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ASTRONotes Numéro 29 Janvier 2014 Les ambitions lunaires de la Chine Un instantané autour de Saturne LES TELECOMMUNICATIONS UNE PORTE OUVERTE VERS LA MONDIALISATION

ASTRONotes - destination-orbite.net · L'ambition lunaire de la Chine DOSSIER Comment ça marche Le podium des opérateurs privés De la planche à dessins à l'orbite Une toile sur

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ASTRONotesNuméro 29 ­ Janvier 2014

Les ambitionslunaires de la ChineUn instantanéautour de Saturne

LES TELECOMMUNICATIONSUNE PORTE OUVERTE VERS LA MONDIALISATION

2 Janvier 2014ASTRONotes 29

A L A U N EUn instantané autour de Saturne

A C T U A L I T ELes newsL'espace au jour le jour

E V E N E M E N TL'ambition lunaire de la Chine

D O S S I E RComment ça marcheLe podium des opérateurs privésDe la planche à dessins à l'orbiteUne toile sur orbite basse

A G E N D AOu découvrir l'espace

SOMMAIREASTRONotes 29 (Janvier 2014)L'AstroNotes est une revue trimestrielle quisort le 01/01, 01/04, 01/07 et 01/10 encomplément d'informations au siteDestination Orbite. Elle est téléchargeableau format PDF.Destination Orbite, le site de l’explorationde l’espace. Vous pouvez le visiter àl'adressewww.destination­orbite.netRetrouvez égalementDestination Orbite surwww.facebook.com/destinationorbiteRédactionPhilippe VOLVERT

Véronique CHEVALIERCouvertureSatellite Eutelsat 25B – Photos SpaceSystems Loral, Nasa, CNSA

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U N I N S TA N TA N E A U TO U R D ES AT U R N E

Saturne vue par la sonde américaine Cassini à 650 000 km de distance. Voilà un cliché quimarquera l'année 2013 voire même la mission. Il a été rendue public par la Nasa en novembredernier. A y regarder de plus près, la planète aux anneaux en contre­jour nous offre un portrait defamille qui s'étend bien au­delà du monde de Saturne.

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1: Avec un diamètre de 500 km, Encelade n'est pas la plus grande lune deSaturne, mais elle est l'une des plus intéressantes. Elle est recouverte d'unecroûte de glace fracturée au pôle Sud d'où s'échappe de la vapeur d'eau,signe de la présence d'un océan d'eau liquide sous la surface.2: Thetys est une lune composée essentiellement de glace d'eau de 1 060 kmde diamètre. Cette lune est caractérisée par la présence du cratère Odysseyde 400 km de large et de la faille baptisée Ithaca Chasma qui s'étend sur les3/4 de la circonférence de Thetys soit approximativement 2 000 km.3: Prometheus est une petite lune de forme oblongue de 145 km découvertepar la sonde Voyager 1 lors de son survol de Saturne en 1980. Elle estconsidérée comme berger de l'anneau F de Saturne.

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4: Epimetheus (119 km) partage son orbite autour de Saturne avec Janus à 151 400 km de Saturne. Tous lesquatre ans, elles s'approchent l'une de l'autre suffisament pour modifier leur orbite. La lune extérieure devientla lune intérieure tandis que la lune intérieure devient la lune extérieure.5: Les "clumps" sont des irrégularités dans les anneaux de Saturne. Ces zones, où l'anneau est plus épais,seraient le résultat des forces gravitationnelles des lunes voisines qui provoqueraient un amoncellement desparticules.7: Janus est une lune de 180 km de large environ poreuse regorgée de glace d'eau. Elle circule autour deSaturne sur la même orbite qu'Epimetheus.

6: Circulant au­dessus des anneaux, les spokes sont des nuages de grains de poussière chargés, mesurantmoins d'un micron, qui sont mis en mouvement par un champ électromagnétique. Il s'agit d'un phénomènesaisonnier qui apparait à l'équinoxe, au moment où les anneaux sont orientés vers le Soleil. Au cours d'unerévolution autour du Soleil (30 ans), les spokes sont visibles à deux reprises durant plusieurs années.

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6: Circulant au­dessus des anneaux, les spokes sont des nuages de grains de poussière chargés, mesurantmoins d'un micron, qui sont mis en mouvement par un champ électromagnétique. Il s'agit d'un phénomènesaisonnier qui apparait à l'équinoxe, au moment où les anneaux sont orientés vers le Soleil. Au cours d'unerévolution autour du Soleil (30 ans), les spokes sont visibles à deux reprises durant plusieurs années.

8: Pallene, petite lune de 4 km de diamètre découverte par la sonde Cassini en 2004. Le petit bloc rocheuxorbite à 211 000 km de Saturne.9: Tout comme Thetys, Mimas est reconnaissable à son cratère Herschel de 140 km de diamètre pour 10 km deprofondeur avec son piton central 6 km de haut. Il s'impose face aux 400 km de large pour la lune10: Pandora est une petite lune de Saturne de 84 km de long découverte en 1980 par le sonde Voyager 1. Satrès faible densité laisse à penser qu'il s'agit d'un astre très poreux. Il agit comme satellite berger externe del'anneau F de Saturne. Toutes les photos sont créditées Nasa/JPL­Caltech/Space Science Institute

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LES BREVESAccident mortel à PlesetskUn accident est survenu le 09 novembredernier au cosmodrome de Plesetsk.Alors qu’ils étaient en train de nettoyerune citerne contenant du tétra­oxyded’azote, plusieurs militaires ont été intoxi­qués après avoir respirés des vapeurstoxiques. Deux d’entre eux sont décédéstandis que trois autres ont été transportésà l’hôpital mais leurs jours n’étaient pasmenacés. Il s’agit du premier accidentmortel depuis octobre 2002. Ce jour là,une fusée Soyuz s’écrasait au sol provo­quant la mort d’un soldat percuté par undébris.Artemis change de propriétaireLe Conseil de l’agence spatiale euro­péenne a approuvé la vente du satelliteArtemis à l’opérateur anglais AvantiCommunications. Lancé en juillet 2001,le satellite expérimental de communica­tions a rempli tous les objectifs qui lui ontété assignés. Avec des réserves d’ergolssuffisantes pour le faire fonctionner troisannées supplémentaires, l’ESA a doncpréférer de le céder pour une sommesymbolique à un opérateur privé que dele conduire sur une orbite cimetière en2014.Calendrier EkspressLa Russian Satellite CommunicationsCompany, dépendant du Ministère descommunications et des médias, a dévoiléle calendrier de la mise sur orbite de sessatellites de télécommunicationsEkspress pour la période 2016­2025.Ainsi, on apprend que pas moins de 19engins seront lancés au cours de cettepériode. La majorité d’entre eux servirontà remplacer les satellites déjà sur orbiteet qui arrivent en fin de vie tandis qued’autres permettront d’élargir la zone decouverture déjà existante. Ils seront posi­tionnés entres 14° Ouest et 146° Est.Glenn seulAvec la disparition de l’astronaute ScottCarpenter le 10 octobre dernier à 88 ans,le premier groupe d’astronautes de laNasa ne compte désormais plus qu’unseul membre encore vivant. Aujourd’huiâgé de 92 ans, John Glenn est le dernierdes 7 astronautes que l’agence spatialeavait sélectionnés en avril 1959 afin debattre les Russes dans la course àl’espace.

I S O N S ' E S T E VA P O R E E

ISON, que l’on avait baptisée la comète du siècle, n’a pas survécu à sonpassage près du Soleil. Le petit bloc de glace d’un peu plus d’un kilomètrede diamètre avait été découvert en septembre 2012 par deux astronomesrusses. Ces derniers travaillaient sur un télescope de 40 cm de l'Interna­tional Scientific Optical Network près de Kislovodsk en Russie lorsqu’ils ontdécouvert une petite tache qu’ils ont identifiée comme étant une comète.Des calculs ont permis de déterminer que le 28 novembre, ISON passeraità 1,17 million de kilomètres du Soleil, subissant des températures de 2700°C. A l’approche fatidique, la comète était suivie par de nombreux en­gins dont l’observatoire solaire SOHO qui pointe constamment ses camérasvers notre étoile. Malgré les prévisions plutôt pessimistes, les premièresimages du satellite semblait montrer que la belle avait résisté à la chaleurintense qui lui faisait perdre jusqu’à trois millions de tonnes de matière àla seconde. Dans les jours suivants, il a fallu se rendre à l’évidence. Cequi ressemblait à une comète n’était plus qu’un nuage de débris sansnoyau poursuivant sa route, rapidement évaporé. Originaire du Nuaged’Oort, la comète aura mis 3 millions d’années pour arriver dans lesparages du Soleil où elle s’est disparu.

Photo ESA/Nasa/SOHO

LES NEWS

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D E U X N O U V E L L E S M I S S I O N S P O U R C O S M I C V I S I O NL’agence spatiale européenne a choisi la thématique deses deux prochaines grandes missions du programmeCosmic Vision. L2 sera lancée en 2028 et s’intéresseraà l’Univers chaud et dynamique grâce à un observatoiredu rayonnement X, successeur du télescope XMMNewton qui vient de franchir le cap des 14 années dansl’espace. Dans les prochaines semaines, l’ESA démar­rera la phase d’étude qui déterminera les caracté­ristiques de l’engin. La mission abordera la question del’accrétion de la matière qui sert à former les galaxieset les amas galactiques mais aussi celle de l’influencedes trous noirs sur leur environnement. L3 partira à larecherche des ondes gravitationnelles, théorie selon la­quelle, les ondulations dans le tissu de l’espace­tempsseraient créées par des objets célestes ayant une fortegravité. Pour l’heure, ces nouvelles fenêtres sur l’Uni­vers n’ont encore jamais été détectées directement. Lafeuille de route prévoit un lancement à l’horizon 2034.Photo ESA/Medialab

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B R I Z M , FA U T I L C R A I N D R E L E P I R E P O U R E X O M A R S

Au lendemain de la mise sur orbite réussie d’un satellite Raduga M par une fusée Proton en novembre dernier,une rumeur faisait était d’un problème rencontré sur l’étage Briz M pendant sa phase de vol. Rumeur officiali­sée quelques jours plus tard par les autorités compétentes. Le système de traitement de données à bord n’au­rait transmis aucune information sur l’état de fonctionnement de l’étage sans pour autant compromettre lamission. L’incident, qualifié d’isolé, est le énième rencontré sur l’étage depuis son introduction sur les fuséesProton et Rockot. Rien que pour 2013, trois d’entre eux ont présenté une anomalie heureusement sansconséquence. Néanmoins, il révèle les difficultés qu’ont les Russes à fiabiliser un étage pourtant très perfor­mant au niveau de son utilisation. Si pour une mission commerciale, le client dispose d’une assurance en casde perte du satellite lors d’un lancement, il en est autrement pour une mission scientifique comme c’est le casdes deux sondes Exomars qui doivent embarquer à bord de Proton en 2016 et 2018. Les budgets alloués sonttellement serrés qu’il est impossible d’assurer les engins. Les responsables placent tous leurs espoirs sur le bondéroulement du vol. Il en va de la réussite du programme Exomars dont le coût avoisine 1,1 milliard d’euros.

