AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Païens Et Des Donatistes VII

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    Revue des tudes Augustiniennes, 40 (1994), 143-196

    Nouveaux sermons de saint Augustin

    pour la conversion

    des paens et des donatistes (VII)

    Le recueil augustinien de Mayence (Mainz, Stadtbibliothek I 9, ca 1470-

    1475),

    transmet, malgr sa date tardive, deux collections antiques de sermons.

    De la premire, toutes les sections indites sont dsormais accessibles

    1

    . La

    publication de la seconde srie, celle de M ayence-Lorsch, s'achve aussi avec le

    prsent article

    2

    .

    La pice qu'on va dcouvrir, Mayence 55, tait dj partiellement connue

    sous une forme tronque, leS. 341 des Mauristes. Il faut avouer qu'elle ne fait

    allusion ni aux donatistes ni aux paens et qu'elle rpond donc trs mal, commes'il s'agissait d'un lment un peu adventice, au titre gnral que j'ai attribu

    la srie. Augustin, qui cherche instamment dvelopper la lecture prive de la

    Bible

    3

    , y donne son auditoire quelques rudiments d'exgse. Le psaume du

    jour : Ils ont perc mes mains et mes pieds... tait justiciable d'une interpr

    tation christologique. L'orateur en profite pour dgager les grandes rgles de

    ce type d'exgse, permettant d'lucider nombre de difficults scripturaires.

    En finale, afin d'illustrer son propos et d'en corriger le caractre trop abstrait,

    Augustin commente un rcit spcialement nigmatique, celui des trois verges

    1.

    Dans

    Analecta

    Bollandiana,

    t. 110, 1992, p. 263-310, et dans

    Revue Bnd ictine,

    t. 101,

    1991,

    p. 240-256 (I) ; t. 102, 1992, p. 44-74 et 267-297 (II-III) ; t. 103, 1993, p. 307-338(IV) ; t. 104, 1994, p. 34-76 (V ), laquelle renvoie ci-dessous l'abrviation

    Sermons

    indits

    I-

    V.

    2.

    Cf.

    RAug,

    t. 37, 1991, p. 37-78 et 261-306 (I II ) ; t. 38, 1992, p. 50-79 (III) ;

    RecAug,

    t. 26, 1992, p. 69-141 (IV) ;

    RAug,

    t. 39, 1993, p. 57-108 et 371-423 (V-VI),

    quoi fait rfrence l abrviation

    Nouveaux sermons I-VI ; Philologia sacra. Biblische und

    patristischeS tudien frHermannJ.Frede und WalterThiele,

    Freiburg, 1993, t. 2, p. 523-55 9.

    En

    Nouveaux sermonsVI,

    j' a i commis une erreur grave qu'il importe de rectifier sans retard.

    Par un lapsus frquent au moyen ge, mais moins excusable chez un moderne, j'ai transcrit

    deux fois

    mysterium

    en Mayence 7, 16 (p.

    394,1.

    243), l o M fournit l'abrviation de

    minis-

    terium.

    Le passage doit donc se lire ainsi : Baptizat autem ebriosus : ministerium est

    ;

    baptiza-

    uit haereticus:m inisterium est.

    3.

    Voir dj

    Nouveaux

    sermons

    IV,

    p. 105-106

    :

    Codices nostri publice uenales feruntur...

    Eme tu codicem et lege ;

    Nouveaux sermons V ,

    p. 85 : Cottidie codices dominici uenales

    sunt, legit lector

    ;

    eme tibi et tu lege quando uacat, immo age ut uacet

    ;

    Inps.

    66,10.

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    144 FRANOIS DOLBEAU

    ou baguettes de Jaco b, dont les essences (Gense 30, 37) prfigurent le mystre

    de l' incarnation. L'expos, finalit didactique, est clair et bien structur. De

    faon inhabituelle, il se transforme parfois en effusion du cur : O unicum

    uerbum, dulce uerbum, inspiret nobis amorem suum ; inspirt autem spiritu

    sancto. Ita enim trinitas : pater qui genuit, uerbum quod genuit, Spiritus quo

    inspiratur caritas... Vt ametur suauissima et excellentissima et ineffabilis trini

    t a s . . . ,

    amantium corda desiderat ( 7)

    4

    . Le phnomne, sans tre inconnu

    5

    ,

    est plutt surprenant dans un texte qui ressemble, par bien des aspects, une

    confrence d'exgse.

    M . DE PS ALMO X X I

    O

    ET QVOMODO TRIBVS MODIS DICATVR CHRISTVS...

    Mayence n 55 (Mainz, Stadtbibliothek I 9, f. 173-183 = M), dont le long

    titre initial numre dans l'ordre les thmes majeurs du prdicateur : Sermo

    eiusdem de psalmo X X P et quomodo tribus modis dicatur Christus in scriptu-

    ris, secundum diuinitatem scilicet et secundum susceptum hominem et secun

    dum quod caput est ecclesiae, et de tribus uirgis Iacob ; Possidius X

    6

    13 :

    De tribus uirgis Iacob et psalmo uicensimo primo non toto (o l 'on

    reconnat la fin et le dbut du titre prcdent)

    6

    ; Lorsch 25 : De psalmo XXI

    et quomodo tribus modis Christus dicatur in scripturis secundum diuinitatem et

    secundum susceptum hominem

    7

    (forme tronque de la rubrique cite en

    premier) .

    Le titre de M ne saurait remonter, tel quel, l'auteur, car il procde d'une

    lecture htive du sermon. Il dcrit mal en effet le dernier des trois modes selon

    lesquels le Christ est mentionn dans les critures. D'aprs le texte mme

    d'Augustin

    8

    , les formules secundum susceptum hominem et secundum quod

    caput est ecclesiae renvoient, l'une et l'autre, au second mode ; le troisime

    devrait tre dfini par une expression renvoyant l'union du Christ et de son

    Corps mystique, au Christ ' total ' , in plenitudine ecclesiae, id est caput et

    corpus.

    Mayence 55 est en partie dirig contre les ariens, qui sont expressment

    cits au chapitre 12 ; Augustin y traite en passant du verset : Ego et pater

    4.

    On notera que cet lan affectif s'adresse non l'homme -Jsus, m ais au Verbe divin et,

    travers lui, la Trinit. Augustin mditait-il alors sur le mystre trinitaire, en rdigeant l'un des

    livres de son

    De

    trinitate

    ?

    5. Cf. K. BAUS,Die Stellung Christi im Beten des heiligen

    A ugustinus,

    dans Trierer

    TheologischeZeitschrift,

    t. 63, 1954, p. 321-339.

    6. Avec la prcision : psalmo ... non toto,

    quej ' ai

    dj commente en

    Nouveaux sermons

    V,

    p. 88, n. 91 . Il est notable que les deux numros suivants de Possidius (X

    6

    14-15) corres

    pondent aussi des pic es de la srie de Mayence-Lorsch : De decern chordis (=

    S.

    9, Lorsch

    18) ; De utilitate age ndae paenitentiae (=

    S.

    352, Lorsch 27 , Mayence 1).

    7. Titre publi par P.-P. VERBRAKEN,

    tudes

    critiques sur les sermons

    authentiques

    de

    saint Augustin,

    Steenbrugis, 1976, p. 233 (Instrumenta patristica, 12), d'aprs Vatican, Palat.

    lat. 1877, f. 17v. Dan s le ms., figurent deux autres copies du catalogue de Lo rsch, qui ajoutent

    en tte le terme

    tractatus

    (f. 58v et

    74v).

    Dom V erbraken propose d'identifier cette entre avec le

    sermon 344, qui traite d'un sujet diffrent

    :

    ils agitsrement d'un lapsus pour 341, lapsus

    rpercut hlas dans l'index.

    8. Voir

    infra

    les paragraphes 2, 10 et 18.

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    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII 145

    unum sumus (Jean 10, 30)

    9

    . Dans M, la pice suivante, qui correspond au n

    139 des Mauristes, est inti tule : Sermo s e c u n d u s de uerbis euangelii :

    Ego et pater unum sumus,

    contra Arranos. Elle y prcde le sermon 117 :

    De

    In principio erat uerbum...,

    qui, lui aussi, attaque les sectateurs

    d ' Ar ius

    1 0

    . Ce groupement (Mayence 55, 56 =

    S.

    139, 57 =

    S.

    117) prsente

    donc une justification thmatique et pourrait remonter assez haut dans l'histoi

    re de la transmission. Un autre texte anti-arien est le sermon 126 (ou Mayence

    14)

    11

    , rapproch des trois prcdents par le recueil de Lorsch, o figurait la

    srie suivante : 22. Contra arranos = Mayence 56 (S . 139)

    1 2

    ; 23. De

    sancta trinitate = M. 57 (S . 117)

    13

    ; 24. De eo quod scriptum est in euange-

    lio :Non potest filius a se facer quicquam, nisi quod uiderit patrem facien-

    tem = M. 14 (S . 126) ; 25 = M. 55. Le manuscrit de Lorsch tait sans doute

    plus proche de l'original, dans la mesure o il laissait le S. 126 avec les trois

    autres, mais lui aussi avait d bousculer la succession primitive, puisque la

    rubrique du

    S.

    139, qui a tout l'air d'tre archaque dans la forme donne par

    M ( S e r m o s e c u n d u s . . .), n'y avait pas de raison d'tre.

    Autres tmoins du texte. Mayence 55 transmet intgralement un sermon

    qu'on lisait jusqu'ici dans une recension ampute de plus de moiti (ou S. 341).

    Ses premires lignes, absentes du S. 341, avaient t prserves par un flori

    lge vronais des VI

    e

    -VII

    e

    sicles. Certains fragments, que Bde citait sous le

    titre De tribus uirgis et dont on ignorait l'origine, y trouvent aussi leur

    emplacement exact. Enfin, un recueil de

    Sententiae sanctorum Patrum,

    prove

    nant de Reichenau, en reproduit quelques passages, selon une teneur qui est

    plus apparente celle de Mayence 55 qu' la recension connue ce jour.

    1. LeS. 341

    Cette pice, qui omet dessein le dbut (De psalmo X X I) et la fin du texte

    primitif (De tribus uirgis), effectue aussi plusieurs coupures dans la section

    centrale, dont elle prserve nanmoins la structure. Comme elle est atteste,

    ainsi qu'on le verra bientt, dans un manuscrit du dbut du VII

    e

    s., elle remon

    te forcment au trs haut moyen ge. D'aprs sa transmission, Dom Lambot la

    considrait comme tronque et remanie par Csaire d'Arles

    14

    : c'est la raison

    pour laquelle toutes les rfrences au S. 341 ont t affectes d'un code spcial

    dans la rcente concordance d'Augustin

    1 5

    . La dcouverte de M permet de

    9. Au chapitre 13.

    10.

    Possidius l'a vers dans la section Aduersus arranos de son

    Indiculum

    (= VIII 13 :

    Item de trinitate,de

    In principio erat

    uerbum).

    11.

    Concidant avec Possidius VIII 11 (et X

    6

    159) : Ex euangelio Iohannis :

    Non potest

    filius a se facer

    quidquam,nisi quod

    uiderit patrem facientem.

    12.

    Et non le

    S .

    38 4, com me le supposait VERBRAKEN,

    tudes critiques,

    p. 233.

    13.

    L'identification de Lorsch 23 avec le

    S .

    117 est certaine, car le

    Palatinus latinus

    1877

    ajoute, aux f. 58v et 74, la prcision suivante : De

    In principio erat uerbum et uerbum erat

    apud deume tdeuserat uerbum,hoc eratinprincipio apuddeum.

    14.

    Le florilge augustinien de V rone

    (cit

    infra, . 37), p. 75-76. Lambot fut suivi par

    beaucoup d autr es auteurs, notam ment VERBRAKEN,Etud es critiques,p . 144.

