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1 place Marc Sangnier 95500 Gonesse Tél / 01 39 85 81 80 Fax / 01 39 87 30 90 Courriel / [email protected] Site / www.uffej.net EN BRETAGNE 18, rue Abbé Vallée 22000 Saint-Brieuc Tél/Fax : 02 96 61 11 76 Courriel / [email protected] Site /www.uffej.net/bretagne UNION FRANÇAISE DU FILM POUR L’ENFANCE ET LA JEUNESSE revue de presse Bashu, Gharibé Kutcha Iran / 1986 / 120 mn / couleurs Réalisation et scénario Braham Beyzaï Interprétation Soussan Taslilmi, Parviz Pourhosseini, Adnan Ophravian, Akhbar Doudekar, Farokhlara Houchemand, Reza Houchemand, Zabialah Salmani, Mohtaram Khochrou Photographie Firouze Malakzadeh Montage Braham Beyzaï ProducteurAli-Reza Zarrin Distribution Carlotta Films BAHRAM BEYZAÏ est né en 1938 à Téhéran. Il expérimente la réalisation en 8mm dès 1955 et commence à écrire des pièces de théâtre. Quatre ans plus tard, il abandonne ses études de lettres pour écrire des critiques, tout en poursuivant des études dans le domaine du cinéma et du théâtre. Il écrit notamment des essais sur l’art des planches au Japon, en Chine et en Iran. En 1970, il réalise un court métrage : L’Oncle moustachu . C’est l’année suivante qu’il dirige son premier long métrage, L’Averse (Ragbar) . Cette histoire d’un instituteur envoyé dans une école d’un bas quartier remporte des prix dans les festivals internationaux et à l’intérieur même du pays. Suivent L’Etranger et le brouillard (Gharibeh Va Meh) en 1973, Le Corbeau (Kalagh) en 1977, La Ballade de Tara (Tcherike-ye Tara) en 1979, La Mort de Yazdgerd (Marg Yazdgerd) en 1982, Bashu, le petit étranger (Bashu, Gharibé Kutcha) en 1985, Plus tard peut-être (Shayad Vaghti Deegar) en 1988, Les Voyageurs (Mosaferan) en 1992 et Tuer les chiens fous (Sagkoshi) en 2001. Ce grand cinéphile apprécie des cinéastes tels Alain Resnais, Alfred Hitchcock ou Orson Welles. Si le cinéma d’un Kiarostami est volontiers influencé par le néo-réalisme, celui de Bahram Beyzaï est plus intellectuel et marqué par le symbolique, le métaphorique. Bashu , le petit étranger Bashu a perdu sa famille dans les bombardements et fuit la guerre en montant clandestinement dans un camion. Orphelin, il se retrouve perdu dans un petit village en pleine campagne, loin de chez lui. Personne ne comprend sa langue et la couleur sombre de sa peau ne lui attire que des moqueries. Une mère de famille décide de lui venir en aide…

Bashu le petit étranger - Brahim Beyzaï

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Revue de presse du film Bashu le petit étranger, de Braham Beyzaï (1986)

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Page 1: Bashu le petit étranger - Brahim Beyzaï

1 place Marc Sangnier 95500 GonesseTél / 01 39 85 81 80

Fax / 01 39 87 30 90Courriel / [email protected]

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EN BRETAGNE18, rue Abbé Vallée 22000 Saint-Brieuc

Tél/Fax : 02 96 61 11 76Courriel / [email protected]

Site /www.uffej.net/bretagne

UNION FRANÇAISE DU FILM

POUR L’ENFANCE ET LA JEUNESSE

revue de presse

Bashu, Gharibé Kutcha

Iran / 1986 / 120 mn / couleurs

Réalisation et scénarioBraham Beyzaï

Interprétation Soussan Taslilmi,

Parviz Pourhosseini, Adnan Ophravian, Akhbar Doudekar,

Farokhlara Houchemand, Reza Houchemand, Zabialah Salmani,

Mohtaram Khochrou

PhotographieFirouze Malakzadeh

Montage Braham Beyzaï

ProducteurAli-Reza Zarrin

Distribution Carlotta Films

BAHRAM BEYZAÏ est né en 1938 à Téhéran. Il

expérimente la réalisation en 8mm dès 1955 et commence à écrire des pièces

de théâtre. Quatre ans plus tard, il abandonne ses études de lettres pour

écrire des critiques, tout en poursuivant des études dans le domaine du cinéma

et du théâtre. Il écrit notamment des essais sur l’art des planches au Japon,

en Chine et en Iran.