Photo Khrunichev Space Center

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L ' H E X A G O N E D E S AT U R N E A L A L O U P E

La Nasa vient de dévoiler des images surprenantes en fausses couleurs de l’hexagone surplombant le pôle nordde Saturne. Connu depuis de longue date, cette singularité de 14 000 km de long est créée par des vents sedéplaçant à plus de 200 km/h et s’étend jusqu’à 70° de latitude. Sa période de rotation coïncide avec celle desémissions radio en provenance de l'intérieur de la planète, soit 10 heures 39 minutes et 24 secondes. Le phé­nomène est comparable aux ouragans que l’on retrouve sur notre planète mais à une échelle bien supérieure.Contrairement à ces derniers qui finissent par disparaître en entrant sur les terres émergées, sur Saturne, il n’ya rien qui le freine, ce qui explique qu’il soit visible depuis sa découverte par les sondes Voyager dans les an­nées 80. Depuis l’équinoxe de printemps dans l’hémisphère nord en 2009, le pôle est mieux exposé à la lu­mière, favorisant les observations. Les conditions devraient s’améliorer d’ici 2017 à l’approche du solstice d’étéqui coïncide avec la fin de la mission. D’ici là, les chercheurs suivront de près les changements qui se produi­ront à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des limites de l’hexagone.

Photo Nasa/JPL­Caltech/SSI/Hampton University

S PA C E X A U L C ­ 3 9 ASpaceX est en pourparler avec la Nasa pour l’exploita­tion du pas de tir 39A à Cap Canaveral en Floride.L’installation de lancement avait été construite dans lesannées 60 pour le programme Apollo avant d’êtreadaptée pour les navettes. Désormais inutilisée, laNasa souhaite la mettre à disposition d’opérateurs pri­vés qui pourraient bénéficier d’une infrastructure com­prenant bâtiments, stations de poursuite, système decommunications les plus performants. SpaceX était encompétition avec Blue Origin qui développe le véhiculespatial réutilisable New Shepard. Si les négociationsaboutissent, Spacex disposera d’un pas de tir supplé­mentaire pour au moins 5 ans. La compagnie privée adéjà un pied à terre à Cap Canaveral puisqu’elle ex­ploite le pas de tir numéro 40 pour ses fusées Falcon 9en complément du SLC­4E à Vandenberg en Californie.Elle étudie également la possibilité de construire uncomplexe de lancement au Texas. Avec un manifestede lancement comptant 40 lancements à effectuer d’ici2018, l’ancien pas de tir des navettes arriverait à pointpour garantir une cadence de lancement importante.Photo Nasa/Dimitri Gerondidakis

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D R E A M C H A S E R D E R A P ELe 26 octobre dernier, le Dream Chaser effectuait sonpremier vol libre en vue de sa qualification pour le volhabité dans le cadre du programme CCDev de la Na­sa. Largué d'un hélicoptère Erikson AirCrane à 3 700m d'altitude, l’engin devait effectuer un retour enmode automatique sur la piste de la base aérienned’Edwards en Californie. Si la descente s’est effectuéeselon le profil de vol établi, un incident est intervenuau dernier moment. La trappe du train d'atterrissagegauche est restée fermée à cause d'une contaminationdu fluide hydraulique utilisé pour alimenter le sys­tème. Déséquilibré au contact avec la surface de lapiste 22, l’engin s’est renversé dans un nuage depoussière soulevé à l’impact. Quelques jours aprèsl’accident, la Sierra Nevada Corporation se montraitrassurante en expliquant que l’engin avait subi peu dedégât et que si un équipage avait embarqué, il en se­rait sorti sain et sauf. En dépit de ce contretemps, laNasa continue à soutenir le projet et a donné son feuvert pour d’autres tests plus complets.

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A R I A N E S PA C E , U N E C A D E N C E Q U I S ’ A C C E L E R ETout semble aller pour le mieux pour Arianespace qui asigné en quelques semaines deux importants contratsavec ses fournisseurs. Le 18 septembre dernier,Stéphane Israël passait commande auprès du françaisAstrium pour étendre la production d’Ariane 5 à 18exemplaires supplémentaires à livrer à partir de 2017.Deux mois plus tard, il fait de même avec l’italien ELVpour la fourniture de 10 Vega en plus des 4 en coursde fabrication dans le cadre du programme VERTA.D’ici 2020, Arianespace disposera de 52 lanceurs pourrépondre à la demande de ses clients toujours plusnombreux. En effet, le carnet de commande du leadermondial ne désemplit pas. A ce jour, il comprend 21lancements d’Ariane 5, 10 de Soyuz et 4 de Vega, soitplus de trois ans d’activité. Pour faire face à une ca­dence de lancement qui va en augmentant,Arianespace vient d’engager la construction d’un nou­veau bâtiment de remplissage au Centre SpatialGuyanais qui fera partie intégrante des installations delancement Soyuz. Il sera dédié aux opérations de rem­plissage en ergols de l’étage supérieur du lanceur russeet sera disponible au premier semestre 2015. Il rem­placera les installations actuelles qui seront utilisées auprofit de la préparation des charges utiles pour les troislanceurs exploité par Arianespace.

S AV I E Z ­ V O U SAu départ, la première navette américaine devait s’appeler Constitution. Mais une campagne soutenue par lesfans de la série Star Trek en a décidé autrement. Près de 200 000 lettres sont parvenues au siège de la Nasademandant de changer le nom pour celui d’Enterprise, en hommage au vaisseau du programme télévisé. Anoter qu’Enterprise est la seule navette de la flotte à n’avoir jamais été dans l’espace.

Photo Arianespace/ESA/CNES/Optique Vidéo CSG

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Photo Sierra Nevada Corporation

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O C TO B R E 2 0 1 302/10: L’ATV­4 procède à l’une de ses dernièresmanœuvres orbitales amarré à l’ISS. Ses moteurssont allumés durant 815 secondes afin d’augmenter lavitesse de 1,95 m/s, ce qui a pour conséquence de re­hausser l’orbite du complexe orbital de 3,4 km. Lamanœuvre a été réalisée afin de positionner au mieuxl’ISS en vue de l’amarrage prochain du vaisseau SoyuzTMA­11M.14/10: La sonde Cassini procède à son 95ème survolde Titan. C’est le survol le plus fortement incliné avecune approche (961 km de distance) depuis la régionéquatoriale vers les régions les plus nordiques. Ellecoïncide avec l’heure proche de midi, période où l’enso­leillement est maximal, un avantage pour étudier les ef­fets de l’entrée du rayonnement solaire dansl’atmosphère de Titan.22/10: Le ravitailleur Cygnus développé par OrbitalSciences Corporation vient d'achever sa première visitede la station spatiale internationale. L'engin a été désa­marré du complexe orbital au terme d'une mission lo­gistique d'un mois qui aura permis d'acheminer 700 kgde fret à destination de l'équipage. Après le succès dece vol de démonstration, un second est d'ores et déjàplanifié pour décembre prochain.24/10: Nouvelle rehausse d’orbite pour la stationspatiale internationale. Le cargo ATV­4 a allumé sesmoteurs durant 257 secondes afin d’augmenter la vi­tesse orbitale de 0,62 m/s. Il s’agissait de la dernièremanœuvre du genre réalisé par l’engin avant son désa­marrage prévu pour le 28 octobre.24/10: International Launch Services signe avec legroupe luxembourgeois SES un contrat portant sur lelancement du satellite Astra 2G par une fusée Protondans le courant du second trimestre 2014.25/10: Une fusée chinoise Chang­Zheng 4B s’élance duCentre Spatial de Jiuquan et place correctement sur or­bite le satellite qu’elle transportait. Shi Jian 16 est dé­dié à la recherche technologique et à l’étude del’environnement. Il circule sur une orbite de 601 x617 km sur une inclinaison un peu particulière, à sa­voir 74,98°.25/10: Quelques heures après le succès de la fusée chi­noise, une autre fusée prend la route de l’espace. Ils’agit d’une Proton lancée depuis le pas de tir 200/39

au cosmodrome de Baïkonour. Elle transporte le sa­tellite Sirius FM­6 (6 tonnes) qui couvrira tout le terri­toire nord américain en service radiophonique etégalement à la transmission de données pour les véhi­cules équipés d’un système de navigation.28/10: Le quatrième vaisseau de ravitaillement euro­péen s'est parfaitement désamarré de la stationspatiale ce lundi matin (image ci­dessous). Le ravi­tailleur devait acheminer 3 440 kg d'ergols dont 2 580pour les opérations de reboost, 570 kg d'eau, 100 kgd'air et d'oxygène ainsi que 2 480 kg de divers com­prenant des vêtements, denrées alimentaires, ou­tillages et autres. Il achève ainsi sa mission qui auraduré 4 mois. Désormais, il ne reste qu'un seul vais­seau du genre fourni par l'Europe. Baptisé Georges Le­maître, cet ATV­5 rejoindra l'ISS en juin 2014.

29/10: La Chine lance dans l’espace un nouveau sa­tellite. Yaogan 18 a été placé sur orbite par une fu­sée Chang­Zheng 2C qui a décollé du Taiyuan SatelliteLaunch Center. Quelques minutes plus tard, il rejoi­gnait son orbite de 490 x 510 km inclinée de 94,6°,identique à celle de Yaogan 6 qu’il supplémenterait ouremplacerait. Selon les officiels, il s’agit d’un satellitede télédétection mais des spécialistes de l’astronau­tique chinoise penchent plutôt pour une mission de re­connaissance.

