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Au temps des cerises

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P R O C H A I N E S P A R U T I O N S :

S E P T E M B R E :

662. - CYCLONE SUR LA PISCINE

(Ovid Demaris)

Les femmes d'abord!

663. - JAMAIS DE MAVIS!

(Carter Brown)

Serment d'ivrogne.

664. - UNE BLONDE GRAND SPORT

(Ben Kerr)

Une Cadillac de charme.

665. - COUP DE GROSSE CAISSE

(M. & G. Gordon)

Les murs en tremblent.

666. - PERDS PAS LE NORD!

(Donald Hamilton)

Lâche pas les rennes.

Au temps des cerises

DU MÊME AUTEUR

LE GORILLE VOUS SALUE BIEN GAFFE AU GORILLE!

TROIS GORILLES GORILLE SUR CHAMP D'AZUR

LE GORILLE ET LE BARBU LA VALSE DES GORILLES

L'ARCHIPEL AUX GORILLES LE GORILLE DANS LE POT AU NOIR

LE GORILLE SANS CRAVATE LE GORILLE SE MANGE FROID LE GORILLE EN BOURGEOIS

LE GORILLE CHEZ LES MANDINGUES POKER-GORILLE

LE GORILLE ET L'AMAZONE LE GORILLE DANS LE COCOTIER

LE GORILLE COMPTE SES ABATTIS ENTRE LE GORILLE ET LES CORSES

COUSCOUS-GORILLE LE GORILLE DANS LA SCIURE

LE GORILLE EN BRETELLES PAUMÉ, LE GORILLE!

LE GORILLE SE MET A TABLE LE GORILLE BILLE EN TÊTE LE GORILLE CRACHE LE FEU

LE GORILLE DANS LA VERDINE LE GORILLE AU FRIGO

LE GORILLE EN PÉTARD LE GORILLE CHEZ LES « PELOUSEUX »

LE GORILLE SANS MOUSTACHE LE GORILLE TATOUÉ

LE GORILLE CHEZ LES PARENTS TERRIBLES LE GORILLE DANS LE CIRAGE

PASSAGE A VIDE (Services Secrets) LE GORILLE EN RÉVOLUTION

LE PAVÉ DU GORILLE L'HÔTEL DES SANS-CULOTTES

LE GORILLE A DU POIL AU CŒUR LE GORILLE EN FLEURS

PÉTROLE LE GORILLE EN EST-IL, ?

LE MANOUCHE LE GORILLE A MORDU L'ARCHEVÊQUE

LA PEAU DU GORILLE TROIS GORILLES SUR UN BATEAU

AU POTEAU LE GORILLE AUX MAINS D'OR

BAOBAB LE GORILLE ET LES SOCIÉTÉS SECRÊTES

S É R I E N O I R E sous la direction de Marcel Duhamel

ANTOINE DOMINIQUE

A u t e m p s d e s c e r i s e s

GALLIMARD SP

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays, y compris l' U. R. S. S.

© Editions Gallimard, 1961.

I

Giacomo prenait grand soin de ne froisser aucune plante, aucune fleur. Il savait encercler les massifs sans les toucher. Parfois, il détournait légèrement la tête pour respirer un peu d 'a i r pur, car la vaporisa- tion de l'insecticide émettait devant lui un nuage ur- ticant.

Cependant le regard vif de l 'Italien quitta une se- conde le long et mince tuyau noir qui serpentait der- rière. Il avait senti qu'on l'observait avec attention. Sur le perron de la grande maison, un homme gros, grand, aux yeux bleu très clair, au visage rouge, aux dents étincelantes, le détaillait avec férocité. Depuis son arrivée dans le domaine Simonal, deux jours plus tôt, Giacomo avait déjà beaucoup entendu parler du patron et il pensa : « Cet homme cherche le mal à quelqu'un... »

Oui, M. Simonal père, industriel en parfums, s'était fait lui-même à la force du poignet et de la méchanceté.

