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Patrimoine Gestois Mémoire Vivante du Association La Gazette N° 3 Décembre 2013 LA FÉE ÉLECTRICITÉ À GESTÉ En ces périodes de fêtes où les rues brillent de mille feux dans les communes, voici un extrait du compte- rendu du Conseil municipal du 17 mai 1914 : Monsieur le Président soumet au Conseil une lettre de la Société l’Électrique d’Anjou lui demandant de vouloir bien lui indiquer l’endroit de pose des lampes en l’agglomération. Le conseil après examen désigne de prendre 12 lampes de 25 bougies au prix énoncé au cahier des charges, c'est-à-dire 20 francs 50 par an pour 800 heures d’éclairage et qui seront posées aux endroits suivants : 1 e la gendarmerie route départementale 2 e Café Brouard carrefour route n° 42 3 e Maison Cochard route de G C n° 42 4 e Halles places communales 5 e Hôtel Cussonneau route départementale 6 e Pharmacie route départementale 7 e Carrefour route neuve et route départementale 8 e Docteur Tétau route départementale 9 e Carrefour de Tilliers et Montfaucon route n° 123 10 e Carrefour chemin des Garennes route n° 123 11 e Maison Humeau Chemin G C n° 42 12 e Maison Gâté Carrefour route de Montrevault et route neuve Ont signé : Allard, Gibouin, Aubron, Humeau, Baudry ; Retailleau, Chupin, Chiron, Dabault, Huchon, du Fou et Cochard. Note : le président du Conseil était le maire M. du Fou. ÉDITO En 2 numéros seulement, cette Gazette est devenue la vôtre ; vous l'attendez impatiemment, certains d'entre vous nous en ont fait part. Voici donc le n° 3. Tout d'abord, une décision du Conseil municipal appréciée en son temps et utile à tous, en particulier aux "bourgadins" : l'électrification du bourg. Verdonnette ensuite... une ferme sortie de l'oubli !... Qui s'en souvient encore à Gesté ? Nous vous exposons pour finir quelques pans de la littérature spécifiquement gestoise qui raviveront la mémoire de certains. Et pour bien suivre vos déambulations locales, nous vous avons concocté une carte de la commune avec quelques explications au verso . Bonne lecture à tous, et joyeuses fêtes de fin d'année, Joël Sécher La Gazette - Exemplaire gratuit - Décembre 2013 - Page 1 Association "Mémoire Vivante du Patrimoine Gestois" 1, rue du Centre - 49600 Gesté Site internet : http://www.eglisedegeste.fr La Gazette - Exemplaire gratuit - Décembre 2013 - Page 1

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Patrimoine Gestois

Mémoire Vivante du

Association

La Gazette

N° 3

Décembre

2013

LA FÉE ÉLECTRICITÉ À GESTÉ

En ces périodes de fêtes où les rues brillent de mille feux dans les communes, voici un extrait du compte-rendu du Conseil municipal du 17 mai 1914 :

Monsieur le Président soumet au Conseil une lettre de la Société l’Électrique d’Anjou lui demandant de vouloir bien lui indiquer l’endroit de pose des lampes en l’agglomération. Le conseil après examen désigne de prendre 12 lampes de 25 bougies au prix énoncé au cahier des charges, c'est-à-dire 20 francs 50 par an pour 800 heures d’éclairage et qui seront posées aux endroits suivants :

1e la gendarmerie route départementale 2e Café Brouard carrefour route n° 42 3e Maison Cochard route de G C n° 42 4e Halles places communales 5e Hôtel Cussonneau route départementale 6e Pharmacie route départementale 7e Carrefour route neuve et route

départementale 8e Docteur Tétau route départementale 9e Carrefour de Tilliers et Montfaucon

route n° 12310e Carrefour chemin des Garennes

route n° 12311e Maison Humeau Chemin G C n° 4212e Maison Gâté Carrefour route de

Montrevault et route neuve

Ont signé :

Allard, Gibouin, Aubron, Humeau, Baudry ; Retailleau, Chupin, Chiron, Dabault, Huchon, du Fou et Cochard.

Note : le président du Conseil était le maire M. du Fou.

ÉDITO

En 2 numéros seulement, cette Gazette est devenue la vôtre ; vous l'attendez impatiemment, certains d'entre vous nous en ont fait part. Voici donc le n° 3.

Tout d 'abord, une décision du Conseil municipal appréciée en son temps e t ut i le à tous, en particulier aux "bourgadins" : l'électrification du bourg. Verdonnette ensuite... une ferme sortie de l'oubli !... Qui s'en souvient encore à Gesté ? Nous vous exposons pour finir quelques pans de la littérature spécifiquement gestoise qui raviveront la mémoire de certains. Et pour bien suivre vos déambulations locales, nous vous avons concocté une carte de la commune avec quelques explications au verso .