L'ESPACE AU JOUR LE JOUR

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Photo ESA

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N O V E M B R E 2 0 1 301/11: Les membres de l'équipage de Soyuz TMA­09Mont déplacé leur vaisseau afin de laisser la place libreà Soyuz TMA­11M dont le lancement est prévu dans 6jours. Ils se sont désamarrés du port d'amarrage dumodule Rassvet pour rejoindre celui du module Zvezdalaissé libre après le départ de l'ATV­4. L'opération s'estachevée au bout de quelques minutes.

05/11: L’Inde réussit la mise sur orbite de sa premièremission d’exploration martienne (image ci­dessus).Mars Orbiter Mission a pris son envol depuis le premierpas de tir au centre spatial de Sriharikota. Ne dispo­sant pas d’un lanceur suffisamment puissant pour re­joindre une route directe vers Mars, l’Inde a duplanifier un plan de vol au départ de l’orbite terrestre.L’engin va profiter au maximum de la rotation terrestrepour imprimer la différence de vitesse en allumant à 7reprises son moteur d’ici le 01 décembre prochain.Rendez­vous avec Mars le 24 septembre 2014.07/11: Le vaisseau Soyuz TMA­11M s'est parfaitement

amarré à la station spatiale internationale. Le vaisseauétait parti 6 heures plus tôt du cosmodrome deBaïkonour avec à son bord le Russe Mikhail Tyurin,l'Américain Rick Mastracchio et le Japonais KoichiWakata. Pendant quelques jours, le complexe orbitaldevrait compter 9 passagers. En effet, la date de lan­cement de Soyuz TMA­11M avait été avancée dequelques jours afin de permettre une sortie extra­véhi­culaire avec la torche olympique qui doit revenir àbord de Soyuz TMA­09M le 11 novembre prochain.09/11: Les cosmonautes russes Oleg Kotov et SergeyRyazanskiy ont accompli une sortie extra­véhiculairede 05 heures 50 afin de réaliser des tâches de mainte­nance à l'extérieure de la station spatiale internatio­nale. Ils profité de cette EVA pour une sortiepromotionnelle de la torche olympique, non alluméepour des raisons de sécurité, en vue des Jeux d'hiverqui se dérouleront à Sochi. La torche devrait revenir le11 novembre à bord de Soyuz TMA­09M avant d'êtrerelayée jusqu'à la ville hôte des Jeux où elle arriverale 07 février prochain.11/11: Le vaisseau Soyuz TMA­09M s'est posé en dou­ceur ce lundi matin dans la steppe kazakhe. Il trans­portait le cosmonaute russe Fyodor Yurchikhin, lesastronautes italien Luca Parmitano et américaine KarenNyberg. L'atterrissage réussit du vaisseau met unterme à une mission de 166 jours 06 heures et 19 mi­nutes. Plus anecdotique, l'équipage ramène avec lui latorche olympique qui était partie avec l'équipage deSoyuz TMA­11M quelques jours plus tôt.11/11: Une fusée russe Proton M/Briz M place sur or­bite le satellite de communications militaires Raduga1M­3 (2 300 kg). Le décollage est intervenu à l’heuredite depuis le pas de tir 81/24 du cosmodrome de Baï­konour. Quelques jours plus tard, une source officielleannonçait qu’une anomalie était apparue en vol. Bienqu’ayant libéré le satellite sur l’orbite visée, l’étageBriz M n’a transmis aucune télémétrie durant ses 9heures de vol. L’incident a été classé comme isolé etaucune suite ne sera donnée.14/11: Arianespace signe avec l’agence spatialeindienne un contrat portant sur le lancement dessatellites de télécommunications GSat 15 et 16. Lesdeux engins de 3 150 kg chacun seront lancés en2015 par Ariane 5.18/11: Après l’Inde, c’est au tour des Etats­Unis departir vers Mars. Une fusée Atlas V/401 décolle dupas de tir 41 de Cap Canaveral et place sur unetrajectoire directe la sonde MAVEN. L’engin de 2 454kg doit arriver à destination en novembre 2014. Samission consiste à étudier la haute atmosphèremartienne et les interactions qu’il peut y avoir avec

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Photo ISRO

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l’environnement dans lequel elle évolue, notamment levent solaire.19/11: Trois CubeSat amenés par le HTV­4 en août2013 ont été éjectés dans l’espace depuis la stationspatiale internationale. Il s’agit du vietnamienPicoDragon (1 kg) dédié à l’imagerie basse résolutionde la Terre, de la Nasa ArduSat 1 (1 kg) et ArduSat X(1 kg) pour la recherche technologique (Photo ci­des­sous).

20/11: Les Etats­Unis établissent un nouveau record,celui du plus grand nombre de charges utiles placéessur orbite lors d’un même lancement. Une fuséeMinotaur I, partie du site de Wallops Island, a lancésur orbite basse 31 satellites allant de 1 à 180 kg. Laplupart sont des CubeSat développés par des universi­taires.20/11: La Chine lance dans l’espace le satellite de télé­détection Yaogan 19 (1 040 kg). Il a pris son envol ju­ché au sommet d’une fusée Chang­Zheng 4C qui adécollé du pas de tir LC­9 au Taiyuan Satellite LaunchCenter. L’engin a rejoint une orbite circulaire à 1 000

km d’altitude inclinée de 100,1°.20/11: TechEdSat 3, un petit CubeSat de 3 kg, amenéà bord de l’ISS par le ravitailleur japonais HTV­4 estlargué dans l’espace. Il a été conçu conjointement parles Universités de San José et de l’Idaho. L’évène­ment intervient le jour du 15ème anniversaire du lan­cement de Zarya, le premier module de la stationspatiale.21/11: Le record détenu par les Etats­Unis pour lenombre de charges utiles lancées dans l’espace en uneseule fois vient d’être battu par les Russes. Une fuséeDnepr lancée depuis le cosmodrome de Dombarovskiya permis d’expédier 33 satellites sur une orbite circu­laire héliosynchrone. La masse de ces satellites va­rient entre 1 et 300 kg. La charge utile principale estle satellite des Emirats Arabes Unis DubaiSat 2 dédié àl’observation de la Terre.22/11: L’activité spatiale est très intense en cette finde mois de novembre. Ce 22 novembre, c’est une fu­sée Rockot qui prend son envol depuis le cosmodromede Plesetsk. Elle permet la mise sur orbite du trio dela mission européenne Swarm. Les satellites d’unemasse de 468 kg, doivent étudier la magnétosphèreterrestre. Si le lancement est un succès, l’étage supé­rieur Briz M a rencontré une nouvelle anomalie. Il n’apas allumé son moteur en fin de mission afin de pro­céder à la manœuvre de désorbitation.22/11: La CGWIC signe avec APT Satellite CompanyLtd un contrat clé en main pour le satellite Apstar 9.Suivant l’accord conclu, le groupe aérospatial construi­ra le satellite et le livrera sur l’orbite géostationnairepar 142° Est. Il fournira également les infrastructuresau sol avec le soutien de ses sous­traitants. Le lance­ment par une fusée Chang­Zheng 3B depuis le centrespatial de Xichang est programmé pour fin 2015.25/11: Une fusée Chang­Zheng 2D décolle du centrespatial de Jiuquan et place sur orbite le satelliteShiyan 5. Très peu d’information a filtré sur l’engin,mais il pourrait s’agir d’un satellite de télédétection. Ila rejoint une orbite héliosynchrone quasi circulaire(739 x 755 km ; 97,99°).25/11: Lancement du ravitailleur russe Progress M­21M à l’aide d’une fusée Soyuz U qui a pris son envoldepuis le pas de tir 31/6 au cosmodrome de Baïko­nour. Contrairement aux derniers Progress, celui­ci nerejoindra pas la station spatiale en 6 heures. La Rus­sie souhaite procéder à des essais Kurs­NA du sys­tème de rendez­vous automatique Kurs. Un testsimilaire avait été réalisé sur Progress M­15M en avril2012.

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Photo Nasa

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29/11: Le ravitailleur russe Progress M­21M est arrivéà la station spatiale non sans mal. A 60 m de distance,le système de rendez­vous Kurs­NA s'est bloqué obli­geant le cosmonaute Oleg Kotov à prendre le contrôlemanuel du vaisseau et à l'amarré au port d'attache ar­rière du module Zvezda.D E C E M B R E 2 0 1 301/12: La Chine expédie sa troisième mission robo­tique vers la Lune. La sonde Chang’e 3 est partie ducentre spatial de Xichang au sommet d’une fuséeChang­Zheng 3B. Elle mettra 5 jours pour atteindrenotre proche voisine où elle doit se poser en douceur,accompagnée par le rover Yutu pour une explorationdu site d’atterrissage situé dans la Mer des Pluies.01/12: La sonde Cassini passe à 1 400 km de l’hémi­sphère Nord de Titan. Cette 96ème rencontre s’estfaite à la vitesse de 5,9 km/s. Elle avait pour objectifde réaliser une cartographie en moyenne résolution dela région localisée entre 53 et 48° Nord et 130 et 163°Ouest avec le spectromètre infrarouge et la caméraISS.03/12: Après plusieurs reports pour problèmes tech­niques, la fusée Falcon 9 V1.1 réussit la mise sur or­bite du satellite de télécommunications SES 8 (3,2tonnes) après son lancement de la base de Cap Cana­veral. Le rendez­vous était important pour SpaceXpuisqu’il ouvre grand la porte du marché que se dis­

pute Arianespace, International Launch Services, Sea­Launch et plus récemment Mitsubishi Heavy Industriespour la mise sur orbite des satellites commerciaux.Face à la concurrence, l’opérateur privé n’avait pasdroit à l’erreur s’il voulait leur grignoter quelques parts(Photo ci­dessus).06/12: Une fusée Atlas V/501 s’élance de Vandenbergen Californie pour une mission estampillée « SecretDefense ». La charge utile principale baptisée NROL­39 serait un satellite de reconnaissance radar duprogramme Future Imagery Architecture développépar Boeing pour le compte du Pentagone. Il s’agit dutroisième engin de ce type que l’armée américaine ex­pédie dans l’espace. Ils circulent sur une orbite circu­laire à 1 000 km d’altitude sur une inclinaison de123°. NRO L­39 n’était pas seul pour ce voyage. Ilétait accompagné de 12 CubeSat dont la masse varieentre 1 et 5 kg.08/12: Le satellite Inmarsat 5 F­1 (6,1 tonnes) estplacé correctement sur orbite après son lancement parune fusée Proton M/Briz M qui a décollé du cosmo­drome de Baïkonour. Pour rejoindre l’orbite de trans­fert supersynchrone (4,341 x 65,000 km; 26,75°), leplan de vol prévoyait 5 allumages de l’étage supérieurBriz M répartis sur une période de 15 heures 20.09/12: La Chine échoue le lancement du satellite sino­brésilien de télédétection CBERS 3 (2,1 tonnes). Lafusée Chang­Zheng 4B avait décollé du centre spatial

