Aspects économiques de la protection des stocks

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Ce document présente les aspects économiques de la protection des stocks.

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Aspects conomiques de la protection des stocks l'exemple du mas dans le Sud du Togo

160 pages

Helmut Albert "Und was verschwand, wird mir zu Wirtlichkeiten" Johann Wolfgang von Goethe (Faust I, 32) Publi en 1992 par: GTZ-Projekt fr Nacherntefragen Pickhuben 4, D-2000 Hamburg 11, RFA Un projet de la coopration technique ralis par: Deutsche Gesellschaft fr Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH Postfach 6160, D-5236 Eschborn 1

Table des matiresAbrviations Units de mesure Cours du change 1. Introduction1.1 Problmatique 1.2 Objectifs de la prsente tude

2. Collecte des informations et mthodes d'enqute2.1 Rgion d'enqute 2.2 Collecte des donnes

3. Analyse du systme de post-rcolte mas3.1 Le systme de post-rcolte de la Rgion Maritime 3.1.1 Aperu de la connexit des systmes 3.1.2 Commercialisation du mas 3.1.3 Stockage du mas 3.1.4 Pertes au sein du systme de post-rcolte 3.1.5 Mesures de protection des rcoltes 3.2 Le systme de post-rcolte dans l'exploitation agricole 3.2.1 Exploitations et mnages considrs en tant que systmes 3.2.2 Aperu du systme de post-rcolte sur l'exploitation 3.2.3 Besoins en mas et utilisation du mas 3.2.4 Mthodes de stockage du mas 3.2.5 Causes des pertes de mas au cours du stockage 3.2.6 Mesures de protection des stocks de mas

4. Analyse des pertes de stockage de mas chez les petits paysans4.1 Matriels et mthodes 4.1.1 Matriel d'examen et variantes adoptes pour les essais 4.1.2 Mthodes d'tablissement des pertes 4.2 Rsultats 4.2.1 Evolution des dommages 4.2.2 Evolution des pertes 4.3 Analyse critique

4.3.1 Comparaison des diffrentes mthodes d'tablissement des pertes 4.3.2 Evaluation des pertes de stockage

5. Aspects conomiques de la protection des stocks5.1 Dfinition de la notion de procd de protection des stocks 5.2 Fondements mthodiques 5.2.1 Dtermination du rendement d'un procd de protection des stocks 5.2.2 Dtermination des cots d'un procd de protection des stocks 5.2.3 Approches mthodiques des questions conomiques 5.3 Evaluation conomique des procds de protection des stocks 5.3.1 Description du modle 5.3.2 Base de donnes et dduction des hypothses de modles 5.3.3 Evaluation conomique des procds de protection des stocks 5.3.4 Synthse et valuation des calculs modles

6. Evaluation globale et recommandations au niveau de l'assistance-conseil6.1 Evaluation d'ensemble des procds de protection des stocks 6.1.1 Evaluation socio-conomique des procds de protection des stocks 6.1.2 Evaluation socioculturelle des procds de protection des stocks 6.1.3 Evaluation technique des procds protection des stocks 6.1.4 Aspects de l'conomie nationale des procds de protection des stocks 6.2 Recommandations en matire d'assistance-conseil 6.2.1 Contenus de l'assistance-conseil 6.2.2 Indications relatives aux tches d'assistance-conseil

7. Rsum et conclusions 8. Bibliographie

Abrviations2/86 1/87 2/87 CNCA DESA DRDR GTZ JT MCP MDP MPE MPMG MS MVPS PE PPS Sce PV S/E TOGOGRAIN Mas de la rcolte de la petite priode de vgtation 1986 ou mas de la petite priode de stockage 1986 Mas de la rcolte de la grande priode de vgtation 1987 ou mas de la petite priode de stockage 1987 Mas de la rcolte de la petite priode de vgtation 1987 ou mais de la petite priode de stockage 1987 Caisse Nationale de Crdit Agricole Direction des Enqutes et Statistiques Agricoles Direction Rgionale du Dveloppement Rural Deutsche Gesellschaft fur Techniche Zusammenarbeit Jour de travail Mthode du comptage et du pesage Mthode des dommages et pertes Mthode du poids des chantillons Mthode du poids de 1000 grains Matire sche Mthode du volume/poids standard Petit entrept Procd de protection des stocks Service de la Protection des Vgtaux Suivi et Evaluation Office National des Produits Vivriers

Units de mesurecm q g ha kg km l m m ppm t % centimtre quintal (100 kg) gramme hectare kilogramme kilomtre litre mtre mtre cube parts per million tonne pour cent

Cours du changeFCFA Franc de la Communaut Financire Africaine Le taux de change par rapport au FF (franc franais) est fix depuis 1948 50: 1

1. IntroductionImposante et rebondie, la population mondiale ne cesse de crotre rythme soutenu. Son chiffre actuel, qui est de 5,3 milliards d'hommes, va passer d'ici la fin du sicle plus de 8 milliards d'individus (FAO 1990). Cette volution va entraner une demande sans cesse accrue en denres alimentaires, notamment dans les pays forte croissance dmographique. Dans nombre de pays d'Afrique et d'Asie, il faut s'attendre une aggravation du problme de l'alimentation, ainsi qu'a une recrudescence de la malnutrition et de la sous-alimentation Dans le mme temps, on assiste un accroissement des exigences poses par certaines catgories de revenus au niveau de l'approvisionnement (exigences qualitatives vis--vis des produits), ce qui se rpercute l encore au niveau de l'offre et de la demande. On s'est efforc dans le pass de poursuivre principalement deux stratgies visant rsorber le dficit alimentaire Des efforts ont t dploys d'une part pour satisfaire une demande croissante par l'augmentation de l'offre, tout en essayant d'endiguer les taux d'accroissement dmographiques par le biais du contrle des naissances et du planning familial, et cela en vue de limiter la demande. La mise en culture de nouvelles surfaces, ou encore l'exploitation plus intensive des surfaces agricoles dj cultives, peut permettre d'accrotre l'offre en produits alimentaires. L'largissement des surfaces cultivables se heurte toutefois, notamment dans les rgions a forte densit de population, ses limites naturelles. Du tait de la rduction corollaire des priodes de jachre, le sol devient un facteur de plus on plus rare. La mise on culture d'espces a haut rendement, les engrais minraux et les mesures de protection des plantes permettent de garantir et d'augmenter les revenus on nature. Ceci exige toutefois de la part des exploitations agricoles des capitaux suffisants. Les petites exploitations orientes vers l'conomie de subsistance no disposent la plupart du temps que de capitaux limits, ce qui rduit les possibilits d'achat de moyens de production. Il existe en gnral au niveau de l'approvisionnement de la population en denres alimentaires un certain dcalage temporel et spatial entre la production et la consommation, dcalage que vient combler le stockage. Toute perte survenant dans le cadre de la priode de postproduction se traduit par une rduction du volume de nourriture potentiel. En tant que possibilit d'amliorer l'offre en nourriture, les mesures de protection des rcoltes et des stocks acquirent dans cette perspective une importance sans cesse croissante. Cette ''troisime option" n'est pas une invention de l'poque agraire postmoderne, mais plutt un retour certaines techniques lmentaires destines assurer la survie de lhomme. Avec l'intensification du commerce des denres alimentaires, qui vise a rduire certains dficits alimentaires rgionaux, la protection des denres stockes a acquis une dimension nouvelle. Le commerce international des denres alimentaires s'accompagne cependant d'effets secondaires ngatifs, et parmi eux l'introduction de maladies et de ravageurs. Exemple typique de ce phnomne: l'introduction dans un certain nombre de pays africains, du Grand Capucin des Grains (Prostephanus truncatus HORN), un dangereux ravageur des stocks.

1.1 ProblmatiqueSelon MAY(1977), les pertes mondiales survenant avant et aprs la rcolte se chiffrent env. 48 96, La "NATIONAL ACADEMY OF SCIENCES' (1977, p. 168) estimait pour 1935 les pertes probables de post rcolte 47 millions de tonnes pour les seuls pays en voie de

