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AU SOMMAIRE DE CE NUMERO - economiedistributive.frLe 1/12/1990, Gilbert Trigano, PDG du Club M diterrann e, a parl ÒdÕabondanceÓ sur France-Inter. Ren Marlin lui a crit en joignant

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Directrice de la publication :Marie-Louise DUBOIN

Recherche et documentation : René MARLIN

Diffusion et relations extérieures : André PRIME

*Rédacteurs (tous bénévoles) :les abonnés qui le souhaitent.Les manuscrits sont choisis

par le comité de lecture et ne sont pas renvoyés.

*Impression : TIPE, R. PERNEL11, rue du Progrès, Montreuil.

Commission paritaire N°57434.Diffusé par les N.M.P.P.

AUAU SOMMAIRESOMMAIRE DEDE CECE NUMERONUMERO ::

* EDITORIAL

* ACTUALITES

page 5 Le nerf de la guerrepar A. Prime

page 7 Des chiffres

* REFLEXIONS

page 6 Sur la monnaied'après M. Olivella i Solé

par J-P Monpage 10 Le droit international?

par R. Marlin

* COURRIER page 13

* RESUME DE NOS THESESpage 16 L'ECONOMIE DISTRIBUTIVE

page 3

Tribune librepage 9

Pacifiste et fier de l'êtrepar L. Gilot

La trouille de l'insécuritépar R. Carpentier

Initiativespage 4

Pour une action efficace

Lecturespage 8

L'Amérique, la guerre et la prospérité.

TARIF DES ABONNEMENTS ANNUELS

France.....................................................................110 FFAbonnement d'essai (6mois) ....................................65 FFAbonnement de soutien......................................... 155 FFAbonnement de propagande : ..... 5 n° mensuels.175 FF.....................................................10 n° mensuels 220 FFEtranger..................................................................140 FF

(Par avion nous consulter)Règlements :par C.C.P. " La Grande Relève ", n° 13 402.39 M Parispar mandat ou par chèque bancaire à l'ordre de :

LA GRANDE RELEVEB.P. 108, 78110 LE VESINET

*Ce journal ne survit que grâce à

la souscription permanente"POUR QUE VIVE LA GRANDE RELEVE"

qui nous permet aussi d'assurer le service du journal àceux de nos lecteurs qui n'ont pas les moyens de payer

leur abonnement aux tarifs indiqués.

TELEPHONEles mardi et jeudi, l'après-midi

(16) 1 30 71 58 04

MINITEL :3614code :

CHEZ *REIN

Pour votre propagande, une brochure à faire lire :L'ECONOMIE LIBEREE

par Marie-Louise DUBOINrésumant et actualisant les thèses distributistes. Un outil de travail simple, efficace,facile à lire, court (60 pages), avec de nombreux graphiques. (22 F pièce, franco)

Pour votre réflexion personnelle, un roman :LES AFFRANCHIS DE L'AN 2000

du même auteur. Se lit comme un roman et fait comprendre les mécanismes de l'éco-nomie actuelle et ceux d'une économie alternative. L'économie distributive vécue dansses détails. (Edition Syros, 300 pages, 85 F, franco).

Et deux rééditions de livres de JJJJaaaaccccqqqquuuueeeessss DDDDUUUUBBBBOOOOIIIINNNN ::KOU, L'AHURI et LES YEUX OUVERTS

publiés pour la première fois le premier dès 1934, le second en 1955, mais tous deux,remarquablement, toujours d'actualité ! (65 F franco, chacun des deux volumes).

Tous ces ouvrages peuvent être commandés au journal.

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ééééddddiiii ttttoooorrrr iiiiaaaallllLA FIN DE L’AGE D’OR par Marie-Louise DUBOIN

LA GRANDE RELEVE N °898

Il est évidemment difficile deprévoir combien de temps il fau-dra encore pour que la conférence

internationale qui est absolumentindispensable, se réunisse, puisdébatte, puis règle, et sans douteseulement provisoirement, les pro-blèmes du Moyen-Orient. Mais il estune leçon, pour nous une confirma-tion, que le conflit actuel fait appa-raître, c’est la nécessité d’accorder del’autorité à des instances interna-tionales non pas seulement pourrégler les conflits territoriaux en évi-tant ces guerres que les technologiesmodernes rendent démentes, maisaussi pour gérer les richesses de laplanète, dont le pétrole, à l’originede la guerre du Golfe, n’est qu’unedes composantes.Car les aberrations auxquelles nousmène le système économique-financier qui nous gère sont encoreexacerbées par ce conflit. Les exem-ples fusent de partout. Il y a lesexperts qui se lamentent : “C’est lafin de l’âge d’or de l’industrie françaiseau Moyen-Orient” déclare l’un d’euxdans Le Point, en se désespérant : “Lagrande époque appartient déjà au passéet l’après-guerre du Golfe ne fera queconfirmer cette tendance”. Dans cettesociété de profit, la paix apparaîtcomme une calamité ! Et ces syndi-cats qui exigent la paix mais protes-taient naguère contre la fermetured’usines d’armement au nom de la“défense de l’emploi” . Incon-séquence…Il y a ces fructueux contrats qu’ontpassés les entreprises du bâtiment etdes travaux publics pour construire,entre autres, des abris et des“bunkers” comme celui qui a étébombardé dans Bagdad. Le groupeBouygues, en particulier, a ouvert degrands chantiers en Irak : F.Gros-richard (1) relève à ce sujet un faitsignificatif: selon les termes du con-trat conclu avec le ministère irakiende l’urbanisme pour la constructiond’un ensemble de logements de luxe,le cahier des charges comprenait,parce que c’était la coutume, la con-struction annexe d’abris aériens aux

normes de protection anti-atomique.Par contre, pas d’abris prévus pourles 1.600 logements sociaux queBouygues a construits dans la ban-lieue de Bagdad… Beau régime ! Ceschantiers n’ont pas toujours étépayés, et la COFACE a dû verser desmilliards de francs d’indemnitéspour cause d’insolvabilité de clientsirakiens… et on sait que depuis 1986,si la COFACE est en déficit, c’estfinalement le Budget de l’État quirègle l’ardoise. C’est ainsi que laFrance paie en grande partie ce queles bombardements alliés détruisent.On estime maintenant que la“coopération” lancée par J.Chirac en1974 va se solder par une dette ira-kienne de 29 milliards de Francs (2).Le Budget en fera les frais, lui qui,parait-il, n’a pas les moyensd’augmenter, alors que c’est urgent,un R.M.I. manifestement très insuf-fisant. Belle solidarité!Encore une énormité : les profits quela crainte de rareté a permis auxcompagnies pétrolières de réaliser.En épluchant les comptes d’Elf on aconstaté que le résultat du secteurproduction a augmenté de 40 % en1990 et celui du secteur distributionet vente de 15 %. Belle et hautemarée d’or… noir!Et puis il va y avoir la reconstructionde ce que la guerre aura détruit. Unesource nouvelle de tellement bonnesaffaires que déjà on se bouscule pourpasser des contrats avec ces mal-heureux Koweitiens pour qui, paraît-il, on se bat. La pauvre famillerégnante en exil en Arabie Saoudite,a heureusement les moyens degarder la main-mise sur ses place-ments, estimés à plus de 150 mil-

liards de francs. Elle fait déjàimprimer ses nouveaux billets debanque, tandis que son ambassadeurlance des appels d’offres pour lesreconstructions. On craint un peuchez les experts français qu’il nes’agisse “d’une chasse gardée desentreprises américaines” . Belle men-talité!Consolons-nous donc des malheursde cette famille, mais rappelons-nous comment elle a pu mettre lamain sur l’essentiel des richesses dupays. M. Duquay nous l’a rappeléici-même (3): les frontières duMoyen-Orient résultent de mar-chandages effectués au début du siè-cle par la Grande-Bretagne et laFrance. Ces “brûlantes cicatrices del’héritage colonial”, selon le terme deJ. Thobie (4) ont été tracées (5) afinde «séparer autant que possible lesrichesses et les populations : Bahrein,Qatar et Émirats Arabes Unistémoignaient du soin avec lequel leformidable potentiel économique de larégion avait été réparti entre quelquesfamilles…»Voilà le beau résultat d’une gestiondes richesses de la planète par lesplus forts et les plus riches. Seuleune économie distributive desrichesses gérées objectivement pardes instances supranationales,déclarant internationales lesressources du sous-sol, mettra finaux abus de cette jungle.——————(1) Le Monde du 16-2-1991.(2) V. Maurus, le Monde du 20-2-1991(3) A qui la faute originelle? GR N°894.(4) Le Monde Diplomatique, nov. 1990.(5) P-M .de la Gorce, Le Monde Diplo-matique, fév. 1991.

3

Nous avions ces multiples conflits… des coups dÕ�tat. Maislongtemps nous avons su les maintenir loin des pays civilis�s qui fournis-saient les armes, mais pas les victimes. Et puis, un beau jour, lÕin�vitable arri-va. Un des pays du Òtiers mondeÓ d�clencha un conflit contre son voisin et oncomprit peu � peu quÕil �tait en fait parti en guerre contre ce que nous appe-lions notre ÒcivilisationÓ. Usant des armes que nous lui avions fournies, il lesutilisa non pas directement contre nous, notre r�plique aurait fait sauter laplan�te, mais pour saper notre �conomie, en d�truisant les mati�res pre-mi�res que nous exploitions sans vergogne…

(Extrait des ÒAffranchis de lÕan 2000Ó, not� par H. Leblond)

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iiiinnnniiii tttt iiiiaaaatttt iiiivvvveeeessss

4 LA GRANDE RELEVE N° 898

Le 1/12/1990, Gilbert Trigano, PDGdu Club Méditerrannée, a parlé“d’abondance” sur France-Inter.René Marlin lui a écrit en joignantdes documents sur la Grande Relè-ve et nos idées. Il lui a rappelé letemps des grandes réunions pu -bliques à la Sorbonne et ailleurs. Voici quelques extraits de la répon-se de G. Trigano :“Oui, j ’ai dévoré les l ivres deJacques Duboin, oui je suis un deces “ahuris” qui croyait et croit enco-re à l’économie d’abondance. J’aiun peu tenté, dans le système, etseulement dans mon petit métier, de“vendre l’abondance” faute d’avoirles moyens de l’offrir. Et je vais lireles documents reçus, mais dans matête, tout passe par un préalable.Hériter, également à la naissance,pour avoir un droit égal à l’Educa-tion, la Formation et la Santé, et leretour des biens accumulés et nonconsommés à la Collectivité pourrecycler un héritage, à nouveauidentique. Je me fais insulter oumoquer depuis 50 ans, sur ce préa-lable.