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Photo SpaceX

de Taiyuan à l’heure prévue. Selon les premièresinformations, les deux moteurs YF­40 du troisièmeétage se seraient éteints 11 secondes trop tôt. Cetteextinction prématurée aurait eu pour conséquence undéficit de vitesse de 0,3 km/s, suffisant pour ne pas at­teindre la vitesse de satellisation et conduire à la re­tombée du satellite dans les hautes couches del’atmosphère 15 minutes plus tard.12/12: Une valve de commande du flux d'ammoniacservant à la régularisation de la température dansl'une des deux boucles de refroidissement externes nese ferme pas correctement. Le problème rencontré nepermet plus de maintenir une température suffisantepour faire fonctionner une partie des équipements dela partie occidentale de l'ISS. La Nasa analyse la situa­tion afin d'évaluer s'il est nécessaire d'effectuer des ré­parations ou non. Orbital Science Corporation attendles conclusions de l'agence spatiale pour voir si le lan­cement du ravitailleur Cygnus peut être maintenu ounon pour le 18 décembre prochain.12/12: Arianespace lancera un satellite pour le comptedu gouvernement brésilien. SGDC (SatelliteGéostationnaire de Défense et de Communications) par­tira de Kourou au sommet d’une fusée Ariane 5 dansle courant de l’année 2016. Le satellite de près de 6tonnes sera dédié aux communications stratégiquespour le compte du Ministère de la Défense et au dé­ploiement de services haut débit pour le compte du Mi­nistère des Télécommunications.14/12: La Chine devient le troisième pays à réussir l’at­terrissage sur la Lune d’un engin automatique. Lasonde Chang’e 3 s’est posée en douceur dans la Merdes Pluies pour une mission d’un an. Elle emportait unrover baptisé Yutu chargé d’explorer le site pendant en­viron 3 mois.17/12: Arianespace annonce la signature d’un contratde service de lancement pour deux satellites en orbitebasse. Les informations concernant les clients et lamission des satellites est restée confidentielle et ne se­ra dévoilée qu’en temps voulu. Tout au plus, on saitque les lancements seront effectués par une fuséeVega en 2017 et 2018.19/12: Une fusée Soyuz lancée depuis la Guyane a pla­cé sur orbite le satellite européen d’astrométrie Gaia(2 tonnes). L’engin conçu par Astrium est destiné àmesurer les caractéristiques de plus d'un milliard d'ob­jets célestes dans notre Voie Lactée. Les données re­cueillies pendant 5 ans permettront d’améliorer nosconnaissances concernant la structure, la formation etl'évolution de notre galaxie, mais également apporterun nouvel éclairage dans l’astrophysique (Photo ci­contre).

19/12: La fusée Atlas V/401 de la United LaunchAlliance est choisie par la Nasa pour lancer la sonded’exploration martienne InSight. L’engin de 350 kgpartira en 2016 depuis la base de Vandenberg. Habi­tuellement, c’est Cap Canaveral qui est privilégié pourla mise sur orbite d’une sonde. Mais le trafic plusintense du centre spatial et les performances du lan­ceur qui permettent d’envisager la Californie qui offreégalement l’avantage de pouvoir tirer vers une orbiteterrestre de parking de haute inclinaison comme lenécessite InSight.20/12: Dix jours après la déconvenue lors du lance­ment du satellite CBERS­3, la famille des fuséesChang­Zheng reprend du service. La version 3Bs’élance du centre de spatial de Xichang et place cor­rectement sur orbite le satellite bolivien Túpac Katari 1(5,1 tonnes). En plus de sa mission principale dédiéeaux télécommunications, il devrait faciliter le dévelop­pement de projets civils dans le domaine de l’éduca­tion et la télémédecine. L’engin construit par la Chinedevrait fonctionner pendant au moins 15 ans.21/12: Les astronautes Rick Mastracchio et MikeHopkins viennent d'achever une sortie extravéhiculairede 05 heures 28. Elle est la première des trois EVAque la Nasa a programmées pour remplacer la pompedu système de refroidissement tombée en panne le 11décembre dernier. La prochaine devrait avoir lieu le 24décembre avec le même duo.24/12: Les astronautes Rick Mastracchio et MikeHopkins ont effectué la seconde sortie pour acheverles travaux de remplacement de la pompe défectueusedu circuit de refroidissement de la station spatiale. Ilsont été aidés par l'astronaute japonais Koichi Wakataqui pilotait le bras robotisé nécessaire pour le déplace­ment des deux marcheurs de l'espace. L'EVA qui a du­ré 07 heures 30 fait suite à la sortie du 21 décembreet ne devrait pas nécessiter une troisième comme pré­vu au départ par la Nasa.

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Photo ESA

25/12: Un missile reconverti Rockot décolle du pas detir 133/3 à Plesetsk et place correctement sur orbitetrois satellites Strela 3M (225 kg chacun). Les enginsdédiés aux communications militaires circulent sur uneorbite circulaire culminant à 1 400 km d’altitude surune inclinaison de 82,6°.26/12: Une fusée Proton M équipée d’un étage supé­rieur Briz M réussit à la mise sur orbite du satellite Eks­press­AM 5 (3,6 tonnes). Le lanceur russe avait prisson envol quelques heures plus tôt du pas de tir 81/24au cosmodrome de Baïkonour. Le satellite est le pre­mier à utiliser la nouvelle plate­forme Ekspress­2000développée par ISS Reshetnev. Depuis sa position par140° Est, il devrait fournir des services de télécom­munications pour le territoire russe pendant au moins15 ans.27/12: Les cosmonautes russes Oleg Kotov et SergeïRyazansky ont effectué une sortie extravéhiculaire de08 heures 07 minutes. Les deux compères devaientinstaller sur le module Zvezda les caméras HRC etMRC pour une expérience canadienne d'observation dela Terre ainsi que récupérer quelques expériences mon­

tées à l'extérieur. Le branchement des camérasn'ayant pas donné satisfaction, les cosmonautes lesont ramenées à l'intérieur pour inspection.28/12: C’est à la Russie que revient l’honneur de cloreles lancements 2013 avec l’introduction d’un nouveaulanceur. Soyuz 2.1V est une version modernisée quise distingue de l’antique Soyuz des années 60 pardeux modifications majeures. Le moteur à quadrupletuyère de l’étage central est remplacé par un moteurmono tuyère NK­33M hérité du programme lunaire so­viétique N­1. Les propulseurs latéraux si caracté­ristiques ont été supprimés. La fusée ainsi obtenueest un lanceur léger aux performances comparables àl’européenne Vega avec 1,4 tonne sur une orbite hélio­synchrone. Son vol inaugural, placé sous l’autoritémilitaire, a eu lieu depuis le cosmodrome de Plesetsk.Il a permis la mise sur orbite deux sphères de calibra­tion radar montées sur un large adaptateur cylin­drique. Se trouvait également sous la coiffe lesatellite AIST 1 construit par les étudiants de l’Univer­sité aérospatiale de Samara ainsi qu’un ballast pourtester les performances du lanceur.

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Photo Roskosmos

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L’AMBITION LUNAIRE DELA CHINEO R I G I N E D U P R O G R A M M EAvec l’atterrissage réussi de Chang’e 3 le 14 décembredernier, la Chine franchit une nouvelle étape dans sonprogramme d’exploration lunaire. Un programme quitrouve ses origines au milieu des années 90 avec uneétude de faisabilité réalisée par trois scientifiques del’Académie des sciences et de l’Académie des technolo­gies spatiales. A l’époque, ils préconisaient l’utilisationdes technologies existantes, notamment la plate­formeDFH­3 employée pour les satellites de télécommunica­tions, et les adapter pour une mission lunaire. L’étudetrouve écho au sein de l’Académie des sciences avec lapublication en avril 1997 d’un rapport sur des « Sug­gestions pour développer les technologies pour l’explo­ration lunaire de la Chine » suivi quelques mois plustard par des études préliminaires initiées par le Comitéde la Science, de la Technologie et des Industries pourla Défense Nationale (COSTIND). Le Comité proposed’établir un plan en trois phases :­ Phase I : Envoyer un ou plusieurs sondes inhabitéesen orbite lunaire pour une étude et cartographie de lasurface de notre voisine ;­ Phase II : Envoyer un ou deux atterrisseurs qui servi­ront à déployer des rovers qui exploreront l’environne­ment du site ;­ Phase III : Envoyer un ou deux atterrisseurs pourune collecte d’échantillons de sol et les ramener surTerre.Après avoir démarré en février 2003, le programmeest officialisé par le Premier Ministre Wen Jiabao le 24janvier 2004 avec la création du Programmed’Exploration Lunaire de la Chine (CLEP). Il est placésous l’autorité du COSTIND qui est responsable du pro­jet et de la coordination. Le CLEP s’appuie sur cinqsystèmes, à savoir la sonde, le lanceur, la télémétrie,le système de poursuite et de contrôle, le site de lance­ment et les systèmes au sol. Les sondes sont bapti­sées Chang’e, déesse de la Lune dans la mythologiechinoise.P H A S E ILa Phase I se concrétise en octobre 2007 avec le lance­ment de Chang’e 1 par une fusée Chang­Zheng 3A. Ils’agit d’un engin de 2 350 kg équipé 8 instrumentsdont une caméra stéréoscopique d’une résolution de120 m qui a servi à réaliser une carte tridimension­