    15.

    ThesaurusAugustinianus,Series A

    :

    Formae.

    Enumerano formarum,

    Turnhout 1989

    p.

    XXIX, n. 2.

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    146

    FRANOIS DOLBEAU

    mesurer l ampleur des suppressions, mais incite minimiser les autres types

    d interventions dont on suspectait l abrviateur. La comparaison entre le

    sermon original et son digest rvle en effet une certaine stabilit du texte.

    La forme brve de Mayence 55 fut imprime Ble, ds 1495, par Johann

    Amerbach sous le titre : De eo quod Christus tribus modis in scripturis

    intelligatur. Elle se trouvait range dans une srie artificielle De

    tempore,

    sous le n XL, c est--dire comme second sermon pour le premier dimanche

    aprs l octave de l piphanie

    16

    . Le texte et la disposition de l dition princeps

    furent reproduits, sans changements notables, durant la premire moiti du

    XVI

    e

    sicle

    17

    . En 1564, Johannes Vlimmerius innova en insrant la pice dans

    une srie de sa composition (De

    diuersis

    XLVII), en retouchant et l le texte

    d Amerbach et en proposant quelques variantes marginales

    18

    . Mais les ditions

    postrieures de 1569 et 1576, o Vlimmerius lui-mme surveilla l impression

    des sermons, reprirent la disposition traditionnelle (De tempore XL), tout en

    intgrant une partie des corrections et conjectures de 1564

    19

    . Le texte cessa

    ensuite d tre modifi pendant plus d un sicle

    20

    , jusqu l dition des

    Mauristes en

    1683

    21

    .

    Ces derniers classrent le sermon, auquel ils attriburent

    le n 341, en tte d une nouvelle srie De diuersis. Leur texte, redivis en 13

    paragraphes, se distingue nettement de la vulgate antrieure. Il est fond sur la

    comparaison de quatre ditions et la collation de cinq manuscrits

    22

    . Depuis les

    16.

    Le volume d'Amerbach est dcrit, sous le n 2920, dans le

    Gesamtkatalog

    der

    Wiegendrucke

    (=

    GW),

    t. 3, Leipzig, 1928, col. 116-120.Il fut imprim,en sept fascicules,

    durant les annes 1494et 1495.Le

    S.

    341 appartient au sixime fascicule, dontiln'existe

    aucun exemplaire Paris.J ai d parconsquent mersigner consulter larimpression

    effectue

    par

    Ulrich Gering

    et

    Berthold Rem bolt,

    Paris, vers 1499

    (=

    GW

    2921

    ;

    Biblio

    thque Mazarine, inc. 1017,

    f.

    CCLIIv-CCLIIIv).

    17.

    Outre

    GW

    2921,j ai eul'occasion de feuilleter les in-folios suivants :Paris : B.

    Rembolt,

    1516 (f.

    CCLIIv-CCLIIIv)

    ;

    Lyon

    : J.

    Mareschal,

    1520

    (Tertia pars,

    f.

    X X X v-

    X X X I I v );Haguenau :H.Gran, 1521(f.CCCVIv-CCCVIIv) ;Ble : Froben, 1529(t.10,p.

    455-460) ; Paris : C.Chevallon, 1531 (t. 10, f. 133v-135) ;Paris : C. Guillard (puisC.

    Guillard et G. Desboy s), 1541et 1555(t.10,f. 141-142v) ;Ble : Froben, 1543et 1556(t.

    10,

    col. 648-655).Lesexemplaires citsici et dans les notes suivantes appartiennent, sauf

    indication contraire,la bibliothque de l'Institut d'tudes Augustiniennes.

    18.

    D.

    Au relii Augustini Hipponen sis episcopi,

    Sermonum

    pars una,

    hactenus

    partim

    mutila,

    partim desiderata,

    et

    ex

    venerandae antiquitatis exemplaribus nunc

    recens eruta...,

    Operaetstudio Ioannis Vlimmerii, Lovanii:Apud Hieronymum W ellaeum, 1564,f.94v-97v.

    Les m rites de cet erudii, chanoine rgulier de Saint-Martin de Louvain, ont t rappels par C.

    LAMBOT,JeanV limmerius,diteurdesermonsdeS.Augustin,tu

    d

    e parue en 1961 et rimpri

    me

    dans

    Revue Bnd ictine,

    t.

    79, 1969, p. 185-192.

    19.

    Ble : Froben, 1569,t. 10, col. 648-655 ;Anvers :Plantin, 1576,t. 10,p.233-236

    (d. dite des Thologiens de Louvain, o parat, pour la premire fois, la division en X I chapi

    tres).

    20 .

    J aicontrllesditionsdeParis: G.Merlinet S.Nivelle, 1571(t.10,f. 141-142v);

    Lyon, 1586 (t.10, p. 233-236) ;Paris, 1586, 1614, 1651

    (ibid.)

    ; Cologne : A.Hierat,1616

    (t. 10, p. 209-212)

    ;

    Lyon

    : J.

    Radisson, 1664

    (t.

    10, p. 210-212).

    21. T.V/2, Paris : F. Muguet, 1683, col. 1313-1320 (reprise dans

    PL,

    t.39, col. 1493-

    1501).La meilleure traduction disponible en langue moderne est celle de V. PARONETTO, dans

    Sant'Agostino,

    Discorsi VI (341-400),

    Roma, 1989, p. 2-19 (Nuova Biblioteca Agostiniana.

    Opere di Sant'Agostino, X X X IV).

    22.

    Identifis par C. LAMBOT,

    Les manuscrits

    de s

    sermons

    d e

    saint Augustin utiliss

    pa r

    les

    Mauristes,

    dans

    Revue Bn dictine,

    t. 79,1969,p.98-114, spec.p. 112 =

    Mlanges J.de

    Ghellinck,

    t.

    1, Gembloux,

    1951,

    p. 251-263).

    Il

    s'agissait de recueils qui appartenaient alors

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    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    147

    Mauristes, il semble que personne n ait entrepris une nouvelle rvision du

    texte.

    Sans tre trs frquent, le

    S.

    341 n est pas, dans les manuscrits, un ouvrage

    rare.

    Il fut en effet insr dans trois collections influentes, dites de Lyon, De

    diuersis rebus

    et De

    lapsu mundi,

    partir desquelles il se rpandit ici et l

    23

    .

    La collection de Lyon, que Lambot attribuait globalement l atelier de Csaire

    d Arles, est la plus ancienne et la source des deux autres. Elle est reprsente

    par un tmoin unique du dbut du VII

    e

    s., annot jadis par le diacre Florus et

    actuellement rparti entre Lyon (B. M. 788 et 604) et Paris (B. N., n. acq. lat.

    1594)

    24

    : le

    S.

    341 est copi dans l lment parisien aux feuillets 32-42v (=

    P).

    Les collections De diuersis rebuset De lapsu mundi ne remontent gure au-

    del de la fin du XI

    e

    s. et circulrent surtout en milieu cistercien : la premire

    se trouvait, entre autres, Clairvaux (Troyes, B. M. 40, t. X, XII

    e

    s. =T) ; la

    seconde, Cteaux (Dijon, B. M. 163, XII

    e

    s. = D), Fontenay et Pontigny

    25

    .

    Leur diffusion explique ensuite la prsence du

    S.

    341 dans nombre d homliai-

    res et de recueils plus tardifs

    26

    , dont la Collection tripartite, constitue vers la

    fin du XIII

    e

    s.

    27

    , et le

    Collectorium,

    compil au XIV

    e

    par Roberto de Bardi,

    chancelier de l Universit de Paris

    28

    . Deux extraits du texte furent aussi inclus

    par Bartolomeo Carusi, vque d Urbino (1347-1350), dans son

    Milleloquium

    veritatis

    29

    .

    Saint-Victor de Paris (CC 16, perdu),Cteaux (Dijon, B. M. 163, XII

    e

    s.), au Roiet Colbert

    (Paris,

    B. N., lat. 1974, X IV

    e

    s. ;

    2030, X V

    e

    s. ;

    2722, X II

    e

    s.).

    23 .

    Cf.VERBRAKEN,

    tudes critiques,

    p.215-216(n15), 228-230(n47), 230-231(n

    9).

    24.Cf.E. A . LOWE,

    Codices latini

    antiquiores^t. 6, Oxford, 1953, p. 25et

    45,

    n 783.

    25 .

    Liste de seize tmoins chez VERBRAKEN,

    tudes critiques',

    p. 231 (selon les relevs

    de

    l'IRHT, l'ancien Phillipps 562 se trouverait Dortmund, Stadtbibl. 188).

    26 .

    Citonsparexemple W ien, NB,lat.1495et4730,f. 78v-82vet 169-174v, XV

    e

    s. ;

    Wolfenbttel, Herzog August Bibliothek

    237

    (Heimst.

    204), f. 6-10v,

    X II

    e

    s.

    je

    dois

    ces

    rfrences laconsultation des papiers de Dom Lambot,l'amiti de Raymond taix ou la

    courtoisie de Mesdames Eva Irblich et Brigitte Mersich).

    27 .

    A. WILMART,

    L a

    Collection tripartite

    des serm ons de saint Augustin,

    dans

    Miscellanea

    Augustiniana,

    s.

    1., 1930, p. 418-4 49 (spec.

    p.

    426,

    n

    52)/, J.-P. BOUHOT,

    Uhomliaire

    des

    Sanciicatholici Patres. Sourcesetcomposition,

    dansRAug,t.24, 1978, p. 103-158 (spec,

    p. 117-123); R.TAIX ,

    ibid.,

    t.25, 1979, p. 327-329. Aux mss numrs par WILMART(p.

    421-422)etBOUHOT (p. 117-119), on ajoutera Lincoln, Cathedral Library , 166

    ( .

    2.

    8), XV

    e

    s.

    (le

    S. 341

    y

    occupe

    les ff.

    72-73v).

    Grce

    la

    bienveillance

    de

    Jean-Paul Bouhot, nousavons pu collationner un exem plaire de la Tripartite

    :

    Firenze, Bibl. Laurenziana, Plut. X II.

    14,

    f.

    190v-195v,

    a.

    1491.

    Le texte du

    S .

    341 y est troitement apparent ce lui de la collection

    D e

    diuersisrebus.

    28 .

    G.POZZI,

    Roberto

    de'

    Bardi

    e

    S. Agostino,

    dans

    Italia medioevale

    e

    umanistica,

    t. 1,

    1958,

    p. 139-153 (liste des mss)

    ;

    ID.,

    //

    Vat. lat. 479 ed altri codici annotati da Roberto de'

    Bardi,

    dans

    M iscellanea delCentrodi Studi

    m edievali,Ser. II, Milano, 1958, p. 125-165; ID.,

    LaTabula di Jean de Fayt alCollectoriumdiRobertode' Bardi,

    dans

    MiscellaneaG illes

    Grard Meersseman,

    Padova, 1970, p. 257-311 (le

    S .

    341yest recensla

    p .

    270, sousle n

    II 37).

    J ai

    vrifi

    sur

    Paris,

    . ., la t. 2030 ,f. 92v-94v, a.1467, que, dans lecas p articulier

    du

    5.

    341, le Collectoriumdpendait de la collection

    Delapsu

    mundi,etnon de la Tripartite.

    29 .

    Letitre : Sermo contra ArranosdeChristo,et l'incipit : Dominus noster Iesus

    quantum aduertere potuimus sont cits dans l'index final ; les extraits, em prunts un

    exemplaire de

    la

    collection

    D e diuersis rebus,

    se lisent sous les entres

    Christus

    et

    membrum

    (d. Lyon, 1555, col. 512-513

    et

    1361

    ;

    Brescia, 1734,

    t.

    1, col. 485

    et t. 2,

    col. 75).

