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Situation : Le village est tapi, encaissé dans le fond de la vallée de I’Aujon, ses rues en pente escaladent les flancs abrupts des coteaux ; celui de la rive gauche comprend la plus grande partie de l'agglomération, alors que sur la rive droite, les maisons se répartis- sent de chaque côté de la route de Vauxbons. Autrefois, la rivière marquait la limite entre Champagne et Bourgogne, pour les habitants franchir l'Aujon était passer une frontière et pour les riverains se rendre sur la rive droite c'était « aller en l'outre » c'est-à-dire « au-delà » du cours d'eau. Les collines avoisinantes dépassent 400 m d'altitude et l'une d'elles, « le Pays » atteint 450 m. Histoire : La mention la plus ancienne date de 1135, sous la forme latine de Rupes Incisa, puis Rocca Taillata (roche fendue) qui donnera naissance au vocable actuel après avoir pris au cours des siècles des formes variées comme Rochetaillye ou Roichetaillie. Avant le XIIe siècle, c'est-à-dire avant l'apparition du village, il est fait état de différents lieux-dits que l'on trouve encore au cadastre de Rochetaillée : • La Poufière hameau existant au cours du premier millénaire, s'étendant sur le territoire actuel de Rochetaillée et Chame- roy . C'était un établissement monastique déjà en ruines en 1188 quand le seigneur Renaud de Rochetaillée en fit don pour partie à l'abbaye de Auberive. • En Marol : il s'agit sans doute d'une ferme dont il ne restait que ruines en 1198 date à laquelle Huo de Pincourt la céda à l'abbaye de Auberive. • Piongerof en 1125, dix ans après la fondation de la célèbre abbaye de Clervaux. Saint-Nivard remonte le cours de l'Aube en compagnie de quelques religieux qui se fixent à Auberive, distant de Plongerot d'une dizaine de kilomètres. C'est probable- ment au cours des Xlle et XIlle siècles que ce terroir fut défriché par les moines cisterciens et converti en « grange » de l'ab- baye d’Auberive. Ferme de médiocre rapport dont la position retirée permettait d'abriter des lépreux. Les moines avaient l'usage réservé de deux chambres, ils venaient au moment des moissons percevoir la dîme des récoltes, lesquelles étaient engrangées dans un bâtiment spacieux. Les religieux pouvaient célébrer la messe dans une petite chapelle qui fut démolie durant la période révolutionnaire. Plongerot, la magnifique Le fondateur de l'orphelinat naquit en 1806 à Etuff, puis vint habiter chez son grand-père à Rochetaillée avant d'être ordonné prêtre en 1829. L'abbé Bizot eut donc l'idée d'ouvrir un orphelinat, le projet fut accueilli favorablement par le préfet et M. Cunin Gridame alors ministre de l'Agriculture. Napoléon Ill, lui-même, fit parvenir une aide de 100 F. Une souscription parmi les notables des environs permit l'achat du domaine de Plongerot en 1847. Les différents administrateurs, dont les Frères Ouvriers formeront des générations de jeunes ouvriers agricoles parmi les orphelins qui leur étaient confiés. Ainsi le territoire de Rochetaillée et des environs était occupé avant l'an mille par des communau-tés laïques ou religieuses qui avaient pour mission de défricher les forêts avoisinantes et d'y installer des exploitations rurales. Pour preuve, l'existence d'une église qui fut, en 1140, rattachée au prieuré Saint-Martin de Langres, puis à l'abbaye d’Auberive, les deux communau- tés ayant pratiqué en 1190 à un « abornement de leurs domaines respectifs » (sorte de remembrement de l'époque). . © Photo : Solo Rakotozaka Art et Histoire en Pays de Langres et des 4 lacs Histoire de Rochetaillée OFFICE DE TOURISME DU PAYS DE LANGRES ET DES 4 LACS - BP 16 - 52201 LANGRES Cédex - Tél : 03 25 87 67 67 - Fax : 03 25 87 73 33 [email protected] - Site Internet : http://www.tourisme-langres.com - Site Rando : http://randonnee.tourisme-langres.com