dveloppement. Cette volution souligne limportance, aussi bien que la ncessit, de la recherche en matire de systmes de post-rcolte. De vastes recherches ont t entreprises depuis lors dans le domaine de la post-rcolte (GARDNER et ai. 1987; SALUNKHE et ai. 1985, WRIGHT 1988; SCHULTEN 1982; MORRIS 1978; ADAMS 1977b). SALUNKHE et ai. (1985, p. 1 et suiv.) ont fait le point des rsultats des recherches menes jusque-l, taisant remarquer qu'en dpit de l'intensit des efforts dploys, on n'tait toujours pas en mesure de rduire durablement les pertes de post-rcolte. La difficult, dans l'tude des problmes poss par la post rcolte, rside dans l'htrognit et la complexit de leurs effets. Une mthode d'analyse directement axe sur le systme et allant au-del du schma de pense unidimensionnel cause/effet permet d`apprhender le systme de post-rcolte en tant que complexe dynamique comportant de multiples facteurs. S'il est vrai que l'on trouve dans certains ouvrages consacrs la problmatique de la postrcolte des approches analytiques des systmes, comme par ex. chez McFARLANE (1983), SALUNKHE et ai. (1985), MULTON (1982a), HULSE (1981), HUYSMANS (1981), HARRIS et LINDBLAD (1978), NATIONAL ACADEMY OF SCIENCES (1978), SPURGEON (1976), REUSSE (1976a 1976b), la plupart de ces tudes ne prtent toutefois qu'une attention insuffisante l'examen des connexits interdisciplinaires. Il existe entre-temps de trs nombreuses tudes entomologiques consacres la biologie des ravageurs des stocks et a l'efficacit des mesures (chimiques) de protection des denres stockes. Les travaux de recherche sur le Grand Capucin du Mais fournissent cet gard un exemple typique. La biologie de ce coloptre nuisible a tait au cours de ces dernires annes l'objet d'tudes particulirement approfondies. Ces travaux mettent l'accent sur les aspects entomologiques et sur la problmatique de la dtermination des pertes. L'valuation conomique des pertes et le rendement des mesures de protection des stocks n'y sont en revanche qu' peine abords ou traits de manire insuffisante. Dans la bibliographie qu'il a rassemble sur Prostephanus truncatus, WRIGHT (1938) mentionne 149 travaux, mais aucune de ces tudes ne traite des problmes conomiques poss par la protection des stocks. Les tudes qui prennent galement en compte les aspects conomiques de la problmatique de post-rcolte demeurent encore a l'heure actuelle l'exception (PANTENIUS 1987, NARVAEZ et ai. 1985, LISCHKA 1982, GOLOB 1981, ADAMS et HARMAN 1977, BOXALL et ai. 1977, LIPTON et ai. 1974). La bibliographie constitue par GARDNER et ai. (1987), consacre a la "Research on Economic Post-harvest Loss" (recherche sur les pertes conomiques de post-rcolte), tait tat pour l'Afrique de deux tudes seulement traitant galement les aspects conomiques du stockage des denres. Autre difficult le manque de donnes exactes et comparables concernant les pertes (GREELEY 1987, p. 13). On trouve trs frquemment dans la bibliographie des estimations globales et grossires des pertes. Une tude ralise par ADAMS (1977b) sur la bibliographie consacre aux pertes de crales et de lgumineuses a montr que sur les 126 publications analyses 11 seulement fournissaient suffisamment d'informations pour pouvoir comprendre les valuations de pertes. Depuis le dbut des annes quatre-vingts, on a de plus en plus tendance critiquer l'importance prsume des pertes de post-rcolte, que l'on considre gnralement comme exagre (GREELEY 1985. p. 6; STEVENSON t 984, p. 6; TYLER et BOXALL 1964, p. 4; PREVETT 1962, p. 241; TYLER 1932, p. 21). Les difficults que prsente l'estimation des pertes rsident dans l'htrognit et la diversit des systmes de post-rcolte. Il n'existe ce jour aucune mthode universelle d'estimation des

pertes. Rien que pour le mais, PANTENIUS (1967) se livre une comparaison de quatre mthodes d'estimation quantitative des pertes. L'estimation des pertes est de toute vidence une opration difficile, du tait que les analyses dtailles sont coteuses et demandent beaucoup de temps, ainsi qu'un travail considrable.

1.2 Objectifs de la prsente tudeC'est dans la perspective de ces diffrents problmes et de la signification particulire de la protection des stocks pour nombre de pays en voie de dveloppement que s'inscrivent les objectifs vises et les mthodes employes dans ce travail. La prsente enqute s'articula autour des thmes suivants: 1. Le systme de post-rcolte mais au Togo est analys dans une perspective directement axe sur le systme lui-mme. L'objectif de l'tude est de dcrire en dtail les filires du mais', depuis la production jusqu'au consommateur final, la saisie quantitative dans le temps des "flux de mais, ainsi que de dcrire et d'analyser le systme de post-rcolte des petites exploitations agricoles. Dans le cadre de l'approche directement axe sur le systme, le systme de post-rcolte mas n'est pas examine isolment, mais en tant que lien entre la production et la consommation. La corrlation entre ce systme de postrcolte et le systme exploitation/mnage s'exprime de nombreux niveaux lorsqu'il s'agit des ressources disponibles et des besoins des individus. 2. Les indications portant sur les pertes constituent une condition primordiale toute analyse conomique dans le secteur de la protection des stocks. Diffrents essais permettent de dterminer les pertes survenant dans le stockage du mas sur l'exploitation, compte tenu des diverses mthodes de stockage et mesures de protection des stocks. 3. Cette tude vise principalement l'laboration d'une approche adquate (modle), capable d'apporter des rponses aux problmes conomiques poss par la protection des stocks. Elle s'appuie en l'occurrence, d'une part sur les donnes concernant la protection des stocks dans le contexte du systme rgional et paysan de post-rcolte, et d'autre pan sur les rsultats des essais. 4. On trouvera dans la partie finale de cette tude divers contenu:, fondes sur les rsultats d'enqute et les calculs de modles, dvelopper au niveau de l'assistance en matire de protection des stocks, ainsi qu'un certain nombre d'indications au Service National de la Protection des Vgtaux pour son travail d'assistance-conseil.

2. Collecte des informations et mthodes d'enquteLes lments d'information exploits dans cette tude reposent sur des enqutes et recherches effectues au cours d'un sjour sur le terrain, au Togo, entre octobre 1986 et fvrier 1939.

2.1 Rgion d'enquteOn a slectionn comme rgion d'enqute une zone situe dans le sud du Togo, qui se prtait particulirement bien la forme d'enqute projete. Les critres qui ont prside au choix de la rgion taient les suivants: a. Un produit type, jouant un rle essentiel dans la production, le stockage et l'alimentation. b. De petites exploitations, orientes avant tout vers la subsistance, mais qui commercialisent galement leurs produits, et sur lesquelles aussi bien la consommation propre que l'approvisionnement du march rendent un stockage ncessaire. c. L'existence de mthodes de stockage traditionnelles et de mthodes amliores, ainsi que la mise en uvre de mesures de protection des stocks. La rgion littorale du Togo Rgion Maritime) remplit toutes ces conditions. Au niveau pratique, le critre de slection retenu a t la menace croissante que reprsente pour les docks de mais, l'aliment de base essentiel dans la rgion, l'introduction de Prostephanus truncatus, un ravageur des denres stockes. Depuis sa premire apparition en 1984 (KRALL 1984, p. 28), ce coloptre nuisible s'est propag dans tout le sud du Togo, passant mme dans deux pays limitrophes, le Bnin et le Ghana. Plus d'un tiers de la population totale du pays vit dans la Rgion Maritime, qui est en mme temps la circonscription administrative la plus mridionale et qui reprsente 11 % du territoire national (DIRECTION DE LA STATISTIQUE 1988, p. 11). Dans les 5 prfectures que compte cette rgion (Golfe, Lacs, Vo, Yoto, Zio), dont le sol se compose en majeure partie d'argile rouge ferralitique (terres de barre), on cultive principalement le mais, le manioc et le palmier huile. Alors que l'intrieur du pays ne connat qu'une seule priode de pluie, la rgion du littoral se caractrise au contraire par une rpartition bimodale des pluies, avec une grande priode de pluie d'avril juin, et une petite priode de pluie de septembre a octobre.

2.2 Collecte des donnesLa collecte des donnes avait pour but de fournir une base d'informations suffisante du point de vue qualitatif et quantitatif. En fonction de l'importance des donnes requises, on a slectionn des chantillonnages, rduits ou au contraire plus vastes, que l'on a examins du point de vue de leur validit, de leur fiabilit et de leur reprsentativit, ou encore effectu uniquement des sondages analogues des tudes de cas. Les enqutes figurant dans la prsente tude sont aussi bien descriptives qu'analytiques. Suivant leur importance et la problmatique traite, elle: se prsentent sous forme d'tudes en coupe ou d'tudes longitudinale:. Pour traiter le: questions complexes, on a eu recours plusieurs mthodes Pour ce qui est de la provenance de: donnes, il :'agit principalement de donnes collectes personnellement par l'autour (collecte primaire). On a pu avoir partiellement recours .1 des donnes dj existantes (analyse secondaire).

On peut subdiviser la collecte des donnes en ses diffrentes composantes, les essais "on farm", la collecte sur l'exploitation et les collectes complmentaires. Les diffrentes composantes de la collecte d'informations sont rsumes dans les tableaux 2.1 2 3 au moyen de paramtres descriptifs tels que la source de donnes, la date/dure du prlvement, l'instrument employ, la mthode utilise et es objectifs poursuivis. Essais "on-farm" Los essais "on-farm" (tableau 2.1), dsigns dan: la suite par essai 2/86, essai 1/87 et essai 2/87 ont 616 effectus au cours de trois priodes de stockage Les sites d'essai ont t slectionns a la suite de diverses visites d'inspection dans la Rgion Maritime, ainsi que sur la base d'une enqute crite, mene par plusieurs reprsentants du service d'assistance de la "Direction Rgionale du Dveloppement Rural' (DRDR)

Fig. 2.1: Rpartition locale des villages choisis pour les essais (fermes exprimentales) et collecte de donnes sur l'exploitation (exploitation DESA)

Table 2.1: Essais "on-farm" Dsignation Source de Date/dure Instrument donnes Essai 2/88 Fermes janv. 87 Prlvement exprimentale juin 87 d'chantillon (n = 18) Formulaire d'enqute Essai 1/87 Fermes juil 87- fv. Prlvement exprimentale 88 d'chantillon (n = 24) Formulaire d'enqute Essai 2/87 Fermes fv. 88- oct Prlvement exprimentale 88 d'chantillon (n = 4) Mthode Essai Interview Objectif