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    6/54

    148

    FRANOIS DOLBEAU

    Pour publier correctement Mayence 55, il fallait tenir compte du S.3 4 1 ,

    puisque cette pice atteste plus de trente pour cent de l'original. Mais il m'est

    vite apparu qu e l'dition des M auristes - fonde sur un texte vulgate, amend

    l'aide de quelques manuscrits des X II

    e

    e t X V

    e

    s. - ne fournissait pas une base de

    comparaison suffisante

    30

    . Je devais donc au pralable rpertorier et classer les

    tmoins du

    S.

    341, afin de savoir lesquels invoquer dans l'apparat de Mayence

    55.

    La tche aurait pu tre crasante. Elle

    s est

    rvle trs simple, en raison

    d'un accident matriel qui affecte l'ensem ble de la tradition.

    Dans l 'dition bndictine, le chapitre 2 du S. 341 cite le prologue de

    l'vangile de Jean, qu'Augustin commente ainsi : Miranda et stupenda uerba

    haec, et priusquam intelligantur, amplectenda sunt. Puis l'orateur continue en

    disant, d'une faon qui semble peu cohrente : Si cibus apponeretur ori

    uestro, partem cibi alius illam acciperet, alius istam : ad omnes tarnen perueni-

    ret unus cibus ; sed non ad omnes totus cibus. Dans les ditions antrieures, la

    rupture tait encore plus nette, puisqu'on imprimait ceci : ... amplectenda

    sunt. Partem cibo istam : ad omnes tarnen perueniret cibus : sed non ad omnes

    totus cibus apponeretur ori uestro

    31

    . Tous les manuscrits que j 'ai collation-

    ns

    3 2

    , avec des variations insignifiantes, transmettent cette vulgate antrieure

    aux Mauristes, en remplaant seulement cibopar alio.

    Or l 'expertise de P, notre manuscrit le plus ancien, rvle que les mots

    amplectenda sunt, associs une ponctuation forte, y sont les derniers d'un

    ternion (f. 32v), et que le quinion suivant dbute prcisment (et sans majus

    cule) par le membre de phrase : partem alio istam (f. 33). Une telle consta

    tation suggre l'existence d'une lacune accidentelle, peine dissimule dans les

    ditions anciennes, mais devenue moins visible chez les Mauristes, en raisond'une restauration drastique du texte. Cette lacune dut se produire trs haute

    poque, avant mme la reliure de

    P,

    puisque, dans ce tmoin, les signatures de

    cahier ne permettent pas de la dceler

    33

    . L'examen du manuscrit de Mayence

    transforme notre soupon en certitude. Amplectenda sunt et partem alio

    istam, qui se lisent respectivement aux feuillets

    173 et 176v de M , y sont

    spars par un total de 2223 mots. Le commentaire d'Augustin sur le prologue

    30 .

    Les Bndictins ignoraient le recueil de Lyon. Ils atteignaient la collection

    De lapsu

    mundi,

    directement grce au ms. de Citeaux

    (D )

    et lat. 2722, indirectement travers le

    Collectorium

    (lat. 2030). Q uant la collection

    D e diuersis rebus,

    ils pouvaient en restituer le

    texte grce au ms. de Saint-Victor et lat. 1974. On trouvera une description partielle du

    Vicorinus

    perdu, dans

    Le

    catalogue

    de la

    bibliothque

    de l'abbaye de

    Saint-Victor

    de

    Paris

    de

    Claude de Grandrue 1514,

    publi par V. GERZ-VON BUREN et G. OUY, Paris , 1983, p. 136-

    137.

    31 .La ponctuation adopte ici est celle de

    G W

    2921

    (c a

    1499), qui connut ensuite quelques

    variations. Le texte est rest stable jusqu' Vlimmerius, qui substitua, en 1564,

    opponeretur

    apponeretur:

    cette retouche fautive fut reprise sporadiquement par d'autres imprimeurs (par

    exemple dans les

    Hom iliae de

    tempore,

    Lyon : apud Sebastianum Honoratum, 1571 [in-8], p.

    106-115 = Bibl. Mazarine, 24055).

    32.

    C'est--dire, outre ,

    et

    D ,

    les manuscrits de Paris et Florence

    mentionns aux notes

    22 et 27, ainsi que Cambridge, Fitzwilliam Museum, Mac Clean 104, f. 82-86v, Xlie s. (de

    Pontigny).

    33.

    Dans la marge infrieure des f. 32v et 42v, on lit respectivement V et q VI au centre

    d'un cercle. Le copiste du ms. de Pontigny remarqua l'incohrence du texte et inscrivit, la

    hauteur des mots partem alio istam, le signe r(equire).

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    7/54

    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII 149

    de Jean y est dvelopp dans une phrase qui est en continuit parfaite avec ce

    qui prcde : Miranda et stupenda sunt uerba haec, priusquam intellegantur ;

    intellecta, amplectenda sunt. Il

    Vt autem intellegantur, non opibus praebetur

    humanis....

    Le second lmen t se trouve au centre d'u ne prio de, dont les

    Mauristes avaient devin la teneur, mais qu'il leur tait impossible de restituer

    en dtail :

    Etsi omnes eodem atque uno cibo uesceremini, non tarnen omnes

    is dem partibus, sed diuideretis uobis pro modulis uestris particulatim quod

    positum erat, tollente uno illam II partem , alio istam ; ad om nes peruen iret

    unus cibus, sed non ad omnes totus cibus.. .. Comme P est copi dans une

    semi-onciale trs rgulire, raison de 21 ou 22 longues lignes par page, il est

    facile d'valuer la place qu'y occuperaient 2223 mots. Un calcul effectu sur

    quatre folios (33-36v) livre un total de 1115 mots, soit d'environ la moiti. Le

    scribe de

    avait donc besoin de huit feuillets,

    c 'est--dire d'un quaternion

    pour copier le passage intercalaire que prserve le sermonnaire de Mayence

    34

    .

    On dcouvre ainsi que le

    S.

    341 - forme brve de Mayence 55 - n'a pas

    seulement t tronqu par la volont d'un utilisateur (identifi, titre

    d'hypothse, avec Csaire d'Arles), mais aussi mutil par un accident matriel.

    L'incohrence textuelle, releve dans tous ses tmoins (manuscrits ou impri

    ms) , s'explique par la disparition d'un cahier de P. Ce dernier doit donc tre

    tenu pour l 'archtype de la forme brve. La collection de Lyon n'est pas

    simplement, sur un plan gnral, le modle des recueils De diuersis rebus et

    D e

    lapsu mundi

    ; son unique reprsentant connu en est, de plus, l 'anctre

    direct. Par consquent, dans le cas du

    S.

    341, seul le tmoignage de

    importe

    l'diteur du texte original. Si j'ai choisi de signaler dans l'apparat les leons

    de

    TD,

    c'est pour illustrer la dgradation mdivale du sermon et faciliter le

    classement des nouveaux tmoins qui viendraient tre reprs. Le texte

    divulgu par les Mauristes se rvle, en dfinitive, assez mdiocre et rempli de

    scories qu'une collation de

    aurait suffi

    carter

    35

    .

    2.

    Le florilge de Vrone

    Parmi les livres les plus prcieux de la Bibliothque Capitulaire de Vrone,

    il faut compter le manuscrit LIX (57)

    36

    , qui remonte la fin du VI

    e

    ou au

    dbut du VII

    e

    sicle. Ce recueil fut transcrit Vrone ou aux environs, dans un

    milieu qui entendait dfendre l 'orthodoxie du Concile de Chalcdoine

    37

    . Il

    renferme, entre autres, un florilge patristique, dont neuf articles sont tirs

    34 . Ou la rigueur d'un ternion, au cas o le responsable de la forme tronque aurait

    effectu quelques coupures.

    35 .

    C'est ainsi que les mots hic siste, au dbut du ch. 7 des bndictins

    (infra,

    14), ne

    se lisent, ma connaissance, dans aucun manuscrit et s'expliquent sans doute par l'intrusion

    d'une note marginale,

    fidlement

    ransmise d'dition en dition.

    36.

    LOWE,

    Codices latini antiquiores,

    t. 4, Oxford, 1947, p. 30 et 40, sous le n 50 9 ; G.

    SOBRERO,

    Anonimo Veronese. Omelie mistagogiche e catechetiche,

    Roma, 1992, p. 41-44

    (Bibliotheca Ephemerides Liturgicae, Subsidia 66) ; etc.

    37 .

    Cf. C.

    LAMBOT,

    Le florilge augustinien de Vrone,

    dans

    Revue Bndictine,

    t. 79,

    1969,p .

    70-81,

    spec. p. 72 et 75-76 (=

    Atti delCongressoInternazionale di Diritto Romano e

    di Storia del

    Diritto,

    t. 1, Milano,

    1951,

    p. 201-213).

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    8/54

    150

    FRANOIS DOLBEAU

    d ' Augus t in

    3 8

    . Trois de ceux-ci sont emprunts des sermons. Le premier,

    introuvable ailleurs, constitue lui seul notre actuel

    S.

    140A

    3 9

    . Le second

    provient du

    S.

    294, que je crois avoir appartenu l'archtype de la collection

    de Mayence-Grande-Chartreuse

    40

    . L e troisime consiste en sept lignes ignores

    des Mauristes, suivies de deux longs extraits du S. 3 4 1

    4 1

    ; il est introduit par

    une rubrique originale, qui conserve de prcieuses indications de lieu et de

    date.

    Ce florilge fut consult au X VIII

    e

    s. par Pietro et Girolamo Ballerini,

    rudits vronais dont le nom reste attach des ditions clbres du pape Lon

    I

    e r

    et de Rathier

    42

    . En 1753, les deux frres annoncrent leur intention de

    publier, sous forme

    d'Anecdota Miscellanea,

    une vingtaine de sermons indits

    d'Augustin, dcouverts durant leurs dpouillements des manuscrits de saint

    Lon ; la liste de ces

    Anecdota,

    retrouve l 'poque moderne

    43

    , livre les titres

    et incipit de deux des trois extraits voqus plus haut, savoir le S. 140A et les

    fragments du

    S.

    34 1. Mais les Ballerini, absorbs jusq u'en 1765 par la difficile

    publication des uvres de Rathier

    44

    , ne donnrent pas suite leur projet.

    La rubrique du S. 341 et les lignes indites furent finalement imprimes par

    Dom Germain Morin, en appendice sa grande dition des Sermones post

    Maurinos reperti : Item eiusdem beatissimi ex tractatu de tribus modis in

    deum Christum dictum in Basilica Restituta dixit pridie idus decembr(is).

    Psalmus iste, ut christianis omnibus notum est, quando de domino scribtum

    est :Foderunt manus m eas et pedes, dinumerauerunt omnia ossa mea. Ipsi

    uero considerauerunt et conspexerunt me ; diuiserunt sibi uestimenta mea, et

    super uestimentum meum miserunt sortem

    45

    .

    Morin, puis Lambot comprirent

    fort bien l' intrt de cet extrait. Le fragment inconnu rvlait que le texteimprim du

    S.

    341 tait incomplet ; la rubrique permettait de dater ce mme

    sermon d'un 12 dcembre (pridie idus decembris) et d'en situer la prdica

    tion Carthage, dont la cathdrale tait effectivement appele Basilica Resti-

    tuta

    46

    .

    38 .

    LAMBOT,

    ibid.,

    p. 72,

    .

    39 .Appel aussi

    Postsermonem

    Mai 174(PLS,t. 2, col. 527-528) ou fragment Verbraken

    9

    (Revue Bndictine,

    t. 84, 1974, p. 254).

    40 .Cf. F. DOLBEAU,

    Mentions

    de

    textes

    perdus de saint

    Augustin

    extraites des archives

    Mauristes,

    dans

    Revue d'Histoire des Textes,

    t. 23, 1993, p. 143-158 (spec. p. 155-156).

