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Invasions et installations des Slaves dans les Balkans

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  • Boidar Ferjani

    Invasions et installations des Slaves dans les BalkansIn: Villes et peuplement dans l'Illyricum protobyzantin. Actes du colloque de Rome (12-14 mai 1982) Rome : coleFranaise de Rome, 1984. pp. 85-109. (Publications de l'cole franaise de Rome, 77)

    RsumEn dpit de certaines suppositions, il est aujourd'hui certain que les premires incursions slaves en territoire imprial ont eu lieu l'poque de Justin Ier (518-527). Tous les efforts de Justinienler (527-565) pour arrter les Slaves n'ont abouti aucun rsultatpositif. Ds la fin de la premire moiti du VIe sicle, les Slaves pntrent profondment dans les Balkans, en direction de l'Egeet de Constantinople, d'une part, de l'Albanie et de la Bosnie, de l'autre. Avec l'arrive des Avars en Pannonie (567), le thtre deguerre s'largit, car les attaques ne sont plus confines aux Slaves de la Valachie, mais comprennent galement les Avars et lesSlaves de Pannonie. Les incursions seront particulirement importantes dans les annes 80 du VIe sicle, quand l'arme del'empereur Maurice (582-602) mne une guerre acharne contre les Perses. Avec l'avnement de Phocas, la situation sur lelimes danubien subit des changements profonds. Le systme de dfense se dcompose et les masses slaves commencent s'installer dfinitivement au sud de la Save et du Danube.

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    Ferjani Boidar. Invasions et installations des Slaves dans les Balkans. In: Villes et peuplement dans l'Illyricum protobyzantin.Actes du colloque de Rome (12-14 mai 1982) Rome : cole Franaise de Rome, 1984. pp. 85-109. (Publications de l'colefranaise de Rome, 77)

    http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1984_act_77_1_2510

  • BOZIDAR FERJANCIC

    INVASIONS ET INSTALLATION DES SLAVES DANS LES BALKANS*

    Du IVe au VIIe sicle, les provinces balkaniques subirent sur leurs frontires nord les attaques de nombreux peuples barbares. Si les assauts des Goths et des Huns furent sans consquences durables pour l'histoire de ces rgions, la lutte contre le pntration slave eut un caractre bien diffrent, car l'Empire n'avait pas seulement dfendre la frontire septentrionale de ses provinces balkaniques, mais aussi l'ar- rire-pays. La dfense byzantine s'croula dfinitivement au dbut du VIIe sicle, et les Slaves se rpandirent alors dans toute la pninsule balkanique, dont ils marqueront profondment l'histoire jusqu' nos jours1.

    * Abrviations : Fontes : Fontes byzantini historiam populorum Jugoslaviae spectantes, I-II, Belgrade, 1955

    et 1959. B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950 : B. Grafenauer, Nekaj vprasanj iz dobe nasel-

    javanja juznih Slovanov, dans Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 23-126. P. Lemerle, RH, 211, 1954 : P. Lemerle, Invasions et migrations dans les Balkans depuis la

    fin de l'poque romaine jusqu'au VIIIe sicle, dans Revue historique, 211, 1954, p. 265- 308.

    P. Lemerle, Miracula, I et II : P. Lemerle, Les plus anciens recueils des Miracles de saint Dmtrius. I. Le texte, Paris, 1979; //. Commentaire, Paris, 1981.

    Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980 : Lj. Maksimovic, Severni Ilirik u VI veku, dans Zbornik radova vizantoloskog instituta, 19, 1980, p. 17-57.

    V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975 : V. Popovic, Les tmoins archologiques des invasions ava- ro-slaves dans l'Illyricum byzantin, dans MEFRA, 87, 1, 1975, p. 445-504.

    Simpozijum, Sarajevo, 1969 : Simpozijum : predslavenski etnicki elementi Balkanu u etno- genezi Juznih Slovena (Mostar, 24-26 oktobra 1968), Centar za balkanoloska istrazivan- ja, knjiga 4, Sarajevo, 1969.

    L. Waldmller, Slawen : L. Waldmller, Die ersten Begegnungen der Slawem mit dem Christentum und christlichen Vlkern vom 6. bis 8. Jh., Die Slawen zwischen Byzanz und Abendland, Amsterdam, 1976. 1 Cf. B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 25 sq.; Lj. Maksimovic, ZRVI, 19,

    1980, p. 19, 22, 24.

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    Les historiens romains ne mentionnent pas le peuple slave, dont les tablissements taient encore situs loin des frontires de l'Empire. Le dplacement des Slaves vers les frontires byzantines s'effectua au cours du Ve sicle, et selon deux directions : un groupe occidental traversa la Pannonie, un groupe oriental la Dacie2. Ces deux groupes atteignirent sparment la frontire byzantine l'ouest et l'est des Portes de Fer et effecturent probablement des perces indpendantes vers l'Adriatique et vers la Mer Ege. La dmarcation entre les deux groupes suivait peu prs la ligne Timok-Osogov-Sara, qui marque encore la sparation des parlers slaves du sud3.

    La bibliographie sur les Slaves, leurs invasions puis leur installation permanente au sud de la Save et du Danube est trop abondante pour qu'il soit question de la rsumer. Elle comprend d'ailleurs, ct d'tudes fondamentales, plus d'un jugement htif et superficiel4. Nous ne prsenterons dans la prsente communication que les apports les plus neufs notre sujet, en combinant les donns dj connues des sources narratives avec les rsultats des disciplines auxiliaires, surtout de l'archologie. Nous aurons atteint notre but si nous contribuons une meilleure connaissance de ces vnements importants, et d'abord de leur chronologie.

    Avant d'tudier les principales donnes historiques relatives notre sujet, voyons quelles routes empruntaient les Slaves dans leur mouvement vers le sud. En effet, l'intrieur de la pninsule balkanique tait sillonn d'un rseau de grandes routes romaines, et bien que certaines, comme la via Egnatia, aient dj perdu au VIe sicle de leur importance, il est certain que les Slaves ont utilis les voies existantes, dont le trac avait t dtermin par un relief assez fractionn. Les deux principales de ces routes sont celle qui empruntait la valle de la Morava et du Vardar vers Thessalonique, et celle qui suivait le Danube puis, par Serdica et la valle de la Struma, rejoignait Amphipolis le littoral de

    2 Istorija srpskog naroda, I, Belgrade, 1981, p. 137. 3 V. Tapkova-Zaimova, Nasestvia i etniceski promeni na Balkanite, Sofia, 1966, p. 82. 4 Pour la bibliographie plus ancienne, cf. P. Lemerle, RH, 211, 1954, p. 281-308. Le

    mme auteur (p. 265) a brillamment pass en revue les sources et la bibliographie sur ce sujet: les sources crites sont rares, la documentation archologique disparate, fragmentaire, et la bibliographie est crite dans toutes les langues d'Europe centrale et orientale . Enfin, il faut noter les prjugs nationalistes frquents des historiens des pays balkaniques.

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    la Mer Ege5. D'autres voies secondaires reliaient la frontire danubienne la cte dalmate travers la Bosnie actuelle.

    C'est au dbut du VIe sicle que les Slaves et les Antes commencrent menacer les frontires byzantines : les premiers taient alors bass le long de la rive septentrionale du bas Danube, les seconds au nord du littoral pontique6. Auparavant, vers la fin du Ve sicle et dans les premires annes du VIe, les rgions au nord du Danube et de la Save taient occupes par un conglomrat de tribus barbares (Huns, Gtes, etc.) qui faisaient de frquentes incursions en territoire byzantin7. Des tudes rcentes ont repris la vieille hypothse selon laquelle des Slaves ont pris part ces invasions, bien que les sources ne les mentionnent pas expressment8. Cette supposition est lie une ide maintes fois avance : les Slaves, diviss en tribus indpendantes et peu enclins se donner une organisation unitaire, n'auraient reprsent un danger militaire pour l'Empire byzantin que lorsqu'ils taient encadrs par d'autres barbares mieux organiss, comme les Bulgares, dans la premire moiti du VIe sicle, et les Avars, dans la seconde9. Il est certain que les Slaves diffraient par leur mode de vie et leur organisation politique des autres tribus tablies le long des frontires septentrionales de l'Empire : Procope et, pour une priode plus rcente, le Stratgicon du Pseudo-Maurice nous fournissent quelques prcieux renseignements sur leur organisation tribale 10 et prouvent que leurs occupations taient surtout agricoles, ce qui les rendaient certainement moins mobiles que les cavaliers nomades bulgares ou avars. Il parat pourtant hasardeux

    5 P. Lemerle, RH, 211, 1954, p. 276. L'minent byzantiniste franais montre que les routes est-ouest taient surtout des vecteurs d'influences pacifiques, alors que les routes nord-sud taient suivies par les barbares lors de leurs invasions.

    6 Sur le problme des Antes et de leur origine, cf. les lments essentiels dans Fontes, I, p. 23, n. 20.

    7 Une liste dtaille de ces attaques est donne par Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980, p. 22-24.

    8 Cf. par ex. B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 28-32; P. Lemerle, RH, 211, 1954, p. 284, 286 sq.; Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980, p. 22-24; L. Waldmller, Slawen, p. 32-34, 55.