Quantification de pertes Analyse du systme de stockage Individuel Saisie des prlvements de mas Essai Quantification de pertes Interview Essais avec insecticides binaires Individuel Saisie des prlvements de mas Essai Quantification de pertes

La slection des fermes exprimentales a t opre en collaboration avec le "Service National de la Protection des Vgtaux" (Sce PV) qui, avec l'assistance de la "Deutsche Gesellschaft fr Technische Zusammenarbeit GmbH' (GTZ), s'occupe depuis des annes des problmes de stockage et de protection des stocks dans cette rgion. Les fermes exprimentales ont t slectionnes en fonction des critres suivants:

Volume suffisant de mas rcolt et emmagasin Mthodes de stockage compatibles avec l'essai envisag Mesures de protection des stocks compatibles avec l'essai envisag Eloignement par rapport au Sce PV Libre accs aux exploitations durant toute l'anne Disposition des exploitants a la coopration

Les fermes exprimentales sont situes dans 4 villages (Tsvie, Davi, Mission Tov, Wli) de la Prfecture de Zio, qui fait partie de la Rgion Maritime, et sont distants de 3-0 50 km de Lom (figure 2.1), On a dtermin au cours des essais les pertes de stockage dans le temps, et ce pour diverses mthodes de stockage (stockage en pis, stockage en grains) et mesures de protection des stocks (moyens traditionnels, moyens chimiques), en utilisant en loccurrence diffrentes mthodes d'tablissement des pertes, test par ailleurs de nouveaux insecticides (binaires), et procd a une saisie des prlvements de mas et de son utilisation. Enqutes sur les exploitations et dans les mnages La slection des exploitations auprs desquelles ont t collectes les donnes socioconomiques a t opre en collaboration avec le service des statistiques agricoles, la Direction des Enqutes et Statistiques Agricoles" (DESA).

Table. 2.2: Collecte de donnes sur les exploitations Dsignation Enqute 1 Source de donnes Exploitations DESA (n = 159) Fermes exprimentale . (n = 20) Date/dur e oct. 87 nov. 87 Instrumen t Question. individuel Mthode Interview individuel Objectif Sensibilisation aux interviews Analyse de situation stockage Pesage de mesures de capacit mas Questions sur la rcolte de mas 1/87 Analyse exploitation/mnag e Questions sur la rcolte de mas 2/87

Formulaire d'enqute

Mesure Pesage

Enqute 2

Exploitations DESA (n= 159)

mars 88 mai 88

Question. individuel

Interview individuel

Enqute 3

Fermes exprimentale . (n = 20) Exploitations DESA (n= 159)

sept. 88 oct. 88

Question. individuel

Interview individuel

Analyse exploitation/mnag e Questions sur la rcolte de mas 1/88 Commercialisation du mas

Donnes DESA (1)

Fermes exprimentale . (n = 20) DESA

juil. 88

Formulaire d'enqute

Transfert de donnes

ZIOI,II,III,I V (2)

Fermes exprimentale (n = 20)

juin 87 nov. 87 juin 88 nov. 88

Question individuel

Interview individuel

ZIO V

Fermes exprimentale . (n = 20)

nov. 88 dc. 88

Formulaire d'enqute Question. individuel

Mesures Interview individuel

Amnagement des surfaces Rpartition des surfaces cultives Cheptel Amnagement des surfaces Rpartition des surfaces cultives Cheptel Equipement des exploitations Main d'uvre salarie Temps de travail

par culture WLI (3) Fermes oct. 87Question. Interview Structure exprimentale dc. 88 individuel individuel recettes/dpenses (n = 6) Autoapprovisionnement Formulaire Discussion Calendrier de mise d'enqute s de groupe en culture Calendrier de travail (1 ) DESA = Direction des Enqutes et Statistiques Agricoles (2) ZIO = Prfecture de la Rgion Maritime (3) WLI = Village de la prfecture de ZIO Sur la base d'un recensement agricole organis en 1982/83, la DESA a slectionn dans 53 villages de la Rgion Maritime respectivement 3 exploitations, selon un processus plusieurs niveaux, fond sur des critres de probabilit (DESA 1984, p. 11). Avec l'appui de la DESA, on a effectu dans les n = 159 exploitations DESA concernes par la prsente enqute un certain nombre d'interviews. La collecte des donnes socio-conomiques auprs du systme exploitation/mnage/famille s'est droule trois niveaux. Le premier niveau englobait les n = 159 exploitations DESA. Le deuxime niveau englobait (n = 20) des fermes exprimentales, dans lesquelles des donnes ont t collectes intervalles d'un mois. Le troisime niveau englobait une partie (n = 6) des fermes exprimentales. Les donnes ont t ici collectes chaque semaine durant une anne. L'enqute globale a t divise en trois phases d'interviews. On a interrog sur chacune des exploitations toutes les personnes cultivant ou stockant du mas. Lors de la premire phase, on a interrog n = 406 personnes, n = 442 personnes au cours de la deuxime phase, et n = 462 personnes au cours de la troisime phase. Collecte de donnes complmentaires L'examen des donnes fournies par la seule exploitation n'est pas suffisant pour procder une valuation globale de la problmatique considre, ce qui nous a amen largir l'enqute en y intgrant les interactions existant entre l'exploitation et le mnage, d'une part, et les marchs ainsi que les systmes de stockage pratiqus d'autre part. Les donnes complmentaires figurant au tableau 2.3 ont t intgres l'enqute au cours du travail. Table. 2.3: Collecte de donnes complmentaires Dsignation Source de Date/dure Instrument donnes Neem Exploitations juin 88 Question. DESA et individuel fermes exprimentale (n= 11) March Marchs de la oct. 88 Question. Rgion (n = individuel 6) Formulaire d'enqute Mthode Interview individuel Objectif Analyse de l'emploi du neem dans la protection des rcoltes

Observation Interview Analyse du march individuel Observation Pesage

Magasin fumigable

Groupement villageois (n = 11)

nov. 88 jan. 89

Question. de groupe Formulaire d'enqute

Interviews de groupe Observation

Evaluation des magasins fumigables

3. Analyse du systme de post-rcolte masPour reprendre les termes de BOURNE (1977, p. 4) et de HARRIS et LINDBLAD (1978, p. 11), la notion de post-rcolte comprend "Lensemble des faits commenant aprs la rcolte d'un fruit mr, sur les lieux ou dans le milieu de formation, jusqu' sa consommation finale par l'homme". "Par systme, on entend une structure compose de diffrents lments, dont chacun est en relation avec les autres. Dans le cas d'un systme ouvert l'environnement, ces relations s'exercent galement vers l'extrieur. Les relations existant l'intrieur du systme sont plus intenses que celles qui le relient au monde extrieur, et font par l-mme apparatre ce systme comme une entit homogne" (DOPPLER 1985, p. 83). Le systme de post-rcolte mas dans le sud du Togo peut tre considr comme un systme ouvert, reli ses phases antrieures et postrieures par des rapports d'interaction. La phase antrieure regroupe l'ensemble des activits lies la production et la rcolte, la phase postrieure comprenant la consommation et l'utilisation du mas Considr d'un point de vue holiste, le systme paysan de post-rcolte se conoit comme un sous-systme au sein de l'ensemble exploitation/mnage/famille. Ce systme lui-mme relve de systmes rgionaux, qui s'inscrivent leur tour dans les systmes existant au niveau national. Pour une rgion donne (conomie nationale) le systme de post-rcolte constitue en l'occurrence une structure dynamique, dans laquelle les diffrents systmes partiels sont relis entre eux par des rapports d'interaction, et dans laquelle l'homme, en tant qu'lment agissant, exerce une fonction de commande.

3.1 Le systme de post-rcolte de la Rgion Maritime3.1.1 Aperu de la connexit des systmes Le systme de post-rcolte des petites exploitations agricoles, et en particulier le systme de stockage pratiqu au niveau individuel, constitue le systme partiel essentiel au sein du systme global de post-rcolte (cf. figure 3.1). Suivant le lieu de consommation final (autoconsommation sur l'exploitation agricole, vente) et l'utilisation qui en est faite (nourriture, semence, aliment pour le btail), le mas passe par diffrents circuits. En fonction du degr de commercialisation, diverses personnes (dcideurs) sont en mesure d'influer sur le mas au sein du systme de post-rcolte, que ce soit au moment de la transition entre deux niveaux (transport), dans une phase stationnaire (stockage), ainsi que lors de la transformation en d'autres produits (traitement). Quand il n'est pas utilis pour les besoins propres de l'entreprise, le mas est transmis au consommateur final par le biais du systme de commercialisation. Le systme de post-rcolte s'augmente dans ce cas d'une composante de commercialisation, le march apparaissant alors comme le lien entre le producteur et le consommateur. Il y a ainsi une connexit directe entre la complexit du systme de post-rcolte et le degr de commercialisation.