En 1970, il réalise un court métrage : L’Oncle moustachu. C’est l’année suivante qu’il dirige son premier long métrage, L’Averse (Ragbar).

Cette histoire d’un instituteur envoyé dans une école d’un bas quartier

remporte des prix dans les festivals internationaux et à l’intérieur même du pays. Suivent L’Etranger et le brouillard (Gharibeh Va Meh) en 1973, Le Corbeau

(Kalagh) en 1977, La Ballade de Tara (Tcherike-ye Tara) en 1979, La Mort

de Yazdgerd (Marg Yazdgerd) en 1982, Bashu, le petit étranger (Bashu, Gharibé

Kutcha) en 1985, Plus tard peut-être (Shayad Vaghti Deegar) en 1988, Les

Voyageurs (Mosaferan) en 1992 et Tuer les chiens fous (Sagkoshi) en 2001.

Ce grand cinéphile apprécie des cinéastes tels Alain Resnais, Alfred

Hitchcock ou Orson Welles. Si le cinéma d’un Kiarostami est volontiers infl uencé

par le néo-réalisme, celui de Bahram Beyzaï est plus intellectuel et marqué

par le symbolique, le métaphorique.

Bashu , le petit étranger

Bashu a perdu sa famille dans les bombardements et fuit la guerre en montant clandestinement dans un camion. Orphelin, il se retrouve perdu dans un petit village en pleine campagne, loin de chez lui. Personne ne comprend sa langue et la couleur sombre de sa peau ne lui attire que des moqueries. Une mère de famille décide de lui venir en aide…

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cinemairanien.comcinemairanien.com26 janvier 200526 janvier 2005

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www2.bifi .fr/cineregardswww2.bifi .fr/cineregardswww2.bifi .fr/cineregards

HistoireHistoire:Un petit garçon terrifi é fuit son village en fl ammes, les bombes éclatent autour de lui… c’était pendant la guerre Irak/Iran, cela pourrait être aujourd’hui, ailleurs, tout à côté. Il se cache sous la bâche d’un camion et plonge dans un sommeil profond. Lorsqu’il se réveille, il n’y a plus de bombes, les champs de blé bruissent sous le vent. Il s’était endormi dans un désert, ici l’herbe est verte et douce, l’eau claire et fraîche ne manque pas. Le camion, pendant son sommeil, a traversé l’Iran, passant du sud au nord, et nous voilà tout près de la mer Caspienne. Le langage même a changé et il ne comprend pas un traître mot de ce qu’on lui raconte. Les paysans qui sont là semblent ignorer la guerre, et le pire ennemi semble être celui que pourchasse sans relâche une très belle jeune femme, avec des cris surprenants, pour protéger ses récoltes, ses poules…Elle est vraiment très belle Naïe, son allure extraordinairement paisible, ses deux moutards, collés dans ses jupes, rient des craintes du petit noiraud. On saura plus tard qu’elle est seule et que son mari se bat sur un front lointain. Pour l’instant, elle devine le désespoir, la souffrance de ce gamin étrange, trouve les gestes pour l’ apprivoiser. Mais les paysans du coin ruminent, ragotent ressassent : cet invité inattendu est bien trop différent, trop sombre, trop silencieux… Rien qui semble très favorable à ces paysans superstitieux. On sent poindre tous les ingrédients d’un rejet... Susan Taslimi, une des plus grandes comédiennes d’Iran au théâtre comme au cinéma, est depuis réfugiée politique en Suède, et le fi lm est plus que jamais d’une parfaite actualité.

Attention : ce fi lm n’est pas anodin.Comme souvent dans le cinéma iranien on est dépaysé, mais plus encore dans ce fi lm qui commence, sans détour, par nous plonger dans des images de guerre. Il s’agit de la guerre Iran-Irak et sous cette pluie de bombes, des hommes tombent, de pauvres maisons sont détruites, et une femme au loin brûle dans sa grande robe noire.Un camion traverse ce paysage avec une chance insolente. Il s’arrête pour vérifi er que les pneus n’ont pas brûlé et, comme une touche de vie, sort de la fumée un jeune garçon au tee-shirt orange et au comportement quasi animal. Il saute se cacher sous la bache de ce camion, juste pour fuir cet endroit dans lequel toute sa famille semble avoir péri. Qu’importe où ira ce camion.Au bout de la route, il va courir à travers les champs et fi nir par croiser une femme et ses deux enfants. Un peu effrayée, après l’avoir tout d’abord chassé, comme un petit animal qu’il est devenu, Naie va commencer à l’apprivoiser.Peu à peu, sous le regard désapprobateur des villageois et des autres enfants qui se moquent de cet être différent d’eux, Naïe, ses deux petits et Bashu vont apprendre à vivre ensemble.