    9 P. Lemerle (RH, 211, 1954, p. 284) prcise que les masses slaves ne sont devenues dangereuses pour Byzance qu' l'poque de l'empereur Justinien, lorsqu'elles furent disciplines, organises, commandes par les Bulgares. Ide analogue chez L. Waldmller, Slawen, p. 104-106.

    10 Procope, BG, III, p. 357-359; Mauricii Stratgicon, d. H. Mihescu, Bucarest, 1970, p. 276-290 (= Fontes, I, p. 25-30 et 130-141).

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    de conclure de leur mode de vie et de leur dsunion politique la faiblesse du danger militaire qu'ils reprsentaient.

    Il est depuis longtemps tabli que la premire attaque des Slaves, ou plutt des Antes, contre les provinces byzantines qui soit clairement signale dans les sources eut lieu sous le rgne de l'empereur Justin Ier (518-527) les barbares traversrent le Danube et firent irruption en Thrace, o ils furent vaincus par le magister militum per Thracias Germain, neveu de l'empereur11. Cette premire invasion atteste dans les sources fut certainement entreprise par les Antes, qui s'taient avancs jusqu'au cours infrieur du Danube. Le successeur de Justin, Justinien (527-565), russit, dans les premires annes de son rgne, assurer la paix sur la frontire danubienne grce l'activit efficace d'un officier, Chilboudios, qui tait probablement lui-mme un Ante. C'est cette poque qu'eut lieu, d'aprs Procope, un conflit entre les Slaves et les Antes, o ces derniers furent vaincus12. Cette guerre fut sans aucun doute provoque en sous-main par la diplomatie byzantine qui connaissait depuis longtemps l'art d'utiliser ses ennemis les uns contre les autres. Procope raconte en effet que Justinien avait ngoci avec les Antes et leur avait propos de s'tablir prs de la ville de Turris, sur la rive gauche du bas Danube, en change de la dfense des provinces byzantines contre les attaques des Bulgares13. P. Lemerle souligne d'ailleurs juste titre que la frontire danubienne n'tait pas seulement une zone d'hostilits mais aussi le lieu d'changes de toute sorte : c'est par l que passaient les vieilles routes commerciales venant d'Orient14, et nous savons que des Slaves et des Antes faisaient partie des armes byzantines combattant les Ostrogoths en Italie et les Perses en Orient, ce qui prouve que les rapports entre l'Empire et les barbares installs au nord du bas Danube n'taient pas uniquement antagonistes15.

    11 Procope, BG, III, p. 475 sq. (= Fontes, I, p. 45 sq.). Sur cette premire incursion slave, ou plutt ante, mentionne dans les sources, cf. B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 33; P. Lemerle, RH, 211, 1954, p. 284; Fontes, I, p. 45 sq., . 89 et 91; M. Braicevski, istorii rasselenia Slavjan na vizantij skih zemljah, dans Viz. Vrem., 19, 1961, p. 127; L. Waldmller, Slawen, p. 34 sq. ; Istorija, I, p. 109 sq.

    12 Procope, BG, III, p. 355 (= Fontes, I, p. 24). 13 Procope, BG, III, p. 359 (= Fontes, I, p. 30 sq.). 14 P. Lemerle, RH, 211, 1954, p. 273. 15 Des Slaves et des Antes se trouvent en 537 dans les rangs de l'arme de Blisaire en

    Italie (Procope, BG, I, p. 130), et participent en 540 l'attaque de la forteresse d'Auxi- num, au sud d'Ancne (ibid., II, p. 268). Un dtachement ante (300 hommes sous les ordres d'un certain Jean) se signale en 547 dans les combats contre les bandes de Totila

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    Bien que la diplomatie habile de Justinien lui ait procur quelques annes de rpit, Byzance n'tait pas dfinitivement libre de tout souci sur sa frontire nord : en 540, un nombreux groupe de Bulgares Koutri- gours traversa le Danube, pntra profondment en territoire byzantin et atteignit le Long Mur protgeant l'accs de la capitale, les ctes de la mer Ege et mme Corinthe 16. Peu aprs, la fin du conflit entre les Slaves et les Antes leur permit d'entreprendre une nouvelle vague d'incursions dans les provinces impriales. l'automne 545, les mercenaires hrules battirent en Thrace une troupe de Slaves qui avaient travers le Danube et se livraient au pillage17. On discerne pourtant dans les annes suivantes un changement important des directions prises par les envahisseurs slaves : en 548 ils causent de srieux dgts dans tout l'Illyricum et parviennent jusqu' Dyrrachium 18. Une nouvelle voie de pntration slave a donc t ouverte travers l'Illyricum vers le sud- ouest, travers l'Albanie actuelle. Lj. Maksimovic estime, sans doute avec raison, qu'une partie des envahisseurs de 548 ne traversa pas la Danube dans son cours infrieur, mais dans la rgion des Portes de Fer19. Au printemps de 550, une arme de 3000 Slaves passa de nouveau le fleuve, remporta en Thrace plusieurs victoires sur les troupes impriales, attaqua les forteresses thraces et illyriennes, et fit le sige de la ville de Toperus, prs de l'embouchure de la Mesta20. Ds la

    prs de Lucania (ibid., II, p. 394 sq.). Contre les Perses se distinque en 555-556 l'ante Dabragez, qui commande aussi une escadre fluviale prs de Phasis en Colchide (Agathiae Myrinaei historiarum libri quinque, d. R. Keydell, Berlin, 1967, p. 111 sq.). Les sources sur la prsence des Slaves et des Antes dans l'arme byzantine ont t traduites dans Fontes, I, p. 34, 37, 75 sq. Cf. aussi B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 34; L. Waldmller, Slawen, p. 59-65; Lj. Maksimovic, ZR VI, 19, 1980, p. 33, n. 70.

    16Procope, BG, II, p. 164 sq.; P. Lemerle, RH, 211, 1954, p. 285; L. Waldmller, Slawen, p. 38 sq.; Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980, p. 33 sq.

    17 Procope, BG, III, p. 353 (= Fontes, I, p. 36 sq.). . Grafenauer (Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 36) enregistre cette attaque comme premire incursion indpendante des Slaves en territoire byzantin. Cf. L. Waldmller, Slawen, p. 39.

    18 Procope, BG, III, p. 423 (= Fontes, I, p. 38) ; B, Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 36; P. Lemerle, RH, 211, 1954, p. 286.

    19 Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980, p. 33 sq. 20 Procope, BG, III, p. 467-471 (= Fontes, 1, p. 41-44); B. Grafenauer (Zgodovinski ca

    sopis, 4, 1950, p. 36 sq.) date cette expdition de 549; P. Lemerle (RH, 211, 1954, p. 286) et L. Waldmller (Slawen, p. 40-42) considrent que l'attaque de Toperus marque un changement de la stratgie des Slaves As ne se livrent plus uniquement au pillage, mais attaquent aussi les villes, ce qui prouve qu'ils ont adopt la technique de guerre byzantine.

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    seconde moiti de 550 ou le dbut de 551 de nouveaux envahisseurs slaves, plus nombreux encore, se dirigrent vers Thessalonique et les villes avoisinantes21. Mais redoutant le gnral Germain, que ses victoires sur les Antes avaient rendu clbre, ils renoncrent attaquer Thessalonique. Certains franchirent les montagnes illyriennes en direction de la Dalmatie, largissant ainsi le champ de leurs oprations. Selon Proco- pe, ces Slaves passrent l'hiver 550-551 en territoire byzantin, aussi tranquillement que s'ils avaient t dans leur propre pays. Un autre groupe, qui s'tait dirig travers la Thrace vers Constantinople, arriva jusqu'au Long Mur, aprs avoir vaincu l'arme impriale prs d'Andri- nople, puis se retira avec un abondant butin au-del du Danube22. Il est naturel que cette premire mention d'une irruption slave en province de Dalmatie ait attir particulirement l'attention des chercheurs. Nous ne nous attarderons pas l'interprtation sans fondement de M. Brai- cevski, qui y voit la preuve que les Slaves taient parvenus jusqu'aux ctes de l'Adriatique : de toute vidence, cet auteur ignore l'tendue de la province romaine de Dalmatie23. Pour sa part, F. Barisic estime avec raison que lors de cette invasion les Slaves ont dvast l'actuelle Bosnie orientale, mais croit lui aussi qu'ils sont rests un certains temps en territoire byzantin24. Quant Lj. Maksimovic, il souligne que cette perce dut tre entreprise par des Slaves du bas Danube ayant travers le fleuve gu aux environs des Portes de Fer, mais il ne croit pas que les assaillants se soient attards en territoire byzantin25. Le fait que les Slaves aient hivern en Dalmatie a t lui-mme diversement comment. M. Braicevski en conclut hardiment que la colonisation par les Slaves du nord de la pninsule balkanique commena ds le milieu du VIe si-

    21 V. Tapkova-Zaimova (Napadenia varvarov na okrestnost Soluna pervoi polovine VI v., dans Viz. Vrem., 16, 1958, p. 5-7) soutient de faon peu convaincante que les Slaves menacrent Thessalonique ds la premire moiti du VIe sicle. Elle est suivie par M. Brajcevski (K istorii, p. 128). Contra, cf. Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980, p. 24, n. 28.