Fig. 3.1: Systme de post-rcolte du mas de la Rgion Maritime Le mas qui vient s'intgrer au systme provient principalement de petites exploitations agricoles. Il est certain que sur un territoire aux limites bien dfinies, comme la Rgion Maritime, l'approvisionnement en produits peut tre complt par des importations partir de rgions voisines et/ou en provenance de l'tranger. C'est l'entreprise publique TOGOGRAIN (Office National des Produits Vivriers), ainsi qu'un certain nombre d'entreprises prives, qui s'occupent de l'importation et de l'exportation du mas. Au sein d'une communaut, le dcalage temporel et spatial entre la production et la consommation rend un stockage ncessaire. Dans la Rgion Maritime, le mais est entrepos dans les exploitations agricoles, chez les commerants et au sein de l'entreprise publique de commercialisation TOGOGRAIN (figure 3.1). Lorsque le mais n'est pas consomm directement aprs son achat, il est galement stock chez le consommateur final durant une brve priode. Selon le moment o intervient le stockage du mas il existe certaines diffrences au niveau de la finalit du stockage, des mthodes, des quantits et de la dure de stockage. Pour une communaut, l'importance des divers stades de stockage est fonction du niveau auquel la quantit de mas la plus importante sera stocke durant une priode prolonge. 3.1.2 Commercialisation du mais Il existe dans la Rgion Maritime deux systmes de commercialisation: le systme traditionnel et le systme public. Ces deux systmes diffrent l'un de l'autre par leur structure, les modes de comportement des usagers du march, de mme que par leur efficacit. Le systme de commercialisation traditionnel est en effet suprieur au systme pratiqu par l'tat. Plus de 90 % du mais commercialis passe par les circuits du systme de commercialisation traditionnel (THENEVIN 1987, p. 46), qui est adapt aux structures rurales et relve presque intgralement du domaine de comptence des femmes.

On trouvera dans les considrations qui vont suivre une description des particularits du systme de commercialisation traditionnel, du point de vue de l'organisation et des institutions qu'il fait intervenir, de mme qu'une description du rle jou par les diffrents intermdiaires du commerce du mas Ces considrations s'appuient d'une part sur des observations, ainsi que sur les rsultats d'une enqute mene sur les principaux marchs du mas de la Rgion Maritime. On a interrog ici Tsvi, Vogan, Tabligbo, Ancho, de mme que sur deux marchs au mais de Lom les groupes de personnes qui prennent part au commerce du mas. Le commerce du mas concerne cinq groupes diffrents: les producteurs, les acheteurs, les commerants (gros et dtail), les vendeurs et les transporteurs. Les rapports entre les groupes participant la commercialisation du mas ne sont pas limits au simple ngoce. Echange d'informations, octroi de crdits et emprunts, telles sont les autres fonctions que l'on trouve au sein du systme de commercialisation. Le cultivateur et sa famille sont le premier maillon au sein de la chane de commercialisation. Dans la priode qui suit la production, ils remplissent au sein du systme un certain nombre de fonctions. Ils effectuent le premier traitement, celui qui prcde la vente, apportent le mas aux marchs locaux et, du fait qu'ils prennent en charge le stockage sur l'exploitation, ce sont eux qui assurent la fonction primordiale de stockage au sein du systme rgional de postrcolte. Les acheteurs ("commissionnaires" intermdiaires) sont les intermdiaires entre les producteurs et les commerants. Ils exercent leurs activits l'chelon du village, o ils achtent le mas soit directement chez le cultivateur, sur l'exploitation, soit sur les marchs de gros locaux, pour le transmettre ensuite aux commerants. Les marchands d'une certaine importance ont en gnral dans les villages des acheteurs qui jouissent de la confiance des paysans et achtent directement auprs de ces derniers. Les commerants (grossistes) assurent la distribution de la marchandise depuis les marchs de production jusqu'aux marchs de consommation, o ils la vendent directement au consommateur, ou encore des revendeurs. Les petits commerants, quant eux, pratiquent un commerce purement local, l'chelon du village, les grossistes traitant surtout des affaires directes. Les grossistes, qui sont bien organiss, jouissent d'une haute considration dans la socit, du fait qu'ils font souvent crdit, aussi bien aux cultivateurs qu'aux revendeurs. Les revendeurs ("revendeuses-dtaillantes) sont soit indpendants, soit au service d'un grossiste, auquel ils sont en gnral lis par un contrat. Ce sont les revendeurs qui se chargent de la distribution finale aux consommateurs et qui, en fonction de la demande, vendent parfois le mas en petites quantits. Le transport sur de grandes distances est assur par des entreprises de transport locales. Il s'effectue dans la plupart des cas au moyen de petits vhicules d'une tonne de charge utile. La marchandise est vendue exclusivement au volume. Les units de mesure sont constitues par des sacs et des mesures de capacit spciales (bol). Le poids de ces mesures de capacit varie en fonction de leur taille et du mode de remplissage. La mesure de la quantit de mais est effectue soit normalement, soit "avec la main. Le remplissage "avec la main veut dire qu'en plus de la mesure de capacit, l'intress remplit galement ses deux mains de mais. Le poids des mesures de capacit varie d'un village l'autre. Il se situe entre 1,3 et 3,7 kg pour le remplissage normal, auxquels il faut ajouter de 10 15 % pour le remplissage avec la main.

Les sacs contiennent normalement 100 kg de mas en grains, bien que leur poids puisse tre port 115 kg par des techniques de remplissage adquates. Lorsqu'on vend un grenier entier, on rpartit les pis de mas en 10 tas ayant approximativement le mme volume, puis on dtermine le volume de grains de chacun des tas aprs dspathage et grenage et on calcule sur cette base le nombre total de mesures de capacit. Les gens sont parfaitement familiariss avec ces mesures de capacit et sont capables d'estimer les diffrences, mme minimes. La composition des prix sur le march est fonction de l'offre et de la demande. Les prix pratiqus sur le march sont influencs par ceux qui prvalent sur les marchs voisins, ainsi que par le prix du mais Lom. Le cours du jour fournit une base de marchandage pour la fixation d'un prix individuel entre l'acheteur et le vendeur. Le prix est galement influenc par d'autres facteurs, savoir les proprits qualitatives du mas de mme que les rapports personnels entre l'acheteur et le vendeur. Entre toutes les espces, la prfrence du consommateur va aux espces traditionnelles grains blancs, qui possdent un faible taux d'humidit et ne prsentent pas de traces d'endommagement, car ce sont elles qui se prtent le mieux la confection de la "pte" (une forme particulire de prparation du mas et qui possdent la saveur laquelle le consommateur est habitu. Si le mas ne prsente pas les caractristiques indiques, le vendeur est oblig de consentir une rduction de prix. Les relations personnelles transparaissent dans la technique de remplissage des mesures de capacit, ce qui fait que l'on peut acqurir pour le mme prix des quantits de mais diffrentes. 3.1.3 Stockage du mas Le stockage du mas revt au sein du systme de post-rcolte rgional une importance dcisive dans la mesure o des pertes leves peuvent se produire lors du stockage. Le meilleur moyen pour rduire les pertes de post-rcolte consiste amliorer les mthodes de stockage et prendre des mesures de protection adaptes. Les diffrents niveaux de stockage varient selon qu'ils sont plus ou moins rpandus, ainsi qu'en fonction des quantits stockes et de la dure de stockage (tableau 3.1). Dans la Rgion Maritime, c'est le stockage chez les paysans qui constitue le niveau essentiel (SOTED 1982, p. 18). Le stockage chez le vendeur final, dans les entrepts de TOGOGRAIN ou chez le consommateur, ne joue qu'un rle mineur. Table. 3.1: Stockage du mas au sein du systme de post-rcolte de la Rgion Maritime Niveau de stockage Paysan - individuel - collectif Commercial - petit commerant - grossiste - vendeur Public Consommateur Frquence trs frquent frquent frquent peu frquent frquent rare frquent Quantit 0,5-1 t 1 -5t 0,2 - 2 t 10 - 20 t 20 - 50 kg 1 000 - 6000 t 0 - 30 kg Dure de stockage 4 -8 mois 4-8 mois 1 - 4 semaines 1 - 4 mois 0 - 2 jours 1 - 3 ans 0 - 7 jours

Sur les exploitations agricoles, on stocke le mas surtout pour assurer la subsistance de la famille. Le mas stock constitue par ailleurs une source importante lorsqu'il y a un besoin d'argent liquide. Le mas est le plus souvent stock en pis, avec les spathes. Le stockage du mas en grains est peu rpandu. Le stockage individuel prend diffrentes formes. Les pis de mas sont habituellement entasss sur le sol, ou sous le toit de l'habitation, ou encore stocks dans des greniers traditionnels. Le stockage de mas en grains dans des sacs demeure un phnomne marginal. La quantit stocke sur l'exploitation varie entre 0,5 et 1 t. Il est rare qu'elle atteigne plusieurs tonnes. La dure de stockage varie entre 4 et 8 mois. Le type de stockage individuel est caractristique des modes de production du mas sur des surfaces appartenant l'exploitation. Dans le cas de la production de mas sur des surfaces en exploitation commune, le stockage se fait en gnral dans des entrepts collectifs. La plupart du temps, il s'agit en l'occurrence de greniers traditionnels de plusieurs tonnes de capacit. Certains collectifs de production disposent d'entrepts d'une capacit de stockage de 25 t, qui se prtent galement la fumigation. La dure de stockage dans les entrepts collectifs est elle aussi de 4 8 mois. 75 % environ de la rcolte de mas sont stocks dans des systmes de greniers traditionnels (SOTED 1982, p.18). La conservation de rserves dans des entrepts collectifs (magasins fumigables) ne revt qu'une importance secondaire. Le volume des transactions effectues par les petits commerants est de l'ordre de 0,5 1 t par semaine, celui des grossistes de plusieurs tonnes. Chez ces deux catgories de commerants, le mas est entrepos avant d'tre vendu, et ce durant une priode allant de quelques jours quelques semaines. Leurs capacits de stockage correspondent en gnral leur volume de transactions mensuel. La quantit stocke chez les petits commerants est de l'ordre de 0,2 t, celle des grossistes variant de 10 20 t. 3.1.4 Pertes au sein du systme de post-rcolte Il existe au sein du systme de post-rcolte un certain nombre de facteurs exerant des effets ngatifs sur le mais, ce qui se traduit par des dommages, et parfois galement des pertes. Les dommages se manifestent sous forme d'altration physique du mas rcolt ou stock. On ne peut parler de pertes que lorsque les modifications subies par le mas entranent pour le propritaire une baisse de profit. L'tat phytosanitaire du grain au moment de la rcolte constitue un lment dterminant pour les pertes. L'tat physique du grain (teneur en humidit, grain endommag ou non), le degr d'infestation par les ravageurs ou les micro-organismes, de mme que les proprits du grain sur le plan qualitatif constituent en l'occurrence d'importants indicateurs. L'utilisation qui est faite du mas (aliment, semences) dtermine ici quelles sont les proprits qualitatives essentielles. Le stockage du mas rcolt peut tre conu en tant que processus biologique (voir ce propos STEIN 1986, MULTON 1982b, TROUDE 1982 et CALDERON 1981), dont l'quilibre, instable, est soumis diverses influences anthropognes (figure 3.2). Le grain luimme, ainsi que les facteurs biotiques et abiotiques, sont les lments dterminants du systme. En tant qu'lment agissant consciemment, l'homme est en mesure d'intervenir dans ce systme biologique tout instant et en tout lieu.