    4L Verona, Bibl. cap. LIX (57), f. 115-117 (=

    V).

    42 .

    Voir leur sujet la notice d'O. CAPITANI, dans le

    Dizionario biografico degliItaliani,

    t.

    5,

    Roma, 1963, p. 575-587. Des notes du XVllie s., signales dans

    V

    par SOBRERO

    (op. cit.,

    p.

    4 3, n. 40), tablissent une concordance entre le volume et une dition d'Augu stin (Venise,

    1731)

    :

    je souponne qu'elles sont de la main de l'un des Ballerini.

    43 . Et commente par P.-P. VERBRAKEN,

    Une dition denouveaux sermons de saint

    Augustin projetepar les frresBallerini,dans RevueBndictine,

    t. 73 , 1963 , p. 108-110.

    44 .

    Cf. F. DOLBEAU,

    Ratheriana I,

    dans

    Sacris Erudiri,

    t. 27, 1984, p. 373-431 (spec. p.

    423-431).

    45 .

    G. MORIN,

    MiscellaneaA gostiniana,

    t. 1, Roma, 1930, p. 666.

    46 .

    Cf. O. PERLER et J.-L. MAIER,

    Les voyages de saintAugustin,

    Paris, 1969, p. 418.

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    9/54

    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    151

    Ces coordonnes de lieu et de temps, de mme que le caractre fragmentaire

    du

    S.

    341, font dsormais partie de la vulgate scientifique

    47

    . En revanche, le

    passage ignor par les Mauristes est un peu retomb dans l'oubli. Verbraken

    signala l'dition de Morin en

    1963

    48

    ,

    mais omit de l' inclure dans son rpertoi

    re des fragments de sermons augu stiniens

    49

    , de sorte qu'elle ne fut pas non plus

    prise en compte dans le Thesaurus Augustinianus. La dcouve rte de M rvle

    dsormais que les sept premires lignes des extraits de Vrone concident avec

    l'exorde de Mayence 55

    50

    . Le compilateur anonyme du florilge disposait donc

    d'un exemplaire non tronqu.

    3.

    Les fragments transmis par Bde le Vnrable

    En dpouillant systmatiquement les uvres d'Augustin qui lui taient

    accessibles, Bde compila une sorte de commentaire quasi continu aux ptres

    pauliniennes

    (CPL

    1360). Cette chane a t analyse avec soin par Dom Irne

    Fransen

    51

    , qui en prpare actuellement l'dition princeps. Sous un mme titre :

    Ex sermone de tribus uirgis, elle reproduit quatre extraits distincts

    52

    , qui se

    lisent dsormais dans leur contexte l' intrieur de Mayence 55. L'un d'entre

    eux (Fransen 366) concide exactement avec un passage du S. 341. Un second

    (Fransen 331) correspond la finale du texte imprim par les Mauristes,

    enrichie de deux phrases supplmentaires

    53

    . Les autres (Fransen 132 et 387)

    sont tirs de chapitres qui taient inconnus avant la dcouverte de M. Ces deux

    derniers, depuis lontemps, avaient t recueillis comm e fragments authentiques

    par les diteurs d'Augustin

    54

    , et sont republis sous les numros 2 et 3 dans le

    rpertoire de Verbraken

    55

    . Leur regroupement constituait jusqu' ici le S. 4A,

    dont il existe des traductions italienne et anglaise

    56

    . Il va de soi que cette appel

    lation est dsormais caduque.

    Dom Fransen, n'ayant pas souponn que le nom De tribus uirgis dsignait

    la version intgrale du

    S.

    341, estimait que Bde s'tait tromp dans ses

    47 .

    PERLER-MAIER,

    Les voyages de saint Augustin,

    p. 359-360 et 470 ; VERBRAKEN,

    Etudes critiques,

    p. 144.

    48 . Une dition de nouveaux sermons

    (cf. n. 43), p. 110.

    49 .

    Les fragmentsconservsd esermonsperdus desaintAugustin,

    dans

    Revue B ndictine,

    t. 84, 1974, p. 245-270.

    50 .

    Cf.

    infra,

    1, lignes 1-4.

    51.1.

    FRANSEN,

    Description de la Collection de Bde le Vnrable sur l'Aptre,

    dans

    Revue Bndictine,

    t. 71, 1961, p. 22-70.

    52 .

    FRANSEN, p. 35 , n 132 (I Cor 1, 26-27) ; p. 52, n 331 (Eph 5 , 26-27) ; p. 55 , n 366

    (Col

    1,

    24)

    ;

    p . 56, n 387 (I Th 2, 7).

    53 .

    Publies par FRANSEN, p. 52, mais omises par VERBRAKEN,

    Les fragments conservs

    (cf. n. 49 ), et donc ignores du

    ThesaurusAugu stinianus.

    54 .

    Le premier (Fransen 132) fut exhum par V limme rius, au f. 2 51v-252 de son dition de

    1564 (cf. n. 18), sous le titre fautif :

    De tristibus uirginibus,

    corrig au f. a IUI ; le second

    (Fransen 387) fut rapproch du prcdent et imprim par les Mauristes en 1683 (cf.

    PL,

    t. 39,

    col.

    1732).

    55 .

    Les fragments conservs

    (cf. n. 49), p. 251.

    56 .

    Cf. Sant'Agostino,

    D iscorsi I

    (1-50),

    Roma, 1979, p. 74-77 (trad. P. BELLINI = Nuova

    Biblioteca Agostiniana. Opere di Sant'Agostino, X X IX ) ;

    The W orks of Saint

    A ugustine,

    Part

    III/l ,

    Sermones

    (1-19), Brooklyn, New York, 1990, p. 214-215 (trad. E. HILL).

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    10/54

    152

    FRANOIS DOLBEAU

    rfrences et qu' il renvoyait sous une mme rubrique deux sermons

    dist incts

    5 7

    . On voit maintenant que l'rudit anglais disait vrai et reproduisait

    soit un titre final, soit une forme abrge d'un titre comparable celui de

    Mayence. De mme que l 'auteur du florilge de Vrone, Bde lisait,

    l'vidence, le sermon d'Augustin dans une copie non tronque.

    Comme l 'dition qu'a prpare Fransen n'est pas encore disponible, il a

    paru expdient, afin d'allger l'apparat critique de Mayence 55, de fournir ici

    un texte provisoire des extraits de Bde. En exploitant des informations aima

    blement communiques par le futur diteur, j'ai retenu et collationn les quatre

    manuscrits suivants

    58

    :

    C =Mon te Cassino, Bibl. della Badia 178, X I

    e

    s.

    O = Orlans, Bibl. mun. 81 (78), IX

    e

    s. (Fleury)

    fl = Rouen, Bibl. mun. 147 (A. 437), ixe s. (Jumiges)

    S

    = Saint-Omer, Bibl. mun. 91, IX

    e

    s. (Saint-Bertin).

    Les extraits sont publis ici non dans l'ordre de la

    Collectio in Apostolum,

    auquel renvoie la numrotation de Fransen, mais dans celui du sermon

    original. Pour en connatre le contexte, on se reportera ci-dessous aux chapi

    tres 4, 20, 21 et 22 de Mayence 55.

    EX SERMONE DETRIBVS VIRGIS

    B E D A

    1

    .

    Quare autem primo ignobiles, paucos, imperi tos

    3

    , impolitos

    elegerit

    b

    dominus, cum haberet ante oculos

    c

    suos turbam magnam, in compara-

    t ione quidem il lorum pauperiorum

    d

    pauciores, sed in genere suo multos

    diuites, nobiles, doctos, sapientes, quos po stea etiam collegit, exponit apostolus

    6

    sacramentum :Infirma huius m undi elegit deus, ut confund at fortia ; et stulta

    huius mundi elegit deus, ut confundan sapientes ; et ignobilia h uius mu ndi

    elegit deus et ea quae non sunt, id est non computantur, ut

    h

    quae sunt

    euacuentur. Venerat

    1

    enim docere humili ta tem, expugnare

    k

    superbiam ;

    uenerat humilis deus. Nullo modo hic prius altos quaereret

    1

    , qui tam humilis"

    1

    uenerat. Primo, quia elegit nasci de illa femina, quae desponsata erat fabro.

    Non elegit ergo" ampios natales, ne in hac terra nobilitas superbiret. Non elegit

    saltim

    0

    nasci in amplissima ciuitate, sed natus est in Bethlem IudaeaeP, quae

    nec ciuitatis nomine nuncupareturq. Hodieque

    r

    illam incolae loci illius uillam

    appellant : tam pama, tam exigua, prope

    s

    nulla est, nisi pristina domini Christi

    1

    natiuitate nobilitaretur. Elegit ergo infirmos, pauperes, indoctos : non quia

    reliquit firmos", diuites

    x

    , sapientes, nobilesy, sed si ipsos primo

    z

    eligeret,

    merito diuitiarum suarum, merito substantiarum, merito natalium sibi eligi

    uiderentur, atque inflati

    aa

    de his rebus salutem humilitatis non reciperent

    bb

    ,

    sine qua nemo potest redire ad illam uitam, unde non laberetur

    00

    nisi per

    superbiam.

    57 .

    FRANSEN, p. 68 : Ex errore Bedae.

    58 .

    Sur microfilms consults l'IRHT

    ORS)

    ou prt par l'abbaye de Maredsous (C).

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    11/54

    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    153

    Fransen 132 : C, p. 75-76 ;

    O ,

    p. 115-116 ;

    R,

    f. 33v-34 ;

    S ,

    f. 41rv ;

    Ve

    = Verbraken,

    dans

    Revue Bndictine,

    t. 84, 1974, p. 251 (d'aprs

    S

    et Troyes, B ibl. mun. 96, f. 95v, IX e

    s. [= Floras]).

    a. imperitos + et

    Ve

    II b. elegit

    O

    II c. ante oculos : filios

    R

    II d. pauperum

    Cfort. rede

    II

    e. apostolus

    R Ve

    : -li

    C OS

    II f. mundi huius

    Cfort. recte

    II g. confondant

    C

    II h. et

    O

    II i.

    uenerat

    CR Ve

    : -rant

    S

    -runt

    O

    II k. expugnare

    CRS

    : et exp.

    Ve

    ut exp . O II

    1.

    quaereret

    Ve

    : -re

    CORS

    II m. humiles

    O

    II n. ergo

    om. C

    II o. saltim

    CR

    Ve

    : -tem

    Rpc

    -tis

    OS

    II

    p.

    iudaeae 5

    a c

    : iudae

    ORSP

    C

    Ve

    iude C II q. nuncuparetur COAS : -patur

    Ve

    II r. hodieque

    CRP

    C

    Ve

    :hodie qua e

    OR^S

    II s. prope : tam pr.

    R

    II t. christi domini

    R

    II u. infirmos

    C

    II x.

    diuites

    om. O

    II y. nobiles

    om. C

    II z. primo

    CORS

    : -mos Ve II aa. inflata

    O

    II bb.

    reciperent

    COR

    Ve

    :

    deciperent

    S

    perciperent

    SP

    C

    II ce. laberetur

    CORS

    :

    -mur

    Ve

    BEDA

    2

    . Siue ergo dicam caput et corpus, siue dicam sponsus et sponsa,

    unum intellegite. Ideoque idem apostolus, cum esset adhuc

    a

    Saulus, audiuit :

    Saule, Saule, quid me persequeris ?,

    quoniam

    b

    corpus eius capiti adiungitur

    0

    .