    22 Procope, BG, III, p. 474-478, 481-485 (= Fontes, I, p. 45-48). B. Grafenauer (Zgodo- vinski casopis, 4, 1950, p. 36 sq.) croit que les Bulgares prirent part aussi cette campagne, car on mentionne la prsence de cavaliers.

    23 M. Brajcevski, istorii, p. 131 sq. Il est tonnant que le mme auteur (ibid., p. 136) considre que les Slaves formaient ds la seconde moiti du VIe sicle la majorit de la population en Thrace, Illyricum et Dalmatie.

    24 F. Barisic, Procs slovenske kolonizacije Istocnog Balkana, dans Simpozijum, Sarajevo, 1969, p. 16.

    25 Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980, p. 35.

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    eie26. Dans l'Histoire du Peuple serbe publie rcemment, le sjour des Slaves en Dalmatie en 550-551 est mis en rapport avec les premiers tablissements slaves connus en Bosnie orientale (Musici prs de Visegrad, ncropole de Dvorovi prs de Bjeljina) qui dateraient de ces annes-l27. Cependant, V. Popovic a mis des doutes justifis sur le lien suppos entre ces dcouvertes archologiques difficiles dater avec prcision et l'invasion slave de 55028. Au total, la vrit est sans doute du ct de ceux qui nient que le texte de Procope permette de dater le dbut de l'installation permanente des Slaves au sud de la Save et du Danube29.

    l'automne de 551, une masse de Slaves ravagea de nouveau l'Illy- ricum. Ils restrent assez longtemps, sans que les Byzantins osassent leur faire face. Lorsqu'ils se dcidrent rentrer chez eux, ils furent transports de l'autre ct du Danube par les Gpides, qui leur firent payer une pice d'or par tte30.

    Aucune invasion n'est ensuite connue jusqu'au printemps 559, date laquelle le continuateur de Procope, Agathias, note que les Koutri- gours commands par Zabergan traversrent le Danube gel et lancrent des oprations de pillage. Un de leurs dtachements se dirigea sur la Grce et atteignit les Thermopyles, un second arriva jusqu'en Cher- sonnse de Thrace, tandis que le troisime, avec Zabergan sa tte,

    26 M. Brajcevski, istorii, p. 135 sq.; V. Tapkova-Zaimova (Nasestvia, p. 60, 68) croit aussi que les Slaves commencrent s'installer dans la pninsule balkanique ds le rgne de Justinien.Elle en donne deux preuves : a) Procope {De aedificiis, IV, II, p. 145) dit que les villes de Philippopolis, Beroea, Adrianopolis et Plotinopolis se trouvent au voisinage de tribus barbares; b) en 535 les barbares errent aux environs de Thessalonique.

    27 Istorija, I, p. 112 sq. Sur ces dcouvertes, cf. I. Cremosnik, Die ltesten Ansiedlungen und Kultur des Slawen in Bosnien und der Herzegowina im Lichte der Untersuchungen in Musici und Batkovici, dans Balcano-slavica, 1, 1972, p. 59-64.

    28 V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 449. 29 1. Nestor (La pntration des Slaves dans la pninsule balkanique et la Grce conti

    nentale, dans Revue des tudes sud-est europennes, I, 1-2, 1963, p. 47 sq.) considre que les Slaves, avant l'arrive des Avars, taient incapables de s'assurer le contrle des villes sans lequel il ne pouvait y avoir d'occupation durable du sol. Mmes vues chez L. Waldmller (Slawen, p. 35 sq.) qui rappelle qu'en 551 ce sont les Gpides qui transportrent les Slaves en bateau au-del du Danube. Cf. B. Grafenauer, Slovanski naselitvni valovi na Balkanski polotok, dans Zgodovinski casopis, 18, 1964, p. 219; P. Petrov, Obrazuvane na balkarskata darzava, Sofia, 1981, p. 48 sq.: P. Lemerle (Miracula, II, p. 50, 52) souligne que les Slaves furent longtemps contenus et incapables de s'installer durablement nulle part. Il prsume pourtant que certains de leurs groupes restaient en Thrace et dans l'Illyricum.

    30 Procope, BG, III, p. 623-625 (= Fontes, I, p. 48-50).

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    parvint jusqu'aux portes de la capitale. Malgr la profondeur de leur incursion, les Koutrigours repassrent le Danube l'automne de 559. On notera que dans la description de cette attaque, les sources divergent sensiblement : alors qu'Agathias ne mentionne que les Koutrigours, Jean Malalas prcise que des Slaves avaient aussi pris part l'attaque31. Les historiens modernes ont interprt diffremment cette contradiction, mais, de toute faon, rien ne s'oppose ce que des Slaves tablis au nord de Danube aient particip cette campagne de 55932.

    Les attaques slaves marqurent une pause vers la fin du rgne de Justinien, mais les vnements des annes prcdentes avaient certainement laiss des traces profondes dans les provinces balkaniques. L. Waldmller explique cette accalmie d'une part par les travaux de renforcement du limes effectus par Justinien, d'autre part par les conflits opposant entre elles les tribus barbares33. On peut ajouter que les vagues d'invasions slaves se succdant selon un rythme annuel concidaient chronologiquement avec les dernires tapes de la longue guerre ostrogothique mene par Justinien en Italie. Il est fort probable que les Slaves taient informs du transfert des forces impriales en Occident et attaquaient d'autant plus souvent les provinces balkaniques qu'ils les savaient mal dfendues. Dans son rcit de l'attaque de 550-551, Procope se demande mme si les Slaves ne sont pas intervenus la demande du chef goth Totila34. Dans son Histoire secrte, le mme auteur ajoute que de 527 551, les Slaves, Antes et autres barbares attaquaient presque chaque anne l'Illyricum et la Thrace, poussant jusqu' la mer Ionienne et aux faubourgs de Constantinople, et emmenant chaque fois un grand nombre de prisonniers35. Ce texte, malgr son caractre assez gnral, laisse deviner quelles traces profondes les attaques barbares devaient laisser dans ces rgions et confirme que l'arme impriale avait trop faire en Italie pour assurer leur dfense36. De plus, le

    31 Agathiae historiarum, d. R. Keydell, p. 177 sq.; /. Malalae chronographia, d. L. Dindorf, Bonn, 1831, p. 490 (= Fontes, I, p. 77, 80, 84).

    32 P. Lemerle (RH, 211, 1954, p, 286) et Istorija (I, p. 11, ne parlent que des Koutrigours. B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 38) et L. Waldmller (Slawen, p. 48-52) croient que les Slaves prirent part l'expdition.

    33 L. Waldmller, Slawen, p. 48. 34 Procope, BG, III, p. 481 (= Fontes, I, p. 47). 35 Procope, Historia arcana, p. 14 sq. (= Fontes, I, p. 51 sq.). 36 F. Barisic (Procs kolonizacije, p. 12 sq.) insiste sur l'importance des informations

    de Procope.

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    dsordre d aux incursions barbares est la cause probable de l'absence de tout vque de Msie au Ve concile cumnique de Constantinople en 553 37.

    Au dbut de la seconde moiti du VIe sicle, le nord de la pninsule balkanique fut le thtre d'un vnement aux consquences considrables : l'arrive des Avars provenant de l'Asie Centrale, rserve continuelle de tribus nomades. Aprs une guerre contre les Gpides et le dpart des Lombards pour l'Italie (568), ils s'installrent de faon permanente en Pannonie, entre le Danube et la Tisa. Nous ne pouvons pas tudier ici le problme de la structure de l'tat avar, qui se maintint en Pannonie plus de deux sicles38, ni celui des relations entre Avars et Slaves dans la communaut qu'ils formaient. Ce qui nous importe, c'est que l'arrive des Avars en Pannonie et la formation de leur tat ont modifi les rapports entre l'Empire et les Slaves : dsormais, la menace pesant sur les provinces balkaniques ne provenait plus seulement des Slaves tablis au nord du bas Danube, mais aussi de leurs frres de Pannonie, qui traversaient le cours moyen du fleuve et menaient avec les Avars des attaques en territoire byzantin39. Cet largissement du front de sa dfense a certainement caus des difficults l'Empire car, comme le remarque B. Grafenauer, c'est alors que commence la seconde vague d'invasions slaves40 : V. Tapkova-Zaimova a probablement raison de considrer que certaines attaques attribues aux Avars par les sources contemporaines taient en fait entreprises par les Slaves de Pannonie qui se trouvaient dans l cadre du khaganat avar41.

    Cependant, la situation sur le bas Danube n'avait pas chang : les Slaves y taient toujours prts profiter des occasions de pillage. Le passage des Avars par ces rgions dans leur migration vers l'Ouest a certainement inquit les Slaves de Valachie et peut-tre interrompu quelque temps leurs incursions en territoire byzantin. Mais ces Slaves valaques sont rests, mme aprs la formation de l'tat des Avars, hors d'atteinte de leur autorit : Mnandre le Protecteur raconte que le kha- gan avar organisa une expdition pour soumettre les Slaves de Valachie (578-579); l'arme avare traversa le Danube, s'avana sur la rive

    37 L. Waldmller, Slawen, p. 194. 38 Sur l'tat avar, cf. surtout J. Kovaceviu, Avarski kaganat, Belgrade, 1977. 39 B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 91-103. 40 B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 18, 1964, p. 220-223. 41 V. Tapkova-Zaimova, Nasestvia, p. 59.

