16
[Orthog raphe] retour Des pistes et un exemple pour une approche intégrée de l’orthographe. Marylène Constant Linda Allal [1] distingue deux grandes catégories d’approche didactiques. La première vise un apprentissage spécifique de l’orthographe qui repose sur l’hypothèse d’un transfert des connaissances orthographiques construites dans des activités spécifiques vers des tâches d’écriture plus complexes. On apprend l’orthographe à travers des activités de mémorisation, des exercices, des dictées. Dans la seconde approche, l’apprentissage de l’orthographe est intégré dans des activités de productions d’écrits. Les tâches d’écriture servent de cadre et de point de départ pour l’étude de différents aspects de l’orthographe. On y admet le recours à des activités spécifiques (exercices) pour consolider l’apprentissage. La pratique enseignante quotidienne peut exiger que s’articulent les didactiques spécifiques ou intégrées. Jaffré, ainsi, estime que les situations fonctionnelles d’écriture sont une condition nécessaire mais non suffisante pour l’apprentissage de l’orthographe. Elles fournissent le point de sépart pour des activités d’analyse ayant pour but de prolonger et de structurer les réflexions métagraphiques amorcées dans la situation d’écriture initiale. Les activités proposées ci-dessous sont un modeste prolongement pédagogique de cette approche prônée par Jean Pierre Jaffré (rencontres pédagogiques n°11, INRP, 1986). L’activité proposée ci-dessous prend appui sur une production d’élève . Dans le cadre d’une séquence consacrée à l’écriture théâtrale, j’avais proposée comme projet d’écriture de transposer la nouvelle d’Anna Gavalda, Mon fils, parue en février 2002 dans le Figaro Magazine. (en annexe1 et 2, la nouvelle et le début d’une transposition réalisée par un groupe d’élèves). Il s’agit là de la version finale après brouillon et réecriture divers. Je n’ai hélas pas conservé les divers états… Il s’agit simplement là de donner une matrice possible de travail orthographique sur les textes d’élèves, suivie

Bebe Et Chien

Embed Size (px)

DESCRIPTION

ortho

Citation preview

[Orthographe]

retour

Consigne 3: Dans lexercice suivant, soit il manque le pronom, soit la terminaison verbale, soit la forme verbale. Puis complte le tableau labor lexercice 2LE CHIEN. - Qu'est-ce qui t arriv? Je te trouv bien srieux, tout d'un coup...BB. - Une seconde, veu-tu ? C'est cette couche neuve et sche qui me (gratter).. , qui me gne... (Il pousse encore.) - Hhhhhan ! Voil ! Cette fois-ci, a y est !LE CHIEN.- a va mieux?BB.- Beaucoup mieux. Maintenant!c'est bien chaud, bien humide, confortable...LE CHIEN. (devoir)-je comprendre que tu viens l'instant de... ?BB. - Eh bien oui, naturellement.LE CHIEN. - Mais di...-moi : . vont te battre ?BB. - Me battre? Pourquoi ?LE CHIEN. - Moi, quand je fai a ici, dans la maison, je suis battu.BB. - O le fais- , alors ?LE CHIEN. - O on me (dire) de le faire. Dans la rue, dehors.BB. - Et eux ? Ils le (faire). dans la rue ?LE CHIEN. - Eux? Ah ! non ! font a dans l'appartement, mais pas n'importe o. Ils ont une petite pice exprs pour.BB. - Pas possible !LE CHIEN. - Si, si ! ..'y suis entr, un jour. Une petite pice troite avec un sige en porcelaine, et qui (sentir).. trs mauvais!BB. --- Tiens ! Tu trouv.. que a sent mauvais ?LE CHIEN. - Non, non, ce n'est pas ce que ..crois ! a sentirait bon, au contraire ! Mais a (sentir). l'eau de Javel, l'ammoniaque, la rose, la violette, le lilas... C'est dgotant !BB. - Eh bien, dis donc ! Heureusement que je n'y (aller). pas !LE CHIEN. - Pas encore, mais tu ne (perdre) rien pour attendre ! D'ici quelques annes, ils t y obliger !BB. Tu croi. ?LE CHIEN. -- J'en suis sr ! Ta grande sueur y va dj. Et si elle (avoir) le malheur de faire autrement...BB. -- Eh bien?LE CHIEN. - On la ba... . Comme moi.BB. - Tu me coup. l'apptit ! (Il laisse tomber le biberon.)Consigne 4: Le bb et le chien se vouvoient: fais les transformations ncessaires et labore un tableau avec vousComplte le tableau labor dans lexercice 2LE CHIEN. (Il s'en approche en reniflant.) - Dis-moi donc, propos...