Fig. 3.2: Composantes biologiques du systme de post-rcolte Les lments primordiaux de ce systme sont les grains, avec leurs proprits biophysicochimiques (structure, activit enzymatique, capacit de rtention de l'eau et conductivit hydraulique, lments composants, etc.), qui sont fixs au rachis et envelopps dans des spathes. En association avec le grain, on trouve toujours des microorganismes (bactries, levures et champignons), qui forment une partie de l'environnement vivant direct. D'autres tres vivants sont par ailleurs susceptibles de sjourner dans ce milieu, comme par exemple des insectes (coloptres, termites, etc.), ainsi que de petits vertbrs (oiseaux et rongeurs). Les facteurs abiotiques intervenant partir de l'extrieur: eau, temprature, air, sont les composantes qui stimulent (ou entravent) l'activit biologique l'intrieur du systme. En tant que mesure de la vitesse de raction, le facteur temps joue ici un rle dcisif. Entre le grain et les facteurs biotiques et abiotiques, il existe diffrentes interactions, dont certaines sont particulirement complexes, et dont l'importance et la direction peuvent changer avec le temps. Une lvation de la temprature extrieure entrane par exemple une baisse de l'humidit relative, d'o une acclration de la perte d'eau au niveau du grain. Ce phnomne peut cependant avoir en mme temps des effets stimulants sur les agents pathognes, avec pour consquence une augmentation de l'activit alimentaire chez les ravageurs, entranant son tour une augmentation des pertes. Les grains de mas possdent toute une srie de proprits qualitatives (tableau 3.2), leur valeur tant dtermine par l'usage auquel on les destine (alimentation, semence, aliment pour le btail). Table. 3.2: Proprits qualitatives du mas Qualit agronomique technologique alimentaire Proprit Etat du germe Etat biochimique Valeur meunire Valeur nutritive Paramtres Pouvoir de germination Activit enzymatique Teneur en eau Valeur nergtique Utilisation (exemple) Semences Bire Farine Aiment pour le btail

Caractristiques organoleptiques

Valeur protinique Odeur. couleur, got, texture

Bouillie de mas

Lorsque le mas est utilis comme semence, c'est la qualit agronomique du grain qui a la priorit absolue. Le pouvoir germinatif, qui est avant tout fonction du non-endommagement du germe, constitue en l'occurrence un critre de qualit essentiel. Pour ce qui est de l'utilisation comme aliment, c'est la qualit nutritive d'ensemble, et plus particulirement les proprits nutritives (composantes dispensatrices de valeur) qui sont au premier plan. Types de pertes Les structures-mmes du systme de post-rcolte permettent d'en dduire un certain nombre de critres de classification. Si l'on examine le "circuit" effectu par le mas au sein du systme, on peut, aprs que le mas soit pass par les diverses phases, rpartir les pertes en diffrentes catgories: pertes de rcolte, de transport, de stockage, et pertes de traitement. Nous donnerons plus loin une description plus prcise des pertes subies (par ex. des pertes de stockage chez les petits exploitants) en faisant intervenir en l'occurrence les dcideurs comptents aux divers niveaux concerns. Autre caractristique significative pour la classification des types de pertes: les altrations physiques subies par le produit. Ce point de vue intgre les proprits qualitatives et quantitatives du mas au processus d'analyse des pertes. Toute modification de ces proprits entrane des pertes quantitatives ou qualitatives, que l'on peut aussi qualifier de pertes physiques dans la mesure o elles se rapportent directement au produit. En fonction de ces interfrences logiques concrtes, les types de pertes peuvent tre classs comme suit: Pertes quantitatives: Selon ADAMS (1977b, p. 3), il convient de faire la distinction entre les pertes de poids apparentes et les pertes effectives, puisque aussi bien une rduction de poids ne signifie pas forcment une perte quantitative. La perte de poids apparente dfinit les limites de la modification de poids qu'un produit subit au cours d'une certaine priode d'observation, postrieure la rcolte. Les pertes relles sont susceptibles de demeurer caches, ce qui est d aux variations taux d'humidit du grain ainsi qu' d'autres facteurs (part de farine de forage, poussire, etc.). Les pertes quantitatives effectives correspondent donc aux pertes apparentes, corriges sur la base des modifications subies par le produit en raison du taux d'humidit, du poids de la farine de forage, de la poussire et des insectes. Pertes qualitatives: Les pertes qualitatives sont lices un amoindrissement des proprits qualitatives, Lutilisation finale du mais jouant un l'occurrence un rle dterminant. Si l'on dsire par exemple utiliser le mas stock pour les semences, c'est sa qualit agronomique qui aura la priorit. Pour ce qui est de l'utilisation des fins alimentaires, on se fondera pour l'apprciation de la qualit sur les proprits nutritives et les caractristiques organoleptiques du mais. Etant donn qu'il n'existe pas au Togo de standards de qualit en la matire, on a

recours pour valuer les pertes qualitatives des critres d'examen subjectifs tels que l'aspect et le degr d'infestation. Pertes conomiques: Toute modification ayant pour consquence une baisse de profit chiffrable peut tre dfinie comme perte conomique. En rgle gnrale, les pertes physiques se traduisent galement par des pertes conomiques, qui se rpercutent, pour un faible volume, au niveau de l'autoconsommation (ncessit de procder des achats complmentaires), ou sur l'approvisionnement du march (diminution des quantits la vente), ou encore qui deviennent des facteurs de cots lorsque l'on veut les supprimer, ou du moins les rduire. Il n'y a pas de pertes conomiques quand les pertes physiques n'affectent ni le produit de la vente, ni les cots. Si par exemple la valeur protique d'une denre stocke diminue au fur et mesure que le stockage se prolonge, mais que l'on est en mesure de la vendre au mme prix qu'un produit au contenu protique suprieur, il n'y aura pas, du point de vue de la gestion, de perte conomique. Du point de vue de l'conomie nationale, en revanche, il peut en rsulter une perte, dans la mesure o l'acheteur du produit se voit contraint de couvrir ses besoins en protines en produisant ou en achetant davantage. Il convient donc d'valuer diffremment la perte conomique selon que l'on se place du point de vue de l'conomie d'entreprise ou de celui de l'conomie nationale. La perte conomique ne constitue donc pas une grandeur absolue du fait qu'elle dpend d'une part du point de vue de l'observateur, et de l'autre de l'utilisation du mais. Origine des pertes BOURNE (1977, p. 10) divise les causes de pertes du systme de post-rcolte en deux groupes. Parmi les facteurs entranant les pertes, il tablit ici une distinction entre les facteurs d'influence primaires et les facteurs secondaires. Les causes de pertes primaires englobent l'ensemble des facteurs qui endommagent directement le mas. Outre les facteurs biotiques et abiotiques, ce sont ici les forces intrinsques du grain, ainsi que certaines activits dployes par l'homme. Les causes de pertes secondaires peuvent tre aussi bien de nature biologique qu'anthropogne. Il s'agit en l'occurrence de facteurs d'influence qui entranent une altration du mais par le biais d'un dommage indirect. Indpendamment des causes de pertes primaires et secondaires, le propritaire du mais peut galement subir une perte conomique lie une chute des prix intervenue durant la priode de stockage. Cette perte conomique est considrer comme rapport de stockage ngatif. A l'inverse, le propritaire peut tout aussi bien raliser des bnfices sur le stockage en cas de hausse des prix. 3.1.5 Mesures de protection des rcoltes La notion de protection des rcoltes englobe l'ensemble des mesures visant viter les pertes de mas au cours du transport, du stockage, de la commercialisation et de la transformation. Au niveau des diffrentes phases de stockage, les dcideurs concerns peuvent contribuer, par le choix de mesures de protection appropries, ce que les pertes de post-rcoltes subies par une communaut demeurent rduites. Pour reprendre l'analyse de REISCH et ZEDDIES (1983, p. 160), nous dirons que les mesures de protection de post-rcolte se subdivisent du point de vue des dcisions en deux secteurs. Le premier de ces secteurs comprend la totalit des mesures inhrentes, au dpart, au systme de post-rcolte, et qui contribuent ainsi l'amlioration des conditions de rcolte, de transport, de