    Et quoniam

    d

    praedicator Christi pateretur ab aliis, quae persecutor ipse fece-rat :

    Vt supplant,

    inquit,

    quae desun pressurarum Christi in carne m ea,

    ad

    pressuras Christi ostendens pertinere

    1

    " quod

    f

    patiebatur. Quod non potest

    intellegi secundum caput, quod iam in caelo nihil tale patitur, sed secundum

    corpus, id est ecclesiam, quod corpus cum suo capite unus Christus est.

    Fransen 366 : C, p. 198 ;

    O ,

    p. 203;

    R, i.

    85 ; 5, f. 105v-106.

    a. adhuc esset

    C

    II b. quoniam

    conieci

    :quomodo

    CORS

    II e. capiti adiungitur

    CRS

    :caput

    adiungit

    O

    II d. quoniam

    R S

    : quomodo

    CO

    II e. pertinere

    add. R in marg.: om. COS

    II f.

    quas

    C

    BEDA

    3

    . Haec est sponsa Christi, non habens maculam aut rugam. Non uis

    habere maculam ? Fac quod scriptum est :

    Lauam ini, mundi estote, auferte

    nequitias de cordibus uestris.

    Non uis habere rugam ? Extendere in crucem

    a

    .

    Non enim tantum opus est

    b

    ut laueris, sed etiam ut extendaris, ut sis sine

    macula aut ruga. Per lauacrum enim auferuntur peccata, per extensionem

    c

    fit

    d

    desiderium futuri saeculi, propter quod Christus crueifixus est. Audi ipsum

    Paulum lotum : Non, inquit, ex operibus iustitiae quae fecimus nos, sed

    secundum suam misericordiam saluos nos fecit, per lauacrum regenerationis.

    Audi eundem extensum :Ea, inquit, quae retro sunt oblitus, in ea quae ante

    sunt extensus, secundum intentionem sequor ad palmam supernae uocationis in

    Christo Iesu. Merito ergo ipse sine macula iniquitatis et sine ruga duplicis

    e

    cordis, tamquam bonus et fidelis amicus sponsi. Desponderat

    f

    enims uni uiro

    uirginem castam exhibere Christo sine macula et ruga.

    Fransen 331 : C, p. 181-182 ; 0, p. 191 ;

    R,

    f. 78 ;

    S,

    f. 97rv.

    a. cruce

    C

    II b. opus est tantum

    C

    ac

    II e. extensionem

    RS Ve

    : -tionem

    O

    II d. sit

    C

    II e.

    duplicis

    RS Ve

    : -ci

    C O

    II f. disponderat

    C

    II g. enim

    om.Cfort. recte

    BEDA

    4

    . Ideo non dixit mater, quia aliquando matres

    a

    uel delicatiores sunt,

    uel minus amantes filios suos, cum pepererint

    b

    , tradunt aliis nutriendos.

    Rursum si solum dixisset

    c

    : Tamquam nutrix fouens, et non addidisset : filios

    suos, tamquam alia

    d

    pariente nutriendos accepisse uideretur. Et nutricem se

    dixit, quia alebat, et filios suos, quia

    e

    ipse

    f

    pepererat dicens : Filiis mei, quos

    herum parturio, quoadusque Christus reformetur

    h

    in uobis. Parit

    1

    autem, sicut

    parit

    k

    ecclesia

    1

    , utero suo, non semine suo.

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    12/54

    154

    FRANOIS DOLBEAU

    Fransen 387 :

    C ,

    p. 205 ;

    0 ,

    p. 207 ;

    R,

    f. 87rv ; 5, f. 110 ;

    Ve

    = Verbraken, dans

    Revue

    Bndictine,

    t. 84, 1974, p. 251 (d'aprs

    S

    et Troyes 96, f. 244).

    a. maires + sunt

    O

    II b. pepererint : coeperint C l i c , dixisset

    S Ve

    :

    -sent

    C

    -se

    O R

    II d.

    alia

    CORS

    : ab alia

    Ve

    II e. quia

    :

    quos

    SP

    C

    quia uel quos

    RP

    C

    II f. ipsa

    O

    II g. filii 0#S

    Ve

    :

    filioli

    Cfort. rede

    II h. christus reformetur 0/?5

    ir.c.CVe

    II i. parit Cfl

    Ve

    : pariter

    S u t uid.

    pater

    O

    II k. parit

    C7?S

    Ve

    :

    parat O H I . ecclesia C

    Ve :

    -am

    O R

    qui

    ecclesiam parit

    scripsit)

    S

    4.

    LesSententiae sanctorum atrum excerptae de fide sanctae trinitatis

    Sous ce titre, nous est parvenu un dialogue sur la

    Trinit (CPL 1754), qui

    est un habile mo ntage de citations patristiques, vise catchtique. Un disciple

    pose des questions, traditionnelles ou controverses, et le matre lui rpond en

    puisant sa doctrine chez des Pres qu'il nomme en pilogue. Ce trait sous

    forme de

    Questions et rponses

    appartient un corpus d'exposs de la foi

    catholique, qui figure dans un manuscrit copi Reichenau dans les premires

    annes du IX

    e

    sicle

    59

    . Il fut attribu un espagnol et dat d'avant 600 par son

    premier diteur

    60

    . Mais une recherche plus fine de ses sources a ensuite

    montr qu'il fallait en retarder la rdaction au moins jusqu'au VIII

    e

    sicle

    61

    .

    Personne n'a encore not, semble-t-il, que l'une des rponses du matre (en

    X I. 79) tait tire du prsent sermon. Les trois passages reproduits se lisent

    aussi dansP (c'est--dire dans leS. 341), mais leur teneur textuelle, comme on

    pourra le vrifier dans l'apparat

    62

    , les rapproche davantage de M. Il est donc

    probable que l 'auteur des Sententiae disposait d'un mod le qui ignorait les

    innovations de la recension tronque. Au vu de cet emprunt, je serais enclin

    mettre en doute l 'or igine espagnole qui est communment admise pour

    l 'ensemble du dialogue

    63

    , dans la mesure o le sermon d'Au gustin ne parat pas

    avoir t diffus dans la pninsule ibrique. Les extraits insrs dans les

    Sententiae

    sont d'ailleurs de valeur md iocre, car l 'auteur anony me s est

    permis quelques retouches, et mme une interpolation

    64

    . Ils ne peuvent gure

    servir qu' confirmer, l'occasion, certaines des leons attestes ailleurs.

    5.

    Les fragments transmis par Florus de Lyon

    Il serait injuste de clore cette prsentation de la tradition indirecte, sans dire

    un mot de l' intrt que le diacre Florus manifesta l'gard de notre sermon,

    durant le second quart du IX

    e

    sicle. L'rudit lyonnais, qui disposait d'une

    importante bibliothque patristique, voulut rivaliser avec Bde, en compilant

    59 . Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, Augiensis X VIII, f. 60-63v (p. 119-126), ca

    806 (=

    K),

    dcrit par A. HOLDER,

    Die Reichenauer Handschriften,

    t. 1, Leipzig, 1906

    (Wiesbaden, 1970), p. 58-69.

    60 .

    K. KNSTLE,

    Eine Bibliothek der Sym bole,

    Mainz, 1900 (Forschungen zur

    Christlichen Litteratur- und Dogmengeschichte, 1/4), p . 149-173 (spec. p. 171) : d. reproduite

    dans

    PLS,

    t. 4, col. 1498-1516.

    61.

    J. MADOZ,

    Le Symbole du XI

    e

    Concile de Tolde. Ses sources, sa date, sa valeur,

    Louvain, 1938, p. 164-191 (Spicilegium Sacrum Lovaniense. tudes et documents, 19).

    62 .

    Je relve, titre d'exemple, l'un des premiers lieux variants : unus modus

    M K,

    primus

    modus ed.

    63 .Cf. H. J. FREDE, Kirchenschriftsteller. Verzeichnis undSigel,Freiburg, 1981, p. 329.

    64 .

    Signale, il est vrai, de faon explicite:Corpus uero sine ilio omnino integer esse non

    potest,

    et

    hoc

    proprium nostri est (PLS,

    t. 4, col.

    1514,1.

    52-53).

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    13/54

    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    155

    son tour un florilge augustinien sur les ptres pauliniennes

    65

    . Sept extraits y

    sont tirs du sermon dit ici. Deux d'entre eux se lisent sous la rubrique De

    tribus uirgis, et concident avec les fragments Fransen 132 et 387 de Bde,

    auquel ils sont emprunts. Les cinq autres, intituls

    Quod tribus modis Christus

    intellegatur, sont le fruit d'un dpo uillemen t attentif du ma nus crit P, o se

    distingue nettement l'activit de l'rudit

    66

    . Florus en effet corrigeait la ponctu

    ation et les graphies des textes dont il voulait prendre des extraits, et signalait

    par des pieds-de-mouche les passages retranscrire

    67

    . Son travail est fascinant

    pour qui veut tudier les mthodes d'un intellectuel carolingien, mais son

    florilge n'offre pas d'intrt pour l'dition de Mayence 55, puisque nous en

    possdons encore les sources directes, savoir le recueil de Lyon

    (P )

    et la

    compilation de Bde

    68

    . Florus inaugure une nouvelle phase de l'histoire du

    texte, qui est dsormais clat et circule sous deux titres distincts. Cette phase

    s estprolonge jusqu' la dcouverte du recueil de Mayence.

    Argument. Com me savent tous les chrtiens, le psaum e 21 : Ils ont perc

    mes mains et mes pieds.. . annonce la passion du Sauveur. Mais certains

    ignorent peut-tre ou ont oubli que le Christ est voqu dans les livres saints

    selon trois modes : en tant que Dieu, coternel au Pre ; aprs l' incarnation, en

    tant qu'homme-Dieu, mdiateur et tte de l'Eglise ; enfin, en tant que Christ

    ' total' , dans l'unit du Corps mystique dont nous sommes les membres

    69

    . Cette

    distinction permet, dans les critures, de comprendre beaucoup de passages

    65.

    Analys par Dom C.

    CHARLIER,

    L acompilation augustiniennedeFlorussur VAptre.

    Sourcesetauthenticit,

    dans

    RevueBndictine,

    t. 57, 1947, p. 132-186.

    66 . Cf. C. CHARLIER, Les manuscrits personnels de Florus de Lyon et son activit

    littraire,

    dans

    Mlanges E. Podechard,

    Lyon, 1945, p. 71-84. Ces entres commentent les

    versets suivants : II Cor 11, 3 ; Eph 5, 27-28 et 31-33 ; Phil 2, 6-7 ; Col 1, 18 et corres

    pondent, avec des coupures, des passages publis ci-dessous aux 12-13 (Nolite quaestio-

    nes mirari .. ./ ... omnes perditurus est), 21 (Exhbete ergo .. ./. .. in Christo Iesu), 20 (Sic

    ergo aliquando .../... unus Christus est), 10-11 (Dicit Iohannes .../... formam serui

    accipiens), 19 (Totus Christus secundum ecclesiam .../... ciuitas regis magni).

    67 .

    L'examen de

    P

    rvle ainsi que Florus, outre les passages cits la note prcdente,

    avait dcoup et prpar un extrait supplmentaire (commentant galement Phil 2, 6-7 : cf.

    infra,

    13) : Antiquus serpens murmurt et mussitat (les deux premiers mots sont ajouts en

    marge pour donner un sujet la ph ra se ).. ./. .. aequalis in forma dei, minor in forma serui.

    68 .

    Les quatre extraits de Bde furent ensuite repris par Raban Maur

    {PL,

    t. 112, col. 19,1.

    41 20, 1. 10 ; 458, 1. 43 459, 1. 2 ; 517, 1. 32-43 ;

    546,1.

    15-24). D'autres fragments,

    travers Bde ou Florus, furent insrs dans la

    Glose ordinaire

    (d. Turnhout, 1992

    [Strassburg, 1480/1481], t. 4, p. 308-309, 35 1, 378). Mais il est superflu de s'occu per ici de

    ces traditions, car tout indique que Bde est le seul avoir consult le texte original.