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    droite jusqu'au cours infrieur du fleuve, mais ne russit pas faire reconnatre par les Slaves valaques l'autorit suprme du khagan42. Jamais par la suite les Avars ne russirent soumettre ces Slaves qui restrent libres et continurent de faire des razzias au sud du Danube en toute indpendance43.

    La paix entre l'Empire et les Slaves de Valachie fut de courte dure. Mnandre le Protecteur nous apprend que dans la quatrime anne de rgne du Csar Tibre (578) 44, 100.000 Slaves pillrent la Thrace et de nombreuses autres provinces45. Dans les mmes annes, nous voyons un groupe slave s'emparer en Illyricum d'un missaire avar revenant de Constantinople la cour du khagan46. Ces expditions slaves sont certainement en rapport avec la campagne dj mentionne de Baan contre les Slaves de Valachie (dbut du printemps 579), la suite de laquelle les Slaves semblent s'tre retirs des provinces impriales47.

    On a bien souvent comment le passage classique de l'Histoire ecclsiastique o Jean d'phse dit que trois ans aprs la mort de l'empereur Justin II, pendant le rgne de Tibre II, les Slaves ont envahi les provinces d'Hellade, de Thessalie et de Thrace, qu'ils ont dvast pendant quatre ans un grand nombre de villes et de proprits, et que mme aujourd'hui (583-584), ils vivent en pays byzantin48. Les anciens commentateurs, mettant en rapport les informations de Mnandre le Protecteur et celles de Jean d'phse, croient qu'ils s'agit d'une seule

    42 Excerpta de legationibus, I, d. C. de Boor, Berlin, 1903, p. 209 sq. (= Fontes, I, p. 90-92).

    43 V. Tapkova-Zaimova (Nasestvia, p. 59) admet la possibilit que ces Slaves aient attaqu parfois l'instigation des Avars. Sur leur indpendance, cf. J. Kovacevic, Kaganat, p. 70 ; P. Petrov, Obrazuvane, p. 40 sq.

    44 Pour la chronologie, cf. Lj. Maksimovic, hronologiji slovenskih upada na vizantijs- ku teritoriju krajem sedamdesetih i pocetkom osamdesetih godina VI veka, dans ZRVI, 8, 2, 1964, p. 263-268.

    45 Excerpta de legationibus, II, p. 486 sq. (= Fontes, I, p. 96, o cette attaque est date de 581). Du chiffre de 100.000 Slaves, F. Barisic {Procs kolonizacije, p. 19 sq.) conclut que les envahisseurs s'taient mis en route avec leurs familles, sans doute dans l'intention de s'installer.

    "Excerpta de legationibus, II, p. 474 sq. (= Fontes, I, p. 94); Lj. Maksimovic, ZRVI, 19, 1980, p. 45.

    47 Lj Maksimovic, ZRVI, 8, 2, 1964, p. 263-268; L. Waldmller, Slawen, p. 110 sq. 48 Pour la traduction du passage de Jean d'phse, cf. B. Grafenauer, Zgodovinski

    casopis, 4, 1950, p. 51 sq. (= Fontes, I, p. 96, n. 36).

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    grande attaque slave, qui aurait dur plusieurs annes. Au contraire, Lj. Maksimovic envisage sans doute avec raison deux irruptions spares des Slaves de Valachie : aprs la premire, en 579, les assaillants retournrent au-del du Danube; lors de la seconde, en 581, ils restrent plusieurs annes sur le territoire byzantin49. Qu'il s'agisse d'une seule invasion slave ou de deux attaques distinctes, il reste que les provinces de l'Empire se trouvrent trs menaces dans les annes 579- 584. D'autre part, le fait que les Slaves soient rests quatre longues annes en territoire byzantin a t interprt comme un indice de leur intention de s'installer au sud du Danube, mais on ne saurait conclure de ce seul renseignement qu'un vritable processus de colonisation tait commenc ds cette poque50.

    La menace reprsente par les groupes avaro-slaves du moyen Danube n'tait pas moindre. En 568, peu aprs la consolidation de leur installation en Pannonie, les Avars envoyrent un dtachement de 10.000 Koutrigours piller la Dalmatie (c'est--dire certainement la Bosnie actuelle), mais il ne semble pas que les assaillants aient pntr profondment l'intrieur du pays51. Il ne s'agissait l de la part des Avars que d'une premire opration de harclement : le khagan savait bien qu'il lui fallait avant toute chose s'emparer de Sirmium et des autres forteresses du limes. La prise de Sirmium fut en effet le premier grand succs de Baan; elle intervint en 582, aprs un long sige au cours duquel l'arme impriale ne put porter secours la ville menace52. L'organisation ecclsiastique de la mtropole chrtienne se trouva- dmantele : en 584, nous trouvons l'vque de Sirmium Sbastien Cos- tantinople, o il resta jusqu' la fin du VIe sicle, avant de devenir v- que d'Urbino, en Italie53.

    49 Lj Maksimovic, ZR VI, 8, 2, 1964, p. 263-269, et rcemment V. Popovic, Aux origines de la slavisation des Balkans : la constitution des premires Sklavinies macdoniennes vers la fin du VIe sicle, dans CRAI, 1980, p. 231-233.

    50 1. Nestor, Pntration, p. 51-53; F. Barisic, Procs kolonizacije, p. 19 sq.; Lj Maksimovic, ZRVI, 8, 2, 1964, p. 269 sq.

    51 Excerpta de legationibus, II, p. 458 (= Fontes, I, p. 88) J. Kovacevic, Kaganat, p. 46; Istorija, I, p. 116.

    52 Les combats autour de Sirmium ont t dcrits par Mnandre le Protecteur (Excerpta de legationibus, II, p. 471-474 et I, p. 220 = Fontes, I, p. 92-98), et la conqute de la ville par Thophylacte Simokatta (Historia, d. C. de Boor, Leipzig, 1887, p. 44 sq. = Fontes, I, p. 105 sq.).

    53 V. Popovic, Le dernier vque de Sirmium, dans Revue des tudes augustiniennes, 87, 1973, p. 91-97.

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    La prise de Sirmium et le trait par lequel l'empereur s'engageait verser un tribut annuel de 80.000 solidi semblent avoir apais quelque temps les Avars. Mais ds 584, ils reprirent leurs attaques et s'emparrent des places fortes frontalires de Singidunum, Viminacium et Au- gustae54. L'occupation de ces forteresses ne fut que provisoire, mais elle affaiblit considrablement la dfense de ce secteur du limes et ouvrit la voie de nouvelles invasions barbares. En 585, pousss par le khagan, les Slaves pntrrent en Thrace et les troupes impriales ne parvinrent les battre que devant le Long Mur, tout prs de la capitale55. Il s'agit certainement d'une des rares attaques que les Slaves de Valachie aient entreprise l'instigation des Avars, dont ils taient en principe indpendants. Cette conclusion est confirme par la rponse que Priscus fit aux Avars lors de sa premire expdition contre les Slaves au nord du bas Danube : aux envoys avars venus protester, il rpliqua que le trait de paix avec le khagan ne signifiait pas que la guerre mene par les Byzantins contre les Slaves tait termine56. L'anne suivante (586) fut marque par de nouvelles offensive barbares, conduites cette fois par les Avars et les Slaves de Pannonie qui occuprent les forteresses de Ratiaria, Bononia, Aquis, Dorostolon, Zaldapa, Panassa, Marcianopolis et Tropaeum. L'empereur Maurice confia alors le commandement de l'arme Comentiolus, avec mission d'assurer le pouvoir byzantin dans les rgions situes entre l'Hmus (la chane des Balkans) et le cours infrieur du Danube57.

    De tout cela, il ressort que les annes 580-590 furent particulirement critiques pour les provinces balkaniques. Tout se passe comme si les Avars et les Slaves n'ignoraient pas que les armes de Maurice taient engages fond dans la guerre contre les Perses, et voulaient profiter de cette occasion pour dvaster sans rencontrer d'opposition les provinces byzantines. Ds ces annes-l certains indices dnotent

    54 Simokatta, p. 46 sq. (= Fontes, I, p. 106 sq.). 55 Simokatta, p. 52 sq. (= Fontes, I, p. 107 sq.); . Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4,

    1950, p. 56 sq.; L. Waldmller, Slawen, p. 130-136; V. Popovic, CRAI, 1980, p. 240; P. Lemerle, Miracula, II, p. 54.

    56. Simokatta, p. 232 sq. (= Fontes, I, p. 112 sq.). On trouvera cette interprtation de la situation des Slaves valaques dans Fontes, I, p. 107, n. 1; p. 113, n. 41 et dans L. Waldmller, Slawen, p. 143 sq.

    "Simokatta, p. 54 (= Fontes, I, p. 108 sq.); . Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 56 sq.; L. Waldmller, Slawen, p. 130-136; V. Popovic, CRAI, 1980, p. 240; P. Lemerle, Miracula, II, p. 54.