Alors j’essaie de vivre un tout petitpeu une “utopie concrète” dans untemps très partiel de la vie, celui desvacances, mais qui est quelquepart, un temps privilégié.” G.T.

***L. Gilot a adressé au P.S. une lettredans laquelle, après avoir rappeléque l’Irak était le premier clientd’armements de la France et lui doitpour ces fournitures plus de 30 mil-liards de francs, il remarque : “On aimerait voir appliquer dans cedomaine la rigueur financière qu’onimpose allègrement aux plus faibles,c’est-à-dire les chômeurs, salariéset contribuables modestes.Où est le temps où le Parti Socialis-te dans un communiqué du 29octobre 1980 de son bureau exécu-tif dénonçait “la politique mercantileirresponsable” ? Que la paix étaitbelle quand nous étions dansl’opposition et discutions de l’arméenouvelle, du désarmement, et duservice militaire de six mois !A quoi bon se glorifier aussi d’avoiraboli la peine de mort en France, si

l’on sait que nos armes exportéesferont inévitablement d’innocentesvictimes ailleurs dans les popula-tions civiles, au Liban par exemple?

L.G.***

A. Prime a adressé une lettre à plu-sieurs journaux. Seul, “l’Humanité”l’a publiée. Tous les autres, y com-pris “Le Monde”, relancé par télé-phone, n’ont pas daigné y donnersuite. Après avoir rappelé que “News-week” du 26/11 avait cité cetteréponse de J.Baker, à qui ondemandait pourquoi l ’Amériquedevait se battre contre l’Irak : “Sivous voulez résumer ma réponseen mot, c’est les emplois”, A.Primeconcluait :“Quel cynisme—quelaveu plutôt—de la part d’un deshommes les plus actifs pour mettreen place une des plus fantastiquesarmadas pour “la défense du droitinternational” ! Baker, bras droit deBush, nous dit à sa façon que cetteguerre du Golfe n’est pas la nôtre.

A.P.

DIFFUSION DE LA GRANDE RELEVE PAR LES MESSAGERIES

POUR UNE ACTION EFFICACE !Vous pouvez tous nous donner un coup de main pour la diffusion de nos idées, donc celle de la Grande Relève.C'est facile, voici comment:Il ne nous est pas possible d’imprimer les dizaines (centaines, même) de milliers d’exemplaires qu’il faudrait fourniraux NMPP pour que notre journal soit en évidence dans tous les points de vente de France et de Navarre (il y en a36.000 ! ). Il ne l’est donc que dans un nombre limité et trop souvent, cela ne sert à rien parce que la Grande Relè-ve y est invisible, cachée sous les autres journaux et revues, ou même pas exposée du tout. Il y a 25.000 pério-diques ! Les revendeurs, ne voyant que leur intérêt commercial, exposent de préférence les journaux qui leur sontle plus souvent demandés. Et c’est là que vous pouvez nous aider : en vous “chargeant” d’un point de vente.Dans un premier temps, vous choisissez ce point de vente. Proche de chez vous, ou là où vous passez souvent, etpour lequel vous devenez un fidèle client en le choisissant pour tous vos achats de papeterie, de livres, etc... Ensuite, vous nous envoyez, avec précision, le nom et l’adresse exacte de ce revendeur, de façon à ce que nousintervenions auprès des NMPP pour que la Grande Relève lui soit envoyée régulièrement chaque mois. A Paris,c’est nous qui désignons directement les points de vente aux NMPP. En province, la diffusion passe par des gros-sistes qui choisissent les points de vente selon des critères qui ne sont pas forcément les nôtres. Mais dans tousles cas, tous les marchands de journaux doivent assurer une vente que leurs clients leur demandent. Donc, aprèsun délai nécessaire, le marchand que vous nous aurez indiqué devra recevoir la Grande Relève, chaque mois, desNMPP.Après quoi, il vous appartiendra de vérifier régulièrement qu’elle est bien visible sur les rayons. En quelque sorte desurveiller qu’elle est bien en vente. En allant acheter d’autres journaux, d’autres revues, cela vous facilitera la tâche.Pensez même quelques fois à envoyer un ami ou un proche y acheter une Grande Relève. Achetez-la au besoinvous-même, de temps en temps, pour l’offrir... Et si vous voyez que votre revendeur met de la bonne volonté, dites-lui qu’il est possible que nous acceptions de le recommander à nos abonnés en citant son adresse dans noscolonnes: cela serait une publicité gratuite pour lui, que nous ferons en échange de ses efforts pour vendre la Gran-de Relève.Voilà “une action” efficace, extrêment utile pour notre diffusion, et qui est à la portée de tous.Nous remercions d’avance tous ceux qui sont prêts à militer dans ce sens et attendons qu'ils nous indiquent le (oules) points de vente dont ils ont décidé de se charger.

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aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttééééLE NERF DE LA GUERRE

par André PRIME

LA GRANDE RELEVE N °898

La crise du Golfe — devenue laguerre du Golfe depuis le 17 janvier— a pour enjeu, selon les camps etle degré d’hypocrisie, la défense dudroit ou la défense du pétrole. Lacouverture d'une récente GrandeRelève montrait une pancarte demanifestants contre la guerre auxEtats-Unis : “Stop Bush’s oil war”(Halte à la guerre du pétrole deBush). Par contre, tous les discoursdes responsables politiques ou mili-taires — quelquefois religieux —ainsi que les réponses aux innom-brables lettres que les distributistesont adressées au Président de laRépublique, à Danielle Mitterrand,aux ministres, aux députés, etc...sont invariables : “respect du droit”.Quoiqu’il en soit, tout le monde sentbien que si le Koweit, à peine grandcomme deux départements français,n’avait pas recelé 10 % des réser-ves mondiales de pétrole, le “droit”n’aurait pas eu le même poids etn’aurait pas déclenché des réac-tions d’une telle ampleur.

Il est vrai que le pétrole est devenule nerf de la guerre – c’est le cas dele dire – des sociétés modernes.1° Le théâtre des opérationsactuelles recouvre 65 % desréserves mondiales connues - 1000milliards de barils - se répartissant,en arrondissant légèrement, commesuit :

Moyen-OrientKoweit .....................10%Irak ...........................10%Arabie saoudite .......25%Autres.......................20%

Sous-total......................65%AutresEurope .......................8%Afrique-Asie .............10%Amérique du Nord....10%

du Sud.....17%Sous-total ...................35%

Les années de réserves, sur lesbases de la consommation actuelle,varient selon les quantités produitespar les divers Etats, allant de 11 ansà 90/100 ans pour l’Iran et l’Irak, à130 ans pour l’Arabie Saoudite, et à

190 ans pour le Koweit. Moyenneen gros, pour les pays du Golfe :150 ans. Ceci explique la guerre duGolfe.2° La consommation de pétroledans le monde est passée de 10millions de barils (Mb) p ar jour en1950 à 65 Mb par jour en 1990. Surquarante ans, la croissance apparaitfabuleuse et ce, malgré le dévelop-pement extraordinaire du nucléairedepuis à peine vingt ans en ce quiconcerne la production d’électricité(70 % en France), qui reprend,entre autres, au fuel une grandepartie du chauffage.Les transports, l’équipement mêmemodeste des pays du tiers-mondeexpliquent donc en grande partiecette multiplication par 6,5 de laconsommation de pétrole en qua-rante ans.3° C’est le moment de rappeler queles Etats-Unis, avec seulement1/20e de la population mondiale,consomment 25 % du pétrole, soit16 Mb par jour, soit donc 60 % deplus que le monde entier, il y a qua-rante ans. Aujourd’hui, l’Amériqueimporte 50 % de sa consommation:

Amérique du Sud .........925 MbMoyen-Orient ...............690 MbMer d’Iroise (Europe) ...210 MbAfrique..........................440 MbCanada ........................330 Mb

Total..........................2595Mb (1)

L’Amérique consomme un peu plusde 5 milliards de barils par an. Oncomprend pourquoi elle se veut legendarme du monde et pourquoi,pour redorer son image de marqueternie par son économie en crise,

elle a tenu à montrer sa force :quantité et qualité technique, rapidi-té d’intervention. Les Nations Uniesne sont qu’une couverture qu’elle avolée, comme pour la Corée. Lespeuples du tiers monde, l’URSSelle-même, sont prévenus : le gen-darme est là, capable de transférerau bout du monde, en quelquessemaines, quelques mois au plus,une armada de porte-avions,navires de guerre; 1500 à 2000avions, 1000 à 1500 hélicoptères,des centaines de chars, etc... ettoute la logistique nécessaire :camions, bombes, missiles, nourri-ture...4° Les réserves connues de pétroleétant de 1000 milliards de barils, onvoit que cette précieuse énergie fos-sile aura disparu dans quelque cin-quante ans. C’est le chiffre maxi-mum à retenir et à condition que ladécouverte de nouvelles nappes —l’essentiel étant inventorié — com-pense l ’accroissement de laconsommation qui n’a aucune rai-son de s’arrêter, voire de se ralentir.Seules la mise au point — quand cen’est déjà fait — et l’exploitation denouvelles sources d’énergies : bio-masse solaire (chaleur et piles pho-tovoltaïques), énergie éolienne,etc... peuvent infléchir la courbe deconsommation du pétrole. Peugeotpense mettre d’ici peu sur le marchédes petites voitures électriques utili-sables essentiellement en ville.Mais la guerre du pétrole est loind’être terminée.––––(1) Le Japon, avec 125 millions d’habi-tants, consomme 1,4 milliard de barilspar an dont 1100 en provenance duMoyen-Orient.