nelle de la surface lunaire. La mission, évaluée entreenviron 133 à 187 millions de dollars, s’est achevéeofficiellement en octobre 2008. Cependant, Chang’e 1a continué à transmettre des données utiles pendantquelques mois qui serviront pour les missionssuivantes. Le 01 mars 2009, la sonde a exécuté l’ul­time ordre reçu du centre de contrôle. Elle s’écrasedans la poussière lunaire de la Mer de la Féconditéaprès avoir transmis quelques 175 Gb d’informationsdepuis son arrivée en orbite lunaire.Même si elle s’inscrit dans la continuité de son aînée,Chang’e 2 est autrement plus ambitieuse pour le pro­gramme spatial chinois. Non seulement, la missionprépare le terrain pour l’exploration lunaire avenirmais également celle du système solaire. Avec unemasse pratiquement identique à Chang’e 1, Chang’e 2est tout d’abord expédiée vers la Lune en octobre2010. Elle emporte quelques instruments scientifiquesdont une caméra pour prendre des clichés d'une réso­lution de 10 mètres à 100 km de la surface lunaire.Elle dispose également d’une caméra plus puissante,notamment pour localiser des sites d’atterrissagespour les missions futures. Avec une résolution de 1,5mètre à 15 km d’altitude, la région de Sinus Iridumest cartographiée avec une précision sans précédent.Au bout de sept mois, tous les objectifs qui lui étaientassignés pour notre satellite naturel sont atteints. Ellereçoit l’ordre de décrocher de l’orbite lunaire pour re­joindre le point Lagrange L2 à 1,5 million de km de laTerre dans la direction antisolaire. Il lui faut 77 jourspour y arriver. Une fois sur place, elle observe leSoleil, étudie le champ magnétique terrestre et lesinteractions entre les deux. C’est une occasion pourles Chinois de tester les communications longuedistante qui seront nécessaires pour les missions d’ex­ploration planétaire. Après 235 jours au L2, Chang’e2 reçoit un nouvel ordre de mission, à savoir le survolde l’astéroïde 4179 Toutatis alors qu’il est à 7 millionsde kilomètres de nous. Le passage rapide, à la vi­tesse de 10,7 km/s, a lieu le 13 décembre 2012 à 3,2km de distance. C’est une occasion pour les scienti­fiques d’appréhender ce petit corps rocheux d’un peumoins de 4 km de long qui croise régulièrement l’or­bite de notre planète avec laquelle, il risque un jourd’entrer en collision. Selon les prévisions actuelles, lepassage le plus proche devrait avoir lieu en novembre2069 à trois millions de km.

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P H A S E I IAprès le succès des missions Chang’e 1 et 2, la Chinepeut passer à la Phase II de son programme avec lasonde Chang’e 3. Son lancement intervient le 01décembre dernier avec une insertion en orbite lunairecirculaire à 100 km d’altitude cinq jours plus tard. Pen­dant une semaine, l’engin va procéder par étapes à ladiminution de son altitude et à la recherche du site leplus propice pour une manœuvre d’atterrissage. C’estchose faite le 14 décembre, date qui coïncide avec ledébut du jour lunaire d'une durée de quatorze jours ga­rantissant durant cette période la fourniture d'énergiesolaire et une température relativement clémente. Ilest le premier engin à se poser en douceur depuis lasonde soviétique Luna 24 an 1976. Il est localisé par19,51° Ouest et 44,12° Nord, dans la région du Golfedes Iris, qui borde la Mer des Pluies. Il s’agit d’une im­mense plaine basaltique âgée de 3 milliards d’années.L’atterrisseur emporte des caméras à différentes résolu­tions ainsi qu’un télescope ultraviolet pour des observa­tions astronomiques portant. Pendant le voyage de laTerre à la Lune, il a servi de plate­forme pour le trans­port du petit rover baptisé Yutu, qui se traduit littérale­ment par « Le lapin de jade ». Il s’agit d’un véhiculemobile monté sur 6 roues d'une masse de 140 kg dont20 kg de charge utile qui comprend un radar capablede sonder les couches superficielles jusqu'à une profon­deur de 30 mètres et de déterminer la structure lacroûte lunaire jusqu'à une profondeur de 100 m, d’unspectromètre rayons X à particules alphas pour dé­terminer les différents minéraux qui composent la sur­face lunaire, un spectromètre imageur en lumièrevisible et proche infrarouge mesure la distribution desminéraux lunaires et diverses caméras pour prendredes clichés dont certains en haute résolution. N’ayant

pas une autonomie aussi longue que l’atterrisseur, Yu­tu ne devrait fonctionner que 3 mois. Trois mois aucours desquels, il va se déplacer sur une distance deplusieurs kilomètres pour étude approfondie du site.Chang’e 3 sera suivie en 2015 par Chang’e 4 qui seraune réédition de la mission précédente mais à un en­droit différent. Au moment de choisir la destinationpour la Chang’e 3, les Chinois avaient répertoriés cinqsites d’atterrissage possibles, à savoir la plaine deSinus Iridum, la Mer des Nectars, la Mer des Humeurs,les cratères Kepler et Aristillus. Il est envisageableque l’un de ces sites soit choisi pour Chang’e 4.P H A S E I I I E T A U ­ D E L ALa Phase III devrait débuter dès 2015 avec l’envoid’une mission préparatoire qui simulera une rentréeatmosphérique à haute vitesse, comparable à ce quesubit un engin revenant de l’orbite lunaire. Elle serasuivie trois ans plus tard par la sonde Chang’e 5 quidevrait être le premier engin à ramener deséchantillons lunaires sur Terre depuis Luna 24.Le programme lunaire chinois ne devrait pas s’arrêteraux missions automatiques. La Chine ambitionne l’en­voi d’un équipage fouler la surface lunaire à l’horizon2025­2030. L’échéance peut paraître lointaine lorsquel’on sait que la Nasa a mis 10 ans entre la décisiond’aller sur la Lune et le réaliser. Le contexte est biendifférent que dans les années 60 et les finances égale­ment. Comme elle l’a toujours fait, la Chine souhaiteprocéder par étapes et maîtriser chacune d’elle avantde passer à la suivante. Une gageure d’une réussiteoù les risques seront moins importants qu’à l’époqued’Apollo.

19Janvier 2014 ASTRONotes 29

Photo SASTIND/CNSA/Xinhua

C o m m e n t ç a m a r c h e

L e p o d i u m d e s o p é r a t e u r s p r i v é s

D e l a p l a n c h e à d e s s i n s à l ' o r b i t e

U n e t o i l e s u r o r b i t e b a s s e

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Station de poursuite à Redu ­ Photo ESA/C. Lezy

Janvier 2014 ASTRONotes 29

LLEESS TTEELLEECCOOMMMMUUNNIICCAATTIIOONNSSUUnnee ppoorrttee oouuvveerrttee vveerrss llaa mmoonnddiiaalliissaattiioonn

SS’’iill yy aa bbiieenn uunn ddoommaaiinnee ooùù llee ssppaattiiaall aa eeuu uunn iimmppaaccttmmaajjeeuurr,, cc’’eesstt bbiieenn cceelluuii ddeess ttééllééccoommmmuunniiccaattiioonnss.. LLeennoommbbrree ccrrooiissssaanntt ddee ssaatteelllliitteess aa ppeerrmmiiss ddee ttiisssseerruunnee ttooiillee eenngglloobbaanntt nnoottrree ppllaannèèttee ffaacciilliittaanntt ll’’éécchhaannggeeeennttrree lleess HHoommmmeess eenn ooffffrraanntt ddeess sseerrvviicceess ttoouujjoouurrsspplluuss llaarrggeess eett ddiivveerrssiiffiiééss..

ASTRONotes 2922 Janvier 2014

ANTENNED'EMISSION

SATELLITE

EMETTEUR

COMMENT CA MARCHEL e principe de fonctionnement des télécommunications par satellites est

très simple en soi. Un émetteur (une chaîne de télévision par exemple)envoie un signal dans l'espace via une antenne. Arrivé vers le satellite, celui­ci est très faible et doit être amplifié avec un amplificateur. Pour éviter unconflit entre les signaux montants et descendants, la fréquence de ces der­niers est modifiée grâce à un modulateur avant d'être réexpédiés vers une an­tenne de réception. Equipé d'un appareil spécifique, le récepteur (untéléspectateur par exemple) peut alors capter le signal.

Dans le cas des télécommunicationspar satellites, on prévilégiera l'orbitegéostationnaire à 36 000 km de laTerre alignée sur la ligne équatorialepour deux raisons:­ Un satellite couvre toute une face duglobe. En théorie, avec trois enginsdistants l'un de l'autre de 120° permetde couvrir toutes les terres habitées;­ Un satellite met 24 heures pour fairele tour de la Terre, période qui coïn­cide avec la période de rotation de laplanète, ce qui donne l'impression qu'ilne bouge pas par rapport à sa zonede couverture.

IIlllluussttrraattiioonn //PP.. VVoollvveerrtt

ASTRONotes 29 23Janvier 2014

ANTENNE DERECEPTION

SATELLITE

RECEPTEUR

L E S F R E Q U E N C E SCe que les satellites réceptionnent et émettent, ce sont des ondes électroma­gnétiques. Pour éviter que ce ne soit la confusion la plus totale, il existe desfréquences précises pour une application bien précise. En 1965, l'ONU a créél'Union Internationale des Télécommunications. Cette organisation gère lesfréquences mais aussi les places pour les satellites sur l'orbite géostationnaire.Lorsqu'un opérateur veut lancer un satellite de communications, l'UIT lui assi­gne une position (celle que l'opérateur aura choisie), la fréquence des liaisons,la couverture du service satellitaire. Si le satellite n'est pas sur orbite après uncertain délai, l'UIT se réapproprie la position et la loue à un autre opérateur.­ La bande VHF sert pour les émetteurs liés au sauvetage, radio­amateurs etaux militaires­ La bande UHF est réservée également pour les militaires mais aussi les ser­vices avec les mobiles­ La bande L pour les communications avec les mobiles principalement­ La bande S pour le suivi, la télémétrie, la télécommande de satellites, trans­mission de programmes TV et liaisons avec les mobiles­ La bande C pour les télécommunications et les programmes TV­ La bande Ku pour les télécommunications, les transmissions numériques, ladiffusion directe de programmes radio et télévision, les services avec les mobiles­ La bande Ka pour les télécommunications, la télévision, les liaisons inter­sa­tellites, la collecte des données.