stockage et de commercialisation du mas Ces mesures, qui ne visent pas la suppression de causes de pertes dtermines, doivent tre considres comme des mesures prventives caractre gnral. Le second secteur regroupe les mesures qui ont au contraire pour but la lutte directe et la dfense contre les causes de dommages. Il s'agit dans le dernier cas de mesures de protection de post-rcolte curatives, dont on peut, en partant du point de vue prcdemment adopt, distinguer deux groupes. Le critre de rpartition est le suivant: a-t-on pu tablir, la suite du diagnostic sur les facteurs de dommages, une cause de pertes directe, ou doit-on s'attendre aux effets rsultant d'un facteur de pertes quelconque ? Si l'on est en prsence d'une cause directe, on peut entamer la lutte par des moyens thrapeutiques. Si l'on s'attend de manire gnrale des dommages quelconques, on peut alors prendre des mesures prophylactiques. Selon les causes de pertes, on a la possibilit de mettre en uvre des procds physicomcaniques, chimiques ou biologiques. Au niveau des petits paysans, on trouve encore l'heure actuelle des mesures de protection caractre religieux, qui trouvent leur origine dans les croyances animistes. A l'chelon de l'Etat, on trouve principalement des processus administratifs, tels que l'autorisation de certains insecticides ou la prise de mesures de quarantaine, processus qui sont rglements par des lois et dcrets. Le choix de la mthode de stockage dtermine de faon dcisive celui des mesures hyginiques ou curatives destines viter les pertes. On trouvera au tableau 3 quelques exemples de mesures de protection des stocks au Togo, prsentes selon les critres de classification mentionns ci-dessus. Parmi les mesures prventives, on trouve au premier rang la slection des espces, l'poque laquelle intervient la rcolte, l'hygine de stockage et l'absence d'infestation au moment de la rcolte. Les principales mesures prophylactiques consistent dans le traitement par les insecticides et par les produits traditionnels. Table. 3.3: Mesures de protection des stocks de mas au Togo Procds Mesures de protection des stocks Mesures Mesures curatives prventives prophylactiques thrapeutiques mcaniques/ Slection des Schage Elimination manuelle des insectes physiques espces nuisibles Priode de rcolte Tri des pis infests Hygine de stockage chimiques Traitement aux Fumigation insecticides biologiques/ Traitement aux Antagonistes naturels biotechniques moyens traditionnels religieux/ Prires culturels Sacrifices Ftiches lgislatifs/ Quarantaine administratifs Homologation d'insecticides

La fumigation d'un entrept au moyen d'hydrogne phosphor constitue l'exemple type d'une mesure thrapeutique de protection des stocks. Les mthodes biologiques consistent dans la mise en uvre d'antagonistes et de procds biotechniques. Depuis l'apparition du Grand Capucin des Grains, ces procds font, sur place, l'objet d'intenses recherches. L'homologation d'insecticides binaires, de mme que l'observation de mesures de quarantaine sont deux exemples de mesures administratives. Les prires, sacrifices et comportement rituels relvent des mesures de protection de type religieux.

3.2 Le systme de post-rcolte dans l'exploitation agricole3.2.1 Exploitations et mnages considrs en tant que systmes L'exploitation agricole familiale se dfinit comme une unit de production caractre local, technique et organisationnel, dans laquelle les facteurs de production sont combins par une action planifie, en fonction d'objectifs dfinis, et cela en vue de produire des marchandises (STEINHAUSER et al. 1978, p. 15). Si l'on largit le champ d'observation de l'exploitation agricole en y incluant le mnage, on a alors une vue d'ensemble de l'espace global dans lequel s'inscrit la vie de la famille (DOPPLER 1991, p. 7). Paralllement aux rapports externes entre l'exploitation et l'environnement reprsent par le systme, il existe une relation troite producteur-consommateur entre l'exploitation et le mnage, laquelle exerce une influence considrable sur le choix des objectifs (stocker par exemple du mas pour garantir l'existence de la famille), et par l-mme sur la prise de dcisions (par exemple sur l'espce de mas et les quantits stocker). Le stockage constitue en l'occurrence le lien lmentaire entre l'exploitation (production) et le mnage (utilisation). Dans les conditions rencontres au Togo, l'exploitation agricole et le mnage peuvent tre considrs comme tant la fois une communaut sociale et un collectif de travail, dont les membres de la famille forment le centre. Les personnes vivant en dehors de cette communaut, mais recevant rgulirement une aide financire et/ou matrielle de l'exploitation, doivent galement tre considres comme des membres de cette mme exploitation. La famille se compose en gnral de l'homme, de son (ou ses) pouse(s), et de leurs enfants, ainsi que des enfants de son (ses) pouse(s) actuelle(s) issus d'une prcdente union. Il arrive galement que des amis, des enfants adoptifs ou d'autres parents (frres et surs, grands-parents) vivent eux aussi sur l'exploitation. Lorsqu'un homme vit avec plusieurs femmes, chacune de ces femmes forme avec ses enfants un sous-mnage. La prparation des repas, l'exploitation de surfaces lui appartenant, de mme que le fait de stocker du mas constituent les caractristiques typiques d'un mnage indpendant. Les valeurs d'identification socio-conomiques des entreprises analyses figurant aux tableaux 3.4 et 3.5 reposent sur les rsultats de l'enqute 2. On trouvera chez ALBERT (1991) une description exhaustive des systmes d'exploitation. La dotation en capital des exploitations, qui sont pour la plupart orientes vers la subsistance, est en gnral trs faible. Etant donn que les agriculteurs ne se livrent ni une intensification progressive des cultures par l'utilisation de machines, ni l'levage sdentaire intensif, le capital immobilis sous forme de machines et de btiments demeure rduit. L'immobilisation de capital n'a d'importance que pour quelques entreprises seulement, qui se sont spcialises dans l'levage (porcs) et ont donc investi leur capital dans des animaux. L'levage de bovins et

de moutons demeure dans cette rgion l'exception, alors que l'levage extensif de chvres et de volaille destine lautoconsommation y est au contraire tout fait rpandu. Cultures mixtes et mode d'exploitation ncessitant un travail manuel intense, telles sont les deux caractristiques de la production vgtale. Les cultures de plein champ les plus rpandues sont le mas et le manioc, que l'on rencontre la plupart du temps sous forme de cultures mixtes. Les cultures telles que l'arachide, les haricots, Ligname, la patate douce ou le taro sont en gnral limites de petites surfaces ou ne possdent en tant que cultures mixtes qu'une importance secondaire. Sur certaines exploitations de la Prfecture de Zio, on cultive galement le riz sur une chelle relativement importante. Toutes les exploitations pratiquent la rotation des cultures, bien qu'une faible minorit d'entre elles seulement se conforment ici un plan rigide d'alternance des cultures en ce qui concerne la chronologie des plantes cultives au cours des annes d'exploitation. Il est frquent que l'on cultive entre des palmiers huile plants intervalles irrguliers jusqu' cinq varits diffrentes de plantes utiles. A la suite du dfrichement des surfaces en jachre, les premires cultures installes sont des plantes qui exigent du sol un degr de fertilit relativement lev mas igname). Le manioc, dont la priode de vgtation dure plus d'une anne, est en gnral la dernire plante cultive avant l'assolement. Table. 3.4: Valeurs d'identification socio-conomiques des exploitations analyses (valeurs moyennes et rpartition en pourcentage de n = 179 exploitations) Rpartition ethnique (en % des exploitations) Ew Ouatschi Autres Chefs d'exploitation Hommes Femmes Age Epouses/chefs d'exploitations de sexe masculin Structure familiale Personnes vivant sur l'exploitation dont hommes femmes Personnes vivant en dehors de l'exploitation Mnages/exploitation Main d'uvre Main d'uvre familiale Personnes travaillant en dehors de l'exploitation Main d'uvre extrieure (% des exploitations) dont main d'uvre saisonnire main d'uvre permanente Surfaces disponibles Surfaces physiques cultives/exploitation Surfaces cultives Taille des exploitations (% des exploitations)*) < 0,5 ha (%) (%) (%) (%) (%) (ans) (nombre) (nombre) (nombre) (nombre) (nombre) (nombre) (nombre) (nombre) (%) (%) (%) (ha) (ha) 49 33 18 85 15 54 1,8 8,2 4,0 4,2 0,6 1,5 3,5 1,5 78 76 2 1,39 1,91 24,5

0,5 1,0ha 1,0 2,0 ha 2,0 3,0 ha > 3,0 ha Mode d'exploitation (% de la surface)**) Faire-valoir direct Exploitation collective Exploitation pour compte de tiers dont garantie fermage en espces fermage salari fermage en nature *) DESA (1984) **) DESA (1989)

(%) (%) (%)

24,7 27,5 12,9 10,4 63 4 33 13 10 7 3

(%) (%) (%) (%) (%) (%) (%)

Table. 3.5: Dpenses annuelles d'un mnage (valeurs moyennes de n = 179 exploitations) Structure des dpenses Dpenses rgulires occasionns par les articles de premire ncessit pour: - les personnes vivant au mnage - les personnes ne vivant pas au mnage Total des dpenses rgulires Dpenses irrgulires pour: - ftes de famille - habillement - btiments - soins mdicaux - articles mnagers et mobilier - frais scolaires et frais de formation - autres Total des dpenses irrgulires Total des dpenses Personnes Dpenses annuelles (nombre) (FCFA)

8 1

157 680 16 425 174 105

9 28 686 24 505 23 459 18 930 8 246 3 948 8 362 116 136 290 241

Les dpenses totales de l'exploitation figurant dans ce tableau englobent les cots de production agricole et les dpenses du mnage. Les dpenses consenties par l'exploitation pour les achats complmentaires de moyens de production destines aux cultures de labours et l'levage, ainsi que les frais de fermage, de prestations de services et d'amortissements n'ont pas t saisis dans le cadre de cette tude. Eu gard aux formes d'exploitation simples, qui font dans la plupart des cas appel au travail manuel, et l'importance rduite de la production animale, on peut nanmoins penser que ces frais sont trs limits. Les dpenses du mnage (voir tableau 3.5) se composent des frais occasionns par les articles de premire ncessit (produits alimentaires de base, charbon de bois, savon, bougies, etc.), et des dpenses survenant occasionnellement dans le courant de l'anne et motives par des vnements familiaux (enterrements, mariages), les soins mdicaux, les dpenses scolaires, etc. Il existe par ailleurs des besoins en argent liquide, qui sont destins assurer l'entretien financier des membres de la famille ne vivant pas sur l'exploitation.