    69 .

    La meilleure introduction la christologie d'Augustin est l'article de G. MADEC,

    Christus,

    dans

    Augustinus-Lexikon,

    t. 1, fase. 5-6, Basel, 1992, col. 845-908. Les enseigne

    ments qu'on pouvait tirer jusqu'ici du

    S.

    341 ont t dgags, entre autres, par T. J. VAN

    BAVEL,

    Recherches sur la Christologie de saint Augustin,

    Fribourg, 1954, p. 102-118

    (Paradosis, 10)

    ;

    G.

    REMY,L eChrist mdiateur dansl'uvred esaintAugustin,

    L ille, 1979 , t.

    1,

    p. 759-760 ; A. VERWILGHEN,

    Christologie et spiritualit selon saint Augustin. L hym ne

    au x

    Philippiens,

    Paris, 1985, p. 367-370

    cl

    passim

    (Th ologie historiqu e, 72) ; G. MADEC,

    La

    patrie et la voie. Le

    Christ dans

    la vie et

    la pense

    d e

    saint

    Augustin,Paris, 1989, p. 141-142 ;

    A.VERWILGHEN,Le Christ

    mdiateur selon

    Ph 2, 6-7

    dans

    l uvre d e saint Augustin,

    d

    ans

    Augustiniana,

    t. 41 ,

    1991,

    p. 469-482, spec. p. 480-481 (= M langes T. J. Van Bavel, t. 2).

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    14/54

    156 FRANOIS DOLBEAU

    obscurs

    70

    . Faute de temps, nous nous bornerons ici l'appliquer quelques

    versets, charge pour vous d'en relever d'autres illustrations scripturaires.

    Le premier mode est attest dans l 'vangile de Jean (1,1): Au commence

    ment tait le Verbe, et le Verbe tait avec Dieu, et le Verbe tait Dieu....

    Paroles admirables qui exigent, pour tre comprises, qu'on jouisse d'un

    secours divin ; et pourtant celui qui les pronona tait un pcheur. Le Seigneur

    en effet, pour enseigner l 'humilit, appela en premier des pauvres et des

    ignorants, non des riches et des savants, tout comme il choisit de natre dans

    une simple bourgade et de la fiance d'un artisan. Il voulait ainsi gurir notre

    orgueil, de mme qu'un mdecin soigne le chaud et le sec par leur contraire.

    Cyprien le rhteur vint aprs l'aptre, et Rome, en notre temps, l'empereur

    s est inclin sur la tombe d'un pcheur, afin de mriter la bienveillance divine.

    Comment Jean aurait-il pu, de lui-mme, transcender la cration entire et

    parvenir jusqu'au Verbe ineffable ? Il est crit qu'il avait coutume de reposer

    sur la poitrine du Seigneur. C'est l qu'il but les paroles de son vangile

    71

    . Ne

    mprise pas son affirmation que le Verbe tait Dieu. La lumire d'un feu, de

    la lune ou du soleil est une, bien que, selon l'tat des yeux du spectateur, elle

    puisse tre agrable ou blessante : le Verbe de Dieu, lui aussi, est unique,

    mme si, au jour du jugement, ses paroles seront doubles, selon les mrites des

    auditeurs. C'est pourquoi le psaume dclare (61, 12-13) : Une fois Dieu a

    parl, deux fois j'ai entendu, parce qu' toi, Seigneur, est la puissance, toi le

    pardon, et que tu rendras chacun d'aprs ses uvres. Que le Verbe unique,

    par l'Esprit-Saint, suscite en nous l'amour, son gard comme envers la trs

    suave Trinit. Ton crateur s'offre toi, et tu recherches autre chose Si tu

    veux t'lever au-dessus de toutes les cratures et parvenir contempler la

    Trinit, sois hum ble et tu boiras la mm e source que l'vangliste.

    Que personne ne se dise, en pensant selon la chair : Comment le Verbe a-t-

    il pu tre avec Dieu et dans le sein de la Vierge ? Une part de lui-mme est-elle

    reste l-haut, tandis que l 'autre descendait ?

    72

    . Ne dcoupe pas Dieu en

    morceaux, lui qui est incorporel. Les corps, comme la terre, l'eau ou l air, ne

    peuvent tre entiers partout, mais sont prsents ici ou l dans telle ou telle de

    70 .

    Elle repose en partie sur la premire des rgles qu'avait proposes l'exgte donatiste,

    Tychonius (cf.

    De doctrina

    C hristiana,

    3,

    3 1,

    44), et exera une certaine influence au Moyen

    ge ; voici ce qu'enseign ait pa r exemple Gilbert de la Porre vers le milieu du

    >s. : Tribus

    modis loquimur de Christo. Aliquando loquimur secundum diuinitatem, aliquando secundum

    humanitatem, aliquando secundum membra

    (d.

    . M.

    HRING,

    Die Sententie m agistri

    Gisleberti Pictavensis

    episcopi,

    dans

    Archives

    d'histoire

    doctrinalee tlittraire du Moyenge,

    t. 45, 1978, p. 128).

    71.

    Les usages modernes obligent dulcorer le texte original : Saturauit discipulum de

    pectore su o. Ule autem saturatus ructauit, et ipsa ructatio euangelium est ( 5 ). Cette image du

    renvoi digestif est courante chez Augustin

    :

    cf. D. DlDEBERG,

    SaintJean,

    le

    disciplebien-aim,

    rvlateurdes secrets duVerbede Dieu,

    d

    ans Saint Augustinet la Bible, Paris,

    1

    986, p. 189-

    20 1; M.-F. BERROUARD,Le disciple que Jsus aimait, Jean l van gliste,

    d

    ansBiblio

    thque

    Augustinienne

    (=

    BA),

    t. 74A, Paris, 1993, p. 418-421. Le processus selon lequel

    ructatio

    finit, en milieu chrtien, par caractriser un nonc prophtique a t expliqu par

    BERROUARD, dans

    A , t. 72, 1977, p. 224-225, n. 3. Au M oyen

    ge, le double sens du

    terme a donn lieu diverses parodies : cf. P. E. BEICHNER,

    Non alleluia ruciare,

    dans

    Mediaeval Studies,

    t. 18, 1956, p. 135-144.

    72 .Cette critique de l'incarnation enrichit le dossier runi par

    P.

    COURCELLE,

    Propos anti

    chrtiens

    rapportspa rsaintAugustin,d

    ans

    RecAug,

    t. 1, 1958, p. 149-186.

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

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    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    157

    leurs parties. Le Verbe divin est entier partout o il veut

    73

    , mais il nes est pas

    incarn partout. Ne le divise pas plus que la parole humaine. Si l'on partageait

    entre vous de la nourriture, chacun en aurait un morceau. Mais quand je parle,

    chacun capte toutes mes paroles, qui pourtant disparaissent, aprs avoir retenti.

    De mme, on peut penser simultanment la justice en Orient et en Occident,

    sans qu'elle soit mutile de part et d'autre. Les ralits incorporelles sont

    entires partout. N'hsite donc pas croire cela du Verbe de Dieu, qui est Dieu

    avec Dieu.

    Voici la seconde manire dont les critures parlent du Christ : Le Verbe

    s est fait chair, et il a demeur parmi nous (Jean 1, 14). Il est venu, sur sa

    monture de chair, vers celui qui gisait bless le long du chemin

    74

    . Il a

    commenc d'tre homme sans cesser d'tre Dieu. coutez le fameux chapitre

    de Paul, qui le manifeste homme et Dieu (Philippiens 2, 6-7) : Alors qu'il

    tait de condition divine, il n'a pas cru que ce ft une usurpation d'tre gal

    Dieu, mais il s'anantit lui-mme en prenant la condition d'esclave. Notez la

    diffrence entre tait et prenant

    75

    . La premire phrase revient dire :

    Le Verbe tait Dieu, la seconde : Le Verbe

    s est

    fait chair.

    Ne vous laissez pas impressionner par les difficults que soulvent les

    hommes. Gardez cette virginit d'esprit

    76

    , que le serpent cherche corrompre,

    comme il a sduit ve. Les ariens ont troubl les plus faibles d'entre les

    fidles, mais comme le Seigneur n'a pas abandonn son peuple, la foi catholi

    que l'a emport. Ce quis est pass jadis au paradis, se passe aujourd'hui dans

    l'glise. Le serpent continue de susurrer : Vous ne mourrez pas (Gense 3,

    4).

    Est-ce-que par hasard Dieu voudrait la perte de tous ? Il murmure enco

    re : Voici qu'il est crit : Le Pre est plus grand que moi (Jean 14, 28), et toitu le dis gal au Pre ? Mais l'vangile dit aussi : Moi et mon Pre sommes

    un (Jean 10, 30). Accepte les deux tmoignages : le Christ est gal au Pre en

    tant que Dieu, infrieur lui en tant qu'homme

    7 7

    . Ou alors montre-moi

    com men t, l' incarnatio n mise part, il pourrait tre infrieur Vas-tu dans la

    divinit, comme dans les tres corporels, distinguer des qualits : force,

    73 . Cf. M. FRICKEL, Deus totus ubique simul. Untersuchungen zur allgemeinen

    Gottgegenwart im

    Rahmen

    der Gotteslehre Gregors des Grossen,Freiburg, 1956, p. 72-74

    (Freiburger theologische Studien, 69).

    74.Voir M .-F. BERROUARD,

    L interprtationchristologiqued ela parabole du bonSamari

    tain,

    dans

    , t. 73A, 1988, p. 516-517.

    75.

    Cf. VERWILGHEN,Christologiee tspiritualit

    (n. 69), p. 147-148.

    16.Thme comment par M. AGTERBERG,

    Ecclesia-Virgo.

    Etude sur la virginit de

    glise et des fidles chez saint Augustin,

    Hverl-Louvain, 1960, p. 35-46 ; M.-F.

    BERROUARD,L gliseViergeet lavirginitde l esprit,

    d

    ansBA ,t. 71, 1969 (21993), p. 935-

    937.

    77.La rgle fournie est m oins labore que celle qui est nonce en

    S .

    Morin 3, 7 (=217

    augment) : Regulam uobis do, ut non expauesca tis, quando dicit aliquid filius, ubi uidetur

    maiorem patrem significare : aut ex persona hominis dicit, quia deus homine m aior est

    ;

    aut ex

    persona geniti dicit, in honorem eius a quo genitus est. Plus non quaeratis. Il se peut

    qu'Augus tin simplifie ici dessein pour des raisons didactiques. Dans Mayence 5 5, le terme

    regula

    est utilis deux fois (vers la fin des 17 et 18), selon une acception qui vient d'tre

    commente par C. P. MAYER,Die Bedeutung des Terminus regula fr die Glaubens

    begrndung undd ieGlaubensvermittlungbei Augustin,

    dans

    RevistaAgustiniana,

    t. 33, 1992,

    p.

    639-675, spec. p. 653-658 et 663-666 (=

    Augustinus minister et magister.

    Homenaje al

    profesor Argimiro Turrado Turrado, t. 2).