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    une pntration plus profonde des Avars et des Slaves en territoire byzantin. Ainsi, le premier recueil des Miracula s. Demetrii fournit une description dtaille des attaques contre Thessalonique. La premire prend place sans doute en 584 : le jour de la fte de saint Dmtrius (26 octobre) apparut sous les remparts un groupe de 5000 Slaves qui, aprs avoir menac la ville, se retira58. Si la date de cette attaque reste discute, celle de la seconde offensive avaro-slave contre Thessalonique a t rcemment tablie avec certitude : en septembre 586, une multitude de Slaves et d'Avars arriva devant la ville avec de nombreuses machines de guerre, et en fit le sige pendant sept jours59.

    En conclusion, les historiens byzantins Mnandre le Protecteur, Jean d'phse et Thophylacte Simokatta comme les Miracula s. Demetrii indiquent clairement que les annes 580-590 ont t marques par une grande offensive des barbares tablis aux frontires septentrionales des Balkans. Il est important de noter que les rcentes dcouvertes archologiques, surtout numismatiques, confirment ces donnes et illustrent bien les conditions de vie agites de ces annes-l. Les premiers pas dans l'utilisation de ce matriel ont t faits par J. Kovace- vic : il attira l'attention sur le trsor de monnaies (9 pices du village de Borec prs de Philippopolis (Plovdiv) contenant des pices de Justinien (527-565) et de Justin II (565-578), et il mit en rapport l'enfouissement de ce trsor avec la grande invasion slave de 578-57960. V. Popovic est all beaucoup plus loin dans l'exploitation des donnes de la numismatique. Par l'tude des trouvailles montaires dans un cadre gographique plus large, il a montr que la grande pousse slave des annes 581- 584 se reflte clairement dans les dcouvertes numismatiques. Ainsi, le trsor de Stobi, dcouvert en 1952, tout comme celui de Kratovo (2400

    58 P. Lemerle, Miracula, I, p. 126 sq. (= Fontes, I, p. 175 sq.). Nous avons adopt ici la chronologie de F. Barisic (Cuda Dimitrija Solunskog kao istorijski izvori, Belgrade, 1953, p. 33-70). Certains auteurs placent plus tard cette premire attaque slave contre Thessalonique : en 604 ou mme en 610. Cf. P. Lemerle, Miracula, II, p. 69-73.

    59 P. Lemerle, Miracula, I, p. 133-138 (= Fontes, I, p. 176-184). Puisque cette attaque a eu lieu sous Maurice et un dimanche 22 septembre, elle ne peut se placer qu'en 586 ou en 597. F. Barisic (Cuda, p. 33-37) avait depuis longtemps propos de la dater de 586, ce que de nombreux auteurs mettaient en doute. Rcemment, P. Lemerle (Miracula, II, p. 48 sq.) est revenu la date de 586. De mme L. Waldmller (Slawen, p. 172-178 et V. Popovic (MEFRA, 87, 1, 1975, p. 450 sq.).

    60 J. Kovacevic, Arheoloski prilog preciziranju hronologije slovenskog naseljavanja Bal- kana, dans Simpozijum, Sarajevo, 1969, p. 69 sq.

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    pices) se terminent par des monnaies de Justin IL Le trsor de Bargala (283 pices) renferme des exemplaires de l'empereur Maurice (582- 602) 61. Les invasions avares de ces annes-l ont laiss aussi des traces dans rillyricum de l'Est : Sadovets, par exemple, ont t trouvs des trsors de monnaies remontant aux premires annes du rgne de Maurice (582-584) 62. En analysant la provenance de ces trouvailles montaires, V. Popovic a observ qu'au cours du rgne de Maurice (582-602) la circulation des monnaies issues de l'atelier de Thessalonique avait tendance diminuer, tandis que celle des monnaies de l'atelier de Constantinople augmentait. La mme constatation peut se faire en Grce centrale, Corinthe et Athnes. V. Popovic explique ce phnomne par le fait qu'entre 581 et 584 les Slaves sjournaient en Macdoine et s'attaquaient mme en 586 Thessalonique63. En Illyricum du Nord, proximit du limes, la prise de Sirmium par les Avars occasionna l'enfouissement d'une autre srie de trsors sur le territoire de la Serbie actuelle : Boljetin (577-578), Tekija (579), Veliko Orasje (579) et Veliko Gradiste (580-581). Sadovets, la dernire monnaie de bronze provient de l'atelier de Constantinople (582-583) 64. Deux trsors dcouverts Margum (Veliko Orasje) et Pincum (Veliko Gradiste) contiennent des monnaies s'chelonnant jusqu' l'poque de Tibre II (578-582); ils ont certainement t enfouis lors des attaques avares qui suivirent la prise de Sirmium65. Les donnes des sources narratives comme les rsultats des recherches numismatiques montrent donc que les provinces byzantines des Balkans taient exposes, dans les annes 580-590, de violentes et frquentes incursions. Les rgions orientales taient particulirement frappes, car les envahisseurs empruntaient surtout les routes romaines conduisant vers la mer Ege, Thessalonique et Constantinople. Cette dcennie est sans doute le moment o l'Empire se trouvait dans la situation la plus critique, car il devait combattre sur plusieurs fronts : au nord des Balkans les Avars et les Slaves, en Orient les Perses. Informs de la guerre que l'arme impriale menait contre les Perses,

    61 V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 459 sq. 62 Ibid., p. 470-472. 63 Ibid., p. 462-464. 64 V. Popovic, CRAI, 1980, p. 242-244. 65 V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 467 sq. Dans Istorija, I, p. 116 sq., on ajoute qu'

    Narone, sur la cte dalmate, a t trouv un trsor de monnaies de Tibre II, qui aurait t enfoui aprs la conqute de Sirmium.

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    Slaves et Avars profitaient de ce que les rgions balkaniques taient dgarnies pour intensifier sans cesse leur pression.

    Dans le cadre chronologique des annes 580-590, il convient de placer le passage classique de la Chronique de Monemvasie concernant l'invasion des Avaro-Slaves et leur tablissement dans le Ploponnse. En rsum, cette source tardive prcise que les Avars (entendre : les Slaves) dvastrent la Scythie et la Msie, puis, lors d'une seconde attaque, s'emparrent de toute la Thessalie et de l'Hellade, de l'Ancienne pire, de l'Attique et de l'Eube, pour passer enfin dans le Ploponnse, qu'ils conquirent en lr'an 6096 (soit 587-588) et occuprent jusqu' la troisime anne du rgne de l'empereur Nicphore (802-811). Seule la ville de Monemvasie, l'extrme sud de la pninsule, demeura sous l'autorit des Grecs66. Donc, d'aprs cette source importante, les Slaves (appels Avars) avaient pntr jusqu' l'extrme sud des Balkans et conquis aussi le Ploponnse, qu'ils tinrent en leur pouvoir pendant 218 ans. Ce texte a t tudi et comment de nombreuses reprises, et des tentatives ont t faites encore rcemment pour apporter plus de lumire aux problmes qu'il pose. Tout en considrant comme dignes de foi la plupart des donnes de la Chronique de Monemvasie, P. Le- merle a nanmoins mis en doute l'installation en masse des Slaves dans le Ploponnse ds 587-588. son avis, l'auteur de la chronique savait que pendant la guerre de l'empereur Maurice contre les Perses (582- 591) les Slaves et les Avars avaient parcouru la pninsule balkanique et cette occasion dvast l'Hellade, par quoi l'on pouvait entendre aussi le Ploponnse il savait galement que les barbares atteignaient les Thermopyles et Corinthe avant mme le rgne de Maurice; il aurait donc, sur la base de ces informations, construit son rcit et recompos une chronologie. Tout en doutant donc de la date de 587-588, P. Le- merle concevait la pntration slave dans le Ploponnse comme une expansion graduelle et progressive dans une rgion o les Slaves ne prirent le dessus qu' la fin du VIIe sicle67. De son ct, I. Nestor, sans refuser toute valeur historique la Chronique de Monemvasie, n'admettait pas que l'installation massive des Slaves dans le Ploponnse puisse

    66 Cronaca di Monemvasia, introduzione, testo critico, traduzione e note a cura di I. Dujcev, Palerme, 1976, p. 8-16 (= Fontes, I, p. 286-288). Les mmes informations se retrouvent dans la scholie d'Arthas de Patras (= Fontes, I, p. 293 sq.).

    67 P. Lemerle, La chronique improprement dite de Monemvasie : le contexte historique et lgendaire, dans REB, 21, 1963, p. 34 sq.