Art et Histoire en Pays de Langres et des 4 lacs Histoire

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Page 1: Art et Histoire en Pays de Langres et des 4 lacs Histoire

Situation : Le village est tapi, encaissé dans le fond de la vallée de I’Aujon, ses rues en pente escaladent les flancs abrupts des coteaux ; celui de la rive gauche comprend la plus grande partie de l'agglomération, alors que sur la rive droite, les maisons se répartis-sent de chaque côté de la route de Vauxbons. Autrefois, la rivière marquait la limite entre Champagne et Bourgogne, pour les habitants franchir l'Aujon était passer une frontière et pour les riverains se rendre sur la rive droite c'était « aller en l'outre » c'est-à-dire « au-delà » du cours d'eau. Les collines avoisinantes dépassent 400 m d'altitude et l'une d'elles, « le Pays » atteint 450 m. Histoire : La mention la plus ancienne date de 1135, sous la forme latine de Rupes Incisa, puis

Rocca Taillata (roche fendue) qui donnera naissance au vocable actuel après avoir pris au cours des siècles des formes variées comme Rochetaillye ou Roichetaillie. Avant le XIIe siècle, c'est-à-dire avant l'apparition du village, il est fait état de différents lieux-dits que l'on trouve encore au cadastre de Rochetaillée : • La Poufière hameau existant au cours du premier millénaire, s'étendant sur le territoire actuel de Rochetaillée et Chame-roy . C'était un établissement monastique déjà en ruines en 1188 quand le seigneur Renaud de Rochetaillée en fit don pour partie à l'abbaye de Auberive. • En Marol : il s'agit sans doute d'une ferme dont il ne restait que ruines en 1198 date à laquelle Huo de Pincourt la céda à l'abbaye de Auberive. • Piongerof en 1125, dix ans après la fondation de la célèbre abbaye de Clervaux. Saint-Nivard remonte le cours de l'Aube en compagnie de quelques religieux qui se fixent à Auberive, distant de Plongerot d'une dizaine de kilomètres. C'est probable-ment au cours des Xlle et XIlle siècles que ce terroir fut défriché par les moines cisterciens et converti en « grange » de l'ab-baye d’Auberive. Ferme de médiocre rapport dont la position retirée permettait d'abriter des lépreux. Les moines avaient l'usage réservé de deux chambres, ils venaient au moment des moissons percevoir la dîme des récoltes, lesquelles étaient engrangées dans un bâtiment spacieux. Les religieux pouvaient célébrer la messe dans une petite chapelle qui fut démolie durant la période révolutionnaire. Plongerot, la magnifique Le fondateur de l'orphelinat naquit en 1806 à Etuff, puis vint habiter chez son grand-père à Rochetaillée avant d'être ordonné prêtre en 1829. L'abbé Bizot eut donc l'idée d'ouvrir un orphelinat, le projet fut accueilli favorablement par le préfet et M. Cunin Gridame alors ministre de l'Agriculture. Napoléon Ill, lui-même, fit parvenir une aide de 100 F. Une souscription parmi les notables des environs permit l'achat du domaine de Plongerot en 1847. Les différents administrateurs, dont les Frères Ouvriers formeront des générations de jeunes ouvriers agricoles parmi les orphelins qui leur étaient confiés. Ainsi le territoire de Rochetaillée et des environs était occupé avant l'an mille par des communau-tés laïques ou religieuses qui avaient pour mission de défricher les forêts avoisinantes et d'y installer des exploitations rurales. Pour preuve, l'existence d'une église qui fut, en 1140, rattachée au prieuré Saint-Martin de Langres, puis à l'abbaye d’Auberive, les deux communau-tés ayant pratiqué en 1190 à un « abornement de leurs domaines respectifs » (sorte de remembrement de l'époque). .