Gi ne faisait que louer ses services pour quelques jours dans le domaine où il était arrivé au hasard de

la route, sa vieille B. 14 traînant le compresseur et le réservoir contenant le liquide anti-fourmis. En somme, M. Simonal le concernait assez peu. D 'un geste adroit, Giacomo ramena derrière lui quelques mètres de tuyau et s'éloigna, les yeux baissés, comme s'il comptait les grands poils gris qui passaient par l'échancrure de sa propre chemise. E n fait, il ne per- dait rien du spectacle, car il s'intéressait aux gens — mais de loin, sans s'y frotter; en somme, Gi parcou- rait l'existence comme il parcourait les campagnes, regardant vivre les uns et les autres, comme il aurait assisté à une pièce de théâtre.

Le plein fait dans le réservoir d 'a i r comprimé, le moteur arrêta sa mitraille pendant quelques déli- cieuses secondes de silence. Le patron utilisa cette courte rémission pour crier :

— Hep là ! Gi pensa, le sentant derrière lui : « Ça y est, il me

cherche. »

Simonal reprit : — Dites-moi, vous ! Gi coupa le jet de vaporisation et se retourna. Ses

yeux gris se voilèrent avec douceur, son visage de- meura impassible. Il dominait le grand et gros Simo- nal de presque toute la tête.

— Dites-moi, vous! répéta l'homme irascible. On me dit que vous faites coucher votre chien dans le dortoir des journaliers?

Gi inclina la tête :

— Je m'excuse, monsieur... Je l 'attacherai dehors, cette nuit, monsieur...

— Vous vous appelez comment? — Giacomo Gerenza.

— Vous êtes italien... d'où?

— Monsieur, je suis né près de Catane, pas loin de l 'Etna .

Simonal répéta d 'un ton plein de rêve : — L 'Etna . . . Ah! l 'Etna. . .

Comme si le volcan ouvrait en lui des perspectives infinies.

— C'est bon, vous pouvez continuer, acheva-t-il. Mais lorsque Gi rouvrit le jet, déclenchant à nou-

veau le hargneux tapage du compresseur, Simonal se remit à vociférer.

Gi regarda vivement en arrière. L'industriel s'en prenait à la fillette très noire de cheveux, au teint brouillé, pas tellement bellotte, qui s'appelait « Caro ». Gi comprit que le patron voulait l'empê- cher de sortir en voiture.

Avec dépit la fillette très brune, nommée Caro, s'éloignait au bras d 'un jeune imbécile dont le visage blême semblait peu favorisé par ses moustaches nais- santes.

« En voilà un qui n'est pas fini », pensa Gi. Le Calabrais fixait apparemment les yeux sur les

deux arbres-rosiers qu'il était en train de vaporiser, mais son attention était retenue plus loin.

Tout juste le patron eut-il démarré dans l'une des voitures que la fillette brune et le jeune homme « pas fini », embarquèrent dans l 'autre voiture. Ils firent le tour de la grande pelouse. C'était un acte de déso-

béissance parfaitement caractérisée. Gi s'écarta pour les laisser passer.

Mais le patron les avait vus partir. Au bout de l'allée, sur la placette, il fit demi-tour et ramena sa voiture pour couper le chemin aux jeunes gens.

La fillette brune aperçut le danger. Elle stoppa et roulant sur le gazon, elle fonça en marche arrière dans le garage, où se trouvait la malheureuse B. 14 de Gi. Ce dernier ferma les yeux, convaincu que la vieille servante aux pneus rapiécés allait être écrasée. Il n'en fut rien.

Caro et l'inachevé sautèrent hors de la voiture

qu'ils venaient de ranger. Leurs regards passèrent sur Gi ; ils ne le virent même pas.

Gi se rapprocha insensiblement. Attiré par les évé- nements qui se préparaient, il vaporisait avec achar- nement les hibiscus de la maison. L'industriel était

congestionné et véhément. Simonal intriguait le Cala- brais. La fureur systématique l 'étonnait toujours.

La chance voulut que le compresseur cessât son tin- tamarre au moment où la fillette brunâtre répondait au frénétique.

