sont autant d’étoiles dans les yeux des

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parce qu’Armel a fait la course et ça nous a permis de stimuler l’engouement de tout un territoire. Sans Armel, sans Jérémy, on n’aurait pas eu le même succès…

[…] Ce qui me plait aussi c’est l’organisation du dernier PC Course parce qu’on a réussi à fédérer autour de cette performance un public plus large que d’habitude. On est victime du succès. C’est bien aussi. »

Dites-nous quelles sont les impressions qui prédominent à Voile Baie de Morlaix, des suites de cette victoire…

XB : « Ce qui nous anime c’est que Jérémy Beyou, Armel Le Cléac’h et Nicolas Troussel nous disent où ils en sont car ils ont pu avoir en leur temps les enseignements, l’accompagnement dont ils ont eu besoin. À présent les choses évoluent, avec la mutualisation de l’entrainement, des compétences… Et ce qui change pour VBM c’est l’arrivée du port de

Roscoff qui ouvre des opportunités extraordinaires. La seule difficulté c’est qu’on a plus de mal à mobiliser des fonds privés et publics qu’il y a 20 ans et ça demande plus d’énergie. »

Et les jeunes de Voile Baie de Morlaix ?

XB : « Vous imaginez une équipe de foot qui va rencontrer son idole ? Et bien c’est pareil. Ces performances sont autant d’étoiles dans les yeux des petits. J’étais à l’arrivée avec des jeunes, avec Gaël et un petit groupe on était une poignée à représenter Voile Baie de Morlaix, sur la vedette à quelques encablures du bateau de son frère et ils en ont pris plein les yeux, au sens propre comme au figuré ! C’était un moment tellement chargé d’émotion, de signification, émouvant. Et la remontée du chenal, avec ces milliers de personnes qui acclament, c’est quelque chose. Je me mets à la place d’Armel… Et de vivre en direct l’arrivée, ça a une toute autre saveur. C’était un moment particulièrement émouvant. »

Quel regard portez-vous sur

l’épopée d’Armel le CléAC’h ?

Interview de Gaël Le Cléac’h, aîné de la fratrie

Quel regard portez-vous sur l’épopée de votre frère, Armel Le Cléac’h ?

Gaël le Cléac’h : « C’est une prouesse dont je suis très fier, en tant que son grand frère. Avoir réussi à faire trois Vendée Globe, à prendre les départs et à les terminer, c’est déjà un exploit. Le finir trois fois avec autant de détermination et d’envie, ça force le respect surtout qu’il avait déjà fait deux fois deuxième donc on pouvait se dire que c’était déjà pas mal, c’est un beau palmarès. Il est retourné une troisième fois avec la 1ère place comme objectif, c’était risqué. Je suis admiratif de la performance. »

Quelles ont été vos impressions, au long de son parcours au Vendée Globe ?

GlG : « C’est intense à terre aussi car nous n’avions les informations qu’à travers ce qu’il voulait bien nous donner. Quand on connait bien le Vendée Globe pour l’avoir suivi de près, c’est vrai qu’on s’inquiète de savoir ce qu’il a comme pépin. Et comme Armel est plutôt discret, sur la réserve -c’est sa communication- , on s’inquiète de savoir quelles sont les avaries. Parfois il vaut mieux ne pas savoir,

pour moins d’inquiétude. Oui, tout au long du Vendée Globe, c’était de l’inquiétude et de la passion, on était accaparé par ça. On vivait au rythme des vacations, des classements, des avaries… Ca a été beaucoup de stress et de joie à l’arrivée quand on l’a vu. »

« Le privilège de l’avoir en direct au téléphone, lors des PC Course, permet de se rassurer, d’avoir des nouvelles fraiches et un peu personnalisées parce qu’il n’y avait pas de médias… C’était des moments intimes. »

Décrivez-nous l’atmosphère régnant aux Sables d’Olonnes lors de l’arrivée d’Armel, le 19 janvier dernier…

GlG : « On a fait un déplacement en famille, c’est la troisième fois donc à chaque fois on est présent. Ce sont des moments très forts, quand on voit le bateau pour la 1ère fois, le skipper après 2 mois et demi… C’est émouvant. C’est différent d’un départ, où les gens viennent pour les skippers qui sont nombreux. Là, les gens ne viennent que pour le skipper qui arrive et bon, il se trouve qu’Armel a remporté la victoire ! On était déjà allé pour une deuxième place, c’était

« C’était de l’inquiétude et de la passion »

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beaucoup de joie et d’émotion sur les précédentes éditions. Là c’était différent… Il était déçu il y a 4 ans d’arriver à la deuxième place. »

Quelles sont les impressions qui prédominent, des suites de cette victoire ?