5

Un socialisme à visage humainAndré Prime vient de publier sous ce titre une brochure de 40 pages (21X15 cm)correspondant, avec quelques développements, au texte de la cassette proposéedans nos derniers numéros. Il se propose de vendre la cassette et la brochureensemble au prix de 70 F, ou la brochure seule au prix de 20 F l’exemplaire, 55 Fles trois, 85 F les cinq ou 160 F les dix. Toutes les personnes qui ont déjà comman-dé une cassette recevront bientôt une brochure gratuite, de même que tous ceuxqui commanderont la cassette avant la fin du mois de mars prochain.Rappelons que la cassette a été enregistrée pour vous dispenser de faire vous-même la “conférence-maison” et lancer le débat lorsqu’ayant réuni quelques amis,vous souhaitez les amener à réfléchir et discuter sur la crise du capitalisme et l’éco-nomie distributive. Son prix franco est de 50 F.Envoyez à l’adresse du journal vos commandes et chèques à l’ordre de A. Prime.

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnSUR LA MONNAIE par Jean-Pierre MON

6 LA GRANDE RELEVE N° 898

'abord un constat évident pournous : i l est impossible de

transformer la société si l’on nechange pas la nature de la monnaie.La monnaie est devenue un fait cul-turel dans la plupart des sociétés.“Aujourd’hui, le désenchantementque beaucoup d’entre nous éprou-vent pour la politique est le prix quenous payons pour ne pas avoir tiréla leçon de l’histoire de la plupartdes révolutions ou des change-ments sociaux importants, à savoirque ceux qui tiennent effectivementles rènes du pouvoir veulent bienque tout change à condition que toutcontinue comme avant.”

UN PEU D’HISTOIRE :Les premières polémiques sur lamonnaie remontent à Platon et àAristote.Platon proposait que la monnaie soitun simple symbole arbitraire, abs-trait, destiné uniquement à faciliterles échanges, à faire une simplerègle de trois lors de transactionsentre individus ne possédant pasforcément tout ce qu’ils pouvaientsouhaiter troquer. Une telle monnaiedevait avoir une valeur indépendan-te de la nature du matériau qui laconstituait.Aristote, au contraire, considéraitque la monnaie devait être une mar-chandise tierce ayant une valeurintrinsèque; c’est une monnaie en orou en argent. Malgré les contradic-t ions qu’elle a révélées, c’estjusqu’ici la vision aristotélicienne quia pratiquement toujours prévalu. Les découvertes archéologiquesqu’a faites en 1978 D.Schmandt-Besserat, de l’Université du Texas,en étudiant les “civil isations del’argile” semblent cependant prouverqu’il a existé en Asie occidentale,entre 7000 et 2000 avant notre ère,des sociétés qui faisaient usaged’une monnaie “rationnelle”, refletcomptable de toutes les opérationsd’achat et de vente. C’est ce qu’Oli-vella appelle une monnaie “responsa-bilisatrice” parce qu’elle n’était pasanonyme comme notre monnaieactuelle, puisqu’elle fournissait des

D indications sur les caractéristiquesde toutes les transactions et surleurs acteurs. La complexité, l’ac-croissement du nombre de transac-tions et l’absence de techniques effi-caces pour transcrire toutes cesopérations ont fait péricliter le systè-me. Avec le développement de latélématique, il devient possible de leremettre en vigueur.

LES CARACTÉRISTIQUES DE LA MONNAIE :Bon gré mal gré, dans la culturemoderne, la monnaie est devenueun élément fondamental des rela-tions humaines.Grâce à elle, pourelle, les relations entre individus,nation ou sociétés se développentou s’affaiblissent, s’équilibrent ou sedéséquilibrent, deviennent équi-tables ou se corrompent. La mon-naie est donc essentiellement ambi-valente mais cette ambivalence estdue à l’usage qu’on en fait : instru-ment de domination, de pouvoir, decorruption ou, au contraire, instru-ment d’échange, de responsabilisa-tion, d’information,...Cependant, une utilisation “respon-sabilisatrice et informative” de lamonnaie ne dépend pas unique-ment de la bonne volonté et de lamoralité des individus mais aussi dutype de monnaie, c’est à dire de sescaractéristiques.Les principales caractéristiques desmonnaies historiques, “métalliques”(aristotéliciennes) sont l’anonymat,l’uniformité et la mobilité. De tellescaractéristiques facilitent toutessortes de délits et de crimes, empè-chent la mise en oeuvre d’un systè-me de mesure informatif (multicap-teur) sur chacun des actes d’achatou de vente et par là même rendentimpossible la comparaison expéri-mentale des diverses théories éco-nomiques. Elles favorisent aussi lamonétisation, la mercantilisation, laprostitution de nombreuses activi-tés, mêmes desplus immatérielles etdes plus sacrées, comme la forma-tion, la recherche, l’information, lasanté, la justice, la politique, l’art, lamorale,...Paradoxalement, elles nepermettent pas d’assurer de maniè-

re satisfaisante les fonctions lesplus fondamentales de la monnaiequi sont de faciliter l’échange desbiens et des services dans nossociétés complexes qui ne peuventplus utiliser le troc, pas plus qu’ellesne permettent d’atteindre l’équilibreentre production, consommation etinvestissement.Les civilisations “des métaux” lesont utilisées pour faciliter et activerle commerce, et l’impérialisme guer-rier et corrupteur. La civilisation dupapier les a mises en oeuvre pours’assurer la domination du marchéet des peuples. La civilisation élec-tronique les met à profit pour déve-lopper la spéculation monétairemondiale et contrôler les popula-tions (pas de protection de la per-sonne, danger de répression poli-tique, fiscalité factice et arbitraire,..).

UNE NOUVELLE MONNAIE :La monnaie peut cependant être uninstrument radicalement différent, etredevenir ce qu’elle a vraisembla-blement été pendant 5 ou 7 000 ansdans les civilisations de l’argile,c’est à dire un instrument personna-lisé, diversifié et stable.De telles caractéristiques favorisentla responsabilisation dans toutes lestransactions libres (elles laissentdes traces), permettent la mise aupoint d’un système multicapteur deces transactions et offrent la possibi-lité de comparer expérimentalementtoutes les théories économiques.Olivella propose donc de substituerà la monnaie actuelle, anonyme etdésinformative, une monnaie per-sonnalisée et informative quidémystifie “l’argent” et réduit l’usagede la nouvelle monnaie à l’échangede biens et de services mesurables.Il faut pour cela, supprimer toutargent anonyme en le remplaçantpar un système unique de monnaieélectronique pour tous, riches etpauvres, gouvernants et gouvernés,assurant la protection des donnéespersonnelles (accès unique del’interessé et de la justice (indépen-dante) dans le cas d’une enquêtecriminelle).

Les réflexions qui suivent sur la nature et le rôle de la monnaie dans les sociétés modernes sont tirées de l’ouvrage de Marti Olivellai Solé : "La monnaie, élément fondamental” dont le titre original en catalan est “La moneda, peça clau ” (Barcelone, 1990).

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ddddeeeessss cccchhhhiiii ffffffffrrrreeeessss

LA GRANDE RELEVE N °898

Quelques prix d’engins de mort en Francs : -Une batterie “patriot” : 250 millions. -Un missile “patriot” : 21 millions.-Un kilo de bombe guidée au laser :

500F, soit presque le revenu moyenannuel d’un Ethiopien.-Un missile Crise Tomahawk : 8 mil-

lions. Plus de 200 ont été tirés enquatre jours de guerre.-Un missile air-air Phoenix : 4,4 mil-

lions. Soit 80 ans de travail d’unsmicard.

***Mais les affaires, ça marche

L’OPEP, en 1990, a augmenté sesrevenus de 42 %. L’Arabie Saouditea doublé les siens. Le Japon a pro-mis 4 milliards de dollars d’aide mili-taire, l’Allemagne 3,3 milliards demarks. L’Arabie prend 50 % desfrais américains à sa charge, caraujourd’hui, l’oncle Sam ne peutplus faire la guerre sans que lesautres paient l’armement.Rien que pour les Etats-Unis, laguerre “active” coûte 2,5 milliardsde francs par jour.(fin janvier). Quesera-ce lorsque la guerre terrestreaura débuté ?Oui, mais les marchands de jeuxvidéo-guerriers font fureur auxEtats-Unis avec des titres superla-tifs, celui de “la guerre du Golfe”étant le plus anodin.

(France-Inter 25 janvier)***

Pour l’Allemagne, “ça gaze”Forte de ses études et expériencessous feu Hitler, la RFA — exacte-ment 115 firmes (Antenne 2, 24janvier) — ont livré à l’Irak du maté-riel de guerre non conventionnel,notamment des gaz de combat etdes usines de production. Mieux,elles vont continuer pendantl ’embargo “pour honorer leurscontrats”, ce qui provoque de vivesprotestations des pacifistes enA l l e magne, et en Israël où leministre Genscher s’est fait huer le24 janvier, alors qu’il était en “visited’amitié”.Mais si des firmes allemandes ontfourni des gaz à l’Irak, d’autres -quelle sollicitude ou quelle orga-nisation ! - ont fourni des masquesà gaz à l’Arabie Saoudite. Salinger,dans son livre “la guerre du Golfe”donne en annexe une l iste desfirmes de tous les pays qui ont

vendu des armes non convention-nelles à Saddam Hussein. Edifiant.Sur quatre pages et demi, l’Alle-magne (RFA) en occupe deux. Tousles pays, bien sûr, n’ont fait qu’appli-quer la “défense du droit”... du droitde vendre et de commercer.

***Petites entreprises et gros profitsLa guerre profite à de nombreusespetites entreprises new-yorkaises.On peut mentionner : le gardienna-ge (beaucoup de grandes sociétéset de centres commerciaux ontembauché des vigiles supplémen-taires, par crainte des attentats), lavente des masques à gaz (cettemême hantise du terrorisme règnedans le public) et celle des dra-peaux.

P.H.(le Monde du 20 janvier) ***

Polémologues... en orToutes les chaînes de télévision etde radio se sont “payé” un colonel,un général, un amiral en retraitecomme “consultant” pour leursémissions.Le Canard enchaîné du 23 janviersignale que “le Général Copel asigné avec TF1 un contrat de250.000 F. pour la durée de sa mis-sion d’expert”. Un complément à saretraite de smicard.

***De plus en plus de bombes !

On le sait : il tombait à la fin de laguerre du Vietnam plus de bombessur ce malheureux petit pays quesur tous les théâtres d’opérationseuropéens en 1945.Or“sur l’Irak, l’aviation a pu effec-tuer plus de 1000 sorties par jourdepuis le 17 janvier. A titre de com-paraison, le point culminant desbombardements de Hanoï et deHarphong, en décembre 1972,s’était traduit par 1400 sorties éta-lées sur deux semaines”.