— Nous avons simplement orienté la voiture dans le bon sens. Mme Simonal la prendra tout à l'heure. Cela sera plus commode pour elle de démarrer ainsi.

L'excuse n'était pas maladroite.

Gi s'éloigna, précédé par son nuage empoisonné. Evidemment, il exerçait un métier incertain et sai- sonnier, mais au moins ne subirait-il jamais un

homme tel que Simonal. Passer quinze jours dans un domaine, ce n'est pas dépendre du propriétaire.

Le soleil de juin lui chatouillait la tête. Gi le sen- tait chauffer sous ses cheveux gris et bouclés.

A l'intérieur de sa chemise, une goutte de sueur fila sous son bras légèrement soulevé, tout au long d 'un trajet délicat.

Gi aimait cette haute Provence. Le village de Li- moens lui rappelait Camaria, son village natal, me- nacé par l 'Etna. Mais les Provençaux sont différents des Calabrais. Ils ont le visage plus clair. E t Gi pensa : « Même les pauvres sont riches en France. » Il sursauta. La voix du patron venait d'éclater au moment précis où le compresseur se redéclenchait.

L'industriel hurla :

— Hep là! Vous! Vous ne pourriez pas arrêter votre satanée machine !

Gi savait que « vous » c'était lui. Ce qui lui impor- tait peu. La fureur et la grossièreté des autres ne le troublaient plus. Maintenant, il savait obscurément que cela le concernait indirectement. La neige, l'orage, la grêle, un pneu crevé, une panne de voi- ture, la chaleur, le froid, ne le concernaient pas da- vantage. La fureur et la grossièreté faisaient partie de ces ennuis qu'on rencontre et qu'on évite autant que possible, quitte à les subir patiemment si l'on ne peut faire mieux.

Gi revint lentement près du compresseur. Il coupa le contact. Il savait bien qu'agissant avec ce calme, il rendrait l'industriel encore plus furieux.

Gi connaissait l'effet qu'il produisait sur les gen-

darmes. Etre grand, impassible et un peu mysté- rieux, cela irrite souvent les autorités. Gi regrettait qu'il en fût ainsi. Mais il n'était jamais parvenu à livrer son sourire à un imbécile. Il était fait ainsi. E t

à quarante-cinq ans, on ne se change plus. Dans le silence revenu, ses mains croisées devant

lui, l 'air passif et respectueux, regardant un peu en avant, Gi attendit la colère du patron. D'ailleurs, le Calabrais pouvait attendre des heures assis, debout, étendu au soleil ou recroquevillé dans le froid.

Gi ne les regardait pas, mais il voyait quand même, tout en haut du perron, la fillette brune, le jeune homme blond et la patronne, qu'il avait remar- quée la veille. Très souvent, les dames de cet âge lui témoignaient de l'intérêt quand il arrivait dans sa B. 14 et qu'il en débarquait grand, musculeux, gris, tanné par le soleil, accompagné de son chien qui lui ressemblait. Il en résultait, ou il n'en résultait pas, des événements particuliers que Gi laissaient venir à lui.

Du coin de l'œil, il observa en outre une grande et belle jeune femme qu'il avait déjà entendu appeler « Marthe ».

Tous ces gens attendaient, penauds. Ils échan- gèrent des regards louches comme s'ils étaient pris en faute.

Gi voyait même un domestique suivre la scène, le nez au carreau.

Le patron, les mains dans les poches, gonflé de violence concentrée, allait et venait. Il semblait pré- parer un éclat de grande qualité comme d'autres au-

raient apprêté un plat bien cuisiné. Il rappelait à Gi ce policier qui l 'avait gardé deux heures dans son bureau pour le forcer à avouer un vol qu'il n 'avait pas commis.

Enfin Simonal releva la tête, se posta face à tous et, la voix tremblante d'indignation, il beugla :

— Qui a fait circuler une voiture sur « mon » ga- zon?

Personne ne répondit. L'industriel se pencha à nouveau sur les traces que

les pneus coupables avaient laissées dans l'herbe tendre, puis il se redressa et s'avança vers Gi.