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    remonter cette poque68. J. Karayannopoulos a repris l'analyse de la Chronique de Monemvasie et des sources apparentes (scholie d'Ar- thas, lettre du patriarche Nicolas II l'empereur Alexis Ier Comnne); considrant que les autres sources n'attestent pas d'invasions slaves dans le Ploponnse, il conclut qu'il n'y a pas eu de slavisation de cette rgion la fin du VIe sicle et que l'lment slave n'y a acquis la suprmatie que peu de temps avant l'expdition victorieuse du logothte Sta- vrakios en Grce (783) 69. P. Petrov est enclin lui aussi rejeter les donnes de la Chronique de Monemvasie comme celles des autres sources d'aprs lesquelles les Slaves auraient commenc coloniser les Balkans dans les deux dernires dcennies du VIe sicle. Selon lui, de telles interprtations proviendraient du dsir des historiens yougoslaves de montrer que les Slaves avaient atteint une organisation politique dveloppe avant l'arrive des Bulgares70. La pntration des Avaro-Slaves dans le Ploponnse est mise en rapport par Lj. Maksimovic avec leur attaque manque contre Thessalonique : aprs leur chec, les envahisseurs auraient continu leur route vers le sud et sjourn assez longtemps dans le Ploponnse71. Le problme de la vracit de la Chronique de Monemvasie a t, semble-t-il, rsolu par F. Barisic. Refusant l'interprtation de P. Lemerle, qui revient isoler les donnes chronologiques de l'ensemble de la chronique, F. Barisic fait remarquer que le passage relatif l'invasion des Avars est confirm par le rcit, dans Thophylacte Simokatta et Thophane, de la guerre qui se termina par la victoire des troupes impriales prs d'Andrinople en 587. C'est au cours de cette invasion que les Avars et les Slaves s'avancrent vers le sud et assigrent Thessalonique en 586. Le rcit que fait la Chronique de Monemvasie de la suite de leur expdition concorde avec un passage de l'Histoire ecclsiastique d'vagrios, o il est prcis que les Avars taient arrivs jusqu'au Long Mur et avaient pu prendre Singidunum, Anchialos et toute l'Hellade, ainsi que d'autres villes et forteresses, par-

    68 1. Nestor, Pntration, p. 61-63. Cependant, le mme auteur (ibid., p. 58 sq.) constate que Jean d'phse est le premier rapporter que les Slaves pillrent aussi l'Hellade, et que ce terme doit tre pris au sens classique et non pas comme indiquant tout l'Illyri- cum.

    69 J. Karayannopoulos, Zur Frage des Slawenansiedlungen auf dem Pepolonnes, dans Revue des tudes sud-est europennes, 9, 1971, p. 454-457.

    70 P. Petrov, Obrazuvane, p. 50. 71 Lj Maksimovi, ZRVI, 19, 1980, p. 47.

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    ce que l'arme byzantine se trouvait en Orient72. F. Barisic pense juste titre qu'vagrios dsigne par Hellade toute la Grce, Ploponnse compris, ce qui est appuy par d'autres sources. vagrios confirme galement les donnes chronologiques de la chronique, car il prcise que tout cela se passait avant l'anne 591, c'est--dire avant la conclusion de la guerre contre les Perses73. Il semble de plus que les informations de la Chronique de Monemvasie sur la profonde pntration des Slaves en Grce soient corrobores par les trouvailles numismatiques contemporaines. Les trsors de monnaies trouvs Olympie et l'agora d'Athnes se terminent par des exemplaires de Tibre II (578-582), tandis que des trsors de l'isthme de Corinthe et d'Athnes contiennent des monnaies s'chelonnant jusqu'au rgne de Maurice (582-602) 74. Rcemment, V. Popovic, adoptant les vues de P. Lemerle, rejetait les donnes de la Chronique de Monemvasie, mais croyait nanmoins que les Slaves avaient pntr alors dans les rgions sud-ouest de l'Illyricum (Nouvelle pire et Prvalitaine). l'appui de cette hypothse peuvent tre cites deux lettres de Grgoire le Grand, l'une du mois de mai 591, dans laquelle le pape conseille aux vques de T'Illyricum d'accueillir leurs collgues rfugis devant les invasions, l'autre de mars 592, dans laquelle il parle au prfet d'Illyricum des dvastations barbares75.

    72 The Ecclesiastical History of Evagrius with the Scholia, d. J. Bidez et L. Parmen- tier, Londres, 1898, p. 228 (= Fontes, I, p. 100 sq.).

    73 F. Barisic (Monemvasijska hronika doseljavanju Avaro-Slovena na Peloponez, dans Godisnjak naucnog drustva BiH, Centar za balkanoloska istrazivanja, III, Sarajevo, 1965, p. 102-107) explique le silence de Thophylacte Simokatta au sujet de l'expdition des Avaro-Slaves dans le Ploponnse par le fait que les historiens constantinopolitains ne rapportent gure que les vnements intressant directement la capitale, et omettent souvent ce qui se passe dans les provinces loignes. Ainsi, Thophylacte Simokatta dcrit les actions des Avars dans le sud-est des Balkans, mais nglige leur pntration vers Thessa- lonique et le Ploponnse. L. Waldmller (Slawen, p. 167 sq.) constate qu' cette poque la menace slave s'tendait la Grce, c'est--dire l'Hellade. J. Kovacevic (Kaganat, p. 55 sq.) signale les informations de la Chronique de Monemvasie, mais comme si elles ne concernaient que les Avars.

    74 V. Popovic, CRAI, 1980, p. 234. Le mme auteur souligne (ibid., p. 233) qu' l'Agora d'Athnes ont t notes des traces de destructions dates des environs de 580; vers cette date la population avait abandonn Corinthe pour se rfugier sur l'Acrocorinthe, o l'on a aussi dcouvert un trsor de monnaies, dont la dernire est un demi-follis de l'atelier de Thessalonique (583-584). Pourtant, V. Popovic considre que ces invasions n'ont pas donn lieu une installation dfinitive des Slaves, car l'intrieur du pays subsistaient des villes, qui allaient encore tenir environ trois dcennies.

    75 V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p, 451-454. Il rappelle qu'en juin 592 l'vque de

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    Quelle que soit, dans les annes 580-590, la profondeur de la pntration slave dans les Balkans, il est certain que la seconde partie du rgne de Maurice est caractrise par un changement total de la politique impriale. Maurice, ayant assur la paix avec les Perses, put porter la guerre sur la frontire nord des Balkans76. Notre source essentielle pour cette priode est le rcit par Thophylacte Simokatta des campagnes de Priscus et de Pierre, frre de l'empereur, qui assuraient tour de rle le commandement des troupes byzantines. Nous n'entrerons pas ici dans le dtail des oprations militaires, dont la chronologie, aussi bien chez Thophylacte que chez Thophane, prte discussion77. Ce qui est important pour nous, c'est de voir Maurice entreprendre des expditions contre les Slaves et les Avars au Nord du Danube, ce qui dmontre que les Slaves n'avaient pas encore colonis de faon permanente et massive les provinces balkaniques.

    Tout en laissant de ct les campagnes byzantines au nord du Danube, qui ne concernent la pninsule balkanique qu'indirectement, il nous faut dire un mot des invasions barbares de la dernire dcennie du VIe sicle. En 593, les Avars ordonnrent aux Slaves de construire des canots pour les transporter sur la rive droite du fleuve. Ils attaqurent d'abord Singidunum, suivirent le Danube jusqu' Bononia, passrent en Thrace, atteignirent Printhe sur la mer de Marmara et mme

    Lissus (Alessio) se trouvait dj en Italie. Cf. V. Popovic, CRAI, 1980, p. 244. L. Waldmller {Slawen, p. 200) a galement attir l'attention sur les donnes contenues dans la correspondance de Grgoire le Grand.

    76 M. Nystazopoulou-Pelekidou, (582-602), dans , 2, 1970, . 174 sq. L'auteur reprend (p. 149) d'anciennes thories sur la diffrence entre les Avars et les Slaves : alors que les premiers taient bien organiss, possdaient des institutions et entrenaient des relations diplomatiques avec les autres tats, les Slaves auraient manqu d'unit et men une vie nomade (ce qui est vrai aussi des Avars. Cf. aussi, P. Lemerle (RH, 211, 1954, p. 293) qui insiste sur le fait que la force principale des Slaves rsidait dans leur nombre.

    77 B. Grafenauer (Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 62-68) pensait que la premire expdition de Priscus contre les Slaves au nord du bas Danube eut lieu en 594. Cette datation, qui conditionne la chronologie de tous les autres vnements jusqu' la fin du rgne de Maurice (602), a t adopte par Fontes, I, p. 113-126, L. Waldmller, Slawen, p. 143 sq. Au contraire, M. Nystazopoulou-Pelekidou (op. cit., p. 160-170) pense que la premire campagne de Priscus a t entreprise au printemps 593. Cette chronologie est adopte par P. Lemerle, Miracula, II, p. 57.

  • INVASIONS ET INSTALLATION DES SLAVES 1Q3

    Tzouroulon devant le Long Mur, puis se retirrent en Pannonie78. L'arme impriale reprit l'initiative immdiatement aprs ette invasion; cela n'empcha pourtant pas la poursuite des incursions barbares au sud du Danube, notamment une attaque des Slaves contre les forteresses de Msie infrieure, qui se termina par une dfaite barbare, malgr l'attitude assez passive de l'arme impriale sous le commandement du frre de l'empereur, Pierre79.