Bonne lecture à tous, et joyeuses fêtes de fin d'année,

Joël Sécher

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LE NOYER, BIEN NOMMÉ « VERDONNETTE ».

La ferme du Noyer fut appelée « Verdonnette » par la grande majorité des gens du pays.

Cette petite ferme, une borderie, fut construite après la révolution. C’était l’époque de grands travaux, et il fallait reconstruire le pays ruiné par les guerres de Vendée. Les terres étaient partagées et beaucoup de landes communales devinrent exploitées et bien sûr, l’on construisait de nouvelles fermes au milieu de ces terres nouvelles. Verdonnette n’est donc pas dessinée sur la carte de Cassini sous Louis XV, mais apparaît sur le cadastre napoléonien en 1834 à Gesté.

Cette jolie fermette, comme l’on pourrait la nommer en ce début du 21ème siècle, faisait vivre une seule famille. Elle était construite dans la vallée de la Sanguèze sur le versant opposé à la commune de la Chaussaire. Plusieurs chemins y menaient, dont un (encore visible en 2013 en contrebas de la Mercière), qui menait au moulin de Rolet, nommé « Pontpétard ».

Les lieux, comme leurs habitants, avaient souvent des surnoms. Pontpétard sur trouve sur la Chaussaire et était relié à Gesté par une « planche », autrement dit un petit pont sur la Sanguèze, tout près de Verdonnette.

La famille Poirier, derniers habitants de cette borderie, étaient donc aussi près de la Chaussaire que du bourg de Gesté. La petite famille se rendait à la messe tous les dimanches à Gesté, en empruntant le chemin qui passait par la Chollière avant de filer jusqu’au bourg. Un autre chemin menait directement à la Bâte, et c’est par ce sentier que la famille Poirier remontait ses animaux pour la vente.

Les bâtiments de la ferme étaient d’un seul tenant. D’un bout l’habitation ornée de jolies corniches en génoise, tuiles et briques, au milieu l’étable aux vaches et peut-être l’écurie du cheval s’il y en avait un, ou alors un baudet ou un âne comme cela était très courant à l’époque, et à l’autre extrémité, la grange. L’habitation était composée d’une pièce unique au rez-de-chaussée, c'est-à-dire la cuisine salle à manger avec sa cheminée et son placard à sa droite, et un étage pour le coucher. Un grenier devait sans aucun doute chapeauter le tout avec son toit de tuiles tige-de-botte.

Une particularité de ce bâti ancien, qui était encore visible en 1984, c’est l’alignement des portes communicantes des trois locaux. Cet alignement permettaient avec une seule bougie judicieusement posée dans la maison d’habitation, de donner un repère (plutôt qu’un éclairage) pour revenir à la cuisine, de la grange en passant par l’étable sans autre éclairage. Quelle économie, mais aussi quel manque de tout quand on a peu de ressources et que l'on est isolé. Pour l’eau courante, un puits se trouvait juste à côté de la maison en arrivant par le chemin.

Verdonnette - Photo prise en décembre 1984

Restant d'un mur où l'on voit encore la corniche en génoise

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LE NOYER, BIEN NOMMÉ « VERDONNETTE » - Suite.

La vie à Verdonnette à cette époque était des plus simple et pourrait faire rêver les écologistes d’aujourd’hui qui recherchent à vivre en autarcie dans la nature. Donc la famille Poirier avait la réputation de ne vivre que de sa production : lait, légumes, volailles, mais aussi de la nature environnante qui fournissait gibiers de garenne et poissons de la rivière. Pommes et poires sauvages, champignons, châtaignes amélioraient l’ordinaire pendant la saison qui leur étaient dévolues.

La pêche en Sanguèze était excellente et l’on peut simplement se poser la question du surnom de cette ferme, « Verdonnette » où l’on pêche beaucoup de « verdons » et autres gardons... À moins que l’origine du sobriquet ne rappelle cette zone humide où la ferme fut construite, toujours verte, pour ne pas dire verdoyante simplement « Verdonnettte ».

Le bordier (qui vit dans sa borderie), élevait au moins deux cochons qui lui servaient après vente, à payer le fermage, les impôts et ce que la ferme ne pouvait pas produire elle-même. Ces deux porcs étaient, avec l’aide de fermiers voisins, remontés par le chemin qui débouche au village de la Bâte, à pied naturellement.

Pierre Poirier, né vers 1851 et son épouse Jeanne Esseul née à Bois-Benoît de Gesté ont eu (au moins) cinq filles à Verdonnette : Jeanne Marie née en 1884 mariée Girault à Saint-Philbert en Mauges, Marie Joséphine née en 1885 mariée Chauvat à Saint-Philbert en Mauges également, Joséphine Marie née en 1889 mariée Coeffard à Gesté, Mélanie Germaine en 1891 mariée Maillet au May-sur-Evre, et Thérèse Marie en 1892 qui épousa Chauvat à Villedieu-la-Blouère.