BB. - Oui ?

LE CHIEN. - C'est bon, ce truc-l ?

BB. - Quoi donc?

LE CHIEN. - a, ce qu'elle t a donn...

BB. - C'est de mon biberon que tu veux parler ? Moi, tu sais, je n'ai aucun point de comparaison, c'est toujours la mme chose... Tout ce que je peux dire, c'est que c'est nourrissant. Et ton truc, toi ? Ton os ?

LE CHIEN. - Eh bien, mon os, c'est tout le contraire ! a sent trs bon, a a du got, mais comme valeur nutritive, c'est zro ! a excite l'apptit, mais pas plus. On pourrait crever de faim ct !

BB. - Elle prtend cependant que tu aimes les os.

LE CHIEN. - Penses-tu ! Ils font semblant de croire a parce que a les arrange ! C'est une astuce qu'ils ont trouve pour nous donner moins de viande ! Parce que la bonne viande, ils la gardent pour eux !

BB. - Mais alors, de quoi te nourris-tu ?

LE CHIEN. - Des morceaux dont ils ne veulent pas... Par bonheur, ils n'ont aucun got, de sorte qu'il y a encore ldedans quelques trs bonnes choses... Malheureusement ils ont la sale manie d'y mlanger tout un tas de salets : du riz, du pain, des pommes de terre, des carottes, des navets...

BB. - Dis-moi, j'y goterais bien un peu, ton os... Je le trouve apptissant !

LE CHIEN. - Oh, a ! Pour tre apptissant ! Il n'est mme rien d'autre !

BB. - Je pourrais y goter ?

LE CHIEN (faisant le sourd). - D'ailleurs je ne dis pas que je crache dessus... a vaut mieux qu'un coup de pied au

derrire...

BB. - Dis-moi, vous comprenez le franais ?

Annexe 1Mon fils- Attendez Franoise, c'est mon pouse qu'il fallait appeler...- Je n'arrive pas la joindre, monsieur. Chez vous, je tombe sur le rpondeur et son portable est teint.- Vous avez essay chez ma belle-mre ?- Personne.- Mais c'est insens, cette histoire ! Vous savez bien que je djeune avec Wildenstein et son associ. je ne peux pas me librer maintenant enfin je... Essayez de nouveau et rap...- Dites, c'est encore le lyce sur l'autre ligne... Qu'est ce que je fais ?- Prenez les et rappelez moi.

- Alors ?- Il faut y aller. Ils ont l'air trs nervs, vous savez...- Maintenant ?- Tout de suite.- Franoise ?- Oui ?- Il a quel ge le vtre ?- Quatre ans.- Alors coutez moi bien : congelez le pendant qu'il est encore temps.

Ma secrtaire riait. Je regardais ma montre : en jouant serr, j'avais le temps d'aller Carnot, de me faire passer un savon et de rejoindre mes gus la Madeleine. Bon sang, je n'avais pas besoin de a... Surtout aujourd'hui... Depuis le temps que j'essayais de les coincer, ces deux l...

J'ai retrouv mon fils totalement avachi au bout d'un couloir. Pull informe, jean dchir et baskets troues. Resplendissant.Martin ! Mais qu'est ce que tu as fait, cette fois?- Salut p'pa.- Oh ! je t'en prie ! les civilits, plus tard, hein

Il s'est encore tass de quelques centimtres et a remont son pull sous ses yeux. Ses jambes immenses prenaient toute la place dans le passage.

- Qu'est ce que tu as fait ?Il ne rpondait pas.- C'est grave ?Silence.Du bout de son pied droit, il dchiquetait le caoutchouc de son pied gauche.

Je regardais ma montre : midi dix.Je me frottais le nez.Discipline ?Non.Vol ?Non.Drogue ?Hon hon...Merde ! Mais a veut dire quoi hon hon ? a veut dire quoi ? Tu peux articuler quand tu me parles, s'il te plat

Une femme est apparue ce moment l pour nous demander de nous taire. Le directeur tait en rendez vous, il allait nous recevoir.J'en profitais :Mais euh... Il se trouve que moi aussi j'ai...Elle tait repartie.

Midi vingt cinq. Mais qu'est ce qu'il foutait ? Mais qu'est ce qu'ils foutent, tous ces fonctionnaires ? Allez les gars, debout, c'est l'heure des flageolets et de la portion de Babybel. On m'attend chez Senderens, moi...