    Nous avons vu que jusqu'alors les attaques des Avars et des Slaves affectaient essentiellement les rgions orientales de la prfecture d'Illy- ricum et la Thrace. . Grafenauer a certainement raison de souligner que la partie occidentale de la pninsule tait reste l'cart des invasions au moins jusqu' la chute de Sirmium (582). Les meilleures preuves en sont les lettres de Grgoire le Grand, o l'on voit que la province de Dalmatie sert de refuge aux habitants des rgions voisines, et le fameux sarcophage de l'abbesse Jeanne, originaire de Sirmium et morte Salone en 61280. Selon Thophylacte Simokatta, le khagan entreprit une expdition en Dalmatie en 597 et parvint jusqu' un lieu nomm Vonke, dtruisant 40 forteresses81. Tout le monde parat d'accord pour situer cette expdition avare en Bosnie actuelle et pour supposer que la forteresse de Vonke, inconnue par ailleurs se trouvait sur la route de Sirmium Salone. F. Barisic prsume qu'il s'agit de la forteresse de Buna (Bona), connue par les sources crites et proche de Mostar, ce qui signifierait une profonde pntration avare vers l'ouest82. Dans les dernires annes du VIe sicle, la menace barbare commence donc se

    78 Simokatta, p. 225 sq. (= Fontes, I, p. 112 sq.); J. Kovacevic, Kaganat, p. 56 sq.; Isto- rija, I, p. 118.

    79 Simokatta, p. 247 sq. (= Fontes, I, p. 117 sq.). M. Nystazopoulou-Pelekidou {op. cit., p. 160-168) date cette expdition slave de 594. Dans Istorija, I, p. 119 sq. est avance l'hypothse selon laquelle les dtachements byzantins attaqurent cette occasion des installations slaves existant dj en Thrace.

    80 . Grafenauer, Procs naseljavanja Slovena na zapadni Balkan i u istocne Alpe, dans Simpozijum, Sarajevo, 1969, p. 48 sq.

    81 Simokatta, p. 265 (= Fontes, I, p. 121). Dans la bibliographie rcente, cette expdition est date de 597. Cf. Fontes, I, p. 121; F. Barisic, Procs kolonizacije, p. 22 sq.; V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 484 sq.; J. Kovacevic, Kaganat, p. 98; L. Waldmller, Slawen, p. 206; Istorija, I, p. 122. P. Lemerle (Miracula, II, p. 60) place la campagne de Dalmatie en 596 ou plutt 597. M. Nystazopoulou-Pelekidou (op. cit., p. 170 sq.) la situe en t-automne 595.

    82 F. Barisic, Procs kolonizacije, p. 23.

  • 104 BOZIDAR FERJANCIC

    faire sentir aussi l'extrme nord-ouest des Balkans. Nous en trouvons l'cho dans une lettre de Grgoire le Grand l'vque de Salone Maxime (600) qui traduit les consquences de l'expdition avare en Dalma- tie83. Pourtant, la direction principale des attaques avaro-slaves continuait d'tre oriente vers l'est et le sud-est et de viser Constantinople mme, comme le prouve la grande expdition monte par le khagan l'extrme fin du VIe sicle84. Les guerriers avars s'attaqurent d'abord Tomis (aujourd'hui Constanta) pour se diriger ensuite vers le sud, sur Constantinople. Dans un second assaut, le khagan vainquit l'arme impriale sur les bords du Danube, puis pntra jusqu'en province d'Europe et prit la forteresse de Drizipera entre Andrinople et Constantinople. La population de la capitale fut prise de panique et le commandant byzantin, Comentiolus, accompagn de la garde et des milices urbaines, se porta au Long Mur pour dfendre l'approche de la capitale. Dj les Constantinopolitains affols commenaient d'abandonner la ville, lorsque la peste clata dans l'arme du khagan et le fora se retirer. Drizipera fut alors conclue une paix aux termes de laquelle le Danube redevenait la frontire entre les Avars et les Grecs85.

    La longue contre-offensive conduite par l'empereur Maurice (593- 602) fut interrompue par une brusque mutinerie des troupes qui refusrent de prendre leurs quartiers d'hiver sur la rive gauche du bas Danube. Un officier, Phocas, fut acclam empereur, se dirigea sur Constantinople la tte des insurgs, tua Maurice et accda au trne. On a tabli depuis longtemps qu'avec l'arrive au pouvoir de Phocas (602) commencent les annes dcisives pour le destin de la pninsule balkanique, car c'est alors que disparat le systme dfensif organis sur la Save et le Danube. On s'est beaucoup demand ces derniers temps si la dislocation du limes et l'installation en masse des Slaves qui en est la consquence ont commenc sous Phocas (602-610) ou un peu plus tard, sous Hraclius (610-614). Cette incertitude vient de ce que les donnes des sources crites ne sont ni nombreuses ni claires. Avec la

    83 F. Racki, Documenta historiae croaticae periodum antiquam illustrantia, Zagreb, 1877, p. 258; B. Grafenauer, Procs kolonizacije, p. 48 sq.

    84 Certains auteurs datent cette expdition de 599-600 (cf. B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 65-72; Fontes, I, p. 122), tandis que M. Nystazopoulou-Pelekidou (op. cit., p. 175) croit qu'elle a eu lieu en 597.

    85 Simokatta, p. 272 sq. (= Fontes, 1, p. 122); J. Kovacevic, Kaganat, p. 58 sq.; L. Waldmller, Slawen, p. 154 sq.; M. Nystazopoulou-Pelekidou, op. cit., p. 174 sq.; Istorija, I, p. 222.

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    fin de l'uvre de Thophylacte Simokatta se brise la chane des historiens romains et byzantins, de sorte que nous ne disposons pour le dbut du VIIe sicle que d'informations assez maigres. Les commentateurs anciens taient convaincus que l'anantissement du limes s'tait produit pendant le rgne de Phocas, ouvrant la voie une colonisation slave massive. Rcemment, B. Grafenauer s'est employ renouveler cette thse. Ainsi, il rapproche l'information de Thophane concernant une dvastation de la Thrace par les Avars en 603 de sources occidentales selon lesquelles le khagan avait demand au roi lombard Agilulf de lui envoyer des artisans pour construire des navires utiliser contre Byzance86. ces rares donnes, B. Grafenauer ajoute un passage de Jean de Nikiou qui rapporte que les Slaves dtruisirent en 609 toutes les villes chrtiennes d'Europe, sauf Thessalonique, qui disposait de puissants remparts87, et un passage d'Isidore de Seville racontant que dans la cinquime anne du rgne d'Hraclius les Slaves prirent aux Byzantins la Grce (c'est--dire la partie europenne de l'Empire) et les Perses la Syrie, l'Egypte et d'autres provinces88. B. Grafenauer est donc rest convaincu que le systme de dfense byzantin au nord des Balkans fut ananti au cours du rgne de Phocas (602-610).

    F. Barisic fait des mmes sources une analyse trs diffrente. Il part du texte dj cit de Paul Diacre, racontant que le khagan avait demand aux Lombards des charpentiers pour construire des navires, et remarque que le mme auteur ne parle nullement aprs cela d'une attaque avare dans les Balkans. Il revient ensuite au tmoignage classique de Thophane disant que les Avars dvastrent la Thrace et qu'H- raclius, arrivant au pouvoir, trouva les armes de l'est et de l'ouest pratiquement ananties, et met en parallle un autre passage du mme auteur dont le contenu est le suivant: en 611-612 les Perses conquirent Cesaree de Cappadoce et Hraclius se rendit compte que le pays tait en plein dsordre, car les Avars avaient transform l'Europe en dsert et les Perses avaient dvast toute l'Asie, asservi les villes et ananti l'arme des Grecs; l'empereur apprit mme que parmi ceux qui avaient

    86 Thophane, d. D. de Boor, Leipzig, 1883, p. 290; M. Kos, Gradivo za zgodovino Slovencev srednjem veku, I, Ljubljana, 1902, p. 138.

    87 Traduction franaise dans K. Jirecek, Die Romanen in den Stdten Dalmatiens whrend des Mittelalters, I, Vienne, 1901-1904, p. 26; . Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 75.

    *8MGH, AA, XI, p. 479; B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 76, n. 346; P. Lemerle, Miracula, II, p. 91; P. Petrov, Obrazuvane, p. 58 sq.

  • 106 BOZIDAR FERJANCIC

    combattu sous les ordres de Phocas, deux seuls taient encore en vie. Il est clair, d'aprs ces deux textes, que Thophane met la premire place les conqutes perses en Asie Mineure (entre 611 et 615) et qu'il place la mme poque les oprations des Avars en Europe89. Quant aux informations de Jean de Nikiou, F. Barisic pense qu'elles se rapportent des oprations ayant embrass toute la pninsule balkanique, mais qu'il est impossible de les situer prcisment en 609, car elles ne s'accordent avec aucune donne concernant le rgne de Phocas90. Il essaie enfin de renforcer ces observations par des considrations sur la politique gnrale de Phocas, qui fit tout pour maintenir la paix avec les Perses, et certainement aussi avec les Avars. Ces derniers connaissaient d'ailleurs aussi, dans les premires annes du VIIe sicle, de graves difficults : en l'an 600 le khagan avait t svrement battu par l'arme impriale sur la Tisa, et il avait intrt respecter du ct de Byzance une paix semblable celle qu'il avait conclue avec les Lombards91. En rsum, F. Barisic considre le rgne de Phocas (602-610) comme une priode de paix dans les rapports entre Byzance d'un ct et les Avaro- Slaves de l'autres. La colonisation slave de la pninsule balkanique n'aurait donc eu lieu que dans les premires annes du rgne d'Hra- clius92.