La vente de produits issus de la production vgtale constitue pour 73 % des exploitations analyses la principale source de revenus en espces. Prs de 40 % des exploitations couvrent leurs besoins en liquidits par la vente de mas Dans une tude similaire ralise par LESPINOIS et al. (1981, p. 50), ce chiffre tait mme suprieur 50 %. Bien que les trois quarts des exploitations pratiquent l'levage, ce secteur ne reprsente que pour 5 % d'entre elles une source de revenus importante. Dans 63 % des exploitations, les intresss compltent leurs revenus en exerant des activits qui se situent en dehors du secteur agricole, mais qui ne constituent toutefois que pour 22 % d'entre elles une importante source de revenus. Dans l'tude de LESPINOIS et al.(1981, p. 51), cette part ne reprsentait que 10 % peine. 1 2 personnes en moyenne exercent rgulirement une activit professionnelle en dehors du secteur agricole. 3.2.2 Aperu du systme de post-rcolte sur l'exploitation Le mas occupe au sein de l'exploitation agricole une place prpondrante. Il est le principal aliment de base de la famille, en mme temps qu'une importante source de revenus pour de nombreuses exploitations. Sa signification toute particulire est encore souligne par le fait qu'il est au centre de bon nombre d'activits quotidiennes. Travaux des champs, prparation des repas, activits lies la vente, ftes religieuses, crmonies, ne sont que quelques exemples parmi d'autres du rle central jou par le mas. D'un point de vue directement ax sur le systme, l'ensemble du systme mas vient s'insrer dans le systme exploitation-mnage/famille. A l'instar du systme rgional, le systme de post-rcolte paysan est en l'occurrence limit par des secteurs/phases antrieurs et postrieurs. Au centre de ce systme, deux lments: les mthodes de stockage et les mesures de protection des stocks. Ce qui caractrise le systme de post-rcolte, c'est son interdpendance avec l'extrieur, qui permet de le considrer comme un systme ouvert par rapport l'environnement. Pour mieux faire comprendre les changements dynamiques intervenant au sein du systme, on peut assimiler le "flux de mas l'intrieur de l'exploitation agricole, un systme de canaux. Dans le systme global mas reprsent la figure 3.3 sous une forme schmatique. le sens de circulation du "flux de mas l'intrieur de l'exploitation est indiqu par des flches. Le mais inject dans le systme provient pour l'essentiel de surfaces exploites en faire-valoir direct. La production de mas frais n'occupe en l'occurrence qu'une place secondaire. La vente sur pied n'intervient qu'en cas de besoin pressant de liquidits. Lorsque la quantit rcolte ne suffit pas on achte ou on emprunte du mais. Aprs la moisson, une partie du mas est vendue pour couvrir les besoins du moment en liquidits tandis qu'une autre partie de la rcolte sert la rmunration (en nature) de la main duvre extrieure. Entre parents, amis ou voisins, il est galement courant que l'on se fasse cadeau de mais. La quantit de mais restante est ensuite stocke dans diffrents systmes de greniers. En ce qui concerne la destination des quantits emmagasines, il faut noter qu'une partie du mas est consomme par la famille au cours de la priode qui s'tend entre la moisson et la mise en magasin (1 4 semaines). Le mais prlev dans l'entrept intervalles (ir) rguliers pendant la priode de stockage sert assurer la subsistance de la famille et, dans la mesure o la vente de mas reprsente une source de revenus importante pour l'exploitation, il va galement servir couvrir les besoins

en liquidits. Parmi les problmes que pose la mise en magasin, l'apparition de ravageurs des denres stockes constitue le plus grave. Il s'agit surtout en l'occurrence de coloptres, qui endommagent le mais entrepos par leur activit alimentaire. Une infestation de ravageurs des stocks entrane dans la plupart des cas une augmentation des pertes, ce qui signifie pour l'agriculteur une baisse de la quantit de mas disponible. Depuis l'introduction du Grand Capucin des Grains, on a enregistr une hausse des pertes de stockage. Pour se protger contre les ravageurs des stocks, les paysans mettent en uvre diverses mesures de protection. Il s'agit en l'occurrence de mthodes traditionnelles ou chimiques de protection des stocks, ou encore de rites de protection de nature culturelle et religieuse.

Fig. 3.3: Systme de post-rcolte du mas, sur les petites exploitations agricoles 3.2.3 Besoins en mais et utilisation du mas Besoins en mas Les besoins en mas d'une famille sont fonction du nombre de personnes vivant sur l'exploitation, ainsi que des personnes qui vivent en dehors de l'exploitation mais sont approvisionnes par elle en mas. Sur les exploitations analyses, la consommation de mas tait peu prs deux fois suprieure la consommation nationale. L'enqute a rvl que la consommation moyenne quotidienne tait de 343 9 de mais par personne, ce qui correspond une consommation annuelle par tte

de 125 kg. Les personnes vivant en dehors de l'exploitation recevaient en moyenne 6,7 kg de mais par mois, ce qui se traduit par des besoins complmentaires en mas de 80 kg par an. Utilisation du mas Outre les grains, la plante fournit galement toute une srie de produits annexes qui trouvent leur utilisation au sein de l'exploitation agricole (cf. tableau 3.6). Du fait de son caractre polyvalent, le mais connat des utilisations trs diverses. Il convient de faire ici la distinction entre la destination du mais et son emploi. Pour ce qui est de l'emploi du mais, ce sont les critres de qualit qui sont dterminants (cf. tableau 3.2). Dans les conditions rencontres au Togo, le mais sert principalement l'alimentation et, dans une faible mesure, de moyen de production. On l'utilise par ailleurs comme mdicament dans la mdecine traditionnelle, et galement comme lment magique dans le cadre des crmonies animistes. Au niveau de la destination du mais, c'est le comportement du paysan en matire de dcision qui domine l'analyse. Le mais peut tre utilis soit au sein de l'exploitation agricole, soit l'extrieur. Au sein de l'exploitation, il va servir l'auto-approvisionnement de la famille, l'extrieur de l'exploitation comme moyen d'change. Le mais remplit plusieurs fonctions en tant que moyen d'change. Par la vente (change contre de l'argent), il est transform en liquidits et devient pour lexploitation une importante source de revenus. A l'chelon du village, il sert rmunrer certains travaux agricoles (change de mais contre du travail), constitue un moyen d'change pour se procurer des produits, alimentaires ou autres (troc en nature), mais il sert galement de cadeau ou de sacrifice (change dans le cadre d'obligations sociales ou de coutumes). Plus de 70 % des personnes interroges vendent une partie du mais produit. Prs de 20 % des hommes et un tiers des femmes produisent exclusivement pour leurs propres besoins. Au niveau des petits agriculteurs, la commercialisation du mais prsente certaines diffrences suivant les sexes (cf. tableau 3.7). Table. 3.6: Processus de traitement et utilisation du mas dans la Rgion Maritime

Le mas est vendu la plupart du temps sous forme de grains. Seule une faible minorit d'agriculteurs vendent leur mas en pis. Plus de 60 % des personnes interroges ont dclar qu'elles ne vendaient pas de mais intervalles rguliers. 68 % d'entre elles ont nomm le besoin d'argent liquide comme tant le principal motif de vente. L'augmentation du prix du mas ne constituait que pour 22 % des personnes interroges le principal motif de vente. Le march qui se trouve l'intrieur du village est considr comme le principal lieu de vente. Pour ce qui est de la commercialisation du mas les femmes sont beaucoup plus mobiles que les hommes. La vente sur place, la ferme, est plus couramment rpandue chez les hommes (18 %) que chez les femmes (10 %). Au sein de ces deux groupes de personnes, les principaux acheteurs sont des commerants (89 % des personnes interroges). Aucun agriculteur n'a dclar vendre de mas la socit nationale de commercialisation TOGOGRAIN. Table. 3.7: Commercialisation paysanne du mas dans de la Rgion Maritime (rsultats d'interviews rpartis en fonction des diffrents groupes de personnes; rponses en %) Commercialisation du mas. Mas vendu sous forme de - pis - grains Intervalles de vente - rguliers - irrguliers Motifs de vente Total (n = 318) 2 98 39 61 Hommes (n = 136) 3 97 37 63 Femmes (n = 182) 1 99 40 60