( EDJ 24-30 janvier 1991)***

Quelques autres coûts…On consacre 150 millions de Francsà la protection sanitaire descitoyens, 77,5 millions à la luttecontre le cancer L’aide à la production du tabac semonte à 57,7 milliards.

***Mais les jeux, ça paie !

En jeux de hasard, pour 1990, les

Français ont dépensé 54 milliardsde Francs. L’Etat, qui en certainescirconstances se dit (comme danstous les pays d’ailleurs) défenseurde la morale, a empoché, sanssourciller, 17 milliards de Francs.

***Pollution des mers ?

Pourquoi donc s’inquiéter. Aprèstout, ce n’est que 2.200 litres d’acé-tate d’éthylglycol (dont la valeur limi-te tolérable est de 27 milligrammespar m3 d’air) et que 1.700 litres depropathène qui sont tombés à lamer le 10 décembre au large desPays-Bas. De quoi rendre irrespi-rable plus de 8,15 millions de m3d’air.

***Ramassés, en 1989, sur les plagesdes Etats-Unis, du Mexique auCanada, : plastique : 540,8 tonnes,verre : 94,6 tonnes, métal : 91,16tonnes. L’Etat qui a le plus dedéchets sur ses plages est ... laLouisiane avec 744 kg par mile ou402 kg/km. New-York s’orne de 538kg/mile et la Floride de 199 kg/mile.Dans cet Etat, une seule chambred’hôtel produit, par nuitée, entreO,22 kg et 12,7 kg de déchets. Lesdeux tours jumelles du World TradeCenter de New-York produisent parjour 65 tonnes de déchets. Enfin,ceci : par an, les Etats-Unis fabri-quent 4.700.000.000 bouteilles enplastique de deux litres.

***Ecologie

L’Europe a recyclé en 1989, 4,57millions de tonnes de verre, soit18% de plus qu’en 1988. C’est laBelgique qui vient en tête du recy-clage (60 %) avant les Pays-Bas(57 %) et la Suisse (56 %). Deuxcommunes seulement des 19 quecompte l’agglomération bruxelloisen’ont pas de bulles vertes pour larécupération du verre. Grâce à leurs13.500 bulles à verre, les com-munes néerlandaises ont réalisé, en1989, une économie de plus de 82millions .

***

Pour remplacer le poison qu’est lanaphtaline, des zestes de citronséchés, en petits morceaux, mis ensachets, pendus dans vos armoires,ou du serpolet, ou du thym.

(d’après Tam-Tam)

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8 LA GRANDE RELEVE N° 898

Cette journaliste est peut-être effrayée par ce qu’elle vient d’écrire, toutefoiselle ne comprend pas que les dépenses sont permises par les guerres etn’en sont pas les conséquences néfastes. Elle se lance alors dans desextraits d’un article de l’historien américain Paul Kennedy, reproduit en 1987par la revue “Politique étrangère” d’où il résulterait que le rendement finan-cier du militarisme des grandes puissances serait décroissant. D’après cettethèse confuse, les Etats-Unis seraient sages de réduire leurs engagementsmilitaires à l’étranger, pour des raisons purement monétaires. La guerre duGolfe fait justice d’une telle idée.Il est vrai, toutefois, qu’en raison des pro-grès foudroyants de la productivité dus à l’automatisation croissante del’appareil productif, la “bienfaisante” rareté dure de moins en moins long-temps. Décidément les partisans du système et les journalistes capitalistessont incapables d’admettre la différence entre économie industrielle etfinances et de saisir que plus que la prospérité, la survie même du régimeest liée aux fabrications et aux ventes d’armes. Certains mêmes, maniant leparadoxe et la confusion à plaisir, expliquent que la guerre met en périll’équilibre.des budgets. Ils oublient que la création monétaire est au servicedes capitalistes et non l’inverse. En ce qui concerne le rendement financier,nulle inquiétude, l’inflation saura bien faire payer les contribuables et favori-ser les possédants. Aucune guerre moderne n’a cessé faute d’argent. R.M.

On pouvait lire dans les colonnes du Monde du 15 janvier dernier :

L’AMÉRIQUE, LA GUERRE ET LA PROSPÉRITÉ“Il existe dans l’histoire américaine,au vingtième siècle, un couplehonteux, i l légitime : le coupleguerre-prospérité. L’ idée peutparaitre choquante, d’autant quel’Amérique n’a jamais engagé à lalégère la vie de ses “boys” ; quin-ze ans après le Vietnam, le paysreste traumatisé par le souvenirdes 50.000 morts et la présencedans la société de 150.00 hommeshandicapés physiquement et psy-chologiquement.... En avril 1917, lors de l’interven-tion des Etats-Unis du côté del’Entente, l’aviation de combatamériciane comptait 55 appareils.En novembre 1918, à la fin deshostilités, elle en avait produit16.000. La première guerre mon-diale a aussi ouvert l’ère de l’hégé-monie financière américaine.... Lorsque le président Rooseveltassigne à son pays le rôle de“grand arsenal de la démocratie”,en décembre 1940, l’Amérique nonseulement n’est pas entrée dans laguerre, mais elle n’est pas sortiede la grande crise des années 30et compte encore 15 % de chô-meurs. Déjà première puissanceéconomique du monde, elle nedépense que 1,5 milliard de dollarspour la défense.... En 1945, le budget de la défen-se atteint l’impensable niveau de81 milliards de dollars.

... L’exemple de l’industrie aéronau-tique est une nouvelle fois le plusspectaculaire : “En décembre 1941,lors de l’entrée des Etats-Unis dansla guerre, leur aviation compte9.000 appareils, dont 1.100 seule-ment sont vraiment opérationnels.Leur capacité de production est infé-rieure à 6.000 appareils par an. A lafin de 1945, l’US Air Force compte72.000 avions, et l’industrie aéro-nautique, qui en a déjà fabriqué275.000 en quatre ans, est capabled’en produire près de 100.000 par an.Véritable miracle économique intempora belli, le produit nationalbrut des Etats-Unis a plus que dou-blé entre 1940 et 1944. Le chômagetouchait 8,5 millions de personnesen juin 1940, mais seulement700.000 en juin 1944 : la guerre aramené le plein-emploi.... C’est à vrai dire la fin de la guerrequi fut dure à supporter pour l’éco-nomie américaine, qui connut unecrise de reconversion sévère en1946. Le plan Marshall, mais surtoutla guerre de Corée, relancent lamachine. Le chômage remonté à6% après 1945, diminue brutale-ment jusqu’à moins de 3 %, le bud-get militaire regonfle jusqu’à 50 mil-l iards de dollars, la croissanceatteint près de 11 % en 1950. “Ilfaut reconnaitre que c’est tentant,ironise Claude Moisy (dans l’Amé-rique sous les armes). Les Améri-

cains commencent à rêver d’unsystème qui maintienne un hautniveau de dépenses militaires,indépendamment, si l’on peut dire,de la guerre”.... La relance amorcée a été mon-diale et a remis sur pied les puis-sances vaincues - le Japon et sur-tout l’Allemagne, à un moindredegré que la France et la Grande-Bretagne : la poursuite des “tren-te glorieuses” était assurée.Et puis vint le Vietnam. Une guer-re longue, entamée comme parinadvertance, qui s’acheva dansl’humiliation. Ce qui n’enlève rienà la validité du couple guerre-prospérité qui fonctionne parfaite-ment jusqu’à la fin des années 60,porté par la hausse régulière desdépenses militaires, entaméedepuis le mandat Kennedy. Lenombre des chômeurs est un bonindicateur. Supérieur à 4,5 millionsen 1963, il revient progressive-ment au-dessous des 3 millions etce, jusqu’en 1970.Le début de la guerre du Vietnamcoïncide avec la politique de la“grande société”. Les deux fac-teurs conjugués ont permis defaire reculer la pauvreté aux Etats-Unis comme jamais auparavantou depuis lors : le nombre despauvres revient, entre 1964 et1970, de 39 millions à 24 millions."

Sophie Ghérardi

L’Economie marchande :concurrence du profitavec au bout la Guerre.

L’Economie distributive :concurrence de la quali-té avec au bout la Paix.

La monnaie du profitconduit à la guerre.

La monnaie du serviceconduit à la paix.

Quelle monnaie préfé-rez-vous ?

Albert Chantraine

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ttttrrrr iiiibbbbuuuunnnneeee llll iiiibbbbrrrreeeePACIFISTE ET FIER DE L’ETRE

LA GRANDE RELEVE N °898

…Les causes du conflitL’invasion et l’annexion du Koweit n’ontété que le détonateur dans une régionoù par suite de l’incapacité, ou du refus,des dirigeants locaux, ou de la commu-nauté internationale, des problèmes cru-ciaux n’ont pas été réglés, faute de dia-logue, de négociations et de conces-sions réciproques (problème palestinien,évacuation des territoires occupés parIsraël, évacuation du Liban par la Syrie,peuple kurde, rectifications frontalièreset accès à la mer de l’Irak, etc...).

Les ventes d’armementsNos moralistes ne s’interrogent pasdavantage sur les responsables de lapuissance militaire de l’Irak. Or cettepuissance militaire qui a permis l’inva-sion du Koweit, ce sont bien les nationsindustrialisées occidentales…qui l’ontpeu à peu forgée en vendant des arme-ments à l’Irak, qui nous doit encore 25milliards de francs.On peut dire que tous les pays vendeursd’armements à des pays plus ou moinstotalitaires… participent à la constitutionici ou là de poudrières dont ils s’éton-nent ensuite qu’elles explosent !Croyaient-i ls que leurs acheteursallaient placer leurs armements envitrines ? Or, entend-on le mea culpades politiciens qui ont armé l’Irak ? Evi-demment non. Il vaut mieux chercherdes boucs émissaires et crier haro surles pacifistes. Et les ventes d’armementscontinueront pour le plus grand profitdes lobbies militaro-industriels et accen-tueront la militarisation mondiale.Les arguments tendant à justifier lesventes d’armements sont connus :nécessité de “rentabiliser” les fraisd’étude et de fabrication, de contribuer àl’équilibre de la balance commerciale etde maintenir l’emploi. Mais au lieu defournir des armements aux régimes tota-litaires, ou au tiers-monde et de lesendetter davantage, ne pourrait-on pasleur fournir des biens d’équipement pourfaciliter leur développement ? Enfin,lorsque les acheteurs ne paient pas lesarmements, la COFACE intervient avecl’argent des contribuables. Belle rentabi-lité en vérité !