Mon fils me regardait. Un coup dil pour ses chaussures pourries, un coup dil pour son vieux pre.

J'essayais de me calmer.Je l'observais.

Qu'tait devenu notre petit garon ? O tait il ? Et comment avions nous fait, ma petite Agns et moi, pour fabriquer un gant pareil ? Tout tait dmesur chez lui. Ses mains, ses doigts, son nez, ses orteils, ses oreilles...Tout dpassait.Et cette tignasse qu'il a.. Si seulement il pouvait m'en rendre un peu... La vie n'est pas juste.

J'ai enlev mon manteau et l'ai pos sur la chaise d' ct. J'avais dcid de ne plus regarder ma montre.

Martin, coute moi. J'ai un rendez vous extrmement important dans un peu plus d'une demi heure place de la Madeleine, est ce que tu crois que j'y serai ?Il a secou la tte en plissant les yeux.Avec des gens... comment te dire... trs furtifs, trs habiles et trs puissants. Trs, trs puissants...Il a baiss son pull :Drogue ?Il se marrait.

Midi quarante deux. Je maugrais et m'agitais en soupirant pendant que mon fils triturait la feuille d'une plante grasse.

Tu ne veux pas me dire ce qui se passe ?Il s'tait un peu relevJ'ai fait mon kakou...Pardon ?J'ai saut d'une fentre du premier tage pendant le cours de maths.Ah ? ... Trs intressant... et pourquoi ?- - Tu ne t'es pas fait mal ?- Non, j'avais prvu mon coup. J'avais demand un des mecs de la cantine de rouler deux grosses poubelles sous la fentre.Tu aurais pu les louper...Ouais, j'aurais pu.Et... hum... pourquoi avoir agi de la sorte, mon enfant ?-.- Pour embter ton professeur ?Il secouait la tte.Pour te rendre intressant ?Pas de rponse.

Je m'nervaisTu sautes d'une fentre comme a, toi ? ! Tu te dis tiens, jai envie de prendre l'air, et tu sautes ?Non, cest pas aCest quoi, alors ?C'est cause d'une fille... J'avais envie de la faire rire. J'ai pas grand chose d'autre, figure toi...J'ai d lui dire un truc du genre : Regarde, mon amour pour toi me donne des ailes. J'ai ouvert la fentre, j'ai saut et je suis remont m'asseoir ses cts en boitillant.Pourquoi tu as fait a ?Ben... pour la faire rire, je te disEt... euh... elle a ri ?

Il avait sorti son visage de sous son pull.Elle a rican.Elle a rican comment ?Il me souriait :Ben, tu sais, comme les filles ricanent, comme a : hihihihihi ! Comme a, fis je en l'imitant et en mettant mamain devant ma bouche, hihihihihi

Annexe 2MON FILS

LES PERSONNAGES (par ordre dapparition) :

FRANOISE, secrtaire de M Delval.

M. DELVAL, pre de Martin, environ 40 ans, est un homme daffaires trs occup.

MARTIN, fils de M. Delval, est un adolescent dune quinzaine dannes typique de sa gnration : jean dchir, baskets, pull informe,...

LA SECRTAIRE du directeur du lyce que frquente Martin.

LE DCOR :Laction se droule en plein centre de Paris, dans deux lieux diffrents.

Elle dmarre dans le bureau de Franoise. Cest une petite pice bien range avec vue sur la Seine. Un ordinateur est pos sur une table au milieu de cette pice. Les murs sont cachs par les armoires et les tagres, et la petite baie vitre qui claire le tout se trouve face la porte.

Puis laction se passe dans le lyce de Martin, dans un couloir menant au bureau du principal, qui fait office de salle dattente. Peint en blanc, il est clair par une baie vitre et est gay de plantes vertes. Une srie de chaises est installe face cette baie.

SCNE 1

(Dans le bureau Franoise, la secrtaire de M. Delval. Francoise est assise derrire son bureau, et M. Delval se trouve en face delle.)