Bashu le petit étranger est le huitième fi lm de Bahram Beyzaï. Bashu le petit étranger est le huitième fi lm de Bahram Beyzaï. Bashu le petit étrangerProblablement destiné à l’origine à montrer les ravages causés dans la population par l’agression irakienne, Bashu s’est rapidement transformé en mise en cause des préjugés interethniques qui clivent la société iranienne.

Un très beau fi lm à voir pour sa sagesse, sa beauté, et les leçons d’optimisme qu’il offre. Indispensable pour réapprendre certaines notions d’humanisme qu’il faut transmettre à tous les enfants, aujourd’hui plus que jamais.

Une maison de productionBashu, le petit étranger est produit par l’Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes. Fondé en 1965 par la femme du Chah d’Iran, cet organisme a beaucoup fait pour le développement du septième art dans le pays, produisant de nombreux fi lms pour enfants. D’abord créé afi n de publier des livres, il ouvre un département cinéma en 1970, à but non-lucratif. Abbas Kiarostami y réalise son premier court-métrage, intitulé Le Pain et la Rue. L’Institut permet ensuite la naissance d’un festival international pour les enfants en Iran puis produit, après la Révolution, des fi lms bénéfi ciant d’une sortie commerciale comme Ou est la maison de mon ami? d’Abbas Kiarostami, Le Coureur d’Amir Naderi ou encore le fi lm d’animation Contes persans.

Les non-dits du fi lmLe long-métrage Bashu, le petit étranger comporte de nombreux non-Bashu, le petit étranger comporte de nombreux non-Bashu, le petit étrangerdits. L’action se déroulant en Iran et le fi lm étant originellement sorti en salles en 1985, le public était à l’époque supposé être suffi samment au fait de la réalité de son pays. Il n’y a ainsi aucune explication sur la guerre qui secoue le pays dans le fi lm : chacun savait qu’il s’agissait de celui opposant l’Iran et l’Irak.

Un fi lm qui critique la guerrePour l’historien Mamad Haghighat, auteur du livre L’Histoire du cinéma iranien, 1900-1999 (Editions Centre Georges Pompidou), Bashu, le petit étranger est l’un des premiers fi lms à avoir critiqué la guerre. Il déclare : “A l’époque, un fi lm ne devait pas critiquer les conséquences négatives de la guerre contre l’Irak. Mais Bashu, le petit étranger montre que le Bashu, le petit étranger montre que le Bashu, le petit étrangermari de Naïe, allé à la ville chercher du travail puis parti à la guerre comme soldat, revient avec une main coupée : ça, c’est une sorte de critique vis à vis de la guerre. C’est un des premiers fi lms à avoir critiqué la guerre. Il est resté interdit trois ou quatre ans sans sortir en Iran, et n’est sorti principalement qu’en France.”

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TéléramaTélérama3 avril 19913 avril 1991

http://www.cineclubdecaen.com/realisat/beyzai/http://www.cineclubdecaen.com/realisat/beyzai/bashulepetitetranger.htmbashulepetitetranger.htm1er décembre 2007 décembre 2007

“Nous sommes les enfants d’un même pays”. Cette phrase, dite par Bashu aux enfants du quartier, résume parfaitement ce fi lm. Bashu est un enfant qui a fuit sa région pour ainsi éviter de subir les ravages de la guerre. Quand il arrive en pleine campagne, Bashu est perdu, il n’est plus dans son univers. Le monde ou il a atterri ne ressemble aucunement à celui qu’il a pu connaître avant. La mère de famille qui le recueille ne connaît même pas la langue dans laquelle parle le jeune garçon, a croire que Bashu a parcouru des milliers de kilomètres pour que personne ne puisse le comprendre à ce point.

Bashu est donc un étranger au sein de ce microcosme qui voit en lui tout d’abord une menace et une bouche de plus à nourrir. Bahram Beyzaï décrit ici un univers au proie à l’intolérance qui fi nira, avec le temps, par accepter ce petit étranger qui n’est pas si différent de nous. Bashu porte en lui toute une culture qui est différente aux yeux des protagonistes qui l’observent. Cependant, Bashu est un enfant du “ terre et du ciel “ comme le souligne la mère de famille. De part cette particularité, Bashu n’est pas étranger il est comme les autres hormis certaines différences. Pour s’intégrer au mieux au sein de cette société, Bashu examine à la manière d’un anthropologue, la mère. Il imite les bruits des animaux qu’elle imite, mais il reproduit également la gestuelle comme s’il commençait à s’emparer des éléments qui composent cet univers.