Les minorités oppriméesEn ce qui concerne les Kurdes ou autresminorités opprimées, je répondrai à nosdétracteurs que les pacifistes ne des-cendent peut-être pas dans la rue àchaque fois, mais leurs organisationsprotestent. Les gouvernements de leurspays, en dehors d’une condamnation deprincipe, souvent hypocrite, ne font pasdavantage. Et la France a-t-elle inter-rompu ses l ivraisons d’armementsdurant les souffrances des opposantsirakiens, ou le massacre des Kurdes ?

La communauté internationale a unenotion à géométrie variable des viola-tions des droits de l’homme selon lepays où elles se produisent. Exemplesactuels : l’attitude vis-à-vis des paysbaltes et de l’URSS, d’Israël concernantle peuple palestinien, ou de la Syrie auLiban.

Un nouvel ordre internationalEnfin l’argument final de nos politicienset dirigeants occidentaux est que l’élimi-nation de Saddam Hussein et la victoiresur l’Irak permettraient d’engager desnégociations, de régler les problèmesdu Proche et Moyen-Orient et de créerun nouvel ordre international. On estalors en droit de se demander pourquoion ne l’a pas fait plus tôt, et pourquoi ladroite israélienne et le gouvernementdes Etats-Unis, influencé par la puis-sante communauté israélite américaine,accepteraient demain une conférenceinternationale et un Etat palestinienqu’ils ont toujours refusé ? Et par quelmoyen la France, et l’Europe, si peuprésente dans le conflit, pourraient-ellesles obliger à le faire ? C’est donc abu-ser de la confiance des citoyens que deformuler de telles propositions.Devant ces multiples contradictions,pacifiste je suis et pacifiste je resterai,car pour moi le respect de la vie est lepremier des devoirs. La violencen’émerge que lorsqu’on laisse pourrirles problèmes. Je ne conçois pas qu’onse glorifie - en France notamment - del’abolition de la peine de mort pour descrimes parfois odieux, et qu’on envoiepar contre à la mort de jeunes soldatsvictimes innocentes d’erreurs politiques.Si les dirigeants du monde accomplis-saient les missions pour lesquelles ilsont été élus, c’est-à-dire prévoir les évè-nements, régler en leur temps les pro-blèmes posés, s’engager dans le désar-mement au lieu de surarmer le monde,alors nous n’aboutirions pas à dessituations comme celle du Golfe. Ils por-tent donc chacun une lourde responsa-bilité qui s’étend également à la stagna-tion ou à la régression du tiers-monde,et notamment au problème de la faim.Une fois encore, nous constatons que ladémocratie est bafouée puisqu’on nedemande jamais l’avis des citoyensconcernés. Ce faisant, la classe poli-tique aggrave la déconsidération dontelle est l’objet dans l’opinion publique.

Léon Gilot

LA TROUILLE DE L’INSECURITE

La presse à sensation, la télévision, lesradios ne manquent pas une occasionpour émouvoir et marteler les oreillespar des méfaits, des vols, des crimes etdélinquances de tous ordres...D’après les victimes et leurs porte-paroles, les médias, se nourrissant descandales et de sang, pour obvier à cesinsupportables horreurs, il faudrait sanstarder, non seulement augmenter lenombre des prisons, mais aussi préve-nir ces “anomalies parasitaires” enoccupant les jeunes, les désoeuvrés,les démunis, les rejetés, par desemplois (inexistants!!), des jeux, dessports (çà se mange !).Nos commerçants, nos propriétaires,nos privi légiés, en un mot nostrouillards, qui ne dorment plus et quise barricadent pour protéger leurs bienssi péniblement gagnés et accumulés àla sueur de leur front, feignent de nepas comprendre que c’est leur compor-tement d’immondes égoïstes repus quiest la cause de ces réactions violentes.Se demandent-ils seulement s’il estpossible de “ramener dans le droit che-min” des êtres qui ne possèdent rien etont le ventre creux !Avec vos gouvernants, vos dirigeantsde toutes couleurs, vous vous gardezbien de reconnaitre que ce vaste etdouloureux “problème” concerne plusde 40 millions de pauvres en Europe, etautant en Amérique et en plus, des cen-taines de millions dans le reste dumonde (depuis les chômeurs à RMI,jusqu’aux plus démunis, sombrés dansla misère la plus noire !) et ce ne sontpas tous vos projets de stades, de jeux,d’éducation qui les feront manger ! Deplus, ne vous méprenez pas, c’est bienvotre société marchande libérale oud’Etat, qui fait aussi les gros gangsters,les trafiquants d’armes et de drogues !Vous voulez vraiment supprimer votretrouille ? Ne plus avoir peur ? Ne plusvous barricader et dormir la fenêtreouverte ? Il n’y a qu’un moyen, qu’une façon,qu’une solution pour éviter vos cauche-mars : c’est de satisfaire les besoins detous les marginaux, de tous les rejetésde votre société, de tous les écartés, lesévincés de la consommation. Que tousles insatisfaits économiques mangent àleur faim !...

Roland Carpentier

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POINT D’HISTOIREL’aviation a utilisé des gaz moutarde pour mater une rébellion kurde. Il y aeu 9.000 victimes. Vous pensez à Saddam Hussein contre sa population kurde à la fin de laguerre avec l’Iran ? Vous avez perdu : il s’agit de l’aviation anglaise en 1920.

( EDJ 24-30 janvier 1991)

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnnLE DROIT INTERNATIONAL ?

par René MARLIN

LA GRANDE RELEVE N °898

ans l’esprit de nos gouvernantset de leurs innombrables obli-

gés, la défense du droit internationalparait être sans réplique puisqu’ilnous la serve, sans justification, surtous les médias dont ils se sont faitun monopole. Mais, en plus, le Pré-sident français invoque, à l’adressede nos compatriotes les plus cocar-diers, l’honneur du pays et son rangde grande puissance membre per-manent du Conseil de sécurité.

L’HONNEUR ! MONSIEUR !L’honneur d’une personne, celaexiste peut-être, bien que l’époqueoù l’on ferraillait au petit matin sur lePré aux Clercs pour un soufflet, soitbien révolue. Par les temps qui cou-rent l’honneur est bien fragile :fausses factures et magouil lesdiverses des députés et desministres, affairisme de la classepolitique et des milieux financiersdepuis les élevés jusqu’aux plushumbles des joueurs en Bourse.Inutile d’insister.Mais l’honneur d’une nation n’estqu’un principe abstrait. Un paysdont l’armée a torturé, martyrisé etexterminé des centaines de milliersde colonisés devrait hésiter à l’invo-quer. Quant à une confédération quin’a pas hésité à tuer des dizainesde milliers de civils ennemis à coupde bombardements sauvages et àlancer deux bombes nucléaires surun archipel prêt à se rendre, elleaura beaucoup de mal à justifier sonrôle de justicier mondial.Le rang de grande puissance ne semesure pas à la capacité de suivreencore plus puissant que soi, pourla conquête ou même la défensed’intérêts qui sont étrangers à sonpays et en tout cas à son peuple.Quant à une place, paraît-il enviée,comme membre permanent auConseil de Sécurité, à quoi peut-elleservir si ce n’est pour imposer desnégociations avant la guerre ? Ilfaudra bien, de toutes façons, queles occidentaux et les moyens-orientaux s’entendent entre eux etavec les autres sur les problèmespolitiques et sur la répartition et lecommerce des richesses pétro-

D l ières. Pourquoi ne pas le faireavant que des centaines de milliersd’hommes risquent d’y perdre leurvie plutôt qu’après. Le temps où laStandard Oil et la Royal Dutchdominaient sans partage est révolu.Les Etats-Unis et la Grande Bre-tagne feraient bien de s’en persua-der.Une conférence internationale sur leMoyen-Orient était et reste le seulmoyen de trouver rapidement unesolution aux problèmes de la région.Tous les gouvernements le recon-naissent sauf Israël qui s’entête àne vouloir négocier qu’avec sesamis et pas avec ses adversairesde l’OLP. La responsabilité de l’Etathébreu est donc grande dansl’aggravation des tensions. FrançoisMitterrand pouvait très bien subor-donner l’envoi de troupes françaisesdans le Golfe à un accord sur laconvocation d’une telle conférence.Il n’en a rien fait décidant ainsi dèsce moment l’entrée de notre paysdans les hostilités. Il pourrait encorelier le maintien de notre armée àune telle réunion. Il ne le fait paspersistant dans son erreur tragique.Notre Président s’identifie à un Etat-nation mythique, auparavant toutpuissant. Comme De Gaulle à qui ill’a pourtant tant reproché, il croitqu’il vaut mieux que les Françaispérissent plutôt que la Francerégresse en droit autant qu’en fait.C’est vrai :”Le pouvoir est maudit”(Louise Michel).Curieux raisonnement que celui quisoutient qu’il est préférable de fairela guerre de suite afin d’éviter unconflit hypothétique futur ! NouveauMunich, non, car, contrairement auReich qui ne pouvait que se renfor-cer avec le temps, l’Irak privée deses sources d’approvisionnementne pouvait que s’affaiblir, sauf si lesmarchands d’armes continuaient àsévir. Mais, dans ce cas, quel ter-rible aveu pour le système capitalis-te.Un certain nombre d’entre nousauraient peut-être pardonné, àFrançois Mitterrand et à son ancienparti, de ne pas avoir rompu avec lerégime économique honni, peu sûr

qu’il était d’un appui populaire mas-sif indispensable pour cela. Mais encette ère de prolifération des armesnucléaires, bactériologiques et chi-miques et si nous sommes encoreen vie, nous n’oublierons jamais, entant que citoyens français, qu’aprèsle Vietnam, l’Algérie, la folle équipéede Suez, des hommes qui se récla-ment du socialisme auront pris ladécision qui met en cause grave-ment l’existence de nos concitoyenset de l’ensemble du genre humain.Comme ce sont ces électeurs-là quifont la différence avec l’opposition,la situation du PS lors des pro-chaines consultations devraits’apparenter à celle de la défunteSFIO. Nos lecteurs auront sûrementnoté les noms des députés et séna-teurs qui n’ont pas su ni voulus’opposer à l’hystérie ambiante.Les Fabius, Mauroy, Quilès etautres Chevènement, ex-ministre del’attaque, sont visés...