Il semblerait que la ferme trop petite et impossible à agrandir, après le départ des filles et en l'absence de garçons pour prendre la suite des parents, fut simplement abandonnée et tomba en ruine doucement entre les deux guerres. Un des derniers propriétaires du temps de la famille Poirier était du Puiset-Doré et portait le sobriquet de « Petit Jésus ».

Il reste quelques murs qui ont dernièrement servi de parc pour les bestiaux. Aucun chemin municipal n’y accède, et le dernier bout de sentier privé qui arrivait à la fermette a disparu dans les champs.

Texte et photos de Alain Durand - MVPG

L'intérieur de Verdonnette en 1984

Ce qu'il reste de Verdonnette aujourd'hui

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LE PARLER DE CHEZ NOUS

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Gesté, comme toute les Mauges où il est situé, possède un langage qui disparaît tout doucement : le patois.

Ce patois, qui diffère parfois d’une commune à l’autre, plonge ses racines dans un curieux mélange de langue d’Oïl, mais quelques mots de la langue d’Oc s’y retrouvent également. Pour généraliser un peu, notre patois est nourri de vieux français. Mais surtout l’accent donné aux mots et aux phrases y est bien propre à notre bout de pays.

La particularité des gens de Gesté, c’est de vivre à Gétâ. Oui, il n’y a qu’à Gesté que ce parler en â existe dans notre région. Si un ancien d’une commune voisine vous demande de quel bourg vous venez, et que vous lui répondez : ma, je sé un gâs d’Gétâ ; (moi je suis un gars de Gesté), il saura immédiatement que vous y habitez depuis longtemps. Mais ces â ponctuent les phrases à tout bout de champ.

Quelques phrases entières entendues de la bouche des anciens de chez nous, sont restées gravées dans leur totalité dans la mémoire amusée de quelques gestois ; en voici deux pour nous mettre dans l’ambiance :

- J’é vu un grous gamion qu’arrivâ, j’é dju pou, j’é sautâ pa’l coutâ, j’é versâ dans l’foussa. J’ai vu un gros camion qui arrivait, j’ai eu peur, j’ai sauté par le côté, j’ai versé dans le fossé. - J’é r’tournâ dans l’débâs, djousque j’métâ cassâ la ch’ville de piâ, l’an derniâ. Je suis retourné dans le bas (d’un terrain), où ce que je m'étais cassé la cheville (du pied évidemment) l’an dernier.

Quelques explications s’imposent : les « ai » se prononcent « é ». Maison = méson. J’ai vu = j’é vu. Le camion transformé en « gamion » vient du parler nantais, et bon nombre de gens des Mauges en frontière de Loire-Atlantique le prononce. Le « u » ne se prononce pas facilement tout seul et se trouve accompagné dans le cas présent d’une consonne inexistante dans l’alphabet mais qui peut se traduire par « dj ».

Un petit glossaire pour commencer l’apprentissage de notre patois local est maintenant le bienvenu. Quelques mots utilisés très couramment vous sont donc présentés en désordre, les plus intéressés pourront les reclasser par ordre alphabétique.

● Un œuf se dit un cacaw. En auvergnat, l’œuf se dit un cacô. Dans notre partie des Mauges le « o » « eau » ou « au » se prononce aw.

● Erusser pour égratigner, râper. « je m’â érussé la pew des mains dans les épines ». Je me suis égratigné la peau des mains dans les épines .

● Couvrailles pour semailles. Se dit dans tout le grand ouest.● De la casse pour de la boue. Un terrain cassous pour un terrain boueux. ● Buffer pour souffler. Donne son appellation au soufflet de la cheminée, le buffoué.● Agât pour désordre. Quel agât dans la métairie après une tempête. Un agât d’eau pour dire des trombes d’eau.● Un meillaud, une meillaude pour parler des bohémiens et bohémiennes, chemineaux mal vêtus et par

comparaison pour qualifier méchamment quelqu’un de sale et mal vêtu.● Barrer une porte pour la fermer à clé. Se dit toujours très couramment.● Ramasse bourrier pour nommer la pelle à poussière. Mot du vieux français utilisé jusqu’à la cour des rois dans

une époque très, très lointaine qui est encore d’usage courant chez nous.● Un gougnafié pour parler de quelqu’un sans goût et dont le travail est lamentable.● Un treu pour présenter le pied d’une plante. (le treu d’choux). Le trognon d’un fruit ou d’un légume qui reste

après l’avoir mangé ou épluché.● Une guérouée pour nommer un groupe nombreux chez les animaux et par dérision ou par malice pour une

famille ayant beaucoup d’enfants. ● A t’ché fête pour vous dire au revoir. Ce fut une fête de vous rencontrer alors à la prochaine... fête.

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