- besoin d'argent - hausse du prix du mais - bonne rcolte Lieu de vente - ferme - march l'intrieur du village - march l'extrieur du village Acheteurs - consommateurs - commerants TOGOGRAIN 3.2.4 Mthodes de stockage du mas

68 22 10 14 57 29 11 89 0

65 23 12 18 52 30 12 88 0

70 21 9 10 61 29 10 90 0

Aprs la rcolte, une partie du mas. est mise en magasin. On trouve dans la Rgion Maritime quatre mthodes de stockage diffrentes. Outre le stockage en grenier et le stockage en vrac, qui sont les deux mthodes les plus courantes, on rencontre galement le stockage en sacs et la conservation de rserves dans des magasins fumigables. Les mthodes de stockage diffrent par le mode de construction des entrepts, la forme de stockage du mas. les besoins en matriel, les besoins en main d'uvre, ainsi que les dpenses ncessaires pour l'achat des matriaux. Stockage en greniers Le type de grenier est particulier chaque ethnie. Dans les rgions septentrionales du Togo, les crales sont entreposes dans des greniers en argile ferms, dans le sud du pays dans des greniers en bois ouverts. Dans la Rgion Maritime, on trouve surtout les deux types de greniers 'Ebli-Va et "Kdlin'', qui diffrent par leur mode de construction. Dans ces deux types de greniers, les pis de mais sont empils, avec les spathes, sur un chafaudage de bois, et abrits par un toit de paille. Pour la construction des greniers, on utilise uniquement des matriaux disponibles sur place. Le nom d' "Ebli-Va" vient de l'Ew et veut dire peu prs maison du mas C'est le type de grenier le plus rpandu dans la rgion. Le socle est form de 8 12 pieux en bois, sur lesquels repose environ 50 cm du sol un chafaudage en bois de forme circulaire, concave en son milieu. C'est sur cette construction de bois, qui a la forme d'un cne renvers, que l'on stocke les pis de mais en spathes. Pour former les couches extrieures, on empile les gros pis de mais, tour tour avec la base ou avec la pointe dirige vers l'extrieur, en les disposant en ranges circulaires. On dverse ensuite dans l'espace ainsi mnag les pis de petite ou de moyenne dimension. De manire empcher le grenier de s'effondrer, on tend une liane ou une corde autour de la circonfrence du grenier, et cela toutes les 5 couches d'pis. Pour terminer, l'ensemble est coiff d'un toit de paille destin protger le mas contre les intempries. Le grenier ainsi confectionn, qui est donc de forme cylindrique, a en gnral un diamtre de 2 m et mesure de 1 2 m de haut. Le diamtre des greniers collectifs peut cependant dpasser les 6 m. Les greniers ouverts permettent un schage rapide du mais, qui est souvent encore humide au moment de sa mise en stocks. Les bonnes conditions de ventilation empchent par ailleurs dans une large mesure la formation de moisissures. Le type de grenier "Kdlin" est originaire de la Rgion des Plateaux. Le mais est stock de la mme faon que dans les greniers du type "Ebli-Va" La plate-forme repose sur des pieux de

bois, environ 1,5 m de hauteur. Ce type de construction permet l'amnagement d'un foyer ("Kdlin") au-dessous de la plate-forme. Le mais stock est fumig lorsqu'on allume un feu dans le foyer. La de chaleur et la fume dgags par le feu entranent un schage ultrieur rapide du mas entrepos et protgent les pis contre les ravageurs des stocks. On utilise dans la Rgion Maritime plus de 20 espces de bois diffrentes pour construire les greniers. Le choix de l'espce de bois approprie est d'une extrme importance, car certains ravageurs des denres stockes parviennent survivre dans le bois entre deux priodes de stockage. DETMERS (1987) a examin l'importance que revt le bois pour le Grand Capucin des Grains. Il a constat que c'tait surtout le bois tendre surface rugueuse qui exerait une influence positive sur ce coloptre au niveau du forage et, par consquent, sur sa longvit l'intrieur du bois. Stockage en vrac Dans le cas du stockage en vrac, on dverse le mais, entass de manire ordonne ou non, dans un coin de la pice d'habitation ou sur un chafaudage de bois situ sous le toit. Si l'on dispose d'un foyer sous l'chafaudage de bois, on peut alors fumiger le mas Lorsqu'il s'agit de quantits limites, il est d'usage de conserver les pis de mas dans des paniers, des plats ou des sacs. Ce sont surtout les femmes qui pratiquent le stockage en vrac. Stockage en sacs Cette mthode de stockage consiste placer le mais (en grains) dans des sacs de jute, qui sont entreposs dans l'habitation. Depuis l'apparition du Grand Capucin des Grains, cette mthode est tout particulirement recommande par le Service National de la Protection des Vgtaux. Compar aux mthodes de stockage traditionnelles, le stockage en sacs permet de rduire considrablement les pertes de stockage, mme si l'on ne traite pas le mas COWLEY et al. (1980) ont montr dans une tude que Prostephanus truncatus se reproduisait plus facilement dans les pis de mas que sur le mas en grains. Cette mthode comporte un autre avantage, savoir qu'elle permet une plus grande efficacit dans l'application des moyens de protection des stocks. Le mas en grains rpond en outre aux modalits de la commercialisation. Magasin fumigable Le magasin fumigable se compose d'un fondement en bton, de murs en maonnerie et d'un toit reposant sur des poutres mtalliques. Pour l'aration, des fentres garnies de treillis mtalliques ont t mnages dans deux murs latraux situs l'un en face de l'autre. Lors des fumigations, ces fentres peuvent tre fermes par des plaques mtalliques. On trouvera chez HARNISCH et KRALL (1986) des instructions dtailles pour la construction de ces entrepts. Les entrepts de ce type, qui ont une capacit de 25 tonnes, sont d'une construction hermtique, ce qui les rend adapts la fumigation. L'hydrogne phosphor est le seul fumigant utilis au Togo. Le mais (en grains) entrepos et fumig comme il faut peut tre conserv plusieurs mois durant sans pertes. Les magasins construits jusqu' prsent sont uniquement exploits par des collectifs de production ("groupements"). La rpartition des travaux de construction fait l'objet d'un contrat

entre les agriculteurs et le National Service de la Protection des Vgtaux. Les paysans fournissent le terrain, l'eau ncessaire aux travaux de construction, ainsi que leur force de travail, tandis que le Service National de la Protection des Vgtaux met disposition les matriaux de construction et le maon charg de construire le toit. L'un des aspects importants de cette mthode de stockage consiste dans le fait qu'elle encourage une approche collective des questions touchant l'amlioration des conditions de stockage chez les paysans. En partant d'une utilisation optimale, on peut postuler que le mas mis en magasin en octobre est vendu au bout de 6 8 mois de stockage. Selon HARNISCH et KRALL (1986, p. 31), les investissements sont couverts ds aprs la premire priode de stockage par le rendement de l'entrept. On s'est livr dans le cadre de cette tude une valuation des entrepts de la Rgion Maritime et de la Rgion des Plateaux (n = 11). Il s'est avr qu'en dpit d'exigences minimes au niveau administratif, les groupements se trouvaient dans l'incapacit d'assurer la gestion des entrepts. Quelques-uns d'entre eux avaient besoin d'tre rnovs. Dans certains cas, on y conservait la fois du mais en pis, des engrais et d'autres produits agricoles (haricots, arachides). Depuis, les rparations ncessaires ont t effectues et les paysans forms aux techniques de gestion. On a par ailleurs mis en place dans l'ensemble des entrepts un systme de suivi et d'valuation (systme S/E). Distribution des mthodes de stockage Les deux modes de stockage les plus usits dans la rgion d'enqute sont, peu prs parts gales, le stockage en pis en grenier ou dans l'habitation. Le stockage du mais en grains demeure en revanche une pratique marginale, en usage chez 1 % seulement des paysans. Aucun des paysans interrogs n'a dclar stocker son mas dans un magasin fumigable. La moiti environ des personnes interroges (51 %) stockent leur mas dans un grenier. Le stockage en grenier dans la cour de l'exploitation agricole (30 %) est plus rpandu que le stockage dans des greniers en plein champ (20 %). Il est exceptionnel que le grenier soit install l'intrieur de l'habitation. Les femmes prfrent la mthode de stockage en vrac (59 %), tandis que les hommes accordent la prfrence au stockage en grenier (65 %). Il semble que les hommes soient davantage ouverts aux innovations dans la mesure o ils pratiquent plus frquemment que les femmes le stockage du mas en grains. Le stockage dans des greniers en plein champ est galement plus populaire parmi les hommes, d'o l'on peut dduire que les champs des femmes sont situs plus prs de l'exploitation que ceux des hommes. Table. 3.8: Distribution des mthodes de stockage du mas chez les petits exploitants de la Rgion Maritime (rsultats d'interviews rpartis en fonction des diffrents groupes de personnes; rponses en %) Forme de stockage Epis avec spathes Mthodes de stockage Maison (en vrac) Grenier dont: Total (n = 406) 48 51 30 Hommes (n = 166) 33 65 37 Femmes (n = 240) 59 41 25

- dans la cour

- dans les champs - dans la maison Grains Maison Magasin fumigable

20 1 1 0

27 1 2 0

16 0