LA DÉMOCRATIE ! MONSIEUR !Il était difficile de faire entendre lavoix de la raison. Depuis le 17 jan-vier, c’est devenu impossible. Leterme de pacifiste était déjà péjora-tif. C’est maintenant une injure. Cene sont pas ceux qui ont déclenchéles hostilités qui jouent avec la viede nos soldats, mais ce sont lespacifiques qui, comme en 1917 eten 1939, leur “tirent dans le dos”!Le Monde du 22 janvier annonce lacondamnation de sept pacifistes“casseurs” alors que tout un chacunsait que, si vraiment ils sont cou-pables, il ne peut que s’agir que deprovocateurs habitués de toutes lesmanifestations. L’amalgame joue àfond.Après la grande manifestation du 12janvier, la multiplication des appelsà descendre dans la rue lasse leplus grand nombre. Les rassemble-ments se font moins nombreux, bienque les protestataires en puissancene diminuent pas. La presse auto-censurée triomphe.Les “informations” des médias sontcontrôlées militairement et provien-nent toutes du Pentagone, du Servi-ce d’information des Armées ou des

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rrrrééééffff lllleeeexxxxiiiioooonnnn

11LA GRANDE RELEVE N° 898

agences et journalistes aux ordres.L’atmosphère est étouffante. Mêmeles personnes modérées sontgênées et n’écoutent plus rien, telle-ment les nouvelles sont unilatérales.L’on peut tout de même se deman-der si un tel infantilisme ne nuit pasà la cause qu’il est censé soutenir.Si il convient à la moyenne des télé-spectateurs américains dont l’âgemental est faible, il est accueilli dansbeaucoup de foyers européens parun scepticisme qui confine à l’indi-gnation.La guerre psychologique utilise àfond les ressources des soi-disant“sciences humaines”. Les sondagesd’opinion indiquaient toujours, avantle 17 janvier, une majorité de 55 à70 % de Français opposés à uneintervention armée. I ls se sontretournés brusquement et inexplica-blement depuis cette date. La tech-nique de la marginalisation desconstestataires déjà utilisée contreles “publiphobes” est déclenchée.Ces éléments et ceux qui vontsuivre ont été exposés dans deslettres que, comme beaucoupd’autres, nous avons adressées àl’Elysée, à Michel Rocard, RolandDumas et autres ministres, à nosdéputés respectifs, à la presse etaux radios ou télévisions. Cettecampagne n’a pas entamé, jusqu’àprésent, l’auto-satisfaction et l’appa-rente bonne conscience de nosreprésentants. Bien qu’ils aientrépondu presque tous, souventcourtoisement ou fait répondre parleur secrétariat, ces interlocuteursfeignent de ne pas avoir saisi la dif-férence pourtant essentielle et mani-feste entre ces propositions et leurspropres actions : à savoir le respectde l’opinion publique et de la démo-cratie dont ils n’ont que faire. Si laguerre se poursuit, il faut continuercette campagne et bombarder lesresponsables de lettres de protesta-tion. Chaque jour peut sauver desvies.

LE DROIT ! MONSIEUR !Mais il parait qu’en l’occurrence, laFrance se serait faite défenseur duDroit international !C’est vrai et inadmissible, l’Irak adélibérément attaqué puis annexé leKoweit. Ce dernier était considérécomme un Etat indépendant. Mais il

ne l’était que depuis 1962, créé, arti-ficiellement, par le Foreign Office,pour les besoins de l’accaparementdes ressources futures de pétrole. Ilempêchait l’accès à la mer de l’Irak,sauf à Fao, lui créant un handicapinsurmontable pour son développe-ment et se trouvait être le refuge dela ploutocratie des émirs du pétroleattentifs à privilégier les intérêts destrusts plutôt que ceux de sa popula-tion.Saddam Hussein est probablementun mégalomane, mais pas plus etpeut-être moins - en nombre demorts - que ses collègues Batista,Duvalier, Hafez el-Assad, Marcos,Pinochet et autres dictateurs san-guinaires avec lesquels nos redres-seurs de torts ont collaboré et qu’ilsont largement fourni en armes,encore maintenant pour l’un d’entreeux. Alors pourquoi lui ?S’il nes’agissait que d’éliminer SaddamHussein, la CIA aurait pu le faire ;elle a montré sa capacité end’autres circonstances. Il parait quecela a d’ailleurs été envisagé etmême tout récemment. Pourquoicela n’a-t-il pas été fait ? Mystère.Mais cela confirme bien les parolesde Paul Valéry :”La guerre est faitede gens qui ne se connaissent paset qui se font tuer au profit de ceuxqui se connaissent mais ne la fontpas” (citation approximative).La guerre froide est terminée maisles atteintes aux droits de l’hommese poursuivent. Après l’Afghanistan,le Kurdistan, les territoires occupéspar Israël, la Grenade, le Panama,le Liban, les Pays Baltes, etc...l’oppression continue et le droit despeuples à disposer d’eux-mêmesest bafoué partout. La validité de larésolution n° 678 du Conseil deSécurité qui autorise l’usage de laforce contre l’Irak est contestable.Au titre de l’article 27, paragraphe 3de la Charte de l’ONU “les déci-sions... sont prises par un vote affir-matif de sept de ses membres danslesquels sont comprises les voix detous les membres permanents...”.La Chine n’ayant pas émis un votepour, mais s’étant abstenue, lamotion peut être considérée commenon adoptée. Les opérations destroupes de la coalition débordentd’ailleurs déjà très largement l’objec-tif fixé par le Conseil de Sécurité.

Pour ce qui est de l’avenir, obser-vons qu’aux termes de l’article 2,paragraphe 1 de la Charte : “...l’Organisation est fondée sur le prin-cipe de l’égalité souveraine de tousses membres...”. Or ceux-ci sontdes Etats qui ne représentent pasuniquement, peu ou , pour les trois-quarts, pas du tout les peuplesconcernés étant des gouverne-ments autocratiques.C’est la raison pour laquelle, beau-coup ont occulté et continuentd’ignorer les résolutions desNations-Unies et ne retiennent quecelles qui leur conviennent.Alors pourquoi l’Irak devait-elle uni-quement se soumettre ? Je persis-te à penser que seules des institu-tions démocratiques supranatio-nales à pouvoirs limités, mais réels,pourraient légiférer valablement etfaire appliquer la loi mondiale.Jusque là, le soi-disant droit interna-tional ne sera que le droit des puis-sants.

OUI AU DROIT MONDIALLes organismes mondiaux apparai-tront bientôt à tous comme la vraiemanière de mettre en oeuvre la sou-veraineté qui réside, selon nosgrands ancêtres de 89, dans lepeuple. Ainsi seront réglés pacifi-quement, par la voie d’un arbitrageimpartial, d’autres conflits interéta-tiques, intertechniques ou interreli-gieux qui ne manqueront pas desurvenir prochainement. JacquesDuboin soutenait déjà ces idées.Illusions, utopies, naïvetés dirontcertains. Et pourtant le Congrès desPeuples commence à exister. 16représentants et leurs suppléantsont déjà été élus, au cours de huitélections transnationales, par envi-ron 80.000 personnes, dans plus decent pays. Bientôt, nous l’espérons,une neuvième élection aura lieu surun nouveau corps électoral de10.000 personnes dont les abonnésde la Grande Relève et avec, aumoins, un candidat “distributiste”.Ainsi se dessine, peu à peu, la préfi-guration d’une Chambre desPeuples qui pourrait être adjointe àl’Assemblée Générale des NationsUnies, Chambre des Etats, puis lasupplanter, comme l’AssembléeNationale l’a fait avec le Sénat. Aéchelle modeste, pour l’instant,

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12 LA GRANDE RELEVE N° 898

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nous y travaillons. Nos amis encomprendront sûrement toutel’ importance et, afin de donnerl’exemple de leur sens civique, ilsvoteront. Ils prendront ainsi au motceux qui parlent de droit. Droit mon-dial des peuples, oui ! Droit interna-tional des puissants, non !

OUI À LA DÉMOCRATIE ÉCONOMIQUENos lecteurs savent que le régimeéconomique actuel oblige les entre-prises et les Etats à faire fabriqueret subventionner les fabricationsd’armement. C’est là le meilleur exu-toire pour une production qui, sanscela, deviendrait excédentaire, nonpas vis-à-vis des besoins réels desconsommateurs, mais au regard deleur solvabilité.Nous l’avons précisé plusieurs fois :la fin de l’antagonisme américano-russe met en péril cet expédientcontre un chômage qui risquerait des’accroitre inconsidérément.Après les crédits militaires reaga-niens, l’économie américaine et,derrière elle, l’économie mondialeavaient tendance à entrer dans unerécession incontrôlable. Selon lesaveux mêmes de James Baker àNewsweek, il fallait une guerre. Lavoilà. Il serait d’ailleurs bon qu’elledure afin de produire son plein effet.Survivra-t-elle en mars, période àpartir de laquelle l’on ne peut parait-il plus se battre en Irak, à cause dela chaleur ? Du moins, avait-on jus-tifié ainsi la date-butoir du 15 janvier.Nous ne le savons pas au momentoù nous écrivons, c’est-à-dire finjanvier.

Lorsque viendra l’heure de faire lebilan du capitalisme, après celui dutotalitarisme soviétique, il ne faudrapas omettre de lui imputer une gran-de partie des 60 millions de victimes(1) de la troisième guerre mondiale,des 21 millions de morts (1),duesaux conflits plus ou moins locauxpendant les 45 années qui l’ont sui-vie et les pertes de la guerre duGolfe. Si cela ne suffit pas àcondamner un système, que faut-ilde plus ?

Et pourtant, il existe une autre solu-tion...————(1) Chiffres du “Quid” 1991.