24 Janvier 2014ASTRONotes 29

A vant l’ère spatiale, les télécom­munications internationales

étaient très laborieuses, notammenten raison de la performance limitéedes câbles sous­marins. Les sa­tellites circulant sur l’orbite géosta­tionnaire est la réponse la plusadéquate pour répondre au prob­lème. La Nasa est la première à ex­périmenter l’idée avec les satellitesRelay et Telstar. Les résultats trèsconcluants ont ouvert la voie à unphénomène aussi important dans lemode des communications que ceque l’on a vécu au XIXème siècle àl’ère de l’industrialisation. L’évolu­tion telle que nous la connaissonsaujourd’hui n’aurait pas été aussifulgurante sans l’intervention des sa­tellites de télécommunications. Lesenjeux économiques sont trèsimportant et bon nombre s’essayentà l’aventure. L’un des premiers àemboîter le pas à la Nasa estIntelsat.I N T E L S AT, D U P U B L I C A UP R I V EEn décembre 1961, L'AssembléeGénérale des Nations Unies adoptela résolution 1721, déclarant quedes communications par satellitesdevraient être rendues disponiblessur une base non discriminative.En août 1962, le Président Kennedysigne le Communications SatelliteAct qui vise à la création d’un sys­tème de communications en coopé­ration avec d’autres nations. Vœuqui deviendra réalité le 20 août1964 avec la naissance d’Intelsat.Intelsat I, plus connu sous l’appella­tion Early Bird, rejoint l’orbite géo­stationnaire en avril 1965 devenantle premier satellite de télécommuni­cations à vocation commerciale.Equipé de deux répéteurs fonction­

nant en bande C, il est capable d’as­surer 240 communicationstéléphoniques simultanées ou la re­transmission d’une chaîne télévisée.Il ouvre la voie aux communica­tions internationales en assurant lapremière retransmission en directentre les Etats­Unis et l’Europe.Les satellites Intelsat vont se suc­céder offrant d’une génération àl’autre des performances accrues.En juillet 1978, un satellite IntelsatIV­A établit une connexion entreEtam en Virginie, Goonhilly Downsau Royaume­Uni et Tanum enSuède en utilisant des lignes decommunications entre Norsas enNorvège et une université àLondres dans ce qui sont lesprémices du futur internet.A la fin de l’année 1998, Intelsatfranchit une étape importante verssa privatisation en transférant unepartie de son capital actif, soit cinqsatellites opérationnels et un sa­tellite en construction à New SkiesSatellites N.V., une compagnie nou­vellement créée. La privatisation

devient effective en juillet 2001,autorisant la vente trois ans plustard aux fonds d'investissementMadison Dearborn Partners, ApaxPartners, Permira et Apollo Mana­gement. En 2006, la compagniefait l’acquisition de PanAmSat et desa flotte de satellites Galaxy etPAS. C’est une belle revanche pourle géant des télécommunicationsaprès que PanAmSat ait réussi à luicasser son monopole dans la trans­mission des télécommunicationsinternationales par satellite, grâcenotamment au travail acharné deson patron Rene Anselmo. Ce der­nier a plaidé sa cause au Congrèsen réussissant à obtenir une autori­sation globale d'exploitation de sa­tellites lui permettant de rivaliseravec Intelsat. Avec le rachat dePanAmSat, Intelsat est devenu lenuméro 1 mondial en détenant25,7 % de part du marché destélécommunications par satellites.Le restant étant réparti entre dif­férents opérateurs dont SES etEutelsat.

LE PODIUM DESOPERATEURS PRIVES

SSaatteelllliittee EEaarrllyy BBiirrdd ­­ PPhhoottoo NNaassaa

S E S , U N P E T I T D E V E N UG E A N TAvec 22 % des parts du marché,SES est le concurrent le plus directd’Intelsat. Pourtant, à sa créationen 1985, personne n’aurait jamaispu imaginer quelle place allaitprendre la petite société luxembour­geoise. Constituée entièrement decapitaux privés, la SociétéEuropéenne des Satellites s’étaitfixée comme objectif d’offrir auxtéléspectateurs une gamme de pro­grammes audiovisuels beaucoupplus étendue que ce qui se faisaitjusqu’alors en Europe. Lors de sacréation, la compagnie a reçu l’ap­pui du gouvernement luxembour­geois qui est l’un de sesactionnaires.Le premier engin du nom est placésur l’orbite géostationnaire endécembre 1988 sur la position19,2° Est, position stratégique pourcouvrir une large partie de l’Europe.La mise sur orbite d’Astra 1A inter­vient quelques mois après celui desprojets concurrents français (TDF 1)et allemand (TVSat 1). Alors queces derniers vont péricliter quelquesannées avant d’être finalementabandonnés, Astra s’installe dans lepaysage audiovisuel européen. Lelancement des satellites Astra vas’enchaîner au fil des ans offrant

aux 245 millions de ménages unegamme de chaînes de télévision ouradio qui comprend des bouquets,programmes généralistes ou théma­tiques cryptés ou non et ce, dansplusieurs langues. Pour répondre àune demande toujours plus grande,SES ne se cantonne plus sur la posi­tion 19,2° Est mais s’installe égale­ment sur d’autres positionspermettant d’élargir encore plus lazone à desservir.A partir de la fin des années 90,SES entame un long processus quiva faire d’elle un opérateur incon­tournable dans le monde. Enl’espace de 10 ans, elle va racheterdes parts d’Asia Satellite Telecom­munications Holding Ltd, de l’opéra­teur norvégien Nordic Satellite AB,du brésilien Embratel SatelliteDivision, du suédois NSAB Sirius,du canadien Ciel et mexicainQuetzSat. Elle rachète l’américainGE Americom et le néerlandais NewSkies Satellites et devient action­naire de O3b Networks. Au mo­ment où ces lignes sont écrites,SES est l’heureuse propriétaire de54 satellites opérationnels lui confé­rant la place de second opérateurde satellites de télécommunicationsdans le monde après Intelsat.E U T E L S AT, T R O I S I E M ES U R L E P O D I U M

L’histoire d’Eutelsat n’est pas aussiancienne qu’Intelsat mais elle n’enreste pas moins un exemple dansle domaine spatial. Et pour cause ;en 2009, Eutelsat était considéréecomme l’entreprise la plus produc­tive en France avec 1,3 millions €de valeur ajoutée générée dansl'année par chaque salarié. Crééeen 1977 en tant qu'organisationintergouvernementale, elle devienten 2001 une société privée de droitfrançais suite à la libéralisation dusecteur des télécommunications.Cependant, les gouvernements estencore actionnaire à hauteur de59,02 % d’Eutelsat, le restantétant réparti entre la Caisse desdépôts et consignations (25,62 %),Abertis (8,35 %) et China Invest­ment Corporation (7 %). Au­jourd’hui, la société détient 12,5 %des parts du marché ce qui la placetroisième au rang mondial dans cedomaine. Il est intéressant de no­ter que les deux principaux opéra­teurs sont les européens SES etEutelsat.Avec ses 31 satellites répartis entre15° Ouest et 172° Est sur l’orbitegéostationnaire, Eutelsat assure ladiffusion de plus de 4 400 chaînesde télévision et 1 100 stations deradio pour 204 millions de foyerséquipés pour la réception satelliteou raccordés au câble.

ASTRONotes 29 25Janvier 2014

FFlloottttee ddeess ssaatteelllliitteess ddee SSEESS eett dd''EEuutteellssaatt ­­ IIlllluussttrraattiioonn DDeesskkppooppeerr//PP.. VVoollvveerrtt

26 Janvier 2014ASTRONotes 29

E tre propriétaire d’un satellitede télécommunications, ou de

tout autre satellite, n’est pas un tra­vail de tout repos. A chacune desétapes de la vie de l’engin, il fautfaire des choix qui doivent être lesplus judicieux possible afin de tirerle maximum de bénéfices sur l’opé­ration. Dans un premier temps,une liste de critères est établie afinde déterminer les besoins réels del’opérateur. Répondre à la questionsur l’utilité du satellite est impor­tante dans le choix de l’équipementqu’il emportera. Comme nousl’avons vu au début de ce dossier,la terminologie « télécommunica­tions » englobe tout ce qui toucheau transport de l’information. Celava de la téléphonie à la télévisionen passant par le relai des don­nées, ... Chacun d’eux utilise unebande spectrale spécifique qui re­quiert l’équipement adéquat. Lazone de couverture du satellite esttout aussi importante puisqu’il vadéterminer la taille, la forme et lenombre d’antennes qu’il emportera.Maintenant que le type de satelliteest défini, il reste à trouver unindustriel qui pourra répondre au ca­hier des charges. Il en existe plusd’une dizaine à travers le monde.La plupart du temps, le futur pro­priétaire se tournera vers un améri­cain ou un européen qui ont laréputation de fournir des satellitesfiables avec une durée de vie supé­rieure à celle de satellites russespar exemple. Après un appeld’offres, le constructeur est désig­né.Pour réduire les coûts de fabricationet les délais de livraison, les indus­triels ont appliqué au domaine duspatial ce qui existe dans le mondede l’aéronautique. Rien d’étonnantà cela lorsque l’on sait qu’il s’agit

des mêmes compagnies. Ils ont dé­veloppé des plates­formes standardi­sées aménageables avec des kitsque l’on appelle « bus » dans le jar­gon de l’astronautique ou « mo­dules de service ». A cela s’ajoutel’équipement spécifique à la missionque l’on appelle « charge utile ».En concertation avec le futur pro­priétaire, l’industriel choisira le «bus » le plus adapté à la missionprévue pour le satellite. Une foisl’architecture définie, il ne resteplus qu’à le construire.C O N S T R U I R E U NS AT E L L I T EUn satellite c’est un bijou de hautetechnologie bourré d’électronique etde mécaniques fragiles. Il de­mande des précautions drastiques

en matière d’environnement pen­dant sa phase d’assemblage. Il se­rait particulièrement ennuyeuxqu’une particule polluante viennebloquer un mécanisme rendant lesatellite inopérant conduisant à uneperte sèche de plusieurs dizainesde millions d’euros. L’assemblagedes différentes pièces se fait dansune salle propre où l’atmosphèreest filtrée et maintenue en légèresurpression afin d’empêcher unecontamination venant de l’extérieur.Pour la petite histoire, les satellitesde télécommunications sont assem­blés dans des salles de la classeISO 8 tandis que les satellitesscientifiques le sont dans des sallesde la classe ISO 5. Le personnelappelé à travailler dans les sallesblanches est habillé de tenues mi­nimisant l’impact d’une pollution del’air.