© Photo : Solo Rakotozaka

Art et Histoire en Pays de Langres et des 4 lacs

Histoire de Rochetaillée

OFFICE DE TOURISME DU PAYS DE LANGRES ET DES 4 LACS - BP 16 - 52201 LANGRES Cédex - Tél : 03 25 87 67 67 - Fax : 03 25 87 73 33 [email protected] - Site Internet : http://www.tourisme-langres.com - Site Rando : http://randonnee.tourisme-langres.com

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A partir du Xlle siècle, terres et bois appartiennent donc, pour l'essentiel, à l'abbaye de Auberive et aux seigneurs de Rochetaillée. Ce qui ne manquera pas de provoquer au cours des siècles, des conflits, disputes et procès assortis, au passage, de quelques actes violents. Les seigneurs du lieu apparaissent au début de ce XIIe siècle. Le premier connu est Henri de Rochetaillée dont le fils, parent de Saint-Bernard, deviendra évêque de Langres. Ces premiers châtelains établirent une « maison des lépreux », que rappelle aujourd'hui le lieu-dit « La Maladière ». La lignée disparaît au cours du XIVe siècle, ce qui n'a rien d'étonnant compte tenu du nombre de conflits divers qui jalonnent cette époque. C'est donc Edmé d'Arbot qui relèvera la paroisse abandonnée et fonde la chapelle Sainte-

Anne. En 1616, le village fait partie des biens de la famille d'Aumont dont l'un des membres conclura le 15 juin 1720 « le contrat de rachat relatif à la condition servir et mainmorte des habitants de Rochetaillée ». Mais l'acte n'est gratuit, car, en échange, les habitants s'obligent solidairement pour eux et les successeurs, à payer au-dit seigneur et par an et à perpétuité une somme de soixante livres... En décembre 1769, c'est le seigneur Jean Jacques de la Coste qui entre en possession du domaine, il en restera propriétaire jusqu'en 1789.

Anne Belot, déesse raison La tourmente révolutionnaire n'épargnera pas le village : le seigneur de la Caste émigre très tôt en compagnie de sa femme et de ses fils, laissant le château à la garde d'un domestique. Après l'abolition des anciennes municipalités, on créa un corps municipal dont le chef fut appelé maire. Le premier édile eut pour nom Thomas Girardot. L'église est fermée et transformée en lieu de rassemblement populaire, les fêtes de la déesse Raison s'y dérouleront, et c'est une femme de 40 ans connue pour sa beauté et son ardeur révolutionnaire, Anne Belot ou « la belle hôtesse » qui sera choisie pour représenter la déesse. Pendant une période de 25 ans des guerres successives vont avoir lieu, après la défaite de Waterloo, commencèrent en Haute-Marne, département proche de la frontière, des réquisitions en hommes, chevaux et matériels. Les forges de la vallée de l'Aujon vont être utilisées au maximum pour la fabrication de munitions et la vaste forêt qui recouvre les territoires de Arc-en-Barrois à Auberive seront mises à mal pour chauffer les forges. De nombreux enrôlements mèneront les enfants du pays à travers l'Europe. Au début de notre siècle, on racontait encore à Rochetaillée, l'histoire de ce « grognard » revenu au village accompagné d'une seconde femme, ayant « oublié » qu'il avait laissé la première au logis ; sa longue carrière et ses exploits l'avaient fait surnommer « le général ». Le recensement de 1790 donne une vue assez précise de la population : 414 habitants, 95 « feux », 8 vieillards hors d'état de travailler, 9 infirmiers, 52 enfants de moins de 14 ans et personnes dans l'incapacité de gagner leur vie. Au total, 67 personnes ont besoin d'assistance conclut le rapport. Les changements de politiques n'affectent guère les populations

dont le conseil munici-pal se contente de changer la formule de serment prêté par les autorités locales : si dans tous les cas. on juge « obéissance » à la constitution, on jure « fidélité » tour à tour au roi de France. au président ou à l'empereur. Seules les réquisitions en période d'occupa-tion retiennent l'attention : on sait, par exemple, qu'en 1814, un corps de troupe russe a séjourné huit jours dans la commune et a utilisé toute la provision de bois de chauffage, alors qu'en 1870. des maisons sont réquisitionnées par les autorités allemandes pour loger durant 45 jours, 2 600 hommes et 50 chevaux, ce qui représentait une lourde charge pour une cité rurale.

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