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proposition N°11

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LA GRANDE RELEVE N °898

Je témoigne qu’ayant fréquenté A.Sauvy, le bonhomme nourrissaitune phobie quasi-viscérale à l’égardde J. Duboin et il réagissait commeun écorché vif aux critiques dont ilétait l’objet de la part des abondan-cistes. Le dialogue auquel il se prê-tait lui était imposé par sa hargnecontre un adversaire qui ne lui fai-sait pas de quartier. Il n’y avait rienà attendre de ce bonhomme ancrédans ses certitudes, et dévoué au“système”.

H.M., Guérande***

Mes amitiés dans ce “combat” paci-fique, utopique. Mais quand onhabite la ville de Jules Verne, onsait que l’utopie deviendra réalité, etnous relevons bien ici ou là, dansles écrits, les déclarations des res-ponsables gouvernementaux ouautres de petites avancées dansnotre sens, timides, minimes, maisavancées tout de même L’Espritévolue lentement, alors laissons luile temps d’évoluer, ayons confiance.

G.C., Amiens***

La Grande Relève contribue à l’évo-lution du monde qui s’effectue. Il estpréférable de vivre actuellementqu’il y a un siècle et si tout se passebien, ceux qui vivront dans un siècleauront une existence plus agréablequ’actuellement.Le plus urgent à réaliser, c’est uneprocréation consciente et limitée etun désarmement général et contrô-lé, le tout à l’échelle mondiale.

R.C., Fumel***

J’admire votre persévérance à réali-ser régulièrement et à diffuser “laGrande Relève”. J’en parle chaquefois que cela est possible, mais jene rencontre qu’incrédulité enversles thèses. Avec mes petits-enfants(20 ans), cette fin d’année, j’avaissoulevé le problème financier. L’und’eux m’a dit : “Mais puisque c’estsi facile de créer de la monnaie,pourquoi n’avoir pas été banquiertoi-même ? Et les gens diffusantces idées auraient été plus cré-dibles en ne se contentant pas delittérature. En gérant une banque,ils se donnaient les moyens de vivredans l’indépendance et l’efficaci-té..." . J’ai été pris de court…celàprouve qu’il y a encore des trousdans ma formation et que le journalferait bien de revenir à ces donnéesde base. Pourquoi, en effet, depuis cinquanteans ne pas avoir utilisé les armesde l’adversaire contre lui (judo)? Etcomment devient-on banquier?Cooptation, diplômes? Qu’en pen-sez-vous?

M.L., Reims

Réponse : Pour devenir banquier, iln’est pas nécessaire d’avoir dediplômes. Mais il faut être admisdans le monde de la finance et,pour celà, en accepter les principes,rentrer dans le système, “jouer lejeu”. Il s’agit donc bien de coopta-tion de fait. Connivence serait unmot plus juste. Ce n’est évidemmentpas notre cas.Il y a très longtemps, avant de son-ger à l ’économie distributive,J.Duboin avait été banquier lui-même, quelque temps. C’est ce quilui a permis d’en parler en connais-sance de cause et c’est,justement,ce qui l’a amené à sonanalyse critique et à ses proposi-tions d’ordre monétaire… M-L D.

***

Ci-joint un texte extrait du livre de3°: “Au plaisir des mots” (Hachette).“Le travail n’est plus nécessaire”:Aujourd’hui, un ordinateur groscomme un haricot remplace sixétages d’archives et d’employés debureau... Aujourd’hui, une chainefabrique une voiture de A jusqu’à Zpresque sans intervention humai-ne... Demain, la machine et le cer-

veau électronique vont remplacerl’homme dans la plupart de sesemplois. Cela se traduira par unchômage accru et le désespoir,alors que c’est l’annonce de la plusformidable libération que l’hommeait connue depuis qu’il s’est dressésur ses jambes. C’est la fin de lamalédiction millénaire : “Tu gagne-ras ton pain à la sueur de ton front”.Demain, ce sont les machines quivont suer !...Mais il faut que l’homme profited’elles au lieu d’en être écrasé. Lesformes actuelles des sociétés ontremplacé la viei l le malédictionbiblique par l’obligation : “travailleou crève”. Et en même temps, ellessuppriment le travail... La sociétéfuture, née de l’évolution inévitablede la technique et du remplacementdes bras des hommes par des brasmécaniques, devra avoir pour règleet pour devise : “Vis à ton aise ettravaille si tu veux”. Ce n’est pasune utopie....Il va falloir inventer une société nou-velle, qui ne ressemblera en rien àcelles qui existent à gauche ou àdroite, et qui ont ceci de commun :elles sont à la veille de l’agonie.(René Barjavel)Ma fille qui est en classe de 3° estentrain de l’étudier avec son profes-seur de français. Ma fille a 14 anset demi. Elle lit avec beaucoupd’intérêt “la Grande Relève”. Elleme dit souvent :”’Mais, c’est“génial”, c’est la seule solution, laseule issue ! Comment se fait-ilque tout le monde ne pense pascomme ça ? C’est si simple, telle-ment vrai, tellement logique, inéluc-table ! On sera obligé d’adoptercette solution, sinon l’humanité estperdue”. Elle a porté plusieurs extraits de la“Grande Relève” à son professeurde français qui, parait-il, était fortintéressé par la lecture des textes...Pourvu qu’il en parle en classe... Çaouvrirait quelques yeux !

A.G., Grenoble***

En ce qui concerne vos auto-col-lants, dont 9 ou 10 sont sur votredernier numéro, je ne pense pasque ce soit un bon moyen de propa-gande de vos idées. Pour moi-même, je pense que de grandes

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proposition N°1(dont les inscritions étaientillisibles dans notre N°896 par défaut d'impression)

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affiches (si celles-ci sont autorisées,surtout actuellement) sur lesquellesseraient imprimées les thèses devotre “Economie Distributive”, c’est-à-dire la dernière page de votrejournal (en entier), et que les distri-butistes pourraient apposer dansleurs villes, seraient un bon moyende faire connaitre votre mouvement,et ensuite de faire des conférences,avec des conférenciers bien au cou-rant de toutes vos thèses, avecvente de vos livres. Qu’en pensez-vous ? Je sais quecela s’est fait dans le passé, maisles hommes n’étaient pas encoreprêts, tandis que maintenant je croisqu’ils auraient une oreille plus atten-tive.

F.K., AngoulêmeRéponse: Pouvez-vous joindre àvotre suggestion le prix d’une cam-pagne d’affiches telle que vousl’envisagez ?Suggestion semblable, adaptée auxmoyens modernes : une campagnepublicitaire à la télévision. Pourriez-vous, de même, en chiffrer le mon-tant ?Grand merci d'avance.

***

Suite à la conférence d’AlainLipietz.... je suis intervenu pour par-ler de l’économie distributive par lebiais d’une réflexion contenue dansla brochure “l’économie libérée” etqu’il fallait sortir de la logique deprofit. Il m’a rétorqué que la proposi-tion d’économie distributive étaitvalable avant-guerre et que de nosjours, cela ne pourrait marcher.L’échange de dialogue est tombédans une impasse. En ce quiconcerne la région Bourgogne, j’aieu un échange de courrier avec leresponsable “économie” des Vertset il m’apprend, dans son derniercourrier, qu’un membre des VertsBourgogne, partisan de l’EconomieDistributive, vient d’intégrer laditeCommission.

M.P., MâconRéponse: Bravo pour votre inter-vention. Quels sont les faits sur les-quels A Lipietz appuie une affirma-tion aussi péremptoire ?

***

Dans votre éditorial de la GrandeRelève n° 897, vous déplorez àjuste titre l’impuissance qu’a mani-

festée l’Europe à empêcher la guer-re du Golfe.N’aurait-on pu mettre Saddam Hus-sein au pied du mur en organisantsans délai une conférence interna-tionale avec pour mission de tenterde régler simultanément tous lesproblèmes de la région, toutes lesinjustices qui se perpétuent auMoyen-Orient du fait des grandespuissances ?Vous faites remarquer que le gou-vernement français semblait êtrefavorable à une telle conférence.Comment peut-on alors admettreque la France qui dispose du droitde veto au Conseil de Sécurité aitchoisi finalement l’alignement servi-le sur l’impérialisme américain ?Comment ne pas voir là un renie-ment de plus de la part de F. Mitter-rand qui range la France au côtéd’une superpuissance qui prétenddicter le droit partout dans le mondeen fonction de son potentiel militaire? Il faut se rappeler comment enmai 1981, lors de la cérémonied’intronisation au Panthéon, il avaitrendu hommage à Jean Jaurès !... Comment il s’est rallié sans ver-gogne à la force de frappe ato-mique, dont il s’est vanté d’être leseul maitre, après l’avoir combattueavant d’accéder au pouvoir. Il a faitpoursuivre inexorablement lesessais nucléaires dans le Pacifique(qui ont entrainé sous son premierseptennat la triste affaire GreenPeace avec mort d’homme) alorsque ceux qui militent pour l’arrêtdéfinit i f de ces essais dans lemonde entier, comme le Mouve-ment de l’Appel des Cent, sont sys-

tématiquement écartés des grandsmoyens d’information.On peut aussi se demander si, enfaisant participer la France à laguerre, F. Mitterrand ne cherche pasà obtenir un soi-disant consen-sus,une union nationale qui feraientoublier certaines affaires scanda-leuses.... F; Mitterrand avait déclaré le jourde son élection en 1981 “L’Histoirejugera chacun de nos actes”. Lejugement de ceux qu’il a trompésest déjà très sévère. Quant à lasanction de l’Histoire, il se peut quece soit simplement l’oubli.