— Rappelez-moi comment on vous appelle, vous? Giacomo lui répondit : — On m'appelle Gi. — J? s'étonna Simonal. — Non « Gi », précisa Giacomo. — Comme si on l'écrivait D, J, I.? — Oui, fit Giacomo. M. Simonal eut une sorte de hennissement. Il fit

signe au Calabrais : — Venez voir ici... Gi...

Le Calabrais se rendit à la place qui lui était indi- quée. E t il comprit : les traces des pneus incriminés allaient tout droit vers la B. 14.

M. Simonal se croisa les bras :

— Vous voyez ce que je veux dire Gi... D. J. I.? Gi demeura impassible. Mais son regard avait

accroché celui de la fillette noire qui répondait au nom de Caro. Il avait aperçu tout près d'elle, le jeune homme pâlot roulant des yeux affolés.

« Tiens, pensa Gi, tout à l'heure, leurs yeux pas- saient sur moi et ils ne me voyaient même pas... Voilà que maintenant j'existe... Depuis que je suis accusé à sa place ! »

Son esprit travaillait vite. Gi était content de lui. Cinq ou six ans plus tôt, il aurait proprement remisé cet homme injuste et furieux. Peut-être l'aurait-il frappé? Et alors auraient recommencé les ennuis. Or, Gi se sentait dans la plénitude de sa force depuis qu'il savait enfin se dominer lui-même.

L'autre siffla :

— Je vous emploie pour tuer les fourmis ! Gi approuva de la tête. Son impassibilité, la neu-

tralité de sa physionomie devaient gêner Simonal, qui semblait ne pas pouvoir faire « tenir » sa colère.

La grande et belle jeune femme appelée Marthe s'avança d 'un pas :

— Mais, père... Simonal se retourna, violent : — Tais-toi !

Gi pensa : « Dommage, si Marthe n'avait rien dit, la colère de son père serait peut-être tombée. »

Et Simonal parut faire front. Le visage contracté, très coloré, ses yeux bleu clair fulgurants, il s 'arrêta à quelques centimètres de Gi, qui n'avait toujours pas bougé et qui s'évertuait à prendre une attitude mo- deste et aussi respectueuse que possible.

— Vous avez compris! siffla Simonal, je ne vous emploie pas pour saloper « mon » gazon !

Gi regarda par-dessus Simonal. Il les vit tous ali- gnés sur le perron, lâches et tremblants. A part ce-

pendant la fillette brune qui lui rendit son regard, les yeux pleins de colère. « Tiens, pensa-t-il, elle est furieuse que je ne la dénonce pas. » Pour Gi, qui avai t beaucoup voyagé, l'explication était claire. Elle n'osait pas se faire attraper devant les autres, cepen- dant elle ne pouvait admettre qu'un saisonnier, un vagabond, agisse en seigneur !

Simonal, tremblant de fureur, chercha les yeux de cet homme qui ne le regardait même pas et siffla :

— Foutez-moi le camp! Immédiatement ! Gi répondit paisiblement : — Bien, monsieur. E t il se rendit tranquillement à la B. 14 pour pré-

parer son départ. L'industriel frénétique claqua rageusement la por-

tière de sa voiture et s'éloigna. Le jeune homme blond s 'approcha de Gi, exhibant

son portefeuille. Il en sortit un billet que Gi empo- cha le plus simplement du monde et sans faire le moindre commentaire.

Une demi-heure plus tard, alors qu'il conduisait la B. 14, son chien à côté de lui, marchant très len- tement sur la route pierreuse qui faisait danser le compresseur attelé derrière lui, Gi dut freiner brus- quement. La grande et belle jeune femme qui répon- dait au nom de Marthe venait de s'accrocher à sa

portière. Survint derrière elle un homme assez mince qu'elle présenta ainsi :

— M. Jean Morel, propriétaire d 'un domaine. Il a besoin de vos services.

L'homme en question était encore jeune, il n'avait pas l'air déplaisant.

— J'aimerais que vous « fassiez » les fourmis chez moi, dit-il. C'est plus petit que le domaine Si- monal, je pense que vous en aurez quand même pour une bonne dizaine de jours.