M. DELVAL (nerv et agressif, triturant un crayon) : Attendez Franoise, c'est mon pouse qu'il fallait appeler...FRANOISE (sur la dfensive) : Je n'arrive pas la joindre, monsieur. Chez vous, je tombe sur le rpondeur et son portable est teint.M. DELVAL (dun ton autoritaire) : Vous avez essay chez ma belle-mre ?FRANOISE (agace par lagressivit de M. Delval) : Personne.M. DELVAL (au bord de la crise de nerf, se grattant le crne) : Mais c'est insens, cette histoire ! Vous savez bien que je djeune avec Wildenstein et son associ. Je ne peux pas me librer maintenant, enfin ! Je... Essayez de nouveau, et rap...FRANOISE (interrompant M Delval) : Dites, c'est encore le lyce sur l'autre ligne... Qu'est-ce que je fais ?M. DELVAL (dun ton las) : Prenez-les et rappelez-moi.

(M. Delval sort du bureau de sa secrtaire. Franoise prend alors le lyce.)

FRANOISE : All, jcoute ! ... Non, Je suis dsole. Il est trs occup, vous savez... Mais vous pouvez me laisser un message. Je lui transmettrai... Ah ! Cest si urgent que a ! ... Dans ce cas, je vous lenvoie ds que possible... Oui... Au revoir.

(Franoise raccroche le combin. M. Delval passe alors sa tte dans louverture de la porte. Les rpliques senchanent.)

M. DELVAL : Alors ?FRANOISE : Il faut y aller. Ils ont l'air trs nervs, vous savez...(M. Delval savance vers Franoise.)M. DELVAL : Maintenant ?FRANOISE : Tout de suite.M. DELVAL : Franoise ?FRANOISE : Oui ?M. DELVAL : Il a quel ge le vtre ?FRANOISE : Quatre ans.M. DELVAL (dun ton ironique) : Alors coutez-moi bien : (il lui fait un clin dil) congelez-le pendant qu'il en est encore temps.

(Franoise clate de rire, alors que M. Delval se met cogiter voix haute)

M. DELVAL (faisant les 100 pas) : Si je la joue serr, peut-tre que jaurai le temps daller Carnot (il fixe sa montre du regard), de me faire passer un savon par le lyce. (il lve les yeux au ciel et soupire) Puis aprs il faut que je rejoigne mes gus la Madeleine. (entre ses dents) Bon sang, je n'avais pas besoin de a... Surtout aujourd'hui... Depuis le temps que j'essaye de les coincer, ces deux-l...

SCNE 2

(M. Delval a quitt son travail et arrive au lyce de Martin. Il y retrouve son fils au bout dun couloir, avachi sur une chaise, ses immenses jambes en plein milieu du passage, dans une tenue nglige : pull informe, jean dchir et baskets troues.)

M. DELVAL (dun ton las, savanant vers son fils) : Martin ! Mais qu'est-ce que tu as fait, cette fois ?MARTIN (amus) : Salut p'pa.M. DELVAL (nerv) : Oh ! Je t'en prie ! Les civilits, plus tard, hein !

(Martin senfonce un peu plus dans sa chaise et remonte son pull sous ses yeux. Son pre vient sasseoir ct de lui.)

M. DELVAL (dun ton autoritaire) : Qu'est-ce que tu as fait ? (Martin reste silencieux) C'est grave ?

(Martin ne rpond toujours pas. Du bout de son pied droit, il samuse dchiqueter le caoutchouc de son pied gauche.)

M. DELVAL (regardant sa montre, dans un soupir) : Dj midi dix...

(M. Delval se frotte le nez. Puis le dialogue reprend, les rpliques senchanant.)

M. DELVAL (de plus en plus nerv) : Discipline ?MARTIN : Non.M. DELVAL : Vol ?MARTIN : Non.M. DELVAL : Drogue ?MARTIN (jouant avec les nerfs de son pre) : Hon hon...M. DELVAL (il se lve, hors de lui, et se met crier) : Merde ! Mais a veut dire quoi hon hon ? a veut dire quoi ? Tu peux articuler quand tu me parles, s'il te plat !

SCNE 3

(La secrtaire du directeur dboule de son bureau, lair trs en colre, et vient se porter face Martin et son pre.)

LA SECRTAIRE (sadressant aux deux) : Pouvez-vous vous taire sil vous plait ? M. le directeur est en rendez-vous. Il va bientt vous recevoir.M. DELVAL (en bgayant) : Mais euh... Il se trouve que moi aussi j'ai...

(M. Delval na pas le temps de finir sa phrase : la secrtaire sort.)

Amandine, Josian et Vanessa

[1] Linda Allal, Acquisition de lorthographe en situation de classe in Des orthographes et leur acquisition, Rieben, fayol et Perfetti, delachaux Niestl, 1997, chapitre 9.