H.G., Saint-Cyr-au-Mont d’Or***

Nous sommes à la charnière entredeux ères de l’Humanité. L’une setermine et la prétendue civilisationqui est la sienne et qui ne s’est tou-jours maintenue qu’en mettant enoeuvre l’antithèse de la civilisation :la mil i tarisation, est entrain des’étouffer sous l’amoncellement deses richesses devenues inécou-lables par l’injustice du système.La nouvelle ère s’ouvre aussi sur lecosmos. La véritable question quise pose est de savoir si l’Humanitéentrera dans le cosmos corps etâme ou si, son âme ayant fait failli-te, elle retournera à son origine pri-mitive en abandonnant à sa patrie“Terre” ce qui lui vient d’elle et luiappartient : son corps réduit enpoussière par la désintégration desatomes.Hypothèse qu’il n’est pas possibled’exclure, à défaut de savoir inven-ter une véritable civilisation humai-ne digne de la nouvelle ère, de

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proposition N°12

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LA GRANDE RELEVE N °898

dimension cosmique. Cette civilisa-tion ne saurait être autre que plané-taire ... Constatons d’abord un cer-tain nombre de réalités qui consti-tuent le cadre dans lequel il est seu-lement possible d’imaginer une civi-lisation huamine, en comprenantbien deux éléments fondamentauxet indissociables : 1. Toute réflexion ne tenant pascompte des limites naturelles del’écologie planétaire serait, paravance, vouée à l’échec,2. Serait également par avancevouée à l’échec toute réflexion neprenant pas en compte la nécessitéincontournable d’Unité planétaire del’Humanité, considérée globalementet solidairement.A partir de ces deux points fonda-mentaux ... un fait essentiel.... letype de développement de notreprétendue civilisation occidentalen’est pas exportable et transposableà l’ensemble de la communautéhumaine pour les raisons suivantes

1a. En deux siècles, cette“civilisation” a épuisé au profit d’uncinquième de l’humanité les troisquarts des ressources naturellesplanétaires non renouvelables,issues du sous-sol ...

1b .... Cette civilisation occi-dentale a, d’ores et déjà, entrainéun déséquilibre écologique tel qu’ilmet en cause l’ensemble des condi-tions nécessaires à la vie sur terre.Pollution des sols, des eaux, de l’air,amenuisement du “poumon” ter-restre forestier, détérioration de lastratosphère (couche d’ozone) aug-mentation du gaz carbonique, accu-mulation de déchets (dont ceux qui

sont radioactifs) qui handicapentl’avenir, etc... sans parler de ladésertification pour cause d’épuise-ment des sols, des troubles clima-tiques perturbant les cycles naturelsni d’éventuels autres détériorationsde l’environnement qui ne se mani-festeront de façon apparente quedans l’avenir.

2a. Un système écono-mique planétaire viable et juste nepeut donc pas s’inspirer de la socié-té de consommation, de pillage etde gaspillage, qui est la nôtre.

2b. Cette société deconsommation a seulement étépossible en raison même de soninjustice, exploitant les richesses etl’énergie humaine de la planèteentière au profit d’une minorité privi-légiée.Conclusion : Il n’est pas possiblede faire l’économie d’une questionde fond : que subsiste-t-il, danscette optique planétaire, de laconception d’une société d’abon-dance :? (n’oublions pas la courbedémographique inquiétante despays du Sud).Non plus l’économie de plusieursautres questions : en supposantpossible son instauration, quellesignification aurait une sociétéd’abondance réservée au cinquiè-me de l’humanité face aux quatrecinquièmes payant cette abondancedu prix de leur misère ? Quelleimportance le “confort économique”et la “consommation” jouent-ils dansune optique de large épanouisse-ment de l’être humain dans sonensemble physique, psychique,sentimental, intellectuel global ?

Tout reste à inventer. Retroussonsnos manches n’a plus de sens, seulreste utile le travail de la matièregrise. E.V., Le PradetRéponse: Vous soulevez beaucoupde problèmes auxquels bien desréponses se trouvent dans nospublications et qu’il est difficile derésumer en quelques lignes.La société de consommation estune création du capitalisme mar-chand qui survit par la fuite enavant: la croissance, toujours plus,pour les consommateurs solvables,au mépris de l’environnement, aumépris de l’avenir de la planète, aumépris des autres qui en font lesfrais (tiers-monde ruiné par lescours des matières premières fixéspar les riches des pays riches).Nous l’avons dit et redit, mille fois.Et l’une des réactions humainescontre la misère est la démographiegalopante. C’est la raison fonda-mentale de notre lutte contre cettecourse effrénée où nous a menés lecapitalisme.Alors ne confondez pas cette socié-té de consommation avec ce quenous appelons l’ère d’abondancepar opposition à l’ère de la rareté.Nous pensons (relisez la page 16)que l'humanité entre dans une èreoù, grâce à une multitude deconnaissances nouvellementacquises, il est enfin devenu pos-sible que les hommes s’épanouis-sent, en harmonie avec la nature,intelligemment comprise et aména-gée. Celà ne signifie pas qu’unmode de vie uniforme doive s’appli-quer à toute l’humanité! Mais celàsignifie pour nous qu’une économiedistributive doit permettre à tous des’épanouir sans que les uns soientamenés à prendre aux autres dequoi les écraser. M.L.D.

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Pour produire ce dont il a besoin pourvivre, I’homme a toujours cherché àaméliorer ses techniques, afin d’allégersa peine. Mais en ce XX ème siècle,I’accélération des progrès technolo-giques est une révolution sans commu-ne mesure avec celles du passé. Depuissantes machines et des robotssont capables aujourd’hui de remplacerle travail de l’homme dans toutes lestâches de routine, se substituant nonseulement à ses muscles et à l’agilitéde ses doigts, mais aussi à sa mémoi-re, à la plupart de ses sens, et mêmeaux activités purement logiques de soncerveau.Avec la découverte des codes de lanature (génie génétique en particulier) et lesproductions de matières premières surmesure, I’humanité est en train de vivreune véritable mutation ; elle est auseuil d’une nouvelle civilisation.Cette “révolution de l’intelligence “ est,comme l’annonçait J. Duboin en lan-çant ce journal en 1934, “ la granderelève “ des hommes par la technique,dans tous les processus de production.Fini le temps, où, pour assurer sa sur-

vie, I’être humain était obligé d’y consa-crer toutes ses forces et toute sa vie !L’essentiel des productions nécessairespeut désormais être réalisé par desrobots...Ceci implique d’énormes change-ments dans nos comportementséconomiques. Le pouvoir d’achat ne pouvant plusêtre mesuré par la durée d’un travailaccompli, il faut imaginer d’autresmoyens que le salaire pour accéder àce que les robots doivent fabriquerpour tous.Parce que nous n’avons pas eu le cou-rage de renoncer à des habitudes qui serévèlent inadaptées, nous avons laissénotre monde se transformer en unegigantesque poudrière, où tout craque,où tous s’affrontent. La course au profitdes uns, la lutte des autres pour leur sur-vie, font courir à notre environnement desrisques majeurs , alors que le fossé secreuse entre les riches qui s'enrichis-sent, et les pauvres qui s'appauvrissent.La misère grandit en ce mondeau moment où s'ouvre l'ère del'abondance ! Ce monde absurde

où l'on dépense plus de 10 millions defrancs chaque minute pour la guer-re, mais où on ne trouve pas d’argentpour empêcher des millions de gens desoufrir de malnutrition ! Nous sommes placés à la charnièreentre deux civilisations. Héritièred’un formidable potentiel de savoir-faire et de techniques (qui est le fruitdes efforts accumulés par toutes cellesqui l’ont précédée), notre génération al’énorme tâche d’assurer l’adaptationde la société à cette brutale transfor-mation. Il nous appartient d’ima-giner et d’installer les moyenspour que ces immenses possi-bilités, au lieu d’écraser la plu-part d’entre nous, soient maîtri-sées et organisées pour assu-rer l’épanouissement optimumde tous les êtres humains... etde leurs descendants sur cetteplanète.A l’époque où le monde dit civilisé sur-montait la crise de 1929... pours’enfoncer dans la seconde guerremondiale, ces moyens ont été propo-sés par J. Duboin sous le nom de :

rrrrééééssssuuuummmméééé ddddeeee nnnnoooossss tttthhhhèèèèsssseeeessss

régulièrement son REVENU DECITOYEN (la carte à mémoire estparfaite pour cela) de la naissanceà la mort: tout individu homme oufemme, travaillant ou pas, devientainsi un ê t re économique -ment indépendant . C’est unmoyen pour ce dernier d’exprimerson choix quant à la production àrenouveler (la loi du marchéretrouve donc son rôle) et d’orien-ter les investissements en fonctionde ses besoins.LES INVESTISSEMENTS, de mêmeque le fonctionnement des ser-vices publics, sont pris en comptepour évaluer la production “dispo-nible“ et celle-ci détermine le mon-tant total des revenus à distribuer;il n’y a donc pas d’impôt et lesrevenus augmentent avec la pro-duction.Ainsi l’ère de l’abondance n’est plus lerègne du veau d’or, c’est celui d’unegestion objective des biens de cemonde en fonction des besoins.

L a c o m p é t i t i v i t é f a i tplace à la convivial i té .

LE TRAVAIL : Même en développanttoutes les possibilités, il restera tou-jours les tâches que seul un humainpeut accomplir. Celles-ci doiventêtre partagées entre tous, en fonc-tion des aptitudes et des besoins.C’est à la fois un devoir, celui departiciper, et un droit, celui d’être uncitoyen qui assume son rôle. Cetteparticipation aux tâches néces-saires devient un SERVICE SOCIALdont la durée calculée sur une viene fera que diminuer à mesure desprogrès de l’automatisation. Ainsipeut augmenter pour tous la propor-tion de temps dégagé pour desactivités librement choisies.Dès lors que le temps de travailhumain décroît pour une produc-tioncroissante, il faut dissocier travail etrevenus.LES REVENUS : Les revenus n’étantplus mesurés par le travail, il fauttrouver d’autres critères pour quechacun reçoive sa part d’une pro-duction qui peut croître à volonté.L’économie distributive assure àchacun cette part en lui versant

Mettre l'économie au servicedes gens et non plus l'inver-se , adop te r e t su iv re unesaine pol i t ique de gest iondes ressources, celà n'est paspossible tant que la monnaie(le "sang de l'économie") per-met la spéculation et tant quela créat ion de cette monnaieex -n i h i l o r es te l e p r i v i l ègeexercé par les banques avecleur intérêt pour objectif.

La première et radicale transfor-mation nécessaire est donc celle deLA MONNAIE : la monnaie dis-tr ibut ive n 'est pas thésau-r i s a b l e e t e l l e n e c i r c u l epas . C’est une monnaie deconsommat ion qui s’annule(comme s’annule un bi l let detrain) quand une production ouun service est parvenu à sonconsommateur. Elle est crééeproport ionnellement à la pro-duction : il y a équilibre entrerevenus distribués et montantdes richesses disponibles.

llll ''''ééééccccoooonnnnoooommmmiiiieeee ddddiiiissssttttrrrr iiiibbbbuuuutttt iiiivvvveeee

La Grande Relève, mensuel fondé en 1934, BP 108, 78110 Le Vésinet