Il y a une scène bien précise ou Bashu est fi nalement acceptée par ce microcosme. Après que Bashu est fuit le foyer une première fois, il décide de revenir à la maison. Les invités de Naïe l’aperçoivent et lui courent après. Prenant peur, Bashu fuit et en voulant traverser un cours d’eau, tombe. Sa “ mère “ court chercher un fi let et le tire jusqu’à la berge. Cette scène a deux caractéristiques : lorsque Bashu tombe à l’eau, ce dernier est comme purifi er par l’eau cette dernière lui inculquant un caractère sacré. Dans un second temps, lorsque Naïe le traîne, elle ne fait pas que sauver la vie de Bashu, elle le ramène sur la berge d’une nouvelle société qui fi nit par accueillir ce petit étranger. Cette scène est une scène clé dans le fi lm car c’est via cette dernière que Bashu devient un personnage sacré qui est accueilli par la nouvelle société.

Une maîtrise du plan

Outre le fait que le fi lm marque de part le sujet traité, le fi lm inscrit chez le spectateur une certaine reconnaissance du point de vue de l’esthétique du fi lm. En effet, on retrouve chez Bahram Beyzaï, comme chez Abbas Kiarostami, ces grandes étendues ou évolue les personnages. On retrouve ce type de plans, au début du fi lm avec le camion traverse le paysage d’un point à un autre du plan. Ces plans sont littéralement divisés, coupé en deux par le camion. C’est notamment grâce à l’un de ces plans qui nous comprenons que Bashu a fait un trait sur la vie qui mené avant. En effet, il y a un plan ou nous voyons un camion traverser une plaine caillouteuse. A chaque mètre que fait le camion, une nuée de fumée s’empare peu à peu du plan ce qui nous empêche, ainsi, de discerner le fond du plan. La poussière s’étend peu à peu à travers tout le plan empêchant ainsi Bashu de regarder derrière lui. Ce type de plan travaille donc la matière même du temps. En effet car comme nous l’avons dit pour ce plan, Bashu est contraint de regarder devant lui et par conséquent le présent. Bashu doit désormais se concentrer sur le présent et non plus sur le passé, bien qu’idyllique soit-il.

Le plan de fi n du fi lm marque également la maîtrise de l’outil cinématographique de la part de Bahram Beyzaï. En effet, ce dernier met en scène Bashu, la mère et le mari qui court avec le sanglier qui vient piller les récoltes. Lors de ce dernier plan, Beyzaï capte trois sociétés différentes. Celui de la mère qui est attaché à la terre, celui de Bashu, qui est certes accepté par cette même terre mais qui, au fond lui, est toujours attaché à la sienne et celui du père qui revient de la ville et qui plus est estropié. Quand le père revient, il devient l’étranger comme le dis Bashu “ Tu es étranger, ça se voit “. Il n’est pas comme Bashu, mais le père est étranger par le fait que le spectateur se rend compte que le père arrive dans un univers qui n’est plus le sien. Il revient à une forme d’archaïsme qu’il avait quitté. Son corps est à la terre mais son esprit est à la ville du moins jusqu’au dernier plan du fi lm ou ces trois univers sont enfi n réunis avec comme signe d’espoir cette envolée de colombes signe de liberté et de fraternité des peuples. Bashu, hôte des nouveaux corps dans une autre société.

Anthony Boscher

Page 4: Bashu le petit étranger - Brahim Beyzaï

Les Cahiers du cinéma n°442 - avril 1991Les Cahiers du cinéma n°442 - avril 1991“Moi Naïe, toi Bashu” par François Niney“Moi Naïe, toi Bashu” par François Niney

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D’un prévisible confl it entre la mère adoptive et l’enfant, Beyzai fait soudain une étrange scène de magie, entre exorcisme et psychanalyse. Ses images quasi documentaires, volontairement un peu plate, un peu terre à terre, se chargent par à-coups d’une densité de couleur et de folie qui laisse pantois. Devant sa caméra, les travaux et les jours se métamorphosent au détour d’un plan en chant païen en hymne à la terre, à l’eau et à la lumière. Et la beauté de l’actrice au visage mouvant enrichit soudain l’anecdote quand elle risquait de s’enliser. Beyzaï trouve toujours un ressort inattendu qui redonne un souffl e d’humanité à ses personnages, un élan surnaturel à ses paysages. Auant de raisons d’accueillir ce petit étranger.

Jean-Michel Frodon

Le MondeLe Monde5 avril 19915 avril 1991