    Que son dbut soit placer sous Phocas ou sous Hraclius, la troisime vague d'invasions, celle de l'installation en masse, se poursuivit certainement pendant les premires dcennies du VIIe sicle. B. Grafe- nauer est sans doute proche de la vrit lorsque, dans un article rcent, il considre que cette crise dcisive commena vers la fin du rgne de Phocas et continua pendant le rgne d'Hraclius93. Nous pouvons apprcier les progrs accomplis pas les Slaves dans ces annes-l grce un passage des Miracula s. Demetrii ; lors de la description du sige avaro-slave de Thessalonique (614-616), l'auteur anonyme numre les rgions dvastes par les Slaves : la Thessalie, les les voisines, les les de l'Hellade, les Cyclades, toute l'Achae, l'pire, une grande partie de 11-

    89 Thophane, d. C. de Boor, p. 296, 299 sq.; F. Barisic, Car Foka (602-619) i podu- navski Avaro-Sloveni, dans ZRVI, 4, 1956, p. 75-79.

    90 Ibid., p. 82 sq. 91 Ibid., p. 83-86. 92 M. Ljubinkovic, Ka problemu kontinuiteta Iliri-Sloveni dans Simpozjum, Sarajevo,

    1969, p. 200, n. 4 adopte cette conclusion et souligne qu'elle parat confirme par certaines donnes archologiques, surtout les dcouvertes montaires.

    93 B. Grafenauer, Zgodovinyki casopis, 18, 1964, p. 223 sq.

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    lyricum et une partie de l'Asie94. Les attaques avares et slaves continurent au cours des annes suivantes : en 617 les Avares envahirent la Thrace. Hraclius chercha traiter, mais l'entrevue qu'il devait avoir avec le khagan Hracles se rvla tre un pige auquel il chappa de justesse, et aprs cet pisode les Avars reprirent leurs dvastations en Thrace95. Ces modestes informations tires des sources narratives laissent deviner un effondrement de la dfense byzantine l'intrieur mme de l'Illyricum dans les premires annes du rgne d'Hraclius. Cette hypothse, renforce par le texte des Miracula s. Demetrii qui atteste la prsence Thessalonique, vers 614-616, de rfugis de Nas- sus et de Serdica, a t en outre confirme par la dcouverte, dans l'Illyricum central, de toute une srie de trsors montaires enfouis dans les annes 610-61796.

    Simultanment, la colonisation slave progressait aussi au nord- ouest de la pninsule. Nous avons vu que les villes de la cte dalmate connurent jusqu' la fin du VIe sicle une tranquillit relative, et que la premire invasion en Dalmatie eut lieu en 597. La lettre de Grgoire le Grand l'vque de Salone Maxime montre qu'en juillet 600 les Slaves menaaient dj la cte97. Nous ne disposons sur la chute des villes byzantines du littoral dalmate que d'une tradition locale, qui est prserve dans le De administrando imperio de Constantin Porphyrognte et qui mentionne la prise de Salone et d'pidaure98. On considre gnralement que l'pitaphe de l'abbesse Jeanne de Sirmium, dcouverte il y a longtemps Salone et dat de 612, fournit un terminus post quern pour la chute de Salone et des villes voisines, et l'on suppose donc que Byzance cessa pratiquement d'exercer son autorit sur la cte dalmate

    94 P. Lemerle, Miracula, I, p. 175 (= Fontes, I, p. 188 sq.). P. Lemerle (Miracula, II, p. 88-90) est port croire que ces donnes se rapportent aux tribus slaves installes aux environs de Thessalonique. Cf. V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 493 sq.; P. Petrov, Obrazuvane, p. 58.

    95 Thophane, d. de Boor, p. 302 ; Nicephori archiepiscopi Constantinopolitani opus- cula historica, I, d. C. de Boor, Leipzig, 1880, p. 12 sq., 15; . Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 76 sq.

    96 P. Lemerle, Miracula, I, p. 186. Sur les dcouvertes montaires, cf. J. Kovacevic, Archeoloski prilozi, p. 60-67; V. Popovic, CRAI, 1980, p. 246-248; V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 494-496.

    97 F. Racki, Documenta, p. 258; B. Grafenauer, Zgodovinski casopis, 4, 1950, p. 71; V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 486 sq.

    98 Constantin Porphyrognte, De administrando imperio, d. G. Moravcsik et R. J. H. Jenkins, Washington, 1967, p. 122-124, 134, 138, 142 (= Fontes, II, p. 9-12, 20, 27-30).

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    vers 614. Malheureusement, les rsultats des fouilles archologiques ne peuvent pas ici confirmer cette date, car les trouvailles montaires sont trs peu abondantes pour ces annes-l en Dalmatie. On ne connat qu'un follis frapp Constantinople en 594-595, dcouvert prs de Pro- zor, et deux pices plus rcentes trouves Nalone : l'une du rgne de Phocas et l'autre d'Hraclius (613-614)".

    Ce qui vient d'tre dit permet de formuler quelques conclusions gnrales sur les invasions slaves dans la pninsule balkanique. L'analyse des sources crites montre d'abord qu'au cours de la longue lutte du VIe sicle entre l'Empire et les barbares, les attaques de ces derniers taient particulirement frquentes et violentes lorsque Byzance tait occupe ailleurs, dans des guerres difficiles, contre les Ostrogoths en Italie (547-553) ou contre les Perses en Orient (582-591). Les barbares taient videmment informs de l'impossibilit o se trouvait alors l'Empire de dfendre ses provinces balkaniques et intensifiaient leur pression sur la frontire danubienne. En second lieu, les sources, crites et autres, indiquent que les Slaves s'attardaient parfois assez longtemps sur le territoire byzantin, par exemple de 581 584 mais on ne peut parler encore au VIe sicle de colonisation permanente. Le fait que la grande contre-offensive de Maurice (593-602) ait t dirige vers les rgions situes au nord du Danube et de la Save prouve que l tait encore situe la grande majorit des tablissements avaro-slaves. Enfin, les directions des invasions rvlent les vritables intentions des barbares. Il est naturel que les Slaves indpendants de la rive gauche du bas Danube aient surtout attaqu les provinces orientales des Balkans, en suivant les routes qui menaient au littoral de la mer Ege et Constantinople. Mais les Avars et les Slaves qui leur taient soumis suivaient gnralement, dans la seconde moiti du VIe sicle, les mmes directions, en partant de la Pannonie et en traversant le cours moyen du Danube. Ce n'est que dans les premires dcennies du VIIe sicle, lorsque le systme dfensif byzantin fut totalement disloqu, que les Slaves se rpandirent dans toute la pninsule balkanique, et s'installrent de facon permanente sur la plus grande partie de ces territoires.

    Bozidar Ferjancic

    "V. Popovic, MEFRA, 87, 1, 1975, p. 487 sq.; L. Waldmller (Slawen, p. 209) note que les monnaies les plus rcentes trouves Narone datent du rgne de Tibre II (578- 582).

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    INTERVENTIONS

    Franois Baratte :

    M. Lemerle ayant demand quel pouvait tre l'apport de l'archologie aux problmes traits par M. Ferjancic, M. Baratte souligne deux points particuliers : l'apport essentiel de la numismatique, tout d'abord, que viennent d'illustrer les enqutes de M. Popovic : elle permet de fixer dans le temps un certain nombre d'vnements violents; mais aussi l'imprcision qui demeure bien souvent dans la datation des vestiges slaves, qui peuvent difficilement intervenir dans une discussion chronologique.

    Gilbert Dagron :

    Parmi les sources qui nous renseignent sur les Slaves la fin du VIe sicle, le Stratgikon de Maurice, que M. Ferjancic connat bien, me pose un problme : vers 595/600 il dcrit la lutte contre les Slaves sur le Danube comme si le limes tenait encore, et paradoxalement il voque les nombreux prisonniers emmens en captivit par les Slaves au cours de leurs razzias dans tout l'Illyri- cum et qui ont, dj cette date, un mode de vie mixte. On se dfie dj de ces refougoi comme bien plus tard dans les Miracles de saint Dmtrius, lorsqu'ils reviennent en terre romaine. La situation parat tre celle que dcrit M. Popovic dans un rcent article : les premires implantations slaves se font aprs les raids de la deuxime moiti du VIe sicle, au sud et non pas dans la rgion danubienne. Lorsque la Grce commence tre slavise, le limes tient encore.

    InformationsAutres contributions de Boidar FerjaniCet article est cit par :Phane Drossoyianni, Mando Oeconomides. A hoard of byzantine gold coins from Samos, Revue numismatique, 1989, vol. 6, n 31, pp. 145-182.

    Cet article cite :Popovic Vladislav. Aux origines de la slavisation des Balkans : la constitution des premires sklavinies macdoniennes vers la fin du VIe sicle. In: Comptes-rendus des sances de l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres, 124e anne, N. 1, 1980. pp. 230-257.Lemerle Paul. La Chronique improprement dite de Monemvasie : le contexte historique et lgendaire. In: Revue des tudes byzantines, tome 21, 1963. pp. 5-49.

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