DE LA PLANCHE A DESSINSA L'ORBITE

Coupe d'un satellite ­ Photo Boeing

27Janvier 2014 ASTRONotes 29

Le processus d’assemblage, d’inté­gration et de tests d’un satelliteprend entre 6 et 9 mois selon lacomplexité de l’architecture, auterme desquels il sera envoyé versun centre spatial pour son lance­ment dans l’espace.La construction du satellite débutepar l’assemblage du module de ser­vice qui comprend les réservoirsd’ergols, les panneaux solaires, lesystème de propulsion (tuyauterie,

moteurs) et l’électronique qui vaavec. La charge utile est assem­blée indépendamment du modulede service. Celle­ci est montée surde larges parois qui serviront desquelette au satellite. Vient ensuitela délicate opération de couplage dela charge utile avec le module deservice (1) ainsi que desconnexions électriques qui sont véri­fiées l’une après l’autre.Le satellite quasi complet est

conduit dans une chambre à videthermique (2), caisson de plusieursmètres de diamètre où vont êtresimulées les conditions thermiquesrencontrées dans le vide spatial.Pendant plusieurs semaines, il vaêtre exposé à des températures va­riant de ­170°C à +120°C parpallier. A chaque pallier, une batte­rie de tests permet de vérifier lebon fonctionnement des différentséquipements.

Une fois sorti de la chambrethermique, l’assemblage du sa­tellite se poursuit. Les antennessont fixées sur leur support et ali­gnées pour, qu’une fois dansl’espace et déployées, ellespointent vers la zone souhaitée.Les panneaux solaires sont les der­nières pièces ajoutées au puzzle(3). Des essais de déploiementsont réalisés le long d’un rail afinde s’assurer du bon fonctionnementdu mécanisme d’ouverture. Désor­mais le satellite est complet maisn’est pas encore prêt à partir. Ildoit encore subir une autre batteriede tests avant son départ pourl’espace.

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3Satellite Alphasat ­ Photo ESA/S. Corvaja

Satellite Alphasat ­ Photo Astrium

Satellite Alphasat ­ Photo CNES/E. Grimault

ASTRONotes 2928 Janvier 2014

Il est déjà arrivé qu’un satellite nerésiste pas à l’épreuve du lance­ment. Les vibrations produites parl’ambiance sonore et les chocs cau­sés lors des séparations étages, lar­gage de la coiffe et la séparation dulanceur sont autant de désagré­ments qui peuvent conduire à laperte d’un satellite s’il n’est pasbien conçu. C’est pourquoi il estprévu une série de tests qui va ser­vir à déceler les faiblesses de l’en­gin. Il est conduit dans une sallespécifique qui permet de reproduiretoutes les contraintes mécaniques,dynamiques et acoustiques jusqu’à156 dB.Avant sa livraison, il faut s’assurerque les performances de sa chargeutile sont conformes aux attentes.Les essais se déroulent danschambre anéchoïque (4) conçuepour absorber les ondes sonores ouélectromagnétiques, en reprodui­sant des conditions de champ libreet ne provoquant donc pas d'échopouvant perturber les mesures.Les antennes du satellite émettentvers des miroirs qui convertissentles signaux en ondes planes commes’ils étaient émis à une distance de36 000 km. Au terme de ces es­sais, le satellite est déclaré aptepour un lancement. Il est recon­duit en salle blanche pour les fini­tions (l’ajout de couverturesd’isolation thermique et le ver­rouillage de tous les mécanismes)et mis sous container climatisé

avant d’être chargé dans un avion àdestination du centre spatial.L ' H E U R E D E V E R I T EA quelques semaines du lancement,il arrive par avion au centre spatialaccompagné par une équipe detechniciens. C’est la dernière lignedroite avant le jour J mais il resteencore du travail. Il passe une der­nière fois en salle blanche où il estpréparé. On lui retire toutes lesprotections dont il a été affublépour le transport, il est contrôléune dernière fois puis rempli d’er­

gols. Il est ensuite monté sur lelanceur, enfermé sous une coiffequi le protège des intempéries etqui le maintient à une températurestable avec une qualité de l’air irré­prochable (5).Après plusieurs mois d’un travaillaborieux, le satellite s’envole enfindans l’espace. Le personnel qui acontribué à sa conception passe lamain à l’équipe chargée de son ex­ploitation. Un satellite de télécom­munications est conçu pourfonctionner sur une orbite géosta­tionnaire, orbite circulaire à 36 000km de la Terre alignée le long del’équateur. Dans la majorité descas, le satellite est injecté sur uneorbite intermédiaire appelée orbitede transfert géostationnaire. Ils’agit d’une orbite elliptique avecun apogée proche de l’altitude défi­nitive, un périgée à quelques cen­taines de kilomètres d’altitude etune inclinaison égale à celle de labase de lancement. Pour un sa­tellite expédié depuis la Guyane,elle sera d’environ 5° sur le planéquatorial. Cependant, desmanœuvres de l’étage supérieur dela fusée permettent de réduire cetécart.

Satellite en chambre anéchoïque ­ Photo Intespace

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Mise sous coiffe d'Intelsat 14 ­ Photo Intelsat

ASTRONotes 29 29Janvier 2014

Depuis son lancement, le satellitepuise son énergie sur ses propresbatteries. Hors celles­ci ont une au­tonomie limitée à quelques heuresseulement. Dès lors, la premièrechose à faire une fois le satellitedans l’espace, c’est d’ouvrir partiel­lement les panneaux solaires et deles orienter en direction du Soleil.Certaines antennes sont ensuite dé­ployées et le satellite peut désor­mais communiquer avec les stationsde poursuite. Les premiers signauxreçus par le centre de contrôle cor­respondent à l’état de santé du sa­tellite et la réussite ou non del’activation de ce dernier.Pour l’heure le satellite se trouvetoujours sur une orbite de transfertgéostationnaire. Il va falloir le me­ner de cette orbite à son orbite défi­nitive. Pour se faire, plusieursmises à feu d’un moteur seront ef­fectuées au passage à l’apogée afinde rehausser le périgée. Enquelques jours, l’orbite est circulari­sée à 36 000 km autour de laTerre. Une fois à son poste de tra­vail, les panneaux solaires sont dé­ployés totalement et la charge utileactivée et contrôlée. Ce n’est qu’àpartir de ce moment qu’il devient

pleinement opérationnel (6).Opérationnel certes mais pas totale­ment autonome. Pendant toute lavie du satellite, son état de santésera contrôlé, tout comme ses per­formances. Le cas échéant, il peutêtre déplacé pour couvrir une autrezone si nécessaire. La durée de vied’un satellite dépend grandementde la quantité d’ergols présentedans ses réservoirs. Sur l’orbitegéostationnaire, la synchronisationde l’orbite du satellite avec la rota­tion de la Terre n’est pas parfaite,ce qui conduit à une dérivepermanente. Si celle­ci devientimportante,il estnécessairede pro­céder à

une correction orbitale qui consisteà lui donner une petite impulsion àl’aide de ses moteurs demanœuvres orbitales afin de le re­positionner au bon endroit.Un satellite occidental est conçupour fonctionner environ 15 ans.Mais bien avant l’échéance, le pro­priétaire doit prévoir l’avenir. Cetavenir se concrétise par deux plansd’action. Le premier concerne lereplacement du satellite vieillissantpar un autre déjà sur orbite ou lelancement d’un nouveau qui vien­dra se positionner non loin en at­tendant de prendre la relève. Lesecond prévoit la libération de laplace pour son successeur. En ef­fet, il est hors de question de lais­ser un débris spatial dériver entreles satellites fonctionnels au risqued’entrer en collision. Il existe uneparade qui porte le nom d’orbite ci­metière. Les contrôleurs allumentles moteurs de l’engin pour rehaus­ser son orbite de 300 km. Là, sesréservoirs sont vidangés pour évi­ter les risques d’explosion et seséquipements sont ensuite éteintsévitant qu'il n'interfère avec lesautres satellites près des­quels il va passer.

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Measat 3a ­ Photo Measat

Manoeuvres d'insertion orbitale ­ Photo CNES

30 ASTRONotes 29 Janvier 2014

Dans les années 90, une nouvellemode est apparue, celle des constel­lations. Plusieurs projets sont an­noncés mais peu sortent réellementdes cartons. Seuls Iridium etGlobalstar tirent leur épingle du jeuet arrivent à se concrétiser, rejointsrécemment par O3b.L’idée est révolutionnaire pourl’époque puisque jusqu’alors, lescommunications transitaient unique­ment par de gros satellites placésjudicieusement sur une orbite géo­stationnaire. Désormais, elles pour­ront le faire également via dessatellites de petites tailles circulantsur une orbite basse ou moyenne.Pour couvrir la surface du globe, ilest cependant nécessaire d’avoir re­cours à toute une flotte d’engins tis­sant une toile autour de notreplanète.I R I D I U M

Motorola est l’un des premiers à sejeter dans l’aventure des constella­tions au début des années 90.Spécialisé dans l'électronique et lestélécommunications, le géant améri­cain ne pouvait se permettre d’êtreabsent du marché alors que les pro­jections économiques prédisaientdes bénéfices juteux pour les opéra­

teurs. Son projet est baptiséIridium en honneur au 77èmeélément chimique du tableau deMendeleïev. Il est constitué de 77satellites (66 actifs et 11 de ré­serve prêts à prendre la relève) ré­partis sur 6 plans orbitaux sur uneorbite circulaire de 780 km inclinéede 86,4° permettant de couvrir latotalité du globe. La mise sur or­bite doit s’effectuer par des fuséesDelta 2, Proton et Chang­Zheng sur2 ans afin d’avoir l’ensemble du sys­tème pleinement opérationnel fin1998. Construire autant d’enginsen si peu de temps demande unenouvelle approche dans la façon detravailler des industriels. Il n’estplus question de construire les sa­tellites à l’unité comme c’est le casen général mais de fonctionnercomme une chaîne de productiond’usine. Lockheed Martin est appro­ché afin de développer une plate­forme standard qui peut être pro­duite rapidement et à moindre coûtet sur laquelle Motorola pourra as­sembler la charge utile. En fin deligne sort un satellite de 690 kgprêt à être lancé en quelques se­maines seulement. Le coût du pro­jet, lancement et exploitation duréseau compris, est de 4 milliardsde dollars (conditions économiquesde l’époque). Iridium Incorpora­tion, une filiale de Motorola, estcréée afin de gérer le réseau dansson ensemble. Les premiers sa­tellites sont lancés en mai 1997mais avant que le système ne soitcomplet, Iridium doit faire face à degrosses difficultés financières qui lapousse à se mettre en faillite en1999. La vente des terminaux,fixée à 2 500 dollars à l’époque, etdes abonnements ne permet pas decompenser le coût des lancementset de l’exploitation du réseau. LePentagone, l’un des principaux utili­