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    16/54

    158

    FRANOIS DOLBEAU

    longueur, couleur ? Le Fils serait par exemple gal en pouvoir, mais infrieur

    en sagesse ? Mais en Dieu, il n'existe pas de distinction entre pouvoir, sagesse,

    force et justice ; de lui, rien ne peut tre dit comme il convient. Avec des mots

    humains, les critures dclarent de Dieu qu' il est juste, mais aussi qu' il

    regrette ou qu'il ignore. Tu te rcries devant les verbes 'regretter' ou 'igno

    rer' , et tu admets qu'ils ont un sens figur, mais il en va de mme pour 'tre

    juste', car Dieu est au-del de la justice. Il est ineffable et n'a pas plus en lui de

    qualits que de parties. Le Fils ne peut don c tre dit gal en justice et infrieur

    en vertu, ou gal en vertu mais infrieur en savoir. En tant que Dieu, son

    galit avec le Pre ne saurait tre que parfaite ; son infriorit vient de ce

    qu'il a pris la condition d'esclave. Grce cette distinction, ne soyez troubls

    ni par le verset vanglique (Jean 20, 17) : Vers mon Pre et votre Pre, vers

    mon Dieu et votre Dieu, ni par les mots du psaume d'aujourd'hui (21, 11) :

    Ds le ventre de ma mre, tu es mon Dieu. Nous sommes seulement des fils

    adoptifs. Lui est le Fils engendr avant le porte-lumire (Ps. 109, 3), c'est--

    dire avant toute crature. Il distingue donc bon droit notre filiation et la

    sienne, mais invoque aussi, en tant qu'homme, le Pre comme son Dieu.

    Le troisime mode d'voquer le Christ est relatif son union avec l'glise.

    Tous deux sont la tte et le corps, l'poux et l'pouse

    78

    , dont Isae parle de

    faon unitaire (61, 10) : Je fus coiff par lui d'un diadme, comme un poux,

    et par d'un vtement, comme une pouse. Nous sommes ensemble les

    membres de ce corps, non seulement les gens ici prsents, mais les habitants de

    la terre entire, non seulement ceux qui vivent maintenant, mais tous les justes

    depuis Abel jusqu' la fin du monde

    79

    . Cette glise en plerinage, associe

    l'glise cleste, constitue la cit du grand roi (Ps. 47, 3), o, aprs la rsur

    rection, nous deviendrons les gaux des anges

    80

    . L'union de la tte et du corps

    est indissociable et dcoule du bon vouloir du Christ. Elle est mentionne dans

    ce verset de la Gense (2, 24) : Ils seront deux en une seule chair, que Paul

    commente en disant (phsiens 5, 32) : Grand est ce mystre. Je veux dire

    qu' il s 'applique au Christ et l 'glise

    81

    . Quand l 'aptre pourchassait les

    chrtiens, ce fut le Christ qui l'interpella (Actes 9, 4) ; quand il fut perscut

    son tour, ses souffrances vinrent complter la passion du Seigneur (Colossiens

    1, 24 )

    ;

    Soyez donc dignes d'un tel poux, c'est--dire une pouse sans tache ni

    ride (ph. 5, 27), lave de toute souillure et tendue vers l'au-del.

    Ce qui, dans les critures, parat absurde, peut tre compar une noix

    close, mais bien pleine. Soupse ces textes rpandus par toute la terre, et tu

    78 .

    Sur ce troisime mode, on consultera notamment E. FRANZ,

    Totus Christus. Studien

    ber Christus und die Kirche bei Augustin, Bonn, 1956 ; R. DESJARDINS, Le Christ

    sponsus

    et glise

    sponsa chez saintAugustin,

    dans

    Bulletin

    de

    littratureecclsiastique,

    t. 67, 1966, p. 241-256.

    79.Voir Y. CONGAR,

    Ecclesia

    ab Abel,

    d

    ans

    Abhandlungen ber Theologie undKirche.

    Festschrift fr Karl Adam,

    Dsseldorf, 1952, p. 79-108 (spec. p. 84-85).

    80.

    Cf. .

    LAMIRANDE,

    L'glise cleste selon saint Augustin,

    Paris, 1963, p. 141-142,

    235-236 et

    passim.

    81 .

    Nombreux parallles rassembls par P. BORGOMEO,

    L'glise de ce temps dans la

    prdication desaintAugustin,

    Paris, 1972, p. 235-241 A.-M. LA BONNARDIRE,L'interpr

    tationaugustinienne dumagnum sacramentumde phs. 5, 32,

    dans

    RecAug,

    t. 12, 1977,

    p.

    3-45.

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    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    159

    verras quel est leur poids d'auto rit. Tu te dis en toi-mme : Que signifie : Ils

    seront deux en une seule chair ? Dieu s'occuperait-il des relations entre

    hommes et femmes ? Un tel verset est ferm, mais non vide. Si tu ne parviens

    pas l'ouvrir, tu dois, comme un enfant, t'en remettre l'aptre, dont l'amour

    est la fois paternel et maternel. coute-le : tu auras de quoi t'alimenter. Si tu

    rejettes la noix parce que ferme, tu n'atteindras pas la nourriture.

    Cette comparaison me fait songer un pisode biblique, malais entendre.

    L o les troupeaux allaient boire, Jacob, au temps des accouplements, disposa

    des baguettes en partie corces sous les yeux de ses femelles (Gen. 30 , 37-39).

    Il cherchait ainsi multiplier les agneaux et chevreaux tachets, car il avait

    convenu avec son beau-pre que ceux-ci lui reviendraient. Mais pourquoi mit-

    il trois baguettes et de trois essences diffrentes : noyer, platane et aliboufier ?

    L'obscurit rvle ici la prsence du mystre. Jacob prfigure le Christ ; les

    femelles sont les aptres qui, bien qu'appartenant tous au peuple juif, donnent

    naissance aux petits tachets, les fidles des diverses nations, parce qu'ils se

    sont abreuvs au mystre de l' incarnation. Ce dernier est annonc par les trois

    essences dans lesquelles Jacob tailla ses baguettes : le noyer en effet est Jsus

    qui,

    par l'entremise du bois de la croix, nous conduit la nourriture de son

    corps ; l 'aliboufier, un arbuste odorifrant, renvoie au parfum suave de la

    virginit inviole de Marie ; le platane, recherch pour l 'opacit de son

    feuillage, est le Saint-Esprit qui couvrit la Vierge de son ombre et la protgea

    des ardeurs de la concupiscence

    82

    .

    Voici, trs chers, ce que je suis, par la volont du Seigneur, en mesure de

    vous expliquer. Comme une terre bien arrose, produisez des fruits en abon

    dance. En ces jours de ftes paennes, priez pour les chrtiens qui se laissent

    entraner des excs. S'il se trouve ici des gens qui ont omis de jener hier,

    qu'ils s'en affligent, afin d'effacer et notre tristesse et leur faute.

    Circonstances. Les indications de jou r et de lieu se sont con serv es,

    comme on a vu plus haut, dans la rubrique du florilge de Vrone (=

    V).

    Si

    l'on se fie ce document

    83

    , Augustin aurait parl un 12 dcembre, dans la

    Basilica Restitua ou cathdrale de Carthage

    84

    . La veille avait t un jour de

    jene, institu durant une priode de ftes profanes, la fois pour le salut des

    paens et en expiation des dbauches auxquelles se livraient alors certains

    chrtiens

    85

    . Augustin ne prcise pas ce qui occasionnait ces db auches : il faut

    82.

    Cette interprtation allgorique des verges de Jacob est discute ci-dessous aux p. 164-

    167.

    83 .

    Ce qui semble de bonne mthode, mme s'il est avr que de telles mentions peuvent

    tre fautives : cf. C. LAMBOT,

    Collection antique de sermons de saint Augu stin,

    dans

    Revue

    Bndictine,

    t. 57, 1947, p. 89-108 (spec. p. 90).

    84. Cf.

    p.150.

    85.

    Ieiunia per istos dies festos paganorum ad hoc exercenda sunt, ut pro ipsis paganis

    rogemus deum. Sed ita multorum infelices luxurias perhorrescimus, ut uos hortemur, fratres,

    pro quibusdam fratribus christianis orare nobiscum, ut ab ista nequitia se aliquando eme ndan et

    corrigi patiantur... Qui hic sunt hodie qui hesterno die non ieiunauerunt, doleant se ceteris

    diebus testis paganorum ita uixisse...( 26). L'hostilit des prdicateurs chrtiens l'gard

    des ftes est un phnomne gnral, bien comment par R. A. MARKUS,

    The End ofancient

    Christianity,

    Cambridge, 1990, p. 107-123 ; ID.,

    Die 'spectacula' als religises Konfliktfeld

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    18/54

    160 FRANOIS DOLBEAU

    sans doute comprendre que la semaine tait chme partiellement ou en

    totalit, en raison d'une srie de spectacles (ou muera). Cela confirme d'une

    certaine manire le tmoignage de V, puisque le mois de dcembre tait

    effectivement une priode de jeux publics

    86

    .

    L'allocution d'Augustin s'apparente plus une confrence qu' un sermon

    proprement dit. L'assemble, o elle fut prononce, tait certes une runion de

    prire, laquelle l'orateur invite en finale son auditoire

    87

    . On y avait, d'autre

    part, lu et chant le psaume 21

    8 8

    . Mais s'agissait-il d'une assemble eucharis

    tique ? Le fait est pour le moins douteux : l'exorde, dont le texte hlas est

    endommag, laisse en effet entendre qu'Augustin prit la parole aussitt aprs le

    psaume

    89

    , et non aprs l'vangile, comme on s'y attendrait durant une synaxe.

    Le confrencier et son public entretiennent une certaine complicit. Certains

    sont venus pour s'instruire ; d'autres, parce qu'ils apprcient tout spcialement

    l'loquence de l'orateur

    90

    . Un moment difficile de l'expos provoque une chute

    de l'attention et la multiplication des conversations particulires : Augustin

    invite gentiment les bavards se taire, en mlant sa requte et l'argum ent alors

    trait avec une habilet que pourraient lui envier bien des confrenciers

    modernes

    91

    . Ailleurs, par un silence calcul, il encourage au contraire les audi

    teurs intervenir et les complimente longuement d'avoir devin ce qu'il allait

    dire

    92

    . Il n'hsite pas non plus solliciter la mmoire des fidles, en faisant

    rfrence une homlie sur saii et Jacob, apparemment prche dans la

    mme basilique ( 23)

    93

    .

    stdtischen Lebens in der Sptantike,

    dans

    Freiburger Z eitschrift fr Philosophie und

    Theologie,

    38 ,

    1991,

    p. 253-271 (trad, partielle du prc dent) ; M. HARL,

    La

    dnonciation

    des

    festivits profanes dans le discours episcopal et

    monastique

    en O rient chrtien, la fin du IV

    e

    sicle,

    chez

    EAD.,

    Le

    dchiffrement

    du sens.

    Etudes

    sur l'hermneutique

    chrtienne

    d'Origne

    Grgoire de Nysse,

    Paris, 1993, p. 433-453 (Collection des tudes Augustiniennes.

    Antiquit, 135).

    86 .

    Cf. A.-M . LA BONN ARDIERE,

    Les Enarr aones in psalmos prches par saint

    Augustin Carthage en dcembre 409,

    dans

    Ree Aug,

    t. 11, 1976, p. 52-90 (spec. p. 71-75 et

    86-87).

    87.

    Cf. n. 85.

    88.

    In psalmo quod m odo cantauimus... Audi psalmum qui lectus est... ( 18).

    89.Psalmus

    iste,

    ut christianis omnibus notu m... ( 1). Je n'a i relev aucune allusion la

    lecture d'une ptre ou d'un vangile.

    90 .

    Quidam nesciunt, et multi quod audierunt obliti sunt, et nonnulli in eo quod tenent

    confirmari uolunt, nee desunt qui etiam id in quo firmi sunt

    propter nos ipsos

    a nobis audireuelint ( 1).

    91.

    Intendite ad id quod loquimur

    :

    melius enim ex hoc uerbo accipitis documentum, quod

    multis uobis dicitur, quam ex illis, cum eiusdem quidem naturae sint, quae uobis inuicem

    dicitis. Agitis enim uos cum paucioribus, nos cum tarn m ultis agimus : omnes audiunt quod

    dicimus et omnes totum audiunt ( 9). Un tel rappel l'ordre n'a rien d'inhabituel : cf. A .