GlG : « C’est qu’on ne mesure pas l’impact que peut avoir une 1ère place dans le Vendée Globe. Le nombre de gens qui ont vécu, qui ont suivi, c’est époustouflant. Je ne l’imaginais pas, que ce soit au pays de Saint-Pol, au niveau national, international… Peut être que c’est une course plus importante, qui s’est médiatisée au fil des années... Il y a énormément de gens qui en parle, qui envoient des messages à Armel… C’est bien, ça signifie que le Vendée Globe fait rêver les gens, qu’il donne un peu de bonheur pendant l’hiver, un peu d’évasion. (rires) Et au niveau des jeunes, des coureurs, ça leur donnera peut-être l’envie d’aller naviguer, je l’espère ! »

Quel regard portez-vous sur

l’épopée d’Armel le CléAC’h ?

Interview de Ronan Gélébart, copain d’enfance

En tant qu’ami d’Armel et saint-politain d’origine, quel regard portez-vous sur son épopée ? ronan Gélébart : « Le saint-politain d’origine est têtu et Armel ne déroge pas, toute sa carrière est compétition, amélioration, performance. Pas trop orienté sur la technique et la construction du bateau mais le mettre au bon endroit le plus vite possible est son objectif. Que ce soit en régate en Optimist, Mini Ji, Caravelle ou 420, il a l’œil en l’air sur les nuages, l’autre sur l’eau pour les courants, la barre en main pour la sensibilité, l’écoute en main pour le meilleur réglage des voiles… Bref, depuis toujours Armel a un 6ème sens pour gagner. Sa seule mésaventure en baie de Morlaix est survenue quand un caillou a poussé devant la caravelle barrée par Serge Leroux, ancien directeur du CNSP, pendant le national Caravelle. Nul n’est prophète en son pays… Les équipiers, Laurent Abéguilé et Armel ont fini à pied dans les parcs à huitres… Et la caravelle a passé la nuit là. »

Quelles ont été vos impressions, au long de son parcours au Vendée Globe ?

rG : « Toutes nos journées étaient rythmées par les classements, la météo… même au bureau. Les simulations de routes, les fichiers météos, les nouvelles du bord nous permettaient d’estimer la situation des jours suivants. Armel a fait un sans faute

en stratégie, en contrôle de l’adversaire. Parfois j’avais des craintes causées par les performances d’Alex Thomson, son bateau est très différent des autres IMOCA, donc il est plus rapide dans certaines conditions et plus lent dans d’autres. Armel devait contenir ses attaques.

Les images envoyées du bord ou par la marine nationale nous permettaient de juger de l’état du skipper, la fatigue, le stress dans la voix. Mais Armel ne laisse pas paraitre ses sentiments, jamais aucun mot sur la casse ou les difficultés. La guerre de l’intox !

Ce fut une course dure, toujours à fond sur des bateaux physiquement très éprouvant. À partir de l’Australie, on sentait qu’Armel avait des coups de

« À la fin, c’est toujours

Armel qui gagne ! »

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mou, alors tous les jours j’envoyais un email à bord de Banque Pop’, un email chargé d’encouragements mais aussi de news variées, de délires, de blagues pour lui changer les idées et le faire rigoler. »

Décrivez-nous l’atmosphère régnant aux Sables d’Olonnes lors de l’arrivée d’Armel Le Cléac’h…

rG : « 15 anciens coureurs du CNSP se sont retrouvés aux Sables, plus des gars de Roscoff et de Carantec et notamment Thierry, premier directeur du CNSP ! Lomig est venu des Antilles, Lindsay arrivait d’Angola, Valérie est venue du pays Basque avec une toute petite voiture… Les retrouvailles étaient fantastiques, d’ailleurs il faut qu’Armel courre en 2020 pour qu’on puisse retourner aux Sables ! S’il ne veut pas, au pire on l’y inscrira nous même.

Dans nos sentiments il y’avait la joie de voir le pote gagner et le soulagement de le voir sorti d’affaire, parce que tant que la ligne n’est pas franchie tout peut se passer. Comme on dit dans le Léon « C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses ! ». On a eu la chance, pour sept d’entre nous d’embarquer et de passer la ligne avec lui. Je ne sais pas si le vent froid faisait couler mes yeux ou si je pleurais d’émotion. Notre copain d’enfance gagne le Vendée globe et on est là avec lui… Terrible !

15 anciens fidèles du CNSP mais surtout on y a retrouvé notre cher président historique, le Gandalf de la groue. Jean Gab’, père Le Cléach, est pour beaucoup je pense dans cet esprit de famille et cette victoire. Il a su tenir le CNSP pendant des années en reprenant la route que Bernard Garnier avait tracé et nous faire devenir ce que nous sommes, toujours prêts à bouffer de la régate, l’écoute entre les dents, et à la fin c’est toujours Armel qui gagne ! »