sateurs d’Iridium, vient à la res­cousse en maintenant le réseauactif en attendant de trouver un re­preneur. C’est chose faite deuxans plus tard avec la constitutionde la société Iridium Satellite LLCqui deviendra Iridium Communica­tions Inc.Entre mai 1997 et juin 2002, 94engins Iridium sont lancés, permet­tant, non seulement de compléterle système de 66 satellites actifs,mais également de le mainteniropérationnel en remplaçant les sa­tellites défaillants ou obsolètes. Cen’est pas pour autant qu’Iridium serepose sur ses lauriers. La compa­gnie prépare activement la relèvede la première génération Iridiumpar une flotte de 81 satellites Iri­dium NEXT à lancer à partir de2015 (Photo ci­contre).Iridium est conçu pour communi­quer sur tout le globe entre desterminaux mobiles, terrestres oumaritimes et des fournisseurs d'ac­cès. Le réseau est principalementutilisé dans le monde professionnel(les journalistes, les navigateurs,les scientifiques et les militairesentre autres). Il utilise des termi­naux ressemblant à de gros GSMou des valises pour une connexioninternet dont les prix dépassent 1000 $ auquel on ajoute le prix decommunication qui est de 1,5$/min. Il est possible d’acheterdes cartes prépayées dont le coût àla minute diminue en fonction dunombre de minutes achetées. Ain­si, une carte de 75 minutes vouscoûtera 240 $, soit 3,2 $/min, alorsqu’une carte de 5 000 minutes nevous coûtera que 5 500 $, soit 1,1$/min.

UNE TOILE SUR ORBITEBASSE

Photo Iridium

31ASTRONotes 29Janvier 2014

Iridium NEXT ­ Photo Iridium

G L O B A L S TA R

Parallèlement à Iridium, un autreprojet américain voit le jour au dé­but des années 90. En 1991, LoralCorporation et Qualcomm s’asso­cient pour créer Globalstar, un pro­jet constitué de 48 satellites actifset 4 de réserve placés sur une or­bite circulaire à 1 414 km d'altitudesur une inclinaison de 52°. La ré­partition de ces satellites se fait àraison de 6 engins sur 8 plansdistincts, permettant une couver­ture globale des zones habitées.De février 1998 à novembre 1999,les mises sur orbite par des fuséesDelta 2 et Soyuz vont s’enchaîner àun rythme soutenu. En dépit d’uncuisant échec qui a conduit à laperte de 12 satellites lors d’un lan­cement par une fusée Zenit en sep­tembre 1998, le système Globalstarest déclaré opérationnel à l’aube del’an 2000 avec l’ouverture d’un ser­vice commercial sur l’Amérique duNord, le Brésil et l’Europe.Tout comme Iridium, Globalstar seretrouve très vite dans le rouge eten 2002, la compagnie se met sousla protection du Chapitre 11 de laloi américaine sur les faillites. Laprincipale raison vient d’un traficplus faible que prévu. Comparative­ment pour l’époque, le temps decommunications mensuel via Global­star était huit fois moins long quepar GSM. Les rentrées financièressont moins importantes et nepermettent pas de compenser lesdépenses liées au projet. Cepen­dant, Globalstar arrive à maintenir

ses services de communications viasa flotte de satellites tout en recher­chant un nouveau financement.Elle le trouve en 2004 via le fondsaméricain Thermo qui en devient leprincipal actionnaire.En décembre 1996, au terme d’unappel d'offres international, Global­star désigne Thales Alenia Spacecomme industriel afin de dévelop­per la seconde génération de sa­tellites destinée à remplacer parétapes la flotte originelle. Lecontrat de 661 millions d’eurosporte sur 48 satellites à construiredès 2008 répartis en plusieurs lots.Un premier lot de 24 satellites estcommandé en 2006 suivi d’un autrede 6 en 2012. Entretemps, 8 sa­tellites de première génération sontlancés en 2007 afin de renforcer leréseau en attendant l’arrivée desGlobalstar 2 (ci­dessous).Le réseau est surveillé depuis lecentre opérationnel de San José enCalifornie, appuyé par plus de 60stations sols réparties à travers lemonde. Il s'associe aux réseaux detéléphonie mobile terrestres GSM

ou CDMA selon les pays, avec peude changement au niveau du com­biné de l'usager.Le prix des appareils Globalstarsont plus raisonnables que ceuxvendus pour les Iridium puisqu’ilest comparable à ceux des GSMvendus dans les magasins de télé­phonie. Globalstar a mis en placeun plan tarifaire pour ses com­munications qui permet de choisircelui qui est le plus adapté à nosbesoins. Si vous avez un besoinexceptionnel des services Global­star, il y a de fortes chances pourque vous optiez pour un abonne­ment mensuel. Selon la carte choi­sie, vous bénéficierez d’un prix à laminute qui sera plus avantageux sivous prenez plus de minutes. Lecoût d’une communication à la mi­nute varie de 2,5 $ à 0,25 $. Vouspartez régulièrement, vous opterezsûrement pour un abonnement an­nuel qui pourrait vous coûter jus­qu’à 1 800 $ si vous prenezl’illimité. Tout cela sans compter lecoût de l’activation qui est de 50 $quelque soit l’abonnement choisi.

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Photo Globalstar

6 satellites Globalstar 2 prêts au lancement ­ Photo Arianespace

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O R B C O M M

Tout comme Iridium et Globalstar,Orbcomm prend naissance au débutdes années 90. C’est en effet en1993 que l’américain OrbitalScience Corporation et le canadienTeleglobe s’associent pour formerOrbcomm. Comme les projetsconcurrents, l’idée est d’utiliser dessatellites de petite taille afin deformer sur orbite basse une toilequi couvrirait toutes les zones habi­tées. Dans le cas d’Orbcomm, ils’agit de 36 satellites de 45 kg cir­culant sur une orbite à 780 km d’al­titude et répartis sur 6 plans. Lesdeux premiers satellites sont lancéspar une fusée Pegasus dès 1995 sui­vis de 33 autres les quatre annéessuivantes. A la fin de l’année1999, le réseau Orbcomm est com­plet et opérationnel. Quelquesmois plus tard, la compagnie de­mande à se placer sous la Loi desfaillites. Mais finit par renflouer sescaisses et à maintenir ses servicesde communications.Que coûte un service Orbcomm ?Selon le nombre de caractères utili­sés par message, il vous en coûterade 17,99 $/mois pour 8 000 carac­tères à 69,99$ sur la même périodepour 50 000 caractères. En cas dedépassement, vous pourriez payerde 1,40 $ à 2,25 $ par tranche de1 000 caractères. (Source 2009).Les satellites Orbcomm de premièregénération arrivent en fin de vie.Pour maintenir le réseau à des per­formances optimales, la compagnie

mise sur une nouvelle générationde satellites. Elle lance un appeld’offres en 2008 et signe avec unconsortium constitué par SierraNevada Corporation, MicroSatSystems et Argon ST un contratpour la fourniture de 18 satellitespour un montant de 117 millions dedollars. Les 18 satellites seront lan­cés par des fusées Falcon 9 entre2012 et 2014.O 3 BO3b, un nom de code bien énigma­tique pour ses satellites. Et pour­tant, cet acronyme explique le rôleque va jouer cette nouvelle constel­lation de satellites. Il s’agit d’uneinitiative mise en place par lemilliardaire américain Greg Wyleraprès un voyage d’affaire auRwanda. Ayant constaté le trèsfaible niveau de communications dela région, il décide de développerune constellation avec pour objectifde réduire la fracture numériquedans les pays émergents. Il vise

les « Other 3 billions », soit les « 3autres milliards » d'habitants de laplanète ayant un réseau de com­munications faible voire inexistant.En partenariat avec Google, labanque anglaise HSBC, le câblo­opérateur américain Liberty Global,et l’opérateur luxembourgeois SESGlobal, il réussit à lever 1,3milliards de dollars pour fonderO3b Networks.O3b a pour objectif de fournir uneconnexion internet digne de cenom aux pays émergents. Il sebase sur une constellation compre­nant 16 satellites déployés sur uneorbite équatoriale à 8 062 km de laTerre, couvrant la partie du mondela plus pauvre. Chaque engin pèse650 kg et a une durée de vie esti­mée à 10 ans. Afin de réduire lecoût de production, il utilise un mo­dule de service ELiTeBus de ThalesAlenia Space développé égalementpour les satellites Globalstar etIridium de seconde génération.

Photo Orbcomm

Photo O3b

Une conférence, une exposition se déroule près dechez vous? N'hésitez pas à contacter Destination Or­bite. Une annonce sera publiée au numéro suivant.

A G E N D A C U LT U R E L1 4 / 0 1 / 2 0 1 4 à 2 0 : 0 0

Séance cinéma "2001, l’Odyssée de l’espace" de Stanley Kubrick à la Cinémathèque de Toulouse2 5 / 0 2 / 2 0 1 4 à 2 0 : 0 0

Séance cinéma "2010, l’Année du premier contact" de Peter Hyams à la Cinémathèque de Toulouse

1 5 / 0 3 / 2 0 1 4 à 1 4 : 0 0Conférence sur "L'apport de l'astronomie à la mesure du temps et de l'espace" animée par Jean­Eudes Arlot,Astronome. Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Ephémérides Paris. Rendez­vous au Musée de l'Air etde l'Espace au Bourget.

1 8 / 0 3 / 2 0 1 4 à 2 0 : 0 0Séance cinéma "Le Chemin des étoiles" de Pavel Klushantsev à la Cinémathèque de Toulouse

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N AT I O N A L A I R & S PA C E C E N T E RExploration DrLeicester LE4 5NS (United Kingdom)Partez à la conquête de l'espace, devenez unastronaute le temps d’une journée et découvrez lesmystères du cosmos au National Space Center. Pourplus d'informations, visitez le site à l'adressewww.spacecentre.co.uk/

OU DECOUVRIR L'ESPACE

Photo National Air & Space Centre

D A N S L E P R O C H A I N A S T R O N O T E SL e s g é a n t e sg a z e u s e sLe prochain numéro seraconsacré à l'exploration desplanètes géantes de notresystème solaire.

Photo Nasa/JPL­Caltech

Janvier 2014

ASTRONotes 29 35Janvier 2014