    OlAVAR, La

    predicacin cristianaantigua,

    Barcelona,

    1991,

    p. 815-833.

    92 . Quod ita darum est, ut uocem meam intellectu praeueniretis ; quod, antequam

    explicarem quod dicere coeperam, uoce uestra declarastis. Quis uos duxit ad istam escam, ut

    tam cito intellegeretis, nisi qui pependit in ligno ?... ( 25). Sur ces interventions du public,

    on consultera avec profitOLIVAR,

    La predicacin cristianaantigua,

    p. 761-814.

    93.

    Minor quippe ille populus in Iacob, unde dictum est :

    Et maior seruiet minori

    (Gn 25,

    23).Iam recensemini exposuisse me sanctitati uestrae de Esa et Iacob, cui etiam dictum est in

    illa benedictione quam sumpsit a ptre :

    Seruient tibi omnes gentes

    (Gn 27, 29). Si la forme

    recensemini

    est correcte, elle pourrait s'expliquer par l'influence analogique d'un dponent

  • 7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII

    19/54

    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    161

    quelle pice Augustin, qui cite Gense 25, 23 et 27, 29, veut-il renvoyer ? Nous

    possdons encore deux sermons authentiquessurl'histoiredeJacob. Le

    S .

    5 (De luctatione

    Iacobcumangelo) explique le premier verset, maisnon lesecond.Le

    S.

    4 (De Esaet

    Iacob), qui

    fut

    prononc

    un

    22 janvier, comm ente

    le

    second,

    en

    faisant seulement une brveallusion au premier ; mais

    il

    faut prciser que la veille, soit un

    21

    janvier, Augustin avait dj

    trait longuement d'saiiet Jacob^.Onsupposera donc, avec vraisemblance^, que Mayence

    55 serfre cette explication mmorablequi

    s tait

    prolonge deux joursdesuite. Notre

    rapprochement,s ilest correct, implique que le

    S.

    4 fut,lui a ussi, prchCarthage. Le renvoi

    fait ici par Augustin interdit, mon sens, de sparer beaucoup dans

    le

    temps les deux sermons

    :

    ce qui,enpratique, obligeconclure que l'vque d'Hippone avait sjournCarthage deux

    hiversdesuite(savoirles 21-22 janvieret 12 dcembrede la mme anne)ou, auplus,

    quelques saisons d'intervalle

    96

    .

    Il est malais de prciser l anne o fut prch Mayence 55. Si l on dispose

    en effet d un solide

    terminus post quem,

    on manque d indice srieux pour fixer

    avec la mme fermet un

    terminus ante quem.

    Trois points doivent tre tenus

    pour acquis. Tout d abord, le sermon fait tat d une visite impriale Rome,

    durant laquelle le souverain rgnant

    s tait

    prostern sur la tombe de Pierre

    97

    .

    Cette visite, dit l orateur, s est produite

    temporibus nostris,

    c est--dire il y a

    quelque temps dj. Elle tait aussi voque en Mayence 61, mais cette fois au

    prsent et avec l adverbe

    modo,

    ce qui impliquait une concomitance quasi

    parfaite

    98

    . Notre sermon est donc postrieur Mayence 61 et aux textes lis

    cet ouvrage

    99

    .

    En second lieu, cette chronologie relative peut tre fonde dans l absolu.

    Durant l piscopat d Augustin, il y eut Rome plusieurs sjours de la cour

    impriale, mais la premire date possible, et cela quelle que soit la visite

    voque, remonte au rgne d Honorius et concide avec l hiver 403-404. Vu le

    temps ncessaire pour que soit connue Carthage la dmarche d Honorius,

    celle-ci n a pu tre relate au pass en dcembre 403. Le 12 dcembre 404 est

    galement exclu, car Augustin se trouvait, ce jour-l, Hippone, en train de

    dbattre avec Flix le manichen

    100

    . En consquence, le premier jour disponi

    ble pour la prdication de Mayence 55 est le 12 dcembre 405.

    comme

    recordamini ;recenseor

    n'e st pas rpertori dans l'ouvrag e de P. FLOBERT,

    Lesverbes

    dponents latinsd esOriginesCharlemagne,

    P aris, 1975.

    94 .ce sermon aujourd'hui gar, les auditeurs du

    S .

    4sont renvoys plusieurs reprises

    (

    1, 3, 12,

    14

    et

    30)

    : cf.

    l'dition

    de

    C. LAMBOT, dans

    CCSL,

    t.

    41 , Turnhout, 1961, p.

    18-

    48 (spec.p.19). Notonsenpassant que chez Possidiusle

    S.

    4suit immdiatement le S. 51,

    c'est--dire Mayence 58 (cf.

    Indiculum,

    X

    6

    8-9),

    et

    prcde de quelques numros M ayence

    55

    (X 6

    13).

    95 .

    Sans exclure tout fait l'hypothse d'autres sermons perdus sur le mme thme.

    96 .

    Ajoutons que le

    S.

    4(du

    22

    janvier) ne peut avoir t donn le mme hiver que Mayence

    5 (prch Carthage un

    23

    janvier), sauf s'ils agitd'un sermon d'aprs-midi

    :

    Mayence 5 nous

    apprend en effet qu'Augustin avait renonc prcher durant la synaxe de la veille.

    97 .

    Temporibus enim nostris uenit imperator in urbem Romam : ibiest templum impera-

    toris,

    ibi est sepulcrum piscatoris. Itaque ille ad deprecandama domino salutem imperator pius

    atque christianus non perrexit ad templum imperatoris superbum, sed

    ad

    sepulcrum piscatoris,

    ubi humilis ipsum piscatorem imitaretur 4).

    98.

    Cf.

    Nouveaux

    sermonsI,p . 75-76 : Veniunt modo reges Romam ( 25) ... V eniunt,ut

    dicere coeperam, reges Rom am ... ( 26),

    et

    les parallles voq us

    ibid.

    aux

    p.

    55-56.

    99 .

    savoir Mayence 60

    et

    54

    :cf.

    Nouveaux

    sermons

    II,

    p. 265.

    100.

    PERLER-MAIER,

    Les voyages de saint Augustin,

    p. 255.

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    20/54

    162

    FRANOIS DOLBEAU

    La troisime certitude est que la datation admise, depuis Kunzelmann

    101

    ,

    pour le S. 341 est impossible. Cet rudit avait considr que le passage sur

    l'arianisme refltait une situation et une problmatique analogues celles du

    Contra sermonem arianorum,

    ce qui l' incitait proposer 418, ou au plus tard

    419. Perler et Maier ont montr ensuite qu'Augustin se trouvait Hippone en

    dcembre 418 et qu'il fallait donc prfrer 419

    102

    . Mais leur argumentation a

    t, elle aussi, rendue caduque par la lettre Divjak 23A*, qui rvle la fois

    que le Contra sermonem arianorum est de l'automne 419 et qu'Augustin, cette

    anne-l, tait rentr chez lui depuis le 11 septembre

    10 3

    .

    La suite de la discussion oblige se dplacer en terrain plus mouvant. En tenant compte de

    ce qu'on vient de rappeler, A. Verwilghen a propos de remonter le 5. 341 au 12 dcembre

    417

    104

    .Mais c'est en ralit au fondement mme du raisonnement de Kunzelmann qu'il faut

    renoncer. La lecture du sermon dans sa version intgrale montre que la rfrence l'arianisme

    ( 12) n'y est pas vraiment lie l'actualit, mais qu'elle a un caractre topique dans un expos

    systmatique de christologie

    1

    ^. Je ne vois donc aucun motif de rapprocher Mayence 55 du

    Contra sermonem

    arianorum.

    Quatre indices suggrent une datation tardive, ou du moins postrieure la Confrence de

    411.

    Tout d'abord, le silence de l'orateur l'gard des donatistes, d'autant plus surprenant que

    le psaume 21 se prtait des sorties contre le schism e

    10 6

    : une telle retenue d'Augustin en ces

    matires, durant les annes

    405-411,

    serait au moins trange, sans tre totalement exclue

    10 7

    .

    Ensuite, le lien tabli entre

    informa serai

    de Philippiens 2, 7 et la mdiation du Christ, tte de

    l'glise, dont la seule autre attestation figure dans une uvre rdige vers la fin de4 15

    10 8

    .En

    troisime lieu, la citation de Tite 3, 5 ( 21), qui, rarissime avant le dbut de la querelle

    plagienne, devint subitement banale partir de 411-412

    10

    9. Enfin, l'extension temporelle qui

    est confre l'glise : Ex Abel iusto usque in finem saeculi ( 19). Le Pre Congar a

    montr en effet que le thme d'Abel comme origine de

    YEcclesia

    tait li celui des deux Cits

    et qu'il tait exploit, en dehors du

    S.

    341, par la

    Cit de Dieu

    11 0

    et trois

    Enarrationes in

    101.

    A. KUNZELMANN,

    Die Chronologie der Sermones des hl. Augustinus,

    dans

    Miscellanea Agostinina,

    t. 2, Roma,

    1931,

    p. 488.

    102.PERLER-MAIER,

    Les voyag es de saint Augustin,

    p. 359-360.

    103.

    Cf. G. MADEC,

    DU

    nouveau dans la correspondance augustinienne,

    dans

    RAug,

    t.

    27 ,

    1981,

    p. 56-66 (spec. p. 63-64) ; M.-F. BERROUARD,

    L'activit littraire desaint Augustin

    du11 septembreau 1

    er

    dcembre419 d'aprs la Lettre23*A Possidius deCalama,

    dans

    Les

    Lettres de saint Augustin

    dcouvertes

    par Johannes Divjak,

    Paris, 1983, p. 301-326 (spec. p.

    303-304).

    104.Dans

    Christologie etspiritualit

    (n. 69), p.

    220-221,

    n. 83.

    105.Augustin tient ici l'arianism e pour une hrsie du pass, comme il le faisait d'ordinaire

    avant 419 : cf. M.-F. BERROUARD, dans

    BA,

    t. 73A, 1988, p. 467-471 et 485-486. On ignore

    quelle poque eut lieu la confrence contradictoire avec le comte Pasc entius : selon PERLER-

    MAIER,

    Les voyages de saint Augustin,

    p. 263, la date de 406 propose par Tillemont reste

    hypothtique.

    106.Voir, titre d'exem ple, le parti qu'en tire la lettre 76.

    107.

    Grce Mayence 9

    {Nouveaux

    sermons VI,

    p. 403 et 413), on sait qu'Augustin

    s est

    abstenu, vers 404, de faire allusion aux schismatiques durant plusieurs sermons successifs,

    mais le public justement s'en est tonn.

    108.

    Le

    D e

    perfectione iustitiae

    hominis,

    15, 35 : cf.

    VERWILGHEN,

    L e

    Christ mdiateur

    (n.

    69),p. 481, n. 40. On notera aussi un parallle troit entre les 12-13 et

    Y Enarrano inps.

    73,

    25,

    qu'on place habituellement en 412, mais cette date, fixe par S. M. ZARB,

    Chronologia

    enarrationum S. Augustini in psalmos,

    V aletta, 1948, p. 225 et 233, repose sur une argumen

    tation qui me laisse sceptique.

    109.Se lon A.-M . LA BONNARDIRE,

    Biblia

    Augu stiniana.

    N . T. Les Eptres aux T hessalo-

    niciens, Tite et Philemon,

    Paris, 1964, p. 37-39 et 46-48.

    110. Sic in hoc saeculo, in his diebus malis non solum a tempore corporalis praesentiae

    Christi et apostolorum eius, sed ab ipso Abel, quem primum iustum impius frater occidit, et

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    21/54

    NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII

    163

    psalmos

    (90, 2, 1 ; 118, 29, 9 ; 142,

    3 )

    11 1

    .

    Il en situ