Gi coupa le contact et descendit. M. Morel ajouta, un peu ironique :

— Et chez moi, il y a beaucoup moins de gazon... Gi lui répondit par une ombre de sourire. La belle

et grande femme s'approcha d'eux et rit, disant : — De plus, Caro n 'y viendra pas faire de la voi-

ture !

A ce moment-là, un vigoureux et vieux barbu sur- git d 'un enclos. Aussitôt Gi se sentit intéressé, in- trigué, par cet homme qui le regardait avec fixité.

M. Morel reprit : — J'habite un peu plus loin. Vous pourrez ranger

votre voiture dans mon hangar. Il y a une chambre pour vous tout en haut.

Mais le patriarche aux cheveux et à la barbe bou- clés de blanc, l'homme au regard bizarre, grogna :

— Je pense qu'il se trouverait mieux dans ma grange...

Sa voix partait du ventre et remontait d'étage en étage.

« Ils ont l 'air gentils, pensa Gi, ils veulent me dédommager pour le gazon que je n'ai pas abîmé et ils se demandent si je préfère la grange. »

Mais le puissant barbu précisa : — Dans ma grange, il se sentira libre.

Voilà un homme qui plaisait à Gi ! Il répondit aussitôt :

— C'est vrai... D'abord, on ne se quitte guère, mon chien et moi...

Gi constatait que le regard de l'énorme barbu s'était déplacé vers le son de sa propre voix. Il comprit qu'il fallait que l 'autre entende pour « voir » la direction. Donc le barbu était aveugle.

II

La nuit était brusquement tombée? Le chien de Gi et celui de l'aveugle se flairèrent

très sérieusement, minutieusement, mais sans acri- monie. Probablement se reconnaissaient-ils comme

deux objets également utilitaires? Ce chien-pilote et le réchaud à faire la tambouille,

mystérieusement apparus à l'orée de la grange, étaient les seuls témoignages de la présence voisine du patriarche.

Gi s'assit près de la porte. Sur la route, à quelques pas de lui, la vieille B. 14 brillait comme si elle était neuve, la buée du soir la recouvrait d'une fine trans- piration. Le chien-loup s'éclipsa; le brave chien cor- niaud de Gi, qui ressemblait à son maître, grogna et s'avança dans le noir. D 'un claquement de doigt presque imperceptible, Gi le rappela et lui fit réinté- grer la grange. Quelqu'un passait donc sur la route, devant le mas de l'aveugle.

Gi s'avança sans bruit. Il les vit très bien, dans l'obscurité : trois jeunes gens, deux garçons et une

fille. A la voix, il reconnut d 'abord le jeune inachevé au teint blême, lançant :

— Un pue-la-sueur, ça devrait toujours marcher à pied !...

Gi éprouvait toujours une vive satisfaction à voir s'affirmer un beau crétin. Surtout quand il en était l'unique témoin.

Il en entendait de « toutes les couleurs » durant ses

périgrinations à la recherche des fourmis. Mais de- puis deux ou trois ans, depuis qu'il était arrivé à une bonne maîtrise du français, il en profitait davantage.

Pourtant ces trois jeunes gens l'étonnaient à Li- moens-de-Provence. Il les aurait plutôt imaginés dans une ville de luxe, sur la côte.

U n des garçons s'exclama : — C'est ce qu'il nous faudrait pour sortir! Ils balancèrent quelques coups de pieds dans la

B. 14. Gi se pencha pour empêcher son chien de sortir. Sur la route, il y eut une bousculade, les trois

jeunes gens s'attrapaient. Enfin, un garçon ouvrit la portière avant de la B. 14 et s'exclama :

— La banquette perd ses tripes ! Puis, Gi comprit que la fille s'installait derrière

le volant. E t le jeune crétin ricana : — Attention aux puces ! Non pas que le brave corniaud eût été blessé par

la réflexion au sujet des puces, mais le claquement de la portière l 'avait agacé. Il détala. Gi claqua des doigts pour le ramener à lui.

Dehors, l 'un des garçons souffla :